Nouvelles N° 2147

Jeudi 21 avril 2016 - N° 2147 - Hebdomadaire - 15, rue Furtado - 33800 BORDEAUX - Prix : 0,80 euro

TOUS DEBOUT LE 28 AVRIL ET LE 1ER MAI

À BORDEAUX

POUR LE RETRAIT DE LA LOI EL KHOMRI INITIATION AU TRAPÈZE ET CIRQUE TIR À L’ARC JEUX EN BOIS ET EN PLEIN AIR DISC-GOLF MAQUILLAGE KIKI LE CLOWN LIBRAIRIE VILLAGE ASSOCIATIF

ACTUALITÉ CHÔMAGE-INDEMNISATION

LA RÉOLE

Intermittent-e-s et précaires construisent la mobilisation

Rassemblement pour la défense de l’hôpital Le samedi 16 avril après-midi, à l’appel d’un comité en cours de constitution, des citoyen-ne-s, des syndicats, associations et militants politiques étaient rassemblés à La Réole pour la défense et la promotion de l’Hôpital et des services publics.

Le 14 avril, les intermittents et précaires se sont invités à la la conférence de presse de présentation de la sélection cannoise, à Paris.

1 500 personnes étaient réunies en assemblée générale au Théâtre de la Colline à Paris lundi 4 avril 2016 et plus de 40 autres rassemblements se sont tenus partout en France. À Paris, une action d’occupation de la toute nouvelle Maison des Pratiques Artistiques Amateurs a réuni des intermittent-e-s, des précaires et des étudiant-e-s, jeudi 7 avril à l’appel de la CGT Spectacle et de la Coordination des Intermittents et Précaires (CIP). Cette semaine, une vingtaine d’assemblées générales s’est réunie en France. À Bordeaux, le rendez-vous a eu lieu au Tnba lundi soir.

Le communiqué intitulé « nos états d’urgence » pointe les négociations sur la convention UNEDIC sur l’assurance chômage. « 57% des chômeur.se-s sont dépourvu-e-s d’allocations chômage. Ça ne suffit pas au Medef ni au gouvernement !

Ils prévoient 800 millions d’économies sur le dos des chômeur-se-s… alors que dans le même temps le projet de loi Travail risque de faciliter les licenciements. » Sur les annexes 8 et 10, spécifiques aux intermittent-e-s du spectacle, ils dénoncent la volonté du MEDEF d’imposer 185 millions d’euros d’économie pour la seule année à venir, 400 millions d’euros à l’horizon 2020 et de mettre à contribution de l’État dans le financement du régime. « Le financement des économies du régime par l’État conduirait à le sortir de la solidarité interprofessionnelle et à en faire une caisse autonome, dépendante des politiques publiques ».

Ils s’indignent de la proposition d’employeurs du spectacle, du cinéma, de l’audiovisuel et de la prestation technique, représentés par la FESAC, de durcir les conditions d’ouverture de droits des techniciens à l’annexe 8.

Si on ajoute le projet de loi LCAP (Liberté de Création Architecture et Patrimoine), en deuxième lecture au Sénat en mai prochain, qui autorise et promeut le travail gratuit dans des spectacles professionnels et l’article 52 de la loi El Khomri permettant à Pôle Emploi de ne pas reconnaître, pour l’ouverture ou le renouvellement des droits, les déclarations tardives effectuées par les demandeur-se-s d’emploi, on comprend la colère des intermittents et précaires qui appellent à la convergence des luttes : « ce que nous défendons, nous le défendons pour tous ! »

LOUPIAC

« Journée du partage, et si on se parlait ! » Samedi 23 avril, à partir de 18h, la municipalité de Loupiac et l’association des musulmans de Cadillac sont heureuses de vous inviter à deux rendezvous de la « Journée du partage et si on se parlait ! » qui se dérouleront à la salle des fêtes.

De 18h à 20h, Rencontre-débat : « Quelle place, aujourd’hui, dans notre République laïque, pour les religions et leurs pratiques ? », avec M. Pierre Chavot, écrivain, spécialiste du judaïsme, M. Mahmoud Ould Doua, docteur en sciences politiques et imam, le père Faurier Patrick, prêtre à Langon, M. Jocelyn Doré, Maire de Cadillac et M. Lionel Chollon, maire de Loupiac. À partir de 20h Repas fraternel. L’association des musulmans de Cadillac invite les participants de la journée à partager un couscous fait maison.

Cette initiative est née d’un échange improvisé avec des représentants de l’association des musulmans de Cadillac, après l’intervention de Lionel Chollon sous la halle de Cadillac lors de l’hommage aux victimes des attentats du 13 Novembre 2015. « Il nous est apparu nécessaire, explique le maire de Loupiac, de réaffirmer avec force notre volonté commune de partager un “Vivre Ensemble” garanti par le respect de principes républicains intangibles : liberté d’expression, de circulation, de manifestation et de croyance, égalité entre les citoyens, laïcité de l’espace public. Il nous a fallu quelques mois pour arriver à construire cette journée. » Le débat sera précédé de 14h à 17h par un Tournoi de foot en salle, à la salle Sportà2balles de Béguey.

Renseignements et inscription : mairie de Loupiac 05 56 62 99 62.

2 • Les Nouvelles 21 avril 2016

Devant l’Hôpital, Jacques Lesbats a rappelé les événements et les décisions qui ont conduit à la création du comité et à ce rendez-vous, en évoquant quelques problèmes concrets que pose l’Hôpital pour les usagers et les salariés : des dégradations, des éléments qui ne sont pas aux normes, le personnel en sous-effectif chronique…

Depuis 2013, il est prévu que des lits de gériatrie soient transférés de La Réole à Langon où les médecins considèrent que le plateau technique est plus performant mais il n’avait jamais été question de transférer de personnel jusqu’à des déclarations récentes de la direction qui, sous prétexte de déficit, a annoncé l’abandon de travaux sur le site de La Réole et le transfert de lits et de personnel sur Langon. Depuis, elle s’est finalement dédite.

Sur la pelouse devant l’hôpital, des infirmières viennent rencontrer les militants CGT, Jean-Luc Huon, secrétaire du Syndicat, Catherine Ramillon, ancienne aide soignante, Delphine Poutays de l’EHPAD de Langon. Elles confirment qu’il leur a été dit que personne ne serait obligé d’aller à Langon mais il leur a aussi été demandé de réfléchir aux critères pour déterminer qui partirait. « C’est

pas à nous de le faire », s’exclame une infirmière. « Combien de lits vont rester, à combien on va travailler, on n’en sait rien ».

Les militants de la CGT insistent sur le fait qu’on s’en sort toujours mieux en engageant une action collective qu’en essayant de s’arranger entre personels.

Ces personnels voient leur charge de travail constamment augmenter, « avec l’application des directives du ministère », comme le dit Jean-Luc Huon, qui se traduit par la suppression de l’ensemble des CDD de remplacement, la suppression des heures supplémentaires. « Depuis une semaine, on est à moins du minimum effectif sur l’hôpital de Langon, explique les militantes de la CGT, avec une réorganisation qui implique des réunions en plus. » Du point de vue des usagers, l’assemblée estime que « la population a le droit d’avoir des soins de qualité même si on est à la campagne ».

La discussion est tendue avec Bernard

Castagnet, médecin et conseiller général, pourtant venu apporter son soutien de principe au comité de défense et, plus tard, avec le directeur qui pourtant affirme qu’aucun membre du personnel ne sera contraint de partir à Langon et qu’un recrutement en gériatrie aurait même lieu.

Mais en matière de santé, comme dans beaucoup d’autres domaines d’ailleurs, usagers et personnels n’en peuvent plus que toutes les décisions soient prises sur des critères de gestion, des règles budgétaires.

Remettre les choses à l’endroit, repartir des besoins de santé, des conditions nécessaires aux personnels pour réaliser leur mission, voilà pourquoi l’assemblée réunie était mobilisée.

Le comité de défense va donc poursuivre sa structuration et ses actions.

Pour prendre contact : cdspdureolais@gmail.com, ou Jacques Lesbats, 2 rue Jean de La Moune, 33190 Hure.

Christelle Danglot

NUITS DEBOUT

Vers une réelle convergence des luttes ?

Les « Nuits debout » se poursuivent et ont essaimé en France et en Europe. À Bordeaux le week-end dernier, l’auditoire était plus restreint, la proportion de personnes investies, actives, trop faible, quelques signes d’agacement et de fatigue se faisaient sentir. Mais l’envie de dire et de trouver ensemble des solutions pour sortir de cette société qui veut nous imposer la loi Travail est toujours là.

Alors que François Rufin, réalisateur de Merci patron ! et journaliste à Fakir, interpelle sur les réseaux sociaux les « Nuits Debout » sur « l’étape d’après », à Bordeaux, Steve rend compte du rendez-vous « Lisons debout » autour du Mythe de la Caverne et commente « les médias nous demandent toujours où on va mais ce qui nous importe, c’est le chemin que nous prenons ».

Mais sur le chemin, tous ne sont pas sur la même longueur d’onde, entre ceux qui évoquent des débouchés électoraux, ceux qui rejettent toute institutionnalisation, ceux qui choisissent la violence comme cela a été le cas à Paris…

Toujours est-il que sur la place de la République à Bordeaux, on continue à parler démocratie, écologie, réduction du temps de travail, conditions de

travail, anticapitalisme, éducation…

Quelques uns s’avancent sur la perspective des présidentielles, parfois en faisant référence à Podemos ou plus clairement en invitant à investir le débat sur les primaires citoyennes, avec un rendez-vous à la halle Darwin le 21 avril, sans trop de réactions.

La victoire contre la loi Travail, l’idée d’une grève générale suivie, d’un blocage général, la convergence avec les entreprises, les cheminots, les services publics, les agriculteurs, les chômeurs et précaires… le besoin d’aller dans les quartiers populaires et de dépasser les frontières sont des sujets récurrents et qui semblent faire lien entre les Nuits debout.

Un appel international de « Nuit debout » propose de converger à Paris les 7 et 8 mai et de faire une « Nuit debout partout », le 15 mai 2016. « Nuit Debout s’est fixé comme objectif premier la création d’un espace de convergence des luttes, indique un communiqué. Cette convergence pourrait aller encore plus loin et s’entendre à un niveau international. Des liens existent

entre les nombreux mouvements qui s’opposent aux quatre coins du monde à la précarité, au diktat des marchés financiers, à la destruction de l’environnement, aux guerres et au militarisme, à la dégradation de nos conditions de vie. À la compétition et l’égoïsme, nous répondons par la solidarité, la réflexion et l’action collective. » Concrètement, à Bordeaux, cela se passe toujours place de la République.

Peu de personnes dorment sur place.

Les assemblées générales ont lieu les mercredis, samedis et dimanches à 18h30, elles sont précédées de réunions de groupes de travail appelés « commissions » sur les thèmes : « Éducation et enseignement », « Langage », « On bloque tout », « Parité et droits des femmes », « Sciences Debout : Développons notre esprit critique », « Qu’est-ce qu’on fait Debout » ? Un rendez-vous « Lisons debout » s’est ajouté le samedi vers 15h. Les assemblées générales sont souvent suivies de projections de films ou de concerts.

C. D.

Pour s’informer : wiki.nuitdebout.fr/wiki/villes/Bordeaux @NuitDebout33

Nuit debout Bordeaux

adresse mail : contact-nuitdeboutbordeaux@openmailbox.org

ACTUALITÉ

Editorial

POUR LE RETRAIT DE LA LOI TRAVAIL

Grève, manifestations, deux grandes journées : le 28 avril et le 1er mai Jeudi 28 avril, grève interprofessionnelle et manifestation à 10h30, place de la République à Bordeaux « pour le retrait du projet de loi El Khomri, ni negociable ni amendable ».

Les organisations syndicales CGT, FO, FSU, SOLIDAIRES, l’UNEF et l’UNL de la Gironde souscrivent au communiqué national intersyndical qui appelle à la grève interprofessionnelle, privé/public, le jeudi 28 avril 2016, et ont décidé de tout mettre en œuvre pour sa réussite. « La mobilisation du jeudi 28 avril doit monter encore d’un cran supplémentaire par rapport au 31 mars, le gouvernement ne veut pas céder, nous non plus ! Nous sommes déterminés ! La question de la grève interprofessionnelle en continu, jusqu’au retrait, pour bloquer le pays, doit être posée. » Déclare l’intersyndicale girondine.

Communiqué national de l’Intersyndicale

« Le gouvernement a présenté le 11 avril dernier, des mesures importantes en faveur des jeunes (Aide à la Recherche du Premier Emploi, surcotisation des CDD, amélioration de la rémunération des apprentis, revalorisation des bourses, prolongation du droit aux bourses, création de places en BTS…). Pour les organisations CGT, FO, FSU, Solidaires, UNEF, UNL, FIDL ces annonces sont le fruit des fortes mobilisations des jeunes, à l’appel des organisations

lycéennes et étudiantes au côté des salariés. Elles répondent aux revendications portées de longue date par les organisations de jeunesse. (…)

Pour autant, le désaccord sur le projet de loi reste entier. Et le 9 avril a permis à des milliers de personnes de toutes catégories sociales n’ayant pu se mobiliser jusqu’ici de s’inscrire dans le mouvement. L’opinion publique soutient cette mobilisation et de nombreuses initiatives se multiplient au niveau local. Le gouvernement doit poursuivre dans la voie du dialogue amorcé avec les organisations de jeunesse. Il doit aussi écouter les organisations de jeunesse et de salariés qui restent toujours opposées à la loi Travail. (…)

Depuis plus d’un mois, les étudiant-es, lycéen-nes, salarié-es, privé-es d’emploi et retraité-es sont mobilisés pour exiger le retrait du projet de loi Travail en discussion au parlement. Le droit du travail doit aujourd’hui prendre en compte nombre d’enjeux (évolution technique et technologique, émergence de nouvelles technologies d’information et de communication, du numérique, transition écologique, évolution des besoins de la population…) et en mesurer les transformations induites sur le travail. L’enjeu est d’offrir des garanties et des droits en conséquence aux salariés des secteurs

privé et public. À terme, cette remise en cause de pans entiers du Code du travail risquerait d’avoir aussi des conséquences sur le statut de la Fonction publique alors que les agents vivent déjà des situations dégradées.

Les organisations syndicales dénoncent l’entêtement du gouvernement à maintenir son projet de loi Travail. Il doit les recevoir et entendre les revendications des salariés : emploi, salaires et pensions, temps de travail, protection sociale, garanties collectives, conditions de travail, égalité professionnelle femme/homme, santé au travail, médecine du travail, formation permettant des créations d’emplois stables et de qualité, droits et libertés syndicales… (…) Car dans un contexte de crise aggravée par une politique d’austérité, lutter contre la flexibilité, contre la précarisation des emplois est une nécessité.

Les organisations syndicales appellent l’ensemble des salarié-es, privé-es d’emploi, étudiant-es, lycéen-nes, retraité-es à se mobiliser à nouveau par la grève et à participer massivement aux manifestations le 28 avril prochain. (…) Elles se saisiront du 1er mai, pour donner à cette journée de solidarité internationale, un caractère particulier.

BORDEAUX

La CGT pique-nique devant la CCI

L’Union départementale CGT de la Gironde organisait un pique nique revendicatif, le jeudi 14 avril de 12 h à 14 h, place de la Bourse, devant la Chambre du Commerce et de l’Industrie afin d’interpeller le MEDEF local.

Il n’y avait pas de grève ce jour-là, juste un rassemblement militant, avec un pique-nique en toute convivialité, devant la CCI pour interpeller le patronat et faire un pont entre la manifestation du 9 avril et la prochaine grande journée de mobilisation contre la loi Travail, « ni amendable, ni négociable », le 28 avril prochain. « Nous voulons rappeler au patronat local, intervient Corinne Versigny, responsable de l’union départementale CGT, que nous ne lâcherons rien.

Notre détermination est encore plus forte que la sienne. L’affrontement capital/travail n’a jamais été aussi violent

depuis la naissance du capitalisme. Le capitalisme mondialisé est prêt à faire voler en éclats tous les droits sociaux des travailleurs. Combattre cette loi, c’est combattre un projet de société dont la norme serait la précarité, la flexibilité et cela pour mieux nourrir les financiers.

C’est la continuité des politiques d’austérité menées dans toute l’Europe contre les travailleurs.

Nombreuses sont les voix qui alertent sur la menace d’une crise qui aurait des conséquences pires que celle de 2008. Vous savez qui va en faire les frais, non point les 1 % de la population qui captent la majeure partie des richesses, ceux qui n’en ont jamais assez, qui trouvent le moyen d’organiser des fraudes, des évasions fiscales sans jamais être inquiétés, l’affaire Panama papers en est la preuve. Il est irresponsable de penser que la solution passera par de nouveaux reculs sociaux. » « Gattaz n’est pas content des syndicats qui continuent de mener la lutte des

classes mais bien sûr que nous menons la lutte des classes et nous allons continuer car vous, le patronat, n’arrêtez jamais d’exploiter les travailleurs ».

La CGT appelle à élargir le mouvement sur les lieux de travail en portant les revendications des salariés et à faire du 28 avril « une grande journée de grève et de mobilisation massive » ainsi qu’un « grand 1er mai qui permettra aux travailleurs du monde entier de se mobiliser solidairement contre toutes les répressions sociales, pour imposer un monde de justice sociale, de progrès et de paix ».

Corinne Versigny s’est félicitée que l’Unef ne se soit pas laissée « attraper dans les mailles de la malhonnêteté de Valls » avant de passer la parole à un de ses représentants locaux. « Les jeunes sont mobilisés plus que jamais, a-t-il expliqué. À l’université, ça continue de bouger, il y a eu de nombreux blocages. Les annonces du gouvernement montrent qu’il a peur. C’est une première victoire mais nous refusons la précarité à vie que propose ce projet de loi. La plupart d’entre nous sommes déjà précaires. Nous voulons un revenu de base étudiant et nous ne sommes pas dupes des manœuvres du gouvernement pour nous diviser mais nous allons continuer à lutter avec les travailleurs, les chômeurs, dans l’unité, et nous allons gagner ! ».

C. D.

Luttes, congrès, fête de l’Huma…

Communistes debout !

Je partage l’analyse de la résolution du Conseil national qui insiste sur les points d’appui positifs de la période politique et sociale actuelle. « Après les régionales, la situation paraissait dominée par les dangers et les peurs. Aujourd’hui, des idées essentielles reviennent au premier plan.

Le scandale de Panama papers relance le débat sur l’ampleur de la prédation financière sur les richesses créées organisée par les multinationales (…). La mobilisation pour le retrait de la loi El Khomri marque aussi bien le refus massif d’une société d’insécurité sociale et de précarité généralisée, qu’une exigence de sécurisation de tous les moments de la vie de chacun-e. Le mouvement Nuit debout témoigne de la volonté grandissante d’une irruption citoyenne dans la politique pour déverrouiller le système et s’autoriser à penser un autre avenir pour chacun-e. (…)

Les communistes, qui sont totalement impliqués dans ces mouvements, doivent redoubler d’énergie pour les faire gagner.

Tous ces mouvements montrent que des forces peuvent être disponibles pour reconstruire l’espoir au-delà de ces batailles immédiates. Ces débats, ces mobilisations, ces mouvements peuvent-ils, dans la durée, ouvrir la voie à un nouvel espoir politique, voire à de nouvelles constructions politiques ? Et comment ? Voilà des questions centrales pour notre discussion de congrès. » Congrès pour lequel nous avons un double défi démocratique à relever : Bien sûr débattre, amender et trancher pour une orientation, mais aussi, et j’allais dire surtout, impliquer le maximum de communistes… Notamment celles et ceux, écrasés par la crise, qui peinent à retrouver l’espoir !

Ceux-là doivent être les premiers destinataires du questionnaire « que demande le peuple » !

La démarche plaît. Nous l’avons vérifié lors d’un porte à porte de la section de Bordeaux dans la cité populaire des Aubiers. À nous d’amplifier, même de manière volontariste au début, ce vaste moment citoyen.

Car, en plus, dans le même mouvement, nous avons la chance de tenir, contre vents et marées, cette belle fête de l’Humanité Gironde. Humaniste, rebelle, solidaire, gastronomique et culturelle, elle offre un espace de liberté unique. Propice à redonner l’espoir et utile à changer le monde…

Communistes debout !

Vincent Maurin Membre du conseil départemental du PCF33

Les Nouvelles 21 avril 2016 • 3

FÊTE DE L’HUMANITÉ : UN AVA La tombola, comment ça marche : 1 2

Chaque bon coûte 2 euros, le carnet coûte 10 euros.

3

Remettre les souches aux trésoriers de sections ou directement à la fédération. Elles doivent être déposées avant le jeudi 20 mai à 18h, à la fédération ou sur le lieu de la Fête de l’Huma 33.

TOMBOLA

Un nouvel outil de popularisation

Remplir lisiblement les noms et prénoms, contact, pour que les billets soient valides.

L’entrée en pré-vente est offerte pour tout achat d’UN CARNET VENDU À UNE MÊME PERSONNE. Elle peut aussi être vendue séparément 10€.

Pour redynamiser la popularisation de la Fête et favoriser son équilibre financier, un nouvel outil a été mis en place : une tombola géante.

Celle-ci permet de ne pas augmenter le coût d’entrée pour la fête, qui est de 15 euros en tarif plein, afin de garder

son caractère populaire.

La mise en place d’une telle initiative demande un travail collectif rigoureux, contrôlé par un Huissier.

Avec des lots attractifs dont un voyage en Grèce, cette tombola permet de faire connaître la Fête avec une participation à partir de 2 euros, un carnet

Important,

à propos du tirage au sort du dimanche 22 mai 2016 à 15 heures sur la Fête de l’Humanité Gironde 2016

Date limite pour la diffusion des tickets : dimanche 22 mai à 12h00.

Pour participer au tirage au sort de la Tombola de l’Huma 33, cette souche doit être conservée par la direction de la Fête de l’Humanité et retournée au 15 rue Furtado 33800 Bordeaux, soit par courrier*, soit remise en propre avant le 22 mai 2016 à 12h. * Attention pour tout envoi par courrier, merci de vous assurer que votre colis parviendra bien à la direction de la Fête de l’Humanité au 15, rue Furtado 33800 Bordeaux, avant le 20 mai 2016 à 18h. Passé ce délai, les souches ne seront malheureusement pas acceptées pour le tirage au sort.

INFORMATION ET CONTACT : Direction de la Fête de l’Humanité Gironde, 15-17 rue furtado, 33800 BORDEAUX // fetehuma33@gmail.com // 05 56 91 45 06

À la fête de l’Humanité Gironde, aussi, on est debout !

Comme chaque année, la fête offrira de nombreux espaces de rencontres, de découvertes, d ’écha nges, de débat pour construire du commun : - Une dizaine d’associations présentent leurs activités, leurs revendications, invitent à la solidarité en France ou dans le monde.

- Un espace livre avec des auteurs à rencontrer.

- Un espace cinéma propose la diffusion de documentaires qui invitent à la réflexion et au combat, avec une année riche en productions, sa programmation pourrait être particulièrement riche. Encore en construction, elle vous sera relevée dans quelques semaines.

- À l’espace forum, ce sont un peu les grands chantiers qu’on met en débat et, là encore, il y a de quoi faire : les alternatives à la loi Travail, les alternatives politiques à gauche et les questions de solidarité internationale, avec des intervenants politiques, associatifs, syndicalistes, etc.

4 • Les Nouvelles 21 avril 2016

acheté offrant une entrée gratuite.

Un objectif de vente de 12 500 billets sur le département pour une entrée financière de 25 000 € a été fixé.

L’objectif est ambitieux mais l’initiative remporte dores et déjà un certain succès. Rapidement, près de 600 billets ont été vendus.

ANT GOÛT DE L’ÉDITION 2016 CONCERTS SOUS CHAPITEAU // SAMEDI 21 MAI

22H

21H

23H

Jerry Sex Club

Alam

Soul Kitchen

Yepi Party

THÉÂTRE & CINÉMA // SAMEDI 21 & DIMANCHE 22 MAI

projection du film : merci patron !

ANIMATIONS & SPECTACLES ENFANTS // SAMEDI 21 & DIMANCHE 22 MAI SAMEDI

DIMANCHE

Collectif Azul Bangor - spectacle equestre Fatal Compagnie - LA MESSAGERIE TARABUSTE

INITIATION AU TRAPÈZE ET CIRQUE TIR À L’ARC DISC-GOLF JEUX EN BOIS ET EN PLEIN AIR MAQUILLAGE KIKI LE CLOWN LIBRAIRIE VILLAGE ASSOCIATIF 5 HECTARES EN PLEIN AIR ET COUVERT // PARKING GRATUIT + 80 STANDS GASTRONOMIQUES, ASSOCIATIFS ET CITOYENS

Les Nouvelles 21 avril 2016 • 5

MÉMOIRE AY CARMELA

DÉPORTATION

85e anniversaire de la Seconde République espagnole

Le convoi du 24 janvier 1943

Mardi 12 avril à la base sous-marine de Bordeaux, l’association AY Carmela a célébré le 85e anniversaire de la Seconde République espagnole, et plus exactement, le 85e anniversaire des élections qui ont eu lieu le 12 avril 1931. « Dans cette base sous-marine de Bordeaux, des centaines de républicains espagnols ont travaillé, beaucoup sont morts », a rappelé José Garcia, président de Ay Carmela.

Sur le choix de cette date, il l’a expliqué par le fait que « s’il n’y avait pas eu la victoire aux élections municipales le 12 avril, il n’y aurait pas eu de Seconde République ! » Il a donc été beaucoup question, au cours de cette commémoration de la Constitution espagnole approuvée le 9 décembre 1931, qui fait de l’Espagne « une République démocratique de travailleurs de toutes catégories, organisée sous le régime de la Liberté et de la Justice » qui rompt avec la monarchie ; établit la laïcité ; sépare les pouvoirs ; s’accompagne du droit de vote des femmes… « Ah cette république que nos parents, grands-parents ont vécue, qu’elle était belle ! Digne ! », s’exclame José Garcia. Certes, avec quelques imperfections, mais franchement il y a 85 ans, c’était pas mal, non ? » Une République vite trahie avec le coup d’État fasciste mené par Franco le 18 juillet 1936…

Que sont devenues les valeurs fondamentales de la République dans l’Espagne d’aujourd’hui ? interroge l’orateur.

Il évoque la crise immobilière qui, de 2008 jusqu’à la fin 2015, a entraîné l’expulsion de 600 000 personnes de leur logement qui doivent quand même rembourser leur prêt. En 6 • Les Nouvelles 21 avril 2016

2009, la création d’une plateforme a permis de s’organiser de lutter contre les expulsions. Ada Colau, la maire de Barcelone, est une des fondatrices de ce mouvement.

Il évoque aussi la lutte contre la corruption, le nécessaire travail mémoriel et estime que « ça bouge », « doucement mais ça bouge ». « De nombreuses communes ont été conquises par des démocrates, des nouvelles équipes de gauche. Et cela commence à se voir.

Par exemple, pratiquement chaque jour des municipalités votent le retrait des noms de rues franquistes. Entre autres, la maire de Madrid, Manuela Carmena, a fait supprimer de nombreuses plaques de rues. Terminés les Franco, Yague, Primo de Rivera….

Pour autant, beaucoup reste à faire. » José Garcia évoquera enfin les flux migratoires des centaines de milliers de personnes qui fuient leurs pays. « Ils fuient la guerre, les assassinats, les oppresseurs… Nous, descendants de républicains espagnols, nous savons, même si nous ne l’avons pas vécu directement, ce que c’est que l’exil. Les 500 000 républicains qui ont passé la frontière en 1939, eux le savent. Connaissez-vous un seul de ces républicains, une seule personne qui quitte son pays, sa patrie, abandonne sa famille, pour le plaisir de voyager ? Non, bien sûr que non. On les appelait les immigrés.

Maintenant ce sont des migrants qu’on parque, qu’on expulse, que l’on concentre. Et tout ça au nom de l’Europe, comme si on ne se souvenait plus de l’histoire récente. Mais si on n’a plus d’histoire, on est qui ?

Honte à tous ceux qui mettent en place cette politique. » L’association AY Carmela organise son traditionnel repas républicain, à l’Orangerie de Pessac, le dimanche 5 juin.

Dimanche 24 avril, nous commémorerons la journée de la déportation. Ce jour-là, en 1943, les nazis ont déporté dans les camps de la mort les opposants politiques (communistes, démocrates, socialistes…) puis tous ceux qui étaient différents (juifs, tziganes, homosexuels,…).

Au camp militaire de Souge, si 256 patriotes furent fusillés, une stèle rappelle la mort en déportation de 17 résistantes, femmes, compagnes, mères de fusillé. À part Ida Goldman et Yvonne Baudon, le 16 octobre 1942, elles furent transférées depuis le Fort du Hâ et la caserne Boudet de Bordeaux au camp allemand du Fort de Romainville, situé sur la commune des Lilas (Seine-Saint-Denis-93), premier élément du Frontstalag 122. Pendant trois semaines, les nouveaux arrivants sont isolés, puis ils rejoignent les autres internés. Le 22 janvier 1943, cent premières femmes otages sont transférées en camion au camp de Royallieu à Compiègne.

Le lendemain, un deuxième groupe de cent vingt deux détenues du Fort les rejoignent auquel s’ajoutent huit prisonnières extraites d’autres lieux de détention (sept de la maison d’arrêt de Fresnes et une du dépôt de la préfecture de Paris). Toutes passent la nuit du 23 janvier à Royallieu, probablement dans un bâtiment du secteur C du camp.

Le lendemain matin, 24 janvier, les deux cent trente femmes sont conduites à la gare de marchandises de Compiègne et montent dans les quatre derniers wagons (à bestiaux) d’un convoi dans lequel plus de 1 450 détenus hommes ont été entassés la veille. Elles jettent sur les voies des messages à destination de leurs proches, rédigés la veille ou à la hâte dans l’entassement du wagon et les secousses des boggies (ces mots ne sont pas parvenus à leurs destinataires).

Le train arrive en gare d’Auschwitz le 26 janvier au soir, y stationne toute la nuit. Le lendemain matin, après avoir été descendues et alignées sur un quai de débarquement de la gare de marchandises, elles sont conduites à pied au camp de femmes de Birkenau où elles entrent en chantant La Marseillaise.

Les dix sept résistantes étaient… … À Auschwitz-Birkenau…

ANTOINE Hélène. Née Demangeat à Thaon, (88), elle travaille dans une filature à Troyes. Elle y rencontre René ANTOINE, ils se marient, ont un fils Michel. Ils cachent des armes dans leur jardin, hébergent des résistants. Toute la famille sera arrêtée le 26 août 42. Pour éviter la déportation, le fils, 10 ans, sera caché chez un oncle. Hélène est morte « d’un phlegmon » entre février et juin 43, à 44 ans.

BRET Georgette. Née Fourcade, elle se marie à Robert BRET en 1930. En mai 32 nait leur fille Jeanine. Georgette meurt au Revier le 20 mai 43, à l’âge de 38 ans. Sa fille sera recueillie par sa tante.

CANTELAUBE Germaine. Née Charles à Paris, germaine grandit à Montigny-Beauchamp (95), apprends la couture. En 1932, elle épouse CANTELAUBE Jean, ouvrier à Chignac (24). Employée à l’école primaire Belcier, elle continue son activité de résistante après l’arrestation de son mari. Arrêtée ellemême le 28 août 42, elle meurt de la dysenterie à l’âge de 35 ans, le 31 mars 1943.

CASTERA Hélène. Née Vervin à Chiry-Ourscamp (60), Hélène se marie à Albert CASTERA. Ils ont 3 fils, René, Gabriel et Marcel. Le 13 juillet 42, le couple est arrêté. Les 2 fils ainés et le père seront fusillés.

Hélène meurt de la dysenterie à Birkenau le 4 mars 1943 à 55 ans.

DUPEYRON Elisabeth. Née Dufour à Lormont (33), elle se marie avec Albert DUPEYRON. Le 28 juillet 42, les époux sont arrêtés à la ferme des Guillon. Leurs enfants, 9 et 4 ans, sont recueillis par une sœur d’Elisabeth. Elisabeth est morte gazée à Birkenau à l’âge de 29 ans.

DURAND Noémie. Née Lesterp à St Sormin La Marche (87), elle apprend le métier de couturière. Elle se marie avec Louis Durand, commence à militer avec la guerre d’Espagne. Elle continue de résister après la mort de son mari, a des responsabilités départementales en Charente.

Elle meurt gazée à 53 ans. Quelques heures avant, emmenée, au milieu des cadavres et moribondes, elle chantait La Marseillaise.

GOLDMAN Ida. Elle est née à Vilnius (Lituanie). Avec une licence de chimie, elle travaille pendant 10 ans à l’institut Bergonié. Amie de Roger ALLO, elle « a dû jouer un rôle occulte dans l’action communiste », ses grands parents sont juifs,…Elle est déchue de la nationalité par décret du 19/07/42. Elle décède à l’âge de 43 ans.

GUILLON Aminthe. Née Auger à Courbillac (16), elle est fille de cultivateur à la ferme des « Violettes ». Elle se marie avec GUILLON Prosper le 31/10/1905. Ils ont 2 garçons et 1 fille. Communistes, ils fournissent des armes prises aux allemands. Elle meurt au Block 25 à 58 ans, a été déclarée « Mort pour la France » le 23/10/1948.

GUILLON Yvette. Née Sardet, elle se marie le 22 juin 1938 à GUILLON Jean. Le couple s’installe à la ferme des « Violettes ». Elle est arrêtée le 12 août 1942. La gangrène l’emporte à l’âge de 31 ans.

LAPEYRADE Noémie. Née Lescure au Passage (47), elle travaille dans un restaurant de Bacalan, y rencontre Jean LAPEYRADE et se marie avec lui en 1917. Le 25/7/42, le couple est

arrêté. Berthe meurt « en travaillant au marais » à l’âge de 49 ans.

PATEAU Yvonne. Née à Angles (85) dans une famille paysanne de 4 enfants, elle travaille à la ferme de ses parents. Elle se marie en 1919. Début 38, ils ont un fils. Ils cachent des armes volées aux allemands. Arrêtés le 28/7/42, ils arrivent à cacher Stéphane qui a 4 ans ½. Yvonne meurt à 42 ans.

POMIES Pauline. Née à Toulouse, elle épouse Jean Baptiste POMIES en 1904. Il est cordonnier, elle repasseuse. Ils ont 3 enfants. Elle est arrêtée le 87 août 42, cachait des listes dans » des tubes d’aspirine ». Elle meurt à 65 ans, « prise à la course ».

PUYOOU Marie-Thérèse. Née Soureilh à Monein (64), elle se marie avec Laurent PUYOOU et a 2 filles.

Ils animent la coopérative de distribution alimentaire de Bègles. Après le décès de Laurent, Marie Thérèse poursuit son activité de résistance, est arrêtée le 9 ou 11/7/42. Leurs filles, 16 et 9 ans, sont recueillies par des parents. Elle meurt au Revier à l’âge de 46 ans, probablement du typhus.

RABEAUX Paula. Née Trapy à Saumur (Maine et Loire), 3ième d’une famille de 6 enfants, elle travaille dans une pharmacie, chez un fabricant d’articles funéraires… Elle se marie en 31 à Raymond RABEAUX. Ils ont un fils et 1 fille (morte à 7 mois).

Le 6 août 42, le couple est arrêté par la gendarmerie française. Paulette meurt au Revier à l’âge de 32 ans.

VALLINA Marguerite. Née Maurin à Moings (16), ses parents sont boulangers. Elle épouse Lucien VALLINA en 1927. Ils ont 3 enfants et habitent à Cognac. La police française et la gestapo arrêtent le couple le 28/7/42. Elle meurt à Birkenau à l’âge de 37 ans. … À Mathausen…

NOUTARI Yvonne. Née Moudoulaud à Bègles (33), elle est ouvrière dans une fabrique de bottes. Mariée avec Robert NOUTARI, ils ont 2 enfants (« les bicous »). Elle est arrêtée le 7 ou 8/7/42. Yvonne meurt après une nuit d’agonie à l’âge de 30 ans, avait été punie au camp pour avoir écrit « Les beaux jours refleuriront ». … À Ravensbrück

BAUDON Yvonne. Née Dupain à Bruges (33), elle épouse André BAUDON le 10/09/1917. Ils ont un fils, Guy. Elle joue de l’harmonium. Ils s’engagent dans la résistance, elle est arrêtée le 25/7/44. Déportée dans le train fantôme, elle décède à 45 ans.

Pierre Bordas

À consulter, le nouveau site de Souge : fusilles-souge.asso.fr

PCF 37E CONGRÈS

Résolution du Conseil national

Le 15 avril, le CN a débattu de l’avancée des débats et des évolutions de la situation politique. Ces nouveaux éléments de réflexions et d’actions sont versés au débat des communistes. (extraits) Quatre mois après les régionales où la situation paraissait dominée par les dangers et les peurs, la période est marquée par de très fortes contradictions et des incertitudes, nourries par l’enfoncement du pouvoir Hollande-Valls dans des choix rejetés par le pays. Le fait nouveau : une part importante de la jeunesse et du monde salarié a repris le chemin de l’action et du débat politique.

Le scandale de Panama papers relance le débat sur l’ampleur de la prédation financière sur les richesses créées (…). La mobilisation pour le retrait de la loi El Khomri marque le refus massif d’une société d’insécurité sociale et de précarité généralisée (…). Le mouvement Nuit debout témoigne de la volonté grandissante d’une irruption citoyenne dans la politique.

Comme pour la révision constitutionnelle, finalement abandonnée par François Hollande face aux contestations, le mouvement contre la loi El Khomri peut gagner et empêcher le gouvernement de réunir une majorité parlementaire autour de son texte. (nouvelle journée nationale de mobilisation le 28 avril).

Les communistes, totalement impliqués dans ces mouvements, doivent redoubler d’énergie pour les faire gagner.

Les dangers de la situation n’ont pas pour autant disparu

(…) Le discrédit de la gauche grandit, les idées de droite et d’extrêmedroite demeurent omniprésentes, de nouvelles initiatives pro-libérales comme le mouvement de Macron tentent de surfer sur le besoin de renouvellement politique.

Nous sommes devant une forte contradiction. D’un côté, la rupture populaire à gauche avec le pouvoir Hollande-Valls paraît irréversible.

De l’autre, ce désaveu massif et justifié débouchera inévitablement, si une nouvelle réponse progressiste largement rassembleuse n’est pas construite, sur une victoire de la droite et de l’extrême-droite, et peut conduire à la marginalisation, voire à l’effacement de la représentation politique, des idées progressistes, de la gauche sociale et politique.

Les communistes à l’offensive pour ouvrir le chemin à une issue progressiste

Les communistes ont une responsabilité première à gauche pour construire, pour 2017 et au-delà, un front politique populaire et citoyen capable d’ouvrir une voie nouvelle qui soit une perspective d’espoir pour notre peuple.

Nous voulons construire l’union

dans la société, dans l’action, dans les échéances électorales de toutes les forces populaires et de gauche qui veulent un projet de changement, construire un front politique populaire et citoyen qui rende possible une majorité de changement.

Pour cela nous voulons renouveler la démarche de rassemblement initiée avec le Front de gauche en retrouvant son ambition majoritaire et sa dynamique citoyenne, (…), le relancer sur ses fondements avec une nouvelle ambition due à la période nouvelle dans laquelle se trouve le pays.

Trois objectifs intimement liés : une majorité populaire, une majorité législative et une candidature à l’élection présidentielle au service de la construction de ces majorités.

1- Rien ne sera possible sans l’appropriation citoyenne et populaire d’un projet politique de changement

Ce projet passe par l’abandon des politiques d’austérité et des modèles de concurrence libérale refusant de s’attaquer au coût du capital. Le front politique, populaire et citoyen qui devra le porter passe par une implication citoyenne grandissante dans sa construction et dans les échéances électorales. Les gens engagés dans la mobilisation El Khomri et Nuit debout ne veulent plus être dépossédés. Ils ont raison, c’est le chemin pour faire reculer la défiance politique créée par la rupture avec le pouvoir actuel, qui aux yeux de nombreux Français disqualifie la gauche.

Nous devons saisir et créer toutes les occasions de pousser le débat populaire sur les solutions, sur les moyens à dégager pour rendre crédible une autre politique, faire vivre nos propositions ; Panama papers : reprendre le contrôle sur l’argent et les banques contre la finance ; loi El Khomri : sécurisation de l’emploi, de la formation, campagne « Zéro chômage, pour une société de partage » ; pouvoir citoyen : nouveaux droits, services publics, une nouvelle république.

Nous voulons nous lancer avec une très grande ambition dans l’écriture et l’expression de ce mandat populaire.

• La « grande consultation citoyenne ».

Restitutions publiques, événements qui permettent aux citoyens de poursuivre leur implication (grande restitution nationale à la Fête de l’Humanité) ; • Écriture, mise en avant de toutes les plateformes citoyennes et sociales qui émergent des mobilisations ; • Implication dans ce travail d’écriture populaire de tous les acteurs, citoyens, syndicaux, associatifs et politiques, intensifier les constructions communes.

À l’automne, une grande étape nationale de convergence de ces exigences citoyennes doit être construite. Le congrès doit pousser le débat sur ce point. Cette mobilisation citoyenne doit être le coeur de la préparation des échéances de 2017, à l’opposé des pratiques politiques dominantes.

2- Dès maintenant, construire la bataille des législatives

C’est une échéance électorale à part entière, à partir d’une idée simple : quel que soit le président, le changement aura besoin d’une majorité législative et de députés en phase avec les exigences citoyennes, qui rendent des comptes au peuple et pas au président. Il ne faut pas seulement le dire mais passer aux actes dans nos priorités.

Nous appelons les communistes à amplifier dès maintenant le chantier de l’implication et de la construction citoyenne localement, circonscription par circonscription, faire émerger les projets, les candidatures capables de porter ces exigences et de l’emporter partout où ce sera possible*.

tive, et à toutes les forces disponibles pour un tel processus collectif pour passer ensemble aux actes. La plupart des signataires des deux appels aux primaires, de nombreux écologistes, socialistes, militants du FDG, citoyens, sont favorables à un tel processus.

Il propose d’organiser ensemble une première vague de débats citoyens, avant l’été dans les départements, et 4 grandes rencontres nationales en juin à partir des questions d’actualité qui mobilisent le pays : Quelle politique de gauche ? en matière d’em-

ploi, de travail, de salaires, pensions et minima sociaux… de politique bancaire, monétaire et fiscale pour que l’argent serve l’Humain d’abord … de pouvoirs citoyens pour démocratiser la République … d’alternative de gauche en Europe. Ainsi, nous vérifierons ensemble si un tel processus répond à la demande du pays. * Un cycle de formation nationale sera à la disposition de tous ces candidats, leurs équipes de campagne et les directions départementales, dès cet été.

L’intégralité sur :

www.pcf.fr/86434 FESTIVAL POPULAIRE DES GRAVES

Une 1ère édition réussie

3. Amplifier nos efforts pour une candidature de rassemblement à l’élection présidentielle porteuse d’un réel projet de rupture à gauche, capable de battre la droite et l’extrême-droite

Cette candidature ne peut évidemment pas être celle de François Hollande, ni d’un autre représentant de la même politique, soutenue depuis 2012 par la direction du PS. Nous cherchons à construire une candidature en phase avec les attentes de changement, s’appuyant sur un contrat populaire et citoyen le plus large possible. Nous regrettons les trop nombreuses candidatures annoncées à gauche et les appelons à s’inscrire dans la construction collective.

Nous sommes disponibles pour construire un processus collectif citoyen, une primaire citoyenne à gauche, un processus qui donne la priorité à la construction d’un projet politique issu de débats citoyens et porteur des exigences populaires autour de cette question : « quelle France voulons-nous ? ». Une votation citoyenne pourrait valider la plateforme politique élaborée par le débat, et désigner le ou la candidate qui en serait porteur.

Les communistes auraient à décider d’y engager ou d’y soutenir un-e candidat-e dans une conférence nationale, conformément à nos statuts.

Le Parti communiste s’adresse donc solennellement aux forces politiques et sociales, aux femmes et aux hommes qui s’impliquent dans le mouvement social, la vie associa-

Nous avions voulu ce festival pour nous élever contre les menaces qui pèsent sur la culture dans notre pays. Bafouée, abandonnée ou même contrôlée, la culture disparaît des politiques publiques et se retrouve livrée à elle-même, souvent menacée de disparition. Les terrains et les moyens d’expression sont chaque jour plus rares, donner une occasion à la jeunesse de vivre et faire vivre la culture dans nos territoires nous paraissait essentiel.

C’est sous une pluie battante que la première édition du Festival Populaire des Graves s’est tenue, mais si la météo est venue à bout du premier débat et du vide-grenier, elle n’est pas parvenue à décourager la jeunesse pour participer aux concerts du soir. L’association Art et Images ainsi que l’artiste de cirque Man Poï ont ouvert le bal en fin d’après-midi mais c’est avec Mythia Kalpana que la soirée a pris son envol, un fantastique groupe de lycéens qui a fait l’unanimité du public.

La poésie de Tim et le rock très métallique de Ominous Mane ont fini de transformer cette soirée en une véritable fête.

La section des Graves adresse tous ses remerciements aux artistes ainsi qu’aux camarades des autres sections venus participer à cet événement.

Nous remercions aussi les jeunes communistes venus assurer la garde et participer aux débats. Dores et déjà la section des graves vous donne rendez-vous l’année prochaine pour la deuxième édition du festival !

Renaud Sebastiani

Carnet TALENCE. Albert Labussière, camarade cheminot, syndiqué à la CGT depuis 1936, adhérent du PCF, est décédé à l’âge de 97 ans. Ses obsèques ont eu lieu le 13 avril au crématorium de Saint Jean d’Illac. « Toujours aussi vif d’esprit et intéressé aux découvertes scientifiques et à la nature, aux sports et bien sûr à l’actualité politique et syndicale, toujours lecteur de la NVO et de l’Huma, Albert n’avait rien lâché. » Tous ses camarades assurent sa famille et ses proches de leurs sincères condoléances.

Les Nouvelles 21 avril 2016 • 7

CHRONIQUE

ACTUALITÉS

NOUVELLES IDÉES REÇUES par Gérard Loustalet Sens

MOUVEMENT SOCIAL

Mayotte en ébullition réclame « l’égalité réelle »

Le département français de l’océan Indien, gangrené par la misère, parvient tout juste à briser le silence des médias après deux semaines de grève générale.

Mayotte connaît depuis deux semaines un mouvement de grève gé-

nérale à faire pâlir d’envie les noctambules de la place de la République.

Depuis le 30 mars, les travailleurs mahorais ont lancé un mouvement sans précédent pour exiger « l’égalité réelle » avec l’Hexagone en matière de droit du travail, de salaires, de prestations sociales et de services publics.

Bien que département français depuis

2011, la situation sociale de Mayotte reste critique : un taux de pauvreté au-delà de 80 %, un coût de la vie plus élevé de 7 % environ par rapport à la moyenne nationale, mais aussi un droit du travail dérogatoire, un investissement par élève presque moitié moins important en matière d’éducation… C’est pourtant cette promesse d’égalité sociale qui avait permis la victoire du oui lors du référendum sur la départementalisation.

Depuis quelques jours, des violences imputées à des « bandes » ont éclaté sur l’île, sans lien direct avec les manifestations. Le ministère de l’Intérieur a annoncé l’envoi immédiat de renforts policiers. En revanche, pour répondre aux grévistes, le gouvernement, moins pressé, n’enverra un représentant que la semaine prochaine.

PARLEMENT EUROPÉEN

Les affaires des entreprises seront encore plus secrètes Après le vote du Parlement européen sur les « secrets des affaires », il sera désormais beaucoup plus facile aux entreprises d’empêcher la publication d’informations internes qui concerneraient l’ensemble des citoyens. Journalistes, syndicats et ONG dénoncent une régression sans précédent du droit d’informer et de la liberté d’expression.

La mobilisation de dizaines d’associations qui défendent la liberté d’informer, d’ONG, de syndicats, de journalistes, de citoyens, d’élus, les pétitions massivement signées, les appels aux responsables politiques, au président de la République, n’y auront finalement rien fait. Les lobbies industriels, puissamment relayés au sein du Parlement européen, auront fini par réussir à imposer le vote d’une directive qui leur donne les coudées franches : il va être désormais beaucoup plus difficile de dévoiler des informations sur des entreprises sans s’exposer à de graves poursuites.

Ce que la loi Macron n’avait pas pu faire, l’Europe l’a fait

Avec le vote au Parlement européen, chaque journaliste d’investigation, chaque lanceur d’alerte, chaque citoyen sait désormais à quoi s’en tenir. Simple hypothèse ? Certainement pas. Rappelons que la loi Macron prévoyait déjà, avant le tollé qui avait fait retirer cette mesure,

350 000 euros d’amende et jusqu’à 3 mois de prison pour celui qui oserait divulguer des informations qui ne plairaient pas à une entreprise. À ce compte là, le scandale des « Panama Papers » pourrait rapporter gros… aux entreprises mises en cause. Certaines d’entre elles ont effectivement menacé de poursuites les journalistes et les lanceurs d’alerte par qui le scandale est arrivé, à commencer par la première concernée, Mossack Fronseca qui organisait l’évasion fiscale pour des centaines d’entreprises, de banques et de particuliers : « nous ne doutons pas que vous sachiez parfaitement qu’utiliser des informations ou de la documentation obtenus illégalement est un crime, et nous n’hésiterons pas à utiliser tous les recours pénaux et civils disponibles », a prévenu le cabinet panaméen. Ce que la loi Macron n’avait pas pu faire, l’Europe l’a fait. « Le Parlement européen se déshonore »

« C’est un coup dur pour les lanceurs d’alerte », a immédiatement réagi la députée écologiste Karima Delli (Verts/ALE). « Le Parlement européen se déshonore », a ajouté la députée Marie-Christine Vergiat (GUE/ GVN) à la sortie de l’hémicycle, rejetant les arguments avancés par la droite et la Commission européenne pour justifier leur projet de directive. « On sait très bien que le problème, ce n’est pas la protection des PME comme on l’a entendu dire pendant les débats », rappelle-t-elle, « et les quelques

Les Nouvelles de Bordeaux et du Sud-Ouest S.A.S. au capital de 37 000 euros Associés (à parts égales) : L. Chollon, F. Mellier, S. Laborde Directeur de la publication : Frédéric Mellier Abonnement 1 an : 25 euros. Abonnement de soutien : 40 euros Rédaction, composition, impression : S.A.S. Les Nouvelles de Bordeaux et du Sud-Ouest 15, rue Furtado - 33800 BORDEAUX Tél. 05 56 91 45 06 - Fax 05 56 92 61 01 - Annonces légales : annonces@nbso.fr Comptabilité : compta@nbso.fr - Redaction/Proposition d’article : redaction@nbso.fr @nvlbx Les nouvelles de bordeaux nbso.fr Commission paritaire de presse : 0118 C 85932

8 • Les Nouvelles 21 avril 2016

concessions qu’on semble faire dans cette directive pour protéger les journalistes et les lanceurs d’alerte ne sont rien de plus que ce qui figure déjà dans la Charte des Droits fondamentaux. » « Ce vote est une catastrophe pour les journalistes, les lanceurs d’alerte et les syndicalistes », confirme Patrick Kamenka, SNJ-CGT. « Quelques jours après la publication des Panama Papers, le Parlement européen enterre le droit à l’information sur les abus des grands groupes industriels. Il ne sortira pas grandi de ce vote. » La décision est d’autant plus grave que si la directive prévoit un socle commun en Europe pour protéger les entreprises des révélations qui les dérangeraient, elle n’empêche en rien chaque état de prendre des mesures encore plus coercitives contre les lanceurs d’alerte et les journalistes s’ils le souhaitent. Elle n’offre donc en rien, contrairement à ce que prétendent ses promoteurs, comme la rapporteur Constance Le Grip, du PPE, une garantie aux lanceurs d’alerte, puisque ce « socle juridique commun » à tous les états ne marche que dans un sens : les états pourront prévoir des restrictions au droit d’informer plus fortes encore.

De nombreux syndicats et des journalistes ont déjà fait remarquer qu’avec les contraintes imposées par la directive sur les secrets des affaires, les scandales du Luxleaks ou des Panama Papers n’auraient pas pu être divulgués. L’argument de « l’harmonisation » des règlements entre les différents pays européens, laissant entendre que des états ne disposeraient pas de suffisamment de moyens pour s’opposer à la divulgation d’informations, a bon dos.

Les états et les entreprises ont déjà parfaitement les moyens juridiques d’attaquer les lanceurs d’alerte - et ils le font - s’ils le souhaitent.

Avec l’article de Jean-Jacques Régibier, jeudi 14 avril, humanite.fr

De quoi le « nègre » est-il le nom ?

Une ombre malsaine plane sur la société française.

Celle d’un racisme officiel promu par le Premier ministre lui-même, ce qui en fait quasiment un racisme d’Etat dont la cible savamment orchestrée depuis plus de vingt ans est un Islam imaginaire construit peu à peu comme un repoussoir domestique. La curée médiatique qui l’accable aujourd’hui n’est que le point d’orgue de cette entreprise (voir Thomas Deltombe, La construction médiatique de l’islamophobie en France, 1975-2005, La Découverte, 2005). On verra le rôle de diversion dévolu à cette triste campagne.

Le racisme d’Etat, c’est, par exemple, une prétendue ministre de la République, une certaine Laurence Rossignol, ministre de la Famille, de l’Enfance et des Droits des femmes qui l’exprime crûment. La dénomination de ses attributions est d’ailleurs intéressante, on y voit les femmes reléguées à la famille et aux enfants, dans la tradition républicaine et sexiste la plus ordinaire ! Mme Rossignol, donc, dans une émission radiophonique, lorsqu’un journaliste lui objecte que des femmes musulmanes peuvent porter le voile ou le foulard par choix, ose ce parallèle d’une rare indécence : « il y avait aussi des nègres américains (elle a même failli dire « africains ») qui étaient pour l’esclavage ». Le mot « nègre » n’a même pas fait réagir le journaliste tellement le racisme spontané qu’il étale est devenu banal.

La ministre a d’abord plaidé la « maladresse » : elle ignore qu’on ne fait jamais un lapsus - si cela en est un - innocemment. Puis elle a fait dire à l’AFP par son « entourage » que « le mot nègre est un mot péjoratif qui ne s’emploie plus que pour évoquer l’esclavage en référence à l’ouvrage abolitionniste De l’esclavage des nègres de Montesquieu ». On ne sait plus s’il est amusant ou navrant de voir à quel point l’inculture rejoint ici la bêtise raciste. Bien entendu, il n’y a pas d’ « ouvrage », encore moins « abolitionniste », de Montesquieu intitulé De l’esclavage des nègres mais UN chapitre (1 sur 605) qui porte ce titre dans L’Esprit des lois (Livre XV, chap.V). On s’accorde à considérer que, dans ce texte, Montesquieu conteste par l’ironie les arguments utilisés par ses contemporains pour avilir les « nègres » et justifier leur esclavage. Un esclavage dont il ne demande nullement la suppression. En effet, « il y a des pays où la chaleur énerve le corps et affaiblit si fort le courage que les hommes ne sont portés à un devoir pénible que par la crainte du châtiment : l’esclavage y choque donc moins la raison » (L. XV, Ch. VII) ; « il faut donc borner la servitude naturelle à de certains pays de la terre » (L. XV, Ch.VIII). Montesquieu n’est pas abolitionniste, simplement, « de quelque nature que soit l’esclavage, il faut que les lois civiles cherchent à en ôter d’un côté les abus et de l’autre les dangers » (L. XV, Ch. XI). Il n’a jamais mis en cause le Code Noir élaboré par Colbert en 1685 qui rationalise pour les maîtres l’usage d’esclaves réduits au statut de « biens meubles ».

Quant au mot « nègre », la ministre et son « entourage » feignent d’ignorer que, depuis le XVIIIème siècle, il a une histoire. Ont-ils seulement lu Aimé Césaire qui, dans son Discours sur le colonialisme (Présence africaine, 1955), évoquait ces « millions d’hommes à qui on a inculqué savamment la peur, le complexe d’infériorité, le tremblement, l’agenouillement, le désespoir, le larbinisme » (p.26) ? Connaissent-ils le livre aussi brillant qu’indispensable d’Achille Mbembé, Critique de la raison nègre (La Découverte, 2013), ils y apprendraient que « le nom Nègre fut, au départ, une manière de chosification et de dégradation. Il tirait sa puissance de sa capacité à étouffer et à étrangler. Il fut de ce nom comme de la mort. Un rapport intime a toujours lié le nom Nègre à la mort, au meurtre et à l’ensevelissement (…) (p. 220) ?

Ajoutons, pour les glorificateurs de l’oeuvre civilisatrice de la République coloniale et l’édification de Mme la Ministre, que le 11 avril 2016 n’est que le 70e anniversaire de la suppression du travail forcé dans les colonies françaises, ainsi que le rappelle Olivier Le Cour Grandmaison sur Médiapart. Ce vote de l’Assemblée nationale constituante, le 11 avril 1946, met fin à une pratique indigne : le travail forcé comme substitut à l’esclavage.

Des populations civiles entières étaient réquisitionnées par la force et la terreur pour les chantiers les plus durs. Des milliers périront d’épuisement, d’accidents, de maladies… Un servage à la mode républicaine.

Ces « sujets indigènes », madame, on les appelait des « nègres », figurez-vous !