Nouvelles N° 2201

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Jeudi 4 mai 2017 - N° 2201 - Hebdomadaire - 15, rue Furtado - 33800 BORDEAUX - Prix : 0,80 euro

1ER MAI BORDELAIS

Crédits photos : Les Nouvelles de Bordeaux et du Sud-Ouest / Paguy / Yves Nicoleau

Le barrage au FN et l’espoir d’un mouvement social fort et uni face à la finance


ACTUALITÉ BORDEAUX

L’exploitant du stade Matmut Atlantique en déficit tente de piocher dans les deniers publics SBA l’exploitant du Grand Stade a perdu près de 5 millions en deux ans et demande une renégociation du contrat. La Métropole oppose une fin de non-recevoir.

BORDEAUX-MÉTROPOLE

Allier écologie et justice sociale, c’est aussi du concret Membre de la commission Transports de Bordeaux-Métropole, l’élue communiste de Mérignac Léna Beaulieu a commenté lors du dernier conseil la délibération qui met fin à certaines aides à l’acquisition de vélos électriques. Plutôt que de réfléchir à l’exclusion de ceux qui n’ont pas le choix de leur mobilité, la métropole devrait plancher sur une aide vraiment incitative au report modal. « Le dispositif d’aide à l’acquisition de véhicules propres est un succès et le relais pris par l’Etat est tout à fait logique. Cette délibération doit cependant être mise en regard avec les projets en cours dans notre métropole. Après l’expérimentation de la fermeture du pont de pierre à la circulation automobile, un comité planche actuellement sur les conditions de réalisation d’une zone de circulation restreinte, à l’image de ce qui existe à Paris ou Grenoble. Pour nous, la place de la voiture en ville doit continuer à reculer, c’est une évidence sanitaire et écologique. Nous observons cependant que les problèmes sanitaires provoqués par la circulation automobile concernent aujourd’hui bien plus les alentours de la rocade que le cœur de ville. Il ne faudrait donc pas que la restriction de la circulation dans le centre-ville vienne pénaliser encore les populations plus éloignées qui pourraient subir les conséquences de cette restriction sans bénéficier des bienfaits qui seraient alors concentrés à l’intérieur des boulevards. Dans tous les cas, les politiques publiques doivent être volontaristes pour une véritable transition. On se demande donc pourquoi les aides de l’État et de la métropole ne sont pas cumulables. Ce cumul, sous conditions de ressources, permettrait sûrement à des ménages modestes de faire une acquisition qui leur paraît aujourd’hui souvent hors de portée. Nous souhaitons que les services métropolitains y travaillent. »

L’exploitant du stade Matmut Atlantique de Bordeaux, la société Stade Bordeaux Atlantique (SBA), fait le point au moment de boucler son deuxième exercice sur un déficit de 2 millions d’euros. Bernard Hagelsteen, président de SBA, revendique toute une série de bons indicateurs concernant l’exploitation du stade Matmut : 1,3 millions de personnes accueillies en deux ans, 16 grands événements sportifs accueillis (en plus des matchs des Girondins et de l’UBB) ou encore 281 événements « corporate » (congrès et autres). Mais le résultat économique n’est pas au rendez-vous : SBA perd environ 2 millions d’euros par an. « Nous allons chercher toutes les économies possibles, affirme le président de

SBA. Nous devons avoir un volume d’activité plus important : cela veut dire plus de matchs, plus de spectateurs de concerts, de congrès… Il faut aussi reconsidérer certains des engagements pris en conséquence des dépenses de la ville. Nous devons chercher la solution pour rééquilibrer le contrat. Améliorer la situation sans recourir aux actionnaires ». SBA reçoit une redevance annuelle de Bordeaux Métropole de 12 millions d’euros pour assurer l’exploitation du stade. Pour la collectivité ce n’est pas une charge nette puisqu’elle reçoit chaque année une redevance des Girondins de Bordeaux, le club résident, de 3,8 millions d’euros. Par ailleurs, la Métropole se voit rétrocéder 4,5 millions d’euros par an de la part de SBA au titre des recettes garanties par le contrat. C’est ce dernier volet qu’espérait renégocier l’exploitant. Nicolas Florian, adjoint aux Finances de la Ville de Bordeaux, s’est fait le porteparole d’Alain Juppé, président de

Après le marathon de Bordeaux, Foodora menace les auto-entrepreneurs de rupture de contrat

800 emplois menacés dont 22 à Bassens

« L’entreprise LINDE GAS, ex AGA, qui est un groupe allemand, projette de fusionner avec un groupe des USA. Cette O.P.A. qui a un but purement financier aura comme conséquence des licenciements massifs qui sont déjà annoncés en Allemagne où la mobilisation inédite des syndicats allemands freine le projet. En France, ce sont 800 emplois qui sont concernés sur 10 établissements, dont 22 sur le site de Bassens. Les salariés étaient en grève la semaine dernière, la CGT a décidé de continuer les actions sous toutes les formes afin d’alerter les pouvoirs publics et faire pression sur la direction. Un courrier a déjà interpellé les pouvoirs publics face aux menaces qui pèsent sur cette entreprise, ainsi que sur de nombreuses entreprises de la chimie sur le territoire de la Presqu’île. À terme si les pouvoirs publics ne prennent aucune mesure politique c’est une désertification industrielle qui se profile. Il ne suffit pas de faire de grandes envolées lyriques pendant une campagne électorale, il faut des actes ! Chacun connaît les conséquences sur le tissu économique et social, chaque fois qu’une industrie disparaît, ce sont des centaines d’emplois induits qui sont supprimés ! » 2 • Les Nouvelles 4 mai 2017

CD avec Sud Ouest

COURSIERS À VÉLO

LINDE GAS

Le syndicat CGT de LINDE GAS et l’Union Départementale CGT de la Gironde alertent du danger de licenciements voire de menace de fermeture de cette entreprise face à la fusion programmée avec un groupe des USA. Un rassemblement était organisé, mercredi matin sur le site de Bassens.

Bordeaux Métropole pour signifier une fin de non-recevoir à ce ballon d’essai : « Nous ne sommes pas disposés à renégocier un contrat signé en toute connaissance de cause à la lumière d’un modèle économique présenté par SBA ». Décidément, « les prestataires privés ont une conception toute singulière de ce que représente un contrat, un engagement » a réagi Max Guichard, président du groupe communiste. « À bien y regarder, ce déficit est avant tout dû à une surestimation du naming du stade qui est aujourd’hui de 50 % inférieur au prévisionnel. Il relève de la seule responsabilité du SBA de négocier les contrats de naming. Ce déficit est donc de sa seule responsabilité. Toute cette affaire finit de nous convaincre que la maitrise publique d’un équipement public est la seule réponse pertinente en termes de gestion des deniers publics. »

Image du message du manager bordelais sur la messagerie interne postée sur les réseaux sociaux par un coursier du Collectif des Livreurs Autonomes de Paris.

Les difficultés de circulation engendrées par le Marathon de Bordeaux ont amené des coursiers à vélo à renoncer aux livraisons. Mais la plateforme Foodora ne voit pas les choses comme ça et convoque plusieurs livreurs bordelais. Pour entériner les propos d’Arthur Hay, secrétaire du syndicat CGT des coursiers à vélo, quelques jours auparavant avec les militants et candidates communistes de Bordeaux (lire notre

précédente édition), Foodora n’aurait pas pu mieux s’y prendre. En effet, le jeune syndicaliste, auto-entrepreneur, reproche aux plates-formes de livraison de repas d’imposer une relation de subordination plus proche d’une relation salariale que d’une relation commerciale. Arthur Hay affirme que beaucoup de coursiers avaient prévenu la plateforme des difficultés pour travailler le soir du marathon de Bordeaux (voir Sud Ouest du 27 avril) qui coupe la ville en deux. Plusieurs coursiers renoncent donc à travailler ce soir

là et voilà que le manager bordelais de la plateforme, dans un message publié sur un forum de discussion interne, convoque les livreurs absents le 15 avril et les menace d’encaisser le chèque de caution que les livreurs doivent déposer contre le prêt de l’uniforme de la marque. Pour Arthur Hay, c’est une forme de licenciement, de quoi ajouter de l’eau au moulin du syndicat qui envisage de demander la requalification des contrats commerciaux en contrat de travail et d’engager des poursuites pour salariat déguisé, en cas de rupture abusive de contrat… Dans un autre article de Sud Ouest (le 9 avril), Hugues Décosse, directeur général de la start-up Foodora, affirmait travailler avec 200 restaurants et près de 1 000 coursiers. De quoi peser dans un rapport de force qui permet d’imposer leurs conditions, comme d’augmenter les zones de livraisons, virer un coursier par simple message et le remplacer aussi vite. Un rapport de force que les autoentrepreneurs, en s’organisant, finiront bien par trouver le moyen de renverser. CD


ACTUALITÉ

Editorial

1ER MAI BORDELAIS

Le barrage au FN et l’espoir d’un mouvement social fort et uni face à la finance

C’était un gros 1er mai à Bordeaux, 8 000 déclare la CGT soit 3 000 de plus que l’an dernier en plein mouvement contre la loi travail. Certes, la pluie et le piège du deuxième tour – entre extrême droite et libéralisme débridé – pesaient sur les épaules, mais la dynamique du premier tour de la présidentielle était bien là aussi. Les militants communistes étaient présents en nombre, avec leur tract appelant à faire barrage au FN et à rassembler pour lutter contre le programme de Macron, dans la rue et à l’Assemblée, ou celui invitant au grand banquet républicain qu’ils organisent le 21 mai sur le terrain de la fête de l’Humanité Gironde. Derrière la banderole de la fédération ou dans le cortège syndical, ils proposaient aussi la vente du muguet et la participation à la souscription financière. La CGT, Solidaire, la FSU et l’Unef avait mobilisé pour le progrès social et pour dire « pas une voix au FN », entre les deux tours des ces élections présidentielles, et « pas de chèque en blanc à Macron ». Ce dernier l’aura compris, le bulletin de vote à son nom pour faire barrage à l’extrême droite reste en travers de la gorge des syndicalistes, qu’ils aient décidé de le faire quand même ou pas.

La Cgt rappelle cependant que le FN qui prône « racisme, sexisme, homophobie, repli sur soi, division entre les travailleurs », « n’est pas un parti comme les autres » même s’il se cache « sous un discours social » et surfe « sur toutes les déceptions sociales et les reculs sociaux infligés par 30 ans de politiques ultra libérales et les politiques d’austérité ». On était certes loin des mobilisations de 2002, la dernière fois que le FN était au second tour de la présidentielle, mais l’œuvre de banalisation des idées de l’extrême droite a fait son chemin depuis et pour les gens de gauche, la politique que propose Macron n’est pas de nature à enrayer

cette montée des idées nauséabondes. Au micro des organisations d’extrême gauche, le « ni patrie ni patron » se fait entendre, dans les rangs de l’important cortège des insoumi-e-s, quelques pancartes « ni facho, ni banquier » s’affichent également. Mais d’un bout à l’autre du cortège, on s’apprête à combattre le programme de Macron. « Le mouvement social n’a pas dit son dernier mot », déclare Corinne Versigny qui appelle « les salariés, les jeunes, les retraités, les privés d’emploi à se rassembler dans l’unité la plus large possible car quand les travailleurs ne se serrent plus la main, c’est le patronat qui frottent les siennes ! » Et parce que, pour la CGT, « la fraternité et la solidarité sont les meilleures armes face aux attaques patronales et gouvernementales », 400 manifestants ont poursuivi ce 1er mai à la Bourse du travail autour d’un repas et d’un concert de musique cubaine. Christelle Danglot

Les Kurdes de Bordeaux étaient aussi bien présents sur la manifestation bordelaise pour dénoncer la dictature d’Erdogan et la répression à leur encontre.

1ER MAI

Le Pen et la « chienlit » : le vieux fond anti-ouvrier de l’extrême droite refait surface Sous couvert de condamnation des violences contre la police, la candidate FN s’est livrée, lundi, à une charge ultra-réactionnaire contre les manifestations populaires et les syndicats, assimilés au chaos et au danger. À l’occasion de la Fête internationale des travailleurs, ce 1er mai, l’autoproclamée candidate du « peuple » a donné de nouvelles preuves de l’amour qu’elle porte à la démocratie sociale et au syndicalisme. Au soir d’une journée qui a mobilisé près de 300 000 personnes dans les rues de France pour dire non à son programme dans des défilés pacifiques et déterminés, Marine Le Pen n’a voulu retenir qu’une chose : l’image d’un

CRS à l’uniforme en feu, victime d’individus extérieurs au cortège parisien, symptôme, selon elle, de « cette chienlit et ce laxisme qu’(elle) ne veu(t) plus voir dans nos rues ». Si la condamnation de tels actes relève de l’évidence – les syndicats ont dénoncé fermement ces agissements, dont ils sont souvent eux-mêmes les victimes – le choix des mots de Marine Le Pen doit peu au hasard, et n’a rien à voir avec la réalité qu’elle prétend décrire. Chienlit : anarchie sociale et politique, pagaille, indique le Larousse. Laxisme : indulgence excessive. Ni l’une ni l’autre n’étaient à l’ordre du jour, ce lundi, en France… sauf à considérer que le fait même de manifester devrait être réprimé comme facteur en soi de désordre

intolérable. Voilà qui en dit long sur la conception des libertés dans la « République » voulue par Marine Le Pen. Mais la « chienlit », c’est aussi un passé qui fait sens à droite. Une allusion transparente à De Gaulle, mais non au général de la Résistance : c’est le chef du parti de l’ordre dont elle revêt les habits, écrasant dans les urnes la révolte et les espoirs de Mai 1968. Une référence clairement anti-ouvrière, anti-jeunes, celle de la réaction dressée contre l’aspiration populaire à plus de justice, d’égalité et de liberté, assimilés au chaos et au danger. (…)

Le peuple à l’Assemblée nationale Une nouvelle fois l’extrême droite banalisée des mois durant s’est hissée au second tour de la présidentielle avec un nombre de voix inégalé. En face un candidat soutenu par les milieux d’affaires, le ministre allemand des finances, les institutions européennes, et discrètement par l’Elysée comme candidat de substitution, a été placé en tête pour engager une politique encore plus libérale. Cette réalité tend à cacher le nouveau de la situation : la force que représentent les 7,5 millions d’électeurs qui se sont portés sur Jean-Luc Mélenchon et l’immense espoir face à la « vieille » politique que propose Macron. Ce vote est la manifestation du désir d’un autre avenir que celui promis par les dominants, une autre éthique en politique, l’honnêteté, le respect de la parole donnée et le respect des citoyens, la solidarité contre les divisions, une refondation démocratique de la construction européenne, un projet de paix et de coopération entre les peuples. Mais il est impensable de banaliser l’élection d’un président de la République d’extrême droite qui contrôlerait l’Etat, commanderait l’armée, la police, la justice, l’éducation nationale, faisant régresser des droits fondamentaux, qui représenterait la France au conseil de sécurité de l’ONU. Dans l’intérêt des libertés et de la démocratie, du monde du travail et de la création, nous lui barrerons la route le 7 mai. Ce ne sera en aucun cas une soumission aux choix libéraux de Macron. La réussite des rassemblements et marches du 1er mai – 8 000 en Gironde – ont montré à la fois le refus de l’extrême droite et la mobilisation pour le progrès social, la démocratie et la paix. Les électrices et électeurs de J-L Mélenchon, et au-delà de la gauche, peuvent maintenant prolonger l’élan créé dans le pays en élisant des députés qui les protégeront, les défendront et s’attacheront à faire vivre un grand projet d’égalité. Le 7 mai on barre la route au Front national, avec un vote qui permettra qu’il obtienne le score le plus bas possible et dès le 8 mai on poursuit les combats et la dynamique de campagne législative pour une nouvelle majorité parlementaire : pour que le peuple entre à l’Assemblée nationale.

Christine Texier membre de l’exécutif du PCF33

Sébastien Crépel, l’Humanité du 02/05/2017 Les Nouvelles 4 mai 2017 • 3


2 E TOUR DE LA PRÉSIDENTIEL APPEL D’INTELLECTUELS*

BILLET

Utiliser le vote Macron pour barrer la route au pire

D’abord bouter Le Pen hors de la présidence

« Intellectuels, professionnels de la culture, de l’enseignement, des sciences et de la création, profondément attachés aux valeurs républicaines et humanistes de pluralisme, de tolérance, de paix, de laïcité et de liberté, nous sommes très inquiets de la situation politique en France au lendemain du premier tour des élections présidentielles. (…) Le Front National n’est pas un parti comme les autres. Contrairement à ce que croient et disent certains, il a déjà été au pouvoir en France, sous d’autres identités. (…) Derrière la façade “dédiabolisée” du FN, grouille tout ce que l’extrême droite compte d’ennemis de la République, des libertés, des droits des salariés et des femmes, d’homophobes, de nostalgiques de Pétain, d’amis de Franco, des colonels grecs, de négationnistes comme Le Pen père, de nostalgiques des SS français qui ont combattu aux côtés des nazis, d’héritiers des gestapistes français qui torturaient et fusillaient les Résistants, d’héritiers de l’OAS. (…) Le FN fédère tous ceux qui veulent en finir avec l’héritage des Lumières (…). Dans les quelques villes qu’il dirige ou a dirigées, le FN a toujours réduit

les budgets de l’action sociale, mais aussi de la culture. Il s’est attaqué sans relâche aux droits acquis des personnels municipaux, à la liberté d’expression, à l’information. Ce sont là des faits indéniables, que les références hypocrites du FN à la patrie, à la laïcité et à la défense des travailleurs cherchent à dissimuler. Son discours social est un leurre, déjà Nazi voulait dire National Socialiste. C’était un mensonge ! (…) Quelles que puissent être nos inquiétudes et nos divergences avec le candidat Emmanuel Macron, nous appelons dans notre diversité ceux qui partagent nos valeurs à utiliser le seul bulletin de vote à leur disposition pour faire barrage au fascisme, sans se laisser abuser par le camouflage qu’il se donne. “Ceux qui veulent ignorer le passé sont condamnés à le revivre”. Nous ne serons pas de ceux-là. » * Initiateurs : Jean Michel Bony Mathématicien académie des sciences, Bruno Chaudret Chimiste académie des sciences, Jean Michel Galano Philosophe, Jean Pierre Kahane Mathématicien académie des sciences, Ivan Lavallée Informaticien, Evariste Sanchez-Palencia Mathématicien académie des sciences… (lire sur nbso.fr)

SOCIAL

Crédits photos : Les Nouvelles de Bordeaux et du Sud-Ouest / Paguy / Yves Nicoleau

La fibre toute synthétique du FN Elle déteste les syndicats mais a besoin des voix des travailleurs et flatte le patronat : Marine Le Pen en est, du coup, réduite au grand écart. Chez Whirlpool, elle n’a pas voulu rencontrer les élus du personnel. Marine Le Pen a une vision très étriquée du monde du travail, plus encline aux selfies avec des sympathisants qu’à s’en prendre aux licencieurs. À Amiens, elle a promis que Whirlpool « ne fermera pas » : promesse facile, quand plusieurs repreneurs seraient sur les rangs. Dans son programme, la proposition numéro 10 vise à casser le « monopole syndical » du premier tour des élections professionnelles, façon d’émietter la représentation. Sa défiance va jusqu’à réclamer le « contrôle du financement des syndicats », « comme si nous n’avions pas de contrôles Urssaf, celui d’experts-comptables et de commissaires aux comptes… », dénonce la CGT. Un contrôle qu’elle refuse aux partis, le sien en premier. Marine Le Pen inscrit ses pas dans ceux du Medef, sa proposition 45 consistant à fusionner, dans les PME de moins de 300 salariés, délégués du personnel et comité d’entreprise. Lors des discussions sur la loi El Khomri, Louis Aliot estimait dans le Journal du Centre, que « la grève est un système archaïque ». Derrière l’opposition de façade du FN, plusieurs amendements ont été déposés par ses sénateurs FN pour la suppression du compte pénibilité, par exemple. Les solutions sont rarement dans les fiches du parti. Il promet de revenir à la retraite à 60 ans, mais veut dans le même temps abaisser encore les cotisations sociales. Com4 • Les Nouvelles 4 mai 2017

ment finance-t-on cette mesure sans cotisations ? Il veut augmenter les bas salaires… par le même système retenu pour les exonérations Fillon puis le Cice. En octobre 2010, les élus frontistes du conseil régional Provence-AlpesCôte d’Azur refusent de voter une motion de solidarité avec les salariés de Fralib, adoptée par tous les autres groupes politiques. La même année, Bruno Gollnisch, conseiller régional en Rhône-Alpes, juge en plein mouvement contre la réforme des retraites que « le sabotage de l’économie française caractérise l’action des dirigeants de la CGT », laquelle « doit être rendue pénalement responsable ». Plus récemment en Guyane, le FN dit soutenir le mouvement mais dénonce le blocage. « À Hayange, le maire s’acharne contre un de nos jeunes militants, Jérémy Zorzer, un représentant du personnel, explique Pascal Debay, responsable confédéral CGT à la lutte contre l’extrême droite. Le FN a mis en place un système de terreur, des agents ne veulent plus venir aux réunions par peur des remontrances, du flicage de leurs pages sur les réseaux sociaux. Mais le FN n’arrive pas à nous empêcher de gagner des adhérents, parce qu’ils voient que la CGT se bat. » N’en déplaise au FN, une enquête Ifop pour l’Humanité, montre que près d’un actif sur trois proche d’un syndicat a voté pour Jean-Luc Mélenchon, suivi d’Emmanuel Macron, tandis que le score de Marine Le Pen est plus bas de neuf points que chez les autres actifs. avec, l’Humanité, 28/04/2017

Pour empêcher l’arrivée de Le Pen dans cinq ans ou avant, il faut lui barrer la route maintenant. Et pour lui barrer la route maintenant, il n’y a qu’une solution le 7 mai : employer le bulletin Macron. Des millions de français ont essayé une autre solution, d’autres solutions. « Le coup passa si près que le chapeau tomba », merci Victor Hugo. Le chapeau est tombé, mais les institutions de la Ve République, à renverser, imposent deux candidats au 2e tour de la présidentielle, ni trois, ni quatre : donc le ni-ni est impossible ! Toute abstention, appel à l’abstention ou au vote blanc favorisent, de fait, la « Fifille » de Le Pen. Et s’il n’y avait que ça ! Chacun connaît ou doit se rappeler l’effet pervers de la présidentialisation du régime. Plus les résultats à la présidentielle sont bons, plus les forces mobilisables pour les législatives (et ses suites) sont grandes. Peut-on prendre la responsabilité d’avoir contribué par désarroi, légitime, et par colère, justifiée, au renforcement d’un groupe de députés FHaine à l’assemblée ? Non ! Pour que les Parlements de rue puissent continuer (en spectacle à Gradignan le 31 Mai), il faut, dans un premier temps, bouter Le Pen (et sa Boutin !) hors de la présidence

(pour cinq ans et plus : « rien n’est jamais acquis »)… Il faut ensuite envoyer à l’Assemblée un max de députés prêts à se battre contre l’austérité néo-libérale. Nous ne pouvons pas offrir les beautés de notre colère et notre haine du néo-libéralisme en cadeau, même enveloppé du ruban de nos hésitations abstentionnistes, aux « politichiens » de l’extrême droite. À ceux qui pensent très fort « on verra bien, on a tout essayé » on peut rappeler qu’effectivement on a essayé en Europe et dans le monde. Et pour ceux qui ne veulent pas faire d’histoire et qui pensent que Macron- Le Pen c’est « Blanc Bonnet et Bonnet Blanc » comme PompidouPoher en 1969, je me permettrai quelques remarques : Avec cette formule populaire, le candidat communiste Jacques Duclos (plus de 21 % au premier tour, mais éliminé pour le second) mettait sur le même plan le candidat gaulliste tenant du « capitalisme monopoliste d’État » et le candidat centriste favorable à une économie libérale européenne. Peut-on, en 2017, mettre un tel trait d’égalité entre Le Pen et Macron ? Non, malgré l’extrême nocivité du macronisme, qu’il faut dénoncer dès maintenant… En 1969, l’appel (unique dans les annales) a été assez massivement

entendu : du premier au deuxième tour l’abstention est passée de 22 à 31 % et les bulletins blancs ou nuls ont augmenté de près de 4 %. Mais son résultat n’a eu aucun impact. Les communistes, en nombre, ont appelé Pompidou « le candidat mal élu » (37 % des inscrits), ont mis en cause sa légitimité, mais cela n’a servi à rien, tout cela a très vite été oublié. Des forces immenses se sont levées, il faut les préserver, les développer, et éviter qu’elles retombent comme un soufflé. Il faut donc : - Créer, ce qui va être difficile, toutes les conditions pour une candidature unitaire aux législatives dans le maximum de circonscriptions. L’action dans la rue a besoin de soutien au Parlement, contre l’austérité et pour l’humain d’abord. - Voter Macron pour barrer la route à l’extrême droite. - Écouter, débattre, agir, discuter, chercher tout ce qui peut unir, sans rien lâcher. Pour ruer dans les brancards, évitons les bras cassés, multiplions les parlements de rue, et que dans le parlement, nos ruées puissent trouver écho… Restons groupés, et envoyons un bon groupe de députés du peuple à l’assemblée. Vincent Taconet

PIERRE KHALFA :

« Jamais l’extrême droite n’a quitté le pouvoir dans une alternance tranquille »

Dans un entretien réalisé par Audrey Loussouarn, pour l’Humanité du 26 avril 2017, le coprésident de la Fondation Copernic, fournit une explication au désarroi des électeurs de gauche face à la perspective du second tour. Il donne à voir le danger que serait le FN au pouvoir après le 7 mai. Pierre Khalfa relève que la présence de Marine Le Pen au second tour est

« tout sauf une surprise », que « pour une partie des citoyens, le FN est devenu un parti comme les autres » et qu’une « partie des électeurs de gauche qui ont voté pour Jacques Chirac en 2002 ont eu l’impression de s’être fait avoir et, visiblement, penchent cette fois-ci pour l’abstention » et renvoient dos à dos Marine Le Pen et Emmanuel Macron. « La politique que propose Emmanuel Macron va aggraver considérablement

la situation, résultat des cinq ans du quinquennat Hollande, et même des décennies précédentes, poursuit Pierre Khalfa. Ce qui rend compliqué l’appel à voter pour le candidat d’En marche ! alors même qu’il est indispensable de faire barrage à Le Pen. Il faut expliquer sans relâche que le FN est un danger pour les libertés démocratiques. Il n’y a aucun exemple historique où l’extrême droite est arrivée au pouvoir par les urnes et en est sortie dans une alternance tranquille quelques années après. Pour moi, c’est l’élément essentiel, audelà même des questions de xénophobie, puisque les discours d’une partie de la droite rejoignent aujourd’hui ceux de Marine Le Pen dans une porosité des électorats et d’ idéologie. La droite, même extrême, est différente d’une extrême droite sur le plan du respect a minima de l’État de droit. Dans le cas d’Emmanuel Macron, on peut penser qu’il y aura des élections cinq ans après dans des conditions à peu près normales. Ce qui n’est absolument pas sûr avec Marine Le Pen, surtout au vu des pouvoirs considérables qui sont donnés aux présidents de la Ve République. Rien qu’avec l’article 16 de la Constitution, elle peut faire n’importe quoi. »


LLE : RAISONS DE S’ENGAGER AUX COMMANDES DE COLLECTIVITÉS

Dans les cantines du Front national, mijote son ragoût antisocial Lorsqu’ils sont aux commandes, les élus frontistes renient toute préoccupation sociale affichée pendant leurs campagnes. Centres sociaux, épiceries solidaires communales, restauration scolaire… Leurs administrés les plus pauvres sont frappés au portefeuille. De qui se moque le Front national ? « Face à l’extension continue de la misère depuis 2008, il est urgent de mettre en œuvre une véritable politique à destination des Français les plus démunis », écrivait son secrétaire général, Nicolas Bay, sur le site du parti, le 6 décembre. Une préoccupation qui paraît légitime, mais qui ne résiste pas à un examen approfondi : le parti d’extrême droite, dans ses votes aux conseils régionaux et départementaux où il a augmenté son nombre d’élus en 2015, comme dans ses décisions dans les villes qu’il dirige depuis 2014, fait exactement le contraire.

Mathilde Androuët expliquait au Point que le conseil régional est « un échelon auquel on ne croit pas trop au FN, les échelons importants pour nous étant l’État, le département et la commune ». Reste que les votes des groupes frontistes devraient peser dans leurs bilans. Un seul exemple vaut démonstration de ce qu’ils feraient s’ils en avaient les moyens : en Pays de la Loire, Monique Lieumont-Briand se félicite, dans la lettre des élus FN de mai 2016, d’avoir voté en commission « emploi, apprentissage, formation professionnelle, insertion » contre le projet régional de sécurisation des apprentis, face au risque de rupture du contrat d’apprentissage. « Je ne crois pas que la région doive faire de “l’assistanat” au bénéfice des ses apprentis, écrit-elle. Je suis convaincue en revanche qu’il serait mieux pour tout le monde d’allouer directement de l’argent pour aider l’entreprise à maintenir l’apprenti en son sein. » Privilégier l’entreprise au salarié, donc.

Comment réchauffer en région une recette libérale, tout en dénonçant le libéralisme nationalement

Dans les communes qu’il gère la politique frontiste s’exerce sur le dos des plus pauvres

En région, le FN, bien qu’il dispose d’un nombre considérable d’élus (358), n’a pas de poste exécutif. Ce qui, au fond, l’arrange bien. En janvier 2016, la conseillère d’Île-de-France

Puisque « l’échelon important » de la municipalité est le plus parlant politiquement, car le Front national y est en capacité de prendre des décisions, dirigeons-nous vers les villes qu’il gère

COLLECTIF BORDELAIS POUR LES DROITS DES FEMMES

Si nous étions présidente… Nous changerions la vie entière !

Dans un communiqué à quelques jours du 1er mai, le Collectif bordelais pour les droits des femmes a fait l’amer constat que ce thème n’avait fait l’objet de priorité programmatique pour aucun des candidats du premier tour. Pour le 2e tour, le collectif déclare : « Emmanuel Macron, candidat libéral, se targue de proposer des mesures concrètes. Mais les mesures généralistes qu’il prône vont encore plus détériorer la vie des femmes telles l’allongement possible du temps de travail, le contrôle strict des chômeuses et des chômeurs, la primauté

aux accords d’entreprise, l’adhésion à l’Europe de l’austérité. Marine Le Pen, candidate d’extrême droite, s’est auto proclamée grande défenseuse des droits des femmes. Cette conversion tardive n’a qu’un seul but : élargir l’électorat du Front national puisque les femmes votent moins FN que les hommes. Et ce n’est pas avec des positions anti-avortement ou ayant pour but de fermer le marché de l’emploi aux femmes en les renvoyant à la maison avec un “revenu parental” que cet objectif peut être réalisé. Mais le programme FN 2017 ne comporte aucune mesure concrète susceptible d’améliorer la situation des femmes. C’est dans l’ADN du FN de considérer les femmes comme inférieures aux hommes. Pour l’heure, le danger est de voir accéder l’extrême droite au pouvoir. Elle se pare d’habits républicains mais elle porte en fait des “valeurs” antidémocratiques, antisociales, sexistes, lesbophobes, homophobes, xénophobes, antisémites et racistes. Nous ne pouvons laisser faire. Le Collectif bordelais pour les droits des femmes appelle à faire barrage à l’extrême droite et à le montrer massivement dans la rue, dans les cortèges unitaires du 1er mai. »

depuis 2014. L’aide aux Centre communaux d’action sociale (Ccas), dont la forme d’intervention la plus répandue, consiste en fourniture de secours en nature et en espèces afin de prévenir et de lutter contre tous modes d’exclusion sociale, a été très fortement réduite dans plusieurs communes dirigées par une équipe lepéniste. Si, à Fréjus (Var), la subvention au Ccas n’a baissé « que » de 5 % dès l’arrivée de la nouvelle équipe, dans la commune proche de Cogolin, la coupe, votée en avril 2015, atteint 46 % : « Il faut faire des économies », rabâche le maire, Marc-Étienne Lansade. C’est à ce titre que, dans le département voisin du Vaucluse, au Luc, la mairie a fait fermer l’épicerie solidaire La Galinette, ouverte depuis 2010, qui dépendait du Ccas. À Béziers (Hérault), le maire Robert Ménard, il est vrai seulement « soutenu » par le FN, n’a pas fait tirer le rideau à l’épicerie solidaire, mais a seulement réservé son accès aux personnes pouvant justifier d’« un an, au minimum, de séjour » dans la ville. Dans le même temps, la 9e ville la plus pauvre de France (33 % de la population vit en dessous du seuil de pauvreté) a vu

fondre de 365 000 euros la subvention au Ccas… En voulant s’attaquer aux « assistés », c’est en réalité aux pauvres, dont un bon nombre de bénéficiaires de ces organismes de solidarité travaillent, que les frontistes et leurs alliés s’en prennent… ceux-là mêmes que le parti d’extrême droite dit vouloir défendre. Les enfants qui fréquentent les centres sociaux de Fréjus (entre 46 et 65 % de baisse de financement) ou de Beaucaire (arrêt total de la subvention) ne sont pas précisément issus des plus riches familles. Dans cette ville du Gard, la décision du maire a conduit au licenciement du directeur. Du coup, la municipalité s’est réapproprié les locaux, « un joli local de 150 m² estimé à 10 000 euros de revenus locatifs par an », détaillait Julien Sanchez au Huffington Post en février 2015, justifiant la spéculation immobilière sur le dos des anciens bénéficiaires. La punition collective pour les associations

La volonté affichée pendant la campagne municipale de 2014 par le parti de Marine Le Pen de redonner du pouvoir d’achat aux plus modestes par la « baisse des impôts locaux »

participe de la même mascarade. À Villers-Cotterêts (Aisne), la baisse à peine perceptible décidée dès le premier budget, en mars 2014 (0,2 point de taxe d’habitation, 0,23 de taxe foncière, 0,8 sur le foncier bâti), se traduit par un allègement de… « 6 euros par an », calculait le Parti socialiste dans son Livre noir des municipalités FN, paru en décembre 2015. Un cadeau fiscal compensé par une hausse drastique des tarifs de cantine : au Pontet (Vaucluse) ou à Beaucaire, l’interdiction d’accès aux enfants de chômeurs, comme l’ajout d’un tarif A, signifie la fin de la gratuité pour les plus démunis. À Villers-Cotterêts, le tarif le plus bas est passé de 1,50 euro à 2,65 euros (78 % d’augmentation). À Beaucaire, le 1,23 euro par repas correspond à 430 euros par an pour un couple avec deux enfants ; le 1,57 euro réclamé à Fréjus, à 549 euros ! Il n’y a pas que pour la justice que le FN et ses affidés prônent la double peine : à la punition collective, avec la fin des loisirs pour les plus pauvres (centres de loisirs et associations culturelles et sportives menacées), s’ajoute la punition financière des ménages. avec l’Humanité, 16/12/2016

SNJ, SNJ-CGT, CFDT-JOURNALISTES

« La liberté d’informer menacée par la vague réactionnaire en Europe : Ne laissons pas faire ! » À l’occasion de la journée nationale de la liberté de la presse, les syndicats de journalistes SNJ, SNJ-CGT et CFDT-Journalistes alertent devant « la montée en Europe, et maintenant en France, de la marée brune charriant les thèses de l’extrême-droite raciste et xénophobe, réactionnaire et ultralibérale ». Les syndicats rappellent qu’après la Hongrie, la Pologne « est devenue le laboratoire grandeur nature des atteintes aux libertés publiques et parmi celles-ci, la liberté d’informer et d’être informé » avec la main mise des gouvernements ultra-conservateurs sur les médias publics. « Les journalistes, dignes de ce nom, y sont devenus des parias ». Au début du mois, le premier ministre hongrois, Viktor Orban, a d’ailleurs encore fait parlé de lui par une offensive anti-européenne. Début avril, il a fait envoyer à tous les habitants un questionnaire intitulé « Stop Bruxelles ». Il s’agit de six questions très orientées, essentiellement axées sur l’immigration. Cette consultation nationale intervient au moment où le gouvernement a encore resserré son dispositif anti-immigration, avec l’entrée en vigueur, le 28 mars, d’une loi de placement en détention systématique des demandeurs d’asile. Cette disposition a été considérée comme non conforme

au droit international par l’ONU et vivement dénoncée par les ONG. Celles-ci pourraient bientôt être contraintes au silence. Un des thèmes du questionnaire demande aux Hongrois leur avis sur « les ONG qui soutiennent l’immigration illégale ou interfèrent dans les affaires intérieures de la Hongrie ». « Aux frontières de l’UE, la Turquie de Recep Tayyip Erdogan affiche le triste record d’être la plus grande prison au monde pour les journalistes : 150 de nos confrères sont détenus dans les prisons du régime de l’AKP », poursuivent les syndicats. Depuis le coup d’État avorté de juillet 2016, 40 000 personnes ont été arrêtées et emprisonnées, 150 000 fonctionnaires révoqués, près de 4 000 membres du système judiciaire suspendus et 3 600 révoqués, 177 organes de presse fermés, tout particulièrement des médias de gauche ou ceux qui représentent les Kurdes, 2 500 journalistes ont perdu leur emploi, les députés du HDP ont été mis en prison, ainsi que les maires des grandes villes du sud-est du pays, 2 100 écoles, foyers d’étudiants et universités ont été fermés, 1 800 associations dissoutes, leurs biens confisqués, 100 000 personnes font l’objet d’une enquête, dont 44 000 placés en détention provisoire… Après le récent référendum, dont les résultats sont contestés, le « sultan » Erdogan a les pleins pou-

voirs. Il en a déjà usé pour procéder à de nouvelles arrestations et pour bombarder les Kurdes de Syrie et d’Irak (lire page 6). Menaçant aujourd’hui de réintroduire la peine capitale, les syndicat se demandent s’il ira « jusqu’à assassiner des journalistes ». Enfin, les organisations syndicales mettent en parallèle « le démagogue Donald Trump » qui « vilipende les journalistes en les désignant comme ennemis à la vindicte populaire » et « les pratiques du Front national et de la candidate Marine Le Pen lors de la campagne pour la présidentielle » : « Exclusion des médias qui déplaisent, violences et menaces contre les journalistes de la part des sbires du FN sur ordre des dirigeants lepénistes, une pratique bien connue de ce parti extrémiste ». « Aujourd’ hui, la France n’est pas épargnée par cette montée des idées identitaires, haineuses, xénophobes, homophobes et jour après jour grandissent les menaces sur les journalistes et la liberté d’expression », affirment le SNJ, SNJ-CGT et CFDT Journalistes. Ils appellent la profession toute entière à prendre la mesure des dangers et les citoyens à se mobiliser pour leur droit d’être informés. « Sans information libre, il n’existe par de démocratie réelle. » CD Les Nouvelles 4 mai 2017 • 5


INTERNATIONAL CORÉE DU NORD

CORÉE DU SUD

Tokyo expédie son plus gros navire militaire

Washington accélère la marche militaire en Asie

Deux jours après le nouveau tir de missile nord-coréen, samedi, le Japon a dépêché son plus gros navire militaire, le porte-hélicoptères Izumo, en soutien au porte-avions américain à propulsion nucléaire Carl-Vinson, au large de la péninsule Coréenne. C’est la première opération de ce type depuis la réinterprétation de sa Constitution pacifique par Tokyo. La Chine a dénoncé l’envoi de cet engin, un porte-avions déguisé, capable de recevoir des avions à décollage vertical et confirmant la

part militaire grandissante du Japon dans la région. Par ailleurs, depuis le week-end dernier, le directeur de la CIA, Mike Pompeo, est en Corée du Sud afin de s’entretenir avec le chef du renseignement sud-coréen, des représentants de la présidence et les forces américaines sur place. Enfin, Prayut Chan-o-cha, le chef de la junte thaïlandaise, a accepté l’invitation de Donald Trump à se rendre aux États-Unis pour évoquer le soutien que pourrait apporter son pays dans le dossier nord-coréen.

ITALIE

Les salariés disent non au chantage d’Alitalia 67 % des employés de la compagnie aérienne ont refusé, lundi, le plan de recapitalisation, malgré le risque de liquidation de l’entreprise. Les salariés d’Alitalia, compagnie aérienne italienne, ont voté contre un « plan de sauvetage », véritable chantage de la part des actionnaires. La compagnie ayant perdu 460 millions d’euros en 2016 et se trouvant à cours de liquidités ce mois-ci, ces derniers ont exigé des syndicats un accord qui prévoit la suppression de 980 postes, la diminution des salaires de 8 % et la réduction du nombre de jours de repos (qui passerait de 120 à 108 par an). En échange, les actionnaires promettaient 2 milliards d’euros d’argent frais. Le résultat du vote des employés est sans appel. Avec une participation de 87 % des 12 500 membres du personnel, le non rassemble 67 % des suffrages. Les salariés ne veulent pas, une fois de plus, faire les frais de la mauvaise gestion de leur entreprise. Les syndicats, qui avaient signé un

accord dont ils ne voulaient pas, ont pris acte du vote et le gouvernement semble vouloir faire fonctionner la main libre du marché, au motif que 7,4 milliards d’euros d’argent public ont été dépensés depuis 1974 pour renflouer Alitalia. La compagnie pâtit de la concurrence du low cost. Elle dépense 6,5 centimes par kilomètre et par passager, contre 6 centimes pour Easyjet et 3,5 centimes pour Ryanair. Ces dernières années, elle s’est concentrée sur les trajets courts, où les compagnies perdent de l’argent. En 2008, elle avait tenté de développer son activité moyen-courriers par une alliance avec d’autres compagnies, notamment Air France. Silvio Berlusconi s’y était opposé pour des motifs électoraux au nom de « l’italianité » de l’entreprise. Les dirigeants de la compagnie aérienne italienne, Alitalia, pourraient demander une « administration extraordinaire » de la compagnie. En pareil cas, soit le « commissaire public » trouve un repreneur, soit l’entreprise est liquidée. Ce pourrait être la fin d’Alitalia.

ISRAËL

Netanyahou déclenche un incident diplomatique avec Berlin Le premier ministre israélien est coutumier du fait. Benyamin Netanyahou a refusé, mardi, de rencontrer comme prévu le ministre des Affaires étrangères allemandes, Sigmar Gabriel, au motif que ce dernier avait des entretiens considérés comme gênants à son agenda. Le chef de la diplomatie devait en effet s’entretenir avec des responsables de deux ONG, B’Tselem et Breaking the Silence, critiques du gouvernement israélien et qui dénoncent notamment la 6 • Les Nouvelles 4 mai 2017

colonisation, l’occupation et les violations des droits de l’homme. « Israël ne répond pas aux critères minimaux d’une démocratie », a répondu l’association, à la suite de l’annulation de la rencontre entre les deux responsables. « Imaginez que le premier ministre israélien vienne en Allemagne et souhaite rencontrer des personnes critiques à l’égard du gouvernement et que nous disions que cela n’est pas possible. Ce serait impensable », a quant à lui réagi Sigmar Gabriel.

Les États-Unis profitent d’une Corée du Sud en pleine campagne électorale pour augmenter la pression et procéder à de nombreuses manœuvres de défense. D’évidence, les États-Unis s’engouffrent dans un trou de souris. À la suite de la destitution de la présidente sud-coréenne, Park Geun-hye, Séoul attend que la présidentielle anticipée confirme ou non les options conservatrices de fermeté vis-à-vis de Pyongyang et de dépendance totale à Washington qui prévalaient jusqu’alors. Ainsi, malgré la protestation des habitants sud-coréens, l’armée américaine a commencé, hier, l’installation des premiers éléments du bouclier antimissile. Les manifestations qui ont dégénéré en affrontements violents avec la police prouvent à quel point l’escalade organisée par les États-Unis fait débat. Seule la candidate de gauche est hostile au bouclier antimissile

La question a même été au centre des discussions télévisées entre les candidats à la Maison-Bleue. Ainsi, le démocrate Moon Jae-in, favori des sondages, a-t-il marqué une opposition contrastée au déploiement du bouclier militaire américain. S’il s’oppose à toute installation avant la prise de fonction du nouvel exécutif, il admet n’y voir aucun inconvénient en cas de nouvel essai nucléaire nord-

coréen. Derrière, on décèle la volonté de presser la Chine à alourdir encore ses sanctions contre Pyongyang. Soit un alignement total sur la vision américaine qui prétend que seul Pékin est à même de cesser l’escalade, surestimant ainsi son pouvoir face à Kim Jong-un. Cette position est en réalité une manière de contourner les négociations proposées par les autorités chinoises tout en actant à terme l’échec de la Chine afin d’accélérer le processus militaire. De son côté, Pékin a demandé le retrait du système Thaad (Terminal High Altitude Area Defense), arguant que son maintien menaçait « l’équilibre stratégique et incitait à une nouvelle hausse des tensions », alors que Pyongyang célébrait, mercredi 26 avril, la réussite de ses « plus importants exercices de tirs d’artillerie », réalisés dans le cadre du 85e anniversaire de son armée. En réalité, seule la candidate de gauche Sim Sang-jung est réellement hostile au bouclier antimissile. Le conservateur Hong Joon-pyo a quant à lui renoué avec l’idée d’une réunification par la voie militaire, c’est-àdire grâce à une offensive américaine. Rien n’est pour lui exclu, même pas le redéploiement par Washington d’armes nucléaires dans le sud de la péninsule malgré leur retrait dans les années 1990. Il s’aligne ainsi sur les travaux du Conseil de sécurité nationale américain. Et le temps s’accélère à Washington. mercredi 26 avril,

la Maison-Blanche a convié cent sénateurs à une réunion de travail extraordinaire sur ce dossier alors que des navires de guerre japonais avaient rejoint, le dimanche précédent, le porte-avions nucléaire CarlVinson et sa flottille, que Pyongyang menaçait de couler, au large de la péninsule. Les options sur la table comprennent des frappes sur les sites nucléaires nord-coréens, qui ont d’ores et déjà entraîné une menace de riposte sur les bases américaines au Japon et des tirs sur l’allié australien pour l’heure hypothétiques tant ses côtes restent hors de portée de la technologie nordcoréenne. C’est dans ce contexte que la Chine a lancé, mercredi, son second porte-avions. Sur le plan des sanctions, Séoul, Washington et Tokyo évoquent désormais la possibilité d’interdire à Pyongyang de vendre son droit de pêche dans ses eaux et d’exporter ses ouvriers. Cette mesure pourrait s’inscrire dans la cohorte de sanctions adoptées par le Conseil de sécurité de l’ONU. Le bannissement de la vente de ce droit de pêche près de la frontière maritime intercoréenne à des chalutiers chinois, qui aurait permis à la Corée du Nord de récupérer 75 millions de dollars, a en ce sens peu de chance d’être adopté. Lina Sankari, l’Humanité, 27/04/2017

MOYEN-ORIENT

Derrière les bombardements, la nostalgie ottomane d’Erdogan Sous prétexte de combattre le Parti des travailleurs du Kurdistan et les formations kurdes et yezidies alliées, la Turquie revendique ses droits sur le nord de l’Irak et de la Syrie. La Turquie a mené, en début de semaine dernière, un raid aérien dans le nord-ouest de l’Irak. Six membres des forces de sécurité kurdes irakiennes ont été tués. Selon toute vraisemblance, l’armée de l’air turque visait un groupe de combattants des unités de protection des yezidis (YBS), alliées au Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), sur le mont Sinjar, à l’ouest de Mossoul. Le gouvernement régional du Kurdistan d’Irak, dominé par le Parti démocratique du Kurdistan (PDK) du clan Barzani, a immédiatement tenté de minimiser l’affaire, parlant d’accident. Le même jour, l’aviation turque bombardait des positions de forces kurdes (YPG/YPJ) dans le nord-est de la Syrie. Cela ne doit rien au hasard et s’inscrit dans le premier acte international du président turc Recep Erdogan qui, fort de sa victoire référendaire – même courte et contestée par

l’opposition du CHP et du HDP en Turquie – passe maintenant à la vitesse supérieure. Car en réalité cet acte de guerre n’a rien de surprenant. Depuis plusieurs mois maintenant, l’armée turque a basé des troupes en territoire irakien, malgré les protestations du gouvernement central à Bagdad mais avec le consentement passif du PDK, qui partage l’un des objectifs des autorités turques : éradiquer les bases du PKK en Irak et toutes les organisations qui lui sont proches, notamment les YBS des yezidis. (…) La bataille de l’après-Mossoul

L’action militaire décidée par Erdogan ne doit pas simplement se lire à l’aune d’un « danger » que représenterait le PKK, même si cela augure une répression accrue dans le sud-est de la Turquie, au Kurdistan. Au mois d’octobre dernier, alors qu’était lancée la bataille de Mossoul, Erdogan réactivait le sentiment ottoman dans une de ses diatribes dont il a le secret. Stigmatisant le traité de Lausanne de 1923 actant le démantèlement de l’Empire ottoman, il expliquait : « Nous avions

2,5 millions de km2 en 1914. Neuf ans après, nous sommes tombés à 780 000 km2. Notre guerre de libération (1919-1922 – NDLR) visait à protéger nos frontières d’autrefois (avant Lausanne – NDLR). Malheureusement, nous ne les avons pas bien défendues. La Turquie ne peut rester dans ce statu quo. Ou nous gagnons grâce à notre politique, ou nous sommes condamnés à rétrécir. » On ne pouvait être plus clair. Pour le nouveau sultan, il s’agit de réclamer, voire de remettre la main sur un territoire qu’il estime toujours dépendre de la suprématie ottomane remise au goût du jour. La Sublime Porte n’aime pas être à l’étroit. « Le nord de l’Irak et la Syrie sont nos arrière-cours », a même écrit Ilnur Cevik, éditorialiste du quotidien progouvernemental Sabah et conseiller d’Erdogan. (…) Par ces attaques guerrières, Erdogan vient de lancer la bataille de l’aprèsMossoul. Une bataille qui risque d’être encore plus longue, plus meurtrière et plus déstabilisatrice encore que ce que l’on a connu jusqu’à maintenant. Pierre Barbancey, l’Humanité, 27/04/2017


PCF LÉGISLATIVES 11 ET 18 JUIN

Porter la force du peuple à l’Assemblée nationale « (…) Les 11 et 18 juin, il faut poursuivre et amplifier dans chaque circonscription législative l’élan qui s’est levé le 23 avril avec le vote Mélenchon, pour porter plus loin nos combats, leur donner plus de force avec une représentation politique nationale et élire une majorité qui ne se soumettra pas au futur Président de la République. Avec les communistes, je n’ai cessé de dire depuis un an que les élections législatives auraient autant d’importance que l’élection présidentielle. Nous le vérifions aujourd’hui. Je me réjouis que Jean-Luc Mélenchon ait annoncé le 30 avril qu’il entend s’engager à fond dans cette nouvelle bataille “avec la France insoumise et ses alliés” pour remporter une grande victoire législative. Pour être à la hauteur de cette ambition, il est crucial que les forces qui ont permis le résultat du 23 avril, la France insoumise, le Parti com-

muniste, Ensemble, les militants du Front de gauche, et toutes celles qui voudront se joindre à elles pour cet objectif, unissent leurs énergies et présentent dans chaque circonscription une candidature capable de porter le plus loin possible le résultat et, dans des centaines d’entre-elles, de se qualifier au second tour et de l’emporter. Les premières propositions discutées le 28 avril entre nos forces politiques envisagent un accord limité à un petit nombre de circonscriptions. Ce n’est pas à la hauteur de la situation. Cela ne dessine aucune ambition véritable. Il faut un accord large et national qui permette de gagner. Ensemble, nous pouvons nous donner l’objectif de porter “la force du peuple à l’Assemblée nationale”. C’est sous cette bannière commune, qui respecte tout à la fois la place singulière tenue par notre candidat à la présidentielle et chacune de nos

forces, que je propose de rassembler tous nos candidats. Elle peut rassembler toutes les forces dont nous avons besoin pour gagner, qu’elles soient ou non dans la France insoumise. C’est le sens des nouvelles propositions unitaires et ambitieuses que nous porterons dans les prochaines discussions avec la France insoumise et Ensemble. Les communistes les porteront auprès de leurs partenaires dans tous les départements de France. Si chacun accepte ce principe respectueux de tous, une dynamique pour gagner est possible. Je le souhaite. Le temps presse. J’appelle toutes celles et ceux qui souhaitent cette dynamique de rassemblement à relayer cet appel et à le faire vivre partout dans le pays. Ensemble, nous pouvons réussir. »

Carnet de tombola disponible à la fédération, et auprès des trésorier-ère-s de sections. La tombola est un outil de popularisation du Banquet de l’Huma et du meeting. C’est aussi un outil de rencontre et d’inscription ou de soutien à cet événement. Le tirage aura lieu le 21 mai sur place à 15h. Chaque bon coûte 2 €, le carnet 10€. Pour tout achat d’un carnet vendu à une même personne, le prix du repas du Grand Banquet sera de 5 € au lieu de 15 €, sur présentation du bon REPAS 5 €.

Pierre Laurent, secrétaire national du Parti communiste français

Carnet Nombreux étaient ses amis et camarades à accompagner André Lartirigoyen lors de ses obsèques, le 28 avril. Larti, comme nous l’appelions amicalement, était homme de cœur et de convictions, d’engagement et de fidélité. Militant ouvrier au sein du CHU de Bordeaux, élu CGT durant de très nombreuses années dans de nombreuses instances - CA, CTP, Commissions paritaires, mais aussi au CLOS, CGOS, de la Mutuelle Nationale des Hospitaliers dont il fut un des fondateur - membre du Parti Communiste Français (Section Bordeaux), il fut de tous les combats émancipateurs. Quelle fut la fierté éprouvée par ses camarades hospitaliers lorsque André fut décoré Chevalier de la Légion d’Honneur par Jack Ralite, alors Ministre de la Santé, pour sa contribution à la défense du monde du travail, ses apports pugnaces au mouvement mutualiste. Ce jour-là, grâce à Larti, devant des Directions du CHU si souvent arrogantes, le militantisme ouvrier fut mis à l’honneur. Les lourdes enveloppes que nous adressait très régulièrement André vont nous manquer ; il les remplissait inlassablement de photocopies d’articles, d’argumentaires, de références très précieuses pour une activité politique fondée sur la rigueur, considérait-il. Nos pensées amicales et chaleureuses vont à toute sa famille.

POINT DE VUE SUR LES LÉGISLATIVES

Un accord offensif pour rassembler, c’est possible La gauche de transformation sociale et écologique peut et doit prolonger la dynamique de la présidentielle autour de J.L. Mélenchon et gagner de nombreux élus aux législatives. C’est possible, mais ce n’est possible qu’unis. Il est de la responsabilité de la France Insoumise, du PCF, d’Ensemble… et de chacun, de mettre à disposition des électeurs un accord politique de résistance se traduisant par des candidatures uniques dans toutes les circonscriptions. Ces candidatures devraient faire l’objet, dans les circonscriptions gagnables (et elles sont nombreuses si nous affrontons unis des deuxièmes tours à 3, 4, voire 5 candidats et personne ne sait aujourd’hui quelle sera la configuration exacte des deux tours législatifs), d’un accord national, et des accords départementaux pourraient en découler pour unir en respectant la diversité et rassembler largement. Chacun devrait y trouver son compte,

d’aucuns en gardant leurs élus, en en récupérant, d’autres en gagnant des élus qu’ils n’ont jamais eu et auxquels dans la situation d’aujourd’hui ils peuvent légitimement prétendre. Le « label » (?) commun d’identification nationale pourrait en être FI + FG (ou FG+FI), en y ajoutant (s’il le veut bien) le « parrainage » (c’est peut-être pas le bon mot) de J.L. Mélenchon et le soutien des organisations le souhaitant (PCF, PG, Ensemble, Gauche Socialiste (?)…). Dans les cas résiduels de division chacun pourrait utiliser le sigle FI ou FG qui permettrait une totalisation nationale, chaque organisation restant libre d’une expression propre partout, en plus de l’expression commune. L’objectif d’avoir un Groupe FI+FG à l’Assemblée serait clairement affiché (avec fonctionnement démocratique, présidence collective ou tournante, mais liberté de vote in fine avec compte-rendu aux électeurs). En ce qui concerne la question financière, il semble que dans ce

cas de figure unitaire : 1°- On dépasserait partout les 5 %, donc pas de perte. 2°- Tout le monde pourrait avoir plus d’élus qu’aujourd’hui et donc plus de reversements et de moyens, donc que des gagnants. 3°- Avec beaucoup plus de voix qu’en 2012, la masse financière de la dotation de l’Etat aux partis politiques à se répartir serait plus importante, donc personne ne devrait être lésé. Dans ces conditions, la question financière ne saurait être un obstacle à un accord politique offensif, à « nos experts en subtilités financières » de trouver les techniques appropriées à l’accumulation et à la répartition. Je crois enfin, que pour faire avancer le choix de l’unité, on ne peut se contenter d’incantation (ni se laisser aller aux chamailleries et autres petitesses tactiques). Il nous faut mettre sur la table des propositions concrètes. (…) Alain Grelaud

Tout versement par chèque ouvre droit à une réduction fiscale de 66% du montant versé. (chèque à l’ordre de ADF PCF 33). Les ressources financières du Parti communiste sont transparentes. Votre don, aussi modeste soit-il, contribuera effica- cement à la démocratie, à l’expression et la prise d’initiative du Parti communiste. Cet ensemble sont les éléments majeurs pour continuer notre combat dans l’ambition d’une gauche forte et alternative. La fédération de la Gironde du PCF, lance une souscription afin de mener nos prochaines échéances politiques, notre objectif est de 70 000 euros.

ILS ONT DONNÉ 1 060 € : M. MELLIER Jean, Bordeaux ; Mme GUERSTEIN M. Madeleine, Bordeaux ; M. GAI Christian, Yvrac ; M. LAMAISON Alain, Mérignac ; M. GERMON Pierre, Saint-Seurin-sur-l’Isle ; M. PUJO Robert, Cestas ; M. VALANT Eric, Cavignac ; M. et Mme SANCHEZ José, Camblanes-et-Meynac ; Cellule Boria Bordeaux ; Mme ELORRI Sophie, Bordeaux ; Mme DELORD Valérie, Bordeaux ; Mme NARCY GIRAUD Danielle, Bordeaux ; Mme LAPEBIE Simone, Salles Les Nouvelles 4 mai 2017 • 7


CULTURE & SOLIDARITÉ COMMÉMORATION DE LA TRAITE DES NOIRS ET DE L’ESCLAVAGE

Freedom in Bordeaux

30 AVRIL

Journée nationale du souvenir des victimes et des héros de la Déportation Intervention de Jean-Claude Gomez, pour la FNDIR, présidée par Jo Durou en mairie de Bègles, dimanche 30 avril 2017. Extraits

La ville de Bordeaux va célébrer, autour du 10 mai, la 11e Edition de la Journée Nationale de commémoration de l’abolition et des résistances contre l’esclavage. L’association internationale Mémoires & Partages propose de réfléchir sur les héritages musicaux de cette présence en lien avec l’histoire de l’esclavage. « Déportés sans aucun instrument, les africains-américains ont du fouiller dans leur mémoire, y trouver des traces et exprimer ses restes d’Afrique en créant des formes nouvelles assumant et surtout dépassant les rythmes, langues et instruments glanés le long de leur quête. » Karfa Sira Diallo, fondateur et directeur de Mémoires & Partages. 2017 correspond aussi au centenaire du débarquement des américains à Bordeaux. En 1917 prés de 100 000 américains arrivent à Bordeaux pour participer à la 1re guerre mondiale. Avec eux prés de 20 000 soldats noirs, ces fameux « labour bataillons » qui construiraient l’extension du port de Bordeaux mais surtout arrivent avec leur culture notamment le Jazz. « L’un des tout premiers concerts de jazz identifiés » se déroule à Bordeaux selon l’historien Pascal Blanchard (Bordeaux, Porte des Outres Mers, 2006). En partenariat avec Action Jazz, Urban Souls, La Grande Poste, le Cinéma Utopia, La Petite Martinique, le Régent et le Café Auguste ; avec le soutien de la Région Aquitaine, de la ville de Bordeaux et du département de la Gironde, Mémoires & Partages présente : FREEDOM IN BORDEAUX

Vendredi 5 mai à 18h projectiondébat au Cinéma Utopia : Citoyens Bois d’ ébène, avec Dr Emmanuel Gordien, directeur du centre de

généalogie du CM98. Réservez votre place au Cinéma Utopia. 9 au 20 mai exposition à La Grande Poste (7, rue du Palais Gallien) : L’énigme du Triangle noir, de Joel Biron-Casimirius. Vernissage le 11 mai à 19h30. Mercredi 10 mai 17h : Cérémonie officielle, quais des Chartrons 19h : « Dialogue des mémoires : pour quoi faire ? », table ronde au Café Auguste (Place de la Victoire), avec Julie Druillet, Randolph Voyard, Axelle Balguerie et Karfa Sira Diallo. Vendredi 12 mai à 19h : diner de la liberté au Régent République (50 rue du Maréchal Joffre), Jazz en Créolité par Bernard Lubat, PAF : 20 €, résa par formulaire sur www.memoiresetpartages.com ou par SMS : 06 35 49 80 79. Dimanche 14 mai à 10h : visite guidée « le Bordeaux Nègre » devant l’École de la Magistrature - memoires.partages@gmail.com. Vendredi 19 mai à La Grande Poste (7, rue du Palais Gallien) 19h – conférence, « Aux sources du Jazz », Philippe Méziat, entrée libre 21h – concert « Bordeaux Jazz All Stars », PAF : 10€ Monique Thomas, Laurent Agnès, Sébastien « Iep » Arruti , Alex Golino, Shekinah Rodz, Francis Fontès, Olivier Gatto, Roger Biwandu Mix Global Groove par Jacques de Kalakuta Le programme complet : www.memoiresetpartages.com

(…) Non, on ne peut oublier ni les chambres à gaz, ni les fours crématoires, quant aujourd’hui encore les fascistes banalisés n’hésitent pas à les nier et à se gargariser de mots qu’ils salissent comme « patriotisme », après avoir collaboré avec les nazis contre la patrie. (…) Je revois encore aujourd’hui ce chemin de croix des déportés, allant extraire des pierres après avoir passé des heures debout dans la cour d’appel, dans les morsures du froid et des chiens. Depuis j’ai toujours eu, proche de mes yeux, accroché au mur le serment des rescapés d’avril 1945 : « Nous jurons de garder vivant le souvenir des victimes de la barbarie nazie » « Nous jurons de lutter pour empêcher le retour des camps de la mort… » D’autres engagements de ce Serment des rescapés et des familles de disparus restent d’une brûlante actualité au regard du rappel de la chronologie des faits politiques conduisant Hitler au pouvoir. Nommé premier ministre le 30 janvier 1933, Hitler demande et obtient du Président Von Hindenburg, la

« Le bois de Below, la marche de la mort » Le 30 avril, Journée nationale du souvenir des victimes et des héros de la Déportation, était aussi le 72e anniversaire de la libération des camps. L’occasion de se replonger dans des témoignages avec la lecture de Le Bois de Below, la marche de la mort*. Le bois de Below est un lieu symbolique au cœur de l’évacuation du camp de Sachenhausen qui commença le 21 avril 1945. Les déportés, par rang de cinq et colonnes de cinq cents, furent mis sur la route qu’ils devaient suivre jusqu’à la baie de Lubeck où ils seraient exterminés. Après leur libéraANNONCES LÉGALES AVIS DE MODIFICATIONS

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8 • Les Nouvelles 4 mai 2017

infection menaçant la pureté du sang aryen. À la même période : 4 200 assassinats, 317 000 opposants arrêtés, et le 20 mars 1933, seulement un mois et demi après son arrivée, Hitler et son ami Himmler créent Dachau, le premier camp de concentration destiné aux opposants politiques allemands. Contrairement aux promesses sociales, le gouvernement d’Hitler bloque les salaires, et le Haut comité économique du gouvernement se compose des plus grands majors de l’industrie qui se nomment : Krupp, Thyssen, Siemens, ou Bosch. Ceux là même qui construiront certaines de leurs usines près des camps de concentration, dont 40 ont été créés dès les 10 premiers mois du pouvoir nazi. Une main d’œuvre gratuite ! (…) Il est important de comprendre, comment arrivent les abominations nazies pour pouvoir les éviter. (…) Il y a une dizaine d’année, Georges Durou, terminait son hommage, en ce même lieu, il disait : « En 1940, certains pouvaient dire qu’on ne savait pas qu’un système fondé sur la discrimination pouvait transformer des hommes en bourreaux, d’autres en victimes. Aujourd’hui, nous savons jusqu’où peut aller la cruauté de ce système et des hommes qui le soutiennent. Plus jamais ça ! proclamaient les Résistants libérés. » (…)

À LIRE

Contact : Clarisse Gomis, 06 63 16 56 79.

Les Nouvelles de Bordeaux et du Sud-Ouest S.A.S. au capital de 37 000 euros Associés (à parts égales) : L. Chollon, F. Mellier, S. Laborde Directeur de la publication : Frédéric Mellier Abonnement 1 an : 25 euros. Abonnement de soutien : 40 euros Rédaction, composition, impression : S.A.S. Les Nouvelles de Bordeaux et du Sud-Ouest 15, rue Furtado - 33800 BORDEAUX Tél. 05 56 91 45 06 - Fax 05 56 92 61 01 - Annonces légales : annonces@nbso.fr Comptabilité : compta@nbso.fr - Redaction/Proposition d’article : redaction@nbso.fr @nvlbx Les nouvelles de bordeaux nbso.fr Commission paritaire de presse : 0118 C 85932

dissolution du Parlement, après avoir multiplié les promesses sociales qui n’existeront que le temps d’une campagne électorale. « Donnez moi 4 ans, et vous ne reconnaitrez plus l’Allemagne ! » disait alors le chancelier nazi. Le 4 février, une ordonnance d’urgence interdit toute critique du gouvernement, et pour cela supprime la liberté de rassemblement et de presse pour le DKP (Parti communiste allemand). Le 27 février 33, le parlement allemand est incendié et dans la même nuit, plus de 10 000 communistes, socialistes, progressistes sont arrêtés et les libertés de réunion et de presse sont suspendues. Après les législatives du 5 mars 33, n’ayant pas la majorité des 2/3 pour gouverner, Hitler annule les 81 sièges du Parti communiste allemand pour gouverner sans opposition. Après, tout ira vite… très vite… au nom de la lutte contre le judéo-bolchevisme. Le 14 juillet 1933, tous les partis politiques et les syndicats sont dissous et interdits. Ce même 14 juillet 33, le gouvernement adopte une loi sur la stérilisation de malades atteints de cécité ou surdité héréditaires, de personnes sujettes à l’alcoolisme, ceux frappés d’épilepsie. Le but – en autres – étant de prévenir une

CHAMBERY AUTOMOBILE Société par actions simplifiée Capital de 750 000 euros Siège social : 54 rue Pagès 33140 VILLENAVE D’ORNON Aux termes d’une décision en date du 28 février 2016, l’associée unique a décidé de proroger de 99 années la durée de la Société, soit jusqu’au 5 mars 2115 et de modifier en conséquence l’article 5 des statuts. Pour avis, La Présidente

tion, les survivants nommèrent cette marche « La marche de la mort ». Partis, quelques trente mille, du « Grand camp de Sachenhausen », ils arrivèrent au Bois de Below où une halte était prévue ; elle dura trois ou quatre jours entre le 26 avril et le 2 mai. Les témoignages, choisis par Jeanne Lavergne-Uteau, ne forment pas de récits chronologiques, mais présentent une juxtaposition de faits qui demandent d’écouter attentivement ces voix qui s’associent et se répondent. Ces voix sont celles de Guy Chataigné, matricule 58067, Georges Durou, matricule 58532 et Pierre Gouffault, matricule 59093. Ils essaient d’exprimer l’impensable, non pour le plaisir de dire la violence, mais pour faire connaitre jusqu’où peut aller la brutalité débridée des êtres humains quand on leur répète et les convainc qu’ils sont « supérieurs », alors que « certains autres », stigmatisés ne seraient que des « sous-hommes ». Tentatives de déshumanisation : ramper sous les cadavres pour atteindre une pomme de terre, dormir en marchant, voir un bébé menacé de mort et rester sans un geste, voir sa mère mourir et ne pas pleurer, se « retaper » en mangeant le pain des morts… Et la Résistance : à quatre porter un camarade, jusqu’à la limite de ses forces, exténués le poser sur l’herbe du bas-côté… et entendre le coup de

feu… pas de trainards, des cadavres. Compter les morts et arrêter de compter. Le chien qui saute à la gorge d’une femme, le cri qui déchire l’immobilité de la plaine. Tout au long de la marche, des manifestations de solidarité permirent à des êtres rendus, de tenir, de marcher encore ou de ne pas être atteints par les tueurs qui suivaient de prés, l’arme dégainée. Un épisode est raconté par G. Durou. Les détenus arrivent à obtenir une tranche de pain supplémentaire pendant quelques temps. Ils décident de la donner pendant une semaine à un camarade défaillant, et chaque semaine de « sélectionner » celui qui pourra en bénéficier le plus. Le dimanche soir, moment douloureux, où il faut éliminer ceux qui n’en bénéficieront pas, celui qui sera choisi. « Nous ne voulions pas nous défausser de notre responsabilité, alors on choisissait ». Dans des conditions moins dramatiques et pour les éviter, ce dimanche 7 mai 2017, 72 ans après, il sera question de choix et de responsabilités, nous saurons le faire et les prendre. Nous ferons barrage au front nationaliste. Pierre Bordas * Le bois de Below, la marche de la mort, témoignages choisis par Jeanne Lavergne-Uteau, collection « Témoignages vivants », Les Dossiers d’Aquitaine, mars 2017.


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