Nouvelles N° 2174

Jeudi 27 octobre 2016 - N° 2174 - Hebdomadaire - 15, rue Furtado - 33800 BORDEAUX - Prix : 0,80 euro

BORDEAUX-TOULOUSE / BORDEAUX-DAX

LES FEUX SONT AU ROUGE POUR LA LGV

ACTUALITÉ AU CONSEIL DE BORDEAUX MÉTROPOLE

POLICE

Des associations de chômeurs remontées sur les tarifs des transports

Le prix de la politique du chiffre

Lors du dernier Conseil de Métropole, vendredi 21 octobre, des associations de chômeurs ont vivement contesté la future tarification sociale du réseau de transport TBM (Transports Bordeaux Métropole), qui devrait priver les chômeurs célibataires de la gratuité dans les bus et les trams.

Des associations de chômeurs, dont AC ! Gironde (agir contre le chômage), l’APEIS (Association pour l’emploi, l’information et la solidarité des chômeurs et travailleurs précaires) et le Mouvement des chômeurs et précaires, ont perturbé le déroulement du conseil mensuel de Bordeaux Métropole. Une vingtaine de militants a interrompu la séance, avant que Christophe Duprat, vice-président de la Métropole chargé des transports en commun, les reçoive en aparté. Les élus métropolitains avaient à se prononcer ce jour-là sur la nouvelle tarification solidaire de TBM, qui entrera en vigueur le 1er juillet 2017. Conformémant à la loi SRU de 2000, la gratuité ou les réductions des titres de transport ne sont plus liées aux statuts individuels des usagers (à l’exception des demandeurs d’asile et des anciens combattants), mais à leurs ressources, calculées en fonction du quotient familial. Les réductions tarifaires représenteraient jusqu’à 90 % pour tous les membres des foyers les plus modestes. Mais avec cette nouvelle tarification sociale, les chômeurs célibataires paieront au minimum 4,56 € par mois pour circuler avec TBM, ce qui représente, pour les associations, un recul de la Métropole sur ses engagements. Le vice-président s’est engagé à réétudier la question avec les associations, à partir de septembre 2017, début de la phase de test des nouveaux tarifs sociaux. La gratuité pourrait alors être accordée aux plus faibles des plus faibles revenus. Mais pas question de la gratuité pour tous. Pour Christophe Duprat, si la billetterie ne représente que 31 % des recettes de TBM, la Métropole ne peut se passer des 72 millions d’euros qu’elle représente. Les élus communistes, qui soutiennent les revendications des associations de chômeurs, ont précisé qu’en réalité, il fallait déduire les frais liés à la billetterie, ainsi le coût réel de la gratuité des transports à la Métropole s’élèverait entre 30 et 40 millions d’euros.

Les images choquantes de policiers cagoulés, armés, se dirigeant en manifestation nocturne vers l’Assemblée nationale et toutes les agitations politiques qu’on peut imaginer derrière, quoiqu’en disent les manifestants, ne doivent pas faire oublier les conditions de travail dégradées par la politique du chiffre, la baisse du nombre de fonctionnaires, auxquels s’ajoute le contexte d’état d’urgence.

RÉGION SNCF

Cheminots en colère

Mardi matin, plus de 200 cheminots et salariés du CE de la région Aquitaine-Poitou-Charentes sont venus interpeller la Direction régionale et lui demander de « prendre ses responsabilités face à la casse de la SNCF et du Service Public » : 4 000 suppressions d'emploi par an annoncées, fermetures de guichets et de gares, manquements à la sécurité, remises en cause des activités sociales, culturelles et sportives… Nous y reviendrons dans notre prochaine édition.

VICTOIRE DES SALARIÉS DE LA MONNAIE

Stephane Lalanne réintégré

Stéphane Lalanne a signé son annulation de licenciement et sa réintégration à l’usine de Pessac de la Monnaie de Paris, et pour un poste plus proche de ses compétences. Depuis le 10 octobre, les ouvriers étaient en grève pour soutenir leur collègue, licencié à son retour d’un congé sabbatique sans avoir commis de faute.

Les militants PCF de Pessac étaient allés apporter leur soutien.

Le nombre de grévistes, le fort taux de syndicalisation et quelques interventions politiques ont probablement pesé pour permettre cette issue heureuse.

2 • Les Nouvelles 27 octobre 2016

La répétition des manifestations nocturnes de policiers à Paris, comme à Bordeaux et d’autres villes de France est « tout autant révélatrice d’un profond malaise que d’une perte de crédit de l’État, écrivait en fin de semaine Maurice Ulrich dans l’Humanité. (…) Si des centaines de policiers peuvent avec leurs voitures de fonction, leurs armes et leurs brassards, cagoulés pour certains, déambuler par centaines aux abords de l’Élysée et de l’Assemblée nationale, qu’en est-il de ses propres missions ? » Cette question renvoyée fréquemment aux manifestants et leurs porte-paroles reçoit des réponses très diverses allant de « nous avons conscience que l’image que cela renvoie ne sert pas notre cause » à « on manifeste parce qu’on n’en peut plus que des collègues se fassent tuer alors, les autorisations… On manifeste et c’est tout »… Comme les réponses sont variables concernant les liens avec la justice, entre ceux qui proposent des rencontres pour « travailler à reconstruire du sens ensemble » à ceux qui brandissent le fameux : « on en a marre de se faire taper dessus par des sauvageons relâchés par les juges parce qu’il ne peut rien leur arriver. » D’ailleurs le Syndicat de la magistrature n’a pas manqué de réagir en rappelant les règles élémentaires de

la séparation des pouvoirs, et même « au plus haut sommet de l’État ». « Qu’un garde des Sceaux se préoccupe des moyens humains et matériels (dés) affectés aux services de police judiciaire, des priorités absurdes qui leur sont imposées au nom d’une certaine conception de la sécurité publique et de leur activité, rien d’illégitime, bien au contraire. Qu’ il embraye le pas à des manifestations nocturnes aux arrière-pensées politiques évidentes pour sommer la justice de rendre des comptes, et le Rubicon est franchi ! (…) Le ministre reprend ainsi à son compte le discours simpliste et accusateur sur le prétendu laxisme de la justice, oubliant de mentionner, par exemple, que chaque année le nombre de personnes condamnées pour outrage et rébellion - plus de 15 000, souvent en comparution immédiate - dépasse largement le nombre de personnes qui le sont pour des délits économiques et financiers. » Le mouvement des policiers ne peut faire abstraction de l’engorgement de tribunaux, de l’insuffisance des moyens pour la prévention et le suivi de la délinquance, de la surpopulation criminogène des prisons, de la dégradation des services publics dans les quartiers, de l’échec des politiques de la ville… « Les policiers ne sont pas un corps isolé dans l’État. Ils sont au service de l’ordre républicain et ils sont des citoyens. Ils ne sauraient l’oublier sans altérer eux-mêmes leur image, » rappelle Maurice Ulrich sur ce sujet.

Toujours est-il qu’il faut écouter la colère, ne pas sous-estimer l’épuisement, le stress, les difficultés de travail.

C’est le sens de la déclaration de Fabien Gauillaud-Bataille pour le PCF.

« Depuis plusieurs jours les policiers (…) expriment une colère et un épuisement. Ils réagissent après l’agression violente et à la volonté meurtrière de Viry-Châtillon. L’épuisement trouve ses sources dans le rythme terrible qui est imposé aux effectifs de Police depuis les attentats du 7 janvier à Charlie Hebdo et qui s’est vu renforcé depuis le 13 novembre et le 14 juillet. Congés reportés, mobilisation permanente, heures supplémentaires sont devenus le quotidien de la Police Nationale. Cette pression accrue est venue s’ajouter à des dysfonctionnements déjà existants, rendant la situation insupportable. » Embaucher, renforcer le nombre et la présence quotidienne de la Police Nationale dans tous les territoires et en particulier auprès de ceux qui souffrent le plus de la crise et de la délinquance quotidienne, c’est ce que propose le PCF. Mais aussi d’interroger leurs missions notamment la règle du chiffre qui détermine leurs actions depuis le passage de Nicolas Sarkozy à l’intérieur. « La logique de rentabilité capitaliste qui s’applique depuis lors est en train de détruire, de dévoyer le rôle du service public de la Police nationale. Elle vide de son sens le métier, brise les vocations et donne de l’importance à des actions qui sont rentables pour les statistiques mais peu pour la sécurité des citoyens de France. (…) Il faut casser cette dynamique.

C’est elle qui organise la pression, justifie les méthodes de management les plus dures sur les agents. Chaque année des dizaines de policiers mettent fin à leur jour avec leur arme de service ou sur leur lieu de travail ».

Le PCF souhaite que cette crise « soit l’occasion de prendre le virage de la proximité, du sens du métier, du retour au service public auquel les citoyennes et citoyens de ce pays ont droit ».

ZÉRO DÉCHET

Des expériences sur le dos des usagers Bordeaux-Métropole a présenté lors du dernier conseil, ses projets pour répondre au défi « Zéro déchet, zéro gaspillage ». De belles ambitions mais trop peu de véritables projets. Si ce n’est l’expérimentation de la « taxe incitative », qui fait peser sur le budget des ménages la responsabilité de la, nécessaire, réduction des déchets.

Voici l’intervention sur le sujet de Jean-Claude Feugas pour le groupe communiste. « C’est avec une grande attention que nous avons lu cette délibération, la bataille pour la réduction et l’ambition d’aller vers “0” déchet est un cap que nous partageons comme nous avons pu l’exprimer ici à plusieurs reprises.

Travailler à développer l’économie circulaire, responsabiliser autour de l’éco-conception pour, en amont, produire de manière nouvelle, sont, à notre sens, des nécessités pour le développement de notre société, aujourd’hui comme demain.

La délibération, qui nous est présentée sur ces sujets, trace quelques perspectives intéressantes mais mérite, à notre sens, que nous allions bien plus loin. Et à bien lire ce qui nous est présenté, ce qui est à ce jour le plus avancé est la question de la taxe incitative.

Pour notre part, nous restons convaincus qu’il reste de nombreux efforts pédagogiques à faire en direction de nos concitoyens, à développer partout où c’est possible le compostage et pas seulement dans les zones

pavillonnaires, autant d’éléments que nous et d’autres ont abordé dans ce conseil et sur lesquels notre établissement reste par trop timide.

Par contre, nous avançons sur cette taxe. Nous l’avons déjà dit, nous ne partageons pas sa philosophie. Elle n’est pas à, notre sens, un outil de réduction des déchets ou, comme certains peuvent l’avancer, un outil de responsabilisation mais tout simplement une taxe qui vise à faire tendre vers l’équilibre comptable de notre budget et nous faire sortir de la logique de service public et de solidarité.

Pour tous ces éléments et malgré les bonnes intentions affichées, nous voterons contre cette délibération. »

ACTUALITÉ

Editorial

ÉVASION FISCALE

Pomme de discorde entre Apple et le PCF

Aix-en-Provence, Paris, Bordeaux… Plusieurs centaines de personnes se sont rassemblées, samedi 22 octobre, devant les enseignes Apple à l’appel du Parti communiste pour dénoncer la fraude et l’évasion fiscale orchestrée par la multinationale. À Bordeaux, le porte-parole du PCF, Olivier Dartigolles a demandé « une véritable volonté politique pour y mette fin » et exige qu’Apple qui dispose d’un trésor de guerre de 13 milliards d’euros « paye ses impôts en France ».

Devant l’un des 21 « Apple store » du pays, les militants de Bordeaux sont eux aussi mobilisés. « Nous organisons cette journée de sensibilisation contre l’ évasion et l’optimisation fiscale mise en place par ces grands groupes internationaux, explique Olivier

Dartigolles. Il se trouve qu’Apple, par des mécanismes bien rodés, échappe à l’impôt en France alors qu’ici, autour, les autres commerces les paient. Plus précisément, il paie 0,005 % d’impôtsen France et vient d’être condamné à verser 13 milliards d’euros en Irlande, ce qui représente l’équivalent de 20 hôpitaux. On voit bien qu’on est là devant des volumes colossaux ».

Le porte parole du PCF rappelle qu’un livre rédigé par les deux parlementaires communistes, le sénateur Éric Bocquet et le député Alain Bocquet, intitulé Sans domicile Fisc, dénonce tout cela en faisant le diagnostique de ce système de société offshore et de paradis fiscaux qui permettent à des entreprises d’échapper à l’impôt. Les auteurs font aussi des propositions. « La première des propositions est de protéger les lanceurs d’alerte qui sont souvent les premiers à avoir le courage de dénoncer ces

Des moments de rencontres citoyennes construisant l’espoir

pratiques, précise Olivier Dartigolles.

Il faut ensuite des moyens à la police et à la justice pour mettre fin à cette évasion fiscale. Nous demandons de mettre fin au “verrou de Bercy”, c’està-dire la nécessité d’obtenir l’accord du ministre des Finances pour diligenter une enquête suite à un délit de cette nature. Enfin, nous proposons d’aller vers une conférence internationale sur la fiscalité, comme on a su le faire sur les enjeux climatiques, pour mettre en lien toutes celles et ceux qui ne supportent plus cette énorme saignée dans les fonds publics alors qu’il y aurait tant à faire pour le développement humain et environnemental. Tout le monde sait parfaitement comment tout cela est organisé, ce qu’il faut c’est une volonté publique, donc politique, pour y mettre fin. » CD

CETA

Le non wallon pointe la nécessité d’un débat démocratique C’est une victoire importante pour les opposants à l’accord de libre-échange entre l’Union européenne et le Canada. L’opposition inflexible des dirigeants de la Wallonie, en Belgique, a rendu impossible, le grand raout prévu pour sa signature cette semaine.

Jeudi, les chefs d’État de toute l’Union européenne et du Canada devaient se retrouver à Bruxelles pour célébrer la signature du Ceta, l’accord de libre-échange entre les deux puissances. Mais au terme d’une semaine rocambolesque, entre pressions, chantages et ultimatums, les représentants de la région wallonne et des francophones de Belgique ont réussi à imposer un report sine die avant l’adoption éventuelle de ce traité international. Lundi, en début d’après-midi, à l’issue d’une rencontre avec les dirigeants des institutions régionales et communautaires du royaume, le premier ministre belge, Louis Michel, francophone libéral et fervent partisan du libre-échange, a dû l’admettre à contrecœur : « Nous ne sommes pas en état de signer le Ceta. On nous a demandé de donner une réponse claire aujourd’ hui. La réponse claire à ce

stade, c’est non. » « En faisant le choix de ne pas céder aux oukases des chantres de l’ultralibéralisme, qu’ils viennent d’Ottawa ou de la commission de Bruxelles, le ministre-président de Wallonie, Monsieur Paul Magnette, fait surtout preuve d’une immense lucidité, a commenté André Chassaigne, président du groupe communiste et apparentés à l’Assemblée nationale. En rappelant “avoir toujours refusé de s’ inscrire dans un calendrier contraignant afin de donner suffisamment de temps à l’examen démocratique et parlementaire des textes”, et que “l’établissement d’un éventuel ultimatum n’est pas compatible avec l’exercice de ce droit démocratique”, il signifie simplement aux responsables des institutions européennes que les droits démocratiques des citoyens sont encore, en Belgique, supérieurs aux injonctions des magnas de la finance. » Le député a rappelé que CETA et TAFTA visent l’abaissement des normes sociales, sanitaires et environnementales, et une vaste mise en concurrence de secteurs clés comme l’agriculture, la santé publique et les marchés publics, en créant aussi « un droit des affaires contre les droits humains », selon la formule de Patrick

Le Hyaric. Il prévoyait même la création d’un tribunal arbitral privé permettant aux multinationales de porter plainte contre les États.

Signé en 2014 par le gouvernement canadien, le Conseil et la Commission européenne, était en passe de s’affranchir de la barrière démocratique des peuples. Mais, le 13 mai 2016, devant les mobilisations populaires contre ces traités depuis 2 ans, les 28 États membres de l’Union européenne ont demandé qu’il ne soit définitivement ratifié qu’après un vote des parlements nationaux en plus de celui du Parlement européen.

Malgré cette demande, le Président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker, renouvelait publiquement le 29 juin 2016 son intention de tout faire pour se passer du débat et du vote des parlements nationaux sur cet accord. Cependant, le 5 juillet 2016, sous la pression citoyenne et politique, le collège des commissaires européens a dû finalement décider que ce texte ne relevait pas de la compétence exclusive des institutions européennes mais aussi des États. Il a donc renoncé à adopter ce traité commercial sans l’aval des parlements nationaux.

Rencontrer les citoyen-ne-s, cela construit l’espoir, c’est ce qu’à Cenon, comme sur de nombreux points rencontres, des militants communistes auront vérifié tant avec l’enquête Que demande le peuple qu’avec sa restitution et la pétition, « 2017, vivement la gauche ! », mise à la disposition des citoyens, dont l’intérêt ne va qu’en grandissant.

Ainsi samedi dernier, devant la poste, 5 militants se sont partagés la distribution du 4 pages de restitution de la Grande consultation et la pétition sur 2017 à faire signer. En une heure, ils ont pu interpeler et débattre avec 30 personnes qui, toutes, ont soutenu la démarche en apposant leurs noms, adresses et signatures. Un tel résultat a agréablement surpris les militants, même si des personnes, peu nombreuses finalement, ne se sont pas arrêtées, tant la grande majorité de leur temps a été consacrée au débat avec les signataires.

En prenant du recul sur ces débats et les résultats très prometteurs de ces initiatives, il faut noter quelques constats. Tout d’abord, toutes les signatures sont venues après nécessité d’un débat devant lever nombre d’interrogations sur la forme et le fond de cette démarche d’appel au rassemblement. Ensuite, une petite dizaine de signataires restait encore peu confiante sur cette possibilité de rassemblement.

Il nous faut aussi entendre ce qui n’est pas dit.

Aucune des personnes rencontrées n’a interrogé les militants sur les candidats déclarés, pas plus que les questions économiques, sociales, internationales, environnementales ne sont soulevées.

Certes elles sont abordées avec le 4 pages de restitution de la Grande consultation, mais elles méritent aussi d’être amenées dans le débat portant cette pétition pour une candidature unique et progressiste à gauche.

C’est cet apport décisif qui nous permettra de mieux reconquérir le débat idéologique et ainsi permettre de faire grandir une pleine alternative politique ouvrant, avec encore plus d’intérêt citoyen, aux candidatures pour les présidentielles et les législatives.

Profitons, multiplions ces rencontres, véritable bol d’air frais face aux débats marécageux politiciens qui nous entourent médiatiquement et ainsi faisons mesurer nos capacités à les dépasser ! Faisons profiter tous nos camarades, y compris ceux qui sont encore timorés, de ce bol d’air véritable moteur idéologique pouvant mettre structurellement en cause cette Ve République, à bout de souffle dans toutes ses institutions nationales et locales !

Décidément, que d’intérêts à multiplier ces rencontres qui donnent pleine lisibilité à l’identité communiste dans son combat pour une révolution démocratique pouvant permettre de rendre majoritaire le rassemblement populaire.

Max Guichard membre de l’exécutif du PCF 33

Les Nouvelles 27 octobre 2016 • 3

TRANSPORT F

Les feux sont au rouge pour la LGV… Remises sur les rails par le gouvernement, les LGV BordeauxToulouse et Bordeaux-Dax sont pourtant sur la sellette. Avec des philosophies différentes, de nombreuses voix commencent en effet à contester leurs logiques et à entendre, enfin, les difficultés des usagers des trains du quotidien.

Le gouvernement a eu beau vouloir passer en force sur le grand projet ferroviaire du Sud-Ouest (GPSO), le moins que l’on puisse dire est qu’il a du plomb dans l’aile… Après l’avis défavorable rendu en mars 2015 par la commission d’enquête qui s’était penchée sur la question de l’utilité publique des nouvelles lignes proposées vers Dax et Toulouse, le gouvernement avait en effet forcé le passage, déclarant seul l’utilité publique de ces lignes et pensant ainsi ouvrir la voie royale à leur faisabilité. Ayant d’une seule voix dénigré « la mode du refus de tous les grands projets », les présidents de régions Alain Rousset et Martin Malvy et le maire de Bordeaux, Alain Juppé, avaient alors félicité l’Etat d’être ainsi passé par dessus l’opinion argumentée de nombre d’observateurs, d’élus locaux et de citoyens.

Un an plus tard, le chemin est semé d’embuches. Pour des raisons financières d’abord. Entre Tours et Bordeaux, au moins 34 des 58 collectivités locales qui devaient amener leurs financements ont fait défaut.

Résultat, il manquait début 2015 près de 795 millions d’euros dans les caisses de l’Agence de financement des infrastructures de transport en France (Afitf) qui se retournait alors vers les collectivités restantes et vers l’Etat. En cette rentrée 2016 et alors qu’il doit avancer l’argent pour le financement d’études préliminaires et d’acquisitions foncières, le président de Bordeaux-Métropole multiplie les conditions afin de ne pas se retrouver seul à financer à l’arrivée.

Il est en cela aidé par son adjointe en charge du dossier, Virginie Calmels, qui est aussi conseillère régionale en campagne permanente contre Alain Rousset et qui voudrait bien le mettre en difficulté concernant la défaillance avérée de la région PoitouCharente sur Tours-Bordeaux.

Région « Nouvelle Aquitaine » et Métropole bordelaise se regardent donc en chiens de faïence, tentant d’éviter d’être la première à verser au pot. Ainsi, alors qu’Alain Juppé a fait voter au conseil de métropole du 21 octobre 2016 de premiers financements sous condition de participation de la région, Alain Rousset a fait retirer de l’ordre du jour du conseil régional réuni trois jours plus tard, les 5,6 millions d’euros programmés pour les mêmes études. Au sein de l’hémicycle régional, le groupe Europe-Ecologie-Les-Verts avait fait de cette question un point dur que le président, grand promoteur des LGV, a préféré esquiver. Car le groupe écologiste n’est pas le seul à contester les logiques sous-jacentes à ces LGV. Dans le journal SudOuest (1), son propre vice-président en charge des transports, Renaud Lagrave, s’alarmait quelques jours plus tôt des « logiques comptables » qui animent les acteurs régionaux des transports. En ligne de mire, les « cars Macron » qui « menacent le service public et symbolisent l’antithèse de l’aménagement du territoire ». « Et que penser, poursuivait l’élu landais, de la SNCF qui, au lieu de faire tout simplement son travail, joue un double jeu avec ses cars Oui-bus ? » Au final, ces compagnies aux bas coûts basés sur la « précarisation des salariés » et un « dumping agressif » finissent par appliquer la vieille devise libérale « à nous les bénéfices, à eux les déficits », en se tournant vers les collectivités locales lorsqu’il s’agit de maintenir

4 • Les Nouvelles 27 octobre 2016

des lignes dites déficitaires, comme entre Guéret et Montluçon.

Une tribune qu’aurait dû lire son collègue socialiste Gilles Savary auteur d’un rapport d’enquête sur la mise en œuvre de la réforme ferroviaire.

Un rapport d’abord tourné contre les cheminots, accusés de disposer de « 170 jours de repos par an contre 129 dans le privé » et de faire supporter à la SNCF leur masse salariale, « 80 % des coûts de fonctionnement » de celleci. Très vite, l’élu girondin du PS en arrive à une conclusion qui ressemble à s’y méprendre à la revendication de campagne de Virginie Calmels (Les Républicains) pendant les élections régionales : la mise en concurrence du transport régional. « Le marché des TER peut être ouvert à la concurrence, c’est officiel, pour 2023, dit-il. Mais il y a intérêt à anticiper et à mener des anticipations, pour ne pas répéter les erreurs commises lors de l’ouverture à la concurrence du fret. » Une logique que combat frontalement le PCF Girondin, qui réagissait sur cette proposition de la droite régionale : « L’ouverture à la concurrence ne règlera rien, la concurrence se fera sur les lignes que le privé jugera rentable et laissera à l’abandon nos lignes de proximité comme celle de Bordeaux-Le Verdon, écrivait ainsi Stéphane Le Bot, élu communiste du Médoc. Affirmer qu’ouvrir à la concurrence permettra de réduire les coûts et d’investir sur l’entretien des voies est un mauvais calcul ; Sinon, c’est comme pour les autoroutes, le public finance l’infrastructure et le

privé empoche les bénéfices ! » En panne de solution, le député Savary en vient cependant dans son rapport à la même conclusion qu’un rapport sénatorial (2) remis en septembre dernier : il faut en finir avec le « toutLGV » et remettre, vite, le réseau régional en ordre de marche. « Les grands projets d’investissement de type LGV sont dictés par des influences politiques et non par l’intérêt des usagers » dit-il. Le « Tout-LGV a mis à plat tout le réseau classique ; aujourd’hui 4000 kilomètres sont au ralenti. » Ce que vivent en effet les usagers du quotidien des TER. Ce que dénoncent les élus communistes et qui justifie donc amplement de mettre un coup d’arrêt à un GPSO déjà plus que précaire alors que des investissements utiles sont tellement urgents.

Vincent Bordas 1 - « À eux les bénéfices, à nous les déficits », Renaud Lagrave, Sud-Ouest, mardi 18 octobre 2016.

2 - Rapport au Sénat sur le financement des infrastructures de transports, 18 septembre 2016.

COUP DE GUEULE

Pour la dette privée, l’argent n’est plus aussi rare…

Le r a p p o r t r e n d u a u Sénat le 18 septembre 2016 a conseillé de ne pas prendre en charge la dette de la SNCF. Conclusion à laquelle se sont opposés les sénateurs communistes et qui provoque la colère de la CGT Cheminots. Explications.

La loi du 4 août 2014 portant réforme du système ferroviaire entre en application et elle ne règle rien.

L’absence totale d’ambition de l’État pour le service public le conduit à se reposer de plus en plus sur les règles du marché pour réguler l’activité ferroviaire. Les trains d’équilibre du territoire (TET) sont sacrifiés car non rentables.

Mais depuis quand l’équilibre du territoire n’est-il qu’une question de bénéfice !?

Et de leur côté, les « cars Macron » connaissent leur premier plan social, des dessertes sont déjà abandonnées laissant les populations sans solution de transport collectif. Le marché libéral c’est ça ! Enfin, la question de la dette du groupe public ferroviaire (52 milliards d’euros) vient d’être enterrée par le gouvernement à la suite de la remise d’un rapport en août 2016. Alors qu’elle étouffe le mode ferroviaire.

En revanche, lorsqu’il s’agit de dette privée l’argent n’est plus aussi rare.

Le partenariat public-privé associant EIFFAGE à une société espagnole pour l’exploitation des 40 km de lignes entre Perpignan et Figueras se terminera par une liquidation judiciaire. Et les États français et espagnols vont reprendre les 545 millions de dette accumulés par le privé !

Dans ce contexte, l’annonce du président Pepy qui veut supprimer 28 000 emplois de cheminots en 7 ans montre que ce sont les usagers et les cheminots qui vont payer la dette de l’État. La bataille pour la défense du service public ne fait que commencer. La Fédération CGT appelle les cheminots à multiplier les luttes locales contre les conséquences de cette politique inepte de la direction SNCF et du gouvernement et pour « La voie du service public SNCF », seul projet alternatif qui existe aujourd’hui pour défendre l’intérêt général.

FERROVIAIRE FACE AUX « GRANDS PROJETS »

HARMONISATION TRANSPORTS

La voix des citoyens doit se faire entendre !

Le développement du transport régional ne peut attendre le GPSO

Il y a deux ans, un jeune homme trouvait la mort dans un conflit qui aurait pu être évité autour du barrage de Sivens (Tarn). Conflit qui aurait pu être évité si le débat démocratique avait été respecté.

Ce sont pourtant les mêmes méthodes qui sont à l’œuvre pour les nouvelles LGV au Sud de Bordeaux…

Deux ans après le drame, les plaies ont toujours du mal à se refermer. Les hommages à Remy Fraisse, militant écologiste de 21 ans mort suite à une intervention policière autour du barrage de Sivens, ont tourné à l’affrontement entre « Zadistes » et militants de gros syndicats de l’agriculture. En octobre 2014, l’émotion née de ce drame a été immense et semblait partagée par tous. D’autant que chacun avait pu, dans les mois qui ont suivi, prendre connaissance des carences manifestes du projet de barrage et de la possibilité de réaliser, comme l’expliquait depuis longtemps nombre d’élus et de militants du Tarn, des ouvrages plus modestes et plus utiles.

Cet épisode aurait dû servir de leçon.

Il aurait dû interpeller les élus sur la capacité de notre démocratie à ne pas être seulement représentative mais à apprendre de la participation citoyenne directe. Hélas, à lire les réactions de quelques grands élus sur les dossiers du grand projet ferroviaire du Sud-Ouest (GPSO), comme hier sur l’autoroute ferroviaire Atlantique (AFA), on ne peut que constater que la remise en question n’est pas d’actualité. Alors que dans un cas comme dans l’autre, des élus locaux et des citoyens se sont mobilisés avec calme, intelligence et même avec le souci de ne pas rester dans le statut quo, certains se sont bornés à n’y voir qu’un « effet de mode », un refus systématique des grands projets. A Tarnos pourtant, les citoyens débattaient depuis de longues années sur les conditions d’un développement industriel et logistique respectueux de l’environnement et compatible avec une densification de l’urbanisation. Ce n’est pas une mince affaire à laquelle ils se sont attelés, avec le

maire communiste Jean-Marc Lespade et qui les a conduits à s’opposer à ce que leur ville accueille le terminal de cette « autoroute ferroviaire ».

Concernant la LGV vers Toulouse, les élus locaux et le collectif d’associations ont produit un argumentaire très précis qu’ils ont très tôt doublé d’une recherche d’alternatives crédibles. Ces alternatives vont dans le sens de la recherche d’une plus grande mobilité des populations du grand Sud-Ouest et au-delà. Plutôt que de prendre des grands airs, les défenseurs du GPSO feraient pourtant mieux de prendre le temps de l’argumentation sérieuse, construite et positive. Il ne suffit pas en effet de proclamer que nos territoires ont « besoin de la grande vitesse » pour justifier un projet de LGV qui coûterait près de 9 milliards d’euros et plus de 3 000 hectares de terres agricoles sacrifiés. Il faut lire le rapport des commissaires enquêteurs remis en 2015, pour comprendre que la rénovation de la ligne existante entre Bordeaux et Toulouse est aussi un projet pour la grande vitesse.

Qu’on en juge : en aménageant simplement des évitements (« shunts ») à Port-Sainte-Marie (47) et Moissac (82), la modernisation de la ligne existante permettrait d’atteindre Toulouse en 1h25 depuis Bordeaux quand le GPSO établit la même performance en 1h19… Une opération qui coûterait 2,8 milliards. Soit un différentiel de 6 milliards pour un écart de 6 minutes de temps… !

La différence entre les deux projets, c’est évidemment une conception

différente de la desserte ferroviaire du territoire. Pièce maîtresse de la mise en concurrence du réseau ferroviaire au niveau européen, la LGV ne s’embarrasse évidemment plus des dessertes des petites et moyennes villes qui sont pourtant l’essentiel des besoins des populations. Chaque jour, 9 usagers sur 10 de la SNCF voyagent en effet sur un autre train qu’un TGV. La SNCF, c’est 5 millions de voyageurs par jour quand le TGV en représente seulement 300 000 par jour. C’est donc bien le modèle du tout-TGV qui est critiqué et son impact sur la vie des territoires traversés ; tout comme il l’avait été par un rapport de la Cour des comptes et plus encore par les syndicats de cheminots.

Dans ce contexte, il est donc inconcevable que les grandes collectivités du Sud-Ouest ne rouvrent pas le débat sur le type d’aménagements ferroviaires nécessaires pour nos départements et nos régions. Et ce débat doit permettre de réinterroger le développement de nos territoires.

En Haute-Garonne, comme en Gironde et dans le Lot-et-Garonne, les citoyens n’ont que faire du maillage des grandes métropoles européennes.

Il y a en revanche un grand besoin de trains du quotidien, reliés à un puissant réseau national et européen.

Il faut donc entendre les arguments avancés et avancer très vite pour développer vraiment le réseau ferroviaire.

VB

Gare de Gueret ,13 juin 2015

Claude Mellier a saisi l’occasion d’une délibération sur les transports dans le département pour revenir sur le débat autour de la rocade et demander que les aménagements ferroviaires nécessaires au Sud de Bordeaux soient déconnectés du sort, plus que précaire, des LGV vers Dax et Toulouse. « Monsieur le Président, mes cher-es collègues, Cette délibération évoque les partenariats entre la métropole et le département pour le développement des infrastructures de transports.

Je saisis cette occasion pour insister sur la nécessité de mieux développer cette collaboration que ce soit avec le département et la région. Vous y êtes revenu à juste titre, monsieur le Président, à l’occasion du débat ouvert ces dernières semaines par le journal Sud-Ouest sur la question de la rocade.

Nous pouvons tous faire le constat de la situation de thrombose dans lequel est notre périphérique, même si les élargissements réalisés et à venir peuvent ponctuellement en améliorer la fluidité.

Mais autant le dire, ce débat nous laisse sur notre faim et il y a de quoi être surpris par le contenu de certaines interventions qui continuent de consacrer la route comme seule réponse.

C’est dans un autre sens qu’il nous faut regarder afin de répondre aux besoins sociaux, économiques et environnementaux. En premier lieu parce que nous sommes loin d’avoir épuisé les solutions qui sont à notre disposition.

La première qui est un enjeu national est celle du redéploiement du fret ferroviaire. La SNCF a mis en place une politique fret qui, plutôt que relancer l’activité, l’a démantelé au fil des années, la soumettant à des logiques de rentabilité et laissant cette branche exsangue, jusqu’à conduire à l’abandon du wagon isolé. Cette politique a

donc alimenté le tout routier.

Il en va de même sur la politique des trains régionaux, sur laquelle le vice-président chargé des transports au conseil régional vient de dire des choses assez justes. Si de nets progrès ont été accomplis ces dernières années, il reste beaucoup à faire pour les TER. Le manque de moyens humains, la dégradation du matériel entrainent une dégradation du service sur certaines lignes qui les rende de moins en moins fiables, et donc moins pertinentes pour les usagers. Il faut que l’État, la région, la SNCF, mettent les moyens nécessaires pour répondre aux besoins urgents et grandissants.

En ce sens nous nous félicitons des avancées sur la ligne de ceinture, du travail commun entamé avec la région et la SNCF. Mais il est clair que des blocages continuent de persister, notamment sur Talence-Médoquine, pour l’essentiel liés à la réalisation et au financement précaire du GPSO. Je réitère donc la proposition faite hier en bureau, de dissocier la réalisation des aménagements au Sud de Bordeaux (AFSB) et au Sud de Talence. Si le GPSO est précaire, le développement du transport régional est urgent et ne peut attendre.

Enfin, il y a une urgence qui relève directement de notre pouvoir, c’est celle de l’utilisation du fleuve. Même si nous avons mis en place les navettes fluviales, elle reste aujourd’hui trop marginale. Il faut maintenant lancer de véritables études, sérieuses, pour développer une filière de fret fluvial.

Cela demande, des collègues l’ont dit, de réserver des espaces, à Euratlantique par exemple.

Voilà mes chers collègues, les quelques remarques que je voulais faire. En voyant bien que toutes les solutions ne sont pas ici, il faut passer un cap.

Autrement, les injonctions au report modal n’auront, comme nous l’avons déjà expliqué ici, que des outils restrictifs sans réelles alternatives valable pour ceux qui sont aujourd’hui des usagers contraints de la rocade. »

Les Nouvelles 27 octobre 2016 • 5

INTERNATIONAL CALAIS

Le ballet des bus avant celui des bulldozers Alors que des migrants voulant « absolument » rejoindre le Royaume-Uni, « ont commencé à se disperser » dans plusieurs endroits du Pas-de-Calais et sur le littoral belge, le PCF craint, à l’approche de l’hiver, « le retour à la clandestinité, dans des mini-jungles, avec le risque de voir s’organiser une véritable traque aux migrants » et la « criminalisation des militants » solidaires des réfugiés.

Le sort incertain des mineurs isolés

Lundi, a débuté à Calais ce que la préfecture nomme une « opération de mise à l’abri » et le gouvernement « une opération humanitaire ». 2 000 réfugiés ont ainsi rejoint l’un des 450 centres d’accueil aux quatre coins de la France. Le lendemain matin, commençait la destruction du bidonville, encadrée par 1 250 policiers et gendarmes. « Quelques jours avant la destruction annoncée de ce campement créé par l’État à la fin de l’ hiver 2015, l’atmosphère, au milieu des baraques de fortune, est chargée d’un nuage d’incertitude, écrit Émilien Urbach, envoyé spécial de l’Humanité. Le temps semble s’être arrêté dans ce lieu habituellement en permanente ébullition. On attend que le jour vienne. Le jour où ceux qui ont tout abandonné et qui ont tout reconstruit ici devront à nouveau renoncer à tout. Malgré des conditions de vie indignes, ces lieux représentent, pour beaucoup, la communauté reconstituée, des amitiés et la solidarité retrouvées. Le souvenir des violences policières qui ont entaché le démantèlement de la partie sud du bidonville, en mars dernier, est encore dans tous les esprits. Chacun oscille entre peur, incertitude et espoir. » La préfète du Pas-de-Calais, Fabienne Buccio, a pris « un arrêté d’expulsion » de tous les occupants du camp de la Lande (nom officiel de la Jungle), donnant « 72 heures » aux « occupants sans droit ni titre » du camp pour « quitter » les lieux, à l’exception des « mineurs étrangers isolés ».

L’arrêté a été affiché vendredi, en plusieurs langues, en plusieurs points de la Jungle. 6 400 migrants selon les autorités, 8 143 selon les associations s’entassent sur ce site d’une dizaine d’hectares. Après une répartition dans un grand hangar organisé « comme une gare routière », les volontaires, qui pourront choisir entre deux régions, seront conduits, en bus, vers des Centres d’accueil et d’orientation (CAO). Quelque 7 500 places ont été mises à disposition dans envi-

ron 450 CAO à travers le pays et 150 affrétés. Les mineurs isolés resteront, eux, dans un centre situé juste à côté du campement, en attendant que leur procédure aboutisse, que ce soit au Royaume-Uni ou en France.

Le discours ne convainc pas

Le gouvernement affirme tout mettre en œuvre pour que « chaque personne présente sur la “ lande” de Calais, au terme d’une information claire, se voitproposer une mise à l’abri humanitaire sur notre territoire dans le respect de ses droits établis, et un accompagnement correspondant à sa situation individuelle ». Mais à bien des égards, le communiqué ne convainc pas. De nombreuses personnes ne monteront pas dans les bus. Certains sont déjà partis par leurs propres moyens. Des activistes préparent l’ouverture de nouveaux squats… La jungle, de plus, n’est pas seulement habitée par de potentiels demandeurs d’asile. De nombreuses personnes ayant obtenu le statut de réfugiés n’ont pas trouvé de loge-

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ment, ni de travail et ont rejoint le bidonville. On trouve aussi ceux qui ont été déboutés de leur demande de protection et qui se retrouvent privés de tout droit. Dans les deux cas, les CAO ne seront certainement pas leur destination finale. Mais dans leur grande majorité, les habitants de la jungle, selon le règlement de Dublin, ne peuvent pas demander l’asile dans un autre pays de l’Union européenne que l’Italie ou la Grèce, où ils ont laissé leurs empreintes digitales en débarquant sur le continent. Eux non plus n’imaginent pas être placés dans un CAO. Le 19 septembre, Bernard Cazeneuve, dans une note adressée aux préfets, faisait le constat accablant du manque de 3 000 places en CAO, sur les 9 000 qu’il jugeait nécessaire de créer dans le cadre du démantèlement du bidonville. Il demandait alors aux autorités préfectorales d’accélérer les procédures d’éloignement. Dans ces conditions, même si pour beaucoup d’entre eux le Royaume-Uni ne représente plus l’eldorado tant convoité quelques mois en arrière, les exilés espèrent

passer au plus vite en Angleterre, quitte à prendre plus de risques.

Vives réserves des associations

Les associations, comme l’Auberge des migrants, craignaient des violences consécutives à l’évacuation du camp, voire une véritable chasse à l’homme pour ceux qui n’attendent qu’une chose, traverser la Manche pour rejoindre l’Angleterre. Même crainte chez Emmaüs où le président de la fondation se dit opposé à ce démantèlement « rapide et brutal ».

L’association avait demandé « le report de l’opération pour la prise en charge de chacun dans le respect et la dignité ». « Il est hors de question de collaborer avec (ce qui est) sous le vernis de la communication une opération plus policière qu’humanitaire », avait déclarait aussi le Secours Catholique.

De nombreux partis politiques ont réagi à l’évacuation du bidonville de Calais dont le PCF. Il affirme que ce n’est pas tant « le démantèlement de la jungleen soi » qui pose question mais les conditions de cette évacuation.

RÉFUGIÉS

Pas en notre nom L’éditorial de Maurice Ulrich, l’Humanité du 25 octobre.

Quel est cet étrange pays où la justice poursuit ceux qui veulent vêtir ceux qui ont froid, nourrir ceux qui ont faim. Alors que se poursuit l’évacuation à Calais, comment ne pas revenir un instant sur la garde à vue de Cédric, cet agriculteur de la vallée de la Roya qui, avec d’autres habitants de son village, avait simplement décidé de donner quelques vêtements et à manger aux migrants de passage. Eh bien, disons-le haut et fort, ce ne peut pas être en notre nom. Que s’est-il donc passé, progressivement, insidieusement au cours des dernières décennies pour que nous en soyons là ? Pour que soit suspecte la simple humanité ? Pour qu’une part de nos concitoyens ne parvienne plus à se reconnaître dans le visage de l’autre, jusqu’à mettre le feu à des lieux d’accueil pour des hommes, des femmes et des enfants chassés de leur pays par la faim ou la guerre ?

Nous avons parlé de la « jungle ». Comment ce mot a-t-il pu devenir d’usage courant, sans que l’on s’alarme davantage ? Comment a-t-on pu laisser s’installer cette situation, si ce n’est parce que la France, cinquième puissance mondiale, s’est jusqu’alors refusée à toute véritable politique d’accueil. Oh, certes, comme dans toute l’Europe, la question des extrêmes droites n’est pas marginale, mais trop de politiques, de droite comme d’une certaine gauche, ont préféré le calcul politicien à la condition humaine. Fort heureusement, cette France-là, étroite, identitaire, n’est pas celle de tous. Comme dans la vallée de la Roya, nombre d’hommes et de femmes, d’associations œuvrent pour un accueil digne, une insertion, un apprentissage de la langue, la recherche d’un travail…

Sans doute fallait-il en arriver à ce démantèlement du bidonville de Calais et on ne peut que souhaiter qu’il se déroule au mieux, dans le respect de la dignité et du parcours souvent terrible de ces migrants qui ne veulent pas autre chose que vivre, travailler, aimer. Mais ce démantèlement ne peut se suffire en lui-même. La France de la fraternité inscrite au fronton de nos mairies doit agir et se faire entendre bien plus fort que les paroles de haine.

Sujet extrêmement sensible, les mineurs vivant dans la jungle (1 291 se sont déclarés comme tels). Ils ne doivent pas quitter Calais mais être hébergés provisoirement - pendant une ou deux semaines, en attendant que leur dossier soit instruit - dans deux structures en dur, le Centre d’accueil provisoire (CAP) et le Centre Jules Ferry. Selon l’Office français de protection des réfugiés et apatrides (Ofpra), les mineurs « relèvent du droit à la protection à l’enfance » et ne sont pas éligibles au dispositif des CAO. Le conseil de l’Europe avait déjà pointé « la précipitation » et le manque de « plan précis » proposé par le gouvernement français pour la prise en charge des réfugiés notamment les mineurs. Le défenseur des droits, Jacques Toubon avait également souligné que « le dispositif d’accueil et de mise à l’abri sur place des mineurs non accompagnés » n’était « toujours pas opérationnel ».

Après le premier démantèlement, en février dernier, près de 100 enfants avaient ainsi été « perdus ».

C’est une immense tour de bois et de tissus. Sur une des planches qui ont servi à son édification, on peut lire : « I love humanity ». C’est un beffroi construit par un groupe d’architectes solidaires. Ils expliquent que 56 de ces édifices traditionnels érigés dans le nord de la France et en Belgique sont protégés par l’Unesco.

Ce 57e représente « la liberté de la communauté et son droit à l’autodétermination », comme l’ont garanti les 56 autres, il y a quelques siècles, face à la domination féodale et religieuse.

Crédit photo : Isabelle Serro

PCF DÉBATS PRÉPARATOIRES À LA CONFÉRENCE NATIONALE

Clarté et sincérité Comme dans tout le pays, les communistes des 24 sections du PCF en Gironde se réunissent jusqu’au 2 novembre pour débattre des propositions du Conseil national (CN) sur les élections 2017. Les comptes rendus de sections et de cellules tous transmis au CN - reflètent la recherche de clarté et de sincérité, dans le souci d’un rassemblement efficace à gauche, pour la présidentielle mais aussi pour engager sans attendre les états généraux législatifs avec nos militants-tes, concitoyens-nes et forces de gauche. (extraits) Section de Villenave d’Ornon

Les communistes villenavais « attendent les réponses à la lettre de P. Laurent à toutes les forces de gauche antiaustérité sur leur volonté de construire un rassemblement le plus large possible ».

Ils regrettent que les contestataires PS de la politique austéritaire « soient mis à mal » en participant à la primaire socialiste. Quant à Mélenchon, « il amène du rêve, en particulier chez les jeunes »… « Il veut nos voix mais nie l’existence des partis politiques » et ne représente pas le « rassemblement tel que nous le concevont ». Un candidat du PCF montrerait que « nous prenons nos responsabilités », « une proposition aux abstentionnistes », permettrait de « connaitre l’état réel de nos forces ».

Mais plane « le risque d’apparaître pour des diviseurs » et « d’un faible score ».

L’AG a mis en évidence que « nous ne devons pas lâcher sur notre conception de la mise en commun et du rassemblement ». Si plusieurs font le choix de poursuivre la démarche, d’autres préfèrent une candidatures PCF, très peu n’excluent pas « le soutien à Mélenchon en gardant notre autonomie ».

Pour les législatives (3e circonscription), les Villenavais versent au débat deux communistes, à parité, candidats à la candidature : Michèle JeanMarie et Guy Kaufling.

Cellule du Val de l’Eyre (Belin Beliet, Salles, Le Barp, St Magne, Lugos)

Les communistes veulent « lier les luttes sociales à des propositions politiques cohérentes » et estiment que « le retard à nous prononcer sur une candidature communiste, nous expose à dépendre d’un débat présidentiel hors sol par rapport aux aspirations, notre absence dans les médias amplifiant ce phénomène de vide politique ». Ils soulignent « des incohérences » comme « soutenir la candidature de JL Mélenchon, tout en se réclamant autonome ? » Certains pensent que « il est trop tard quant à une candidature communiste ». Une camarade propose « de voter JL Mélenchon … plus par défaut qu’adhésion à sa candidature », d’autres refusent ce soutien qui rendrait le PCF « dépendant d’une image controversée de la politique, à partir notamment de ses ambitions hégémoniques à gauche ».

Une candidature communiste « sans trop y croire », viserait à « replacer le

débat sur de véritables alternatives », « servir de point d’appui aux mobilisations populaires et de candidatures communistes aux législatives » pour « gagner un groupe communiste à l’Assemblée nationale ».

Section du Bassin d’Arcachon

« Se dégager du débat politicien de la présidentielle », « se mettre dans une position offensive pour gagner et regagner des députés à l’Assemblée Nationale »… « sur la base d’un projet politique rompant avec le capitalisme » est la priorité des communistes. En juillet, une AG a confié à Pierre Cléaz « la responsabilité de conduire la bataille des législatives, en sa qualité de communiste disponible » (8e circonscription). Sans attendre, « il faut répondre aux attentes du monde du travail et des quartiers populaires. » Ils notent que « malgré la bonne volonté de P. Laurent à persévérer dans la démarche de recomposition de la gauche, toutes les forces sollicitées se sont rapprochées de leur parti respectif (PS, EELV, Mélenchon…) » « Pour l’élection présidentielle, seule la possibilité d’avoir un candidat communiste, de rassemblement, est apparue majoritaire » avec « un programme comportant des lignes de ruptures, débattues avec la population. » Ils veulent engager les législatives en étant « autonomes sur la désignation de nos candidats ».

Dans la bataille nationale, ils veulent « s’appuyer sur les points dégagés par le CN : loi travail, politique industrielle, une autre utilisation de l’argent, accueil des migrant-e-s et des réfugiées, la paix, communes et services publics, mobilisations locales (ex. fruits et légumes) »…

Cellule Boria de Bordeaux

Au vu du contexte, les camarades ont estimé que « des trois hypothèses, aucune n’est idéale ». Pour une majorité d’entre eux, « l’idéal serait une candidature de rassemblement ». « Le PCF est nécessaire au changement en jouant le rôle de rassembleur, en œuvrant pour avoir les moyens de peser dans les batailles politiques » même si « regagner de l’influence demandera du temps ».

L’élection présidentielle « doit servir de tremplin, de point d’appui pour les élections législatives » où « le rassemblement des forces de gauche doit se faire à tout prix » mais « pas à n’importe quel prix ». Les arguments favorables et défavorables aux trois options proposées ont été analysés. Les camarades ont souhaité synthétiser leur position par un vote : Option 1 (pousser la demarche de rassemblement) : 1 voix, « assortie d’une condition : qu’en cas d’échec de la candidature de rassemblement, il y ait présentation d’une candidature communiste et non pas soutien à une candidature hors de nos rangs. » Option 2 (soutien candidature JLMélenchon) : 1 voix Option 3 (candidature communiste) : 8 voix dont 5 disposées à laisser la porte ouverte à une candidature de rassemblement quitte à retirer la candidature PCF au dernier moment.

Section des Coteaux macariens

Pour les législatives, les communistes ont décidé « d’organiser rapidement une rencontre des sections de la circonscription pour débattre des enjeux nationaux et d’une position commune aboutissant à des candidatures. » Ils ont évoqué « le manque de visibilité de la gauche actuelle », et rappelé les problèmes « lors de la désignation des candidats Front de Gauche aux Régionales, des cicatrices laissées sur le travail collectif possible ». « Il faut être lucides sur les éclatements issus de stratégies visant à des campagnes autonomes. » Si « le vote s’est porté sur Mélenchon et les candidats FdeG aux dernières élections, les choix à venir seront déterminants pour notre crédibilité localement ». Il faut « absolument des députés communistes pour être audible dans la vie politique nationale, avec ou sans accord avec les insoumis ! » Ils pensent que « travailler ensemble reste possible » même si « leur instransigeance vis à vis du PS pose questions ». « Si les socialistes, les communistes et les écolos ne s’entendent pas, porte est ouverte à la droite et l’extrême droite » et « cela ne sert à rien de reporter la responsabilité sur les autres comme le fait Mélenchon ».

Le débat se poursuit.

Section Les Graves

En AG le 26/09, les communistes ont débattu de la stratégie présidentielle et rédigé une motion (extraits) : « Le déroulement actuel … aurait dû être enclenché dès l’issue du récent congrès de notre Parti. » … « Le bilan des échéances précédentes aurait dû servir de base à la définition d’une stratégie d’action radicale, notamment la rupture avec la social-démocratie néo-libérale, même masquée derrière les postures d’opposition de certains, qui n’attendent que l’occasion de se rallier au futur vainqueur de la primaire socialiste. En se dégageant de la préoccupation d’assurer par une voie douteuse l’élection (ou la réélection) de nos candidats, un programme alternatif de gauche permettrait de dégager une force de rassemblement d’où sortirait clairement la personnalité de celui (ou celle) qui incarnerait ces valeurs »… « On observe une démarche inverse. » Ils demandent « une modification urgente de la procédure et du calendrier par nos instances dirigeantes ».

contacts avec les Verts et souhaitent interpeller Philippe Poutou (présent en 2012). Les camarades des Portes du Médoc (5e circonscription avec Nord Médoc) ont souhaité proposer « Stéphane le Bot en titulaire et Nicolas Ong en suppléant ». Les communistes de Nord Médoc ont souhaité rechercher « des candidatures femmes » pour proposer un binôme « à parité » (une rencontre des deux sections a acté les deux candidats hommes à la candidature-NDLR).

Collectif des communistes du canton de la presqu’île (Rive droite)

Sur les 3 hypothèses présentées, « très majoritairement, la recherche d’un rassemblement l’emporte, mais aussi les craintes pour y arriver ». Un autre

élément « le manque de confiance en JLMélenchon » revient fort. Donc, l’idée majoritaire est que « à l’issue de cette recherche de rassemblement pour un candidat de la gauche de transformation, si le résultat est négatif, nous devons proposer un candidat communiste ».

Quelques-uns jugent « nécessaire de le dire sans attendre », d’autres « ne se prononcent pas encore », d’autres relèvent « l’obstacle financier d’une candidature communiste », d’autres encore considèrent « que ça ne doit pas être un obstacle ».

Enfin, plusieurs AG se tenaient les 20, 21, 22, 24 octobre et d’autres jusqu’au 2 novembre. À suivre… résumés C. Texier, Vie du Parti 33

PCF RIVES DE DORDOGNE

Loto Dimanche 6 novembre, 14h30, salle du Verdet à Libourne, 12 rue de Toussaint Nombreux lots : robot multifonction, mini-four, expresso Tassimo Bosch, radio CD, bourriche, plancha, horloge suisse, paniers garnis, huîtres, imprimante, jeux et livres enfants, viandes, volailles, bourriche surprise, lampe céramique, jambon, etc.

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Un communiste dans sa ville

Après une rencontre animée par Evelyne Brouzeng et une séance de dédicaces, le 27 octobre à 18h30 à la Machine à Lire, à l’initiative d’Espace Marx, Vincent Maurin sera le jeudi 10 novembre, 18h30, salle Pierre-Tachou à Bordeaux Bacalan, en présence d’Hervé Mathurin, auteur, journaliste honoraire à Sud Ouest et André Desforges, éditeur des Dossiers d’Aquitaine ainsi que plusieurs invités surprise. Au programme : dédicace, vidéo, musique, apéro et buffet. S’inscrire par texto avec le nombre de personnes présentes au buffet au 07 86 59 96 35.

Section Nord Médoc

Présidentielles. « La multiplicité des candidatures à gauche crée une grande confusion et brouille le message de l’alternative qui devrait être claire face à la surenchère sécuritaire et haineuse à droite et extrême droite. » Interrogations sur « les propos polémiques de JLM à l’encontre des communistes » ainsi que sur « l’utilité d’y aller seul » au risque d’un « petit résultat »… « catastrophique pour une dynamique aux legislatives »… Législatives. « Audelà des candidatures », les camarades « souhaitent réussir le rassemblement de la gauche alternative. » Ils ont pris des

www.editionssociales.fr

Les Nouvelles 27 octobre 2016 • 7

CHRONIQUE

CULTURE & SOLIDARITÉ

NOUVELLES IDÉES REÇUES

CAMP DE SOUGE

par Gérard Loustalet Sens

Honneur au sacrifice des 256 patriotes

Médias en guerre

Le dimanche 23 octobre, 250 à 300 citoyens ont assisté à la cérémonie au camp de Souge. Jean Lavie a honoré le sacrifice des 256 patriotes. Il a rappelé les jugements sommaires, les fusillades d’otages civils pour leurs convictions (communistes, gaullistes ou socialistes), les massacres. Le représentant du préfet en assimilant l’idéologie nazie amenant à la folie

inhumaine et la catastrophe de Puysseguin, meurtrière certes mais simple accident routier, a heurté une partie de l’assistance. Beaucoup avaient plutôt à l’esprit les grandes menaces qui pèsent sur le vivre-ensemble et sur la paix dans le monde. Un message que ces cérémonies contribuent à alimenter chaque année.

La nouvelle exposition intégrant le

travail de recherche de l’association des dernières années et réalisée avec l’aide du journal Les Nouvelles de Bordeaux du Sud-ouest et de son graphiste, Denis Hervouet, a été vivement appréciée. Cette exposition sera disponible pour toute collectivité. L’association se tient à la demande de chacun.

Pierre Bordas

AÉRONAUTIQUE

Hommage aux 78 salariés morts en 1939-1945 Le samedi 15 octobre avait lieu, dans l’enceinte de Stélia aéronautique (ex SOGERMA), la cérémonie d’hommage aux 78 salariés morts sous les bombardements, assassinés ou déportés de 1939 à 1944 en raison de leurs engagements politiques et patriotiques.

Ces 78 patriotes travaillaient à la Société nationale des constructions aéronautiques du sud-ouest (SNCASO) ou à l’Atelier Industriel de l’Aéronautique (AIA).

La stèle, dédiée à leur souvenir, a été inaugurée en 1946 à Bacalan, en pré-

sence de Charles Tillon, ministre de l’armement. Fin 1949, la SNCASO disparait et l’activité aéronautique s’est déplacée sur Mérignac. La stèle a suivi ce transfert. Enfermée dans un espace clos, la stèle tombe plus ou moins dans l’oubli jusqu’en 2012 avec la création de l’Association pour la mémoire des martyrs de l’aéronautique, se donnant pour mission d’obtenir son déménagement dans un lieu plus visible, sur le domaine public. Après une intense activité, 372 adhérents d’horizons divers et le soutien d’une quarantaine d’entreprises, l’association est dans la der-

nière ligne droite. L’an prochain, la stèle doit être transférée sur l’avenue Marcel-Issartier. Patrick Gratchoff a souligné l’actualité du combat des patriotes pour la tolérance, les valeurs républicaines, contre la xénophobie, le racisme, l’antisémitisme, contre tous les intégrismes fanatiques. Il a alerté contre toutes les surenchères sécuritaires voulant enfermer dans la peur de l’autre, le repli sur soi, l’individualisme et l’égoïsme. Il appelé à la vigilance pour la fraternité, la paix et la démocratie.

PB

CONFÉRENCE / DÉBAT

« Pour la réhabilitation des fusillés pour l’exemple de 1914-1918 ! » Le Comité de la Gironde de l’ARAC, La maison des femmes, la Ligue des droits de l’homme, Ligue de l’enseignement, l’Union pacifiste, le Mouvement de la Paix, l’Appel des 100 et l’Union Rationaliste organisent une soirée autour de la réhabilitation des « fusillés pour l’exemple » de 19141918, jeudi 10 novembre à partir de 17h, Salle Capeyron-Mérignac. « Il y a 98 ans, l’armistice mettait fin au massacre de cet affrontement sans précédent que fut la guerre de 19141918. Les puissances impérialistes de l’époque, dont la France, avides de

territoires, n’hésitèrent pas à envoyer les gens se tuer les uns contre les autres. Résultat macabre : 1 400 000 morts, 740 000 invalides, 3 000 000 de blessés, des centaines de milliers de veuves et d’orphelins. Mais aussi, en quatre ans de conflit, 195 000 soldats dont 35 000 officiers qui eurent à faire à la « justice » militaire. 2 500 furent condamnés à mort, 639 furent fusillés pour l’exemple. La machine à tuer continua à fonctionner sans relâche : exécutions sommaires et déportations par milliers dans les bagnes d’Afrique du Nord.

Les fusillés pour l’exemple avaient le droit de dire NON à la guerre

et aux massacres ! Ils doivent être réhabilités ! » Déroulement :

17h : Ouverture de la salle, Visite des expositions de l’ARAC sur la guerre 14/18 et Les femmes en temps de guerre.

18h : Début de la conférence/débat avec le conférencier Pierre Roy de la Libre-Pensée.

19h15 : Prestation des femmes pacifistes et féministes 1914/1920 : lectures théâtralisées.

20h : Fin et pot de l’amitié, de la fraternité et de la paix.

ANNONCES LÉGALES MODIFICATION DE CAPITAL Les Nouvelles de Bordeaux et du Sud-Ouest S.A.S. au capital de 37 000 euros Associés (à parts égales) : L. Chollon, F. Mellier, S. Laborde Directeur de la publication : Frédéric Mellier Abonnement 1 an : 25 euros. Abonnement de soutien : 40 euros Rédaction, composition, impression : S.A.S. Les Nouvelles de Bordeaux et du Sud-Ouest 15, rue Furtado - 33800 BORDEAUX Tél. 05 56 91 45 06 - Fax 05 56 92 61 01 - Annonces légales : annonces@nbso.fr Comptabilité : compta@nbso.fr - Redaction/Proposition d’article : redaction@nbso.fr @nvlbx Les nouvelles de bordeaux nbso.fr Commission paritaire de presse : 0118 C 85932

8 • Les Nouvelles 27 octobre 2016

BLACKBERLINE33 SASU au capital de 1 500 € 206 rue Auguste Renoir – Saint Malo B 33400 TALENCE Suite à la parution de l’annonce dans le journal n° 2171 du 06/10/2016, la modification suivante est : Capital variable minimum : 1 500 € Pour avis,

Le siège de Mossoul a donc commencé. L’éradication de Daech nous est promise. Fort bien. Qui n’approuverait cette seconde proposition… Mais qu’implique la première ? De nouvelles tueries, massacres de civils, bombardements, terreur… Comme à Alep ! Mais déjà on nous explique que ce n’est pas pareil : à Alep ce sont des méchants qui écrasent un peuple sous les bombes, à Mossoul (plus d’un million d’habitants), ce seront des gentils. Et ça change tout, paraît-il, ce sera une dévastation humanitaire. Les mêmes causes ne produisant pas les mêmes effets, ce qui est « martyre » à Alep sera « libération » à Mossoul, remarque ironiquement Marc de Miramon dans l’HD (20.10 2016).

Et la fièvre guerrière saisit nos médias. On célèbre le théâtre des opérations, les forces qui convergent sur Mossoul, « forces spéciales » irakiennes, milices chiites, peshmergas…

Ah, les peshmergas ! On sait l’étonnant capital de sympathie des Kurdes dans nos médias, peut- être du fait que, au moins, ce ne sont pas des Arabes. Il y a bien une singularité ethno-linguistique kurde. Mais les Kurdes n’ont jamais constitué une nation, des tribus, des principautés, des émirats s’en partageaient le territoire. Eux aussi ont subi la brutalité coloniale d’un impérialisme occidental qui voudrait s’en faire aujourd’hui de nouveaux mercenaires. Mais les Kurdes sont habitués aux promesses. En 1920, le Traité de Sèvres leur a octroyé, sur les ruines de l’Empire ottoman un territoire autonome qui n’a jamais vu le jour. Il faut bien ajouter que les Kurdes, en 1915, ont participé activement au génocide des Arméniens. Ils sont aujourd’hui divisés. À l’ouest, en Turquie, le PKK (Parti des travailleurs du Kurdistan), toujours classé comme organisation terroriste, a une annexe en Syrie, le PYD et leur milice YPG est tantôt avec les uns tantôt avec les autres. À l’est, le PDK de Barzani est en rivalité avec l’UPK de Talabani.

Et voilà les peshmargas présentés romantiquement comme les combattants au cœur pur qui vont vaincre Daech quasiment à mains nues. Le pire pour eux, M. B.H. Lévy après les bides de Bosna ! et du Serment de Tobrouk, leur a consacré un film boursouflé qu’il a imposé, grâce à ses relations, au Festival de Cannes.

Les Kurdes ne méritaient pas ça.

C’est ainsi que nos médias prospèrent sur des clichés qui finissent par passer pour de l’histoire. Pensons aux malheureux Yézidis que les peshmergas sont censés avoir protégé alors qu’en août 2014 ils les ont carrément laissés tomber. Tout comme ceux que l’on s’obstine à appeler « Chrétiens d’Orient » alors que ce sont en fait des Arabes chrétiens, expression interdite comme si c’était un oxymore, comme si un Arabe ne pouvait être que musulman. Mgr Pascal Gollnish, prêtre catholique, directeur de l’Oeuvre d’Orient, le rappelait dans Sud-Ouest (03.05.2016), « Chrétiens d’Orient » est une invention occidentale, eux-mêmes se disent bien Arabes chrétiens. Michel Aflak (de rite grec orthodoxe), fondateur du Baas, Georges Habache (également de rite grec orthodoxe), fondateur du Front populaire de libération de la Palestine, Boutros Boutros-Ghali (copte), ex- secrétaire général de l’ONU, Tarek Aziz (de rite chaldéen) qui fut ministre de Saddam Hussein, etc. sont des Arabes chrétiens.

L’Occident a fabriqué un Orient imaginaire, « compliqué », à la fois méprisé et inquiétant. C’est l’Orientalisme que décrit le regretté grand intellectuel d’origine palestinienne chrétienne, Edward Saïd. Jacques Bidet rappelle ainsi une glorieuse forfaiture orientaliste de notre fameux « roman national », Bonaparte dans sa grande et impétueuse bonté, pendant la Campagne d’Egypte, en 1799, visitant les pestiférés de Jaffa. Sauf que la prise de Jaffa a donné lieu à trois jours et deux nuits de massacres, de pillage, de viols, à l’exécution de 3 000 prisonniers à l’arme blanche pour économiser les munitions ! (Collectifantiguerre.org). Le tableau de Gros, en 1804, immortalisera la bravoure du petit général et éclipsera la tuerie.

Avec son cynisme habituel, l’Occident va débarrasser Mossoul des monstres qu’il a lui-même enfantés. Car, malgré Goya, il n’y a pas que le sommeil de la raison qui enfante des monstres, les raisons du libre-échange aussi. La « conquête de nouveaux marchés », comme ils disent, n’a rien de pacifique et Montesquieu était bien naïf qui croyait que « partout où il y a du commerce, il y a des mœurs douces » (De l’esprit des lois, Livre XX, chapitre premier).