Nouvelles N° 2163

Jeudi 11 août 2016 - N° 2163 - Hebdomadaire - 15, rue Furtado - 33800 BORDEAUX Prix : 0,80 euro

Des jeux pour la paix, des jeux pour la solidarité.

OLYMPISME POUR LA PAI Une brève histoire des Jeux

Stade olympique antique d’Athènes, rénové pour les JO d’Athènes en 2004.

Les Jeux Olympiques antiques

Les premiers Jeux olympiques auraient eu lieu en 776 avant J-C, à Olympie dans la région du Péloponnèse. Ces derniers se tiendront tous les quatre ans et permettront plus tard de situer chronologiquement les événements de l’histoire grecque (le temps ne se compte pas en années mais en olympiades).

La raison qui leur a donné naissance reste encore assez floue, le mythe le plus répandu indique que ce serait Héraclès qui aurait construit le stade afin d’honorer son père, Zeus. De manière plus réaliste, on peut affirmer que les jeux ont été instaurés afin de donner une certaine cohésion à un empire Hellénique très divisé, qui voit ses différentes cités se livrer des guerres permanentes. Les jeux avaient une véritable fonction pacificatrice, puisqu’une « trêve sacrée » était signée entre les différentes cités, deux mois avant le début des Jeux.

Pour pouvoir participer, il fallait répondre à trois critères principaux : être un homme, libre, d’origine grecque. Les femmes, les esclaves et les étrangers étaient exclus. Les athlètes ne pouvaient pas participer habillés, ils devaient être intégralement nus, cela permettait notamment de repérer les femmes qui auraient tenté de se travestir. Les spectateurs vouaient une véritable admiration aux grands champions, on peut citer le célèbre Milon de Crotone, disciple de Pythagore, qui possédait une force herculéenne ainsi qu’un appétit gargantuesque.

En l’an 393 après JC, l’Empereur romain Théodose mit fin aux Jeux, considérant qu’en raison de leur caractère païen, ils donnaient lieu à des cérémonies qui allaient à l’encontre de la religion chrétienne.

Les Jeux Olympiques modernes

À la suite de différentes tentatives infructueuses, c’est le Français Pierre de Coubertin qui réussit à donner une nouvelle naissance aux jeux olympiques. En 1894, à Paris, il fonde le Comité international 2 • Les Nouvelles 11 août 2016

olympique (CIO). Ce dernier organisa les premier Jeux modernes en 1896, La « formule » proposée à l’époque correspond à ce que nous connaissons aujourd’hui.

Contrairement aux Jeux de l’antiquité, chaque édition se déroule dans un pays et dans une ville différente, les délégations nationales des cinq continents sont présentes dès 1912. Le drapeau olympique créé en 1913, matérialise cette universalité, Les cinq anneaux entrelacés représentent les cinq continents, et les six couleurs représentent toutes les nations (une des six couleurs est présente sur le drapeau de chaque pays).

Néanmoins, la nouvelle formule ne se modernise pas complètement. Il faudra attendre la seconde édition pour que la gente féminine fasse son apparition (en 1900 lors des Jeux de Paris) dans une proportion somme toute très relative, de l’ordre de 1 %. Pierre de Coubertin était particulièrement opposé à la participation d’athlètes féminines : « le véritable héros olympique est à mes yeux, l’adulte mâle individuel. » En théorie, la charte de l’olympisme souhaite promouvoir le pacifisme, l’accès à la pratique sportive pour tous, sans distinction de race ou de religion : « L’olympisme est une philosophie de la vie, exaltant et combinant en un ensemble équilibré les qualités du corps, de la volonté et de l’esprit.

Alliant le sport à la culture et à l’éducation, l’olympisme se veut créateur d’un style de vie fondé sur la joie dans l’effort, la valeur éducative du bon exemple et le respect des principes éthiques fondamentaux universels.

Le but de l’olympisme est de mettre partout le sport au service du développement harmonieux de l’ homme en vue d’encourager l’établissement d’une société pacifique, soucieuse de préserver la dignité humaine. […] Le mouvement olympique a pour but de contribuer à bâtir un monde pacifique et meilleur en éduquant la jeunesse par le moyen du sport pratiqué sans discrimination d’aucune sorte et dans l’esprit olympique qui exige la compréhension mutuelle, l’esprit d’amitié, la solidarité et le fair-play. » Anthony Semchaoui

Du 5 au 21 août, Rio accueille les Jeux olympiques. C’est l’occasion de revenir ici sur l’histoire de l’olympisme, ses valeurs, quelques moments historiques…

Paris accueillera-t-il les JO 2024 et dans quelles conditions ? « Libérer le sport » des mains des marchands est la première condition pour en garantir la nature humaine affirme Nicolas Bonnet-Oulaldj, conseiller municipal (adjoint) de Paris, et auteur du livre dont sont inspirés plusieurs des articles. « Le sport peut être porteur du meilleur comme du pire ». « Alors, si Paris accueille les jeux Olympiques et Paralympiques de 2024, menons le combat pour qu’ils soient des jeux citoyens et populaires porteurs d’humanité, plutôt qu’ils sombrent définitivement dans la fange du marché. (…) Nous avons neuf ans devant nous pour entamer une nouvelle ère. »

Les jeux olympiques à Paris ?

L’objectif de la charte olympique de 1978 est ambitieux : « mettre le sport au service du développement harmonieux de l’humanité en vue de promouvoir une société pacifique, soucieuse de préserver la dignité humaine », et cela malgré la profusion actuelle de sponsors et d’intérêts privés…

Paris, ville hôte en 1900 et 1924, a posé son acte de candidature pour l’édition 2024 des jeux d’été. Le CIO prendra sa décision en 2017. Sera-t-il possible d’éviter la surenchère et la démesure des dernières éditions, barnums couteux et polluants plutôt qu’une fête du sport et de l’esprit

humain ? Le CIO, lui-même, incite à davantage de sobriété. La candidature parisienne propose un coût « réduit » de 6 milliards d’euros : 1,5 milliard du secteur public, le reste provenant de sponsors privés et du CIO. Le risque principal ? Le dépassement des prévisions. En 2012, Londres a explosé son budget de 5 milliards d’euros au départ pour 12 à l’arrivée.

Explosion ? Mais alors, comment qualifier à Sotchi en 2014, le passage de 8 milliards d’euros envisagés aux 37 réalisés !

Pour éviter la surenchère, Paris a des arguments de poids : la plupart des installations requises existent déjà. Restent à bâtir les chambres du village olympique et une piscine de 540 mètre de long. La compétition achevée, ces installations pourront se transformer en logements sociaux ou en équipements pour tous les franciliens. Le passage des jeux à Paris aurait également le mérite d’accélérer des travaux prévus (extension des lignes de métro notamment).

La maire de Paris a prévu une « grande consultation » de la population sans en préciser les contours… sans référendum… une démocratie par sondages peut-être ?

BP

Engagements politiques pendant les Jeux olympiques À Mexico, le 17 octobre 1968 sur le podium du 200 mètres, 2 athlètes noirs américains brandissent un poing ganté de noir, les yeux rivés au sol.

« Le sport a le pouvoir de changer le monde. Il a le pouvoir d’unir les gens d’une manière quasi unique.

Le sport peut créer de l’espoir là où il n’y avait que du désespoir. Il est plus puissant que les gouvernements pour briser les barrières raciales.

Le sport se joue de tous les types de discrimination. » Nelson Mandela, discours prononcé à Monaco le 25 mai 2000.

Un épisode oublié : les Olympiades populaires de Barcelone. Du 29 au 26 juillet 1936, communistes et socialistes organisent la défense du « véritable esprit olympique », l’opposition aux JO officiels qu’Hitler entachera de sa présence un mois plus tard à Berlin.

6 000 sportifs, de 22 pays, dénoncent « l’esprit du national-socialisme, de

l’esclavage, de la guerre et de la haine raciale » et convergent vers la Catalogne. Le putsch du général Franco dans la nuit du 18 au 19 juillet 1936 et la guerre civile qui s’ensuit empêche le déroulement de l’olympiade populaire.

Plusieurs participants étrangers décident de rester sur place et d’intégrer les rangs des combattants. Précurseurs des brigadistes au nom de l’antifascisme, de l’universalisme… et de l’olympisme.

Un épisode qui restera longtemps dans les mémoires. À Mexico, le 17 octobre 1968 sur le podium du 200 mètres, 2 athlètes noirs américains brandissent un poing ganté de noir, les yeux rivés au sol. Ils défient leur pays et la bienséance des jeux aux yeux du monde entier, s’érigent contre le

racisme et l’exclusion.

Tommie Smith, médaille d’or, « n’a d’autres buts que de dénoncer la pauvreté des noirs américains ». Le foulard qu’il porte, le maillot ouvert de John Carlos, médaille de bronze, symbolisent le lynchage et l’esclavage des leurs.

L’intolérance et les crimes racistes marquaient toujours les Etats Unis.

Le 4 avril 1968, Martin Luther King avait été assassiné, une vague d’émeute embrasé le pays et fait une quarantaine de morts.

Contre les sportifs, la répression sera impitoyable. Ils seront bannis du village olympique, interdits de compétition à vie. Leur quotidien est atteint : menaces de mort, licenciement, chômage, divorce.

Leur courage honoré dans les années 2000

Et la médaille d’argent, le 2e, c’est l’australien Peter Norman, le troisième homme. Acteur à part entière, complice, il portait le badge « Olympic project for humans rights » arboré par d’autres sportifs noirs. Il perdra son travail d’enseignant. En 2000, 32 ans après, l’accès aux jeux de Sydney lui est refusé. Décédé d’une crise cardiaque, Tommie Smith et John Carlos, réhabilités, porteront son cercueil en 2006.

Ils loueront jusqu’au bout le « seul sportif blanc qui eut assez de cran » pour être leur complice, leur frère.

Pierre Bordas

X, POUR LA SOLIDARITÉ.

Berlin 1936 : Owens face à l’idéologie Nazie soient remerciés pour ce qu’ils viennent d’accomplir ». Le deuxième, Henri de Baillet-Latour, président du comité international olympique (CIO), grand admirateur de la culture germanique est un antisémite notoire.

L’étoile Jesse Owens

À 22 ans, Jesse Owens est déjà un champion incroyable, il fut le premier Afro-Américain à faire la une des magazines. En août 1936, aux Jeux olympiques de Berlin, l’athlète laissera son nom dans l’histoire.

Affirmer la supériorité du peuple Allemand

Les Jeux de 1936, dans une Europe où les tensions sont exacerbées, ont une dimension éminemment politique, le Führer n’a qu’un seul objectif, affirmer la supériorité de la race aryenne. Toutefois, afin d’éviter toute polémique, le régime tente de dissimuler son caractère xénophobe et adoucit les lois en vigueur. La ville est nettoyée des affiches et des slogans antisémites, une campagne de propagande radio est lancée vantant la Pax olympica, destinée à appeler

aux « Jeux de la paix », dans une « Allemagne national-socialiste pacifique ». Les autorités Allemandes vont même accepter qu’un certain nombre d’athlètes juifs représente le pays, malgré la politique d’aryanisation en vigueur depuis 1933 qui interdit aux juifs non aryens d’intégrer les associations sportives.

Dans différents pays, des mouvements appellent au boycott mais « l’Union des Etats-Unis des athlètes amateurs » obtient la participation de leur nation, d’autres pays suivent et le mouvement en faveur du boycott échoua.

Par ailleurs, Hitler est soutenu par deux personnages « d’envergure ».

Le premier, Pierre de Coubertin, « L’inventeur des Jeux modernes », voue une admiration sans borne à Hitler, lors du discours de clôture des Jeux, il prononça ces mots : « Que le peuple allemand et son chef

Les jeux débutèrent le 1er août 1936, devant 100 000 spectateurs, dans un stade orné de croix gammées. Hitler entend bien montrer au monde entier la supériorité des Athlètes Allemands, c’est pour lui une façon de prendre une première revanche suite à la défaite de 1918. Au grand dam du Führer, un athlète aux antipodes du stéréotype aryen, vint gâcher la fête : Jesse Owens, né le 12 septembre 1913 à Oakville, fils de métayers et petit-fils d’esclaves, sera la vedette de ces Jeux.

L’athlète américain, doté d’une grande polyvalence décroche 4 médailles d’or, remportant : l’épreuve du 100 mètres, du saut en longueur, du 200 mètres et du relais 4 x 100 mètres.

Mais la performance la plus mémorable fut celle réalisée sur l’épreuve du saut en longueur, le 4 août 1936, qui opposa l’Américain à Lutz Long.

L’athlète Allemand est l’archétype de la race aryenne, grand, blond aux yeux bleus. C’est une nouvelle fois une déception pour Hitler car la confrontation symbolique tant attendue n’aura pas lieu. Après deux essais ratés par Owens, Long s’approche de lui afin de discuter. Quelque peu sur la retenue lors des premiers échanges,

les deux hommes développent rapidement une vraie complicité. Owens mène le concours avec 7,87 m. Long revient avec 7,87 m. Mais Owens persévère et réussit 7,94 m, puis 8,06 m pour ses deux dernières tentatives. Il est alors médaillé olympique. Lutz Long est le premier à le féliciter, de manière chaleureuse, fraternelle.

En quelques minutes, une véritable amitié est née, en témoigne ce cours extrait d’une lettre adressée à Jesse Owens quelques années plus tard : « Après la guerre, va en Allemagne, retrouve mon fils et parle-lui de son père. Parle-lui de l’époque où la guerre ne nous séparait pas et dis-lui que les choses peuvent être différentes entre les hommes…

Ton frère. Lutz ». Lutz Long est mort à San Pietro Claranza (Sicile) en juillet 1943.

Une légende voudrait qu’Hitler Furieux de la victoire de Jesse Owens ait refusé de lui serrer la main. L’affirmation est vraisemblablement fausse, Owens déclara dans ses mémoires : « Hitler ne m’a pas snobé. C’est Roosevelt qui m’a snobé. Le président ne m’a même pas envoyé un télégramme. » Ajoutant : « à mon retour aux ÉtatsUnis, je ne pouvais pas m’asseoir à l’avant des autobus, je devais m’asseoir à l’arrière, je ne pouvais pas vivre là où je le voulais. » Le pays était alors en pleine ségrégation raciale.

Anthony Semchaoui

La couleur de la victoire, (Race en version originale), de Stephen Hopkins, avec Stephan James, Jason Sudeikis, Eli Goree. Date de sortie 27 juillet 2016 Dans les années 30, Jesse Owens, jeune afro-américain issu du milieu populaire, se prépare à concourir aux Jeux d’été de 1936 à Berlin. Cependant, alors qu’Owens lutte dans sa vie personnelle contre le racisme ambiant, les Etats-Unis ne sont pas encore certains de participer à ces Jeux, organisés en Allemagne nazie.

Le débat est vif entre le président du Comité Olympique Jeremiah Mahoney et le grand industriel Avery Brundage.

Pourtant, la détermination de Jesse à se lancer dans la compétition est intacte…

Le culte de l’effort et de la performance

« Plus vite, plus haut, plus fort » Dès lors, le sport n’est plus une source d’émancipation, de construction personnelle, il devient au contraire aliénant et destructeur.

Un grand nombre de sportifs de haut niveau (professionnels ou amateurs) avoue volontiers que leur entraînement n’est pas un moment de plaisir, une citation de Mohammed Ali illustre très bien ce fait : « J’ai détesté chaque minute de mon entraînement, mais je me suis dit : Ne lâche pas. Souffre maintenant puis vis le reste de ta vie en ayant été le champion. » Repenser le sport, un impératif

Ancré dans le système capitaliste, le sport est devenu le symbole de tous les excès : concurrence exacerbée et performance à tout prix, au détriment de la santé, de l’honnêteté et d’une vie sociale équilibrée Il devient de plus en plus difficile de croire au dicton populaire : « l’ important c’est de participer ».

Dès leur plus jeune âge, les enfants

sont conditionnés par « la culture de la gagne », par un système qui promeut le mythe du super-héros et qui nous abreuve d’images de grands champions divinisés.

C’est bien connu, pour réussir, il faut « se donner », « en vouloir ».

La réussite n’est pas à la portée de tout le monde, elle est le fruit d’une sélection naturelle qui ne conservera que les meilleurs.

Malgré les slogans publicitaires reprenant une citation extraite de la dixième Satire de Juvénal : « Men sana in corpore sano », plus rien n’est sain, ni le corps, ni l’esprit. Et plus le niveau sportif recherché est élevé, plus le culte de l’effort est poussé à son point paroxystique. Les notions de santé et de bien-être disparaissent pour laisser place à la performance : destruction du corps à base d’entraînements inhumains et de dopage.

Les pratiques intenses soulèvent bon

nombre de questions tant sur le plan physique que psychologique. Certaines disciplines sont plus touchées que d’autres : sports de combats, rugby, football américain… Mais aucune n’est exemptée, et une sorte d’omerta règne dans le milieu.

Malheureusement ces pratiques ont tendance à se développer, la faute à une société qui ne consacre que les vainqueurs et qui glorifie la souffrance. L’usage excessif de compléments alimentaires, la surmédicalisation, le dopage… sont des fléaux qui gangrènent les différentes pratiques.

En effet, les sportifs amateurs ne sont pas épargnés, suivant les traces de leurs modèles, ils adoptent un mode de vie similaire : surentraînement, dopage (5 % à 15 % des sportifs amateurs y auraient recours) et renoncent à toute vie sociale.

Par ailleurs, l’hypocrisie est grande chez certains supporters qui crient au scandale lorsqu’ils apprennent que leur athlète préféré est dopé.

Hypocrisie en effet, quand ces

mêmes supporters sont affamés de « sport spectacle » et de performance.

Assis sur leur canapé ou dans les gradins, pestant après la machine lorsque celle-ci commet une erreur bien trop humaine.

Le sport doit être violent, brutal, viril ! C’est d’ailleurs pour cela que certaines pratiques sont très peu médiatisées. Plus les années passent et plus on s’éloigne de la beauté du geste, de la technicité et surtout de « l’amour du jeu ».

La pratique sportive doit permettre l’émancipation physique et psychologique, elle ne doit pas être une fabrique de « champions malmenés » ou de « sportifs frustrés ». Remplacer la notion de compétition par celle de coopération, favoriser le collectif et la solidarité plutôt que les individualités. Il est évident que le sport mérite d’être réformé. Faut-il le déprofessionaliser ? Se débarrasser des sponsors ? De l’argent roi ? Une chose est sûr, le sport abîme et tue des athlètes pour divertir les masses.

A.S. Les Nouvelles 11 août 2016 • 3

OLYMPISME POUR LA PAIX, POUR LA SOLIDARITÉ.

La compagnie Théâtre JOB

« Les Jeux sont faits »

Dans une écriture et une mise en scène de Georges Berdot, humour, tendresse et poésie se côtoient dans ce voyage scénique au coeur même des Jeux Olympiques Jeudi 13, vendredi 14 et samedi 15 octobre 2016 à 20h30 au théâtre du casino de Bordeaux, rue du Cardinal-Richaud, 33300 Bordeaux, Tram C : Palais des Congrès.

Renseignements/réservations : 05 56 69 49 00. Tarifs : 18 € / 15 € Réservations sur le site du Casino (www.lucienbarriere.com), fnac. com, ticketmaster.fr et digitick. com « Les Jeux sont faits », de Georges Berdot, est une création qui dépeint les destins extraordinaires de sportives et sportifs ayant participé aux Jeux

Olympiques entre 1896 et 1936.

La compagnie Théâtre JOB retrace la grande Histoire des Jeux de cette époque à travers de petites histoires, belles, cocasses, tendres, surprenantes et déjà très proches de notre actualité. Elles nous seront contées - et par là-même imagées - par ceux qui en furent les témoins directs.

Ces histoires que la troupe a voulu narrer avec ingéniosité, drôlerie et justesse sont en fait l’essence même des Jeux et font souvent preuve d’une extrême humanité !

Représenter son pays ?

Dépasser le chauvinisme. La tradition du décathlon, à la fin des épreuves, est de défiler sans drapeaux, tous ensembles.

10 épreuves en 2 jours, c’est beaucoup de temps ensemble, du temps pour se faire des amis, tisser des liens, donner des conseils… Avant le 100 mètres ou le 1 500 mètres, la dernière course, on se donne des encouragements mutuels, une tape dans la main. Le transport des perches en avion coûte cher, alors on se les prête.

Mais la solidarité existe aussi entre entraineurs. J.Y Cochand, l’entraineur de Romain Barras : « …je demande à l’entraineur allemand… d’entrainer mes athlètes sur les lancers… moi, j’entraine ses athlètes sur le saut à la perche. » L’idée de faire du sport pour son pays a du sens. La population s’intéresse.

Libérer le sport Cet ouvrage propose de remettre sur pied le sport en partant de l’expérience de millions de participants pour qui il est source d’émancipation, lieu d’expression de soi, moyen de se relier aux autres et d’acquérir de nouvelles aptitudes.

En 20 questions, les auteurs nous font partager la richesse des expériences du mouvement sportif, les raisons de sa marchandisation et avancent des propositions pour sortir de l’étau.

La pratique du sport, nous disent- il, est capable de libérer les corps de l’emprise qu’ils subissent. Les auteurs sont trois. Nicolas Bonnet-Oulaldj est responsable de la commission sport du PCF, élu et président du groupe Communiste-Front de gauche au Conseil de Paris, Adrien Pécout journaliste au service sport du journal Le Monde.

Pierre Villepreux, le préfacier, lui est ancien arrière et entraineur de l’équipe de France de rugby à XV. LES EDITIONS DE L’ATELIER, Les éditions ouvrières, 51-55 rue Hoche-94200 Ivry-sur-Seine, www.editionsatelier.com

Les Nouvelles de Bordeaux et du Sud-Ouest S.A.S. au capital de 37 000 euros Associés (à parts égales) : L. Chollon, F. Mellier, S. Laborde Directeur de la publication : Frédéric Mellier Abonnement 1 an : 25 euros. Abonnement de soutien : 40 euros Rédaction, composition, impression : S.A.S. Les Nouvelles de Bordeaux et du Sud-Ouest 15, rue Furtado - 33800 BORDEAUX Tél. 05 56 91 45 06 - Fax 05 56 92 61 01 - Annonces légales : annonces@nbso.fr Comptabilité : compta@nbso.fr - Redaction/Proposition d’article : redaction@nbso.fr @nvlbx Les nouvelles de bordeaux nbso.fr Commission paritaire de presse : 0118 C 85932

4 • Les Nouvelles 11 août 2016

Les athlètes préfèrent représenter leur pays plutôt qu’une marque. L’athlète Nike contre l’athlète Puma ou Adidas n’aurait pas le même sens.

Entre les jeux de Montréal de 76 et ceux d’Athènes en 2004, la moitié des médailles ont récompensé des pays à haut revenu (PIB > 10 725 dollars/ habitant). La part des médailles pour les pays les plus pauvres (PIB < 876 dollars/habitant) est extrêmement faible, de 0,8 % en 76 à 3,5 % en 2004. D’où l’importance d’appliquer les programmes de « solidarité olympiques ». L’argent est dégagé par les droits de retransmission télévisée. Entre 2013 et 2016, le CIO a prévu de reverser 34,9 millions de dollars à l’Afrique. Surprenant, l’Europe a droit à la même chose, à peu prés : 32,8 millions de dollars…

Soit plus que l’Asie (29 millions), l’Amérique (27millions) et l’Océanie

(18 millions). Sans échapper aux contradictions de la mondialisation actuelle et au risque majeur de marchandisation, le sport participe à « la pacification des mœurs » (N. Elias). Le sport fait partie du processus de civilisation. Des sportives émergent de pays où elles subissent des situations d’oppression. L’augmentation du nombre de nations en lice témoigne de la libération de nombreux peuples du joug colonial.

Dans la perspective de jeux olympiques à Paris en 2024, l’accueil des athlètes de différents pays pourrait permettre un vaste mouvement de rencontres avec les clubs, les sportifs et plus largement les citoyens français. Cet exercice d’hospitalité tournerait délibérément le dos aux régressions xénophobes de plus en plus violentes en Europe.

BP

Dopage, le fléau Le fléau du dopage menace tous les sports et tous les niveaux de compétition. « En 1999, lors de mon premier tour de France, le dopage était la norme(…) un cycliste n’est pas fait pour bouffer des cachetons ou pour se faire administrer des piqures, il est fait pour s’entrainer » explique Christophe Basson, l’ancien « Mr Propre » du peloton. Malgré les pressions, il refuse les produits dopants, les intraveineuses. « Ca m’aurai cassé mon trip, je n’aurai jamais su si je progressais ou pas ».

Il ose dénoncer le dopage ouvertement, dans la presse. Son directeur sportif le culpabilise : « Si mes collègues ne gagnaient pas, c’était à cause de moi… ». Les dits collègues le mettent au ban. « Dans le peloton, personne ne me parlait, pas même mes coéquipiers ». À bout de nerf, il abandonne sa carrière à 27 ans. Son détracteur le plus acharné, Lance Armstrong, sera démasqué comme participant/organisateur de « la méthode de dopage collective la plus sophistiquée de tous les temps » par l’agence américaine de lutte antidopage (USADA). Destitué de tous ses titres, il présente ses excuses à Christophe Basson.

La première loi antidopage française a été promulguée le 1er juin 1965.

Depuis ce fléau s’est amplifié, a dépassé le cadre du sport de haut niveau et plane le spectre d’un dopage de masse. Exemple : ces amateurs de salles de musculation qui « se dopent de manière sauvage, avec une auto médication qu’ils maitrisent mal (…) souvent grâce à des achats sur internet » (JP Verdy, directeur des contrôles à l’agence française de lutte conter le dopage-AFLD).

Par manque de moyens, l’AFLD se

concentre sur les sportifs de haut niveau. Depuis l’instauration d’un système de contrôle, seuls 17 sportifs ont déjà, été sanctionnés. L’agence manque cruellement de moyens. Son budget de fonctionnement ? « C’est une farce…c’est ridicule » déplore A. Garnier, directeur de l’agence mondiale antidopage, entre 2000 et 2010.

Et si la question était d’apprendre aux jeunes à dire non au dopage ? Et là aussi, privilégier la prévention à la répression ! Réfléchir à ce qui pousse à soigner sa performance plutôt que son propre corps, réduit à l’état de machine-outil. Privilégier le plaisir du jeu à la recherche d’un résultat, d’une performance à tout prix. À charge pour l’éducateur sportif d’apprendre à l’athlète à écouter son corps, intérioriser les sensations éprouvées, entendre les battements de son cœur, connaitre le cap de la douleur insurmontable.

Mais aussi, il s’agit de sécuriser le parcours professionnel des jeunes sportifs, laisser plus de place à l’enseignement d’autres matières que la seule pratique du sport pour leur donner plus de liberté de choix quand à leur avenir.

La lutte antidopage doit s’affranchir des fédérations sportives, à la fois juges et parties. Une médecine du travail dans le sport, véritablement indépendante, doit avoir pour seul objectif la santé des athlètes.

Mais faudrait-il aussi que les organismes internationaux de lutte antidopage puissent agir sous le contrôle de dirigeants indépendants des pouvoirs politiques et des fédérations sportives : c’est une responsabilité de la puissance publique des états…

BP