New York Comics page 8 à 125

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introduction

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L’écrivain américain Thomas Wolfe a écrit un jour : « On appartient à New York instantanément, autant en cinq minutes qu’en cinq ans ». Je dois admettre que je suis d’accord. On ne se contente pas de visiter New York : on en devient très vite un globule rouge, voguant le long de ses artères souterraines. Un lien indestructible et élastique se tisse entre vous et la ville, qui vous ramène constamment vers elle, pour un séjour plus ou moins prolongé. Elle est, au pire, la fille avec laquelle vous continuez de sortir par intermittence tout au long de votre vie. Au mieux, celle à laquelle vous resterez fidèle jusqu’à votre dernier souffle. J’ai battu son pavé, emprunté ses métros à des heures incongrues, découvert de nouveaux lieux à chacun des coins de ses rues. Je fais corps avec la foule qui se presse sur les trottoirs de Manhattan, je partage son naturel d’anchois en conserve dans l’intimité forcée des wagons de métro, ou avec les fantômes des pionniers de la bande dessinée qui hantent encore les rues de la ville. Et c’est la raison pour laquelle je lui appartiens, à jamais. L’histoire toute entière du comic book, depuis sa naissance jusqu’à sa renaissance, a commencé dans les cœurs et les esprits d’un groupe essentiellement constitué de jeunes lycéens, qui pour beaucoup avaient grandi dans les rues de la ville.

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new york comics Le Lower East Side, à Manhattan, ce quartier autrefois tumultueux encombré d’immeubles piteux et surpeuplés, a largement fourni son lot de visionnaires, d’artistes qui se sont mis à dessiner la violence de leur enfance dans leurs pages de bande dessinée dès l’apparition de ce nouveau support, dans les années 1930 et 1940. Parmi les premiers éditeurs se trouvait tout un éventail de truands, escrocs et menteurs en devenir duquel émergeait, de temps à autre, un génie créatif. Ils louaient un placard à balais, le baptisaient « bureau », et embauchaient des gamins avides de travailler pour produire à tour de bras des pages de comics, afin d’étoffer leurs publications imprimées au plus bas coût. Le légendaire Victor Fox (qui, dit-on, fit faillite quatre fois, fut mis en cause dans une affaire d’arnaque boursière et ne payait jamais ses employés ; il s’était même arrangé pour qu’un imprimeur à qui il devait de l’argent publie ses bandes dessinées pendant un an afin qu’il puisse rembourser sa dette) est l’un de ces éditeurs qui mâchaient bruyamment leurs cigares au milieu d’openspace sales et miteux. Ces patrons, bien souvent, versaient dans la pornographie et les magazines de charme... sans manifester aucun amour réel pour la bande dessinée. Ils n’étaient qu’une bande de pseudo-businessmen parfois malins, souvent véreux, qui cherchaient à faire fortune. Mais pour chacun de ces éditeurs factices se dressait une petite armée d’adolescents rêvant de devenir illustrateurs ou artistes de bande dessinée, qui petit à petit prit de force le contrôle du navire pour le mener dans des eaux bien plus palpitantes. Nombre d’entre eux étaient des fils d’immigrants (voire, dans le cas d’artistes comme Gil Kane, des immigrants eux-mêmes), plusieurs étaient Juifs, et tous ou presque vivaient à New York. Et c’est un gamin de Brooklyn, répondant au nom de Will Eisner, qui le premier constitua un atelier d’artistes produisant des comics à la chaîne, avant de créer une bande dessinée intitulée The Spirit (dont l’intrigue se passe, devinez où ? À Central City, sa propre interprétation de New York) puis, des années plus tard, d’amener le roman graphique sous les feux de la rampe avec Un pacte avec Dieu, publié en 1978. Les studios de création constituaient une impitoyable école de la vie, des lieux où les artistes

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