WWF Magazine 103 FR

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6/ DOSSIER Restaurer (enfin) la nature européenne 14/ SUR LE TERRAIN Signes d’espoir pour le crocodile du Siam 18/ FOCUS La nature, une alliée clé face au changement climatique N° 103 – DÉCEMBRE JANVIER FÉVRIER 2022-2023 – TRIMESTRIEL – BUREAU DE DÉPÔT BRUXELLES X – P309290
Édition d'hiver 2022-2023

ÉDITO

Face au déclin vertigineux de la biodiversité – en Belgique comme à travers le monde – il est urgent de réparer la relation brisée entre l’humanité et la nature. Cette crise de la biodiversité va de pair avec la crise climatique. Bien qu’elle y soit vulnérable, la nature est aussi une alliée de choix face au changement climatique (p18) : restaurer la nature bénéfice durablement à des écosystèmes précieux tout en renforçant la résilience des populations humaines face aux changements climatiques.

Dans ce cadre, nous avons justement une opportunité en or : un projet de loi européenne sur la restauration de la nature est en cours d’élaboration. C'est l'occasion rêvée de ramener la nature en Europe, au bénéfice de la biodiversité, du climat et des humains. Et la Belgique y a un rôle à jouer : signataire du Leaders’ Pledge for Nature et membre de la High Ambition Coalition for Nature and People, la Belgique doit adopter sans délai cette proposition de loi tout en la renforçant là où cela est nécessaire, et en mobilisant les financements à la mesure des enjeux. Actuellement, seul 15,5 % du territoire terrestre belge est protégé, et des activités nuisibles y sont encore souvent autorisées. Cette loi est aussi l’occasion de (re)créer un réseau écologique cohérent à travers le pays. Mais ce travail ne peut attendre la promulgation de cette loi : la Belgique doit agir dès aujourd’hui.

Grâce à votre soutien à tous et à toutes, nous allons continuer notre travail de plaidoyer et suivre de près les évolutions de ce projet de loi prometteur. Mais forts de notre succès commun face à la loi sur la déforestation importée (p4), nous sommes confiants ! Et toujours grâce à vous, nous allons bien sûr continuer notre travail sur le terrain – car la restauration de la nature est depuis longtemps au cœur de nos projets. Comme un avant-goût de ce que cette loi pourrait nous permettre de réaliser, découvrez dans le dossier de ce magazine des projets inspirants du WWF pour la restauration de la nature à travers l’Europe, et notamment notre ambitieux projet de restauration de la mer du Nord belge (p12-13).

Ensemble, tout est possible !

© WE HAVE HEART
« La nature est une alliée de choix face au changement climatique »
Magazine - ÉDITION D'HIVER 2022-2023 2 Dossier
Antoine Lebrun Directeur général du

6/ DOSSIER

Restaurer (enfin) la nature européenne

14/ SUR LE TERRAIN

Signes d’espoir pour le crocodile du Siam

SOMMAIRE

4 En bref

20 Kids

22 Merci

18/ FOCUS

La nature, une alliée clé face au changement climatique

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COLOPHON : Le WWF Magazine est une publication du WWF-Belgique Communauté française asbl. Tous droits réservés au WWF. Le logo et les initiales WWF sont des marques déposées du World Wide Fund for Nature. Reproduction des textes autorisée, à condition qu’il soit fait mention de la source.

• Ont collaboré à ce numéro : Delphine Delire, Laurence Drèze, Aurélien Lurquin, Emma Maris, Reine Spiessens, Sarah Vanden Eede, Déborah Van Thournout

10.2019

• Rédaction : Esther Favre-Félix, Alison Avanzini, Catherine Renard, Nicky Cremers

• Coordination : Esther Favre-Félix

• Design : www.inextremis.be

• Traduction : Piet De Meulemeester

• Impression : imprimé de façon neutre en CO2 par zwartopwit.be sur du papier recyclé cyclus silk 90 gr.

• Photo de couverture : delta du Danube, Roumanie © Michel Gunther / WWF

• E.R. : Antoine Lebrun, Bd E. Jacqmain 90, 1000 Bruxelles.

© VILDA / YVES ADAMS © NATUREPL.COM / INAKI RELANZON / WWF
© WWF-CAMBODIA
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TOGETHER4FORESTS : UNE VICTOIRE HISTORIQUE POUR LA NATURE

Pendant près de trois ans, le WWF a mené la campagne « Together4Forests » aux côtés de 217 ONG, de centaines de milliers de citoyen·nes et des représentant·es de communautés locales pour exiger une meilleure protection des forêts dans le monde. 87 000 belges avaient signé notre pétition ! Ce travail de longue haleine a abouti sur une décision historique en décembre dernier : les institutions européennes ont voté une loi ambitieuse contre la déforestation importée. Via cette loi, l'UE interdit l'entrée sur son marché des produits dont la production a contribué à la destruction de forêts à travers le monde (soja, huile de palme, cacao, café...). L’UE était jusqu’à présent responsable de 16% de la destruction des forêts par le biais de ses importations. Cette loi, bien qu’imparfaite, contient des éléments forts qui permettront de mieux préserver les forêts tropicales à travers le monde. Ensemble, tout est possible !

LA VALLÉE DE LA SEMOIS PROCLAMÉE

PARC NATIONAL

En décembre dernier, le gouvernement wallon a annoncé la création de deux parcs nationaux dans le sud du pays. Parmi eux : le parc de la Vallée de la Semois, avec lequel le WWF travaille depuis de nombreuses années pour y favoriser le retour durable de la loutre et celle, plus récente, du lynx. Une excellente nouvelle pour la biodiversité ! Le deuxième est le parc de l'Entre-Sambreet-Meuse. Grâce à ce nouveau statut, ces parcs pourront bénéficier de subsides qui leur permettront d’investir dans de nouvelles infrastructures et bénéficieront in fine à la restauration et à la promotion de la nature dans la région.

COP15 : UNE BONNE NOUVELLE POUR LA BIODIVERSITÉ !

La COP15 sur la biodiversité s’est conclue par un accord historique pour stopper et inverser la perte de biodiversité, avançant l’objectif très ambitieux de restaurer 30% de toutes les surfaces terrestres et marines dégradées dans le monde d'ici 2030. Mais pour atteindre cet objectif, nous avons besoin de financements rapides et concrets, ainsi que d’une mise en œuvre rapide et efficace par tous les pays. Dans ce contexte, la proposition d'une loi contraignante sur la restauration de la nature dans l'Union européenne (voir. p 6-13) serait un formidable outil. Le WWF appelle donc la Belgique à plaider en faveur de cette loi et à mettre à jour immédiatement notre stratégie et plan d’action nationaux pour la biodiversité.

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EN BREF
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JENNERSTEN /
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LE WWF DANS VOTRE TESTAMENT

Avez-vous déjà songé à votre succession ? En plus de vos proches, vous pouvez inclure la nature dans votre testament. Une manière concrète de donner un avenir aux espèces menacées et à leur milieu de vie. Les expert·es du WWF travaillent dans plus de 100 pays pour protéger nos plus précieux joyaux naturels. Chaque année, les legs en faveur du WWF contribuent de manière significative au financement de ces projets : sans l’engagement de nos testateurs et testatrices, nous ne pourrions pas mener à bien notre mission. Ensemble, faisons la différence ! En léguant une partie ou l’ensemble de vos biens au WWF, vous transmettez aux générations futures une planète vivante.

COUPON-RÉPONSE :

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Désormais, vous pouvez également établir votre testament en ligne, gratuitement. Dans ce cadre, le WWF collabore avec des conseillers juridiques et des experts de Legacio. Plus d’info sur : wwf.be/testaments

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À renvoyer à : Dominique Weyers • WWF-Belgique • Boulevard E. Jacqmain 90 • 1000 Bruxelles

Dominique se fera également un plaisir de vous répondre par téléphone au 02 340 09 37 ou au 0476 58 07 42, ainsi que par e-mail à dominique.weyers@wwf.be.

Le WWF-Belgique (Boulevard E. Jacqmain 90, 1000 Bruxelles) fait traiter vos données par Black Tiger Belgium (Allée de la Recherche 65, 1070 Anderlecht), conformément à la législation applicable en matière de traitement des données personnelles : le RGPD (règlement général sur la protection des données). Nous nous engageons à n’utiliser vos données que pour les activités liées à ce formulaire. Vous pouvez toujours contrôler vos données et les faire modifier ou supprimer si nécessaire. Pour en savoir plus sur l’utilisation de vos données, surfez sur wwf.be/fr/vie-privee. Nous pouvons également vous envoyer notre déclaration de confidentialité par la poste.

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DOSSIER

Restaurer (enfin) la nature européenne

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À travers le monde, nous perdons des pans de nature précieuse à un rythme sans précédent. Un million d'espèces sont menacées d'extinction et le changement climatique ne fait qu'empirer la situation. L'Europe ne fait pas exception : 81% des habitats protégés y sont dans un état de conservation médiocre ou mauvais. Pour inverser la tendance, la protection des lieux naturels existants est essentielle, mais elle ne suffira pas : nous devons également investir dans la restauration de la nature à grande échelle. La proposition par la Commission européenne d’une loi contraignante pour restaurer la nature européenne est une opportunité incontournable de s’y atteler.

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©
VILDA / YVES ADAMS

Un projet de loi historique

En proposant une loi contraignante pour restaurer la nature européenne, la Commission européenne franchit une étape majeure dans la lutte contre la double crise de la biodiversité et du climat.

QU’EST-CE QUE LA RESTAURATION DE LA NATURE ?

Restaurer la nature, c’est améliorer l’état écologique d’écosystèmes ayant été dégradés, endommagés ou détruits et ramener en général plus de nature et de biodiversité dans tous les écosystèmes : villes, terres agricoles, forêts, environnements marins... Cela peut passer par restaurer des tourbières asséchées, diversifier des forêts de monoculture en y laissant se développer les espèces indigènes, supprimer les barrages des rivières, rétablir des zones de prairies inondables, planter des haies en zone agricole…

Avec un objectif contraignant de restauration de 20% des terres et mers européennes d’ici 2030, la proposition législative avancée par la Commission européenne en 2022 est une opportunité historique pour tenter d’inverser la perte de biodiversité en Europe et améliorer l'état de la nature européenne à grande échelle. Les États membres devront élaborer des plans nationaux détaillant leurs priorités et leurs financements.

UNE SITUATION GRAVE ?

Des recherches d’instituts tels que l’IPBES (plateforme intergouvernementale scientifique et politique sur la biodiversité et les services écosystémiques) ont montré que 81% des habitats protégés en Union européenne étaient en mauvais état. Dans une grande partie de l'Europe, les zones humides ont diminué de 50% depuis 1970 et 84% des tourbières se trouvent dans un état de conservation défavorable. L'état général des forêts de l'UE est qualifié de mauvais et les écosystèmes marins font face à des difficultés majeures liées à la crise climatique, à la surexploitation, à la pollution et aux espèces envahissantes.

DES ÉCOSYSTÈMES BELGES EN MAUVAIS ÉTAT

En Belgique aussi, l’état de la nature est préoccupant. En Wallonie, le dernier rapport sur l’état de l’environnement indique qu’un seul

Magazine - ÉDITION D'HIVER 2022-2023 Dossier 8

type d’habitat est en bon état de conservation : les grottes souterraines. En parallèle, on compte 23 000 ha de prairies d’intérêt biologique qui n’ont actuellement aucun statut de protection. En Flandre, en 2020, seuls 3 types d’habitats protégés étaient en bon état de conservation : les grottes, les slikkes (partie inférieure des estrans vaseux) et les dunes à argousiers. 75% des zones humides y ont été perdues depuis la deuxième moitié du XXème siècle. Mais il est toutefois encore possible d’en restaurer 147 000 ha, soit 85% de ce qui a été perdu ! La remise en eau des tourbières asséchées, comme le montre l’exemple de restauration de la tourbière de la vallée du Zwarte Beek dans le Limbourg, permettrait également de stocker des quantités importantes de CO2. Enfin, les réserves naturelles de la mer du Nord ne sont protégées qu’en théorie : en pratique, l'extraction de sable, l'aquaculture et d'autres activités destructrices s’y poursuivent sans relâche (voir p12-13).

RESTAURER LA NATURE, ASSURER NOTRE SURVIE

Restaurer la nature ne bénéfice pas seulement à une multitude d’espèces sauvages précieuses, c’est aussi une nécessité pour assurer la survie de l’humanité. On remarque ainsi que la dégradation actuelle

UN RETOUR SUR INVESTISSEMENT GARANTI

La restauration de la nature est un bon investissement économique ! Par exemple lorsque le WWF a travaillé à la restauration des zones humides de Mahmudia, dans le delta du Danube roumain, ce ne sont pas seulement 300 espèces d'oiseaux qui ont pu y trouver un foyer, mais aussi de nombreuses communautés locales qui bénéficient maintenant d’une protection directe contre les inondations ainsi que d'un secteur écotouristique en plein essor. Une analyse de la Commission européenne a évalué que chaque euro investi dans des projets de restauration apporterait un retour sur investissement compris entre 8€ et 38€.

de la nature met déjà en péril notre production alimentaire, notamment via le déclin des pollinisateurs, l’appauvrissement des sols et la disparition des zones de frais des poissons. Pourtant la nature nous offre des solutions essentielles face au changement climatique (voir p18-19), fixant le carbone présent dans l’atmosphère tout en régulant naturellement les variations hydriques, prévenant ainsi les sècheresses comme les inondations : on pense ici aux zones humides, aux forêts, aux tourbières...

UN TEXTE À APPUYER ET RENFORCER

Dans les mois à venir, le Conseil et le Parlement européens délibéreront sur ce texte. Le WWF continuera à suivre ce processus de près afin de s’assurer que cette loi prometteuse ne soit pas édulcorée. Nous appelons aussi à plus d'ambition, notamment en ce qui concerne la restauration des cours d’eau, des plaines inondables et des tourbières, ou encore le renforcement du mécanisme veillant à ce que chaque État membre contribue équitablement à l'objectif global.

© VILDA / YVES ADAMS 9 Magazine - ÉDITION D'HIVER 2022-2023

Une zone humide contre l’eutrophisation

Vous ne rêvez pas, la photo cicontre dévoile bien une île en forme de panda au cœur d’une zone humide à Uusimaa en Finlande ! Si ce détail peut faire sourire, le projet derrière est très sérieux.

Durant l’hiver 2022, un projet du WWF a transformé une terre agricole finlandaise en zone humide. Le but du projet était de créer un barrage naturel aux engrais et autres intrants qui s'écoulent des champs agricoles voisins, et d'empêcher ainsi l'eutrophisation des cours d'eau et de la mer Baltique (voir encadré). L’inauguration de ce projet concordant avec les 50 ans de l’action du WWF en Finlande, l’une des îles a été symboliquement travaillée pour former une tête de Panda.

UNE ARME FACE AU CHANGEMENT CLIMATIQUE

Au cours des 15 dernières années, le WWF a restauré plus de 50 zones humides à travers la Finlande, en coopération avec des propriétaires fonciers privés. En plus de leur action contre l’eutrophisation, les zones humides sont de vrais trésors de biodiversité, abritant une flore spécifique et abondante qui fournit nourriture et habitat à de nombreuses espèces, comme les cormorans. De plus, agissant comme des éponges, les zones humides forment des réservoirs d'eau naturels en période sèche et contrôlent à l’inverse les inondations après de fortes pluies. Un rôle clé qui va devenir de plus en plus important avec le changement climatique.

QU’EST-CE QUE L’EUTROPHISATION ?

L’eutrophisation, c’est-à-dire l’excès de nutriments dans les sols ou l’eau, est une importante source de pollution. Les espèces cultivées en milieux agricoles n’absorbent pas tous les nutriments apportés par les engrais : les excès d’azote et de phosphore s’accumulent dans le sol ou s’infiltrent dans les nappes phréatiques ou les eaux de surface. Ces quantités excessives d’éléments nutritifs arrivent dans la nature et rompent l’équilibre naturel : les plantes nitrophiles prolifèrent au détriment des autres espèces. Dans les eaux de surface, l’excès d’azote provoque ainsi une prolifération excessive d’algues, qui met en péril l’ensemble de la vie aquatique. L’excès d’azote est également à la source de la formation de pluies acides.

Finlande
© GERMUND SELLGREN / WWF-SWEDEN Magazine - ÉDITION D'HIVER 2022-2023 10 Dossier

Une île-refuge dans un

delta à sec

Au milieu du delta du Haringvliet aux Pays-Bas, le WWF a construit une île pour permettre aux oiseaux de s’y reproduire et aux poissons de frayer dans ses bas-fonds.

Le Haringvliet était autrefois un delta regorgeant de vie. Les esturgeons et les saumons l’empruntaient pour rejoindre leurs frayères en Allemagne et en Suisse. Les oiseaux migrateurs se reposaient, se nourrissaient ou se reproduisaient à travers ses plaines limoneuses et ses marais salants. Mais suite à la construction d’un barrage à écluses en 1970, cette riche nature s'est desséchée. Depuis fin 2018, les écluses de Haringvliet sont enfin entrouvertes, rouvrant une connexion cruciale entre le Rhin, la Meuse et la mer du Nord. Le WWF s’est investi dans la restauration de ce delta, en partenariat avec des organisations locales.

UNE ÎLE ARTIFICIELLE

Les écluses du delta n’étant qu’entreouvertes, les marrées ne parviennent pas à recréer les bancs de sable dont les oiseaux et les poissons ont désespérément besoin. C'est pourquoi le WWF a construit une île artificielle – nommée Bliek – composée d’un banc de sable de 3 hectares, dont 1,6 hectare est émergé. Les oiseaux migrateurs trouvent ici un refuge précieux où manger et se reproduire, et les poissons peuvent frayer dans ses eaux peu profondes. Les partenaires du WWF veillent à ce que la végétation ne l’envahisse pas trop, car les oiseaux tels que les sternes et les pluviers sont habitués aux bancs de sable nus, les flux d'eau salée empêchant normalement les arbustes de pousser sur leurs territoires. Bliek a été inaugurée en 2019 et de nombreuses espèces y ont été repérées depuis : petit gravelot, avocette, sterne pierregarin, mouette rieuse, canard morillon, huîtrier pie, bergeronnette grise... Les sternes plongent activement autour de l’ile, ce qui confirme l’abondance de jeunes poissons, notamment des flets.

VERS UN DELTA LIBÉRÉ ?

Depuis des années, le WWF réclame que ces écluses soient entièrement rouvertes, libérant la marée, les poissons migrateurs et permettant la formation naturelle de bancs de sable et de marais salants. Le WWF présentera dans ce cadre un plan d’action fin 2023.

Pays-Bas

© GERT HUIJZERS © MAX VREULS Magazine - ÉDITION D'HIVER 2022-2023 11

Vers une nature résiliente en mer du Nord belge

Couvrant une superficie de 3 454 km², la mer du Nord belge forme la plus grande zone naturelle de Belgique et abrite plus de 2 100 espèces végétales et animales. Mais sa situation est préoccupante…

La mer du Nord se réchauffe et s’acidifie depuis les années 1970, et son écosystème délicat souffre de l’eutrophisation due aux rejets d’engrais (voir p10) et de l’apparition d’espèces invasives. De plus, elle croule sous la pression croissante des activités humaines : pêche, extraction de sable, aquaculture, trafic maritime… 36% de la mer du Nord belge est pourtant censée être protégée - notamment via le réseau Natura 2000 - mais cette reconnaissance existe surtout sur papier et des activités destructrices s’y poursuivent.

Mer du Nord

AGIR ENSEMBLE, AVEC « 4SEA »

Le WWF-Belgique, Natuurpunt, Greenpeace et Bond Beter Leefmilieu (BBL) se sont donc rassemblés pour former la coalition « 4Sea ». La première étape de notre travail est d’établir un « plan d’aménagement des espaces marins » pour la période 20262034 : concrètement, il s’agit de délimiter de manière juridiquement contraignante l’usage des différentes zones de la mer du Nord belge. Nous avons par exemple identifié 30% de la superficie marine devant être gérée effectivement comme réserve naturelle. Certaines activités humaines, telles que l’énergie éolienne, pourraient y être effectuées à condition que ce soit fait de manière respectueuse de la nature. D’autres activités plus nocives – comme l’extraction de sable, la pêche ou l’aquaculture – doivent y être strictement interdites. En parallèle, une véritable « réserve marine » doit être instaurée, couvrant au moins 10% de la mer du Nord belge et excluant quant à elle absolument toute activité humaine, afin de laisser la nature s’y régénérer. Ce n’est qu’à partir de ce moment-là que nous pourrons évaluer les possibilités d’y restaurer proactivement la nature, notamment en restaurant des lits de graviers, voir en réintroduisant certaines espèces, telles que des raies ou des huîtres.

© MISJEL DECLEER Magazine - ÉDITION D'HIVER 2022-2023 12 Dossier

+1,5°C : estimation de l'élévation du niveau de la mer à la côte belge

 Dans un scénario d’augmentation des températures de 1,5°C, une grande partie de la côte belge risque d'être inondée (en bleu). Une raison claire de renforcer la résilience de l'écosystème de la mer du Nord et la côte belge.

 Le WWF et Natuurpunt ont développé ensemble des simulations, basées sur des avis scientifiques, qui visualisent comment rendre la côte belge plus résistante, tout en rendant sa place à la nature.

dunes, les polders et les plages font tous partie intégrante de l'écosystème marin, et dans un système côtier sain, ces paysages devraient se fondre en douceur les uns dans les autres. Or plus de la moitié du cordon dunaire de la côte belge a été détruit au cours du siècle dernier pour faire place à des infrastructures. En reliant et en gérant les zones protégées sur terre et en mer comme une seule réserve naturelle, nous pourrions pourtant augmenter la résilience de notre côte face à l'élévation du niveau de la mer et aux phénomènes météorologiques extrêmes tels que les tempêtes violentes. Dans un scénario d’augmentation des températures de 1,5°C, une grande partie de la Belgique serait inondée à chaque tempête (voir visuel ci-dessus). Toujours au sein de la coalition « 4Sea », nous avons donc identifié les zones côtières les plus cruciales (p.e Westhoek, Lombardsijde...) qui devraient être protégées et restaurées.

LAISSE DE MER » FAIRE SON RETOUR

Concrètement, une première mesure à prendre dans ces réserves côtières serait de passer du nettoyage industriel des plages à un nettoyage manuel. Le nettoyage mécanique des plages actuellement pratiqué utilise des engins telles que des cribleuses et ratisseuses, souvent remorquées par un tracteur et chargées de racler et filtrer le sable pour rejeter un sable lisse et uniforme. Or ce système est très agressif pour la biodiversité et tout l’écosystème côtier : d’une part il déstructure le sol et rend le sable plus volatil, empêchant les dunes de se former et aggravant les risques d’érosion. D’autre part, il supprime la « laisse de mer » – c’est-à-dire la zone d’accumulation de débris naturels délimitant normalement la zone sèche de la plage de celle recouverte lors des marées hautes. On y trouve des grappes d'algues, du bois flotté, des coquillages… Cette laisse est très importante pour de nombreuses espèces – notamment des insectes dont les oiseaux se nourrissent. Et lorsque la laisse de mer reste intacte sur le long terme, une végétation particulière a la possibilité de s’y épanouir : des plantes comme la roquette de mer, la soude brûlée, le pourpier de mer ou l’arroche de babington s’y développent alors, retenant naturellement le sable et créant progressivement des barrières naturelles. C’est le début de la formation de dunes, véritables remparts naturels face aux risques liés à l'élévation du niveau de la mer. Ces dunes abritent également une biodiversité très riche, ce qui renforce tout l’écosystème marin.

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© BRENDA DE GROOT / WWF-BELGIUM & NATUURPUNT
CLIMATE CENTRAL
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SUR LE TERRAIN ©

400 Sur les 1 000 crocodiles du Siam vivant encore à l'état sauvage à travers le monde, entre 200 et 400 vivraient au Cambodge.

Signes d’espoir pour le crocodile du Siam

Quand une espèce présumée éteinte refait surface après 10 ans d’absence, l’espoir renait. C’est ce qui est arrivé dans les plaines orientales du Cambodge, où nos collègues ont découvert une petite population de crocodiles du Siam, espèce en danger critique d’extinction.

Le crocodile du Siam vit encore dans les plaines orientales du Cambodge ! Il y a seulement un an, cette affirmation n’était encore qu’un souhait que l’on osait à peine murmurer… Mais voilà : aujourd’hui, nous avons des preuves qu’une population de cette espèce classée « en danger critique d’extinction » sur la liste rouge de l'UICN subsiste et se reproduit dans la région.

Le crocodile du Siam était autrefois très répandu en Asie du Sud-Est. Mais convoité sur le marché noir pour sa peau fine et souple, il a cependant disparu de la majeure partie de son aire de répartition au début des années 1990. Le Cambodge reste un bastion mondial pour l'espèce, avec une estimation de 200 à 400 individus vivant à l'état sauvage. La population mondiale totale ne dépasse pas 1 000 individus matures.

« Dans les plaines orientales, nous avons toujours considéré le crocodile du Siam comme une espèce prioritaire. » explique

Milou Groenenberg (photo), responsable de la recherche et de la surveillance de la biodiversité pour le WWF au Cambodge. « Nous avions réussi à l’immortaliser sur des pièges photographiques en 2004 et 2008. Mais depuis, plus de trace de l’espèce… On espérait que quelques-uns auraient peut-être survécu, mais sans aucune certitude. Partout, les populations de cette espèce sont en déclin. »

En quatre ans de travail sur le terrain, Milou Groenenberg n’a pas connu beaucoup de répit. Entre le braconnage, le changement climatique et la crise sanitaire, ces années ont toutes apporté leur lot de mauvaises nouvelles… Pourtant, pas question de baisser les bras. En 2019, la biologiste et son équipe décident de prendre les choses en mains pour répondre à cette question restée trop longtemps sans réponse : le crocodile du Siam a-t-il disparu de la région ?

WWF-CAM BODIA / PDOE
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CROCODILE DU SIAM, ÉBOUEUR DES RIVIÈRES

Cette question est cruciale, car le crocodile est une espèce clé-de-voûte : s’il est présent, cela signifie que l’écosystème qui l’entoure se porte bien. Il maintient aussi l’équilibre écologique, en évitant la prolifération des grenouilles et des serpents, et en nettoyant la rivière de ses cadavres. Ainsi, lorsqu'on s’investit pour la protection du crocodile du Siam, toutes les autres espèces qui partagent son environnement en bénéficient elles aussi : qualité de l’eau, absence de pollution et de braconniers...

Malgré tout, l’espoir restait faible de trouver des indices de vie. « Un grand barrage a été construit au Vietnam, en amont de cette rivière-là. Et les barrages, comme on le sait, peuvent avoir des conséquences dramatiques sur la qualité de l’eau, mais aussi sur le flux d’une rivière, et donc sur tous ses habitants. Je m’imaginais donc que même si une population de crocodiles avait survécu, les nouveau-nés n’auraient pas beaucoup de chance de survie avec le flux important de la saison humide », explique Milou.

VIEILLE DÉJECTION, BELLE SURPRISE

Pour autant, ils voulaient en avoir le cœur net. « Nous avons interrogé les populations locales et les écogardes. Certaines personnes nous ont alors renseigné quelques pistes intéressantes et, en recoupant nos informations, nous avons décidé de resserrer nos recherches sur certains endroits »

Milou organise la formation des écogardes, afin que chacun et chacune apprenne les spécificités de l’espèce, de son comportement, et sache reconnaitre ses empreintes et déjections. Un vrai travail d’enquête ! Et une mission difficile, puisque les marques de passage sont éphémères, l’animal vivant dans l’eau.

« Notre première sortie sur le terrain, après la formation théorique, était incroyable. Quand nous sommes descendus des bateaux de recherche, la première chose que nous avons trouvée était… une vieille déjection de crocodile ! »

Regonflée à bloc par cette découverte, Milou ne tarde pas à amplifier l’ambition de ses recherches : impossible de s’arrêter si proche du but ! « Nous avions ce qu’il faut pour lancer une recherche intensive pendant la saison sèche. En tout, nous avons arpenté 370 km de berges, rivières et lacs, en 2021. »

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“ Grâce aux pièges photographiques placés dans la zone, nous avons découvert que cette rivière et ses berges abritaient une biodiversité fabuleuse !
© SOTHEAN THOU / WWF-CAMBODIA

ET PUIS UN JOUR… DES BÉBÉS CROCODILES

Pendant la saison d'éclosion, l'équipe de recherche effectue un suivi régulier sur le terrain. L’une des méthodes consiste à rechercher l’animal la nuit, à l’aide de lampes, pour voir briller ses yeux (voir photo ci-contre). Sothea Bun, l'un des membres de l'équipe de recherche, se souvient : « Le moment le plus excitant est arrivé lorsque l'un des membres de notre équipe a repéré pour la première fois l'éclat des yeux des crocodiles en train d'éclore ! ».

Milou est immédiatement prévenue.

« C’est la meilleure nouvelle que j’ai reçue depuis mon arrivée ici. J’étais à la maison et mon assistant de recherche m’a envoyé une photo : des bébés crocodiles ! Je n’en revenais pas. J’étais si étonnée qu’ils n’aient pas été braconnés jusqu’au dernier, mais encore plus étonnée que la population se reproduise et survive !

Cerise sur le gâteau, les neuf crocodiles du nid étaient déjà assez grands. Ça signifiait

qu’ils avaient survécu à la crue de la saison humide, et au barrage du Vietnam. Et ça aussi, c’était une excellente surprise ! »

Cette découverte est de taille : il s’agit de la première preuve en plus de dix ans qu’une population reproductrice habite la région. La dernière étape de cet enchaînement de bonnes nouvelles était de confirmer qu’il s’agissait bien de crocodiles du Siam, cette espèce étant en danger critique d’extinction. Car les fermes de crocodiles existent dans la région, et une hybridation n’était pas exclue.

« J’ai mené l’expédition pour les voir de mes propres yeux. Nous avions un peu peur, car il s’agissait de prélever un petit peu d’ADN sur l’un des petits, avec le risque d’alarmer la mère… un animal qui peut faire plus de trois mètres de long ! Heureusement, tout s’est très bien passé. La mère ne nous a pas repérés, le petit a très vite été relâché et… nous avons pu confirmer qu’ils s’agissaient bien de purs crocodiles du Siam ! »

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Magazine - ÉDITION D'HIVER 2022-2023 16
IEN KHVE / MOE / WWF-CAMBODIA

VIVRE DANS LES PLAINES ORIENTALES DU CAMBODGE

Maintenant que nous avons la certitude de leur existence, il s’agit d’assurer leur survie. « Les crocodiles ont très bien choisi leur lieu de vie. Il est situé dans l’une des zones les plus protégées de la région. Dans cette partie, toute activité humaine y est interdite, à part les patrouilles d’écogardes et la recherche scientifique. Et grâce aux pièges photographiques placés dans la zone entre-temps, nous avons découvert que cette rivière et ses berges abritaient une biodiversité fabuleuse ! Des macaques, des éléphants, des cobras, des dholes... »

La survie et la protection des jeunes crocodiles et de leur habitat sont assurées jour et nuit grâce aux patrouilles d’écogardes, ainsi qu'à l'engagement communautaire des villages environnants.

Et puis ? La prochaine étape n’est encore qu’un rêve. « Il nous est venue l’idée très excitante qu’il fallait renforcer leur population. Car malgré les bonnes

SEPT CHOSES À SAVOIR SUR LE CROCODILE DU SIAM

Le crocodile du Siam figure parmi les plus petites espèces du genre. Adulte, il ne dépasse généralement pas 3,5 m de long.

Il reste maximum 1 000 crocodiles du Siam sauvages dans le monde.

Il se distingue des autres espèces de crocodiles par la crête osseuse située derrière ses yeux.

Il se nourrit principalement de petits animaux, notamment de serpents, de grenouilles et de poissons, et s'attaque rarement à des proies plus grosses. La taille des couvées dans la nature varie de 11 à 26 œufs.

Le sang du crocodile du Siam a des propriétés antimicrobiennes.

Les crocodiles du Siam adultes construisent des terriers, mais l’utilisation qu’ils en font n’est pas encore connue.

nouvelles, ce n’est actuellement qu’une petite population. Et l’endroit est très isolé ; la diversité génétique doit être assez faible. » Renforcer cette population en y réintroduisant de nouveaux jeunes serait donc très bénéfique.

Si les fonds manquent encore pour mettre pareil projet sur pied actuellement, la sauvegarde de la population actuelle offre déjà de belles perspectives. Et suscite l'espoir pour la survie du crocodile du Siam à l'état sauvage, non seulement au Cambodge, mais partout dans le monde.

Le crocodile du Siam demeure une espèce mystérieuse et difficile à étudier. C’est pourquoi notre travail de conservation de son habitat dans les plaines orientales du Cambodge est indispensable pour mieux connaître les habitudes de l’espèce et assurer toutes ses chances de survie. Et c’est grâce au soutien de nos donateurs et donatrices et à la patience de nos équipes de recherche que nous pouvons mener à bien des projets de longue haleine tels que celui-ci.

Envie d'en savoir plus sur les avancées des projets du WWF dans la région ? Abonnez-vous à notre newsletter pour rester à la pointe de l'actualité sur nos projets pour la vie sauvage : wwf.be/fr/newsletter

© ISTOCKPHOTO
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FOCUS

La nature, une alliée clé face au changement climatique

Un rapport du WWF confirme que la nature est notre meilleure alliée dans la lutte contre le changement climatique, ralentissant le réchauffement de la planète et protégeant l'humanité des impacts les plus graves du changement climatique. À nous de la protéger, et de diminuer nos émissions qui la menacent…

Dans un nouveau rapport, le WWF souligne le pouvoir des écosystèmes naturels à la fois pour capter les émissions issues des activités humaines mais aussi pour aider les communautés à s'adapter à un monde qui change. Intitulé « L'alliée secrète de notre climat », ce rapport s'appuie sur les travaux du Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat (GIEC) pour mettre en évidence les urgences liées au changement climatique d'origine humaine et à la perte de biodiversité, et il plaide pour une meilleure intégration de la nature dans la réponse mondiale à la crise climatique.

LA NATURE ABSORBE PLUS DE LA MOITIÉ DE NOS ÉMISSIONS

Le rapport souligne qu’au cours des dix dernières années, environ 31% de émissions de CO 2 d'origine humaine ont été absorbées par les écosystèmes terrestres (plantes, animaux, sols…), tandis que 23% supplémentaires ont été absorbés par l’océan - au détriment de nombreux écosystèmes marins, dont les eaux sont de plus en plus acides.

Outre le fait qu'ils ralentissent le réchauffement de la planète en absorbant le CO2, les écosystèmes sains augmentent la résilience des communautés face aux impacts du changement climatique. Par exemple, les récifs coralliens, les zones humides et les mangroves réduisent les dommages liés aux fortes tempêtes, et les forêts ou les tourbières peuvent absorber les excès d'eau de pluie, empêchant ainsi les glissements de terrain et les dommages causés par les inondations. Mais à l’inverse les phénomènes météorologiques extrêmes, tels que les sécheresses ou les feux de forêt, peuvent détruire des écosystèmes entiers et provoquer des mortalités massives parmi les espèces animales et végétales.

SAUVEGARDER ET RESTAURER LA NATURE

« La nature est une alliée du climat, mais les systèmes naturels sont poussés au-delà de leurs limites par la pression incessante du changement climatique, de la pollution, de la surexploitation et de la conversion des écosystèmes », explique le Dr Stephen Cornelius, responsable mondial adjoint du WWF pour le climat et l'énergie. Il

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est impossible d'arrêter le changement climatique sans modifier notre économie pour la libérer de sa dépendance au carbone (pétrole, charbon, gaz). Un réchauffement planétaire de 1,1°C provoque déjà des perturbations dangereuses et généralisées dans la nature.

Lors de la COP27 sur le climat et de la COP15 sur la biodiversité, le WWF a exhorté les dirigeant·es à intégrer dans leurs plans d’action les solutions fondées sur la nature (voir encadré ci-contre). Parce que nous sommes en train de perdre la nature, notre plus précieuse alliée. Alors que les activités humaines polluantes s'intensifient, la capacité de la nature à absorber le carbone et à renforcer notre résilience s'affaiblit.

QU’EST-CE QU’UNE SOLUTION FONDÉE SUR LA NATURE ?

Face au changement climatique, les « solutions fondées sur la nature » proposent d’identifier des écosystèmes qui répondent naturellement à ces défis, et de les conserver, de les gérer durablement ou de les restaurer. Le résultat bénéficiant à la fois au bien-être humain et à la biodiversité. Par exemple la restauration d’une forêt avoisinant une ville peut contribuer à son approvisionnement en eau, mais aussi absorber du CO2, tout en protégeant la ville des inondations en captant l’eau des fortes pluies. Et une forêt gérée durablement bénéficie également à la biodiversité qu’elle renferme.

Le rapport est disponible ici :

INTERACTIONS ENTRE LE CHANGEMENT CLIMATIQUE, LA NATURE ET LES HUMAINS

Le changement climatique menace la nature

Un réchauffement climatique de 1,1°C provoque déjà des perturbations dangereuses et généralisées des écosystèmes et des espèces, notamment via des événements météorologiques extrêmes et l'élévation du niveau de la mer.

CHANGEMENT CLIMATIQUE

La perte de nature amplifie le réchau ement climatique

La nature est une alliée puissante dans la lutte contre le changement climatique

Les écosystèmes terrestres et océaniques peuvent agir comme des puits de carbone, régulant notre climat et ralentissant le réchauffement climatique.

NATURE

Une

Le changement climatique a ecte les humains

Le réchau ement climatique est causé par l’utilisation de combustibles fossiles, la destruction de la nature et les systèmes alimentaires non durables

La fonte des glaces, l'élévation du niveau de la mer, l'aggravation des phénomènes météorologiques extrêmes et la diminution de la sécurité alimentaire sont quelques-uns de ces impacts.

Nous devons sauvegarder et restaurer la nature

30% à 50% des terres, des eaux douces et des océans de notre planète doivent être conservés pour maintenir la biodiversité et les services écosystémiques à l'échelle mondiale.

Les activités humaines détruisent la nature

Les activités humaines sont responsables du changement climatique et elles dégradent les habitats naturels.

Compromettre la nature c’est compromettre l’humanité.

stockage du carbone, régulation du climat, résilience face aux aléas climatiques…

HUMAINS

Des réductions rapides, profondes et durables des émissions de gaz à effet de serre sont nécessaires dans tous les secteurs.

N 2 O CO 2 CH 4 N 2 O CO 2 CO 2 CO 2 CO 2
nature intacte peut fournir davantage de services écosystémiques :
Based on the reports from the IPCC Sixth Assessment Cycle and the IPBES Global Assessment
La conversion des écosystèmes - comme la déforestation - libère du CO2 dans l'atmosphère.
©
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MARTINA LIPPUNER / WWF-AFRICA

KIDS

Les enfants à la découverte de la biodiversité

Le but de l’équipe jeunesse du WWF ? Sensibiliser, éduquer, inspirer et engager les jeunes autour des thématiques qui nous tiennent à cœur. Ces derniers mois, un focus particulier a été mis sur la découverte de la merveilleuse biodiversité, d’ici et d’ailleurs, afin d’amener les enfants à en percevoir la beauté et les bénéfices, ainsi que de comprendre les menaces qui pèsent sur elle et les solutions à son déclin. Tout ça de manière ludique et stimulante ! Vous souhaitez en savoir plus sur nos activités ?

Découvrez-les ci-dessous et rendezvous sur le site du Rangerclub ou sur nos pages écoles et jeunesse pour plus d’informations !

À LA DÉCOUVERTE DE LA MAGNIFIQUE BIODIVERSITÉ DE NOTRE PLANÈTE

UN NOUVEL OUTIL ÉDUCATIF POUR LES ENFANTS DE 6 À 12 ANS

Le WWF a développé une vidéo éducative dans laquelle les élèves découvrent la beauté de la nature de notre planète en compagnie de Tam, le tamanoir. La vidéo se compose à la fois d'images réelles et d'animations. Les élèves apprennent ce que signifie la biodiversité et ce, à différents niveaux. Ils apprennent qu'il existe des différences entre toutes les espèces et que chacune joue un rôle important - du plus petit insecte au plus grand mammifère - et que ces organismes interagissent les uns avec les autres et avec leurs écosystèmes. Cette diversité qui s’est créée au cours de millions d'années est inestimable et elle doit être protégée à tout prix. Car la nature nous fournit de nombreux services, dont nous dépendons pour notre existence sur terre. Un jeu de domino accompagne cette vidéo et permet aux élèves de s’approprier ces concepts plus en profondeur et de manière ludique. Comme tous nos outils éducatifs, ceux-ci sont téléchargeables gratuitement sur notre site wwf.be/fr/ecoles ! Vous voulez connaître la suite de l’histoire ? Quelles sont les menaces qui pèsent sur cette merveilleuse biodiversité, et les solutions pour y faire face ? Ça tombe bien, une deuxième vidéo est en cours de fabrication et elle sera accompagnée d’un outil éducatif à destination des enseignant·es !

Plus d’informations sur ces activités sur : wwf.be/fr/ecoles

Vous êtes enseignant·e

?

Abonnez-vous à notre newsletter éducation pour connaître toutes nos activités et outils pédagogiques via wwf.be/fr/ecoles

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© WWF-BELGIUM

PRÊT·ES POUR L'HIVER AVEC LE RANGERCLUB !

; De bonnes bottes : check !

; Un gros pull et une veste chaude : check !

; Les tampons pour les passeports des Rangers* : check check !

Nous sommes fin prêts pour une journée dans la nature avec le Rangerclub.

Nous y rencontrons Julien qui nous emmène à la découverte du « Jardin Animé » à Namur. Il nous montre un arbre où un pic s'est régalé, nous présente l’âne Casper, et nous envoie dans la nature avec un panier. Nos consignes : « Cherchez des couleurs vives et des formes qui vous attirent ! Laissez libre cours à votre imagination… »

Après s'être réchauffés avec un bol de délicieuse soupe maison aux châtaignes et au potiron, nos Rangers ont transformé leurs trouvailles en magnifiques cartes de vœux et en décorations de Noël. Nous terminons la journée en préparant de délicieuses boules de graisse pour les oiseaux à partir d'huile de noix de coco, de pommes de pin et d'un mélange de graines. Une chose est sûre : tout oiseau qui vit près d’un de nos Rangers sera gâté cet l'hiver ! Encore quelques jeux dans le jardin, un dernier gros câlin pour Casper et il est temps de se dire au revoir…

ENVIE DE NOUS ACCOMPAGNER À NOTRE PROCHAINE ACTIVITÉ ?

Æ 29 janvier : Voyage autour du monde (Jardin botanique de Meise)

Æ 20(FR)-21 (NL) février : Journée du Jaguar au bureau du WWF à Bruxelles

Æ 12(FR)-19 (NL) mars : River Clean Up dans la vallée de la Dyle

*Passeport des Rangers : les Rangers reçoivent un passeport personnel lorsqu'ils rejoignent le Rangerclub. À chaque participation à une activité, ils reçoivent un joli tampon animalier.

Découvrez tous les détails ici : rangerclub.be/activites

L'ÉDITION JEUNESSE DU RAPPORT PLANÈTE VIVANTE 2022

EST SORTIE !

Une fois de plus, le Rapport Planète Vivante du WWF a été adapté en un format spécialement destiné aux jeunes de 12 à 18 ans. Composé de neuf pages richement illustrées contenant toutes les informations clés, ce rapport explique de manière claire l'état de la biodiversité dans le monde, les raisons de son déclin et les actions nécessaires pour l'arrêter. Il s’accompagne d’un document powerpoint utilisable en classe par les professeur·es, ainsi que d’une vidéo et d’un quiz pour approfondir ces thématiques.

Rendez-vous sur : wwf.be/fr/RPVjeunes2022

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WWF-BELGIUM
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MERCI !

3 300

Plus de 3 300 dons ! Merci pour la panthère des neiges !

Merci pour la panthère des neiges !

En décembre dernier, nous lancions un cri d’alerte sur la situation des panthères des neiges dans le monde. Avec à peine quelque 4 000 félins restants, cette espèce est grandement menacée. En mettant la panthère des neiges sous le feu des projecteurs de notre campagne de fin d’année, notre objectif était de mettre un coup d’accélérateur à nos projets de protection de l’espèce.

Sur le terrain, nous travaillons ainsi à l’atténuation des conflits avec les éleveurs (notamment via des enclos adaptés et résistants aux attaques de panthères des neiges) et à la lutte contre le braconnage - de la panthère des neiges, mais aussi de ses proies. Au Népal, nous soutenons également des équipes de « scientifiques citoyen·nes » qui, après avoir reçu une formation technique, se chargent de suivre les déplacements de panthères qui ont été équipées de colliers GPS en 2021. En suivant leurs déplacements, nous pouvons mieux comprendre les habitudes de ces félins et collecter des informations précieuses pour mieux les protéger. Petit à petit, nous espérons ainsi inverser la tendance et rendre ses lettres de noblesse à ces majestueux félins. Merci de rendre tout cela possible par votre engagement indéfectible et votre amour de la vie sauvage !

© SANJOG RAI / WWF-NEPAL
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VOUS CONTINUEZ DE SOUTENIR DES DIZAINES D’OURSONS ORPHELINS

Dans le centre de réhabilitation pour oursons que vous soutenez en Roumanie, ce sont au total 15 oursons qui ont été recueillis et soignés en 2022. Ils sont venus rejoindre les 31 autres pensionnaires des deux années précédentes. À la fin de l’été et à l’automne dernier, ces 31 jeunes ours ont été relâchés progressivement dans la nature après avoir complété leurs deux années de réhabilitation. Ils se sont tous progressivement éloignés de la zone de l’orphelinat pour vivre leur vie sauvage en toute autonomie. L’une des jeunes ourses de cette « génération » a été équipée d’un collier GPS et notre équipe constate qu’elle se comporte comme un ours sauvage devrait le faire : en évitant les habitations humaines et en s’enfonçant profondément dans les bois pour chercher à manger. Pari réussi, grâce à votre soutien !

LA PRÉSENCE DE LA LOUTRE CONFIRMÉE DANS LA VALLÉE DE LA SEMOIS !

Bonne nouvelle pour la biodiversité : la présence de la loutre dans la Vallée de la Semois est scientifiquement confirmée ! C’est ce qui ressort de l’analyse d’ADN « environnemental » dans l’eau que nous avons réalisée dans la région avec nos partenaires. Tout au long des dix dernières années, des témoignages de pêcheurs, de promeneurs et d’agents de forêt (DNF) semblaient attester de la présence du mustélidé dans ces cours d’eau, mais sans preuve formelle. C’est maintenant le cas ! Et cette bonne nouvelle est aussi le signe que notre travail porte ses fruits. Le WWF travaille en effet à rendre son territoire accueillant, que ce soit via la restauration des berges et des frayères (lieux où les poissons se reproduisent) ou encore l’installation de « loutroducs » (passages pour la faune en dessous des ponts, qui évitent aux loutres de devoir traverser les routes)... La loutre est une espèce indicatrice de la bonne santé d’un écosystème, car elle a besoin d’une eau de qualité, de suffisamment de proies et d’une végétation luxuriante. Autant de cases que semble cocher la Vallée de la Semois. Depuis des années, le WWF et le Contrat de Rivière Semois-Chiers travaillent ensemble à faire de la région un véritable paradis pour la faune. Et grâce à votre soutien, nous sommes sur la bonne voie !

MERCI POUR LE LOUP !

1925. C’est le nombre de dons que nous avons récolté ces derniers mois pour assurer la protection du loup, à la fois dans nos projets de protection de la nature dans les Carpates, mais aussi ici en Belgique. Dans notre pays, le loup est de retour depuis 2018 après un siècle d’absence. Et cette année, les deux meutes établies se sont même agrandies avec la naissance d’une quinzaine de louveteaux ! Comme tout grand prédateur, le loup joue un rôle important pour l’équilibre de la biodiversité. Le travail que nous effectuons pour améliorer la cohabitation des éleveurs et des éleveuses avec l’espèce est indispensable pour que son retour s’inscrive dans la durée et que la nature en Belgique connaisse un nouveau souffle. Merci de nous permettre de réaliser cela !

© GETTY IMAGES © OLA JENNERSTEN / WWF-SWEDEN ©
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GABRIEL GALGOCZY / BEAR AGAIN
WWF-Belgique C.F. ASBL Bd Emile Jacqmain 90 1000 Bruxelles 02 340 09 22 www.wwf.be Trimestriel P309290 PB- PP BBELGIE(N) - BELGIQUE 714 Inscrivez-vous ! Inscrivez-vous ! Et courez Et courez pour la nature pour la nature le 28 mai le 28 mai © Dieter Hoeven
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