Nouvelles N° 2140

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Jeudi 3 mars 2016 - N° 2140 - Hebdomadaire - 15, rue Furtado - 33800 BORDEAUX - Prix : 0,80 euro

Loi travail

DEVANT LA COLÈRE, LE GOUVERNEMENT RECULE MAIS LA MOBILISATION CONTINUE

8 mars

JOURNÉE INTERNATIONALE DES DROITS DES FEMMES (page 6)


ACTUALITÉ 10 MARS

SUPPRESSION DE 24 TER EN RÉGION

Appel des organisations de retraité-e-s à une nouvelle mobilisation

Une des conséquences des choix de gestion de l’entreprise publique

Les organisations syndicales des retraités-e-s UCR-CGT, UCR-FO, UNARCFTC, UNIR-CFE-CGC, SFR-FSU, UNIR-Solidaires et les associations de retraité-e-s FGR-FP, LSR, Ensemble&solidaires-UNRPA ont décidé d’appeler à une nouvelle mobilisation le 10 mars. À Bordeaux, rendez-vous à 10h, place Pey Berland. Prenant acte des reculs sociaux sur les retraites qui risquent de s’accroître selon quelques rapports (OCDE sur l’âge de départ, Cour des Comptes sur la réversion, COP sur la situation des retraité-e-s en France), elles demandent une rencontre à M. Sapin, ministre des Finances, pour la remise en place de la demi-part fiscale aux veuves et veufs et l’exonération de la majoration familiale. La mobilisation du jeudi 10 mars sera centrée sur la revendication du pouvoir d’achat en baisse à cause du retard grandissant entre la revalorisation de l’ensemble du système des pensions et retraites par rapport au salaire moyen, de l’augmentation de la fiscalité spécifique aux retraité-e-s, du poids grandissant des dépenses contraintes des personnes âgées, notamment en matière de santé. Elles revendiquent une revalorisation des pensions en fonction de l’augmentation du salaire moyen et une pension au moins égale au SMIC revalorisé, pour une pension complète. La défense des pensions de réversions et leur déplafonnement dans le régime général. Les retraités CGT de Castillon la Bataille, l’UL-CGT de Libourne, la CGT de l’hôpital de Libourne et les territoriaux participeront à la manifestation du 10 mars à Bordeaux, « parce que les convictions n’ont pas d’âges, affirme Alain Abezou, retraité CGT de Castillon, parce que l’austérité n’épargne pas les retraités, parce que notre système de santé est en danger parce que la retraite est attaquée de toutes parts. » Un bus partira de Castillon 8h30 (piscine), Libourne 9h, (stade Robert Boulin), participation de 5 €. Inscriptions : abezoua@free.fr ou 09 53 99 42 65.

LOGEMENT SOCIAL

Aquitanis et Mesolia s’entendent pour embaucher moins Le dernier conseil de Métropole a autorisé la création d’une société de coordination commune à Aquitanis et Mesolia. Un acte qui s’est fait sans l’accord des représentants des locataires des deux entreprises de logement social et en particulier de la Confédération nationale du logement (CNL). Voici l’intervention d’Odile Blein, élue communiste d’Ambarès, sur ce sujet. La création de cette société de coordination entend répondre à des objectifs tout à fait louables : la recherche sur la construction en bois, l’activité foncière des opérateurs et la relation aux usagers. La réponse apportée nous semble cependant contestable. D’abord parce que Aquitanis et Mesolia n’ont pas tout à fait le même statut. Le premier est un office public de l’habitat, la seconde une entreprise sociale. Dans la grande reconfiguration du paysage HLM, cette confusion entérine de fait le dessaisissement des collectivités de la gestion directe des offices d’habitat. Ensuite, la question du foncier est importante. Notre groupe a longtemps soutenu la proposition d’un établissement public foncier (EPFL). Le travail réalisé aujourd’hui par la FAB montre que ce travail peut être engagé sans avoir recours à une taxe additionnelle, contrairement à ce qui nous a souvent été rétorqué. Un tel établissement pourrait réaliser un travail considérablement utile aussi pour Aquitanis et les offices HLM. Concernant la relation aux usagers, elle est effectivement primordiale et les représentants des locataires d’Aquitanis ont souvent soulevé un déficit sur ce sujet. Mais pourquoi ne pas créer ces emplois au sein même d’Aquitanis ? Et au sein même de Mésolia ? Quel intérêt dans cette mutualisation, sinon la réduction des coûts de structure ? Les représentants de locataires s’y sont opposés et ils ont eu raison. Car c’est aussi la recherche d’économies qui fait que la rénovation souhaitable et bien pensée de la cité du Grand-Parc, se réalise dans des conditions déplorables pour les locataires et pour les travailleurs. De sous-traitance en sous-traitance, Aquitanis a vu son chantier épinglé pour faits de travail dissimulé. Ce n’est pas acceptable dans le cadre d’une entreprise publique. Voilà pourquoi nous nous opposons à ces logiques de réduction des coûts et de sous-traitance. Qu’Aquitanis réponde à ses propres besoins vis-à-vis de ses usagers et on verra ensuite, si mutualisation et échanges il peut y avoir.

L’UTOPIA BORDEAUX

1336 Jours, des hauts, débats mais debout Jeudi 17 mars 2016 à 20h30 à l’Utopia de Bordeaux, projection et soirée débat organisée par la radio La Clé des Ondes (90.10), avec les ex-Fralib (Géménos) qui ont repris de haute lutte l’outil de travail à une des plus grandes multinationales pour fonder une coopérative, Scop-Ti (Société Coopérative Ouvrière Provençale - Thé et Infusion). Places en vente à partir du lundi 7 mars.

1336 Jours, des hauts, débats mais debout, le film de Claude Hirsch, retrace la saga des « Fralib », depuis septembre 2011, première occupation de l’usine, jusqu’en juillet 2014, fête de fin de conflit. Les luttes des « Fralib » sont devenues le symbole des combats collectifs contre la fatalité des délocalisations. Aujourd’hui, après avoir monté leur coopérative, la marque 1336 (comme 1336 jours de lutte) est de nouveau dans les rayons. Jeudi 17 mars, vente des produits de la Scop-ti à 16h30, place Camille Jullian devant Utopia et le soir après le débat.

2 • Les Nouvelles 3 mars 2016

Les usagers ont vu l’offre de transport se réduire de 24 trains sur 5 lignes en région. Ils ont d’abord cru à la conséquence de travaux mais la SNCF annonce qu’il lui manque 20 conducteurs… Le Président de la Région, qui doit enregistrer un grand nombre de plaintes des usagers sur des retards et annulations, trouve cela inacceptable et menace. Bref, tout cela fait bien diversion, parce qu’au fond, un meilleur service avec moins de moyens, ce n’est pas possible. Les cheminots de la CGT l’avaient bien dit et ce n’est pas pour rien s’ils ont prévu une journée de grève au plan national le 9 mars, après une journée d’adresse aux usagers, le 2 mars. Un communiqué du Conseil régional Aquitaine-Limousin-Poitou Charentes (ALPC), du 23 février, indique que « le président Alain Rousset a manifesté officiellement à Guillaume Pepy, président de la SNCF, par écrit et avec beaucoup de fermeté, son refus de réduire le plan de transport, en demandant le rétablissement immédiat du plan de transport commandé par la Région, sans attendre le mois de juillet. Il a exigé aussi en parallèle la mise en œuvre d’un plan d’urgence crédible visant à revenir au respect du plan de transport contractuel : des trains qui circulent, suffisamment capacitaires, et qui arrivent à l’heure ! (…) Sans réaction rapide de la SNCF pour rétablir le plan de transport, la Région ALPC prendra des mesures à la hauteur du service non rendu. » « Si la Région entend par là qu’elle ne va plus payer, ce n’est certainement pas comme ça qu’on va régler les problèmes », commente Olivier Sorce, membre du secrétariat du secteur fédéral CGT Cheminots en charge du pôle économique. « La problématique des trains supprimés relève plus de la politique globale de l’entreprise que de la formation et du recrutement des conducteurs, bien que ce soit l’argumentaire développé par la SNCF pour justifier un allègement du plan de transport qu’elle n’est plus en capacité d’assumer ». Il manquerait entre 16 et 20 conducteurs sur le site de Bordeaux. Pour faire face à cette situation, la SNCF a mis en place un « plan de transport adapté » (PTA), prévoyant la suppression de 24 TER par jour, en semaine, en heures creuses. Plus de 2 000 usagers sont concernés quotidiennement. En

cause, selon la SNCF, un problème de recrutement et de formation des conducteurs. Selon l’entreprise publique, il faut 18 mois pour former un conducteur, mais, la moitié des candidats abandonnerait lorsqu’ils prennent connaissance des conditions de travail (horaires décalés, etc.). Le taux d’échec à la formation serait également en augmentation. À cela s’ajoutent les arrêts maladie, le solde des congés de l’année précédente avant le 31 mars, ou encore les départs à la retraite. « La jeunesse en 2016 n’est, à mon sens, pas plus stupide qu’il y a dix ans, ironise Olivier Sorce. Mais, face au taux d’échec à l’examen de conducteur, la direction de la traction ne semble pas remettre en question son nouveau système de formation. Précédemment un jeune conducteur faisait ses premiers pas au fret (vitesse moins élevée et très peu d’arrêts) puis progressivement il passait au service “voyageurs” en étant progressivement autorisé à rouler à 120, puis 140 puis 160 km/h. Aujourd’hui, il est directement précipité dans le grand bain et autorisé à rouler à 160 km/h. C’est une conséquence de la gestion par activité et de la dédicace des agents à une seule activité. Il n’est plus possible de mutualiser les ressources pour des raisons de facturation. En d’autres termes, un conducteur de fret ne peut plus conduire un train TER (alors que c’était possible jusqu’en 2003). De plus, la gestion prévisionnelle des emplois est gérée à très court terme (d’une année sur l’autre) en prenant en compte les effectifs au niveau national et de façon bien éloignée de la production locale. » « Pour pallier au désengagement de l’État sur les infrastructures ferroviaires, pour financer les intérêts d’une dette que la réforme du système ferroviaire de 2014 n’a pas réglée, rien n’est épargné aux usagers et aux cheminots », explique la CGT aux usagers. Productivité des conducteurs ne rime pas avec ponctualité et sécurité.

Cette dette s’élève aujourd’hui à plus de 50 milliards d’euros et plus de 1,5 milliard par an d’intérêts. « L’État s’étant complètement désengagé, cette dette ne cesse d’augmenter d’année en année, confirme Olivier Sorce. Afin de tenter de contenir cette dette, la SNCF n’a pour seules solutions que d’augmen-

ter le prix des billets pour les usagers et d’augmenter la productivité des cheminots. À la veille de la “négociation” de la nouvelle Convention collective nationale, la direction (avec l’aide du gouvernement) a fait le pari d’anticiper sur une régression des conditions sociales pour, à nouveau, augmenter la productivité des conducteurs (+ 36% en 10 ans) et ainsi ne pas procéder aux recrutements nécessaires. La CGT ne cesse de se mobiliser sur cette question, mais malgré l’obtention de plusieurs dizaines de recrutements grâce à l’action et au rapport de force, nous en sommes quand même arrivés à cette situation. » La direction SNCF a supprimé près de 20 000 emplois de cheminots en 10 ans et ce, dans tous les métiers, dont près de 4 000 en 2015. Elle envisage la suppression de 2 000 emplois supplémentaires à fin 2016 indique encore le syndicat. Elle supprime des trains dans certaines régions faute d’agents de conduite. Elle sous-traite les travaux sur les voies, instaure les contrats précaires, détruit les compétences et les savoir-faire des cheminots de la SNCF. Abaisser encore les conditions sociales des cheminots de la SNCF comme ceux des entreprises ferroviaires privées aurait une incidence directe sur le niveau du service rendu ainsi que sur le niveau et la qualité de la sécurité ferroviaire que sont en droit d’attendre usagers et cheminots. C’est pour ces raisons qu’ils seront en grève le 9 mars prochain sur l’ensemble du territoire national. Tout cela, Alain Rousset ne peut l’ignorer. Mais pour Olivier Sorce, il y a un « double discours de la région qui se dit profondément attachée au service public ferroviaire, tout en demandant une amélioration du service à dotation constante ». En juin 2014, la CGT affirmait que l’éclatement de l’entreprise publique et le désengagement financier de l’État sur la dette du système ferroviaire et sur la régénération du réseau allaient entraîner une baisse de la qualité et de la sécurité du service public SNCF pour nous amener sur le chemin de la libéralisation. On y vient. Et chez une partie des usagers exaspérés des retards et annulations, l’idée que tout irait mieux avec une mise en concurrence fait malheureusement son chemin. Christelle Danglot


ACTUALITÉ

Editorial

LOI TRAVAIL

Sous la pression, Matignon joue la montre

Face à la pression citoyenne, le projet de loi El Khomri a été suspendu jusqu’au 24 mars. Un véritable encouragement à poursuivre la bataille. En début de semaine, la pétition « Loi travail : non merci ! » avait recueilli 850 000 signatures. Tandis que la campagne lancée sur les réseaux sociaux par de jeunes blogueurs « On vaut mieux que ça », dénonçait la loi et recueillait des témoignages sur les conditions de travail et la précarité.

La loi devait être présentée le 9 mars en Conseil des ministres. Le gouvernement s’est donné deux semaines supplémentaires pour « lever un certain nombre d’incompréhensions, expliquer, répondre à toute une série de fausses informations qui sont données sur ce texte », a argumenté Manuel Valls lors de son déplacement chahuté au Salon de l’agriculture, lundi. Pourtant, le coup du « vous n’avez pas compris », ou encore « on vous ment », le gouvernement l’a déjà fait sur son site institutionnel avec un jeu de vrai/ faux sur le projet El Kohmri, vite démonté dans son argumentation. Le premier ministre a annoncé qu’il recevrait « les partenaires sociaux, organisations syndicales et patronales, les unes après les autres ». Cette reprise en main par le premier ministre vise surtout « à jouer la montre pour faire tomber la pression et diviser les syndicats », selon Fabrice Angei, secrétaire confédéral de la CGT, alors que de nombreux rassemblements sont prévus le 9 mars. Cette date qui est celle de la grève annoncée à la SNCF, a été lancée sur les réseaux sociaux, très vite confirmée par un appel des organisations de

jeunesse et relayée par des militants syndicaux, politiques, rejoint par Solidaires, la CGT, le PCF, le PG… L’annonce de la suspension ne semble en rien calmer les esprits. Du côté des syndicats, Solidaires, CGT, FO, on appelle à poursuivre les actions et à faire monter la pression pour le retrait de la loi et un Code du Travail protecteur. Même son de cloche au PC et au PG. « Ce week-end les communistes girondins seront sur les marchés pour faire grandir la mobilisation contre la loi travail, a annoncé Sébastien Laborde, secrétaire départemental du PCF sur les réseaux sociaux, et la semaine prochaine on mobilise pour que le 9 mars, jeunes, étudiants, cheminots, retraités, salariés soient dans la rue. Après la pétition qui va atteindre le million, première journée de mobilisation et ensuite on continue à construire un mouvement pour nos droits : vivre de son travail, partage du temps de travail, partage des richesses, nouveaux modes de développement, réponse aux besoins… » Avec l’article de C. Mathieu dans l’Humanité du 1er mars

Tous à Bordeaux contre la loi travail ! Le 9 mars à 13 h, place de la Victoire UNEDIC

Déjà des régressions en perspective Alors que, la première séance de négociation sur l’assurance chômage démarrait le 22 février, des pistes d’économies s’esquissaient déjà. Dans un contexte de pression maximale du gouvernement et du Medef, avides de baisse de droits des demandeurs d’emploi sur fond de déficit de l’Unedic, le coup d’éclat est pourtant venu du camp patronal. L’Union professionnelle des artisans (UPA) a décidé de claquer la porte, mécontente de la réforme de la représentativité patronale dans la loi El Khomri. Passé l’incident, le principal enjeu a consisté à savoir s’il fallait une simple lettre ou un accord national interprofessionnel pour cadrer la négociation dans la branche spectacle qui se tenait en parallèle le jeudi. Suite à la mobilisation des intermittents en 2014, le principe de cette concertation à part, avant d’être réintégrée dans la négociation du régime général, avait été décidé, puis acté par la loi Rebsamen. La CGT spectacle a obtenu que tous ceux qui avaient participé

à la concertation sur l’intermittence mais non invités à négocier soient auditionnés comme la Coordination des intermittents et certains syndicats. Un cadre financier sera établi le 8 mars pour fixer le montant des économies à réaliser. Denis Gravouil, secrétaire général de la CGT spectacle, a déjà prévenu : « Si on nous dit que les 100 000 personnes doivent faire un quart des économies du régime, soit 200 millions d’euros, c’est la guerre ! » Les employeurs font mine de ne pas comprendre

Lundi, les syndicats se sont en majorité prononcés en faveur d’une taxation de la précarité, principale cause du déficit de l’assurance chômage. Pour beaucoup, baisser les allocations, pour soi-disant inciter les demandeurs d’emploi à travailler, serait comme l’explique Franck Mikula de la CFE-CGC « choquant à un moment où il n’y a pas d’emplois. Ce n’est pas l’assurance chômage qui va ramener plus rapidement les chômeurs vers l’emploi ».

De leur côté, les employeurs font mine de ne pas comprendre et souhaitent orienter les discussions en dehors de leurs compétences. Ainsi, Jean Cerutti, représentant du Medef, se donne pour mission d’améliorer « l’accompagnement et la motivation des demandeurs d’emploi », jugeant que « le rétablissement des comptes serait la conséquence d’une telle mesure ». Mais un problème de taille se pose. Ces prérogatives d’accompagnement incombent exclusivement à Pôle emploi depuis 2008. L’annulation de la convention d’assurance chômage par le Conseil d’État en octobre dernier avait d’ailleurs confirmé la non-compétence des syndicats et du patronat notamment en ce qui concerne les modalités de récupération des tropperçus des chômeurs. Pendant que le Medef rêve de tout chambouler, Manuel Valls en a remis une couche sur la dégressivité. Il a déclaré sur RTL qu’« il n’exclut pas de regarder de près cette question », renforçant ainsi la tension en vue de la séance du 8 mars prochain.

Oui, individuellement ou collectivement, on vaut mieux que ça ! On vaut mieux que ça, c’est l’affirmation lancée par quelques jeunes personnalités des réseaux sociaux, connus ou plus exactement « suivis » pour leurs blogs et vidéos. Visiblement la publication du texte de la « loi Travail » les a secoués. En un week-end, ils se sont contactés et ont mis en place une campagne de mobilisation avec les outils qu’ils maîtrisent : des vidéos où ils expliquent avec simplicité et efficacité le contenu du projet de loi El Khomri, et un appel à témoigner sur les réseaux sociaux. Appel entendu. Fraude, salaire réglé sur le minimum, apprentissage à 50 h par semaine pour 350 euros par mois, discriminations en tout genre, non respect du handicap, mépris, pressions… Les témoignages sont rarement filmés, sans doute un besoin d’anonymat encore, mais les mots sont là qui nous disent la précarité, l’exploitation, la conscience de l’injustice des relations salarié/employeur, la nécessité du Code du Travail pour protéger ces salariés, à quel point aussi le code du Travail est encore insuffisant. Derrière tous ces mots qui s’affichent, se croisent, convergent, il y a des personnes qui sortent de l’isolement. Cela pourrait bien les amener à sortir de la fatalité, aussi. En tout cas, on sent tout à coup que ça bouillonne, comme l’appel à la manifestation le 9 mars qui ricoche : réseaux sociaux, citoyens, organisations de jeunes, syndicats, organisations politiques, tout cela va vite et monte fort et on imagine tout ce qu’il serait possible si les jeunes, les étudiants, les cheminots qui avaient déjà prévu une grève le 9 mars, les retraités, les salariés, les chômeurs prenaient la rue massivement. La ministre El Khomri a déjà fait les frais de la mobilisation. Le premier ministre reprend le « dossier ». Il va chercher à diviser sur le plan syndical et politique. Il va chercher à faire peur : la crise, les risques d’attentat, l’Europe envahie par les réfugiés… On connaît le refrain. Mais on vaut mieux que ces vies en pointillés, que ces heures perdues à effectuer des tâches vides de sens asservies aux profits de quelques uns, on vaut mieux que ce gouvernement paillasson du Medef… Valls cherche à gagner du temps, il nous en donne aussi pour convaincre de notre force ceux qui savent que face à l’emploi, entreprises et salariés ne sont pas à égalité et que la loi doit protéger ceux qui subissent. Convaincre que nous pouvons gagner le retrait de la loi et gagner de nouveaux droits. Convaincre que si nous gagnons, les lendemains auront une autre gueule.

Christelle Danglot Rédactrice des Nouvelles de Bordeaux et du Sud-Ouest

Les Nouvelles 3 mars 2016 • 3


L’EUROPE LOCALE, RÉGIONALE, NATIONALE, CONTINENTALE OU PLANÉTAIRE

Comment les démocraties européennes, les peuples européens peuventils déjouer les coups d’état financiers ?

La fédération du PCF vous invite au débat animé par Sébastien Laborde, secrétaire départementale et Sophie Elorri, membre de l’exécutif départemental, membres du conseil national, avec la participation de Maïté Mola, vice-présidente du Parti de la gauche européenne (PGE) et membre d’Izquierda Unida (Espagne).

À Bègles, salle Jean Lurçat, le 16 mars à 20h

La souveraineté sera populaire ou ne sera pas Pour alimenter le débat que propose la fédération PCF de la Gironde, nous publions de larges extraits d’un texte, publié le 10 février, de Roger Martelli, historien du communisme et codirecteur du mensuel Regards. Sortie de l’euro et de l’Europe, « européisme », « réalisme », souverainisme, nationalisme… Il répond à Frédéric Lordon, économiste et sociologue, membre du collectif Les économistes atterrés, sur le « type de rupture que la gauche doit opposer à un projet européen dévoyé ». « (…) “La zone euro doit être abandonnée”, réclame inlassablement Frédéric Lordon. (…) Or, à ce jour, hors de l’euro ou dans l’euro, le problème est que les forces de transformation sociale n’ont pas les ressources capables de les faire gagner. Dans ces conditions, promettre la victoire par la sortie de l’euro a, au mieux, la vertu mobilisatrice de Paul Reynaud - futur dernier chef de gouvernement de la IIIe République - affirmant en septembre 1939 : “Nous vaincrons parce que nous sommes les plus forts”. Quelle rupture avec l’Europe ?

(…) Il y a pour l’instant une ligne de fracture, à court terme insurmontable, entre ceux qui considèrent que le cadre actuel de l’Union est aménageable en l’état et ceux qui pensent que seule une rupture du cadre lui-même rend possible une ultérieure avancée démocratique et sociale. Une fois ce constat admis, inutile de se cacher que, à l’intérieur d’un parti pris de rupture, les désaccords sont profonds et que les toutes dernières années les ont avivés. Reste à savoir si ces désaccords sont à ce point fondamentaux qu’ils nécessitent d’installer des barrières à l’intérieur d’une gauche bien à gauche. (…) J’ai commencé par une pique à l’encontre de Lordon. Cela ne m’empêche pas de juger qu’il exprime avec force une cohérence que je récuse dans sa trame, mais que je ne méprise pas. Dans ses livres récents, Lordon se réclame en permanence de Spinoza pour plaider en faveur d’une vision “réaliste” des rapports internationaux. Le “mondialisme”, nous dit-il, est une belle idée, mais une parfaite utopie dans un monde où règne le rapport des forces. Il n’y a pas de mobilisation sociale ou civique sans “affect”, ajoute-t-il. Or, depuis deux siècles, les “affect” politiques se construisent dans un cadre national. Tout parti pris subversif doit donc s’enraciner avant tout dans un cadre national. C’est sur cette base-là, et sur elle seulement, que des rapports solidaires peuvent se nouer entre les nations. 4 • Les Nouvelles 3 mars 2016

En ce sens, “l’européisme” qu’il exècre est au mieux un enfant perverti de l’internationalisme. (…) C’est en redonnant à chaque nation la base de sa souveraineté économique et donc en lui restituant sa monnaie nationale, que l’on créera, mais ultérieurement, les bases d’une coopération continentale équilibrée. Des motifs solides m’éloignent de ce cadre de pensée. Le « réalisme » est un piège

En matière d’analyse des relations internationales, il existe une théorie dite “réaliste”, qui a été formalisée aux États-Unis il y a plus d’un demisiècle. Elle repose sur un postulat simple : “La politique internationale, comme toute politique, est une lutte pour la puissance” (Hans Morgenthau, 1948). Lordon nous propose une version “ de gauche” du paradigme réaliste. La lutte des classes se confond avec la guerre, or la guerre récuse “l’angélisme”. Dès lors, toute lutte oppose dans chaque camp les faibles et les forts, les durs et les mous, les déterminés et les indécis, les radicaux et les capitulards. (…) Il y aurait toujours deux classes (aujourd’hui le “peuple” et la “caste” ou les “élites”) et donc deux camps. On ne dit plus “classe contre classe”, l’histoire communiste fait que la formule est mal vue. Mais il y aurait le système et l’anti-système, eux et nous, camp contre camp. L’histoire pourtant devrait faire réfléchir. Le communisme d’après 1945 a voulu “choisir son camp” et lui donner toutes les ressources de la puissance. À l’arrivée, il a perdu. Pas seulement parce que ses forces étaient inférieures, mais parce que pour gagner il en est arrivé à pousser si loin les logiques de la puissance (discipline, étatisme, coercition) qu’il est devenu le contraire de ce pour quoi des millions d’individus s’étaient reconnus en lui. La vérité du “réalisme”, hélas, ce fut le stalinisme. (…). Aujourd’hui, où l’on nous explique à longueur de temps que nous sommes en état de guerre, la logique ne devrait pas être de s’adapter à la guerre mais de s’en sortir. Le réalisme supposé de la puissance est toujours un leurre, quel que soit le «camp» qui en use. Dans le cas du mouvement critique (dont le mouvement ouvrier a été longtemps la figure historique majeure), il conduit au désastre. En ce sens, ce qui s’est produit hier se reproduira demain. Comme le PCF d’avant 1980

À sa manière, Lordon n’affirme curieusement rien d’autre que ce que prônait… le PCF jusqu’aux années 1980. Que disaient alors les communistes ? Que la crise était “avant tout nationale”, que la lutte contre le capitalisme l’était tout autant et

que le socialisme ne pouvait être qu’aux “couleurs de la France”. Cette conception avait sa force et je l’ai longtemps partagée, avec passion. Elle n’est plus la mienne aujourd’hui, même si je n’ai aucune envie de seulement lui tourner le dos. Nous vivons dans un monde qui n’est plus seulement la juxtaposition des nations. Ce n’est pas que la nation se soit évanouie, comme le pensaient certains, ni que l’État national ait perdu toute possibilité d’agir sur l’ordre des choses. Mais l’interdépendance des sociétés humaines fait que la structuration du social se fait dans un cadre qui n’est plus uniquement celui de “l’inter-national”, mais qui est fait tout autant de “supra-national”. Le communisme ou le socialisme “dans un seul pays” a toujours été une illusion ; ce l’est plus que jamais aujourd’hui. Le problème de notre temps n’est pas que la mondialisation ait imposé comme figure dominante celle du supranational, mais qu’elle ait totalement superposé mondialité et capitalisme, efficacité et concurrence, gestion supranationale et gouvernance. Qu’on le veuille ou non, que cela soit facile ou difficile, nous sommes devant un dilemme, que l’on ne peut nier et que l’on doit assumer. Si nous quittons le terrain du supranational, nous le laissons aux forces dominantes et, ce faisant, nous leur abandonnons le monopole d’énonciation de ce qui est raisonnable et de ce qui ne l’est pas, de ce qui est légitime ou illégitime, de ce qui est possible et de ce qui est impossible. Mais si nous occupons le terrain du supranational, nous devons le faire d’une manière qui ne nous englue pas dans la forme aujourd’hui imposée (concurrence et gouvernance) de la supranationalité. Dans un cas, nous nous isolerions ; dans l’autre cas, nous nous enliserions. Le supranational du local au planétaire

Il se trouve que la superposition savamment construite par les forces dominantes ne vaut pas que pour le cadre supranational. Elle ne concerne pas que l’UE. Elle s’est tissée à l’intérieur de chaque territoire, du local au planétaire, jusqu’à devenir partout une évidence incontournable, celle du “TINA” (There is no alternative). (…) C’est dans chaque territoire que se mène la lutte pour un autre modèle de développement et une autre architecture démocratique. On peut même ajouter : c’est dans la mesure où les transformations sont pensées de façon cohérente à toutes les échelles, du haut en bas ou de la cave au grenier, que l’action transformatrice puise sa puissance de conviction pour gagner et sa force de réalisation pour construire une rupture avec l’ordre dominant.


EN DÉBAT

Contrairement à ce que sous-entend Lordon, toute pensée transformatrice dans le cadre européen n’est pas un “européisme” ; en sens inverse, toute prise en compte du fait national et des capacités d’action de l’État national n’est pas un “souverainisme”. Mais “l’européisme” et le “souverainisme” sont les deux pièces d’un étau qui étouffe la dynamique démocratique. (…) L’expérience grecque

Pour réfléchir sur l’enjeu européen, l’expérience grecque n’est pas secondaire. Mais en faire l’opérateur par excellence d’une pensée renouvelée est à mes yeux une impasse. Je crains que, sur la question grecque, les désillusions ne soient à l’aune d’un excès d’espérance. Dans la gauche de gauche, on a trop vu, dans la victoire de Syriza, le nouveau “maillon faible”, celui qui, après tant d’expériences malheureuses, allait enfin créer la faille par laquelle finirait par s’engouffrer l’urgence de révolution. S’il y a pour moi une leçon à tirer, c’est précisément que le maillon faible n’existe pas, qu’il n’y a pas de moment magique à partir duquel s’enclenchent les cycles vertueux. L’action transformatrice, l’imposition de logiques de rupture ne peuvent se penser que comme un processus étalé dans le temps, fait d’avancées et de reculs, où seule compte la cohérence des efforts accomplis dans chaque territoire. D’une manière ou d’une autre, toute avancée dans un territoire, local, régional ou national, qui ne s’appuie pas sur une mobilisation correspondante ailleurs est potentiellement vouée à une inefficacité au mieux relative, quand ce n’est pas

à un échec final. Au début des années 1980, la victoire en France de l’union de la gauche dans une Europe en voie de néolibéralisation, c’était en germe la possibilité du renoncement social-démocrate. Des centaines de milliers de manifestants et d’électeurs en Grèce et une opinion publique européenne qui regarde, fût-ce avec sympathie, mais qui n’agit pas pour soutenir, cela limite d’emblée le champ de manœuvre pour l’État d’un pays peu puissant, dont la société est éclatée. Un “non” majoritaire en France sans mouvement politique européen pour en imposer une vision continentale, et sans construction politique nationale pour y aider, cela crée la possibilité d’une reprise en main par les dominants, en France comme ailleurs. De puissants mouvements d’indignés, ici ou là, qui ne peuvent se raccorder à une contestation continentale coordonnée, cela donne de l’air frais mais n’offre pas nécessairement une force propulsive généralisée sur la durée. Le constat de départ est tout simple : il n’existe pas encore, à l’échelle continentale, de mouvement social et politique assez fort pour contester l’hégémonie des forces dominantes de la finance et de la rationalité technocratique. (…) Projet de transformation

À bien des égards, il n’y a pas plus de projet “européen” de transformation qu’il n’y a de projet “national”. Les forces de critique doivent formuler un projet cohérent de rupture avec les logiques dominantes. Ce projet a des dimensions territoriales particulières,

mais dont l’efficace ne vaut que si ces dimensions s’articulent entre elles. On peut donc énoncer de façon spécifique le niveau territorial particulier du projet transformateur ; cela n’en fait pas pour autant un projet régional, national ou européen par nature. De ce point de vue, je mettrais pour ma part en garde contre des formules qui me paraissent relever davantage de la rhétorique que de la pensée stratégique. Pour tenir compte de l’expérience grecque, on trouve par exemple (je pense aux réflexions stimulantes de Coutrot et Khalfa) les idées suivantes : une France de gauche ne devrait pas proposer une sortie de l’euro, mais engager unilatéralement des mesures en rupture avec la logique de fonctionnement des traités et, sur cette base, en assumer les conséquences, jusqu’à une possible exclusion de l’euro. Je comprends l’intention qui soustend la proposition, mais je n’en vois pas très bien les implications. Un “Grexit” aurait fragilisé l’euro, mais ne l’aurait pas remis en cause ; un “Franxit”, lui, affecterait dans ses structures fondamentales un dispositif certes dominé dès le départ par l’Allemagne, mais qui est l’expression d’un couple central, face à un Royaume-Uni resté monétairement en marge. Une exclusion de la France signifierait, de facto, une fin de l’euro et donc une remise à plat globale. Et si, malgré tout, on est convaincu qu’une logique anti-austérité conduisait nécessairement à la rupture avec l’Union, autant l’envisager sans attendre. Mais auquel cas, se pose la question de l’alternative. La France seule dans la “mondialisation” ? Impossible. Des alliances, mais avec qui ? Des États plus faibles ? Il faut en trouver qui veuillent bien d’un tel accord et il faut que ledit accord soit à la fois équilibré (pas de rapport déguisés de domination, du type “Françafrique”) et efficace dans la jungle internationale. (…) Si la radicalité moderne est un processus long de passage d’une dominante à une autre et si la conception que nous avons de la sphère publique s’écarte de la logique étatiste, qui garantit qu’une accélération trop rapide du processus de rupture ne débouchera pas, une fois de plus, par commodité, sur une étatisation

de fait des secteurs décisifs ? Nous aurions alors fait reculer l’appropriation privée, pas nécessairement progresser l’appropriation sociale. Ce qui poserait à la fois des problèmes de construction politique (il faut des majorités pour accepter l’accélération et ses conséquences) et des problèmes d’éthique politique (il faut de l’émancipation et pas de la collectivisation). Se contenter de dire que l’on va vers la rupture et qu’on verra ensuite les conséquences me semble manquer un peu trop d’esprit de suite. Mieux vaut alors s’en tenir à l’idée que l’on ira le plus loin possible dans la tension entre l’exigence émancipatrice et un cadre européen qui en nie pour l’instant la pertinence. En ajoutant bien sûr que, à chaque moment, un débat public national, sur la base d’une information permanente, permettra au peuple (ici l’ensemble des citoyens) d’exercer dans les meilleures conditions sa souveraineté, c’est-àdire d’être informé, de délibérer, de décider et d’évaluer, le plus souvent possible par voie directe. « L’européisme »

Communiste, je viens d’une culture française qui a été radicalement critique à l’égard de la construction européenne entreprise après 1945. Je n’ai pas varié dans l’intensité critique et “l’européisme” n’est décidément pas mon horizon. Mais j’ai fini par me convaincre qu’il y avait un piège meurtrier, quelle que soit la logique historique de l’Union européenne, à identifier l’Europe telle qu’elle est à l’Europe telle qu’elle doit être. Je suis même étonné qu’une pensée qui se veut “non utopique” et “réaliste” n’aille pas plus loin. Nous vivons dans un monde inégal et instable, de plus en plus polarisé et de plus en plus incertain. Par-là ce monde, qui regorge de potentialités, est en même temps un monde dangereux, non pas parce qu’il est menacé par la “guerre des civilisations”, mais parce qu’il est gangrené par la concurrence et la gouvernance. Au moment où le nationalisme de rétraction, du “eux et nous” et du “chacun chez soi” est en train de prospérer, le jeu de la puissance (économique, militaire, politique) est plus que jamais le régulateur par excellence. Se plier à la loi de la puissance est un leurre ; en ignorer les effets est un enfantillage. Or, si l’on excepte quelques États continentaux, le niveau qui détermine l’influence échappe pour l’essentiel aux États nations. En Europe, en tout cas, aucun État n’atteint ce seuil de crédibilité, pas même l’Allemagne. D’une manière ou d’une autre, c’est l’Europe qui, quelle qu’en soit l’extension, constitue une force qui compte vraiment. La question clé n’est pas alors de discuter de la pertinence du cadre (il l’est à l’échelle mondiale) mais de son orientation. L’Europe dans la mondialisation sera-t-elle une Europe-marché, une Europe-puissance ou une Europesociété ? L’Europe a-t-elle ou non, par son histoire et sa configuration, des ressources pour peser en faveur d’une

autre mode de développement, d’une autre dynamique citoyenne, d’une autre conception du caractère structurant des droits, d’une autre manière d’articuler le social et le politique ? Pour une souveraineté… populaire

Si ces ressources existent, comment les mobiliser ? Comment faire en sorte que l’orientation générale des choix ne soit pas fixée par les marchés, les lobbies et les technostructures, mais par les populations, toutes les populations sans exception ? Comment faire en sorte que les peuples d’Europe, sans pour autant se définir comme un “peuple européen”, apprennent à se considérer comme un acteur commun d’un destin continental transcendant celui de chacun de leurs États ? Dès l’instant où ces questions occupent le devant de la scène, la controverse du fédéralisme et du souverainisme n’a plus de sens. Le cadre européen est stratégique pour l’avenir de chaque peuple européen et pour l’équilibre du monde, mais il n’a pas encore l’épaisseur d’un cadre unanimement reconnu de citoyenneté. (…) Disons-le en un mot : la souveraineté reste une question centrale, mais il s’agit surtout de dire si elle est populaire ou non. Locale, régionale, nationale, continentale ou planétaire, peu importe le territoire : l’essentiel est de se convaincre et de convaincre que la souveraineté sera populaire ou qu’elle ne sera pas. »

Références

Frédéric Lordon, La malfaçon. Monnaie européenne et souveraineté démocratique, Les Liens qui Libèrent, 2014 Frédéric Lordon, Imperium. Structures et affects des corps politiques, La Fabrique, 2015 Alexis Cukier, Pierre Khalfa (coord.), Europe, l’expérience grecque, Éditions du Croquant, 2015 S. Halimi, R. Lambert, C. Lapavitsas, P. Rimbert, Y. Varoufakis, Europe : le révélateur grec, Les Liens qui libèrent, 2015 Stathis Kouvélakis, La Grèce, Syriza et l’Europe néolibérale, La Dispute, 2015 Marie-Laure Coulmin Koutsafis (dir.), Les Grecs contre l’austérité, Le Temps des Cerises, 2015 Dominique Crozat, Élisabeth Gauthier (coord.), Écrits sur la Grèce, Éditions du Croquant, 2015.

Les Nouvelles 3 mars 2016 • 5


JOURNÉE INTERNATIONALE DES DROITS DES FEMMES L’EMPLOI DES FEMMES

CGT

Nouveaux défis

Lutter contre les violences sexistes et sexuelles au travail

« Au siège national, place du colonel Fabien, le PCF organise le samedi 5 mars, une conférence-débat avec Laurence Cohen, membre de la direction nationale du PCF, Sabine Fortino, maître de conférence en sociologie à l’université Paris X et chercheuse au CRESPPA (CNRS), Pierre Laurent, Secrétaire National du PCF et Céline Verzeletti, membre du bureau confédéral de la CGT. Depuis la nuit des temps, les femmes travaillent. Pourtant leur activité a toujours été considérée comme insigni-

fiante, faisant partie de la vie. À l’ère de l’industrialisation, à l’exception des périodes de guerres, elles ont été perçues comme des rivales par les hommes. De mobilisations en mobilisations, elles se sont imposées. Pourtant en 2016, les inégalités professionnelles entre les hommes et les femmes, tant au plan du salaire que du plafond de verre ou encore de la ségrégation des métiers perdurent, y compris sous de nouvelles formes. Quelles sont les voies de l’égalité professionnelle au 21e siècle ? »

80 % des femmes salariées considèrent qu’elles sont régulièrement confrontées à des attitudes ou comportements sexistes, 5 % des viols et 25 % des agressions sexuelles se produisent sur les lieux de travail. Les violences sexistes et sexuelles concernent l’ensemble des salariées mais sont pourtant absentes de tous les radars.

et territoires pour les former sur la question du sexisme et des violences au travail. Une affiche, un tract, un guide d’action pour les syndicats, et

une vidéo pour briser la loi du silence sont rendus publics et seront diffusés sur les lieux de travail.

Après avoir obtenu en juin dernier l’introduction dans le code du travail de la notion d’agissements sexistes, la CGT veut gagner un plan d’ensemble sur les lieux de travail pour prévenir les violences, protéger les victimes et sanctionner les auteurs. Garantir la santé et la sécurité des salarié-e-s est une responsabilité de l’employeur. Elle se battra pour qu’un volet « lutte contre le sexisme et les violences » soit intégré dans l’ensemble des accords égalité professionnelle/qualité de vie au travail, la CGT interpellera le ministère de la Fonction publique pour que le protocole d’accord sur l’égalité professionnelle dans la fonction publique signé en 2013 soit mis en œuvre. La CGT appelle les pouvoirs publics à renforcer les obligations des entreprises et à lancer une campagne pour lutter contre les stéréotypes et promouvoir une éducation non sexiste. L’organisation syndicale a réuni, le mercredi 3 février, 200 militant-e-s issu-e-s de l’ensemble des professions

CCAS SAINT-ANDRÉ DE CUBZAC

Femmes dans l’exil

LUNDI 7 MARS

Sortie de Progressistes À la veille de la Journée internationale des droits des femmes (en version PDF, pour la version papier, il faut compter une semaine de plus…), Progressiste consacre un dossier de près de 25 pages sur les femmes et la science : comment elles parviennent, malgré, les obstacles et les représentations sociales, à s’insérer dans des secteurs et métiers encore sur-représentés par les hommes. Avec des contributions d’Hélène Langevin, Laurence Cohen, Caroline Bardot, Maryse Dumas, Aurélie Biancarreli Lopez… Pour passer commande des numéros papier, voir le bulletin d’abonnement en page 5 des derniers numéros, ou à télécharger sur le blog. Pour les tarifs et démarches : revue-progressistes.org. 6 • Les Nouvelles 3 mars 2016

Progressistes n°11, janvier-févriermars 2016, 7€

À l’initiative du CCAS de SaintAndré-de-Cubzac, organise une projection de Vierge sous Serment, film albanais-syrien, suivi d’un débat sur l’exil et les raisons du départ. « Parce que que je ne veux pas que cette Journée internationale des droits de la Femme soit banalisée, je tenais à

organiser un événement sur ma commune », explique Véronique Lavaud vice- présidente du CCAS et adjointe au maire en charge de la Solidarité. « Certes l’exil est un thème d’actualité, mais deux témoignages différents, l’un d’une péruvienne et l’autre d’une syrienne vont nous permettre d’aborder toutes les difficultés, en particulier pour une femme, de quitter son pays d’ori-

gine, quelques soient les raisons de ce départ. Il s’agira pour les participants d’ entendre une vérité, des difficultés qu’on ne peut pas même pas imaginer, de participer à des échanges sans tabou, et surtout de remettre l’Humain à sa place dans ce monde si perturbé. Avec l’aide de Syrie Démocratie 33-Gironde, je co-présenterai cette soirée qui se terminera par un verre de l’amitié et des pâtisseries syriennes. »


PCF DROITS DES FEMMES

JUSQU’AU 8 MARS

Hisser toute la société vers le haut

Expo « Égalité, mon œil ! »

Mardi 8 mars, les communistes girondins offrent l’oeillet rouge « des droits » à près de 3 000 femmes, devant les écoles, les entreprises, accompagné d’un tract pour les droits des femmes. Depuis la nuit des temps, les femmes travaillent. De mobilisations en mobilisations, elles se sont imposées. Pourtant en 2016, les inégalités professionnelles entre les femmes et les hommes, tant au plan du salaire que de la reconnaissance ou encore de la ségrégation des métiers perdurent, y compris sous de nouvelles formes. Un ministère des Droits des femmes, de plein exercice, avait été créé en début de quinquennat. Au rythme des remaniements ministériels, le voilà réduit à un secrétariat d’État « de la Famille, de l’Enfance et des Droits des femmes ». Il s’agit là d’une grave faute politique, d’une régression patriarcale qui nie la place que les femmes occupent dans la société et leur engagement pour le progrès, l’égalité, les libertés. Avec le projet de « loi travail » en cours, décidément, le gouvernement n’en finit plus de piller les vieilles idées de droite et d’extrême droite. Les femmes, premières de la classe !

Premières concernées par le chômage

et le sous-emploi, elles le sont aussi par les emplois précaires et le temps partiel subi. De la réforme des retraites, à l’Accord national interprofessionnel (ANI) sur la sécurisation des parcours professionnels, en passant par la loi Macron, et maintenant El Khomri sur le travail et son code, les droits gagnés par les salariés sont attaqués, aggravant les inégalités femmes/hommes. La flexibilité, le travail du dimanche, l’économie numérique version ultralibérale, instaurent de nouvelles formes d’exploitation. Les femmes sont les premières touchées par la remise en cause des services publics, conséquence des restrictions budgétaires gouvernementales : fermetures des hôpitaux publics, en particulier des maternités de proximité et des centres d’IVG, manque criant de structures collectives de la petite enfance, pénurie dans l’éducation nationale, insuffisance de logements sociaux, accueil des personnes dépendantes… On assiste à une véritable féminisation de la pauvreté. Le PCF propose

Pour l’autonomie financière et sociale • La revalorisation des bas salaires, la revalorisation des métiers, le SMIC à 1 800 €. • Un vrai parcours de formation et de sécurisation de l’emploi. • Le renforcement des services publics

de l’Education, de la Santé, de la petite enfance, et d’accueil des personnes dépendantes. Pour le droit a disposer de son corps • Des centres d’IVG dans tous les hôpitaux avec un personnel dédié. • L’Abrogation de la loi HPST et de la tarification à l’activité. • La procréation médicalement assistée pour toutes les femmes. • Une loi-cadre contre les violences faites aux femmes, une éducation non sexiste et les libertés de genre à tous les stades de la scolarité. Pour l’égalité des droits • Le droit de vote pour les étrangères et les étrangers. • Un statut autonome pour les femmes étrangères. • La régularisation de tous les sans papiers. • Le droit d’asile pour les peuples discriminés et persécutés dans leurs pays. Pour financer ces mesures de justice sociale, taxer les profits des grands groupes :

67,58 milliards d’euros de pro-

fit (+ 39,4 %) pour les sociétés du CAC 40 en 2014. L’essentiel (56 milliards d’euros) a rémunéré leurs actionnaires (dividendes ou rachats d’actions). Les champions du CAC ont obtenu ces résultats nets en comprimant les rémunérations et l’emploi.

Si les femmes sont omniprésentes, à travers des représentations stéréotypées et sexistes, sur les images publicitaires qui nous sont données à voir quotidiennement, elles sont moins nombreuses à créer les images qui constituent notre environnement visuel. Les affiches et images rassemblées dans cette expo, produites par des associations, des organisations politiques, syndicales ou des institutions, rendent compte de la diversité des enjeux féministes contemporains : inégalité au travail, dans les sphères publique ou privée, maîtrise de son corps, violences… Elles ont été conçues autant par des femmes que par des hommes : autour de ces enjeux, la parité semble de mise. Espace Niemeyer - siège du PCF - 9h à 18h30 - Samedi 10h30 à 17h Aperçu, commentaires et événements sur la page facebook de l’événement : www.facebook.com/events/202933650059419

PCF PESSAC

Réunion publique Salle municipale de Saige 2, allée des mimosas, Pessac

Contribution

Des camarades ont l’impression d’inventer de nouveau l’eau chaude concernant nos travaux de congrès, notamment sur nos adhérents. La question des statuts est à revoir, où la notion d’adhérent et d’adhérent-cotisant constitue une forme discriminatoire de reconnaissance et d’efficacité politique. De même parler de favoriser l’action de proximité est contradictoire avec la décision du 36e congrès de supprimer le quart du reversement des cotisations aux cellules. Prendre sa carte au PCF c’est, pour l’ensemble des camarades, cotiser. Une décision à revoir donc ! D’autres estiment qu’avant de parler de transformer le parti, il faudrait revoir le fonctionnement démocratique du parti et, notamment, de la direction trop axé sur la personnalisation de son secrétaire général aux multiples responsabilités.

Aujourd’hui, les femmes sont sous représentées sur la scène graphique française et internationale, et ce malgré une présence majoritairement féminine dans les écoles d’art et de graphisme. Combien de directrices artistiques, de commandes publiques confiées à des femmes, de femmes graphistes sélectionnées dans les biennales ou exposées dans les lieux consacrés ?

Samedi 12 mars à 10h00

37E CONGRÈS

Les communistes de la cellule « Joliot Curie » du Val de L’Eyre/ Bassin d’Arcachon ont tenu une réunion où 50% des camarades étaient présents. (Synthèse*)

161 affiches, 300 images sur les droits des femmes

Quel avenir pour le logement social à Pessac ? Comment répondre aux problèmes rencontrés par les habitants ? Venez en débattre avec nous et donner votre avis !

La candidature communiste ne doit pas être d’entrée renvoyée d’un revers de main, mais une éventualité non anti-unitaire, capable de recentrer les rassemblements au service des luttes sociales et politiques du pays. Nous avons compris que les tâches politiques des communistes étaient énormes, mais n’oublions pas au passage, le fil conducteur d’un parti de classe et de masse s’appuyant sur nos chantiers en cours de débat, la feuille de route pour répondre à la sélection des urgences, le projet politique et non à l’inverse prendre des raccourcis, au risque de s’y perdre. Attention qu’avec des « primaires », nous ne soyons perçus comme n’ayant rien à proposer. Quelle adresse, quelle résolution en direction des travailleurs, de la classe ouvrière, qui ne voient aucune issue à se fourvoyer à gauche ? La pauvreté éclate, certains jeunes salariés dorment dans leur voiture. Une jeunesse désœuvrée qui sent bien que l’on sacrifie leur avenir et que celui-ci est bouché ? On est trop sensible à ce que certains journalistes appellent une « démocratie d’opinion », dépendante de ces faiseurs

d’informations superficielles, mensongères et d’une actualité fabriquée où l’issue est de ne rien faire, sinon de subir ! Faute de clarté dans nos propositions et stratégie, les ocmmunistes ont du mal à communiquer sur nos positions ? Critique sur les critères de sélection des candidatures pour les élections régionales de décembre 2015, semblant très aléatoires. L’expérience a prouvé qu’il ne s’agit pas de créer des brèches et de gérer au mieux les situations critiques, car sans être repéré sur des projets et des positions de fond (pour nous de classe), l’électorat s’y perd. Un exercice que Marine Le Pen et le FN, pour notre plus grand malheur, ont réussit à travailler bien en amont. Synthèse réalisée par Jacky Cusol * L'intégralité des contributions à consulter sur le site du congrès en Gironde :

gironde.pcf.fr/83726

Contact : pcfpessac@orange.fr

AMICALE DES VÉTÉRANS

Permanences Nouvellement re-constituée, l’Amicale des Vétérans du PCF 33 tient une assemblée des adhérents-tes tous les derniers mercredis de chaque mois. Tous les mercredis, à partir du 2 mars, les membres du bureau nouvellement élu, vous reçoivent au siège de la Fédération, 15, rue Furtado à Bordeaux. Tél. 05 56 91 45 06

Carnet BORDEAUX. Les communistes bordelais informent du décès de leur camarade Charles Broucas. Ils renouvellent ici leurs condoléances et leur soutien à Jeannine son épouse et tous leurs proches.

Souscription Ils ont donné un total de

1 250 €

Cellule de Castillon M. GONZALEZ Gérard, St-Vivien-de-Médoc Mme LAVAUD Véronique, St-André-de-Cubzac M. VERRET Jean-Claude, Section PS Nord Médoc

Les Nouvelles 3 mars 2016 • 7


CHRONIQUE

CULTURES & SOLIDARITÉS CABARET VIN DE LA COMPAGNIE DU SI

Passions, humour, textes et chansons autour du vin

Cabaret vin est le fruit d’une envie de partager avec bonne humeur les passions que révèle l’univers du vin. C’est l’aboutissement d’un projet qu’Alain Chaniot, comédien et metteur en scène, mène avec la Compagnie du Si depuis 3 ans. À travers le vin et ses plaisirs, c’est de culture, de terroirs, de lien entre les hommes, les femmes, entre eux et la terre, de partage que souhaite nous parler l’artiste. Il a choisi pour le faire une forme de spectacle populaire où se mêlent humour, performance, écriture soignée voire poétique, chanson et musique. « J’avais envie de faire un spectacle sur le vin, parce qu’on est ici et que j’adore le bon vin. Mais les chansons sur le vin sont souvent des chansons à boire. Je me suis dit qu’il y avait un espace pour faire autre chose et avoir une autre réflexion sur la culture du terroir, la culture vin, ce breuvage qui nous fait tant parler, tant nous amuser ou tant courir depuis des siècles et même des millénaires. » D’ailleurs, l’artiste avait imaginé puiser dans ce fond infini de textes sur le vin pour en faire un spectacle musical. « Des Perses, qui en parlent très bien avec de grands poètes comme Omar Khayyâm, aux poètes, auteurs européens, français, contemporains, des textes magnifiques décrivent très bien cette joie de partager, de trinquer tout simplement. » « J’ai finalement sollicité Marie de Beaumont. Cette auteure parisienne que j’ai rencontrée il y a quelques années est née en Bourgogne, l’autre grande terre du vin. Elle a une écriture soignée, très belle parce que très simple, pétillante où tout le monde peut se retrouver. C’est important pour moi car je n’imagine pas de théâtre autre que populaire, tout le monde en parle, peu de gens en font. Je voulais trouver un auteur que le sujet intéresse, avec une écriture accessible mais aussi avec du fond. » Du vin, Alain Chaniot aime à savoir la terre dans laquelle la vigne s’enracine,

la façon dont on la cultive, l’économie que cela génère. « J’ai des anciens copains de lycée qui sont viticulteurs et qui sont confrontés à des problématiques différentes selon qu’ils cultivent en biodynamie ou autre et je regarde tout ça avec un œil intéressé. Nous avons vu, ces dernières années, l’éclosion d’un marché et l’explosion hallucinante des prix avec l’arrivée de nouveaux riches qui s’emparaient de parts de marché. Cette logique-là est complètement aberrante. Je suis aussi halluciné de la différence qu’on fait entre l’agriculture traditionnelle et l’agriculture biologique car ce qui est traditionnel c’est le biologique, pas l’inverse. Je crois que, chez les jeunes viticulteurs en tout cas, il y a un retour à des valeurs fondamentales de respect de la terre, de respect des cycles, de respect des saisons. » Pour évoquer ces problématiques, l’artiste a imaginé un couple enfermé dans un espace non défini, « peutêtre la cave désertée de Bacchus ». À l’auteure, il n’a pas donné d’indications sur la raison de leur présence dans cet endroit mais y a introduit un autre personnage, musicien, ange déchu ou gentil diablotin. « On ne sait pas qui c’est, pourquoi il est là, mais il est là ». Un bref extrait d’une nouvelle de Jean-Marie Laclavetine, Paradis, où un couple extrêmement porté sur la bouteille se retrouve au paradis, ou au purgatoire, et se souvient, est intégré au texte. « À un moment ce couple va se “tirer la bourre” sur les cépages, comme nous avons pu le faire, l’auteure et moi, pendant le travail d’écriture, sur les vins de Bordeaux et ceux de Bourgogne. Dans le spectacle, l’homme est plus tourné vers les vins de Bordeaux, elle a une passion pour le Pommard. C’était l’occasion d’aborder les rapports de force dans le couple mais aussi le “chauvinisme” qui peut s’exprimer autour du vin. On parle aussi des “tendances”. Longtemps à Bordeaux, quand c’était bio, ce n’était pas bon parce qu’il n’y avait pas assez de sulfites. Pourtant, parfois, au taux de sulfites le plus élevé autorisé en culture biologique, on n’est pas loin de ceux qui sont au minimum des taux de sulfites autorisés en non biologique. Encore une fois, c’est une question de chiffres et de normes. Ensuite la tendance s’est inversée : “c’est du bio donc c’est du bon”. Dans le spectacle nous surfons là-dessus et nous interrogeons ces tendances. » « Le cabaret, » précise Alain Chaniot, « c’est un lieu d’expression artistique. Après un an et demi de travail avec le guitariste Tony Leite et la comédienne Marie Delmarest, la chanson est une dimension essentielle du spectacle ». Au texte de Marie de Beaumont, s’ajoute donc une chanson écrite par

le musicien sur le fromage. « Parce qu’on ne peut pas parler du vin sans parler du fromage ». « C’est une chanson très cabaret, très drôle, écrite avec des dizaines de noms de fromages qui fera l’objet d’un jeu. On joue aussi avec la langue, par exemple, avec un texte anonyme qui utilise les noms de châteaux ou d’appellations. Une autre chanson, extraite d’une comédie musicale des années 30, “Quand j’suis paf”, chantée par une femme, dit “ça prouve que j’ai du cœur et du tempérament”, elle dit aux hommes, je bois et je l’assume. Ce genre de petites résistances m’intéresse aussi. Et comme il n’y a pas de cabaret sans numéro, sans performance, à un moment du spectacle nous soufflons dans des bouteilles “Ah le petit vin blanc”, un clin d’œil supplémentaire au cabaret et à sa dimension populaire. C’est tellement populaire que je n’ai pas eu de subvention de la ville de Bordeaux, ou plutôt par le comité d’experts soi-disant neutres et impartiaux qui n’aiment visiblement pas l’idée de mêler vin, cabaret et création artistique… » Le cabaret comme le vin, c’est la fête, la simplicité, le plaisir de la table, du partage. Alain Chaniot, qui a de la suite dans les idées, a donc décidé qu’il y aurait dégustation avant, pendant et après le spectacle. Pour ce faire, il a sollicité la participation de producteurs. Les spectateurs auront donc la possibilité de déguster un Château d’Arcole, « un des rares Saint-Émilion grand cru qu’un ancien copain de classe cultive en biodynamie ». « Cru château tradition est partenaire de l’opération et, par l’intermédiaire de Nicolas Feugas, va nous faire venir deux propriétaires, un en Saint-Émilion et un en Côte de Blaye bio. Le dimanche à 16h, il y aura aussi du champagne proposé par une toute nouvelle structure, “Chasseurs de vin”. De petites assiettes seront proposées pour accompagner ces dégustations. Rythme dense, poésie, humour… « Le vin c’est le plaisir, on ne pouvait pas faire un spectacle ennuyeux autour de ça », conclut l’artiste. Christelle Danglot Du 17 au 19 mars à 20h30 et le 20 mars à 16h Théâtre du Pont Tournant, à Bordeaux. Réservations : 05 56 11 06 11 ou resa.pont.tournant@gmail.com

8 • Les Nouvelles 3 mars 2016

« Nuit étoilée » Ton ventre saigne et tu es libre, tu saignes de ce sang qui éloigne les hommes. Tu saignes trop. Ton ventre fut menace pour ton intégrité, celui qu’on échange, qu’on vend contre un bon parti. Ce ventre, giron de ta féminité, te protège. Tes diplômes de chef, ton emploi qui font frémir les non castrés auraient dû te garantir de vivre allégée des soucis du quotidien. Tu serais logée, tes parents en sécurité pour leurs vieux jours. Ta modestie, ta gentillesse n’y feront rien. Alors ton ventre saigne et les années passent. La médecine n’y changera rien, les potions modernes et incantations multiples resteront inutiles. Tu saignes et te protèges. La famille, les enfants, tu y penses sans cesse, tu en rêves. Mais il est de ces rêves qu’il faut conserver au chaud et garder pour ce qu’ils sont, un fonctionnement autonome de l’esprit. Tu me dis que le fantasme irréalisable, le songe vain ou stérile n’a pas de place et tu préfères profiter de ce jour naissant et renaissant au fil des aubes et des crépuscules. Tu n’évoques ni la chance de ta condition de princesse, ni le destin qui t’a fait fille dans ce pays convoité par les grandes compagnies pétrolières. Ce sang t’éloigne de la gent masculine aux idéaux de domination, il te met en marge. Ces écoulements t’excluent de la séduction libidineuse et fallacieuse socialement admise et obligatoire à une rencontre. Et cette horde de hyènes n’y voit rien, aucune rébellion sanctionnante, ils te plaignent : « La pauvre, elle ne peut se marier ». Le mariage, passage inévitable et inhérent à ta condition féminine. Tu feins de pleurer, aucune larme ni tristesse ne t’envahissent. Ranger les chaussures de tes père et frères, débarrasser leur assiette et excréments, tu poseras désormais ce foulard sur ton visage qui les excite. Elle évoque cet homme. Celui qui la regardera comme son égale humaine. Cette douceur protectrice, ses mains te caresseront, son corps t’enlacera. Tu imagines timidement cet idéal d’amour qui s’éloigne un peu plus tous les jours. Mais où est-il cet homme qui arrêtera ton ventre de couler, qui apaisera ton corps furieux ? Où te caches-tu fidèle compagnon, mon soleil ardent qui réchauffera mes nuits étoilées ? Mon cerveau et mon coeur t’attendront sans plier, la liberté seule ou avec toi. Car tu es libre sous ton masque artificiel, ton maquillage, quand tous te souhaitent et t’inventent soumise. Tu résistes à ta façon, avec ton arme utérine. Le sang de la vie, de ta vie, ce sang qui te permet de vivre digne et autonome dans ce monde de fous.

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Les Nouvelles de Bordeaux et du Sud-Ouest S.A.S. au capital de 37 000 euros Associés (à parts égales) : L. Chollon, F. Mellier, S. Laborde Directeur de la publication : Frédéric Mellier Abonnement 1 an : 25 euros. Abonnement de soutien : 40 euros Rédaction, composition, impression : S.A.S. Les Nouvelles de Bordeaux et du Sud-Ouest 15, rue Furtado - 33800 BORDEAUX Tél. 05 56 91 45 06 - Fax 05 56 92 61 01 - Annonces légales : annonces@nbso.fr Comptabilité : compta@nbso.fr - Redaction/Proposition d’article : redaction@nbso.fr @nvlbx Les nouvelles de bordeaux nbso.fr Commission paritaire de presse : 0113 C 85932

par Jeanne R.M.

L’associé unique le 8/02/2016 a décidé de transférer le siège social du : 14 Cours de l’Intendance à BORDEAUX (33000) au : 43 Cours de l’Intendance à BORDEAUX (33000) à compter de ce jour et de modifier l’article 4 des statuts. La modification sera faite au Greffe du Tribunal de Commerce de BORDEAUX. Pour avis, la Gérance

SOLIDARITÉ À VILLENAVE D’ORNON

Braderie de livres L’antenne du Secours Populaire de Villenave d’Ornon organise une braderie de livres : Samedi 12 mars et dimanche 13 mars, salle Jacques Brel, Chemin Gaston.

Horaires : samedi 10h à 18h, et dimanche 10h à 17h Le contenu de la braderie : livres, disques, jeux et jouets.


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