Nouvelles N° 2146

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Jeudi 14 avril 2016 - N° 2146 - Hebdomadaire - 15, rue Furtado - 33800 BORDEAUX - Prix : 0,80 euro

MOBILISATION CITOYENNE

«POUR TOUT REMETTRE DEBOUT»

PREMIÈRE « NUIT DEBOUT » PLACE DE LA RÉPUBLIQUE À BORDEAUX LE 9 AVRIL, APRÈS LA MANIFESTATION


ACTUALITÉ LA RÉOLE

LOI TRAVAIL EL KHOMRI

Appel pour l’Hôpital du Comité de défense des Services Publics

Le gouvernement lâche du lest, la jeunesse garde le cap

Samedi 16 Avril 2016 de 14 heures à 16 heures Hôpital de la Réole (37 Chemin de Ronde) Rassemblement organisé par le Comité de Défense des Services Publics du Réolais contre « un plan d’affaiblissement qui amènerait l’Hôpital à l’euthanasie » et, avec les personnels, pour défendre une autre politique. « Notre Comité entend rassembler au-delà des clivages politiques. Des citoyennes, des citoyens, des élus du Réolais ont appris que le nouveau directeur de l’Hôpital Sud-Gironde veut imposer un nouveau plan qui vise à diminuer les moyens, augmenter les cadences, ne pas recruter alors que le personnel n’en peut déjà plus, et ne pas faire payer d’heures supplémentaires, alors qu’à flux tendu, c’est une nécessité. C’est notre santé et notre vie qui sont mis en danger. Des fermetures (le bloc opératoire, la maternité par exemple) étaient déjà intolérables, et il s’agit de fermer cet hôpital, à court ou moyen terme. Dans les zones socialement favorisées, à Bordeaux et ailleurs, il ne manque ni d’hôpitaux ni de cliniques. S’il faut aller trouver des fonds, que ceux qui ont dissimulé des fortunes au Panama payent, ce que nous, nous faisons tous les jours, par la TVA ! Notre zone rurale ne doit pas devenir un désert hospitalier. #OnVautMieuxQueCa ! » Pour joindre – rejoindre le collectif : cdspdureolais@gmail.com Jacques Lesbats, 2 rue Jean de la Moune - 33190 Hure

SYNDICAT DES AVOCATS DE FRANCE

Accompagnement pour la défense des droits des manifestants

Le 17 mars, à Tolbiac, plus de 300 CRS et une cinquantaine d'agent de la Bac sont envoyés pour sortir 80 étudiants réunies en assemblée générale. Se déchaine une violence inouïe, avec usage de gaz lacrymogènes, de coups de matraques, face à des étudiants sans défense.

En marge des manifestations contre la loi El Khomri, le climat entre les forces de l’ordre et les manifestants est particulièrement tendu. Si les télévisions ont surtout relaté les heurts entre des groupes autonomes (désignés comme « casseurs ») et les CRS, sur les réseaux sociaux, de nombreux témoignages en images, en vidéos, montre de nombreux cas de violences policières, un des plus connus étant celui d’un jeune de 15 ans qui se prend un coup de poing au visage alors qu’il est déjà immobilisé. Le journal l’Humanité mais aussi le Monde relatent plusieurs cas de violences démesurées, d’arrestation arbitraires de mineurs, de syndicalistes… Depuis, syndicats et collectifs d’avocats tentent d’accompagner les manifestants dans la défense de leurs droits. Parmi eux, le syndicat des avocats de France (SAF), qui s’est fait connaître pour son engagement contre la déchéance de nationalité, la constitutionnalisation de l’état d’urgence et dans la lutte contre la loi Travail. Sur les réseaux sociaux, l’organisation a diffusé jeudi 7 avril un « mémo » récapitulant les droits fondamentaux en cas d’interpellation ou de garde à vue. À Bordeaux, Estellia Araez, du SAF, s’est rapprochée des organisateurs de la Nuit Debout pour diffuser ces informations : avoir toujours une pièce d’identité sur soi, si on a déjà un avocat inscrire son nom et numéro sur son avant bras, ne pas parler tant que l’avocat-e n’est pas arrivé-e, bien relire tout procès-verbal avant de le signer, on peut refuser un prélèvement ADN mais cela est passible d’une amende, les interrogatoires des mineurs de plus de 13 ans doivent être filmés, les prélèvements ADN doivent être autorisés par les parents du mineur, les gardes à vue peuvent durer 24h et être renouvelées dans certaines circonstances. Même mineure une personne peut encourir des condamnations lourdes. Aucun incident grave n’a été signalé à Bordeaux depuis le saccage d’un bâtiment universitaire au tout début du mouvement.

Informations sur : lesaf.org 2 • Les Nouvelles 14 avril 2016

Les syndicats étudiants et lycéens se disent « satisfaits » des mesures décidées par le premier ministre. Toutefois, elles sont jugées insuffisantes par les organisations de jeunesse qui exigent toujours le retrait du projet de loi travail. Deux jours après de nouvelles manifestations contre la loi travail, des organisations d’étudiants et de lycéens ont été reçues, lundi 11 avril, par Manuel Valls, qui met sur la table des mesures « concrètes », pour détacher du mouvement les trois organisations de jeunesse qui font partie de l’intersyndicale mobilisée contre le projet de loi El Khomri depuis plus d’un mois : l’Unef (étudiants), l’UNL et la Fidl (lycéens). Dans le train de mesures estimé entre 400 et 500 millions d’euros par an par Matignon, figure ainsi la prolongation pour quatre mois au maximum des bourses destinées aux « jeunes diplômés d’origine modeste qui entrent sur le marché du travail en situation d’inactivité ». La mesure était réclamée de longue date par plusieurs des organisations reçues par le premier ministre. Cette nouvelle aide à la recherche d’un premier emploi (Arpe) démarrera dès la rentrée 2016 et sera

donc versée de septembre à décembre. Matignon estime à 126 000 le nombre de bénéficiaires potentiels, pour un coût de 130 millions d’euros par an. L’autre grande mesure, le renchérissement du coût des CDD par « une modulation des cotisations patronales d’assurance chômage », visant à favoriser l’embauche en CDI, ne dépend pas du gouvernement mais de négociations patronat-syndicats. Pour amadouer le Medef, Matignon estime cette mesure « cohérente » avec l’assouplissement des conditions pour mettre fin à un CDI prévues par la loi travail. Matignon renvoie à la négociation pour en définir le montant et l’assiette. Le gouvernement prendra aussi à sa charge une augmentation des minima salariaux légaux des jeunes apprentis, pour un coût de 80 millions d’euros « sans aucune conséquence pour les employeurs ». Enfin, le premier ministre prévoit une augmentation du nombre de places en BTS (2 000 par an pendant cinq ans), filière plus particulièrement destinée aux bacheliers professionnels, dans les disciplines « en lien avec les métiers d’avenir ». Enfin, le gouvernement a décidé de mettre en place un « droit universel à la garantie locative » pour tous les jeunes

de moins de 30 ans. Une mesure estimée à 100 millions par an et qui devrait concerner 300 000 jeunes chaque année. Une façon, selon le gouvernement, de « favoriser l’accès au logement pour les locataires » et de « protéger les propriétaires contre les risques d’impayés ». Les mesures globalement « vont dans le bon sens », approuve ainsi l’UNL. « De bonnes annonces pour les jeunes, notamment pour les apprentis et les lycées professionnels », analyse aussi Zoïa Guschlbauer, la présidente du syndicat lycéen Fidl. Du côté de l’Unef, son président, William Martinet, estime avoir « réussi à obtenir satisfaction sur des revendications » et qu’un « cap important » a été franchi. Nul doute que, pour le dirigeant du syndicat étudiant, le rapport de force établi par la jeunesse a payé : « Parce que les jeunes se sont mobilisés et ont relevé la tête, ils ont réussi à obtenir des mesures fortes pour leur insertion professionnelle et leurs conditions de vie. » « Ces annonces sont des coups d’envoi positifs. Mais nous allons être attentifs au projet de loi égalité et citoyenneté qui est censé inclure ces mesures », assure Alexandre Leroy, président du syndicat étudiant réformiste de la Fage. Pour autant, ces organisations de jeunesse, hormis la Fage, continuent d’exiger le retrait du texte de loi travail, « l’Unef reste solidaire de l’intersyndicale » et de son appel à manifester le 28 avril, assure William Martinet. La mobilisation pendant les vacances s’organise pour ne pas faire retomber la pression. De son côté, l’Union des étudiants communistes (UEC) invite ses militants à faire signer des « dizaines de milliers » de pétitions dans les campus universitaires qui ne sont pas en vacances pour les adresser aux parlementaires. La loi travail va arriver en séance à partir du 3 mai prochain. Avec l’Humanité du 12 avril

TRIBUNES JEAN-MARC DURAND*

Tirer toutes les leçons de panama papers Le contrôle fiscal avait permis en France, entre la fin des années 1960 et le milieu des années 1980, de juguler d’une façon assez efficace la fraude fiscale. Mais quelque chose a changé depuis : les procédés de contournement de l’impôt ont reçu une sorte d’aval des États eux-mêmes. La fraude fiscale s’est mue en optimisation fiscale, au pire en évasion fiscale. La gestion par Bercy des transferts de bénéfices ou du crédit d’impôt recherche traduit cette évolution. S’ajoutent les baisses des impôts des entreprises. (…) Comment, dès lors, s’étonner de leur recherche de pistes d’atterrissage défiscalisées pour cet argent ? Comment s’étonner que les banques pleinement engagées dans la gestion de cet argent et elles-mêmes bénéficiaires des largesses de la législation ne cherchent pas le moyen de faire

fructifier ces sommes colossales en des lieux vierges de toute obligation fiscale ? Il n’y a pas de hasard. (…) Certes, les événements rendent nécessaire l’identification des bénéficiaires des Panama Papers pour soumettre leurs placements nomades à l’impôt. Mais cela ne permettra pas de récupérer la maîtrise de l’ensemble des sommes évadées. Une fois l’impôt défalqué, ce sont encore des milliards qui auront échappé à toute utilisation sociale, à tout contrôle des citoyens et des salariés. Des milliards dont l’origine est la richesse créée par le travail humain. Cette réalité nous impose de réorienter le mode de production et de redistribution de la richesse en mobilisant de façon nouvelle les deux leviers que sont, d’une part, la fiscalité - en réformant celle des entreprises à partir de critères d’efficacité sociale et environnementale de leurs investisse-

ments par une modulation incitative des prélèvements fiscaux mis à leur charge -, de l’autre, une réforme des banques et du crédit. Il s’agit de soutenir un nouveau développement économique et social, fondé sur la relance d’une production industrielle nouvelle, et un développement massif des services publics. Mais la clé de la réussite de ces politiques réside dans les pouvoirs réels de décision dont disposeront les citoyens et les salariés dans la société et sur les lieux de travail pour en assurer la conduite. Cela pourrait se traduire, entre autres, par des droits des salariés à mobiliser l’administration fiscale en vue d’interventions préventives ou curatives. (…) *Jean-Marc Durand membre du conseil national du PCF

l’Humanité, 13 avril 2016


ACTUALITÉ

Editorial

BORDEAUX

Crédit photos P1 et 3 : Yves Nicoleau

La mobilisation contre la loi Travail se poursuit et se diversifie

Le 9 avril, Bordeaux a connu un week-end à plusieurs temps. Une manifestation, certes moins fournie que celle du 31 mars mais néanmoins diverse et toujours plus déterminée, une partie du cortège s’arrête au Grand théâtre avec la CGT, tandis que l’autre partie continue jusqu’à République où est prévue la première « Nuit Debout » bordelaise. Le soir, on y prend le temps de dire et écouter, il y fait chaud dans les cœurs tandis que sur le boulevard défilent, dans le vent froid, les marathoniens. 9 avril, 14 heures, Bordeaux, place de la République, le monde peine un peu à arriver, c’est le premier weekend des vacances… Les militants communistes ont installé un stand cours d’Albret (voir photos du dossier) pour y diffuser leurs propositions sur le travail, populariser la campagne Zéro chômeurs et faire connaître leur hebdomadaire. Dans la manifestation qui, finalement, s’étoffera sur le parcours pour atteindre environ 8 000 personnes, ils seront nombreux, éparpillés tout au long du cortège. Les étudiants sont moins nombreux qu’ils ne l’ont été mais cela ne semble pas inquiéter les militants de l’UNEF. Elisa Revillon et Solën Jouin de Bordeaux Montaigne et Christvient Lumbu Milandu de Bordeaux Montesquieu affirment que la mobilisation a bien avancé en mars avec des assemblées générales qui regroupent 200 à 250 personnes et un comité de mobilisation d’environ 80 étudiants à Bordeaux Montaigne qui anime et organise des conférences avec des enseignants ou des intervenants extérieurs. Des blocages sont votés ponctuellement pour pouvoir prendre le temps d’informer les étudiants.

« Beaucoup d’étudiants ont conscience de l’enjeu mais la mobilisation, avec les examens et les vacances, est plus difficile et le gouvernement veut jouer l’usure. Mais les salariés aussi sont mobilisés, et les chômeurs, les retraités… C’est un mouvement qui rassemble toutes les catégories finalement. C’est en étant le plus unitaire possible que nous gagnerons ». Message envoyé : il n’y a pas de raison de compter que sur la jeunesse, elle aussi a ses impératifs. Quoique des jeunes, si on compte aussi les salariés et précaires, il y en a encore beaucoup de mobilisés et on les retrouvera le soir pour la première « Nuit debout » bordelaise. Les vacances scolaires n’ont pas empêché une bonne vingtaine de lycéens de la coordination départementale de se réunir. Quant aux salariés, ils sont en effet toujours mobilisés et pour le montrer la Cgt organisait le jeudi 14 avril, de 12 heures à 14 heures, place de la Bourse devant la Chambre du Commerce et de l’Industrie, un piquenique revendicatif afin d’interpeller le MEDEF local. « Tant que le projet de loi travail ne sera pas retiré, la CGT continuera à se mobiliser, déclarait le syndicat. Les aménagements faits à la marge n’ôtent en rien l’esprit du texte qui est l’expression de la construction d’une société de reculs sociaux sans précédent dont la flexibilité et la précarité seraient la norme et tout cela pour mieux nourrir les financiers. » S’opposer en manifestant, proposer en se rassemblant

Assis, debout, en marchant, la mobilisation pour le retrait de la loi El Khomri se poursuit donc et des milliers de personnes se réunissent

pour chercher des solutions, des alternatives, voire même tout réinventer. « Faire la peau à la loi travail, c’est d’accord, dit Élodie à Paris. Mais on peut en même temps tout remettre debout, y compris la société, la République, comme certains l’ont fait autour d’axes forts, fondamentaux et radicaux avec le Conseil national de la Résistance. La différence, c’est que la rédaction doit se faire avec un maximum de monde. » À Bordeaux, les choses en sont au tout début. Dans la semaine qui a précédé, quelques organisateurs, des militants associatifs pour la plupart, ont réuni un collectif d’organisation pour gérer la sono, le poste de secours, l’accueil et la médiation… des choses concrètes. Sur la place de la République, pour laquelle une demande d’occupation a été déposée jusqu’au lundi 11 à 10 h par des associations, le monde s’agglutine peu à peu. Il y a Charlotte, 25 ans, militante anti fasciste, qui est de « tous les combats contre l’injustice », contente de « rencontrer des gens qui ont des solutions », elle voudrait que « dans l’esprit de la Commune » le peuple s’entraide localement pour reprendre le pouvoir. Viviane, 34 ans, milite aux Chantiers de l’espoir. Elle retrouve dans l’esprit de la « Nuit debout » , la même volonté de se réapproprier le débat politique dans le but de dégager une alternative progressiste, sociale, féministe, antiraciste, écologiste. Jimmy a 18 ans, il sait que c’est contre la loi El Khomri, il a croisé la manifestation, vient voir ce qui se passe. Pascal, 55 ans, est chômeur. Il est là contre la loi Travail « et tout ce qu’il y a derrière ». Ce mouvement lui fait penser à mai 68, il veut que son fils connaisse ça. « Les parents dépensent des fortunes pour que leur enfants étudient et derrière ils se retrouvent exploités en stage ». « J’espère que le mouvement ira plus loin sur l’écologie, l’industrie, il y a tout à reconstruire ». Son fils Eliott, 12 ans, trouve qu’il n’y a plus de démocratie, au sens de celle d’Athènes. « Tout le monde devrait pouvoir exprimer des idées et pas seulement élire des personnes ». Pour cela, il propose de faire voter les lois par des citoyens tirés au sort. « Ceux qui sont au pouvoir actuellement ne veulent pas parce qu’ils travaillent pour les milliardaires et votent des lois qui vont dans leur sens ». La première assemblée générale démarre vers 19h. Les prises de paroles se succèdent. Ça part un peu dans tous les sens, il faut du temps pour écouter, voir ce qui se dégage, trouver le commun… Sur le week-end, avec le turn-over, difficile de chiffrer la participation qui a pu tourner autour de 2000 personnes. Comme à Paris, le monde est là plus en soirée que la nuit alors il a été décidé de faire deux rendez-vous par semaine, le mercredi et le week-end. À suivre…

Convergence des luttes Samedi 9 avril, dixième manifestation contre la Loi El Khomri et toujours du monde, toujours beaucoup de jeunes même si l’on tente de nous faire croire à un essoufflement du mouvement. Cette opposition, quoiqu’on en dise, s’inscrit dans la durée et ce n’est pas les quelques « mesures » proposées aux jeunes par le gouvernement Valls qui semble vouloir arrêter leur volonté de faire retirer ce projet de loi, si l’on en juge par les mobilisations prévues dans les semaines à venir. D’autant plus que cette opposition prend cette fois une forme inédite : s’opposer en manifestant, proposer en se rassemblant. C’est l’irruption dans le paysage des luttes du mouvement « Nuit debout ». Dans de nombreuses grandes villes mais aussi à Libourne, La Rochelle, Rochefort… des jeunes, des citoyens se rassemblent pour ne plus se laisser faire. Même si les réseaux sociaux ont joué un rôle indéniable dans ces nouvelles formes de mobilisation, « Nuit Debout » va à l’encontre du discours de l’individualisme montant, du désintérêt des jeunes pour la politique. Au virtuel des réseaux sociaux, s’est ajouté le besoin de cet appel à se rassembler, parler, échanger physiquement. À Bordeaux, le 9 avril, alors que les marathoniens couraient soutenus par une foule nombreuse, Nuit Debout a réussi à rassembler plus d’un millier de personnes. Rassemblement qui s’est organisé, en ouverture au débat, de la projection du film de François Ruffin « Merci patron ! ». Le projet de loi El Khomri a allumé une mèche : celle de rêver ensemble à un autre monde, de proposer ensemble. Les syndicats, les forces de gauche ont répondu présents en se mobilisant massivement lors des manifestations contre cette loi et pour son abandon mais une nouvelle alternative de lutte est née ; alors comment les militants syndicalistes, politiques doivent-ils lire ces nouveaux mouvements sociaux ? Certainement pas, comme le dit François Ruffin, en se tournant le dos. D’ailleurs Pierre Gattaz ne s’y trompe pas en déclarant : « tant qu’il y aura des syndicats comme la CGT et FO, politisés et obnubilés par la lutte des classes, on ne s’en sortira pas. » Cette mèche allumée, le monde syndical et politique doit veiller à ce qu’elle ne s’éteigne pas, qu’elle atteigne toutes les couches sociales ; car pour l’instant il faut bien se l’avouer, les plus défavorisées d’entre elles sont peu présents dans ce mouvement. Mais ce n’est qu’un début, et aujourd’hui la construction et la convergence des luttes est plus que jamais d’actualité.

Maryse Montangon Membre du Comité exécutif du PCF 33 et membre du Conseil national

Christelle Danglot Les Nouvelles 14 avril 2016 • 3


37 E CONGRÈS DU PARTI C L’ambition communiste pour un Front de gauche populaire et citoyen Dès le préambule, les rédacteurs de ce texte confirment être « en accord avec beaucoup des objectifs et propositions contenues dans (la) partie “projet” du texte adopté par le conseil national. Comme celui-ci, ils font du dépassement du salariat un objectif à construire dans les luttes, intègrent la lutte contre toutes les discriminations, la conquête de nouveaux pouvoir démocratiques et l’urgence écologique dans “l’horizon révolutionnaire dans laquelle (l’action des communistes) doit s’inscrire”. Quand à l’Europe, elle est souhaitée “à géométrie choisie”, permettant un exercice partagé des souverainetés ». Mais c’est donc sur la conception du Parti communiste lui-même et plus encore, sur les échéances stratégiques de 2017 que se fonde la raison d’être de ce texte alternatif. Ses rédacteurs espèrent aller « plus loin » dans les transformations du PCF, souhaitant « imaginer un fonctionnement beaucoup plus ouvert, plus souple, horizontal, transversal, décentralisé ». Une volonté qui va de paire avec le souhait de transformer le Front de gauche en « une perspective stratégique de long terme ». Cela passerait par une structuration « au plus près des lieux de travail et de vie », dotée « d’assemblées locales souveraines » et ouvertes à tous. Enfin, les rédacteurs d’« Ambition communiste » voient dans les propositions de la base commune une reproduction du « schéma ancien de la gauche plurielle », avec le Parti socialiste en son centre. Constatant que Jean-Luc Mélenchon, même s’il a « proposé unilatéralement sa candidature », « continue d’identifier le Front de gauche pour des millions de femmes et d’hommes », ils proposent d’inscrire celle-ci dans le cadre d’« Assises de la transformation sociale et écologique », qui pourraient se réunir jusqu’à la fin de l’automne 2016. Un processus à l’issue duquel pourraient être formulés « un projet et des candidatures communes » pour 2017.

Pour une politique communiste. Ce texte entend « renforcer le PCF », structurellement et idéologiquement. Il commence donc par constater que le « gouvernement “socialiste” » a un objectif, « la défense des intérêts capitalistes », qui « ne se distingue en rien de ceux des partis de droite ». Les rédacteurs de ce texte alternatif en appellent donc à un travail du PCF qui « lie revendications sociales et politiques immédiates à la nécessité d’exproprier les capitalistes ». En liant ainsi « grands objectifs » et « moyens de leur réalisation », le PCF se « distingue(rait) des réformateurs et autres “sociaux-démocrates” ». Ceci passe, par une « étude de l’histoire et des bases théoriques du marxisme ». Un long passage de ce texte est aussi consacré à la question européenne et notamment aux évènements de Grèce en 2015. « Les dirigeants de l’Union européenne (UE) ne se laissent pas impressionner par des expressions de souveraineté populaire », en concluent les rédacteurs du texte. En conséquence, « au lieu d’entretenir l’illusion de sa “réforme”, le Parti a besoin de s’armer d’une stratégie de lutte contre l’UE ». Une stratégie qui devrait aller de paire avec « notre lutte pour la solidarité internationale et contre le racisme, partie intégrante de notre lutte contre le capitalisme en France et dans le monde ». Enfin, le texte aborde les échéances électorales pour pointer que les « accords électoraux présentant le PCF comme un “allié” du PS posent clairement problème ». « Sans aller jusqu’à exclure en toutes circonstances des accords avec le PS, il est clair que ceux-ci ne peuvent éventuellement se justifier qu’à condition que les socialistes en question défendent réellement les intérêts populaires contre ceux des capitalistes et qu’ils prennent clairement position contre la politique de régression sociale de “leur” gouvernement. » 4 • Les Nouvelles 14 avril 2016

CONGRÈS, EL KHOMRI, NUITS DEBOUT,…

Le grand forum est ouvert ! Après le vote par 80 % des membres du conseil national d’une base commune, 4 textes alternatifs ont été déposés et seront soumis au débat des communistes pour ce 37e congrès. Les textes sont diffusés ces jours-ci. En même temps que l’animation du congrès, et du mouvement contre la loi El Khomri, les militants communistes se lancent également dans la « grande consultation citoyenne ». 500 000 questionnaires pour « faire émerger les exigences populaires, ouvrir des solutions face à la crise ». Le point sur ces initiatives et ces débats. C’est dans la tradition que d’appeler à ce que les congrès ne se construisent pas « en vase clos ». Ce souhait n’a pourtant jamais été autant d’actualité et pertinent que pour ce 37e congrès pour lequel 5 textes de base de débat sont soumis au vote des communistes. Dès après les attentats de Paris, la fédération de Gironde avait décidé d’ouvrir le débat sur de grands thèmes de préoccupation des communistes et des Français : Europe, République, Travail. Comme le rappelle ici Sébastien Laborde, ces débats réunis à Bègles, au Grand Parc et à Cenon ont réunis 150 per-

sonnes, dont beaucoup de militants communistes en recherche. En recherche d’ouverture, de réflexion sans attendre forcément de réponses toutes faites. C’est la démarche qu’a également souhaité engager le conseil national du PCF en lançant une « grande consultation citoyenne » proposée à 500 000 citoyens-nes. « Nous visons un gigantesque porte-à-porte dans tout le pays », explique le Pierre Dharréville, membre de la direction nationale en charge de l’animation de cette initiative (lire page 7). « Dans chaque ville, chaque quartier, nous pouvons imaginer des dépouillements collectifs suivis de débats », poursuit-il. Le congrès national sera un « point d’étape » de ce dépouillement, avant le « point d’orgue » de la Fête de l’Humanité, en septembre prochain. Lancé dans la préparation du congrès, cette démarche entend donc pousser les communistes à préparer celui-ci, les portes grandes ouvertes. Mais comment pourrait-il en être autrement, dans la période que nous traversons ? « Je crois que nous venons d’entrer dans une période nouvelle », estime Pierre Laurent dans une interview publiée dans la publication Partages envoyée à tous les adhérentses du PCF et dans laquelle sont

reproduits l’ensemble des documents du congrès. « Après les régionales, le paysage semblait bouché, désespérant. Aujourd’hui, bien entendu, les dangers politiques sont toujours là. (…) Mais ceux qui ont élu Hollande en 2012 et qui, pour beaucoup, semblaient tétanisés viennent de se lever en masse. Et avec eux, la jeunesse. » Contestation de la proposition de déchéance de nationalité, puis de la loi El Khomri et mouvement Nuit debout,… « C’est un vaste forum politique qui est né », déclare Pierre Laurent. À partir de là, le secrétaire national pose une double question : « comment contribuer à la victoire de ce mouvement ; et comment lui permettre de garder la parole en 2017 et après ? » C’est le débat « passionnant » que le conseil national a voulu poser dans le projet de base commune de discussion validé par plus de 80 % de ses membres. Un débat qui n’élude ni les « doutes » ni les « inquiétudes » : « c’est le débat collectif, l’enrichissement mutuel, pas l’affrontement de postures, qui nous permettra de trouver des clés, dit Pierre Laurent. Je suis certain qu’en poussant les débats, nous sortirons plus forts et unis de ce congrès. » Un chantier exigeant, difficile, colossal. Mais un chantier indispensable. Vincent Bordas.

TEXTE ADOPTÉ PAR LE CONSEIL NATIONAL

« Le temps du commun » Le patrimoine cumulé des 1 % les plus riches dépasse celui de 99 % de la population mondiale. Les contradictions du système capitaliste rendent actuelle l’aspiration communiste. Le monde, l’Europe, la France sont plongés dans une crise multiforme. Partout demandent à naitre des rapports plus solidaires, harmonieux avec la nature, plus de démocratie et la lutte se mène à tous les étages. La France entre en ébullition. Un mouvement profond est en train d’émerger. La question de sa perspective se pose. Les élections de 2017 placent notre pays face à un choix crucial pour son avenir. Le gouvernement et sa majorité nous ont conduits à une impasse économique et 700 000 chômeurs de plus en quatre ans. Il a bafoué les valeurs de la république. Le Front National est à un niveau jamais atteint dans notre histoire. La seule perspective

promise, celle d’un choix entre un candidat de droite ou d’extrême droite… Au contraire, nous sommes déterminés à agir pour la construction d’une gauche combattive au service des intérêts populaires en réinventant ses pratiques et ses projets. Des millions de femmes et d’hommes sont disponibles, électeurs du PCF, du FdG, écologistes, socialistes, abstentionnistes qui sont le peuple de gauche. La clef du succès est la mise en mouvement du peuple. Nous ne nous résignons pas à la division, proposons une démarche de rassemblement conforme à notre histoire : un nouveau front populaire et citoyen. Nous voulons produire un évènement politique majeur pour que notre peuple reprenne la main, refaire de la politique un champ ouvert, une affaire populaire avec la tenue d’états généraux en vue des élections législatives et une « grande consultation

citoyenne », rencontre de 500 000 personnes d’ici la fin de l’été. Il est temps de construire une VIe République. Nous proposons un très large rassemblement des forces de gauche et progressistes pour éviter de subir cinq années supplémentaires la violence et la domination des forces de la finance. C’est pourquoi le processus de primaire de gauche peut être un moyen utile pour écarter l’impasse Hollande, Valls et consorts par l’émergence d’une autre voie à gauche. Pour l’élection présidentielle, une candidature commune peut bousculer la donne, relancer une gauche de rupture avec l’austérité et les recettes libérales, créer la surprise et gagner. Une plateforme, socle d’entrée de la primaire, en assurera sa validité. Le congrès adoptera donc un calendrier de consultation et de ratification de nos décisions à l’automne. Transformations utiles et concrètes sont pensées pour faire vivre un parti communiste de nouvelle génération.


COMMUNISTE FRANÇAIS 3 QUESTIONS AU SECRÉTAIRE DÉPARTEMENTAL

« Déjouer le scénario des dominants, des 1 % des plus riches, de la finance, de la bourgeoisie. »

Alors que viennent d’être diffusés les différents textes en discussion pour le congrès, Sébastien Laborde revient sur la situation politique et sur la façon dont la fédération a choisit de préparer ce 37e congrès.

Les Nouvelles. La fédération avait organisé un cycle de trois débats (Europe, République, Travail) qui s’inscrivaient dans la préparation du congrès. Quel bilan peux-tu en tirer ? Sébastien Laborde. Nous avions voulu mener un débat public et ouvert sur des questions structurantes du projet communiste pour la France et l’Europe. Tous les intervenants que nous avons sollicités ont accepté de discuter avec nous : des dirigeants communistes comme Eliane Assassi, Frederic Boccara ou Nicolas Marchand. Mais aussi Maïte Mola, des militants de la CGT, d’ATTAc, du syndicat des avocats de France (SAF), Karfa Diallo. Les sujets débattus intéressent en effet l’ensemble des forces sociales et de progrès, la République, l’Europe, la question du travail sont des sujets sur lesquels il y a du débat à gauche, de la confrontation même. Pour dépasser cette situation, il n’y a pas d’autre chemin que celui du débat dans la volonté de dégager des perspectives d’action, de luttes et d’initiatives politiques. Plus de 150 personnes ont participé à ces débats. Dans la même période, Pierre Laurent était l’invité de Sud Ouest et de l’IEP pour son « Grand oral » où il a réuni plus de 250 personnes. On sent le besoin d’échanger, de débattre et d’ouvrir des perspectives nouvelles. La Fête de l’Humanité sera, les 21 et 22 mai, l’occasion de continuer dans cette démarche de construction large de

réflexion et d’action pour les luttes.

Maintenant que les textes du congrès sont connus, quelles sont les étapes à venir pour les communistes ? S.L. Il y a le projet de base commune adopté par le conseil national et 4 textes alternatifs soumis au vote des communistes qui aura lieu du 2 au 5 mai prochain. S’en suivront les congrès de sections, fédéraux et le congrès national, du 2 au 5 juin. Nous sommes donc dans un temps de découverte des textes par les adhérents, ceux-ci leur seront envoyés par courrier dès cette semaine. Il est important dans ce moment de continuer à mener le débat sur l’analyse de la société française, sur notre projet et notre stratégie de transformation de la société qui ne s’arrête pas à 2017 et enfin sur les transformations de notre Parti. Inventer ce que doit être le Parti Communiste Français au XXIe siècle est une question majeure.

« Unir les communistes » Pour les rédacteurs de ce texte « l’existence du PCF est menacée par des renoncements stratégiques et des tactiques électorales à court terme et inefficaces » qui prennent leurs racines « depuis la “mutation” initiée par Robert Hue ». À l’inverse, ils en appellent à un « grand Parti communiste, un rassemblement populaire et majoritaire ». « Le Parti sans rassemblement est impuissant, le rassemblement sans Parti est inconscient. » Pour ce faire et pour contrer un Front national face auquel « la réprobation morale ne suffit pas », les rédacteurs de ce texte estiment que la « reconquête de l’électorat passe par la capacité à porter (…) une autre politique économique, la fin de la précarité et de la concurrence entre travailleurs ». En Europe, ceci passe par des ruptures, par exemple avec « les positions de soutien jusqu’au-boutistes » à des forces comme Syriza qui applique un « véritable programme d’extermination économique, sociale et culturelle du peuple grec ». Le PCF devrait donc revendiquer la « sortie de l’Union européenne et de l’euro pour engager la sortie du capitalisme ». Sortir du capitalisme pour « penser une société nouvelle », issue des luttes sociales et d’un « effort de construction idéologique considérable sur la théorie marxiste ». C’est dans cet esprit que les rédacteurs envisagent les échéances de 2017. L’urgence, c’est de s’appuyer sur le mouvement social pour « créer les conditions d’un vote qui soit clairement un appel à la mobilisation populaire et à la reconstruction d’une parti communiste de combat ». En identifiant, autour de figures comme celles de Xavier Mathieu (CGT - Continental) ou Mickaël Wamen (CGT - Goodyear), le « besoin de candidats et dirigeants ancrés dans le mouvement social ».

des plus riches, de la finance, de la bourgeoisie. Dans le même temps quelque chose est en train d’émerger à la faveur du rejet de la loi travail. Le mouvement social reprend de la force et des couleurs, des initiatives sont prises comme les Nuits debout. Il me semble que nous devons montrer à leur égard une grande disponibilité.

Les prises de position sont nombreuses et assez tranchées, notamment autour de l’enjeu stratégique de 2017. Comment organiser ces débats importants sans créer de tensions supplémentaires au sein du parti ?

La question qui nous est posée est la suivante : Comment rassembler toutes celles et ceux qui affrontent la politique du gouvernement dans un processus d’élaboration politique qui aboutirait à une offre à la présidentielle et aux législatives, susceptible de bouleverser le scénario pré-établi, de modifier les rapports de force politiques, et permettant une mise en mouvement pour les années qui viennent ? Nous pouvons répondre à cette question collectivement si nous évitons, entre nous au moins, les faux débats et les caricatures. Personne ne veut se retrouver dans la situation de soutenir une personnalité du gouvernement actuel, personne ne croit dans un homme ou une femme providentielle, personne ne veut un effacement de notre Parti, ou sa disparition. C’est tout le contraire, je crois pour ma part que tous nos efforts doivent se tourner vers la construction d’un processus large d’élaboration politique dans cette période pourtant difficile.

S.L. Il faut se parler vrai, sans prendre de raccourcis. Le débat que nous avons est sain, il faut qu’il soit vivifiant. Aujourd’hui il y a d’un côté un scénario à trois (UMP-PS-FN) mortifère qui se profile avec le risque de voir disparaître des écrans radar toute idée de progrès et à l’arrivée une victoire de la droite avec un Front National qui rentrerait massivement à l’Assemblée Nationale. Ce scénario c’est celui des dominants, des 1 %

Le projet de base commune à propos de 2017 avance des propositions pour l’action et la mise en mouvement, et notamment la grande consultation populaire. Si nous, les communistes, sommes capables de dialoguer avec des dizaines de milliers d’hommes et de femmes sur les contenus d’une politique de progrès et de leur offrir des cadres d’élaboration politique, alors beaucoup de choses deviendront possibles.

« Reconstruisons le parti de classe ! » Ce texte est conçu comme « un outil d’action et de combat » permettant aux communistes « d’exprimer (…) leur choix de rupture avec la ligne de liquidation réformiste ». Le texte reproche donc une « ligne de la direction du PCF (qui) s’est détournée de la colère populaire et de l’avant-garde de ceux qui luttent ». Au contraire, les rédacteurs de ce texte mettent « en discussion une tout autre ligne, des propositions de rupture, notamment avec l’Union européenne ». Ils listent ainsi de « grandes batailles » revendicatives pour la Sécurité sociale, la renationalisation de services publics comme la Poste, contre la réforme ferroviaire, pour « la production, l’agriculture paysanne (…), l’industrie, une contestation du marché capitaliste et la revendication de nationalisations démocratiques ». Porter de manière crédible ces revendications nécessite de rejeter « la participation (…) à la caricature politicienne des “primaires de la gauche” et du lobbying “Mélenchon 2017” qui suit exactement la même logique ». « Quitte à aller à contre-courant, ce n’est pas la présidentielle qui doit structurer notre perspective politique mais au contraire, c’est notre ligne politique qui doit conditionner notre participation à la présidentielle. Nous demandons que le 37e congrès renvoie l’essentiel du débat et la décision sur la candidature éventuelle à une convention du PCF à la fin de l’année. » Ce texte fait enfin d’une priorité, le « renforcement du parti de classe sur des positions rigoureusement anticapitalistes » et invite à l’organisation d’une « vaste commémoration » du centenaire de la révolution d’Octobre 1917 et de la « fondation du PCF », en 1920. Les Nouvelles 14 avril 2016 • 5


INTERNATIONAL GRANDE-BRETAGNE

SCANDALE DES PANAMA PAPERS

Cameron pris dans les Panama Papers

Jérôme Skalski : « Les Islandais n’acceptent plus »

Le premier ministre britanique a été contraint de reconnaître qu’il a bénéficié de fonds offshore. Après l’Islande, l’onde de choc du scandale des Panama Papers a gagné le Royaume-Uni. Il y a une semaine encore, le premier ministre rétorquait doctement aux critiques selon lesquelles il aurait cherché à échapper au fisc via la possession d’une société offshore de son père. Il s’agissait à ses yeux d’« une affaire privée ». Mais sous le feu des critiques, et après pas moins de quatre déclarations aussi tordues que maladroites, David Cameron a été contraint de reconnaître, jeudi, que lui et son épouse avaient bien possédé entre 1997 et 2010 un total de 5 000 titres au sein d’un fonds d’investissements - Blairmore - basé aux Bahamas et dirigé par son père, mais qu’il s’en était défait à la mort de ce dernier. Fait inédit au royaume de sa majesté : le premier ministre conservateur a rendu publiques hier ses déclarations d’impôts de ces six dernières années en vue d’étouffer les charges. On apprend ainsi que le locataire du 10 Downing Street a payé 94 000 euros d’impôts sur une rente de 248 000 euros en 2014-2015. Suite au décès de son père en 2010, David Cameron a reçu un héritage de 372 000 euros. L’année suivante, il a perçu deux dons de 124 000 euros de la part de sa mère. Outre son salaire de premier ministre, les Cameron

ont perçu 534 000 euros provenant de la location de leurs domiciles suite à leur emménagement dans la résidence officielle du premier ministre. Si rien ne semble illégal, la pilule n’en est pas moins dure à avaler pour ses concitoyens. La fortune personnelle du premier ministre paraît d’autant plus insolente qu’il s’est fait le chantre de l’austérité au point de vouloir privatiser le Service national de santé (NHS). Samedi, des centaines de personnes portant des chapeaux panamas se sont retrouvées devant le 10 Downing Street pour exiger sa démission. Ils se sont par la suite rendus devant l’hôtel où se tenait une convention du Parti conservateur. Devant les siens, David Cameron a admis qu’il aurait « dû mieux gérer cette histoire ». Il ne croit pas si bien dire. Seulement 34 % des Britanniques estiment qu’il a agi en conséquence, contre 58 % qui désapprouvent sa gestion de l’affaire, selon une enquête rendue publique vendredi. Le leader de l’opposition travailliste, Jeremy Corbyn, est le principal bénéficiaire de la chute de popularité de Cameron. Mais, dans la perspective du référendum du 23 juin sur le maintien ou non du Royaume-Uni dans l’Union européenne, les déboires du premier ministre pourraient surtout servir les intérêts des eurosceptiques de l’Ukip. Cathy Ceïbe, l’Humanité, 11 avril, 2016

MACÉDOINE

«Respecter les principes de solidarité et d’accueil des populations fuyant guerre, violence et misère » Déclaration du PCF du 11 avril 2016 Près de 300 personnes - hommes, femmes et enfants - ont été blessées suite aux violences exercées par la police macédonienne à l’encontre des populations réfugiées bloquées dans le camp d’Idomeni, à la frontière entre la Grèce et la Macédoine, depuis plus d’un mois. Ce dimanche, ils étaient environ 500 à réclamer à nouveau l’ouverture de la frontière lorsque la police a répondu violemment par l’usage du gaz lacrymogène, des balles en caoutchouc et des grenades assourdissantes. Jusqu’à début mars 2016, la frontière était un passage permettant de rejoindre les pays du nord de l’Europe. À ce jour, ils sont près de 15 000 entassés dans le camp à vivre dans des conditions indignes. Dans 6 • Les Nouvelles 14 avril 2016

une telle situation, la tension ne peut que monter et les risques d’actes de violence s’accentuer. Ces populations réfugiées doivent être accueillies dignement en Europe. Rien qu’en France, les capacités d’accueil existent dans les villes et les villages. Des actions solidaires d’associations, de citoyens sont aujourd’hui inutilisées : 15 000 réfugiés étaient attendus en 2015, seuls quelques centaines ont été relogés. Le PCF en appelle une nouvelle fois à ce que la France et l’UE respectent le droit et les conventions internationales, et les principes de solidarité et d’accueil des populations fuyant guerre, violence et misère. A la prochaine réunion du Sommet européen, la France doit exiger le rejet de l’accord honteux entre l’UE et la Turquie.

Au lendemain des révélations de l’implication du Premier ministre islandais dans l’affaire des paradis fiscaux, 10 % des Islandais sont descendus dans la rue (ils sont 327 000 au total sur l’île) pour manifester leur colère. Ils ont obtenu la démission du Premier ministre Sigmundur David Gunnlaugsson. Ce dernier fait partie de la liste des 140 personnalités ayant des avoirs dans des paradis fiscaux, gérés par le cabinet d’avocat panaméen Mossack Fonseca. Des élections anticipées sont annoncées pour l’automne. Interview de Jérôme Skalski, journaliste à l’Humanité, auteur de La révolution des casseroles (1), ouvrage sur le processus constituant en Islande porté par le mouvement citoyen de 2008, et réalisateur d’un documentaire intitulé Podemos, un abécédaire (2). Les Nouvelles. Le scandale des Panama Papers montre l’utilisation de comptes offshore par des dizaines de responsables politiques à travers le monde, mais il agite particulièrement l’Islande pourquoi ? Jérôme Skalski. Après la crise du crédit subprime de septembre  2008, la population islandaise s’est révoltée. Il y a d’abord eu la « révolution des casseroles », 4 mois de mobilisation populaire qui ont entrainé la démission du Premier ministre conservateur Geir Haarde, puis l’arrivée au gouvernement d’une gauche armée pour des réformes de fond sur le plan économique, financier, sur le plan politique, avec un projet constituant, et sur le plan de la morale publique. La gauche a fait pas mal de choses de 2009 à 2013, elle n’a pas seulement entendu mais aussi poursuivi pas mal de banksters. Elle a mis en joue la classe politique avec des procès d’hommes politiques comme celui de Geir Haarde qui n’a pas donné lieu à une condamnation mais qui, quand même, a été mis en cause devant une cour spéciale. Les islandais étaient sous le choc de l’ampleur de la corruption. La rupture avec la classe politique a alors été très forte. Mais ils pensaient avoir tourné la page, que c’était de l’histoire ancienne. Que quelqu’un comme le Premier ministre, Sigmundur David Gunnlaugsson, certes de

centre droit mais représentant une nouvelle génération d’hommes politiques, soit cité dans cette affaire des Panama papers, ça ne passe plus. Les Islandais n’acceptent plus. Pour eux la corruption à l’égard des finances est particulièrement immorale, un homme politique, étant donné les responsabilités qu’il a, doit être intègre. Ce en quoi ils ont raison. Par cette démission, d’ailleurs, le Premier ministre joue le jeu alors qu’il pourrait dire comme d’autres qu’il n’a rien fait d’illégal puisque les lois internationales organisent l’illégitimité en permettant de détourner l’imposition de fortunes personnelles, c’est-à-dire priver des trésors publics de fonds qui leurs sont normalement destinés. Dans une société démocratique, voler l’État, c’est voler la société civile. Que sont devenues les perspectives qu’ouvrait, en 2008, l’arrivée au pouvoir d’une gauche rouge et verte et la nouvelle constitution rédigée de manière citoyenne ? J.S. En 2008, un grand brainstorming s’est manifesté par un processus constituant extrêmement original. Ce processus politique a été porté par la société civile, les hommes politiques en ont été exclus. Il y a eu 35 constituants élus parmi la population. Sans rentrer dans les détails, on peut dire qu’aux termes de plusieurs mois de travail, en connexion permanente avec la société civile, une nouvelle constitution a été rédigée qui avance de nouveaux droits démocratiques comme le droit de veto et de proposition législative mais aussi l’intégration de droits sociaux et économiques, des lois contre la corruption, le népotisme, etc. Ce projet constituant a été porté par la gauche et les mouvements sociaux impliqués dans la Révolution des casseroles. Mais depuis le début, la droite, le Parti de l’Indépendance qui domine le paysage politique depuis 1944, y était opposé et le Parti du progrès n’avait pas soutenu. Ils sont revenus au pouvoir en 2013, ils ont gelé le processus alors qu’il ne restait plus aux assemblées qu’à voter l’organisation d’un référendum. Le nouveau premier ministre, Sigurdur Ingi Johannsson, a annoncé la tenue d’élections législatives anticipées « à l’automne ». Est-ce que ces

événements pourraient entraîner un retour de la gauche au pouvoir et donc relancer le processus constituant ? J.S. Dans les dernières manifestations, j’ai vu des pancartes « Où est notre constitution ? ». On peut supposer que si la Constitution issue de la société civile avait été mise en place, il y aurait sans doute eu toute une série de mesures pour lutter contre la corruption, justement pour ne pas retomber dans les travers antérieurs. Donc la problématique constitutionnelle qui couve sous la lave et la glace est en ré-éruption, à cause des événements mais aussi parce que la gauche s’est requinquée depuis près d’un an, à la fois le parti vert/gauche et le parti Pirate, issu du mouvement citoyen, qui est donné à 35 % dans les sondages. Une de leurs revendications clés est de relancer le processus constituant à partir de ce qui avait été fait. Si le parti vert/gauche, le parti Pirate et une partie du parti socialiste arrive au pouvoir, ce qui est fort probable, le projet constituant sortira de son hibernation. Quoiqu’il en soit, ce petit pays, encore une fois, donne des leçons aux, soi-disant, grandes démocraties occidentales. On ne fait pas que dire aux banksters « ce n’est pas bien », on sanctionne. Il y a sur ces questions à la fois une très forte mobilisation et une traduction politique qui fait craindre un raz-de-marée au pouvoir en place. Ce n’est pas juste une pression symbolique. Il y a donc beaucoup d’enjeux. Propos recueilli par Christelle Danglot À lire aussi dans

l’Humanité du 12 avril : Nuit debout au soleil de minuit

(1) La révolution des Casseroles, chronique d’une nouvelle constitution en Islande, éditions La Contre Allée, 04/10/2012, en vente sur la boutique du site www.lacontreallee.com, 13,50 €. (2) Podemos, un abécédaire, réalisé en partenariat avec le journal l’Humanité, a été projeté en avant première le 13 avril au Centre international des cultures populaires à Paris et sera sur le salon du livre d’expression populaire et de critique sociale d’Arras organisé par Colère du présent, producteur du documentaire (www. coleredupresent.com).


PCF CELLULE D’ARÈS DU PCF

LIVRE

Projection-Débat

Nous sommes les 99%

Samedi 16 avril, 16h à 19h, salle des Mille Clubs, Arès

Le livre de Pierre Laurent, intitulé 99 % est sorti en librairie. Il part de l’étude d’Oxfam international publiée début janvier sur les inégalités mondiales et notamment le chiffre « bombe » : les 1 % les plus riches de la planète détiennent plus de richesses que les 99 % restants.

16h. Projection gratuite du film Les jours heureux 17h30. Débat citoyen

Le monde dans lequel nous vivons, l’évolution de la société, sont-ils durables ? Faut-il se résigner ? N’y a-t-il pas d’alternatives ? Face à la mondialisation, aux pouvoirs de la finance, face aux renoncements du gouvernement, peut-on vraiment peser sur les choses ? Oui ! Les forces et les potentialités existent pour ouvrir une autre voie que celle de l’enfoncement de la France, de l’Europe et du monde dans la crise sans fin où nous conduit le capitalisme mondialisé. Comme le montre la mobilisation contre la loi travail, qui vise à saper les fondements du code du travail, ces forces et ces potentialités sont réelles. Elles sont nombreuses à gauche, mais trop souvent isolées, méprisées, étouffées, déstabilisées.

Nous voulons les rassembler car unies elles sont une force capable d’imposer d’autres choix pour la paix, la justice sociale, la dignité, la préservation de la planète… Le PCF pense que l’intervention des citoyens est vitale dans ce processus. Alors que toutes les autres forces politiques se polarisent essentiellement sur le choix du ou de la candidate, nous proposons de prioriser le débat sur le contenu et les mesures économiques et sociales nécessaires pour revenir au plein emploi, avec l’objectif, que l’on soit salarié, agriculteur, artisan, commerçant, de vivre dignement de son travail. Cette démarche a besoin de l’implication des citoyens, de leurs associations, de leurs syndicats, de tout le tissu progressiste et démocratique. (…)

Ce livre met en cause les idées reçues et tombe à pic dans cette période de révélations dans l’affaire des « Panama Papers » et du mouvement social contre la loi El Khomri. Pierre Laurent signe un acte fort de confiance dans le peuple français. Dans un langage simple et direct, il démontre la capacité des 99 % à bousculer le cours de l’histoire, à condition de reprendre quelques bastilles. Contrairement à tous les livres politiques du moment, 99 %, dit « nous » (et non « je »). Il porte sur le besoin d’unité et de réinvestissement populaire dans la politique. On y retrouve des éléments d’analyse, de projet, la question de l’engagement, de la France et du PCF.

99 %. Ed. du « Cherche midi ». 127 pages. Disponible à la Fédération du PCF. 9,80€

CONSTRUIRE DU COMMUN 21 & 22 mai 2016

La grande consultation citoyenne

Le Parti communiste lance une grande consultation citoyenne dans le pays, sous forme de questionnaire, avec l’ambition de toucher 500 000 personnes. L’idée est qu’un grand débat public fasse émerger les exigences populaires et d’ouvrir des solutions face à la crise. Entretien avec Pierre Dharréville, membre de la direction du PCF, dans CommunisteS du 30 mars (extraits). Quel est le sens de cette initiative ? Pierre Dharréville. Nous voulons déverrouiller le débat politique. Il ne s’agit pas d’un sondage, mais bien d’une campagne politique et militante. Cette consultation citoyenne entend poser des questions enfouies et des questions nouvelles, pointer du doigt des idées reçues et des contradictions, reconnecter le réel et l’idéal. Elle veut à la fois donner la parole et faire réfléchir, recréer de l’espoir populaire, avec trois objectifs majeurs : 1. Donner la parole au peuple, amorcer un mouvement de reconquête de la politique par les citoyens pour sortir du cercle de défiance qui s’est installé. 2. Mettre en débat des propositions et

des idées pour nourrir une discussion exigeante. 3. Contribuer à construire un mandat populaire pour 2017, à bousculer les scénarios établis. Quelle forme prendra cette consultation ? P.D. Nous voulons recueillir sincèrement et vraiment la parole populaire, dans l’écoute et la discussion. Chaque militant est acteur de la consultation et peut faire remplir 4 ou 5 questionnaires dans son entourage, menant ainsi plusieurs discussions politiques. Nous visons également un gigantesque porte-à-porte dans tout le pays, en commençant par des endroits ciblés, en proposant aux gens de remplir ensemble l’enquête, en étant attentifs à bien noter leur avis avant d’engager le débat. Des réunions plus collectives (appartement, quartier, entreprise…) pourront se tenir. Nous encourageons une forte présence dans les lieux publics et à la porte des entreprises. Cette campagne s’accompagnera d’une animation sur internet.

Consulter, consigner mais ensuite, comment rendre compte de ce travail ? P.D. Dans chaque ville, quartier, section, nous pouvons imaginer des dépouillements collectifs, suivis de débats. Il sera décisif que cette parole populaire ne se perde pas dans les sables et qu’elle soit restituée aux habitants. Ce dépouillement et/ou le résultat peuvent constituer un premier acte des États généraux que nous proposons de mettre en place dans chaque circonscription en vue des législatives. Les questionnaires devront à la fois être conservés localement et envoyés au national pour en faire un événement avec deux moments forts : un point d’étape lors du congrès et un point d’orgue à la Fête de l’Humanité. Quand la campagne commence-t-elle ? P.D. Des objectifs élevés par fédération ont été établis. Nous devons donc produire un effort d’organisation et un effort militant de tout premier plan dès maintenant avec chaque section, en aidant à multiplier les formes de consultation, se fixer des quartiers prioritaires, rencontrer des associations, proposer des rendezvous avec des syndicats pour remplir l’enquête… En Gironde

Rencontre des responsables de sections Mercredi 27 avril, 18h30, fédération du PCF

Cette rencontre rassemblera tous les membres des exécutifs de sections avec deux objectifs : 1. Comment animer la grande consultation citoyenne, comment la proposer à tous les communistes du département, comment en suivre l’évolution ? 2. Point de la popularisation de la fête de l’Humanité 33, diffusion des billets de tombola. La fête sera une des occasions pour faire grandir cette grande consultation populaire.

INITIATION AU TRAPÈZE ET CIRQUE TIR À L’ARC JEUX EN BOIS ET EN PLEIN AIR DISC-GOLF MAQUILLAGE KIKI LE CLOWN LIBRAIRIE VILLAGE ASSOCIATIF

PCF BLAYAIS

Assemblée des adhérents L’assemblée générale du Blayais a rassemblé 17 militants le 1er avril. Une militante a confirmé son adhésion au PCF. Les communistes présents se sont d’abord exprimés « pour le retrait du projet de loi “Travail” qui devrait plutôt être appelé projet de loi “Chômage” ! » Après avoir estimé que « c’est une attaque frontale, au niveau du patronat européen, contre tous les salariés »…, décrypté la philosophie générale de la loi « donnant la priorité aux accords d’entreprise sur la loi, pour isoler le salarié face au patron » avec pour conséquence « un retour de deux siècles en arrière », les militants se sont interrogés sur la stratégie actuelle du PCF. Ils revendiquent « le droit de s’exprimer librement dans les congrès et dénoncent certaines pratiques de “verrouillage” des débats, de censure ». Après un large débat, ils se sont exprimés majoritairement contre le principe des primaires, contre le principe des votes « bloqués » lors des congrès. Un vote majoritaire s’est également prononcé pour la sortie de l’OTAN, pour la Paix et le Désarmement. Concernant l’adhésion au PGE (Parti de la Gauche européenne), le débat a été reporté au congrès de section, pour avoir plus d’informations. Enfin, ils se sont interrogés sur la capacité de Pierre Laurent à rester secrétaire national du PCF. Une motion dans ce sens sera proposée au vote des adhérents lors du congrès de section.

Carnet La section du PCF de Villenave d’Ornon a le regret d’annoncer le décès de Josèphe Texereau, dite Josette, à l’âge de 83 ans. Elle était d’origine polonaise, militante de la CGT du livre et adhérente du PCF depuis de longues années. Les militants appréciaient son sens de la solidarité et sa gentillesse. Ils adressent à sa famille leurs condoléances les plus émues.

Souscription Ils ont donné un total de

600 €

M. DUBROCA J.Pierre & Jo, La Brède Mme TEXIER Christine, Bègles Mme ARENAS Dolores, Le Billaux

Mme CARAVITA Françoise, Libourne Mme NAMIN Annie, St-Seurin-de-Prats Section Rive de Dordogne

Les Nouvelles 14 avril 2016 • 7


CULTURES & SOLIDARITÉS 21 MAI À BÈGLES

FORUM AVIGNON

Tremplin rock

Juppé préfère le Davos que la culture

Dans le cadre de la préparation de la Fête de l’Humanité Gironde qui se déroulera les 20 et 21 mai 2016, le Mouvement des jeunes communistes en Gironde organise un Tremplin Rock le jeudi 21 avril, au Block, à Bègles (59 rue des Terres Neuves, arrêt de tram Terres Neuves). Quatre groupes sont à l’affiche : Bloom // Our name is nobody // Mister Hat // Les cacahuètes de l’espace

Trois associations seront également présentes : le collectif unitaire de solidarité avec le Kurdistan-Bordeaux, les Sarahouis de Bordeaux et Palestine33 qui tiendront des tables et proposeront des animations musicales pendant les changements de plateau. La salle ouvre au public à partir de 20h et l’entrée est gratuite. Bar à l’intérieur.

SECOURS POPULAIRE FRANÇAIS

Une chasse aux oeufs solidaire à Gradignan

Mercredi 20 avril, quelques temps après les fêtes de Pâques, la ville de

Gradignan accueillera une grande chasse aux oeufs solidaire pour les enfants de 3 à 12 ans. Vous y trouverez une chasse aux oeufs ludique et utile, des jeux et animations, une braderie ou encore une buvette et des stand thématiques. Le Secours populaire vous attend nombreux pour une après-midi de festivités en plein air, pour petits et grands. Votre participation à cette initiative bénéficiera aux projets menés dans la cadre de la campagne de solidarité mondiale.

CHÂTEAU LA CROIX-TAILLEFER

Exposition « vins, vies, visages » & dégustation de vins les 16 et 17 avril 2016 La nouvelle exposition du peintre Béglais Cisco Perez se déroulera au Château La Croix Taillefer (Pomerol) du 19 avril 2016 jusqu’à la fin de l’été. L’initiative en revient notamment au maître des lieux, Romain Rivière qui a proposé à l’artiste de travailler à sa guise divers vins du terroir comme support direct à son œuvre. Le résultat, étonnant et inédit, prend la forme de plusieurs séries de tableaux dont la réalisation mêle le précieux breuvage à l’encre de Chine. Une large place est faite à la

réalisation de visages poignants de sincérité et de mystère. L’exposition s’ouvrira également à une performance de l’écrivain et rédacteur Thierry Delhourme. Exposition (en présence de l’artiste) et dégustation de vins les 16 et 17 avril 2016 de 10h à 17h. Château la Croix-Taillefer, 56 route de Périgueux, 33500 Pomerol. Exposition visible tous les lundi, mercredi et vendredi de 8h30 à 12h et 14h30 à 17h

Les Nouvelles de Bordeaux et du Sud-Ouest S.A.S. au capital de 37 000 euros Associés (à parts égales) : L. Chollon, F. Mellier, S. Laborde Directeur de la publication : Frédéric Mellier Abonnement 1 an : 25 euros. Abonnement de soutien : 40 euros Rédaction, composition, impression : S.A.S. Les Nouvelles de Bordeaux et du Sud-Ouest 15, rue Furtado - 33800 BORDEAUX Tél. 05 56 91 45 06 - Fax 05 56 92 61 01 - Annonces légales : annonces@nbso.fr Comptabilité : compta@nbso.fr - Redaction/Proposition d’article : redaction@nbso.fr @nvlbx Les nouvelles de bordeaux nbso.fr Commission paritaire de presse : 0118 C 85932

8 • Les Nouvelles 14 avril 2016

Quelques jours avant son ouverture, le Forum d’Avignon bénéficiait d’une délibération lui octroyant une subvention de Bordeaux Métropole. Au nom du groupe des élus communistes et dans un contexte de réductions budgétaires pour beaucoup de structures associatives, Jacques Padie a exprimé son opposition à cette subvention. « L’évènement que propose le Forum d’Avignon a choisi une orientation très claire : ce n’est pas la culture ni même la création qui sont en débat mais bien leur marchandisation. Pour en débattre pendant deux jours, très peu d’artistes mais du très beau monde : les PDG de Publicis, de Microsoft, d’Orange, la branche viticultrice de la famille Dassault, le conseiller culturel du Qatar – qui est, il est vrai, chargé des questions culturelles auprès des Nations unies… Et même

notre ministre de l’économie, le féru d’arts Emmanuel Macron (finalement absent – NDLR) ! C’est vrai qu’on imagine mal que la ministre de la Culture ait pu être invitée à un tel évènement… » « Joindre les mots entreprise et culture n’est pas toujours une hérésie. Mais ce Forum d’Avignon - qui est à juste titre surnommé le Davos de la culture, semble tout bonnement avoir oublié le second terme, la culture. Parce que son but n’est pas d’interroger sur la création, son rôle son apport et les moyens de la promouvoir. Le but de cet évènement est tout simplement la marchandisation de la culture. Et nul doute que vu sous cet aspect, le ministre Macron a des idées en pagaille, que n’aurait pas imaginé sa collègue ministre de la culture. Enfin, tout ceci pourrait paraître anecdotique et on pourrait laisser ce beau monde débattre sans y prêter attention. Le choix que vous faites,

monsieur le Président, en versant 100 000 euros (75 000 de la mairie et 25 000 de la Métropole), est cependant loin d’être anodin dans cette période. Pas un conseil de métropole sans qu’une association locale voit ses subventions coupées avec de grands regrets et de longs discours sur la “raréfaction de l’argent public” ; c’est le cas ce mois-ci pour l’association Arc-en-Rêve qui voit sa subvention pluriannuelle baisser de près de 15 %. Le monde de la culture avait ainsi dénombré l’année dernière près d’une centaine d’annulation de festivals dans l’hexagone suite aux baisses de subventions publiques. Sur Bordeaux, l’association Allez les filles ! a dû lancer une souscription populaire pour pouvoir maintenir à flots le festival Relâche. Dans ce contexte donc, ouvrir une ligne pour le Davos de la culture est un choix politique extrêmement clair. Choix que nous ne partageons pas. »

ESCALE DU LIVRE 2016

Un bon millésime pour l’Espace Marx Présent depuis le tout début des années 2000 sur les quais, EspacesMarx était à nouveau à sa place cette année, à l’Escale du Livre les 2, 3, 4 avril, à Sainte-Croix, en voisin du TnBa. Cette Escale, si elle a pour vocation de promouvoir la vente des livres, multiplie aussi les initiatives culturelles et artistiques, encourage les rencontres avec les écrivains, nouveaux ou confirmés, marginaux ou courus. C’est un événement culturel d’importance. Le millésime 2016 de l’Escale du livre a été pour Espaces-Marx particulièrement encourageant. Deux débats, à son initiative, ont eu lieu le samedi 2 avril. Le premier, prévu de longue date, questionnait l’actualité de Karl Marx comme philosophe et aussi comme politique. Il accueillait Isabelle Garo auteur-e avec l’historien Jean-Numa Ducange de l’ouvrage collectif Marx Politique (éd. La Dispute). Pendant une heure, Isabelle Garo a échangé avec Jean-

Marie Harribey et la salle, petite mais pleine, du « comptoir des mots ». Il n’est pas si courant qu’à l’Escale, l’œuvre de Marx soit présentée avec sympathie et avec rigueur… Isabelle Garo a, entre autres, insisté sur la grande capacité de Marx à analyser et agir politiquement, prenant en compte les grands bouleversements et les grandes innovations de son temps, notamment l’expérience de la Commune de Paris. Son oeuvre est vraiment un appel à « explorer, confronter, innover ». Autre événement : Jean-Paul Abribat, de retour à l’Escale, a présenté, dédicacé son ouvrage Scène privée dans la scène de l’histoire*. Devant un auditoire nombreux, curieux et amical, il a échangé avec son compère Dominique Belougne et les deux interlocuteurs à l’initiative de cet ouvrage d’entretiens, Jean-Claude Gillet et André Paillaugue. Président d’Honneur d’Espaces-Marx depuis la disparition de son ami Henri Chassaing, Jean-Paul Abribat rend compte dans cet ouvrage avec drôlerie et fermeté de son sinueux et passionné

parcours universitaire, politique, psychanalytique… Un vrai « test-amant » de la vie et de ses contradictions… L’ouvrage, tout frais sorti, connaît déjà du succès et il a été le plus dédicacé et le plus vendu sur le stand d’EspacesMarx, en « rivalité » avec le petit et percutant fascicule de l’UJFP, Une Parole juive contre le racisme (éd. Syllepse, 5€). En tout, une bonne vingtaine d’auteur-e-s ont dédicacé leur ouvrage sur le stand et dialogué avec les lecteurs et les curieux. Cette année encore, le stand, fréquenté pour les poètes des éditions Le Serpolet, pour les ouvrages de L’IHS CGT autant que pour Espaces-Marx, aura connu de nombreux échanges et de nombreux achats, tout autant que de fructueux contacts. Vincent Taconet *éditions des Nouvelles de Bordeaux et du Sud-Ouest- 15€

RWANDA

22e commémoration du génocide TUTSI Le 7 avril 1994 marqua le début du génocide au Rwanda. Pendant 100 jours, plus de 800 000 personnes environ 75 % des Tutsi vivant au Rwanda - furent sauvagement massacrées. Afin d’honorer la mémoire des victimes et rappeler l’immensité de ce crime, des commémorations ont eu lieu dans plusieurs villes de France. Sur cette photo, sur le Pont de pierre à Bordeaux, le jeudi 7 avril, cérémonie à l’appel des associations : CAURI, Comité Aquitaine du mouvement burkinabé des droits de l’homme et des peuples, Cie Uz&Coutumes, MRAP 33, UJFP, Survie Gironde.


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