Jeudi 11 mai 2017 - N° 2202 - Hebdomadaire - 15, rue Furtado - 33800 BORDEAUX - Prix : 0,80 euro
La V République a son monarque e
ET SI C’ÉTAIT LE DERNIER ?
ACTUALITÉ Meeting aérien ce dimanche à Mérignac L’association pour la mémoire des martyrs de l’aéronautique tiendra un stand au meeting aérien du dimanche 14 mai, base aérienne 106 à Mérignac. L’association a pour objet : de conserver et honorer la mémoire des salariés de l’aéronautique (combattants, résistants, fusillés, déportés, morts de la guerre 1939-1945) ; d’obtenir, par son déplacement, le libre accès au monument de la SNCASO érigé en 1946 par la collectivité publique ; d’obtenir le classement du monument dans le patrimoine mémoriel national, départemental ou communal afin de le préserver de l’oubli et d’une éventuelle disparition ; d’œuvrer à La Défense et au développement de l’aéronautique. MERCREDI 17 MAI À BORDEAUX
Lutte contre l’homophobie et la transphobie Au parc des sports de Saint-Michel, de 11h à 17h : pique-nique, concerts, Kiss-in, village associatif. À 18h15, lectures dessinées, rencontres et débats à la bibliothèque de Mériadeck. Dans le cadre de la Fabrique du citoyen et de la Journée internationale de lutte contre l’homophobie et la transphobie, la Bibliothèque et le Service égalité et citoyenneté de la ville de Bordeaux et l’association Les Volets Rouges s’associent avec La Maison des Adolescents, Le Refuge, Le Girofard et l’Académie de Bordeaux pour organiser un événement autour du spectacle Nobody knows, Cie Les Volets Rouges. Représentation tout public à partir de 14 ans, avec des dessins en direct d’Alfred, suivie d’une table ronde en présence de Sandra Barrère, chargée de mission Egalite filles-garçons à l’Académie de Bordeaux; Marie Laure Lasmi, infirmière conseillère technique à la direction des services de l’Éducation Nationale; Alexandre Figuès, délégué Nouvelle Aquitaine de l’association Le Refuge ; Philippe Devaux, directeur et Jean-Christophe Testu, président de l’association Le Girofard Centre LGBT+ de Bordeaux Aquitaine, Sébastien Sampietro, metteur en scène et Lucie Chabaudie, chargée de médiation de la compagnie Les Volets Rouges. Entrée libre sans réservation. MUSÉE D’AQUITAINE
« L’histoire de Rafaël, un message d’espoir » À l’occasion des commémorations des abolitions de la traite et de l’esclavage, une proposition de l’association Pourquoi pas 33, « L’Univers de Rafael », le samedi 13 mai 2017, à 16h30 et le mercredi 17 mai, à 14h30, au Dôme de Talence. Cette comédie musicale retrace la vie de Rafaël Padilla dit le Clown Chocolat né esclave en 1868 à Cuba et mort le 4 novembre 1917 à Bordeaux. Quand le Clown Chocolat nous revient sous la forme d’une comédie musicale retraçant sa vie, c’est toute l’histoire et l’influence des musiques et des danses caribéennes et africaines qui sont convoquées, et fait de Rafaël Padilla un des premiers passeurs culturels entre la Caraïbe et l’Europe, préfigurateur des formes artistiques contemporaines. Entrée libre, dans la limite des places disponibles. À voir aussi, au Dôme, l’exposition « Chocolat dans l’histoire ou l’histoire de Chocolat » et la projection du film « Chocolat » de Roschdy Zem, el vendredi 19 mai, 20h, suivi d’un échange « Le vrai et le faux de la vie du clown Chocolat ». DIRECTION GÉNÉRALE DE L’ACTION SOCIALE
Les syndicats demandent des moyens pour répondre aux attentes des usagers Réunis en assemblée générale le 14 avril, les syndicats SolidairesSud collectivités territoriale et CGT ont fait le constat d’un manque de moyens à la Direction générale de l’Action sociale pour répondre aux attentes des usagers. Ils appelaient les agents à la grève le mercredi 11 mai. Dans un communiqué, les syndicats Sud et CGT relèvent « la forte diminution des aides financières pouvant être allouées aux personnes en difficulté, ce qui invalide l’action des travailleurs sociaux ». Elles font état de « locaux inappropriés pour la réception du public », de manque de véhicules, de surcharge de travail qui risque de « s’amplifier avec la mutualisation des personnels », d’absence d’encadrement dans certaines équipes, de problématiques de remplacements de congés pour maladie, maternité, formation, etc. « À cela se rajoutent les difficultés persistantes de l’immeuble Croix du Palais, où les agents chargés du suivi des personnes handicapées et âgées, subissent des conditions de travail inacceptables », complètent les syndicats. Pour que ces constats aboutissent à une résolution rapide, les agents présents le 14 avril ont décidé de demander aux organisations syndicales présentes de les soutenir dans un mouvement de grève le 11 mai. Ils demandent de retrouver les mêmes moyens (financiers, matériels et humains) que ceux existants avant le 1er mars, pour répondre aux besoins des usagers, de régler le problème de la surcharge de travail, et la question des remplacements, d’améliorer l’ensemble des locaux afin de faciliter la réception du public dans des conditions décentes, une meilleure coordination des équipes mais aussi entre les équipes… 2 • Les Nouvelles 11 mai 2017
BOURSE DU TRAVAIL
Inauguration d’une salle Raymond Lavigne
crédit photo Paguy
ASSOCIATION POUR LA MÉMOIRE DES MARTYRS DE L’AÉRONAUTIQUE
Le 1er mai, à la Bourse du Travail, était inaugurée une plaque au nom de Raymond Lavigne, apposée à l’entrée de la salle 206 de l’Institut d’histoire sociale, pour rappeler le rôle qu’il a eu à la fois dans l’existence de cette journée revendicative et dans celle d’une bourse du travail à Bordeaux. C’est Gérard Lavigne qui a retracé le parcours de ce militant politique et syndical, né à Bordeaux le 17 février 1851. « Raymond Lavigne créa des syndicats clandestins avant la loi de 1884 et fédéra les mouvements ouvriers girondins ». « Il fit basculer l’Union des syndicats, de tendance réformiste, dans le camp socialiste et la fit adhérer à la Fédération nationale des syndicats ». « Au 3e congrès de celle-ci, en 1888, qui se tient au Bouscat, Raymond Lavigne, élu secrétaire général et fait entériner
la proposition de Jean Dormoy de présenter partout simultanément les revendications ouvrières aux pouvoirs publics ». Au Congrès de la 2e Internationale réunie à Paris en juillet 1889, il porte aussi cette revendication d’organiser à date fixe une grande manifestation dans tous les pays et toutes les villes pour mettre « les pouvoirs publics en demeure de réduire légalement la journée de travail ». Le choix se porta sur le 1er mai 1890 parce que, ce jour-là, les travailleurs des États-Unis devaient manifester pour la journée de 8 heures. Mais aux demandes « nationales et corporatives américaines, est substitué un 1er mai international et politique ». En 1887, Raymond Lavigne prit la tête des syndicats pour obtenir la création d’une Bourse du Travail à Bordeaux. « Il multiplia les réunions et les interventions auprès des pouvoirs publics pour qu’enfin la municipalité
d’Alfred Daney leur accorde en 1888 les locaux de l’ancienne école de médecine de la rue Lalande, livrés le 1er mars 1890. Ce fut la 6e Bourse du travail de France, Paris ayant obtenu la sienne en 1887 ». « Alors que son nom n’apparaît pas sur le décor en grisaille de la salle Croizat quand tant d’autres qui y figurent ne le méritent pas, que la salle 206 porte désormais son nom, là où des militants, patiemment, inlassablement, répertorient, classent et proposent en partage la mémoire de cette histoire du mouvement ouvrier qu’il a contribué à faire vivre, nous a paru justice et la meilleure manière, en lui rendant hommage, de le faire connaître de tous » a conclu Gérard Lavigne. Corinne Versigny, secrétaire de l’Union départementale CGT, a remercié l’IHS d’avoir eu cette idée. « C’est un hommage important qui souligne que la lutte des classes n’est jamais un long fleuve tranquille mais aussi que la force collective a toujours permis des conquis sociaux », a-t-elle souligné. Entre les deux tours de l’élection présidentielle, la responsable syndicale a affirmé qu’il n’y avait « pas lieu à la désespérance mais plutôt à l’unité dans la lutte ». « Ils ont eu la journée de 8 heures, il n’y a pas de raison qu’aujourd’hui nous n’obtenions pas la semaine de 32 heures », a-t-elle conclu. CD
BORDEAUX MÉTROPOLE
La spéculation contre la santé des girondins L’élue communiste Odile Blein est revenue, lors du dernier Conseil de Métropole, sur les chiffres très inquiétants divulgués par les professionnels de l’immobilier sur la spéculation qui fait rage dans l’agglomération bordelaise et autour. Une spéculation aux conséquences multiples qui doit être combattue avec plus de vigueur. « Permettez moi, monsieur le président et chers collègues, de profiter de cette délibération pour revenir sur les éléments très inquiétants divulgués ces dernières semaines par les professionnels de l’immobilier. Avec une hausse des prix de 10 % sur les 12 derniers mois, notre agglomération continue de subir une spéculation immobilière très dangereuse. Malgré les efforts de construction menés par notre établissement, l’accession à un logement digne et adapté à ses revenus est devenue impossible pour nombre de ménages dans notre agglomération. Un seul chiffre suffit
à le comprendre : avec un revenu annuel équivalent au revenu médian observé à Bordeaux, un ménage ne peut prétendre qu’à un logement de 40 m2 en ville. Autant dire que les familles sont de fait exclues. On ne peut le nier, notre établissement a produit des efforts considérables ces dernières années pour la construction de logements et notamment de logements sociaux. Mais les chiffres portés à notre connaissance nous amènent à un constat tout aussi indiscutable : ces efforts ne sont pas suffisants pour répondre aux besoins sociaux. Et les conséquences en sont multiples. Faisant le constat d’un nombre d’arrêts maladie supérieur de 4 % en Gironde par rapport à la moyenne nationale, la CPAM de Gironde explique aujourd’hui que la distance domicile-travail aggrave considérablement la fréquence et la durée des arrêts de travail. Voilà pourquoi ces arrêts sont plus longs et plus fréquents pour les travailleurs vivant dans le Médoc ou en Haute-
Gironde. L’étalement urbain provoqué par la spéculation immobilière a donc un coût social lourd, pour les ménages et pour l’ensemble de la société. Nous parlerons plus tard de son coût environnemental. Face à cela, nos efforts doivent être décuplés. Nous voyons par exemple que les opérations 50 000 logements répondent à un réel besoin : leur destination va plus à la résidence principale que les opérations classiques et l’immense majorité de leurs bénéficiaires sont des ménages habitant déjà l’agglomération. Leur production et leur caractère abordable doivent être renforcés. Mais cet effort doit aussi être décuplé dans toutes les opérations pour tendre vers 50 % de logements vraiment sociaux dans chaque opération. Loin, bien loin de l’opération MarieBrizard sur Bordeaux qui, comme l’ilot Sainte-Catherine, est hélas la tête de pont de cette spéculation immobilière déraisonnable, antisociale et anti-écologique. »
ERRATUM
Dans l’article de notre précédente édition intitulé « Après le marathon de Bordeaux, Foodora menace les auto-entrepreneurs de rupture de contrat », Hugues Décosse, que nous mentionnons n’est pas le directeur général de Foodora mais de Deliveroo France.
« Les faits évoqués suite au marathon de Bordeaux n’ont rien à voir avec les pratiques de Deliveroo ou de ses employés », explique le service presse de la plateforme.
ACTUALITÉ
Editorial
FÉDÉRATION DU PCF DE LA GIRONDE
Des propositions concrètes pour avancer sur le rassemblement aux législatives La fédération du Parti communiste français de la Gironde a rendu publique, au cours d’une conférence de presse, le mardi 9 mai après-midi, une offre politique adressée aux groupes d’appui de la France insoumise dans le département. « Rassemblés nous pouvons gagner des dizaines de députés et battre la droite, le FN et les candidats de Macron », a déclaré Sébastien Laborde. Sébastien Laborde, secrétaire départemental du PCF, présentait mardi 9 mai les propositions faites aux groupes d’appui de la France insoumise pour aboutir à des candidatures communes dans le plus grand nombre de circonscriptions possible pour les législatives. « Le score de Jean-Luc Mélenchon au premier tour de l’élection présidentielle nous place face à de grandes responsabilités et la nécessité d’avoir de grandes ambitions pour les prochaines législatives », affirme Sébastien Laborde. Gagner un maximum de députés anti-austérité, anti-libéraux à l’Assemblée nationale, empêcher Emmanuel Macron d’avoir une majorité et empêcher la droite et le Front national de remporter des sièges en Gironde, sont les objectifs de ce nouvel appel au rassemblement. La fédération du PCF avait déjà engagé des discussions avec les groupes d’appui locaux de la France insoumise, avec Ensemble ou encore Europe Écologie les Verts. À 10 jours des déclarations de candidature et devant les difficultés dans les discussions nationales, la fédération a pris l’initiative de faire des propositions concrètes sur le plan local. « Personne ne comprendrait, explique le responsable départemental du PCF, que chacun parte de son côté aux prochaines élections. Ça ferait courir de graves dangers pour l’avenir de notre pays en donnant les mains libres à Emmanuel Macron et à son programme libéral, voire même ultralibéral sur le plan économique et cela nous priverait d’un grand nombre de députés à l’assemblée nationale qui seraient un point d’appui pour les luttes sociales qui ne manqueront pas d’émerger dans les mois et les années à venir ». « Cette proposition concrète, poursuit-il, englobe 6 circonscriptions sur lesquelles nous pourrions établir un accord de réciprocité. C’est-à-dire que dans une circonscription le candidat titulaire serait de la France insoumise, dans l’autre ce serait un communiste, il faudrait aussi que dans une circonscription Ensemble ait un titulaire. Il nous a semblé que cette proposition permet que chacun s’y retrouve et de partir rassemblés aux législatives, ce que nous demandent très massivement les électrices et les électeurs de Jean-Luc Mélenchon. » Sur les 1re (Bordeaux), 2e, 3e (Bègles, Villenave, Talence) et 4e circonscription (Rive droite), Jean-Luc
Christine Texier, Vie du Parti et Sébastien Laborde, secrétaire départemental du PCF en Gironde
Mélenchon a réalisé ses meilleurs scores. Les communistes considèrent que la contribution de l’ensemble des forces politiques qui ont soutenu sa candidature a permis de conduire à ces résultats. Dans la 11e circonscription, face au risque important de victoire du Front national, seul un rassemblement permettrait de qualifier la gauche au second tour, tout comme dans la 12e circonscription face à la droite. À ces propositions, a minima, pourrait s ‘ajouter sur la 5e, la possibilité de déboucher sur une candidature d’ouverture « qui conviendrait à tout le monde ». Suite au premier appel au rassemblement adressé par le PCF en Gironde à toutes les forces anti-austérité, « Europe Écologie les Verts a sollicité les communistes pour réfléchir sur la 12e, la 1re et la 11e circonscription, explique Sébastien Laborde. Et nous, nous les avons sollicité sur la 10e. Nous savons que deux députés socialistes sortants ont rejoint Emmanuel Macron sur la 9e et sur la 10e circonscription, en tout cas, ils ne peuvent ni l’un ni l’autre incarner la gauche à cette élection législative. Donc, sur la 9e circonscription, nous travaillons sur un rassemblement plus large encore que celui des forces politiques qui ont fait la campagne de Jean-Luc Mélenchon. » Interrogé sur les blocages dans les discussions entre le PCF et la France insoumise, le responsable départemental a rappelé l’exigence de la France insoumise quant à la signature des candidats de sa charte. « Cela impliquerait que nous rattachions nos candidats à l’organisation politique nouvelle qu’est la France insoumise, ce qui n’est pas le choix des communistes, ni d’Ensemble et qui ne peut être le choix ni de candidats d’EELV, ni de la gauche du Parti socialiste ou de personnalités associatives, du mouvement social qui ne s’y retrouveraient pas. Autre point, il est écrit dans cette charte que les députés à l’Assemblée nationale seraient soumis à l’obligation de respecter les choix de vote du groupe. D’abord c’est anticonstitutionnel, ensuite il nous semble que ça rentre en contradiction avec ce que pourrait être une VIe république. Nous avons toujours respecté la liberté de vote
de nos élus, cela n’empêche pas le débat. On ne peut pas avoir, pendant cinq ans, demandé à des députés socialistes de rompre avec le gouvernement Hollande, de refuser un certain nombre de mesures libérales et s’imposer à soimême une obligation de vote. Il nous semble que ça corsète énormément le débat politique. » Sébastien Laborde a également évoqué les discussions sur les circonscriptions. « Nous avons 7 députés sortants. Nous estimons qu’ils font partie de notre patrimoine commun puisqu’ils ont tous été élus sous l’ étiquette Front de gauche en 2012. Nous ne comprenons pas que des candidats de la France insoumise soient opposés à eux. » Pierre Laurent avait fait une offre politique la semaine précédente où il répondait à Jean-Luc Mélenchon sur deux points. Le premier étant sur le refus du PCF de se retrouver derrière un seul label France insoumise, il a donc proposé une bannière « La force du peuple à l’Assemblée nationale » qui était le slogan de l’affiche de campagne de Jean-Luc Mélenchon. Le deuxième aspect concerne la notion de réciprocité, que le PCF accepte si elle s’appuie sur des personnalités locales en capacité de rassembler. Mardi soir, dans un communiqué, le directeur de campagne de JeanLuc Mélenchon, Manuel Bompard, annonçait la rupture des discussions entre les deux formations politiques. « Cette rupture, ni moi, ni la direction du PCF, ne l’avons ni décidé, ni souhaité. Ceux qui affirment le contraire mentent et cherchent à se dédouaner de leurs responsabilités », affirmait le lendemain matin le secrétaire national du PCF. Reste à voir comment réagiront les groupes d’appuis locaux de la FI. La France insoumise qui prône l’horizontalité aura-t-elle un fonctionnement totalement pyramidal pour les élections ? Les communistes de Gironde, en tout cas, ne se résignent pas. Jusqu’au 21 mai où, dans un meeting avec Pierre Laurent à l’occasion de leur banquet républicain à Villenave d’Ornon, ils présenteront leurs candidats, les portes restent ouvertes à la discussion.
Rassembleurs donc ni étroitesse ni soumission Le second tour de la présidentielle a donc donné son verdict avec l’élection de l’homme de la finance, aussi jeune que les vieilles recettes politiques et économiques qu’il porte. En même temps, ce second tour a fortement limité, même s’il est encore trop important, le score de l’extrême-droite. Pour ce second tour, notre appel, avec d’autres, à battre le FN aura donc été entendu, comme notre soutien à Jean-Luc Mélenchon au premier tour. Les excellents scores dans les communes à forte implantation communiste en sont un puissant révélateur. C’est dire combien il nous revient de poursuivre, faire fructifier ce rassemblement pour empêcher le nouveau président de dérouler son terrible projet. Ainsi, les élections législatives peuvent donner une force importante, voire majoritaire de députés de la gauche progressiste – Insoumis, communistes, Ensemble ! et partenaires du Front de Gauche, socialistes et citoyens de progrès – devenant une force de résistance et de progrès pour ces 5 ans à venir, en appui des luttes citoyennes déjà engagées. C’est à la construction de ce rassemblement que notre parti s’est attelé depuis de nombreux mois, tant il est vital pour le bien vivre de notre peuple, tournant ainsi les pages grises et souvent noires qu’il a subies durant ces derniers quinquennats. À l’heure où ces lignes sont écrites, d’importants blocages nous sont imposés de la part de J.L. Mélenchon et quelques-uns de ses adeptes, alors que nous savons que nombre d’insoumis sont prêts à participer à ce grand élan populaire. Comme eux, notre peuple n’a pas d’autres choix, pour ne pas être soumis aux diktats du Medef, du CAC40 et de ses représentants élus. Nous-mêmes n’avons pas d’autres choix pour poursuivre jusqu’au bout du possible ce combat républicain. Et puis, au travers de cette situation, revient par la grande porte ce vieil espoir capitaliste de voir disparaitre les partis politiques, lieux d’échanges, de construction, souvent de résistance à tout ordre libéral établi. Ces attaques idéologiques et sociales, maintes fois portées par le CNPF puis Medef et leurs valets politiques, ont aujourd’hui pour nom, par exemple, la loi Macron-El Khomri. Aujourd’hui, le combat est rude, très rude mais si nous pensons que le PCF est indispensable à notre peuple, nous pouvons le vérifier à chacune de ces étapes de lutte de classes. Ensemble, avec d’autres forces de progrès, avec les citoyens, nous avons le devoir et la capacité de gagner ce combat salvateur, sans étroitesse ni soumission.
Max Guichard membre de l’exécutif du PCF33
Christelle Danglot Les Nouvelles 11 mai 2017 • 3
SECOND TOUR ÉLECT FRONT NATIONAL
VE RÉPUBLIQUE
Marine Le Pen rate la dernière marche mais le vote d’extrême droite continue de s’ancrer
Le roi est mort. Vive le roi !
Une grande majorité des citoyens a choisi de couper la route du pouvoir à Marine Le Pen et ses légions d’extrême droite. C’est un soulagement. Mais avec 33,90 % des voix, le FN n’avait jamais réussi à rassembler autant d’électeurs (aux alentours de 10,6 millions de voix), soit le double de 2002. C’est dire si le combat contre l’extrême droite, qui compte bien continuer à faire fructifier colères et souffrances semées par les politiques néolibérales, est loin d’être terminé. Marine Le Pen n’a pas déjoué les pronostics au second tour. Seconde à l’issue du scrutin, avec 34 % des suffrages, la candidate du Front national fait néanmoins de son échec (elle espérait 40 %) une étape de plus vers l’exercice du pouvoir. Forte de 11 millions de voix, elle envisage un scénario à l’italienne : faire de « l’alliance patriote et républicaine », qu’elle dit avoir formé entre Front national et Debout la France, la « première force d’opposition » du pays. La candidate ne parvient pas plus que Jean-Marie Le Pen, il y a quinze ans, à franchir le fameux « plafond de verre » pour s’imposer dans un duel face au
dernier républicain en lice, Emmanuel Macron. Mais elle compte sur des bases de plus en plus solides pour mener une « recomposition de grande ampleur », sur la ligne de fracture entre « patriotes » et « mondialistes », projet qui sera « soumis aux Français lors des législatives ». Le vote FN, plus qu’un simple geste de contestation, est désormais devenu un vote d’adhésion. Voilà qui explique que, malgré cette défaite, elle parvient donc non seulement à asseoir son score du premier tour (21,3 %), mais à l’améliorer. La progression du Front national est continue, d’élection en élection, depuis l’adoubement de Marine Le Pen par son père, fin 2011. Et, malgré des défaites successives, le FN se renforce. D’abord, parce qu’il ancre sa présence dans le paysage politique français : 5,1 millions de voix au premier tour des élections départementales de 2015, 6 millions aux régionales, 7,6 millions le 23 avril et autour de 11 millions dimanche dernier. De plus, Marine Le Pen a tout de même bénéficié du positionnement « antisystème » qui a été celui de plusieurs candidats au premier tour. La candidate d’extrême droite n’a cependant pas laissé de côté ses bases
identitaires entre les deux tours. Lors du débat télévisé, elle a multiplié les clins d’œil à son prédécesseur à la présidence du FN. Mais si, sur les réseaux sociaux de la fachosphère, ses supporters les plus récents l’ont trouvée « décevante », c’est qu’ils n’ont pas saisi que, déjà, elle joue le coup d’après : les législatives et la probable recomposition politique dans laquelle elle entend jouer un rôle. Même si les cartes de la présidentielle et des législatives ne peuvent pas totalement se superposer, le danger est réel. Le soir du 23 avril, Marine Le Pen était en tête dans 216 circonscriptions, dont 83 où elle dépassait 30 % des suffrages, comme c’est le cas dans 7 des 12 circonscriptions de Gironde avec ses plus gros scores dans la 5e (38,26 %), la 10e (39,59 %) et la 11e (47,54 %). Dans les cantons du Nord Gironde, du Blayais, du Libournais et du Nord-Médoc, Marine Le Pen frôle les 50 %. Dans cet arc rural qui va du Sud Gironde au Médoc, le Front national pourrait remporter un siège ou deux de député, au regard de son poids électoral. CD, avec l’Humanité
Un ancien monarque élu, honni et déchu, avait mobilisé contre son histrionisme : tout sauf Sarkozy. Le président normal à force de mensonges, reniements, trahisons et coups de force fut contraint de s’effacer, de lui-même. Le chômage endémique, la pauvreté qui s’étend, la précarité, l’école en panne, la justice noyée, les discriminations, la violence qui s’empare du monde… les sujets devant être au centre de la prochaine consultation populaire ne manquent pas. L’élection présidentielle, mère de toutes les élections de la Ve République s’avance : rencontre d’un homme avec un peuple. Horreurs ! Le prétendant, châtelain sourcilleux et catholique est pris la main dans les caisses de la république, exigeant de ses enfants la quote part de l’argent volé… La défenseuse d’un ordre nouveau refuse de rencontrer les forces de l’ordre, forces ayant des questions à poser, notamment sur l’Europe et son argent détourné. Voyons-nous la fin de la Ve République ? Beaucoup réfléchissent à la VIe, la voient participative, référendaire, citoyenne, contrôlant ou révoquant ses élus…
Faute d’un rassemblement suffisamment large, en raison d’un manque d’ambition, d’étroitesse, et de peu, à la fin, le nouveau monarque s’avance, marche… lentement… la pyramide du Louvres derrière lui. Brigitte va-telle, comme Marie Antoinette, nous proposer de la brioche ? La Ve République a vaincu. Un homme a été élu mais la diversité du peuple français, ses opinions sont niées et sans être devins, nous savons que ses besoins et ses aspirations seront déçus. L’idéologie dominante, l’orthodoxie nous le dit : il faut un chef, un homme qui nous dirige. Il est un évènement fondateur des temps modernes, de notre république, la prise de la Bastille, le 14 juillet 1989, la fête nationale. Un chef ? Un général ? Non ! Le peuple qui se lève et qui bouge. Un peuple fondateur. Faut-il chercher un nouveau maître à penser, un sauveur suprême, un messie à qui se confier ou travailler à l’avènement d’une république sociale et authentiquement démocratique, une VIe ? Et, pour cela mettre, remettre sur le métier son ouvrage avec persévérance. Déjà, aux législatives, travailler à l’espoir. Pierre Bordas
SECOND TOUR
Résultats
LIBOURNE
EN FRANCE
Abstention : 25, 44 % Blancs ou nuls : 11,47 % Emmanuel Macron : 66,10 % Marine Le Pen: 33,90 % Au 1er tour : Abstention : 22,23 % / Blancs ou nuls : 2,55 % / E. Macron : 24,01 % / M. Le Pen : 21,30 % / F.Fillon : 20,01 % / J.L. Mélenchon : 19,58 % / B. Hamon : 6,36 %. EN GIRONDE
Abstentions : 19,93 % ; Blancs et Nuls : 11,86 % Emmanuel Macron : 70,06 % ; Marine Le Pen : 29,94 % Au 1er tour : Abstentions : 19,93 % ; Blancs et Nuls : 2,25 % ; E. Macron : 26,13 % ; J.L. Mélenchon : 21,85 % ; M. Le Pen : 18,26 % ; F. Fillon : 17,05 % ; B. Hamon : 7,56 % EN DORDOGNE
Abstentions : 20,95 % ; Blancs et Nuls : 15,02 % Emmanuel Macron : 64,27 % ; Marine Le Pen : 35,73 % Au 1er tour : Abstentions : 18,32 % ; Blancs et Nuls : 3,04 % ; J.L. Mélenchon : 22,97 % ; E. Macron : 22,49 % ; M. Le Pen : 20,93 % ; F. Fillon : 17,09 % ; B. Hamon : 6,35 % DANS LES LANDES
Abstentions : 20,25 % ; Blancs et Nuls : 13,76 % Emmanuel Macron : 68,74 % ; Marine Le Pen : 31,26 % Au 1er tour : Abstentions : 17,86 % ; Blancs et Nuls : 2,67 % ; E. Macron : 24,63 % ; J.L. Mélenchon : 20,15 % ; M. Le Pen : 18,14 % ; F. Fillon : 17,13 % ; B. Hamon : 8,69 % EN LOT-ET-GARONNE
Abstentions : 21,70 % ; Blancs et Nuls : 13,15 % Emmanuel Macron : 59,47 % ; Marine Le Pen : 40,53 Au 1er tour : Abstentions : 19,43 % ; Blancs
4 • Les Nouvelles 11 mai 2017
et Nuls : 2,73 % ; M. Le Pen : 25,03 % ; E. Macron : 20,79 % ; J.L. Mélenchon : 19,08 % ; F. Fillon : 18,44 % ; B. Hamon : 5,63 %
BORDEAUX
Abstentions : 26,81 % ; Blancs et Nuls : 9,49 % Emmanuel Macron : 85,92 % ; Marine Le Pen : 14,08 % Au 1er tour : Abstentions : 22,40 % ; Blancs et Nuls : 1,65 % ; E. Macron : 31,26 % ; J.L. Mélenchon : 23,43 ; F. Fillon : 21,80 % ; B. Hamon : 10,06 % ; M. Le Pen : 7,39 %.
Abstentions : 25,49 % ; Blancs et Nuls : 12,55 % Emmanuel Macron : 67,58 % ; Marine Le Pen : 32,42 % Au 1 tour : Abstentions : 22,87 ; Blancs et Nuls : 2,30 % ; E. Macron : 24,69 % ; J.L. Mélenchon : 20,50 % ; M. Le Pen : 20,27 % ; F. Fillon : 17,98 % ; B. Hamon : 7,88 %. er
LESPARRE-MÉDOC
Abstentions : 28,30 % ; Blancs et Nuls : 10,42 % Emmanuel Macron : 50,41 % ; Marine Le Pen : 49,59 % Au 1er tour : Abstentions : 26,23 % ; Blancs et Nuls : 2,23 % ; M. Le Pen : 33,77 % ; E. Macron : 18,25 % ; J.L. Mélenchon : 17,66 % ; F. Fillon : 16,25 % ; B. Hamon : 4,39 %. BLAYE
Abstentions : 31,26 % ; Blancs et Nuls : 12,44 % Emmanuel Macron : 62,18 % ; Marine Le Pen : 37,82 % Au 1er tour : Abstentions : 28,73 % ; Blancs et Nuls : 2,21 % ; E. Macron : 22,96 % ; J.L. Mélenchon : 22,10 % ; M. Le Pen : 21,68 % ; F. Fillon : 15,20% ; B. Hamon : 6,86.
ARCACHON
Abstentions : 25,98 % ; Blancs et Nuls : 12,96 % Emmanuel Macron : 74,82 % ; Marine Le Pen : 25,18 % Au 1er tour : Abstentions : 21,50 % ; Blancs et Nuls : 1,58 % ; F. Fillon : 43,26 % ; E. Macron : 24,09 % ; M. Le Pen : 11,64 % ; J.L. Mélenchon : 9,99 % ; B. Hamon : 3,85 %. LANGON
Abstentions : 22,74 % ; Blancs et Nuls : 12,43 % Emmanuel Macron : 70,43 % ; Marine Le Pen : 29,57 % Au 1er tour : Abstentions : 19,51 % ; Blancs et Nuls : 2,81 % ; E. Macron : 25,61 % ; J.L. Mélenchon : 23,24 % ; M. Le Pen : 18,05 % ; F. Fillon : 15,08 % ; B. Hamon : 7,48 %.
Mélenchon 24,41% ; F. Fillon 21,00 % ; B. Hamon 11,20 % ; M. Le Pen 6,00 %.
Le Pen 11,77 % ; B. Hamon 9,31 %.
3E CIRCONSCRIPTION
Abstentions : 22,42 % ; Blancs et Nuls : 12,47 % ; Emmanuel Macron : 66,57 % ; Marine Le Pen : 33,43 %
Abstentions : 24 % ; Blancs et Nuls : 11,89 % Emmanuel Macron : 81 % ; Marine Le Pen : 19 %
Au 1er tour : Abstentions 22,95 % ; Blancs et Nuls 2,03 % ; J.L. Mélenchon 29,59 % ; E. Macron 28,37 % ; F. Fillon 12,02 % ; M. Le Pen 11,34 % ; B. Hamon 10,71 %. 4 CIRCONSCRIPTION E
Abstentions : 26,91 % ; Blancs et Nuls : 12,10 % Emmanuel Macron : 68,71 % ; Marine Le Pen : 31,29 %
Au 1er tour : Abstentions 24,01 % ; Blancs et Nuls 2,29 % ; J.L. Mélenchon 25,48 % ; E. Macron 24,64 % ; M. Le Pen 19,84 % ; F. Fillon 12,20 % ; B. Hamon 8,31 %. 5 CIRCONSCRIPTION E
Abstentions : 21,85 % ; Blancs et Nuls : 11,83 % Emmanuel Macron : 61,74 % ; Marine Le Pen : 38,26 % Au 1er tour : Abstentions 18,96 % ; Blancs et Nuls 2,38 % ; M. Le Pen 24,14 % ; E. Macron 23,42 % ; J.L. Mélenchon 20,95 % ; F. Fillon 15,01 % ; B. Hamon 6,15 %. 6 CIRCONSCRIPTION E
1RE CIRCONSCRIPTION
Abstentions : 26,40 % ; Blancs et Nuls : 9,46 % Emmanuel Macron : 83,22 % ; Marine Le Pen : 16,78 %
Au 1er tour : Abstentions : 21,20 % ; Blancs et Nuls 1,75 % ; E. Macron 31,45 % ; F. Fillon 24,83 % ; J.L. Mélenchon 19,26 % ; M. Le Pen 9,67 % ; B. Hamon 8 %. 2E CIRCONSCRIPTION
Abstentions : 29,94 % ; Blancs et Nuls : 9,27 % Emmanuel Macron : 88,14 % ; Marine Le Pen : 11,86 %
Au 1er tour : Abstentions 22,11 % ; Blancs et Nuls 1,59 % ; E. Macron 31,87 % ; J.L.
Abstentions : 21,93 % ; Blancs et Nuls : 11,38 % Emmanuel Macron : 76,93 % ; Marine Le Pen : 23,07 %
Au 1er tour : Abstentions 18,69 % ; Blancs et Nuls 2,1 % ; E. Macron 31,06 % ; J.L. Mélenchon 21,50 % ; F. Fillon 16,31 % ; M. Le Pen 14,02 % ; B. Hamon 8,40 %. 7E CIRCONSCRIPTION
Abstentions : 22,16 % ; Blancs et Nuls : 11,5 % Emmanuel Macron : 80,06 % ; Marine Le Pen : 19,94 %
Au 1er tour : Abstentions 19,22 % ; Blancs et Nuls 2,23 % ; E. Macron 31,54 % ; J.L. Mélenchon 23,37 % ; F. Fillon 15,55 % ; M.
8E CIRCONSCRIPTION
Au 1er tour : Abstentions 19,23 % ; Blancs et Nuls 2,19 % ; E. Macron 24,68 % ; F. Fillon 24,60 % ; M. Le Pen 18, 88 % ; J.L. Mélenchon 17,07 % ; B. Hamon 5,13 %. 9E CIRCONSCRIPTION
Abstentions : 20,29 % ; Blancs et Nuls : 13,43 % Emmanuel Macron : 65,98 % ; Marine Le Pen : 34,02 %
Au 1er tour : Abstentions 16,92 % ; Blancs et Nuls 2,63 % ; E. Macron 23,92 % ; J.L. Mélenchon 22,73 % ; M. Le Pen 20,70 % ; F. Fillon 14,92 % ; B. Hamon 7,21 %. 10E CIRCONSCRIPTION
Abstentions : 22,14 % ; Blancs et Nuls : 12,67 % Emmanuel Macron : 58,43 % ; Marine Le Pen : 39,59 %
Au 1er tour : Abstentions 19,47 % ; Blancs et Nuls 2,41 % ; M. Le Pen 25,21 % ; E. Macron 22,30 % ; J.L. Mélenchon 18,93 % ; F. Fillon 17,81 % ; B. Hamon 6,07 %. 11E CIRCONSCRIPTION
Abstentions : 21,37 % ; Blancs et Nuls : 13,77 % Emmanuel Macron : 52,46 % ; Marine Le Pen : 47,54 % Au 1er tour : Abstentions 20,24 % ; Blancs et Nuls 2,66 % ; M. Le Pen 30,78 % ; J.L. Mélenchon 20,06 % ; E. Macron 19,41 % ; F. Fillon 13,26 % ; B. Hamon 5,64 %. 12E CIRCONSCRIPTION
Abstentions : 20,01 % ; Blancs et Nuls : 12,04 % Emmanuel Macron : 69,64 % ; Marine Le Pen : 30,21 % Au 1er tour : Abstentions 17,06 % ; Blancs et Nuls 2,49 % ; E. Macron 23,22 % ; J.L. Mélenchon 21,94 % ; M. Le Pen 21,34 % ; F. Fillon 16,47 % ; B. Hamon 6,86 %.
TION PRÉSIDENTIELLE DÉCLARATION DE PIERRE LAURENT
« Nous serons de tous les combats contre les projets anti-sociaux de Macron » Paris le 7 mai 2017 « Ce soir, la candidate du Front national n’est pas élue. (…) Nous, communistes, sommes fiers d’avoir œuvré avec clarté à cette défaite, car nous savons qu’elle continue à menacer la République et son unité. Nous n’en voulons à aucun prix, ni aujourd’hui, ni demain. Mais ce soir, notre cœur n’est pas à la fête. Notre pays vit des heures graves. Ce second tour est, à nouveau, une très sérieuse alerte pour toutes celles et ceux qui sont attachés à la démocratie et à l’égalité. Marine Le Pen, avec 35 %, obtient 14 % de plus qu’au premier tour. C’est le résultat de la banalisation des idées d’extrême droite que nous sommes plus que jamais décidés à combattre. C’est aussi le résultat de décennies d’alternances politiques défavorables aux intérêts populaires, de trahisons et de renoncements des gouvernements successifs. Nous partageons ce soir la profonde colère des millions de personnes qui se sont senties piégées par ce second tour. Piège orchestré par les mécanismes de la Ve République usée et perverse. À l’avenir, nous ne voulons plus être obligés de voter par défaut pour battre l’extrême droite. Pour cela, il faut construire la victoire d’un vrai changement de politique qui libère la France de la tutelle des marchés financiers, qui proclame “l’humain d’abord” et s’attaque à la domination de la finance en
conquérant de nouveaux pouvoirs à tous les niveaux, qui ouvre le chemin d’une nouvelle société de bonheur, de solidarité, de justice, d’écologie, de paix et d’égalité. Ces choix politiques de progrès, ce n’est pas Emmanuel Macron, candidat des milieux financiers, élu ce soir Président de la République qui les fera. (…) Déjà au premier tour, ils et elles étaient nombreux à voter pour lui par défaut pour éviter un duel entre Fillon et Le Pen. Son projet, très néo-libéral et porteur de graves régressions sociales et démocratiques, est minoritaire dans le pays. Ce qui reste à l’ordre du jour, c’est la construction d’une alternative de transformation sociale, écologique et démocratique à sa politique, et celle d’une nouvelle majorité de gauche pour la porter. Dès demain, et tout au long du quinquennat, les communistes seront mobilisés pour avancer dans cette voie avec toutes celles et ceux qui seront disponibles. À la casse du Code du Travail qui affaiblirait les droits des travailleurs, nous opposerons une sécurité de l’emploi et de la formation pour éradiquer le chômage et la précarité, en créant de nouveaux pouvoirs dans les entreprises et sur les banques face aux marchés financiers. Au recul du droit à la retraite et à la privatisation de la Sécurité sociale facilitée par la suppression annoncée de cotisations sociales, nous opposerons un plan de défense et de développement de la Sécurité sociale. À la baisse de
60 milliards d’euros des dépenses publiques et à la suppression de 120 000 fonctionnaires, nous opposerons un plan de relance des services publics de proximité dans tous les domaines. Au recours aux ordonnances pour gouverner autoritairement, nous opposerons le respect de la démocratie. Nous serons de tous les combats contre les projets antisociaux de Macron, contre les projets ultra-réactionnaires de la droite et de l’extrême-droite. C’est dans cet esprit que nous voulons conduire les élections législatives des 11 et 18 juin. Le PCF y engage dès ce soir toutes ses forces. Aucune majorité parlementaire n’est acquise pour personne. Notre peuple a une nouvelle chance pour décider de son présent et de son avenir. (…) Notre parti est engagé dans ces élections avec une ambition : “Faire entrer le peuple à l’Assemblée”. Les candidat-e-s communistes - Front de gauche que nous soutenons dessinent le visage de la France du monde du travail, du privé comme du public, travaillant dans tous les métiers, syndicalistes, citoyen-ne-s engagé-e-s dans leurs territoires, aux diverses origines, jeunes candidatures porteuses d’un renouveau politique ainsi que des femmes et des hommes d’expérience, forts de leur responsabilité d’élu-e local-e. Avec eux, ce jeudi 11 mai à 19h, Pierre Laurent lancera notre campagne nationale lors d’un grand meeting au gymnase Japy, à Paris. (…) »
RECOMPOSITION
Macron en quête d’une majorité à sa main Le nouveau chef de l’État met en scène un clivage entre progressistes et nationalistes pour justifier et susciter des ralliements de la droite et du PS. Malgré ses 66,1 %, obtenus par défaut, le nouveau président a fort à faire pour rallier une majorité à sa main dans un paysage politique bouleversé et désormais beaucoup moins bipolaire. Dès les résultats connus, ses soutiens, dont Bayrou, ont tenté de démontrer qu’ils étaient le fruit d’une « adhésion ». Ce que contredisait le sondage Ipsos publié dimanche soir : pour 43 % des électeurs d’E. Macron, c’était pour s’opposer au FN. Un choix confirmé par les 61 % de Français, selon la même enquête, ne souhaitant pas qu’il ait de majorité absolue à l’Assemblée. De quoi convaincre le nouveau président de reconnaître que son élection ne vaut pas blanc-seing. Dans un entretien à Mediapart, Macron a encore invité à « aller au bout de (la) recomposition » via une grande coalition qui substituerait au clivage gauche-droite un clivage
« progressistes-nationalistes » avec, pour lui, un double avantage : faire de l’extrême droite la seule opposition à sa politique, avec un FN dont la grille de lecture « patriotes » contre « mondialistes » recouvre le même objectif et évacuer du champ de l’alternative les progressistes antilibéraux. Et Macron de résumer cette « polarité réelle entre un parti d’extrême droite » et « un parti progressiste » qui « réconcilie la gauche de gouvernement, une partie de la droite sociale, pro-européenne, une partie d’ailleurs du gaullisme et le centre ». Chez les socialistes comme chez Les Républicains, certains s’avouent séduits, comme Bruno Le Maire (LR) ou Stéphane le Foll (PS), qui l’ont encore fait savoir lundi. Le jeu d’équilibre pour parvenir à des décrochages successifs se manifestera d’abord par les noms des 577 candidats investis par « En Marche » (EM). Une investiture dont la ligne a sensiblement changé. Plus question pour les éventuels candidats de renoncer à leur appartenance à un autre parti : « Il faut s’inscrire dans la logique ‘‘la République en marche’’, et s’engager à
siéger dans le groupe de la majorité présidentielle », a indiqué lundi Richard Ferrand, secrétaire général d’EM. L’affichage de modernité et de renouveau par des candidats pour moitié issus de la « société civile » a également été revisité, Jean-Paul Delevoye précisant que cela pouvait aussi être « des maires, des conseillers généraux, des conseillers régionaux ». Pourtant, Christophe Castaner, porte-parole de Macron pendant la campagne présidentielle, promettait au même moment une « sortie de l’entre-soi politique ». Pour convaincre de ces ralliements, le choix du futur premier ministre – révélé le jour de la passation de pouvoir, le 14 mai – comme la composition du futur gouvernement se joueront sur une ligne de crête : « Si c’est un socialiste qui est premier ministre, il n’y a aucune recomposition (…) Dans ce cas-là, Emmanuel Macron sera l’héritier de François Hollande », prévenait Bruno Le Maire. avec l’article de Julia Hamlaoui l’Humanité 09/05/17
L’ENTRE-DEUX TOURS
De quoi le ni-ni est-il le nom ? L’entre-deux tours a donné à voir l’étendue des digues rompues dans une partie de l’électorat qui refuse de choisir « entre la peste et le choléra ». Un glissement sensible dans l’électorat de gauche et au sein du mouvement social. Comme d’autres organes de presse, Télérama se référait, dans l’entredeux tours, à la situation de 2002 : « ceux qui ont connu le 21 avril 2002 s’en souviennent : les manifestations anti-FN quotidiennes de l’entre-deux tours, les syndicats unis lors du défilé du 1er mai,… Le message était alors clair : “tous aux urnes” pour dire non à la possibilité de voir Jean-Marie Le Pen devenir président de la République. » (1) Quinze ans plus tard, qu’en est-il ? La jeunesse est descendue dans la rue, oui. Mais le plus souvent pour affirmer qu’elle refusait le choix entre « la patrie » et « le patron ». Pas un soir où presque entre ces deux-tours de 2017, sans que les rues de Bordeaux ne soient le théâtre de manifestations, plus ou moins massives, pour afficher le souhait de devenir « ingouvernable » et refuser les choix imposés par la 5e république. Dans Rue89 Bordeaux (2), un militant de Sud PTT participant à une manifestation antifasciste sur la place Saint-Michel s’expliquait : « Macron, ce n’est pas une solution, c’est un problème de plus. » Une rhétorique largement répandue dans une frange du mouvement social qui, d’une certaine manière, n’a pas voulu déposer les armes après la lutte contre la loi Travail. Résurgences des « Nuits debout », voire de la fin du mouvement contre le CPE de 2006, ces manifestations se sont confrontées à une mobilisation et souvent à une violence policière sans précédent, ce qui n’a pas manqué de « radicaliser » les méthodes en retour. C’est d’ailleurs en héritier de François Hollande, qui a fait la part belle aux « casseurs » face aux travailleurs mobilisés, que Emmanuel Macron fait aujourd’hui la leçon aux salariés en lutte, leur glissant le conseil de ne pas se comporter comme les « jusqu’auboutistes » de Goodyear Amiens qui avaient occupé leur usine et brièvement séquestré leurs patrons. Face à de tels comportements – patronaux et gouvernementaux –, face à une surdité aux mouvements sociaux qui date des mouvements contre les réformes des retraites (Fillon, Sarkozy), et n’a fait que se poursuivre pendant le quinquennat Hollande ; rien de plus compréhensible que les travailleurs changent de braquet et ne
fassent plus dans la nuance. La consultation organisée par la France Insoumise a donc fait confirmer cet état du débat. Refusant aux deux-tiers de s’inscrire dans le choix entre Le Pen et Macron, les soutiens de la France Insoumise ont mis en chiffres un changement profond dans le peuple de gauche. « Pendant longtemps, les hommes politiques pouvaient compter sur les citoyens, notamment les générations nées avant guerre qui étaient dans une culture de déférence et suivaient (des consignes) aveuglément, arguait le sociologue Vincent Tiberj, dans le dossier de Télérama. Cette logique de verticalité propre à la Ve République ne fonctionne plus face à ceux que j’appelle les “citoyens distants” nés à partir des années 60, plutôt diplômés et ayant connu les alternances successives. » « La gauche doit d’abord préserver un cadre de débat collectif démocratique pour ensuite mettre en échec la politique économique du nouveau président », prévenait quant à lui le politiste Philippe Marlière, dans une tribune publiée sur Médiapart (3). Surtout, ce soutien à Benoît Hamon pendant la primaire socialiste, rappelait que « le score de Jean-Luc Mélenchon est l’arbre qui cache la forêt ». « La gauche est d’abord électoralement faible, argumentait-il. Le pourcentage total des voix de gauche s‘est élevé à 26,6 % des suffrages, soit un tiers du total des voix que la gauche avait recueillie en 2012. Ce sont près de 5 millions de voix de gauche qui se sont évaporées en 5 ans. » Un rappel qui lui permettait de lancer cet avertissement : « la gauche de gauche sera rejetée si elle renvoie dos à dos la démocratie bourgeoise et un régime autoritaire. La défense des libertés fondamentales est, pour la gauche, un des grands acquis du combat antitotalitaire du XXe siècle. » Une logique que le vote Macron, finalement massif, a semblé respecter. Mais cet entre-deux tours a tout de même donné à voir l’étendue des digues rompues et ce à quoi elles pouvaient laisser la place. Ce qui milite, une fois encore, pour une refondation profonde des pratiques et des discours politiques de façon à confirmer le raccrochage que le score de Jean-Luc Mélenchon le 23 avril dernier, a semblé révéler. VB. (1) Abstention : 50 nuances de « Ni…Ni », Yohav Oremiatzki (2) 1er Mai, des Bordelais entre vote Macron et « ninni », Xavier Ridon. (3) Diaboliser Macron et légitimer Le Pen, Philippe Marlière, 2 mai 2017.
Les Nouvelles 11 mai 2017 • 5
INTERNATIONAL BREXIT
LÉGISLATIVES FRANÇAISES
La commission fixe ses priorités Le PCF dénonce l’ingérence d’Erdogan Le négociateur européen sur le retrait du Royaume-Uni de l’UE, Michel Barnier, a dévoilé ses objectifs, mercredi 3 mai. De longs pourparlers s’annoncent avant le départ du Royaume-Uni de l’Union européenne (UE) le 29 mars 2019. Michel Barnier, chargé des négociations avec Londres, a dit quelles étaient les priorités de la Commission pour la première phase de négociations, priorités qui devront être approuvées par les représentants des États le 22 mai. L’exécutif européen entend pérenniser les droits des ressortissants d’un pays de l’UE vivant au Royaume-Uni et des Britanniques résidant sur le continent. « Les hommes, les femmes, les familles doivent pouvoir continuer à vivre comme aujourd’ hui, et ce pour la durée de leur vie », a asséné Michel Barnier, qui entend défendre le droit de résidence, de travailler et au regroupement familial. Ensuite, l’exécutif européen estime qu’il faut trouver des « solutions originales » pour éviter que ressurgisse une
frontière physique entre la province britannique d’Irlande du Nord et la République d’Irlande, État membre de l’UE. Enfin, les Vingt-Sept entendent exiger de Londres 40 à 60 milliards d’euros afin de financer les programmes communautaires en cours et les obligations envers les fonctionnaires européens. « Il ne s’agit pas d’une punition », assure Michel Barnier, conscient des remous que cela créera outre-Manche, où les partisans du Brexit avaient fait campagne sur le coût du maintien dans l’UE. On notera que le commissaire Barnier estime qu’il faudra trouver un « mécanisme de règlement des différends » et qu’en la matière il ne fait pas confiance à un tribunal d’arbitrage privé – que la Commission promeut dans d’autres types d’accords. Il réclame que le droit soit dit par la Cour de justice européenne. Pas sûr que Londres accepte. Gaël De Santis, l’Humanité, 04/05/2017
BULGARIE
Silence, l’extrême droite entre au gouvernement Le premier ministre conservateur, Boïko Borissov, va diriger le pays avec les trois partis nationalistes des Patriotes unis, qui lui assurent ainsi une courte majorité au Parlement. Un peu plus d’un an après l’entrée, dans l’indifférence générale, du Parti national slovaque (SNS) dans le gouvernement du premier ministre social-démocrate Robert Fico, c’est au tour du conservateur bulgare Boïko Borissov, désigné premier ministre pour la troisième fois à l’issue des élections législatives du 26 mars, d’ouvrir les portes du pouvoir à des partis ouvertement xénophobes. Jeudi, Boïko Borissov a présenté devant le Parlement la composition de son gouvernement. La coalition des Patriotes unis, qui regroupe trois formations, obtient quatre ministères, dont ceux de la Défense et de l’Économie. Krasimir Karakachanov, chef du Mouvement national bulgare (VRMO) et nouveau ministre de la Défense, décroche le titre de vicepremier ministre. Tout comme Valeri Simeonov, dirigeant du Front national pour le salut de la Bulgarie (NFSB) est désormais chargé de la politique économique et démographique. Jugé trop sulfureux, Volen Siderov, le leader du parti anti-Roms Ataka, qui assimile l’homosexualité à une « maladie » et considère l’Holocauste comme un « mensonge », a été écarté du nouveau pouvoir. Cette alliance totalement inédite avec l’extrême droite permet à Boïko Borissov de disposer d’une très courte 6 • Les Nouvelles 11 mai 2017
majorité au Parlement (122 députés sur 240) grâce aux 27 sièges des Patriotes unis. Paradoxalement, les nationalistes sont au pouvoir alors qu’ils ont réalisé un score plus faible que lors des dernières élections d’octobre 2014. Les Patriotes unis ont obtenu 9 % des voix en 2017 en intégrant dans leur alliance Ataka. En 2014, ils avaient raflé 7,2 % des voix, tandis que, de son côté, Ataka en récoltait 4,5 %, soit au total 11,7 % et trois députés de plus qu’aujourd’hui.
La possible présence aux élections législatives de candidats du Parti Egalité Justice (PEJ), proche d’Erdogan, constitue une « ingérence inadmissible » d’Ankara, a estimé mercredi le Parti communiste français (PCF). Photo : AFP Le « Parti Égalité Justice » (PEJ), officine officieuse de l’AKP en France, souhaite présenter 68 candidats dans des circonscriptions urbaines. Cette organisation compte en son sein des islamistes et des fascistes issus de la sinistre organisation des « Loups Gris ». Elle s’est illustrée récemment par des tentatives d’entrisme dans diverses institutions, le fichage d’opposants au référendum d’avril 2017 et par des appels à la haine d’imams inféodés au pouvoir d’Ankara. La présence de ce parti dans le paysage électoral
français risque d’attiser le nationalisme et faire taire les démocrates turcs et kurdes de France. Le Parti communiste français (PCF) appelle instamment le ministre de l’Intérieur à diligenter sans délai une enquête pour défaire cette manœuvre contre la démocratie et la République françaises. L’immixtion du dictateur turc dans le scrutin législatif français doit être condamnée fermement par les autorités de notre pays. Ci après la lettre de Pierre Laurent, secrétaire général du Parti communiste français, envoyé mercredi au ministère de l’Intérieur : Monsieur le ministre, J’ai été alerté par les candidats que nous présentons à Dijon de l’existence de candidatures présentées
Damien Roustel, l’Humanité, 05/05/2017
Pierre Laurent
Stéphane Aubouard, humanite.fr 04/05/2017
VENEZUELA
Nicolas Maduro joue la carte de la Constituante
Un durcissement pour les migrants
En 2014, Boïko Borissov avait déjà tenté de gouverner avec eux, mais face au tollé soulevé dans les rangs de la droite européenne du Parti populaire européen (PPE), il avait renoncé, se contentant du soutien des nationalistes au Parlement. Il semble que cette fois-ci la modération de leur langage pendant la campagne, et leur soutien affiché à l’Union européenne et l’Otan, aient eu raison des réticences du PPE. Celui-ci n’avait pas encore réagi jeudi. L’arrivée de l’extrême droite va se traduire par un durcissement de la politique de la Bulgarie à l’égard des migrants. Quelques jours avant l’accord avec les nationalistes, le gouvernement a annulé un décret qui permettait une prise en charge financière des dépenses de santé des réfugiés…
sous l’étiquette du « Parti Égalité Justice » (PEJ) dans plusieurs circonscriptions législatives en vue du scrutin de juin prochain. Après vérification, cette organisation islamo-conservatrice qui est la représentante officieuse du parti du président turc Recep Tayyip Erdogan, l’AKP (Parti de la justice et du développement), compte présenter 68 candidatures dans notre pays de ressortissants binationaux franco-turcs et viserait, selon certaines sources, 51 circonscriptions. Il s’agit sans aucun doute de la part du président Erdogan et de son parti l’AKP de peser sur les orientations de notre politique internationale, en particulier vis-àvis du régime turc qui verse à pas accélérés dans la dictature. La même stratégie a été utilisée aux Pays-Bas ; il faut y mettre un terme. Je vous saurais gré, Monsieur le ministre, de diligenter dans les délais les plus brefs une enquête sur ces faits qui soulèvent une profonde inquiétude chez les démocrates et progressistes turcs et kurdes qui ont trouvé asile sur notre sol national et qui devraient inquiéter tous les démocrates de notre pays. Je vous prie d’agréer, Monsieur le ministre, l’expression de mes salutations distinguées.
Le président vénézuélien convoque une Assemblée constituante afin de trouver une sortie de crise fédérant différents secteurs de la population. Des incertitudes demeurent quant à sa capacité de rallier l’opposition à son projet. Depuis plusieurs mois, l’opposition vénézuélienne dénonce le « coup d’État » du président Maduro. Une nouvelle fois, le thème fut repris cette semaine après la décision du chef de l’État de convoquer une Assemblée
constituante. L’annonce, faite lors du défilé du 1er mai à Caracas, a aussitôt été rejetée par la droite, qui a appelé les citoyens à refuser d’y participer. Si une Constituante n’a normalement pas vocation à ramener la paix, l’approfondissement de la crise politique, économique et institutionnelle a amené l’exécutif à voir dans ce processus une sortie de crise par le haut « en fédérant le peuple, quelle que soit sa tendance, afin qu’il retravaille certains piliers de la Constitution et en obligeant l’opposition à reprendre le chemin du droit », explique le
sociologue Romain Migus. Si nombre d’incertitudes demeurent sur les modalités d’organisation, la Constituante ne devrait, selon toute vraisemblance, pas abolir la loi fondamentale de 1999 adoptée à l’initiative d’Hugo Chavez, et qui reste un marqueur de la révolution bolivarienne. Autre incertitude : le calendrier électoral se verra-t-il bouleversé par la Constituante ? Des régionales devaient avoir lieu cette année avant d’être reportées, des municipales sont néanmoins prévues en 2017, et une présidentielle, fin 2018. En tout état de cause, si le processus trouvait un aboutissement avant la présidentielle, il permettrait à Nicolas Maduro de regagner en légitimité. Seulement, sans accord avec la droite sur la ratification par référendum notamment, la voie choisie par Nicolas Maduro semble étroite. Le 2 mai, dès l’aube, les blocages de routes et les accrochages avec les forces de sécurité avaient repris. Le pape François a proposé de reprendre la médiation assurée en 2016. Une proposition immédiatement rejetée par la droite qui exige des « garanties » sur les modalités.
PCF SECTION RIVES DE DORDOGNE
Une proposition de loi sur la création d’une sécurité « calamités agricoles » L’atelier législatif du 27 Janvier organisé par la section PCF-FDG Rives de Dordogne a élaboré les bases d’une proposition de loi concernant la création d’une sécurité « calamités agricoles ». Après la grêle, c’est le gel qui, cette année, compromet gravement la récolte 2017, mettant une fois de plus les viticulteurs familiaux en difficulté. Il est urgent de sortir du système « assurances », trop coûteux pour beaucoup et d’ aller vers un système de solidarité agricole national qui permette à toutes les exploitations (dans le cas présent viticoles), quelles que soient leur taille et leur envergure financière, de faire face à ces accidents climatiques. Actuellement, c’est le gel dans les vignes, les épidémies dans les élevages de canards, en d’autres temps c’était la récolte du maïs ou du blé, chaque domaine de notre agriculture est concerné à moment donné par ces
calamités d’ordre climatique ou épidémique. Au-delà de la situation des exploitants agricoles, l’absence de vendanges (ou un très faible niveau) va aussi impacter lourdement les revenus des travailleurs saisonniers et avoir des conséquences sur la situation économique de notre territoire. Le contenu de la proposition de loi
Chacun est invité à participer à l’élaboration de ce projet de loi*. La création de ce fond de solidarité a pour but d’assurer la continuité des revenus par un revenu minimum en situation d’urgence, du niveau du SMIC et la reconstitution de l’outil de travail à moyen puis long terme. L’adhésion à ce fond serait obligatoire pour tout agriculteur ou exploitation agricole. Il impliquerait le paiement d’une cotisation en fonction des revenus.
Il donnerait droit, en cas de calamité agricole, à un versement de subventions par l’État et l’Europe, à un financement soit par une partie de la TVA soit par une vignette spécifique sur tous les produits alimentaires et dérivés ou toute autre ressource à étudier. Le revenu minimum serait versé dès la déclaration de calamité agricole. Le financement de la reconstitution de l’outil de travail serait fonction des pertes subies constatées par une commission spécifique. Cette reconstitution serait l’objet d’un suivi régulier jusqu’à son terme, le revenu minimum cesserait alors d’être versé. Le fond de solidarité calamités agricoles serait géré par un conseil élu représentatif, en présence de représentants de l’État et de l’Europe.
Carnet de tombola disponible à la fédération, et auprès des trésorier-ère-s de sections. La tombola est un outil de popularisation du Banquet de l’Huma et du meeting. C’est aussi un outil de rencontre et d’inscription ou de soutien à cet événement. Le tirage aura lieu le 21 mai sur place à 15h. Chaque bon coûte 2 €, le carnet 10€. Pour tout achat d’un carnet vendu à une même personne, le prix du repas du Grand Banquet sera de 5 € au lieu de 15 €, sur présentation du bon REPAS 5 €.
* Contacts : tél. 05 57 51 54 71 ou 06 08 81 09 23 mail : pcfrivesdedordogne@orange.fr
8 MAI 2017 - 72E ANNIVERSAIRE DU 8 MAI 1945
Se rassembler pour résister Quoi de plus normal et légitime que de commémorer cette date anniversaire mettant fin en Europe à un conflit armé meurtrier avec son corollaire de souffrances et de privations. Notre commune de Carbon-blanc n’a pas failli à son devoir de mémoire et ce n’est que justice. (…) Chacun [ministre, conseiller départemental, maire] évoque le 8 mai 1945, jour de la capitulation de l’Allemagne nazie devant les forces alliées. Chacun rappelle le 18 juin 1940, date de l’appel du Général de Gaulle. Dommage qu’à une époque où l’étranger est la cible de l’extrémisme, les discours n’évoquent que faiblement l’investissement des combattants et résistants étrangers dans la Libération de la France. Et c’est là qu’intervient le parallèle sur la notion de rassemblement. Franchement se servir du rassemblement qui a contribué en 1945 à la victoire pour en faire un parallèle avec 2017 autour du nouveau président élu est vraiment
un tour de force. Car aucun des intervenants n’évoque le 10 juillet 1940. Serait-ce tabou ? Le 10 juillet 1940 est pourtant un grand modèle de rassemblement de parlementaires autour de Pétain, auquel ils accordent les pleins pouvoirs, ajoutant la défaite morale et politique à la déroute militaire. Alors, soyons plus précis sur ce 10 juillet 1940 où sont présents, à Vichy, en Assemblée Nationale 669 parlementaires (426 députés et 243 sénateurs). 357 députés et 212 sénateurs, soit en tout 569 ont voté pour le régime de Vichy et 57 députés et 23 sénateurs soit en tout 80 ont voté contre. Précisons que sur les 569 votes en faveur des pleins pouvoirs, 286 sont de gauche ou centre gauche et 283 sont de droite ou centre droit. Sur les 80 votes hostiles aux pleins pouvoirs, il y a 73 gauche ou centre gauche et 7 de droite ou centre droit. Précisons encore que sur les 124 parlementaires Sfio présents, 85 votent Pétain mais 36 votent contre
(les frondeurs de l’époque) parmi ces derniers figure un député de Gironde Sfio, nommé Gaston Cabanes, dont le nom a été donné à une rue de Carbon-blanc. Pour être complet, disons que 61 députés et sénateurs communistes, membres du Pcf, parti interdit depuis septembre 1939, déchus de leurs droits, emprisonnés ou dans la clandestinité, ne peuvent ni siéger, ni voter. En conclusion, en confiant les pleins pouvoirs à Pétain, l’union sacrée d’une majorité de députés et sénateurs de droite, de socialistes et de radicaux socialistes de l’époque a tué la République. Une autre partie de la France a choisi la Résistance. Ma conclusion, c’est que les clivages d’idées fondamentales existent, hier comme aujourd’hui et que ce qui compte le plus dans le Rassemblement, c’est le contenu.
Carnet BÈGLES. Frederico Verdeja, connu sous le diminutif « Fédé », s’est éteint à 73 ans, épuisé par la maladie. Plus d’une centaine de camarades, amis-es, proches l’ont accompagné le 5 mai lors de ses obsèques au cimetière de Bègles. Né en Espagne, militant antifranquiste, fils de Républicain espagnol, Fédé avait adhéré au PCF dans les années 70. Ses camarades béglais ont évoqué un militant généreux et déterminé, dans toutes les initiatives de son parti, dans les fêtes de l’Humanité Gironde et Paris, dans sa cellule de quartier à Yves Farges où il participait « à la fraternité réelle, concrète, cette joyeuse diversité, rempart aux fanatismes, au fascisme qui aujourd’hui encore frappe à nos portes en se nourrissant des divisions du peuple ». Son militantisme se concrétisait aussi dans son syndicat CGT et au Secours populaire. Les communistes béglais et les camarades de Gironde qui ont bien connu Fédé, renouvellent à Isabelle son épouse, à Karine sa fille et Tom son petit-fils, à toute leur famille, leur amitié et leur affection la plus sincère. « Hasta siempre Fédé… »
Michel Becerro
BORDEAUX
Une commémoration particulière du 8 mai 1945
Le 8 mai 1945, la France et l’Europe étaient libérées du nazisme et de la collaboration. Les militants communistes, français ou émigrés, ont marqué de leur chair cette libération et l’espérance
d’un monde nouveau, aux côtés de ceux qui, nombreux, refusèrent la barbarie et la soumission. Chaque 8 mai, la section de Bordeaux du Parti Communiste Français honore ceux qui se sont levés en organisant un moment de recueillement devant la stèle des fusillés au cimetière de la Chartreuse, devant la plaque commémorative en l’honneur de Louis Boria, 98 rue Delord et au 196 rue Achard à Bacalan en hommage à Roger Allo et Joseph Brunet. Chaque année, ces commémorations revêtent
de l’importance, mais au lendemain du second tour de l’élection présidentielle, elles prenaient une valeur particulière. J.J. Bordes Tout versement par chèque ouvre droit à une réduction fiscale de 66% du montant versé. (chèque à l’ordre de ADF PCF 33). Les ressources financières du Parti communiste sont transparentes. Votre don, aussi modeste soit-il, contribuera effica- cement à la démocratie, à l’expression et la prise d’initiative du Parti communiste. Cet ensemble sont les éléments majeurs pour continuer notre combat dans l’ambition d’une gauche forte et alternative. La fédération de la Gironde du PCF, lance une souscription afin de mener nos prochaines échéances politiques, notre objectif est de 70 000 euros.
ILS ONT DONNÉ 660 € : Mme WERNER Liliane, Mérignac ; M. GARCIA Henri, Bassens ; M. LAULAN Jean, Villenave d’Ornon ; Mme LIEGROIS Jacqueline, Bordeaux Les Nouvelles 11 mai 2017 • 7
CULTURE & SOLIDARITÉ
NOUVELLES IDÉES REÇUES
23E COMMÉMORATION DU GÉNOCIDE DES TUTSI RWANDAIS
Trois rendez-vous à Bordeaux, les 18 et 19 mai pour entendre des survivants Les 18 et 19 mai à Bordeaux un collectif d’associations propose des rencontres avec 5 auteurs d’ouvrages qui, à leur manière, témoignent du génocide des Tutsi au Rwanda, en 1994. Nous avons rencontré l’une d’entre eux, Adélaïde Mukantabana qui vit et travaille à Bègles comme employée de la petite enfance. Elle a écrit parce qu’elle ne pouvait pas dire et aujourd’hui encore l’émotion retient parfoit les mots qu’elle s’applique cependant à former, « parce qu’il le faut ». Si je peux participer à la compréhension du génocide des Tutsi rwandais, je suis fière de ça. En 1994, Adélaïde est enseignante au Rwanda. Elle est mariée et mère de cinq enfants. Elle a assisté à la montée, aux attaques, aux insultes, aux menaces mais « au moment crucial », elle n’est pas là. Elle a échappé au massacre et c’est presque le plus difficile à porter pour elle aujourd’hui. Adélaïde pense que si les gens sont si peu informés sur ce génocide et qu’ils comprennent mal ce qui s’est passé, c’est simplement parce que c’est inconcevable. Et pour les Français, difficile de comprendre ce que le gouvernement Édouard Balladur, sous la présidence de François Mitterrand, faisait là-bas. « Le Rwanda n’est pas une ancienne colonie française, explique Adélaïde. La France y arrive beaucoup plus tard. Mais le pays est francophone par la colonisation belge. Au départ, il y a eu des accords de coopérations militaires sous Giscard mais le gouvernement Balladur met le paquet pendant la guerre de 1990. Le Rwanda est alors attaqué par des exilés réclamant leur droit au retour. Pour la France qui a beaucoup investi au Rwanda, il s’agit d’une attaque des anglo-saxons à travers l’Ouganda. En fait, il s’agissait vraiment de Rwandais exilés en 1959 et de leurs enfants. Dans les pays où ils étaient installés, ils étaient restés des réfugiés. Pour comprendre tout cela, il faut lire le livre de Jacques Morel, La France au cœur du génocide des Tutsi (1) ou de Patrick de Saint Exupéry, Complices de l’inavouable, la France au Rwanda (2). » Le 7 avril, c’est le déclenchement du génocide. La veille, un attentat a été perpétré contre l’avion dans lequel se trouve le président rwandais, Juvenal Habyarimana. « J’habitais une région où la préfecture était gérée par un Tutsi qui a pu, jusqu’au 19 avril, éviter les massacres.
Mais il est limogé par le gouvernement intérimaire qui orchestre le génocide. Lui et sa famille sont assassinés, le génocide se déclenche donc dans la région. La veille j’avais été évacuée par des médecins avec mes deux bébés et ma nièce. Depuis quelques temps, nous nous sentions menacés, nous avions donc envoyé nos plus grands enfants à la campagne, chez leurs grands-parents. Je ne les ai jamais revus. Tout ce que je sais, c’est ce qu’on m’a raconté au Burundi où je suis restée jusqu’en juin : l’attaque, le massacre du reste de ma famille, leur fin. Je n’étais pas avec eux, c’est le plus terrible. On vit avec mais on ne se pardonne pas d’être en vie. » Adélaïde vient rejoindre sa sœur à Bordeaux avec ses deux enfants et sa nièce. « Là-bas, tout le monde est mort… Mais ça ne rentre pas dans la tête, jamais. » Au Rwanda, le mot génocide n’existe pas. « Mais on en connaît l’objectif, la planification, le déroulement. C’est l’anéantissement, on ne peut pas y croire quand on est dedans. On savait bien, pourtant, que les Tutsi était l’objet d’un plan d’extermination. Un génocide, ça se donne les moyens. À la radio, ils disaient qu’ils voulaient qu’un jour leurs enfants leur demandent à quoi ressemble un Tutsi. » Pendant une dizaine d’année, Adélaïde ne veut pas parler de tout cela, pas même à ses enfants. Mais elle rencontre des militants que ce génocide a indignés et qui ont créé le Collectif girondin pour le Rwanda. Ceux-ci récoltent la parole de survivants, ils se rendent compte que la France héberge des génocidaires, demandent des comptes… « C’est à la mort de son président, Gilles Durou, en 2003, que je me décide. Je commence à parler en sa mémoire. Mes enfants vivants ne savent toujours pas ce qui est arrivé aux autres. En 2008, je décide de les emmener au Rwanda et l’un d’eux me dit, sur place, “il n’y a jamais rien eu ici”. C’est alors que je commence à m’appliquer à écrire, d’abord en m’adressant à eux. Puis je veux dire à ma famille, mes amis, mes proches ici que ceux qui sont morts là-bas étaient leurs semblables. Enfin, je veux interroger l’humanité sur cet abandon. Pourquoi de grandes puissances, l’ONU, les États-Unis n’ont pas empêché cela. Les forces de l’ONU sur place ont été retirées 15 jours après le début des massacres. J’ai cherché à comprendre comment sur un continent qui avait connu la Shoa, on pouvait ne pas comprendre ce qui se passait. » On pourrait penser que le témoignage soulage, visiblement, c’est
Les Nouvelles de Bordeaux et du Sud-Ouest S.A.S. au capital de 37 000 euros Associés (à parts égales) : L. Chollon, F. Mellier, S. Laborde Directeur de la publication : Frédéric Mellier Abonnement 1 an : 25 euros. Abonnement de soutien : 40 euros Rédaction, composition, impression : S.A.S. Les Nouvelles de Bordeaux et du Sud-Ouest 15, rue Furtado - 33800 BORDEAUX Tél. 05 56 91 45 06 - Fax 05 56 92 61 01 - Annonces légales : annonces@nbso.fr Comptabilité : compta@nbso.fr - Redaction/Proposition d’article : redaction@nbso.fr @nvlbx Les nouvelles de bordeaux nbso.fr Commission paritaire de presse : 0118 C 85932
8 • Les Nouvelles 11 mai 2017
CHRONIQUE
toujours un déchirement car il oblige à un retour. Mais il est nécessaire à la lutte contre l’oubli. C’est pour lutter contre l’oubli qu’Adélaïde souhaite faire apparaître les noms des personnes assassinées sur les dalles de béton dans les lieux mémoriels au Rwanda. C’est pour lutter contre l’oubli que l’association Cauri, qu’elle préside, invite 4 autres survivants, témoins, rescapés, auteurs d’ouvrages écrits dans la langue de l’exil. Trois rendez-vous sur Bordeaux donneront la possibilité de les rencontrer les jeudi 18 et vendredi 19 mai (voir encadré). « C’est un moyen de porter plus haut la parole des survivants et de montrer les différents visages d’un génocide. Les cinq auteurs ont des âges différents. La plus jeune, Béata (3), avait 15 ans en 1994. Comment on vit avec un génocide quand on est frappé en pleine jeunesse ? On se connaît, elle vit à Bordeaux. Elle appréhende le génocide à travers l’écriture de nouvelles. Philibert (4) , lui, vit au Canada mais il est de chez moi, de ma colline. Il avait 20 ans lorsqu’il a assisté aux massacres, subi les coups de machette. On lui a coupé un bras, crevé un œil. Il est couvert de cicatrices. Il faut le lire, le regarder et penser à cet homme, d’une quarantaine d’année aujourd’hui, qui se regarde chaque matin dans le miroir. César (5) vit en Suisse. Il était séminariste et s’est réfugié dans son école. Mais il a vu que cette institution ne pouvait ou ne voulait pas les protéger, voire qu’elle pouvait s’engager du côté du mal, elle qui clame l’amour de son prochain. » Au-delà de la lutte contre l’oubli, les survivants et leurs soutiens espèrent de l’État français la reconnaissance du génocide des Tutsi et que soient déterminées les responsabilités de chacun. « Ils ne sont pas nombreux ceux qui, au sein de l’État, savaient. Ce serait le seul moyen qu’au lieu de dire “la France a fait”, nous disions “un tel a fait ” ou “il y a eu tel manquement”. L’ honneur de la France serait de dire la vérité aux Français. Il est aussi urgent que les tribunaux se décident à juger les réfugiés rwandais en France soupçonnés d’avoir pris part au génocide. Il faudra qu’un jour ils arrêtent de tourner le couteau dans la plaie des survivants. » Christelle Danglot 1 - Éditions Izuba-L’Esprit frappeur, 2010, 1 501 pages. À lire l’interview du journal l’Humanité : www.humanite.fr 2 - Éditions Les Arèbes, 2009 3 - Béata Umubyeyi Mairesse, Ejo et Lézardes, éditions La Cheminante. 4 - Philibert Muzima, Imbibé de leur sang, gravé de leurs noms, éditions Izuba. 5 - César Murangia, un sachet d’hosties pour cinq, éditions Amalthée.
23e commémoration du génocide des Tutsi rwandais avec cinq témoins, rescapés-auteurs qui présenteront leurs ouvrages à Bordeaux : jeudi 18 mai à 18h30, Boulevard des potes, 29 rue Bergeret ; vendredi 19 mais à 14h, Bibliothèque du Grand Parc, 34 rue P. Trébod et à 18h30 à l’Athénée municipal, place St-Christoly).
par Gérard Loustalet Sens
La face cachée du libéralisme Structurellement, le mode d’existence de la bourgeoisie capitaliste est la poursuite obsédante, effrénée, d’un enrichissement individuel fondé sur l’exploitation organisée et légalisée de la force de travail du plus grand nombre. Cette situation où une minorité possède tous les instruments d’oppression de la majorité n’a évidemment rien d’inédit dans l’histoire et il n’a jamais manqué de doctrines ad hoc, par exemple la volonté divine, pour légitimer toutes sortes d’injustices. L’assujettissement de l’immense foule des non-capitalistes par une minorité de capitalistes possède sa théorie : le libéralisme. Celui-ci affiche une façade politique honorable : la démocratie libérale dont la fonction est de limiter, détourner ou confisquer le pouvoir du peuple par les mécanismes compliqués de la représentation contrôlée et de la délégation de pouvoir. Je dis bien façade car on sait que le capitalisme (libéralisme économique) s’est toujours parfaitement épanoui sous les pires dictatures, de l’Allemagne nazie au Chili de Pinochet en passant par l’Espagne franquiste. Mais outre l’extorsion de la survaleur (plus-value) sur le plan économique et l’encadrement des institutions sur le plan politique, le libéralisme a mis en place de multiples formes de la domination de classe, en particulier deux types de violences, la violence symbolique par quoi les dominés intériorisent la légitimité de la domination et la violence physique par quoi le pouvoir d’Etat aux mains de la bourgeoisie imposera ses impératifs au besoin par la force. C’est ainsi que le libéralisme c’est aussi la répression ouverte et la violence de classe contre les masses populaires méprisées. C’est son univers sombre et sa face cachée. On en notera ici trois formes méconnues qui, pour relever de l’histoire, n’en ont pas moins été justifiées par les principes mêmes de la doctrine. Fin XVIIIe-début XIXe siècles, l’Angleterre libérale invente le premier univers concentrationnaire à destination des pauvres, les workhouses. Les « indigents », supposés aptes au travail, soupçonnés de ne rien faire par paresse, suspectés de vouloir vivre aux dépens des riches y étaient maintenus dans les conditions les plus abjectes possibles, rations alimentaires minimales, séparation des familles, châtiments corporels de façon à ce qu’ils acceptent à l’extérieur n’importe quelle tâche (Domenico Losurdo, Contre-histoire du libéralisme, La Découverte, 2013, pp.83-89). Les workhouses ont disparu mais pas l’idéologie qui leur a donné naissance, toujours bien présente dans les injonctions et menaces adressées aux chômeurs toujours considérés comme des fainéants de conviction et des simulateurs potentiels. Autre forme de violence dont les libéraux ne se vantent pas : les déportations d’enfants pauvres. Le libéralisme anglo-saxon est encore en première ligne : jusque dans les années 1970, 100 000 enfants ont été expédiés dans le Commonwealth, surtout en Australie, l’Etat britannique se débarrassant ainsi de leur entretien et fournissant aux colonies une main d’oeuvre facile. On sait maintenant combien ces enfants y étaient maltraités, nourriture immonde, travail forcé, abus sexuels. C’étaient des enfants de familles pauvres stigmatisées comme inaptes, il était donc permis de les en séparer et de les exiler. Pour la France, Michel Debré, grande figure du gaullisme, battu en Indre-et-Loire aux élections législatives de 1962, se fait élire à La Réunion en 1963. Son plus haut fait : l’exil forcé de 1 600 enfants réunionnais, arrachés à leurs familles et à leur sol pour « repeupler » notamment le département de la Creuse. Une authentique déportation post-coloniale avec exploitation économique et de nombreux cas de maltraitance dans une grande démocratie libérale en plein XXe siècle. Il y a pire. La préservation d’une élite de la richesse et du savoir a toujours été au cœur de la doctrine libérale et la crainte des bonnes classes de se voir submergées par la prolifération des enfants des classes inférieures a toujours été lancinante. Ici aussi une fausse science, l’eugénisme, a été inventée pour protéger l’élite d’une contamination par les « mauvais gènes » d’individus tarés d’une populace forcément corrompue. Des programmes de stérilisation forcée ont été mis en place dans la moitié des Etats américains touchant des dizaines de milliers personnes jusqu’en 1956. En Suède, la loi a permis de stériliser 60 000 femmes jusqu’en 1976 ! La théorie libérale s’accommode de telles pratiques censées corriger les « imperfections » de la nature pour préserver l’ordre social.