Nouvelles N° 2210

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Jeudi 6 juillet 2017 - N° 2210 - Hebdomadaire - 15, rue Furtado - 33800 BORDEAUX - Prix : 0,80 euro

INAUGURATION

Le TGV privé à la conquête de l’Ouest


ACTUALITÉ AMIANTE

VERSAILLES

Déni de justice pour les victimes

Un congrès boycotté

21 ans après le dépôt des premières plaintes, le Parquet de Paris vient de requérir l’arrêt de l’instruction de plusieurs enquêtes pénales ouvertes contre des entreprises dont les salarié-e-s ont développé des pathologies mortelles liées à l’amiante. « 21 ans d’attente pour les victimes de l’amiante et leurs familles pour déboucher, très certainement, sur un non lieu ! s’est exclamée Michèle Demessine, sénatrice communiste. Le procès pénal ne cessait de patiner. Il pourrait bien connaître un terrible coup d’arrêt ». Avec 100 000 morts prévus d’ici 2025 dans notre pays, le drame de l’amiante est pourtant un véritable fléau et s’annonce comme l’un des plus grands scandales sanitaires du XXIe siècle. « Au regard de l’impunité totale qu’elle fait peser sur des responsables industriels qui ont construit des fortunes sur le dos de salarié-e-s morts pour gagner leur vie, poursuit la sénatrice, cette annonce est pour les victimes et leurs familles un terrible coup de massue. Cela s’apparente pour eux à un véritable déni de justice, comme un voile posé sur la douleur de dizaines de milliers personnes exposées à ce matériau mortifère ». MOTION AU CONSEIL MUNICIPAL DE MÉRIGNAC

Pour que vive Primagaz Les élus communistes de Mérignac, Joël Girard, adjoint, Léna Beaulieu, Alain Lamaison et Claude Mellier, conseiller-e-s, ont présenté une motion de soutien aux salariés de Primagaz qui a été adoptée à l’unanimité du conseil municipal réuni le 26 juin. En voici le texte : « À la mi-mai 2017, les salariés de Primagaz, filiale française du groupe néerlandais SHV Energy, ont été informés de la fermeture de 5 sites, dont celui de Mérignac. Les salariés concernés ne sont pas informés par écrit de l’évolution de la situation de l’entreprise. Aucune information n’est communiquée aux représentants du personnel. Quel mépris pour les 85 salariés et leur famille, dont 50 mérignacais ! Alors que le chiffre d’affaire de la société Primagaz était de 464 millions d’euros en 2015, avec un bénéfice net de 50 millions, rien ne peut autoriser un tel choix. Le conseil municipal de Mérignac du 26 juin exprime sa solidarité avec les salariés de Primagaz et demande l’ouverture d’un dialogue afin que des solutions alternatives à la fermeture soient examinées ». FORD

Les salariés à nouveau mobilisés à l’occasion du comité de suivi La CGT Ford appelle à un rassemblement le vendredi 7 juillet devant la préfecture alors que les dirigeants de Ford Europe sont censés faire le point sur leurs projets concernant l’usine de FAI avec le Préfet, les pouvoirs publics et les élus locaux concernés. Les salariés veulent aussi pouvoir s’exprimer sur la situation actuelle qu’ils trouvent inacceptable et exiger de Ford des décisions rapides qui assurent l’avenir du site, en lien avec l’usine GFT, de tous les emplois, y compris induits. Pour nous, il n’est pas question d’assister à un scénario catastrophe, qui ressemble à une politique d’abandon d’usine, sans rien faire ou sans rien tenter. Ce serait même surréaliste et un peu dingo de notre part si nous restions passifs. Nous avons déjà perdu assez de temps durant ces derniers mois, au fil des dernières réunions (et encore celle de mercredi) qui n’ont cessé de confirmer toujours un peu plus nos inquiétudes. À notre avis, il est encore plus primordial que nous nous mobilisions, que nous agissions pour défendre notre avenir. « L’intersyndicale se réactive à l’approche du Comité de Suivi, déclare la CGT. S’il a lieu c’est parce que nous avions tiré la sonnette d’alarme en début d’année. C’est bien le résultat des grèves et manifestations à Bordeaux visant à dénoncer la politique aventureuse de Ford, celle qui consiste à ne pas apporter de nouvelles activités pour au-delà de 2018 ». Une série de rencontres ont été sollicitées. Ainsi, ils rencontraient, lundi, le nouveau député du Médoc, mardi ils avaient rendez-vous avec le Préfet et vendredi 7 juillet, au matin, avec la Région. Un rendez-vous a été, une nouvelle fois, sollicité au ministère de l’économie pour s’assurer que le dossier « Ford » soit bien sur leurs bureaux. 4 ouvriers condamnés pour jets de confettis et dégradations par autocollant. 4 syndicalistes de chez Ford Blanquefort, dont Philippe Poutou (candidat NPA à la présidentielle), ont reçu le 1er juin leur condamnation pour avoir jeté des confettis, collé des autocollants et grimpé sur une voiture aux Salon de l’automobile de Paris de 2012 et 2014 , a informé Rue89 Bordeaux. Ces manifestations protestaient contre la suppression des emplois sur le site girondin. Ces « dégradations en réunion » valent une amende 231 euros et une inscription au casier judiciaire. Philippe Poutou déclare avoir pris « 200 euros de plus sans justification supplémentaire ». « Ils m’ont sans doute pris pour le meneur », commente-t-il. Les trois syndiqués CGT condamnés feront appel, ce qui n’est pas le cas du syndicaliste CFTC. COLLÈGE JEAN ZAY À CENON

5 des 6 contrats d’EVS ne seront pas renouvelés au 31 août Les membres du conseil d’administration du collège Jean Zay à Cenon ont appris, jeudi 29 juin, la décision de la direction académique de ne pas renouveler 5 des 6 contrats d’EVS (Emploi de vie scolaire). « Le seul contrat non concerné est un contrat d’Evs qui est en soutien à un jeune élève ayant des besoins particuliers. Les 5 autres sont tous en soutien administratif auprès des directeurs et directrices des écoles du secteur du collège Jean Zay, écoles situées en REP », explique Éliane Barthélémy, conseillère municipale et membre du conseil d ‘administration. Aucun contrat ne sera renouvelé y compris pour ceux qui n’ont pas été employés sur la durée des 24 mois possible (durée maximum). « Les signatures des conventions et contrats étant à l’ordre du jour des questions soumises au vote des membres du CA, le collège des parents d’élèves, le collège des enseignants et celui des agents ainsi que l’élue représentant le Maire et la personne qualifiée ont décidé, d’un commun accord, d’un refus de vote. Les parents d’élèves demandent que leur vote soit accolé à leur déclaration relative à leur exigence d’emploi pérenne et statutaire dans l’éducation nationale et au refus de précarité pour ces personnels, les enseignants. Les enseignants, la personne qualifiée et le représentant du maire soutiennent cette démarche qu’ils partagent ». Éliane Barthélémy est elle-même intervenue sur les difficultés auxquelles vont être confrontées les écoles et leurs directions pour l’accueil des familles de ces quartiers sensibles où les élèves et leurs familles rencontrent souvent des difficultés, sans oublier de souligner que « l’on est bien là dans le droit fil de ce qu’a porté l’actuel président de la République pendant sa campagne électorale ».

2 • Les Nouvelles 6 juillet 2017

En convoquant un congrès et en s’adressant au Parlement (Assemblée et Sénat) avant le premier ministre, Emmanuel Macron a mis ses pas dans ceux de Sarkozy vers la caporalisation du pouvoir législatif et l’hyperprésidentialisme. Élus communistes et insoumis ont donc boycotté ce Congrès réuni, lundi, à Versailles. Le Président de la République n’est pas à une contradiction près, lui qui se targue de modernité et de renouvellement de la vie politique, s’est vautré dans les vieux habits de la Ve République. Tout ça pour un long discours

soporifique d’une heure trente où aucune annonce n’avait déjà été faite auparavant. La plupart des promesses confirmées étaient déjà dans le programme dévoilé… le 2 mars. Pendant ce temps, devant la mairie de la ville, « plutôt que devant le château du roi », plus de deux cents manifestants se sont réunis avec les parlementaires communistes hostiles à l’installation d’une quasi-monarchie présidentielle. « Ce Congrès est une concrétisation, avec une forte charge symbolique, de la volonté de Macron de s’accaparer le pouvoir législatif, ce qui est inacceptable, s’indigne André Chassaigne, chef de file des députés communistes. Mais, au-delà

du symbole, il y a déjà la réalité de ce qui est fait à l’Assemblée nationale, où la majorité s’accapare tous les pouvoirs sans concession, annonce des réductions du droit d’amendement, veut casser le Code du travail par ordonnances, réduire le nombre de parlementaires d’un tiers et restreindre la session parlementaire à trois mois par an. » Après avoir, eux aussi, boycotté le Congrès de Versailles, les députés de la France insoumise se sont succédés au micro, le soir, place de la République, où un millier de personnes avaient répondu à l’appel. Parmi eux, beaucoup arborent une pancarte « Nous ne sommes rien, soyons tout », réponse internationaliste au mépris de classe du Président de la République qui avait évoqué lors de son discours d’inauguration à la Station F jeudi « des gens qui réussissent et des gens qui ne sont rien ». Répondant aux attaques du chef de l’État sur le boycott des groupes FI et communistes, Jean-Luc Mélenchon lui a répondu « Si Monsieur Macron parle de Sieyes et Mirabeau, c’est sans doute qu’il s’identifie à Louis XVI. Nous lui souhaitons une meilleure fin ». CD, avec l’Humanité

CONSEIL MUNICIPAL DE BÈGLES

Noël Mamère passe le témoin Annoncée depuis plusieurs mois, la demission de Noël Mamère du conseil municipal a eu lieu le 29 juin. Il a “passé le témoin” au conseiller métropolitain Clément Rossignol-Puech (EELV), élu maire par 28 voix sur les 35 conseillers municipaux*. Les 3 élus-es du groupe « Bègles pour tous/Front de gauche » n’ont pas participé au vote. « Ce n’est pas le mandat que nous ont donné les Béglais en 2014, a rappelé Christine Texier, intervenant pour le groupe communiste/Front de gauche. Nous serons très attentifs aux évolutions à venir ». « Nos encouragements sincères et honnêtes vont au nouveau maire et sa nouvelle majorité, a toutefois précisé l’élue. Les semaines et mois à venir nous diront si les défis à venir pourront être relevés. » Christine Texier** a aussi rappelé « qu’un scrutin à la proportionnelle intégrale aurait permis aux 20 % de Béglais qui ont soutenu notre projet (en 2014), d’avoir 7 élus ». Saluant la combativité politique de l’ex-député Noël Mamère, en particulier lors de ce dernier quinquennat, elle soulignait que « les divergences comme les convergences » se sont traduites dans des débats politiques au conseil et dans la ville avec des rassemblements qui ont fait évoluer des projets a priori

déjà décidés vers la prise en compte des besoins exprimés par les Béglais. Evoquant les appels du maire et de sa majorité « au rassemblement des gauches » d’ici les prochaines municipales, elle rappelait également que « la réconciliation » passe par « un positionnement rebelle, des actes marquants » face à « la pression ultralibérale ». « Nous avons apprécié » que le deputé-maire (Noël Mamère) « ait montré à plusieurs reprises sa volonté de transgresser les règles lorsqu’elles sont injustes et de faire preuve de désobéissance » ainsi que le tournant pris « après le remaniement ministériel qui avait placé Valls et Macron aux manettes ». L’élue a évoqué « le soutien sans ambiguïté à des projets (espace maternel Jean Zay/ Joliot Curie rénovation de la piscine) d’autant qu’ils étaient les fruits d’une mobilisation plurielle de la population », mais aussi l’opposition « à ce qui ne va pas dans le sens d’un progrès pour tous (logement public, retard des services publics accompagnant la densification urbaine…) ». Poursuivant, « Aujourd’ hui même il n’est pas acceptable de retirer des moyens aux maternelles (1 ATSEM par école), donc à l’éducation, qui devait être “sanctuarisée” dans le Pacte citoyen béglais. Les mots ont un sens. Alors comment se tourner vers les Béglais ? Non pas pour leur proposer un contrat

d’économies, mais pour dire ensemble : combien ça coûte jusqu’en 2020, par exemple ? Combien doit l’Etat aux services publics de la ville de Bègles ? » Dans le contexte politique les élus communistes et Front de gauche de Bègles adressent « au nouveau maire et sa nouvelle majorité » leurs encouragements « à combattre un “modernisme” politique à la “Macron” qui nous ramènerait au 19 e siècle pour ce qui concerne les acquis sociaux remportés de haute lutte, collective et unie, et à quel prix ! Et pas n’importe quels acquis : le droit du travail, la sécurité et la protection sociale, les libertés fondamentales… » Cela exige « un renforcement de la démocratie participative, la transparence des débats et des choix, c’est une des conditions d’une réconciliation, et en premier lieu avec nos concitoyens. » « Nous continuerons à rassembler pour que notre ville regagne “ses couleurs qui ont fait sa singularité”, la richesse de sa diversité et de ses solidarités. L’inverse d’un plan comptable ! » * Détail du vote. 34 présents dont procurations. 3 candidatures : C. Rossignol-Puech (EELV) : 28 voix – N. Le Guen (SIEL) – 1 voix - T. Beer-Demander (LR) : 1 voix – 1 vote blanc - 3 ne participent pas au vote (BPT/FdeG). ** Groupe BPT/FdeG : Christelle Baudrais et Christine Texier (PCF), Mamadou Niang (PG).


ACTUALITÉ

Editorial

GOUVERNEMENT

« 2000 disettes » annoncées dans l’enlisement austéritaire

Travailler à construire des idées qui deviendront majoritaires Après la cérémonie de Versailles, la déclaration de politique générale du Premier ministre, les communistes vont, dans les semaines qui viennent, poursuivre le combat pour démontrer que les projets politiques de la majorité de l’Assemblée vont aggraver le quotidien de millions de français.

Après avoir joué des airs de tragédie grecque, le premier ministre a obtenu la confiance (370 voix pour, 67 contre). Plusieurs réformes sont reportées. La contrainte de l’UE est passée par là. Curieuse posture que celle du premier ministre à l’heure de son premier discours de politique générale ; multiplier les promesses que les engagements présidentiels seront tenus, puis décrire une situation budgétaire impossible. « Huit milliards de dépenses non financées », assure Édouard Philippe après sa lecture de l’audit de la Cour des comptes. L’allégement de l’ISF, la transformation du Cice en baisse de cotisations patronales pérennes, avec notamment des cotisations purement effacées pour le Smic (elles s’élèvent actuellement à 200 euros seulement), c’est reporté au 1er janvier 2019. Ce léger décalage dans le temps touchera aussi la réforme de la taxe d’habitation, cette promesse – populaire – de campagne du candidat Macron. C’est « d’ici à la fin du quinquennat », autant dire en 2022, que la réforme d’une taxe ne reflétant plus la valeur des biens, mais lourde de conséquences pour les collectivités locales, sera mise en place. En matière de retraites, « un euro cotisé doit donner les mêmes droits pour tous », formule pudique pour annoncer la fin des régimes spéciaux. Dès la semaine dernière, Édouard Philippe s’était engagé déjà à « contenir, dès 2017, le déficit à 3 % ». Il a confirmé mardi le scénario noir de la Cour des comptes, qui prône un effort inédit de 6 milliards (soit 0,3 point de PIB) sur la dépense publique. « Il y a, a asséné le chef du gouvernement, une addiction française à la dépense publique » dont il faudrait se « désintoxiquer ». Confirmée donc également, la hausse de la CSG, censée être compensée pour les actifs par la baisse des cotisations sociales, autre mesure phare du programme Macron. Très bref sur la future loi travail, Édouard Philippe a consacré du temps à vouloir « rétablir la confiance »

avec les Français. Son ouverture de discours fut une ode à la méritocratie à la française, saluant parmi les nouveaux députés un éleveur de la Creuse, un sportif ou un entrepreneur (mais n’a trouvé aucun ouvrier) ou encore la fille d’une aide-soignante – oubliant qu’il avait sous ses yeux une aide-soignante, Caroline Fiat (FI), dont le défaut est de ne pas être dans sa majorité. Touchant là aux limites, en somme, de l’exercice macronien du rassemblement. Seule la gauche d’opposition tient tête au gouvernement

Le premier ministre a obtenu un vote de confiance avec un nombre d’abstentions historique, puisque seuls les députés PCF et Insoumis étaient décidés d’emblée à voter contre, finalement, les socialistes (à 3 exception près) se sont également opposés. C’est Sébastien Jumel, député communiste de Seine-Martime qui est intervenu pour le groupe Gauche démocrate et républicaine. Voici quelques extraits de son intervention qui a aussi longuement abordé les questions de l’emploi, de l’éduction et la santé sur lesquels nous reviendrons. « Voici venu, selon votre lapsus, l’année des 2000 disettes. Du sang et des larmes, un Parlement humilié, une opposition sommée de se mettre au pas face au bulldozer mis en marche, optimisant, au profit de quelques uns, les institutions d’une cinquième République tombée en désuétude. La verticalité du pouvoir s’annonce maximale. » « Les classes populaires et les classes moyennes peuvent déjà mesurer que ce projet n’est pas pour elles mais pour celles qui les surplombent, qui les toisent et quelque fois les méprisent. Ce projet néolibéral et technocratique si éloigné du pays réel n’a pas vocation, selon nous, à traiter des problèmes quotidiens du peuple : payer ses factures à la fin du mois, ce qui va s’avérer de plus en plus difficile pour les retraités avec

l’augmentation de la CSG ; trouver un médecin ; scolariser ses enfants dans une classe de trente élèves ; se former près de chez soi y compris hors métropole ; se déplacer par le train sans aléas du quotidien ; échapper aux licenciements boursiers ; vivre de sa production agricole, de sa pêche, de son travail d’artisan ou de commerçant, sans être pénalisé par la concurrence déloyale ou le travail dérégulé ; ne pas être assigné à sa caisse de grande surface le dimanche ; ne pas être traitée d’illettrée quand on est ouvrière ; être tout simplement respecté, y compris dans ses difficultés de vie. Cher ministre, chers collègues, on est pas rien quand on ne réussit pas sauf à confondre l’être et l’avoir. » « Dans la situation de crise économique, sociale, politique dans laquelle nous sommes, liquider les droits des salariés, sans véritable débat, sans possibilité d’amendement, par ordonnance, est donc une folie. Je doute qu’au fond de vous, monsieur le Premier ministre, cette méthode que vous subissez plutôt que vous ne la choisissez vous fasse rêver. Nous, nous voulons au contraire, dans cette enceinte, donner à voir, à entendre le pays réel, ce qu’il vit, ce qu’ il souffre, ce qu’ il rêve, ce qu’ il espère ». « Avec les mesures d’austérité, vous avez tenté de donner des signes aux plus riches. » « Et vous chers collègues qui parfois faites vos premiers pas en politique, vous aurez rapidement cette réalité aux trousses. Bientôt vous comprendrez que le libéralisme ne résout rien. Il existe des contradictions dans la société qui impose que l’on prenne parti, le notre est sans ambiguïté le parti pris des gens contre le parti pris de l’argent, l’engagement absolu contre l’évasion fiscale qui coûte 80 milliards d’euros à la France. Vous voulez libérer les entreprises, nous nous voulons libérer les hommes et le travail de l’emprise de la Finance. Voilà pourquoi les communistes ne voteront pas la confiance au gouvernement ».

Ils vont le faire en analysant les résultats, en essayant de comprendre pourquoi les propositions sociales, les appels au rassemblement des forces de gauche n’ont pas été entendus et en particulier avec J.L. Mélenchon. Qu’en pensent les citoyens ? Quelles conclusions en tirent-ils eux-mêmes ? Est-ce une démarche vaine, définitivement vouée à l’échec ? ou bien faut-il, avec ténacité, poursuivre ce combat ? Que faut-il modifier pour y parvenir ? Chacun voit bien que la bataille idéologique n’a pas de répit. Celle du Code du travail plonge ses racines au plus profond des acquis sociaux de la société française : emploi, salaires, retraite, sécurité sociale… Avec l’annonce de la Cour des Comptes, ce sont tous les services publics que l’on veut faire reculer encore. Dans le même temps on apprend : D’un côté que les milliardaires français sont plus nombreux et se sont offerts en 1 an 35 % d’augmentation en moyenne. De l’autre que le chômage connaît une nouvelle aggravation. Cette situation n’est ni fatale, ni irréversible. Le nouveau président et sa majorité sont élus avec 15 % des inscrits. Une majorité de français ne s’y retrouve donc pas. Derrière les abstentions, les votes par défaut, se cache le rejet de cette politique inégalitaire. Cette politique qui divise, marginalise, pousse à tous les extrémismes, au désespoir. Face à ces réalités monte l’idée qu’il faut partager les richesses. Les communistes portent cette évidence depuis de nombreuses années. Nous allons poursuivre dans cette voie en travaillant sur les solidarités nécessaires entre toutes les professions, entre toutes les couches de la population. Le faire en combattant efficacement les idées dominantes, en travaillant à construire des idées qui deviendront majoritaires dans l’opinion. Et dans le même temps en travaillant sans exclusive au rassemblement de tous, car les intérêts des uns sont les intérêts des autres.

Pierre Vignau membre de l’exécutif du PCF33

Christelle Danglot, avec l’Humanité Les Nouvelles 6 juillet 2017 • 3


INAUGURATION DES NOUVELLES LIGNES L FERROVIAIRE

SNCF

Quand la LGV plombe les investissements utiles du quotidien

Le TGV privé à la conquête de l’Ouest

Annulant la déclaration d’utilité publique d’un tronçon du GPSO (LGV entre Bordeaux et Toulouse), le tribunal administratif a donné raison aux élus-es communistes. Lors du vote des aménagements ferroviaires au Sud de Bordeaux (entre Bègles et Saint-Médard d’Eyrans) par le conseil de métropole, Max Guichard avait émis le vœu que ces aménagements, utiles aux transports régionaux, soient déconnectés du projet bancal de LGV. Il avait mis en valeur les alternatives solides développées par les élus et associations du Lot-et-Garonne. Voici l’intervention du président du groupe communiste lors du vote de la délibération en question, en juillet 2014 : « Nos interventions répétées, sur la ligne de ceinture ferroviaire, et notre instance sur la revitalisation de cette infrastructure ferroviaire prouvent s’il en était besoin l’attachement de notre groupe au développement du réseau ferré. Je commencerai donc par me féliciter que ce tronçon ferroviaire soit ainsi modernisé. C’est une bonne nouvelle pour la sécurité du réseau, dont le drame de Bretigny-sur-Orge nous a démontré qu’il devait redevenir une priorité pour l’opérateur national. C’est une bonne nouvelle aussi pour les usagers quotidiens des TER dont on espère qu’ils profiteront très vite des possibilités augmentées de fréquences de leurs trains. Il serait donc préférable que ce tronçon soit réalisé hors des contingences liées au Grand projet ferroviaire du SudOuest (GPSO). D’abord parce qu’on se demande bien avec quel argent ces projets de LGV pourraient bien voir le jour. Faut-il en effet rappeler que, après le scandaleux désengagement de l’État sur la ligne Tours-Bordeaux, 32 des 58 collectivités appelées à financer cette ligne se sont retirées de son financement, soit 300 millions d’euros de manque ? Qui peut croire que les

mêmes collectivités, étranglées qu’elles sont par la politique d’austérité, remettrons au pot pour les lignes vers Toulouse et Dax ? C’est une fable que se racontent là quelques-uns quand les études mandatées par les élus locaux ont depuis longtemps montré que la simple rénovation de la ligne entre Bordeaux et Toulouse représente un investissement bien moindre pour un différentiel de 13 minutes entre la LGV et la ligne rénovée. (…) Pour revenir au tronçon entre Bègles et Saint-Médard-d’Eyrans, il est évident que l’investissement est directement utile à la desserte locale et qu’il peut donc paraître pertinent que les collectivités locales participent à son financement. Mais là encore, quelle pertinence du discours entre ceux qui dénoncent l’empilement administratif et demandent là à la Région, au Département et à l’intercommunalité de financer ? On peut se demander au final qui a compétence sur quoi exactement ? Pour notre part, nous réitérons notre proposition que la question des transports en commun fasse l’objet d’une mise en partage au niveau départemental afin de penser la mobilité dans sa totalité, bien au-delà des frontières de notre agglomération. Sur le GPSO, nous demandons donc que les études alternatives soient mises à disposition de l’ensemble des élus et que nous puissions débattre de leur pertinence. Sur le financement de ces aménagements ferroviaires au Sud de Bordeaux (AFSB), nous demandons une clarification des compétences de chacun afin de revoir la clé de répartition du financement. En tout état de cause, l’État doit revenir au premier rang des financeurs. Enfin, sur la mobilité locale, nous demandons que soit étudiée la création d’un syndicat commun au département et aux intercommunalités pour une meilleure articulation des différents modes de transport en commun. »

L’inauguration des nouvelles lignes à grande vitesse vers Bordeaux et Rennes depuis Paris signe l’arrivée des concessions privées au détriment des intérêts publics. Les lancements des nouvelles lignes à grande vitesse (LGV) qui relient désormais Paris à Rennes en 1 h 25 et à Bordeaux en 2 h 04 sont, à plusieurs titres, inédits. Côté face, c’est la première fois que deux lignes à grande vitesse sont inaugurées le même jour, représentant chacune un aboutissement technologique qui permet à la France de continuer à briller dans le monde du ferroviaire et aux usagers de gagner du temps de trajet. Mais côté pile, la médaille est moins reluisante. Car derrière les rubans inauguraux, le lancement des LGV Océane et Ouest ouvre la boîte de Pandore des concessions ferroviaires privées, sur le modèle des autoroutes, au plein bénéfice des géants du BTP, au détriment de la SNCF et des finances publiques. Un « nouveau modèle » de gestion mis sur les rails par le Grenelle de l’environnement en 2009, sous l’égide de Nicolas Sarkozy. Eiffage pour le prolongement de la ligne Paris-Le Mans jusqu’à Rennes (2,8 milliards d’euros) et Lisea (filiale du groupe Vinci) pour la liaison Tours-Bordeaux (7,8 milliards d’euros) se partagent le gâteau. Ces partenariats public-privé concernent les coûts de construction mais également, et c’est une première, l’exploitation. Ainsi, les TGV qui circulent entre Tours et Bordeaux s’acquitteront des péages ferroviaires (environ 250 millions d’euros par an selon les estimations) non plus à SNCF Réseau (ex-RFF) comme d’ordinaire, mais directement à Lisea, et ce pour une durée de concession de cinquante ans. Des péages qui atteindront 50 % du prix du billet contre 37 % sur les lignes TGV 100 % publiques. Conséquence : des pertes sèches pour l’opérateur public que la SNCF estime à 90 millions d’euros

sur les six premiers mois d’exploitation, et une augmentation du prix des billets pour les usagers – en moyenne 6 euros pour rallier Bordeaux et 10 euros supplémentaires pour la ligne bretonne. Loin des missions de service public de transports, ces contrats de concession reviennent à privatiser les profits en collectivisant les pertes. Illustration. Sur les 3,8 milliards d’euros mis sur la table par Lisea pour la construction de la ligne Tours-Bordeaux, la filiale de Vinci n’a sorti que 778 millions de fonds propres. Le reste ? Des emprunts garantis… par l’État. Au retour sur investissement exigé par les concessionnaires privés, la SNCF répond par des prévisions de fréquentation et de trafic largement surévaluées pour beaucoup d’observateurs. L’opérateur public, qui table

sur 4 millions de voyageurs supplémentaires sur ces nouvelles lignes d’ici à 2019, annonce plus de 33 allers-retours quotidiens entre Paris et Bordeaux et près de 30 entre Paris et Rennes. À titre de comparaison, « seulement » 23 liaisons TGV sont opérées quotidiennement entre Paris et Lyon. Qu’importe, pour Élisabeth Borne, la ministre des Transports, il faut aller encore plus loin. Alors que la déclaration d’utilité publique (DUP) concernant le prolongement de la LGV de Bordeaux à Toulouse a été annulée par la justice, la ministre a annoncé, samedi, que l’État ferait appel de cette décision. Et d’ajouter : « Il faudra alors réfléchir à des modes de financement… » Marion d’Allard, l’Humanité, O3/07/2017

PENDANT CE TEMPS-LÀ

Les quartiers ouest de St-Médard-en-Jalles attendent Pour la municipalité et le commissaire enquêteur, la réflexion sur la future desserte des quartiers ouest doit être envisagée dès maintenant. Le commissaire enquêteur a rendu son rapport la semaine dernière sur l’enquête d’utilité publique concernant la mise en service d’un bus à haut niveau de service (BHNS) entre Bordeaux et Saint-Aubin-de-Médoc via Saint-Médard-en-Jalles. Dans ses conclusions, outre son avis favorable, il souhaite que Bordeaux Métropole engage dès à présent une étude technique et financière pour la desserte des quartiers ouest de Saint-Médard. Vers le quartier de Picot

Un point de vue auquel souscrivent 4 • Les Nouvelles 6 juillet 2017

pleinement le maire Jacques Mangon et son équipe : « Nous devons disposer d’éléments objectifs pour savoir comment prolonger l’offre de transports en commun avec, à terme, l’idée d’aboutir au rond-point de Picot avec un grand parc relais. » « Si le quartier de Picot, qualifié de “porte d’entrée majeure dans Bordeaux Métropole”, est un lieu stratégique, reste à savoir si c’est le tram ou le BHNS qui doit être choisi pour le desservir, “en toute objectivité” ». « L’arrivée du tram à Picot permettrait également de connecter le projet de tram-train Lacanau-Bordeaux pour lequel une étude de faisabilité devrait être lancée. » Une idée de liaison ferroviaire longtemps portée par le Parti communiste et qui vient récemment d’être relancée par le

conseil municipal de Lacanau. Tenir le calendrier

(…) « Cette prochaine étude ne devra pas faire ralentir ce qui est déjà lancé, ajoute Jacques Mangon. Il faut poursuivre et tenir le calendrier pour l’arrivée du tram en centre-ville et le passage du BHNS. » Dans son avis exprimé lors de l’enquête publique, le collectif Jalles transports avait lui aussi attiré l’attention sur la nécessité d’améliorer la desserte des quartiers ouest, demandant « la création d’une branche vers ces quartiers de Saint-Médard en Jalles en lieu et place de la future liane 2. (…) Jean-Michel Le Blanc, dans Sud Ouest du 27/06/2017

Jusqu’à 9 000 personnes ont œuvré simultanément pour construire les 340 km de cette nouvelle infrastructure.


LGV PARIS-BORDEAUX ET PARIS-RENNES BORDEAUX

LOÏC PRUDHOMME, DÉPUTÉ FI

Une inauguration en grande pompe

« Les hommes paient, très cher, ces courses à la productivité et aux profits » Loïc Prudhomme, député France Insoumise en Gironde, s’est adressé à Élisabeth Borne (ministre des transports) et Nicolas Hulot (ministre de la transition écologique).

Fanfare en gare Saint-Jean, villages festifs installés sur les quais, animations, concerts, mais aussi et surtout une inauguration en grande pompe sur les bords de la Garonne, rien n’avait été laissé de côté, pour accueillir le TGV inaugural InOui Paris-Bordeaux, avec à son bord, le président de la SNCF, Guillaume

Pépy, les ministres Elizabeth Borne et Nicolas Hulot et les 550 autres voyageurs VIP. Pour célébrer cette journée historique avec la mise en service de ce tronçon majeur, la Région Nouvelle-Aquitaine, la Ville de Bordeaux, la Métropole et la SNCF avaient mis le paquet. Organisée au parc des sports SaintMichel, l’inauguration officielle, avec la présentatrice télé Maïtena Biraben en maîtresse de cérémonie, a ainsi réuni plus d’un millier d’invités sous un gigantesque chapiteau. Devant 58 mètres d’écrans géants, les médias et les invités ont pu écouter les discours et découvrir les films réalisés par la SNCF autour de la ligne à grande vitesse. « Cette inauguration est l’aboutissement de vingt ans d’efforts », a salué le maire de Bordeaux, Alain Juppé. Pour Jean-Luc Gleyze, le président du Département, qui a finalement été invité, la LGV est synonyme « d’une attractivité nouvelle » pour la Gironde. « Mais il faut qu’à terme, la mobilité aille au-delà de la grande vitesse et que l’ensemble du département soit irrigué grâce à un maillage très fin. », a t-il ajouté. Des propos qui faisaient notamment référence à la manifestation d’élus périgourdins qui se tenait devant la gare Saint-Jean le matin même pour la rénovation de la ligne Libourne-Sarlat. Pour sa part, Alain Rousset, le président de la Région Nouvelle-Aquitaine, estime que : « Le TGV concerne toute la région et doit permettre de rapprocher aussi à l’intérieur du territoire. » « À côté des TGV, il y a les TER et ce sont eux les patrons. Les deux sont interconnectés et mariés », a voulu rassurer Guillaume Pepy. Une « interconnexion » qui fait grincer les dents des usagers dans de nombreux comités de lignes à propos des nouveaux horaires calés sur ceux des TGV.

Tout comme Nicolas Hulot, avec lequel il a pu « évoquer le réseau de chemin de fer de ceinture et la gare de la Médoquine », Loïc Prudhomme, s’interroge sur l’utilité de ce type de grand projet inauguré le week-end des 1er et 2 juillet. « Pour les voyageurs du quotidien, précise le député, probablement que le gain de temps réalisé entre les différentes villes en satisfera bon nombre à condition que les prix des billets soient abordables. Car la question reste essentiellement financière pour les voyageurs, pour le contribuable, pour la SNCF et bien sûr pour la société Lisea pilotée par Vinci. (…) Les bénéfices iront à Vinci alors que les pertes seront assumées par la puissance publique et la SNCF. Cette dernière ne restera pas les deux pieds dans le même sabot face au déficit d’exploitation. Les leviers sont bien connus : prix pour les usagers avec toutes les limites que cela peut avoir et productivité des organisa-

tions du travail pour les cheminot-e-s. Ces gains de productivité se faisant parfois au détriment de la sécurité, j’en veux pour preuve les récents accidents ferroviaires, celui de Bretigny et, plus proche de nous, celui de Denguin ». Comme le défendent les cheminots en lutte, que Loïc Prudhomme salue, le service public est garant de cette sécurité, il doit le rester comme ses corollaires : la réglementation et le statut des travailleurs. Mais les 30 000 postes de cheminots supprimés depuis 2003 et les 4 000 emploi par an, annoncés et à venir ne vont pas dans ce sens. « Les hommes paient, très cher, ces courses à la productivité et aux profits », il évoque les 34 salariés exposés au plomb parmi ceux qui ont travaillé « sur cette magnifique halle » de la gare Saint Jean. « Ces logiques de l’argent se paient cash aujourd’hui dans la vie des salariés, poursuit le député, j’en veux pour preuve les 69 cheminots morts sur le site de Bordeaux par leur exposition à l’amiante ». L’élu FI regrette également le coût écologique du chantier de la construction de la LGV Sud Europe

Atlantique mentionnant des destructions d’écosystème et des pollutions et regrettant que les entreprises poursuivies pour avoir enfreint les recommandations préfectorales en la matière ne soient pas financièrement lourdement sanctionnées. Mais surtout, il rappelle que la LGV est censée libérer des capacités pour les TER et le fret. « Côté fret, dit-il, j’observe qu’aujourd’ hui la SNCF et l’État n’ont pas renoncé à leur politique du tout camion. Les trafics de fret ferroviaire sont toujours aussi faibles. Il n’existe à ce jour aucune volonté politique pour arrêter les murs de camions. J’en veux pour preuve l’expression du comité d’usagers de la ligne de Sarlat. La transition écologique qui s’impose à nous passe par le développement de l’outil ferroviaire au sein d’une entreprise intégrée. L’État doit trouver une solution à son financement. À ce jour, la route qui coûte très cher à la société, en pollutions et en accidents, est beaucoup plus subventionnée que le fret. Il nous faut donc inverser ces choix, c’est de notre santé et de l’avenir de la planète dont il s’agit. »

GRANDS PROJETS

La LGV Bordeaux-Toulouse enterrée ?

Manifestation des anti LGV en 2015

Nicolas Hulot n’a pas pris d’engagement pour la suite de l’histoire à grande vitesse entre Bordeaux et Toulouse mais interroge l’utilité des grands projets, Emmanuel Macron annonce une suspension de ces projets au profit « des trains du quotidien », ceci après l’annulation de décision d’utilité publique par le tribunal administratif de Bordeaux et un audit alarmant de la Cour des comptes… Les élus du sud-ouest réclament fortement le prolongement vers le sud de la LGV Paris-Bordeaux. Pour autant, l’issue de ce projet semble incertaine, surtout après la décision de justice défavorable rendue jeudi dernier et un rapport de la Cour des comptes qui prône la rigueur financière. Mais le président de la Région NouvelleAquitaine a été ferme à la fin de son discours : On a besoin que le TGV aille à Toulouse. Jeudi dernier, le tribunal administratif de Bordeaux, saisi par des collectifs d’opposants, a annulé la décision d’utilité publique décidée en 2016 pour le tronçon Bordeaux-Saint-Mé-

dard-d’Eyrans, à une quinzaine de kilomètres plus au sud. Il avait suivi la recommandation du rapporteur public qui avait notamment avancé l’insuffisance des études socio-économiques et du financement. Une décision qui met au plus mal l’ensemble du projet, qui vise à mettre Toulouse à un peu plus de trois heures de Paris contre environ 4h20 avec la nouvelle ligne ParisBordeaux. Se voulant rassurante, la ministre des Transports Elisabeth Borne a déclaré en gare Montparnasse : « L’État est cohérent, il a porté une déclaration d’utilité publique (DUP) qui aujourd’hui a été annulée par le tribunal administratif, donc oui, il va faire appel. » Les grands élus du Sud Ouest ont réclamé dès hier cette prise de position de l’État. Mais à cette première déconvenue, s’est ajoutée, également jeudi, la publication d’un audit alarmiste de la Cour des comptes sur l’état des finances publiques. Pour construire cette nouvelle LGV, il faut de l’argent : 8,3 milliards d’euros dans le cas présent. Alors Nicolas Hulot devant tous les élus

a ironisé samedi midi : « Je vous ai amené dans le TGV le rapport de la Cour des comptes qui n’est peut-être pas encore disponible dans la région ». Une LGV représente une dépense « colossale, pour l’État, pour les collectivités, pour le groupe ferroviaire » SNCF, a encore souligné Élisabeth Borne. Et d’ajouter : « Le fait qu’on puisse trouver, comme l’indique le rapport de la Cour des comptes, des promesses non financées, est évidemment regrettable. Et, ce vers quoi on doit aller, c’est de s’engager vers des promesses qu’on sait financer ». Le président de la République Emmanuel Macron a quant à lui annoncé, sur l’inauguration de la nouvelle ligne à grande vitesse Paris-Rennes, qu’il entendait mettre la priorité sur « les transports du quotidien » plutôt que sur de nouveaux « grands projets » tels que la LGV. « En venant inaugurer ce projet ce soir (…), je suis en train de vous dire : le rêve des cinq prochaines années ne doit pas être un nouveau grand projet comme celui-là », a-t-il confié. Il a par ailleurs déclaré qu’il souhaitait « que l’on parvienne dès le 1er semestre 2018 à une loi d’orientation des mobilités qui apportera enfin des réponses concrètes » : « Nous devons marquer une pause et réorienter nos priorités. L’État ne prendra plus de grands engagements, ne lancera plus de nouveaux grands chantiers tant que la loi d’orientation des mobilités ne sera pas adoptée. » Nicolas Hulot est philosophe : « At-on besoin d’aller toujours plus vite, plus loin ? Il y a un moment aussi où il faut se fixer des limites. Voyons ce qui participe au progrès. 2030, 2040… » Les Nouvelles 6 juillet 2017 • 5


INTERNATIONAL ITALIE

GRÈVE DE LA FAIM

Abstention et retour du bipartisme

En Turquie, « nous n’avons faim que de justice »

Le 25 Juin se tenait le second tour des élections municipales en Italie sur fond de lutte contre la corruption et de sauvetage des banques. L’alliance de la droite et de l’extrême droite (Forza Italia de Berlusconi et la Lega Nord fasciste et xénophobe) remporte largement cette élection en prenant 16 des 24 villes chef-lieux qui élisaient leurs nouveaux maires et plus de la moitié des petites villes. Mais la véritable surprise c’est le maintien du Partito Democratico de Matteo Renzi qui évite le naufrage que tous les sondages annonçaient. Le Movimento 5 Stelle, parti populiste mené par le comique Beppe Grillo, s’effondre totalement lors de ce second tour en ne remportant que 8 communes de moins de 15 000 habitants. Le parti a largement souffert de sa mauvaise gestion des villes de Torino et Roma où les maires croulent sous les affaires de corruption et les soupçons d’emplois fictifs. Même Parma, vitrine de la politique municipale de Beppe Grillo, est perdue au profit d’une liste citoyenne. C’est le parti de Renzi qui profite de cet effondrement général et se maintient dans 6 des villes chef-lieux et dans 40 % des petites communes. Malgré des défaites amères à Genova et l’Aquila gérées depuis 1948 par

des maires de gauche et à Sesto San Giovanni surnommée la « Stalingrad Italienne », le score du Partito Democratico ne laisse aucun doute sur le retour du bipartisme dans le pays. Berlusconi a même déclaré que « le retour du bipartisme annonce le retour de Forza Italia au pouvoir », le « cavaliere » vise ainsi les législatives de 2018 et le poste de premier ministre qu’il a abandonné depuis 2011. L’abstention est le principal fait de cette élection, elle a atteint 48 % au premier tour et 53 % au second et ce de manière uniforme dans tout le pays. Les initiatives de l’état italien pour sauver les grandes banques du pays à coup de milliards et l’incapacité chronique des dirigeants de tous bords à lutter contre la mafia et la corruption ont une fois encore éloigné les citoyens des urnes. On peut toutefois noter une participation relativement élevée dans les villes où des listes citoyennes se présentaient. Ces listes ont réussis à créer la surprise dans deux grandes villes, Beluno et Parma et dans un nombre important de petites communes. Plusieurs camarades de Rifondazione Comunista ont été élus sur ces listes et ont proposé des orientations politiques en faveur de l’accueil des migrants, contre le chômage et contre la corruption. Renaud Sebastiani

MALI

Macron endosse l’uniforme de guerre Le président est venu soutenir à Bamako la force militaire sahélienne censée combattre les djihadistes, en dépit de l’échec de l’opération française « Barkhane ». « L’opération “Barkhane” ne s’arrêtera que le jour où il n’y aura plus de terroristes islamistes dans la région. » Telle était la teneur des propos d’Emmanuel Macron, il y a plus d’un mois, lors d’un premier déplacement au Mali. Le président français était hier à Bamako aux côtés de ses homologues de cinq pays du Sahel (Mali, Tchad, Niger, Mauritanie et Burkina Faso) afin de créer une force militaire régionale censée combattre les groupes islamistes sévissant dans la région. « Ce sera à vous et à vos armées de convaincre que le G5 peut être efficace, dans le respect des conventions humanitaires. Les résultats doivent être au rendez-vous pour convaincre nos partenaires », a exhorté l’hôte de l’Élysée, qui peine à rassembler les financements nécessaires. « Sur le volet militaire, c’est un effort équivalant à plus de 8 millions d’euros que nous consacrons d’ici à la fin de l’année », a-t-il promis. Pour l’heure, seule l’Union européenne s’est engagée à débloquer 50 millions d’euros sur les 450 millions de dollars 6 • Les Nouvelles 6 juillet 2017

que coûterait ce nouveau contingent régional, a estimé le ministre malien des Affaires étrangères, Abdoulaye Diop. Et pour cause. Sur le terrain, la situation s’enlise. En 2012, la France lançait l’opération « Serval » en vue de chasser les djihadistes du nord du Mali, qu’ils occupaient. Cinq ans plus tard, l’opération « Barkhane » a pris le relais pour s’étendre sur toute la bande sahélo-saharienne. Mais pour quels résultats ? L’occupation militaire française forte de plus de 3 500 soldats incluant déjà le Tchad, le Niger, le Mali et le Burkina Faso, n’a pas endigué l’existence de « zones grises » qui échappent à tout contrôle des États cités. Le nord du Burkina Faso ainsi que le centre du Mali sont passés sous la sphère d’influence des terroristes et autres groupes armés. Ultime provocation, à la veille du sommet, la branche d’al-Qaida au Mali a publié une vidéo dans laquelle apparaissent les six otages étrangers qu’elle détient, dont la Française Sophie Pétronin, qui dirigeait une association d’aide à l’enfance lorsqu’elle a été enlevée en décembre 2016, à Gao, dans le nord du Mali. Cathy Dos Santos, , l’Humanité, 3/07/2017

Nuriye Gülmen et Semih Özakça, deux enseignants turcs victimes des purges d’Erdogan.

Nuriye Gülmen et Semih Özakça, deux enseignants turcs, entamaient lundi leur 116e jour de grève de la faim en prison. Le monde universitaire réagit. Leurs visages et leurs noms ne nous disent pratiquement rien. Mais leurs sourires éthérés pourraient bientôt ajouter à notre monde une nouvelle icône tragique. Nuriye Gülmen et Semih Özakça, deux enseignants turcs victimes des purges d’Erdogan, entamaient lundi leur 116e jour de grève de la faim pour protester contre le limogeage arbitraire dont ils ont été l’objet l’an dernier avec des milliers d’autres Turcs. Leur vie est aujourd’hui en danger. Et leur incarcération, voilà un mois et demi, n’arrange rien. Nuriye, 35 ans, a été victime d’une insuffisance cardiaque, et Semih, 28 ans, est en fauteuil roulant. Ils n’ont plus la force de se mouvoir. Malgré la gravité de leur situation, un double silence règne : celui, répressif, de l’omniprésident Recep Tayyip Erdogan conjugué à celui d’États occidentaux bien plus zélés à garder leurs intérêts que les droits de l’homme dont ils se réclament. L’histoire de Nuriye et Semih mérite pourtant l’attention. Tout commence en 16 juillet 2016, un coup d’État contre Erdogan vient d’échouer. Les deux jeunes gens ne le savent pas encore, mais leur vie vient de basculer. Bientôt, le régime islamo-conservateur ordonne une purge massive dans les institutions publiques : 150 000 fonctionnaires dont 33 000 membres de l’éducation nationale sont limogés par décret, tandis que 47 000 personnes sont emprisonnées. La grande majorité pour complicité avec une organisation terroriste. Parmi eux, Nuriye Gülmen. En octobre, la professeure et chercheuse en littérature comparée à l’université Selçuk de Konya reçoit une lettre lui signifiant la suppression de son poste. Elle engage alors le combat, par une présence quotidienne sur la voie publique pour dénoncer sa situation et sur les réseaux sociaux. Quelques semaines plus tard, Semih Özakça, un instituteur de la région de Mardin, dans le Kurdistan la rejoint.

Mais face au mutisme de l’État qui n’oppose comme réponse que la violence policière, les deux manifestants entament une grève de la faim. « Nous n’avons pas faim de nourriture. Nous n’avons faim que de justice, écrit-elle. Cette grève ne s’adresse pas seulement au gouvernement. Nous voulons sensibiliser la population, faire entendre nos voix. » Des mots que le régime d’Erdogan ressent comme une menace. Le 23 mai, les deux résistants sont incarcérés pour « terrorisme de gauche ». Une fois encore, sur le plan international, les réactions médiatiques et politiques sont quasi nulles. Seuls les mondes syndical et universitaire réagissent. En France, SUD éducation, la CGT Éduc’action et la CNT fédération des travailleuses/eurs de l’éducation annoncent à la mi-avril leur soutien à Nuriye et Semih. Au sein de l’université, les lignes bougent aussi. Vendredi 30 juin, dans les locaux de l’École des hautes études en sciences sociales (Ehess) à Paris, les universitaires Étienne Balibar (université de Paris Ouest), Éric Fassin (université Saint-Denis), Selim Eskiizmirliler (université ParisDiderot, université Paris-Descartes), Sabine Delzescaux (université ParisDauphine), Tuna Altinel (université de Lyon) et Hamit Bozarslan (Ehess) lancent un appel officiel pour un boycott ciblé des universités turques. « Il faut comprendre aujourd’hui que le limogeage arbitraire que subit un universitaire est une condamnation à mort. Pas seulement sur le plan professionnel, mais aussi sur le plan social, symbolique et physique, alerte Selim Eskiizmirliler. Ces gens ne peuvent plus trouver de travail dans quelque domaine que ce soit et contribuer à leurs besoins financiers. » En janvier 2016, déjà, quelque 2 212 universitaires travaillant en Turquie signaient une pétition appelant le gouvernement turc à mettre un terme à la guerre dans la région kurde et à autoriser des observateurs internationaux à suivre la situation dans les villages et villes détruits par les forces de sécurité. Depuis, et tout particulièrement au lendemain du coup d’État avorté, les signataires, connus sous le nom d’Universitaires pour la paix, ont été soumis à des

attaques vindicatives et punitives ordonnées par Recep Tayyip Erdogan, « et appliquées conjointement par le gouvernement et les institutions de l’enseignement supérieur », rappelle le site Academic Boycott of Turkey. « Nous devons donc continuer à agir au moins dans notre domaine. Un boycott mené par de nombreuses universités peut avoir des conséquences. Nuriye et Semih méritent bien cela », conclut Selim Eskiizmirliler. avec l’article de Stéphane Aubouard, l’Humanité du 03/07/2017

Deuxième mission du PCF à Ankara le 4 juillet, pour le procès politique de Figen Yuksekdag, co-présidente du HDP Le PCF renouvellera sa présence pour la deuxième audience du procès de Figen Yuksedag, co-présidente du HDP le 4 juillet prochain à Ankara. La députée de Van, déchue de son mandat parlementaire est condamnée - parmi une centaine de procès engagés à son encontre -, pour « propagande terroriste » du fait de ne pas avoir taxé le PKK d'organisation terroriste. Le PCF, engagé de façon active dans le soutien aux député-e-s et maires emprisonné-e-s du HDP, sera cette fois représenté par la présidente du Conseil national du PCF, Isabelle De Almeida, et Méline Le Gourriérec, Commission des relations internationales. En sortant du Palais de justice d'Ankara, en avril dernier, Lydia Samarbakhsh, en charge des relations internationales pour le PCF, avait évoqué l'ouverture du procès comme une « parodie de justice », durant laquelle Figen Yuksedag apparaissait de sa prison, par vidéo conférence. Symbole de la résistance des femmes contre le pouvoir islamoconservateur de RT Erdogan, la dirigeante politique, élue avec 6 millions de voix, risque la peine maximale.


PCF CONSEIL DÉPARTEMENTAL

Riposte, résistance, action et réflexion…

Quelques jours après la tenue du Conseil national du PCF, les membres de la direction départementale ont débattu de la feuille de route proposée et de sa mise en oeuvre en Gironde. Sébastien Laborde a rappelé les éléments de la situation politique, détaillée dans le rapport de Pierre Laurent. Les communistes ont maintenant à approfondir ces éléments pour analyser et caractériser « un contexte politique inédit sous la Ve République ». L’ensemble des communistes girondins doivent avoir entre les mains le contenu de ce rapport et la résolution adoptée par le CN. Des comptes rendus de réunions en AG ou de cellules/collectifs, des expériences de sections, devront être rédigés et renvoyés à la Vie du Parti en Gironde qui les transmettra au PCF national. vieduparti.33@gmail.com Lors de notre congrès en juin 2016, nous avions analysé la recomposition politique à l’oeuvre depuis 5 ans. À l’issue la dernière séquence électorale, celle-ci s’est accélérée et rentre désormais dans une nouvelle phase avec le triomphe de la classe dominante, malgré la volonté profonde de changement de notre peuple. Crise planétaire au travers de la mondialisation capitaliste, crise politique et nouvelle phase de la crise démocratique, au moment où les deux grands partis qui ont dominé la vie politique depuis 40 ans ont été battus par une force politique nouvelle, au service de la finance. Cette recomposition n’est pas stabilisée. Le camp libéral est victorieux mais la contradiction majeure de son projet politique va s’aiguiser au fil des semaines et mois à venir, et le décalage risque d’être vite criant entre les pouvoirs quasi absolus du nouveau président et l’incapacité de la nouvelle majorité à répondre aux attentes citoyennes. Ces bouleversements interpellent directement le Parti communiste dont l’avenir est en question. La question n’est pas de savoir s’il faut ou non un Parti Communiste, mais lequel ? Comment réinventer notre outil collectif au service des intérêts de la classe exploitée ? C’est également, dans ce débat, la forme « parti » qui doit être interrogée et notre stratégie de conquête du pouvoir par la voie démocratique. Ces questions nous sont posées alors que nous sommes très affaiblis

aujourd’hui, même si l’élection de 11 députés communistes, dont 9 nouveaux est une excellente nouvelle. Il nous faudra mener notre réflexion, nos analyses dans la riposte, la résistance et l’action pour reconstruire une perspective crédible de changement réel et un outil politique pour cela. Ni conclave, ni effacement, il s’agit d’être dans l’action la plus large, au contact des salariés, des citoyens, des jeunes, des habitants des quartiers populaires, pour les entendre et construire avec eux les ripostes nécessaires à la politique ultra-libérale qui se met en place. Feuille de route et calendrier

1. Etat des lieux sans concessions de notre état d’organisation au plan départemental : combien de sections, sur quel territoire, quel bassin de vie, combien de camarades, ont participé de manière active à la campagne des législatives ? Un état de l’organisation est à disposition des sections, à compléter avec le nombre de cotisants (1 100 pour 1 900 adhérents) et des objectifs de renforcement pour regagner les 2 000 adhérents d’ici la fin de l’année. 2. Etat des lieux du paysage politique - Le camp libéral a su capter l’exaspération, la volonté de changement, et les inquiétudes face à l’avenir, au terrorisme, à la situation sociale dégradée, et la dilution des repères de classe sur fond de « dégagisme ». Ce qu’ont su capter aussi la France Insoumise et le FN. Pourtant il existe des majorités sur lesquelles appuyer nos combats, le besoin de neuf et de probité en politique, la volonté de changement, de justice, d’être entendu. - L’abstention touche particulièrement les catégories populaires, les salariés, les jeunes et les petits retraités, ce qui explique les scores relativement faibles du FN aux législatives même s’il reste à un très haut niveau (11 millions à la présidentielle). - Les partis anciens sont ébranlés, voire balayés, à droite comme à gauche. À l’assemblée, LR incarnera une opposition ultra libérale et sécuritaire, et l’UDI une force de compromis avec le gouvernement. Les Verts sont rayés de la carte alors que l’écologie politique traverse les projets de toutes les forces de gauche. Le PS est atomisé avec des initiatives éclatées pour reconstruire une force sociale-démocrate qui aurait voca-

tion à prendre le pouvoir. - La gauche dans son ensemble est très affaiblie avec moins de 100 députés. La gauche de transformation sociale a payé sa division aux législatives avec 14 députés insoumis, 1 députée d’Ensemble et François Ruffin, et 11 communistes + 5 ultra marins. Il nous faut prendre le temps de l’analyse de cet électorat qui est potentiellement le nôtre. - Les objectifs politiques que nous nous étions fixés lors de notre congrès et la stratégie politique pour les atteindre n’ont pas réussi, il est donc naturel et utile d’en faire l’analyse critique lors de ces scrutins. 3. Echec stratégique - Nous n’avons jamais réussi depuis 1962 à éviter le piège présidentiel, et celui-ci s’avère depuis 2002 et l’inversion du calendrier redoutable. - Nous obtenons 11 députés malgré des scores très faibles, et particulièrement en Gironde. Nous sommes toujours crédités, par l’électorat du front de gauche, des grandes conquêtes et mouvements sociaux du XXe siècle. L’action de nos élus est reconnue mais nous ne sommes que très peu perçus comme une force apte à comprendre et résoudre les grandes questions du XXIe siècle. 4. Réinventer notre Parti - Ouvrir une période nouvelle du mouvement communiste français, procéder à une révolution politique, qu’au delà des communistes, on sente qu’il se passe quelque chose au PCF. - 15 ans d’actes, d’écrits, tout doit nourrir cette réflexion pour jeter les bases d’une nouvelle organisation communiste. Aucun sujet n’est tabou. La résolution propose 7 grandes questions, d’autres peuvent émerger jusqu’en octobre. 5. Un parti dans l’action - Dès maintenant, ouvrir cette réflexion jusqu’à l’assemblée nationale des animateurs le 14 octobre qui fixera l’ordre du jour du congrès extraordinaire et sa date (juin ou automne 2018). - Initiatives : Université d’été (15 camarades), Fête de l’Huma Paris (stand Gironde) seront des moments forts de cette réflexion collective, tout comme nos fêtes de section de l’été, à Lamothe Montravel (15 août) et la fête de la ruralité à St Symphorien (fin août). - Ecouter les communistes : plusieurs sections ou groupes de sections dans les circonscriptions ont déjà tenu des AG dont nous souhaitons avoir les comptes rendus, et les autres sections sont invitées à se réunir rapidement, avec des plans d’actions pour l’été, particulièrement en direction des entreprises, lieux de travail, quartiers populaires, et les lieux de vacances. - Une rencontre de lancement de la diffusion de la vignette avec le directeur de la fête, Fabien Gay, s’est tenue le 30 juin à la Fédération, ainsi qu’une

réunion le 5 juillet pour élaborer un plan d’initiatives et la diffusion d’un tract sur les ordonnances Macron/loi travail et nos propositions de sécurité d’emploi et de formation. - Rentrée scolaire : rythmes scolaires, dédoublement des CP en REP+, retour du redoublement ou fin du collège unique… Ce doit être l’occasion de reposer dans le débat nos propositions pour l’école de la réussite de tous. - Solidarités concrètes : internationale ou comment venir en aide aux peuples opprimés ; l’aide aux réfugiés ; le droit aux vacances ; l’initiative fruits et légumes en septembre sur la métropole : mais aussi droit au

logement, lutte contre les expulsions locatives, les coupures. - Ouvrir des espaces de débat public avec toutes les forces politiques et citoyennes disponibles pour reconstruire une perspective de changement au service du mouvement populaire pour des conquêtes sociales et démocratiques nouvelles À confirmer : - une AG de rentrée des communistes mercredi 30 août au soir (grillades) rendez-vous de diffusion de la vignette. - une demi-journée d’étude du Conseil départemental samedi 2 septembre (9h-13h).

RÉVOLUTIONNER LE PCF ? Contributions à envoyer à : vieduparti.33@gmail.com ou par courrier à : PCF – Vie du Parti – 15, rue Furtado – 33800 Bordeaux Elles seront mises en ligne sur le site du PCF33 // www.gironde.pcf.fr 15, 16, 17 SEPTEMBRE 2017

Diffusion de la vignette : c’est parti ! Chaque année la fédération de Gironde contribue à cet immense événement politique, populaire et festif au travers de notre espace fédéral « l’Entrecôte bordelaise » et « l’espace gourmand ». Chaque année, entre 150 et 180 camarades et amis-es participent à la fête en aidant dans le stand. Pour contribuer encore un peu plus au succès de la fête, nous lançons dès maintenant la diffusion de la vignette en Gironde. Le programme sera disponible dans le numéro 2212, du jeudi 20 juillet. PCF BORDEAUX BACALAN

Fête des Libertés Vendredi 14 juillet, à partir de 14h, Parc de Bacalan (tram C Brandenburg) 14h concours de boules-coupes et bouteilles ; 17h30 débat citoyen ; 19h apéritif musical avec Ukulele Rebel Sun Song -URSS- ; 20h repas avec la fameuse «sucette bacalanaise» au bœuf de Bazas Attention, places limitées !! Incriptions : sectionbordeauxpcf@gmail.com ou 07 86 59 96 35

Tout versement par chèque ouvre droit à une réduction fiscale de 66% du montant versé. (chèque à l’ordre de ADF PCF 33). Les ressources financières du Parti communiste sont transparentes. Votre don, aussi modeste soit-il, contribuera effica- cement à la démocratie, à l’expression et la prise d’initiative du Parti communiste. Cet ensemble sont les éléments majeurs pour continuer notre combat dans l’ambition d’une gauche forte et alternative. La fédération de la Gironde du PCF, lance une souscription afin de mener nos prochaines échéances politiques, notre objectif est de 70 000 euros.

ILS ONT DONNÉ 590 € : M. ROLLAND Simon, Bègles ; Mme CLAVE Catherine, Cenon ; M. GERMY Janick, Gajac ; Mme DEMARTY Paulette, Bassens ; M. et Mme CAME DE CASSE Denis et Anne-Marie, Bassens ; M. PLANTEY Patrick, Salles ; M. et Mme CROIZIER Germain, Virelade ; Mme LAPEBIE Simone, Salles Les Nouvelles 6 juillet 2017 • 7


CHRONIQUE

CULTURE & SOLIDARITÉ

NOUVELLES IDÉES REÇUES

RIBÉRAC (DORDOGNE)

Le Grand Souk convie le monde des musiques Mountains / Indie Pop Afrobeat Royaume-Uni/France 21h10 : Lescop / New Wave/ Chanson – France 22h15 : Arno / Chanson rock – Belgique 23h45 : Last Train / Rock – France 0h45 : The Excitements / Rythm’n’Blues/Soul – Espagne 1h50 : Matias Aguayo and The Desdemonas / Musique électronique – Chili SAMEDI 22 JUILLET 19h : Inky Inquest / Trip-Hop – France 20h : Orchestre Tout Puissant Marcel Duchamp XXL / Tropical Postpunk - Afro – Suisse 21h15 : Aquaserge / Pop – France 22h15 : Yuksek / Musique électronique – France 23h45 : Les devants de la scène invitent :[br] Joe Pilgrim & The Ligerians / Reggae néo-roots France/Benin 0h50 : Les devants de la scène invitent : [br] SOOM T / Reggae ragga – Écosse 2h : Vandal / Musique électronique – Angleterre. De Belgique, du Royaume Uni, du Chili, de Suisse ou encore d’Espagne, la deuxième édition du Grand Souk sur le site exceptionnel du grand étang de La Jemaye convie le monde des musiques. Avec Arno, c’est une partie de l’histoire du rock Européen qui nous est contée pendant que Vandal nous plonge dans celle du Sound System Anglais. Alors que The Excitements ont assimilé tous les codes de la Soul américaine, Matias Aguayo & The Desdemonas convoquent la transe à travers les mix électroniques de percussions tribales. Dans ce voyage, nous traversons aussi la french touch incarnée par Yuksek et la Suisse inclassable en compagnie de l’Orchestre Tout Puissant Marcel Duchamp XXL qui brille d’influences multiples comme une boule à facette musicale ! D’autres artistes et d’autres univers complètent cette édition : Francois & The Atlas Mountains, Lescop, Last Train, Aquaserge ou encore Inky Inquest et So Lune. Le Grand Souk 2017 c’est aussi une

invitation adressée à deux associations de Dordogne, Les Devants de la scène et Astrolapitek, qui enrichissent la programmation. La première convie Soom T et Joe Pilgrim & The Ligerians, la seconde imagine une scène dédiée à la musique électronique en journée et proche de la plage où alterneront les dj’s des collectifs DailyZic, Rafik Sound, Fanatek, Prohitek, Gaelig & Non’s et enfin dj K.D.S, portant à 20 le nombre d’artistes présents sur le festival. Enfin, et c’est une nouveauté, le service des sports du Conseil départemental propose pendant la journée du samedi 21 des activités sportives et ludiques telles que le canoë paddle, le arc-touch, le bubble ball, le foot dart et du watter ball. Un programme entièrement gratuit et s’adressant à tous les âges !

Astroparty Plage, samedi de 11h à 18h Arc-touch, bubble ball, foot dart, watter ball et côté musique : 11h : Rafik le sage et SkonC The ChemisT (Collectif Rafik Sound) 12h : Michouze et Eklaan (Collectif Daily Zik) 14h : Dvz et Beberovsky (Collectif Prohitek) 15h : Lastek (Collectif Fanatek) 16h : Gaelig et Non’s (Collectif Astrolapitek) 17h : Dj KDS Pass 1 journée : 25 € en prévente ou 29 € sur place. Pass 2 jours : 35 € en prévente, 39 € sur place. Informations pratique et billetterie sur le site : www.legrandsouk.com

Programme :

VENDREDI 21 JUILLET 19h : So Lune / Trip Hop/Hip Hop – France 20h : Frànçois & The Atlas

ANNONCES LÉGALES MODIFICATION DE L’OBJET SOCIAL

SASU PROJET REGIONAL AMENAGEMENT P.R.A. Au capital de 1 000 € 335 rue Georges Bonnac 33000 Bordeaux 830108189 RCS BORDEAUX

Les Nouvelles de Bordeaux et du Sud-Ouest S.A.S. au capital de 37 000 euros Associés (à parts égales) : L. Chollon, F. Mellier, S. Laborde Directeur de la publication : Frédéric Mellier Abonnement 1 an : 25 euros. Abonnement de soutien : 40 euros Rédaction, composition, impression : S.A.S. Les Nouvelles de Bordeaux et du Sud-Ouest 15, rue Furtado - 33800 BORDEAUX Tél. 05 56 91 45 06 - Fax 05 56 92 61 01 - Annonces légales : annonces@nbso.fr Comptabilité : compta@nbso.fr - Redaction/Proposition d’article : redaction@nbso.fr @nvlbx Les nouvelles de bordeaux nbso.fr Commission paritaire de presse : 0118 C 85932

8 • Les Nouvelles 6 juillet 2017

Par décision de l’Assemblée Générale Extraordinaire en date du 26/06/2017, il a été pris acte de changer l’objet social compte tenu de l’élargissement des activités de la société D’élargir l’ancienne mention : « Economistes de la construction » A Nouvelle mention : « Réalisation de travaux d’aménagement, autres travaux de finition du bâtiment » Mention en sera faite au RCS de Bordeaux Pour avis,

par Gérard Loustalet Sens

La fabrique du macronisme (III) La multiplicité des signes de l’idéologie macroniste semble constituer un corpus spécifique tant ces signes sont ardemment relayés par des médias empressés dont le zèle unanimiste dans la célébration du pouvoir a rarement atteint ce degré de consentement. Rappelons au passage que les médias, bien qu’aux mains de puissances d’argent qui ont intérêt à voir encenser un politicien qui est des leurs, n’ont nul besoin de directives pour se livrer à un indécent concert de louanges. C’est un concert sans concertation, une orchestration sans chef d’orchestre, une connivence spontanée établis de longue date entre des chefferies éditoriales qui ne sont là que parce qu’elles sont structurellement prédisposées et préparées pour ce rôle. L’adhésion, parfois naïve, en tout cas jamais interrogée, à l’ordre établi qui descend, par intérêt ou conviction, le plus souvent jusqu’au journaliste de base ne saurait être revendiquée et argumentée et « elle ne prend qu’occasionnellement la forme d’un choix délibéré, explicitement motivé, rationnellement argumenté et soutenu de bout en bout » (voir la réédition d’un texte d’Alain Accardo sous le titre Pour une socioanalyse du journalisme, Agone, 2017). C’est ainsi que n’importe quel journaliste peut proclamer fièrement que c’est librement qu’il écrit ce qu’on attend de lui qu’il écrive. C’est un aveuglement volontaire qui va donc empêcher de voir à quel point l’idéologie macroniste ne relève que du conformisme le plus platement bourgeois y compris dans ses aspects les plus prétendûment modernistes. Aveuglement comme celui de M. Bruno Dive qui, dans Sud-Ouest, voit Edouard Philippe, le pâle Premier Ministre, en « incarnation du renouveau », un renouveau passé par l’ENA, haut-fonctionnaire au Conseil d’Etat, avocat d’affaires, cadre d’Areva, maire du Havre depuis plusieurs années… Un vrai jouvenceau de la politique ! Il faut lisser le macronisme pour en faire la morale politique de notre temps. On minimisera les curieuses pratiques de M. Ferrand qui relèvent au minimum d’un affairisme devenu il est vrai une conduite éthique puisque le seul but dans la vie doit être de s’enrichir. On évitera de même de rappeler que Jupiter lui-même, en son temps, a vulgairement évoqué avec Laurence Parisot la possibilité d’occuper le poste de directeur général du MEDEF (Rafaël Cros, chercheur en sciences politiques, le Monde, 26.05.2017). Mais surtout, il faut occulter la nature de classe du nouveau pouvoir dont les choix clairement affichés en faveur des plus fortunés doivent, comme d’habitude, passer pour conformes à l’intérêt général. C’est ainsi qu’il y a plafond et plafond : plafonner les indemnités prudhommales pour les salariés est, paraît-il, vital pour l’emploi, plafonner les revenus des grands patrons serait par contre dangereux et « antiéconomique » ; chez les travailleurs, la protection sociale est un privilège archaïque tandis que chez les riches l’impôt sur la fortune est une injustice abominable. À l’égard des classes populaires, les clichés bourgeois les plus triviaux surgissent spontanément. Paternalisme grossier : « vous ne me faites pas peur avec votre teeshirt », « les mineurs ne sont pas des lâches »… Morgue moralisatrice : « pour avoir un costard, il faut travailler », « quand on est jeune, 35 heures c’est pas assez, on veut travailler plus », « la pénibilité c’est une vision doloriste du travail »… Comme si ce bourgeois cynique a jamais pu savoir ce qu’était la pénibilité du travail dans ses confortables bureaux climatisés de la banque ! Bref, le répertoire habituel du mépris de classe. Selon l’INSEE, parmi les personnes qui ont un emploi, 21 % sont ouvriers et 29 % employés, représentant donc 50 % de ceux qui ont un emploi. On admettra facilement que les caissières de supermarché, par exemple, classées comme « employées », sont tout autant exploitées que les ouvriers stricto sensu, ce qui fait qu’en ajoutant les chômeurs et les retraités de ces mêmes catégories, les classes populaires ainsi constituées sont largement majoritaires dans ce pays. Avec les professions dites « intermédiaires » (personnel soignant, enseignants…) cela fait les trois-quarts de la population : l’inverse exact de la composition sociale de la nouvelle assemblée. Mieux, le chercheur Luc Rouban (www.enef.fr) a étudié les affiliations sociales des 529 candidats macronistes aux législatives : les chefs d’entreprise, cadres supérieurs et professions libérales sont 68,5 % ! Un « renouveau limité », comme conclut pudiquement le chercheur.


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