Jeudi 26 octobre 2017 - N° 2226 - Hebdomadaire - 15, rue Furtado - 33800 BORDEAUX - Prix : 0,80 euro
LE 16 NOVEMBRE :
nouveau rendez-vous de la riposte avec des salarié-e-s, retraité-e-s, étudiant-e-s et lycéen-ne-s
STOPPONS MACRON !
HOURCADE
COLLECTE DES DÉCHETS
MIGRANTS
COMMÉMORATION
Une casse délibérée
Ça bouge contre la privatisation
Quel accueil ? Quelles solidarités ?
Hommage aux Fusillés de Souge
P.2
P.3
P.5
P.8
ACTUALITÉ FRUITS ET LÉGUMES
LIBERTÉ POUR SALAH HAMOURI
Beau succès des ventes solidaires du PCF 33 et du Modef 47
Le message d’Elsa Lefort au Comité de soutien girondin
Les militants communistes de la métropole bordelaise étaient sur le pont en fin de semaine dernière. Leurs ventes solidaires de fruits et légumes organisées en coopération avec des agriculteurs du Lot et Garonne et le MODEF ont remporté un beau succès. Ces ventes directes du producteur au consommateur ont été l’occasion de très nombreux échanges autour de la nécessité de défendre un juste prix qui permette aux agriculteurs de vivre de leur travail tout en garantissant un prix abordable pour les populations, en disant stop aux marges excessives de la grande distribution, stop aux logiques de concurrence et stop aux logiques de profits à tout prix !
Les soutiens de Salah Hamouri étaient de nouveau rassemblés à Bordeaux, jeudi 19 octobre place Jean Moulin. À cette occasion, Elsa Lefort, la compagne de Salah Hamouri, leur a adressé un message. « Je vous remercie toutes et tous chaleureusement, en mon nom mais également au nom de Salah qui est informé de la mobilisation grandissante. Cette solidarité le touche, nous touche énormément. Partout en France, la mobilisation s’amplifie et il faut continuer de l’amplifier chaque jour car rien n’est gagné pour le moment. Nous avons pu avoir un rendez-vous à l’Élysée le 9 octobre. Ce rendez-vous a été assez difficile à obtenir mais grâce à la mobilisation populaire et à la mobilisation des élus, nous avons pu enfin rencontrer la cellule diplomatique de l’Élysée, près d’un mois et demi après l’arrestation de Salah. Nous avons bien compris que l’action de la France ne se limitera pas à la seule protection consulaire mais qu’il s’agit bien d’intervenir pour que cesse la détention arbitraire d’un ressortissant français, en l’occurrence, Salah Hamouri. Nous restons donc mobilisés dans l’attente d’avancées
concrètes. Plus que jamais informons les citoyens – car, malheureusement, les médias mainstream ne sont pas au rendez-vous – afin qu’ils interpellent leurs élus. Ceux-ci peuvent écrire, proposer des vœux, faire de Salah un citoyen d’honneur de leur ville/ village. On peut également interpeler les médias. C’est une cause qui peut et doit rassembler largement toutes les personnes attachées au respect des droits de l’homme, bien au-delà des clivages politiques. Tout doit être fait pour que Salah Hamouri, franco-palestinien détenu arbitrairement par Israël depuis le 23 août soit libéré. Cette libération n’arrivera que sur l’impulsion des plus hautes autorités françaises qui ont le devoir de protéger Salah comme n’importe quel citoyen français et le devoir d’obtenir sa libération comme cela a été le cas en septembre en Turquie pour Lou Bureau mais également dans d’autres pays sous les précédents gouvernements. Salah est actuellement incarcéré dans la prison située dans le désert du Néguev. Pour le moment, il est condamné à 6 mois de détention administrative, sans charges ni jugement. Il a un moral d’acier malgré la privation de liberté, malgré ce déni du droit. Il est détenu exclusivement avec des prisonniers
politiques. Salah et ses codétenus ont une force assez impressionnante dont je pense qu’il est bon de s’inspirer ici pour dénoncer l’injustice qu’ils vivent là-bas. Les prisons de l’occupant ne briseront ni leur volonté, ni leur détermination pour avancer vers leurs buts communs : la liberté et l’indépendance. Nous qui sommes libres, nous nous devons de mener ce combat avec la même force, avec le même courage qui les anime chaque jour. Je vous remercie une nouvelle fois pour cette action de ce soir, celles que vous avez menées et celles que vous mènerez dans les semaines à venir. Je nous souhaite à tous que cette bataille soit la plus courte possible et j’espère très sincèrement pouvoir venir très rapidement à Bordeaux avec Salah, afin de vous remercier chaleureusement pour votre soutien. » Le collectif appelle à faire signer la carte pétition pour la libération de Salah Hamouri et à participer à ce comité de soutien girondin qui vise à s’élargir aux citoyens et aux élus. Plusieurs démarches ont été engagées en ce sens. Un rendez-vous sera demandé en préfecture dans la foulée. CD
HOURCADE
Le ferroviaire enfin intégré !
GRÈVE DANS LES TRANSPORTS
FO Bordeaux annonce d’autres mouvements en commun urbains Les vacances de la Toussaint 2017 ont démarré par une grève dans les transports en commun urbains. Un mouvement de grève national était organisé, vendredi 20 octobre par six syndicats. Dans la métropole bordelaise le mouvement a été bien suivi sur le réseau TBM, perturbé toute la journée. Les trois lignes de tramway (A,B,C) ont circulé avec des fréquences rallongées et une vingtaine de lignes de bus n’ont pas circulé. « Depuis deux ans nous négocions avec l’UTP (Union des Transports Publics) mais rien n’avance, a expliqué sur France Bleu Gironde Jean-Luc Doucereux le secrétaire Force ouvrière à la TBM. Rien n’avance sur les salaires, sur la mise en place d’un accord de fin de carrière et nos conditions de travail se dégradent ». Ainsi, le syndicat majoritaire à la TBM n’exclut pas de déposer un nouveau préavis de grève dans les prochaines semaines « si nous n’avons pas une nouvelle rencontre avec les instances nationales de l’UTP, bien sûr qu’il y aura la mise en place d’autres mouvements, nous souhaitons qu’il y ait un mouvement de grève national mais au niveau de tous les corps de métiers pour qu’on puisse arriver à se faire entendre ».
2 • Les Nouvelles 26 octobre 2017
Nous vivons, depuis 15 ans, un démantèlement en règle du fret ferroviaire. Alors que l’activité tant à se réduire à peau de chagrin, la direction de la SNCF continue de supprimer des emplois dans le fret. Elle vient notamment d’annoncer la suppression de 33 emplois sur le site d’Hourcade. L’ouverture à la concurrence, tant vantée comme un élément de développement de cette activité montre ses propres limites, comme l’illustre les grandes difficultés d’Eurocargo qui a supprimé le quart de ses effectifs en 2016. Au-delà des discours de façade des différents gouvernements ou de la direction de la SNCF, la situation actuelle du fret, et plus particulièrement du fret public, montre non pas une absence de politique, mais une politique délibérée de casse de l’outil
et de ceux qui le font vivre. Nous sommes bien loin des déclarations de la COP 21 ou des assises de la mobilité qui se déroulent en ce moment. On peut, dés lors douter des déclarations d’intentions contre le réchauffement climatique, quand au final cette politique de casse va remettre des milliers de camions sur les routes. D’ailleurs, quand les caméras et les micros sont loin, les cadres de la SNCF n’hésitent pas à dire que ce report vers la route n’est pas leur problème comme ont pu l’entendre certains cheminots d’Hourcade lors de réunions bilatérales. Seul compte aux yeux de la direction de la SNCF le taux de rentabilité de la production et la productivité des cheminots. Ces derniers sont aujourd’hui le caillou dans la chaussure de Pepy et du gouvernement. Ils multiplient les initiatives en interne et vers la
population afin de faire percevoir ce qui se cache derrière les discours de bonnes intentions. Ainsi, s’est tenue une table ronde, au mois de septembre, à l’initiative du CE des cheminots. Ces derniers sont porteurs de propositions pour le développement du fret. Loin des seules revendications corporatistes, ces propositions interrogent sur le développement de notre société, le sens que nous lui donnons. Elles viennent percuter les logiques étroites de la rentabilité, et portent fondamentalement la réponse aux besoins de la population. Elles n’attendent qu’un prolongement qui dépasse le cadre de l’entreprise. Il ne tient qu’aux citoyens, associations et organisations politiques d’en faire une question de société. Frédéric Mellier
ACTUALITÉ
Editorial
SYNDICATS
Le mouvement s’élargit, les raisons de la colère aussi Le 19 octobre, en attendant le résultat de la rencontre intersyndicale des confédérations du 24 octobre, la CGT avait appelé à une nouvelle journée d’action contre la loi travail. En Gironde, une opération « péage gratuit » a rassemblé 300 personnes au péage de Virsac, suivi d’un rassemblement place Saint-Projet auquel participaient les cheminots et la FSU. Le prochain rendez-vous de la riposte à la casse sociale de Macron est fixé au 16 novembre. « Nous étions 300 ce matin au péage de Virsac pour une opération péage gratuit qui est toujours la bienvenue pour les usagers, a expliqué Corine Versigny. Nous y avons distribué des tracts contre la loi travail parce que la lutte continue. Nous avons reçu un très bon accueil de la part des automobilistes. Nous avons décidé d’un deuxième rendez-vous contre la loi travail cet après-midi en l’articulant avec la lutte des cheminots. Comme vous le savez, l’ensemble des services publics est fortement menacé et cela s’articule avec la casse du Code du travail. C’est notamment le service public ferroviaire que Pepy et le gouvernement ont décidé de privatiser ». En effet, les cheminots s’étaient donnés rendez-vous pour faire signer des pétitions devant la boutique SNCF rue Sainte-Catherine que la direction a décidé de fermer, comme celle de Cauderan, au 1er janvier. « C’est 4 postes supprimés alors que le chiffre d’affaire se porte très bien. La SNCF a remis la boutique à neuf, il y a à peine deux ans
avec 300 000 euros de travaux », rappelle Mathilde Berthelomet, membre du secrétariat de secteur CGT. « Avec les fermetures de guichets, les suppressions de postes de contrôleurs dans les trains, la fermeture des ateliers de maintenance, c’est 300 cheminots qui vont perdre leur emploi d’ici 2018 juste dans notre région, poursuit-elle. Plus largement la privatisation va privilégier les profits des actionnaires au détriment du service public mais elle ne répondra en rien aux défis ferroviaires. Les cheminots s’engagent également dans la lutte contre les ordonnances Macron et la casse du modèle social car nous sommes tous concernés ». 45 % de grévistes ont été annoncés ce 19 octobre dans le transport régional. Pour les habitants, c’est un nouveau service public qui va disparaître en centre-ville. Les usagers devront se rabattre sur les guichets de la gare Saint-Jean, et prendre leur mal en patience et ce sont les salariés de ces points de vente qui devront subir une charge de travail et un stress supplémentaire. Graziella Danguy, responsable de la FSU en Gironde, qui appelait également au rassemblement, a aussi rappelé les menaces qui pèsent sur les services publics avec le gouvernement Macron. « Aujourd’hui les salariés du public comme du privé sont en train de subir des attaques à un niveau inégalé, a-t-elle poursuivi. Par rapport à cela, l’intersyndicale doit poser des actes, mobiliser, faire en sorte que dans tous les secteurs publics et privés, la riposte soit à la hauteur de ces attaques. Cette journée est importante, c’est une journée intermédiaire entre les grosses manifesta-
tions (des 12, 21 septembre et 10 octobre) et l’intersyndicale du 24 octobre, dont nous attendons les résultats avec impatience parce que je crois qu’il faut se lever et à arriver à convaincre que, dans ce pays, on ne peut pas renoncer à tous les acquis sociaux dans le privé comme dans le public ». 16 novembre avec la CGT, FO, Solidaires, les organisations étudiantes et lycéennes
La CGT, Force Ouvrière, Solidaires et les syndicats étudiants et lycéens (Unef, Unl et Fidl) ont lancé, mardi 24 octobre, un appel à une journée de grève et de manifestations le jeudi 16 novembre, contre la politique sociale d’Emmanuel Macron. La décision a été prise à l’issue d’une réunion intersyndicale au siège de la CFDT, à Paris. « Un constat s’impose, celui d’une politique libérale visant à accroître les inégalités au profit d’une minorité », estiment les syndicats : loi travail, réforme de l’assurance chômage et de la formation professionnelle, précarisation de l’emploi des jeunes, sélection à l’entrée de l’enseignement supérieur, modération salariale, augmentation de la CSG, atteintes au servive public et à la protection sociale. Force ouvrière se joint à l’appel. Jusqu’à présent, le syndicat ne s’était pas joint aux journées d’action organisées à l’appel de la CGT contre les ordonnances sur la réforme du Code du travail. CD
COLLECTE DES DÉCHETS
Ça bouge contre la privatisation ! Les élu-e-s communistes de la Métropole sont allés, mardi 17 octobre, à la rencontre des agents de la collecte de Bordeaux-centre. À l’heure de l’embauche (21h), les discussions étaient vives parmi la cinquantaine d’agents qui œuvrent chaque nuit à la collecte des déchets, dans les rues de ce qu’on appelle l’hyper-centre. Jacques Padie, Claude Mellier et Max Guichard étaient venus apporter leur soutien à ces agents dont le travail est reconnu par la population mais qu’Alain Juppé a malgré tout décidé de livrer au privé (lire notre édition du 5 octobre dernier). Mais ils étaient aussi venus écouter ce que ces agents avaient à dire. Avant le comité technique du 16 octobre, une délégation a en effet été reçue par Bordeaux Métropole et a fait des propositions d’amélioration du service. Mais ils ont eu le sentiment de parler dans le vide… Dans un communiqué, les agents estiment « qu’une administration responsable se doit de les écouter et non pas susciter un affrontement, les provoquer à faire grève ». Pour cela, ils formulent notamment les propositions suivantes : – Redéployer partout où cela est possible des dispositifs collectifs de
collecte (bacs de proximité et bornes enterrées), y compris de collecte sélective, alléger les soucis des riverains, encourager l’écocitoyenneté, libérer les voies des obstacles pour les handicapés. – Rétablir des horaires de collecte plus adaptés, en particulier en fin de semaine. – Créer un secteur de « rues barrées » sur l’hyper-centre. – Rattacher enfin le service de propreté à la Direction de la Collecte et du Traitement des déchets et de la Propreté, disposition de simple logique, pour une meilleure coordination des interventions. – Régler les problèmes d’incivisme, non pas à l’aveugle mais par des mesures réellement adaptées. À ce propos, les agents ne comprennent pas que les bacs à couvercle jaune, réservés aux professionnels aient mystérieusement disparu petit à petit… Il faut rétablir ce type de bacs différenciés. – Éventuellement, si cela s’avère vraiment nécessaire, mettre en place une collecte en régie directe le dimanche, sur la base du volontariat (principe identique à celui dont usent les sociétés privées). Les représentants syndicaux des agents ont déjà fait part de cette dernière proposition à l’administration qui aurait été, d’après eux, balayée d’un revers de main, la
décision d’externaliser étant prise. Une réaction qu’ils considèrent révélatrice « du mode de fonctionnement de certains élus, quoi qu’il en coûte au contribuable ». Pourquoi ne pas entendre ces propositions ? Pourquoi vouloir à tout prix « expérimenter » le privé ? Pour les élus-es communistes, il y a évidemment une logique, qui prend sa source dans l’obsession de la réduction des dépenses publiques et dans la mise en concurrence à tous crins. Sauf qu’en l’occurrence, le service privé ne coûtera pas moins cher que le public. Pour l’instant, en tous cas… Les agents de la collecte ont donc décidé d’accepter la proposition du syndicat Sud de déposer un préavis de grève. Beaucoup ne veulent pas en arriver là mais tous veulent pousser la direction de la Métropole à accepter la négociation, le préavis est un outil pour cela. « Nous demandons que l’administration de Bordeaux-métropole quitte sa posture politique autoritaire actuelle et qu’elle accepte de discuter sérieusement des propositions ci-dessus et de toutes autres qu’ ils pourraient faire dans le cadre d’une négociation apaisée », déclarent les agents. Ils obtiendront pour cela le total soutien des élus-e-s communistes.
L’imposture Macron « La force de Macron, c’est la segmentation de sa politique qui frappe vite et fort » André Chassaigne, l’Humanité du 22/09 Depuis son arrivée à l’Elysée, E.Macron enchaîne à un rythme effréné les réformes en les traitant méthodiquement, dossiers par dossiers, mais en réalité dans une cohérence inexorable de casse de notre modèle social au service de la finance faite par les riches et au service des riches. On réforme le Code du travail en faveur du patronat et dans un deuxième temps l’assurance chômage, avec un changement du financement (cotisations salariales remplacées par 1.7 point de CSG) c’està-dire un nouveau pallier dans la fiscalisation et l’étatisation de la protection sociale. On assèche le financement de la protection sociale via les cotisations salariales et patronales pour justifier à la fois des réductions de dépenses de l’Assurance maladie à travers le PLFSS 2018 (projet de financement de la Sécurité Sociale) et la fiscalisation de celle-ci avec un transfert assuré vers le privé sous prétexte de diminution de la dépense publique. Sans parler de la diminution des APL, de la remise en cause de l’universalité des allocations familiales, des retraites (dont on va bientôt s’occuper), du coup porté aux collectivités territoriales avec la diminution de la taxe d’habitation et aux associations avec le gel des emplois aidés. On assiste à une accélération, à un nouveau pallier dans la destruction de notre modèle social. Le gouffre entre la finance, l’accumulation illimitée de richesses et de pouvoir entre les mains d’une poignée de privilégiés et le peuple s’accentue encore un peu plus et présume d’une hausse de la pauvreté dans notre pays. On exonère les plus riches de l’ISF et on laisse aux pauvres le soin de se partager la pauvreté. Alors, encore et toujours, comment faire reculer le gouvernement, quelle stratégie de transformation sociale ? Les récentes mobilisations, même si elles ont été importantes, n’ont tout de même pas représenté un combat social et politique de grande ampleur. Mais ne désespérons pas de la capacité du peuple à se mobiliser, ce n’est pas fini ! Faire passer la conscience collective d’un esprit d’adaptation au système à celui d’une rupture avec l’ordre social dominant qui repose aujourd’hui sur l’inégalité des avoirs, des savoirs et des pouvoirs est indissociable d’une dynamique à la fois sociale et politique, avec de nouvelles solidarités à construire entre les organisations et en tenant compte d’une société complexe et diversifiée. Le PCF a toute sa place dans cette dynamique, en tenant compte des exigences citoyennes qui s’affirment aujourd’hui dans notre société. Alors, continuons à être porteurs de propositions alternatives, parmi d’autres, pour d’autres possibles.
Maryse Montangon membre de l’exécutif du PCF 33 et du Conseil national
Les Nouvelles 26 octobre 2017 • 3
ACTUALITÉ
MIGRA
ASSEMBLÉE NATIONALE
CONFÉRENCE À L’UTOPIA
« Ci-gît l’impôt de solidarité sur la fortune »
Les affranchis à Bordeaux au temps de la traite des noirs
Les députés ont fini de voter, le week-end dernier, les mesures fiscales prévues dans le budget qui actent la disparition de l’ISF. « Il est fortement symbolique de faire disparaître le mot “solidarité” de notre Code général des impôts », déplorait vendredi, dans l’hémicycle, le député PCF Jean-Paul Lecoq. Le franc débat qui s’est tenu entre la majorité, représentée par le ministre de l’Économie, Bruno Le Maire, autour de la suppression de l’impôt de solidarité sur la fortune (ISF) et les députés de gauche a mis en lumière une rupture politique irréconciliable. Le ministre l’exprime ainsi : « D’un côté, Voltaire et son éloge de la prospérité ; de l’autre, Rousseau et son éloge de la frugalité ; d’un côté, Tocqueville et son éloge de la société libre et du commerce ; de l’autre, Marx et sa détermination à taxer le capital. Dans cette majorité, nous serons résolument du côté de Voltaire et de Tocqueville, de la liberté, du commerce et de la prospérité. » Le message a le mérite de la clarté et n’est pas sans rappeler celui de Christine Lagarde, lorsqu’elle défendait devant l’Assemblée le bouclier fiscal promis par Nicolas Sarkozy. Un exemple très parlant a été développé dans la séance pour justifier la mise à mort de l’ISF : les cent premiers contributeurs à cet impôt paient 126 millions d’euros,
mais les cent premiers patrimoines ne paient que 73 millions. Et sur ces plus grandes fortunes françaises, plusieurs, dont Bernard Arnault et feu Liliane Bettencourt, ne payaient rien. Pour Bruno Le Maire, voilà la preuve qu’il faut supprimer un impôt inutile. À gauche, il s’agit plutôt de refonder et renforcer l’ISF. Un cadeau de 3,2 milliards d’euros aux 350 000 familles les plus riches
Les députés du PCF et de la France insoumise se sont succédé pour démonter les arguments de l’exécutif, à commencer par l’idée que ce cadeau fiscal aux plus riches sera bénéfique à l’investissement. « En 2000, les entreprises du CAC 40 distribuaient 33 % de leurs bénéfices à leurs actionnaires, a rappelé Jean-Luc Mélenchon. En 2016, elles en ont distribué 57 %. Si nous manquons d’ investissements, ce n’est donc pas parce que nous manquons de capital, mais parce que le capital s’alloue non dans l’ investissement, mais dans le placement et la spéculation. » Preuve supplémentaire, dans les années 1945-1975, la durée moyenne de détention d’une action était de six ans, alors qu’aujourd’hui, avec le trading à haute fréquence, elle est tombée à vingt secondes. D’autres chiffres se révèlent comme ceux éloquents,
que le député PCF Fabien Roussel a donné : « Ce cadeau de 3,2 milliards d’euros aux 350 000 familles les plus riches nous permettrait de pérenniser 350 000 contrats aidés, de sortir leurs titulaires de la précarité et de répondre aux besoins de nos communes, de nos hôpitaux et de nos associations. C’est ça, la réalité de votre budget ! » Pourtant, la direction générale des finances publiques a mesuré que seulement 0,2 % des assujettis à l’ISF s’exilent chaque année. Pourtant, la France est le 2e pays d’Europe et le 5e au monde en termes de millionnaires sur son sol, selon Capgemini. Pourtant, les cinq cents plus grandes fortunes françaises ont vu leur patrimoine gonfler de 20 % en cinq ans. L’ISF n’est donc ni confiscatoire, ni dissuasif. Mais Macron préfère penser que plus les riches sont riches, mieux va le monde. Il souhaite même que l’impôt sur le revenu financier soit de 12,8 %, quand celui sur la première tranche des autres contribuables sera de… 14 %. « Les cadeaux cumulés aux familles les plus fortunées et à ceux qui vivent de la financiarisation de l’économie atteignent 12 milliards d’euros. Jamais aucun gouvernement n’a autant allégé la fiscalité sur le capital », dénonce encore Fabien Roussel, qui rappelle que 9 millions de personnes vivent en dessous du seuil de pauvreté en France.
SÉCURITÉ INTÉRIEURE ET LUTTE CONTRE LE TERRORISME
Nous refusons de choisir de répondre à la terreur par la peur Éliane Assassi a argumenté, le 18 octobre 2017, l’opposition du groupe communiste républicain et citoyen au texte issu de la commission mixte paritaire sur la sécurité intérieure et la lutte contre le terrorisme : « En votant une énième fois contre ces dispositions, contre cette dernière mouture du projet de loi, nous refusons de choisir, en toute responsabilité, de répondre à la terreur par la peur et à la menace sur nos libertés par moins de liberté. Nous resterons extrêmement vigilants quant aux applications, que nous savons déjà néfastes, de ces mesures ». Ni les voix des associations de protection des libertés publiques et autres syndicats vertement opposés à l’état d’urgence, ni le Défenseur des droits, Jacques Toubon, ni les experts de l’ONU, ni les parlementaires opposés depuis bientôt deux ans à ce déferlement de mesures administratives toujours plus sécuritaires, n’ont été entendus par le gouvernement. Seule la mesure la plus anticonstitutionnelle du texte a été supprimée, celle qui consistait à obliger une personne soumise à une mesure individuelle de surveillance de déclarer les numéros d’abonnement et les
identifiants techniques de ses moyens de communication électronique. Éliane Assassi dénonce un seul mode opératoire à l’œuvre dans ce texte : toujours plus de répression, sans une ligne sur la prévention. Pour les élus communistes, le terrorisme n’est pas de ces menaces que le droit peut définitivement éradiquer car il échappe aux règles de l’État de droit. C’est pourquoi celui-ci « n’aurait pas dû faiblir et devrait se donner les moyens de l’éradiquer autrement, en allant aux sources de sa formation, aux racines du mal », explique la sénatrice, déplorant « amèrement » que les propositions faites à l’Assemblée nationale pour lutter contre le financement du terrorisme n’aient pas été retenues par le Gouvernement. « Je le dis pour la énième fois : le terrorisme se nourrit de la guerre du pétrole et du trafic d’armes, argumente l’élue. Il faut enfin dénoncer le rôle trouble des puissances régionales comme la Turquie, l’Arabie Saoudite et le Qatar, mais aussi le rôle scandaleux de certaines entreprises françaises, telles que le cimentier Lafarge. Nous le disons depuis le Congrès de Versailles du 16 novembre 2015, il faut rapidement repenser les choses et cesser d’agir en ordre dispersé. Une large coalition internationale sous
4 • Les Nouvelles 26 octobre 2017
mandat de l’ONU doit être mise en place, avec, au-delà du combat contre Daech, l’ambition de reconstruire les régions concernées, d’établir une paix durable et ainsi de permettre le retour de milliers de réfugiés. Sans cette perspective, il n’y a pas d’issue au terrorisme. Sur le plan national, enfin, il faut refonder le vivre ensemble. D’un côté, l’accent doit être mis sur les politiques publiques de la culture et de l’éducation, le tissu associatif doit être renforcé, nos éducateurs et nos conseillers en insertion et probation doivent être valorisés ; de l’autre, parce que notre discours n’est pas angélique et antisécuritaire, nos forces de l’ordre, épuisées par l’état d’urgence, subissent depuis 2002 la politique du chiffre, exacerbée ces dernières années. Je le dis avec force, leur rôle est également d’être au plus près de la population pour prévenir et combattre les crimes et les délits, mais aussi de lutter contre toute forme de radicalisation en récupérant les renseignements à la source. En ce sens, nous sommes à l’initiative d’une proposition de loi visant à rétablir, voire à réhabiliter, la police de proximité, que nous soumettrons à l’examen de notre assemblée avant la fin de l’année. »
Entrée libre, samedi 28 octobre à 10h au cinéma Utopia, 5 place Camille Jullian, 33000 Bordeaux. Pour la première fois, une thèse est consacrée aux minorités afro-descendantes du Bordeaux du XVIIIe siècle. Réglementations, parcours, lieux de vie, de travail et réactions sociales, Julie Duprat* présente, en exclusivité, son travail à Bordeaux. Cette conférence s’attachera plus particulièrement à une présentation des affranchis, ces hommes et femmes passés de l’esclavage à la liberté qui prennent une place de plus en plus importante à la veille de la Révolution. La place de Bordeaux comme port négrier a été récemment redécouverte et plusieurs initiatives proposent aujourd’hui de lever le voile sur cette histoire. Cependant, la présence d’une minorité noire significative
dans cette même ville à l’époque moderne est souvent éludée ou oubliée et mériterait également notre attention : qu’ils soient esclaves ou libres, les habitants noirs de Bordeaux sont ainsi estimés à plus de 5 000 individus sur l’ensemble du XVIIIe siècle. À travers l’étude de ce groupe bien particulier, seront mis en avant les mécanismes menant à la liberté et sera peint le tableau de leur vie quotidienne : dérouler, pour illustrer cette histoire, plusieurs destinées personnelles afin de faire sortir de l’anonymat ces acteurs singuliers de la vie bordelaise. * Julie Duprat, archiviste-paléographe, vient de soutenir une thèse à l’École des Chartes sur les minorités noires à Bordeaux.
Infos : www.memoiresetpartages.com
MIGRANTS
Un projet de loi liberticide Le PCF a condamné fermement l’avant-projet de la loi sur l’immigration émanant du ministère de l’Intérieur et devant être présenté au gouvernement à la fin de l’année. C’est « une attaque sans précédent contre les personnes venues chercher protection sur notre sol », déclare l’organisation. Ce texte prévoit de doubler la durée de rétention administrative qui passerait de 45 à 90 jours, voire 105 en cas de refus d’expulsion. Les demandeurs d’asile dits « dublinés » seraient systématiquement privés de liberté en cas de renvoi vers le pays européen par lequel ils sont entrés dans l’Union européenne. L’Office français de protection des réfugiés et des apatrides (OFPRA) pourra juger irrecevables les demandes d’asile des personnes pouvant être ré-admises dans un « pays sûr » dont la définition est sujet à controverse.
« Ces dispositions sont les plus répressives, depuis celles de 2011, avec celles dites de “l’identité nationale” de Sarkozy et Hortefeux, s’indigne le PCF. Manifestement, Macron et Collomb veulent aller plus loin et frapper plus fort ces hommes et ces femmes en situation de vulnérabilité ». Le PCF « rejette cette politique que rien ne justifie et qui vise à criminaliser les migrants. Elle cherche à diviser les migrants entre eux et ne contribue en rien à assurer un meilleur accueil à celles et ceux qui échapperaient à l’expulsion. La privation de libertés n’est pas la solution et les centres de rétention – zones de non-droits – doivent être fermés. Notre pays a les moyens d’accueillir ces hommes et ces femmes et d’être fidèle à ses principes d’accueil et de protection ». Le PCF se prononce en faveur d’une politique accueillante et hospitalière, respectueuse des droits des migrants, à la Convention de Genève sur le droit d’asile, aux traités internationaux et à la Constitution française.
ANTS : ACCUEIL ET PRATIQUES DE SOLIDARITÉS CONFÉRENCE ORGANISÉE PAR LE SECOURS POPULAIRE
CLAIRE MESTRE
Bordeaux, la Gironde, terre d’accueil et de solidarité ?
L’accueil ne fait pas toute l’hospitalité
cin anthropologue de l’association MANA a partagé son expérience de l’accueil, les incidences et la richesse de la rencontre quand les cultures diffèrent, la différence entre accueil et hospitalité.
Mercredi 18 octobre, à l’auditorium Jean-Cayrol des Archives départementales, la fédération de la Gironde du Secours populaire français organisait une soirée conférence-débat sur le thème : « Bordeaux, la Gironde, terre d’accueil et de solidarité ». Bernard Lachaise, professeur universitaire d’histoire, a retracé l’histoire des immigrations, de leurs accueils et intégrations. Claire Mestre, méde-
Avant de passer la parole à Claudia Courtois, correspondante du Point et du Monde en Gironde pour l’animation de la conférence débat, Alain Haneuse membre de la direction départementale du Secours populaire a introduit la soirée en indiquant que cette première initiative du genre pour l’association en Gironde s’inscrivait dans le cadre de la préparation du congrès national qui se déroulera du 24 au 26 novembre. Pour l’occasion 1 000 délégués et invités seront accueillis à Bordeaux et conviés à travailler sur le thème : « Construire les solidarités dans toute l’Europe ». En Gironde, 1 126 bénévoles agissent dans 33 permanences d’accueil et de solidarité, auprès de 15 882 personnes aidées sur le plan alimentaire (chiffre 2016). Réfléchir à l’accueil, à travers l’histoire et les pratiques de solidarité est donc, pour l’association en
Gironde une étape de travail dans le cadre de la préparation de ce congrès national. « Sur le premier trimestre 2017 sur l’antenne de Bordeaux, explique Alain Haneuse, nous avons accueilli presque 80 nationalités, c’est dire si la question de la construction des solidarités en Europe et dans le monde est une question essentielle pour nous. C’est pourquoi nous avons souhaité nous offrir un temps d’échange sur l’accueil, sur les difficultés de l’accueil avec une approche historique et une approche plus psychologique, anthropologique sur la pratique de la solidarité : comment nous vivons ces accueils, les appréhensions et les difficultés dans la rencontre avec ces personnes venues de l’étranger. » « Sur l’accueil, nous n’avons pas toujours l’analyse mais nous avons le projet, celui de pratiquer une solidarité qui ne s’arrête pas aux nationalités, aux origines », rappellera Denis Laulan, secrétaire départemental du Secours populaire, précisant que dans l’association, de manière générale, la rencontre avec l’autre est surtout considérée comme une richesse. Christelle Danglot
BERNARD LACHAISE
L’accueil, une constante dans l’histoire de Bordeaux et de la Gironde Bernard Lachaise est professeur honoraire d’Histoire contemporaine, spécialisé dans la vie politique contemporaine, le gaullisme, etc. Il s’est donc penché sur cette question, à l’invitation du Secours populaire français dont il est bénévole : « Bordeaux, la Gironde, sont-elles des terres d’accueil et de solidarité ? ». Oui, répond-il, de manière constante, un peu plus qu’ailleurs même s’il y a eu des pages sombres et s’il vaut mieux être riche pour être bien intégré. Pour Bernard Lachaise, la Gironde et Bordeaux ont toujours été des terres d’accueil depuis l’antiquité : « Bordeaux était la ville la plus cosmopolite de La Gaule ». Cela s’explique parce que Bordeaux est un port, une porte sur l’océan atlantique, mais aussi par la proximité des pays méditerranéens, de l’Afrique. Ce que décrit l’historien pour Bordeaux est aussi souvent valable pour les territoires qui longent la Garonne. Dans cette histoire ancienne, on sait que l’arrivée de ces populations a beaucoup compté dans l’histoire de la ville mais on dispose de peu d’éléments pour apprécier leur intégration, sauf pour les plus aisés qui, assez vite, jouent un rôle important en particulier dans le négoce. « Mais, précise l’historien, même si on n’a pas tous les éléments d’appréciation de cette intégration, on sait qu’elle est
supérieure à d’autres villes. Il s’agit d’une constante dans l’histoire qui, je crois, donne à Bordeaux une originalité ». En affirmant cela, Bernard Lachaise ne dresse pas le portrait idyllique d’un Bordeaux cosmopolite, ouvert aux autres tout au fil de l’histoire. Il n’oublie pas la page sombre de la traite négrière, trop longtemps occultée dans l’histoire de la ville, celle de la montée de l’antisémitisme de la fin du XIXe siècle et du début XIXe avec l’affaire Dreyfus et celle de la seconde guerre mondiale : expo infâme sur les juifs qui remporte un gros succès, déportations, etc. Mais dans d’autres périodes, avec d’autres populations, Bordeaux s’est mieux comportée. « Je prends l’exemple, poursuit Bernard Lachaise, des protestants qui ont connu une période extrêmement difficile en France après 1685 et la révocation de l’Édit de Nantes, à fin du XVIIe et au XVIIIe siècle. Et bien, à Bordeaux, parce qu’il y avait une communauté protestante ancienne et parce qu’il y avait, en particulier dans le négoce bordelais et au niveau des élites bordelaises des familles protestantes qui s’étaient implantées et qui comptaient, les protestants ont été moins brimés que dans d’autres villes françaises. Évidemment, les intérêts étaient économiques, Bordeaux s’y retrouvait mais l’exemple n’en reste pas moins assez intéressant ». Pour l’historien, l’autre élément important à Bordeaux, c’est la diversité
– qui s’explique par la position géographique de la ville – avec une continuité de l’accueil de populations espagnoles et portugaises. « Il y a une arrivée de population espagnole très antérieure à la guerre civile sous Franco. Celle-ci est encore très présente dans la mémoire de chacun mais c’est beaucoup plus ancien. Ça date en particulier de l’époque révolutionnaire, des guerres napoléoniennes, des liens tumultueux entre la France et l’Espagne à l’époque, puis l’histoire compliquée de l’Espagne au XIXe siècle. Là, il y a eu des arrivées importantes d’espagnols. Cette continuité du monde ibérique, espagnol et portugais, est une réalité et ces groupes restent encore les plus nombreux à notre époque à Bordeaux ». Au XXe siècle, arrivent des Italiens et des Africains du Nord, Marocains en particulier à Bordeaux. Là encore, c’est lié à la proximité et aux liens historiques de Bordeaux avec ces territoires colonisés ou de protectorat puis à la décolonisation qui a « augmenté la part de ces originaires dans la population bordelaise ». « Alors terre d’accueil, oui, conclut Bernard Lachaise, avec une immigration constante, abondante, une intégration variée, moins connue pour les périodes anciennes, plus facile pour les catégories aisées mais, dans l’ensemble, toujours mieux que dans d’autres grandes villes ». Ces mêmes catégories aisées qui font, aujourd’hui, le succès électoral du Front national dans les quartiers bourgeois de Bordeaux…
Claire Mestre est médecin-psychiatre, anthropologue. Elle a, déjà, une longue expérience d’accueil de populations étrangères qui l’amène à insister sur la nécessité de lutter contre ses propres préjugés, à réconcilier accueil et hospitalité et, pour ce faire, à se démarquer de la politique « inhospitalière » de l’État. Claire Mestre participe, en 1994, à la création de l’unité de consultation transculturelle du CHU de Bordeaux et fonde, dans la foulée, l’association MANA* pour mieux accueillir et soigner sur le plan psychologique les personnes migrantes. « Nous avions la chance d’être dans une structure publique qui, à l’époque, nous donnait des moyens et la liberté de créer », explique-t-elle. La praticienne détaille ensuite les motivations, les moyens mis en place, l’expérience de ce parcours individuel et collectif. En une vingtaine d’année, le public a changé. « Nous sommes passés des “immigrés” aux demandeurs d’asile, ajoute-t-elle. Aujourd’hui, la majorité de la migration est politique. 80 à 90 % des personnes que nous accueillons sont des demandeurs d’asile, des victimes de la torture et de la répression politique avec des problématiques qui tournent autour de la violence, toutes sortes de violences en particulier pour les femmes qui sont un gros bataillon de la migration et qui subissent violences familiales, politiques, culturelles jusqu’aux violences sexuelles, dans le pays d’origine comme sur le parcours de l’exil. » Même s’il n’y a pas eu ce type de violences, le parcours de migration lui-même peut parfois être à la source de malentendus avec les équipes médicale de l’hôpital qui font alors appel à la consultation spécialisée. Elle témoigne, par son expérience, de la nécessité dans l’accueil de personnes migrantes de, sans cesse, se remettre en question, par exemple, « dénouer ce qui peut être violent dans la médecine pour ces personnes ». « On est dans une espèce de médiation où la question de la traduction de la langue, de la compréhension, des effets culturels mais aussi de la migration sur la personne doivent être pris en compte. » Au-delà du partage de son expérience, Claire Mestre interpelle sur la différence qu’il y a entre l’accueil et l’hospitalité. « Pour être hospitalier, il faut accueillir mais l’accueil ne fait pas toute l’ hospitalité. L’ hospitalité c’est comment accueillir l’étranger qui est toujours en même temps porteur
d’inquiétudes mais aussi, potentiellement, de bonnes nouvelles. Il y a toujours, quelques soient les cultures, cette ambivalence ». L’anthropologue distingue une hospitalité étatique, une hospitalité associative et une hospitalité plus intime, plus familiale, individuelle. « C’est important de faire ces distinctions car il y a, en France, une politique migratoire qui est devenue, sur les dix dernières années, très médiatisée, très politisée et qui est inhospitalière. Elle ouvre, certes, ses portes à certains étrangers mais pas à tous. Elle effectue un tri entre les étrangers économiques, les étrangers politiques, bref, ce qu’on nous sert médiatiquement et qui est très clairement une distinction politique entre le bon migrant – environ 20 % des demandes d’asile aboutissent – et les autres qui seraient à ramener chez eux. Historiquement, en tout cas dans le secteur du soin, l’hospitalité a toujours été portée par les associations. L’État a délégué aux associations cette capacité d’accueillir l’étranger et de l’intégrer ». Le problème, pour Claire Mestre, est qu’aujourd’hui l’État délègue aux associations aussi le soin de trier. Or c’est, pour elle, tout à fait incompatible avec l’hospitalité. « Il n’y a pas de relation possible dans ce contexte, affirme la praticienne. Pour le soin, on ne demande pas les papiers, c’est inconcevable et j’espère que ça continuera ». De quoi interpeler tous les bénévoles des associations qui pratiquent l’aide alimentaire subventionnée et auxquels l’État rappelle régulièrement qu’elle ne peut bénéficier qu’aux personnes « en situation régulière ». Au Secours populaire, cependant, les fonds propres permettent de pratiquer une solidarité sans conditions et c’est tant mieux pour ses salariés et ses bénévoles car il « peut être douloureux d’être pris dans le rejet du public par la politique migratoire de l’État, comme de mettre à la porte une personne sachant qu’elle va dormir dehors », prévient Claire Mestre. Un sacré programme d’échange et de débat où ont aussi été évoqués la différence entre solidarité et charité, la nécessité de déconstruire collectivement les préjugés, d’avoir conscience de l’inégalité dans la relation d’accueil pour essayer d’en amoindrir les effets, les attitudes et positionnements physiques à favoriser ou à éviter… * Association de soins psychothérapeutiques (notamment par des ateliers de pratique artistique), de prévention, d’interprétariat médical et social, d’accès aux droits, etc. pour les populations migrantes.
Les Nouvelles 26 octobre 2017 • 5
INTERNATIONAL CATALOGNE
BILLET
L’anéantissement de Raqqa Les Forces démocratiques syriennes (FDS), appuyées entre autres par l’aviation états-unienne et européenne (essentiellement britannique et française), ont fini par conquérir Raqqa, capitale autoproclamée de «l’État islamique » en Syrie. Comme d’habitude, un voile pudique sera jeté sur la manière dont s’est opérée cette reconquête et qui n’a rien à envier à celle employée par les Russes et l’armée syrienne afin de reprendre les quartiers est d’Alep. Qu’on en juge : selon l’Observatoire syrien des droits
de l’homme (OSDH), 1 130 civils ont trouvé la mort sous les bombes visant Raqqa (1 607 à Alep), et les deux villes martyres présentent le même paysage de désolation : immeubles en ruines, rues remplies de décombres, carcasses de voitures… Reste à savoir ce que les FDS et leurs parrains occidentaux feront de ces ruines, dont le gouvernement syrien exige le retour dans le giron de Damas.
L’Espagne dans l’impasse après le déclenchement de l’article 155 par Rajoy
Marc De Miramon, dans l’Humanité Dimanche du 19-25/10-17
CENTRAFRIQUE
Visite d’Antonio Guterres aux casques bleus sur fond de violences Secrétaire général de l’ONU depuis le 1er janvier 2017, le Portugais Antonio Guterres a choisi de se rendre mardi en Centrafrique pour sa première visite. Secrétaire général de l’ONU depuis le 1er janvier 2017, le Portugais Antonio Guterres a choisi de se rendre mardi en Centrafrique pour sa première visite, depuis sa prise de fonction, à une mission de maintien de la paix. Un choix qui ne doit rien au hasard. La République centrafricaine (RCA) détient le peu envié record d’interventions des casques bleus : une dizaine. Ce
pays vit « une crise dramatique mais une crise oubliée », a déclaré Antonio Guterres. Les violences ont redoublé ces derniers mois dans les provinces, au moment où le mandat des 12 500 casques bleus de la Minusca déployés est sur le point d’être renouvelé. Douze casques bleus ont été tués depuis le début de l’année, notamment à Bangassou (six morts en mai) où doit se rendre Antonio Guterres. Sa visite coïncidera par ailleurs avec la Journée des Nations unies, proclamée en 1947 et qui marque l’entrée en vigueur de la charte de l’ONU.
CRISE
La BCE a empoché 7,8 Md sur le dos de la Grèce « Faut-il payer pour les Grecs ? », « Qui va payer pour les Grecs ? »… Politiques et médias raffolent de ces petites questions un brin nauséabondes. Car, c’est bien connu, depuis sa quasi-faillite en 2010, la Grèce, croulant sous le poids d’une dette fruit de ses excès passés, vivrait grâce aux plans de « sauvetage » consentis par ses partenaires de la zone euro. Les derniers chiffres communiqués par la Banque centrale européenne (BCE) viennent une fois de plus casser ce mythe. Par le biais de son programme de rachat de dette publique du pays sur le marché secondaire (où s’échangent les titres déjà émis) à bas prix, puisque personne n’en voulait , la BCE a empoché quelque 7,8 milliards d’intérêts versés par la Grèce entre 2012 et 2016.
Une manne ensuite répartie entre les différentes banques centrales des pays de la zone euro. Depuis cinq ans, pour lui faire avaler toujours plus de mesures d’austérité, l’Eurogroupe (les ministres des Finances de la zone euro) agite l’idée de reverser ces profits à la Grèce… qui n’en a toujours pas vu un centime. Quant au FMI, l’autre « sauveur » des Grecs, une ONG britannique estimait en 2015 qu’il avait déjà gagné 2,5 milliards d’euros sur le dos du « sauvé ». La « crise grecque » est un bon placement. L’eurodéputé et directeur de l’Humanité, Patrick Le Hyaric, a d’ailleurs lancé une pétition sur change. org : Rendez l’argent aux Grecs.
RÉPUBLIQUE TCHÈQUE
L’extrême droite et les pirates éclipsent la victoire de Babis Éventée par les sondages, la large victoire (29 %) du milliardaire populiste Andrej Babis, du mouvement ANO (Action des citoyens mécontents), lors des élections législatives des 20 et 21 octobre, a fait moins sensation que la percée inattendue de l’extrême droite, soutenue par Marine Le Pen, et du Parti pirate. Anti-immigration et anti-UE, Liberté et démocratie directe (SPD), du Tchéco-Japonais Tomio Okamura, a obtenu 10,6 % (22 sièges), presque
à égalité avec le Parti pirate, 10,8 % (22 sièges contre 0 en 2013). Ils sont juste derrière les conservateurs de l’ODS (11,3 %). La gauche s’effondre de façon spectaculaire. Au pouvoir, le Parti social-démocrate CSSD est laminé avec 7 % (moins 13 points). Déconvenue aussi pour le Parti communiste KSCM qui passe de près de 15 % en 2013 à moins de 8 %. Faute de majorité absolue, Andrej Babis a lancé des consultations pour trouver des alliés dans son futur gouvernement.
6 • Les Nouvelles 26 octobre 2017
450 000 personnes ont manifesté, samedi 21 octobre, à Barcelone pour la libération de dirigeants d’associations favorables à l’indépendance catalane alors que le président du gouvernement, Mariano Rajoy, a activé l’article 155 de la Constitution espagnole et donc décidé, avec l’aval du Sénat vendredi, de suspendre l’autonomie de la région catalane. La manière forte de Mariano Rajoy rassemble contre elle, au-delà des indépendantistes. Samedi, la capitale catalane, Barcelone, a connu une manifestation immense pour la défense des libertés publiques. Selon la police locale, ce ne sont pas moins de 450 000 personnes qui ont défilé. C’est la Table pour la démocratie – qui comprend 70 organisations, dont certaines non indépendantistes, comme les syndicats Commissions ouvrières ou Union générale des travailleurs – qui appelait au rassemblement. La maire de Barcelone, Ada Colau, absente le 11 septembre lors de la « diada », la marche des indépendantistes, était cette fois présente. À l’origine de la convocation de la manifestation : l’exigence de la libération de Jordi Sanchez et Jordi Cuixart, dirigeants des associations Assemblée nationale catalane et Omnium Cultural. Lundi dernier, un juge d’instruction les a placés en détention pour sédition. En réalité : pour avoir organisé des manifestations. (…) De plus, le rassemblement de ce samedi a été nourri par un autre coup de force, provenant directement de l’exécutif espagnol. Le même jour, le président du gouvernement, le conservateur Mariano Rajoy, a fait officialiser, à l’occasion d’un Conseil des ministres extraordinaire, l’activation de l’article 155 de la Constitution espagnole. Vendredi, le Sénat – où le Parti populaire de Mariano Rajoy est majoritaire à lui seul – devrait donc décider de suspendre l’autonomie de la région catalane. Le gouvernement national prendrait directement le contrôle de l’exécutif catalan et de la police régionale. Le Parlement, l’assemblée législative catalane, continuerait de siéger, mais serait mis sous tutelle, avec des compétences réduites.
Enfin, le gouvernement espagnol entend organiser des élections régionales anticipées dans six mois. (…) S’il n’a pas dévoilé ses intentions depuis samedi, Carles Puigdemont avait prévenu, jeudi dernier, que l’activation de l’article 155 entraînerait de la part de la Generalitat une déclaration unilatérale d’indépendance. Pour le moment, le président de région n’a annoncé que la convocation, avant vendredi, du Parlement en séance plénière, pour répliquer aux décisions du gouvernement espagnol. La porte du dialogue bloquée
Voici donc la Catalogne et l’Espagne au milieu du gué. « Alors qu’on approuve l’article 155 pour avoir déclaré l’indépendance, on veut proclamer l’indépendance pour avoir appliqué l’article 155 », résume Alberto Garzon, dirigeant de la coalition écolocommuniste Izquierda Unida. Car la prise de contrôle par Madrid des institutions régionales risque de provoquer encore plus de violences et de déploiement des forces sécuritaires. Il faut dire que Mariano Rajoy ferme la porte à tout dialogue – malgré les offres faites en ce sens de la part de Carles Puigdemont. Il choisit un traitement judiciaire du conflit entre Madrid et Barcelone. Les élections régionales qui devraient être convoquées dans six mois n’empêcheront pas la nécessité d’un dialogue entre le pouvoir central et ses régions. Car, s’il n’est pas sûr qu’une majorité se dessine pour l’indépendance parmi les habitants de Catalogne, 80 % d’entre eux défendent leur droit à l’autodétermination, qu’il y ait ou non des élections régionales anticipées. « Tant qu’il n’y aura pas de référendum négocié entre la région Catalogne et l’État espagnol, il n’y aura pas de solution au problème catalan », estime Ramon Luque de la Gauche unie et alternative (EUiA), la branche catalane d’IU, qui appelle à redéfinir les institutions espagnoles pour fonder une république plurinationale. (…) Cependant, sur le plan démocratique, la stratégie du fait accompli des séparatistes de la Generalitat – critiquée par les antilibéraux espagnols de Podemos ou d’Izquierda Unida – ne répond pas à l’exigence d’autodétermi-
nation des Catalans. La consultation du 1er octobre a été excluante, car contraire tant à la Constitution de l’Espagne qu’aux textes qui régissent les institutions catalanes. En conséquence, seuls 43 % du corps électoral ont participé au vote. De ce fait, l’indépendance l’emporte avec 90 % des suffrages, dans un contexte de répression de la part de Rajoy. Un chiffre disproportionné : dans les enquêtes d’opinion pré-scrutin, seuls 40 à 50 % des Catalans se prononçaient pour l’indépendance. Et lors des dernières élections régionales, en 2015, les partis favorables au référendum unilatéral, bien que majoritaires en sièges, avaient obtenu moins de la moitié des voix. Sur le plan économique, l’aventurisme de la Generalitat produit ses premiers effets : du fait de l’incertitude juridique, près de 700 entreprises catalanes ont transféré leur siège vers une autre région espagnole. Quant au plan diplomatique, Carles Puigdemont se trouve plus que jamais isolé. Il n’a enregistré le soutien d’aucun État de l’Union européenne lors du sommet de jeudi et vendredi derniers à Bruxelles. Aucune option sur la table – Espagne unitaire, Catalogne indépendante ou Espagne plurinationale – ne peut faire l’économie de négociations et d’une validation par une consultation populaire. Gaël De Santis, l’Humanité du 23/10/2017
Référendums pour l’autonomie en Lombardie et Vénétie La question de la redéfinition des frontières, ou d’un nouveau rapport entre État et régions, est en débat dans divers pays de l’Union européenne. En 2014, un référendum d’indépendance a été organisé en Écosse, en accord avec le gouvernement du Royaume-Uni. En Belgique, la poussée du nationalisme de droite flamand a conduit à plus de compétences pour les régions. Dimanche, en Italie se sont tenus deux référendums dans les régions aux mains des séparatistes xénophobes de la Ligue du Nord, la Lombardie et la Vénétie. L’objectif est le transfert de compétences de l’État à ses régions et le maintien à domicile des impôts des Lombards et Vénitiens. Cela représenterait respectivement 52 et 12 milliards d’euros.
PCF CONGRÈS 2018
ESPACE LIVRES
Une consultation des communistes bien lancée
Regards croisés sur la petite Espagne à Bordeaux
à la hauteur des enjeux, des attentes. La méthode
Lors du Conseil national du 14 octobre, Emilie Lecrocq, responsable nationale de la Vie du Parti, a dressé un premier bilan des retours de questionnaires, à michemin de l’assemblée nationale des animateurs-trices qui se tient le 18 novembre. Elle estimait positif le lancement depuis un mois de la consultation, soulignant qu’une grande majorité des fédérations avait « bien entamé le travail et mis en place des responsables et des dispositifs d’animation collective sous des formes diverses, selon les départements ». « La grande majorité des réponses à la consultation sont des réponses en ligne » précisait-elle et « plus de 4 000 adhérents ont pris le temps de répondre pour verser leur avis au débat, d’autres sur papier et le transmettront via leur section ou leur fédération ». (À ce jour près de 150 questionnaires, la majorité par internet ont été remplis en Gironde). Parmi ces 4 000 réponses, elle trouve encourageant d’en voir la diversité : « Des animateurs locaux du parti comme des adhérents plus éloignés de nos structures, dont certains dont nous ne possédions plus les bonnes coordonnées postales, par exemple. » Cela montre « l’intérêt des communistes de donner leur avis quand on le leur demande, et de participer au débat préparatoire du congrès ». Face à l’ambition que porte notre parti d’associer le plus grand nombre d’adhérents du PCF, « réussir cette première étape de co-construction du congrès peut lui donner le caractère extraordinaire que nous souhaitons ». C’est important « pour la mise en mouvement d’un plus grand nombre d’adhérents de notre parti, pour faire bouger les rapports de force, pour gagner en ampleur et efficacité dans la diffusion de nos idées dans la société ». Jusqu’au 18 novembre, « il nous faut donner plus de force à ce travail en l’étendant aux communistes que nous voyons moins régulièrement, ce qui nécessite des plans de travail et sur listes, section par section. » Sur les doutes qui ont pu exister et persistent autour du document de consultation, « aujourd’hui une majorité des animateurs s’accordent à dire que c’est un outil utile pour aller à la rencontre des communistes » précisait Emilie Lecrocq. Récolter l’avis, et faire réfléchir, débattre autour de nos objectifs
Les questions, que les communistes sont appelés à prioriser, aident à « éclairer les obstacles comme à identifier les points d’appui dans notre activité » et « à créer d’emblée une première dynamique autour du diagnostic des
transformations nécessaires à opérer dans notre parti ». Cela « ouvre la réflexion personnelle » tout en « donnant une impulsion aux échanges collectifs » permettant ainsi « d’amorcer le cheminement, et particulièrement celui choisi par les communistes ». Elle précise que « bien des adhérents s’emparent de cette invitation » et « de nombreux camarades poussent le débat plus loin en communiquant des contributions individuelles ou collectives, des comptes-rendus de réunion, sur les sujets qu’il leur semble important d’aborder à l’occasion de notre congrès ». C’est « cet ensemble d’éléments de travail » qui « permettront de préparer et de définir les propositions mises en débat le 18 novembre ». Le 18, une journée importante
Partant de là, « l’assemblée des animateurs doit permettre d’établir collectivement la liste des chantiers de travail, l’ordre du jour, ainsi que la méthode de préparation du congrès ». Une commission* sera chargée d’y « formuler une synthèse et des propositions », et « à partir des contributions, des comptes-rendus et des résultats de la consultation des communistes, cette commission travaillera des propositions sur les sujets à l’ordre du jour de cette rencontre ». Elles seront alors « débattues et enrichies, en ruches et en séance plénière, afin de finaliser les questions à l’ordre de jour et les méthodes de travail, de débats et d’élaboration collective ». Emilie Lecrocq estime qu’à ce jour, « plus de 90 % des communistes consultés indiquent que la question de la “communication” devra être abordée lors du congrès ». « De quel parti avons-nous besoin ? », est aussi pointée comme importante à 88 % des consultés, de même pour « De qui voulons-nous être le parti ? ». « Les questions relatives aux dynamiques de changements, de rassemblement et de la gauche, figurant comme des éléments importants. » À ceci elle ajoute que « une partie des comptes-rendus de réunion pointent les mutations de la société, notamment dans le travail. » Ces premières réponses, même partielles, constituent des éléments à analyser finement pour prendre en compte l’ambition et les attentes qu’expriment les communistes pour le congrès à venir, afin de définir des chantiers et une méthode de travail
« Cette question doit être considérée avec tout autant d’importance que la définition des thèmes des chantiers à travailler » insiste Emilie Lecrocq. « Nos chantiers doivent permettre bien sûr le débat d’idées mais également des espaces afin d’expérimenter les dynamiques qui nous paraissent indispensables pour demain », et elle invite à « ne pas se priver des intelligences, des expériences qui existent et se vivent dans la société, dans les cercles proches de nous ». Elle cite par exemple « les initiatives que le parti a programmées ces prochaines semaines et mois, sur des thèmes et des configurations diverses » qui seront « l’occasion d’échanger, avec des intervenants de qualité, intellectuels ou acteurs impliqués dans différents cadres de la société ». Ainsi sur le centenaire d’Octobre 17 qui débute, le forum européen à Marseille en novembre, les rencontres Niemeyer en janvier 2018, les États généraux du progrès social décidés par le PCF en février, les états généraux du numérique en mars ou encore la Convention nationale pour l’art, la culture et l’éducation populaire. Elle concluait par Sénèque : « Ce n’est pas parce les choses sont difficiles que nous n’osons pas, c’est parce que nous n’osons pas qu’elles sont difficiles ». * La commission, à parité, présidée par Pierre Laurent, est composée de Thierry Aury, Frédéric Boccarra, Vincent Bouget, Céline Brulin, Marie-Christine Burricand, Nicolas Cossange, Isabelle De Almeida, Cécile Dumas, Frédéric Genevée, Colette Gergen, Yann Le Pollotec, Céline Malaisé, Corinne Matignon, Gilles Ravache, Guillaume Roubaud-Quashie, Anne Sabourin, Aymeric Seassau, Nathalie Simonnet et Emilie Lecrocq.
Composition de l’assemblée des animateurs/trices Les secrétaires fédéraux, les membres du Conseil national ainsi que les parlementaires sont invités à y participer. Les animateurs et animatrices de section, sur la base des cotisants ADF : un animateur de section par tranche de 10 et 100 cotisants ADF + un animateur supplémentaire ; deux pour les sections à plus de 100 cotisants ADF. Chaque membre du Conseil national et chaque secrétaire fédéral participe à une part du travail de la commission pour la préparation du 18 novembre et un travail en ateliers a été organisé, dont deux animateurs par atelier sont chargés des comptes-rendus écrits qui sont versés aux travaux de la commission.
Jeudi 9 novembre 2017 à 18h30, l’Espace livres, en lien avec la librairie La Renaissance, vous invite à la fédération du PCF, 15 rue Furtado à Bordeaux, pour des « Regards croisés sur la petite Espagne à Bordeaux ». En présence de : Simone Gélin, auteure de polars dont le roman L’affaire Jane de Boy vient de recevoir le prix de l’Embouchure 2017 à Toulouse Polars du Sud, et Marion Duclos, auteure de bandes dessinées qui vient de publier Ernesto. Ces deux auteures, chacune dans son registre, nous entraînent au fil des pages dans la communauté espagnole de Bordeaux, aujourd’hui et hier… Leurs regards seront enrichis des souvenirs de quelques « espingouins » qui ont grandi dans ces quartiers. En attendant cette rencontre, nous serons là les jeudis 26 octobre et 2 novembre entre 15h et 19h, avec un choix de livres allant de la littérature de jeunesse aux expressions politiques en passant par la littérature, l’écologie, le polar, la philo, la poésie… Vous pouvez aussi nous contacter : livrerenaissancepcf33@orange.fr COUTRAS/GUÎTRES
Une rentrée active autour de l’Humanité Depuis la fin de l’été, la Société des lecteurs et lectrices de l’Humanité, organisée sur les cantons de Coutras Guîtres a multiplié les initiatives avec un succès important. Fin août, plus d’une centaine de participants se sont retrouvés autour du méchoui organisé par l’association, pour un grand moment de convivialité, de fraternité et de solidarité. La trésorière souhaitant la bienvenue, c’est notre ami René Paris qui, dans son intervention, a rappelé le rôle important du journal l’Humanité. Pour la première fois, des jeunes étaient présents et ont participé aux discussions, aux débats. Plus de 700 € ont été collectés pour l’Humanité et 13 vignettes/bons de soutien places.
Puis, le 14 octobre dernier , le bureau de l’association a réuni à son siège les participants et participantes à la Fête de l’Humanité. Dans son intervention, le président de l’association a rappelé l’importance de la participation, mais aussi de la bonne préparation en amont*, en les remerciant de leur investissement. Malgré les conditions difficiles, dues à la tempête qui a soufflé sur Le Bourget, l’ambiance a été formidable, comme ont tenu à la souligner celles et ceux qui étaient dans les autres services. La trésorière, après avoir présenté le bilan financier, a précisé que plus de 800 repas avaient été servis, du lundi 11 au dimanche 17 septembre à midi. * NDLR : L’équipe Coutras/Guîtres prépare tout au long de l’année et organise la « cantine » des bénévoles sur les fêtes de l’Humanité à Paris et en Gironde.
Réveillon de la Saint-Sylvestre, dimanche 31 décembre à partir de 20h, salle Bonnot. Les inscriptions pour l’édition 2017 sont ouvertes. Réservations* : (58€ adultes, 12€ enfants de moins de 12 ans) Eliane Garbiso : 06 21 59 05 66 ou 05 57 49 67 76 Jacky Germon : 06 58 58 14 07 ou 05 57 49 67 76 André Pascault : 06 43 34 46 18 ou 09 79 59 64 74 * Menu dans le prochain numéro
Carnet LA RÉOLE/MONSÉGUR. Les communistes de la section de La Réole/Monségur ont la tristesse de faire part du décès de leur camarade Romain Paillet, gravement malade depuis longtemps. Une cérémonie aura lieu à Cours de Monségur, son village, samedi matin à 9h, à laquelle les camarades de la section seront présents, pour lui rendre hommage et soutenir sa famille.
SOUSCRIPTION
PCF COUTRAS-GUITRES
Poule au pot Samedi 4 novembre à midi, salle des fêtes de St Christophe de Double 18€. Réservations et inscriptions : Eliane Garbiso : 06 21 59 05 66 Daniela Bouvier : 05 57 69 16 58 ; Pierre Germon : 05 57 49 77 32
Tout versement par chèque ouvre droit à une réduction fiscale de 66% du montant versé. (chèque à l’ordre de ADF PCF 33). Les ressources financières du Parti communiste sont transparentes. Votre don, aussi modeste soitil, contribuera effica- cement à la démocratie, à l’expression et la prise d’initiative du Parti communiste. Cet ensemble sont les éléments majeurs pour continuer notre combat dans l’ambition d’une gauche forte et alternative. La fédération de la Gironde du PCF, lance une souscription afin de mener nos prochaines échéances politiques, notre objectif est de 70 000 euros.
Les Nouvelles 26 octobre 2017 • 7
CHRONIQUE
CULTURE & SOLIDARITÉ HOMMAGES
par Jeanne R.M.
Commémoration des fusillés de Souge
G. Durou, Président de l’association du souvenir des fusillés de Souge, a passé la dernière nuit dans la cabane des otages, qui furent fusillés le 24 octobre 1941.
Dimanche 22 octobre a eu lieu la traditionnelle cérémonie d’hommage aux fusillés, au camp de Souge à Martignas-sur-Jalles. Le week-end précédents, samedi 14, on commémoré les martyrs de l’aéronautique au nouvel emplacement de la Stèle, sur le site STELIA à Mérignac. Pourquoi continuer à honorer les fusillés ? D. Mazon, membre du bureau de l’Association du souvenir des fusillés de Souge, a entamé son allocution sur cette interrogation. La présence importante aux commémorations témoigne de la volonté des familles éprouvées, des citoyens de ne pas laisser tomber dans l’oubli le combat des résistants et leur sacrifice, sacrifice grâce auquel nous sommes libres. Le sens de leur lutte, beaucoup l’ont exprimé dans leur dernière lettre. Un exemple Alain Domecq : « Ne crois pas que je quitte la vie avec désespoir… Je ne regrette rien de ce que j’ai fait. En mon âme et conscience je crois avoir agi selon mon devoir d’homme ». La guerre, la pauvreté, le chômage de masse avaient ébranlé les sociétés. L’extrême droite s’en était nourrie, des régimes fascistes s’étaient mis en place. Bien des composantes du piège se retrouvent aujourd’hui. Racisme et mythe du bouc émissaire avaient dressé les uns contre les autres. Espagnols, italiens, juifs ou tziganes, nombreux, avaient fui leur pays. La France en avait accueillis beaucoup car, malgré les difficultés du moment, elle était une terre d’accueil et en a été enrichie. Rejet de l’autre, de celui qui est différent, beaucoup de minorités en ont payé le prix. Quoi de plus dangereux que l’uniformisation de la pensée rappela D. Mazon. Pour imposer leur idéologie, les nazis ont éliminé ou tenté d’éliminer toute démocratie,
toute idée différente. La traque des communistes en a été un exemple. Ces menaces contre la démocratie, nous en sommes protégés en France parce que beaucoup ont lutté, voire sont morts pour nos libertés mais aussi parce que collectivement nous en avons la mémoire. Les tenants du pouvoir économique et politique tentaient le plus souvent de transiger, de collaborer. La politique de l’autruche ne doit pas se renouveler. Et c’est pour cela que nous sommes ici tous les ans mais aussi en permanence diffusons largement notre exposition dans tous les lieux publics possibles : mairies, collectivités, salles de quartiers, établissements scolaires, médiathèques… La métropole l’accueillera dans son hall du 30 octobre au 10 novembre. Nous recevons sur ce site des groupes qui le demandent, des classes de collèges, de lycée. En janvier, février 250 à 300 élèves viennent ici. Ils prennent connaissance du courage des hommes que nous honorons. Car ils en avaient, les ouvriers de l’AIA et de la SNCASO pour saboter les pièces d’avions, Gabriel Geneste pour prendre la parole dans l’usine quand les allemands y avaient un bureau. Des familles entières s’engageaient dans la lutte armée, la cache des résistants comme les Castéra, l’entreposage des armes comme les Guillon ou les Lysiack dont le jeune fils transportait des messages dans le guidon de son vélo. Il avaient du courage, les époux Baudon attendant que la Résistance récupère les armes cachées chez eux tout en sachant l’arrivée des occupants imminente et Serge Derjean conseillant à son père de rester auprès de sa femme et de son fils pour, lui, rejoindre la Résistance, ou encore Pierre Borios, inspecteur de police, qui profite de ses déplacements pour transporter des armes. Il en fallait aussi du
courage aux jeunes des maquis de Dordogne, les frères Aspis et Haym, ceux du maquis de Vignes Oudide, Desblaches, Lafon ou Porthier, ceux des FTP des Landes Duhourquet ou Dubos. Ils en avaient du courage les étrangers espagnols, italiens, allemands… engagés aux côtés des français. Quelques illustrations parmi les 256, nous en citerons bien d’autres au fil des ans. La Résistance a été extérieure et intérieure impliquant la population dans toute sa diversité : communistes, gaullistes, socialistes, sans parti, parfois même anciens maréchalistes. La libération a bien été, en partie, l’œuvre du peuple. Commémoration des martyrs de l’aéronautique
Devant une nombreuse assistance, Patrick Gratchoff a rappelé l’histoire de la stèle érigée en 1946 à la SNCASO à Bacalan puis déplacée sur le site STELIA à Mérignac pour être accessible à tous. Cette stèle recence le plus grand nombre (78) de victimes salariées issues d’un même site industriel, victimes de traque syndicale et politique, fusillés, otages, déportés, bombardés. En organisant le désordre à la cantine, dans la production, contre les idées de soumission et de collaboration les salariés ont relevé la tête et donné l’exemple du patriotisme. Ils n’étaient pas, comme ils ne le sont pas aujourd’hui, quand ils défilent pour leur emploi ou leur salaire, en marge de la nation. Ils sont aussi la nation. P. Gratchoff rappelle que nous sommes les héritiers de ceux qui ont élaboré un programme de reconstruction de notre pays avec des droits pour la population, la sécurité sociale, des droits nouveaux pour les salariés, la création des comités d’entreprise et des CHSCT. Il s’est réjoui de l’attribution du prix Nobel de la paix au collectif ICAN contribuant au traité d’interdiction de l’arme atomique. Il a appelé à vivre dans le respect et la solidarité. « Cette stèle est bien à même, a-t-il conclu, de nous rappeler les valeurs de solidarité, ce qui nous lie et nous ancre dans le présent. L’histoire des martyrs de l’aéronautique invite à la réflexion sur notre avenir et celui des générations futures, appelant à porter dignement la flamme de la fraternité. »
« Agatha et la liberté d’Octobre 17 » Par la vitre enrhumée, elle regarde avec envie le sol givré. Il fait déjà nuit, le sol blanc et les quelques lampadaires illuminent et jaunissent la rue, la rendant chaude, propre et calme. Un calme feint, illusoire. Le calme enneigé d’un automne enflammé. Le bouillonnement de la vie, le désir de changement absolu, radical, la nécessité maintenant d’obtenir sa liberté. L’esclavage devrait très prochainement s’abolir. La servitude de son corps, de leur corps féminins anéantis. Agatha est agitée, pressée d’y être, veut en finir une bonne fois pour toutes. Les autres pays sont déjà en marche, leur guerre n’est pas finie. Elle attend derrière la vitre. Les copines arrivent. Les pancartes, les manifs dans tout son pays. Une épidémie virale, la fièvre d’octobre envahit les rues, les unes après les autres. Une montée d’espoir. Elle a créé son équipe, d’abord dans son entreprise, puis dans son quartier, dans sa région. Les étudiantes l’ont vite rejointe, comprenant l’enjeu d’un tel mouvement. Puis les mères de famille qui préfèreraient travailler plutôt que de torcher. Les enseignantes, les cadres, les ouvrières, les lettrées et les non diplômées, les catholiques enfin. Cette domination est devenue absurde, n’est plus d’actualité. Le tsar et la famille impériale doivent tomber, qu’on en finisse de ces millénaires d’asservissement. Agatha, le front collé au carreau gelé, attend le taxi qui la mènera à l’aéroport. Elle parle français sans jamais y avoir mis les pieds. Elle a hâte de les y poser dans quelques heures. Un rendez-vous préparé, agencé et tant attendu. La France est un modèle pour elles, les françaises leur montrent le chemin de cette nouvelle liberté. Une liberté républicaine, leur liberté féminine. Je l’attends avec joie et impatience, au téléphone ce fut un vrai régal de l’entendre. Les « r » roulés, les « u » faisant le loup. Notre rencontre s’était faite sur internet, via la plateforme internationale sur notre droit à disposer de notre corps. Agatha, et toutes les polonaises dans sa petite valise, sera notre invitée européenne. Comme les irlandaises et les maltaises, ses concitoyennes ne peuvent en aucun cas interrompre une grossesse non prévue. Comme les italiennes, elles n’ont pas de médecins pour faire le sale boulot. Où sont les hommes ? … devrait-on chanter en cette année 17. Bienvenue Agatha au pays d’Olympe de Gouges, de George Sand, de Gisèle Halimi, de Simone Veil. De Rosa, de Flora. De ma mère. Elles m’ont permis d’être libres, dans mon corps et dans mes choix. Donne-moi ta valise et viens avec nous. Caen, France, Octobre 2017 23e Journées Nationales contraception et ivg.
Pierre Bordas ANNONCES LÉGALES AVIS DE CONSTITUTION
Les Nouvelles de Bordeaux et du Sud-Ouest S.A.S. au capital de 37 000 euros Associés (à parts égales) : L. Chollon, F. Mellier, S. Laborde Directeur de la publication : Frédéric Mellier Abonnement 1 an : 25 euros. Abonnement de soutien : 40 euros Rédaction, composition, impression : S.A.S. Les Nouvelles de Bordeaux et du Sud-Ouest 15, rue Furtado - 33800 BORDEAUX Tél. 05 56 91 45 06 - Fax 05 56 92 61 01 - Annonces légales : annonces@nbso.fr Comptabilité : compta@nbso.fr - Redaction/Proposition d’article : redaction@nbso.fr @nvlbx Les nouvelles de bordeaux nbso.fr Commission paritaire de presse : 0118 C 85932
8 • Les Nouvelles 26 octobre 2017
49 jours, carnets d’une faiseuse d’anges
Il a été constitué une société dont les caractéristiques sont les suivantes : Dénomination : INTERIEUR PRO Forme : SARL Siège social : 7 rue du Général Leclerc 33640 Castres-Gironde Capital : 500 € Objet : Installation d’équipements électriques de cuisine et salle de bain Durée : 99 ans Gérant : M. MALATY Jean-Louis demeurant 7 rue du Général Leclerc 33640 CastresGironde La société sera immatriculée au RCS de Bordeaux Pour avis,
et
Eva Humana est, Les petites nouvelles de Jeanne R.M
14€
19€
Disponibles à la fédération de Gironde du PCF 15 rue furtado 33800 BORDEAUX