Nouvelles N° 2177

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Jeudi 17 novembre 2016 - N° 2177 - Hebdomadaire - 15, rue Furtado - 33800 BORDEAUX - Prix : 0,80 euro

LA VICTOIRE DE TRUMP À L’ÉLECTION PRÉSIDENTIELLE DES ÉTATS-UNIS A ÉTÉ ACCUEILLIE PAR UNE NUIT DE MANIFESTATIONS AUTOUR DU SLOGAN « PAS MON PRÉSIDENT ».


ACTUALITÉ SOIRÉE DÉBAT À MÉRIGNAC

« Pour un impôt plus juste et plus efficace » Jeudi 24 novembre, 18h30, salle des fêtes de Capeyron à l’initiative des communistes mérignacais et leurs élus-es, avec la participation de M. Fourcade, syndicaliste des Impôts, membre du Conseil Economique et Social Régional

COUTRAS

L’Ehpad Primerose sous tension

JUSTICE

Comment HSBC a caché 1,67 milliard à l’État français La banque britannique HSBC, comme la suisse UBS, a-t-elle aidé de riches Français à planquer leur argent ? Le parquet national financier en est convaincu ! Il vient de demander le renvoi d’HSBC devant le tribunal correctionnel, après avoir requis celui d’UBS en juin. La décision revient désormais aux juges d’instruction. Le réquisitoire contre HSBC révèle un « démarchage systématique des résidents fiscaux français » en 2006 et 2007. Les chargés d’affaires d’HSBC n’avaient jamais aucun document nominatif. La « politique commerciale était entièrement dédiée au blanchiment de fraude fiscale ». Au moins 1,67 milliards a ainsi été soustrait à l’État français. Ça ne s’arrête pas là, dans l’affaire SwissLeaks, en 2015, HSBC est accusé d’avoir fait transiter quelques 180 milliards d’euros sur des comptes en Suisse qui ont aussi échappé au fisc. Rebelote avec les Panama papiers, HSBC a ouvert quelque 2300 sociétés offshore via le cabinet panaméen Mossack Fonseca.

RENCONTRES-DÉBATS AVEC LES « FRÈRES BOCQUET »

Autour du livre Sans domicile fisc

Éric Bocquet, sénateur, et Alain Bocquet, député, viennent présenter leur livre Sans domicile Fisc en Gironde le mardi 29 novembre. Les deux frères, tous deux maires communistes dans le Nord, sont mobilisés sur le front de l’évasion fiscale. Auteurs de rapports parlementaires sur les paradis fiscaux, Éric et Alain Bocquet ont décidé de poursuivre leurs missions sur la piste des « Sans domicile Fisc ». Évasion, optimisation fiscale et fraude font perdre entre 50 et 100 milliards d’euros au budget de la France chaque année et 1000 milliards à l’Europe. « Conséquences de la lutte molle de nos gouvernements, expliquentils, l’école, la culture, l’hôpital, la justice, les équipements publics, les collectivités perdent des moyens pour répondre aux besoins des citoyens. Cette austérité qui mine l’État gangrène la démocratie, ouvre la porte aux extrémismes. » Et si l’on passait des paroles aux actes, proposent Alain et Éric qui ont imaginé un livre mobilisateur, citoyen, au-dessus des positions partisanes. Les deux auteurs préconisent des mesures directes concrètes pour la France, l’Europe, pour le monde. Objectif : réorienter la finance dans le droit chemin, au service des peuples. Nécessité : une mobilisation générale pour remettre le monde à l’endroit. Leur ouvrage, préfacé par Jean Ziegler, s’appuie sur une série de témoignages de personnalités de toutes sensibilités dont des hauts fonctionnaires internationaux, des magistrats, des banquiers et des enquêteurs spécialisés dans la délinquance financière. Plusieurs rendez-vous sur la journée pour les rencontrer et débattre : - De 11h30 et 14h, à la bibliothèque du CE de la région SNCF de Bordeaux (avec brunch) - De 17h à 19h, à Sciences Po Bordeaux pour le Grand oral des rencontres Sciences Po/Sud ouest - De 20h45 à 22h45, salle de l’Ermitage-Compostelle, 10 rue Bertrand Hauret au Bouscat, à l’invitation de Patrick Alvarez, élu local et président de l’Adecr 33 2 • Les Nouvelles 17 novembre 2016

Jeudi 10 novembre, le personnel de l’Ehpad public Primerose à Coutras débrayait 2 heures malgré les difficultés que représente une grève dans cet établissement, avec le soutien de l’Union locale et des retraités CGT. Il dénonce un « troisième âge à l’abandon » et « des agents au bord de la rupture ». Mardi en fin de journée, Véronique Kelner, secrétaire CGT du centre hospitalier de Libourne, sortait d’un rendez-vous avec le maire de Coutras, également président du Conseil d’administration de l’Ehpad. « Il s’est engagé à demander des moyens supplémentaires et nous attendons une rencontre avec l’Agence régionale de santé, indique Véronique. Par contre depuis notre mouvement de grève, nous n’avons plus de nouvelles du directeur de l’établissement. » L’histoire remonte au 26 octobre, quand la CGT dépose un préavis, dans cet établissement qui n’a jamais connu de mouvement social, en vue notamment de la journée nationale

de mobilisation des personnels hospitaliers du 8 novembre. « Le personnel en a assez d’aller travailler la boule au ventre parce qu’il est fatigué et qu’il a le sentiment de ne pas pouvoir faire son travail correctement, raconte la syndicaliste. Le directeur a alors demandé à rencontrer la CGT le 9 novembre. Nous y sommes allés avec des agents et une série de revendications pour pouvoir travailler plus sereinement dans le respect de la dignité des résidents. Nous avons obtenu des avancées sur ce qui concerne, par exemple, la mise en place d’un suivi des agents sur le plan de la formation, l’évaluation professionnelle et la santé mais rien sur le recrutement nécessaire pour assurer les soins et la sécurité des résidents ». C’est pourtant justement ce point qui a déclenché le mouvement. Sur 83 résidents, 10 sont en unité protégée pour patients avec des pathologies type Alzheimer. Un public qui présente des niveaux de dépendance et de troubles comportementaux qui nécessiteraient une présence de personnel soignant en permanence. Or, la nuit, seuls 2 agents doivent assurer la surveillance pour les 83 résidents,

unité protégée comprise. « Quand nous parlons de soins, la direction répond gestion financière. Cela donne que lorsque nous évoquons les risques de déambulations, de chutes et d’agression entre patients dans l’unité protégée pour lesquels une ronde toute les 2 ou 3 heures est insuffisante, le directeur propose de mettre des détecteurs de mouvements au-dessus des portes des patients. » C’est un peu la goute d’eau qui fait déborder le vase, dans cet Ehpad où, comme dans beaucoup d’autres si ce n’est tous, à force d’économie et de restriction, c’est le sens même du travail qui disparaît alors que le personnel ne demande qu’à travailler dans la « bientraitance et la bienveillance ». « Le personnel est déjà tellement restreint qu’il est difficile d’organiser une grève, tous sont assignés ou se mobilisent sur des temps de repos, de congés. Mais si la réponse effective à la présence nocturne, c’est l’installation de détecteurs de mouvements, on bougera, c’est sûr », prévient Véronique. Christelle Danglot

FINANCES PUBLIQUES

Une colère qui enfle contre les suppressions de postes 30 % des agents des finances publiques étaient en grève ce mardi, partout en France, selon l’intersyndicale CGT-FO-Solidaires qui appelait à lutter contre la casse des services. Bercy reste sourd aux revendications des agents des finances publiques. Pourtant, mardi, après des mois de mobilisation dans les départements, ils étaient encore plusieurs centaines au pied du ministère des Finances à crier leurs inquiétudes face à la fusion des services et aux suppressions d’emplois à la DGFIP (Direction générale des finances publiques). « En 2016, nous représentions 6 % de la fonction publique d’État et nous avons absorbé 60 % des suppressions d’emplois dans ce versant de la fonction publique, s’insurge Hélène Fauvel, secrétaire

générale FO des finances publiques. Dans le projet de loi de finances pour 2017, nous allons encore absorber 56 % des suppressions d’emplois de la fonction publique d’État. » Soit 1 815 équivalents temps plein qui vont disparaître. Déjà, depuis 2009, 631 trésoreries ont fermé. Les agents s’inquiètent du repli généralisé de leur réseau, de la dégradation de leurs conditions de travail et des conséquences pour l’usager. L’intersyndicale CGT-FO-Solidaires s’inquiète de la réorganisation annoncée si le prélèvement de l’impôt sur le revenu à la source est mis en place et dénonce aussi un contrôle fiscal moins bien effectué, en raison de la baisse des effectifs dédiés. « Parmi nos missions, il ne faut pas oublier que nous contrôlons aussi les dépenses publiques, rappelle Olivier

Vadebout, secrétaire général de la CGT finances publiques. Ce sont nous qui ‘‘payons’’ les collectivités, les régions, les départements, les communes… Si on réduit nos effectifs, nous contrôlerons moins les dépenses des collectivités qui ne sont pas toujours rigoureuses. Un regard extérieur est nécessaire. » Après des blocages de sites à Marseille, Paris, Rennes, Lille, la journée de cette mobilisation nationale devait se terminer dans les bureaux du ministère des Finances. Une délégation comprenant un représentant par syndicat devait être reçu par un conseiller social, Michel Sapin n’ayant toujours pas daigné recevoir les agents en colère. avec l’Humanité du 16 novembre


ACTUALITÉ

Editorial

PRÉSIDENTIELLE

Sarkozy à nouveau accusé de financements libyens

Quand le vote ne correspond pas aux attentes

Image issue de la vidéo de Mediapart

Alors que les sondages le plaçent toujours en deuxième position assez près derrière Alain Juppé, dans le cadre de la primaire de la Droite, Nicolas Sarkozy est mis une nouvelle fois en cause dans une vidéo sur Mediapart par l’intermédiaire de Ziad Takieddine, qui assure lui avoir livré des mallettes d’argent liquide. Une affaire qui pourrait, qui devrait même, remettre en question sa candidature. Ziad Takieddine redit, cette fois face caméra, qu’il a remis trois mallettes d’argent libyen à Claude Guéant et à Nicolas Sarkozy avant la présidentielle de 2007, ce que l’ex-directeur de campagne de l’ancien chef de l’État dément. L’homme d’affaires francolibanais, mis en examen dans d’autres dossiers, précise que le montant total de ces remises d’argent s’élevait à 5 millions d’euros. « Pourquoi et comment se fait-il qu’un type comme celui-là puisse prétendre encore une fois à la présidence de la République ? Le peuple français doit réagir, ça va exploser », dit-il dans cet entretien réalisé le 12 novembre où les mots de système mafieux sont employés. Ziad Takieddine, ami de Jean-François Copé, déclare avoir remis de l’argent à deux reprises en 2006 à Claude Guéant, lorsque ce dernier était directeur de cabinet du ministre de l’Intérieur qu’était

Nicolas Sarkozy, dans son bureau de la place Beauvau, puis une troisième fois, en janvier 2007, au candidat à la présidence en personne, et dans l’appartement privé du ministre. Avec moult détails sur ces remises, Takieddine se sent libre de parler depuis que ses avocats ont remis leur mémoire à la justice, la semaine dernière. Les faits allégués par Ziad Takieddine ont aussi été évoqués en 2012 par l’ancien chef des services de renseignements et beau-frère de Mouammar Kadhafi, Abdallah Senoussi, lors d’une procédure secrète devant la Cour pénale internationale (CPI), selon Mediapart. L’ancien dignitaire libyen y aurait affirmé avoir « personnellement supervisé le transfert » d’une somme de 5 millions d’euros « pour la campagne du président français Nicolas Sarkozy en 2006-2007 », écrit le site d’information. Transfert réalisé « via un intermédiaire français, en la personne du directeur de cabinet du ministre de l’Intérieur », donc Claude Guéant, et « un second intermédiaire, le nommé Takieddine, un Français d’origine libanaise installé en France ». Inlassablement, le site Mediapart tente de fracasser le plafond de verre qui fait que ses révélations touchant Nicolas Sarkozy sur un présumé financement libyen de sa campagne ne sont pas reprises par les chaînes télé, gage que la question, véritable affaire d’État si

elle est avérée, parvienne à être portée dans le débat public. Mediapart, en septembre dernier, révélait encore que l’ancien ministre du pétrole libyen Choukri Ghanem, retrouvé noyé dans le Danube en avril 2012 entre les deux tours de la présidentielle qui opposait Sarkozy à Hollande, a laissé derrière lui un carnet de notes, dans les mains de juges, où l’ancien dirigeant y détaillait une série de versements destinés à la campagne présidentielle de l’ancien chef de l’État. « J’ai bénéficié de cinq non-lieux », continue de mentir le chef de l’État, jamais vraiment relancé sur ces questions lorsqu’il est invité dans les médias audiovisuels. Affaire d’État car, si les faits sont avérés, alors il serait raisonnable de penser que, pour masquer les conditions d’obtention de cet argent trouble, une guerre fut déclenchée en 2011 pour abattre Kadhafi, après que Sarkozy l’eut pourtant réintroduit dans le jeu diplomatique mondial, occasionnant ainsi une déstabilisation de toute la région. Chaos libyen dont le pays n’est pas sorti et qui, selon un rapport de l’ONU, a permis la dissémination d’armes lourdes et leur transfert à des groupes tels Aqmi au Mali ou Boko Haram au Nigeria. L’argument de révélations tombant à pic pour les adversaires de Sarkozy suffira-t-il cette fois ?

CANDIDATURE « NI DROITE NI GAUCHE »

Macron met fin à un pseudo-suspens Ultime coup de com ou fin d’un pseudo-suspense, toujours est-il que la candidature d’Emmanuel Macron ne fait plus aucun doute. Son programme se précise de jour en jour et l’entretien accordé au Nouvel Observateur le 10 novembre en a d’ores et déjà dévoilé les grandes lignes. Un soupçon de loi El Khomri, une bonne dose du programme de la droite libérale, une touche supplémentaire de précarisation de la jeunesse et quelques pincées de mesures sociétales dites « progressistes » : mélangez le tout et vous aurez une petite idée du cocktail « ni droite ni gauche » concocté par

l’ancien ministre de l’Économie. Au menu de son « aventure de refondation politique », on retrouve le classique couplet sur la ringardise du modèle social français, « pensé pour l’économie d’autrefois », et son corollaire, « les insiders », autrement dit « ceux qui ont un CDI et un emploi stable dans les secteurs les plus structurants de notre économie et aussi les fonctionnaires », qui, unis aux « droits formels », seraient responsables du chômage de masse. Sur le droit du travail, le champion de la novlangue néolibérale préconise « de sécuriser la rupture et l’après-rupture ». Avec la traduction : faciliter les licen-

ciements en prévoyant d’avance un barème d’indemnisation et en démantelant les prud’hommes. « Quand on est jeune, 35 heures, ce n’est pas assez. On veut travailler plus, on veut apprendre son job », explique l’ancien ministre de l’Économie. « Cela confirme juste l’idée qu’a Emmanuel Macron des jeunes : une variable d’ajustement dans le marché du travail. » Désormais dans l’arène, l’ancien banquier d’affaires va vite voir se dresser contre lui à la fois ses anciens collègues du gouvernement, mais aussi les candidats de la droite qui craignent de se voir manger la laine sur le dos.

N’assistons-nous pas à un mépris de classe ? Lorsque celui-ci ne correspond pas aux attentes des « élites », le vote est dénigré, dévalorisé, neutralisé… par la classe dominante qui ne se gêne pas. Howard Zinn disait « Tant que les lapins n’auront pas d’historien, l’histoire sera racontée par les chasseurs », suggérant que la classe ouvrière doit s’organiser pour défendre ses intérêts, son histoire. Tous courants confondus, médias, système politique dans leur ensemble se permettent de présenter et transformer le peuple en auteur de ses propres malheurs, incapable d’accéder à la « modernité ». Transformé en objet de mépris, affublé de diverses étiquettes. Bref « affreux, sales et méchants… » Voire « dégoûtants ». Contredisant les sondages, les votes Trump-Clinton ou bien l’abstention massive… surgissent en réponse à des situations politiques détériorées opposant les salariés, les communautés, les uns contre les autres. Situations auxquelles les perspectives de rupture avec le capitalisme ne sont pas portées. Des contre-feux sont allumés pour éloigner toute réflexion permettant de comprendre par quels mécanismes les citoyens américains en sont arrivés à un tel choix. Ces réponses ne sont que des écrans pour masquer le poids du capitalisme : déclin inéluctable ? Remise en cause du modèle de libre-échange provoquant destruction des emplois notamment industriels, déréglementations, dégradations profondes des conditions de vie (baisse de l’espérance de vie des classes sociales ouvrière et moyenne), déclassement, prédations sur l’environnement, perte de l’espace de la souveraineté… En France, le FN est utilisé pour que la question du capitalisme ne soit pas posée dévoyant les opinions et les votes. N’assistons-nous pas à des dénis de la démocratie ? Les aspirations au changement émergent, déjouant sondages et pronostics : en 2005 contre le TCE, puis le Brexit, le rejet du Ceta par les Wallons… ont déclenché la même hystérie. Partout, les mêmes souffrances populaires se heurtent au capitalisme et aux diktats de l’Union Européenne plongeant les pays dans des crises profondes, des guerres et conflits. Face à ces défis, les délégués à la Conférence nationale se sont exprimés à 55,69 % pour qu’un communiste soit présent à l’élection présidentielle de 2017. Ce choix doit être entendu, respecté s’il est confirmé par les adhérents. Le vote de la conférence nationale se rapproche de celui de 2007 : le refus de voir le PCF disparaître du paysage politique, de se soumettre aux stratégies électorales à « géométrie variable », d’être soumis. Il se place à contre-courant du mouvement idéologique sur la fin des partis. Au contraire, s’engageant à rassembler le monde du travail, à défendre ses intérêts avec ses candidats président et députés, les communistes font le choix de la difficulté. C’est sûrement préserver l’avenir ! (*) Howard ZINN : Une Histoire populaire américaine

Danielle Trannoy membre de l’exécutif 33 et du Conseil national du PCF

Les Nouvelles 17 novembre 2016 • 3


ÉTATS-UNIS : ÉLECTI JOHN MASON :

LA SURPRISE TRUMP

«  Nous avons deux mois pour organiser la résistance  »

Cocktail explosif d’abstention et de vote-sanction

Entretien réalisé par Christophe Deroubaix, l’Humanité du jeudi 10 novembre. Pour John Mason, universitaire engagé de longue date à gauche, le mouvement de l’« identité blanche », qui désigne deux ennemis, les progressistes et les immigrés, a pris le pouvoir aux États-Unis.

l’Humanité. Comment expliquez-vous l’élection de Donald Trump ? John Mason. Je l’explique par l’émergence d’un bloc d’électeurs blancs qui se considère comme une « nation politique » et qui réclame ses droits. Ils sont en révolte contre les élites des deux côtes qui, accusent-ils, les ont abandonnés au profit des intérêts des immigrés. Cette révolte est commune aux petits Blancs ruraux du Wisconsin, de la Pennsylvanie, de l’Ohio ou de l’ouest de l’État de New York. C’est une révolte contre les villes où résident « les élites qui leur prennent tout et permettent aux immigrés non blancs de prendre leur place dans la file d’attente ». La « race blanche » comme la seule et vraie nation politique. Ils ont lancé un mouvement contre le gouvernement fédéral. Il s’agit d’un mouvement populiste de droite qui a pris le contrôle des États-Unis. Cela ressemble à un mouvement de reconquête sudiste, du même type que celui qui a suivi la période de la « reconstruction » (après le départ des troupes de l’Union, les États du Sud mettent en œuvre une politique de ségrégation raciale à partir de 1875 - NDLR). C’est un mouvement de l’« identité blanche » qui désigne deux ennemis : les progressistes et les immigrés.

l’Humanité. Ne peut-on voir aussi dans ce résultat un effet des conséquences de la mondialisation, de la désindustrialisation d’États entiers du pays, de la peur du déclassement ? John Mason. Oui et non. Il est intéressant de constater que les électeurs de Trump ont des revenus supérieurs à la moyenne et qu’en Floride il a gagné le vote des Blancs diplômés et des femmes blanches dans les « exurbs » (les banlieues résidentielles les plus éloignées des villes – NDLR). Je pense qu’on ne peut pas sous-estimer le rôle de la « politique d’identité blanche » comme réaction à la présence insupportable pour eux d’Obama et de sa famille modèle à la Maison-Blanche. Cela suinte le racisme ordinaire. Nous avons assisté à la victoire d’un parti « néo-confédéré » un peu partout dans les États-Unis. Comme d’habitude aux États-Unis, le statut « racial » a trompé le statut de classe ou le statut du genre.

l’Humanité. Les pertes de voix de Clinton par rapport à Obama dans les États de la ceinture industrielle sont immenses. Ils ont manifestement voulu sanctionner Clinton sans se jeter dans les bras de Trump. Que peut-on construire politiquement à partir de cela ? John Mason. Je ne sais pas. Je ne sais rien ce matin (hier matin - NDLR). C’est une défaite cuisante. Nous faisons désormais face à un régime autoritaire avec des gens comme Gingrich, Guiliani, Christie aux postes de commandes. C’est la présidence d’une équipe fascisante avec Trump comme porte-parole. Je ne sais pas comment on revient d’un tel tournant. C’est très grave. Ils ont hérité de tous les pouvoirs d’une présidence de guerre et d’un État sécuritaire, avec des pouvoirs policiers de surveillance énormes. Obama était l’empereur sage, comme Trajan ou Hadrien. Trump est Néron. J’ai bien peur que nous soyons en train d’assister à la mort de la République que les Pères fondateurs ont redoutée. Et nous avons deux mois pour organiser une résistance.

L’Humanité. Clinton domine le vote populaire, l’abstention est forte et Trump a moins de voix que Romney. Ce n’est pas un raz de marée « trumpiste ». Le pays n’a-t-il pas des ressources pour résister ? John Mason. La faction Trump va dominer les trois branches du gouvernement fédéral pour deux ans au moins. Deux ans pour construire une Amérique républicaine durable, pour repousser la « menace » hispanophone à la domination blanche. Cela implique une répression étatique des tendances profondes démographiques.

l’Humanité. La question semble secondaire par rapport à ces enjeux mais quel avenir pour le Parti démocrate. Certains évoquaient dès la nuit dernière la prise de pouvoir par un axe Sanders-Warren. John Mason. J’imagine en effet que les « clintonistas » sont complètement décrédibilisés et que le duo SandersWarren doit constituer le pôle de résistance de l’autre moitié de la population américaine. Nous n’avons que deux mois avant qu’il ne prenne vraiment le pouvoir. Le temps presse car nous sommes dans une situation d’urgence. Il faut organiser un rassemblement, sinon…

4 • Les Nouvelles 17 novembre 2016

L’homme d’affaire Donald J. Trump sera le 45e président des Etats-Unis d’Amérique. Le candidat républicain coutumier des discours populistes et qui a fait fortune dans l’immobilier, l’a emporté avec 290 grands électeurs (270 étaient nécessaires pour gagner l’élection) contre 218 pour Hillary Clinton. Candidat qui aime à se présenter comme antisystème alors qu’il est au cœur même du capitalisme financier, caricature du milliardaire bling-bling depuis les années 1980, Donald Trump incarne une Amérique de repli sur soi. Une sanction cinglante pour la candidate démocrate Hillary Clinton, sans doute perçue comme trop éloignée des préoccupations des gens ordinaires, mais aussi de la politique de Barack Obama, incapable d’entendre

la colère des victimes de la crise économique de 2008 et inapte à mener à son terme une réforme du système de santé, « l’Obamacare », digne de ce nom. Le rejet global d’un système économique et politique à bout de souffle semble s’être exprimé à travers l’abstention et ce rejet inédit des démocrates. De fait, personne n’avait vu Donald Trump arriver au pouvoir, des médias américains jusqu’aux instituts de sondages qui avaient tous pronostiqué l’élection d’Hillary Clinton à la Maison Blanche. Au lendemain du 8 novembre, des dizaines de milliers de personnes descendaient dans les rues, dans plusieurs villes et universités aux cris de « Pas mon président », « Non à Trump !

Non au KKK (Ku Klux Klan) ! Non à une Amérique raciste ! » ou encore « Vous n’êtes pas l’Amérique ! Nous sommes l’Amérique ! ». À New York, les manifestants se sont dirigés par milliers vers la Trump Tower, la résidence luxueuse du futur 45e président des Etats-Unis situé sur la Cinquième avenue. Plusieurs dizaines d’incidents xénophobes ont aussi été rapportés entre le 8 et le 11 novembre. Selon Le Monde, plus de 200 plaintes pour des actes racistes et antisémites ont été signalées au Southern Poverty Law Center, référence parmi les organismes de surveillance des extrémistes. Les sigles nazis peints sur les murs de plusieurs universités ne se compteraient plus.

TRIBUNE

Ce que nous disent les américains Donald Trump a été élu le 45e président des États-Unis. Si cela doit nous conduire à nous interroger sur ce qui a permis la victoire du milliardaire d’extrême droite, on ne peut en aucun cas plaquer sur le paysage politique français l’expérience américaine. Le terreau social révèle, cela étant, des convergences fortes sur les conditions d’emploi et d’existence du salariat mondial. 8 ans après la crise des subprimes, des régions entières ont vu l’industrie s’effondrer, une grande part des travailleurs américains vivent dans la précarité et moins bien qu’il y a 10 ou 15 ans. Cela est arrivé dans un contexte de tensions au sein du peuple américain remettant en cause ce qui fonde son existence même -sa diversité et sa richesse faite de vagues successives d’immigration-, de verrouillage de l’offre politique où la question sociale a été reléguée au second plan, derrière un débat sur l’identité américaine, de guerre. Tout cela constitue le terreau qui a permis, sur fond d’abstention massive, le détournement des colères populaires pour les enfermer dans une impasse populiste et réactionnaire, et par ailleurs ultra-libérale. Les questions sociales et environnementales n’ont plus existé dans cette campagne dès lors que Sanders a été battu dans la primaire démocrate.

Le candidat du slogan « Not me US » avait pourtant montré qu’un rassemblement était possible autour de réponses en rupture avec les choix libéraux à l’oeuvre. Cela témoigne de la montée d’un projet en rupture avec le libéralisme au pays même du libéralisme, et de son échec à ce moment précis dans un système politique américain verrouillé, duquel se détournent près d’un électeur sur deux. Donald Trump est donc élu par 26 % du corps électoral, et Hillary Clinton perd 6 millions de voix par rapport à Obama, en particulier parmi les couches populaires et les travailleurs pauvres, l’abstention bat un record depuis 2000, notamment chez les jeunes et les salariés, avec 55 % de participation seulement. Et c’est un enseignement déterminant dans la victoire de Trump. Transposer cette réalité à ce qui pourrait se passer en France, en balayant tout ce qui différencie les peuples et les systèmes politiques de part et d’autre est pour le moins contestable. C’est ce qu’a fait en premier lieu Marine Le Pen en saluant la victoire de son supposé « alter ego ». Et les médias plongent dans le piège tendu : quelle formidable légitimation de la candidate du FN, puisque son alter ego américain a gagné face au « système ». Si les mouvements de fond qui traversent les sociétés industrialisées sont les mêmes, ils ont nécessairement des

traductions politiques différentes dans chacune de nos démocraties. L’accession de Trump, d’Orban, d’Erdogan, la montée des populismes en Europe sont à analyser de près. Ce qui est aujourd’hui certain, c’est que la fable d’une mondialisation capitaliste heureuse s’écroule. C’est que quand la peur remplit les urnes, c’est la peur qui gagne. Ce qui est aujourd’hui certain, c’est qu’il ne suffit plus de dénoncer les contradictions du système, il faut donner à voir une réelle alternative sur le fond, avec des propositions en rupture radicale avec l’austérité, et sur la forme, avec la construction d’un rassemblement à vocation majoritaire. Enfin l’élection de Trump a des conséquences sur le combat politique en France, au regard des enjeux planétaires. La situation au Proche et au Moyen Orient, les traités de libre échange avec, notons-le, un milliardaire qui renoue avec le protectionnisme et la guerre économique de Reagan, l’enjeu du réchauffement climatique, celui de l’OTAN, la domination du Dollar et le rôle de l’Euro. Sur toutes ces questions, nous devons travailler à partir de réalités nouvelles pour la construction d’une alternative politique en France. Sébastien Laborde, Secrétaire départemental et membre du Conseil national du PCF


ON PRÉSIDENTIELLE MICKAEL MOORE

DES PRIMAIRES, QUE RESTE-T-IL ?

Les raisons du vote Trump en 5 points

Bernie Sanders et un espoir

« Je suis désolé d’être le porteur de mauvaises nouvelles, mais je crois avoir été assez clair l’été dernier lorsque j’ai affirmé que Donald Trump serait le candidat républicain à la présidence des ÉtatsUnis. Cette fois, j’ai des nouvelles encore pires à vous annoncer : Donald J. Trump va remporter l’élection du mois de novembre ». Ainsi commençait un billet du réalisateur et activiste de gauche, Mickael Moore, sur son blog*. Il y expliquait pourquoi il était certain que Trump serait élu. Extraits. « (…) Il est temps de sortir de votre bulle pour faire face à la réalité. (…) Nous avons besoin de nouvelles encourageantes parce que le monde actuel est un tas de merde, parce qu’il est pénible de survivre d’un chèque de paie à l’autre, et parce que notre quota de mauvaises nouvelles est atteint. C’est la raison pour laquelle notre état mental passe au neutre lorsqu’une nouvelle menace fait son apparition. C’est la raison pour laquelle les personnes renversées par un camion à Nice ont passé les dernières secondes de leur vie à tenter d’alerter son conducteur : “Attention, il y a des gens sur le trottoir !” Eh bien, mes amis, la situation n’a rien d’un accident. Si vous croyez encore qu’Hillary Clinton va vaincre Trump avec des faits et des arguments logiques, c’est que vous avez complètement manqué la dernière année, durant laquelle 16 candidats républicains ont utilisé cette méthode (et plusieurs autres méthodes moins civilisées) dans 56 élections primaires sans réussir à arrêter le mastodonte. (…) Comprenez-moi bien, j’entretiens de grands espoirs pour ce pays. Des choses ont changé pour le mieux. (…) Le socialiste qui a remporté l’investiture démocrate dans 22 États cette année est une autre preuve que notre société s’est profondément transformée. (…) Au mois de novembre, qui pourra compter sur les électeurs les plus motivés et inspirés ? Qui pourra compter sur des sympathisants en liesse, capables de se lever à 5 heures du matin pour s’assurer que tous les Tom, Dick et Harry (et Bob, et Joe, et Billy Bob et Billy Joe) ont bel et bien voté? Vous connaissez déjà la réponse. (…)

Voici 5 raisons pour lesquelles Trump va gagner : 1. Le poids électoral du Midwest, ou le Brexit de la Ceinture de rouille Je crois que Trump va porter une attention particulière aux États “bleus” de la région des Grands Lacs,

c’est-à-dire le Michigan, l’Ohio, la Pennsylvanie et le Wisconsin. Ces quatre États traditionnellement démocrates ont chacun élu un gouverneur républicain depuis 2010, et seule la Pennsylvanie a opté pour un démocrate depuis ce temps. Lors de l’élection primaire du mois de mars, plus de résidents du Michigan se sont déplacés pour choisir un candidat républicain (1,32 million) qu’un candidat démocrate (1,19 million). Dans les plus récents sondages, Trump devance Clinton en Pennsylvanie. Et comment se fait-il qu’il soit à égalité avec Clinton en Ohio, après tant d’extravagances et de déclarations à l’emporte-pièce ? C’est sans doute parce qu’il a affirmé (avec raison) qu’Hillary a contribué à détruire la base industrielle de la région en appuyant l’ALÉNA. Trump ne manquera pas d’exploiter ce filon, puisque Clinton appuie également le PTP et de nombreuses autres mesures qui ont provoqué la ruine de ces quatre États. (…) L’arc qui va de Green Bay à Pittsburgh est l’équivalent du centre de l’Angleterre. Ce paysage déprimant d’usines en décrépitude et de villes en sursis est peuplé de travailleurs et de chômeurs qui faisaient autrefois partie de la classe moyenne. Aigris et en colère, ces gens se sont fait duper par la théorie des effets de retombées de l’ère Reagan. Ils ont ensuite été abandonnés par les politiciens démocrates qui, malgré leurs beaux discours, fricotent avec des lobbyistes de Goldman Sachs prêts à leur écrire un beau gros chèque. Voilà donc comment le scénario du Brexit est en train de se reproduire. (…)

2. Le dernier tour de piste des Hommes blancs en colère Nos 240 ans de domination masculine risquent de se terminer. Une femme risque de prendre le pouvoir ! (…) Cette incursion dans l’esprit des mâles blancs en danger évoque leur crainte du changement. (…) Après avoir passé huit ans à nous faire donner des ordres par un homme noir, il faudrait maintenant qu’une femme nous mène par le bout du nez ? Et après ? Il y aura un couple gay à la Maison-Blanche pour les huit années suivantes ? Des transgenres ? Vous voyez bien où tout cela mène. Bientôt, les animaux auront les mêmes droits que les humains et le pays sera dirigé par un hamster. Assez, c’est assez !

3. Hillary est un problème en elle-même (…) Notre plus grand problème n’est pas Trump mais bien Hillary. Elle est très impopulaire. Près de 70 % des électeurs la considèrent comme malhonnête ou peu fiable. Elle représente la vieille manière de faire de la politique, c’est-à-dire l’art de raconter n’importe quoi pour se faire élire, sans égard à quelque

principe que ce soit. Elle a lutté contre le mariage gay à une certaine époque, pour maintenant célébrer elle-même de tels mariages. Ses plus farouches détractrices sont les jeunes femmes. C’est injuste, dans la mesure où Hillary et d’autres politiciennes de sa génération ont dû lutter pour que les filles d’aujourd’hui ne soient plus encouragées à se taire et rester à la maison par les Barbara Bush de ce monde. Mais que voulez-vous, les jeunes n’aiment pas Hillary. (…) La vague suscitée par l’élection d’Obama et la candidature de Sanders ne reviendra pas. Mais au final, l’élection repose sur les gens qui sortent de chez eux pour aller voter, et Trump dispose d’un net avantage à cet effet.

4. Les partisans désabusés de Bernie Sanders Ne vous inquiétez pas des partisans de Sanders qui ne voteront pas pour Hillary Clinton. Le fait est que nous serons nombreux à voter pour elle ! (…) Si une alarme doit sonner, c’est à cause du “vote déprimé”. En d’autres termes, le partisan moyen de Sanders qui fait l’effort d’aller voter ne fera pas l’effort de convaincre cinq autres personnes d’en faire de même. Il ne fera pas 10 heures de bénévolat chaque mois, et n’expliquera pas sur un ton enjoué pourquoi il votera pour Hillary. Les jeunes n’ont aucune tolérance pour les discours qui sonnent faux. Dans leur esprit, revenir aux années Bush-Clinton est un peu l’équivalent d’utiliser MySpace et d’avoir un téléphone cellulaire gros comme le bras. Les jeunes ne voteront pas davantage pour Trump. Certains voteront pour un candidat indépendant, mais la plupart choisiront tout simplement de rester à la maison. (…)

5. L’effet Jesse Ventura Pour conclure, ne sous-estimez pas la capacité des gens à se conduire comme des anarchistes malicieux lorsqu’ils se retrouvent seuls dans l’isoloir. Dans notre société, l’isoloir est l’un des derniers endroits dépourvus de caméras de sécurité, de micros, d’enfants, d’épouse, de patron et de policiers! Vous pouvez y rester aussi longtemps que vous le souhaitez, et personne ne peut vous obliger à y faire quoi que ce soit. (…) C’est pour cette raison que des millions d’Américains en colère seront tentés de voter pour Trump. Ils ne le feront pas parce qu’ils apprécient le personnage ou adhèrent à ses idées, mais tout simplement parce qu’ils le peuvent. Des millions de gens seront tentés de devenir marionnettistes et de choisir Trump dans le seul but de brouiller les cartes et voir ce qui arrivera. (…) » * Ce billet de blog a initialement été publié sur The Huffington Post le 26 juillet 2016 et traduit de l’anglais par Pierre-Etienne Paradis.

Bernie Sanders déclare, le 9 novembre, qu’il est prêt à travailler avec Trump si celui-ci souhaite sérieusement mener des politiques qui améliorent les vies des familles. Vu d’ici, la déclaration fait du bruit, venant du premier socialiste à avoir autant peser dans le processus électoral. Mais le sénateur du Vermont, tenant d’un « socialisme démocratique », ne lâche pas son cap : défendre un programme. « Donald Trump a exploité la colère d’une classe moyenne en déclin, qui est malade et fatiguée de l’économie de l’establishment, de la politique de l’establishment et des médias de l’establishment », analysait Bernie Sanders, sénateur et candidat aux primaires Démocrate, le 9 novembre sur son blog (www.sanders.senate.gov). « Les gens sont fatigués de travailler plus longtemps pour gagner moins, de voir les emplois correctement payés partir en Chine et dans d’autres pays à bas salaire, de constater que les milliardaires ne paient aucune taxe fédérale sur le revenu et de ne pas pouvoir offrir l’université à leurs enfants, tout ceci alors que les très riches deviennent encore plus riches. Si M. Trump est sérieux pour mener des politiques qui améliorent les vies des familles de travailleurs dans ce pays, moi et d’autres progressistes sommes prêts à travailler avec lui. S’il poursuit ses politiques raciste, sexiste, xénophobe et anti-écologique, nous nous y opposerons vigoureusement. » « Est-ce que Bernie Sanders aurait eu plus de chances de battre Donald Trump ? », c’est pour l’auteur, Iain Levison, interviewé par l’Humanité le 10 novembre, « vraiment la seule question qui mérite d’être posée » et à laquelle il répond par l’affirmative. « Les démocrates ont décidé qu’ils voulaient une politicienne avide et ennuyeuse qui protégerait leurs investissements plutôt qu’un homme capable de changer le pays de manière significative, tel que Bernie Sanders. (…) C’est entièrement de leur faute. Ils ont fait un pari et ont perdu. Les démocrates vont peut-être se rendre compte que vendre leur âme aux grandes entreprises ne leur permettra plus d’être élus. C’est la seule chose positive qui peut sortir de tout cela. » Car si Hillary Clinton a fait le choix de ne pas s’appuyer sur la radicalité exprimée durant les primaires démocrates, « Bernie Sanders a fait le pari, lui, de donner une suite à cette radica-

lité », affirme le journaliste Christophe Deroubaix dans l’Humanité du 8 novembre. Il explique que là où la candidate axait son discours sur le type de personnalité de son opposant Républicain, Bernie Sanders, lui, parlait du programme, des propositions pour battre Trump sur son projet. « Battre Trump avec “le projet le plus progressiste” de l’histoire du Parti démocrate, comme il l’avait déclaré après son adoption par la convention de Philadelphie en juillet dernier, poursuit le journaliste. Un projet dans lequel il avait imposé nombre de mesures. Entre temps, Hillary Clinton a égaré son exemplaire de la “plateforme” démocrate. Bernie Sanders, lui, à chaque étape, en a rappelé les éléments clés : le smic à 15 dollars, l’extension du système de retraite et d’assurance chômage, l’égalité salariale pour les femmes, une nouvelle approche du libre-échange, la gratuité de l’université publique pour la classe moyenne, l’augmentation des impôts des plus riches et des grandes entreprises, l’abaissement du prix du médicament, un mouvement vers une couverture santé universelle, des réformes majeures du système judiciaire et de la politique d’immigration. » Mais le père de la « révolution politique », « devra résoudre la question centrale d’une organisation politique » indique le journaliste citant Harold Meyerson, chroniqueur au magazine de gauche The American Prospect : « Sans organisation, la jeune génération qui émerge, la plus progressiste depuis les années 1930, risque de rentrer à la maison et de délaisser le processus politique. » Mickael Moore, qui avait prédit et expliqué la victoire de Trump dès juillet (lire ci-contre), appelle à « prendre le contrôle du parti démocrate afin de le rendre au peuple ». « Vous vivez dans un pays où la majorité des électeurs pensent que nous commençons à subir les effets du changement climatique, qu’à travail égal les femmes doivent être payées autant que les hommes, que les études universitaires ne devraient plus être synonyme d’endettement, qu’ils ne veulent plus que nous envahissions d’autres pays, qu’il faut augmenter le salaire minimum et que chacun devrait pouvoir bénéficier d’une couverture sociale digne de ce nom. Tout cela n’a pas changé. Nous vivons dans un pays où la majorité des gens partagent une vision “progressiste” de la société. Il ne nous manque plus que des responsables politiques capables de mettre en œuvre ces mesures », insiste-t-il.

Les Nouvelles 17 novembre 2016 • 5


INTERNATIONAL TURQUIE

LIBERTÉS

HDP : « Il est temps de dénoncer ce crime contre l’humanité commis sous les yeux indifférents du monde et de l’Europe »

Stopper le basculement de la Turquie dans la dictature !

Communiqué de presse de la représentation du HDP en Europe, suite à l’arrestation de 13 Députés de son parti, dont ses coprésidents Selahattin Demirtas et Figen Yuksekdag. Le gouvernement turc de l’AKP et son président Erdogan sont en train d’imposer un agenda extrêmement autoritaire aux peuples de la Turquie. En se servant du coup d’Etat du 15 juillet dernier pour consolider son règne, Erdogan s’est fixé comme objectif d’écarter chacune des voix d’opposition dans le pays, et a pris particulièrement comme cible notre formation politique le HDP, qui avait empêché à deux reprises l’AKP de rassembler le nombre de sièges parlementaires nécessaires pour procéder aux changements constitutionnels nécessaires afin d’instaurer un système présidentiel. A présent, l’objectif du gouvernement est de paralyser notre parti afin de l’empêcher de bloquer à nouveau l’adoption du système présidentiel qui pourrait être validé par un référendum ou grâce à des élections anticipées qui peuvent avoir lieu en 2017. Des milliers de dirigeants de notre parti, de maires élus et de Conseillers municipaux affiliés au HDP et à notre parti frère, le DBP, ont été incarcérés suite à des accusations sans fondements depuis notre victoire électorale du 07 juin 2015 et, particulièrement, depuis le coup d’Etat manqué du 15 juillet dernier. Avec la mise en application des mesures d’Etat d’urgence post-coup d’Etat, Erdogan a contribué à polariser d’avantage la société et à approfondir les conflits sectaires et ethniques dans le but de consolider la formation de l’alliance entre les réactionnaires ultra-nationalistes de l’extrême droite et les islamistes, alliance projetée immédiatement après le coup d’Etat manqué et considérée comme la garantie la plus fiable pour atteindre

l’objectif du « Système présidentiel à la turque », ou de dictature totale. Ce système nuirait non seulement aux minorités, aux femmes et aux classes défavorisées, mais déstabiliserait en plus la région, particulièrement l’Irak et la Syrie, et provoquerait de grands défis sur les plans sécuritaire et économique. Il n’existe plus de liberté d’expression ni de la presse, pas de liberté académique, ni de système judiciaire équitable et indépendant dans le pays. Avec les décrets gouvernementaux, plus de 170 agences de presses critiques envers le gouvernement ont été interdits. Les médias kurdes et alévis ont été anéantis, 30 maires kurdes démocratiquement élus se trouvent actuellement en prison et 70 d’entre eux ont été destitués jusqu’à présent. Plus de 130 journalistes sont en prison, dont des intellectuels et auteurs de renommée internationale, des dizaines de milliers de professeurs et académiciens ont été suspendus, plus de 80 000 fonctionnaires ont été démis de leurs fonctions, et 40 000 personnes sont toujours en prison. Nous appelons tous les progressistes et démocrates à se mobiliser pour protester contre le génocide politique mené par l’Etat turc et son président Erdogan. Nous estimons qu’il est temps de dénoncer ce crime contre l’humanité commis sous les yeux indifférents du monde et de l’Europe. Le silence de l’Europe est dangereux pour la démocratie et pour les peuples de Turquie. Nous appelons les élus de toute l’Europe, qu’ils soient députés, maires ou conseillers, à former des délégations urgentes qui se rendront à Diyarbakir, capitale du Kurdistan de Turquie, afin de manifester leur solidarité avec notre parti et ses élus, et dire STOP à cet attentat contre la démocratie.

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La représentation du HDP en Europe

Extrait de l’édito de Patrick Le Hyaric dans l’Humanité Dimanche du 10 Novembre (…) « Depuis son accession au pouvoir en 2003 au poste de premier ministre, Erdogan s’est forgé avec l’AKP, son parti islamo-conservateur, un instrument de conquête de tous les pouvoirs civils et militaires en jouant sur les contradictions de la région. Pro-européen à son arrivée au pouvoir, l’AKP noue une alliance avec Bachar Al Assad avant que les révolutions arabes et l’effondrement des régimes autoritaires ne lui offrent l’occasion de se poser en défenseur des peuples de la région. Erdogan tente de réactiver une hégémonie politique et culturelle ottomane sur ceux jadis soumis au pouvoir impérial. Pour y parvenir, il appuie, de concert avec les monarchies du Golfe, les franges les plus intégristes de la contestation sociale, voire les terroristes du groupe “État islamique”. Avec la deuxième armée de l’Alliance atlantique, la Turquie bénéficie d’une indulgence coupable des États-Unis comme des pays de l’Union euro-

péenne. D’autant que ces derniers lui ont laissé les mains libres en troquant de manière indigne contre quelques milliards d’euros le sort de centaines de milliers de réfugiés qui fuient les combats en Irak et en Syrie. Le peuple kurde et tous les démocrates de Turquie paient chèrement le jeu d’alliances qui rythme l’évolution politique du Moyen-Orient. Le fait que le mouvement kurde soit parvenu à fédérer la gauche de transformation turque dans un même combat pour la liberté et la justice sociale est insupportable pour les pouvoirs en place. Plus encore l’est son combat héroïque contre l’ “État islamique” ! Le HDP est né pour fédérer les aspirations démocratiques exprimées au printemps 2013, lorsque des dizaines milliers de Turcs se sont rassemblés sur la place Taksim d’Istanbul pour contester les dérives du pouvoir. Sa percée spectaculaire aux élections législatives de 2013, où il rassemble 13 % des suffrages et obtient 80 députés, empêche Erdogan d’obtenir les pleins pouvoirs et de modifier à sa guise la Constitution. Le HDP devient par la même occasion un acteur clé d’une solution pacifique au

problème kurde. Si le pouvoir turc s’enfonce dans cette dérive liberticide et réactionnaire, c’est justement parce que ce pays est l’un des rares de la région à compter une force politique de progrès, capable de faire bouger les lignes pour la justice et la paix. Que la France comme l’Europe se murent dans un silence complice ne peut que révolter tous les démocrates. Qu’ils interviennent pour que cesse cette quasi-complicité est une urgence. L’Union européenne doit décider d’une mission de soutien aux journalistes et parlementaires emprisonnés et exiger leur libération sans condition. Les Parlements doivent s’exprimer et déployer des délégations auprès de leurs collègues turcs. Les autorités françaises et européennes peuvent agir en réclamant le respect de la convention européenne des droits de l’homme et entamer un processus de sanctions politiques et commerciales. Ce combat pour la paix et la démocratie en Turquie peut bénéficier à tous les peuples du Proche et du Moyen-Orient, mais aussi à ceux de l’Union européenne. »

BORDEAUX

La solidarité avec la Palestine

La Palestine vit ! C’est le message des « Huit heures pour la Palestine » que l’association Palestine33 organise chaque année à Bordeaux. Palestine33 est le groupe local de l’AFPS (Association France Palestine Solidarité) et propose en Gironde de multiples actions de solidarité avec le peuple palestinien, dans un cadre laïc et indépendant par rapport aux partis politiques palestiniens. Cette année, les Huit heures se tenaient le 5 novembre salle Pierre Tachou à Bordeaux-Bacalan, et ont rassemblé 120 personnes. Au cours de la conférence/débat, Olivia Elias, économiste, a pu démontrer l’impossibilité pour l’Autorité palestinienne de faire vivre une économie « réelle » du fait que tous les mécanismes ordinaires de la production, des échanges commerciaux, du financement et même des taxations sont faussés par l’occupation israélienne. L’ambassadeur de Palestine en France,

Salman El Herfi a fait le point sur la situation des territoires occupés, l’évolution du point de vue de l’Union européenne, des instances internationales ou des USA sur la situation en Palestine, ainsi que sur l’importance de la campagne internationale BDS (Boycott Désinvestissement Sanctions). Ayant été durant dix ans ambassadeur de Palestine en Afrique du Sud, au milieu des années 1990, il sait de quoi il parle. « Mais nous n’avons pas notre De Klerk* », a-t-il déploré, affirmant son espoir dans l’internationalisation de la négociation pour la relance du processus de paix israélo-palestinien que constitue l’initiative de Paris. Il est très important pour les sympathisants d’enrichir en permanence leurs connaissances et leur réflexion : c’est ce qui fait le succès du stand librairie des Huit heures. En parallèle, le stand de vente d’artisanat palestinien fonctionne aussi très bien. Les bénévoles précisent que tout le bénéfice est reversé à des associations partenaires en Palestine qui œuvrent

pour les droits humains, la santé ou l’enfance. Les associations invitées à ces Huit heures, Artisans du monde, le Secours populaire et le CCFD-Terre solidaire – qui a prêté une belle exposition « Palestiniens, la vie malgré tout », – ont pu expliquer leurs actions en faveur de la Palestine. Ces trois partenaires font partie, comme l’AFPS, de la Plateforme des ONG françaises pour la Palestine. Le partenariat entre ces associations se vit de diverses manières, dont l’invitation que fait chaque année Artisans du monde à Palestine33 à participer à leur vente de Noël. Alors rendez vous les 2, 3 et 4 décembre à la halle des Chartrons, à Bordeaux. A.M., pour Palestine33 * Frederick De Klerk, dernier président blanc sudafricain, avait fait sortir de prison Nelson Mandela en février 1990, et lancé les négociations qui ont conduit à la fin de l’apartheid. Ils ont partagé le prix Nobel de la paix en 1993.


PCF PRÉSIDENTIELLES / LÉGISLATIVES 2017

PCF MÉRIGNAC

Les choix des communistes

Grand loto

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Un pacte d’engagements communs pour la France

Du 24 au 26 novembre à midi, les communistes se prononcent sur la résolution et les 2 options de candidatures issues de la conférence nationale du 5 novembre, concernant les scrutins 2017.

importance. Si ce vote concerne les échéances de 2017, le PCF invite à se projeter collectivement au-delà pour, durant les 5 prochaines années, être utile aux intérêts des salariés, du monde du travail et de la création, utile pour faire reculer les idées de haine et de racisme, utile pour lutter contre toutes les discriminations. « Le choix qui sera fait, parce qu’il sera le résultat du débat et du vote des adhérents, engagera l’ensemble du Parti » souligne Sébastien Laborde, secrétaire départemental du PCF et membre du Conseil national. Il invite également à mesurer que « ce choix, quel qu’il soit, implique une entrée en campagne autonome du Parti, avec nos propositions, nos chefs de file aux législatives et notre démarche de rassemblement. Modalités du vote

Aujourd’hui le paysage politique continue d’évoluer, mais ce qui se dessine reste la victoire de la Droite et du Front National lors de la présidentielle et des législatives. Face à un gouvernement qui a trahi les attentes populaires et tourné le dos aux valeurs de la gauche, face aux divisions du camp du progrès et de l’alternative, le PCF veut faire renaître un espoir de changement réel dans notre pays. Le vote des 24, 25 et 26 novembre prochain est donc d’une grande

Un courrier et le bulletin de vote est envoyé à chaque adhérent-e par la Fédération. Les communistes poursuivent les débats en AG de cellule et de section. Trois possibilités pour voter : - physiquement lors de l’AG de cellule, de section ou lors des permanences de vote organisées par la section, - par correspondance avec une enveloppe T (envoi gratuit). ATTENTION ! Ne rien inscrire sur le bulletin

de vote, mettre son nom-prénom/ section au dos de l’enveloppe T. - par mail à la fédération : gironde.pcf@gmail.com (pas d’anonymat du vote) Une commission du vote, élue par le conseil départemental du PCF 33 qui a lieu le 18 novembre, recensera et dépouillera les votes le 26 novembre à partir de 12h.

Dimanche 4 décembre, 14h30, gymnase Jean-Macé (rue G. Courteline). Boîtes de chocolats, bon d’achats, jambons, volailles, paniers garnis, corbeilles de fruits, vins fins, lots divers. Bourriche - Crêpes - Gâteaux - Boissons LIBOURNE

Loto

Législatives

Simultanément, les sections sont invitées à organiser la consultation des adhérents-tes pour la désignation de chefs de file communistes dans les circonscriptions de Gironde, des binômes à parité, tout en nous adressant à toutes les forces politiques et citoyennes disponibles dans nos territoires. La campagne pourra être lancée sur le thème « De quelle politique, de quels(les) députés(ées) de gauche avons-nous besoin ? » avec des propositions pour un pacte d’engagement populaire et citoyen, 7 axes de propositions immédiates.

La section des Rives de Dordogne organise tous les ans un loto qui attire beaucoup de monde. C’est devenu un moment politique dans la vie libournaise, où nous distribuons des tracts, des HumaDimanche, et il contribue également aux finances de notre parti. Au rendez-vous de ce franc succès, la convivialité et la joie des heureux qui repartent en fin d’après-midi avec leur lot. Tous nous disent « à l’année prochaine ». Lolita Arenas BORDEAUX BACALAN

Soirée festive autour du livre de Vincent Maurin

PÉTITION CANDIDATURE COMMUNE DE LA GAUCHE D'ALTERNATIVE

gironde.pcf.fr/92634

ASSEMBLÉES DE SECTIONS

Communistes en mouvement Depuis les propositions du Conseil national fin septembre, jusqu’à la conférence nationale du 5 novembre, puis encore jusqu’à la consultation des adhérents-tes fin novembre, les communistes poursuivent leurs efforts démocratiques, dans leur parti et à l’écoute de la population, pour prendre leurs décisions de rassemblement à gauche. Ci-dessous la suite des comptes rendus d’AG tenues avant la conférence nationale. (extraits) PCF Bordeaux

5 cellules réunies et une assemblée générale ont permis aux communistes bordelais de partager leur réflexion et la diversité d’opinions avec un souci prédominant sur la question du rassemblement. De ce point de vue « aucune des trois options proposées n’est satisfaisante ». Une camarade veut « rassembler à n’ importe quel prix » mais trouve Mélechon « dangereux », alors qu’une autre s’interroge en pensant que « le Parti n’a pas les moyens de présenter un candidat ». Un communiste défend la candidature de JL.M. « parce qu’il permet le rassemblement » mais souhaite « une vraie campagne autonome du PCF et des candidatures aux législatives qui ne sont pas enfermées dans la France

Insoumise ». Sur Bordeaux Bastide, les camarades poursuivent la grande consultation et vont faire une restitution. L’une pense qu’il faut « rassembler pour être présent au second tour », une autre a eu l’impression « qu’on avait déjà décidé à la place des communistes » avec la pétition « Vivement la gauche ». Un autre critique « l’attitude de la direction qui navigue à vue » et défend la candidature de JL.M. « même si je n’aime pas le personnage ». Le débat a permis de lever des doutes. Les questions environnementales ont suscité une opposition entre social et environnement, une camarade montrant au contraire « les synergies entre les deux ». Un compte rendu des rencontres sur les législatives, 1re et 3e circonscription, a été fait, et une autre est à venir sur la 2e. Conclusion : « L’après conférence nationale doit permettre de mettre plus de communistes en mouvement. » PCF Pessac/Les Graves

Des arguments ont été avancés pour chaque proposition. Continuer à appeler au rassemblement sans choisir de candidat serait « la seule option possible face au piège de l’ hyper-présidentialisation », « un moyen de se remettre au contact avec la population dans la proximité », la solution face « au refus de JLM. de travailler avec le PCF » et « face au danger

Jean-jacques Bordes, Vincent Maurin (et Safia), Hervé Mathurin et André Desforges

d’un faible score du PCF », mais aussi « une manière radicalement nouvelle de faire de la politique ». Soutenir la candidature de Mélenchon sans cesser d’appeler au rassemblement : « il a fait ses preuves lors de la dernière présidentielle, charismatique, à la gauche du PS, il a su transporter les foules, s’est imposé dans les médias comme notre porte parole ». « Passer outre sa candidature porterait un coup fatal aux espoirs de tout un peuple de gauche qui croit encore au programme l’humain d’abord. » Soutenir une candidature communiste en créant le rassemblement : « Personne ne veut du rassemblement, tous les partis portent une candidature dans leur coin », « la grande consultation est un échec », « le PCF est le seul parti en France inaudible dans les médias car il n’a pas de candidat aux présidentielles ». JLM « nous a trahis, tous les autres partis de gauche aussi », « il faut croire en notre propre force » et « montrer que nous avons des militants et des leaders charismatiques capables de gagner une présidentielle ». Législatives : Anthony Semchaoui, titulaire et Véronique Mandron, suppléante, ont été désignés chefs de file communistes et l’écriture d’un programme est en cours.

André Desforges l’éditeur, Hervé Mathurin l’auteur et journaliste et Vincent Maurin poursuivent leur tour bordelais de présentation de leur livre d’entretiens sorti en septembre Vincent Maurin, un communiste dans sa ville. La salle Pierre Tachou accueillait une centaine de personnes ce 10 novembre pour une soirée festive où Bacalan était à l’honneur, mais également le clown Chocolat. Ce livre d’entretiens avec le journaliste Hervé Mathurin retrace le parcours de Vincent Maurin, et la genèse de son engagement politique et syndical depuis la fin des années 70. C’est ce que Brigitte Giraud a retracé très amicalement en introduction à la soirée. Mais l’invité principal de la soirée, au fond, était ce quartier de Bacalan où V. Maurin est immergé dans la vie locale puisqu’il y est directeur d’école, et actif dans le milieu syndical et associatif. Ce monde associatif était très présent à cette soirée pour montrer, s’il en était besoin, que le quartier de Bacalan est un lieu de solidarité et de créativité. C’est un quartier porteur d’une histoire ouvrière qui se mesure encore aujourd’hui aux résultats des élections politiques. Mais c’est un quartier qui se transforme, notamment avec l’urbanisation des bassins à flots ; autant d’enjeux pour les communistes qui ne manquent pas de propositions pour son avenir, lesquelles ont fait l’objet des conversations autour du buffet festif proposé par les communistes bordelais. Soirée terminée par deux hommages : celui au père de Vincent lu avec émotion par Dominique Bodou et celui au clown Chocolat (voir Les Nouvelles du 3 novembre) présenté par Jean-Pierre Lefevre, film à l’appui.

synthèse par C.T.

RIVE DROITE. Notre camarade Michel Couleau nous a quitté le 26 octobre dernier. Conseiller municipal à Ambarès durant deux mandats, il était reconnu comme un homme tolérant, pétri de convictions et de courage, qui voulait agir pour un monde meilleur, pour le progrès social et écologie. Les communistes de la section et d’Ambarès expriment leurs sincères amitiés à son épouse et toute sa famille.

PCF GIRONDE // REPAS FÉDÉRAL (sur inscription) Dimanche 27 novembre à 12h, salle de la Marègue à Cenon,

en présence de : Eliane Assassi, présidente du groupe Communiste et Républicain au Sénat

Souscription Ils ont donné un total de 3 680 €

M. DELEZE Pierre, Bordeaux Section de Coutras Section de Bordeaux M. RODRIGUEZ Raymond, Gauriac M. VALENTIN Bernard, St-Médard-d’Eyrans Mme BONNAFON Germaine, Pessac M. & Mme CHAUMETTE Jean-Marie, Abzac Mme CHEVALIER Jacqueline, Cestas

Carnet

Les Nouvelles 17 novembre 2016 • 7


CULTURE & SOLIDARITÉ VERS LE BICENTENAIRE BORDEAUX-CIENFUEGOS : 1819-2019

Quand les premiers bordelais « débarquaient » à Cuba * Connaissez-vous l’histoire extraordinaire de ces 46 premiers bordelais qui ont participé, il y a près de 200 ans, à une aventure unique : créer une ville cubaine (Cienfuegos) par décision de l’Espagne. Ce fait historique, méconnu en France, fait partie d’une page épique de l’ Amérique latine. La ville de Cienfuegos, dans le sud et le centre du territoire de Cuba, est née française par décision de la Couronne espagnole. Explications…

Dans ce contexte historique apparaît dans cette histoire le Senior Don Luis de Clouet et Piettre, fils d’immigrants français de Bordeaux, né (selon les sources) en 1766, à Bordeaux ou à la Nouvelle-Orléans, (Louisiane), et à l’époque, colonel de l’Armée royale espagnole. Cette personnalité, très liée à Bordeaux, a été attentive à cette décision de la Couronne espagnole, d’augmenter la population blanche sur l’île, et a réussi à enthousiasmer un grand groupe de rêveurs prêts pour

Les premiers colons européens sont arrivés à Cuba pour l’or… mais, deux cents ans plus tard, au XIXe siècle, ce métal doré et rêvé, était toujours absent de l’île. Par contre, l’or rouge - comme on le disait pour le bétail dans le pays - est devenu avec le café, le tabac à priser et le sucre, la source abondante de richesses qui ne manquèrent pas d’intéresser les pirates de la zone des Caraïbes. Pour mettre un terme au piratage, la Couronne espagnole avait décidé la construction entre 1733 et 1745, du château portuaire de NotreDame des Anges de Jagua, à l’entrée de la baie. Plus tard, la terreur provoquée en 1817 par l’insurrection des esclaves en Haïti voisine, conduisit la puissante aristocratie locale à vivre dans la peur de l’augmentation de la population noire, du fait de l’esclavage. De là, naquit la formule salvatrice : l’appel à promouvoir les blancs à tout prix.

l’aventure dans cette lointaine Cuba. Avec la bénédiction officielle espagnole, 46 tailleurs, menuisiers, cordonniers, boulangers, forgerons partirent de Bordeaux vers la baie de Jagua, à l’est de Cuba. Ils sont arrivés en 1819 sur la côte cubaine et le 22 avril de la même année a été fondée la colonie espagnole-française de Fernandina de Jagua. En 1830, cette ville où la plupart parlait le français et peu l’espagnol, a changé son nom. Intelligemment, les résidents français qui étaient, de fait, sur un territoire espagnol, ont décidé

VILLENAVE D’ORNON

SOUSCRIPTION

de baptiser la ville du nom du gouverneur général de Cuba, José Cienfuegos. Une façon subtile d’attirer les faveurs des autorités. Ainsi, est née, avec quelques dizaines de Bordelais, la seule ville cubaine-française fondée en tant que telle par la décision de la Couronne d’Espagne. Fait unique dans l’histoire de l’Amérique latine. Cienfuegos, toujours marquée par l’empreinte française, est aujourd’hui la quatrième ville de Cuba. Très attachée à son passé, mais engagée dans une valorisation sociale et économique de son patrimoine, elle fêtera en 2019, avec fastes, le 200e anniversaire de sa création. Bordeaux doit, selon nous, y prendre toute sa place. C’est pourquoi nous prenons l’initiative de créer une association dans laquelle pourront se retrouver les personnes intéressées par l’histoire de Bordeaux et de Cuba, attachées à développer des liens entre Cienfuegos et Bordeaux. Si vous souhaitez y participer ou être informé des initiatives pouvant se dérouler autour du bicentenaire, inscrivez-vous auprès de : Vincent Maurin : maurin.bacalan@wanadoo. fr et Jean Querbes : jean.querbes@ wanadoo.fr * Texte puisé pour l’essentiel dans l’article traduit de l’espagnol « Une ville cubaine naquit française par décision de l’Espagne » d’Alexis Schlachter, correspondant du service d’information de l’organisation des Etats Ibéro américains - La Havane - Cuba.

Grande « 120 ans de la CGT en braderie Aquitaine » CGT d’Histoire Sociale des revendications, libertés solidarid’hiver du SPF L’Institut d’Aquitaine sort un numéro ex- tés, culture et émancipation, la paix,

Vendredi 25 novembre, 14 h-18h, sa med i 26, 10h-18h, dimanche 27, 10h-17h, salle Daguin, Villenave d’Ornon. Vêtements d’occasion et neufs, livres, bric-à-brac… Les sommes récoltées seront destinées à aider les familles en difficulté. Renseignements au : 06 88 71 37 04 ou 06 38 67 46 02 assos.villanavedornon.fr/secourspopulaire

ceptionnel de sa revue Aperçus retraçant 120 ans de la CGT en Aquitaine. La sortie étant prévue en avril 2017, l’IHSA lance dès maintenant la souscription. Réalisée à partir de documents d’archives des IHS CGT d’Aquitaine (photos, tracts, affiches, courriers, circulaires, coupures de presse, témoignages d’époque, meetings, réunions, manifestations, conflits d’entreprises…), cette édition présente quelques pans de l’histoire sociale régionale depuis la naissance de la CGT, autour de 7 thématiques : construction du syndicalisme, défense

Les Nouvelles de Bordeaux et du Sud-Ouest S.A.S. au capital de 37 000 euros Associés (à parts égales) : L. Chollon, F. Mellier, S. Laborde Directeur de la publication : Frédéric Mellier Abonnement 1 an : 25 euros. Abonnement de soutien : 40 euros Rédaction, composition, impression : S.A.S. Les Nouvelles de Bordeaux et du Sud-Ouest 15, rue Furtado - 33800 BORDEAUX Tél. 05 56 91 45 06 - Fax 05 56 92 61 01 - Annonces légales : annonces@nbso.fr Comptabilité : compta@nbso.fr - Redaction/Proposition d’article : redaction@nbso.fr @nvlbx Les nouvelles de bordeaux nbso.fr Commission paritaire de presse : 0118 C 85932

8 • Les Nouvelles 17 novembre 2016

regards CGT de 1925 à nos jours. Les auteurs ont fait le choix d’évoquer l’activité syndicale parfois inédite, souvent méconnue, évitant de « ressasser » les grandes périodes ou grands conflits que la revue a déjà évoqués. Le lecteur aura connaissance de documents historiques de la CGT, issus des archives des départements, de la région. Des inédits permettant de percevoir, non pas l’histoire de la CGT, mais des moments de la vie sociale de femmes et d’hommes qui la font depuis plus de 120 ans, dans les territoires et les entreprises. Souscrire : par courrier (1) ou mail : ihsacgt@wanadoo.fr Prix (2) à partir de 5 numéros : 10 € l’exemplaire (hors frais d’envoi) Prix (2) de souscription au numéro : 12 € (hors frais d’envoi). Règlement par chèque à l’ordre de : IHSA CGT 1 - Bourse du Travail 44, cours Aristide Briand 33000 Bordeaux 2 - Prix de vente public au numéro après février 2017 : 21 €

CHRONIQUE par Jeanne R.M.

9e jour, Stéphanie extrait de 49 jours, carnet d’une faiseuse d’anges

Bonjour docteur, je ne sais pas si vous allez me recevoir… je ne sais pas si je peux passer en consultation… je n’ai pas reçu ma paye, je l’aurai seulement jeudi, votre secrétaire m’a dit le prix de la consultation et je n’ai pas encore l’argent… Je viens d’ouvrir la porte de la salle d’attente, Stéphanie, que je ne connais pas encore y est assise accompagnée de sa copine, au milieu d’un enfant qui tousse et son papa, d’une dame âgée qui attend son traitement. Elle s’est levée, sachant que c’était son tour. Elle avait pris rendez-vous il y a quelques jours. Elle est à l’heure, a réussi a trouvé le cabinet malgré les dédales apparemment compliqués de cette résidence qui m’accueille. La plupart sont en retard à ce premier rendez-vous, elle non. Je suis désolée, je suis intérimaire et… Je reste comme soudée sur la clenche de la porte qui me sépare d’eux. Un temps qui parait si long. Vais-je m’enfoncer dans le sol, disparaître, gommer cette vision d’un autre âge ? Entre Stéphanie, entre et relève la tête. Viens, assiedstoi sur le fauteuil. N’aies plus peur. Laisse tomber tes épaules crispées. Détends-toi. Pose ton sac et ton manteau. Stéphanie a 21 ans et déjà un avortement. Elle avait à peine seize ans. Elle ne se plaint pas. Un emploi précaire qui la rend prolétaire. Une bagarre de tous les jours pour manger et se loger. Employée par l’Agence qui la rémunère semaine après semaine. Le vertige, le voyage à travers le temps, l’ascenseur qui redescend au trente-sixième sous-sol. Je n’ai pas de mutuelle… 7 semaines de retard de règles Est-ce que Fantine va devoir vendre cheveux et dents pour élever son enfant ? Est-ce qu’Elisabeth Rousset va devoir vendre son corps aux prussiens pour nourrir et libérer ses concitoyens ? Le dix-neuvième siècle catapulté. Cette femme enceinte qui va devoir s’en passer. Cette femme qui déjà n’a pas assez pour vivre et qui va devoir chercher cette somme. Je l’entrevois voûtée, rentrant tard la nuit d’avoir fait des heures supplémentaires. Dans les larmes et dans le sang elle donnera son enveloppe de papier contenant les billets. Nous portons toutes les deux le poids de notre histoire commune. L’histoire des femmes qu’on a laissées seules avec leur honte, leur colère et leur souffrance, errer dans les ruelles sombres de l’abandon. L’histoire des avorteurs, sages-femmes, médecins clandestins qui ont bravé la loi mais à quel prix. Stéphanie a enduré cette énième humiliation de n’avoir pas l’argent pour payer son avortement. Elle est venue s’excuser d’avoir pris un rendez-vous qu’elle ne pourrait honorer. Entre Stéphanie, je t’en supplie. 49 jours, carnets d’une faiseuse d’anges et

Eva Humana est, Les petites nouvelles de Jeanne R.M

14€

Disponible à la fédération de Gironde du PCF 15 rue furtado € 33800 BORDEAUX

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