ÉDITO
La MFR veille à accompagner ses apprenants de la meilleure manière qui soit. C’est pourquoi elle a pris le virage de la digitalisation, dès 2017, en équipant ses salles de classes de tableaux interactifs et en formant ses moniteurs à leurs utilisations. Les résultats positifs ne se sont pas fait attendre !
Soucieuse d’offrir le meilleur à ses salariés et à ses élèves, la MFR ne s’est pas arrêtée en si bon chemin. En 2021, l’établissement de Bruno Noutour bénéficie d’un « appui à la transformation des organismes de formation », un coup de pouce de la Région, qui marque un nouveau tournant dans l’aventure de la MFR. Cette aide lui a permis de développer les compétences de ses salariés qui se sont familiarisés avec des interfaces numériques et ont produit des ressources pédagogiques dans l’air du temps (cours en ligne, vidéos, podcasts…)…
Une fois de plus, le bilan est positif. Véritable complément des outils de l’alternance, ces dispositifs numériques offrent de nombreux avantages non seulement aux moniteurs mais aussi aux apprenants. Optimisation de l’attention des élèves, meilleure intégration des jeunes, lutte contre leur illectronisme via l’utilisation des fonctions du smartphone et des ordinateurs, mise en situation avec un simulateur de conduite…
La MFR pense également aux parents qu’elle forme à accéder à l’Espace Numérique de Travail, un espace en ligne présentant le planning, les cahiers de textes, les notes…
La MFR, familiale, rurale et digitale
Pierre Delmotte, personnalité publique
Dans le secteur de Desvres-Samer, et au-delà, il est connu comme le loup blanc. Lorsqu’il se rend en ville, Pierre Delmotte est habitué à se faire alpaguer par d’anciens élèves, reconnaissants.
« Dernièrement, l’un d’entre eux, devenu éleveur de chèvres, que je n’avais pas revu depuis plus de 30 ans, m’a invité à visiter son exploitation ! Cela me touche beaucoup ! ». Quelle joie pour celui qui fut le premier directeur de la Maison Familiale de Samer de constater la réussite de ceux qu’il a formés, et qu’il a tant affectionnés. Ses protégés... « J’ai toujours aimé mes élèves… Et bien entendu, le métier que j’ai exercé pendant de si longues années… On peut dire que je me suis fait avec mes élèves ! ».
C’est en effet très jeune, à 23 ans, qu’il se lance dans l’aventure. D’abord employé sur la ferme familiale de Frévillers de 1951 à 1956, il effectue son service militaire en tant qu’état-major au Maroc à la fin des années 50. À son retour, il regagne l’exploitation familiale. En septembre 1960, il est moniteur à la Maison Familiale de Campagne-les-Boulonnais, puis salarié en formation professionnelle dans le Maineet-Loire. En 1962, il rejoint la Maison Familiale de Campagne-les-Boulonnais, puis prend la direction de celle qu’on appelait à l’époque «La Maison Familiale du Boulonnais» à sa création, à Condette, en 1963. Douze ans plus tard, en 1975, cette dernière est transférée à Samer. Pierre Delmotte la dirige pendant 30 ans.
Des arbustes partout
Pierre Delmotte se souvient de la MFR de Samer à
ses débuts. « Un ancien bâtiment en ruine qu’on a racheté avec les 2 hectares de terrains alentour. Nous avons fait appel à un bulldozer, il y avait des arbustes partout. Tout était à refaire. Il a fallu construire l’internat… Des élèves, des parents, hommes et femmes, et des maîtres de stage ont mis la main à la pâte. »
Aux petits soins
L’épanouissement de ses élèves a toujours été au cœur de ses préoccupations. « Je me souviens de ces jeunes qui souhaitaient élever des moutons… Malheureusement, à Samer, aucune formation n’était adaptée à leurs souhaits… Nous avons donc cherché une maison familiale en France proposant ce type de formation, et les jeunes s’y sont épanouis ! C’est cela aussi, les maisons familiales, l’entraide, un climat convivial favorisant les relations… » Pierre Delmotte, commandeur du Mérite Agricole, a œuvré pendant de nombreuses années au sein d’une association qui a permis l’ouverture de MFR au Viêt-Nam, en Afrique, en Amérique centrale et Amérique du sud...
Les choses ont changé
« Dans les années 60, sur 30 élèves, 25 environ provenaient du monde agricole. Aujourd’hui, la tendance s’est nettement inversée, les enfants d’agriculteurs sont minoritaires et l’offre s’est diversifiée. »
De nouvelles formations grâce à Jérôme Soyez
Nous sommes à la fin des années 80. Jérôme Soyez, originaire du Valenciennois, profite d’un renouvellement d’équipe pour intégrer la MFR de Samer. « Nous étions trois moniteurs, pour trois classes : la 4ème, la 3ème et les BEPA 1ére année », se souvient celui qui a évolué dans un climat en faveur de la diversification des formations impulsé par l’Union Nationale des MFR. De nouvelles formations voient alors le jour telles que le BEPA élevage de gibier et les formations adultes paysagistes.
À la tête de Samer
En 1996, fort de son expérience de moniteur, Jérôme Soyez prend la direction de la MFR de Samer et lui insuffle l’enthousiasme de sa jeunesse. Il monte alors des dossiers d’ouvertures de formations qui sont rapidement acceptés. « C’est beau d’être jeune ! On a foncé et cela a fonctionné ! » En quelques années seulement, dans un contexte où les MFR se développaient, il a obtenu de nouvelles perspectives, pour le plus grand bonheur des apprenants et des moniteurs. S’ajoutent ainsi aux parcours existants le CAP Mécanique Parcs et Jardins, le CAPA avicole, le BEPA Entretien Espace Rural et le CAP Fleuriste en apprentissage.
LA MFR, transformée
Construction du CFA fleuriste, d’un bâtiment accueillant les bureaux des moniteurs, des salles de cours, d’informatique, agrandissement de la cuisine, création d’un self, élargissement du dortoir, création d’une salle de réunion… Sous l’impulsion de Jérôme Soyez, la MFR bénéficie d’une cure de jouvence et gagne en praticité. Toutefois, ces changements n’ont en rien altéré l’identité de la MFR, et des MFR en général, dont la force repose sur la taille humaine favorisant les relations et l’apprentissage. C’est pour cela que la MFR de Samer a largement contribué à la création de la MFR de Marconne, en 1999, en y envoyant notamment le BEPA Entretien Espace Rural. En 2008, Jérôme Soyez prend la direction de MFR de Marconne et en poursuit son développement avant de rejoindre d’autres aventures.
La MFR, précurseur de l’alternance
Plongeons-nous dans les années 1963…
À l’époque, les moyens de communication et de transport étaient tout autres. Pas de téléphone portable, ni d’Internet où piocher des informations, et encore moins de réseaux sociaux. En 1963, les pratiques agricoles changent. Le cheval boulonnais se voit peu à peu détrôné par les tracteurs.
À la demande des organismes agricoles et encouragées par le Ministère de l’Agriculture, les Maisons Familiales Rurales, nées en 1937, se développent rapidement. On en comptera jusqu’à 500 en France.
Porté par une poignée de parents regroupés au sein de l’Union nationale des maisons familiales, le centre de Condette accueille ses premiers élèves en septembre 1963, au sein du château de La Sève. Dans le département, il est le 4ème centre, après Saint-Venant et Campagne-les-Boulonnais réservés aux garçons, et Hucqueliers, accueillant exclusivement des filles. Les années 80 ont signé la fin de la séparation des filles et des garçons.
Pierre Delmotte dirige ce nouvel établissement, épaulé par Michel Dupont, moniteur. Le duo fait découvrir à 15 élèves de 14 ans un type de formation inédit : l’alternance. Les élèves passent alors une semaine en cours et 2 semaines sur l’exploitation familiale, pendant toute la durée de la scolarité de 3 ans. Pendant les deux semaines hors du centre, les élèves ne se tournent pas les pouces, bien au contraire. L’école de la curiosité suivant un plan d’étude, elle les invite à découvrir le monde environnant, leur demande
de réaliser des travaux pratiques, d’interroger leurs proches agriculteurs, de rencontrer le voisinage... Bref, de glaner des informations ici et là à partager ensuite avec les camarades et les moniteurs lors des retrouvailles.
Les cours étaient confiés à 2 ou à 3 moniteurs. Les élèves bénéficiaient d’un enseignement général et professionnel. Ainsi, en plus de l’apprentissage des maths, du français, de l’histoire et de la géographie, ils découvraient à parts égales le vaste monde de l’agriculture, la zootechnie, la phytotechnie, la compta- gestion... Et ce, en fonction du milieu dans lequel ils étaient amenés à évoluer. Pour le plus grand bonheur des apprenants, les visites d’exploitations et les excursions dans les champs de blé faisaient partie du programme !
La MFR de Samer, précurseur en matière d’apprentissage par l’alternance, a beaucoup évolué pour s’adapter à l’air du temps. Originellement tournée vers l’agriculture, elle s’est ouverte sur le monde rural, à la mécanique, à l’environnement, à la fleuristerie… Il existe aujourd’hui 5 pôles de compétences.
Le saviez-vous ?
Dans les Maison Familiales, il n’y a pas de professeurs, mais des « moniteurs ». Ces derniers sont appelés par leur prénom. Ainsi, Pierre Delmotte était appelé « Monsieur Pierre ». Les moniteurs avaient de belles journées puisqu’ils enseignaient la journée et encadraient les jeunes durant les veillées, l’étape précédant le coucher.
La MFR, une histoire de cœur
«
J’ai fait 500 km pour travailler ici »
Tout jeune, Cyrille Naudet a quitté sa Bourgogne natale pour postuler à la MFR de Samer où l’on cherchait un moniteur. « À l’époque, j’ignorais ce qu’était une Maison Familiale Rurale. Dans ma famille, on craignait que je sois refusé sous prétexte qu’il m’arrivait encore de faire quelques fautes d’orthographe … Mais on m’a accueilli à bras ouvert, on m’a fait confiance et on m’a permis d’évoluer. La maison Familiale est très vite devenue une deuxième famille. Avec Arnaud Lecointe, nous avons démarré la section élevage de gibier au début des année 90. Aujourd’hui, j’y suis toujours moniteur, responsable d’une classe de seconde et première où nous formons les élèves à devenir éleveur de gibier, garde-chasse, etc. »
« La MFR, c’est plus de la moitié de ma vie »
« Mon garçon s’y est épanoui ! »
Monique Caux, agricultrice à la retraite, a été la première femme à la présidence de la MFR de Samer, un poste qu’elle a occupé pendant 13 ans. « L’aventure a commencé avec mon fils, Pascal, inscrit en 1985. Il avait besoin de trouver sa voie, dans un cadre convivial et motivant. La MFR était faite pour lui ! Nous avons tout de suite vu la différence dans son épanouissement. J’étais parent d’élève, et suis devenue administratrice, vice-présidente et présidente. Pascal a quant à lui repris l’exploitation. »
Plus de 3000 jeunes l’ont appelé « monsieur René ». Arrivé à la MFR de Samer en tant que moniteur en septembre 1977, à l’âge de 23 ans, René Gambart y a enseigné durant 40 années. « Pour moi, la MFR, c’est plus de la moitié de ma vie. 3 de mes 5 enfants y ont étudié. Je continue de former les adultes au certiphyto pour les agriculteurs et les collectivités. On peut donc dire que je n’ai jamais vraiment quitté la
MFR ! Parmi les heureux souvenirs, figurent ceux passés à la montagne, lors des classes de neige que j’ai instaurées. Des moments inoubliables et fédérateurs pour la plupart de ces jeunes n’ayant jamais pris de vacances ! »
La Maison Familiale Rurale de Samer cultive les réussites
En 2023, la Maison Familiale Rurale de Samer compte 160 élèves en initiale, 80 apprentis, et 10 en formation continue. La MFR de Samer accueille un public très large : des élèves dès 14 ans, dès la classe de 4ème. Elle leur propose plusieurs grandes familles de métiers : l’agriculture, la mécanique automobile et espaces verts, la fleuristerie et le commerce. Pour quels métiers ? Exploitant/salarié agricole, chef d’exploitation, vendeur/conseil en magasin, éleveur (gibier, avicole, petits animaux…), fleuriste…
L a MFR d e S amer
4ème
3ème
Forma�ons scolaires
Forma�ons appren�ssage
Forma�ons adultes
CAP 1
Mé�ers de l’agriculture Mé�ers de l’agriculture et élevage de gibier
CAP 2
2nde Bac Pro 1ère Bac Pro
CAP 1
Fleuriste
CAP 1
Mécanique
Parcs et jardins et Agricole
CAP 1
Maintenance des Véhicules
CAP 2
Mé�ers
Mé�ers de l’agriculture de l’agriculture et élevage de gibier
Technicien
Agricole (TA)
Niveau IV 2 ans
Cer�phyto Cer�biocide
Cer�fica�on de deux à trois jours en fonc�on du support
SST
Fleuriste
Titre Pro Vendeur conseil en Magasin 1 an
Cer�fica�on d’une à trois jours en fonc�on du support (sauveur secouriste au travail) 2 jours
Maison Familiale Rurale de Samer
CAP 2
Mécanique
Parcs et jardins et Agricole
CAP 2
Maintenance des Véhicules
PRAP (Préven�on des risques liés à l’ac�vité physique)
Cer�fica�on de deux jours
Rue de Questrecques, 62 830 SAMER, 03 21 33 53 29, mfrsamer.com
Mail : mfr.samer@mfr.asso.fr
Établissement accessible aux personnes à mobilité réduite. Les coups de pouce Le dispositif Mobili-Jeune est à destination des alternants et des apprentis. Cette aide financière pour le loyer peut monter jusqu’à 100 euros. Cumulable avec les APL et les ALS… Il existe aussi le dispositif Agri-Mobili-Jeune. actionlogement.fr
MFR de Samer : 60 ans et bien plus à venir - Directeur de publication : Éric Lepers. Conception et réalisation : Studio Groupe Nord Littoral Directeur commercial : Jérôme Dimarcq. Rédaction : Mathilde Dambuyant. Service commercial : Carole Genot. Imprimerie SIB Boulogne-sur-Mer. Papier couché satiné 150 g/m2 PEFC. Ne pas jeter sur la voie publique. Ce magazine peut être recyclé : pensez au tri.
Mfr Samer