numéro Été 2016 numero39.com
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ALEXIS VUILLERMOZ Le Tour de France dans son Jura
Magazine gratuit
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La Grande Boucle 1939 de La Faucille à Dole SALOMÉ STÉVENIN } EMPREINTES JURASSIENNES LA MARSEILLAISE } RETOUR EN GRACE ERIK ORSENNA } CE QUE J'AIME À ARBOIS
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Baume-les-Messieurs
numéro Reculée . Abbaye mère de Cluny . Grottes 39 2
Photo : Steve Walesh
Grand itinéraire culturel de l’Europe, Site clunisien et Cité comtoise de caractère
Plus beau village de France
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Allier modernité et utilité au territoire, c’est toute la force de notre modèle coopératif depuis plus de 130 ans.
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4 Caisse Régionale de Crédit Agricole Mutuel de Franche-Comté - Siège social : 11, avenue Elisée Cusenier 25084 Besançon Cedex 9 -Tél. 03 81 84 81 84 - Fax 03 81 84 82 82 - www.ca-franchecomte.fr - Société coopérative à capital et personnel variables agréée en tant qu’établissement de crédit - 384 899 399 RCS Besançon - Société de courtage d’assurance immatriculée au Registre des Intermédiaires en Assurances sous le n° ORIAS 07 024 000. Service communication - juin 2016
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été 2016 numero39.com
ALeXiS
vuiLLerMOz Le tour de France dans son Jura
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La Grande Boucle 1939 de La Faucille à Dole SALOMé Stévenin } empreintes JUrassiennes LA MArSeiLLAiSe } retoUr en grace erik OrSennA } ce qUe J'aime à arbois
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39 résidence des Épilobes 300, chemin des Mouillettes 39220 Prémanon Tél. : + 33 (0)6 85 96 90 94 E-mail : magazine@numero39.com
numéro est édité 39
par les Éditions du Jura SAS au capital de 5000 € RCS Lons-le-Saunier 538 166 166 Président : Franck Lacroix } Rédaction Directeur de la publication et de la rédaction : Franck Lacroix Ont collaboré : Armand Spicher, Yves Perret, Karine Garnier, Céline Trossat, Pierre Compagnon, Samuel Cordier, Marie Spicher (cartes). Merci à Steve Walesh, Vincent Descombes-Sevoie, Nadine Girod, Jean-Marc Baudet, Éric Gavard, Françoise Plas, Denise Heinis. } Publicité Tél. : + 33 (0)6 24 85 36 20 Merci à nos partenaires annonceurs. } Distribution Liste complète des points sur www.numero39.com www.numero39.com facebook.com/Numero39 La rédaction n’est pas responsable de la perte ou de la détérioration des textes et photos qui lui sont adressés pour appréciation. La reproduction, même partielle, de tout matériel publié dans le magazine est interdite. Impression : Rotimpres Création : juin 2016 Dépôt légal : juin 2016 ISSN : En cours Photo de couverture : Agence Zoom
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Jura
Des destinées L
es Jurassiens sont des gens discrets. Ils n'aiment pas exhiber leur réussite. Ce n'est pas “vivons cachés, vivons heureux”. Cette modestie repose plutôt sur la conviction que l'épanouissement et la réussite reposent davantage sur le « faire » que le « faire savoir ». La publicité — au sens strict du terme — est accessoire. Elle n'appelle que des compliments, voire des flatteries, quand il faut obtenir de son interlocuteur du respect. C'est à ce prix qu'on se construit des lendemains qui ne déchantent pas. C'est dire si la tricherie n'est pas en odeur de sainteté sur cette terre de Franche-Comté. Ni l'exubérance. Les Jurassiens sont des gens taillés à la tronçonneuse, dans du bon bois, s'il vous plaît. Ils n'en sont pas moins bâtis avec un matériau sensible à l'air du temps. Sans prétention, on pourrait même affirmer que cette faculté à se projeter dans l'avenir (peut-être s'agit-il d'une réminiscence des temps où la froidure des hivers représentait une réelle menace ?) leur permet d'atteindre des sommets parmi les plus convoités. De cette perception sont nées bien des innovations. Bien sûr, on pourrait citer en exemple l'épopée de Louis Vuitton, Jurassien de la Petite Montagne dont le nom signifie aujourd'hui luxe sur la planète entière. Sur ce territoire de calcaire et de sapins, de lacs et de plateaux, bien d'autres talents ont réussi à pousser, contre vents et gelées. Modestement, mais résolument. Ce sont rarement des empires qui sont nés de cette ambition, mais de petites communautés capables d'abattre des montagnes à la sueur
de leur génie conquérant. Avant l'ère touristique, le monde n'est pas venu au Jura, le Jura est donc allé au monde. Ici, notre conviction est que l'histoire de ces entrepreneurs de tous poils (du musicien au restaurateur, du chef d'entreprise au sportif) mérite, malgré tout, d'être racontée. Sans tambour ni trompette. Leurs parcours sont des exemples, leur attachement à leur terre natale une leçon de vie. Ils nous obligent à considérer autrement un territoire qui ignore trop souvent ce qu'il a à dire aux autres. Le Jura n'avait pas encore de magazine qui s'intéresse à ces Jurassiens d'exception, à ces ambassadeurs du quotidien. Le voici. À leurs voix, nous avons voulu mêler celles de personnalités partageant le même amour pour un territoire d'autant plus pertinent que l'époque est à l'éloignement des centres de décision. Loin de nous l'idée de réclamer une quelconque autonomie, indépendance ou autre projet désuet à l'aube du XXIe siècle. L'heure n'est pas à la revendication, elle est au témoignage. Elle est à la rencontre. Elle est au dialogue, à l'ouverture. Les Jurassiens sont des gens authentiques qui vous serrent la main avec vigueur, vous fixant les yeux dans les yeux . Qu'au fil de ces pages, vous puissiez goûter cette chaleur. |
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Salomé
Stévenin
Alexis
Vuillermoz Le Jura au cœur numéro
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Alexis Vuillermoz a explosé l’été dernier en remportant une étape du Tour de France. À 28 ans (le 1er juin), le Jurassien possède une histoire atypique. Espoir du VTT mondial, il aurait pu bifurquer sur une carrière dans la finance, mais il est devenu cycliste professionnel, un peu par hasard. Quels que soient ses choix, le garçon reste viscéralement attaché à ses racines jurassiennes.
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Empreintes jurassiennes
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Un jeune homme joue spontanément La Marseillaise à la trompette sur la place de la Nation, à Paris, le 11 janvier 2015 à la fin de la marche républicaine qui a vu défiler plus de 2 millions de personnes à Paris (4 millions dans toute la France) en réaction aux attaques terroristes des 7, 8 et 9 janvier 2015 qui ont notamment visé le journal satirique Charlie Hebdo.
Victor Kuhni
Un Jurassien met en scène Lacoste aux JO de
La
À 32 ans, le Bletteranois qui a déjà travaillé avec le couturier Jean-Paul Gaultier, conçoit des vitrines pour Lacoste dans le monde entier. Son nouveau terrain de jeu ? Les Jeux olympiques.
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L'hymne national est né en avril 1772 dans la tête d'un Jurassien. Après les attentats de Paris de janvier et novembre 2015, il a été chanté et joué aux quatre coins du monde.
Marseillaise 62 Retour en grâce Jura
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Jura
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b pierre morel
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Salomé, fille de l'acteur Jean-François Stévenin, n'est pas née dans le Jura, comme son frère Robinson, mais ses souvenirs du Grandvaux coulent dans ses veines.
b salomé stévenin
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C'est depuis la péninsule du Yucatán puis du Chiapas, au Mexique, que Salomé Stévenin a réalisé une série de selfies pour Numéro 39.
Le 18 juillet, tous les amoureux du Tour de France auront les yeux rivés sur le Jura. C’est de Moirans-en-Montagne que les cyclistes s’élanceront pour la 16e étape de la Grande Boucle, jusqu’à Berne, en Suisse. Pour le plus grand plaisir d'un coureur d'AG2R La Mondiale, Alexis Vuillermoz, enfant du pays.
b AGENCE ZOOM
TOUR DE FRANCE
Sommaire
Il cherchait Pasteur, Érik Orsenna a découvert Arbois. À Numéro 39, il confie ce qui l'a séduit dans la cité jurassienne.
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Plus de 120 ans après sa mort, Louis Pasteur continue à entretenir avec le Jura une relation passionnée et étrange à la fois. Le savant était également académicien et c’est dans son fauteuil numéro 17 que s’est installé depuis 1998 Érik Orsenna. La magie a fait le reste, rapidement l’écrivain qui ne connaissait rien à la science s’est senti fasciné par ce chercheur hors du commun au point de lui consacrer un livre publié l’an dernier (La vie, la mort, la vie, Louis Pasteur, Éditions Fayard). Et qui dit Pasteur, dit Arbois où il mena ses recherches, notamment sur la vinification, et aussi Dole où il naquit sur les quais du canal des Tanneurs. Pour mener à bien son travail d’écrivain, Érik Orsenna s’est intéressé à la vie de Pasteur, ses combats, ses excès, ses joies, sa famille et… sa ville. Il est en sorti transformé ou plutôt transmuté. Un coup de cœur, un coup de foudre pour les gens, pour les maisons, pour les vignes, pour le vin. Au point de s’être forgé en terre arboisienne une seconde famille. Au point de consacrer aussi aux lieux, des pages très fortes, belles et personnelles à la fois. Au point de revenir pour supporter Arbois au concours des plus beaux villages de France. Au point de devenir sociétaire de la librairie associative de Poligny… Une vraie passion qui a transformé la vie d’Érik Orsenna, ultime cadeau de Louis Pasteur à sa ville.
Mon Jura à moi
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8 FRANCK PUTELAT 12 MARC NAMMOUR 14 LÉO COLLIN 42 ALAIN BONIN 46 LES NO'MADD 50 JEAN-GABRIEL DE BUEIL 6
Plus encore qu'un romancier, il est un professeur de curiosités. Le talent lui a valu la plus prestigieuse des particules : érik Orsenna de l'Académie française. Entretien avec un « promeneur professionnel ».
Élue de la République comme l'a été son grand-père avant elle, cette Jurassienne ne se verrait pas vivre loin d'un Jura qui la nourrit par ses paysages, ses habitants et son histoire.
C'est un éperon rocheux que l'on gagne depuis Cernans, au-dessus de Salins-les-Bains. Sylvie Vermeillet aime à venir s'y ressourcer.
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b Patos/Rue des aRchives
Sylvie Vermeillet
Érik Orsenna Arbois, Pasteur, Arbois
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78 ROGER GIBEY 82 RENÉ LACROIX 86 PATRICK VERGUET 90 JEAN-FRANÇOIS GANEVAT 94 LES POURCHERESSE 114 JEAN-PAUL JEUNET numéro
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FLAVIEN OLIVIER EN CHAMPIONS LEAGUE
Depuis 2012, deux étoiles au guide Michelin récompensent le travail du Dolois.
b WILLIAM TRUFFY
Sacré meilleur jeune berger de France au dernier Salon de l’Agriculture, à Paris, Flavien Olivier se prépare pour une épreuve plus importante, puisqu’il s’agit du Sheep Day qui se déroulera en Angleterre, le 27 juillet. Le jeune homme de Monnet-la-Ville, du haut de ses 20 ans, ne stresse pas : « Je m’y rends sans pression. Les épreuves sont les mêmes qu’à Paris avec, en plus, une tonte et une épreuve de quad ! » Il aurait plutôt la tête à décrocher son BTS « analyse, conduite et stratégie d’entreprise » au CFA de Chateaufarine, à Besançon et à trouver un emploi à la rentrée.
PAVILLON NORDIQUE À PRÉMANON
Franck Putelat, le Jurassien qui régale Carcassonne entraîne l'équipe de France b SYLVAIN THOMAS/PRESSE SPORTS
Le nouveau pavillon nordique est officiellement en service au Centre national de ski nordique et de la moyenne montagne de Prémanon. Cet équipement est destiné à accueillir encore plus de stagiaires sportifs de haut niveau.
JO DE RIO : DES JURASSIENS DANS LE BAIN...
b JEAN-CHRISTOPHE FRAISSE
Les Jeux olympiques se dérouleront à Rio de Janeiro (Brésil), du 5 au 21 août. Le Dolois Thibaut Simon, actuellement licencié à Marseille, participera à cet événement avec l’équipe de France de water-polo.
... ET À TABLE Carole Grundisch, dont la famille réside à Port-Lesney, a elle aussi réussi à se qualifier. La pongiste s'entraîne à Paris, à l'INSEP Levallois. Elle détient quatre titres de championne de France en simple. 8
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’est un peu comme s’il avait apprivoisé la chance ; son caractère hors norme a fait le reste. « Mon meilleur ami d’enfance voulait être cuisinier, il a fait l’école hôtelière de Poligny. Moi, je n’ai pas été pris et j’ai rejoint le CFA de Gevingey. Mais, aujourd’hui, il a tout arrêté et moi je suis toujours là ! » Voilà, c’est du Franck Putelat dans le texte ! Ce grand gaillard n’a de cesse de faire bouger les lignes. Après ses études, ce Dolois d’origine aux parents fromagers à Lavans-lès-Dole, enchaîne avec l’Hôtel de France aux Rousses, avant d'intégrer la cuisine de l’Auberge de Chavannes, à Courlans, où il rencontre sa première épouse. Poursuite avec une étape de cinq ans chez Georges Blanc à Vonnas, un homme qui compte beaucoup pour lui. Il a 27 ans quand il en sort avec l’envie de se lancer. Direction Saint-Tropez comme chef, mais l’aventure tourne court : « Il y avait trop de ce que je n’aime pas : trop de superficiel, trop de mesquinerie. J’aime la réalité de la vie, le respect… » Georges Blanc lui parle alors d’une affaire à reprendre à Carcassonne, Franck Putelat fonce : « Il n’y avait rien, j’ai monté mon équipe. » Il restera dix ans à l’Hôtel de la Cité, un palace cinq étoiles où il gagnera sa première étoile au Michelin. Dans la foulée il décroche la seconde place aux Bocuses d’Or, à Lyon. Nous sommes en 2003, il décide de jouer en solo : « En avril 2006, j’ai créé la Table de Franck Putelat à Carcassonne. En janvier 2007 j’ai obtenu une première étoile et une seconde en 2012. » Parcours exemplaire, mais l’homme ne veut pas en rester là. En 2013, il construit un hôtel « Au pied de la Cité » et, en juillet de cette année, ouvre une brasserie, style bistrot, de 80 couverts au cœur de la Bastide Saint Louis de Carcassonne. Il ne faudrait pas croire que cet enchaînement de succès va le calmer, Franck Putelat, 47 ans, aime entreprendre : « Je suis conseiller culinaire à Uzès dans le Gard, je fais également des semaines gastronomiques à l’étranger (Japon, Thaïlande…). Et puis, surtout, je suis coach de l’équipe de France au Bocuse d’Or pour Janvier 2017 et j’aurais bien voulu me confronter à Romuald Fassenet [le chef de l'hôtel-restaurant du Mont Joly de Sampans, une étoile au Michelin, N.D.L.R.] qui entraîne l’équipe du Japon, mais je crois qu’il ne participera pas. C’est vraiment dommage. Deux Jurassiens au Bocuse, ce serait quelque chose ! »
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ANS Rendez-vous et programme sur www.cc-grimont.fr
Communauté de Communes du Comté de Grimont Poligny
Abergement-le-Petit • Aumont • Barretaine • Bersaillin • Besain Biefmorin • Brainans • Buvilly • Chamole • Chaussenans • Colonne Darbonnay • Fay-en-Montagne • Grozon • Le Chateley • Le Fied Miéry • Molain • Monay • Montholier • Neuvilley • Oussières Picarreau • Plasne • Poligny • Saint-Lothain • Tourmont numéro Vaux-sur-Poligny • Villers-les-Bois • Villersérine 39
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Catfish lancera son nouvel album à Brainans
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UNE MAISON DU MUTUALISME À SALINS La première caisse locale du Crédit Agricole a vu le jour il y a 130 ans à Salins-les-Bains dans une petite maison. Celle-ci a été rachetée en février 2016 par la Caisse régionale de Franche-Comté pour en faire « La Maison de Salins », un lieu d’échanges, de réflexion et de recherche destiné à promouvoir le modèle coopératif et ses valeurs. La Maison de Salins, inaugurée en octobre, sera également un centre de ressources et un espace virtuel d’exposition pour expliquer ce qu’a été l’ambition du mutualisme dans le Jura et ailleurs.
LE RETOUR DE MADE IN JURA Le salon Made in Jura se déroulera du 13 au 16 octobre à Dole dans les anciens locaux de l’entreprise Idéal Standard. Cette manifestation vise à mettre en valeur les 800 entreprises et associations de toute taille que regroupe le réseau Made in Jura. Pwww.madeinjura.com
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ohyo, c’est le nom du cercle de combat des sumos japonais. C’est également le titre du second album de Catfish enregistré cet hiver à paraître le 14 octobre. Le duo passe ainsi du blues des années trente, tout empreint d’émotions et de simplicité, à un rock plus contemporain avec entre autres quelques touches electro. Une évolution naturelle pour Amandine et Damien, ce couple de Jurassiens (à la scène, mais pas dans la vie) de la région des lacs qui n’a guère eu le temps de souffler depuis ses débuts il y a moins de cinq ans : « Nous faisions de la musique dans le même groupe et, rapidement, on a eu envie de proposer une musique plus directe, plus simple, qui aille à l’essentiel. » Un peu de scène, juste le temps de commencer à se faire connaître et le
succès est arrivé. Le Printemps de Bourges les propulse dans une autre dimension, ils enchaînent avec de gros rendez-vous : les Eurockéennes, le Paléo à Nyon, et sortent un premier album Muddy Shivers en avril 2014. L’an dernier, les poissons-chats jurassiens nagent vers des eaux plus chaudes au Vietnam et en Amérique du Sud : « À Hanoï, le rock est une musique récente qui prend bien et, à Medellin ou Buenos Aires, la culture rock est partout présente. » Depuis le printemps, Amandine et Damien peaufinent le nouveau spectacle qui accompagnera la sortie de Dohyo en octobre et, cadeau, c’est au Moulin de Brainans que tout devrait commencer : « Nous y serons en résidence au mois d’août. » Sûr qu’il y aura de l’électricité dans l’air ce jour-là !
Septmoncel mise sur les sentiers
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nauguré le 4 juillet 2015, le sentier des Diots (petites saucisses locales) a ouvert la voie à une nouvelle manière de découvrir la région de Septmoncel. Ce parcours de 11 km, jalonné de quatorze bornes d’information part des Clavières à Septmoncel pour rejoindre Lamoura et Lajoux, à travers quelques-uns des paysages majeurs du Parc naturel régional du Haut-Jura : belvédère de la Tendue, de la Roche ou des Grès. Cette randonnée familiale et pédagogique dure 3 heures. Cet été, une seconde étape va être franchie avec l’inauguration en juillet d’un autre sentier, celui des « Lapidaires » sur le même concept. Il s'agit d'une boucle de 9 km entre Septmoncel et le Manon en passant par le belvédère du Frêne et de la Luette, les Frasses, Sur les Gys et la Couronne, jalonné de 11 panneaux, le tout à faire en 2 heures. Viendra ensuite une troisième réalisation, le
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Julien et Amandine, le duo jurassien qui forme Catfish.
sentier « des Chamois » en 2017. L’ensemble de ces trois parcours sera labellisé « Les Sentiers des 7 belvédères » et l’originalité de la démarche consiste à associer dans leur réalisation des acteurs du territoire. Porté par l’Entente Sportive de Septmoncel, le projet est financé par des fonds publics (Conseil Régional, commune de Septmoncel) avec une partie de mécénat privé (entreprises Clavière et Dalloz Industrie Lapidaire).
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Mon été à Dole Les nuits DE plein air • Cinés plein air : “Invictus”, “La Grande Boucle”, “Rasta Rocket” • So Bachata : apprenez à danser latino • Tous les jeudis, barbecue paysan suivi d’un grand concert gratuit • Des soirées à l’Aquaparc Isis : pour faire croire que l’on est au bord de la mer !
Les surprises • L’Harmonie de Chambre du Conservatoire • La finale de l’Euro 2016 sur grand écran • La Péniche théâtre : “Cyrano de Bergerac”, “Femmes”, “Mais n’te promène pas toute nue”
• Les petits concerts du marché
Ça expose • Des visages et des figures, les célébrités doloises du XIXe et XXe siècles • Expo d’art contemporain MAC 3 • Les Galeries éphémères : les boutiques vacantes du centre-ville reprennent vie !
• Microbiota : art orienté objet
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b FLORIAN MARGUET/PNRHJ
LE PNR FAIT SON CINÉMA
TAÏWAN INTÉRESSÉ PAR UN SCULPTEUR CHAMPAGNOLAIS Le sculpteur champagnolais Pascal Bejeannin est invité par les organisateurs d'Art Révolution Taipei pour participer à un salon en Chine. Dix de ses sculptures seront présentées en janvier dans la plus grande ville de Taïwan. Le Jurassien travaille actuellement sur un tigre, un cheval et un singe. « Je me suis rendu compte que mon travail intéresse les Chinois et je n’ai pas l’intention de les décevoir », témoigne-t-il.
DES RÉSISTANTS NORMANDS DANS LE JURA Pendant plusieurs années, Dominique Gros a enquêté sur l'assassinat par les Nazis de trois jeunes Normands dans la ferme des Rippes, à Alièze. De ses recherches est née une fresque romanesque publiée aux Éditions du Poutan : J'attends l'aube aux yeux gris. Au fil des pages, l’écrivain a réuni la passion pour son Jura natal et le Cotentin où il vit. Le premier tome, Margaine, vient de paraître et le second est attendu en novembre. 12
b COIN PRINT
La géologie du massif du Jura valait bien un film : l’œuvre Jura, le temps d’une montagne est en cours de tournage sous l’impulsion du Parc naturel régional du Haut-Jura et de partenaires franco-suisses. Cet outil de promotion touristique réalisé par Jean-Philippe Macchioni fait appel aux experts géologues Michel Campy, Vincent Bichet et Gaël Comment. Il privilégie l’esthétique avec des images prises au sol, d’autres par des drones. Sortie prévue en avril 2017. Pwww.parc-haut-jura.fr
Un nouvel album du rappeur et poète Marc Nammour. sort à la rentrée.
La Canaille sur les routes avec un nouvel album Libanais de naissance, Marc Nammour a vécu à Saint-Claude de 8 à 18 ans. Il raconte ses projets et l’espoir qu’il a pour sa terre d’accueil.
NUMÉRO 39 Vous avez sorti votre EP Deux yeux de trop, cinq titres dont deux featurings avec le rappeur new-yorkais Mike Ladd et Lucio Bukowski. L’album sort prochainement. Quelle surprise pour vos fans ? Marc Nammour Il sort à l’automne. On est actuellement en studio. Je n’avais jamais collaboré officiellement avec des MC en France et, là, j’avais envie de travailler avec eux. Et puis, c’est le premier album que je compose avec la même équipe de musiciens, un noyau dur : Jérôme Boivin (basse, claviers), Alexis Bossard (batterie) et Valentin Durup (guitares et claviers). Donc, en résumé, je dirais qu’il a une unité musicale et la volonté de passer la parole à mes pairs.
Ensuite, vous irez défendre votre sport de combat favori, la poésie, sur scène. Pouvez-vous nous dire quand la tournée débutera ? Elle démarre en septembre. On va se faire une bonne grosse tournée. On a déjà une vingtaine de dates jusqu’en décembre, puis on reprendra fin janvier jusqu’à l’été 2017. Elle commence par le festival Bob’arts le 27 août. Un passage dans le Jura ? Il y aura forcément une date au café de la Fraternelle parce que c’est
notre QG. Et après, ça dépend des invitations qu’on nous lance… Vous connaissez la guerre. Vous avez écrit le texte No Pasaran en hommage à Charlie Hebdo. Comment appréhendez-vous ce qui se passe en France ? J’ai un sentiment mitigé… Je sens le rouleau compresseur de plus en plus dur. Il y a une forte colère contre le gouvernement de gauche qui pratique une politique de droite et, en même temps, il y a de l’espoir… À Paris, on sent que des choses s’organisent. L’espoir est toujours dans la lutte. Quand on prend son destin en main, tout est possible. Il s’agit de renverser le rapport de force. Et ce sera possible quand on rentrera dans la bataille. Déchéance de nationalité, mépris du travailleur, tensions à l’international… Je ne suis pas bien dans mes bottes, comme pas mal de monde. Je participe activement aux Nuits Debout. Avez-vous déjà de nouveaux projets ? Oui, depuis trois ans, je multiplie les projets car un amène à un autre. J’ai deux créations dans le « in » au Festival d’Avignon : 99 sur l’identité et Kit de survie qui poursuit le projet Zone libre Polyurbaine. Ce sont des projets qui partent ensuite sur la route. Je monte une autre création autour de la peur pour la rentrée. L’année prochaine, ça va être bien chargé !
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Destination Hong Kong pour le prometteur compositeur de la grotte des Moidons
Psoundcloud.com/leo-collin
b PNRHJ
Léo Collin va donner plusieurs concerts cet été à travers l'Europe.
Léo poursuit sur sa lancée, il compose pour l’Ensemble intercontemporain de Paris, écrit de la musique d’église, notamment vocale, mais s’éclate vraiment dans la musique de spectacle et plus précisément de cirque : « Le cirque est sans limite, tout est possible contrairement à la musique sérieuse. Aujourd’hui nous vivons dans un monde où l’on peut avoir une play-list avec Beethoven, Gojira, Björk, Scelsi ou Stromae. D’où l’importance pour moi de ne plus me cantonner dans un domaine particulier. » D’ailleurs, il écrit actuellement Tranzit, un nouveau cirque musical où il est tout à la fois concepteur, compositeur, metteur en scène, chorégraphe et même monteur vidéo avec six musiciens et cinq performers : « Curieusement, je compose pour ce spectacle une musique dans le même style que la grotte des Mordons, en utilisant le même procédé d’orchestre par ordinateur. » L’avenir ? La création de Der Seismograph le 1er juillet à Paris, des concerts en Espagne et en Italie durant l’été et une résidence à Hong Kong dès septembre prochain avec, à la clé, un projet transdisciplinaire : « J’ai des envies dans tous les domaines : vidéo, musique, arts visuels… C’est une chance d’avoir pu étudier à la fois la musique de film et celle dite sérieuse. »
FRANCIS BOMPARD/AGENCE ZOOM
b PHILIP FROWEIN
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l pourrait bien faire du bruit dans les années à venir ! Léo Collin n’est pas né à Arbois, mais c’est quand même bien la ville où il a passé toute son enfance. Ensuite, la musique s’est emparée de lui. La musique, mais en même temps l’art et le démon de la création. Besançon, Marseille, Lyon, Annecy, Genève et aujourd’hui Zürich… Les villes jalonnent son évolution ; il passe du métal au classique, de la guitare au piano, de la musique de film à la composition. C’est à lui que l’on doit la musique du son et lumière de la grotte des Moidons, revue cet hiver : « L’aventure était superbe, c’est la deuxième fois que j’écrivais pour Isabelle et François Gauthier. La première fois, c’était sur un petit film d’introduction à la grotte. J’ai composé quelque chose dans le style d’Ainsi parlait Zarathoustra de Richard Strauss avec un petit peu de Pirates des Caraïbes de Hans Zimmer. C’était une contrainte qui m’était fixée, mais j’ai beaucoup aimé. La musique a été faite par ordinateur et clavier MIDI parce qu’il était impossible d’enregistrer un orchestre ! »
Pour célébrer son trentième anniversaire, le Parc naturel régional du Haut-Jura met les petits plats dans les grands tout au long de l’été. Expositions, randonnées, spectacles, ateliers, cinéma, sorties nocturnes, trail… Avec, en point d’orgue, un final le samedi 3 septembre à Lajoux, à la Maison du Parc et dans tout le village. Pwww.parc-haut-jura.fr
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LE PARC SOUFFLE SES 30 BOUGIES
Deux jurassiens dans l'histoire
Ils resteront comme les premiers Jurassiens à avoir décroché un titre mondial dans un sport nordique. Anaïs Bescond (Morbier) et Quentin Fillon-Maillet (St-Laurent-enGrandvaux) sont devenus champions du monde de relais mixte à Oslo en Norvège, aux côtés de Marie Dorin-Habert et Martin Fourcade.
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… et réveillez tous vos sens ! Assistez à la fabrication du Comté en fruitière, pénétrez le silence des caves d’affinage, découvrez l’univers de la ferme, visitez la Maison du Comté ... Les producteurs de lait à Comté AOP, les fromagers, les affineurs du Massif jurassien et tous les passionnés de leur noble terroir vous souhaitent
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Les Routes du Comté, réseau touristique et gastronomique dans les Montagnes du Jura
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Photos : S. Godin (Lieu : Combe du Lac à Lamoura / JURA) - Studiovision Conception : Nansen Développement / www.nansen.fr • Création : www.berengerlecourt.com
la bienvenue sur les Routes du Comté !
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Un raz de marée de stratus au crépuscule prêt à engloutir Poligny, la capitale du comté.
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b NICOLAS GASCARD
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Danse avec la brume au petit matin depuis le Noirmont, l'atmosphère limpide laisse apparaître la chaîne des Alpes au lointain.
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b NICOLAS GASCARD
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Orage isolĂŠ sur les vignes du Revermont entre Lons-le-Saunier et Rotalier.
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Le 18 juillet, tous les amoureux du Tour de France auront les yeux rivés sur le Jura. C’est de Moirans-en-Montagne que les cyclistes s’élanceront pour la 16e étape de la Grande Boucle, jusqu’à Berne, en Suisse. Pour le plus grand plaisir d'un coureur d'AG2R La Mondiale, Alexis Vuillermoz, enfant du pays.
Alexis
Vuillermoz Le Jura au cœur Alexis Vuillermoz a explosé l’été dernier en remportant une étape du Tour de France. À 28 ans (le 1er juin), le Jurassien possède une histoire atypique. Espoir du VTT mondial, il aurait pu bifurquer sur une carrière dans la finance, mais il est devenu cycliste professionnel, un peu par hasard. Quels que soient ses choix, le garçon reste viscéralement attaché à ses racines jurassiennes.
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11 juillet 2015, la France découvre Alexis Vuillermoz. Les bras en offrande après un exploit majuscule, le visage déformé par la violence de l’effort, il remporte la huitième étape du Tour de France entre Rennes et les pentes traîtresses du mur de Bretagne. La France – et une partie du peloton – découvre un coureur capable de laisser sur place les meilleurs cyclistes du monde lors de la grand-messe estivale. Au moment où il place une accélération dévastatrice, l’Anglais Chris Froome, leader de l’épreuve, semble bien incapable de répondre, surpris par
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Alexis Vuillermoz, en décembre 2015, lors d'un stage de l'équipe de France de cyclisme à Termignon-la-Vanoise.
tant de puissance. Quelques instants plus tard, il confirmait : « Quand (il hésite)… le coureur AG2R La Mondiale a attaqué, je n’ai pas pu y aller. » Ce jour-là, Alexis Vuillermoz découvre la portée d’un exploit en mondovision. Les médias de la planète sport racontent l’histoire d’un garçon au parcours atypique, attachant et fidèle à ses racines. L’homme de Saint-Claude aux plaisirs simples découvre un univers qu’il aurait pu ne jamais connaître… « C’était un moment fort et intense. Je savais que ce type de profil pouvait me convenir. De là à gagner une étape sur le Tour de France après trois années chez les pros, je ne l’aurais pas imaginé. Cela doit être la ténacité du Jura », sourit-il. Le jeune homme revendique ses racines jurassiennes. C’est là qu’il est né, qu’il a grandi. Ses souvenirs, ses joies d’enfant, ses premières émotions de cycliste sont reliés à une route, un paysage, un nom, un visage d’ici. Ses proches, parfois, le taquinent, sur cette « Jura attitude », qu'il porte comme un flambeau. Profondément jurassien, naturellement ambassadeur de son territoire dont il aime les paysages, la mentalité, la culture. Dans sa vie de globe-trotter sur deux roues, il aime ouvrir une parenthèse et venir respirer l’air de la maison pour se ressourcer. « Je suis attaché à cette terre. Avant d’être un département, le Jura est un massif où l’on ressent un état d’esprit montagnard. C’est un terrain de jeu parfait pour les sports de pleine nature. » Il réfléchit, sourit et éclate de rire avant d’ajouter : « Et je dis ça en toute objectivité, bien entendu ! »
JEAN-BAPTISTE QUICLET : « VINGT ANS QUE JE LE CONNAIS » À 32 ans, Jean-Baptiste Quiclet est un homme occupé. Marié, père de famille, organisateur d’une épreuve cycliste à Marchaux (Doubs), il fut également membre de l’encadrement du Pôle France de VTT à Besançon. Depuis deux ans, il est le directeur de la performance de l’équipe AG2R La Mondiale. Le FrancComtois doit remonter dans ses souvenirs au moment d’évoquer Alexis Vuillermoz : « Nous avons trois ans d’écart. Je pense que cela doit faire vingt ans que l’on se connaît ! » Leurs routes se croisent et s’entremêlent, au fil des pérégrinations du peloton. En 2009, le Bisontin intègre le staff de l’équipe Besson Chaussures. Et cette même année, lors d’un Tour du Jura mémorable, une idée commence à germer : « Une étape passait devant chez lui, à Chevry. Et Alexis n’a pas pu s’empêcher de partir dans un raid solitaire de plus de 100 kilomètres ! Il a fait un numéro exceptionnel et j’ai dit à Yvan Clolus (son entraîneur) qu’il aurait sa place chez les professionnels. »
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CLOLUS : « UNE ÉNERGIE INCROYABLE » Ces « coups de sang » qui mélangent panache, rage de vaincre et grain de folie n’étonnent même plus Yvan Clolus qui accompagne sa destinée sportive depuis plus de dix ans. L’entraîneur, installé à Ornans (Doubs), sélectionneur national des moins de 23 ans en VTT, explique : « Alexis a une énergie incroyable et il faut que cela sorte ! Lorsque la coupe du monde faisait étape à Houffalize (Belgique), les coureurs s’élançaient sur une route à plus de 20 %. Cela roule toujours extrêmement fort. Malgré tout, il arrivait à prendre quinze secondes à tout le monde en bas de la pre-
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Le début d’année a été difficile, marqué par des chutes sérieuses à Paris-Nice et dans l’Amstel Gold Race. Il a serré les dents, s’est battu, est remonté en selle, hargneux, sérieux, ambitieux comme jamais.
mière descente. En juniors, en 2005, il domine la course des championnats du monde pendant les trois quarts de la course, avant qu’une vilaine hypoglycémie ne le rappelle à l’ordre. »
2012, LA RÉORIENTATION Fin 2009, lieu différent, mais autre coup d’éclat. Une semaine après avoir décroché l’argent mondial en VTT, il loupe de peu un énorme coup d’éclat lors de la coupe du monde de Champéry (Suisse). « Il a passé une heure en tête, sans que personne ne puisse prendre sa roue. On 25
se demandait jusqu’où il pourrait aller », se souvient le coach. Son casque jaune et cette attitude en course lui vaudront un surnom : « Pikachu », le spécialiste des attaques éclairs. Trop jeune pour prétendre à une place olympique en 2008 à Pékin (il avait alors 20 ans), il rêve d’une participation à l’épreuve de Londres en 2012. En panne de grands résultats, enquiquiné par les pépins physiques et personnels, le Jurassien ne traverse pas la manche. Dans le même temps, son équipe annonce l’arrêt de son activité en cross-country, sa discipline. Dans un sport qui peine à exister entre chaque olympiade, Vuillermoz galère pour retrouver une place de salarié dans une structure qui lui permettra de continuer à haut niveau. De son côté, Jean-Baptiste Quiclet n’a pas oublié ses énormes qualités : « Hormis une cinquième place au Tour du Pays de Savoie (une épreuve internationale réservée aux coureurs de moins de 26 ans), il n’avait pas beaucoup de références sur la route. Nous avons convaincu Stéphane Heulot, le manager de l’équipe Saur Sojasun, de le prendre à l’essai en stage. » Vuillermoz n’a rien à perdre. Si le test n’est pas concluant, il se tournera vers la finance, un domaine qui le passionne. « Il a été bon à chaque épreuve, sourit Quiclet. De ce fait, il a signé un contrat pro de deux ans. » En quelques semaines, tout bascule : « Je me suis retrouvé au départ du Tour de France, six mois après mes débuts sur la route. » Fin juillet 2013, il parade sur les Champs-Élysées avec les autres concurrents de la Grande Boucle, épilogue d’une drôle d’aventure. La suite sera moins réjouissante. Son équipe en mal de repreneur met la clé sous la porte. « Je n’ai été averti que fin septembre, se remémore-t-il. À cette époque, les budgets et les effectifs sont bouclés. »
11 juillet 2005. Alexis Vuillermoz signe la première victoire tricolore de ce Tour de France ! Dans le dernier kilomètre à Mûr-De-Bretagne, le Français de l’AG2R La Mondiale a profité d’une attaque de Chris Froome pour finalement contre-attaquer et ne plus jamais se faire rattraper par le moindre concurrent !
DANIEL GERMOND, OU LA SOLIDARITÉ JURASSIENNE C’est là qu’entre en jeu Daniel Germond. Le Dolois qui fut l’un des partenaires de l’équipe Chazal au début des années quatre-vingt-dix avant qu’elle ne devienne Casino puis AG2R La Mondiale en 2008, contacte Vincent Lavenu. L’entrepreneur devient mécène, par amour du sport et attachement à ce drôle de bonhomme sur deux roues. L'élu jurassien et le manager d’équipe se rencontrent au Gentleman de Dole en fin de saison. Il propose de prendre en charge son salaire : « Je le suivais depuis ses années en VTT. J’ai dit à Vincent Lavenu qu’il ne fallait pas le laisser sur le carreau », glisse Daniel Germond. Germond ne demandait à Alexis qu’une contrepartie : qu’il se licencie au Vélo Club de Dole. « Ça l’embêtait de laisser tomber le Vel’Haut Jura, ses copains et
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Alexis Vuillermoz fait corps avec son Haut-Jura natal. « Je suis attaché à cette terre. Avant d’être un département, le Jura est un massif où l’on ressent un état d’esprit montagnard », confie-t-il.
tous les gens qui l’ont aidé depuis des années. Je suis aussi sensible que lui, j’ai compris sa démarche », explique-t-il. Début 2014, Alexis Vuillermoz débute donc sous les couleurs AG2R La Mondiale, la plus vieille structure française (1992), au cœur de l’UCI WorldTour, la première division mondiale. Entre le coureur et le chef d’entreprise du Jura, les liens sont étroits. « On échange beaucoup, il me fait part de ses soucis, de ses souhaits », avoue-t-il.
SES ROUTES FAVORITES Alexis Vuillermoz aurait pu devenir gestionnaire de patrimoine dans une banque privée et profiter du sport comme d’un loisir. Son bureau, il l’a choisi à 360°. C’est sur les sentiers, mais aussi l’asphalte aux alentours de Saint-Claude que s’est forgée sa destinée. Il parle de ses routes favorites comme on récite une poésie enfouie dans sa mémoire d’enfant. « J’aime bien monter le Col de la Croix de la Serra (13,5 km à 4,74 % de moyenne). Quand je vivais chez mes parents, c’était généralement un bon test avant de partir en compétition. » À 28 ans, le petit bonhomme de Chevry pourrait vivre une grande saison avec le Tour de France, mais aussi les Jeux Olympiques de Rio dont il a remporté l’épreuve test l’an passé. Son début d’année a été difficile, marqué par des chutes sérieuses à Paris-Nice et dans l’Amstel Gold Race. Il a serré les dents, s’est battu, est remonté en selle, hargneux, sérieux, ambitieux comme jamais. Fier de décliner les mêmes valeurs qu’aux premiers jours, avec le souvenir de ce père parti trop tôt comme guide. « Je n’ai pas changé mon état d’esprit sur le vélo. Il reste le même depuis mes débuts. Il s’exprime juste différemment », dit-il. Lui, le vainqueur d’étape du Tour de France se fait parfois Charliluce.indd chambrer par ses potes : « Je n’ai jamais gagné la Forestière (épreuve VTT marathon de masse entre Lamoura et Arbent) et on me dit que ce n’est pas normal pour un Jurassien ! J’étais au départ l’an passé, mais je termine deuxième ! Je vais être obligé de revenir pour compléter mon palmarès ! » Comme une évidence délicieusement jurassienne. |
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Alexis Vuillermoz et quelques-uns de ses coéquipiers d'AG2R La Mondiale.
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1939 Dernier Tour avant la guerre
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LA CÔTE DE SAINT-LUPICIN
Dans le col de la Faucille, Dante Gianello mène. Sylvère Maës (droite sur la photo) est à gauche en compagnie d'Edward Vissers.
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29 juillet 1939. François Neuens arrive en tête à Dole au terme de la dix-septième et avant-dernière étape du Tour de France qui comporte aussi, dans la même journée, un contre-la-montre jusqu'à Dijon. Dossard 26, le Hollandais Antoon Van Schendel franchit la ligne d'arrivée dans la roue du Luxembourgeois. Le sprint a été disputé, mais c'est le Flamand de Gistel, Sylvère Maes, qui porte le maillot jaune dans la cité de Pasteur. Dans les Alpes, il l'a ôté des épaules de l'Azuréen René Vietto, ancien chasseur dans un casino de Cannes. Déjà vainqueur en 1936, le Belge de 29 ans l'emmènera jusqu'à Paris, au terme d'un été où l'on passera du cliquetis des pédales au bruit des bottes. Déjà, la course s'est élancée sans équipe allemande, ni italienne. Les Espagnols n'ont pareillement pas pris le départ ( pour pallier cette absence, le créateur du Tour de France, Henri Desgrange, relance les équipes régionales, déjà présentes en 1928 et 1929). La guerre est proche. « Le Tour de France, c'est une sorte d'armistice au cœur même de la menace. Il semble assez mystérieux que rien de fâcheux ne puisse nous atteindre pendant que se dispute la grande épreuve. Elle nous protège contre les autres et contre nous-mêmes. Et la course achevée, nous nous retrouvons vulnérables et inquiets comme devant », écrit Henri Troyat dans L'Auto du 16 juillet. À Annecy, au moment du départ de l'étape, il n'y a pas foule. La caravane publicitaire n'en est pas moins animée (vingt-sept marques sont présentes, dont la fromagerie Bel) et la course disputée. Au sommet du col de la Faucille, Maes, qui a été victime d'une crevaison au départ de l'étape, passe avec 10 minutes d’avance sur Vissers, ce qui permet au maillot jaune de s'adjuger aussi le Grand Prix de la Montagne. « Ce n'est pas la première fois que le col de la Faucille ne donne rien. Si le peloton ne s'est pas cassé, c'est parce que Sylvère Maes est trop fort, voilà tout », écrit André Leducq dans Le Petit Parisien. Il faut attendre Sellières (km 191) pour que se produise la première échappée, œuvre de De Korver et Le Guevel, rejoints par Kint et Bernardoni. Mais François Neuens et Toon Van Schendel parviennent à trouver l’échappatoire. Le premier, déjà vainqueur à Saint-Raphaël quelques jours plus tôt, l’emporte finalement à Dole, le peloton terminant à vingt-cinq secondes. Un des journalistes sur le pont profite de l'escale jurassienne pour visiter la maison natale de Pasteur où il extrait cette phrase de gratitude du savant à son père : « Tu m'as appris la patience dans les longs efforts. » Et d'ajouter : « Si Pasteur, revenu en ce monde, assistait à une étape du Tour de France, il y verrait peut-être une illustration de ces belles paroles ; mais peut-être aussi, surpris par notre escorte endiablée, voudrait-il nous inculquer le vaccin contre la rage ? »
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LE LAC DE CLAIRVAUX
LONS-LE-SAUNIER
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LA CÔTE DE DOLE
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À Lons-le-Saunier, le peloton emmené par Sylvère Maës et René Vietto.
Victoire
DOLE
31 de François Neuens
à Dole.
Tour dans
Le
Il faudrait bien se méfier de l'étape qui va s'élancer le 18 juillet de Moirans-en-Montagne. La course pourrait réserver des surprises.
L
a veille, au sortir des Pyrénées et du Mont Ventoux, les coureurs auront parcouru une étape de haute montagne en terre haut-bugiste (une partie du massif du Jura). Ils auront grimpé pas moins de 4 000 mètres, si l'on additionne les différents cols rencontrés au cours de la journée, du Berthiand au Grand Colombier, classé hors catégorie (1 501 m d'altitude), redoutable pour les organismes, même s'il n'est pas entré dans l'histoire de la Grande Boucle. À côté, la 16e étape qui débute à Moirans-en-Montagne pourrait passer pour une promenade dominicale. Il faut néanmoins se méfier de l'eau qui dort. Le spectacle s'annonce de toute beauté. « Les grimpeurs observeront un relatif répit sur la route de Berne, qui sillonne entre les nombreuses vallées du Jura. Les purs sprinteurs ne devront pourtant pas se faire trop d'illusions : la bosse qu'ils auront à passer dans le final urbain pourrait éjecter les plus gros bébés de la lutte pour la gagne ! », décrit Christian Prud'homme, le directeur du Tour. Surtout, la journée du lendemain (mardi 19) est dédiée au repos. « Et qui dit veille de journée de repos dit grande bagarre », redoute, dans Vélo Magazine, le Suisse Fabian Cancellara qui va jouer à domicile. Selon lui, et ce pour la plus grande joie des supporters qui seront installés au bord des routes du Jura, le départ pourrait s'annoncer « très animé », de même que l'arrivée dans la capitale helvète, où vont s'enchaîner deux montées, dont une est pavée. Résultat, dit-il, « la victoire peut aussi bien revenir à un sprinteur qu'à un puncheur. » Deux jours plus tard, le peloton retrouvera les Alpes, du canton de Vaud à celui du Valais. 32
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C'est depuis la péninsule du Yucatán puis du Chiapas, au Mexique, que Salomé Stévenin a réalisé une série de selfies pour Numéro 39.
Salomé, fille de l'acteur Jean-François Stévenin, n'est pas née dans le Jura, comme son frère Robinson, mais ses souvenirs du Grandvaux coulent dans ses veines.
Salomé
Stévenin Empreintes jurassiennes
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Le lac de l'Abbaye, dans le Grandvaux, est un paysage d'enfance de Salomé Stévenin.
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Actrice, Salomé Stévenin a tourné depuis 1988 – elle avait trois ans ! – dans une quarantaine de films, téléfilms et documentaires. Passionnée de voyages et de plongée sous-marine, elle s’implique depuis trois ans dans le tournage de documentaires. Dans le dernier, diffusé en mai dernier par l'émission de France 3, Thalassa, elle plonge au Mexique dans la péninsule du Yucatàn, au large d’Isla Mujeres avec les espadons voiliers, et au cœur des Cénotes de la jungle, ces trous d’eau sacrés pour les Mayas et pour toutes âmes sensibles. Ce qui est moins connu, c’est que la jeune femme, fille de l’acteur et réalisateur Jean-François Stévenin, a passé une partie de son enfance dans le Jura de sa famille. « Les souvenirs d'enfance sont les plus importants, car ils fixent les couleurs de l'âme », a écrit le poète Jean Guéhenno (1890-1978). Salomé Stévenin a répondu aux questions de Numéro 39 depuis la péninsule du Yucatán puis du Chiapas, au Mexique. En l’écou-
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tant évoquer « son » Jura, il est possible de mesurer combien ses sensations, enfant, ont teinté son regard sur la nature et le monde qui l’entourent.
NUMÉRO 39 Comment connaissez-vous le Jura ? Salomé Stévenin Je suis née à Paris, mais mon père, jurassien, nous y emmenait dès qu’il pouvait. En famille ou seule avec lui. Il m’a transmis l’amour des stations-service quand on s’arrêtait sur la route. Le soir, on partait de République, notre quartier à Paris, et je me réveillais quand on arrivait devant la maison. Grande-Rivière… quel beau nom. Quels souvenirs liez-vous à cette terre comtoise ? Le super U de Saint-Laurent en Grandvaux, le chocolat « avec de la mousse » de chez Simone(1), les fondues avec les Piards, les baumes aux élixirs de fleurs « Alors ça pousse » de Gaëlle
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REVENIR DANS DES LIEUX D'ENFANCE COMME LE JURA, ME FAIT SOURIRE ET RÉALISER QUE JE SUIS BIEN DE LÀ, AUSSI.
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Aujourd’hui, ces attaches familiales restent importantes pour vous ? Elles sont en moi. J’aime voyager pour essayer de me déconditionner, pour voir ce qu’il reste de soi quand on sort de ses repères. C’est ma façon de découvrir qui je suis. En me confrontant à d’autres peuples, d’autres climats, d’autres manières de penser… Et revenir dans des lieux d’enfance comme le Jura, me fait sourire et réaliser que je suis bien de là, aussi. C’est bon, comme si la mémoire cellulaire reconnaissait immédiatement chaque détail et sensation, chaque odeur et atmosphère. Pour cela aussi, j’aime énormément l’accent jurassien. Il revient arroser l’arbre de l’enfance. Hier soir, dans une auberge de San Cristobal del las Casas(3), j’écoutais un jeune montagnard en voyage, qui vit à une heure de la maison du Jura. Instantanément, son accent m’a plongé dans un monde émotionnel fort, originel.
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Péchot de Frébuans, les fous rires avec ma voisine Gersande, les goûters et moments merveilleux avec ma meilleure amie Amélie, les siestes avec notre chien, le tracteur, le p’tit Louis(2), dans son casino des Chauvins…. L’émotion de mon père. Y aller, c’est plonger dans une partie de mes souvenirs d’enfance, de mes racines et de celles de mon père. Comme si une partie de moi n’en était jamais partie. Ce sont des souvenirs d’attente, à jouer des heures avec le radiateur en attendant que mon père se réveille, à écouter les mouches voler (pardon papa !), car mon père vivant beaucoup la nuit, j’attendais que l’on fasse des choses ensemble le jour. Ce sont des souvenirs de famille, de jeux avec mes frères et mes voisines, des têteà-tête avec mon père. J’y suis retournée récemment et j’avais peur la nuit, comme une enfant. Les braises du feu dans la nuit et les bruits dans la grange m’ont ramenée dans les peurs du passé !
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et cible juste, j’adore ça. Cette profondeur tout en esquisse, me rassure profondément. Et me fait rire. Je me sens apaisée avec les gens qui vivent dans cette authenticité-là. J’aimerais beaucoup découvrir les rivières du Jura, y aller au printemps… Apprendre de ces personnes qui ont su vivre et rester en harmonie avec la nature.
J’aime aussi penser à mon grand-père, à la maison qu’il a construite de ses mains. J’ai eu la chance d’y retourner cette année, avec le fils de ma marraine. Pouvoir toucher les arbres du jardin de ce temps-là et voir que rien n’a cessé d’exister, de grandir et se transformer. J’imagine mon père tout petit garçon, dans sa chambre, rêvant devant des arbres qui deviendront les forêts de son premier film, Passe Montagne(4). Ma grand-mère paternelle était institutrice, comme de nombreuses personnes dans ma lignée familiale. On mangeait le gâteau de chez Pelen venant de Lons, le fameux « écureuil ». Cette année, je suis allée en acheter un miniature, j’étais heureuse qu’il existe encore. Penser à mes ancêtres, qu’ils soient du Jura, de Silésie ou d’Auvergne me donne de la force. Je suis tellement fière d’eux ; je les remercie souvent. Mon arrière-grandmère vivait dans les Ardennes, j’aime voir les jeunes Rimbaud avec leurs sacs sur le dos, dans les gares et les montagnes de ces coins-là. Voir les hommes qui ressemblent à mon grand-père. Il y a aussi ce raccourci paysan qui va à l’essentiel et que j’aime. Ma marraine jurassienne a ce don-là ; en deux mots, elle voit
DES SENSATIONS DE NATURE M'ARRIVENT INSTANTANÉMENT QUAND JE PENSE AU JURA. 38
Quelles images vous reviennent en premier ? Des sensations de nature m’arrivent instantanément quand je pense au Jura. Enfant, je mettais mon réveil et partais avant l’aube pour voir le jour se lever depuis la colline en face de la maison de mon père. Au pied d’un arbre, je mangeais ma barre d’Ovomaltine. J’étais heureuse. C’était une aventure. Traverser le marais, puis la petite forêt, monter la colline, avoir peur des sangliers, continuer, attendre, respirer, arriver enfin. Voir le jour se lever. Quel bonheur. Je me revois enfant et vois en cette petite fille ce qui est essentiel pour elle. L’amour des arbres, du ciel, du soleil, de son père, de sa famille et de l’aventure. Vous avez déjà fait de la plongée dans la région des lacs ? Pas encore, mais j’aimerais beaucoup ! Je me suis seulement baignée dans quelques lacs, celui de l’Abbaye et celui de Chalain. Vous avez également des souvenirs d’hivers jurassiens ? Oh oui ! Quand la neige devient bleue comme le ciel, avec à l’horizon les forêts de sapins, comme tracées à l’encre de Chine. J’aime voir les lumières orangées d’une maison chaleureuse dans ce bleu. Quand la neige et le ciel se confondent. La sensation du silence et de la complicité, quand mon père et moi partions faire du ski de fond. Bercée par le frottement des skis sur la neige, dans le silence du soir qui tombe, j’adorais suivre mon père… Aujourd’hui, j’adore regarder les skieurs de fond, ça me parle, je les adore comme des héros, c’est un peu stupide non ? Je me sens proche d’eux en quelque sorte. J’adorerais faire un gros trek dans les montagnes avec eux. Vous séjournez aujourd’hui régulièrement dans des sites naturels exceptionnels. Votre regard sur ces lieux a-t-il été nourri des paysages de votre enfance ? Bien sûr. L’océan Atlantique, Paris et le Jura sont comme des piliers qui m’ont sensibilisée à certains éléments dès mon enfance. Ils ont construit ma grille de lecture du monde en quelque sorte ! C’est au Mexique, en campant avec un ami dans une réserve naturelle, que j’ai réalisé à quel point le Jura avait déclenché et alimenté mon amour de la nature. Seule avec la lune, la montagne, les forêts et la rivière je retrouvais des sensations de dialogue avec la nature. Être absorbée par la contemplation me régénère profondément. Elle nourrit mes sens, mon âme et mon cœur. Vos souvenirs, ces sensations, c’est quelque chose que vous pouvez partager ? Oui, mes amis les plus proches captent et sentent. Ressentir ensemble la nature, le monde, est merveilleux. Loin des mots et du bruit, être dans le ressenti et juste aimer tout ce qui est, c’est une sensation tellement précieuse et rafraîchissante. Je la partage avec mes amis, bien sûr. J’ai d’ailleurs besoin que ceux-ci soient conscients de la beauté qui nous entoure et respectueux envers elle… sinon ils ne peuvent pas vraiment être mes amis, en fait ! Profondément. Au
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été 2016 nature
La Fête de la Forêt vivra sa seconde édition aux 4 Chemins. Animations, jeux, découvertes, promenades… et la possibilité de se restaurer sur place. Un bon moment en famille dans le cadre naturel et verdoyant de la forêt de Moirans-enMontagne.
evenement
La Cité du Jouet sera ville départ du Tour de France pour la 16e étape Moirans-en-Montagne/Berne. Les associations locales proposeront de nombreuses animations sur le site départ et au centre-ville. Lundi 18 juillet 2016 dès 9 h 00 letour.jura.fr/etape-16-moirans/
Le samedi 2 juillet moiransenmontagne.fr
festival On ne présente plus le Festival Idéklic. Créé en 1989 par une équipe animée d'une passion partagée pour l’éducation aux arts et à la culture, Idéklic a proposé en juillet 1990 sa 1re édition, immédiatement plébiscitée par des milliers d’enfants et de parents. Et ça continue : la 27e édition du festival
international pour l’enfant accueillera cette année encore ateliers et spectacles pour les enfants de 3 mois à 13 ans. Du 10 au 13 juillet www.ideklic.fr
sport
Le 7e Trail Volodalen du lac de Vouglans (TVLV) propose 4 courses et 1 épreuve Off : le Tour du Lac de Vouglans (69 km), le relais à 2 coureurs (30 + 39 km) autour du lac, le Tour du Regardoir (39 km), le tour de Château Richard (17 km) et le 10 km Off du Plateau de Bellecin. ! Samedi 30 juillet trail-lac-vouglans.org
exposition
Invention de la draisiene, ou « machine à courir », au début du XIXe siècle, démocratisation de la bicyclette vers 1890 et naissance du Tour de France en 1903 : le Musée du Jouet livre une histoire du cycle à travers les jouets. ! Jusqu'au 6 mars 2017 www.musee-du-jouet.com
sport
Le Trophée de France Enduro Kid, organisé par le MC Moirans se disputera pour la finale du championnat de ligue. Garçons de 6 à 16 ans, filles à partir de 6 ans. Entrée gratuite. Restauration sur place. Samedi 16 juillet club.quomodo.com/ mcmoirans/accueil.html
produits locaux
Le marché nocturne estival s’installera sur la place de la mairie et dans la rue principale pour sa deuxième édition. Artisans et producteurs locaux vous donnent rendez-vous de 18 h 00 à 22 h 00.
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Jeudi 28 juillet moiransenmontagne.fr
Cet été, la culture, le sport et les animations sont numéro 39 au rendez-vous dans la Cité du Jouet.
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Népal, je marchais avec un guide dont j’ignorais tout. Et pourtant dans un regard, un silence partagé, tout était dit. J’ai pensé au Jura et à mes frères en me réchauffant avec les sherpas et les Tibétains au coin d’un feu de bois. Peu importent les frontières, les langues, les cultures, les religions, on était là réunis, des humains sur la terre, heureux et c’est tout. On m’a offert une pomme de terre chaude délicieuse et j’étais heureuse. Un vrai bonheur pur qui fait du bien. Mon père ressent l’éternité face à ses forêts jurassiennes. Je sais qu’il est heureux en tournage et dans son champ, à couper de l’herbe, à être, à respirer, à se taire. Le Jura est tellement lié à lui que j’y ai emmené très peu de personnes. Peut-être parce que je le vois dans chaque brin d’herbe et dans chaque tranche de comté. J’aime me sentir totalement libre des attaches du passé comme des appréhensions de l'avenir, donc chaque chose en son temps !
Vous pensez que c’est possible à quelles conditions ? À condition de se bouger déjà individuellement ! Je rêve que l’homme se ressaisit. Reprenne conscience. Retrouve son lien à la nature. Je rêve que l’homme moderne retrouve son essence et tout ce qu’il a perdu. Sache s’alimenter, devienne intelligent et conscient. Qu’il redevienne beau. Qu’il retrouve l’amour et la paix en lui-même. J’ai cette envie en moi et je veux vivre pour cela. Je pense que si chacun se responsabilise et se bouge, tout peut s’améliorer, très vite. Les humains, nous avons peur de changer. C’est magnifique le mouvement positif et créatif, d’entraide et d’échange de connaissances qu’il y a aussi dans le monde. Pour l’instant, je suis au Mexique, avec les Indiens du Chiapas ; ce sont avec eux que j’ai envie de continuer à grandir. Demain, je retrouve des enfants d’une organisation indigène
MON PÈRE RESSENT L'ÉTERNITÉ DANS SES FORÊTS JURASSIENNES. 40
b SALOMÉ STÉVENIN
La sensibilisation au monde animal, et sa défense, sont aujourd’hui vos priorités. Pourquoi ? Je suis comme tout le monde sensible aux merveilles de ce monde et j’ai envie de les protéger. Des océans, à ses habitants, aux forêts primaires, aux communautés indigènes, aux enfants, aux animaux, à l’air que l’on respire… Nous sommes un tout. Hier, j’ai plongé au Mexique. Un poisson-lune est venu tout près de moi, nous sommes restés ensemble cinq minutes. C’était un instant magique, presque fraternel. Vous auriez vu son regard, la délicatesse avec laquelle il m’a approchée. La beauté de ces bancs de poissons, bercés au calme de la mer, comme immobiles dans l’éternité me touche et je veux les protéger de l’humain trop avide de tout. Développer sa conscience et continuer d’apprendre et d’aimer… Essayer de m’améliorer. C’est ce travail-là qui me mobilise.
avec lesquels on peint, on écrit, on joue. Hier, je demandais à l’un d’entre eux, « Qu’est ce que tu voudrais savoir écrire ? » il m’a répondu du tac au tac : « Tout ». Question stupide Salomé… Ils veulent apprendre, et moi aussi, alors on apprend ensemble. Individuellement, on peut déjà faire tellement. Mes projets sont dans le bien-être et la transmission. Artistique, éducative, thérapeutique. Réaliser et participer à des documentaires, jouer au cinéma et au théâtre, plonger, créer des ateliers, des échanges : je veux continuer d’apprendre des agriculteurs, des médecins, des chamanes, et essayer de toutes mes forces de protéger la vie. | (1) Le restaurant du Lac, Grande Rivière. (2) Pierre Louis Gilbert Benoît, une figure du Haut-Jura, qui tenait un café sur la commune de Grande-Rivière. (3) Ville du Chiapas, au Mexique. (2) Passe Montagne, film avec notamment Jacques Villeret réalisé par Jean-François Stévenin et sorti en 1978.
Psur www.numero39.com
Retrouvez Salomé Stévenin à Chiapas, au Mexique,
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Sentier
DIOTS
DES
du Jura
CLAVIÈRES
Clavière, avec ou sans “S” ? Clavière, Qu'est-ce le poivre du pauvre ? avec ou sans? “S” ? Connaissez-vous le chaton Pourquoi les meules chantaient ?
Clavières avec ou sans S est un nom de famille ou un nom de lieu. L’ étymologie du nom n’est pas claire : elle pourrait dériver du latin clavis (clé) ou du français archaïque clavière (fermeture), ce hameau de Septmoncel, situé à un carrefour en direction de Saint-Claude, des Rousses ou de Genève nous laisse la « clé » de l’interprétation ! En face de vous, était implantée une des 4 coopératives fromagères (fruitière) de la commune où se fabriquaient au siècle précédent un fromage bleu, « le Septmoncel» actuellement AOC « Bleu de Gex Haut Jura Septmoncel ». À droite de la borne n°2, vous verrez un bâtiment atypique en terme d’architecture locale, il s’agit de l’ancienne école du Truchet.
LE PRÉ RÉMOND
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Dans des paysages LAPIDAIRES à couper le souffle, découvrez le Haut-Jura ! DES
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SUR LA ROCHE
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LA VIE NEUVE
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LA COURONNE III
LE GITALET
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BELVÉDÈRE DU REPLAN
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LE REPLAN
BELVÉDÈRE DES GRÈS B
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SEPTMONCEL
SUR LE CHAPY N
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LE SAUT DU CHIEN
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LE MANON VII
ÉTAPE 1 : CLAVIÈRES Ú LE TRUCHET
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LES RASSES
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Septmoncel DES
GPS 46.3867 - 5.9341
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à 10 km de Saint-Claudedu Jura I
BELVÉDÈRE DE ROCHEBLANCHE
Trois sentiers DIOTS
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de découverte du Jura
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Sentiers des 7 belvédères
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Distance : 650 m • Dénivelés : +20 m ; -10 m • Temps estimé : 10 min.
Le sentier des 7 belvédères
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Sentier des Diots du Jura : 11 km - Dénivelé : 350 m
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balisés: LeCircuits lapidaire Panneaux d'information quelle définition ? Aire de pique-nique
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Nouveauté DIOTS
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GPS 46.3723 - 5.9233 5 3
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LE REPLAN Pour plus d’informations : N Mairie de Septmoncel : 875 Route de Genève 39310 Septmoncel 03 84 41 65 17 E Ou rendez-vous sur : www.septmoncel.fr D F
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Depuis plusieurs siècles, le lapidaire (du latin Lapis, “pierre”) occupe la conscience collective des Septmoncelands et des Haut-Jurassiens. Il est bon pourtant de rappeler sa définition, à savoir le façonnage, la I LE CONTOUR ITALIENS taille et le polissage Ade pierres de couleurs DES naturelles ou de synthèse. SEPTMONCEL En langage courant, on emploie le terme “lapidaire” autant pour le LE REPLAN métier que pour celui qui l’exerce. Le lapidaire ne s'applique pas à la taille du diamant, qui est réservée au diamantaire, car cette taille est spécifique de par la dureté du diamant (la plus élevée : 10 sur l'échelle de Mohs). Les diamantaires étaient installés à Saint-Claude alors que les lapidaires colonisaient COTTERET les hauteurs. Sentier LE GITALET
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Suivre le chemin en contrebas, passer entre les deux maisons DIOTS du Jura et continuer sur la route jusqu’à la borne n°2. Sentier
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En août 2013, Alain Bonin monte à cheval sur la plage de Deauville en Normandie.
Alain Bonin
Le Jurassien qui parle à l'oreille des chevaux 42
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Alain Bonin est originaire de Dole, mais c'est à Maisons Laffitte, Deauville ou encore Clairefontaine, que le cœur de ce Jurassien pur sucre s'accélère quand courent ses chevaux.
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Comble du paradoxe pour un entraîneur de chevaux de course, Alain Bonin est têtu comme un âne… Un caractère trempé comme l’acier des forges de Fraisans, dur au mal, exigeant. Ces vertus cardinales jurassiennes, il les revendique du fin fond de ses écuries à Maisons Laffitte, haut lieu de l'hippisme en France, et Dieu sait qu’elles lui ont coûté cher tout au long de sa carrière ! Cet homme est un monolithe. D’ailleurs parmi la cinquantaine d’entraîneurs que compte ce haut lieu du monde équestre, le Jurassien est connu pour son franc-parler, autant que pour ses talents à fabriquer des machines à courir.
b MICHAEL BAUCHER / PANORAMIC
IL ÉTAIT UNE FOIS UNE DS
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L'histoire débute à Dole. À quatorze ans, Alain Bonin décide subitement de devenir jockey. Une révélation sortie tout droit du siège arrière d’une DS, celle d’un lointain cousin, propriétaire d’un cheval de course à Maisons Laffitte et parieur émérite qui, à chaque pèlerinage familial en Franche-Comté, lui montre la superbe image d’équidé brodée sur sa sellerie. Fascination. Jusque-là, l’expérience équestre du gamin se limite à un cheval de trait monté à l’âge de huit ans, mais il n’en démord pas. Son père, ouvrier chez Solvay, et sa mère, ouvrière chez I.T.T. Jeanrenaud, n’ont pas les moyens de financer son rêve ; ils tentent de le dissuader. Peine perdue, le gosse est obstiné. En représailles, il décide de laisser filer les études au lycée de l'Arc : « En janvier 1970, ils m’ont mis dans le train, direction Paris. » L’arrivée à l’école d’apprentis jockeys de Maisons Laffitte est plutôt brutale. Il décroche un stage chez l’entraîneur du cheval de son cousin. Internat en ville, matinée en 43
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Pour le Dolois, l'arrivée à l'école des jockeys au début des années soixante-dix, a été difficile. Mais Alain Bonin a serré les dents. Jockey, puis entraîneur, il possède aujourd'hui une écurie de 25 à 30 chevaux.
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apprentissage, après-midi en cours et, à 17 heures, retour chez le patron : « C’était très pénible, de 6 heures le matin à 19 heures le soir. Je devais rentrer presque tous les jours à pied le soir parce qu’il n’y avait plus de bus. Je m’effondrais sur les tables de l’école pour faire la sieste. » L’apprentissage dure cinq ans, d’abord à nettoyer, puis à monter d'abord en box, ensuite sur piste... et enfin les courses : « C’était l’école de la vie. Les premiers mois, je pleurais tous les soirs. Combien de fois j’ai eu envie de reprendre le train pour Dole ! » Mais le jeune homme serre les dents, décroche son brevet, change de patron et court en plat et en obstacle. Pas une vedette, pas une star, Alain Bonin. Juste un jockey… Pendant quinze ans, il est responsable des écuries et s’entraîne, sans arrêt : « Ce métier, c’est une compétition, il faut le faire à 120 %. Sur un cheval de course, on ressent des choses qu’on ne ressent nulle part ailleurs. Les chevaux sont des sportifs de haut niveau. »
IL HABITE AU-DESSUS DES ÉCURIES Son ambition ? Juste devenir entraîneur et avoir sa propre écurie casque gros bleu, diabolo et toque bleu clair avec ses initiales brodées sur sa casaque : « Mon objectif, c’était de gagner ma vie, de pouvoir vivre de mon métier. Mais quand on n’est pas issu du sérail, il faut se faire un nom. » En 1988, son autorisation d’entraîner en poche, le voilà parti… de zéro ! D’abord un cheval, puis trois, et notre Jurassien commence à faire parler de lui, car il enchaîne les victoires. En quarante-six ans de carrière, il a épinglé trente et un tiercés, sans compter les dizaines de courses moins prestigieuses, celles où l'on ne bataille pas pour le prestige, mais pour gagner sa croûte. Et quelques chevaux ont assuré la réussite du Jurassien : Bon Potier, Al Nowhere, Prince dolois, Hugo des Fieffes, Grand Haya et Sirène Doloise… En ce matin humide d’un printemps qui joue la montre, l'homme est blotti dans ses bottes et sa parka, casquette vissée sur le crâne. La terre de Maisons Laffitte, il la connaît : « Tous les équipements appartiennent à la commune, mais sont gérés par France Galop. Moi, je loue mes écuries tout au fond du parc, je suis tranquille. En fait, j’habite juste au-dessus. Comme ça, je suis toujours sur place pour m’occuper des chevaux. » Alain Bonin, c’est l’entraîneur à l’ancienne, rigide, exigeant : « J’ai grossi gentiment, je voulais une structure familiale. C’est pourquoi je n’ai jamais plus de 25 à 30 chevaux. La plupart sont
Dole... dans les écuries « Rose doloise », « la Perle doloise », « Vol dolois » Le Jura n’est jamais très loin d’Alain Bonin. Ses chevaux ont été ses ambassadeurs sur les hippodromes depuis près de trente ans : « J’ai couru un peu partout, mais maintenant j’évite les trajets trop longs. C’est pénible et les chevaux n’aiment pas trop. Je reste dans la région parisienne. » Un patron à taille humaine, mais pas facile… Parmi ses cinq employés, sa fille de 19 ans doit faire son boulot comme les autres : « C’est normal, elle court pour le plaisir avec sa licence de femme jockey et apprend les bases comme mes deux autres enfants… » Au milieu des bois de Maisons Laffitte, le Jurassien a quand même réussi à transmettre le virus. C’est peut-être sa plus belle victoire.
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EN QUARANTE-SIX ANS DE CARRIÈRE, LE JURASSIEN A ÉPINGLÉ TRENTE ET UN TIERCÉS.
à moi ; c’est vrai que les propriétaires, j’en ai vite marre. J’ai perdu beaucoup d’argent avec ça… » Un personnage hors norme. Il a monté régulièrement jusqu’à l'âge de 58 ans, ce qui lui a valu une épaule plus basse que l’autre, un bras en délicatesse et un poignet avec une broche. Malgré tout, chaque matin à cinq heures, il est le premier à rentrer dans les box : « Le meilleur atout de l’entraîneur, c’est son œil : je vois vite si une bête est bien ou pas. Il faut sentir le cheval, l’amener au top sans le casser. Les chevaux m’ont fait vivre jusqu’à maintenant, je leur suis très reconnaissant, ils m’ont donné tout ce que j’ai. » Dans ses écuries, il contrôle tout, attentif au moindre détail. Les vétérinaires ? Il évite… Avec son agrafeuse, il a réparé bien des bobos : « Le vétérinaire, je m’en sers pour les vaccins et les radios. Pour le reste, il faut que ce soit exceptionnel ! »
LE VIRUS À SES ENFANTS Quand on lui parle de retraite, il hausse les épaules. Pour faire quoi ? Sa vie, ce sont les chevaux avec des bonnes et des mauvaises surprises : « Quand la forme est là, même les chevaux qu’on ne pense pas compétitifs peuvent gagner ; c’est une magie, mais la plupart des entraîneurs ne sont pas riches. Avant, je ne dis pas… Aujourd’hui il faut sans cesse rentrer de l’argent. De l’extérieur, on parle toujours des gros, mais des milliardaires, je n’en connais pas beaucoup ! » De toutes ces années, Alain Bonin, nostalgique, retient le plaisir : « C’est un beau métier ! La relation avec un cheval de compétition est unique et tous ces moments gomment les difficultés. Les valeurs de travail et d’honnêteté que mes parents m’ont inculquées dans le Jura m’ont permis d’encaisser les coups et de m’endurcir. J’ai fait ce que j’avais à faire et je suis fier de vivre de ma passion, d’avoir éduqué mes enfants. » L’homme n’est pas aigri : « C’est vrai que je reproche à la jeune génération de ne pas être assez investie, de ne pas savoir qu’un cheval vit aussi le week-end. Le métier a beaucoup changé, les public relations et le business ont pris le pas. Tout est devenu très compliqué, mais la complicité avec les chevaux est exceptionnelle. Moi, j’en ai besoin pour vivre. » Vu de Maisons Laffitte, le Jura pourrait paraître bien lointain… Erreur, Alain Bonin le porte au plus profond de ses tripes : « Mon père est mort il y a trois ans, il était fier de ma carrière et, à 87 ans, ma mère regarde tout le temps les courses. Mon seul regret, c’est que mon grand-père n’ait pas tout vu, il est parti trop tôt. Quant à ma sœur, elle me répète sans cesse que je devrais revenir plus souvent. Moi, retourner dans le Jura dans la maison familiale, ça m’irait bien, mais je ne suis pas tout seul… » | 45
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Sébastien Descamps et Pierre Da Campo se sont connus à Besançon, mais c'est dans le nord du Jura qu'ils ont installé leur start-up, No'Madd.
À Sermange, deux rockeurs ont conçu un ampli qui s'émancipe de tout branchement électrique. Une innovation dans l'air du temps.
Da Campo Descamps Pierre
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Rockeurs solaires
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Le premier, 48 ans, c’est l’électronicien. Autrement dit, le technicien de l’équipe, celui qui soude, qui assemble. Lorrain d’origine, Pierre Da Campo est arrivé à Paris quand il avait tout juste un an : « Mon père était mineur de fond, raconte-t-il. Quand les mines ont fermé, il est venu à Paris. Moi, je m’en suis sauvé à 26 ans, quand j’ai eu ma première fille. » S’il s’enfuit, c’est parce qu’il étouffe dans la capitale. L'homme, lunettes noires, cheveux longs et barbe grise, est plutôt du genre écolo, nature et grands espaces, avec un gros faible pour la musique, surtout la basse. Il débarque en 1995 à Besançon, chez Schlumberger, le spécialiste de l'horodateur, distributeur et valideur de titres de transport (aujourd'hui e-City). Le second, 42 ans, c’est le mécanicien, mais plutôt par défaut. Son truc à lui, c’est la musique, version batterie. Bisontin, Sébastien Descamps, atterrit lui aussi dans la même entreprise et, bien sûr, il rencontre Pierre. Amitié, échanges, musique. Les deux compères s’essaient aux concerts, ils jouent un peu partout dans la région, pour se faire plaisir, parce qu’ils aiment faire de la musique. Mais le gaillard, cheveux ras et gueule d’ange, a la bougeotte ; il part bourlinguer quelque temps : « Pour moi, la
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vie c’est le mouvement. La musique m’a toujours fait rêver. » Le voilà qui revient chez Parkeon (nouveau nom de Schlumberger) en 2006. Là, les deux musiciens cogitent, une idée leur trotte par la tête et au fil des mois elle se précise pour devenir finalement une obsession, une vraie conviction : « Notre projet est né deux ans après, on a déposé immédiatement notre première enveloppe Soleau » auprès de l'Institut national de la propriété intellectuelle.
DU BRICOLAGE AU HIGH-TECH Mais quel est donc ce projet si important qu’il ait nécessité le dépôt officiel d’une preuve de création ? Les deux copains, en bons musiciens amateurs, en ont ras le bol des servitudes liées à l’électricité, ils veulent fabriquer un système d’amplis qui s’affranchisse des branchements : « On voulait un ampli qui soit complètement autonome, décrivent-ils. Alors, on s’est fait des boîtes en bois en optimisant le poids de l’ensemble pour que le tout soit facilement transportable. » Les essais leur semblent concluants, ils décident de foncer. C’était en 2014. Après un bref passage à l'Incubateur d'Entreprises
ON VOULAIT UN AMPLI QUI SOIT COMPLÈTEMENT AUTONOME. 47
Innovantes de Besançon où ils se forment au montage juridique de leur société, ils réalisent leurs premiers prototypes en octobre de la même année : « Deux en trois mois, à partir d’une feuille blanche, pas mal ! » Résultat, une bourse French Tech en recherche et développement de 19 000 € par la BPI, la Banque publique d'investissement : « Elle était la bienvenue parce que notre prime de licenciement a vite fondu quand il a fallu acheter le matériel, créer la société et investir dans celle-ci. Mais on est un peu rock’n’roll ; la confrontation au terrain nous plaît, les courbettes et les petits fours, ce n’est pas trop pour nous ! » Et c’est vrai, sous leurs airs cools se cache une farouche machine de guerre. Nos deux rockers sont peut-être rêveurs, ils peuvent donner l’impression de planer avec leurs blagues à deux balles, mais ce sont avant tout des techniciens. No’ Madd — c’est le nom de leur projet — est tout, sauf amateur. Imaginez un ampli qui embarque un panneau solaire, fonctionnant avec la lumière, naturelle ou pas, et qui convertit cette lumière en électricité stockée dans une batterie qui alimente l’ampli. Fastoche, non ? Après sept heures de charge, No’
les amplis solaires prennent vie : « Tout se fait ici, entre ces murs, c’est un sanctuaire, on travaille dans le secret. » Au-delà des musiciens, No’ Madd commence à intéresser les mélomanes avec une clientèle potentielle quasiment inépuisable : « La musique, c’est une manière de vivre, une façon d’appréhender la vie. Il suffit de recharger la batterie et c’est la liberté… » En réalité, c’est là le coup de génie des Jurassiens ; ils libèrent une musique solaire. Résultat, un brevet en bonne et due forme qui protège l’invention : « Nous sommes en rupture avec tout ce qui se fait dans le domaine technologique de l'amplification et du design parce que nous proposons une double prouesse : l’autonomie et la qualité du son. En plus, nous travaillons beaucoup les formes. Des innovations viennent régulièrement s’ajouter aux produits. »
SANS NOS FEMMES, RIEN N’AURAIT PU SE FAIRE !
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Dans leur démarche, ceux qu’on appelle déjà les « luthiers de l'amplification » n’ont pas oublié leurs fondamentaux écologistes. Les caissons sont en médium teinté dans la masse (MDF) et fabriqués à Dole. Les matériaux recyclables (bois, métaux, cartes électroniques…) sont en circuit court : Dole, Saône, Besançon, Pirey… « Nous sommes conformes au Made in France et Made in Jura », clament-ils. Bois du coin, montage à la maison, optimisation à tout-va, débrouille et bien sûr… énergie naturelle : « La lumière est universelle et gratuite, c’est une source d’énergie propre et illimitée. Pouvoir emporter ses amplis où l'on veut, en profiter pendant des heures en toute liberté, voilà l’esprit nomade. Chez le musicien, cette notion est innée. » Qui pourra dire encore que ces deux créateurs sont des hurluberlus ? Ils mêlent savamment précision et détermination. Mais comme tous bons rockers, ils ont un cœur gros comme ça : « Pour arriver là où nous sommes, il nous fallait des épouses vraiment compréhensives. Bien sûr, elles font avec la situation, avec nos caractères, mais elles sont sensibles aux formes et aux couleurs, elles nous donnent des avis très éclairés. Elles sont merveilleuses… » Les femmes… Et si c’était leur bonne étoile ? N’est-ce pas Oneida James-Rebeccu, exbassiste de Joe Cocker, qui est désormais leur ambassadrice et emmène ses amplis No’ Madd aux quatre coins du monde ? |
Déjà, des musiciens de renom, comme l'ex-bassiste de Joe Cocker, ont adopté cette innovation made in Jura.
Madd peut fonctionner trente heures en totale autonomie. Ce petit bijou destiné à l’origine aux musiciens qui se sentent à l’étroit entre quatre murs est imaginé, façonné, bichonné chez Pierre, à Sermange, en bordure de la forêt de la Serre. C’est là qu’est installé leur siège social, au sous-sol d’une petite maison, bordée de champs tout au bout du village. Il a confisqué le garage et aménagé un atelier avec, quand même, un coin pour poser sa basse histoire de décompresser... Dans cet univers de néon, au milieu des composants électroniques, des loupes et des cartons, 48
Pourquoi No'Madd ? Sur leur site internet, Pierre Da Campo et Sébastien Descamps disent que si la lumière brille pour tout le monde, c'est dans le Jura qu'elle a un son. La formule sonne vraie, mais que se cache-til en réalité derrière l’appellation « No’Madd » ? En fait, le duo aime jouer aussi avec les vocables. La marque fait déjà référence au mot « nomade » pour l’aspect liberté et itinérance des amplis. Mais, en anglais, No Mad signifie littéralement « pas fou », ce qui nous renvoie à l’énergie solaire accessible pour qui a la bonne idée de l'utiliser. Enfin, les deux « D » qui terminent le mot sont les initiales patronymiques des deux concepteurs (Da Campo et Descamps). C’est aussi un clin d’œil au Développement Durable et — plus technique — une allusion à la bi-amplification en classe D.
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www.tourisme-paysdesaintamour.com 03.84.48.76.69
Voir, vivre, découvrir : vos vacances ne seront pas assez longues ! ete 2016
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« Le Bistrot de Paris », « chez René », « chez Fred », « chez Georges », « Chez Savy »… Tous les restaurants qu’il a rachetés depuis bientôt quinze ans ont un point commun, ce sont tous des hauts-lieux artistiques et culturels de la capitale fréquentés par les plus grands.
À Paris,Jean-Gabriel de Bueil reçoit à ses tables écrivains, journalistes, hommes politiques... et cache une âme nostalgique tout droit venue de ses racines jurassiennes.
de Bueil Jean-Gabriel
Passeur d'âme
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Comment pourrait-on dire ? Atypique, décalé, hors norme ? S’il est vrai qu’à 42 ans, l’homme ne trouve pas nécessaire d’avoir son permis, s’il a un goût plus que prononcé pour tous les lieux chargés d’histoire, patinés par le temps, il ne faudrait pas en déduire pour autant que Jean-Gabriel de Bueil n’est pas un enfant du siècle. Au contraire… Avec sa mine d’éternel enfant, ses yeux étonnés et sa dégaine plutôt cool, il est une forme de synthèse entre hier et demain, bien à sa place dans ses bistrots, à sourire au client sous les portraits de Cocteau ou de Colette, à conseiller un melon à queue rouge du domaine de la Pinte. Mais l'homme a l’œil et l’oreille sans cesse en éveil, au cas où… Si son père, un homme à l’ancienne issu d’une famille catholique et aristocratique du siècle dernier, venait de Haute Normandie, sa mère Florence, en revanche, était bien jurassienne, de la lignée de Broissia, dont la vieille maison familiale à Blandans semble défier Château-Chalon. C’est dans cette demeure que le petit Jean-Gabriel passe tous les étés de sa jeunesse, avec ses grands-parents : « Ce sont les années du bonheur. J’étais pris en main par Godard et Lamard qui s’occupaient du domaine. Ils m’ont donné le goût de la terre et m’ont tout appris, ils ont toujours vécu là avec leur intégrité et leurs valeurs. » Puis viennent les années sombres. Le décès de son père - qu’il avoue avoir finalement peu connu - alors qu’il a dix ans à peine, une mère veuve avec cinq enfants qui gère comme elle peut : « C’était très compliqué, chacun avait un instinct de survie. »
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Quelque chose se brise : « Je suis de culture chrétienne, mais quand mon père est mort, j’ai perdu deux pères, le vrai et Dieu qui n’a rien fait pour le retenir. Je me suis construit dans la négation. » Sa scolarité bascule d’exemplaire à chaotique, si bien qu’en terminale, plus aucun lycée ne veut de lui. Il passe son bac en candidat libre et, miracle, le décroche ! Mais les épreuves ne sont pas terminées ; à vingt-et-un ans, il perd sa mère. Années noires : « La perte de mes parents m’a permis de renaître et de redéfinir de nouvelles orientations dans ma vie. Leur départ rapide a été une forme de cadeau, j’ai pris des chemins de traverse. »
LA CANTINE DE SERGE GAINSBOURG Il part étudier l’hôtellerie dans le canton de Vaud, en Suisse : « Je savais au moins que je ne voulais pas porter de costume, pas d’une vie qu’on passe en réunion, enfermé toute la journée… » Trois ans d’école à Glion, et deux autres années à l'université de Lausanne pour étudier le tourisme. Retour à Paris. Là, il travaille avec un patron qui
LE JURA, C'EST LÀ OÙ JE VAIS QUAND JE N'AI PLUS D'ÉNERGIE. 51
lui apprend les ficelles du métier et, en 2002, à 28 ans, il rachète « le Bistrot de Paris » où Serge Gainsbourg avait ses habitudes : « Je n’avais pas l’argent nécessaire, alors je me suis associé avec un ancien financier de Londres. Au bout de six ans, il s’est marié et j’ai fait alors équipe avec mon beau-frère, Dominique Paul. La société est entièrement familiale, indépendante, sans aucun partenaire financier, basée sur nos valeurs ! »
et politique de premier plan, et accueillir tout ce monde signifie que je ne peux pas embaucher des gens sans caractère. Dans mes équipes, les origines sont multiples et c’est ma fierté. Ils ont des identités différentes, s’engueulent, mais se respectent. Tout peut coexister. » Ce penchant pour le métissage culturel est ancré en lui à travers sa propre histoire ; sa femme est d’origine libanaise et sa fille de 14 ans, prototype de la petite parisienne, a appris à aimer le Jura en le suivant dans les vignes : « Tout est possible ! Je suis fier de mon aventure entrepreneuriale, elle a un sens, mais je me méfie de moi-même. Dans ce métier, il y a des hauts et des bas et j’ai appris que les plus belles affaires se font en dehors des bilans, elles s'édifient sur la réputation et la qualité des équipes. Quoi qu’il arrive, je sais que je fais un parcours sans tromper personne ! ».
UNE RÉPUTATION... ET DU CARACTÈRE Ces valeurs, justement… Pas le goût de l’argent, c’est sûr ; plutôt la qualité et la réputation. En 2007, il rachète « Chez René », en 2010 « Chez Georges », en 2014 « Chez Fred » et, il y a quelques mois, « Chez Savy » : « Je ne suis pas un homme d’affaires, tout a été racheté par coup de cœur. J’aime les vieilles maisons qui ont une âme, je les acquiers pour leur passé historique, culturel ou politique. C’est un acte de résistance, car ces lieux, on ne les refera plus jamais, alors, si je peux éviter qu’ils ne deviennent des magasins de chaussures et dire aux gens toute
LE JURA EST UN ACTE DE RÉSISTANCE
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Alors, l’avenir ? Pour l’instant, Jean-Gabriel de Bueil se contente d’être un patron : « Ma priorité, c’est assurer du travail à mes employés. Entrepreneur est un métier de chien, on bosse comme des ânes, mais je suis formaté comme ça, j’aime en baver ! » Quelque chose du gamin jurassien est toujours là, il se verrait bien reprendre un petit bout de vigne du côté de ChâteauChalon : « Le Jura est une terre de chardonnay comme la Champagne ou la Bourgogne et je suis certain que le vignoble jurassien va exploser dans l’avenir. » Le Jura, c’est là qu’il revient pour recharger les batteries, pour retrouver ses racines terriennes : « Il faut pousser les portes, savoir écouter... » En attendant, assis à la petite table où dînait la veille l'académicien Alain Finkielkraut, une tartine de rillettes d’une main et un verre de poulsard de l’autre, le gaillard sourit sous les boiseries patinées : « Peut-être qu’un jour, j’écrirai un livre. Échanger avec Antoine Gallimard, accueillir au même service Élisabeth Lévy et Jean-Christophe Cambadélis, ça ouvre l’esprit. Ces rencontres me nourrissent. Alors comme ma fille n’a pas d’attirance pour les bistrots et que j’ai trois neveux, je me dis qu’avec un peu de chance, il y en aura bien un qui ne fera pas d’études et prendra le relais. Sinon, je me verrais bien dans une petite maison tranquille manger des produits sains dans un environnement authentique. Le Jura est le modèle de ce qui a été et qui n’est plus, accueillant quand on n’est pas tout puissant et riche. C’est un acte de résistance ! » |
« Peut-être qu'un jour, j'écrirai un livre », avance Jean-Gabriel de Bueil qui, dans ses restaurants, côtoie de nombreux écrivains et autres gens de lettres.
leur histoire, j’aurai fait quelque chose de bien ! » Aujourd’hui, quatre-vingts personnes travaillent pour lui dans des lieux magiques, où aiment à se retrouver des esprits aussi éclectiques que Bernard Pivot, Pierre Berger, Jean-Marie Gustave Le Clézio, Francis Veber ou Woody Allen. « Chez Savy » accueille chaque jour les journalistes de RTL, « le Bistrot de Paris » est le fief de Gallimard autant que la cantine du Parti socialiste, Alain Finkielkraut et Jean Clair dînent régulièrement « Chez Georges » : « J’ai une clientèle littéraire 52
Le 13 novembre, Paris a pris un coup sur la tête Quand Jean-Gabriel de Bueil en parle, son regard se fige et s’enfuit on ne sait où. Ce vendredi maudit, seuls les Parisiens peuvent savoir ce qu’il représente de peur et de douleur. La fin d’une certaine innocence : « C’est un cauchemar qui ne disparaît pas, encore aujourd’hui. Tout a basculé, une vraie boucherie et, économiquement, on ne s’en est pas remis. J’ai la chance de travailler le midi avec une clientèle d’affaires, de fonctionnaires, il y a eu une baisse, mais ça reprend doucement. Par contre, les touristes du soir ont diminué de 20 %. Personne ne gagne d’argent depuis le 13 novembre et la psychose est là. Les gens pensent que ça va recommencer. Paris a pris un gros coup sur la tête ».
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HAUT-JURA SAINT-CLAUDE
Réalisation : éditions du Jura
Photos : Elisa & Max Best Jobers
terre de contrastes et de savoir- faire
Nos richesses se déclinent sur saint-claude-haut-jura.com
Office de Tourisme Haut-Jura Saint-Claude
1, avenue de Belfort - 39200 SAINT-CLAUDE 03 84 45numéro 34 24 / 39 contact@saint-claude-haut-jura.com
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Victor Kuhni
Un Jurassien met en scène Lacoste aux JO de À 32 ans, le Bletteranois qui a déjà travaillé avec le couturier Jean-Paul Gaultier, conçoit des vitrines pour Lacoste dans le monde entier. Son nouveau terrain de jeu ? Les Jeux olympiques.
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entier. Ce sera en juillet. Mais d’ici là, motus… On saura simplement que la scénographie fera la part belle aux symboles de la France, ainsi qu’à notre bleu, blanc, rouge national.
L'ARCHITECTE
A b LACOSTE
Après un salutaire voyage en Italie pour fêter la fin de ses études et l’obtention de son diplôme d’architecte, Victor Kuhni s’est dit qu’il faudrait, peut-être, maintenant… se mettre au travail. C’était en 2006 et, depuis, il n’arrête plus ! Architectescénographe de 32 ans, ce Jurassien, belle gueule et allure longiligne, a grandi à Bletterans et travaille pour Lacoste depuis un an et demi. Il conçoit, avec son équipe, les vitrines du monde entier de la prestigieuse marque au crocodile. Sur chaque thème, qu’il s’agisse de Roland-Garros, l’US Open, les Jeux olympiques ou encore de Noël et des nouvelles collections, le jeune homme participe aux choix techniques, artistiques et scénographiques. Avec les spécialistes de Lacoste, il imagine jeux de lumières, de couleurs et de volumes. Dans leur « vitrine-atelier », ils cogitent ensemble pour réaliser des mises en scène élégantes et sportives. « Quand nous tenons notre idée, nous faisons réaliser un ou plusieurs prototypes et réajustons chaque détail. Une fois que tout est validé, nous lançons la production », explique le calme et souriant Victor Kuhni. C'est ainsi que, cent jours avant la cérémonie d’ouverture des JO, Lacoste, habilleur officiel des équipes de France olympique et paralympique, a sorti une vitrine clin d’œil avec des portraits d’athlètes vêtus de la tenue olympique. Prochaine étape, la sortie des vitrines officielles des JO dans le monde
Une des tenues officielles de l'équipe de France aux Jeux olympiques de Rio où le Jurassien va intervenir pour la marque au crocodile. 56
Victor Kuhni n’était pourtant pas destiné à entrer dans ce monde de la mode. Le hasard, son amour des gens et sa soif d’expériences nouvelles en ont décidé autrement. Et son sens artistique aussi : Danielle Brûlebois, son institutrice de CM2, garde un souvenir excellent de cet élève « brillant et déjà très créatif. Il était sensible à la musique et à l’art. Je me souviens qu’il aimait beaucoup les tableaux d’art moderne. Il avait un raisonnement et une faculté d’assimilation assez étonnants. Et il était très gentil. » Plus tard, le Jurassien obtient son diplôme à l’Ensais de Strasbourg, monte à Paris, sa ville de cœur, et s’enthousiasme pour plusieurs projets architecturaux très excitants. « Mon tout premier boulot, c’était le concours international des halles à Paris. J’ai travaillé pour Mansilla & Tunion, des gens que j’étudiais à l’école deux mois avant ! On a perdu, mais le projet que nous avions présenté était absolument génial, sans doute pas assez politiquement correct… » Victor Kuhni enchaîne ensuite les belles expériences et finit par se faire embaucher par une agence parisienne de renom. « Celle qui a fait le lycée Le Corbusier à Lons, le monde est petit ! » Il travaille sur le concours du lycée français à Brasilia, le centre européen de la céramique à Limoges et d’autres marchés moins prestigieux mais sacrément utiles, comme des casernes de pompiers, des écoles ou des lycées. Au bout de quatre ans de travail, Victor Kuhni s'émancipe. « L’architecture est une bonne école de la patience ! Surmonter les difficultés, gérer les contraintes… j’ai quitté l’agence. Je me suis pris quelques mois et j’ai fait un bilan de compétences. Malgré un moment où je me suis remis en question, il s’est avéré que j’étais finalement bon dans ce que je faisais ! »
JEAN-PAUL GAULTIER ET SES MISS Une nouvelle aventure va confirmer le diagnotic et faire pétiller de nouveau les yeux clairs du Franc-comtois : « On me propose un projet événementiel au Grand Palais. Une sacrée opportunité ! J’ai créé mon agence, tout en montant le projet ». Compliqué ? Certes, mais Victor Kuhni aime ça, les défis. Enthousiaste et résolument positif, il ajoute : « J’ai apprécié de mener de front les deux dossiers. Ils se sont enrichis mutuellement, même si cela a néces
VICTOR KUHNI A TRAVAILLÉ SUR LE DERNIER DÉFILÉ DE JEAN-PAUL GAULTIER. numéro
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C'est le Bletteranois Victor Kuhni qui a scénographié le dernier défilé prêt-à-porter de Jean-Paul Gaulthier.
sité beaucoup de travail. » Cet événement, le gala des 100 ans de la Fédération d’escrime, réunit 8 000 personnes au repas et comprend un concert de Sting, des jeux de lumière gigantesques, des vidéos, etc. « Cette expérience m’a ouvert la porte des défilés. » Et pas des moindres ! En septembre 2014, le Jurassien scénographie le tout dernier du grand couturier Jean-Paul Gaultier, qui venait d'annoncer tirer sa révérence dans le prêt-à-porter, désireux de se concentrer désormais sur la haute couture et les parfums. « On a appris la nouvelle par communiqué de presse durant les préparatifs, se souvient le jeune homme au visage anguleux, témoin de sa ténacité. Cela nous a mis une toute petite pression supplémentaire ! » Mais le résultat est salué par la presse. Le Monde a alors parlé d'« un ultime show de prêt-àporter euphorisant et populaire, aux airs d'émission télévisée des années 1980 ». « Si le show était résolument grandiose - il a duré une bonne demi-heure au lieu de l'habituelle quinzaine de minutes et avait plus l'air d'une revue de théâtre que d'une présentation de vêtements - le mode émotion n'était pas poussé à la caricature », a salué Les Inrocks.
EMPORTÉ PAR LA FOULE Plus tard, Victor Kuhni concevra des cubes aériens visibles de l’intérieur et depuis la rue, pour la plus grosse boutique Svarowski d’Europe, à Vienne (Autriche), mêlant les créations 58
de Gaultier et celles du bijoutier. Victor Kuhni garde de cette période « Gaultier » un souvenir magique : une équipe « top », des gens motivés qui se plient en quatre pour que tout soit parfait. À cette époque, et pendant un an et demi, il ne dort que quatre heures par nuit et encore moins durant les Fashion Weeks. « J’ai un peu levé le pied sur les événements ! » Car un autre défi s’ouvre bientôt à lui. Lors d’un after-show, Victor Kuhni, promenant sa bonne étoile, rencontre une jeune femme « qui travaille chez Lacoste ». « On a bu un café, elle m’a intégré à son équipe », résume-t-il, avec un peu d’humour. Aujourd’hui, il travaille à plein-temps pour la marque au crocodile durant la semaine et continue sur les défilés le week-end. Ce rythme soutenu ne le coupe pas du monde : « Certains aiment se lover dans un cocon, se retrouver isolés pour créer. Moi, c’est le contraire : plus je vois de gens, plus je voyage, et plus j’ai d’inspiration ». Sa belle-sœur confirme ce penchant pour « le monde » : « Tu veux sortir dans un endroit sympa ou découvrir le dernier resto branché de Paris ? Tu appelles Victor. C’est aussi quelqu’un de très généreux et de confiance. Il a gardé les mêmes amis depuis la maternelle. » Le jeune Bletteranois sait qu’il ne fera pas ce métier trépidant toute sa vie, mais il savoure le présent, persuadé que plus loin, d’autres défis l’attendent. |
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Office de Tourisme Place Jean Jaurès
39400 Morez Tél. : 03 84 33 08 73
tourisme@haut-jura.com
www.haut-jura.com
Découvrez l’histoire De vos lunettes À travers ses collections aux pièces uniques, le Musée de la lunette vous propose un voyage à travers les siècles et les continents. Initiez-vous aussi au fonctionnement de l’œil, organe de la vision, et veillez à ne pas tomber dans le piège de nos illusions d’optique ! è Musée de la lunette - www.musee-lunette.fr - Tél. : 03 84 33 39 30
escalaDez la via ferrata
Photos : J.Carrot et/Musée de la lunette/B. Becker
Avec ses échelles, câbles tendus, ponts de singe et tyroliennes, la via ferrata de la Roche au Dade est une fabrique à sensations ! À flanc de falaise, vous aurez parfois l’impression d’être suspendu au-dessus de la ville. Saisissant ! è Accès gratuit. Matériel spécifique obligatoire. Possibilité d’accompagnement par des moniteurs diplômés.
suivez les traces De l’émail Tout au long de la ville, un circuit dédié au patrimoine industriel morézien vous invite à découvrir l’histoire économique de la ville entre émail, horlogerie et lunetterie. è Parcours composé de 23 plaques explicatives. Plan de visite disponible gratuitement à l’office de tourisme. La Maison de l’émail vous invite à découvrir l’histoire et les techniques de l’émail à travers une exposition permanente et des ateliers d’initiation. è Maison de l'émail, 199 bis rue de la République. Tél. : 03 84 33 31 29
Passez une journée à Morez… Nichée au cœur du Parc Naturel Régional du Haut-Jura, Morez possède une riche tradition artisanale et industrielle avec la lunetterie et l’émail. Morez est également un formidable terrain de jeu pour les amateurs d’activités en plein air.
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Kuhni indiscrétions ¢ Mon principal défaut ? Être (trop) exigeant, avec moi comme avec les autres. Mais je sais reconnaître les efforts. Au moins, on ne peut jamais reprocher à quelqu’un d’avoir essayé.
¢ La qualité dont je suis le plus fier ? b JEAN-CLAUDE DECAUX
La curiosité. Il faut aller voir ailleurs. C’est toujours super important de garder l’esprit ouvert pour analyser ce qui nous entoure.
¢ Je roule en… Vélib. À Paris, c’est beaucoup plus pratique et écologique. Sinon, j’utilise les transports en commun.
¢ J'habite… À Paris. Un appartement du XXe arrondissement qui a été un de mes premiers projets perso.
¢ Si je t'invite, je te cuisine… Rien du tout. On va au resto. Ça permet de découvrir des lieux sympas et de tester de nouveaux plats. Si je dois vraiment cuisiner, je te fais un super brunch. C’est ce que je préfère.
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¢ Mon téléphone, c'est un… iPhone 6S. Plus grand. C’est ma 4e main (après mon ordinateur).
¢ L'application dont je ne peux pas Whatsapp. J’ai au moins 15 conversations de groupes en tout genre. 70 messages en moyenne par heure.
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me passer ?
SUPERHÉROS, ÇA NE DOIT PAS ÊTRE FACILE COMME JOB. 60
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b JEAN-CLAUDE DECAUX
¢ La série TV avouable dont je ne manque
aucun épisode... et la “non avouable” ?
Je n’ai plus vraiment le temps de regarder des séries. C’est trop chronophage. Et honnêtement, je n’ai pas la patience d’attendre une semaine pour connaître la suite.
¢ Mon livre de chevet ? En ce moment je lis L’ombre du vent de Carlos Riuz Zafon qu’un ami m’a offert.
¢ Ma bande originale ? Je suis très éclectique en musique. Et j’aime les mélanges. Ça va de Etta James au dernier album de Beyonce en passant par Gainsbourg… Mes derniers coups de cœur ont été pour Paradis Toi et moi et Yanis Hypnotised. Des petits Français électro qui tournent en boucle dans mes oreilles !
¢ Mon resto/bar à cocktail préféré ?
¢ Le magazine que je lis… J'adore les magazines. J’en ai des piles partout dans mon appartement. Mes préférés : W (magazine de mode américain) et l’incontournable Vogue.
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En ce moment c’est Season, 1 rue Charles-François Dupuis, Paris 3e. En plus, la carte change à chaque saison (d’où le nom). Aussi bien qu’une deuxième maison !
¢ Les trois personnes qui ont été détermi-
nantes dans mon parcours professionnel ? Mes parents, pour m’avoir fait voyager et rendu plus ouvert sur le monde. M. Noerdinger, mon prof d’arts plastiques au collège, un des premiers à m’avoir appris à regarder les choses sous un autre angle. Et mon frère, pour m’avoir poussé à me lancer seul et à croire en moi.
¢ La personne que j'admire le plus ? Il y en a tellement… Je dirais l’architecte Rem Koolhaas car j’ai récemment visité la Casa Da Musica qu’il a réalisée à Porto. Splendide.
¢ Demain, je change de métier b DR
pour devenir…
Acteur. C’est un métier qui me fascine. J’adorerais jouer, mais j’aurais peur que des bribes personnages se mélangent dans ma tête !
¢ Si j'étais un superhéros, je serais… Je serais… bien embêté ! Ça ne doit pas être facile comme job. Un emploi du temps encore plus complexe que le mien !
¢ Ma devise ? Change ce que tu peux changer et accepte ce que tu ne peux pas changer.
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L'hymne national est né en avril 1772 dans la tête d'un Jurassien. Après les attentats de Paris de janvier et novembre 2015, il a été chanté et joué aux quatre coins du monde.
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Un jeune homme joue spontanément La Marseillaise à la trompette sur la place de la Nation, à Paris, le 11 janvier 2015 à la fin de la marche républicaine qui a vu défiler plus de 2 millions de personnes à Paris (4 millions dans toute la France) en réaction aux attaques terroristes des 7, 8 et 9 janvier 2015 qui ont notamment visé le journal satirique Charlie Hebdo.
A
Après les attentats du 13 novembre 2015 à Paris, le monde entier a chanté La Marseillaise, ce chant de guerre pour l'Armée du Rhin qu'un Jurassien de naissance, Claude Joseph Rouget dit de Lisle, a composé en avril 1792 à Strasbourg. En France, elle a été reprise par la foule qui s'est recueillie en hommage aux 130 morts tués dans les attentats ; elle a été entonnée sur les places des villages, dans les cours d'école, les salles de spectacle, au château de Versailles, où députés et sénateurs se sont réunis en congrès extraordinaire le 16 novembre. Sur tous les continents, on l'a entendue devant les ambassades de France, dans le stade de Wembley, pendant le match amical de football entre l'Angleterre et la France, lors de la rencontre de basket des Spurs de San Antonio, l'équipe des Français Tony Parker et Boris Diaw, face aux Sixers... Elle a été donnée à l'Opéra Bastille, avant la représentation de L'Elisir d'amore de Donizetti, à New York, en ouverture de la Tosca de Puccini, donnée par l'orchestre du Metropolitan
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b PHOTO MUSÉES DE STRASBOURG, M. BERTOLA
Isidore Pils : Rouget de Lisle chantant la Marseillaise. Dépôt du Musée du Louvre . au Musée Historique de Strasbourg.
Opera, dirigé par Placido Domingo, et son chœur, et même dans la nef de la cathédrale Notre-Dame, quand l'organiste décida de la jouer. « Dans l'assistance, certains ont pu être étonnés, voire choqués, que ce chant aux paroles belliqueuses et anachroniques soit présent au cours d'une messe, confiait Olivier Latry, plus tard au quotidien La Croix. Mais la force du symbole dépasse les mots. » C'est qu'il y a peu encore, l'hymne national ne bénéficiait pas d'une cote de popularité très élevée. Ses paroles étaient fustigées, sa musique supposée ne pas tenir la comparaison avec d’autres hymnes à l’allure moins martiale et au rythme plus lent... Longue était la liste des griefs. Certains ont songé à la transformer (dont Lamartine et le grand Hugo) ; d'autres l'ont carrément détournée, qu'il s'agisse de Django Reinhardt, Serge Gainsbourg et même des Beatles qui ont repris ses premières mesures au début de All you Need is Love. C'était avant. Avant les attaques terroristes de la capitale.
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Joseph Rouget de l'Isle, le Jurassien qui composa La Marseillaise.
Désormais, on n’hésite plus à porter haut les trois couleurs du drapeau national et à entonner « Allons enfants de la Patrie...». Jusqu'à cette année 2016 qui a été déclarée par le président de la République « année de La Marseillaise ».
Curieux destin que ce chant écrit en 1792 par Rouget-deLisle, jeune capitaine du génie né à Lons-le-Saunier, dans le Jura, le 10 mai 1760. L’amateur éclairé, en garnison à Strasbourg, a réussi à donner à la « Grande Nation » un chant à la fois populaire et officiel. Beaucoup a déjà été dit quant à l’auteur. Sa terre natale ne l'a pas complètement oublié. Dans la préfecture jurassienne, un musée rassemble de nombreux documents originaux, des objets personnels (son sabre, l’archet du violon de La Marseillaise, etc). Une statue trône sur la place de la Chevalerie depuis 1882. C'est le célèbre Bartholdi (également sculpteur du Lion de Belfort et de la Statue de la Liberté) qui a réalisé cette œuvre. À quelques kilomètres, par des panneaux et une guirlande lumineuse accrochée à une façade, Montaigu rappelle que Claude Ignace Rouget et Jeanne Madeleine Gaillande, ses parents, habitaient en réalité dans le village.
DANS UN JURA RÉVOLUTIONNAIRE En fait, il n’y a rien d’étonnant que ce Chant de guerre de l’Armée du Rhin sortît de la plume d’un Lédonien. En dépit d’une forte imprégnation chrétienne remontant au VIe siècle, le département du Jura avait très tôt nettement penché du côté
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b RUE DES ARCHIVES/RDA
DE LONS À MARSEILLE
de la Révolution. Cet ancrage révolutionnaire était devenu impérial après 1804. Les Jurassiens sont nombreux dans les armées napoléoniennes. À Waterloo, le dernier carré des fidèles compte plusieurs Jurassiens, dont Michel, général de la Garde, originaire de Villevieux, ou Pajol, commandant du IIIe (ou IVe) corps de cavalerie. À Nozeroy, tout à côté de l’église, un mausolée
TABLES EPICURIENNES à LONS-LE-SAUNIER
Le restaurant La Comédie est une adresse de charme où le décor épouse harmonieusement la cuisine du chef Christophe Bassard.
65 place de la Comédie 39000 Lons-le-Saunier +33 (0)3 84 24 20 66 39 Ouvert du mardi au samedi
numéro restaurant-lacomedie.com
11 place Perraud 39000 Lons-le-Saunier +33 (0)3 84 86 49 68 Ouvert du mardi au samedi
La Table de Perraud est un restaurant gourmand, idéal pour 65savourer son dîner ou son déjeuner dans la ville thermale du Jura.
2016, année de La Marseillaise 2016 sera « l’année de La Marseillaise ». La décision avait été prise par le président de la République avant les attentats qui ont endeuillé la France en 2015. À Paris, le Musée de l’Armée organisera une exposition consacrée à La Marseillaise de juin à octobre à l’Hôtel national des Invalides. En décembre, Le ministère de la Défense et le ministère de l’Éducation nationale, de l’Enseignement supérieur et de la Recherche organiseront un colloque de recherche sur l’histoire de notre hymne national. Les réflexions et les débats aborderont les différentes facettes de La Marseillaise, son origine, son contenu, sa symbolique, son caractère contemporain et sa dimension internationale.
représente Claude Pajol, gisant dans son uniforme de hussard. Pajol, un des derniers palatins du rêve impérial. Alors que la France d’Ancien Régime était très morcelée, les révolutionnaires, surtout les conventionnels, sont d’emblée jacobins. Ils veulent un État fort au-dessus d’une nation centralisée. Décrétée chant national le 14 juillet 1795, après la réaction thermidorienne, La Marseillaise sert de catalyseur aux forces centripètes visant une nation forte et unie par les nouveaux principes issus des Lumières et mis en scène depuis 1789. Cependant, il ne faudrait pas croire l’unanimité faite autour de ce qui est d’abord un chant de guerre. Interdite sous l’Empire où on lui préfère Le chant du départ, La Marseillaise « ne serait jamais, précise Thierry Lentz, directeur de la Fondation Napoléon, un chant réglementaire des armées napoléoniennes. Ce chant était révolutionnaire et Napoléon avait conservé une certaine horreur des excès révolutionnaires, rejet qu’il avait en partie reporté sur La Marseillaise. L’autre raison était que l’Empereur détestait Rouget-de-Lisle, sans doute parce que ce dernier avait trempé dans des affaires d’argent. La Marseillaise a été jouée une seule fois sur un champ de bataille, c’était à Waterloo. Il s’agissait, alors que la bataille prenait une mauvaise tournure, de propagande visant à entraîner les soldats. » C’est seulement en 1879 que La Marseillaise devient l’hymne national. Face à la menace d’une possible restauration monar-
La statue de Rouget de Lisle a été érigée en 1882 place de la Chevalerie à Lons-le-Saunier. Elle a été sculptée par Bartholdi à qui l'on doit aussi la Statue de la Liberté de New York.
chique, les Républicains lui retrouvaient des vertus émancipatrices. Il y avait plus ! Dans son maître-livre La fin des terroirs, l’historien américain Eugen Weber a montré de façon saisissante combien la France rurale de la fin du XIXe était soumise à des coutumes et des traditions remontant au passé le plus lointain. Avec d’autres symboles, une tâche importante était assignée à La Marseillaise : unifier un pays bigarré, alourdi de particularismes locaux.
CE QUE LA MARSEILLAISE A À NOUS DIRE
LA MARSEILLAISE, « SYMBOLE DE NOTRE UNION ET DE NOTRE RÉSISTANCE », POUR FRANÇOIS HOLLANDE. 66
Acteur mineur de l’Histoire, Rouget-de-Lisle, parce qu’il a composé des couplets dont l’écho s’est propagé jusqu’à nous, retrouve toute sa place dans le panthéon républicain. Ce qui au départ n’était que le Chant de guerre de l’Armée du Rhin va prendre une coloration particulière car adoubé par la « Grande Révolution ». Il fallait un air tonique et des paroles martiales à la Grande Nation de 1793 alors qu’elle courait un grave danger, miné de l’intérieur et menacée de l’extérieur. Plus tard à travers le monde, des révolutionnaires ont pu brandir La Marseillaise comme un étendard, comme ont pu le faire, de façon plus pacifique, des hommes et des femmes tout simplement épris de liberté. Les révolutionnaires russes de 1917 l’adoptèrent dans un pre-
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Et si La Marseillaise était marseillaise Depuis longtemps, Marseille revendique ses droits sur La Marseillaise. C'est, affirme-t-elle, sur son territoire que le chant a pris son envol, lors d'un banquet que la Société des Amis de la Constitution de Marseille a donné chez le traiteur Honoré David. C’est aussi le seul hymne national au monde à porter un nom qui fait référence aux habitants d’une ville. Dans la cité phocéenne, un musée qui vient de rouvrir après plusieurs mois de fermeture, entend rappeler cette filiation. Il a été installé à l'emplacement même de l'ancien Club des Jacobins d'où les Fédérés marseillais sont partis pour la capitale en entonnant le Chant de guerre pour l'armée du Rhin, composé quelques semaines plus
mier temps, avant de lui préférer L’Internationale, œuvre d’un autre Français, Eugène Pottier. Un peu partout à travers le monde, des courants révolutionnaires ont utilisé Aux Armes Citoyens... comme un chant de ralliement, un hymne propre à faire vibrer les cœurs et les corps, que ce soit en Chine, au Chili ou en Espagne. Ces exemples attestent l’universalité de ses paroles : à la société d’ordre traditionnelle devait succéder le millénarisme révolutionnaire, annonciateur d’un homme nouveau et d’un avenir radieux. En 1989, à Pékin, une Marseillaise en français avait été reprise sous la bannière « Vive la liberté ! » hissée par les étudiants de français de l’Institut des langues. Au-delà de nos frontières, La Marseillaise a donc été adoptée par les révolutionnaires de nombreux pays. Avec son air facile à retenir, elle avait l’avantage de canaliser les ardeurs de celles et ceux qui voulaient en finir avec l’ancien monde. Avec les attentats terroristes de 2015 en France, l’ennemi a changé, d’origine, de visage et de méthode, mais ses sombres desseins sont autant de menaces sur nos valeurs et notre style de vie.
tôt par Rouget-de-Lisle. L'association des Amis du Mémorial de La Marseillaise chère à Yannick Mireur, politologue spécialiste des États-Unis et fondateur de la revue Politique américaine, a maintenant le projet d'offrir à Marseille (et à Paris) une sculpture, non pas du Jurassien, mais du Dr François Mireur. « C'est une figure oubliée, mais qui vaut le détour ! C'est grâce à ce jeune volontaire aux armées, alors fraîchement diplômé de la prestigieuse faculté de médecine de Montpellier, que La Marseillaise s'appelle La Marseillaise. Il la chanta à Marseille le 22 juin 1792, et les Marseillais, enthousiastes, la reprirent en marchant vers Paris, puis vers le front pendant l'été, avant qu'elle soit décrétée hymne
national le 14 juillet 1795. Luimême mourut six ans plus tard, à 28 ans, en Égypte, aux premiers jours d'une marche effroyable à travers le désert en plein juillet. Si effroyable qu'il défia Bonaparte de réviser ses plans ! » justifient ses promoteurs. Cette entreprise bénéficie du parrainage de la nageuse Laure Manaudou et de l'architecte Rudy Ricciotti, dans la perspective des Jeux olympiques de Rio (où chacun espère entendre l'hymne national français synonyme de médaille d'or). Une souscription a été lancée sur Internet. PMémorial de La Marseillaise. 23, rue Thubaneau, 13001 Marseille. Téléphone : 04 91 91 91 96.
La Marseillaise en spectacle
Aux Invalides, le 27 novembre dernier, lors de l'hommage national aux victimes des attentats du 13 novembre, c'est une version peu connue, qui a été choisie : «Amour sacré de la Patrie Conduis, soutiens nos bras vengeurs Liberté, Liberté chérie Combats avec tes défenseurs ! Sous nos drapeaux, que la victoire Accoure à tes mâles accents ! Que tes ennemis expirants Voient ton triomphe et notre gloire ! » « Le patriotisme que nous voyons aujourd'hui se manifester, avec ces drapeaux, ces Marseillaise... tout cela n'a rien à voir avec l'instinct de revanche ou le rejet de l'autre, c'est le symbole de notre union et de notre résistance» a déclaré François Hollande lors de son discours. Si ce chant guerrier entendait balayer les monarchies, il reflète l’éclat d’une histoire, celle de nos ancêtres, devenue la nôtre. Alors que s’est instauré un « malaise dans la démocratie » ( Jean-Pierre Le Goff) et qu’il faut tenter de « comprendre le malheur français » (Marcel Gauchet), essayons d’entendre ce que La Marseillaise a à nous dire : « ce cher vieux pays » (Charles de Gaulle) a d’autres rendez-vous à prendre avec l’Histoire. |
Plusieurs rendez-vous sont programmés à Lons-le-Saunier : projection de La Marseillaise de Renoir le 6 juillet au cinéma 4C, spectacle Il était une fois La Marseillaise les 7, 8, 9 et 10 juillet à 21 h 30 près de l'ancien Hôtel de Ville, ou encore palmarès de la Marianne d’Or le 13 juillet.
PMusée Rouget-de-Lisle à Lons-le-Saunier. 24, rue du Commerce. Du 1er juillet aux journée du patrimoine, ouvert du lundi au vendredi de 14 h à 18 h, samedi, dimanche et jours fériés de 14 h à 17 h. Tél. : 03 84 47 29 16.
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C'est un éperon rocheux que l'on gagne depuis Cernans, au-dessus de Salins-les-Bains. Sylvie Vermeillet aime à venir s'y ressourcer. 68
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Sylvie Vermeillet Mon Jura à moi numéro
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Élue de la République comme l'a été son grand-père avant elle, cette Jurassienne ne se verrait pas vivre loin d'un Jura qui la nourrit par ses paysages, ses habitants et son histoire.
Ce lieu se découvre en remontant l'Angillon jusqu'à sa source. Protégés par une grotte, deux ours attendent les visiteurs, dans la reculée des Nans.
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Elle se définit tout à la fois comme une enfant de Cernans, ce petit village perché sur les hauteurs de Salins, et comme élue de la République. Mieux, l’un a entraîné l’autre ; l’un ne va pas sans l’autre. C’est parce que ses parents et ses grands-parents ont vécu sur cette terre, qu’elle la ressent en elle, vivante, forte, qu’elle a su la comprendre. Sylvie Vermeillet aime le Jura, elle le respecte dans ce qu’il a de dynamique, mais aussi de mystérieux. Toutes les années passées à sillonner le département, à rencontrer ses habitants ont forgé en elle quelques certitudes. Le Jura est multipolaire, il a mille visages qui changent au gré des événements, au rythme des saisons. Son Jura à elle, il est bavard comme les oiseaux qui piaillent au printemps ; il déborde de vie. Il est aussi silence, profondeur, recueillement. Il est surtout interrogation sur le sens de la vie, sur la place à accorder à l’autre, sur la manière de restituer à chaque instant tout ce qu’il donne de paix et de beauté.
NUMÉRO 39 Votre Jura, sur quoi est-il bâti ?
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Sylvie Vermeillet Sur l’appartenance à un territoire, à une terre. Je suis née à Salins et j’ai toujours habité la maison familiale de Cernans. Ma famille est ancrée dans ce petit bout de Jura. Mon grand-père, Louis Robardet, est mort quand
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j’avais trois ans ; c’était un personnage avec un gros caractère. Il a été maire pendant 42 ans, de 1929 à 1970. C’était un ami d’Edgar Faure, une sorte de pionnier. Pendant la guerre, il a déminé plus de 600 000 mines et il a ouvert les premiers cimetières militaires en Moselle en donnant une sépulture digne à 2 500 soldats. C’est à cette époque qu’il a connu ma grand-mère, ils se sont mariés à la Libération. C’était des personnages avec beaucoup de foi, qui se sont battus pour leurs idées et pour leur territoire. Quand j’ai été élue maire à mon tour, je crois que je l’ai été par procuration. Les gens m’ont investie d’une partie de ce passé.
Cette conscience d’appartenir à un territoire, vous l’avez découverte un jour ou vous l’avez construite ? Un peu les deux, sans doute. D'un côté, j’ai été élevée dans le bénévolat. Mes parents avaient la station-service du village, mais nous passions les week-ends à tenir des postes de secouristes. Il y avait toujours beaucoup de monde chez nous, la maison était toujours ouverte et j’ai toujours aimé échanger avec les gens. D’un autre côté, j’ai été aussi une petite fille sauvage qui passait beaucoup de temps à rire et à jouer dans la nature avec ses amies. J’ai toujours été attirée par le côté infini du Jura. L’espace était si vaste qu’on pouvait faire ce qu’on voulait, j’ai appris la liberté. Je me suis construite comme ça. Êtes-vous toujours restée fidèle au Jura ? Après avoir été élève à la cité scolaire de Salins, je suis partie à Besançon faire deux années de pharmacie, mais ce n’était pas ma voie. C'était l'université, j’étais trop jeune pour évoluer dans un univers qui n’était pas cadré. Livrée à moi-même, je n’ai rien fait et j’ai bifurqué vers des études de comptabilité. Ensuite, j’ai travaillé à l’Association Saint-Michel-le-Haut et j’ai suivi des cours par correspondance pour devenir expertcomptable. Et puis, j’ai fait ma vie ici. Et vous avez suivi les pas de votre grand-père ? Je suis entrée au conseil municipal de Cernans en 1995 et j’ai été élue maire en 1999, au décès de mon prédécesseur. J’étais enceinte de mes jumelles. J’ai accepté parce qu’il n’y avait que dix-huit mois à faire. Je me souviens que je signais les papiers dans mon lit à la maternité, mais je me suis prise au jeu et j’ai été réélue jusqu’en 2015. Entre-temps, j’ai été présidente des maires du Jura pendant dix ans ; c’était une responsabilité belle et difficile qui m’a fait encore mieux connaître le Jura et qui me l’a vraiment révélé. J’ai également été conseillère régionale onze ans. Ce qui signifie que votre rôle d’élue a façonné votre représentation du Jura ? Oui, parce que ma famille a tissé en moi une relation particulière au Jura, aux lieux, aux gens, aux événements. Mes responsabilités publiques m’ont ensuite fait entrevoir d’autres réalités qui ne se sont pas heurtées aux premières, mais qui les ont complétées, qui m’ont permis de comprendre et de découvrir d’autres facettes de ce département. Je me suis enrichie de tout ce que les autres m’apportaient. C’est une chance d’être au service des autres ! Comment définiriez-vous votre Jura ? Mon Jura porte en lui une beauté singulière qui appelle une relation exclusive. C’est parce que ce territoire est sans 72
CE QUI EST BEAU DANS LE JURA, AVANT LES PAYSAGES, C'EST CE QU'IL PRODUIT SUR LES HOMMES.
égal qu’il génère cette passion. La beauté et le mystère des paysages amènent au dépassement de soi. Pour moi, il y a autant de Jura que de Jurassiens, parce que chaque Jurassien a son coin secret qui lui permet de se construire. La relation entre l’homme et le territoire est instinctive, en quelque sorte animale. Il existe dans le Jura quelque chose qui procède du secret, du mystère. C’est ce qui fait que tant de Jurassiens aiment et défendent leur territoire. Moi, j’ai envie de restituer au Jura ce qu’il donne à chacun. C’est une belle ambition, mais comment procéder ? Avec mes petits moyens d’humain. Ce qui est beau dans le Jura, avant même les paysages qui sont pourtant sublimes, c’est ce qu’il produit sur les hommes. Il façonne des gens d’exception qui donnent d’eux-mêmes, qui surmontent les obstacles, trouvent des solutions au quotidien. Aider tous ces gens, participer au même élan qu’eux, c’est tout cela, mon Jura à moi ! Il existe néanmoins des lieux fétiches pour vous. Oui, certains endroits me fascinent, d’autres m’attirent. Ainsi, j’aime me retrouver au Bénédegand, ce belvédère au-dessus de Champagnole. Ce balcon symbolise pour moi deux facettes du Jura, deux univers qui se répondent, tout en étant très différents. La falaise est là, haute, qui domine le Jura industriel de Champagnole. Vous faites un pas et vous êtes en pleine nature, entouré de forces étranges. Vous aimez donc les endroits retirés. La roche de Grandchamp, pas loin de Cernans, où vous nous avez emmenés, vous ressource pareillement ? Grandchamp n’a rien à voir avec les autres lieux, c’est l’endroit où, depuis toujours, je suis moi-même. Quand je suis assise sur ce petit caillou perché, avec une vue qui s’étend à l’infini pardelà vallées et montagnes, étrangement, je ne suis plus rien. Je me régénère et je me demande comment je vais pouvoir restituer à ce lieu tout ce qu’il m’apporte. Une des façons que j’ai trouvée, c’est l’engagement public. Certains lieux peuvent donc transcender ? Oui. Dans le Jura, chacun peut trouver un lieu qui va le transcender. À force de parcourir ce territoire, j’en suis venue à me dire que le Jura est une terre de géants. Si, si… [elle sourit] À cause des marques laissées par la préhistoire. Ailleurs aussi, il y a eu des diplodocus, mais, nous,
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Depuis le belvédère de Bénédegand, à Ney, Champagnole s'offre au regard avec générosité. Sylvie Vermeillet aime bouger. Les forêts jurassiennes sont un stade à ciel ouvert.
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Les traces de dinosaures de Loulle interpellent sur nos origines.
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ici, nous le savons ! Il y a 155 millions d’années, notre territoire était peuplé de géants et nous en avons les traces sous nos yeux au quotidien. C’est pour ça que j’aime aller à Loulle. Regarder les empreintes est fascinant, ces géants étaient soit des prédateurs, soit des pacifiques. Finalement ils traduisent bien le caractère jurassien qui, peu importe les événements, parvient toujours à avancer. Le caractère jurassien serait fait de détermination ? Bien sûr ! Il y a eu les dinosaures, mais pas seulement… Nous avons traversé les époques gauloises, séquanes, romaines... La ville de Champagnole est un symbole à elle seule, c’est une ville phoenix. Par exemple, elle a été rasée par les conquêtes successives , ravagée par six incendies dont le dernier, en 1798, a détruit la ville en deux heures. Mais, à chaque fois, des femmes et des hommes l’ont rebâtie ; toujours, la vie a repris ses droits. L’obstination est une des caractéristiques jurassiennes. Vous aimez aussi des lieux plus confidentiels, à l'exemple de la grotte aux Ours des Nans. C'est votre côté sauvage ? C’est un lieu envoûtant. C’est vrai que lorsqu’on suit l’Angillon qui coule dans cette petite vallée, un sentiment d’apaisement vous saisit. Aux abords de la grotte, une petite cascade jaillit et dans la caverne, une artiste locale, Éliane Tissot a sculpté deux ours, en référence au nom donné aux habitants du village. C’est un endroit vraiment retiré, comme surgi d’un conte de fées. Il a quelque chose de mystique. Vous revendiquez cet aspect de votre personnalité ? Si je suis sauvage, c’est au sens où, dans la nature, je me sens
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LE JURA EST UN TERRITOIRE ASSEZ VASTE POUR SE DÉPASSER. dans mon univers. Je suis en osmose avec ce qui m’entoure, je n’ai jamais peur la nuit. Je pense être suffisamment sensible pour ressentir tout ce qui m'entoure. Je me laisse enchanter. Le Jura est-il difficile à dompter ? Bien sûr ! Mon Jura est difficile à appréhender, il faut du temps pour le rencontrer et l’apprendre, même s’il s’offre à chaque instant. Il faut être disponible. Quand je savoure un lieu, je fais cet effort. Je constate aussi que le Jura stimule ceux qui l’habitent. Sa majesté titille l’imagination, c’est comme si on était pris de l’envie folle de se rapprocher de cette grandeur. Pas dans un élan de concurrence, mais d’inspiration. Quelle partition musicale jaillit de cette imagination ? Le Jura véhicule des musiques qui peuvent être très différentes. Parfois il est rap, d'autres fois il est rock, pop ou classique. Mon Jura n'est pas figé, les styles s’y bousculent. Mais, au final, il ne fait qu'un. |
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Près de Valempoulière, une route de campagne 39à loisir. permet de faire du roller
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En fin d'après-midi, sous un soleil de miel, ascension vers les hauteurs du rocher de Château-Chalon.
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Balades
vignes au milieu des
en pays du Revermont Entre Arbois et Maynal, le vignoble jurassien n'en finit pas de dissimuler des lieux incroyables de force et de beautĂŠ.
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Roger Gibey, Sous la tour de Curon, un matin entre les vignes.
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Perchés comme des cabris sur les rochers du Mont Denon.
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Un instant de détente au cœur de la reculée des Planches.
Roger Gibey est habité par sa ville. Ce feu qui brûle en lui depuis sept décennies et lui fait connaître par cœur chaque chemin et chaque bâtisse a un nom : la passion.
Fou d'amour
Arbois
pour
L
Le gaillard est grand et, du haut de ses 77 ans, il porte toujours le même regard émerveillé sur le monde qui l’entoure. Arboisien pur jus, Roger Gibey, pharmacien, a fait toute sa carrière à Besançon. Ce n’est qu’une fois en retraite qu’il est revenu dans la demeure familiale de l’impasse de l’Abeille. Là, il retrouve ses livres ; il écrit, cherche et, comme son savoir est immense, il est vite devenu la mémoire vivante d’Arbois : « Je fais quelques causeries sur le vin, la maison Pasteur, l’histoire d’Arbois… J’aime bien les anecdotes. » Euphémisme quand on sait que l’homme a plusieurs ouvrages à son actif.
LE CURON, HAUT LIEU DE LA VIGNE S’il apprécie l’univers vigneron et « l’évolution de la qualité des vins », c’est quand même pour le Curon qu’il garde une affection particulière : « C’est le plus beau coteau, exposé plein sud. On y faisait les meilleurs vins d’Arbois, avec les Corvées en bas et le Curon en haut. Et la tour de Curon, contrairement à ce qui se dit, ne servait pas d’abri aux gardefruits qui empêchaient les maraudeurs de voler les raisins, mais avait une destination… plutôt festive. On devait y passer de sacrés bons moments ! » Au premier coup de reins sur le sentier des vignes, les parcelles se laissent découvrir : « Le chemin qui mène à la tour est bordé de murs en pierres, elles ont servi à aménager des terrasses pour récupérer le maximum de terrain. » Sous la tour de Curon, le long du chemin, trois cabanes veillent comme des sentinelles : « Sur la gauche, la deuxième appartenait à mon grand-père, il l’appelait la villa Mon Rêve, il y passait ses dimanches après-midi. Elles n’étaient pas faites pour entreposer les outils, mais pour permettre aux vignerons de s’abriter et de faire du feu. » Au retour par le Clair Logis, l’histoire moderne s’invite elle aussi : « Ce lotissement a été fait par Henri Maire dans les
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années 1950. Il donnait le terrain à ses ouvriers, construisaient des maisons identiques et les remboursaient. Cet homme était un visionnaire ! »
LA RECULÉE, SYMBOLE JURASSIEN Sur les chemins qui mènent à la reculée des Planches, la roche du Feu exposées plein sud abritent une flore méditerranéenne et les chamois jouent dans la falaise en contrebas : « Depuis cet à-pic, on aperçoit Mesnay en bas, la Cuisance, le village des Planches et même Arbois. On se dit que l’homme est bien petit dans cet univers ! » La reculée, c’est une folie de l’histoire, un bout du monde qui se heurte à des falaises de 200 mètres de haut, avec des sources qui explosent en cascades, des grottes et des balcons sur le vide : « Les vues sont complètement différentes d’un site à l’autre. Le belvédère de la Châtelaine domine un gigantesque cirque rocheux d’où jaillit la Grande Cuisance, celui du Fer à cheval offre une vue à l’infini sur la plaine, presque jusqu’à Dole. Au pied, le village des Planches semble minuscule avec son autre source, la Petite Cuisance, qui a façonné la cascade des Tufs. » Un lieu entre parenthèses. Déjà plus la plaine et pas encore la montagne : « Avant de s’appeler le Revermont, toute cette région s’appelait le vignoble, mais c’était avant le phylloxéra. » |
LE CURON, C'EST LE PLUS BEAU DES COTEAUX. 79
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UN COUP D'ŒIL
LA ROCHE DU FEU En grimpant jusqu’au village de la Châtelaine par le Cul du Bray, la Roche du Feu mérite plus qu’un détour. Ce véritable balcon de roche couvert de pelouses sèches compose un ensemble de promontoires au-dessus de la reculée du Ruisseau du Mont. Cernée par la forêt, cette corniche offre une vue sur les vignes, le village de Mesnay,la bordure de la plaine bressane et les rochers qui ceignent la reculée. Il n’est pas rare d’y apercevoir des chamois jouant dans les rochers.
Le tour de la reculée des Planches
b DOMAINE DE LA TOURNELLE
UN PETIT VERRE
LA TOURNELLE Sur la Petite Place, à deux pas de la rivière, il faut passer le porche à la grosse porte rouge et s’installer en plein air au bord de la Cuisance, dans cet ancien jardin vigneron. Évelyne et Pascal Clairet, vignerons bio, font goûter leurs vins assortis de tartines et autres tapenades ou toasts. Un havre de paix et de fraîcheur. Mais attention, le Bistrot de la Tournelle n’ouvre que de mi-juin à fin août et il est préférable de réserver ! PLe Bistrot de la Tournelle. Tél. : 06 43 54 54 94 80
Difficulté : Difficile Durée : 5 h 45 Distance : 19 km Dénivelé + : 575 m Guide : Le Jura à Pied (15,20 €€) ou Arbois – Vignes et Villages (5 €) Balisage : puis et de nouveau
¢ Depuis le Champ de Mars, direction Mesnay par l’avenue du maréchal-Leclerc. Récupérer le GR 59. Après la piscine, monter à gauche jusqu’au coteau des Nouvelles u, rejoindre Mesnay et grimper au vallon des Pommerets. Poursuivre jusqu’au Champ Paillard, longer la D107, à droite grimper jusqu’à la roche du Feu v. ¢ Continuer jusqu’à la Côte Versée. Quitter le GR59 et suivre la route et le balisage jaune. Avant la combe Saugin, emprunter le sentier à droite jusqu’au belvédère de la Châtelaine w. Prendre à gauche jusqu’à la Châtelainevillage, puis à droite et de nouveau à droite jusqu’au belvédère du Mont Denon. Longer la falaise et récupérer le GR 59 et poursuivre jusqu’au belvédère du Fer à Cheval x. ¢ Revenir sur ses pas sur le GR 59 et redescendre par le chemin du Vieux Mont jusqu’à la reculée des Planches y. Avant la fontaine, le GR mène jusqu’à la cascade des Tufs z. Franchir la passerelle et revenir par le GR59. ¢ Quitter le GR à l'entrée du village, suivre la route et monter à gauche. Rejoindre le GR 59 au chemin Bouvenot et poursuivre jusqu’à l’allée du Roi de Rome. Prendre le GR 59B sur la droite jusqu’à l’Ermitage {, redescendre jusqu’à la place de Faramand et rejoindre le Champ de Mars par le pont des Capucins et la rue de la Tour.
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Le chemin des vignes
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Difficulté : Facile Durée : 1 h 15 Distance : 2,5 km Guide : aucun Dénivelé positif : 50 m Balisage : et â « feuille de vigne dans carré jaune »
¢ Départ devant le château Pécauld (Musée de la vigne et du vin du Jura), prendre en face la rue des Écoles jusqu’à la place Morel u, et poursuivre par la rue Morel, puis tourner à droite et grimper le chemin de Curon v. ¢ Monter jusqu’à la tour de Curon w. Poursuivre jusqu’au lieu-dit les Corvées x. ¢ Amorcer la descente en passant devant la cabane Nevers y, poursuivre par la rue de la Tour Canoz, puis à gauche par la rue du Petit Changin. Suivre la rue Saint-Roch. À l’extrémité, tourner à droite par la rue Montfort, rejoindre la place Morel. Tourner à gauche rue des Écoles et rejoindre le château Pécauld.
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Entre les premiers plateaux du Jura à l’est et la plaine de la Bresse à l’ouest, 13 villages se sont réunis autour de la capitale des Vins du Jura, ARBOIS. Nous vous invitons à les découvrir ! Partez à la rencontre d’une architecture rurale préservée, ressourcez-vous sur les bords de la Cuisance ou au cœur de la Reculée des Planches. Le Pays d’Arbois vous invite en 2016 à partager les plaisirs de la vie à travers ses fêtes, sa gastronomie et des balades familiales ou sportives !
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Le professeur de philo aime prendre du temps pour lire sur le rocher.
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Un arrêt bien mérité à la fontaine du village.
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En chemin, rencontre avec un vigneron.
Enfant du pays devenu professeur de philosophie en Seine-et-Marne, René Lacroix n’a pu résister à l’appel de sa terre. Le sang jaune de Château-Chalon coule dans les veines du fils prodigue.
Le
philosophe
sur son rocher
J
« J’ai fait un détour de quarante ans en région parisienne, mais j’ai toujours su que je reviendrais vivre ici. » Dans la bouche de René Lacroix, philosophe, historien et scénariste du prochain spectacle sur le village de Château-Chalon pendant la Révolution, la formule ne se cantonne pas aux quelques maisons posées sur un des plus beaux rochers de France. Non, ce qui l’intéresse, ce sont les hommes, leur vie : « Château-Chalon, c’est l’alliance de la pierre, du lait et du vin. Ce sont les éléments d’une physique imaginaire. Il est incroyable de voir à quel point la nature et le travail des hommes se sont associés pour produire quelque chose de fort, de riche, de beau. »
LE LIEU AIDE LES GENS À VIVRE Si tout ici prend des allures de carte postale, c’est justement parce qu’au fil du temps, les femmes et les hommes ont vécu en symbiose avec leur époque : « Ici, il s’est passé des choses incroyables. À la Révolution, le curé constitutionnel du village, défroqué, secrétaire du Club des Jacobins épouse une fille du pays et obtient de se marier religieusement. Un autre CastelChalonnais a fait toutes les guerres en Amérique avant de revenir au pays. Pendant des siècles, la population a vécu sous le joug de l’abbesse. Je m’interroge toujours sur les raisons de vivre des gens dans des époques très difficiles. La vie était rude, il fallait une force d’âme et, ici, le lieu aidait les gens à vivre. » C’est en 1970 que Bernard Clavel s’est installé à ChâteauChalon. Alors qu'il vivait dans une « maison un peu solitaire sur le bord du rocher », il a écrit Au silence des armes. André Lacroix voyait passer l'écrivain devant son jardin. Il y a deux siècles, plus de 600 personnes vivaient confinées sur cet éperon : « Il y avait deux écoles, des fonctionnaires, des auberges. La vie publique a toujours été forte. Sous la IIIe République, il y avait un marché du travail où les manouvriers vendaient leurs bras au plus offrant et, en quelques années, le phylloxéra a tué le vignoble. Une époque s’est achevée. »
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Les lieux portent les traces de cette vie. Au carrefour de la fontaine des Nœuds, trois bassins se succèdent « avec des dimensions particulières étudiées en pieds-de-roi. Au XIXe siècle, les habitants ont réussi à capter l’eau et à l’amener pour la première fois par gravitation jusqu’au village. Elle coulait dans deux fontaines. »
L’ÂME DE LA PIERRE Pour ceux qui aiment marcher, la pointe du rocher qui domine la reculée du Latet offre une vue sidérante sur les habitations : « Avec cette double impression de fragilité et de pérennité de la vie. » Et aussi la voie romaine « qui n’a rien de romain, puisqu'elle date du XIIIe siècle, construite à la même époque que la tour en haut du village pour surveiller la route du sel. » Et la Fontenette, l’une des deux sources au pied de la localité, avec celle du Puits Saint-Pierre : « Les sources, dans quelques maisons, étaient insuffisantes. Les gens devaient puiser l’eau et la remonter. La Fontenette approvisionnait la partie haute du village. » Un village que René Lacroix ne veut pas voir momifié : « Château-Chalon est ce qu’il est par les gens qui y vivent, il est protégé, des artistes y résident, des touristes le visitent, mais il est bien ancré dans le présent avec une vraie vie économique et culturelle. » Aujourd’hui, avec 200 habitants, l'endroit est devenu un haut-lieu du Jura. |
CHÂTEAU-CHALON AIDE LES GENS À VIVRE. 83
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UN COUP D'ŒIL
LE BELVÉDÈRE DE LA ROCHETTE À Château-Chalon, les points de vue sont légion puisque le village est bâti sur la Roche. Un petit penchant peutêtre pour le Belvédère de la Rochette, tout au bout de la rue de la Roche qui offre une vue époustouflante sur les vignes du Puits Saint-Pierre et le village de Voiteur, mais aussi sur l’entrée de la reculée menant à Baume-les-Messieurs. Sur la petite place, un très vieil arbre apporte l’ombre nécessaire à un moment de sérénité car l’endroit mérite le respect que l’on doit à un site unique…
La sentinelle en son vignoble
b DR
UN PETIT VERRE
LA TERRASSE DU P'TIT CASTEL Dans le village, en surplomb de la falaise, à deux pas de l’ancienne maison de Bernard Clavel, le P’tit Castel propose la plus belle terrasse de tous les environs. Impossible de résister au panorama à 180 degrés qui domine Voiteur, Menétru et emporte le regard jusqu’aux confins de la Bourgogne. Que ce soit pour un petit verre de vin jaune ou pour déguster les spécialités locales, l’endroit est unique. PLe P’tit Castel, 14 rue de la Roche. Tél. : 03 84 44 20 50 84
Difficulté : Moyenne Durée : 3 h Distance : 10 kmDénivelé + : 250 m Guide : Le Jura à Pied (15,20 €€) ou Les Coteaux de la Haute-Seille (5 €) Balisage : puis et de nouveau
¢ Départ : Parking à droite rue de la Roche en entrant dans Château-Chalon. Traverser la route et descendre la rue de la Fontenette en direction du bois. Suivre le GR 59 qui traverse la route, descendre aux Vergers, remonter à droite et prendre l’ancienne voie romaine u. ¢ Suivre le GR 59 jusqu’à la route. À gauche, prendre à travers champ, suivre un mur et tourner à gauche. Suivre le sentier à flanc de ravin (beau panorama à admirer) jusqu’à la Croix de Beaumont v. ¢ Descendre à travers bois jusqu’à Menétru, quitter le GR, suivre le balisage jaune, passer devant la fontaine et traverser le village. À la sortie, suivre la route, prendre un chemin à gauche, descendre à travers vigne, rejoindre la D205 et entrer dans Voiteur. Avant le pont, prendre à gauche la rue de Mazières, suivre le chemin. ¢ Au carrefour des Chaises, rejoindre « les Niods » par la route bétonnée w, monter à gauche jusqu’au Puits Saint-Pierre, puis jusqu'à la fontaine des Nœuds x. ¢ Retrouver le GR 59, tourner à gauche, rejoindre le village de Château-Chalon par la rue Saint-Jean, passer devant l’église SaintPierre, longer la rue de la Roche et rejoindre le parking par le belvédère y.
b STÉPHANE GODIN/JURA TOURISME
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La magie du Puits Saint-Pierre
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Difficulté : Moyenne Durée : 1 h Distance : 2 km Dénivelé + : 150 m Guide : Les Coteaux de la Haute-Seille (5 €) Balisage :
¢ Depart sur le parking à droite en entrant dans Château-Chalon depuis Voiteur. Faire 20 m et rejoindre le GR 59 u, suivre la rue de la Roche jusqu’à la place de l’église, franchir la porte de pierre et faire l’aller-retour jusqu’au belvédère de la Rochette v. Derrière l’église, il y a une petite chapelle en pierre, descendre le chemin balisé en jaune à travers les vignes. ¢ Rejoindre la route w, poursuivre jusqu’au Puits Saint-Pierre, monter à gauche. À la fontaine des Nœuds, reprendre le GR 59, tourner à gauche, rejoindre le village par la rue Saint-Jean x, passer devant le belvédère, prendre par la rue de l’église, puis par la rue de la Forge et la rue de la Roche, rejoindre le parking.
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Village de
Château-Chalon. Photo : Jura Live
Faucon
Pèlerin
Photo : Parc animalier Jurafaune (Granges/Baume)
Château-Chalon Maison de la Haute-Seille école d'autrefois Fromagerie artisanale
Baume-les-Messieurs Grottes
Abbaye
Vignoble classé Jurafaune Château de Frontenay
L'été côté coteaux
Un territoire à contempler, à déguster, à vivre... tout simplement. numéro
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tourisme-coteaux-jura.com
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Patrick Verguet a ouvert des kilomètres de sentiers dans toute la reculée de Conliège, près de Lons.
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Vignes et forêts encadrent la voie verte.
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Les croix semblent veiller sur la vallée.
Avec quelques dizaines d’autres, Patrick Verguet s’est fait défricheur. Un combat constant pour que l’Ermitage de Conliège continue à enflammer l’imaginaire.
La
sentinelle de l'Ermitage
A
À 62 ans, ce sportif amateur de trails a conservé le regard vif derrière ses lunettes. L’enfant de Conliège, qui rêvait d’explorer la montagne de Coldres, a réussi à concrétiser ses rêves ; la reculée n’a plus de secrets pour lui. Président du Foyer rural de Conliège, il a passé des années à rouvrir et même à créer de nouveaux sentiers pour que les gens du coin se réapproprient la reculée dévorée par le bois. Puis, il y a eu l’aventure de l’Ermitage : « C’est un lieu qui nous fascinait tous, posé au-dessus du village et des vignes. Là-bas, sur l’esplanade, on a l’impression de voir plus loin, plus haut. Et puis il y a les pierres… »
UNE FORME DE VERTICALITÉ Les pierres, elles sont partout, érigeant comme une sorte de châsse : « Les belvédères surplombent des falaises de 50 mètres, ces balcons offrent une vue superbe sur la plaine de Bresse et la ville de Lons. » Les pierres, parties intégrantes de ce paysage sauvage où jouent les chamois, ne sont pas une simple composante de la reculée creusée par la Vallière et la Diane, elles racontent son histoire : « Quand on suit les sentiers, trois croix énormes, taillées dans la roche, jalonnent les parcours. Elles indiquaient le lever du soleil au solstice d’hiver, à celui d’été et aux équinoxes. Une des trois a été brisée et les morceaux ont mystérieusement disparu. Certains disent qu’avant ces croix, il y avait des menhirs. Je ne suis pas particulièrement attaché à la religion, mais entre les oratoires, les chapelles et les croix, ces lieux sont empreints de religiosité. » La pierre signe aussi l’œuvre des hommes. Pour monter jusqu’à l’Ermitage, il faut atteindre l’esplanade de l’ancienne gare de Conliège et franchir la voie verte aménagée sur ce qui fut jusqu’à la moitié du XXe siècle la ligne de chemin de fer entre Lons et Champagnole. Viaducs, tunnels, ponts : « Les pierres taillées racontent la vie et le labeur de ceux qui vivaient
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à Conliège et dans les villages voisins, la vigne était partout à flanc de coteaux… »
UNE ŒUVRE COLLECTIVE Mais à l’Ermitage, il se passe encore autre chose… Le dernier ermite à vivre là, Joseph-Élie Simonin, a quitté les lieux en 1848, après douze années passées à restaurer le lieu. Puis, devenu une résidence secondaire, le site avec sa chapelle, sa bergerie et ses jardins, fut rendu à la nature jusqu’à la création d’une association. En 1997, des dons inespérés permettent de racheter l’endroit. L’engouement est immédiat : « Des corvées étaient organisées comme autrefois ; de nombreux bénévoles venaient défricher, faire du ciment ou de la menuiserie, consolider les murs… » Patrick Verguet, d’abord membre du bureau, devient président : « C’était l’époque où le lieu a repris vie, les laves du toit étaient amenées et taillées sur place par un artisan bourguignon et après la chapelle, ce fut la restauration de la bergerie. Le but n’était pas uniquement patrimonial, les habitants voulaient que cet endroit redevienne public, qu’il s’y passe des choses. C’est une œuvre collective, chacun a participé selon ses possibilités. » Aujourd’hui, l’Ermitage a retrouvé un second souffle et sa sérénité. La sentinelle veille à nouveau sur la vallée et les différents chemins qui y mènent sont autant de parcours initiatiques dans un paysage de reculée typique au Jura. |
ON A L'IMPRESSION DE VOIR PLUS LOIN, PLUS HAUT. 87
)Itinéraires( UN COUP D'ŒIL St Etienne de Coldre
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L’Hermitage Ste Anne
L'ERMITAGE DE CONLIÈGE La vue depuis l’ermitage de Conliège est impressionnante. Le regard porte sur le village de Montaigu, en face, sur l’entrée de la reculée de Revigny à gauche et sur la ville de Lons à droite. Un panorama à 180 degrés et surtout, un lieu de paix, une chapelle à laquelle s’adjoint une bergerie, des jardins, une cloche que les visiteurs font sonner à leur arrivée… Et le bonheur de contempler un lieu hors du temps remis en valeur par une association de bénévoles.
Entre vignes et falaises
b ASSO. LA VIR'VOLTE
UN PETIT VERRE
LA GUINGETTE DU PARC DES BAINS Au cœur du parc des Bains de Lons-leSaunier, la Guinguette étale ses tables sur les pelouses, à l’abri des branches géantes d'un séquoia. Une bière locale, un macvin, un sandwich ou une petite assiette... et les premiers accords des musiciens font le reste. Attention, la Guinguette vit au gré des caprices de la météo. S’il fait mauvais, pas de repli possible, la maison ferme… Ouvert jusqu’au 15 septembre les mercredis, samedis et dimanches à partir de 19 h. 88
Difficulté : Moyenne Durée : 2 h 30 Distance : 10 km Dénivelé + : 250 m Guide : Topoguide Le Jura à Pied (15,20 €€) Balisage :
¢ Départ depuis le parking du boulodrome à la sortie de Conliège. Traverser la D678 et emprunter le GR 559, monter jusqu’au tunnel des Cent Marches qui passe sous la voie verte u. Laisser la voie verte sur la gauche et grimper le sentier jusqu’à la RD152, la longer sur 500 m et tourner à droite jusqu’au belvédère des Tilleuls v. ¢ Poursuivre le chemin et redescendre en surplombant la route. À la hauteur du tunnel des Tilleuls, remonter le sentier sur la droite à travers bois jusqu’au-dessus de la falaise, la longer et rejoindre la Croix de Charnay w. ¢ Poursuivre à découvert le sentier qui suit le ravin jusqu’au fond de la reculée (belvédère), entrer dans le bois (le chemin surplombe le ravin), passer devant la fontaine de l’Ermite et arriver à l’Ermitage Sainte-Anne x. ¢ À l’entrée de l’Ermitage, prendre sur la gauche le sentier qui descend dans les bois, passer devant un oratoire et rejoindre l’ancienne gare y et la voie verte. Longer l’esplanade sur 50 m en direction de l’est et descendre un sentier sur la droite, rejoindre le village de Conliège par la rue haute, longer la chapelle Notre-Dame-de-Lorette z et continuer tout droit par la rue Derrière les Jardins. Traverser la D78 et rejoindre le parking.
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L'ermitage et la voie verte
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Difficulté : Moyenne Durée : 1 h 30 Distance : 4,5 km Déniv. + : 250 m Guide : Aucun Balisage : et
¢ Départ depuis la place de l’église de Conliège, monter la rue haute jusqu’à la chapelle Notre-Dame-de-Lorette. Poursuivre jusqu’au n° 109, tourner à gauche et suivre le sentier sur 200 m. Prendre à droite et rejoindre l’esplanade de l’ancienne gare et la voie verte u. Traverser l’esplanade et emprunter le sentier qui grimpe jusqu’à l’Ermitage Sainte-Anne v. ¢ Suivre le chemin qui passe au-dessus de l’Ermitage sur 200 m et prendre à gauche. Descendre à travers bois, rejoindre le parking de la voie verte à Perrigny. Emprunter la voie verte et revenir jusqu’à l’esplanade de la gare. ¢ Redescendre le sentier qui rejoint la rue haute et revenir place de la mairie.
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22 bis, Rue Baronne Delort 39300 CHAMPAGNOLE Tél. : 03 84 52 01 36
L'ABUS D'ALCOOL EST DANGEREUX POUR LA SANTÉ
4, Rue de la Poyat 39200 SAINT-CLAUDE Tél. : 03 84 45 16 34
14, Rue du commerce 39000 Lons-le-Saunier Tél. : 03 84 47 07 97
plaisir partagé L’AUBERGE JURASSIENNE Redécouvrez le goût de l’authenticité.
Charchilla
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(près de Moirans-en-Montagne et du lac de Vouglans)
Tél. : 03 84 41 20 88
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www.aubergejurassienne.fr
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Jean-François Ganevat, quatorze générations l’observent dans la combe de Rotalier.
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Sur la roche de Chalandigna, les chamois surveillent les randonneurs.
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Au détour du sentier, la combe de Rotalier se dévoile.
À 47 ans, Jean-François Ganevat réussit à rendre à travers ses vins toute la saveur des terroirs du Sud-Revermont, petit bout de Midi perdu dans le Jura.
L'alchimiste de la combe
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Quand il travaille ses vignes, Jean-François Ganevat ne fait pas le malin. Dans la combe de Rotalier, minuscule petite miette du Sud-Revermont, quatorze générations l'observent : « Depuis 1650, mes ancêtres ont habité ici, tous paysans, avec quelques bêtes et un peu de vigne. » C'est son père, fatigué et dégoûté, qui brise la tradition en 1976 en revendant ses vaches. La famille vivote alors sur deux hectares de vigne. Fanfan — son surnom — veut devenir vigneron, mais pas comme ça ! À 17 ans, avec, en héritage un caractère bien trempé, il quitte la maison pour apprendre le métier à Beaune, puis atterrit au célèbre domaine Jean-Marc Morey où il restera dix ans comme maître de chai. À son retour, il sait ce qu'il veut : « Là-bas, les vignerons vendaient leur vin comme des petits pains ! Je me disais : “qu'est-ce que tu vas faire dans le Jura ?” ».
80 CUVÉES ET PAS D’AOC JURA Les débuts sont difficiles : le cheval, la biodynamie... Mais il fait le vin qu'il aime et, à partir de 2006, quelque chose se produit : « J'ai abandonné les sulfites, mon vin c'est du jus de raisin, une fermentation et rien d'autre. » Des importateurs s’intéressent aussitôt à ce gaillard hors norme : « Il faut ficher la paix aux raisins. Quand on laisse un vin se faire, il retrouve le droit chemin, il redevient naturel. La sueur de cheval, l'autolyse, le côté perlant, la réduction : tous ces éléments donnent des vins différents qui plaisent à une nouvelle clientèle. » Aujourd'hui, le domaine Ganevat représente 15 salariés à temps plein et, depuis 2013, une partie négoce : « J'achète des raisins dans d’autres régions et je vinifie au domaine avec une touche de vieux cépages jurassiens, j'ai la chance d'en avoir vingt-deux ! » Évidemment, Jean-François Ganevat a fait une croix sur l’AOC Jura qui ne reconnaît que cinq cépages, mais, depuis 2010, toute sa production est réservée
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très tôt : « Un vignoble est une somme de terroirs, nous avons fait 80 cuvées en 2015 ! » Rotalier cumule les endroits extraordinaires comme la roche de Chalandigna : « Un lieu sauvage où courent des chamois, avec des airs de Méditerranée. Par temps clair, on voit Dijon, Beaune, Tournus. Nous avons planté des vignes en terrasse juste en dessous. »
DE LA MUSIQUE DANS LES PARCELLES Et en direction du village de Grusse, les vignes en Billat, sur des schistes, s'apparentent à un bout du monde : « Il n'y a rien, du bois, un petit lopin à 400 m d'altitude qui donne des vins d'exception. » Quand on bourlingue entre les creux et les bosses, Champ Bernard, minuscule lieu-dit en dessous des Billats, mérite également un arrêt : « À l’époque où les vignerons voulaient classer le vignoble jurassien en grands crus, c'était la seule parcelle de tout le Sud-Revermont à avoir été retenue. » Le projet n'a jamais abouti, mais le vigneron a su jouer avec l’emboisement continu depuis 60 ans : « C'est très bien qu'il n'y ait pas beaucoup de soleil, il n'y en a pas besoin pour faire du bon vin. » Atypique comme ses vins, l’homme a fait encore mieux sur une autre parcelle, celle d'En Chalasses, en descendant sur le village de Vercia : « Je diffuse de la musique classique pour renforcer la plante contre l'esca », cette maladie qui tue la vigne. Eh bien, ça marche ! |
IL FAUT FICHER LA PAIX AUX RAISINS. 91
)Itinéraires( UN COUP D'ŒIL
Orbagna
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Belv. de Beaufort
Le Petit Rambey
LE BELVÉDÈRE DES TILLEULS
Beaufort
Depuis le belvédère des Tilleuls de Beaufort, la vue embrasse une partie du vignoble du Sud-Revermont jusque sur les contours bleutés de la plaine de Bresse, mais porte également sur le village de Beaufort, à ses pieds et sur les hauteurs qui bordent les vignes, couvertes de forêts et de prés. Un lieu à michemin entre l’activité des hommes et la quiétude d’une nature encore sauvage et protégée. Un endroit qui appelle à se ressourcer et où il fait bon s'arrêter sur le petit banc au pied de la Madone.
Le Grand Rambey
À flanc de Revermont
b LA CABORDE
À Orbagna, village virgneron, la Caborde est un lieu de découverte du Sud-Revermont. Cette aire viti-culturelle accueille les visiteurs sur plus de 5 000 m², entre aire de pique-nique et lieu de visite sur quatre niveaux. Boutique, terrasse panoramique, expositions, concerts, projections, conférences et animations sont proposés en saison… Et on peut y déguster toute la palette des vins des vignerons du secteur. PLa Caborne, à Orbagna. Tél. : 03 84 48 06 04. www.lacaborne-jura.fr 92
Difficulté : Moyenne Durée : 3 h 30 Distance : 15,5 km Dénivelé + : 370 m Guide : Cartoguide Sud Revermont (5 €) Balisage : et
¢ Départ de la Fontaine du Four dans le village de Rotalier, suivre la route. Au carrefour, laisser le château Gréa u sur votre droite et emprunter le CD 5 à gauche sur 50 m, prendre un chemin à droite jusqu’au signal des Varrons. ¢ Descendre le coteau et rejoindre Vercia. Au lavoir, prendre à gauche et suivre la route, passer la Croisée du Noyer et prendre un chemin sur la gauche, poursuivre et remonter le coteau pour atteindre Crève Cœur (369 m), puis descendre à gauche jusqu’à la Côte Molard v. Prendre à droite le chemin qui mène aux tilleuls de Beaufort. ¢ Monter au belvédère de Beaufort w, prendre à gauche et monter jusqu’à Bacailla (499 m), prolonger jusqu’au Grand Rambey et rejoindre Chêne Clair (530 m). Tourner à gauche et rejoindre le GR 59, traverser le bois de la Scie jusqu’à la Scie x, point culminant de la balade à 550 m, continuer le GR 59 jusqu'au Boutot, longer la route et redescendre jusqu’à Curenne. ¢ Quitter le GR et prendre à droite le chemin à travers le bois de Curenne jusqu’à la Mare Sauvage, continuer jusqu’aux Tilleuls de Rotalier. Longer la Combe de Rotalier y et rejoindre la Fontaine du Four dans le village.
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UN PETIT VERRE
LA CABORDE
Derrière le Crêt
Rotalier, l'île en vigne
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Difficulté : Moyenne Durée : 1 h 45 Distance : 5,7 km Déniv. + : 220 m Guide : Cartoguide Sud Revermont (5 €) Balisage : et
¢ Départ de la Fontaine du Four dans le village de Rotalier, suivre la route jusqu’au carrefour devant le château Gréa, prendre à gauche le CD 5 sur 50 mètres, puis à droite un chemin sur une centaine de mètres jusqu’au signal de Varrons u. ¢ Reprendre à gauche le chemin et rejoindre à travers les vignes le haut de la Channée qui offre un superbe panorama sur l'entrée de la combe de Rotalier v. Rejoindre le GR 59 et redescendre sur la gauche jusqu’à la combe de Rotalier w, dans un paysage de vignoble, de bois et de champs. Poursuivre le GR 59 jusqu’à la fontaine du Four et prendre le temps de flâner dans ce village viticole.
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Lac de l'Abbaye
Haut-Jura sur un plateau
Cascade du Saut Girard
B.Leroy
GRANDVAUX
B.Leroy
B.Leroy
Le
Tourbières de Prénovel
Préparez votre visite chez nous sur
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www.haut-jura-grandvaux.com 93
Saga Suzanne et Paul Pourcheresse et leurs enfants.
Les
Pourcheresse
Indépendants
Libres
et
Que penserait l’aïeul Jean, maître des forges de Fraisans en 1701, en découvrant sa descendance dans les magazines de papier ? 94
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L
Laissons dans son Siècle des Lumières le distingué Jean Pourcheresse, maître des forges de Fraisans en 1701, pour nous consacrer à la saga Pourcheresse des XXe et XXIe siècles. C’est dans l’hôtellerie-restauration que la famille va acquérir ses titres de noblesse. Tout démarre avec l’arrière grand-mère Suzanne, une fille d’Aumont affublée d’un gros caractère. Avec Paul, son mari, c’est elle qui répétait à ses huit enfants : « Vous êtes des Pourcheresse, ça signifie quelque chose ! » Sans doute avait-elle raison ; toute la lignée, de génération en génération a conservé, chevillé au cœur, ce besoin de liberté et d’indépendance. À commencer par son fils, Roger, employé chez Solvay, passionné de pâtisserie. Il finit par monter un petit bistrot-glace à Dole, avant de déménager faubourg de Chalon, où il crée un restaurant avec sa femme, Denise. L’établissement, agrandi par son frère Roland, deviendra l’hôtel Pourcheresse.
DES ENSEIGNES TRÈS COTÉES En 1975, le couple passe le flambeau à l’un de leur fils, Simon, qui le conserve jusqu’en 1995. Le Jurassien part ensuite monter le restaurant de l’île, à Paris, en association avec le rugbyman international, Jean-Pierre Rives. Il le revendra en 2009 pour prendre sa retraite et partager sa vie entre Antibes et Gevry, où il a conservé une maison. S’il est monté à la capitale, c’est parce que Simon Pourcheresse va rejoindre son frère René, autre figure emblématique de la famille. C’est lui qui avait lancé le restaurant des Templiers dans la cité de Pasteur, où aimait venir toute une clientèle de vedettes parisiennes. : « Quand Julien Clerc donnait un concert, il finissait avec ses amis aux Templiers pour faire un poker ! » Auparavant, Simon avait bourlingué dans les stations alpines et la Corse avant de faire les beaux jours de l’hôtel des Gentianes, aux Rousses. Dans les années quatre-vingt, la bougeotte le reprend ; il quitte
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Dole pour se lancer dans la restauration à Paris. Après plusieurs expériences, il ouvre le Quai Ouest à Saint-Cloud qui draine toute la jet-set de la capitale. Il le cède en 2005 pour prendre sa retraite et vivre entre Marrakech et Calvi. Camille RowePourcheresse, mannequin international et égérie de Dior, est sa fille (lire par ailleurs). Installée à New York, elle revient chaque été voir sa famille. Ce n’est pas fini… Denis, cousin de Simon, et René, fils du rugbyman local « Nenette » mort en jouant au rugby et rugbyman lui-même, se sont également fait connaître dès 1967 avec le restaurant La Chaumière qui n’était alors qu’une guinguette où les clients amenaient leur vaisselle. Denis l’a revendu en 2004 à Joël Césari, restaurateur dolois très coté. Sa mère tenait déjà une buvette sur le Champ de Foire, près de la mairie. Nicolas, son fils, a repris l’Auberge de Chavannes à Courlans, près de Lons-leSaunier, pour laquelle il a décroché une étoile au Michelin avant de partir faire le tour du monde. À son retour, et après une participation à l'émission Top Chef de M6, il s'est posé à Lille. Depuis février dernier, il figure de nouveau dans le célèbre guide.
« ON S’AIME BIEN, ON SE VOIT PEU » Les Pourcheresse, à Dole, c’est plus qu’une saga. Ils font partie de l’histoire locale. Toutes les générations sont passées dans leurs restaurants, mais ils ont tous en commun d’avoir dû se débrouiller seuls, très tôt. René en garde un souvenir fort : « Nous avons presque tous arrêté les études assez vite. Nos parents étaient restaurateurs, on a fait pareil ! Ils nous ont transmis la volonté de réussir, ce qui signifiait à l’époque avoir son propre établissement. » De cette situation particulière ont découlé un caractère fort et un besoin d’entreprendre. Denis se rappelle ses jeunes années : « Quand on perd ses parents jeunes, on acquiert une forme de liberté, on se grille les ailes en apprenant des choses que les autres enfants n’apprennent pas. » Les réunions de famille sont absentes des agendas : « On s’aime bien, mais on ne se voit jamais. Il existe entre nous un vrai sentiment de famille, mais il ne passe pas par une présence systématique. C’est étrange, on retrouve les mêmes caractéristiques à chaque génération ; nous sommes des autodidactes et, globalement, nous avons de la chance. On ne laisse jamais passer les opportunités. Mais la chance ne suffit pas, il faut aussi du travail… » Et peut-être une bonne dose d’humour aussi : « Les Pourcheresse ont toujours plu, on a toujours eu beaucoup d’amis, peut-être à cause de notre philosophie, de notre façon de prendre la vie. Les gars étaient beaux et les filles aussi. D’ailleurs elles se faisaient appeler Pourcheresse même après leur mariage ! » S’il en sourit, Denis n’en est pas moins lucide : « L’amitié est très importante pour chacun de nous, mais je ne peux pas dire que dans la famille, c'est vraiment de l’amour. Chacun a sa vie et nous sommes tous éclatés un peu partout. » |
« VOUS ÊTES DES POURCHERESSE, CELA SIGNIFIE QUELQUE CHOSE. » 95
Nicolas Pourcheresse est chef de La Table, à Lille. En février, le restaurant a décroché sa première étoile au Guide Michelin.
ébouriffe Lille 96
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b SAUL ABRAHAM
Nicolas Le red chef jurassien
Seul chef étoilé de Lille, le Sitting Bull jurassien marche hors des sentiers battus. Assoiffé de surf et de liberté, Nicolas Pourcheresse revendique la cuisine du partage, celle qui ne doit rien d’autre que donner le meilleur d'elle-même.
C
Cette chevelure blonde vénitienne dit déjà beaucoup, comme si la nature avait voulu annoncer la couleur dès sa naissance. Ardent et flamboyant, sera Nicolas Pourcheresse ! Le chef, baigné dans l’énergie bouillonnante de l’auberge parentale, n’a jamais imaginé faire autre chose que la cuisine. Ses parents tenaient La Chaumière à Dole, sa grand-mère avait un bar sur le champ de foire, ses oncles René et Simon tenaient un établissement à Paris et sa tante gérait l’hôtel-bar Le Glacier, à Lons. Malgré les réticences d’une mère consciente que « ce métier nous éloigne de nos familles et de nos vies », Nicolas Pourcheresse a emprunté le même chemin, l’épice en plus. Car l’homme de 44 ans cuisine comme il surfe : en totale liberté. Formé aux côtés d’Alain Passard, le Jurassien aime quand la vie décoiffe, quand elle est authentique et brute, en mouvement. À l’Auberge de Chavannes à Courlans en 2003, il pose sa patte fiévreuse et découvreuse sur cet établissement prestigieux et lance tous azimuts un projet « cohérent en tout et partout » : « L’hôtel, le restaurant, les événements que nous organisions, la communication, tout était en adéquation ». Son enthousiasme est porté par une déferlante excitante et magnétique : l’émergence d’une nouvelle génération de cuisiniers, dont il fait partie. « David Zuddas à Dijon, Benoît
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Bernard à Lille, Romuald Fassenet à Dole, Olivier Bellin en Bretagne, nous étions tous en train de créer quelque chose de nouveau. » En 2005, il décroche sa toute première étoile, faisant de lui le plus jeune chef étoilé de France. Pendant trois ans, de 2003 à 2006, l’Auberge de Chavannes agit à contre-courant. Mais Nicolas Pourcheresse va trop vite, trop loin pour le Jura et l’aventure devient économiquement difficile. « Le Jura est plein de ressources, à caresser dans le sens du poil… » Et l’homme aime surprendre avec ce qui ébouriffe. Il s’échappe à Lille, sa ville de cœur, et se laisse gagner par la chaleur humaine du Nord, l’effervescence d’une ville entreprenante et par la mer, lui qui est fou de surf et de canoë-kayak, passion qu’il a transmise à son fils, Sacha, 18 ans, toujours jurassien.
VOIR COMMENT JE VOLAIS À Lille, il entre chez Méert, une prestigieuse pâtisserie nordiste, en 2008, puis taille la route à l’autre bout du monde… Sri Lanka, Amérique du Sud, Madagascar, Indonésie, Maroc, États-Unis, il voyage pendant deux ans, entre 2011 et 2013. « J’ai eu envie de me jeter dans le vide et de voir comment je volais. » Un périple culinaire ? « Non, l’idée, c’était justement de couper avec la restauration. Je suis tout de même allé sur la côte vanille à Madagascar, mais j’ai aussi vu des peuples en sous-nutrition, avec lesquels je n’ai pas parlé cuisine, évidemment. » « Changé », porteur d’un autre regard sur la vie, moins tête brûlée, il revient dans la capitale des Hauts-deFrance avec une existence et des choix plus simples,
IL FAUT SAVOIR CARESSER LE JURA DANS LE SENS DU POIL. 97
oubliant « l’aspect matérialiste et les projets trop onéreux ». Auparavant « très attaché à l’image et à l’apparence », le beau gosse rebelle jette son costume par-dessus bord. Moins pressé, plus posé, ni plus sage ni moins fougueux, le gentil démon Pourcheresse souffle sur les braises d’ambitieux projets. En 2013, il ouvre Le Saint-Jo, un steak-house qui récolte Trois toques au Gault & Millau, et participe à l’émergence du collectif « Mange Lille ! » pour faire revivre la gastronomie lilloise. Après son passage « super sympa ! » dans l’émission télé Top Chef, il devient le chef de « La Table », restaurant du tout nouvel hôtel Clarance à Lille, au printemps 2015. Sans crier gare, La Table décroche une étoile en février 2016, que Nicolas Pourcheresse attrape aujourd’hui par le petit bout de la branche : « On se sent observé, redevable d’un référencement que le client s’approprie. C’est important de préserver la simplicité de l’acte de cuisiner et de manger. Je donne le meilleur de moi-même à chaque plat, mais je ne veux pas que mon client devienne mon juge et mon bourreau. » Avec son tempérament de pur produit brut, le chef Pourcheresse vient de lancer un nouveau restaurant plus personnel, Le Vagabond, qu’il mène de front avec son travail à La Table. Chef étoilé le midi, chef nomade un peu sioux le soir, voilà qui lui va bien. Car Nicolas Pourcheresse aime tout autant l’énergie brute de la nature que les jolies chaussures… |
b SAUL ABRAHAM
Nicolas Pourcheresse a participé à l'émission de M6, Top Chef.
Pourcheresse indiscrétions ¢ Un plat ? Un bon navarin d’agneau... et je me régale !
¢ Votre épice fétiche ? La poudre de gingembre. Piquant, mais pas mordant. On peut l’utiliser pour les légumineuses par exemple et pas mal d’autres plats.
¢ Le légume que vous aimez cuisiner ? Le chou-fleur. Les possibilités offertes par ce produit sont énormes, c’est inimaginable.
b IMAGO PANORAMIC
¢ Votre péché mignon ?
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Camille, de la mode au cinéma
Les chaussures.
Elle s'appelle Camille Rowe-Pourcheresse, plus connue sous le nom de Camille Rowe. Elle vit à Manhattan, à New York. Elle est mannequin. Sa mère a été danseuse du Lido ; son père, lui, est un Jurassien pur sucre, « à la fois peintre et restaurateur. » « Ce sont des originaux, mes parents, explique-t-elle à la presse, ils sont toujours allés là où le vent les portait ». Depuis qu'elle a quitté la maison familiale de Ville-d’Avray, la fille de René Pourcheresse est devenue une star. En 2015, elle pose pour le magazine Lui. Elle est aujourd'hui égérie de Dior. « Du haut de son (petit) mètre soixante-dix, elle étourdit la planète Mode par sa beauté insolente » écrit Madame Figaro. Et intéresse le cinéma. Cet été, on retrouve Camille Rowe dans le nouveau film de Frédéric Beigbeder, L'Idéal, aux côtés de Gaspard Proust et Audrey Fleurot. Elle joue le rôle de Monica Pynchon.
¢ Ça se mange ? Y’a pas que la cuisine dans la vie !
¢ Genre Carry Bradshaw dans Sex & City ? Oui, mais mes talons à moi n’ont pas d’aiguille.
¢ Votre plat « du Nord » ? Une carbonade. Quand c’est bien fait, c’est super. Dans ce plat, ce qui compte, c’est avec qui vous allez le manger. Il faut inviter 6, 8 ou 10 personnes que vous appréciez et le partager ensemble. Sinon, ça ne vaut pas le coup !
¢ Le plat que vous voulez mettre à la carte ? Je travaille actuellement un turbot farci pour Le Vagabond, mon nouveau restaurant à Lille (ouvert depuis mi-juin).
¢ Le goût de Jura que vous insufflez dans
vos recettes ?
J’utilise beaucoup de vin jaune avec des légumes, les petits pois, les fèves, les crustacés aussi et les coquillages.
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Il cherchait Pasteur, Érik Orsenna a découvert Arbois. À Numéro 39, il confie ce qui l'a séduit dans la cité jurassienne.
Érik Orsenna Arbois, Pasteur, Arbois Plus encore qu'un romancier, Il est un professeur de curiosités. Le talent lui a valu la plus prestigieuse des particules : Érik Orsenna de l'Académie française. Entretien avec un « promeneur professionnel ».
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b PATOS/RUE DES ARCHIVES
Plus de 120 ans après sa mort, Louis Pasteur continue à entretenir avec le Jura une relation passionnée et étrange à la fois. Le savant était également académicien et c’est dans son fauteuil numéro 17 que s’est installé depuis 1998 Érik Orsenna. La magie a fait le reste, rapidement l’écrivain qui ne connaissait rien à la science s’est senti fasciné par ce chercheur hors du commun au point de lui consacrer un livre publié l’an dernier (La vie, la mort, la vie, Louis Pasteur, Éditions Fayard). Et qui dit Pasteur, dit Arbois où il mena ses recherches, notamment sur la vinification, et aussi Dole où il naquit sur les quais du canal des Tanneurs. Pour mener à bien son travail d’écrivain, Érik Orsenna s’est intéressé à la vie de Pasteur, ses combats, ses excès, ses joies, sa famille et… sa ville. Il est en sorti transformé ou plutôt transmuté. Un coup de cœur, un coup de foudre pour les gens, pour les maisons, pour les vignes, pour le vin. Au point de s’être forgé en terre arboisienne une seconde famille. Au point de consacrer aussi aux lieux, des pages très fortes, belles et personnelles à la fois. Au point de revenir pour supporter Arbois au concours des plus beaux villages de France. Au point de devenir sociétaire de la librairie associative de Poligny… Une vraie passion qui a transformé la vie d’Érik Orsenna, ultime cadeau de Louis Pasteur à sa ville. 101
b PHILIPPE BRUNIAUX
Érik Orsenna et le buste de Louis Pasteur. Les deux hommes occupent le même fauteuil à l'Académie française.
NUMÉRO 39 Est-ce le fait d’occuper le fauteuil de Louis Pasteur à l’Académie Française qui vous a amené à Arbois ? Érik Orsenna Oui. Quand vous êtes dans le fauteuil de Pasteur, il faut quand même que vous sachiez qui est Pasteur. Je le connaissais un peu parce qu’il existait un boulevard Pasteur où j’ai habité. J'avais aussi la référence à la rage... mais c’est tout. Sans doute étais-je un peu comme tout le monde en France ? Comme ce qui m’intéresse, ce sont les lieux, j’aime les choses concrètes, je pense que les gens ne sont pas de partout. Ils ont toujours un endroit qui compte dans leur vie. J’ai donc regardé celui qui ressortait de la vie de Pasteur et j’ai découvert que Pasteur, c’était Arbois. Alors, je me suis dit : je vais à Arbois. L’ancienne directrice de l’Institut Pasteur était venue dans le Jura et avait rencontré un certain nombre de gens, dont Philippe Bruniaux [adjoint à la culture d'Arbois, N.D.L.R.] dont elle m’a dit qu’il est le spécialiste mondial de Pasteur. Aussi, lors de ma venue, je l'ai tout naturellement rencontré. On s’est bien entendu et il est devenu une sorte de frère pour moi. C'est ainsi que je suis arrivé dans le Jura par Pasteur.
Comment s'est déroulée votre première rencontre avec Arbois, quelle a été votre première impression quand vous êtes arrivé dans cette ville ?
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Par mon histoire, je suis très lié à l’eau, et ce depuis toujours. J’ai beaucoup navigué et j’ai toujours été passionné par les fleuves. Une ville sans rivière ni fleuve qui la traverse, sans mer qui la borde pour moi n’a pas de charme. S’il n’y avait pas la Cuisance, pour moi Arbois perdrait la moitié de son charme. Mon amour pour Arbois, c’est donc l’eau. Le parcours de l’eau dans le Jura, sa circulation discrète, souterraine, donc invisible, les résurgences, le mystère des reculées… Tout cela me bouleverse. Un autre élément m’a frappé ici, c’est la couleur des maisons, ce ton souvent jaune qui les rend si belles. Ce matin, il y avait une lumière qui baignait tout Arbois. C’était quand même invraisemblable de beauté. Enfin, il y a le vin. Du côté de ma mère, de partout il y a des vignerons. Aussi un endroit avec une rivière, une architecture si belle et des vignes, je me suis dit : c’est un endroit qui va me parler ! Quel vin d’Arbois préférez-vous ? Je n’ai pas de préférence, on m’a dit le vin jaune… Oui, j’aime bien le vin jaune, surtout dans son lien avec les différents produits, notamment le comté. Et vous voyez, on revient aux livres… Une librairie, c’est une fruitière où on affine son goût, on affine ses rêves. Ces gens qui disent : « Arrêtons, c’est trop compliqué ! Ne gardons que trois cépages en oubliant complè-
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SI JE PEUX AVOIR UN PETIT PEU DE VIGNE, JE SERAI CONTENT. C'EST DU TEMPS, DE L'ATTENTION, C'EST DU RESPECT. tement les terroirs » me rendent fou. C’est comme si on n’avait que cinq livres : Musso, Levy… C’est comme si on n’avait plus de langues différentes, mais seulement 400 mots. C’est comme si on ne mangeait que des pastilles. Moi, ça, non ! Le vin d’Arbois est meilleur à Paris ou ici ? Il est bon ici, mais pour qu’il y ait ici, il faut qu’il y ait ailleurs aussi. Le fils de Stéphane Tissot va présenter le vin d’Arbois au Danemark. Moi, je crois que, sur cette terre scandinave, on a besoin des gens qui vous aident à vivre et le vin d’Arbois, c’est excellent pour que les Danois réussissent à vivre au Danemark ! Tout n'est donc qu’une question de lieux ? Non, il y a aussi les gens ! Ils m’ont accueilli et ce n’était pas du tout évident. Je n’étais pas légitime. Comme je vous l'ai dit, j’occupais ce fauteuil de Pasteur, mais je le connaissais peu. Et une vraie relation s’est tissée. Maintenant, j’ai des amis proches, j’ai l’impression d’avoir une famille ici. Et je ne suis venu que trois fois ! Alors, si je peux avoir un petit peu de vigne je serai content, pas du tout pour des raisons patrimoniales, mais pour un besoin de transmission, c’est-à-dire être là. Pour moi, homme du livre, une librairie et une vigne, c’est pareil. C’est du temps, c’est de l’attention, c’est du respect, c’est de la découverte... Vous connaissiez donc déjà la vigne ? Je la connaissais un peu car il se trouve que j’ai été chroniqueur gastronomique au Gault et Millau pendant deux ans et membre du bureau de l’Académie des vins de France. Je connais deux ou trois choses, mais, cette vigne, je ne souhaite pas la travailler moi-même, je n’aurais pas assez de temps dans ma vie pour cela. Par contre, avoir cinquante ares avec un vigneron qui s’en occuperait, discuter avec lui… oui, ça m’irait bien. Si j’ai dix bouteilles par an, ça me suffit ! Vous voilà acteur du territoire... ... Je me connais, si je n’ai pas de projet, je me disperse. Donc j’ai des projets ici. C’est le vin, c’est aussi cette librairie à Poligny dont je suis partenaire [La Fruitière des livres à Poligny, N.D.L.R.]. Il faut voir ce que l’on peut faire. Il faut agir. La base, c’est l’action. Que représente justement le fait d’être coopérateur dans cette librairie associative de Poligny ? C’est un engagement, c’est de l’amitié, du respect et c’est aussi le début d'une histoire. On est sur le même bateau. Comme écrivain, si je ne vends plus de livres, je ne suis pas libre. Dans les années trente ou cinquante, j’aurais été grand reporter, une sorte de mini Jacques Kessel. Maintenant, les journaux n’ont plus d’argent. Qui finance dès lors mes voyages ? Les lecteurs !
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Si je ne vends pas, je n’ai pas de lecteur, et je suis immobile. Si je suis immobile, je meurs. On imagine davantage Érik Orsenna dans une librairie de grande ville, alors que Poligny est bien loin de ce modèle… Les libraires sont partout et il faut articuler les moyens modernes et les implantations. J’ai l’intime conviction que si une librairie c’est seulement louer des rayonnages, alors vive Amazon ! Mais ce que ne peut pas faire Amazon, ce sont les rencontres, les échanges, la chaleur… Une librairie, c’est un lieu, c’est un lien.
Dans La vie, la mort, la vie, Louis Pasteur 1822-1895, aux Éditions Fayard, vous avez écrit des très belles pages sur Arbois et sur Pasteur.
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L'après Pasteur
C’est un vrai coup de cœur pour Pasteur. Il faut comprendre la bataille qu’il a menée. Évidemment, on voit le résultat, on connaît le succès de ses recherches, mais il a été l’un des seuls à lutter contre la génération spontanée. C’est une bataille inouïe, il était face à l’inconnu, à peu près contre tout le monde. Dans cette situation, il lui a fallu des racines, une base et une famille. Si vous n’avez pas ce lieu, comment pouvez-vous lutter contre des gens qui disent toujours non, qui continuent à répandre leur pensée magique ? La vie de Pasteur a été une guerre et, dans une guerre, il faut une patrie.
Six mois après son dernier livre consacré à Pasteur, Érik Orsenna a publié ce printemps un nouveau roman chez Stock. L'origine de nos amours est sans doute l'un de ses livres les plus personnels. C'est l'histoire d'un père et d'un fils qui ne se parlent pas, jusqu'au jour où tous les deux divorcent le même été, en 1975. Tous deux vont alors se parler, comme jamais, réfugiés sur l'île de Bréhat. « Mon père me croyait atteint de la même malédiction familiale que lui, celle des amours ratées », confie l'académicien, qui a attendu sa mort pour évoquer ces souvenirs.
En quoi diriez-vous que Louis Pasteur est le fils d’Arbois ? Il est le fils de l’eau et s’il n’y a pas d’eau, il n’y a pas de tannerie, et s’il n’y a pas de tannerie, il n’y a pas de papa Pasteur et s’il n’y a pas de papa Pasteur, il n’y a pas de Louis Pasteur. Il est fils de l’eau parce que sans eau, il n’y a pas de vin et, sans vin, il n’y a pas de Pasteur. Sa vraie recherche, c’est sur les maladies du vin. Il avait travaillé avant sur la structure de la matière, mais, c’est son travail sur les micro-organismes qui ont lancé
sa carrière et, ensuite, sur les vers à soie, sur les maladies des animaux et les êtres humains. Évidemment, Pasteur est le fils d’Arbois ! Si Pasteur n’était pas dans un monde de vin, il aurait peut-être été un physicien formidable, mais il n’aurait pas inventé la biodynamie.
Érik Orsenna, à Poligny, en avril dernier.
Pour vous, son environnement arboisien a donc directement influencé son travail et ses découvertes ? Évidemment. Pasteur a ceci de formidable pour un chercheur qu’il s’est donné à lui-même une obligation de résultat. Il ne cherche pas pour comprendre, il cherche pour trouver. Il veut des résultats. Certains cherchent pour chercher, pas lui !
b NUMÉRO 39
Si vous deviez mettre des parfums, des sons, des couleurs sur Arbois, vous mettriez quoi ? Je ne sais pas trop, mais il existe des villes et des villages très jolis qui sont des musées, des patrimoines statiques. Ce qui me frappe dans Arbois, c’est que les gens sont là, ils vivent là. Puis, les viticulteurs utilisent ce que Pasteur leur a appris pour améliorer le vin. Quand vous voyez l’énorme développement de la biodynamie dans ce monde, c’est très frappant. Ce matin, on regardait les vignes et on voyait que tout était vert, sauf trois taches jaunâtres, c’est-à-dire Round-Up. Bientôt, ils vont arrêter ! L’idée, c’est d’avancer, il faut toujours continuer et Arbois avance. Je hais l’idée que tout était mieux avant. Un village qui vivrait sur la rente du passé n’aurait pour moi aucun intérêt.
LA VIE DE PASTEUR A ÉTÉ UNE GUERRE, ET DANS UNE GUERRE, IL FAUT UNE PATRIE. 104
Est-ce que vous vous sentez un peu Arboisien ? Oui, autrement je ne reviendrais pas. Vous savez, il y a une phrase formidable en Afrique qui dit que tout commence quand on revient. C’est pour ça que j’ai des projets ici. Je suis ambassadeur de l’Institut Pasteur, mais mon livre n’est pas simplement sur Pasteur, c’est un engagement. Pendant trois ans, je vais aller partout. Je reviens de Guyane, je repars au Cambodge pour voir les souches résistantes des parasites… Pour quelqu’un qui ne connaissait rien à la science, vous avez appris vite… En fait, je travaille… Et puis, j’ai des amis qui m’ont fait gagner des années. Le trésor de ma vie, c’est l’amitié et les êtres humains comptent pour moi autant que les livres. Quand vous avez les deux, l’amitié et une librairie, cela s'appelle le bonheur. |
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nordic Magazine
BiaTHLOn Les cOnfidences de MarTin fOUrcade déBaT Le cOMBiné nOrdiqUe en danger ? enqUêTe La renaissance iTaLienne
Maurice Manificat Le patron du ski de fond numéro
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L'aigle du viaduc Lui, c'est des tremplins qu'habituellement, il s'élance. Vincent Descombes-Sevoie est sauteur à ski. Numéro un tricolore, il détient le record de France : 230,5 m. Été comme hiver, il parcourt la planète, de la Norvège au Japon, de la Pologne à l'Italie. Jusqu'à 25 millions de téléspectateurs suivent ses vols. Aussi, ni la vitesse ni le vide ne lui font peur. À Villards-d'Héria, il a testé l'accro viaduc aventure. Un parcours unique en France sur un pont en service. 72 mètres de hauteur, dix-sept tyroliennes, des centaines de mètres de dénivelé au-dessus du vide, des pointes à 50 km/h étaient au programme de l'athlète chamoniard. « Le parcours procure de très belles sensations », a-t-il confié lorsqu'il a retrouvé le plancher des vaches. Avec une seule envie, recommencer. Pwww.accro-viaduc-aventure.com
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P à l'Accro Viaduc Aventure, sur www.jura.live Retrouvez Vincent Descombes-Sevoie
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Agenda
Quand nos yeux s'en mêlent Où : Musée de la lunette, Morez. Quand ? Jusqu'au 17 octobre
b XX PIERRE GUENAT/ADAGP, PARIS, 2016. X
Exposition temporaire fascinante et mystérieuse : images en mouvement, objets impossibles, réalités déformées, pièges visuels… A travers des expériences ludiques, les illusions d’optique mettent les sens à rude épreuve. Elles trompent, interrogent, amusent, étonnent les petits et les grands. Apprendre en s’amusant. PMusée de la lunette, - Place Jean-Jaurès 39400 Morez. Tél. : 03 84 33 39 30 - www.musee-lunette.fr
Pierre Klemczynski
b STF
Église de Ruffey-sur-Seille, 1969. Collection particulière.
Où : Lons-le-Saunier. Quand ? Jusqu'au 6 novembre
C’est le peintre de la sensibilité, figuratif à sa manière. Pierre Klemczynski, né à Saint-Claude, a été marqué par les paysages du Jura, où il est revenu vivre et travailler après une enfance parisienne et des expositions annuelles ininterrompues à Lons-le-Saunier de 1949 à 1986. Sa longue carrière internationale a connu plusieurs périodes et ce sont ces évolutions que retrace au Musée des Beaux-Arts de Lons le Saunier cette exposition d’huiles et de dessins qui reprennent les thèmes qui lui sont chers : portraits, natures mortes, paysages et, bien sûr, les célèbres poupées, notamment à travers des œuvres inconnues du grand public, comme une série de portraits ou des œuvres d’adolescence. Pwww.musees-franchecomte.com
Assaut des remparts
b MARIE-CHRISTINE KLER
Où : Nozeroy. Quand ? Dimanche 24 juillet
Pour la 28e fois, la petite cité médiévale de Nozeroy, sur le plateau de Champagnole, va plonger au cœur du XVe siècle pour inviter le public à partir à l’assaut des remparts. Un assaut plutôt sympathique puisque l’ancien fief des sires de Chalon, au cœur de ce qu’était autrefois la Haute-Bourgogne, va revivre au son des musiques de troubadours et autres ménestrels, au rythme des cracheurs de feu, jongleurs et équilibristes en tous genres et vibrer avec les artisans dans leurs échoppes. Pwww.juramontsrivieres.fr
Le réaliste Rebeyrolle Paul Rebeyrolle est un artiste majeur du XXe siècle. Il n’aura eu de cesse de réinventer la peinture réaliste. Il sera engagé au sein du Manifeste de l'homme témoin qui regroupe d’autres jeunes artistes tels que Lorjou, chef de file, et sa compagne Yvonne Mottet, ainsi que les peintres de la Ruche : Michel de Gallard et Michel Thompson. L'exposition du Musée de l'Abbaye présentera, de manière inédite, des œuvres de la période 1949 à 1955. Natures mortes, paysages, portraits sont mis en lumière en parallèle avec quelques toiles réalistes de Gustave Courbet appartenant à la collection du musée. L’exposition permet aussi de voir des peintures de Paul Rebeyrolle plus récentes où celui-ci travaille davantage la matière. Une manière de suivre le parcours de l’artiste tout au long de sa vie. PMusée de l'Abbaye - 3 place de l'Abbaye 39200 Saint-Claude Tél. 03 84 38 12 60 - www.museedelabbaye.fr 108
Paul Rebeyrolle Autoportrait, 1951 Huile sur bois – 55 x 33 cm Collection Florence et Pierre Basset
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b PIERRE BASSET
Où : Musée de l'Abbaye, à Saint-Claude. Quand ? Jusqu'au 27 novembre
BELLECIN
CENTRE SPORTIF LAC DE VOUGLANS
Kayak Tir à l’arc Planche à voile Aviron Catamaran Tyrolienne VTT...
b SO !REPORTAGES
Week-end du chat perché
39270 ORGELET
Où : Dole. Quand ? Du 23 au 25 septembre
C’est un week-end de convivialité et de plaisir où les gens viennent par milliers découvrir la ville natale de Pasteur, tout en dégustant des produits de qualité. Sur les pas de Marcel Aymé, écrivain qui passa son enfance à Villers-Robert, gastronomie, histoire et architecture se mêlent pour faire revivre un certain art de vivre dolois. Animations de rue, musique, chansons, acrobaBellecin.indd ties… Mais aussi viticulteurs, artisans, producteurs locaux, chefs gastronomiques qui vont partager leur passion. L’entrée est gratuite, mais des formules payantes comme le pass “clocher” ou le pass “dégustation” permettront de déguster quelques plats et quelques vins hauts en couleurs. Pwww.weekend-gourmand-dole.fr
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b BENOÎT CAMBILLARD
Grosse rentrée aux Scènes du Jura Parmi les grands rendez-vous de la rentrée, vendredi 24 novembre, à la Commanderie, à Dole, Sophia Aram, humoriste au scalpel présentera son spectacle Le fond de l’air effraie. Mardi 6 décembre, à l’Oppidum de Champagnole, musique tradi-moderne avec le groupe Dakhabrakha. Jeudi 8 décembre à la Fabrique, à Dole, théâtre avec Days of nothing de Fabrice Melquiot et Matthieu Roy, avec la Compagnie du Veilleur. Samedi 17 décembre, au théâtre de Lons-le-Saunier, chanson avec Alexis HK sur le registre Brel/François Morel et, samedi 14 janvier, à la Commanderie, à Dole, Dick Annegarn et Thomas Fersen pour un plateau partagé en chansons.
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Où : Petite Montagne. Quand ? Du 15 au 24 juillet Le festival de Bouche à Oreille (BAO) va emmener les mélomanes et les gourmets dans les plus beaux lieux de la Petite Montagne, mais aussi dans des endroits plus intimistes. Une quinzaine de soirées sont programmées avec, en amuse-bouche, des buffets du terroir et, en plat de résistance, des concerts. Cette année, le pogramme comporte, entre autres, le quatuor féminin Balkanes vendredi 15 juillet à l’église d’Orgelet ; les Timbres en Musique et Harmonia Lenis le 17 juillet à l’église Saint-Hymetière ; Benoit Haller et la Chapelle Rhénane mercredi 20 juillet à l’église de Gigny. Pfestival-jura.com et bao-jura.com
Idéklic
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Agenda b DR
De Bouche à Oreille
Théodore Chassériau, Femme suppliante. Musée des Beaux-Arts et d’Archéologie de Besançon.
Où : Moirans-en-MontagneQuand ? Du 10 au 13 juillet
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Pour sa 27e édition, le Festival international pour l’enfant de 3 mois à 13 ans accueillera cette année 26 spectacles et 68 représentations aux quatre coins de la cité du jouet. Il faut ajouter 58 ateliers parmi lesquels les enfants pourront circuler librement. Nouveauté, les organisateurs ont imaginé de faire rêver en même temps les enfants du festival et les étudiants en métiers d’art du lycée Pierre-Vernotte à partir de la statue d’Auguste Rodin L’homme qui marche du musée de l’Abbaye de Saint-Claude. Les parents sont acceptés. Pwww.ideklic.com
De David à Courbet
b DR
Où ? Musée des beaux-arts de Dole. Quand : du 14 octobre 2016 au 19 février 2017
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Merci au musée de Besançon qui se refait une beauté et doit fermer ses portes cette année. Cette rénovation fait des heureux un peu partout en France. Après Rennes, c’est le musée de Dole qui va accueillir en cette fin d’année une soixantaine d’œuvres (peintures et dessins) allant de la Révolution à la Seconde République. Au menu : David, Delacroix, Goya, Gericault, Ingres, Courbet… Portraits, paysages, tableaux d’histoire, esquisses… Tout un ensemble parcourant les différents courants qui se sont succédé, depuis David et son « Serment des Horaces » aux peintures avant-gardistes de Goya et au réalisme naturaliste de Courbet. Cette exposition rassemble un certain nombre de véritables chefs d’œuvres, c’est pourquoi il ne faut surtout pas la manquer. Pwww.musees-franchecomte.com
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Azimut festival Où : La Pesse. Quand ? Du 7 au 9 octobre
b DR
Là encore, un classique de la musique dans le Jura, avec cette spécificité que ce festival de blues et de world musique, qui attaque sa 27e édition, se déroule à 1 100 m d’altitude dans la montagne. Ce qui ne veut pas dire que l’ambiance sera fraîche ! Au contraire, Azimut Festival est un rendez-vous très coloré. Le mélange des genres… Voilà ce qui pourrait définir le mieux ce rendez-vous puisque les couleurs flamboyantes de l’automne haut-jurassien accueilleront cette année Aerophone, Sidi Wacho, Boulevard des Airs, Théo Lawrence, Manu Lanvin and the Devil Feat Sweet Georgia Night, the Delta Saints… Au « marché d’à côté » du dimanche 9 octobre, autre temps fort du festival, seront proposées, en musique et en circuit court, des productions bio et locales, le Duo Petite Musique… Pwww.azimutfestival.com
Gérard Holtz Où : Lons-le-Saunier. Quand ? Dimanche 17 juillet
Folies douces
Cette année, Gérard Holtz présentera pour la dernière fois le Tour de France sur les chaînes de France Télévisions et, le soir, un jour sur deux, il rejoindra la Compagnie de la Reine, troupe professionnelle, pour endosser le rôle de Sganarelle dans Le Malade imaginaire de Molière. Une représentation sera donnée place de la Liberté à Lons. 21 h. Gratuit. Pwww.lonslesaunier.fr
b LES CUBITÉNISTES
Où : Lons le Saunier. Quand : 17 septembre
Ce jour-là, une dizaine de spectacles des arts de la rue seront joués à travers les rues du centre de la ville-préfecture. Spectacles de cirque, musique, chanson, humour… Pwww.lamuserie.com
Duchamp à Étival
b OT ARBOIS
Où : Étival. Quand : du 29 au 31 juillet
Orgue
Où : Arbois Quand ? Du 10 juillet au 14 août
Le 16e Festival international d’orgue d’Arbois se déroulera cette année du 10 juillet au 14 août dans le cadre de l’église Saint-Just. Les concerts auront lieu tous les dimanches à 18h. Au programme, musique baroque, chœurs, trompette, accordéon pour des œuvres de Couperin, Bach, Albinoni, Haendel, Eberlin ou encore Mozart. Entrée gratuite. Pwww.arbois.fr
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Le village d’Étival, est indéniablement habité par un esprit artistique. Ce n’est pas par hasard, puisqu’en son temps, Etival à connu une effervescence artistique avec la présence de trois artistes mondialement connus : Marcel Duchamp (1887-1908) Francis Picabia (1879-1953) et Guillaume Apollinaire (1880-1918). C’est pourquoi ce week-end proposera une approche sensible de l’œuvre de Duchamp à travers un programme riche : expositions artistiques, créations collectives, balades naturalistes et artistiques, conférences, création sonore de Boris Jollivet, ateliers pour les enfants, balades nature… Pduchamp-abade.jimdo.com
Art contemporain Où : Baume-les-Messieurs. Quand ?Du 19 juin au 21 août
« Par le courant d’un fleuve submergé », c’est le titre de l’exposition d’art contemporain qui aura lieu aux grottes de Baume-les-Messieurs du 19 juin au 21 août. Dix artistes du collectif In Fieri vont investir ces lieux atypiques de leurs œuvres sur le thème de la carte postale. Objet de rêve, de voyage et de plaisir, la carte postale servira donc de fil conducteur à l’imaginaire autour de créations personnelles ou en collaboration. Le 21 août, de 15h à 18h au cellier de l’abbaye, projection vidéo de la collection Isabelle et Jean Conrad Lemaître. Pwww.baumelesmessieurs.fr
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Agenda
Michael Jones
L’Abonde
Où : Lons-le-Saunier. Quand : le 19 août
Où : Lamoura. Quand : le 15 août
Au Bœuf sur le Toit, le Gallois Michael Jones, le complice de Jean-Jacques Goldman, fera escale à l'occasion de sa tournée « 40 - 60 ». « 40 - 60 », c'est aussi le titre de son dernier album, sorte de lettre de remerciement au public qui l'a toujours soutenu depuis 40 ans. On y retrouve une nouvelle version de Je te donne, réenregistrée avec Jean-Jacques Goldman, un duo inédit avec Francis Cabrel et une chanson écrite par la chanteuse et comédienne Claire Keim. Pwww.lonslesaunier.fr
On la dit la fête la plus déjantée du Haut-Jura et pourtant, la concurrence est vive… L’Abonde, c’est une tradition festive inventée en 1988 par le foyer rural et reprise en 2001 par une association locale. Depuis, chaque été, pour le 15 août, Lamoura se transforme en une immense plateforme expérimentale du rire et du délire avec de la musique, des costumes, des parades, des artisans, des expositions. Une vraie fête jurassienne, mais complètement atypique ! Pwww.abonde.fr
La fête du morbier
Où : Morbier. Quand : le 20 août
b MUSÉE DU JOUET
b JACK CARROT
Le morbier, tous les amateurs de fromage dit « à pâte molle » connaissent, avec sa raie cendrée qui le partage (héritage de la suie) et son goût inimitable de noix et de noisette. Le fromage de morbier est célébré comme il se doit dans le village où il est né — c'est-à-dire Morbier dans le Haut-Jura — lors d’une fête marquée par un concours interprofessionnel entre les fromagers du Jura et du Doubs, territoires sur lesquels ce produit est fabriqué. Cette année, petite modification, seuls seront présents le 20 août à Morbier les finalistes sélectionnés par un jury de professionnels lors d’un concours ayant eu lieu le 1er avril, ils présenteront leurs nouvelles productions. Un concours des enfants et des dégustations sont également au menu, sans oublier les stands de produits du cru et l’inévitable… morbiflette géante. À goûter sans modération. Pwww.morbier.fr
Roulez jeunesse ! Où : Musée du jouet, à Moirans. Quand ? Jusqu'au 6 mars 2017
Le Musée du Jouet s'invite dans la caravane du Tour de France à travers son exposition temporaire, « Roulez, jeunesse ! ». Afin de raconter deux siècles d’épopée cycliste en jouet, plus d’une centaine de vélos d’enfant, jouets à rouler, jeux de société inspirés de l’univers cycliste, affiches publicitaires et jouets dérivés de la Grande Boucle sont réunis à partir des collections moirantines et de prêts d'autres établissements français et étrangers. Des curiosités, tel un vélocipède de 1869, un grand bi kangourou de 1885 ou une célérette de 1910 (petite draisienne pour enfant sans chaîne ni pédales), illustrent les grandes étapes de la mise au point du deux-roues. Une sélection de jeux d’éveil, de motricité, de plein air et de société montre la fascination qu’exerce le vélo sur chacun d’entre nous. À partir d’affiches publicitaires, l’exposition évoque également les évolutions sociologiques liées à l’usage de la bicyclette. Une section importante est bien évidemment dédiée aux jouets dérivés du Tour de France, la compétition la plus prestigieuse du cyclisme sur route. Anecdotes, devinettes et jeux attendent petits et grands. PMusée du Jouet - 5 rue du Murgin 39260 Moirans-en-Montagne Tél. 03 84 42 38 64 - www.musee-du-jouet.com 112
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Les Stéphanois de Dub Inc.
Reggae 0ù : Fraisans. Quand : du 12 au 14 août
b ALEXIS RIEGER
Et de quatre pour le festival No Logo dédié au reggae ! Il va une nouvelle fois investir le site des anciennes forges de Fraisans (XVIIIe siècle) pour trois jours de musique. Un lieu emblématique choisi à dessein par la jeune association qui s’affranchit des subventions et aides financières classiques pour être plus libre. Cette année, No Logo innove : triplement de la surface du camping et accueil d’une équipe de créateurs en art contemporain. Quant aux vedettes, citons Damian Marley (Jamaïque) ; Katchafire (Nouvelle Zélande) ; Mystically (France) ; Morgan Heritage (Jamaïque) ; (Balkan Beat Box (Israël-USA) ; Jah Cure (Jamaïque) ou Dub Inc (France). Pnologofestival.fr
La Forestière Où : Haut-Jura. Quand ? 17 et 18 septembre
Ce sont deux jours de folie pour tous les fans de VTT et cyclo. Épreuves pour hommes, femmes et enfants, courses enduro et ultra sur deux jours, courses marathon, courses olympiques. Cette année, de nouvelles épreuves arrivent : XCO senior et junior events sur le site d’Arbent (01) le dimanche matin, XCM de 100 km avec les 20 premiers kilomètres et les 15 derniers inédits. Pour les jeunes, nouveau parcours et pour l’enduro, deux nouveaux rallyes… Pwww.la-forestiere.com
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Parcourir le Jura, par ses sentiers, par ses collines, ses vignes, ses forêts, c’est se rapprocher du naturel, s’identifier à une reconquête, Jurassien &s’ouvrir Végétal à plus de prévenance. J’ai appris très tôt à profiter de ce paysage où la nature, quelquefois, rend l’instant magique et irréel. Il m’est arrivé au hasard d’un chemin de me retrouver entouré de lumière. Cette même lumière aussi nécessaire à la croissance végétale qu'au comportement humain. Mais j’ai surtout compris à ce moment-là que je resterais dans ce pays. Je faisais corps avec lui, au travers de mes balades parcourant les coteaux surplombant Arbois. Enfant, ne pouvant encombrer mes parents, très pris par l’activité naissante de l’hôtel et du restaurant, je me réfugiais le plus souvent chez mes grands-parents. Ils possédaient une maison entourée d’un joli jardin où je m’inventais des histoires. Mon grand-père était un homme remarquable de force et d’humanité, marqué parfois par un côté austère et colérique, certainement dû à une vie entrecalée entre deux guerres, l’obligeant à renoncer à son devenir de cuisinier. Ma grand-mère, elle, femme d’une sensibilité et d’une discrétion exemplaires, savait s’accommoder des « humeurs » de son homme et lui apporter ainsi toute la tendresse souhaitée. Mais ce qui m’intéressait, ce furent ses qualités de cuisinière. À chaque fois qu’elle se mettait à cuisiner, je me glissais derrière elle, dans l’arrière-cuisine, et, tout en contemplant ses gestes précis qui ordonnaient un rituel savamment
protection des sites et monuments naturels de caractère artistique » permettant ainsi de classer, le 2 mai 1912, la source du Lison. Par sa démarche, je me suis senti totalement concerné. À notre époque où les conditions de vie tendent à s’uniformiser, rares sont les régions qui ont su préserver l'accord secret entre nature et histoire. Le Jura est incontestablement une de ces régions privilégiées. Par son authenticité, sa gastronomie est empreinte du caractère de ses habitants. Le Jurassien a pour son pays, un attachement profond et lucide. Il a le respect des traditions et l'amour des choses bien faites. Il déteste le mensonge, le frelaté, l'artificiel. Notre Jura se mérite, il est sauvage, il est secret. Serionsnous dans cet environnement de pureté et de sérénité si, avant nous, d’autres ne l’avaient préservé ? Ceux de nos familles qui nous ont ouvert le chemin, nous ont fait découvrir, par des gestes simples, une autre façon de vivre. Il m’est arrivé de voir le ciel se mélanger au végétal, en des nuances contrastées donnant de la force à des paysages indomptables. Que de chose à comprendre. Tout paraît ordonné. Le grand architecte qui a créé ce monde était-il un peu poète et jurassien ? Ce monde m’équilibre et j’y suis attaché. Alors, au-delà de ces quelques lignes, laissez vous transporter, juste un instant, les yeux fermés dans le beau pays du Jura.
Jurassien & végétal
b JEAN LUC GRILLOT - PARIS
convenu, je me délectais, assis sur les marches menant au cellier, des fragrances que ses préparations culinaires laissaient exploser. Je me nourrissais alors de ces odeurs de rôti ou de grillé, de ces fumets de bouillons épicés, de la délicate vapeur du lait à la vanille et des senteurs tout en subtilité et mystère du miel, du citron ou de la cannelle. Il y avait une forme d’alchimie dont j’étais le complice privilégié, qui me rendait les yeux pétillants et la bouche gourmande. Plus tard, lorsque je choisirai ce merveilleux métier de cuisinier, je ressentirai un besoin indicible à faire revivre nos traditions culinaires, en m’éveillant à l’imagination poétique de nos conteurs et romanciers comtois, de Charles Nodier à Louis Pergaud, en passant par Marcel Aymé. Ou encore en m’inspirant de cette créativité si particulière mais tout aussi ardente du Salinois Max Buchon, grand ami de Courbet et auteur de la Soupe au fromage, chanson qui lui valut de s’exiler en Suisse. Frondeurs, me direz-vous, les gens de ce pays ? Peut-être. Avant-gardistes ? Souvent. Comme Charles Beauquier, cet oublié de la République, qui portera la loi de 1906 sur « la
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