Nouvelles N°2222

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Jeudi 28 septembre 2017 - N° 2222 - Hebdomadaire - 15, rue Furtado - 33800 BORDEAUX - Prix : 0,80 euro

LA LUTTE SUR TOUS LES FRONTS

LIBERTÉ POUR SALAH

UN MONDE SANS GUERRE

LOI TRAVAIL XXL

DOSSIER

Création d’un collectif girondin

Est-ce trop demander ?

Le mouvement se poursuit

Retraités, pas privilégiés

P.2

P.3

P.4 et 5

P.2


ACTUALITÉ BORDEAUX

MOBILISATION POUR LA PAIX

Liberté pour Salah Hamouri

Un monde sans guerre, est-ce trop demander ?

À l’initiative du PCF, un collectif girondin se met en place pour mener la bataille de la libération du jeune avocat franco-palestinien Salah Hamouri. Un premier rassemblement pour exiger sa libération aura lieu le vendredi 29 septembre place de la Victoire à 18h. L’avocat Franco-Palestinien de 32 ans, Salah Hamouri, a été arrêté par la police israélienne à son domicile de Jérusalem-Est, le 23 août dernier. Le lundi 18 septembre, un tribunal de district de Jérusalem a confirmé son maintien en « détention administrative », pour une durée de six mois, soit jusqu’au 28 février 2018. Ce régime de détention, qui permet à Israël de maintenir arbitrairement des personnes en prison pendant plusieurs mois, sans inculpation ni jugement, est condamné par la France. Mais à cette heure, ni le président de la République Emmanuel Macron, ni le ministre des affaires étrangères Jean-Yves Le Drian, ni le consulat de France à Jérusalem n’ont dénoncé le placement de Salah Hamouri sous ce régime, ni même réclamé officiellement sa libération. Un comité de soutien à Salah Hamouri vient de se créer et appelle à un rassemblement le vendredi 29 septembre à 18h, place de la Victoire à Bordeaux pour exiger d’E. Macron et du gouvernement français qu’ils exigent la libération de Salah. CADILLAC

Grève à l’hôpital psychiatrique La CGT appelle à la grève pour dénoncer une dégradation de la prise en charge des patients. Un préavis de grève a été déposé à partir de mardi et pour une durée d’une semaine par la CGT avec rassemblement devant les portes du deuxième hôpital psychiatrique de Gironde. Le syndicaliste dénonce « un malaise grandissant au sein de l’établissement ». « Alors que notre hôpital est en bonne santé financière, la direction ne cesse d’annoncer de nouvelles mesures d’économie au détriment de la prise en charge des patients. On vient d’apprendre que des CDD de remplacement allaient être supprimés. Dans le même temps, nous subissons les conséquences d’une restructuration des lits sur Cadillac qui accueille désormais toutes les hospitalisations sous contrainte. On constate une montée des difficultés. On a par exemple connu récemment des problèmes de drogue ou de violence. Les salariés sont à bout, épuisés. » avec Sud Ouest du 26/09/2017

AVORTEMENT EN EUROPE

Les femmes décident ! Manifestation Régionale samedi 30 septembre à 14h30 à Bordeaux. Rendezvous devant les marches du Grand Théâtre, place de la Comédie à Bordeaux À l’occasion de la Journée internationale du droit à l’avortement, des manifestations ont lieu partout en Europe autour du 28 septembre 2017 pour exiger que les droits des femmes, la liberté à disposer de son corps, le droit à l’avortement et à la santé soient respectés dans tous les pays européens et inscrits comme droits fondamentaux pour l’égalité en Europe. SANOFI

La solidarité face à la répression Patrick ROJO, militant syndical CGT de SANOFI Ambarès appelle à la solidarité avec Saïd Akrim salarié du site de Vitry, délégué syndical central CGT de Sanofi chimie. « Le Groupe SANOFI, entreprise de production pharmaceutique, surveille, sanctionne, persécute, des salariés et principalement en ligne de mire, la Cgt et ses élus… afin de mener à bien une redistribution des profits toujours plus importante aux actionnaires au détriment de l’emploi, la santé, la recherche, l’investissement. Depuis le mois de mai 2017, SANOFI s’acharne sur Saïd Akrim salarié du site de Vitry, délégué syndical central CGT de Sanofi chimie. Au moment où le Code du travail est attaqué par les Ordonnances Gouvernementales, les Grosses Entreprises veulent anéantir toute combativité. » Une pétition est en ligne : www.change.org/p/grimbuhler-guy-sanofi-holding-pharma-piste-sanctionne-et-pers%C3%A9cute

USD CGT

Non aux sanctions pour les « 7 du CDEF » Le 26 septembre, la fédération Santé et Action sociale CGT appelait à un rassemblement de soutien aux 7 agents du Centre départemental de l’enfance et de la famille (CEDF) menacés de sanctions disciplinaires pour avoir alerté sur des faits graves de maltraitance entre enfants/ados et envers les adultes encadrants. « Depuis des mois, sept de nos collègues, agents du CDEF dénoncent en interne des faits graves de maltraitance entre enfants/ados et envers les adultes encadrants, rappelle l’USD CGT. Malgré leur insistance, ils se sont heurtés au silence, à la non réponse des instances dirigeantes de l’établissement. En désespoir de cause, nos collègues ont décidé d’alerter par écrit tous les élus du département et la presse ». La Direction de l’établissement a alors engagé des procédures de sanction contre ceux que le syndicat considère comme des « lanceurs d’alerte ». Tous les salariés des établissements et services étaient donc appelés par le syndicat à un rassemblement devant le CDEF à Eysines au moment de la tenue du Conseil de discipline qui a conclu à « un manquement » au devoir de réserve et dit laisser « le soin » à la direction de préciser les sanctions.

2 • Les Nouvelles 28 septembre 2017

Ce week-end des 23 et 24 septembre, l’actualité était entièrement tournée vers la marche des Insoumis, les élections législatives en Allemagne et les sénatoriales en France. Des évènements certes incontournables mais qui n’auraient pas dû occulter les guerres et les dangers qui nous menacent. Le Mouvement de la Paix 1 et l’Appel des 100 pour la Paix invitaient à marcher ensemble, partout en France pour un monde de solidarité, de justice, de liberté, d’égalité, de fraternité et de Paix. Rappelons que c’est en 1981, sur demande du Royaume-Uni et du Costa Rica, que l’ONU instaurait le 21 septembre « journée internationale de la paix ». Pour permettre à toute la population d’exprimer l’exigence de Paix et l’arrêt des combats, le Mouvement de la Paix en France décidait dans la foulée que les mobilisations se tiendraient le samedi suivant le 21 septembre. Samedi 23, les organisations adhérentes au Mouvement de la Paix, invitaient donc les girondins à se rassembler parvis des Droits de l’Homme à Bordeaux. Comme dans 40 autres villes (un doublement vis-àvis de 2016), les 2 à 300 manifestants ont scandé « stop à la guerre, stop aux violences ». Nicole Lavallée, pour un Mouvement de la Paix renaissant en Gironde, rappelait que les mobilisations pacifistes n’étaient jamais vaines,

preuve par le traité d’interdiction des armes nucléaires. Signé le 7 juillet 2017 par 122 pays (mais aucune puissance nucléaire) il est ouvert à la ratification depuis le 20 septembre. On attend toujours la signature de la France. Pour ce mouvement, un monde en paix passe par le respect des Droits humains, le recul du racisme et de la xénophobie, l’égalité femmes/ hommes, la baisse des dépenses d’armement et leur réorientation vers l’urgence climatique. Le représentant de l’Association Républica ine des A nciens Combattants stigmatisait le rôle d’un OTAN belliciste qui n’a aucune raison d’être. Pour l’ARAC, il faut donner un écho le plus large possible à ce traité d’interdiction des armes nucléaires dans la population et jusque dans les entreprises concernées par cette course insensée. L’ARAC invite ainsi à un colloque vendredi 20 octobre 14h à la salle des fêtes de Capeyron de Mérignac. Pour Corinne Versigny de l’UD CGT, les inégalités entre les peuples sont génératrices d’insécurité sociale, de violences et de guerre. Alors que les dépenses d’armements n’ont jamais été si grandes, les populations sont soumises à des politiques d’austérité insupportables. La justice sociale est un facteur de paix et c’est ce qui justifie l’engagement de la CGT dans ce mouvement. Comment, dans ce contexte, ne pas évoquer le conflit israélo-palestinien ? Pour Palestine 33, Patrick Serres

rappelait que ce conflit, un des plus vieux, est une des origines des autres conflits dans la région. La politique de l’État israélien envers le peuple palestinien a été condamnée à plusieurs reprises à l’ONU sans que les grandes puissances ne conviennent d’y mettre fin. On attend ainsi l’expression du gouvernement français face à la nouvelle provocation que constitue l’incarcération inique de Salah Hamouri. (lire ci-contre) Pour le PCF, le monde est en crise de la recherche effrénée de profits. Sébastien Laborde constatait que le développement des conf lits, partout dans le Monde, stérilisait des ressources vitales pour l’Humanité. 1 700 milliards de dollars, soit 2,2 % du PIB mondial (l’équivalent du PIB de l’Inde), une folie alors que : • 1 sous-marin nucléaire, c’est l’équivalent de 10 lycées • 1 missile nucléaire, c’est 70 écoles ou 12 scanners IRM • Les 31 milliards d’€ pour les missiles nucléaires M51 équivalent à 36 000 enseignants ou infirmiers. Au nom de l’Union des Juifs de France pour la Paix (UJFP), André Rosevègue appelait au « tous ensemble » pour cette même cause. Les immigrés, réfugiés, minorités persécutées ou les sans-abri, souffrent tous d’une même cause : la voracité des profits. Vous sou ha itez renforcer le Mouvement de la Paix ? Prenez contact par mail : mdpgironde@yahoo.com

1 - Le Mouvement de la Paix est une Organisation non-gouvernementale créée en 1948 et agréée «Association nationale de jeunesse et d’éducation populaire». Association loi 1901 à but non lucratif, le Mouvement de la Paix agit pour le désarmement, en particulier nucléaire, mais aussi contre la production et les transferts d’armements, pour la réduction des budgets militaires. Il compte 130 organisations adhérentes.

CANTINES BORDELAISES

Grève massive des agents Après l’annonce du retrait de la vaisselle plastique des cantines scolaires par Alain Juppé, les syndicats CGT, CFDT et FO ont lancé un mouvement de grève très suivi. Mardi, plusieurs centaines d’agents municipaux, essentiellement des dames de cantine (500 dans 87 écoles selon les syndicats, sur un effectif total de 850 dans 103 écoles) demandaient à la Ville de leur « laisser les assiettes » en plastique. La grève a été déclenchée par l’annonce d’Alain Juppé de l’abandon des assiettes en plastique dans les cantines de Bordeaux après plusieurs mois de polémique avec un collectif de parents qui reproche à cette vaisselle de contenir des traces de Bisphénol A (perturbateur endocrinien interdit dans les emballages

alimentaires depuis 2015). Le changement de vaisselle était intervenu pour soulager le personnel du poids et du bruit généré par la vaisselle en céramique. Mardi, les adjoints à l’Éducation et aux Finances, Emmanuelle Cuny et Nicolas Florian, ont fait des propositions aux syndicats. La mairie a promis qu’il n’y aurait pas de retour à la vaisselle en céramique, et conditionné le retrait des assiettes en copolyester à son remplacement par un matériel « comparable en poids et en bruit », selon la CGT. Les négociations en ce sens vont démarrer, et une commission essentiellement composée de représentants du personnel, aura un mois et demi pour faire des propositions. En attendant, la vaisselle en plastique restera utilisée dans les cantines, la ville renonçant à son calendrier initial (le retrait des

assiettes au 1er janvier) pour viser un déploiement des futures assiettes au premier trimestre. D’autres promesses ont été faites au personnel : renouvellement du matériel utilisé par les agents municipaux – généralisation des plateaux pour les selfs (10 écoles seulement sont aujourd’hui équipées), de trancheuses à pain électrique, amélioration acoustique des restaurants scolaires (nouveaux mobiliers et travaux d’isolation)… Les syndicats ont plutôt bien accueilli ces « avancées » mais les agents étaient plus mitigés, très remontés contre la décision unilatérale de la mairie de renoncer au copolyester, alors qu’une concertation était en cours. Le préavis de grève qui courait jusqu’au 9 octobre a cependant été ramené au mercredi soir. avec Rue89 Bordeaux, 26/09/17


ACTUALITÉ

Editorial

RÉFORME DU CODE DU TRAVAIL

De nouvelles mobilisations

« Nous continuerons car il n’est pas question d’accepter le travail à la tâche et parce qu’aucune organisation syndicale n’est satisfaite du contenu de ces ordonnances », déclarait Corinne Versigny, responsable départementale CGT à la manifestation bordelaise du 21 septembre. En effet, le mouvement contre la loi travail XXL se poursuit et s’élargit. « Nous allons discuter avec les autres confédérations des suites à donner au mouvement mais on voit bien que le mouvement s’ élargit, affirmait Corinne Versigny, le 21 septembre, à Bordeaux. Plusieurs syndicats, CGC, FO, CFDT, appellent leur confédération à s’inscrire dans la lutte. Nous constatons aussi la mobilisation de pas mal de champs professionnels avec les cheminots, l’énergie, les dockers, les routiers, la métallurgie qui sera mobilisée le 13 octobre justement contre les premières conséquences de la loi El Khomri dans leur branche. Mais il y a aussi les retraités qui recevront le soutien de nos bases, le 28 septembre, ou encore les fonctionnaires le 10 octobre… » En début de semaine, c’est d’ailleurs la CFE-CGC qui a pris l’initiative. Après les prises de position de son président, François Hommeril, qui ne ménage pas son opposition à la

réforme du Code du travail, jugée « complètement ratée », le comité directeur de la CFE-CGC a adopté lundi une motion qui interpelle les autres syndicats en vue de créer un « mouvement unitaire » contre une « loi (qui) marque un recul sans précédent » des droits sociaux. Une initiative que la CGT accueille très favorablement. « Ça va dans le sens de ce que nous demandons », se félicite le secrétaire confédéral, Fabrice Angéi. La CFE-CGC Orange en Gironde, s’inquiète des conséquences des ordonnances dans un contexte déjà difficile : « un plan social permanent », « une décroissance globale des CDI qui se poursuit, à laquelle s’ajoutent plusieurs centaines de départs en retraite. En l’absence de recrutement, c’est 25% des effectifs qui disparaît d’ici 2020 » ; la sous-traitance ; la disparition des boutiques ; la situation financière et l’évolution des résultats, la politique actionnariale… Le début de la semaine a aussi été marqué par les blocages des routiers emmenés par la CGT, FO ou encore le Collectif de lutte 33 sur Bruges, Bassens… Les routiers mobilisés craignent la fin des garanties collectives dans un secteur d’activité qui subit déjà le dumping social comme c’est le cas dans la Construction. « Si l’on permet à l’employeur d’appliquer

des règles propres à l’entreprise, même avec un syndicat bien implanté, les autres entreprises s’aligneront du fait de la concurrence et tireront vers le bas toutes les conditions de travail, comme cela se passe déjà avec les travailleurs détachés, explique Philippe Gaborieau, secrétaire fédéral CGT Construction, Bois et ameublement. Déjà avec l’application de la loi El Khomri, on constate la remise en cause des indemnités de déplacements ou paniers repas liées à nos professions. Ce n’est pas du fantasme, c’est bien ce qui va être fait, ça a déjà commencé ». À la Poste, on voit bien l’utilisation qui pourra être faite du CDI de mission. « Un facteur en CDI de mission dont la tournée serait supprimée, se verra tout simplement remercié alors qu’aujourd’hui on essaie de lui proposer un autre poste », explique Virginie Rosa, chargée pour la CGT de la politique revendicative au niveau des bureaux de postes. Rodolphe Jamet, secrétaire du syndicat CGT de Saft Bordeaux est satisfait de la bonne participation à la grève, pour lui, la remise en cause du CE, du CHSCT et les barèmes aux prud’hommes sont de vrais coups durs pour les salariés. À la SNCF ou dans l’Énergie, à l’heure de l’ouverture à la concurrence, la lutte contre la dégradation des conditions de travail rejoint celle contre la loi travail XXL, un combat qui se double de la défense du service public et se retrouvera donc, aussi, le 10 octobre dans le cortège des fonctionnaires. À lire les témoignages de Séverine Rizzi, responsable CGT des cheminots de Bordeaux et MarieHélène Faure, secrétaire générale adjointe du syndicat CGT Énergie 33 sur notre site : www.nbso.fr. Christelle Danglot

MOBILISATIONS

Contre le coup d’État social, « la bataille ne fait que commencer » La manifestation de samedi a réuni 150 000 personnes, selon la France insoumise. Jean-Luc Mélenchon y a appelé la jeunesse à se mobiliser et les organisations syndicales à envisager une prochaine marche à « un million sur les Champs-Élysées ». Pari réussi pour la France insoumise et sa marche contre « le coup d’État social ». « Nous sommes plus de 150 000 », annonce Charlotte Girard, coordinatrice du projet de FI, sur la place de la République à Paris, samedi 23 septembre, quelques minutes avant que Jean-Luc Mélenchon n’y prenne la parole. « C’est un bras de fer social, mais il s’agit de davantage encore. Ce qui est en cause, c’est l’incroyable subversion de l’ordre social républicain », affirme le député des Bouches-du-Rhône, avant de décliner les conséquences des ordonnances Macron qui permettent aux entreprises de déroger à la loi et encourageront le « dumping social ». Sans compter « le saccage de l’éducation

nationale », du « logement social » ou encore la réduction de « la décision publique à une petite caste », également dénoncés. Dans le cortège aux côtés des responsables FI, d’autres personnalités de gauche sont présentes, comme Benoît Hamon, qui avait annoncé depuis plusieurs jours la venue de son mouvement M1717. « Je suis là résolument et sans états d’âme », déclare-t-il qui rappelle son opposition à la loi travail. Comme prévu également, une délégation du PCF, emmenée par Pierre Laurent, s’est jointe à la manifestation. « Je suis présent pour dire notre détermination unitaire et notre volonté de rendre ample et durable le mouvement d’opposition sociale et politique qui grandit face à Macron », lance le secrétaire national du Parti communiste, avant de se rendre à la marche pour la paix. Le NPA est également présent. « Nous, nous voulons un front syndical et politique. Après cette manifestationlà, nous avons besoin d’un plan de mobilisation, avec des grèves capables

de bloquer l’économie », explique l’un de ses responsables, Gaston Lefranc. Au long du défilé, dossards et drapeaux syndicaux CGT, FO ou Solidaires se sont également invités. Depuis la scène où il fait son discours, Jean-Luc Mélenchon, qui prend soin de saluer l’action des syndicats mobilisés, formule une proposition pour la suite du mouvement. Le chef de file de FI souhaite, « avec les organisations syndicales, et nous sommes prêts à nous ranger derrière elles, dit-il, une action forte et dense » envisageant la possibilité de « déferler à un million sur les Champs-Élysées » au moment de l’examen de la loi de ratification des ordonnances. Le député insoumis maintient toutefois une conception du rassemblement qui ne plaira sans doute pas à tous : « Nous sommes, vous le voyez, et de loin, le label commun qui permet à tout le peuple dans sa diversité de génération, d’appartenance politique, de se rassembler dans cet état d’esprit rebelle insoumis. »

Sous la grêle… Pensons à tout !!! Ce besoin d’échanger, de s’organiser, fait partie de l’histoire du Parti communiste français, comme en témoigne la Fête de l’huma, les fêtes où les communistes conjuguent débats politiques, initiatives financières, en toute fraternité et responsabilité. Même affaibli par les stratégies menées depuis Martigues, ce potentiel est à enrichir, à ne pas négliger, à ne pas diluer car il nous semble que c’est la seule force en capacité de rassembler d’abord la classe ouvrière, les travailleurs en général, les exploités et les opprimés à condition ne pas lui imposer une orientation pré-décidée au sommet ou derrière un « homme providentiel ». Le souhait d’avoir des élus est légitime, face à Macron, fidèle exécutant des directives européennes et de la purge sociale exigée par l’Union Européenne passant à une nouvelle étape dans l’exploitation et la mise en concurrence des salariés les uns contre les autres, menant une bataille idéologique d’ampleur inégalée pour finaliser les orientations des gouvernements précédents. De la commune au logement social, aux grandes entreprises, l’offensive du capitalisme est globale, violente, destructrice. N’en doutons pas, nos députés et sénateurs chercheront toutes les convergences pour rejeter totalement : les atteintes au droit du travail, pour l’ensemble des salariés, aux statuts ; l’augmentation de la CSG pour les retraité(e)s ; la destruction et la spoliation des biens et services publics. De fait, par la destruction affichée de la cotisation sociale, le Patronat et le Gouvernement envisagent de porter un coup mortel à notre Sécurité Sociale, pierre angulaire de notre identité sociale. Les ripostes s’organisent et prennent de l’ampleur. Les jours et les semaines qui viennent sont très importants pour apporter soutien et solidarité aux grèves notamment des transports routiers, qui ne seront pas spontanément populaires. Cette bataille de classe concerne tout le peuple. Le rôle des communistes sera déterminant pour amplifier les luttes, aider au rassemblement en offrant une perspective politique car le mode de production et d’accumulation capitaliste est condamné. Ne nous cachons pas que la tâche des communistes est compliquée en cette période d’affaiblissement du rapport des forces y compris dans notre Parti pour mener le débat sur le fond et les fondamentaux et pas seulement sur la forme (transformation, changement de nom, etc.). Les communistes doivent rester les vrais maîtres de leur parti, des choix stratégiques et de leur destin militant pour prendre toutes les initiatives que les luttes imposeront, pour être complètement indépendants des intérêts, de l’idéologie, des pressions et des menaces du capital.

Danielle Trannoy membre de l’exécutif du PCF33 et du Conseil National

Les Nouvelles 28 septembre 2017 • 3


RETRAITÉ-E-S PA POUVOIR D’ACHAT

Les retraités en ont marre de passer pour des nantis Le gouvernement veut nous faire croire qu’avec 1 200 € bruts par mois, en proposant dès ce seuil une hausse de la CSG de 1,7 %, les retraités seraient privilégiés. Mais le baromètre SPF-Ipsos en témoigne : « la détérioration de leurs conditions de vie est manifeste » et la solidarité intergénérationnelle risque d’en pâtir. Le 28 septembre, à l’appel de 9 organisations syndicales, c’est dans la rue que les retraités ont décidé d’exprimer leur indignation.

PCF

Des mesures qui changeraient la vie des retraités « Garantir un système de retraite à la fois globalement et pour chacun suppose que le travail soit partagé et que l’emploi reste une priorité, affirme le PCF qui défend l’idée de garantir la retraite à 60 ans à taux plein. Toutes les autres solutions, de baisse des pensions, d’allongement de la durée de cotisation, de cotisations définies, d’ épargne capitalisée, aboutissent toutes à des reculs de solidarité, de justice sociale, d’efficacité économique ». Les communistes sont favorables à la mise en œuvre d’une réforme des retraites basée sur la sécurisation de l’emploi et de la formation, du parcours de vie de la naissance à la mort, et pour l’égalité salariale entre les femmes et les hommes permettant à chacun de pouvoir quitter le travail avec une pension à taux plein correspondant à une période allant de 18 à 60 ans, avec prise en charge des périodes de non-travail (précarité, chômage, formation, études, maladie, invalidité). Pour une retraite par répartition à prestations définies, avec une indexation des pensions sur les salaires, non sur les prix. Aucune pension ne doit être inférieure au Smic (1 800 euros brut). Avec sa loi « Sécurité emploi formation » (SEF), le PCF veut s’attaquer aux causes profondes du chômage et de la précarité. Cela exige d’en finir avec les politiques d’austérité menées au nom de la « baisse du coût du travail ». Au contraire, c’est le coût du capital qui écrase les entreprises, particulièrement les PME, qui fait obstacles aux investissements créateurs d’emplois et d’efficacité économique, qui pousse à un degré intolérable l’exploitation des travailleurs et le gaspillage des ressources naturelles ! Les formidables gains de productivité

apportés par la révolution numérique et informationnelle du fait des économies de travail qu’elles permettent, rendent économiquement possible la mise en œuvre de tout autres principes. Au lieu de jeter au chômage, les travailleurs dont les emplois disparaissent, chacun alternerait les périodes de travail salarié et les périodes de formation rémunérées, à la faveur d’une réduction générale de la durée du temps de travail. Ce projet s’appuie sur la conquête des moyens financiers de sa réalisation, contre la domination des marchés financiers et sur la conquête par étapes de pouvoirs sur les décisions d’investissement et de production. Ces propositions incluent un axe essentiel : la possibilité, pour les salariés et leurs représentants, les citoyens et leurs élus, de faire financer par les banques les projets indispensables au développement de l’emploi, de la formation, des services publics, de la préservation de l’environnement. De nouvelles institutions y contribueraient, depuis des fonds régionaux pour l’emploi et la formation jusqu’à une nouvelle sélectivité de la politique monétaire de la BCE, en passant par la constitution d’un pôle financier public et par des conférences financières régionales et nationale sur l’emploi, la formation et les besoins de productions. Quand à la protection sociale, le PCF propose d’en réformer le financement, notamment par la modulation du niveau des cotisations sociales patronales, en fonction du développement de l’emploi, de la qualification et des salaires et l’extension des prélèvements sociaux à tous les revenus financiers au même niveau que les cotisations sur les salaires.

4 • Les Nouvelles 28 septembre 2017

La consultation des retraités à la manifestation intersyndicale de mars 2017.

Les Nouvelles. 9 organisations* appellent les retraités à manifester ce jeudi 28 septembre, quelle est la principale revendication ? Ghislaine Richard. La principale revendication concerne le pouvoir d’achat des retraités qui ne cesse de baisser depuis plus de dix ans. Cette bataille pour le pouvoir d’achat, nous la menons en intersyndicale depuis 2014 et les actions menées à l’initiative des organisations de retraités ont d’ailleurs permis de « limiter la casse » : les personnes non imposées en 2015 n’ont pas payé d’impôt en 2016 et 2017, les seuils de déclenchement de la CSG ont été relevés, l’APA a été légèrement augmentée… Aujourd’hui le président et le gouvernement annonce une augmentation de 1,7 point de la CSG pour les retraités percevant plus de 1200 € bruts par mois. Ils communiquent sur l’idée que seuls les plus aisés seraient touchés. Mais, tout d’abord, on aimerait bien avoir des précisions. Par exemple, comment ça se passe pour un couple où monsieur perçoit 1 800 € de retraite et madame 640 ? Est-ce qu’une moyenne sera faite ? Aujourd’hui on ne reçoit plus de documents, la retraite, c’est juste une somme virée sur le compte en banque : on peut donc avoir moins de 1 200 € sur son compte et en réalité percevoir une retraite brute supérieure à 1 200 €. Il y a de l’enfumage autour de cette annonce. Parce que, surtout, qui est « aisé » avec 1 200 € par mois ? Les retraités en ont marre d’entendre qu’on les taxe de nantis, d’autant que leur pouvoir d’achat ne cesse de baisser, que le coût de la vie ne cesse d’augmenter. La dernière augmentation des retraites date de 2015, elle était de 0,1 %, l’équivalent d’une baguette de pain par mois, avionsnous dit à l’époque. Les gens qui arrivent à la retraite maintenant, après toutes les réformes, ont des retraites moindres que ceux partis il y a 15 ans (à carrière égale). Chaque personne qui arrive à la retraite aujourd’hui a cotisé à plein et ce parfois toute leur carrière – ce qui n’est pas le cas des gens qui partaient à la retraite il y a 30 ans –

ils trouvent ça d’autant plus injuste.

NBSO. La question de l’augmentation de la CSG ne pose pas qu’un problème de pouvoir d’achat, c’est une fiscalisation qui met en danger la Sécurité sociale… G.B. En effet, et ce n’est vraiment pas bon pour les retraités. La Sécu, c’est notre socle. Les mutuelles sont très chères. Le budget santé est important pour les retraités, les dépassements d’honoraires pèsent, les yeux, les dents, les soins et le matériel médical devraient être remboursés à 100 %. Comme le prix des mutuelles évolue avec l’âge, si tu as 95 ans, tu paies 200 € par mois, c’est insupportable. D’ailleurs, pour les plus âgé-e-s, nous considérons que les plans d’aide à l’autonomie sont insuffisants, tant à domicile qu’en établissements. On a vu les salariés en grève dans les manifestations contre la réforme du Code du travail qui se plaignent de n’être pas assez pour assurer leurs missions et se sentent abandonnés à leur sort. À la CGT, nous pensons qu’il faudrait aujourd’hui une augmentation générale des retraites de 300 €, juste à titre de récupération sur ces dernières années. Car l’annonce d’une revalorisation des pensions du régime général et alignés de 0,8 % au 1er octobre ne fait que compenser l’inflation des seuls 12 derniers mois.

NBSO. Selon vous, pourquoi ce gouvernement à peine arrivé s’en prend aux retraités qui, pourtant, vivent de plus en plus mal et/ou sont un soutien essentiel à leurs enfants, leurs parents, à la vie associative… G.B. Les technocrates calculent simplement. Il y a 16 millions de retraités, prendre juste 1 € à chaque retraité, ça fait 16 millions dans les caisses de l’État. Pour le pouvoir c’est un public intéressant car nombreux mais qu’on peut diviser. Il y a des pauvres, auxquels le gouvernement promet une augmentation de 100 € du minimum vieillesse actuellement de 600 € environ et des retraités aux

revenus très confortables, même par rapport aux salaires d’aujourd’hui. Et c’est un public qui n’est pas facile à mobiliser, à fédérer. Mais sur terrain-là, nous avançons. Au printemps dernier plus de 12 000 retraité-e-s se sont exprimée-s dans une enquête lancée par les 9 organisations. 84 % des retraitée-s considéraient que les politiques menées avaient négligé ou ignoré leur situation. On a récupéré 2 400 formulaires en Gironde qui seront, comme dans toute la France, portés en préfecture jeudi. Durant l’été, on a reçu 16 adhésions à la CGT par courrier, on n’avait jamais connu ça. Une personne a aussi adhéré pendant la manifestation du 12 septembre. Ce sont des personnes qui ont déjà été syndiquées et d’autres pas mais qui sont toutes en colère, déjà du gel des pensions et d’autant plus qu’on va, en plus, leur ponctionner. Au-delà des syndicats, des associations de loisirs aussi, par exemple, rejoignent la mobilisation car qui dit baisse de pouvoir d’achat dit baisse des activités de loisirs. Ce jeudi, des retraité-e-s de la police seront aussi dans la manif. propos recueillis par Christelle Danglot

* CGT Retraités, UCR FO, Retraités CFTC, CFE-CGC Unir, FSU, Solidaires Retraités Retraitées

Une information de l’intersyndicale des retraités Le gouvernement annonce une baisse des pensions de 8 millions de retraité-e-s en augmentant de 1,7 point leur CSG, sans aucune compensation. La CSG passera de 6,6 % à 8,3 % soit une augmentation de 25 %. Ce qui représente une perte de : - 204 € par an pour une pension de 1200 € par mois, - 306 € par an pour une pension de 1 500 € par mois, - 408 € par an pour une pension de 2 000 € par mois. Selon le gouvernement, il s’agit d’un « effort pour les jeunes générations ». Les retraité-e-s n’ont pas attendu pour faire preuve de solidarité et une nouvelle baisse de leur pouvoir d’achat réduira l’aide qu’ils apportent déjà aux jeunes générations.


AS PRIVILEGIÉ-ES SONDAGE IPSOS / SPF 2017

SOCIAL

Seniors, la pauvreté comme horizon

Mais où en est le « modèle » allemand ?

OUI

Payer certains actes médicaux mal remboursés par la sécurité sociale Accéder à des biens ou des activités culturelles et de loisirs Payer vos dépense d’énergie (électricité, chauffage,…) Partir en vacances au moins une fois par an Payer vos impôts

Face au nombre croissant de personnes âgées se présentant dans ses permanences, le SPF s’inquiète de la pauvreté qui affecte de plus en plus cette partie de la population. En 2017, près de la moitié des seniors redoutent de connaître la pauvreté. Depuis 2010, l’association a constaté une augmentation de près de 50 % des demandes d’aides, venant particulièrement des femmes de plus de 60 ans. S’il est incontestable que la France a l’un des systèmes de retraites les plus performants, la détérioration des conditions de vie des seniors est manifeste dans les permanences d’accueil de l’association et paraît s’aggraver considérablement. Beaucoup de nos aînés ayant travaillé toute leur vie sont désormais contraints de rechercher un soutien matériel à cause de leurs revenus trop faibles, en dessous du seuil de pauvreté, avec des retraites, des pensions de réversion ou allocations vieillesse (Aspa) autour de 800 €. Fait marquant aussi, les personnes en fin de carrière n’ayant pas encore atteint l’âge ou les droits à la retraite connaissent également la précarité de l’emploi ou encore sont dans l’obligation de travailler pour survivre. Le phénomène inquiète : aujourd’hui, près d’un senior sur deux (49 %) s’est déjà dit qu’il était sur le point de connaître la précarité. C’est un peu moins que pour l’ensemble des Français, mais cette inquiétude a augmenté de manière significative chez les plus âgés par rapport au pre-

mier baromètre Ipsos-SPF en 2007 (+4 points). Parmi les seniors dont les revenus sont les plus modestes (inférieurs à 1 200 €), 58 % ont connu la pauvreté. Les personnes âgées qui touchent de petites pensions de retraite ont du mal à faire face à l’augmentation des produits de première nécessité ou de l’énergie, aux charges liées au logement, aux dépenses de santé mal ou pas remboursées. Un équilibre impossible

Dans un tel contexte, comment s’étonner que près d’un senior sur deux déclare ne pas parvenir à équilibrer son budget ? Ces difficultés financières influent en particulier sur leur accès à la santé. Ils sont 39 % à avoir le plus grand mal à payer certains actes mal remboursés par la Sécurité sociale et 31 % à financer une mutuelle, soit une augmentation notable de 6 points par rapport à l’année dernière. Si les personnes de 60 ans et plus vivent pour beaucoup un quotidien difficile, si, parfois, il leur faut une force hors du commun pour conserver leur dignité malgré les épreuves, ils sont incontestablement pour leur entourage un soutien, notamment financier. Malgré tout, un soutien pour leur entourage

C’est le cas des plus aisés (68 %), mais aussi des plus vulnérables : 61 % de ceux dont le revenu mensuel net du foyer est compris entre 1 200 et

2 000 € aident leurs proches. Ils sont 67 % à donner de l’argent aux associations, dont 33 % régulièrement. Là encore, les plus démunis sont nombreux à vouloir faire un geste financier pour la solidarité (55 % quand le revenu net du foyer est compris entre 1 200 et 2 000 €, 38 % en dessous de 1 200 €). Beaucoup consacrent aussi leur temps aux autres, que ce soit pour leurs petits-enfants ou pour une association. Plus d’un quart (27 %) s’occupent d’une personne dépendante, dont 16 % régulièrement. Impliqués socialement, contribuant à soutenir leur famille, les seniors sont inquiets de devenir une charge pour elle : 56 % redoutent de ne pas pouvoir faire face à leur propre dépendance ; les plus pauvres sont 74 % à nourrir cette angoisse. Le détail du baromètre Ipsos-SPF met en évidence des chiffres qui doivent interpeller les pouvoirs publics : la pauvreté prend racine et celle des personnes âgées paraît s’installer alors que depuis la création de la Sécurité sociale en 1945 tout avait été entrepris pour l’éradiquer. Le SPF, face à ce constat, rappelle l’importance de tendre la main à celui qui est dans le besoin, le rôle fondamental de la solidarité dans nos sociétés : contribuer à faire relever la tête à ceux qui souffrent, agir collectivement pour faire reculer la misère et la désespérance sociale. par Fabienne Chiche sur www.secourspopulaire.fr, le 14 septembre.

En Europe, l’Allemagne est présentée comme l’exemple à suivre et E. Macron lorgne fortement de ce côté. Les statistiques officielles montrent une inversion de la courbe du chômage depuis plusieurs années et des excédents budgétaires record. Mais cela s’est fait au profit d’une forte montée de la précarité, du travail à temps partiel et de la pauvreté. Il n’est pas rare d’être obligé d’avoir plusieurs emplois pour espérer être payé 1 000 euros par mois et les retraités s’enfoncent dans la pauvreté. En Allemagne, la retraite moyenne s’élève à 1 100 euros par mois. Pour ceux qui se situent en dessous de ce seuil déjà bas, la pauvreté s’est installée. Ainsi, 26 % des retraités disent être obligés de travailler pour finir leurs fins de mois ; ils sont 6 % âgés de plus de 65, une proportion qui monte à 11 % chez ceux âgés de 65 à 74 ans et 14 % chez ceux âgés de 65 à 69 ans. Un chiffre qui a doublé en dix ans, selon les dernières données de l’Institut fédéral de la statistique (Destatis). Depuis la réforme engagée par le gouvernement SPD dans les années 2000 pour faire face au déclin démographique du pays, les règles de calcul des retraites ont changé. Au bout de quarante-cinq ans de cotisations, les seniors perçoivent moins de 50 % de leur ancien salaire. « Si rien ne change ce sont entre 8 et 12 millions de retraités qui seront touchés par cette précarité dans vingt ans », estime Jürgen Dahl, de l’association caritative Reiches Deutschland - Arme Rentner. Selon l’Institut, ce sont donc près d’un million (964 000) de retraités allemands âgés de plus 65 ans qui occupent une activité professionnelle. La très grande majorité de ces retraités en activité (72 %) occupe une activité partielle. Pour 61 % d’entre eux, la retraite restant la principale source de revenus, cette activité partielle constitue donc un revenu complémentaire. Mais pour 35 % des retraités en activité, le travail constitue désormais leur principale source de revenus. Aussi, pour beaucoup d’observateurs, il est clair que pour ces deux catégories la motivation budgétaire est loin d’être anecdotique. Pour les seconds, la situation est même critique, puisque la survie économique du retraité dépend directement de sa capacité à travailler.

En France aussi le travail des retraités est une réalité. Selon les statistiques de la Caisse Nationale d’Assurance Vieillesse, 368 504 retraités cumulaient une activité salariée et une pension de retraite en 2016 (hors indépendants). Si le volume est moins important, 2,8 % des retraités, il faut souligner la progression de 50 % entre 2009 et 2016. La retraite mensuelle moyenne en Allemagne avoisine les 1 100 euros brut, elle est donc inférieure à la moyenne française : 1 376 euros brut. De plus, elle marque de fortes disparités entre les individus (la retraite dépend de la carrière). Pour des raisons historiques et sociologiques, elle marque aussi d’importantes disparités entre les hommes et les femmes d’une part et entre l’Est et l’Ouest d’autre part, depuis la réunification. D’ici 2036, un cinquième des plus de 67 ans seront menacés par la pauvreté. Ce sont les résultats alarmants d’une étude menée par plusieurs instituts économiques allemands. Parmi les raisons invoquées, la réforme radicale du système de retraites lancée sous Gherard Schröder. Cette réforme a eu pour conséquence de freiner le niveau des retraites perçues aujourd’hui. Le problème pour les retraités d’aujourd’hui et futurs est lié maintenant à la précarisation de l’emploi : de plus en plus de périodes de chômage, de mini-jobs, de petits salaires… Et tout cela conduit naturellement à des retraites à venir plus faibles. Certes, pour compenser la baisse des retraites publiques, les retraités peuvent avoir recours à un système privé favorisé par la réforme Riester en 2001. Mais selon un document du Conseil d’orientation des retraites, seulement 40 % de la population active aurait souscrit à un tel système sachant qu’il est facultatif. Une grande partie des personnes qui vont arriver à la retraite devrait donc être plus facilement exposée au phénomène de pauvreté dans les années à venir. Les résultats des élections au Bundestag du week-end dernier sonnent donc comme un avertissement, notamment avec l’entrée de l’extrême droite et ses 94 sièges. Est-ce cela que nous voulons ? Jean-Jacques Bordes

EN GIRONDE

Rompre l’isolement pour apporter une aide concrète « En Gironde, 15,5 % des retraités vivent sous le seuil de pauvreté, 3,6 % d’entre eux perçoivent le minimum vieillesse, explique Denis Laulan, secrétaire départemental du SPF. Mais les séniors n’osent souvent pas pousser la porte de l’association pour répondre à leurs besoins sur le plan alimentaire ou social. C’est donc sur le terrain des vacances et des loisirs que nous allons à leur rencontre ». Ainsi le Secours populaire a emmené 20 séniors en vacances en Bretagne cet été, il en a rassemblé 120 pour un repas/croisière au moment des fêtes de Noël, l’année dernière ou encore, par exemple, des Thés dansants sont organisés dans le cadre de la quinzaine des séniors par le comité local de Floirac… « Le fil conducteur de ces différentes actions est toujours d’apporter une aide concrète et matérielle (alimentaire, vestimentaire, au maintien dans le logement, à l’accès aux soins) mais aussi de rompre l’isolement de ces publics particulièrement fragilisés par leur situation d’exclusion sociale », rappelle l’association de solidarité. Les Nouvelles 28 septembre 2017 • 5


INTERNATIONAL POUSSÉE NATIONALISTE EN ALLEMAGNE

ESPAGNE

La victoire en déchantant d’Angela Merkel

Face-à-face mortifère entre Mariano Rajoy et la Catalogne

Les partis de la grande coalition, la CDU de la chancelière comme le SPD, essuient de lourdes pertes. Les nationalistes font leur entrée dans le nouveau Bundestag. Les tractations pour former un nouveau gouvernement s’annoncent longues et difficiles. Le succès annoncé est au rendez-vous pour Angela Merkel mais semé de terribles embûches. La chancelière sort certes de l’élection du Bundestag en pole position pour un quatrième mandat. Mais on est loin du triomphe généralement anticipé par les médias des deux côtés du Rhin. Si son Parti chrétien-démocrate (CDU) arrive en tête avec moins de 34 % des suffrages, selon les estimations rendues publiques juste après la fermeture des bureaux de vote, il recule de plus de 8 points sur le scrutin de 2013. Terrible coup de tonnerre dans le paysage politique : l’extrême droite totalise entre 13 et 14 % des suffrages, progresse d’environ 10 points et peut plastronner en grand vainqueur du scrutin. Ce basculement à droite de l’échiquier politique est conforté par la résurrection des libéraux (FDP) qui avaient disparu du Bundestag en 2013 en ne franchissant pas la barre des 5 % et rassemblent cette fois autour de 10 % des votes. L’autre parti de la grande coalition, le Parti social-démocrate (SPD), est sanctionné également. Avec moins de 21 % des voix, il atteint un plusbas historique depuis la guerre. Les Verts se maintiennent autour de 9 %. Comme Die Linke, qui serait en légère progression sur 2013. Les nationalistes de l’AfD réussissent à tirer profit d’un immense malaise multiforme. Quand la confrontation démocratique est nivelée par une grande coalition qui gomme le clivage droite/gauche jusqu’à l’insignifiance, au seul profit d’une chancelière plus que jamais « gestionnaire ». Quand le Dieselgate laisse transpirer la collusion étroite entre dirigeants des deux grands partis et patronat de l’industrie automobile. Ou encore quand les souffrances sociales continuent de s’étendre, jurant toujours davantage avec les fabuleux profits des grands

groupes à l’export. Selon une étude réalisée par l’institut allemand de recherche économique (DIW) de Berlin, plus de 40 % des salariés sont « sortis » des standards de rémunération et de protection conventionnels. Ce qui a conduit à une stagnation, voire une baisse de leur pouvoir d’achat durant la dernière décennie. Pour séduire les électeurs désarçonnés, les joueurs de flûte de l’ultradroite se sont affichés en force providentielle, de celle qui pourfend « l’establishment » et la « presse qui ment ». Ils leur ont présenté les migrants comme des boucs émissaires, comme les acteurs d’une invasion menaçant leur identité et leurs… biens. Entendez : des étrangers qui veulent les « exproprier de leurs droits sociaux », selon la rhétorique fielleuse d’une Alice Weidel, cotête de liste de l’AfD. Le SPD de Martin Schulz avait certes bien saisi le caractère ultrasensible de cette « question sociale. » L’ex-président du Parlement européen a mené campagne en proclamant venu le « temps de la justice ». En vain. Tant le passif des réformes Schröder, à l’origine de la précarisation massive d’une partie de la population, continue de peser sur la crédibilité du parti. (…) SPD, Verts et Die Linke, majoritaires dans l’ancien Bundestag, réalisent désormais ensemble moins de 38 % des suffrages. Dans ce sombre contexte où près d’une centaine de députés nationalistes s’apprêtent à faire leur entrée dans le Parlement, le rôle de Die Linke s’annonce plus difficile, mais sans doute aussi plus crucial que jamais. La formation fut en effet la seule à dénoncer l’attitude des autres partis, qui se sont alignés en fin de campagne sur les thèmes de l’extrême droite en espérant stopper sa progression. Le résultat est calamiteux. La configuration inédite avec, pour la première fois depuis 1953, la présence de 6 partis dans l’Assemblée, pourrait singulièrement compliquer la tâche de la chancelière pour trouver le ou les partenaires indispensables à la formation d’une coalition gouvernementale. (…) Bruno Odent, envoyé spécial pour l’Humanité

s’explique par le lourd tribut qu’elles ont payé du fait même de la crise. En face, le gouvernement donne une image déplorable. L’« assujettissement » à Madrid et les leçons ne passent plus, du fait même du scandale de corruption lié à l’affaire Gürtel, dans lequel sont englués Mariano Rajoy et son parti. Il est temps d’achever la transition. avec Lina Sankari, l’Humanité du 22/09/2017 Après le coup de force du président du gouvernement espagnol, Mariano Rajoy, les forces de gauche, qui font le constat d’un modèle en crise, appellent à un dialogue sur la construction d’un État fédéral plurinational. Mariano Rajoy aurait-il pu pousser la provocation un peu plus loin ? Dans une brève allocution télévisée, le président du gouvernement espagnol a demandé mercredi soir aux séparatistes catalans de renoncer « une fois pour toutes à cette escalade de radicalité et de désobéissance », quelques heures seulement après l’arrestation d’une quinzaine de responsables régionaux, dont Josep Maria Jové, le bras droit d’Oriol Junqueras, chef du parti ERC (Gauche républicaine de Catalogne) et des responsables des consellerias (ministères régionaux) des Affaires étrangères, des Affaires sociales, de l’Économie et des Finances, ou encore des Télécommunications, en lien avec l’organisation du référendum d’autodétermination, prévu le 1er octobre mais rendu illégal par la justice. (…) Dispensant des leçons de démocratie et de légalité, Mariano Rajoy sera sans doute tenu pour responsable de la fuite en avant dont l’Espagne est le théâtre.

Les Kurdes d’Irak ont voté massivement hier en faveur de leur indépendance, mais ce rêve qu’ils chérissent depuis un siècle provoque d’importantes tensions. Le parlement à Bagdad, en présence des députés arabes et en l’absence de leurs camarades kurdes, a appelé le même jour au déploiement de l’armée dans les zones que se disputent le pouvoir central et la région autonome du Kurdistan. Cette province autonome du Nord, extrêmement riche notamment en pétrole, essaye surtout d’obtenir des concessions du pouvoir irakien sur

L’appel de Pékin intervient à l’heure d’une escalade verbale entre Donald Trump et le leader nord-coréen Kim Jong-Un. En marge de l’Assemblée générale des Nations unies à New York, le chef de la diplomatie nordcoréenne Ri Yong-ho a déclaré aux journalistes que Pyongyang pourrait envisager de faire exploser une bombe à hydrogène en dehors de son territoire. Kim Jong-Un a qualifié Donald Trump d’homme « mentalement dérangé » qui paiera « cher » pour ses menaces contre la Corée du Nord

6 • Les Nouvelles 28 septembre 2017

Dans un communiqué, du 20 septembre, le Parti communiste français a appelé le gouvernement Rajoy à la raison :

« Les informations qui remontent depuis plusieurs semaines sur les agissements de l’État espagnol en Catalogne sont très alarmantes. Après les menaces contre les élus, les journalistes, les imprimeurs, les saisies de matériel et la présence pesante de la Guardia civil dans la vie quotidienne des catalans, les arrestations et perquisitions de ce matin à la Generalitat sont une étape franchie dans la violence. Quelle que soit notre opinion sur l’indépendance ou sur la consultation organisée le 1er octobre, rien ne justifie un tel usage de la force. Cela ne règle en rien la question de l’autodétermination des Catalans ni du modèle institutionnel à développer en Espagne. Cela pourrait même conduire à des ruptures dangereuses pour la paix et la sécurité des populations ». Le PCF qui soutient, avec ses alliés espagnols, l’idée d’une République fédérale dans un État plurinational a appellé le gouvernement Rajoy à la raison.

Pékin demande l’arrêt des provocations

Pourquoi le référendum au Kurdistan fait peur ? divers contentieux financiers… Ainsi, le président kurde Massoud Barzani a affirmé que ce vote ne mènerait pas à une déclaration d’indépendance immédiate, mais plutôt au début de « discussions sérieuses avec Bagdad » afin de « régler tous les problèmes ». Cela agace aussi des responsables kurdes, qui y voient un coup politique de Massoud Barzani. La pression est également forte chez les voisins comme l’Iran et la Turquie, hostiles à ce projet qui pourrait faire tache d’huile dans leur propre minorité kurde. Ankara a débuté des exercices militaires à proximité du Kurdistan irakien.

PCF : « rien ne justifie un tel usage de la force »

CORÉE DU NORD

La Chine a demandé, vendredi 22 septembre, l’arrêt des provocations entre Américains et Nord-Coréens après que la Corée du Nord a menacé de faire exploser une bombe à hydrogène dans le Pacifique. Le Kremlin déclare être inquiet des échanges de « menaces » entre Trump et Kim Jong-Un.

IRAK

Si le Parti socialiste et Ciudadanos ont apporté leur soutien aux conservateurs, IU et Podemos ont exhorté les deux parties au dialogue afin d’avancer vers un État fédéral plurinational et républicain. Car c’est bien le modèle territorial, hérité de la transition de 1978, qui est en crise. « Les 80 % de Catalans qui demandent un référendum effectif pensent que le cadre actuel de relation avec l’État espagnol est dépassé », soulignait la maire de Barcelone, Ada Colau, dans un récent entretien au Monde. « Il faut reprendre le dialogue. Nous ne nous résignons pas à cette idée du choc frontal. Nous devons tous faire un effort pour revenir sur le terrain de la politique et du dialogue », explique-telle. Car le face-à-face entre Mariano Rajoy et Carles Puigdemont, luimême héraut des coupes budgétaires et de l’austérité, est mortifère et prend en étau les Catalans. Pour résoudre la crise, la gauche évoque l’idée d’une Constituante à même de trancher sur le projet politique et social à l’heure où la bourgeoisie catalane utilise le nationalisme au nom du refus d’une redistribution de la richesse avec les autres régions espagnoles et afin de maintenir sa position dominante. Un tel débat serait légitime alors même que la poussée du sentiment souverainiste dans les classes populaires

quelques heures après l’annonce par Washington d’un renforcement des sanctions contre Pyongyang. Le président américain Donald Trump a lancé une nouvelle attaque contre le leader nord-coréen Kim Jong-Un, qu’il a qualifié de « fou », affirmant qu’il allait être mis à l’épreuve « comme jamais », dans un tweet matinal, quelques jours après son discours à l’ONU dans lequel il a menacé la Corée de Nord de « destruction totale ». En réaction, un porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères a tenu à souligner que « la situation sur la péninsule coréenne est actuellement sensible et complexe ». « Toutes les parties concernées devraient faire preuve de retenue au lieu de se provoquer », a déclaré le porte-parole, Lu Kang, lors d’un point de presse. « Elles ne pourront véritablement résoudre le problème de la péninsule coréenne et parvenir à la

paix et la stabilité que si elles vont l’une vers l’autre. » La Chine a plusieurs fois appelé à la reprise de pourparlers de paix. Elle plaide également pour un « double moratoire » : l’arrêt des essais balistiques et nucléaires de la Corée du Nord, contre l’interruption des exercices militaires conjoints menés par les États-Unis et la Corée du Sud. Le Kremlin s’est, quant à lui, dit « profondément préoccupé » par l’« escalade des tensions » sur le dossier nord-coréen après les derniers échanges de « menaces » entre Donald Trump et Kim Jong-Un. « Moscou reste persuadé qu’ il n’y pas d’autre solution qu’une résolution politique et diplomatique du problème nordcoréen », a déclaré à la presse le porte-parole du Kremlin Dmitri Peskov. « Tout autre dénouement peut avoir des conséquences très indésirables et même catastrophiques », a-t-il poursuivi.


PCF ESPACE LIVRES À LA FÉDÉRATION

PCF 33

Une feuille de route militante dynamique Réuni le 20 septembre, au retour de la Fête de l’Humanité Paris et à la veille de la deuxième journée de mobilisation contre les ordonnances Macron, le conseil départemental du PCF a débattu des priorités sociales et politiques de cette rentrée. Simultanément au calendrier de la première phase de consultation des communistes jusqu’en novembre pour le congrès 2018, ses membres proposent aux sections une feuille de route militante afin que la réflexion et l’apport des communistes soient nourris des débats, rassemblements et actions avec leurs concitoyens. En introduction, Sébastien Laborde, secrétaire départemental, a balayé l’actualité sociale très riche depuis cet été, où nos parlementaires ont fait assaut de propositions alternatives à la « politique de droite ultralibérale, brutale, et arrogante du nouveau président ». Des propositions que les communistes ont fait connaître jusqu’à la rentrée, sur des points rencontre, fêtes et initiatives. « Viens cet automne le temps de la riposte, de la résistance et de la construction d’un mouvement populaire large auquel nous voulons contribuer », indiquait-il, soulignant que « le succès des manifestations du 12 septembre a permis que déjà des lignes bougent dans le monde du travail ». Saluant les amis-es et militants-tes (dont 160 girondins-nes sur le stand/ restaurant) qui ont contribué au succès de la fête de l’Humanité, ce grand événement politique et culturel qui a rassemblé plus de 550 000 festivaliers, le secrétaire départemental pointait les nombreux débats et échanges qui ont débouché « au-delà de la résistance, sur la nécessité de la reconstruction d’une alternative politique ». Revenant sur l’actualité de la casse des acquis sociaux qui touchent très largement les populations, Sébastien Laborde soulignait que « l’argent pour satisfaire les besoins du capital est pris sur les plus modestes » (APL, CSG, CAE, salaires, SMIC et minima sociaux, dotations aux collectivités…). Et il concluait : « Chaque million arraché aux plus pauvres, aux salariés, ceux qui produisent les richesses, servira la finance avec les 40 milliards du CICE, les plus riches avec la baisse de l’impôt sur la fortune », « alors que rien de significatif n’est fait contre les 80 milliards d’évasion fiscale, rien pour réduire le coût du capital sur nos vies et nos territoires. » Rassembler largement autour des alternatives possibles pour des droits nouveaux

Notant l’élargissement du champ de ceux qui sont touchés par les ordonnances et le danger des « pleins pouvoirs patronaux », il pointe les secteurs particulièrement concernés (transports, santé, commerce et services) et interroge : « Comment les communistes vont-ils contribuer au rassemblement de toutes les forces disponibles ? » L’idée essentielle étant de « proposer des alternatives et débattre,

par exemple, du projet de sécurisation de l’emploi et de la formation tout au long de la vie ». Cela implique d’être « à l’écoute des salariés tels qu’ils sont aujourd’hui, les CAE, les salariés du privé ou du public, les travailleurs Uber, les contrats courts, les temps partiels subis » et notamment de « prendre en compte l’exigence de liberté individuelle face au travail », « une aspiration à faire grandir car elle porte le désir d’émancipation et de conquête de droits nouveaux ». Un processus qui permet de s’attaquer à « la réduction du coût du capital, sur l’emploi, le développement industriel et la recherche ». Il concluait sur l’actualité par la rentrée scolaire « qui se tient dans un contexte d’austérité budgétaire et d’offensive réactionnaire »… et « les réductions de dotations aux collectivités, auxquelles se rajoute la suppression de contrats aidés », comme autant d’éléments d’élargissement du mécontentement et des luttes… Faire vivre toutes les solidarités

Sébastien Laborde informait d’un « appel à la création d’un comité girondin pour la libération de Salah Hamouri » à l’inititiave du PCF 33, lequel s’est réuni et constitué depuis, avec Palestine 33, le MJCF, l’UJFP… et a invité à un premier rassemblement à Bordeaux le 29. Il appelait aussi à participer à la manifestation pour la paix et le désarmement le 23 septembre à Bordeaux. Ce rassemblement international, décidé par 150 organisations pacifistes depuis des mois, prend encore davantage d’importance cette année : « Quand des milliers d’hommes meurent sous les bombes dans leurs pays ou en fuyant en méditerranée, que Trump et Kim Jong menacent l’équilibre en Orient, quand on entend les discours va-t-en-guerre dont celui de Trump à l’ONU, oui, il faut manifester pour la paix. » Et il invitait à « ne pas se faire de noeud » par rapport à la décision de la France insoumise d’organiser seule une grande marche contre la politique de Macron ce jour-là. « Au-delà de polémiques stériles, il n’est pas insultant de dire qu’en ce moment il y a plus besoin de construire de manière large et unitaire que de vouloir faire cavalier seul », ajoutait-il, « ni injurieux de dire qu’une force politique à elle seule ne peut aujourd’hui prétendre être la seule force d’opposition à la politique de Macron ». Et il rappelait qu’une délégation du PCF serait présente le 23 avec les manifestants à la Bastille. Plus globalement il invitait à ce que les communistes s’engagent résolument à « être utiles dans des batailles concrètes qui donnent de la force à la population », un « souci permanent qui doit animer nos collectifs de direction ». Un congrès à partir de la réalité de notre société

« Nous entrons dans la phase préparatoire qui nous conduira jusqu’à l’assemblée nationale des animateurs

qui se tiendra le 18 novembre prochain et qui déterminera l’ordre du jour du congrès 2018, lequel entrera ensuite dans sa phase statutaire. » Le secrétaire départemental insiste : « Cette phase préparatoire doit dès maintenant associer le plus grand nombre de communistes. Le document de consultation des communistes, le “questionnaire”, adopté au CN est un outil pour permettre l’expression des communistes sur les questions existentielles qui nous sont posées. » Plusieurs questions y sont détaillées : le sens et l’actualité du combat communiste, dont le projet, les défis qui nous sont posés ; le bilan et l’avenir de notre démarche, et notamment notre stratégie de rassemblement, nos campagnes ; les transformations du PCF : de qui voulons-nous être le Parti et de quel Parti avons-nous besoin ; enfin, la méthode pour le congrès. « Il s’agit de donner réellement la parole à l’ensemble des adhérents, en toute transparence. Confrontés au défi démocratique, nous pouvons le relever. Cela exige une implication réelle de la direction départementale pour l’organisation d’assemblées de sections, pour aller à la rencontre des communistes absents des AG, et enfin dépouiller sérieusement le questionnaire et les réponses qu’apporteront les adhérents, y compris les questions nouvelles qu’ils poseraient. » E n c omplé m e nt d e l ’out i l questionnaire, « les comptes-rendus d’AG de section, de cellule, de collectif, du CD, doivent aussi nourrir le débat collectif afin de préparer au mieux l’assemblée des animateurs de sections ». Pour cela, « nous avons l’ambition d’atteindre l’objectif de rencontrer et d’interroger 1 000 de nos adhérentstes dans les semaines qui viennent ». Un objectif à décliner par section et collectif de communistes. Dans l’agenda : • AG de sections d’ici au 10 octobre : organisation de la consultation • Conseil départemental 11 octobre : point d’étape des AG et du débat • Conseil national 14 octobre • Rencontre des communistes plus éloignés de l’activité jusqu’à début novembre • Conseil départemental avant l’Assemblée des animateurs • A ssemblée des animateurs 18 novembre • 18, 18 et 20 octobre : initiative Fruits et Légumes avec des agriculteurs du Modef, dont son président Raymond Girardi. Quatre sections sont déjà intéressées. • Courant novembre, vont être datés un repas fédéral et des débats organisés par la Fédédation. Sébastien Laborde concluait en annonçant courant novembre une ou deux initiatives en lien avec le centenaire de la Révolution d’Octobre, « révolution d’un peuple se soulevant contre l’autoritarisme, poussant les feux jusqu’à renverser le vieux monde (…).

Lancement dès la première quinzaine d’octobre Vous n’étiez pas disponible le 27 juin pour la présentation du dernier roman d’Hervé Le Corre et peut-être ne pouvez-vous pas non plus aller le rencontrer à Toulouse pendant le festival « Toulouse Polars du Sud » les 6-7-8 octobre ? Nous pouvons faire dédicacer votre livre. Il suffit de nous faire parvenir (avec la demande et votre nom et adresse), le prénom à inscrire, avant le 5 octobre. Le paiement se fera au moment de récupérer le livre à la Fédération. Pour nous joindre, un courriel : livrerenaissancepcf33@orange.fr

SÉNATORIALES

Déclaration du Parti communiste français Avec 13 sénateurs-trices élus-es sur les listes soutenues ou présentées par le PCF, le groupe CRC devient au Sénat le principal groupe d’opposition de gauche à la politique Macron. Ont été élu-e-s: Pierre Laurent, secrétaire national du PCF (Paris), Eliane Assassi, présidente du groupe CRC (Seine-Saint-Denis), Eric Bocquet (Nord), Dominique Watrin (Pas-deCalais), Cécile Cukierman (Loire), Laurence Cohen (Val-de-Marne), Pascal Savoldelli (Val-de-Marne), Guillaume Gontard (Isère, DVG), Fabien Gay (Seine-Saint-Denis), Pierre Ouzoulias (Haut-de-Seine), Michelle Greaume (Nord). Ils siégeront avec Christine Prunaud (Côtes D’Armor) et Thierry Foucaud (Seine-Maritime), dont les sièges n’étaient pas renouvelables. Les candidat-e-s présenté-e-s et soutenu-e-s par le PCF ont rassemblé bien au-delà de leur rang, les grand-e-s électeurs, électrices, qui sont issus pour l’essentiel du rapport de force des élections municipales de 2014. Sans surprise malheureusement, la droite conserve donc la majorité au Sénat. La République en Marche est stoppée dans ses ambitions. Le FN ne gagne aucun élu. À gauche, EELV n’a pas suffisamment d’élus pour constituer un groupe. La France Insoumise ne présentait pas de candidat. Le Parti Socialiste va continuer de vivre avec de nombreuses contradictions, certains soutenant le gouvernement, d’autres s’y opposant. Dans ces conditions, le groupe Communiste Républicain et Citoyen est le seul groupe d’opposition de gauche à Macron au Sénat. Il travaillera à rassembler le maximum de parlementaires de gauche face aux mauvais coups du gouvernement. Seul le groupe communiste, républicain et citoyen oppose au gouvernement une voix cohérente et combative, défendant des choix alternatifs aux logiques d’austérité. Demain, seul ce groupe, qui pourrait s’élargir à tous ceux et toutes celles qui veulent une opposition claire et porteuse de choix nouveaux, portera une telle voix au Sénat. Sans lui, le Sénat ne serait plus qu’une chambre de négociations entre la droite et le Président. Négociations qui ont un objectif : déconstruire le modèle social français et chercher les 3/5ème des parlementaires pour changer la Constitution en faveur de l’ultra_libéralisme. Les 13 élu-e-s auront à cœur de porter haut et fort les aspirations de celles et ceux qui luttent contre les réformes Macron, pour la qualité des services publics, pour la création d’une COP21 contre l’évasion fiscale, pour d’autres choix environnementaux et écologistes, pour promouvoir l’action des collectivités territoriales et leurs politiques publiques, faire vivre la démocratie, contre la loi de l’argent et pour d’autres modèles économiques prenant en compte le programme l’Humain d’abord et la France en commun. Les sénatrices et sénateurs communistes se mettent sans attendre à la disposition des collectivités, des syndicats, des associations de solidarité, culturelles, sportives, d’élu-e-s, des citoyens pour faire barrage dans l’unité aux mauvais coups, préparer des amendements, des textes de lois… Les communistes et les citoyens peuvent s’appuyer sur leurs élu-e-s pour poursuivre et amplifier les mobilisations contre la politique libérale et droitière de Macron et ouvrir l’espoir. Paris, le 24 septembre 2017

Tout versement par chèque ouvre droit à une réduction fiscale de 66% du montant versé. (chèque à l’ordre de ADF PCF 33). Les ressources financières du Parti communiste sont transparentes. Votre don, aussi modeste soit-il, contribuera effica- cement à la démocratie, à l’expression et la prise d’initiative du Parti communiste. Cet ensemble sont les éléments majeurs pour continuer notre combat dans l’ambition d’une gauche forte et alternative. La fédération de la Gironde du PCF, lance une souscription afin de mener nos prochaines échéances politiques, notre objectif est de 70 000 euros.

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CHRONIQUE

CULTURE & SOLIDARITÉ UD CGT

par Jeanne R.M.

Commémoration des fusillés de 1942 à la Bourse du travail

Jeudi 21 septembre 2017, l’Union départementale CGT a rendu son traditionnel hommage aux 70 militants syndicaux et politiques girondins fusillés le 21 septembre 1942. Assassinés en tant qu’otages, une cinquantaine travaillaient à la SNCASO, l’AIA, la CENPA, aux chantiers de la Gironde, aux PTT, chez Renault, étaient métallos, électriciens, cheminots… Corinne Versigny, secrétaire générale, dans son hommage, est revenue sur l’origine et

le déroulement du deuxième conflit mondial marqué par la spécificité de l’idéologie fasciste. Elle a rappelé la place prise par la CGT dans la clandestinité et la Résistance, sa participation à l’élaboration du Programme National de la Résistance adopté par le CNR. Elle a stigmatisé les fauteurs de guerres et rappelé que celles-ci ont causé 163 000 morts en 2014 contre 127 000 en 2013. Elle a condamné l’instauration de l’état d’urgence prétextant d’un terrorisme

ignoble pour prendre des mesures liberticides. La CGT affirme depuis toujours que si « Le droit à la Paix et à la sécurité de tout être humain et des populations doit constituer une obligation fondamentale des États et des institutions internationales, le grand capital est toujours prêt à orchestrer des crises, déclencher des tensions mondiales voire des guerres et à sacrifier des êtres humains et la planète pour son propre profit. » La précarité et la pauvreté sont des terreaux pour le développement de théories racistes, nazies, terroristes… de nationalismes exacerbés. Corine Versigny concluait en invitant à regarder le monde tel qu’il est, à écouter les besoins sociaux exprimés par la population, à s’engager ensemble dans la construction d’un monde meilleur où chacun aurait sa place, un monde de justice sociale, de paix et de libertés. Monde possible et même indispensable. Pierre Bordas

NOUVEAUX RDV DES TERRES NEUVES

La ré-invention heureuse ! En 2016, l’édition zéro était déjà une belle esquisse… L’édition n° 1 a affirmé cette année les traits d’union entre organisateurs, bénévoles, associations, amis-es et habitants du nouveau quartier… Gageons que la n° 2 confirmera la réinvention. Davantage de participants, de familles, ont participé gratuitement aux activités culturelles locales (sport, théâtre, écriture, musiques, solidarités…) et découvert les acteurs économiques, sociaux et sociétaux du quartier Terres Neuves. Défi relevé…

Crédit photo : Thomas Hardel

ANTENNE LOCALE FIP BORDEAUX /ARCACHON

Tous perdants ! Communiqué du 26/09/2017 Le plan de Mathieu Gallet, PDG de Radio France empire et s’accélère. L’auditeur girondin n’aura plus le droit à ses infos locales de 7h à 19h chaque jour, 800 infos culturelles de région mensuelles minimum et des jeux locaux soit 400 invitations mensuelles au moins. Le projet ne prévoit même plus un agenda local, juste quelques interventions depuis Paris et n’attend pas le départ naturel des animatrices. Les structures culturelles et artistes de tout ordre comme nos villes et

territoires perdent un relai majeur de leurs activités et le service public Radio France une station emblématique au service des girondins depuis plus de 45 ans alors que même la direction en convient cela n’est pas un choix économique mais stratégique. Pourtant la dernière vague de sondage été et hiver 2017 confirme une bonne audience en hausse pour FIP Bordeaux/ Arcachon comme pour les stations de Nantes/St-Nazaire et Strasbourg. La pétition en ligne Fip Toujours sur Change.org continue de grimper, les auditeurs, les acteurs cultu-

Les Nouvelles de Bordeaux et du Sud-Ouest S.A.S. au capital de 37 000 euros Associés (à parts égales) : L. Chollon, F. Mellier, S. Laborde Directeur de la publication : Frédéric Mellier Abonnement 1 an : 25 euros. Abonnement de soutien : 40 euros Rédaction, composition, impression : S.A.S. Les Nouvelles de Bordeaux et du Sud-Ouest 15, rue Furtado - 33800 BORDEAUX Tél. 05 56 91 45 06 - Fax 05 56 92 61 01 - Annonces légales : annonces@nbso.fr Comptabilité : compta@nbso.fr - Redaction/Proposition d’article : redaction@nbso.fr @nvlbx Les nouvelles de bordeaux nbso.fr Commission paritaire de presse : 0118 C 85932

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rels, les élus politiques de région de tout bord et en interne les salariés et les syndicats unanimes réclament le maintien de cette radio locale au ratio coût audience parmi les plus bas de tout le groupe Radio France, mais le PDG Mathieu Gallet persiste et veut enterrer rapidement ces stations FIP locales. En soutien aux antennes de Région les auditeurs, les partenaires culturels et artistes organisent 3 concerts dans les 3 villes concernées le 3 octobre : À Bordeaux, concert au Rocher de Palmer, à Cenon le mardi 3 octobre 20h. Ouverture des portes à 19h30 sur participation libre. Edmond Bilal Band: jazz groove funky ; Las Hermanas Caronni : musiques sensuelles originaires d’Argentine ; La Cie Mohein : musiques nomades festives d’Europe de l’Est et du bassin méditerranéen ; Impromptus avec la comédienne Stéphanie Vissière des Clowns Stéthoscopes. Venez nombreux soutenir Fip Bordeaux/ Arcachon Contact : fipbordeauxarcachonendanger@ gmail.com

« Coquelicot » « Aussi, je vous le déclare d’avance, vous cesserez d’être mon ami, mon fidèle esclave, comme vous dites, si vous continuez à nier la guerre et si vous vous obstinez à défendre plus longtemps les horreurs et les atrocités commises par cet Antéchrist… ». Guerre et Paix, guerres ou paix. Pourquoi me faut-il choisir? boire ou conduire disait ta ligue. Il me faudrait choisir entre la vie plus au sud, à Kaboul, son confort, entre la volupté de la technique, les voitures, le téléphone dans la poche, voire l’eau et l’électricité, et, ma campagne misérable? Tu me demandes mais je n’ai pas le choix. Je ne sais ni lire, ni écrire, j’appartiens à mon peuple de bergers, migrant au gré des transhumances et des saisons dans cette vallée du wakham, mon univers. Il t’a fallu quatre jours, en finissant à pieds les dernières heures, pour me rejoindre. Ici à 4000 mètres, seuls les cailloux poussent. Nous dépendons de nos moutons, de nos yaks qui grattent la mousse et nous fournissent leur lait. Tout est froid, pierre et troupeaux. Je ne choisis pas. Ni eux, ma famille, ni moi. Nous sommes là depuis la nuit des temps. C’est dur d’y vivre. Nous perdons nos enfants trop vite, les adultes peinent à dépasser les quarante printemps. Le froid cogne notre tête, siffle dans notre corps, bourdonne et pétrifie. De l’eau, du lait, du beurre mélangés au blé échangé dans la vallée. Trois fois par jour ce pain nous nourrit, le thé au beurre nous réchauffe. Tu me racontes les couleurs du sud, les goûts des plantes que tu nommes légumes ou fruits, leur douceur et bienveillance sur notre équilibre et notre santé. Les enfants peuvent aller apprendre à lire, se faire soigner par des produits et ne plus mourir. Je pourrais rêver et me laisser tenter. Mais vois-tu, ici il n’y a rien. Rien à prendre ni à voler. Rien à perdre. Nous ne sommes pas convoités par ce monde que tu décris. Nous sommes par le nord, par le sud et par l’est encerclés de champs aux douces saveurs, des plantes qui guériraient, qui chatoient sous le soleil. Cette couleur que seules mes jupes connaissent, ce rouge pourpre, ce rouge sang. Un coquelicot particulier, papaver somniferum, qui apporte le repos cérébral, l’endormissement progressif de ta vigilance, qui créé le désir et l’envie des plus forts, des brutes et des belliqueux. Le pavot a entrainé aise et bien-être moderne, sa culture et ses bénéfices ont provoqué la violence, les injustices, la mort. Alors ai-je toujours le choix? Dans mon pays l’Afghanistan le confort est un luxe mortel que je ne choisirais pas. La paix dans ma misère plus que tout de ton monde, la paix envers et contre tout! Bordeaux, septembre 2017, Un bateau pour la Paix 49 jours, carnets d’une faiseuse d’anges et

Eva Humana est, Les petites nouvelles de Jeanne R.M

14€

19€

Disponibles à la fédération de Gironde du PCF 15 rue furtado 33800 BORDEAUX


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