Nouvelles N° 2151

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Jeudi 19 mai 2016 - N° 2151 - Hebdomadaire - 15, rue Furtado - 33800 BORDEAUX - Prix : 0,80 euro

CONTRE LA LOI TRAVAIL & LE 49-3 LE MOUVEMENT SOCIAL HAUSSE LE TON !

INITIATION AU TRAPÈZE ET CIRQUE TIR À L’ARC JEUX EN BOIS ET EN PLEIN AIR DISC-GOLF MAQUILLAGE KIKI LE CLOWN LIBRAIRIE VILLAGE ASSOCIATIF


ACTUALITÉ LOI TRAVAIL ET ASSURANCE CHÔMAGE

LOI TRAVAIL

Le SAF dénonce des mesures « confiscatoires »

Entêtement, blocages et débrayages

Le Syndicat des Avocats de France, très mobilisé depuis le début contre le projet de loi El Khomri, rappelle dans un communiqué que ce projet de loi ne vise pas seulement les droits des travailleurs. Il concerne également les chômeurs, dont il aggrave la précarité. « L’article 52 du projet de loi inscrit en effet dans le Code du travail la possibilité pour Pôle Emploi de prélever directement sur les allocations d’assurance chômage les indus qu’il réclame, et dont il fixe lui même le montant, sans contrôle du juge. Ce dispositif, qui avait été introduit dans la convention Unedic 2014, a pourtant été annulé par le Conseil d’Etat le 5 octobre 2015. Plus grave encore, le projet prévoit la possibilité pour Pôle emploi de récupérer les indus par “contrainte”, acte d’huissier qui oblige le chômeur à saisir un Tribunal avec l’aide un avocat dans les 15 jours, après quoi il ne peut plus le contester, et peut voir ses biens saisis. Enfin, le projet prévoit de neutraliser les périodes d’emploi déclarées tardivement, qui ne pourront donner droit ni à allocations, ni à indemnisation. Or, dans certains secteurs (bâtiment, intérim…) les salariés subissent les retards de leurs employeurs lorsqu’ils effectuent leurs déclarations. Ils seront ainsi injustement privés d’allocations pour lesquelles ils ont pourtant cotisé. Là encore, le Gouvernement réintroduit par la loi un dispositif annulé le 5 octobre 2015 par le Conseil d’Etat. Le SAF dénonce ces mesures qui ont pour effet : • de permettre à Pôle Emploi de ponctionner arbitrairement les allocations des chômeurs, sans le contrôle du juge, • de priver les chômeurs d’allocations pour lesquelles ils ont pourtant cotisé. Ainsi, en contradiction avec l’idée de flexi-sécurité qu’il prétend promouvoir, le Gouvernement déconstruit les droits des chômeurs, et aggrave leur fragilité. Le SAF exige l’abandon immédiat de ces mesures confiscatoires, qui privent de ses revenus une population déjà précarisée. »

JUSTICE

Interdits de manif, ils gagnent leurs recours Mardi, la justice administrative, saisie de l’interdiction faite à dix militants par la préfecture de police de Paris de défiler contre la loi El Khomri (voir l’Humanité du 17 mai), a annulé la décision concernant neuf d’entre eux, au motif que ces arrêtés constituent une « atteinte grave et manifestement illégale à la liberté d’aller et venir et à celle de manifester ». Seule une personne a vu son recours rejeté, le tribunal estimant qu’elle ne contestait « pas sérieusement les agissements graves et précis qui lui sont reprochés » de violences contre des militaires. Un jugement qui résonne comme une victoire, alors que la justice administrative ne s’est prononcée que rarement contre les décisions des autorités dans le cadre de l’état d’urgence déclenché au soir des attentats du 13 novembre. Pour Me Raphaël Kempf, l’un des avocats des militants interdits de manifester, le tribunal a ainsi « reconnu que la quasi-totalité des arrêtés émis n’étaient pas solides », notamment au regard des faits de « violences » imputés par la préfecture aux militants et que ces derniers contestent. Dès la veille, l’interdiction de manifester faite à un journaliste avait été levée par la préfecture. Des interdictions de manifester ont été délivrées dans plusieurs ville.

François Hollande a promis qu’il irait jusqu’au bout. En enfonçant le clou un peu plus encore après la décision d’utilisation du 49-3 pour passer en force la loi travail, il enfonce aussi le clou de la détermination des centaines de milliers de personnes mobilisées depuis plus de deux mois. Les journées de grèves et les blocages se multiplient. « Le contraste est saisissant, écrit Maud Vergnol dans son édito de l’Humanité, le 18 mai. Au moment où des milliers de salariés entament une grève pour tenir bon face au passage en force du gouvernement sur la loi Travail, François Hollande, redevenu candidat, fait feu de tout bois, allant puiser son inspiration chez Margaret Thatcher. “Je ne céderai pas  !” a-t-il déclaré lors de son entretien, mardi, sur Europe 1, résumé édifiant de sa mue libérale autoritaire. “Trop de gouvernements ont cédé”, a-t-il osé. (…) François Hollande explique désormais sans ambages qu’il fera mieux que la droite, et avec les félicitations du Medef s’il vous plaît ! (…) François Hollande a doublement tort de traiter le mouvement social avec un tel mépris. D’abord parce que les opposants à cette loi sont loin d’avoir dit leur dernier mot, comme en témoigne cette nouvelle semaine de grèves et de mobilisations. Mais il oublie aussi que les mouvements

sociaux sèment toujours des graines politiques. (…) Le peuple de gauche, lui, a de la mémoire… » Le passage en force du gouvernement ne passe pas. Dans les rassemblements, les manifestations, la tension est montée d’un cran. Les images de violence n’aident pas à l’élargissement du mouvement, malgré tout le 17 mai était encore un jour de grève et même reconductible dans certains secteurs. Les transports maritimes, aériens, terrestres et les industries pétrochimiques ont fait une entrée remarquée dans le mouvement. Bloquer l’économie pour faire céder le gouvernement, c’est l’idée qui a fait son chemin. Dans les rues de Bordeaux, il y avait 3 000 personnes le 12 mai, il y en avait plus de 4 000 le 17 et la journée du 19 s’annonçait encore importante. Quelques initiatives locales ont visé la semaine précédente les permanences des députés socialistes. À St-Macaire, le 10 mai, environ 70 personnes se sont rassemblées devant la permanence de Martine Faure à l’appel des militants communistes du secteur. La député avait affuté ses arguments à leur attention, déclarant scandaleux le vote de la motion de droite par les députés communistes. Mais si elle s’était à peu près préparée à une colère « institutionnelle » avec des interventions de militants CGT, SNUIPP, des élus PCF/FdG, du PG et de collectifs divers, elle a dû affronter la colère des participants qui presque tous étaient de ses électeurs

et ont peu apprécié l’argumentation : « La voix qu’on t’avait donné, on la reprend, tu ne la porteras plus, on va la faire entendre ailleurs et autrement ; tu n’as plus notre confiance ! ». L’argument de la politique du moins pire ou du « on ne tourne pas le dos à sa famille (le PS - NDLR) » n’a convaincu ni apaisé personne. La section du PCF de Pessac a choisi d’adresser un courrier, quelque peu ironique, au député Alain Rousset dans lequel les militants se disent stupéfaits de constater qu’il ne figure pas parmi les 24 députés socialistes signataires de la motion de censure de gauche mais lui trouvent des circonstances atténuantes. « Tout d’abord votre mandat de région est terriblement chronophage, davantage depuis la dernière réforme territoriale, qui vous oblige à effectuer des pérégrinations sur un territoire grand comme le Portugal. Force est de constater qu’il n’est pas aisé de cumuler de tels mandats, et votre assiduité dans l’hémicycle s’en ressent (…). En outre, en tant que défenseur de la formation professionnelle, le compte personnel d’activité (CPA) proposé par la loi Travail vous a peut être séduit. Considéré par certains comme une (maigre) avancée sociale, il ne doit pas faire fi du reste du projet qui remet en cause de manière radicale la protection des salariés face aux exigences d’un capitalisme débridé. Enfin, votre goût du “business”, votre vision du monde du travail est sans doute déformée. » Christelle Danglot, avec l’Humanité

À Saint-Macaire, le 10 mai, devant la permanence de la députée Martine Faure

LOI TRAVAIL

Des blocages pour mettre la pression

GRÈVE, AG, MANIFS

Les cheminots mobilisés contre la loi Travail et leurs conditions de travail

À la veille d’une semaine de grèves et de manifestations contre la loi Travail et l’utilisation par le gouvernement de la procédure 49-3, le Collectif de lutte de la rive droite a mené plusieurs blocages, l’objectif étant de maintenir la pression par des actions qui pénalisent l’économie et non le public. Après le blocage des entrepôts frigorifiques d’Auchan (voir notre précédente édition), le collectif a tenté en vain de bloquer les entrepôts Passion Froid du groupe Pomona et Delanchy, à Tresses, vendredi 13 mai. En début de semaine, il a bloqué les entrepôts de la SCASO Leclerc à Cestas et, dans la foulée, l’entreprise de transport de produits pétroliers Perguilhem à Ambès (lire l’article sur le site de Rue89 Bordeaux).

2 • Les Nouvelles 19 mai 2016

Pour peser sur les négociations en cours, au sein de la branche et du groupe public, sur les conditions de travail, et contre la loi Travail, la CGT a appelé les cheminots de la SNCF et des entreprises ferroviaires privées, à la grève avec un préavis reconductible illimité, par tranche de 48h hebdomadaire, couvrant chaque semaine les mercredis et jeudis (période du mardi 19h au vendredi 8h) à partir du 17 mai. La réforme du ferroviaire a acté le principe de l’ouverture à la concurrence totale en France pour toutes les lignes et activités ferroviaires. Cette loi supprime les règles d’organisation du travail à la SNCF. La réforme impose

un nouveau décret, repris dans la loi comme « décret-socle », présenté dans sa version stable le 10 mars et qui s’appliquera à toutes les entreprises du ferroviaire. Il introduit le principe de continuité de service, impose à tous les salariés l’annualisation du temps de travail et la négociation d’une convention collective (CNN) devant améliorer les droits d’une partie des salariés du ferroviaire. Pour la CGT, FO et Sud Rail, la réforme ferroviaire et la loi Travail participent d’une même logique à combattre car elle dégrade les conditions de travail et de vie des salariés. « Sur notre Région, déclarait le Secteur Fédéral CGT des Cheminots de la Région SNCF de Bordeaux, et

malgré l’incapacité à tenir la production avec la mise en place d’un “plan de transport allégé”, la Direction de la SNCF continue les suppressions d’emplois et accentue la dégradation des conditions de travail des cheminots en lien avec les négociations en cours sur la CCN (convention collective nationale) de branche. La CGT demande un moratoire sur les suppressions de postes et l’arrêt des restructurations (fermetures de gares, guichets, lignes, ateliers, trains sans contrôleurs …) qui n’ont fait que favoriser la déstructuration des métiers et affaiblir le niveau de sécurité des circulations, la robustesse des missions de service public et la qualité de service due aux usagers ».


ACTUALITÉ

Editorial

GLOBAL DEBOUT LE 15 MAI

Les bordelais au rendez-vous international Ce qui est certain, c’est que Nuit Debout est devenu un carrefour, réel et virtuel, où l’on se croise pour se passer les infos des différentes actions citoyennes, syndicales, politiques, pour mobiliser. Et puisque de la place de la République, Nuit Debout Bordeaux se sentait un peu loin des gens, elle a décidé de voyager. Après les quais, elle faisait étape sur la place Saint-Michel mercredi soir, faisait une deuxième session place Dormoy jeudi soir, sans compter sur sa participation aux manifestations de mardi et jeudi, à la Nuit des idées du TnBA du vendredi 20 mai et à la marche contre Monsanto&Co qui part de la Victoire ce samedi à 14h. Global Debout, le dimanche 15 mai, était une sorte de Nuit Debout à l’échelle internationale. 200 à 300 Bordelais se sont retrouvés, place de la Victoire, pour rester mobiliser contre la loi Travail et « changer le monde qui va avec ». Le 15 mai 2016, ou le 76 mars au sens de Nuit debout, la convergence des luttes a pris une dimension internationale. Plus de deux mille personnes ont investi la place de la République, à Paris, dimanche soir, pour participer à la première Global debout, une soirée de rencontres à l’échelle mondiale, préparée depuis un mois par le mouvement citoyen. Trois cents villes se sont mobilisées dans 28 pays et plus de 200 rassemblements ont été recensés en France. À Bordeaux, 200 à 300 personnes se sont rassemblées place de la Victoire, sans compter les nombreuses oreilles attentives et les conversations provoquées sur les terrasses alentours, surchargées par ce bel après-midi ensoleillé. Dès le début d’après-midi, des ateliers

thématiques se sont mis en place, repérable par des cartons posés à même le sol : « Comment le peuple peut-il se réapproprier le pouvoir ? », « Pour les luttes sociales, pas de solutions électorales », « Qu’est-ce que l’autonomie et l’autogestion ? »… Les groupes se sont retrouvés en fin d’après-midi pour remettre en commun les idées échangées et laisser place à l’assemblée (voir vidéo sur twitter). Au fur et à mesure que les intervenants s’expriment l’assemblée s’étoffe. Les questions sont toujours plus nombreuses que les solutions, les avis ne sont pas uniformes. L’un des jeunes hommes investis depuis le début du mouvement rappellera que ce n’était pas rien, en quelques jours, sans se connaître, sans aucune idée préconçue de ce que ça devait être, à quelques uns, d’organiser l’assemblée du 31 mars à République qui a accueilli 2000 personnes. Il en fallait de l’énergie et elle est toujours là depuis, le lien ne s’est pas rompu. Ils seront plusieurs à affirmer que prendre une place publique, c’est déjà faire de la politique. Donner la parole à toutes et tous de manière égale, c’est déjà une action politique.

Nuit debout repousse ses frontières

La date du 15 mai n’a pas été choisie par hasard : cinq ans en arrière, jour pour jour, apparaissait sur la Puerta Del Sol, au centre de la capitale espagnole, le « 15-M », pour « 15 mai », le premier jour d’une mobilisation citoyenne qui allait devenir le mouvement des Indignés. Ce jour-là, les Parisiens, réunis en assemblée générale, crient en sautant en l’air, aux alentours de 20 heures, pour porter l’espoir d’une « autre société, plus juste, plus équitable ». Des centaines de personnes les imitent, au même moment, sur des places publiques à Londres, Berlin, Bruxelles, Rome, Athènes et même Montréal. En faisant front commun, ces milliers de personnes mobilisées veulent montrer que leurs combats sont liés. La campagne internationale « NOlist » a été lancée au cours de cette soirée par le mouvement parisien. L’objectif est d’« identifier les sociétés qui se comportent le plus mal et de proposer des alternatives », selon un communiqué de la Nuit debout.

BORDEAUX-BÈGLES

Jean-Jacques Bosc, la concertation d’abord ! Le dernier conseil de métropole a validé l’ouverture d’une concertation sur le devenir du secteur Jean-Jacques Bosc, des deux côtés des boulevards entre Bègles et Bordeaux. Secteur en forte mutation, qui attend le pont qui le reliera à Floirac et à la rive droite, c’est un nœud stratégique de l’agglomération. Intervenant au nom du groupe communiste, Jean-Claude Feugas a exprimé des réserves mais surtout la volonté que les habitants soient écoutés. « Cette délibération pose des orientations fortes pour un secteur dont il n’est pas besoin de rappeler l’importance stratégique au cœur de l’agglomération. Nous partageons beaucoup des objectifs affichés dans ce projet urbain. Ils sont ambitieux, notamment sur le volet déplacements ; mais leurs crédibilités reposent cependant beaucoup sur la réussite des opérations alentours, et notamment sur le pont

Jean-Jacques Bosc. Notre groupe a déjà relayé les inquiétudes des riverains et des entreprises autour du MIN. Pour nous, il y a une véritable erreur à ne pas avoir anticipé pour des expérimentations fortes de transport par chemin de fer et par voie fluviale desservant ce marché. Mais peut-être n’est-il pas encore trop tard pour y travailler concrètement. C’est une priorité car le secteur est déjà très dense en circulation et les projets de construction de logements importants, des deux côtés de la Garonne. C’est donc un défi de taille qui se pose à la Métropole, une véritable mutation en matière de transports, pour que les habitants ne vivent pas demain un cauchemard dans leurs déplacements. Pour le reste, il faut être très attentif à ce projet qui touche des quartiers très sensibles, tant du côté béglais que bordelais. Quartiers qui, vers Belcier comme vers Yves-Farges/ Terres-Neuves, ont déjà connu de très profondes mutations. La concertation doit donc être poussée

très loin avec les habitants. Nous partageons de ce point de vue les réserves exprimées par une majorité d’élus béglais : les modalités de concertation sont à ce stade insuffisantes pour ne pas être de simples informations. Enfin, puisque dans toute l’agglomération, nous voyons fleurir des collectifs souvent très écoutés, qui refusent des projets mêmes mineurs d’urbanisation, notre groupe émet à son tour une réserve. - Attention, ce n’est pas nous, qui réclamons inlassablement un effort plus important sur le logement social, qui allons tourner le dos à la nécessaire densification en cœur d’agglomération. - Mais il ne faudrait pas non plus que celle-ci se fasse dans les seuls quartiers déjà denses en fragilités sociales. C’est une question à laquelle nous serons attentifs. Le processus engagé devra donc être très à l’écoute des populations et respectueux de la qualité de vie des populations concernées. Ces remarques étant faites, nous approuvons l’ouverture de cette concertation. »

Une Fête Debout ! Une Fête de convergences Casse du droit des salariés avec la Loi El khomri, privation des libertés au motif de l’état d’urgence, instrumentalisation des violences, qu’elles soient policières ou de « casseurs », déstabilisations politiques à travers le monde que ce soit au Proche Orient, en Europe ou très récemment au Brésil et au Venezuela : le monde actuel ne met en perspective que des reculs sociaux, une régression des valeurs progressistes et une montée de la concurrence entre les hommes et entre les peuples. Pourtant, contre l’ubérisation de la société et de la politique, des citoyens se lèvent et réfléchissent, des artistes amènent de la réflexion et des éclairages sur le fonctionnement et la violence de ce monde libéral. C’est le cas des films Comme des lions et Merci Patron ! Le mouvement #nuits debouts, les mobilisations très diverses contre la loi Travail, offrent des dynamiques, des espaces collectifs d’actions et de réflexions. Tous travaillent à la convergence des luttes pour peser dans le rapport de force, durcir la mobilisation face au passage en force du gouvernement avec le 49-3. Ce week-end, les communistes vous accueillent sur la Fête de l’Humanité Gironde, comme chaque année, pour amplifier les réponses politiques et du mouvement social. Avec des débats sur les alternatives à la loi travail, l’Europe et les réfugiés, l’alternative politique à gauche, les peuples en lutte, avec des rencontres d’auteurs, d’associations, avec des projections de films à l’espace cinéma, avec de la culture, des concerts… démontrons que cette société ubérisée peut être combattue, que le progrès social est la seule alternative au vivre ensemble, au progrès humain ! Tout au long du week-end, venez donner votre avis à travers l’enquête nationale mise en place par le PCF, participez et contribuez à cette fête populaire pour donner écho, construire, se confronter, maitriser des outils d’analyses de cette société en mouvement, capable du pire comme de l’espoir. C’est collectivement, comme dans les luttes, que nous parvenons à construire ce qui semble parfois impossible ou inatteignable. Nous n’avons pas d’acquis sociaux à défendre, mais de nouveaux droits et une nouvelle société à gagner !

Olivier Fondriest Directeur de la Fête de l’Huma Gironde, membre de l’exécutif du Pcf 33

Les Nouvelles 19 mai 2016 • 3


21 & 22 mai 2016

Tout le programme VENDREDI 20 MAI

Espace Jeunes Communistes en soirée Apéro musical Scène de Bègles 19h30 Jerry Sex Club, duo de guitares groupe du tremplin rock de la JC SAMEDI 21 MAI

Espace Forum 11h30 Quelles propositions pour des services publics qui répondent aux besoins des citoyens d’aujourd’hui et de demain ? Village Associatif 14h Association Cauri 33 : « La France et le génocide des Tutsi du Rwanda », « Alain Juppé au Rwanda (19931994) : l’imposture ! », par JeanPierre Cosse. Récit du génocide des Tutsi du Rwanda par la survivante Adélaïde Mukantabana, et présentation de son livre L’Innommable Agahomamunwa, éd. L’Harmattan, suivie d’un échange. Espace Béglais 15h Débat sur le sport : À l’heure où le sport donne l’impression de marcher sur la tête, tenter ensemble de le remettre sur pieds en partant de l’expérience de pratiquants de tous niveaux avec : Nicolas Bonnet Oulaldj, co-auteur du livre Libérer le sport, 20 débats essentiels, président du groupe communiste-Front de Gauche à la mairie de Paris et des acteurs de la vie sportive béglaise. Espace du Livre 15h François Gwenet et DominiqueEmmanuel Blanchard Espace Cinéma 15h Documentaire La Mort est dans le pré, d’Eric Guéret sur l’utilisation des pesticides dans le monde agricole suivi d’un débat avec le collectif Info Médoc Pesticide et la section PCF du Médoc. Espace forum 15h30 Quelles alternatives à la « loi travail » ?

Marie Estripeaut-Bourjac et Vincent Taconet

communistes basques espagnols de Gaste Kommunistak…

Village Associatif 17h Conseil Démocratique Kurde De Bordeaux : « Les Kurdes et leurs luttes »

Ce débat sera suivi d’un apéro (premier verre offert) et d’un open mic / karaoké.

Espace du Livre 17h Max Cabanes et Diégo Arabal Espace Cinéma 17h30 Film Merci Patron !, de François Ruffin, suivi d’un échange « micro ouvert ». Espace du Livre 18h Philippe Mediavilla et Denis Vierge Espace Forum 18h Développer les solidarités internationales. / L’Europe et les réfugiés. Village Associatif 18h Les Amis de l’Appel des Cent pour la Paix 33 : « Guerres ou paix » avec Daniel Leymarie et Antoinette Martinez Stand de L’apeis 18h APEIS/AC ! Gironde : « Renégociation de l’assurance chômage, réduction des droits des demandeurs d’emploi, attaques en règle sur le code du travail », constats, résistances et perspectives en débat avec Emmanuelle Redon, Solidaires Sud Emploi, Carl Pivet, président AC! Gironde, Patrick Gimond, porte-parole national de l’APEIS. Espace Circassien 18h Spectacle équestre par le collectif Azul Bangor Espace du Livre 19h Marc Losson et Madeleine Lenoble Scène de Bègles 19h ALAM, reggae Espace Jeunes Communistes en soirée Intermède musical par un musicien sahraoui entre les concerts sur la grande scène et fin de soirée avec DJ.

Village Associatif 15h30 Association Palestine 33 : Conférence « Retour de Palestine (Cisjordanie) et Jerusalem » « La colonisation et la résistance ». Six membres de Palestine 33 témoignent de leur séjour en Palestine pendant 13 jours en octobre dernier. Vécu quotidien, rencontres, situation politique et sociale.

Scène de Bègles 20h30 Soul Kitchen, Rock folk 22h à 1h Yepi Party

Espace Jeunes Communistes 16h Débat sur le travail : le premier emploi, les stages et les conditions des apprentis et les femmes au travail, avec un membre de la coordination nationale du MJCF, un membre de la coordination de l’UEC, un intervenant CGT et un intervenant UNEF.

DIMANCHE 22 MAI

Espace du Livre 16h 4 • Les Nouvelles 19 mai 2016

GRANDE SCÈNE 21h Triozinho 22h Flavia Coelho 23h Billy The Kick Espace Forum 11h Les élus communistes et républicains (Adecr) sur la transition écologique Espace Jeunes Communistes 11h Débat international sur les peuples en luttes avec des sahraouis, des kurdes, Palestine 33, des jeunes

Espace Cinéma 11h Film Revolucionarios, de Vincent Delbalat, suivi d’un débat avec le réalisateur et l’Association France Cuba Bordeaux. Scène de Bègles 12h30 mythia kalpana Espace du Livre 14h Alexandre Fernandez et Georges Durou Scène de Bègles 14h Ominous Mane Village Associatif 14h30 Lecture de la Cie Les Volets rouges (Sébastien Sampietro), suivie d’une discussion animée par l’association Le Refuge, ses membres (association d’aide aux jeunes majeurs victimes d’homophobie et de transphobie et rejetés de leur foyer familial). Espace Forum 15h Rendez-vous citoyen, quelle alternative à gauche ?

Les Rendez-vous de l’Espace Forum Lieu de débats, de confrontations, et d’échanges fraternels, un espace forum vous accueillera tout au long de la Fête !

Samedi 11h30 : débat autour de la constitution du collectif de défense des services publics. Quelles propositions pour des services publics qui répondent aux besoins des citoyens d’aujourd’hui et de demain ? 15h30 : débat : Quelles alternatives à la « loi travail » ?

18h : Développer les solidarités internationales / l’europe et les réfugiés

Dimanche 11h : Les élus communistes et républicains (adecr) sur la transition écologique, suivi d’un vin d’honneur 15h : Rendez-vous citoyen, Quelle alternative à gauche ?

Fête populaire et familiale, la fête de l’Huma c’est aussi des spectacles et animations pour toute la famille. Samedi

18h : spectacle équestre par le collectif Azul Bangor

Dimanche

16h : spectacle circassien « la messagerie Tarabuste » par la Fatal Compagnie, initiation au trapèze et arts du cirque, tir à l’arc, disc golf, kiki le clown et ses sculptures en ballon. Un espace enfants avec ses structures en mousse, trampolines, maquillage, son espace nurserie, la grosse boîte et ses jeux de société pour partager un moment en famille sur la fête.

Espace du Livre 15h Edwin Le Heron et Michel Cabannes, économistes Espace Cinéma 15h Film Comme des Lions, de Françoise Davisse, suivi d’un échange « micro ouvert ». Espace du Livre 16h Marie-Christine Labourie (avec intermède musical) et Jeanne Uteau Espace Circassien 16h Spectacle circassien « la messagerie Tarabuste » par la Fatal Compagnie, initiation au trapèze et arts du cirque, tir à l’arc, disc golf, kiki le clown et ses sculptures en ballon.

MEETING 17H GRANDE SCÈNE « Que demande le peuple ? » avec Camille Lainé, secrétaire nationale du Mouvement des Jeunes communistes de France / Sébastien Laborde, secrétaire départemental du PCF de la Gironde et membre du Conseil national du PCF / Un-e représentant-e du Collectif des Intermittent-e-s et précaires.

1336, thé et tisanes des « Fralib » en vente dans les stands 1336 est une marque de thés & infusions aromatisés 100% naturelle, alliant caractère & subtilité que vous trouverez à la vente dans plusieurs stands de la Fête de l’Huma Gironde. SCOP TI, Société Ouvrière Coopérative Provençale de Thés et Infusions, a été créée au terme d’une lutte de 1336 jours contre la fermeture du site de Gémenos, voué à être délocalisé en dehors du territoire français. Située à quelques kilomètres de Marseille, la coopérative compte aujourd’hui une soixantaine de femmes et d’hommes engagé-e-s dans une même aventure humaine et soudé-e-s par une vision commune de la valeur du travail et du respect de la nature. La marque 1336 est un symbole fort de ce combat historique et de cette victoire exemplaire. En vente sur les stands du Blayais, Bordeaux et espace Médoc.


ÉDITION 2016 Espace du Livre

Espace Médoc

Le village du livre vous attend cette année avec, en plus de l’espace des rencontres croisées d’auteur-e-s (Petit Forum) : la librairie de la Renaissance, les Dossiers d’Aquitaine, l’IHS-CGT Gironde, Espaces Marx et les Editions La Dispute, la revue culturelle du PCF33 L’Ormée, Attac33 et son fond de livres des éditions Les Mille et une nuits (Debout !), la librairie « Des Mots Qui Des Notes », les éditions du Serpolet…

Denis Vierge, dessinateur de BD ; Marie-Christine Labourie, écrivaine ; Jeanne Uteau, poète ; Georges Durou, ancien déporté, écrivain ; Joël Guerin, délégué des droits Humains ; Dominique-Emmanuel Blanchard, écrivain ; Madeleine Lenoble, éditrice et écrivaine ; Alexandre Fernandez, professeur d’Histoire ; Marc Losson, poète

Quelques rencontres (voir horaires ci-contre) :

Jean-Paul Abribat ; Raymond Lagardere ; Joël guerin ; Pierre Sartor « Hold-up sur le vivant» ou, «le bal des sémenteurs » ; Antonio Cordoba « Trois Andalous Républicains », « Chants et Poèmes Andalous », « Une Enfance Andalouse » ; Gérard Loustalet-Sens, « Chroniques des idées reçues » et quelques autres, Jean Lavie et Dominique Mazon « Les 256 », …

Diégo Arabal, écrivain de roman policier ; Philippe Mediavilla, syndicaliste ; Max Cabanes, dessinateur de BD ; Marie Estripeaut-Bourjac, universitaire, féministe ; Vincent Taconet, professeur de lettres classiques ; Michel Cabannes, économiste ; Edwin Le Heron, économiste ;

Samedi 21 mai

INFOS

Green Dawa, reggae festif RE&NO, chanson française Nosy Kayo, hip-hop, slam

pratiques 8 chemin de la caminasse, 33140 VILLENAVE D’ORNON Rocade sortie 20 // PARKING SUR PLACE NAVETTES GRATUITES DEPUIS TRAM C : TERRES NEUVES Bus 36 arrêt Schweitzer ou Bus 89 arrêt Courréjean VENDREDI : TERRES-NEUVES > FÊTE DE L’HUMA : 18H - 21H FÊTE DE L’HUMA > TERRES-NEUVES : 23H-00H30 SAMEDI : TERRES-NEUVES > FÊTE DE L’HUMA : 16H - 21H FÊTE DE L’HUMA > TERRES-NEUVES : 23H-00H30 DÉPARTS TOUTES LES 20 MINUTES.

Seront aussi présent-e-s au moins par leurs livres :

INFORMATIONS NON CONTRACTUELLES

!   é t i n a d’Hum e n i e l p e Une fêt

ESPACE DEBAT

ESPACE FORUM

Les Nouvelles 19 mai 2016 • 5


UBERISATION CHRONIQUE DE GÉRARD FILOCHE

Loi El Khomri ? Non, loi Uber ! L’Humanité du 12 mai.

Dans la dernière version, la pire, de la loi El Khomri à l’Assemblée nationale, a été réintroduite la légalisation de la pieuvre multimilliardaire, amie de Macron, Uber. Un coup tordu qui vient de loin : il s’agit d’habiller ces salariés en « indépendants », sans possibilité pour eux de faire « requalifier » leur contrat. À l’origine, il y eut, le 11 février 1994, la « loi Madelin » instaurant la « présomption de non-salariat » pour les inscrits au registre du commerce, au répertoire des métiers ou même à l’URSSAF. Nous avions obtenu l’abrogation de cette présomption de non-salariat dans la loi du 19 janvier 2000 (dite Aubry 2). Fillon avait rétabli le dispositif Madelin dans sa loi du 1er août 2003 à laquelle les socialistes, comme toute la gauche, s’étaient vivement opposés. Michel de Virville, DRH chez Renault, vedette du MEDEF, dans son rapport de janvier 2004, proposa alors que chacun ait le « libre choix » de son statut, salarié ou indépendant.

Et nous y voilà, sous couvert de (prétendue) nouveauté, il s’agit de pousser des millions de travailleurs dans des activités non salariées, au bon gré de contrats commerciaux. Comme les VTC, ils pourront travailler 20 heures par jour, 120 heures par semaine, sans cotisations sociales, ni contrat de travail. Deux députés, Christophe Caresche et Catherine Troallic, ont déposé 3 amendements identiques qui ont formé, dans la version 4 de la loi El Khomri, le nouvel article 27 bis. Celui-ci appelle les VTC d’Uber des « travailleurs utilisant une plateforme de mise en relation par voie électronique », et il est précisé que le Code du travail ne leur est pas applicable. Le 27 bis rajoute que, si le travailleur cotise de lui-même pour les accidents du travail, Uber doit prendre en charge cette cotisation-là, et que se syndiquer et faire grève ne sont pas un motif de rupture, mais ce frêle habillage ne masque pas qu’ils n’ont ni horaires légaux ou maximaux, ni salaire minimum, ni droit contractuel du travail, ni cotisations sociales, ni médecine du travail, ni élus du personnel, etc.

UBÉRISATION

L’esclavage moderne, livré à domicile Après les taxis, Uber s’attaque à la livraison de repas à domicile. UberEats vient de se lancer en France, où les applications numériques de livraisons sont déjà nombreuses. La finalité, elle, reste la même : transformer les salariés en autoentrepreneurs pour ne plus verser de cotisations patronales. Cet article de Pierre Duquesne, publié dans l’Humanité du 21 avril 2016, décrit une situation parisienne mais qui ne sera pas étrangère aux bordelais, notamment aux riverains de la place Fernand Lafargue. Une drôle de tribu débarque chaque soir à République. Des jeunes hommes entre 20 et 30 ans, casquettes de coureur cycliste, vélos de compét entièrement relookés et d’énormes sacs à dos, s’étalent sur des marches de la place parisienne, à l’opposé de la zone occupée par la Nuit debout. Eux préfèrent rester assis. Faire un break. Détendre les guibolles et prendre une pause bien méritée. Ce lieu de convergence des luttes sociales est aussi le point de ralliement des livreurs à vélo, de plus en plus nombreux à sillonner les rues de la capitale. Vous connaissiez Uber pour le transport de personnes ? Voici UberEats, Deliveroo, Take Eat Easy et autres Foodora pour la livraison de repas. En l’espace d’un an, le phénomène 6 • Les Nouvelles 19 mai 2016

a explosé. Le livreur de pizzas et sa mobylette, rattaché à un restaurant de quartier, semblent appartenir au passé. Les nouveaux venus sont aux ordres d’une application mobile, devenue leur véritable patron. Un bip sur leur smartphone leur indique un nom de restaurant et une adresse de client. L’algorithme se charge de « dispatcher » les livreurs, géolocalisés, et de rationaliser les itinéraires. Ils sont en permanence évalués, avec des points attribués par les clients et les restaurateurs. Un management agressif, « proche de l’esclavagisme »

L’efficacité du système est sidérante. Deux minutes suffisent pour installer l’application et accéder aux menus de centaines de restaurants. Bo bun, burger, japonais, bagel, ou encore carré d’agneau en croûte… l’embarras du choix. Seize minutes, montre en main, entre la commande d’un menu japonais, via son portable, dans un restaurant situé dans le 10e arrondissement et sa livraison au nord du 18e arrondissement. Et le client ne paie rien, ou presque : à peine 2 à 3 euros pour chaque course. Le reste est payé par les restaurateurs, trop heureux d’augmenter leur chiffre d’affaires sans avoir à pousser les murs de leur établissement. Ils versent une commission oscillant entre 20 à 30 % du prix du menu, mais qui est compensée par les éco-

nomies faites en matière de service ou d’entretien de la salle. Tout le monde y gagne, même les livreurs, assure Will Shu, le boss britannique de Deliveroo : « Certains peuvent gagner jusqu’à 4 000 euros par mois sur la plateforme, a-t-il expliqué début avril, dans les colonnes des Échos. Ils aiment la flexibilité que l’on propose, ils peuvent travailler quand ils le veulent, mais aussi le fait de faire du sport puisque tous nos livreurs sont à bicyclette. » Après un changement de vie, Jérôme Pimot voulait faire de sa passion du vélo un travail. Il a vite déchanté. Recruté par l’une des premières plateformes lancées en France, Tok Tok Tok, il va faire l’expérience du statut d’auto-entrepreneur. Ou plutôt de « l’auto-exploitation », comme dit ce quadragénaire devenu un combattant contre « l’ubérisation de la société ». « On nous fait croire qu’on est indépendant, des prestataires de services, un partenaire. Mais on se rend compte très vite que ce n’est pas le cas », explique Jérôme, passé ensuite chez Take Eat Easy et Deliveroo. Porter les casquettes, les sacs à dos et les uniformes de la marque est quasiment obligatoire, sous peine de rappel à l’ordre. La facturation est élaborée directement par la plateforme, en lieu et place de ces microentrepreneurs qui ont signé un contrat de prestations sans même le lire. Et les tarifs, à la course, sont évidemment imposés. Au passage, la plateforme ne verse pas de cotisations sociales pour ces salariés déguisés en prestataires de services. Le management est aussi très agressif, « plus proche de l’esclavagisme que du patron paternaliste », explique Jérôme Pimot. Un de ses collègues est appelé un dimanche matin pour aller livrer du champagne et des macarons au patron en train de négocier un contrat avec une célèbre épicerie de luxe. « Pour ce genre de chose, ils appelaient le plus fragile, celui qui avait des mômes à la maison. » Excédé, Jérôme contacte un ami juriste. « Il m’explique que je suis salarié et me démontre tous les liens de subordination qui me lient à la plateforme. » Avec dix autres collègues, il demande une requalification de son contrat de travail aux prud’hommes. Sept d’entre eux acceptent une somme en phase de conciliation. Pour les autres, une audience est prévue le 13 mai.

« Mon but, c’est de faire jurisprudence », affirme-t-il aujourd’hui, sûr de son combat. « L’ubérisation n’a qu’un seul objectif : faire disparaître les cotisations patronales en transformant les salariés en de faux indépendants. » C’est aussi et surtout une manière d’échapper à toutes les règles du Code du travail. Une plateforme avait mis en place un minimum garanti pour chaque soirée travaillée. Un beau jour, les dirigeants l’ont supprimé. Ils n’ont eu besoin que d’envoyer un mail, et c’était plié. « Avec le statut de salarié, il aurait été impossible pour eux de baisser unilatéralement la rémunération », souligne celui qui se fait appeler Spartacus sur Facebook, où il tente de mobiliser les autres livreurs.

Pour Julien, comme pas mal d’intermittents du spectacle ou d’étudiants, la livraison est un bon plan, en attendant de trouver un emploi pérenne et non précaire. La précarité et le statut d’auto-entrepreneur, ce monteur image de formation les a déjà goûtés dans l’enfer des boîtes de production audiovisuelle. Et puis, il y a aussi toute l’imagerie « cool » associée aux coursiers new-yorkais, popularisés par le film de Cédric Klapisch, Casse-Tête chinois. Nombre d’entre eux sont d’ailleurs fiers d’exhiber leurs magnifiques vélos, dont certains peuvent coûter jusqu’à 4 000 euros. Un matériel que Deliveroo, UberEats, Take Eat Easy n’ont évidemment pas à payer. Ni l’entretien, à la charge des livreurs. Une crevaison, et c’est une soirée de travail perdue.

« L’ubérisation c’est faire disparaître les cotisations patronales »

« C’est le retour de Germinal drapé derrière la révolution numérique »

Il n’est pas aisé de créer une insurrection. Car la servitude volontaire est très forte chez les valets à deux roues. « Il n’y a pas de hiérarchie à supporter », explique Nassim, qui attend avec d’autres livreurs la prochaine mission à accomplir. L’image rappelle les travailleurs mexicains attendant qu’un pick-up veuille bien venir les chercher pour un chantier journalier ou ces sans-papiers qui font, dans notre pays, le pied de grue devant les enseignes de bricolage. Nassim ne s’en rend pas vraiment compte. Après avoir travaillé 60 heures par semaine dans la restauration, payé au Smic hôtelier, Deliveroo fait figure de promotion sociale. « On travaille quand on veut, c’est flexible, et on gagne pas mal notre vie. J’ai déjà gagné plus de 3 000 euros en un mois et me fais 1 400 euros par quinzaine. » Car on est payé à la semaine dans ce système à l’américaine. Il oublie, évidemment, de compter les congés non payés, l’absence d’allocations en cas de chômage ou le faible niveau de retraite du régime social des indépendants. À 22 ans, c’est difficile de bien comprendre ce qu’est le salaire différé… Tout juste confessera-t-il qu’il est extrêmement fatigué. S’il est effectivement libre de travailler quand il le veut, Nassim a travaillé six jours sur sept, parfois sept jours sur sept, depuis près d’un an. Et il faut enchaîner vendredi, samedi, dimanche pour prétendre aux primes week-ends.

Ce n’est pas le plus grave. Car les plateformes de livraison sont bien plus dangereuses qu’Uber, souligne Jérôme Pimot, « car elles jettent en masse des jeunes à vélo dans le trafic urbain ». Les accidents sont très fréquents. Son collègue Barthélemy percute un poteau en essayant d’éviter une piétonne distraite : rate explosée, cinq vertèbres et quatre côtes cassées et deux semaines de soins intensifs. Un autre entre dans un taxi et se tasse deux vertèbres, avec un sérieux traumatisme psychologique. Jérôme s’est démis l’épaule et cassé le poignet. Seulement voilà. L’auto-entrepreneur ne bénéficie d’aucune couverture accident de travail. Avec le régime des indépendants, il faut avoir cotisé un an pour bénéficier d’indemnités journalières, qui ne sont versées qu’au huitième jour d’arrêt. « Nous sommes revenus en 1909, quand le Code du travail n’existait pas encore, enrage Jérôme Pimot. Beaucoup ont oublié qu’il a été créé pour protéger les travailleurs après la catastrophe de Courrières. Veut-on en revenir à cette période ? » Il martèle à qui veut l’entendre que le phénomène n’est pas isolé. On est face à un choix de société, incarné par la place de la République. « D’un côté, il y a la Nuit debout et l’envie de construire un monde solidaire et juste, et, de l’autre, c’est le retour de Germinal drapé derrière la révolution numérique. Que voulons-nous choisir  ? »


PCF 37E CONGRÈS

RENCONTRE INTERNATIONALE

«  C’est le Parti communiste qui tient la gauche debout  »

Pour une conférence mondiale pour la paix et le progrès

Entretien* avec Pierre Laurent, secrétaire national du PCF (extrait)

Avec la motion de censure de gauche qui a réuni 56 députés PCF, Front de gauche, PS, écologistes et divers gauche sur les 58 requis pour la déposer, une étape a-t-elle été franchie en vue du rassemblement de la gauche pour une autre voie en 2017 ? Pierre Laurent. Oui, et c’est un des résultats de la mobilisation sociale. Pour la première fois à ce niveau, des députés de toutes les familles de la gauche ont pris ensemble la résolution de ne pas laisser le gouvernement continuer à agir impunément. C’est un événement très important qui doit connaître des suites, puisque l’exécutif n’aura pas davantage de majorité en 2e lecture après le retour du Sénat du projet de loi El Khomri. Le retrait de la loi est plus que jamais notre objectif. Mobilisation sociale et unité politique sont les deux clés de la victoire. Audelà, nous devons amplifier le travail de construction d’un nouveau socle politique pour une nouvelle majorité en 2017. (…) Chez les frondeurs du PS, on évoque désormais ouvertement la nécessité d’écarter une nouvelle candidature de F. Hollande à la présidentielle… P.L. C’est une bonne nouvelle, mais pour réussir à bâtir la convergence nécessaire de forces très diverses à gauche, un nouveau projet et une majorité politique pour le porter, les enjeux des élections de 2017 doivent devenir des questions populaires. Le projet d’une motion de censure de gauche n’aurait pas été possible sans la mobilisation sociale et la pression populaire, ce sera la même chose pour dégager une solution politique. La parole citoyenne, qui s’exprime dans les grèves et les manifestations, dans des pétitions massives sur internet ou sur les places de Nuit Debout, doit faire irruption sur le terrain politique. (…) Le 49-3 n’a pas stoppé le mouvement contre la loi travail, mais celui-ci peine à retrouver l’élan du début. N’y a-t-il pas un risque de radicalisation des modes d’action au détriment de l’élargissement du mouvement ? P.L. C’est ce que veut faire croire le gouvernement qui utilise la tension pour dénaturer le mouvement, mais toutes les enquêtes d’opinion montrent que l’opposition à la loi travail reste archimajoritaire. Le mouvement engagé doit donc en même temps afficher sa détermination et élargir ses formes d’action pour permettre à toujours plus de citoyens d’exprimer leur exigence du retrait de la loi. C’est ce qu’ont décidé les organisations de jeunesse en lançant des votations citoyennes. En appui du travail syndical, les militants et les élus communistes peuvent aussi

multiplier les formes d’expression populaire sur les lieux de travail, dans les communes, dans des réunions de quartier, pour arracher le retrait de la loi. Rien n’est fini. (…) 5 mois après les régionales, la question sociale a pris le dessus sur les thématiques identitaires et xénophobes. Mais cela ne peut-il pas conduire à sous-estimer la permanence du danger de la montée de la droite et de l’extrême droite ? P.L. L’acharnement du gouvernement provoque une très grande colère et un désarroi démocratique (…) Le risque est d’oublier ou de relativiser le très grave danger qu’il y aurait à laisser basculer le pays dans les mains de la droite flanquée d’une extrême droite à un très haut niveau. Le seul moyen d’y faire barrage est de reconstruire un véritable espoir de changement à gauche. La détermination des communistes à y parvenir exige que nous y consacrions toutes nos forces dans les mois à venir. Si l’orientation que vous soutenez en vue du congrès du PCF a été adoptée par 51,2 % des voix, jamais autant de communistes n’ont voté pour des orientations alternatives. Est-ce l’idée d’une primaire, au moment où les désaccords à gauche sont si nombreux, qui explique ce résultat ? P.L. Les communistes ont voulu signifier leur refus d’une primaire qui risquait, à leurs yeux, de nous placer dans le sillage de F. Hollande ou tout autre candidat équivalent. Nous avons écarté cette possibilité. Quand nous avons décidé de laisser la porte ouverte à une primaire, c’était d’ailleurs avec l’objectif d’ouvrir un chemin de rassemblement aux forces qui ne veulent justement pas se retrouver derrière une candidature Hollande. Mais si le chemin n’est pas celui-là, la convergence de toutes ces forces reste une nécessité. D’ici à la fin de l’année, la montée en puissance de la primaire de la droite et de la campagne du FN, et le discrédit grandissant de F. Hollande vont rendre cette convergence plus nécessaire aux yeux de millions de gens. Le congrès du PCF doit répondre à ce défi politique en proposant, sur la base d’une offre politique clarifiée par nos débats, des d’initiatives et un calendrier pour déboucher, d’ici à l’automne, sur une étape de convergence nationale. La grande consultation citoyenne est un outil de cette construction et les élections législatives doivent aussi en être un objectif central. La construction d’une candidature présidentielle la plus rassembleuse possible doit rester l’objectif. Y a-t-il des points à éclaircir ou à modifier dans la base commune de discussion au congrès pour rassembler les communistes sur une même orientation ? P.L. Les communistes ont exprimé des votes divers, mais ils sont décidés à converger. Il y a une demande de clarté dans le processus et le calendrier, le congrès devra dire jusqu’à

quelle échéance nous proposons de poursuivre nos efforts de rassemblement des forces à gauche et dater notre conférence nationale prévue par les statuts. (…) Les congrès locaux, départementaux et la commission des textes sont engagés dans un travail de réécriture pour permettre un congrès de clarté et d’unité des communistes. Actuellement, le candidat qui apparaît le plus crédible au vu des sondages pour porter un autre projet de gauche en 2017 est J. L. Mélenchon. Qu’estce qui empêche les communistes de le soutenir ? P.L. Sa candidature a été annoncée dans des conditions qui ne conviennent à aucune des autres formations du Front de gauche. Nous voulons l’unité mais sa candidature ne suffit pas à répondre en l’état à l’ampleur du défi politique devant nous. Si nous laissons faire les choses, il y aura d’autres candidats dans l’arc de forces que nous souhaitons rassembler. La division se paierait cher. (…) Pour le moment aucune hypothèse, pas plus [cette] candidature qu’une autre, n’empêche le scénario d’un duel droite-extrême droite au 2e tour de l’élection présidentielle et donc un risque de désastre aux législatives. (…) Ce qui se joue n’est pas seulement 2017, c’est la reconstruction durable d’une gauche capable de maintenir en France un projet majoritaire de transformation sociale. (…) En Espagne, la force des événements vient de rendre possible un accord d’unité populaire pour les législatives entre Podemos et Izquierda Unida. L’unité s’est imposée comme la seule manière de faire face aux responsabilités. Les communistes ne sont-ils pas les derniers à croire en la possibilité d’aboutir à une candidature commune de la gauche de transformation sociale en 2017 (…)  ? P.L. Il y a deux obstacles dans la gauche : ceux qui ne souhaitent pas cette convergence, pensant peut-être qu’ils seront assez forts tout seuls, et ceux qui n’y croient pas et ont tiré un trait sur 2017, pensant que le temps de la reconstruction viendra après. C’est dangereux car c’est sous-estimer, devant le discrédit du gouvernement, la vague de droite et d’extrême droite qui risque de tout submerger. Je préfère miser sur les nouveaux espoirs : le réveil du peuple de gauche contre la loi El Khomri, l’irruption de la jeunesse dans le champ politique, la recherche de nouvelles issues par des intellectuels… Ces nombreux signes d’espoir butent encore sur la difficulté à converger politiquement. Raison de plus pour que les communistes prennent leurs responsabilités. Des trois partis qui ont structuré la gauche ces dernières décennies (le PS, le PCF et les Verts – NDLR), le Parti communiste est le seul qui tient la gauche debout. C’est son devoir d’enclencher le débat nécessaire entre toutes les forces susceptibles de converger. (…) *L’intégralité dans l’Humanité du 17 mai ou sur humanite.fr

Mercredi 1er juin, 8h à 19h, espace Oscar-Niemeyer, siège du PCF Le monde du XXIe siècle porte de nombreux défis, de nombreuses inquiétudes mais aussi de puissantes aspirations à la justice, l’égalité, à la démocratie, à la solidarité et à la paix qui donnent lieu à des résistances populaires et de nombreuses luttes émancipatrices porteuses d’espoir. Leurs voix portent en germe un autre monde, plus juste, plus sûr, plus humain et plus solidaire. Nous sommes, nombreux et divers, attelés à l’ouvrage pour lui ouvrir un chemin. Ce sont ces voix de résistance, d’espoir et d’humanité, de personnalités et représentant-e-s de forces politiques, associatives, intellectuelles, syndicales venues des cinq continents, que le PCF souhaite faire entendre depuis Paris, le 1er juin, à l’occasion d’une Rencontre internationale pour une Conférence mondiale pour la paix et le progrès. Nous voulons rendre massive l’exigence que l’Organisation des Nations unies mette d’urgence à l’ordre du jour de son Conseil de sécurité et de ses activités la tenue d’une telle Conférence mondiale pour la paix et le progrès afin de mobiliser, dans un cadre multilatéral, les États pour des politiques de coopération et de sécurité collective avec pour priorité de « favoriser le progrès social et instaurer de meilleures conditions de vie dans une liberté plus grande », selon les termes du préambule de sa Charte fondatrice.

FH33 2016

Espace Bordeaux Repas vendredi soir, menu 13€, tarifs pour les JC : 7€ Salade verte, fromage et crouton, sucettes bacalanaises, haricots verts et frites, fromage, salade de fruits frais

Repas des vétérans Sur la fête, repas des vétérans, dimanche 12h, sous la présidence de Georges Durou. Inscription sur place.

Carnet HOMMAGES À RENÉ LAPÉBIE. Amis, camarades, anciens collègues, ils étaient très nombreux et nombreuses à entourer Simone, sa femme, et toute la famille de René lors de ses obsèques le 11 mai au funérarium de Mérignac. Tour à tour, des hommages d’élus, de camarades de son syndicat la CGT et de son parti le PCF, de ses amis-es, ont rappelé son histoire d’endurance, sur le vélo bien sûr, comme dans ses engagements militants. « Pour la première fois depuis 40 ans, le président d’honneur de l’USV Cyclisme ne sera pas au départ du Tour de Gironde, la plus importante course par étape internationale d’Aquitaine », avec son complice de longue date François Bidou qui a évoqué leurs aventures cyclistes et souvenirs communs de l’association sportive avec beaucoup d’émotion. Jacky Cusol, pour la cellule du Barp du Parti communiste, a parlé de ses engagements de militant et d’élu, « au côté des plus défavorisés ». À la CGT dès 15 ans, puis au chantier naval de la Gironde, où il mena le combat contre la fermeture, il termina sa carrière comme prof à Pessac en 1978, avec l’objectif de pour objectif « la réappropriation du travail manuel ». En homme de conviction et d’exigence, « il a assuré plus de 35 ans de mandat d’élu dans l’opposition, puis dans la majorité sur la commune de Salles, en tant qu’adjoint au maire et dans la Communauté des Communes du Val de l’Eyre », défendant la démocratie locale. Président du syndicat des eaux et assainissements de Salles/Mios, il sut réaliser des équipements modernes, permettant de respecter l’environnement et de répondre aux besoins des populations. Une endurance confirmée par Muriel Bernard, qui fut conseillère municipale communiste à Salles : « René et Simone auraient pu vivre une retraite tranquille » et ils ont bien sûr « profité du jardin, des cèpes, du rugby, du vélo… » Mais René a aussi « choisi de s’investir politiquement sur sa commune ». Et « il y a gagné le respect de ses opposants, des plus anciens aux plus jeunes, car comme chacun sait bien, René avait ses coups de gueule et savait exprimer son désaccord ». Dans son quartier de Lavignolle, il était apprécié comme défenseur du « trop construire » pour « garder l’âme du quartier ». Et l’amour aussi… « On ne voyait jamais René sans Simone, et Simone sans René » a souligné Muriel, « plus de 60 ans à tes côtés, épouse, militante… » C’est une vie bien remplie et exaltante que celle de René Lapébie, pour avoir été aussi dirigeant de « l’US Salles Rugby », chroniqueur sportif au journal des Nouvelles de Bordeaux, et prendre part au « grand prix de l’Humanité », son journal depuis la Libération. Tous les communistes girondins, la Fédération du PCF 33, les Nouvelles de Bordeaux, renouvelle à Simone et tous les siens leurs plus sincères amitiés fraternelles. Les Nouvelles 19 mai 2016 • 7


CULTURE & SOLIDARITÉ

NOUVELLES IDÉES REÇUES

SAINT-PIERRE D’AURILLAC

Rencontre à la Petite médiathèque La petite médiathèque accueille la maison d’édition L’Ire des marges pour une présentation de Collapse de Brigitte Comard et de Sister de Jean Christophe Cabut en présence des auteurs. Cette rencontre aura lieu le samedi 28 mai à 11h à la petite média-

thèque de Saint-Pierre d’Aurillac, parvis Ambroise Croizat (derrière la mairie). La Petite médiathèque avait déjà accueilli Brigitte Comard pour Hydroponica, et c’est avec un grand plaisir qu’elle la retrouvera avec Jean Christophe Cabut qui est un familier

des bords de Garonne après avoir pratiqué l’écriture radiophonique à Radio France pendant 20 ans, ainsi que Bérengère Pont qui assure la promotion de L’Ire des marges. Toutes les infos sur : coupsdecoeurstpierre.fr liredesmarges.fr

MÉMOIRE DU PORT DE BORDEAUX

Fragments de vie La Mémoire de Bordeaux Métropole et l’Institut CGT d’histoire sociale de la Gironde vous invitent à la projection de Fragments de vies, une évolution des métiers du port de Bordeaux et de son estuaire (1970-2000). Jeudi 26 mai à 18h, Bourse du Travail - salle Ambroise Croizat, 44 cours A. Briand, Bordeaux. Entrée libre. Ce film réalisé par La Mémoire de Bordeaux Métropole en partenariat avec l’IHS Gironde donne la parole à huit anciens ouvriers du Port de

Bordeaux et de ses industries : Alain Monseigne, docker, Serge Barbé, des ateliers du Port autonome de Bordeaux, Philippe Dufilh, pour la manutention au Port autonome de Bordeaux, Jean-Louis Leymergie, chaudronnier pour Ponticelli, Max Tauzier, pour la Shell Pauillac, Alain Merlet, scaphandrier pour le Port autonome de Bordeaux, Jean-Pierre Clapier, marin mécanicien de bateaux et de barges au Port autonome de Bordeaux, Jacques Salles, marin.

La projection s’inscrit dans le cycle de conférences de La Mémoire de Bordeaux Métropole. Elle sera suivie d’un débat-questions avec les « acteurs » présents et le public. Les portraits photographiques des huit participants, par Frédéric Deval seront exposés du 23 au 26 mai dans le hall de la Bourse du Travail de 8h à 18h. Le jour de la projection, l’IHS organise une visite de la Bourse du Travail à partir de 16h30.

MÉMOIRE RÉGIONALE

Table ronde sur les fusillés de la seconde guerre mondiale « Les fusillés de la seconde guerre mondiale », tel était le thème de la table ronde, animée par Bernard Lachaise, aux Archives Départementales le 10 mai dernier. C. Pennetier et D. Tantin (historiens) y ont présenté « Les fusillés 1940-1944 », dictionnaire biographique des fusillés et exécutés par condamnation et comme otages ou guillotinés en France pendant l’Occupation, J.Lavie et D.Mazon « Les 256 de Souge. Fusillés de 1940 à 1944 ». Près de 80 personnes étaient présentes. Pour leur livre, les premiers ont d’abord réalisé 4 200 biographies, plus de 3 200 autres seront mises sur site à l’automne prochain. Ils ont retenu les fusillés ayant été condamnés par un tribunal et les otages, essentiellement de l’automne 41 à celui de 42, puis les massacrés. L’ouvrage sur Souge retient 256 noms et selon les critères du Maitron 125 otages, 77 condamnés et 55 massacrés. Le chiffre peut encore évoluer au fil des recherches. Sur la chronologie, Mm. Pennetier et Tantin notent que les otages de 41 et 42 étaient plus âgés en moyenne car militants, communistes pour la plupart, expérimentés. Les résistants fusillés après condamnation étaient plus jeunes. Pour Souge, les fusillades commencent 2 mois à peine après

l’arrivée des Allemands à Bordeaux. En 41 et 42, se créent les premiers mouvements de résistance, la lutte armée se développe et la politique des otages ayant pour objectif de faire peur à la population se concrétise par 125 otages sur 150 fusillés. En 1943, la politique des otages est abandonnée car non productive. C’est le tournant de la guerre : débarquement allié en Afrique du Nord, défaite de Stalingrad et débarquement en Corse. Les Allemands ont besoin de main d’œuvre et optent pour la déportation et le STO. 1944 est l’année la plus meurtrière. Les prisons se sont remplies en 43 et les condamnations pleuvent. L’occupant aux abois se déchaine et 102 résistants seront fusillés cette année là. De 40 à 43, la plupart des fusillés sont girondins. En 44, la répression s’élargit aux Charentes (Honneur et Patrie), à la Dordogne les 19 avril et 1er août, à des prisonniers de guerre soviétiques, des résistants de Midi Pyrénées. J. Lavie et D. Mazon soulignent la place importante des étrangers, près de 11 %. Les chercheurs notent une majorité de condamnations à mort en zone occupée et d’exécutions sommaires sur la zone libre. Toutes les catégories sociales sont présentes même si, en particulier à Souge, les ouvriers et syndicalistes sont très majoritaires

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8 • Les Nouvelles 19 mai 2016

CHRONIQUE

parmi les otages communistes. En 1944, le spectre des métiers s’est élargi et le groupe Honneur et Patrie, par exemple, est sans doute le plus divers. En lien avec la forte proportion d’otages à Souge, 55 % des fusillés étaient communistes, 45 % ne l’étaient pas. Allemands et vichystes ont assez vite attribué l’épithète « communiste » voire « communo-gaulliste ». À la libération, les fusillés furent honorés. Au fur et à mesure, la conscience des ravages de la déportation a grandi. Dans un premier temps, la déportation politique puis celle à caractère racial. Le procès Papon, en 1988, a permis un rapprochement avec la communauté israélite. Le travail de recherche a confirmé la grande diversité d’engagement des fusillés et l’association pour la mémoire des fusillés de Souge s’est ouverte à cette diversité. Pour le Maitron, les archives de la DAVCC de Caen ont été la principale source de connaissance. L’association pour Souge a « hérité » de travaux précédents réalisés par H. Chassaing et G. Durou, puis Cany Poirier et bénéficié du fond des Archives Départementales et celles de Caen. Les familles ont témoigné, communiqué nombre de documents. Montrer où peuvent mener l’idéologie du rejet de l’exclusion de l’autre, les attitudes racistes, xénophobes et anti-démocratiques est particulièrement pertinent aujourd’hui où grandit l’extrême droite en France et en Europe. Montrer aussi, comment dans une situation difficile, le rassemblement sur la base d’intérêts généraux a permis l’élaboration d’une alternative progressiste avec notamment le CNR et son programme. 600 élèves ont, cette année, visité le mémorial de Souge. Le travail de mémoire peut aider à construire un monde meilleur. P. Bordas

par Gérard Loustalet Sens

« Voile islamique » et double contrainte Quelle admirable croisade que celle unissant républicains tardifs et laïques récents dans une même réprobation des mœurs mahométanes. Comme ils s’émeuvent - et avec quel désintéressement - du sort supposé de la femme musulmane ! Le seul ennui, c’est que c’est un peu à contretemps : la République coloniale n’a jamais rien fait pour l’émancipation des « femmes indigènes ». À moins de considérer comme émancipatrices les cérémonies de dévoilement collectif forcé de femmes pendant la guerre d’Algérie. En fait, depuis Montesquieu, l’Occident a toujours été fasciné par la sexualité des « pays du sud ». Dans le Livre XVI de L’Esprit des lois, Montesquieu consacre plusieurs chapitres à la polygamie, avec des énormités du genre : « il y a de tels climats où le physique a une telle force que la morale n’y peut rien » (ch.VIII) ; « les femmes sont vieilles à vingt ans : la raison ne se trouve donc jamais chez elles avec la beauté » (ch.II). Dans l’imaginaire colonial orientaliste, la femme musulmane, c’est avant tout l’odalisque, objet érotique et sujet pictural très prisé (Boucher, Delacroix, Ingres, Renoir, Manet, Matisse et même Picasso), sans parler de la moukère, de la danse du ventre, du harem, imagerie érotique de pacotille… L’affaire des agressions sexuelles à Cologne début 2016 a ravivé cette obsession d’une sexualité exotique fantasmée sous couvert de noble dénonciation de ce qui serait l’essence de l’Islam : le mépris de la femme, objet de la seule concupiscence, dont la destinée n’est que la maltraitance ou le secret (le voile ou le harem). Avec un tel raisonnement, on peut facilement démontrer, vu les affaires DSK, Baupin, voire Sapin et tout ce qui se murmure et tout ce qui se tait, qu’il existe bien une essence du politicien français, blanc, de gauche modérée, comme harceleur sexuel d’habitude et violeur potentiel. Revenons à 1989 et à cette improbable affaire de foulard à Creil. Certains n’ont pas hésité à y voir un sombre complot des Frères musulmans, sans doute ourdi par le fourbe Tarik Ramadan, provoquant une floraison soudaine de lycéennes voilées endoctrinées tandis que leurs mères noyautaient sournoisement les associations de parents d’élèves! Etrange coïncidence, on s’est aperçu que les pratiques culturelles et cultuelles des musulmans devenaient un problème au moment où l’on se rendait compte que l’on n’avait plus tellement besoin de travailleurs immigrés… Aujourd’hui, les Frères musulmans passés de mode, on nous refait le même coup avec les salafistes. La surestimation de leur influence est le juteux fond de commerce d’une horde d’« experts », toujours les mêmes, piliers de médias, l’islamologue Gilles Kepel en tête. On se doute qu’en leur conférant plus d’importance qu’ils n’en ont on fait la promotion des salafistes auprès de jeunes qui, enragés par les discriminations de toutes sortes, sont tentés par le repli identitaire. Mais peu importe, il faut bien vendre sa salade et entretenir la peur. Pour des femmes et des jeunes filles, le port du voile est bien un acte de résistance symbolique contre la ségrégation socio-spatiale dans une société où la culture dominante, je l’ai dit, a remplacé le racisme biologique d’autrefois (dont bien des préjugés, par un effet de rémanence, persistent) par un racisme culturaliste. C’est une réalité que ne veulent pas voir les islamophobes de tout poil au nom de l’imposture universaliste d’un humanisme occidental, blanc et chrétien qui s’est révélé à l’usage n’être qu’un impérialisme cruel et prédateur qui a réduit à l’esclavage tant de peuples, sans parler de ceux qu’il a purement et simplement massacrés… Aujourd’hui, en France, c’est tout un groupe humain, artificiellement constitué, qui est enfermé dans un système d’injonctions paradoxales. On dit aussi « double contrainte » (ou double bind). On a donc fabriqué une « communauté » musulmane, sur une base ethnique, avec des personnes arbitrairement assignées à une identité dont elles ne se réclament pas forcément et dotée d’une essence (religieuse) construite comme un stigmate irréfragable. Aux mêmes personnes reléguées à cette assignation on intime d’en sortir pour crime de « communautarisme » et on les somme en permanence de prouver leur adhésion à des principes républicains dont elles voient bien qu’elles sont exclues et qui ont servi à légitimer l’oppression coloniale. L’effet clivant de ces contraintes contradictoires est perturbant. Un moyen d’en sortir est d’assumer le stigmate, voire de le revendiquer. Et c’est le voile « islamique » !


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