Nouvelles N° 2221

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Jeudi 21 septembre 2017 - N° 2221 - Hebdomadaire - 15, rue Furtado - 33800 BORDEAUX - Prix : 0,80 euro

550 000

À LA FÊTE DE L’HUMANITÉ ET UN INCORRIGIBLE ESPOIR


ACTUALITÉ RAIL

SAMEDI 23 SEPTEMBRE À BORDEAUX ET DE NOMBREUSES VILLES

La CGT relance la bataille du service public

Les marches pour la paix et l’abolition des armes nucléaires

Durant cette semaine, la CGT cheminots a diffusé la Vraie Info, un journal édité par le syndicat, avec l’objectif d’associer les usagers à la lutte. « On ne répond pas aux besoins par la concurrence, on ne crée pas de l’emploi en supprimant les droits et protections des salariés. » Laurent Brun, secrétaire général de la CGT cheminots, a tracé un trait d’union entre les mobilisations interprofessionnelles contre la réforme du Code du travail et la lutte pour la défense du service public ferroviaire. Car si les agents du rail se mobilisaient largement pour le 21 septembre, comme ils l’ont été le 12 lors de la première grande mobilisation nationale contre les ordonnances Macron, ils font également face à la multiplication des attaques contre le service public ferroviaire et leur statut. Régime de retraite, gratuité des circulations, « leurs conditions sociales sont caricaturées pour être remises en cause », estime Laurent Brun, pour qui les pouvoirs publics persistent à ne poursuivre qu’un objectif : livrer le rail à la concurrence des compagnies privées, au détriment des besoins des usagers et malgré les retours sur expérience désastreux à l’étranger ou dans le transport de marchandises. Début septembre, une proposition de loi relative à l’ouverture à la concurrence du transport ferroviaire de voyageurs a d’ailleurs été déposée par le sénateur centriste Hervé Maurey et le sénateur LR Louis Nègre. Or, la mise en concurrence de la SNCF ne permettra ni de renforcer la coopération des services – éclatés par la réforme ferroviaire de 2014 –, ni de pallier « la pression énorme sur les moyens matériels et humains », et encore moins de résoudre la question de « la saturation et du vieillissement de l’infrastructure », affirme la CGT. Mais, pour le syndicat, une chose est certaine, la bataille pour le service public ne se gagnera pas sans y associer les usagers. Et c’est dans ce contexte que la CGT cheminots a édité et tiré à 500 000 exemplaires la Vraie Info, un journal de 24 pages à vocation pédagogique qui affiche en Une cette question : « Qui veut la peau de la SNCF ? » Au fil des pages, la publication balaye les grands enjeux du rail, de la situation des TER à la tarification, de la sous-traitance à la suppression de lignes ou de dessertes. Le journal était distribué toute la semaine dans les gares et les grands centres urbains.

GRATUITÉ DANS LES TRANSPORTS

Et si Bordeaux regardait vers le Nord ? À Dunkerque, après avoir testé la gratuité dans les transports le week-end, on s’apprête à l’étendre à la semaine. Une nouvelle expérience qui démontre que, loin des augmentations tarifaires incessantes, les transports en commun bordelais gagneraient à être plus accessibles. Voici l’intervention de Lena Beaulieu à ce sujet, lors du conseil de Métropole de juillet dernier : « Le mois dernier, je suis intervenue sur la question de la gratuité dans les transports notamment pour les demandeurs d’emploi. Nous continuons à penser que cette disposition relève de la justice sociale et de la réparation à l’égard de ceux qui sont privés d’activité rémunérée. Je voudrais ce matin insister sur cette question à partir d’un exemple concret, celui de la ville de Dunkerque. Cette agglomération, qui compte 200 000 habitants, a fait le choix d’expérimenter, il y a un an, la gratuité des transports le week-end. Dans cette agglomération très marquée par la culture de la voiture, cette expérience a été marquée d’un franc succès. Un succès tel d’ailleurs qu’ils ont décidé de l’étendre à la semaine et de rendre les transports gratuits sur cette agglomération. Cette expérience vient corroborer celles d’Aubagne, de Châteauroux et d’autres cités. La gratuité est vraiment un levier pour réaliser un report modal efficace. Cette expérience de Dunkerque nous amène à deux conclusions. La première, c’est que l’augmentation continue de nos tarifs de transport relève peut-être de la bonne gestion, comme vous l’affirmez, mais elle n’est en rien un levier pour opérer une véritable révolution des transports. La deuxième, comme le dira mon camarade Max Guichard, est que nous avons besoin d’investir de manière volontariste dans les transports en commun, tout comme dans le vélo d’ailleurs. Tout cela demande des subsides, nous en avons bien conscience. Mais les enjeux environnementaux et sociaux qui se jouent autour des transports méritent mieux que de belles phrases prononcées à Versailles ou à Paris. Il faut des actes concrets qui permettent à nos collectivités d’être à la hauteur de ces défis. La période mérite mieux qu’une vague suppression de la taxe d’habitation. Il faut redonner à nos collectivités et établissements les moyens financiers nécessaires pour répondre aux besoins de nos concitoyens. Ces moyens existent, ils sont dans les dividendes record annoncés cette semaine par les entreprises du CAC 40, ils sont dans les 80 milliards d’évasion fiscale. Tout cela ne relève que de choix politiques. »

CONTRATS AIDÉS

Des présidents de départements de la Nouvelle Aquitaine en appellent au gouvernement Les présidents des conseils départementaux de la Dordogne, Germinal Peiro, de la Gironde, Jean-Luc Gleyze, des Landes, Xavier Fortinon, du Lot-et-Garonne, Pierre Camani et de la Haute-Vienne, Jean-Claude Leblois se sont adressé au gouvernement dans une « Tribune libre » publiée par Sud Ouest le 19 septembre pour protester contre la suppression de contrats aidés. « La fin brutale des contrats aidés va faire peser sur le budget des collectivités et des associations de lourds coûts, écrivent-ils notamment. À terme, le gouvernement ne nous laissera plus beaucoup le choix : soit dégrader la qualité du service public, soit le faire payer aux contribuables, et, souvent, les deux à la fois. Les logiques gestionnaires imposées par Bercy font fi des difficultés du quotidien auxquelles les citoyennes et citoyens tentent de faire face, des réalités concrètes que nous vivons ». « Les contrats aidés, poursuivent-ils, ce sont des milliers de personnes éloignées de l’emploi qui, grâce à ce dispositif, (re)prennent pied dans le monde du travail et (re)trouvent une utilité sociale. Ce sont non seulement des personnes aux parcours souvent heurtés qui perdront l’opportunité d’une réinsertion professionnelle mais aussi nos concitoyens parmi les plus fragiles qui pâtiront de cet abandon de l’État ». « Nous en appelons solennellement au gouvernement afin qu’il gèle sa décision et prenne le temps d’étudier la situation. Nous, Départements, sommes prêts à évaluer cette politique et à chercher les moyens de l’améliorer, voire de contribuer à la réflexion autour de nouvelles politiques alliant proximité, insertion et formation professionnelle », ont conclus les élus.

2 • Les Nouvelles 21 septembre 2017

Le samedi 23 septembre dans toute la France, les comités du Mouvement de la Paix, APPEL DES CENT, UD CGT, PCF, MJC, PALESTINE33(AFPS), JOC, ARAC, UEC, UJFP vous donnent rendez-vous pour les traditionnelles Marches pour la Paix. À Bordeaux, le rendez-vous est à 15 heures, parvis des droits de l’homme. Les dépenses militaires mondiales en 2014 se sont élevées à 1 800 milliards de $. 5 % de ces dépenses pendant 10 ans (900 milliards de $) suffiraient, selon l’Onu, pour résoudre les principaux problèmes de l’humanité (alimentation en eau, éradications des principales maladies, analphabétisme, faim…). Les organisations qui appellent à cette marche attendent du président de la République française et du gouvernement qu’ils donnent un signal fort de leur volonté de respecter et de faire respecter le droit international pour que cesse cette situation aberrante qui aboutit à ce que 9 États, au nom de la dissuasion

et en violation du droit international, ont accumulé près de 17 000 bombes nucléaires (8 000 détenues par les USA, 7 300 par la Russie, 300 par la France, 250 par la Chine, 200 en GB, 110 par le Pakistan, 100 par l’Inde, 80 par Israël, et 3 ou 4 par la Corée du Nord). Mais le Mouvement de la paix rappelle également que les ordonnances Macron ne vont pas dans le sens d’un monde de paix car elle réduisent les possibilités d’intervention des salariés or « comme l’indiquent les statuts de l’Organisation Internationale du Travail (OIT), il n’y a pas de paix possible sans progrès social, car le progrès social est un des éléments fondateurs d’un monde de paix ». Pas étonnant, donc, que la CGT appelle à ces manifestations. « La guerre est toujours un échec, déclare le comité régional du syndicat. Elle conduit au chaos et engendre horreurs et monstruosités. Elle jette sur les routes de l’exil les populations civiles. Quand la guerre se développe, que la Paix est menacée, il est indispensable d’agir pour la construction d’un monde de justice,

de solidarité, de fraternité et de Paix ». « Quand depuis plusieurs mois, a rappelé Pierre Laurent à la Fête de l’Humanité, deux chefs d’État s’insultent par médias interposés, se menacent de bombardements nucléaires, quand les pays et entreprises marchands d’armes jubilent parce que leurs chiffres d’affaires explosent aussi fort que leurs bombes… 50 000 japonais, en août, manifestent pour la paix et contre les armes nucléaires ; 122 pays signent un traité historique d’ interdiction internationale des armes nucléaires, honteusement boudé par la France ; des dizaines de millions de manifestant se retrouvent en marge du sommet de l’OTAN pour s’opposer au réarmement de l’Europe. Elles et ils sont l’avenir de notre humanité ». Pierre Laurent à appelé toutes et tous et en particulier la jeunesse de France à bâtir un monde paix et d’humanité « qui se construira par le respect, l’égalité, la justice ». Lutte pour la paix, lutte contre les ordonnances, même combat ! Tous dans la rue le 23 ! Christelle Danglot

MOBILISATION ANTI-LOI TRAVAIL

À la recherche du collectif… La date qui suivait le 21 septembre pour la mobilisation anti-loi travail, c’était celle décidée par la seule France Insoumise, le 23 septembre à Paris. Quelque soit l’ampleur de cette manifestation, elle aura déjà raté une marche : celle de la construction collective. Au moment où nous écrivions ces lignes, il était impossible de prévoir l’ampleur de la deuxième grande journée de mobilisation contre la loi travail XXL prévue le 21 septembre. Mais on observait déjà un changement de posture dans certaines centrales syndicales. Chez les cheminots, c’étaient les syndicats UNSA et CGC qui avaient rallié en début de semaine les appels à la grève. Ceux là pointaient l’inversement de la hiérarchie des normes ou le plafonnement des indemnités prud’homales. Mais c’est surtout le « tsunami ferroviaire » que dénonçait le secrétaire général de l’UNSA-ferroviaire, dans l’Humanité du 20 septembre, avec son cocktail mortifère : « concurrence, affaiblissement de la convention collective, des systèmes de retraite… ». Le même jour, le secrétaire général de l’UNSA signait dans Les Échos, une tribune avec ses homologues de la CFDT et de la CFTC 1 : « En facilitant les licenciements (…), en imposant une instance unique de représentation des personnels dans les entreprises sans garantir les moyens qu’elle et ses élus auront pour exercer leurs missions, en ouvrant la voie à des négociations sans organisation syndicale dans l’entreprise jusqu’à 50 salariés, les projets d’ordonnance (…) détournent la loi d’une de ses fonctions protectrices : rétablir des

conditions de justice, d’autant plus essentielles en matière de droit du Travail. » Une déclaration qui détonne un peu pour des syndicats qui avaient jusqu’ici plutôt donné leur blanc-seing au gouvernement. Signe certainement, que les bases syndicales poussent de plus en plus fort, à l’image de la présence déjà assez massive des syndiqués Force ouvrière (FO) dans le cortège girondin du 12 septembre. Une ombre reste pourtant au tableau, c’est le paysage politique désuni dans cette bataille. En appelant seul et sans proposition de co-organisation, à une manifestation nationale le 23 septembre et en multipliant les piques à l’égard de la CGT, les dirigeants de la France Insoumise ont quelque peu semé le trouble. Occupés par les manifestations pacifistes, les militants communistes ne bouderont pas le rendez-vous Insoumis mais y seront peu représentés. En débat avec le député Insoumis Adrien Quatennens 2 lors de la Fête de l’Huma, André Chassaigne regrettait que ce rendez-vous n’ait pas été construit « à plusieurs voix et avec le mouvement social et pas au-dessus de lui ». « Chacun peut venir avec ou sans son drapeau, dans la France Insoumise comme le 23 septembre ; notre volonté c’est de mettre ce mouvement au service de l’auto-organisation », répondait le jeune député du Nord. De fait, plusieurs personnalités ou mouvements ont annoncé leur participation à cette marche nationale. C’est le cas de Benoît Hamon qui disait rechercher ainsi « le rassemblement de l’ensemble des forces de transformation sociale » ou d’une partie du mouvement Ensemble qui, autour

de Clémentine Autain, souhaitait « ne pas alimenter (les polémiques), réussir le 21 et le 23 et donner (ainsi) envie au peuple de se mobiliser ». « Certes mais cette journée aurait pu être gigantesque si elle n’avait pas été portée par un seul mouvement », relevait André Chassaigne qui assurait cependant qu’une délégation de parlementaires communistes serait présente. Le PCF devait en faire de même, histoire de donner corps à l’analyse de Pierre Laurent qui, lors de son discours aux personnalités, pendant que rebondissaient quelques tweets inutiles, assurait : « Dans les bouleversements politiques de la dernière séquence électorale, il y a l’inquiétude des impasses et des pièges tendus à notre peuple, mais aussi les ressorts formidables qui se tendent si on en libère l’énergie. » Dans la rue, dans les entreprises et les administrations, les travailleurs attendent des organisations syndicales et politiques qu’elles se mettent au service de ce mouvement ; en commençant donc par se rassembler autour de contenus forts. Ce que des dizaines de syndicalistes, chercheurs et militants politiques de tous horizons ont commencé à faire au travers d’un appel pour « un autre agenda pour l’emploi et le code du travail » 3. Appel qui conteste autant qu’il propose. Et si c’était là l’avenir… Vincent Bordas

1 - www.unsa.org/Tribune-UNSA-CFDT-CFTCReforme-du-travail-le-compte-n-y-est-pas.html 2 - player.fm/series/l-bas-si-jy-suis-1538769/contremacron-mais-comment-avec-andr-chassaigne-etadrien-quatennens 3 - www.economie-politique.org/101853


ACTUALITÉ

Editorial

MOBILISATION

La loi travail sur le banc des accusés

Salariés, syndicalistes et députés ont fait de la Fête de l’Humanité une formidable caisse de résonance de leur opposition à la casse du Code du travail programmée par le gouvernement. Des rendezvous qui ont fait le plein de public alors que se préparait la deuxième journée nationale contre la loi travail XXL de ce 21 septembre, à l’appel de la CGT, FSU, Solidaires, Unef, UNL et la Fidl, que l’UNSA ferroviaire annonçait rejoindre, de même que la CFTC et la CFDT Transports. D’ailleurs, les routiers engage une grève reconductible le 25 septembre puis ce sera le tour de la fonction publique, le 10 octobre, à l’appel de l’ensemble des syndicats, du jamais-vu depuis 2001. Sous son bonnet phrygien, Marianne semble sourire quand le marteau de la présidente retombe. « Le tribunal condamne le gouvernement à déposer les ordonnances dans la poubelle recyclable de Matignon ! » Samedi après-midi, le procès pastiche des ordonnances Pénicaud s’est déroulé dans une Agora comble. À la barre se sont succédé des témoins à charge comme Nicole Coger, salariée de chez Tati, victime « d’une entreprise mal gérée » reportant la responsabilité de ses difficultés financières sur les salariés qui ont dû se battre pour des indemnités de licenciement dignes. À ses côtés, Michel Bétard, représentant des salariés de la Fnac, Daniel Issaadi, de l’usine Sempérit, la sénatrice Annie David, les syndicalistes Catherine Perret (CGT), Éric Beynel (Solidaires), l’administrateur de l’Organisation internationale du travail (OIT) Bernard Thibault, l’ex-inspecteur du travail Gérard Filoche… L’avocate de l’accusation, maître Judith Krivine, a dénoncé le « principe de défaveur » mis en place par la réforme en créant « des accords d’entreprise pouvant être moins favorables que l’accord de branche ou la loi ». « La justice ne se plafonne pas parce que l’injustice n’a pas de limites », a conclu sa consœur, également avocate du SAF, Savine Bernard, fustigeant les barèmes prud’homaux et se moquant même d’une réforme au « libéralisme de trouillard ». Face à l’accusation, le dirigeant du Medef Jean Poche (incarné par l’humoriste Didier Porte), la représentante de la Commission européenne Elsa Buse,

Jean Tourloupe du gouvernement, ont largement rassemblé contre eux les sifflets de la foule… finissant par obtenir une condamnation inéluctable ! Interpeller et décrypter

Quelques allées plus loin, le numéro deux du Medef avait répondu présent à l’invitation de la CGT pour discuter des réformes du Code du travail au Forum social (lire ci-contre). Le dialogue social, Alexandre Saubot a assuré y être favorable, ajoutant même que la principale mesure des ordonnances était « d’élargir le champ de la négociation dans l’entreprise » ! Une lecture des textes très différente de celle de Philippe Martinez, secrétaire général de la CGT, ou des représentants des salariés de Haribo, Smart, assis à la même tribune, ayant subi des référendums, ou encore cette autoentrepreneuse de Deliveroo au statut imposé. Cette réforme « c’est la précarité à vie », a dénoncé Philippe Martinez quand Alexandre Saubot, lui, a tenté d’expliquer que « les investissements baissent à cause de la hausse des impôts ». Et de reprendre l’antienne du patron qui ne veut pas risquer son entreprise en embauchant, trop incertain de l’avenir… Qui a parlé de « libéralisme de trouillard » ?

Pour mieux comprendre pourquoi des projets décidés par une élite éloignée du monde du travail sont dangereux, le représentant du Medef aurait dû venir écouter sur le stand des Amis de l’Humanité les salariés de GM&S, ou les propositions alternatives de CoopCycle au stand national des communistes, une coopérative qui veut contrer les méthodes délétères des plateformes numériques. Ou encore cheminer vers l’Agora pour entendre l’opposition ferme et constructive des députés de gauche aux ordonnances : « Nous avons un rôle d’interpellation et de décryptage à jouer, a martelé Elsa Faucillon, député communiste des Hauts-de-Seine. Il faut que nous nous mettions au service de la population pour créer une ébullition. » Boris Vallaud, député de la Nouvelle Gauche, parfois hué par le public, a dressé le même constat régressif, « cette loi travail est une flexibilité unilatérale, sans aucune sécurité pour les salariés ». De son côté, Pierre Dharréville, député communiste des Bouches-duRhône, a haussé le ton : « L’inversion de la hiérarchie des normes consiste à faire de la loi une passoire et à accréditer des logiques de dumping social. Il faut faire prendre conscience de la gravité des ordonnances. Ce qu’on fait ici, à la Fête de l’Humanité, il faut le démultiplier », exhortant les salariés, les retraités, les chômeurs à se mobiliser. Pour Adrien Quatennens, député FI du Nord, c’est aussi LA priorité du moment : « Il faut se battre contre cet assaut final du système libéral, on va remplacer le chômage de masse par la précarité de l’emploi. Nous devons apporter notre part à cette montée sociale. » Du côté de la fête de l’Humanité, la mission est remplie. avec l’Humanité du 18/09/17

Nous souffrons d’un mal incurable : l’espoir Ah on pourra dire ce qu’on veut, vouer les communistes aux gémonies, les enterrer une énième fois, annoncer leur mort prochaine, leur inutilité, les ranger dans les placards de l’Histoire, il a fallu une fois de plus qu’ils fassent la démonstration de leur vitalité et de leur vivacité avec cette fête de l’Huma. Parce que à n’en pas douter ce fut une belle fête. 4 mois après le désastre électoral à gauche (et pour les communistes) de la présidentielle et des législatives, coincée entre deux journées de mobilisation contre les ordonnances Macron, la fête de l’Huma aura apporté sa pierre à l’édifice de la reconstruction de l’espoir. Bien sûr le chemin est encore long et il commence d’abord par la mise en échec des ordonnances. Mais cette fête, avec ses 550 000 participants, est une illustration de la détermination du peuple de gauche à se retrouver, à se reconstruire. La fête de l’Huma c’est un condensé de ce que nous aimons : de la chaleur humaine, de la fraternité, de la réflexion, du débat, de la castagne (parce qu’il en faut), du don individuel et collectif, beaucoup de sueur, des rencontres, de la solidarité, et du plaisir de la chaire pour couronner le tout. Alors que certains glosent sur « les affects » (manifestation des émotions) et la politique. La réalité n’est pas la fête de l’Huma, mais elle serait plus supportable pour nombre d’entre nous si elle y ressemblait un peu plus. Dans le combat âpre du quotidien, dans cet affrontement violent que nous impose la finance mondialisée, c’est un peu de fête de l’huma que nous avons besoin de donner, de construire. Il n’y a rien de plus urgent que de ré-enchanter ce monde. Les communistes dans leur bougonnerie légitime, leurs critiques acerbes, portent cette pulsion vitale, ce rêve nécessaire qu’un autre monde est possible. Bien évidemment, ceci est fait, de débats, de confrontations parfois empreints de gravité nécessaire aux évènements, d’échecs accumulés, d’erreurs, de trahisons. C’est parfois lourd à porter, difficile à digérer. Mais comment pourrait-il en être autrement quand, comme le dit le poète palestinien Marmoud Darwich, « nous souffrons d’un mal incurable : l’espoir ». C’est cet espoir chevillé au corps qui nous mettra dans la rue le 21 septembre et les jours suivants. C’est cet espoir qui nous amènera sans cesse à tendre la main. Et si dans ce mois de septembre la météo venait à refroidir quelque peu nos ardeurs, nous pourrions toujours nous souvenir de l’automne glacial 1995, et d’un mois de novembre 1917 qui embrasa le monde. Les victoires sont parfois là où on ne les attend pas. Incorrigible espoir.

Frédéric Mellier membre de l’exécutif du PCF33

Les Nouvelles 21 septembre 2017 • 3


RETOUR SUR LA SITUA CHRISTOPHE VENTURA :

« LE VÉNÉZUELA EST PRIS DANS UNE GUERRE INSTITUTIONNELLE » La situation après l’élection de l’Assemblée nationale constituante le 30 juillet Cette élection a ouvert un nouveau moment politique complexe et imprévisible qui redistribue, sans les annuler, les dynamiques de tension et de confrontation. D’un côté, il correspond à l’arrêt, pour le moment, des grandes mobilisations de masse organisées par l’opposition. Ce faisant, le niveau de violence a largement diminué et il faut s’en féliciter. C’est un acquis. La Table de l’unité démocratique (MUD en espagnol) – la coalition d’opposition – entre dans une période de révision stratégique qui va mettre sous tension son unité construite jusque-là autour d’un seul objectif : le changement de régime. Certaines de ses composantes, notamment Action démocratique (AD), ont fait le constat que quatre mois de mobilisations acharnées n’avaient pas suffi à gagner le pays profond et l’armée, et que le chavisme restait puissant et remobilisé dans la dernière période. Leur adversaire est toujours là, et il est incontournable. Dans ces conditions, tandis que le risque d’une rupture est proche, que celui de ne plus pouvoir contrôler les formes de radicalisation – impopulaires – de ses propres troupes est un défi périlleux pour l’opposition, ses principales forces cherchent une nouvelle approche. C’est ainsi, et ce point est capital, qu’elles ont annoncé, surprenant les observateurs, accepter de participer aux élections régionales (23 États sont en jeu) que le gouvernement a décidé pour sa part d’anticiper. Elles auront lieu en octobre et non plus en décembre et doivent précéder la présidentielle de 2018 annoncée par Nicolas Maduro. La MUD pense être en position de l’emporter en ne faisant plus du changement de gouvernement l’objectif préalable et exclusif à tout autre programme. Elle va chercher à axer sa stratégie autour des questions d’urgences économiques et sociales, ainsi que sur le thème de la « bonne gouvernance » du pays pour tenter d’emporter l’adhésion qui lui manque auprès des classes populaires notamment. Pourquoi le gouvernement a-t-il avancé ces élections ? Il fait face à la pression internationale, à la montée, lui aussi, d’une aile dure dans le chavisme qui veut en découdre. De ce point de vue, peut-être que chacun des protagonistes comprend son intérêt commun et ponctuel sur ce point face au risque de non-retour possible. Le gouvernement a lui aussi besoin de calmer le jeu de l’affrontement le plus virulent pour s’attaquer à la question

économique. Pour autant, ce qui peut apparaître comme un apaisement apparent et une bonne nouvelle pour le pays – le fait qu’opposition et gouvernement acceptent pour la première fois de revenir sur le terrain politique et reprennent le chemin d’un affrontement pacifique dans le cadre des institutions électorales en place, ces dernières étant de fait reconnues par l’opposition – masque de lourdes incertitudes. En réalité, rien n’est réglé. L’autre bilan de l’élection de l’Assemblée nationale constituante (ANC), c’est qu’est entérinée dans le pays l’existence d’un double système de légitimité et de pouvoir. L’Assemblée nationale (AN) ne reconnaît pas l’élection de l’ANC et mobilise le soutien de plusieurs capitales régionales et internationales. Son président, Julio Borges, n’a pas accepté de participer à une réunion convoquée par l’ANC qui visait à travailler sur la « cohabitation et la coordination » des deux institutions. Le 18 août, l’ANC a décidé d’assumer des « fonctions législatives spécifiques pour lesquelles elle est constitutionnellement habilitée ». Ainsi, le Venezuela se retrouve dans une situation probablement inconnue dans le reste du monde. Une « guerre institutionnelle » où chacun tient sa tranchée, des pouvoirs législatifs qui émanent de deux assemblées rivales, des élections capitales auxquelles vont participer tous les protagonistes et dont la préparation s’accélère. Le paysage politique du Venezuela a rarement été aussi compliqué. Son avenir, aussi incertain. Deux éléments peuvent être ajoutés pour « pimenter » la situation. L’un des principaux dirigeants de l’opposition, Henrique Capriles Radonski, relance la revendication de l’organisation d’un référendum révocatoire contre Nicolás Maduro avant les élections régionales. Ce faisant, il semble manifester son désaccord avec la nouvelle orientation qui se dessine chez certains de ses partenaires au sein de la MUD sur le thème « il faut préalablement obtenir le changement de gouvernement pour changer la situation du pays ». Le président vénézuélien annonce quant à lui souhaiter que la Communauté des Etats latino-américains et caribéens (Celac) organise un sommet consacré à la situation de son pays et s’engage dans un processus d’accompagnement d’un dialogue politique entre le gouvernement et l’opposition.

4 • Les Nouvelles 21 septembre 2017

Christophe Ventura est chercheur à l’Institut de Relations Internationales et Stratégiques (IRIS). Il est notamment l’auteur de L’éveil d’un continent. Géopolitique de l’Amérique latine et de la Caraïbe, aux éditions Armand Colin. Dans un long entretien réalisé par Lenny Benbara et Vincent Dain et publié sur Le vent se lève, 22 août 2017 (lvsl.fr/entretien-avec-christophe-ventura), il décrit la crise vénézuélienne dans ses multiples facettes. Nous reprenons ici des extraits de l’interview sur les conflits de légitimité entre le chavisme et ses opposants, sur l’élévation du degré de violence politique, sur les difficultés économiques et poids de l’histoire coloniale et sur l’implication des acteurs régionaux. Interrogé sur un éventuel « scénario crédible de sortie de crise », le chercheur répond : « La seule manière d’aller vers la sortie de crise est que le peuple vénézuélien tranche par les urnes. Mais pour cela, il faut réunir des conditions. Il faut que les violences cessent durablement, que l’opposition et les chavistes s’affrontent dans le cadre d’élections. À l’occasion des régionales d’octobre, mais par la suite également. Pour qu’une normalisation du conflit puisse voir le jour, il faut aussi que l’état de droit revienne à sa normalité, que l’opposition soit une opposition loyale, qu’un accord soit trouvé qui garantisse la sécurité judiciaire et physique des chavistes et des opposants. Sans quoi, aucune élection ne pourra se tenir en confiance. Il reste beaucoup à faire mais le fait que chacun accepte de participer aux prochaines élections indique que des points de contacts et de discussions – mêmes informels – existent ».

Contextualisation des violences

Manifestants revendiquant en 2016 la libération de Leopoldo López, figure de l’opposition au chavisme (sur www.bez.es/3761068/La-condena-al-opositor-Leopoldo-lopezreaviva-presion-maduro.html)

Il convient de contextualiser ce thème de la violence – dont les victimes se comptent chez les chavistes, les opposants, les forces de l’ordre, la population 1 -, et de l’inscrire dans une analyse plus large. Le pays vit depuis 2013, c’est-à-dire depuis le décès d’Hugo Chavez (5 mars) et l’élection de Nicolas Maduro (14 avril), dans une situation singulière. Ce dernier a été élu (50,75 % des suffrages) avec une mince avance sur Henrique Capriles Radonski dans un contexte d’accélération de la crise économique et sociale dans le pays. Le soir même des résultats, l’opposition n’a pas reconnu la victoire pourtant indiscutable de Nicolás Maduro. Elle a immédiatement développé une stratégie de la tension basée sur des actions à la fois politiques, institutionnelles, médiatiques, de désobéissance civile, puis très vite, insurrectionnelles et violentes pour obtenir la « sortie » du président et de son gouvernement (la

« salida », le nom de la stratégie est donné en 2014). Cette stratégie assumait d’emblée sa part d’extra-légalité. Dans la foulée de cette élection présidentielle, de premiers affrontements ont causé la mort d’une dizaine de personnes. Le camp des radicaux au sein de l’opposition (dont les principaux dirigeants sont Leopoldo López, Antonio Ledezma et María Corina Machado) s’est ensuite renforcé après la nouvelle défaite électorale de la MUD lors des élections municipales et régionales de décembre 2013. La coalition rêvait d’en faire un plébiscite national anti-Maduro. À partir de là, s’est accélérée la dynamique qui a conduit au tragique printemps/été 2017. En fait, tout commence dès 2013, puis s’accélère avec la vague des « Guarimbas » (les barricades) organisées en 2014 par l’opposition (43 morts et plus de 800 blessés). Elles ont constitué une sorte de « répétition

générale » de 2017. La nette victoire de l’opposition en 2015 aux élections législatives (imputable, une nouvelle fois, à la détérioration économique et sociale, à la forte mobilisation de l’électorat de la MUD et à l’importante abstention de l’électorat chaviste mécontent) est venue conforter la ligne dure de la MUD. Sa direction considère qu’il existe maintenant une fenêtre d’opportunité pour faire tomber Maduro, fragilisé. Et au-delà de Maduro, pour chasser totalement le chavisme de l’État. Dialoguer ou cohabiter n’est plus le sujet. Il faut un changement de régime. Pour ce faire, il s’agit de réactiver et de généraliser l’esprit « guarimbero », de s’appuyer sur un pilier du pouvoir étatique conquis (l’assemblée) qui affirme par ailleurs ne plus reconnaître les autres pouvoirs de l’Etat et de répéter la seule perspective possible : sortir le président Maduro « dans les six mois »


ATION AU VÉNÉZUELA par tous les moyens. Programme qui n’était pas celui pour lequel l’opposition a été élue. L’année 2016 a conforté et exacerbé les dynamiques d’affrontement à l’œuvre. Quelle est la part du gouvernement dans ces dynamiques ? Sa gestion de la crise économique et sociale est le premier facteur d’accumulation d’un large mécontentement contre lui dans la société. Il faudrait ici questionner les choix et non-choix gouvernementaux (par exemple sur la question de la politique de change) et le thème de la « guerre économique ». L’insécurité et la corruption (qui est un mal endémique de la société vénézuélienne) constituent deux autres motifs de mécontentement. Mécontentement sur lequel l’opposition a pu surfer. Sur le plan politique, le gouvernement a, à partir de l’après

« guarimbas » surtout, rendu coup pour coup. Et en a asséné d’autres lui-même (référendum révocatoire, durcissement répressif, remise en cause de décisions de l’assemblée, etc.). Nicolás Maduro a envoyé son message : il ne quittera pas le pouvoir avant le terme de son mandat. Chaviste ou pas, ce gouvernement a rappelé une loi implacable du pouvoir. Ceux qui détiennent le pouvoir d’État utilisent tous les pouvoirs de l’appareil d’État. C’est ce qui a été fait à mesure que la radicalisation du conflit s’intensifiait. Dans un contexte de combustion politique généralisée, cela a nourri l’amplification de la crise. Ainsi, les violences au Venezuela sont le nom d’une incapacité des protagonistes à régler leurs antagonismes dans le cadre d’une médiation « normale » des institutions en place. C’est pourquoi

le pays a pu devenir le théâtre d’une « guerre institutionnelle », qui a ellemême fait partie du développement progressif d’une « guerre civile de basse intensité ». En fait, sous l’effet de l’ensemble des tensions économiques, sociales, politiques, géopolitiques et médiatiques qu’il a subi – le traitement médiatique international du conflit doit être interrogé car il attise aussi cette crise – le Venezuela est devenu, ces derniers mois, une « démocratie distordue », dans laquelle les principes fonctionnels de la démocratie libérale se sont déformés sous l’effet de torsions jusqu’à atteindre des points de rupture, toujours partiels et ponctuels jusqu’à présent. 1 - Maurice Lemoine, Au Venezuela, la fable des manifestations pacifiques, Mémoire des luttes, 15 juin 2017 (www.medelu.org/Au-Venezuela-la-fable-des)

Les relations internationales position en expliquant que les ÉtatsUnis ne « pouvaient pas rester des observateurs » de la situation et qu’ils emploieraient « tous leurs moyens économiques et diplomatiques » pour œuvrer « à la restauration de la démocratie » au Venezuela, considéré comme une « dictature ». Tout en signant le retour des États-Unis dans les affaires de la région, il a dû entendre l’opposition clairement exprimée de ses hôtes à toute forme d’intervention. En tête du cortège funéraire, le président vénézuélien par intérim, Nicolas Maduro (d) et le président bolivien, Evo Morales (g), à Caracas, le 6 mars 2013 sur www.rfi.fr/ameriques/20130306-venezuela-cortege-funeraire-hugo-chavezescorte-milliers-personnes)

Les relations entre les deux pays (NDRL-États-Unis et Vénézuela) sont en réalité complexes et contradictoires. Le Venezuela est en partie baigné de culture américaine (le sport, la culture de consommation, l’industrie culturelle, etc.). Les élites du pays voyagent en permanence aux États-Unis, notamment à Miami. Il est le troisième fournisseur de pétrole des États-Unis (pour la partie de cet hydrocarbure qu’importe la première puissance mondiale) après l’Arabie saoudite et le Canada. On estime qu’il assure environ 10 % des importations de pétrole des États-Unis. Malgré tout le passif entre Washington et Caracas, cela n’a jamais été remis en cause. Le Venezuela assure l’activité de nombreuses entreprises américaines de la filière pétrolière. Une bonne partie de la dette du pays est également détenue par des banques américaines. De ce point de vue, la situation vénézuélienne divise Washington. Il y a les propos de Trump, ses sanctions et celles d’Obama, il y a les intérêts des entreprises et des banques américaines, il y a les lobbys anti-vénézuélien et anti-cubain du Parti républicain et des Démocrates, etc. D’une manière générale, il est clair que les ÉtatsUnis ont toujours soutenu l’opposition, de multiples et concrètes manières. Elle garantit pour eux la

continuité de ce qu’ils veulent pour ce pays, comme nous le décrivions plus haut. Aujourd’hui, l’opposition dispose de soutiens et de relais à Washington. Donald Trump utilise d’abord le dossier vénézuélien à des fins intérieures. Il souhaite donner des gages à la droite de son parti, farouchement anti-Maduro, pour attirer ses bonnes grâces dans les dossiers intérieurs sur lesquels il est tant en délicatesse. Mais ses propos sur la possibilité « d’une option militaire » constituent un élément nouveau. Ce n’est pas la perspective la plus probable mais le fait qu’il l’évoque est préoccupant et réveille le refoulé impérial nordaméricain dans la région. Pour le moment, Trump n’a réussi qu’à faire l’unanimité contre lui en Amérique latine ! Même les pays les plus virulents contre le Venezuela (Argentine, Brésil, Chili, Colombie, Pérou) rejettent catégoriquement ses propos et l’idée d’une intervention militaire dans ce pays. Ses déclarations redonnent des marges de manœuvre à Nicolas Maduro et mobilisent les secteurs chavistes. Elles affaiblissent l’opposition qui ne peut les assumer directement. Durant sa récente tournée latinoaméricaine (Argentine, Chili, Colombie, Panama), le vice-président Mike Pence a légèrement nuancé la

Alliés et adversaires

Le Venezuela cristallise les oppositions au sein d’une « communauté internationale » qui n’existe pas. Les États-Unis et l’Union européenne (notamment sous l’impulsion de l’Espagne et de la Grande-Bretagne, aussi de l’Allemagne) sont frontalement opposés aux autorités de Caracas. La Russie et la Chine soutiennent Nicolás Maduro et la légitimité du gouvernement en place. C’est aussi le cas de l’Inde, de l’Afrique du Sud, de l’Égypte ou de l’Iran. Au niveau latino-américain, le pays incarne la ligne de fracture entre les pays libéraux et ceux issu du cycle progressiste. L’Argentine, le Brésil, la Colombie, le Mexique, le Pérou sont les plus engagés contre. Il faut rajouter le Chili, signataire de la Déclaration de Lima dans laquelle onze pays (dont le Canada) ont affirmé ne pas reconnaître l’élection de l’Assemblée nationale constituante et soutenir l’Assemblée nationale. Pour sa part, l’Uruguay (membre du Mercosur) ne l’a pas signée. Mais il y a eu une autre déclaration en parallèle. Celle des pays de l’Alliance bolivarienne pour les peuples de notre Amérique (Alba) qui rassemble, outre le Venezuela, la Bolivie, Cuba, l’Equateur, le Nicaragua et des pays caribéens. Ces pays soutiennent Caracas, rejettent les sanctions américaines et toute tentative d’ingérence étrangère dans le pays.

La dépendance au pétrole Le Venezuela est dépendant du pétrole depuis toujours. C’est plus d’un siècle de culture et d’organisation économiques qui est sur la table. Il s’agit aussi d’un pays du Sud, riche mais lacéré par la pauvreté de sa population, semi-périphérique dans le système international de production et d’échanges, dépendant depuis toujours des capitaux et de la technologie de l’étranger, notamment des pays du Nord – qui ont toujours tout fait pour ne pas la lui transférer. Un pays auquel est assignée une place – une fonction – dans l’ordre économique et géopolitique mondial : celle de fournir la matière première nécessaire au système économique et aux besoins des pays riches. Comme tous les pays du Sud (ou du tiers-monde comme on disait avant), il sert également de marché secondaire pour l’écoulement des productions manufacturées mondiales et de marché du travail où la main d’œuvre est peu chère et peu protégée. N’oublions pas cette dimension. Les puissances dominantes ne veulent pas d’un autre Venezuela. Pour résumer, le Venezuela est un pays qui est le fruit de l’histoire coloniale et dont les structures économiques, productives, sociales et étatiques sont façonnées par cette caractéristique. L’État vénézuélien n’a rien à voir avec ce que les européens connaissent. C’est un État inachevé, encore absent il y a quelques années de pans entiers du territoire, encastré dans ces structures semi-coloniales, de dépendance et d’influence étrangère hégémonique. Un État dont la souveraineté a toujours été relative, pour ne pas dire fictive. Voilà de quoi nous parlons. La Révolution bolivarienne a posé l’affirmation que le temps était venu de gagner cette souveraineté pour construire une nation refondée et indépendante. La question du modèle de développement a toujours, dans ce cadre, fait partie des préoccupations du chavisme. Chavez parlait de « l’excrément du diable » pour définir le pétrole. Mais sa priorité assumée a d’abord été d’éponger la dette sociale de l’État envers la population et notamment envers les plus pauvres. Pour ce faire, et là s’est nichée une contradiction difficilement surmontable, il a fallu s’appuyer sur le système existant pour le réorienter vers les besoins de la société (et non plus vers l’oligarchie locale et les multinationales, d’abord américaines). Ce faisant, cette dynamique empêchait de facto une mutation du système productif. Des tentatives de diversification, nombreuses, ont bien eu lieu, dans l’agriculture, la pétrochimie, l’assemblage industriel. Mais les résultats n’ont pas été à la hauteur. Manque de culture productive dans un pays d’importation (il est bien plus profitable pour un entrepreneur de se lancer dans l’import/export que dans une filière industrielle nouvelle), manque de cadres, de compétences et de technologies dans l’industrie, mais également dans l’État – certai-

nement ce qui a été le plus nuisible pour le chavisme et qu’il n’a pas su mettre en place -, conception et mise en place de politiques publiques aléatoires ou erratiques (problème lié au point précédent), les causes sont nombreuses et interconnectées. Par exemple, le Venezuela a également payé un « tribut géopolitique » pour ses engagements. Ayant largement, avec le Brésil et l’Argentine, contribué à mettre en échec en 2005 le projet de Zone de libre-échange des Amériques (Alca en espagnol) promu par les États-Unis dans les années 1990 et 2000, le pays a dépensé sans compter pour offrir une alternative économique coopérative dans la région et s’assurer, ce faisant, les moyens d’une politique de puissance et d’influence en Amérique latine et au-delà. Là aussi, il faut comprendre la « diplomatie pétrolière » vénézuélienne dans cette perspective. Remplir cette fonction et obtenir ce statut était déterminant pour la Révolution bolivarienne, y compris pour se consolider à l’intérieur. Bien sûr, tout cela dans un contexte de polarisation et de conflit politique et social permanent. Contexte marqué par les offensives répétées et puissantes de l’opposition politique et de ses relais internationaux, du secteur privé local – que le gouvernement a pourtant laissé prospérer et avec lequel il a même pu trouver des compromis mutuellement avantageux dans la gestion économique -, de l’appareil médiatique, etc. La Révolution bolivarienne nous rappelle que disposer du pouvoir d’État (surtout dans ce cas-là), ce n’est pas avoir tous les pouvoirs, y compris pour faire. Le pouvoir d’État est un pouvoir, mais il en existe bien d’autres puissants dans la société qui se mobilisent toujours contre les gouvernements transformateurs, ou desquels de tels gouvernements ne peuvent s’affranchir par décret dans un cadre démocratique. En fait, le chavisme qui est convoqué aujourd’hui au « tribunal de l’ histoire » est celui de la période postcoup d’État (2002) et grève pétrolière menée par l’opposition (2003) qui a conduit le pays au bord de l’effondrement économique. 2004/5-2011/2 sont les 6-8 années où la question de savoir si le chavisme pouvait faire tout cela, transformer l’appareil productif, etc. se pose réellement. Je crois que nous en avons peutêtre trop demandé à cette expérience. Modifier des structures productives dans ce type de pays et de configuration, surtout dans le cadre d’une démocratie (hyper)élective (le pays a connu un rendez-vous électoral d’envergure presque tous les ans) où une partie de la société et vos adversaires organisés ne veulent pas de transformations, semble difficilement réalisable, en si peu d’années si j’ose dire. Le gouvernement actuel conserve pourtant bien cet objectif et affirme vouloir mener une « révolution productive » au Venezuela, sortir à terme du modèle rentier.

Les Nouvelles 21 septembre 2017 • 5


FÊTE DE L’HUMANITÉ 2017 TÉMOIGNAGE DE MILITANT

INDISPENSABLE, UNIQUE :

Jean-François : « Un esprit convivial et de camaraderie »

La fête de l’Humanité

Comme nous le faisons chaque année, nous avons sollicité un militant qui participait pour la première fois à la tenue de l’espace girondin sur la fête de l’Humanité. Jean-François, de Bordeaux, s’est prêté à l’exercice. Ci-dessous, son témoignage. Ce week-end, je suis allé à la Fête de l’Huma, pour la première fois avec la Fédération du 33. Y étant déjà allé en simple visiteur, je voulais faire l’Huma, cette fois-ci, de l’autre côté du décor, c’est à dire en bénévole. Arrivé à midi, sous le soleil, avec une dizaine de camarades, nous plantames rapidement les tentes avant d’aller prendre le repas préparé par la section de Coutras. Profitant de mon temps libre avant la préparation du service, j’ai pu me promener dans les allées et apercevoir quelques têtes connues : Pierre Dharréville donnant un entretien devant le stand national des Communistes, Pierre Laurent se balladant dans

la fête, Clémentine Autain devant le stand de Tremblay, Monique Pinçon-Charlot discutant avec des militants… Le soir venu, avec les militants de Gironde, nous tenions l’Entrecôte Bordelaise, le restaurant de la fédé ouvert à tous les visiteurs de l’Huma. Transformé en serveur pour l’occasion, j’ai donc participé à l’effort collectif pour assurer près de 200 repas sur le service, aux visiteurs venus découvrir les spécialités de Gironde. Le tout dans un esprit convivial et de camaraderie. Une fois notre châpiteau revenu au calme, nous avons pu profiter, à plusieurs, de l’effervensece nocturne proposée par d’autres fédérations, transformées pour l’occasion en pubs et bars dansants… Bref, la fête a tenu ses promesses en m’offrant aussi de nombreuses conférences sur l’actualité bouillante qui nous concerne tous, et des concerts, le tout dans une ambiance confraternelle.

550 000 personnes ont participé le week-end dernier à la fête de l’Humanité. Il faut le voir pour le croire tant les articles de presse et le traitement télévisé du plus grand événement politique en Europe sont d’une médiocrité crasse, repassant les plats. La plupart des articles auraient pu être écrits il y a 10, 15 ou 20 ans. Seul élément de contexte, l’absence de Jean-Luc Mélenchon. Depuis 2005, il était présent, et depuis 2005 il utilisait la fête pour faire lui aussi sa rentrée politique. Ainsi, la rupture avec le PCF semble consommée de manière unilatérale, et la presse aux ordres de la finance se régale de la division des forces de transformation sociale. C’était couru d’avance et il y a de quoi le regretter. Mais il faut aussi dire que beaucoup de responsables de la France Insoumise étaient eux présents, et c’est une bonne chose, tout comme la présence de personnalités de gauche comme Benoit Hamon et Olivier Besancenot,

Clémentine Autain, entre autres. Ce qui n’était pas couru d’avance c’est que la fête cette année aura été une des plus importantes de ces 10 dernières années. Nombreux, divers, jeune, populaire, festif, le peuple de la fête s’est déplacé en masse et la question de la construction d’une alternative est dans toutes les têtes. Il y aura eu dans le week-end des milliers de discussions, des milliers d’échanges, sur les ordonnances, sur la fin des contrats aidés, la baisse des APL. Il y aura eu des milliers de voix pour exiger la libération de Salah Hamouri, la paix et la solidarité internationale, le désarmement et la sortie de l’Otan. Des milliers de voix pour l’égalité Femmes-hommes, les droits LGBT, des droits pour la jeunesse. Et ces milliers d’hommes et de femmes demandent l’unité, une construction populaire d’une alternative, ils veulent donner leur avis, participer, construire. La fête de l’humanité est pour cela unique et

indispensable. Au stand de la Gironde, plus de 130 militants et amis ont contribué à la réussite de la fête. Des monteurs, bâtisseurs et bâtisseuses, des camarades de l’accueil-sécurité, à la librairie, au forum social, à la JC, sans doute plus de 200 girondins étaient là et ont contribué à la réussite de ce grand et beau week-end. L’entrecôte bordelaise, l’espace girondin, a eu cette année un beau succès. Les 130 camarades qui ont aidé en cuisine pour préparer la fameuse entrecôte, au service, à la plonge, aux huîtres, aux moules à la brazoucade… ont donné de leur temps et de leur force de travail pour la réussite de notre espace. Quel Parti peut compter sur l’engagement de milliers d’hommes et de femmes chaque année pour tenir un événement de cette ampleur ? Quel parti peut déployer autant de générosité, d’engagement sincère et désintéressé ? Quel parti est autant au service de l’intérêt des 99 %, des fainéants de la République, de celles et ceux qui produisent les richesses que pillent les 1 % plus riches, servis par ce gouvernement de combat contre le peuple et au service des forces de l’argent ? Le Parti communiste a un bel avenir devant lui, si il sait utiliser toute la richesse que représente ce collectif militant hors du commun, cet intellectuel collectif, cette force de proposition, d’innovation et d’action au service du plus grand nombre. Sébastien Laborde, secrétaire départemental du PCF

6 • Les Nouvelles 21 septembre 2017


PCF PIERRE LAURENT :

NOUVELLE REVUE «CAUSE COMMUNE»

« Soyez avec nous les bâtisseurs du commun ! »

Extraits* du discours de Pierre Laurent, secrétaire national du PCF, sur la Grande Scène. « Vous êtes ici chez vous, à la Fête de l’Humanité, dans la République de la grande fraternité humaine ! (…) Oui, notre Fête, votre Fête de l’Humanité, qui porte plus que jamais son nom comme une promesse, est une terre d’accueil, la terre de tous les combats, de toutes les fraternités humaines, de toutes les cultures. C’est une terre de libertés et de débats, où la parole politique n’est pas confisquée, où elle est d’abord la parole populaire, la vôtre. (…) La Fête, c’est le rendez-vous de la jeunesse généreuse, de l’engagement désintéressé, du bénévolat militant, de la solidarité internationaliste. C’est la Fête du journal qui, fidèle au serment d’indépendance de Jaurès, est le seul quotidien national, avec son magazine l’Humanité Dimanche, à n’avoir jamais cédé un pouce de terrain aux forces de l’argent. (…) Les gâchis, les guerres, les catastrophes provoqués par la crise désormais civilisationnelle du capitalisme financier mondialisé nous invitent chaque jour à presser le pas vers un nouveau monde. Oui, nous accusons ! Oui, il faut passer à autre chose !

(…) Nous voulons d’abord et avant tout des droits et des pouvoirs nouveaux sur le sens et la qualité de notre travail. C’est cela, le cœur de l’affrontement sur les ordonnances. Ensemble, tout doit être fait pour assurer le succès de la prochaine mobilisation, dans quelques jours, jeudi prochain, le 21 septembre, et de toutes les autres mobilisations à venir. (…) Nous sommes ici des centaines de milliers depuis trois jours, à l’initiative de l’Humanité, des communistes, avec tous nos invités politiques et sociaux, pour le plus grand rassemblement anti-Macron après le 12 septembre. Ici, tout le monde a été invité, tout le monde a pu parler. Et nous allons continuer, plus forts encore avec l’énergie puisée ici. (…)

Dans ces circonstances, le chacun pour soi n’a aucun sens. Syndicats, formations politiques, mouvements sociaux, chacun est légitime pour prendre des initiatives. Nous serons de tous les rendez-vous à venir à même de favoriser la montée en puissance du mouvement, avec pour seul souci de renforcer le mouvement d’ensemble, de le faire converger, de l’étendre, de le renforcer, de l’enraciner, en permettant aux salariés eux-mêmes d’en maîtriser les objectifs, l’agenda, le contenu, la conduite. Appel à la jeunesse

Votre enthousiasme m’encourage, depuis cette grande scène, à lancer, pour conclure, un appel à la jeunesse, à toute la jeunesse de France. (…) Vous ne la voyez pas cette génération, monsieur Macron, aveuglé par vos exemples de réussite individuelle, de start-up, d’écoles de commerce, véritables usines à fabriquer des traders. (…) Vous auriez dû venir vous balader ici. Vous auriez vu tous ces jeunes qui proposent, qui échangent, qui construisent, qui résistent ! Vous auriez entendu hier les rappeurs du S-Crew déclamer pourquoi “le rap a toujours été une musique de révoltés”, prendre d’assaut la grande scène et faire vibrer des dizaines de milliers de personnes. Je lance un appel à la jeunesse, celle

qui entre sur le marché du travail bac + 5 en poche, comme celle qui se retrouve sans bahut à la rentrée ou galère, bac en poche, sur la plateforme APB. Celle qui trime en apprentissage comme celle qui travaille comme chauffeur Uber dans les pires conditions, 70 heures par semaine, et qui s’entend dire par le gouvernement avec mépris : “Ça vaut mieux que de tenir les murs de la cité ou dealer.” Je lance un appel à cette jeunesse qui veut son autonomie, sa liberté, qui connaît les pièges qu’on lui tend et qui refuse de renoncer à rêver d’un nouveau monde. Inventons ensemble les droits nouveaux qui vous permettront de vivre pleinement vos choix, de répondre à votre aspiration de construire dans la sécurité une vie libre et autonome. (…) “Envahissez les associations, les syndicats étudiants, lycéens, ouvriers, enseignants, les organisations politiques pour entrer dans la bataille et bâtir la société de demain, votre société, en bâtissant avec nous ce commun dont nous avons tous besoin. Soyez avec nous les bâtisseurs du commun ! Vous êtes chez vous à la Fête de l’Humanité. Soyez chez vous au Parti communiste et aidez-nous à le révolutionner pour en faire le creuset de toutes les expérimentations sociales et politiques de transformation sociale ! Soyez chez vous à la Jeunesse communiste de France !” Et si vous n’êtes pas convaincus, allez voir sur les écrans, à partir du 27 septembre, ce formidable film de Raoul Peck, Le jeune Karl Marx, pour comprendre que c’est à votre âge que les grands destins révolutionnaires se dessinent. À la jeunesse de France, comme à vous tous, je lance cet appel : bâtissons ensemble le monde de paix et d’humanité qui se construira par le respect, l’égalité, la justice. dans l’Humanité du 18/09/2017

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CauseCom-N01-DEF_Mise en page 1 09/08/2017 00:05 Page1

COMPRENDRE LE MONDE AGIR POUR LE CHANGER

SEPTEMBRE –––––––––– OCTOBRE ––––––––––

2017

# 01

C’est une revue pour penser le monde et surtout agir sur celui-ci : des dossiers sur un sujet, des textes de penseurs marxistes, une rubrique « militer ».

REVUE D’ACTION POLITIQUE DU PCF

p.12 DOSSIER

CLASSE DOMINANTE

QUI EST-ELLE ? COMMENT LA RENVERSER ? p.3 ÉDITORIAL

Dialogue autour de Cause commune

p.7 REGARD

Le Mur messager

p.50 MILITER

Sauvegarder les services publics de La Poste

8 LE GRAND ENTRETIEN : « Nous devons changer tout ce qui doit l’être, pour nous réinventer ». Pierre Laurent

p.

Parti communiste français

Cause Commune est la nouvelle revue du PCF qui prend la suite de la Revue du Projet.

Elle est accessible sur le net et par abonnement (étudiants/chômeurs 36€ simple 46€ - soutien 56€). Les sections peuvent s’abonner pour avoir une version «papier» pour tous les camarades.avec des intervenants syndicalistes, juristes, politiques et acteurs économiques. Site de la revue : www.causecommune-larevue.fr

SAMEDI 30 SEPTEMBRE

Fête des Communistes du Bassin d’Arcachon Comme tous les ans, la section PCF du Bassin d’Arcachon organise sa fête militante. Elle se déroulera le samedi 30 septembre sur le terrain de son siège, avenue de la Libération (en face du marché couvert). Plusieurs associations participeront à ce rendez-vous fraternel : Le Secours Populaire – l’APEIS – Le Mouvement de la Paix – les jeunes communistes de la Gironde Programme de la journée : - à partir de 10h30, les responsables des associations parleront de leur activité. - à midi, un repas vous sera servi (voir détails ci-dessous). - Vers 17h un débat sera organisé sur le thème : La France a-t-elle besoin d’un Parti communiste ? En fin d’après-midi et jusqu’à… Il est proposé de « finir les restes » en dansant et en chantant grâce à une animation musicale. Au bistrot communard, les apéros et soft sont proposés à 1,50 € et des barquettes d’accras de Morue et de beignets de calamars à 2 €. Au Restaurant communiste, le repas du midi est à 15 € : Huîtres du Bassin avec pâté de la dune ou assiette de crudités ; La grande Paëlla Boïenne ou rôti de porc - frites ; Fromages des près de l’Ile aux Oiseaux ; Crêpes (recette exclusive d’Annie) ; Vin – café Les restes samedi soir : 5 € Un parking est disponible en face du siège. Pour se faire inscrire, avant le 23 septembre, quelques numéros ou adresses mail : Danielle Trannoy : 06 08 84 11 85 - danielle.trannoy@orange.fr Christian Darriet : 06 03 36 36 53 - christian.darriet@free.fr Pierre Cléaz 06 07 97 40 52 - pierre-louis.cleaz33@orange.fr Préciser le nombre de participants et le choix du menu.

PCF RIVES DE DORDOGNE

Débat public Mardi 26 septembre, 20h, salle du Verdet à Libourne (chemin de Toussaint) LOI TRAVAIL (Réforme Macron-Pénicaud du Code du Travail) UN Code du travail pour quoi faire ? Quel contenu ? Quel enjeu ? Quelles conséquences ? Quel Code du Travail pour le XXIe siècle ? Propositions. avec des intervenants syndicalistes, juristes, politiques et acteurs économiques.

* L’intégralité sur :

www.pcf.fr/101884

Tout versement par chèque ouvre droit à une réduction fiscale de 66% du montant versé. (chèque à l’ordre de ADF PCF 33). Les ressources financières du Parti communiste sont transparentes. Votre don, aussi modeste soit-il, contribuera effica- cement à la démocratie, à l’expression et la prise d’initiative du Parti communiste. Cet ensemble sont les éléments majeurs pour continuer notre combat dans l’ambition d’une gauche forte et alternative. La fédération de la Gironde du PCF, lance une souscription afin de mener nos prochaines échéances politiques, notre objectif est de 70 000 euros.

ILS ONT DONNÉ 570 € : M. TACONET Vincent, Bordeaux ; M. MAURIN Vincent, Bordeaux ; Mme BRICHOT Danielle, St-Denis-de-Pile ; M. SOULE Jacques, Villenaved’Ornon ; M. LAMOTHE Bernard, Cestas Les Nouvelles 21 septembre 2017 • 7


CULTURE & SOLIDARITÉ

NOUVELLES IDÉES REÇUES

LIBERTÉS

par Gérard Loustalet Sens

De Loup à Salah, une Fête solidaire

Au cœur de l’attention du peuple de la Fête, le sort des prisonniers politiques. Si Loup Bureau a été libéré en Turquie, Salah Hamouri reste dans les geôles israéliennes. Une bonne nouvelle a ouvert l’édition 2017 de la Fête de l’Humanité : la libération du journaliste français Loup Bureau. Incarcéré en Turquie depuis le 26 juillet dernier, le jeune homme de 27 ans a atterri dimanche à Paris (voir l’Humanité de lundi 18 septembre), à deux pas du lieu où le moment de soutien s’est transformé en émotion d’avoir contribué à cette issue. Dans les allées de la Fête, on espère toujours le même succès diplomatique pour Salah Hamouri. Le silence de l’État français sur l’emprisonnement de l’avocat franco-palestinien depuis le 23 août interpelle. Le président Macron n’a pas reçu Elsa Lefort, l’épouse de Salah Hamouri, et ne s’est toujours pas exprimé sur son cas. Même chose de la part du ministre Jean-Yves Le Drian. Détenu entre 2005 et 2011, Salah Hamouri avait été libéré dans le cadre d’un échange de prisonniers palestiniens et du soldat israélien de nationalité franco-israélienne Gilad Shalit. C’est le ministre israélien de la Défense, l’ultra Avigdor Liberman, qui a ordonné sa mise en détention administrative et lundi, la sentence est tombée : Salah est condamné par le juge à 6 mois de « détention administrative » renouvelables. On est loin des trois mois à solder de sa libération anticipée qui ont servi de prétexte à l’arrestation. Elsa Lefort, l’épouse de Salah, réclame « à la France d’agir avec conviction pour protéger et obtenir la libération de notre concitoyen qui subit une fois de plus l’arbitraire israé-

CHRONIQUE

lien ». Un combat que Fadwa Barghouti salue. « Libérez Salah ! Libérez Marwan ! » entonne-t-elle sur la scène à la Fête de l’Humanité, rappelant la détention de son mari, Marwan Barghouti. « Mais le mouvement de solidarité pour sa libération et pour l’ensemble des prisonniers politiques palestiniens nous fait tenir. La grève de la dignité qu’ils ont menée durant 42 jours pour défendre le respect de leurs droits renforce notre détermination. La Palestine vaincra ! » Samedi, la venue de Can Dündar, ancien rédacteur en chef du quotidien Cumhuriyet, poursuivi dans son pays et aujourd’hui en exil en Allemagne, a été l’un des événements de la Fête. Au fil des rencontres et des sourires, le journaliste a oublié les difficultés de son quotidien. « Il y a quatre ans, je menais une vie normale. Mais depuis, elle a basculé, comme celle de centaines de milliers de Turcs. » Le pays s’enfonce dans la dictature. Déjà largement réprimée, ces dernières années, la société civile a subi une vague d’arrestations sans précédent : 45 000 personnes sont actuellement en prison sans connaître pour la grande majorité d’entre elles les actes d’accusation. Un an après le coup d’État manqué du 15-16 juillet, toute opposition est désormais suspecte. Erdogan a enclenché un contre-coup d’État civil. « Depuis, nous vivons sous un gouvernement policier. Notre choix se résume à l’exil ou la prison. Mes amis, mes collègues, eux, ont été arrêtés. Pour Erdogan, l’objectif est de se maintenir au pouvoir », explique Can Dündar avant de monter sur la scène de l’Agora. Dans cette grande prison, on retrouve aussi bien des Turcs que des étrangers, dont Loup Bureau pour « l’exemple », tant son dossier était vide, lui aussi. « Malgré la répression, la peur, la résistance s’orga-

nise. La moitié des Turcs s’opposent toujours à lui. On lutte contre le fascisme en Turquie. Journalistes, enseignants, nous sommes tous solidaires », constate Can Dündar. Aucun pays n’est épargné. Au Mexique, la situation est tout autant dramatique pour les journalistes : 14 ont été assassinés depuis le début de l’année. Sergio Ocampo, qui collabore au quotidien d’opposition et progressiste la Jornada, est venu témoigner de sa propre expérience : « Nous avons été menacés à maintes reprises car nous enquêtons sur l’affaire de la disparition des 43 étudiants de l’École normale rurale d’Ayotzinapa ». Pour 2017, la Fédération européenne des journalistes estime à 45 le nombre de ces derniers tués. En 2016, 75 avaient perdu la vie pour avoir exercé leur métier. Can Dündar, qui participait pour la première fois à la Fête de l’Humanité, estime que, devant les risques encourus, « il faut que tous les citoyens s’entraident face aux répressions. Sinon, on a perdu. Votre Fête a représenté un immense espoir après l’année difficile que je viens de vivre en étant séparé de ma femme (restée en Turquie – NDLR) et de mes amis ». avec l’article de Vadim Kamenka, l’Humanité du 18/09/2017

BÈGLES

Nouveaux Rendez-vous des Terres neuves À l’initiative d’anciens membres des RDV des Terres Neuves et de nouveaux acteurs, l’aventure d’un rendez-vous culturel au sein du quartier des Terres Neuves, à Bègles, se poursuit : l’édition 1 se déroulera ce samedi 23 septembre 2017 de 14h à 01h, Esplanade des Terres Neuves à Bègles. Concerts, jeux, initiations sportives (judo, boxe, handball, street foot), ateliers artistiques (musique, théâtre, art), espace asso, animations artistiques (scénographie, magie, maquillage, musique, photographie, etc.), foodtruck, restauration rapide, buvette, etc. Programme dans notre édition précédente. Tram C : arrêt des Terres Neuves, entrée à participation libre.

Les Nouvelles de Bordeaux et du Sud-Ouest S.A.S. au capital de 37 000 euros Associés (à parts égales) : L. Chollon, F. Mellier, S. Laborde Directeur de la publication : Frédéric Mellier Abonnement 1 an : 25 euros. Abonnement de soutien : 40 euros Rédaction, composition, impression : S.A.S. Les Nouvelles de Bordeaux et du Sud-Ouest 15, rue Furtado - 33800 BORDEAUX Tél. 05 56 91 45 06 - Fax 05 56 92 61 01 - Annonces légales : annonces@nbso.fr Comptabilité : compta@nbso.fr - Redaction/Proposition d’article : redaction@nbso.fr @nvlbx Les nouvelles de bordeaux nbso.fr Commission paritaire de presse : 0118 C 85932

8 • Les Nouvelles 21 septembre 2017

Infos : rdvtn@free.fr Les Nouveaux RDV des Terres Neuves lesnouveauxrdvdesterresneuves. wordpress.com

Ceux qui « réussissent »… Sous Macron, le mépris de classe est désormais institué comme philosophie d’État. Face aux « fainéants », le modèle du bien, du beau, du bon s’incarne dans ceux qui « réussissent ». Mais qui réussissent quoi ? De quoi la « réussite » est-elle le nom dans l’évangile macronien ? Le verbe réussir est transitif, cela veut dire qu’il s’applique à un objet (complément d’objet en grammaire) : on réussit quelque chose. L’utiliser sous une forme intransitive (réussir tout court), c’est l’expression triviale de l’ambition sociale la plus médiocre qui soit: s’enrichir, faire du fric, devenir millionnaire… Cet idéal de cupidité qu’est le dogme macronien est à vrai dire au fondement de l’idéologie libérale. Il se double de bassesse morale. En effet, les libéraux ont beau prétendre que l’enrichissement de quelques uns profite à tous, on s’enrichit en fait toujours aux dépens d’autrui. L’exemple vient de haut. On sait comment la ministre du travail, Mme Pénicaud, s’est enrichi : en spéculant sur le licenciement des 900 salariés qu’elle avait elle-même planifié en tant que DRH de Danone. Rappelons cet incroyable mécanisme d’enrichissement facile et sans risque : on réserve un stock d’actions pour un haut cadre de l’entreprise à un prix fixe (55 000 actions à 38 euros l’une en l’occurrence pour Mme Pénicaud) à charge pour lui de les acheter à ce prix quand bon lui semble pour les revendre au moment favorable. En avril 2013, ce fut le cas, les actions de Mme Pénicaud sont passées à 58 euros. Elle les a alors achetées à 38 euros pour les revendre immédiatement à 58 ! Bénéfice instantané, 20 euros par actions soit plus de 1 million ! Quant au moment favorable, c’était évidemment le plan de « dégraissage », comme ils disent, de 900 emplois. Le malheur de ces salariés a fait le bonheur de Mme Pénicaud : elle est de ceux qui « réussissent »… Ce n’est que par antiphrase qu’un tel personnage peut-être appelé ministre du travail… Etrangement, il n’y a jamais de ministre du capital ! Même un économiste libéral comme M. Daniel Cohen -qui en a vu d’autres- s’alarme : « l’économisme triomphe au sens où les gens sont désormais constamment ramenés à ce qu’ils gagnent ». Selon le dogme macronien, Einstein et Joliot-Curie qui n’ont pas fait fortune, Rimbaud et Modigliani morts misérables ne sont « rien » ! C’est le triomphe ultime du catéchisme libéral d’Adam Smith (1723-1790 : c’est dire la fraîcheur de la doxa macronienne!). C’est toute une anthropologie où l’individu, égoïste et retors par nature, verrait toute sa vie guidée par l’intérêt et le calcul économique, obéissant à la seule utilité et rationalité de forces économiques le dépassant car portées par une main invisible transcendante qu’il faudrait donc libérer de toute entrave… Comme un code du travail, par exemple… Cet individu libéral, cynique et intéressé, est une chimère mais c’est au nom de sa « liberté » que cherche à se perpétuer l’exploitation capitaliste alors que, comme le montre par exemple l’anthropologue américain David Graeber, « en réalité partout l’échange des biens est inséparable des interactions sociales et affectives ». C’est cette lutte inexpiable des intérêts individuels qu’il faudrait imposer dans les relations sociales. La forme « entreprise », caractérisée par la subordination du salarié, devrait devenir la norme sociale. On va s’acharner à greffer artificiellement sur le corps social qui n’en a nul besoin les codes de l’entreprise et du management, manière de donner les couleurs d’une prétendue modernité au renforcement des hiérarchies et des inégalités. Les candidats macronistes aux législatives ont été recrutés comme pour une « boîte » : envoi de CV, lettre de motivation, entretien d’embauche, coaching… C’est ainsi que l’on a vu débarquer à l’Assemblée nationale une armée de managers, lobbyistes, DRH… bien décidés à intégrer rapidement cette caste des dominants que Lionel Jospin, rendu peutêtre lucide par son élimination à l’élection présidentielle, dénonçait mais un peu tard, en 2005, dans son livre Le monde comme je le vois : « une nouvelle aristocratie… Une alliance implicite entre les grands dirigeants d’entreprise, des financiers, des cadres élevés de l’industrie et des services, certains hauts fonctionnaires de l’État et des privilégiés des médias ». Le macronisme est la représentation politique directe et sans fard de cette caste qui, remarque encore Jospin, « enjoint aux autres catégories sociales de faire des sacrifices » en s’en dispensant pour elle-même. Et Jospin de découvrir, après les avoir servi, « l’insensibilité sociale » de ceux qui « réussissent » !


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