ΑΛΕΚΟΣ ΦΑΣΙΑΝΟΣ

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Fassianos Lum i è r e r e t r o u v é e


L ‘expérience de la liberté par Patrick Amine Pour la première fois, Alecos Fassianos raconte ses débuts en France quand il arrive à Paris de sa Grèce natale où régnait un régime coercitif et oppressant. La jeunesse était avide de liberté et de création - comme de nos jours d’ailleurs. Fassianos trouva les moyens de rester étudier à Paris, à l’école nationale des Beaux Arts. Il rencontre très vite artistes, écrivains, et, bien sûr, les galeristes qui lui donneront la possibilité d’exposer, et de commencer la carrière qu’on lui connaît aujourd’hui. Ses souvenirs sont ponctués d’anecdotes historiques. Il relate comment les grands galeristes exerçaient leur métier. Il évoque Iolas, Facchetti, Pierre Nahon, Costa Gavras, Aragon, Jean-Marie Drot, le réalisateur et l’écrivain, ami fidèle, ses éditeurs et bien d’autres personnages qui ont jalonné sa vie. Patrick Amine: Te souviens-tu de ton premier voyage en France et notamment quand tu es arrivé à Paris pour la première fois ? Alecos Fassianos: Les souvenirs de mon passé reviennent à présent. Ce qui est «bizarre», c’est que tout a vraiment changé. Il reste la mémoire. Les décors et la ville ont changé. Je suis venu à Paris la première fois en 1959. C’était à mes frais. J’avais réuni une petite somme pour le voyage. Quand je suis arrivé ici, j’étais étonné, «emballé» par la liberté qu’il y avait en France, à Paris. Car en Grèce, on vivait sous l’austérité, il n’y avait pas de liberté. Alors j’étais étonné des comportements des gens dans la rue, qu’on puisse se dessiner un oeil sur le front et s’afficher ainsi ! Je voyais les filles et les garçons qui s’embrassaient dans le métro, je me demandais comment tout cela était permis ! Alors j’avais presque «peur», je suis resté dix-huit jours et puis je suis retourné en Grèce. Quand j’ai remis les pieds à Athènes, je me suis dit «qu’est-ce que je fais ici»? Je me suis rendu compte de la différence de vie qu’il avait entre les Français et nous. J’ai décidé qu’il fallait que je revienne absolument. C’est à ce moment-là que j’ai connu, lors d’une exposition, un Français, M. Guery, l’ambassadeur de France en Grèce; il était à mon 4

Susanne dans son bain, 123 x 96 cm


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écoute. Il me sentait perdu, il m’a demandé si je voulais venir en France, j’ai dit oui. Comment fallait-il faire ? Il m’a dit : «Venez à l’Ambassade de France». Alors je m’y suis rendu. Il m’a facilité les démarches pour me rendre à Paris afin d’étudier aux Beaux Arts. J’étais résolu à cette idée. P. A. : Comment cela s’est passé ? A. F. : Il m’a dit: «Vous allez recevoir une bourse du gouvernement français». J’ai donc perçu cette bourse, et je suis venu m’installer à Paris. Je suis resté finalement plusieurs années, la bourse a été renouvelée. Comme la bourse n’était pas suffisante pour vivre à Paris et que je continuais à faire mes études, j’essayais de trouver des galeries pour exposer. Ils étaient surpris par ma détermination et m’ont fait remarquer que j’étais le seul qui réussissait ainsi ! Je ne comprenais pas très bien... Ils entendaient que je faisais bien les choses. Ainsi avec cette bourse du gouvernement français, je me suis installé à Paris, non pas à la Cité Universitaire, là où il y avait tous les pavillons étrangers... J’ai vécu un temps dans un hôtel, je l’avais choisi pour son nom : Hôtel de L’Espérance, au métro Vavin. Le nom m’a plu pour le sens qu’il représentait. Ce sont des choses bizarres. Je me suis installé là. Et petit à petit, j’allais dans les galeries, je rencontrai des gens...

Première exposition à Paris La première fois, j’ai rencontré D’Halluin qui avait une petite galerie dans la rue Visconti - cette petite rue très étroite et toujours humide que vous connaissez. Lui, c’était un éditeur très cultivé, Monsieur Jean d’Halluin, des éditions du Scorpion. Il avait édité Boris Vian et son J’irai cracher sur vos tombes (en 1946). Il m’a dit qu’ils avaient été condamnés à trois mois de prison tous les deux pour ce livre. Il avait une grande passion pour l’Antiquité et l’histoire des civilisations. Je pouvais aborder avec lui librement de nombreux sujets. Ainsi j’ai réalisé ma première exposition chez lui, au numéro 5 de la rue Visconti, la galerie s’appelait «3+2». Nous étions en plein mouvement Hippie, à l’époque. Ils se réunissaient rue des Beaux-Arts et rue Saint-André-des-Arts. Parfois, ils s’allongeaient par terre, ils fumaient beaucoup. Comme je faisais des personnages de fumeurs, tous les Hippies sont venus à la galerie ! Ils croyaient que j’étais leur prophète, que je représentais leurs idées... 6


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P. A.: Quelles sont les rencontres que tu fais à cette époque ? A. F.: Je fis la connaissance de Jean-Marie Drot. Il était présent dès le début, il était très enthousiaste, il avait fait des films sur Montparnasse, notamment: Les heures chaudes de Montparnasse (1960 - le texte fut publié chez Hazan en 1999 et le documentaire en 14 épisodes est disponible en DVD)... Il a été aussi mon premier acheteur, et, nous nous voyons toujours à chacun de mes passages en France lors de mes expositions. Il me demandait: «Pourquoi tu fais des portraits, des grands portraits?» Il croyait que je peignais des visages qui lui ressemblaient ; et c’était en quelque sorte vrai,.. Il y avait de grands portraits... Il est devenu mon ami. Ainsi, j’ai rencontré Jean-Pierre Masset, un homme de l’art, avec lequel je suis resté l’ami, à ce jour. Et avec le temps, j’ai continué à faire des connaissances, de trouver des gens proches spirituellement de moi. C’était l’époque où tous les artistes faisaient de l’art abstrait. Il était difficile pour moi de montrer mes tableaux, car les galeristes me disaient que c’était trop figuratif !... P. A. : Tu as toujours imposé ton style ? A. F. : C’était parfois difficile. Toutes les galeries faisaient de l’art abstrait, excepté Jean d’Halluin... Par ailleurs, il aimait les peintres autrichiens... P. A. : Lesquels par exemple ? A. F. : Il avait exposé Klimt. Ensuite, j’exposai en 1967, chez lui. L’exposition des dessins de Klimt a eu lieu en 1970. Personne ne connaissait Klimt, ni n’en parlait ! Il vendait ses dessins pour 1000 Francs, vous vous imaginez ! Après il a montré Egon Schiele, ce fut la même histoire... Quant à moi, j’avais une bourse de 1000 Francs, je voulais acheter quelque chose, mais je n’en avais pas vraiment les moyens... Quel dommage ! Je vous assure que personne ne parlait de Klimt à l’époque, en France. J’aimais beaucoup Klimt; je connaissais sa peinture parce que j’avais voyagé en Allemagne et en Autriche. J’ai connu le peintre René Laubiès qui était dans le groupe des Nuagistes. Lui, il était intéressant et il aimait la civilisation Indienne, tout autant que la Grèce, alors je pouvais communiquer avec lui. Ensuite, j’ai rencontré le fameux Facchetti, je lui avais laissé quelques tableaux.


P. A. : Le fameux photographe et galeriste, Paul Facchetti ?... A. F. : Oui. Il avait sa galerie rue de Lille, à l’époque. Il avait une très belle galerie, le plafond était en matière plastique très jolie, très lumineux, on aurait dit qu’on avait le ciel au-dessus de nos têtes. Il était photographe. Il y avait son studio au fond, et dans la grande salle, la galerie. J’ai eu quelques articles élogieux dans les revues à ce moment-là. Il m’a donc fait faire une première exposition. J’ai commencé à travailler avec lui parce qu’il me donnait de l’argent tous les mois ; il me payait les couleurs au magasin où j’allais les acheter. Facchetti était prévenant et avait beaucoup d’humour ; nous nous amusions - la légèreté même. Je ne peux pas avoir de relations avec quelqu’un qui ne comprend rien à l’art, ne pensant qu’exclusivement à l’argent. J’ai fait de nombreuses expositions à Paris chez lui, mais aussi à Bâle et à Zurich, parce qu’il avait une galerie à Zurich. P. A. : À ce moment-là, tu restes tout le temps en France, particulièrement à Paris ? C’était une période plutôt faste pour les arts. A. F. : Je reste tout ce temps en France. J’ai connu la dictature, la vraie dictature en Grèce ! Je ne voulais nullement retourner en Grèce, parce que j’avais peur. Après Fachetti, il y a eu le galeriste Alexandre Iolas qui avait sa galerie boulevard Saint-Germain. Il souhaitait collaborer avec moi car nous étions grecs tous les deux, etc... Alors il m’a donné cette possibilité. Facchetti et Iolas ont trouvé un arrangement ensemble ; je me rappelle qu’il exposait les sculpteurs Lalanne. Ils avaient été exposés à Zurich, et quant à moi, j’exposais à Genève avec Iolas. Avec le temps, j’ai continué avec Iolas. Il y avait une liberté plus grande entre les artistes et les marchands. Ce n’était pas juste un commerçant ! Il avait de l’humour, tout ce qu’il faisait, il le faisait librement et sans aucune pesanteur. Il exposait Magritte, Max Ernst et quelques autres. Facchetti exposa aussi les grands artistes américains : Jackson Pollock, Sam Francis, l’Abstraction lyrique avant tout le monde. C’étaient de grands artistes, bien plus intéressants que ceux d’aujourd’hui qui ne pensent qu’à la carrière, et à faire de l’argent ; les autres, ils «faisaient de l’argent» sans le savoir... l’argent tombait comme ça ! notamment par la qualité de leurs oeuvres.

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P. A. : A cette époque tu rencontres quelques écrivains, et bien sûr Aragon... A. F. : Oui, bien sûr. Mais j’ai connu aussi Yves Navarre, un romancier intéressant, qui connaissait bien la culture grecque, nous avions un terrain d’entente. Puis Dominique Grandmont, le poète parisien, Jacques Lacarrière et Michel Déon. Par la suite, j’ai travaillé dans un atelier chez Michel Cassé. Il faisait de la lithographie. C’était dans le Marais. Il y avait un autre artiste: Corneille (Guillaume). Corneille venait là, il appartenait au groupe Cobra... Mais ma grande rencontre surviendrait par un concours de circonstances. Les écrivains français me disaient : «Il faut que tu ailles chez Aragon parce qu’Aragon veut te connaître»! Moi, je n’osais pas du tout le rencontrer... Un jour, je le rencontre dans une galerie, il avait un très grand chapeau ; il m’interpelle et me dit: «Ah ! C’est vous Fassianos ? Je vous poursuis partout !» Je ne comprenais pas ce qu’il voulait dire. Puis il me dit : «Venez chez moi, vous aurez une surprise». Alors j’ai été chez lui, rue de Varenne. Pendant que je l’attendais dans la pièce, je regardais Les Pigeons de Picasso et d’autres peintures de grands artistes qu’il avait. Braque et les autres qu’il protégeait. Il réapparut et me dit «viens» ! Je me dirigeai alors à côté, dans une autre pièce et je vois plein de tableaux qu’il avait de moi ! A ce moment-là, il me dit: «Vous êtes le dernier peintre de la Méditerranée». Quand il évoquait ma peinture, les autres artistes étaient quelque peu jaloux. Ils se chamaillaient. Ensuite, j’ai fait des livres avec lui que j’ai illustré. Il a écrit un très beau texte sur ma peinture. Puis un jour, il est venu en Grèce, accompagné du poète perse, Hamid Fouladvind! Je ne m’entendais pas à cette relation amicale et intellectuelle. Aragon était déjà le grand écrivain. Il m’a raconté l’histoire d’Eisa Triolet et de Maïakovski. Maïakovski. Il c’est rendu à la police pour obtenir une carte de résident en France. Il ne connaissait aucun mot de français et on lui demande: «Comment vous appelez-vous», et il répond «Jambon». Il me racontait ça comme si c’était une chose insolite. Pour une nouvelle exposition que j’avais faite chez Iolas, il avait mis un tableau qui était très figuratif : Zeus et Thétis. Thétis demande à Zeus, 9

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Méditerranée et poésie


de rendre immortel son fils en le prenant par le menton ; à cette époque, faire de la figuration était un péché ! P. A. : C’était à contre-courant... Tu as fait aussi de nombreuses gravures à ce moment-là et tu rencontres l’éditeur de Fata Morgana. A. F. : À contre-courant. J’avais toujours ce complexe. J’avais la tentation de vouloir faire autre chose. Parfois, je faisais des efforts pour ressembler aux autres ! mais je ne pouvais pas. Alors je gardais ma ligne en faisant ce que je désirais, et j’en étais content... J’ai fait la main d’Aragon. Je me disais que je mourrais content !... Débarrassé de toute angoisse. Un soir que j’étais chez Aragon, il laissait toujours allumer toutes les lumières, même la nuit, je restais jusqu’à minuit, j’étais debout, tout le monde regardait les tableaux... C’était toujours ainsi. Puis j’ai rencontré Bernard Gheerbrant, il avait l’espace de La Hune... On faisait des expositions de gravures, il n’avait pas encore de véritable galerie, c’était au premier étage de la librairie La Hune. Parfois il mettait mes gravures en vitrine. J’étais ravi. Quand il a créé sa galerie, j’ai réalisé beaucoup de gravures pour lui qu’il vendait abondamment. Les œuvres étaient toujours bien exposées et tout le monde venait à Saint-Germain-des- Prés. Il a été mon éditeur de gravures. Chez lui, j’ai connu aussi Bruno Roy qui possédait les éditions Fata Morgana. Il a édité de nombreux poètes français, étrangers et grecs aussi. J’ai fait une trentaine de livres environ. J’ai eu aussi l’éditeur Biren chez lequel j’ai réalisé de nombreux livres avec Aragon. J’avais beaucoup lu Arrabal simultanément ; je connaissais bien la poésie française, c’est la raison pour laquelle je me suis lié par la suite avec Arrabal. P. A. : Tu écris aussi des poèmes ? A. F. : J’ai écrit des poèmes et des livres, une oeuvre aussi graphique. P. A. : Tu as notamment réalisé ce fameux théâtre d’ombres qui a été présenté au Centre Pompidou de Paris. Peux-tu m’expliquer ce qu’il en était ? A. F. : Le théâtre d’ombres m’intéressait beaucoup. J’avais dix ans quand, pour la première fois, je suis allé au théâtre, en Grèce. C’était un théâtre populaire. Nous avions des espaces, des terrains libres où l’on réalisait des scènes en tendant une toile en coton, et, derrière ces toiles, on uti10


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lisait des bougies et des lampes, on représentait des histoires mythologiques, des comédies et des pièces populaires... Il y avait un personnage qui s’appelait Karagoz (Karaghiosis), il avait les yeux noirs (l’oeil noir), et il apparaissait toujours comme dans la Comedia dell’arte, comme Pantalon par exemple. Il était toujours affamé mais très intelligent et trouvait le moyen pour tromper les autres... C’était magique parce que tu voyais les ombres qui bougeaient et tu imaginais quand même ce qu’il avait derrière la toile tendue. Moi, je regardais derrière la scène pour voir comment ça se fabriquait. Je demandais comment procédaient-ils pour qu’il y ait une manière de perspective... Parce que les personnages étaient plats? Des années plus tard, j’ai réalisé un théâtre d’ombres. J’ai inventé des personnages. Il y avait des cyclistes qui marchaient dans la ville moderne. J’avais donné une représentation dans la galerie La Hune de ce théâtre d’ombres, avec succès. Puis, je l’ai montré à la Revue Parlée de Beaubourg (c’est Biaise Gautier qui m’avait invité, c’était un homme libre, extraordinaire !) où je faisais tout moi-même ! Sur scène, j’avais un châssis avec une toile tendue teintée. C’était une expérience enrichissante. P. A. : Penses-tu que tu es un peintre Méditerranéen, comme le disait Aragon ? Il y a chez toi d’un côté la mythologie et de l’autre, le réalisme onirique ! A. F. : Aragon avait raison ; je n’en avais pas conscience vraiment. C’était instinctif. Les gens souhaitaient des couleurs fortes qui ressemblaient aux ombres des personnages à plat qui étaient illuminés par le jeu des ombres, sans perspective. J’utilise les mythes d’une manière non traditionnelle. Quand j’aperçois quelqu’un, sur une mobylette l’été, avec un tuyau d’échappement d’où s’échappe de la fumée, pour moi, c’est Pégase, une image surréaliste... Dans la chaleur d’Athènes, le personnage est presque nu, un pantalon ou des bermudas, les pieds nus, changeant les vitesses avec les pieds... Ces personnages vivants deviennent mythiques dans la ville moderne d’aujourd’hui! Impossible à Paris !... Un jour, j’ai vu passer un taxi qui transportait un cercueil où du capot sortait une main ! À l’époque, les corbillards n’existaient pas vraiment. Une image surréaliste sans être surréaliste, ludique et insolite ! Rien à voir avec le réalisme d’un Arman.


P. A. : Quand on regarde tes tableaux, ta peinture reflète une lumière particulière. Tu disais que cette lumière provenait de la Grèce, de la Méditerranée. A. F. : Quand tu habites en Méditerranée, la lumière est souvent aveuglante, parce que le soleil vient de très haut, tout devient blanc. Si quelqu’un passe devant un mur blanc, l’ombre se porte sur lui-même, tu ne peux pas le voir, tu ne vois pas les détails. Pour peindre, c’est intéressant, car on s’attache alors aux détails. La première peinture est née à Lascaux. On peignait les rouges et les noirs, le cheval était devant le mur, puis ils ont dessiné les ombres sur les parois des grottes. Ils ont noirci tout ça. Ils ont commencé par mettre les yeux. Si tu commences par l’ensemble, les détails viennent ensuite. Tandis que dans ma peinture, je peins les détails d’abord qui sont divisés, répartis ensuite. Les tableaux que je peins en Grèce, je les perçois mieux ici. Ils prennent une autre dimension picturale. Il y a une autre lumière... Je les vois comme si je ne les avais pas peint moi-même ! On peint dans une sorte «d’inconscience» du geste. On se redécouvre après. Avec les années, on voit quelques fois les défauts mais aussi les qualités. Au moment où on peint, on ne sait pas ce qu’on fait. La création du monde s’est faite comme ça... La valeur des oeuvres vient avec le Temps. P. A. : Que ressens-tu quand tu reviens à Paris ? Quand tu peins de nouveaux tableaux, de nouveaux dessins, de nouveaux livres, tes découpages... A. F. : J’ai habité Paris jusqu’en 2002. J’aimais beaucoup vivre ici, mais le climat ne me convenait plus physiquement. Beaucoup d’artistes sont allés vivre dans le Sud, tel Chagall, Picasso, etc... Nous avons tous besoin de soleil. Apollon était solaire, il donnait la vie, c’est le dieu de la lumière. Mes dessins, mes sculptures reflètent cette lumière. Quant aux découpages, je les réalise avec du métal que je découpe moi-même, comme les figures du théâtre d’ombres. Je les fais moi-même, en toute autonomie. L’art n’a pas besoin de faire appel toujours à la technologie. Quand on regarde les peintures d’Ingres, c’est un grand artiste ! on ne peut pas reproduire aujourd’hui ce type de peinture. Quand on voit Matisse, on se dit qu’il y a une liberté qui vous pousse, qui vous donne un certain élan. Quand on pense à Matisse, par exemple, à l’âge de trente ans, il 12


©Propos recueillis par Patrick Amine Paris, 2011-2012

(Ce texte a été réécrit et augmenté pour les besoins de la publication, il est issu d’un premier entretien filmé, réalisé le 31 mai 2010, à Paris, avec Vincent Di Rosa.)

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n’avait pas la notoriété qu’il avait aujourd’hui. Il était « moderne », c’est la raison pour laquelle beaucoup de ses tableaux ont été achetés par les Américains (la famille Stein notamment) et les Russes. Les Français ne l’appréciaient pas tellement, c’est venu bien après !... P. A. : Aragon a écrit un très beau livre sur Matisse: Henri Matisse, roman. Il y a travaillé durant vingt ans. A. F. : Tout à fait. Aragon l’admirait. Il y avait des gens qui aimaient Matisse parce qu’ils étaient libres. Si tu voyages beaucoup, au Maroc par exemple, tu comprends sa peinture... Voyager dans le monde entier est une manière d’acquérir une certaine expérience et une certaine vérité. Matisse a illustré les voyages d’Ulysse, il est resté pendant vingt ans à l’étranger un peu partout. L’Odyssée commence ainsi. Ulysse demande à la muse de lui dire comment connaître les hommes. Quand il fait son fameux voyage, il rencontre toutes les formes d’esprit : il a acquis l’expérience du monde. Quand on comprend cela, on peint soi-même cette vérité, cette liberté. Oui !


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L’ ile de la lumière, 133 x 106 cm


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Lumière d’ amour, 125 x 84,5 cm


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Epicerie, 78 x 54 cm



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Ma bicyclette retrouvĂŠe, 131 x 105 cm


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La fenĂŞtre, 67 x 58 cm


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Homme heureux, 77,5 x 44,5 cm


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Vol rouse, 119 x 69 cm www.art.com.gr



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Adam et Eve après, 120,5 x 120 cm

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L’ile Kea, 72 x 46 cm


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Mon chat, 48 x 35 cm www.art.com.gr


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Cycliste glorieux, 53 x 29,5 cm


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Amour en ville, 37 x 57,5 cm



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Un bouquet des fleurs, 108 x 80,5 cm


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Sous l’ etoile Venus , 97 x 100 cm www.art.com.gr



CafÉ Prés aux Clercs, Paris 1980


Alecos FASSIANOS est né à Athènes en 1935. Il étudie à l’École des beaux-arts d’Athènes de 1956 à 1960, avec Yannis Moralis, avant de venir à Paris s’installer de 1960 à 1963, pour y étudier notamment la lithographie à l’École nationale des beaux-arts de Paris. Il y rencontre artistes et écrivains qui vont marquer l’époque. Louis Aragon commente ses œuvres, et Jean-Marie Drot lui consacrera plus tard une monographie intitulée : La volupté mythologique. Fassianos créé des décors de théâtre pour de grandes œuvres classiques et modernes et, simultanément, son petit théâtre d’ombres et de formes issues de sa propre recherche picturale qu’il présentera à la Revue parlée du Centre Georges Pompidou, en 1983. Il réalise de nombreux livres de bibliophilie (Ed. A. Biren et Fata Morgana) qui sont, aujourd’hui, recherchés par les collectionneurs. Il expose dans les galeries de Paul Facchetti et d’Alexandre Iolas, à Paris, et, à Athènes bien sûr, et dans toute l’Europe. Puis à Tokyo, New York, Stockholm et Malmô (Suède), aux biennales de São Polo, de Venise, à Berlin, puis en Australie (Melbourne, en 2011)… La France et Paris restent sa seconde patrie où il vient régulièrement exposer ses nouvelles œuvres.

Principales expositions

1960 Galerie A 23, peintures, Athènes, Grèce 1961 Galerie Zygos, peintures, Athènes, Grèce 1962 Galerie Hilton, peintures et gouaches, Athènes, Grèce 1963 Galerie Zygos, peintures, Athènes, Grèce 1966 Galerie Merlin, peintures, Athènes, Grèce 1967 Galerie 3 + 2, peintures, Paris, France 1968 Galerie Grafika Tokyo, peintures, Tokyo, Japon Galerie Hartmann, Munich, Allemagne 1969 Galerie Paul Facchetti, peintures, Paris, France 1971 Galerie Paul Facchetti, peintures, Paris, France Galerie Paul Facchetti, peintures, Zurich, Suisse Foire de Bâle, Galerie Paul Facchetti, peintures, Bâle, Suisse Biennale de São Paulo, stand grec, São Paulo, Brésil Galerie Zoumboulakis, peintures, Athènes, Grèce 1972 Galerie Iolas, peintures, Paris, France Biennale de Venise, stand grec, Venise, Italie 42


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Galerie Iolas, peintures, New York, Etats-Unis Galerie Iolas / De Rougemont, peintures, Genève, Suisse Galerie Iolas, peintures, Milan, Italie 1973 Galerie Paul Facchetti, peintures, Zurich, Suisse Galerie Borjesson, peintures et lithographies, Malmö, Suède Galerie La Hune, estampes, Paris, France 1974 Galerie Tanit, Munich, Allemagne Galerie Le Point, peintures et estampes, Beyrouth, Liban 1975 Galerie Iolas, peintures, Paris, France Galerie Iolas / Barrocci, peintures, Milan, Italie Galerie Zoumboulakis, dessins et estampes, Athènes, Grèce 1976 Galerie Kammer, dessins et estampes, Hambourg, Allemagne 1977 Galerie Zoumboulakis, peintures, Athènes, Grèce Galerie Origrafica, peintures, Malmö, Suède Galerie Heland, peintures et estampes, Stockholm, Suède Galerie Biren, gravures et lithographies, Paris, France 1978 Galerie La Hune, dessins et estampes, Paris, France Galerie Beaubourg, peintures, Paris, France Galerie Grafika Tokyo, peintures, Tokyo, Japon FIAC, peintures, Paris, France Galerie Tanit, peintures et estampes, Munich, Allemagne Galerie Gimpel, peintures, Londres, Grande-Bretagne 1979 Galerie Beaubourg, peintures, Paris, France Galerie Origrafica, gouaches, pastels, estampes, Malmö, Suède 1980 Galerie Zoumboulakis, peintures, Athènes, Grèce Galerie Artcurial, estampes, Paris, France Galerie La Hune, dessins et lithographies, Paris, France 43


Pinacothèque Pierides, peintures, Glyfada, Athènes, Grèce Galerie Grafika Tokyo, peintures, Tokyo, Japon 1981 Galerie Proscenium, décors et costumes de théâtre, Paris, France Galerie Ostermain, peintures et estampes, Stockholm, Suède Galerie Origrafica, gouaches et estampes, Malmö, Suède 1982 Galerie Kammer, peintures, Hambourg, Allemagne FIAC, Galerie Creuzevault, peintures, Paris, France FIAC, Galerie La Hune, Paris, France Galerie Beaubourg, peintures, Paris, France Galerie Samy Kinge, peintures et gouaches, Paris, France Galerie Cupillard, dessins et gravures, Paris, France Galerie Grafika Tokyo, peintures, Tokyo, Japon 1983 Galerie Zoumboulakis, peintures, Athènes, Grèce Galerie Creuzevault, peintures, Paris, France Musee Paul Valery, rétrospective, Sète, France 1984 Centre Georges Pompidou, Revue parlée, Paris, France Institute Français, estampes, Athènes, Grèce 1985 FIAC, Galerie Creuzevault, Paris, France Galerie La Hune, Paris, France Château de Chenonceaux, rétrospective, Chenonceaux, France Galerie Nii, estampes et gravures, Osaka, Japon 1986 Galerie Beaubourg, peintures, Paris, France Galerie Zoumboulakis, peintures, Athènes, Grèce 1987 Galerie Origrafica, peintures, Malmö, Suède Galerie Grafika Tokyo, peintures et estampes, Tokyo, Japon Galerie Iolas, peintures, New York, Etats-Unis 1988 Galerie Eirmos, peintures, Thessalonique, Grèce 1989 Galerie Grafika Tokyo, peintures, estampes et dessins, Tokyo, Japon 44


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Galerie Beaubourg, peintures, Paris, France Galerie Richter-Masset, peintures, Munich, Allemagne 1991 Galerie Zoumboulakis, fresques, Athènes, Grèce Galerie La Hune-Brenner, estampes et dessins, Paris, France 1992 SAGA, Grand Palais, Galerie La Hune-Brenner, estampes et monotypes, Paris, France Galerie Grafika Tokyo, peintures, Tokyo, Japon Galerie Zoumboulakis, fresques, Athènes, Grèce Galerie Origrafica, peintures, Malmö, Suède 1993 Galerie Beaubourg, peintures, Paris, France Musée macédonien d´art moderne, rétrospective, Thessalonique, Grèce Galerie La Hune-Brenner, estampes et dessins, Paris, France 1994 Galerie Origrafica, peintures, Malmö, Suède 1995 Galerie La Hune-Brenner, collages et pochoirs, Paris, France 1996 Galerie Pudelco, peintures, Bonn, Allemagne Jaski Art Gallery, peintures et gravures, Amsterdam, Pays-Bas 1997 Musée Paul Valery et Musée Nikos Kazantzakis, jumelage, Sète, France 1998 Centre européen de Delphes, rétrospective, Delphes, Grèce Galerie Rachelin-Lemarie, Anges et amours, peintures, Paris, France 1999 Musée Paul Valery, livres et lithographies, Sète, France Foire NIKAF, galerie Futura, Tokyo, Japon 2000 Art Miami, galerie Futura, Miami, Etats-Unis Galerie La Hune-Brenner, oeuvres sur papier, Paris, France Galerie Rachelin-Lemarie, La Mythologie au quotidien, Paris, France Villa Kerylos, La Mythologie au quotidien, Beaulieusur-Mer, France Galerie Bixio 2, peintures, Milan, Italie 45


2001 Hellenic Foundation for Culture, oeuvres sur papier, New York, Etats-Unis Château de Chenonceaux, Le Mythe à bicyclette, peintures, Chenonceaux, France 2002 Musée d´art cycladique, Les Vainqueurs, Athènes, Grèce 2003 Hellenic Foundation for Culture, oeuvres sur papier, Londres, Grande-Bretagne Galerie Grafika Tokyo, peintures, Tokyo, Japon Galerie La Hune-Brenner, Les Travaux des dieux, Paris, France 2004 Musée Benaki, peintures, Athènes, Grèce Pinacothèque Nationale-Musée A. Soutzos, rétrospective, Athènes, Grèce 2005 Galerie Tem Sanat Galerisi, peintures, Istanbul, Turque Galerie Zannettacci, peintures, Genève, Suisse 2007 Galerie Potnia Thiron, l´éternelle Retour, peintures, Athènes, Grèce Galerie Schneider, peintures, Munich, Allemagne 2008 Galerie DI MEO, Eroticon Peintures, Paris, France 2009 Galerie Hellenβeik Nice Galerie Zannettacci, peintures, Genève, Suisse 2010 Galerie Challier, Paris Galerie Thierry Salvador, Bruxelles 2011 Villa Tamaris, Seyne sur mer Galerie Estades, Lyon Galerie Herman, Berlin Tem Sanat Galerisi, Istanbul Ηellenic museum, Melbourne Opera Gallery, Dubai Opera Gallery, Londres 2012 Gallerie Di Meo, Lumière retrouvée, Paris

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Galerie Di Meo 9, rue des Beaux-Arts 75006 Paris Tél.: 33 (0)1 43 54 10 98 – Fax: 33 (0)1 43 54 88 65 contact@dimeo.fr – www.dimeo.fr

Création, édition: Nereus Art, Athènes www.art.com.gr / e-mail: art@art.com.gr



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