Nouvelles N° 1975

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Jeudi 3 janvier 2013 - N째 1975 - Hebdomadaire - 15, rue Furtado - 33800 BORDEAUX Prix : 0,80 euro

Tous nos voeux de luttes victorieuses


l i ber t é s

Editorial Tous nos voeux de luttes victorieuses En annulant la fameuse « super-taxe » à 75 % pour les revenus supérieurs à 1 million d’euros, les membres du Conseil constitutionnel, saisis par l’UMP, ont volé au secours des très riches. La droite jubile devant ce superbe cadeau offert aux plus grandes fortunes de France. Cette « contribution exceptionnelle de solidarité », qui devait s’appliquer pendant deux ans aux revenus d’activité les plus élevés, aurait concerné à peine 1 500 personnes et rapporté près de 500 millions d’euros à l’État. Les mal-nommés « sages » ont ainsi pour l’instant enterré l’une des promesses les plus emblématiques de François Hollande pendant sa campagne, engagement que, devenu président, il a voulu tenir. C’est assez rare pour le souligner. Dans ses vœux pour 2013, celui-ci n’est pourtant pas revenu sur ce mauvais coup, réaffirmant le cap engagé de réduction des dépenses publiques, compétitivité, donnant-donnant avec le patronat : des conditions impossibles pour inverser la courbe du chômage, dont il fait pourtant un objectif central. Pour les communistes, le courage à gauche serait d’engager une véritable révolution fiscale, avec une taxation des revenus du capital au même niveau que ceux du travail, avec un impôt plus progressif jusqu’aux tranches supérieures, avec l’instauration d’un revenu maximal par an, comme le propose le Front de gauche. C’est au coeur de ce rassemblement que nous formulons nos vœux de luttes victorieuses, auxquelles nous participons activement, citoyens, militants, élus engagés pour gagner des droits pour tous, inscrits dans la loi. En 2012, les parlementaires du Front de gauche, dans leur diversité, se sont battus becs et ongles, portés par les batailles et les aspirations des Français qui n’ont pas voté pour un changement de « tête » mais de politique. Leurs attentes restent entières. Alors que de toute part on annonce une année 2013 difficile, il faudra s’unir pour agir afin de changer les rapports de forces sociaux, économiques, politiques pour que ce soit à gauche que s’oriente le changement. L’ambition ne sera accessible qu’avec de la justice, de la solidarité, de nouveaux droits des travailleurs dans l’entreprise, afin de promouvoir d’abord le travail et non plus la rente des grands actionnaires et des banquiers, une réforme fiscale et bancaire digne de ce nom et la réorientation de l’Union européenne. Bonne Année 2013 à toutes et tous ! Tenez bon sur vos espoirs et vos luttes, avec la part de rêves et de lucidité nécessaires.

2 • Les Nouvelles 3 janvier 2013

Egalité de droits

Lettre ouverte Segundo Cimbron, maire de St Yzans de Médoc : « Pourquoi je ne manifesterai pas le 13 janvier contre le mariage homosexuel » Ayant été sollicité en tant que maire pour manifester le 13 janvier à Paris contre le mariage homosexuel, j'ai cru bon de répondre par cette lettre ouverte : J’ai toujours eu du mal à comprendre au nom de quoi on peut refuser à quelqu’un, quel qu’il soit, de bénéficier d’un droit dont on bénéficie soi-même. Un droit qu’au demeurant il ne s’agit même pas de « partager » puisque le fait d’autoriser des personnes qui ont une sexualité différente de la mienne à se marier n’enlève ni ne rajoute rien à mon propre droit de me marier (ou pas...) Je n'ai jamais accordé au mariage d’autre signification que celle d’une reconnaissance par la société de l’union de deux êtres qui s’aiment et ont envie de vivre ensemble. Pas plus. Et c’est déjà énorme. Je ne vois pas pourquoi la société et ses institutions devraient décider de qui aurait le droit d’aimer qui. Et de qui aurait ou pas le droit de vivre avec qui. Pour moi, la société n’a que le droit (ou plutôt le devoir) d’acter ce fait : ces personnes s’aiment et veulent unir leurs vies. Que faire d'autre que le reconnaître ? Car ce fait existera de toute façon sans cette reconnaissance : on se marie parce qu’on s’aime, et non l’inverse. Et si on peut s’aimer sans se marier, nul ne se marie sans s’aimer si ce n’est par contrainte (familiale, économique, psychologique...) Et j'ai envie d'aller plus loin : j’entends souvent dire comme une évidence que « la cellule familiale est la base de la société humaine », voire que « sans elle, l’espèce humaine aurait disparu ». Ah bon !? Et en quoi est-ce si évident que cela n’ait pas besoin d’être démontré ? L’institution du mariage existe depuis environ 3 000 ans (mais peut-on appeler «mariage» les liens de domination / soumission que les Egyptiens, Grecs anciens et autres mésopotamiens entretenaient avec leurs femmes ?). Or, l’espèce humaine existe depuis 40 000 ans si l’on se contente de prendre comme référence «d’humanité» les merveilleuses peintures qu’ils

nous ont laissés dans les grottes. Plus de 100 000 ans si on prend les premières fabrications d’outils comme point de départ de «l'hominisation». Heureusement que nos ancêtres Homos (déjà !) Sapiens Sapiens n’ont pas attendu la mise en place du mariage et l'institutionnalisation de la famille (avec son papa, sa maman et ses rejetons) pour se multiplier : nous ne serions pas là à discuter de la question du mariage homosexuel car il n’y aurait plus personne pour se souvenir que l’espèce humaine avait existé en ce bas monde. Comprenez-moi : je respecte totalement ceux qui tiennent à la notion de famille au sens « traditionnel » du terme. Beaucoup d’entre eux s’y épanouissent, y trouvent leur équilibre, voire leur raison d’exister, et le sens qu’ils donnent à leurs vies. Ils n’aiment pas moins leur conjoint(e), leurs enfants, leurs parents, leurs frères et sœurs ou leurs amis... que moi qui ne m’inscris pas dans cette vision du monde. Je ne s u i s p a s c ho qu é , au contraire, de voir qu'ils éduquent leurs enfants dans le sens de ce qu’ils estiment être le bien. Et si leur vision de la famille est la plus juste, ils n’ont pas à avoir de doute sur sa capacité à s’imposer comme la plus naturelle sans qu’il soit nécessaire de l’imposer à ceux qui pourraient en douter... Mais là où je ne suis plus du tout d'accord, c’est lorsqu’ils prétendent imposer au x autres ce qui n’est que leur vision de la famille, c’est lorsqu’ils prétendent refuser des droits à ceux qui ne sont pas comme eux, qui ne vivent pas comme eux, qui ne pensent pas

comme eux, simplement parce qu’ils ne sont pas comme eux. Que je sache, personne ne prétend imposer le mariage homosexuel à ceux qui ne le sont pas. Pourquoi vouloir à tout prix l’interdire à ceux qui le sont ? En bon français, cela s’appelle de l’intolérance. Et l’intolérance sera (pour moi) toujours intolérable. » NB. : On m'objectera sans doute que j'élude la question des enfants, et c'est à dessein que je le fais. Je refuse de les instrumentaliser comme le font les deux parties dans ce débat en les prenant en otages. J'aurais trop envie de leur dire comme aux couples qui divorcent : foutez la paix aux enfants et laissez-les en dehors de vos disputes d'adultes immatures ! Que vous pensiez qu’ils ont besoin d’un papa et d’une maman, ou que vous pensiez qu’ ils ont surtout besoin d’ être aimés et protégés, commençons donc par nous battre partout, sans relâche et à chaque occasion pour qu’il n’y en ait plus jamais aucun qui dorme dans la rue (que ce soit avec son papa et sa maman, ou avec ses deux papas, ou avec ses deux mamans, ou sans personne). J'ai dû me résoudre à laisser ma femme porter seule nos deux filles dans son ventre pendant neuf mois... N'empêche qu'en pensant à tous ces gosses abandonnés dans le monde (et en France) j'ai du mal à trouver que la PMA* soit une question si urgente pour qui que ce soit (homo ou hétéro) ! *Procréation Médicalement Assistée


PCF 36e Congrès

Faire débattre le plus grand nombre Les communistes ont choisi la base commune de leurs débats sur l’état du monde, leur projet, leur stratégie et leur parti. Loin de se replier sur eux-mêmes, ils se tournent vers les hommes et les femmes qu’ils veulent rejoindre. Le débat entre dans une phase nouvelle pour approfondir la réflexion et les réponses du PCF dans une situation politique bloquée, où la gauche au pouvoir n’a pour boussole que l’austérité et la compétitivité qu’exigent les marchés financiers. Dans ce contexte, où sont les victoires possibles ? Comment gagner un changement de cap ? Les événements de Florange sont devenus un symbole édifiant et amènent les gens à réfléchir. Les communistes sont souvent vécus comme de bons défenseurs des acquis et de l’existant. Mais ils ont des propositions pour faire autrement et veulent parler d’avenir quand tout est fait aujourd’hui pour faire gagner la résignation et tuer l’idée de changement. L’accompagnement des marchés financiers aggrave de jour en jour la crise dans toutes ses

36ème Congrès Congrès de sections

Nord-Gironde 11 et 12 janvier Rive droite 12 janvier Bordeaux 12 et 13 janvier Blayais 12 janvier Talence 17 janvier Les Graves 17 janvier Gradignan-Cestas-Canéjan Jeudi 17 janvier, 17h30,

dimensions. Il faut donc à la fois mener la bataille immédiate et celle de la perspective. Il y a besoin de libérer les aspirations populaires. Cela suppose d’ouvrir des brèches comme les communistes vont aussi le faire avec la campagne du Front de gauche pour une alternative à l’austérité. Lier l’immédiat et la visée est la force du PCF, c’est ce qui donne sens aux combats. C’est de tout cela dont il sera question dans les congrès de section et les congrès départementaux qui auront à délibérer à la fois sur les orientations, mais aussi sur les statuts et les directions. La commission du texte dressera un état des lieux du débat et recensera quelques-unes des

grandes questions à creuser pour faire de ce congrès un moment utile à la bataille quotidienne des communistes. La qualité de débat progresse à partir du travail effectué sur les fenêtres et les contributions. Les communistes doivent pouvoir dire sur quoi et en quoi ils souhaitent voir le texte enrichi. L’enjeu est d’en faire, jusqu’au bout l’affaire de tous.

Hors-série de l’Humanité

Plus tard, on dira qui je fus

accompagné de l'album photo offert par Louis à Elsa pour leurs 40 ans de vie commune, en 1968

Samedi 26 janvier

Meeting

10 €

« Le communisme aujourd’hui »

à Cenon

au Rocher de Palmer avec Pierre Laurent secrétaire national du PCF

lors du congrès des communistes girondins

Disponible à la Fédération de la Gironde du PCF 05 56 91 45 06 ainsi que dans les congrès de sections et le congrès départemental du PCF

Maison des associations, à Cayac-Gradignan Deux-Rives 18 janvier Bègles 18 janvier, 18h30, et 19 janvier, 9h, siège de la section Rives de Dordogne 18 et 19 janvier Mérignac 18 et 19 janvier Bassin d’Arcachon/Val de l’Eyre 19 janvier Nord Médoc 19 janvier, 9h, salle des fêtes, St Yzans Portes du Médoc 19 janvier

Calendrier

Janvier. Congrès de sections Amendements sur la base commune, les statuts, renouvellement des directions, propositions pour le CN, élection des délégués au congrès départemental. 25-26-27 janvier. Congrès départemental au Rocher de Palmer Discussions et votes, élection de la nouvelle direction départementale, élection de 12 délégués au congrès national. 7 au 10 février. Congrès national du PCF à Aubervilliers Contributions individuelles et collectives Envoyer à gironde.pcf@gmail.com et à lire sur http://gironde.pcf.fr/28275

Ecoutez voir… La vidéo critique qui dérange ? Le clip humoristique du PCF, sur son site internet, incitant à « rallumer les étoiles » et rappelant les engagements de campagne de François Hollande, vient de provoquer une réaction totalement disproportionnée du premier secrétaire du PS, Harlem Désir : « Ce clip (…) de mauvaise foi, mensonger et caricatural (…) est une faute contre la gauche (…), une honte pour ses auteurs… ». Pour Olivier Dartigolles, porte-parole du PCF « cette vidéo peut susciter des réactions et la première, la plus partagée, avec près de 200 000 visites dés les deux premiers jours, est tout simplement d'en sourire [car] mieux vaut user aujourd'hui d'un droit de critique, qu'être contraint à un devoir d'inventaire dans 5 ans ». « Sur le fond, nous n'avons fait que reprendre les promesses publiques du candidat Hollande, sans rien bidouiller : ses promesses sur des marqueurs de gauche pour un changement « Maintenant » après 10 ans de droite. Huit mois après, Harlem Désir devrait plutôt se demander pourquoi cette vidéo rencontre un tel succès. (…) Ce clip est une invitation (…) légèrement impertinente (…) à rappeler à l'ensemble de la gauche que l'année 2013 doit être une année de conquêtes, de luttes face aux puissances de l'argent qui gouvernent, décrites par François Hollande lui même lors de son meeting de début de campagne au Bourget : « Mon véritable adversaire, scandait-il alors, il n’a pas de nom, il n’a pas de visage, pas de parti, il ne sera pas élu, et pourtant il gouverne. Cet adversaire, c’est le monde de la finance. »

En 2013, rallumons les étoiles http://gironde.pcf.fr/33589

Les Nouvelles 3 janvier 2013 • 3


cu l t ure s e t s o l i dar i t é s Passage de témoin

Pour que le métier perdure Ce 1er janvier 2013, Alexandre Berger prenait officiellement la suite de Marie-Claude Ruiz qui lui offre son atelier de couture et son savoir-faire (136 bis, rue François de Sourdis, Bordeaux - 05 56 24 67 09) Ma rie-Claude, milita nte communiste et cégétiste, est l’une des « St Jo » comme les appellent ceux qui furent acteurs de cette bataille de 10 ans (1976-1986) pour sauver l’entreprise textile St-Joseph à Gradignan* qui fut à la pointe de l’utilisation du jersey. Les Nouvelles. Comment as-tu créé cet atelier de couture ? M.C. J'avais des acquis professionnels solides, suite à mon parcours à St Joseph, surtout après avoir occupé l'usine. On avait continué la production pour montrer notre savoir faire, on a plus ou moins bien réussi, avec une première reprise. L'usine avait réouvert, quand la gauche est arrivée au gouvernement sous Mitterrand. Mais quand on veut se débarrasser d'un conflit, on fait «un plan» : d'ailleurs, j'ai un peu peur que ce soit pareil pour Florange ! Je suis partie après la deuxième occupation, et après deux ans dans une boutique, j'avais fait le tour, je ne supportais plus la pression. J'avais eu de graves problèmes de santé, j'ai choisi de me mettre à mon compte et pendant 25 ans d'artisanat, je n'ai plus été malade, et pourtant j'ai fait énormément d'heures. J'ai eu la chance à l'époque d'obtenir le crédit à 100% pour ma maison où se trouve mon atelier, et j'ai pu honorer tout mes remboursements. Aujourd'hui pour un jeune, c'est im-po-ssi-ble. Moi, je sais ce que j'ai reçu de la société,

j'ai été malade, j'ai été soignée, j’ai été a chômage, j'ai retrouvé un emploi. Alors je renvoie l’ascenseur. L.N. Est-ce que ce n’est pas difficile aujourd’hui de tenir dans l’artisanat ? M.C. J’ai une bonne clientèle, fidèle, qui a un peu de moyens, cela fait 25 ans que je suis là, Mériadeck attire de l'emploi. Dans ce métier, le rapport qualité-prix compte, mais au bout du bout c'est la qualité qui l'emporte. Le travail c'est le temps, la connaissance, l'expérience. Alexandre a les acquis professionnels, l'académie de la couture… Moi je lui apporte les « trucs »… et ça, c'est ni dans les livres, ni sur internet… En création on a la pièce de tissu, on peut recouper un morceau, mais en retouches, pour transformer, il faut faire appel à la créativité et l'inventivité, sinon vous ne pouvez pas trouver la solution : le « duende ». Alexandre. Marie a acquis une mémoire des problèmes qu'elle a résolus. C'est ce qu'elle me transmet. M.C. J'ai énormément de mercerie et j'ai des solutions pour tout, comme un ruban à poser sur une fermeture éclair, par exemple… et le beau travail, ça ne se marchande pas. Nous, on est dans le développement durable depuis longtemps, on répare et transforme les vêtements, on leur redonne vie… Ecolo avant l'heure !

«Ceux qui vivent sont ceux qui luttent» Marie-Claude à la tribune lors de l’occupation de St Joseph

Les Nouvelles de Bordeaux et du Sud-Ouest S.A.S. au capital de 37 000 euros Associés (à parts égales) : L. Chollon, F. Mellier, S. Laborde Directeur de la publication : Frédéric Mellier Abonnement 1 an : 25 euros. Abonnement de soutien : 40 euros Rédaction, composition, impression : S.A.S. Les Nouvelles de Bordeaux et du Sud-Ouest 15, rue Furtado - 33800 BORDEAUX Tél. 05 56 91 45 06 - Fax 05 56 92 61 01 - Email : nouvellesbordeaux@yahoo.fr Publicité : Aquitaine Conseil Publicité 6, rue du Prêche 33130 Bègles - Tél. 05 56 49 69 45 Commission paritaire de presse : 0113 C 85932

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L .N. Un métier toujours d’avenir alors ? M.C. La couture a été tiersmondisée, l'industrie textile démolie… On trouve du bas de gamme qui ne tient pas debout ou alors du haut de gamme que tout le monde ne peut pas se payer. Les gens comptent leurs sous, même ceux qui ont des moyens… Tout ce recycle. Notre travail va donner le coup de jeune pour ne pas être démodé. Il suffit parfois de raccourcir un manteau de 4 cm, ça change tout, on a l’oeil ! Et ça c'est le plaisir de rendre beau. Comme les salons de coiffure, d'esthétique, on est là pour donner du bien-être… La couture, ça touche au corps, c'est très important, c'est un rapport particulier avec la couturière, et maintenant c'est un couturier… Et je vois que ça passe bien avec Alexandre, les clients sont très contents… L.N. Cette rencontre, alors ? Tu voulais arrêter ? M.C. Pas du tout. J’ai 68 ans, et je faisais refaire tout mon atelier parce que je voulais continuer mais vieillir dans du neuf. J’ai rencontré Alexandre à la chambre syndicale de la couture*. Ce qui m’a tout de suite plu chez lui, c’est son « geste », le geste de la couture, la façon de se tenir, comment on est dans son corps, avec celui de la clientèle. Ensuite on a travaillé ensemble sur un projet de Cap Sciences qu’il a très bien assumé. Cet été, deux jours avant de partir en vacances, l’idée avait fait son chemin et je l’ai appelé au téléphone pour lui demander s’il voulait travailler avec moi. Il m’a répondu dans la journée et on a commencé presque tout de suite. L .N. C’est important l a chambre syndicale de la couture… M.C. Oui. On y fait de la formation, mais vivre aussi les solidarités, comme dans toute organisation professionnelle. Les artisans travaillent seuls, ils ont besoin d’échanger leur savoir faire. Toutes les solidarités ont été battues en brèche depuis 30 ans ! Les temps sont très durs, il y a des artisans qui sont couverts par le RSA alors qu’ils travaillent mais ça peut vite tourner à la catastrophe… Moi, je n'ai pas changé sur mes idées, et quand j'ai rencontré Alexandre, j'ai senti qu'on pouvait travailler ensemble, que je pouvais l’aider…

Aujourd’hui, il y a beaucoup de jeunes qui veulent être stylistes, dessiner… mais la réalité c'est plus de 90% au chômage, ce sont des boîtes à fric qui ont pris ces formations, l’éducation nationale ne forme plus de professionnels… L.N. Alors comment es-tu arrivé ici, Alexandre ? A. J'ai fait un BEP métiers de la mode où j'ai appris les bases de la couture… Je m'ennuyais à l'école, je suis devenu très bon élève dès que je suis rentrée dans cette formation… J'ai continué par un brevet de technicien de création sur mesure, très exigeant, c'est là où j'ai le plus appris. Puis un BTS de modéliste industriel en alternance avec un employeur sur Bordeaux, mais qui m’a surexploité… ça m'a dégoûté, j'ai arrêté après mon BTS… Mais il fallait quand même manger et payer le loyer. Quand on sort de l'apprentissage, le chômage c'est 250 euros par mois… J'ai travaillé dans la restauration rapide et au bout de 6 mois j'étais responsable de service avec une dizaine de personnes à diriger… Pendant un temps, j'ai bien aimé le «management», mais peu à peu on m'a fait devenir un requin… Quand j’en ai pris conscience, j’ai fini par être licencié… ça m'a fichu un coup mais je me suis dit, je ne veux plus me faire exploiter, je sais coudre, je me relance là-dedans… Avec l'aide du Pôle emploi, j'ai utilisé une partie de mes droits pour m'équiper… et puis j'ai rencontré Marie… Tout de suite on s'est bien «capté», on est sur la même longueur d'onde sur le travail… Quand elle m'a fait sa proposition, je me suis dit, que je ne pouvais pas laisser passer une chance pareille. En 6 mois, ma vie a changé, la roue a tourné…

L.N. Tu as commencé tout de suite ? A. Il y avait des clients, beaucoup de travail, alors on a ouvert tout de suite, les travaux à peine finis. Elle m'aide beaucoup… Moi je sais coudre, m'occuper des clients, prendre une retouche, mais il me manque encore un peu de vitesse, alors parfois elle m’avance… Elle me forme aussi à la gestion de l'affaire, le loyer, les charges, les fournisseurs, elle fait le trait d'union avec la clientèle… M.C. Même si pour moi, ce n'est plus mon affaire, mais je veux que le métier perdure… A. On est voués à être ensemble encore pas mal de temps, mais elle fera ce qu'elle voudra, pour le plaisir… L.N. Tu voulais faire de la création ? A. Il faut être réaliste. Dans la création, il faudrait atteindre des niveaux de tarifs trop hauts, les gens n’ont plus les moyens. Il vaut mieux faire 5 ourlets qu’une chemise, même si j’adore la couture… Alors 90% du travail, c’est de la retouche et transformations… Quand je les ai quittés, MarieClaude et Alexandre était en train de signer le bail. Bonne route ! C.T. 13/12/2012 * Lire «D’ombre et de lumière» de J. Darmont-Gelly. Ed. Scandéditions. * Maison des Artisans de la Mode

05 56 20 79 92

Carnet A l’heure de boucler cette édition, nous apprenons la disparition de notre camarade Christian Habas (Kiki pour beaucoup), dans la nuit du 31 décembre 2012. Il allait avoir 84 ans. A tous les siens dans la peine, nous adressons nos plus sincères marques d’affection.


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