Nouvelles N° 2231

Jeudi 30 novembre 2017 - N° 2231 - Hebdomadaire - 15, rue Furtado - 33800 BORDEAUX - Prix : 0,80 euro

X U A E D R O

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E L L E VA-T

CR

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R E U AQ

CONTRE LE CHÔMAGE ET LES PRÉCARITÉS

BAHIA

Manifestation samedi 2 décembre

Bordeaux Métropole vote à l’aveugle

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dossier

p.4 à 6

VIOLENCES SEXISTES ET SEXUELLES

SPF

Tolérance zéro

Au secours de la solidarité en Europe

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P.8

ACTUALITÉ BORDEAUX

VIOLENCES SEXISTES

La rue tue encore

Emmanuel Macron ne brutalise pas son budget

Un SDF, un quinquagénaire roumain, est décédé dans la nuit de lundi à mardi face au Samu social, qui le suit depuis de nombreuses années, d’après Sud Ouest du 28 novembre. Son corps sans vie a été retrouvé dans la nuit.

« L’homme qui est décédé est une personne qui nous suivions depuis plusieurs années », indique le responsable du Samu social de Bordeaux, au journal régional. « Il était en situation d’errance et en refus d’hébergement. Toute la chaîne d’hébergement d’urgence était au courant de son existence. Cela ne nous empêchait pas d’assurer une veille sanitaire et au besoin de le faire hospitaliser comme cela a été le cas récemment. Si l’état de santé des personnes à la rue décline, nous faisons appel au 15 ou au 18 pour une mise à l’abri ». « Ces décès sont rarement médiatisés mais c’est au moins le dixième depuis le début de l’année, poursuit le responsable du Samu social. Les autres n’étaient pas dans la rue mais à l’hôpital. Des gens trop faibles ou en fin de vie ».

Une enquête a été confiée aux policiers. Une autopsie a été ordonnée pour rechercher les causes de la mort.

CLINIQUE DU TONDU

Samedi 25 novembre à Bordeaux, le « Non à la culture du viol » ou encore « Inégalités, sexisme… Tout est lié » a fédéré de nombreux-ses militant-e-s politiques et associatifs-ves.

Soignants en grève illimitée Environ un tiers des employés de la clinique du Tondu était en grève mardi.

Ils dénoncent leurs conditions de travail qui se dégradent et un manque cruel de personnel soignant dans l’établissement.

Le mouvement appuyé Sud santé sociaux puis par la CGT réclament davantage de personnel : « On atteint une limite où la charge de travail est trop lourde », se désole Sébastien Barnetche, représentant syndical Sud et infirmier à la clinique depuis trois ans. Sur une banderole installée derrière lui, le syndicat note 14 démissions depuis le mois de septembre. Pour les syndicats, ce sont les conditions de travail qui motivent les départs, la direction, elle, affirme qu’il s’agit majoritairement de problèmes de mobilité géographique et que tous les postes vont être remplacés. Car d’ici un an, la Polyclinique médico-chirurgicale de Bordeaux-Tondu, rachetée en mars par le groupe Saint-Gatien, devrait être transférée à Floirac. En attendant, le personnel soignant gréviste témoigne de la charge de travail de plus en plus lourde : « C’est dommageable pour les patients, frustrant pour nous, et les arrêts de travail se prolongent, témoigne Sébastien Barnetche. En chirurgie ambulatoire, le temps d’attente augmente.

Côté médecine, les soins sont de plus en plus rapides. » Mardi, les syndicats annonçaient l’échec de la négociation avec la direction et la reconduction de la grève pour une durée illimitée.

CAMPAGNE DE PÉTITION D’AY CARMELA

Pour que soient reconnus, jugés et condamnés les crimes du franquisme Comme l’année dernière, l’association girondine Ay Carmela renouvellera sa demande afin que soient reconnus, jugés et condamnés les crimes du franquisme, ainsi que le retrait de la légion d’honneur à Franco.

L’association sera présente le samedi 2 décembre, de 13h30 à 16h30, Place Saint-Projet à Bordeaux.

Cette action est initiée par Caminar - Coordination nationale d’associations mémorielles des descendants et exilés de l’Espagne républicaine - regroupant 15 associations sur l’hexagone, dont Ay Carmela est membre.

La pétition « VERITE, JUSTICE, REPARATION », qui sera envoyée à l’Ambassadeur d’Espagne à Paris, est disponible sur le site change. org avec le titre « Pour que soient reconnus et jugés les crimes du franquisme » (QR Code si contre).

La coordination demande également à ce que la légion d’honneur que Franco a reçue de la part du gouvernement français le 22 février 1928, lui soit retirée.

BICENTENAIRE BORDEAUX-CIENFUEGOS

Invitation à une rencontre publique L’association « Bordeaux Cienfuegos Bicentenaire » invite tous les amis de l’Histoire, de Cuba, et de la solidarité entre nos deux pays, à une soirée publique : samedi 2 décembre à 17h, amicale laïque de Bacalan, 2 rue Duquesne (face arrêt tram de Brandenburg) Diaporama « Carnets de voyage » d’un périple à Cuba en novembre, par Jean Querbes et Vincent Maurin et compte-rendu d’une rencontre avec personnalités de Cienfuegos.

SECOURS POPULAIRE VILLENAVE D’ORNON

Braderie de jouets et de livres À l’approche des fêtes de fin d’année, le comité de Villenave d’Ornon du Secours populaire vous propose une braderie de jouets et de livres : samedi 9 décembre de 10h à 18h et dimanche 10 décembre de 10h à 17h, À la Maison des solidarités, espace Jacques Brel (43 av. du Mal Leclerc).

Les sommes récoltées seront destinées à l’aide aux familles en difficulté.

Renseignement au 06 38 67 46 02 ou 06 88 71 37 04

2 • Les Nouvelles 30 novembre 2017

Le label « grande cause nationale » est une affaire de communication. Dans la pratique, il ne fait qu’ouvrir le droit à des spots télévisés sur le réseau de l’audiovisuel public et à mener des campagnes de « générosité publique ».

Emmanuel Macron et son gouvernement semblent l’avoir bien compris et comptent surfer sur l’air du temps pour se refaire un peu de popularité grâce à la cause de la lutte contre les violences sexistes. En lançant l’opération, samedi 25 novembre, à l’Élysée, Emmanuel Macron n’a pas ménagé ses efforts. Après la séquence compassion, avec une minute de silence dédiée aux 123 femmes tuées par leurs conjoints en 2016, il a déroulé son plan pour les cinq prochaines années, construit autour de trois priorités : « l’éducation et le combat culturel en faveur de l’égalité », un « meilleur accompagnement

des victimes » et un « renforcement de l’arsenal répressif ».

Le chef de l’État s’est engagé à la mise en œuvre de nombreuses mesures : « module d’enseignement » dans les écoles publiques consacré « à la prévention et à la lutte contre le sexisme, le harcèlement et les violences », formation des agents du service public, création dès l’année prochaine d’unités hospitalières pour la « prise en charge psychotraumatique » des femmes victimes de violences et possibilité de porter plainte à l’hôpital, création d’un « délit d’outrage sexiste » pour lutter contre le harcèlement dans l’espace public ou encore fixation à 15 ans de l’âge minimal pour le consentement et l’allongement de vingt à trente ans du délai de prescription pour les atteintes sexuelles sur mineurs,…

Mais, comme souvent, c’est dans la

question des moyens que se cache le diable. La question du budget de la lutte pour l’égalité et contre les violences sexistes est récurrente depuis des années. Oui mais cette fois-ci, le chef de l’État l’affirme : le budget du secrétariat d’État sera augmenté « pour atteindre son plus haut niveau »… Ledit budget passerait en effet de 29,81 millions d’euros en 2017 à… 30 millions. Une hausse finalement minime.

Emmanuel Macron a aussi « annoncé » 420 millions d’euros de budget alloué à l’égalité hommes-femmes.

Une pure illusion pour Caroline De Haas, fondatrice d’Osez Le Féminisme. « Ces 420 millions sont un chiffre issu de ce qu’on appelle le “DPT”, document de politique transversale, explique celle qui était conseillère de Najat Vallaud-Belkacem en 2012, quand fut recréé (de manière éphémère) un ministère des Droits des femmes de plein exercice.

Par exemple, sur l’ égalité femmeshommes, le DPT liste les dépenses du ministère de Marlène Schiappa, mais aussi de l’Intérieur, de la Santé, des Affaires étrangères, etc. » Or, ce même budget existait déjà l’année dernière.

Pas un euro de plus n’y sera ajouté.

Le PCF dénonce la « duplicité » du gouvernement sur les violences faites aux femmes et propose la mise en place de politiques publiques à hauteur d’un milliard d’euros. Il exige aussi un ministère des Droits des femmes de plein exercice (lire page 7).

2 DÉCEMBRE

Marche contre le chômage, les précarités et pour de nouveaux droits sociaux Le samedi 2 décembre 2017, à 14h30, place Pey Berland à Bordeaux, aura lieu la traditionnelle « Marche contre le chômage, les précarités et pour de nouveaux droits sociaux » à l’appel de plusieurs organisations.

Faces aux attaques contre les plus précaires du gouvernement Macron (baisse des APL, du pouvoir d’achat, notamment pour des millions de retraités, remise en cause de la solidarité des cotisations sociales, code du travail, gel/suppression des emplois aidés…) alors même que l’I.S.F est supprimé et le C.I.CE maintenu (des milliards pour les entreprises pour zéro résultat concernant les emplois), les organisations s’inquiètent pour les futures réformes du système d’allocations chômage.

Le communiqué rappelle que, sous Hollande, 200 contrôleurs avaient été recrutés pour débusquer les soidisant fraudeurs. Après plus d’un an de traque, le résultat vient de tomber : 86 % des personnes contrôlées remplissent leurs obligations de « recherche effective d’emploi » alors qu’il y a plus de 6 millions de chômeurs.

Et sur les 14 % pris en « faute » seuls

40 % étaient indemnisés par l’Unedic et 36 % ne touchaient rien du tout ! « Dans ce contexte, le renforcement du contrôle proposé par Macron est une pression sociale inutile qui a juste pour but de faire baisser les chiffres du chômage », commentent les organisations. « La nouvelle Convention chômage en vigueur depuis le 1er octobre dégrade encore le sort des chômeurs, poursuivent-elles : l’âge auquel on pouvait prétendre à une indemnisation de 3 ans, au lieu de 2 ans était jusqu’à peu auparavant de 50 ans, il est aujourd’hui de 55 ans et Macron voudrait que cela passe à 59 ans. Les changements prévus vont faire baisser le montant et la durée des indemnisations. Des mesures contre les plus pauvres et les plus précaires au bénéfice des riches, des actionnaires et des grands patrons… » À ces mesures s’ajoutent les déclarations méprisantes sur les fainéants, les illettré-e-s, les « travaille si tu veux t’acheter un costard », etc…

- Une indemnisation de toutes les formes de chômage et de précarité avec le SMIC comme référence.

Les organisations exigent :

* AC ! Gironde, les SansRien, Les SDF de la tablée, ASSO 33, Collectif des Associations Excédées, Chômeurs landes emplois solidarité, CIPG Gironde, Attac 33, UD CGT 33, CGT CAF 33, FSU 33, Solidaires Sud emploi, Ensemble, PCF 33, NPA, RPS FIER 33.

- Un emploi en CDI correctement rémunéré, librement choisi, socialement utile.

- Une véritable et nouvelle réduction du temps de travail.

- L’arrêt des contrôles et des sanctions contre les chômeurs et précaires, des moyens, notamment humains, afin que Pôle emploi puisse remplir sa mission de service public.

- Une allocation exceptionnelle (dite prime de Noël) d’un montant de 500 euros pour tous les chômeurs et les précaires.

- Une véritable politique de formation choisie.

- La gratuité des transports publics pour les chômeurs, les précaires et leurs familles.

- L’application du droit au logement pour toutes et tous.

ACTUALITÉ

Editorial

BAHIA

Le conseil de métropole vote à l’aveugle !

Le conseil de métropole de ce 24 novembre était saisi d’une demande de modification du PLU sur la route de Toulouse, pour y laisser se développer le projet BAHIA, de rapprochement de l’hôpital RobertPicqué avec la fondation Bagatelle.

Projet au sujet de laquelle le conseil de métropole avait voté une motion, en mai dernier. C’est pourtant sans éléments tangibles et sans avoir démontré « l’intérêt général » que le Conseil de métropole a voté le processus de modification du PLU. Les élus-e-s communistes s’y sont opposé-e-s. Pour les associations et citoyen-ne-s, la bataille continue pour le développement de l’offre de soin, via notamment la concertation publique qui doit maintenant s’ouvrir. Voici l’intervention d’Odile Blein sur ce sujet : « Tout d’abord, cette délibération ne rappelle pas que notre conseil a voté à l’unanimité une motion demandant le développement de l’offre publique de soins sur le Sud de l’agglomération.

Développement en particulier sur le site de Robert-Picqué qui semble, du point de vue du foncier disponible, du caractère public de celui-ci et du point de vue urbanistique, le plus àmême à recevoir cette fusion. Cette motion a été votée en mai dernier.

Aucun élément n’a été depuis porté

à la connaissance de cette assemblée permettant d’affirmer, comme le fait la délibération proposée, que le projet BAHIA porte “un intérêt général avéré”.

Au contraire, les réunions publiques ont été très tendues et les associations de défense de cet hôpital font le constat d’une opacité totale sur un projet qui semble faire la part belle à la fondation Bagatelle. C’est à dire à des projets immobiliers dont il n’est pas même fait état. Aucune annexe, aucune présentation même

sommaire, du projet, de ses capacités en nombre de lits, de personnels, de structure. Rien non plus sur ses impacts sur l’environnement, le patrimoine et la circulation dans le secteur. Tout juste faut-il se contenter de formules comme “portées par la conjoncture actuelle, les deux structures ont décidé d’unir leurs moyens afin de catalyser la qualité de leur offre de soin et optimiser la performance de leur fonctionnement”… Si quelqu’un comprend…

La question de l’offre de santé est un sujet grave, quand on considère l’état de délabrement de l’hôpital public dans notre pays et les enjeux démographiques de notre agglomération qui sont, eux, en revanche bien posés par la délibération.

Pour notre part, rien n’est venu contredire notre conviction que le site de Robert-Picqué est mieux équipé pour recevoir un tel projet.

Pour l’anecdote, un document produit par la fondation Bagatelle, dont nous avons eu connaissance, affirme que son site est performant du point de vue des déplacements puisque “situé près des lignes de bus et de pistes cyclables”… Oui, messieurs les maires de Bègles, Talence et Villenave, c’est bien de la route de Toulou se que l ’on parle… Ét a nt donné s l’ensemble de ces éléments, nous demandons le retrait de cette délibération afin d’exiger que les porteurs du projet BAHIA présentent l’ensemble des éléments nécessaires aux élu-e-s pour une décision aussi importante que la modification du PLU. C’est d’ailleurs ce que la commission d‘accès aux documents administratifs (CADA) a répondu au collectif “Santé, un droit pour tous”. Ce que cette commission a exigé de l’État, nous devrions l’exiger pour les élu-e-s locaux. »

Non à la sélection à l’université ! leurs études et ont, de fait, tendance à subir une situation d’échec par manque de temps et d’énergie pour étudier. Si le Mouvement des jeunes communistes, ainsi que des syndicats étudiants comme SUD ou l’UNEF prônent un revenu de base, c’est pour justement mettre toutes les chances du côté des étudiants afin qu’ils puissent étudier et obtenir leurs diplômes dans de bonnes conditions.

Mais le gouvernement Philippe a une tout autre logique : faire baisser le nombre d’étudiants en faculté et les ramener vers des formations courtes et professionnalisantes. Comment ?

En instaurant des critères d’entrée socialement inégalitaires, perçus comme autant d’obstacles visant à décourager les étudiants. Au final, cela créerait une université à plusieurs vitesses : l’une pour une élite qui aura bénéficié des meilleures conditions d’études au lycée et l’autre pour les étudiants issus de milieux défavorisés condamnés à se rediriger vers des filières courtes. La réforme sonne le glas de la démocratisation de

À plus de 60 %, une majorité de la population estime que la politique du gouvernement Macron satisfait les plus riches au détriment des catégories populaires.

La brutalité de la politique menée s’imprime contradictoirement dans les consciences : le mécontentement grandit, mais la résignation aussi. C’est ce qui rend la riposte difficile, même si cette contestation tente de s’organiser et de s’inscrire dans la durée.

Mais si d’année en année les forces de l’argent marquent des points, elles n’arrivent toujours pas avoir le consentement des populations. L’affaire des Paradise Papers, vient en rajouter au sentiment d’injustice qui prédomine.

Pour redonner de la force, du courage, de l’espoir à celles et ceux qui aujourd’hui ont l’impression que rien ne va, mais qu’on n’y pourrait pas grandchose, les communistes cherchent à donner de la cohérence et à faire converger tout ce qui aujourd’hui remet en cause les politiques menées.

C’est ce à quoi travaillent nos parlementaires avec un contre-budget qui propose des axes de batailles pour reprendre les 20 milliards de cadeaux aux plus riches pour les dépenses utiles au progrès social, le pouvoir d’achat, l’hôpital public et la sécurité sociale, l’éducation, le logement, les collectivités locales, l’emploi et l’industrie…

C’est ce à quoi travaillent les militants communistes, leurs élus, en se tournant vers les citoyens, les salariés, tous ceux qui luttent, pour mener avec eux la réflexion et des actions.

En Gironde, des débats, des luttes, des motions, des manifestations, des pétitions sont en cours sur des questions aussi diverses et importantes que la loi travail, les violences faites aux femmes, l’assèchement des finances locales, le scandale du glyphosate, pour le maintien de guichets, de trains et le développement du fret ferroviaire, pour l’hôpital public…

RÉFORME DE L’ENSEIGNEMENT SUPÉRIEUR

Mercredi 22 novembre, la nouvelle réforme de de l’orientation et de l’accès à l’enseignement supérieur était présentée en Conseil des ministres.

Ce « Plan étudiants » vise, selon le gouvernement, à « accompagner tous les étudiants vers la réussite ». Le budget prévu pour financer cette réforme est d’un milliard d’euros en cinq ans, soit 200 millions par an.

Des moyens financiers clairement insuffisants que dénoncent les organisations et les syndicats étudiants dans un communiqué commun.

Pour eux, l’université aurait besoin d’un investissement de 2 milliards d’euros par an pendant dix ans.

De plus, ils dénoncent la mise en place d’une sélection à l’université.

Le gouvernement fait peser le taux d’échec massif en première année sur le dos des étudiants. S’ils ne réussissent pas, c’est leur faute, il faudrait donc les sélectionner sur des critères très décriés par les organisations étudiantes progressistes.

Ce serait oublier que beaucoup d’étudiants travaillent pour financer

Le progrès social : un chantier permanent

l’enseignement supérieur. Comme le dit si bien la députée communiste Marie-Pierre Vieu, « la sélection à l’université produirait (…) le sabotage de l’ascenseur social et le sacrifice du plus grand nombre, surtout les plus modestes ».

Le gouvernement présente donc un plan de « marketing politique » selon les mots de l’Union des étudiants communistes, sous couvert de modernité et saupoudré de quelques mesures sociales comme la suppression de la sécurité sociale étudiante afin de faire passer la pilule.

Leur réforme représente un bond en arrière de 30 ans, nous ramenant à l’époque de la loi Devaquet en 1986 qui souhaitait déjà instaurer cette fameuse sélection à l’université et qui avait été abandonnée suite la forte mobilisation des jeunes dans la rue.

Gageons qu’il en sera ainsi pour cette réforme passéiste et dangereuse !

C’est au prolongement de ces mobilisations, partout en France, que veulent être utiles les « cahiers du progrès social » que vient d’éditer le PCF : faire entendre les besoins et les revendications, mettre à disposition nos propositions, construire et porter ensemble des solutions, expérimenter aussi de nouveaux modes d’initiatives et d’actions.

Pour que ce processus s’ancre dans la durée, des états généraux du progrès social sont ouverts à tous les citoyen.nes et à toutes les forces qui partagent cette démarche, dont une première étape est proposée le 3 février.

Le chantier est ouvert.

Christine Texier membre de l’exécutif du PCF 33

Sarah Chakrida Les Nouvelles 30 novembre 2017 • 3

BORDEAUX VA T’E SAINT-MICHEL

Des habitants qui se sentent dépossédés

L’agglomération bordelaise sera-t-elle millionnaire en 2030 ? Les bouchons sur la rocade sontils une fatalité ? Est-il normal de devoir laisser passer 3 tramways le matin à l’embauche avant de pouvoir enfin y monter ? Le quartier Saint-Michel a-t-il vraiment été vendu aux parisiens ?

Tout est-il fait pour les seuls mais nombreux touristes ? Toutes ces questions reflètent le malvivre d’une population fragilisée par une crise économique et sociale qui a des conséquences quotidiennes dans nos vies et dans la perception de nos villes. Si l’agglomération bordelaise est en surchauffe routière, immobilière et sociale, il n’y a pas de fatalité à cela. Transports, logement, accueil des touristes… on pourrait faire bien autrement.

DENSIFICATION

Construire d’abord pour des objectifs sociaux et environnementaux

Comme pour d’autres quartiers, considérés jusque là comme « populaires », nous avons demandé à Framboise, habitante de Saint-Michel depuis une vingtaine d’années et militante communiste si elle y constatait une gentrification*. Nous avons aussi interrogé l’association Promofemme, acteur de terrain reconnu qui développe les solidarités interculturelles qui font la particularité de « Saint Mich ». Les deux constats convergent, le quartier change et nombre d’habitants se sentent dépossédés même si pour l’instant la diversité que brasse le quartier continue à faire son charme. « Il est certain que les commerces changent explique Framboise. Le vendeur d’électroménager de deuxième main où j’ai acheté ma machine à laver est devenu un bar chic.

Avant l’ouverture de la boutique Simone, qui est l’exemple criant, des restaurants et boutiques aux tarifs plus élevés que ceux pratiqués dans le quartier étaient déjà apparus, les façades, les styles, les tarifs changent et les touristes abondent. On hésite même à aller faire nos courses au marché le dimanche tellement il y a de monde.

Le premier appartement de 40 m2 que j’ai habité dans le quartier a été transformé en deux appartements pour de la location en Airbnb ou de la location étudiante. Il y a aussi pas mal de vente d’appartement de 3-4 pièces à près de 500 000 euros. On n’avait jamais vu ça.

Du coup, dans le café de quartier où salariés manuels, artistes aux revenus modestes, petits commerçants se rencontrent encore, on en parle, on s’interroge. Certains ont peur de ces changements. Ma voisine, qui est une travailleuse précaire, envisage même de partir, elle supporte mal qu’il y ait autant de monde. » Alia Zaouali est directrice de Promofemmes qui accueille 600 femmes et leur famille par an, en situation de migration provenant de plus d’une soixantaine de pays. L’association

les accompagne sur tout ce qui peut aider à une meilleure connaissance de la France, à leur autonomie, à l’accès aux droits, à la santé, à l’accès à l’emploi. « Il y a beaucoup de bars à vin, à bière, de restaurants qui s’adressent aux touristes mais ne sont pas accessibles aux populations que nous recevons, explique Alia. Lorsque cela s’est développé, beaucoup ont eu l’impression d’être dépossédés, de sentir le quartier changer et de rester à côté. Il y a dix ou quinze ans, la majorité des femmes qui venaient à l’association habitaient le quartier, maintenant ce n’est plus le cas mais c’est surtout un problème de logement. Saint-Michel est resté un point de chute parce qu’il y a des propriétaires peu regardants et qui louent à des prix exorbitants aux personnes qui viennent de débarquer et sont en attente de droits. Toutes les familles que nous connaissons vivant dans le quartier sont mal logées et en attente d’un logement social.

Le problème est que les logements sociaux ici ne sont pas adaptés et les prix dans le privé inaccessibles. Dès que les familles s’agrandissent, elles doivent quitter le quartier. La plupart des femmes qui viennent à l’association habitent maintenant dans les zones sensibles, le long des lignes de tram (Grand Parc, Les Aubiers ou Lormont…). Elles continuent à venir dans le quartier pour les commerces « ethniques » et parce que la solidarité communautaire fonctionne toujours bien mais nous avons toujours regretté qu’il n’y ait pas d’offre de logement social qui leur permette de vivre dans le quartier.

En tant qu’association, nous sommes vigilants mais nous subissons aussi.

Nous espérons rester ici mais notre présence n’a de sens que si Saint Michel garde son âme, sa multiculturalité. » propos recueillis par C.D. *gentrification : tendance à l’embourgeoisement d’un quartier populaire (Larousse)

4 • Les Nouvelles 30 novembre 2017

Si les objectifs de la « métropolisation » sont contraires aux intérêts des populations, la densification, elle, peut répondre à des objectifs écologiques et de lutte contre les inégalités sociales. À condition de se débarrasser de la spéculation immobilière et des objectifs d’attractivité/compétitivité de la métropole.

Si l’on devait prendre une image, évidemment l’agglomération bordelaise serait représentée par une bulle, tant son accroissement démographique est palpable et tant le marché de l’immobilier s’y affole… Bordeaux est pourtant une bulle à trous, à fuites. Quelques chiffres pour s’en convaincre : la croissance démographique de Bordeaux Métropole se monte à 0,6 % par an quand elle est de 1,2 % annuel dans la Gironde hors métropole 1. Les deux-tiers de la croissance démographique se diffusant dans la Gironde hors métropole, le nombre d’habitants au cœur de celle-ci est ainsi passé pour la première fois depuis 1968 en dessous du nombre d’habitants hors Bordeaux-Métropole. « En simplifiant, les villes de la grande périphérie ou des “campagnes périurbaines” accueillent deux fois plus de nouveaux arrivants que Bordeaux Métropole », affirment deux urbanistes interrogés cette semaine par Rue89 2.

Les catégories populaires et intermédiaires exclues

Un phénomène d’étalement urbain identifié ici comme ailleurs, qui n’est pas sans poser problèmes. Problème de justice sociale d’abord. Parce que si le solde démographique est négatif pour Bordeaux alors même que sa population s’agrandit, c’est bien que des pans entiers de celle-ci en sont chassés. Là aussi, les chiffres sont sans équivoque, ce sont les classes populaires, employés, ouvriers, professions intermédiaires qui quittent massivement l’agglomération pour trouver refuge dans des villes périphériques où la spéculation immobilière a moins sévi. Selon l’INSEE, la proportion des ouvriers quittant l’agglomération pour s’installer dans le reste du département est de 5 points supérieure à celle du nombre d’ouvriers vivant dans Bordeaux-Métropole.

Pour les mêmes raisons, l’arrivée d’un ou plusieurs enfants est un motif de migration hors de l’agglomération : le nombre de couples avec enfant-s a ainsi diminué de 0,8 % entre 2006 et 2011 quand il avait progressé de près de 4 % dans la Gironde hors agglomération. Ce sont ainsi, en 2014, 69 300 foyers qui avaient « migré » entre l’agglomération et le reste du département 3. Si, pour reprendre un vocabulaire dominant, l’agglomération est « attractive », elle est donc en même temps excluante.

et politique, expliquait-il dans SudOuest, le 15 novembre dernier. ( …)

Si on ne fait rien, on aboutira à une situation explosive politiquement et socialement. » Les altercations à Saint-Michel et l’expression du ras-le-bol liés aux transports inquiètent ainsi, à juste titre, les élus-es. Pour les communistes, il s’agira d’y répondre sans perdre de vue les objectifs sociaux et écologiques qui permettent de faire enfin une ville ouverte et vivable pour tous.

Consommation de « foncier vert » et prédominance de l’automobile

L’autre problème posé par cet étalement urbain est évidemment environnemental. « Cette urbanisation (hors Bordeaux-Métropole) se fait souvent au détriment de vignes ou de forêts. Les vignes et les forêts, c’est de l’économie locale. Et on aime bien les arbres ; c’est bien les arbres », ironisent Mathieu Zimmer et Gabriel Bord 2.

Au-delà de la consommation de foncier « vert », l’étalement urbain contribue à un autre triste bilan, qui est celui de la prédominance de l’automobile, en particulier hors grands centres urbains. Il n’y a en effet guère que dans l’agglomération parisienne que la dépendance à la voiture est minoritaire : 30 % de ses habitants déclarent utiliser la voiture tous les jours ou presque ; ils sont 54 % dans les villes de plus de 100 000 habitants et 73 % dans les communes rurales 4. Pire 15 % des sondés envisagent d’utiliser davantage la voiture personnelle dans les années à venir contre 10 % seulement qui pensent pouvoir s’en passer.

Des chiffres à l’image d’une métropolisation qui nous emmène dans le mur… Concentrer les richesses, et notamment les emplois, sur les zones urbaines sans réfléchir les coopérations avec les territoires alentours, sans aligner l’offre de logement sur les revenus des habitants et sans offrir les équipements, les services publics et les transports à la hauteur, c’est une hérésie que beaucoup commencent à réaliser. On a ainsi lu l’un des viceprésidents les plus libéraux d’Alain Juppé, le saint-médardais Jacques Mangon s’inquiéter du « risque (sic) d’éviction sociale » qui pointe : « Cela produirait une poudrière économique

Vincent Bordas

1 - Chiffres INSEE, septembre 2013.

2 - « L’ensemble de la Gironde devient une cité-dortoir de Bordeaux », Mathieu Zimmer et Gabriel Bord, rue89bordeaux.com 3 - Chiffres issus du programme local de l’Habitat de Bordeaux Métropole, 2014.

4 - Sondage Obsoco-Chronos, septembre 2016.

Des échanges migratoires bénificiant peu à la CUB

97 000 68 000

25 000 45 000

36 000 58 000 Flux quinquennal de 30 000 personnes Flux concernés par le scénario de recentrage Flux migratoires entre 2003 et 2008 Source : Insee, recensement de la population 2008 Note de lecture : 97 000 personnes résidant en 2008 dans la CUB habitaient hors Gironde 5 ans auparavant. Inversement, 68 000 personnes ont quitté la CUB et résident dans le reste de la France hors Gironde.

ELLE CRAQUER ?

TRANSPORTS

BORDEAUX MÉTROPOLE

Vite, faire sauter les bouchons !

Rocade saturée : mettre les camions sur des trains !

L’accroissement démographique a une conséquence très concrète et quotidienne pour des dizaines de milliers de travailleurs girondins : les bouchons sur les routes. Des pistes existent pour faire sauter ces bouchons. Il faut pour cela de la volonté politique et… des moyens !

Voilà un sujet qui n’était pas à l’ordre du jour du Conseil de métropole du 24 novembre et sur lequel celui-ci a pourtant passé 2h30 de discussion… Il faut dire que le matin même, Alain Juppé donnait une interview de 3 pages au journal Sud-Ouest, donnant ses pistes pour sortir de l’engorgement des routes et transports en commun bordelais.

Il faut dire aussi que le quotidien régional fait sa Une quotidienne de la « galère des automobilistes » et de la « rocade saturée »… Il faut dire enfin, et les mauvaises langues diront que c’est ce qui a réveillé le président de Bordeaux Métropole, que plusieurs dirigeants du MEDEF et des grandes entreprises de l’aéronautique ont fait part de leur ras-le-bol de voir leurs salariés arriver en retard au turbin…

La pression est donc sur les épaules des élus-es de la métropole qui voient bien que les choix budgétaires consentis sur l’investissement dans les transports en commun ne parviennent pas à combler les besoins d’une agglomération en telle croissance.

Sur la période 2013-2018, Bordeaux Métropole a ainsi programmé entre 14 et 21 millions annuels d’investissement pour : étendre l’offre du bus, la vitesse commerciale de ceux-ci, l’ouverture de nouvelles stations de VCub et la mise à l’étude de l’amélioration du réseau ferré sur la métropole (halte de La Gorp à Ambarès, pôles intermodaux de Cenon, Blanquefort, Le Bouscat, Pessac…).

Pour l’extension de l’offre de tramway, l’établissement aura dépensé 711 millions d’euros, sur la même période, dans lesquels on retrouve les

extensions de lignes vers Villenaved’Ornon, Mérignac-Magudas… et la création de la ligne D entre Quinconces et Eysines-Cantinolle.

Une masse d’investissements qui représente une partie du Schéma directeur opérationnel des déplacements métropolitains (SDODM) adopté en 2015 et tente de tracer les grandes lignes des déplacements dans l’agglomération à l’horizon 2025 1.

On y retrouve, entre autres, l’objectif de faire passer en dessous de la barre des 50 % la part de l’automobile dans les déplacements métropolitains.

Mais, étant donnée la saturation déjà à l’œuvre dans les transports en commun, ce plan semble presque minimal aujourd’hui. Notamment parce que la Métropole a trop tardé à reconnaître les bienfaits du réseau ferroviaire. « Je peux mettre 8 minutes en train pour aller d’Ambarès à la gare Saint-Jean », semblait découvrir un maire lors du dernier conseil métropolitain. 12 minutes depuis Bassens, un peu moins depuis Pessac… Le réseau ferré peut être performant et offrir une belle alternative à la voiture, à condition que les fréquences soient elles aussi attractives, ce qui est loin d’être le cas aujourd’hui. « Cela ne fait guère que 35 ans que les élu-e-s communistes militent pour la mise en valeur de la ligne de ceinture et sa connexion avec le réseau ferroviaire régional », peste le président du groupe, Max Guichard. Son groupe a aussi fait la proposition, retenue par Alain Juppé, de la création d’un syndicat mixte des transports, avec la Région, la Métropole, le Département, voire la SNCF. Syndicat freiné par la chamaillerie entre cet Alain et le Alain régional (Rousset) au sujet de la « gouvernance » de cet outil qui aurait le mérite de mettre en relation les réseaux de transports au-delà des frontières de la métropole, c’est-à-dire à l’échelle où se posent aujourd’hui les difficultés de déplacement.

C’est donc bien toujours sur cette ligne de ceinture que les élu-e-

s communistes bataillent encore aujourd’hui, et notamment la viceprésidente en charge des infrastructures ferroviaires, Claude Mellier qui tente d’accélérer les processus d’études et de faire sauter les freins provenant du conseil régional. Sur cette ligne, la simple réouverture de la gare du Bouscat (quasiment acquise) et de celle de la Médoquine (encore à conquérir) constitueraient une amélioration notable du service.

Surtout, comme l’exprimait Léna Beaulieu au dernier conseil métropolitain, « il faut vite prévoir le coup d’après le SDODM » et se poser toutes les questions, au-delà des « tabous culturels et politiques » : « Nul mode ne peut être balayé d’un revers de main s’il s’avère efficace pour réduire notre production de CO2, tout en assurant un droit à la mobilité. » VB.

Après les conseils municipaux de Bègles et Villenave d’Ornon, le conseil de métropole a adopté, sur proposition des élus-es communistes, une motion « en faveur du développement du fret ferroviaire et de la défense des emplois de maintenance sur le site d’Hourcade ». La congestion sur la rocade est le point noir numéro un soulevé par les élus-es à l’occasion des assises locales de la mobilité qui se sont tenues en octobre dernier dans le but de contribuer au projet de loi sur les mobilités. « Celle-ci est due en grande partie au fret routier : une moyenne journalière annuelle de 17 311 camions, soit 15 % du trafic », constatent les élus-es métropolitainses qui constatent que dans le même temps « l’activité de fret ferroviaire décroit depuis les années 2000 ». « Or, 100 tonnes de marchandises transportées par la route génèrent 4 à 16 fois plus d’émissions de CO2 que

le rail. » Par cette motion, le conseil métropolitain veut croire que « ce déclin n’est pas inéluctable et appelle à une prise de responsabilité des pouvoirs publics, en premier lieu de l’État. Des mécanismes d’incitation financière ou de fiscalité devraient être mis en place par l’Etat pour rendre attractif ce mode de transport au détriment du transport routier. Par ailleurs, l’opérateur public SNCF Fret ne cesse de démanteler ses propres activités. Le site d’Hourcade sur notre agglomération va ainsi subir de nouvelles suppressions d’une trentaine de postes dans la maintenance. Cette gare de triage accueillait jusqu’à 1 500 wagons/jours au début des années 2000, elle en est réduite à une petite centaine aujourd’hui. » En conclusion, le conseil métropolitain a donc appelé « le gouvernement à prendre toutes les dispositions qui s’imposent afin de redonner une place centrale au fret ferroviaire ».

1 - www.bordeaux-metropole.fr/Actualites/Lesdeplacements-metropolitains-en-2025

BORDEAUX NORD

À deux vitesses ?

« … la forme d'une ville Change plus vite hélas que le cœur d'un mortel » Charles Baudelaire

Ouvriers, employés : premières victimes de l’éviction sociale

Spécificités de la composition socioprofessionnelle des deux flux par rapport à celle de la CUB Source : Insee, recensement de la population 2008 // Champ : personnes de 15 ans ou plus Note de lecture : La proportion des ouvriers de la CUB est de 5 points supérieur à celle des ouvriers résidant actuellement dans la CUB (15,2 % contre 10,3 %). La proportion des ouvriers arrivant dans la Gironde hors CUB est de 2,6 points supérieure à celle des ouvriers résidant actuellement dans la CUB (12,9 % contre 10,3 %).

Qui n’est pas impressionné par l’ampleur et la rapidité de l’aménagement des quartiers des Bassins à flot et de Ginko ? Cette métamorphose urbaine pose de multiples questions et génère des attentes, des frustrations, voire des mécontentements.

La presse a évoqué les vices de construction (balcons de Ginko, malfaçons, infiltrations d’eau dans certains bâtiments des BAF…).

On sait le scandale de l’absence de livraison des deux groupes scolaires programmés sur des terrains pollués 1 et les conséquences en terme d’hébergement des classes dans des Algeco quartier Dupaty, Alfred Daney, Achard et les Aubiers. On sait que le report à 2020 de la livraison de la deuxième école de Ginko va engendrer la même punition… Il faut bien sûr s’interroger sur cette frénésie bordelaise à aménager l’espace, ou plutôt à le livrer à la promotion immobilière et au secteur privé.

S’interroger sur le « deux poids deux mesures » se traduisant par un zèle rare à tenir les engagements pour la Cité du vin, deux grands hôtels de luxe, une halle commerçante, un musée privé face aux radoubs, un campus privé rue Lucien Faure… et une négligence fâcheuse pour les équipements publics comme les écoles ou le gymnase Charles Martin voire une aversion pour le développement de l’emploi industriel !

Dans le même temps, les Bacalanais pourraient avoir le sentiment d’être repoussés « en banlieue », si le nord du quartier ne suscite pas plus d’appétence en terme de requalification urbaine. En effet, le projet

de rénovation de Claveau restera anecdotique s’il ne s’accompagne pas d’une réflexion de fond sur la requalification des rues et de l’habitat près du pont d’Aquitaine, et sur une politique structurante pour l’emploi des jeunes.

Alors Bacalan est-il touché par la gentrification du centre-ville ?

Oui, quand sur les 5 400 logements des Bassins à Flot, 25 % seulement seront du locatif social et 68 % de l’accession à la propriété. Oui, quand le niveau de loyer de ces logements (850 euros en T3) va créer du turnover (comme à Ginko) repoussant rapidement les néo-bordelais hors Bordeaux. Oui, quand le prix du m 2 y dépasse les 4 000 euros et que, dans le Bacalan historique, les maisons s’arrachent entre 300 et 500 000 euros, empêchant les « enfants du quartier » d’y rester ou revenir y habiter. Oui, quand même sur le port de plaisance (Bassin n°2), le réaménagement des pontons va donner prétexte au Grand Port maritime pour doubler, voire tripler la redevance d’occupation.

Vincent Maurin, militant communiste et associatif de Bacalan

1 - Le groupe scolaire prévu rue Delbos occupera un îlot qui fut pollué au pyralène. C’est en 1996 que l’association Vie et Travail à Bacalan révèlera le scandale de la présence de fûts à l’abandon dans un dépôt de la SREE et obtiendra leur retrait ainsi que la promesse du Maire de faire dépolluer le site… Il aura fallu attendre 20 ans et débourser 120 000 euros !

Les Nouvelles 30 novembre 2017 • 5

BORDEAUX VA T’ELLE CRAQUER ?

TOURISME :

CENTRE VILLE

Entre fierté et inquiétude ?

On y entend toujours les belles langues étrangères…

Rénovation des quais, tramway, classement Unesco, Cité du Vin, LGV… Bordeaux se transforme et attire. Mais, alors que dans des grandes villes d’Europe, un « rasle-bol » anti-tourisme monte en puissance, faut-il s’inquiéter pour Bordeaux ?

Le tourisme a eu, depuis la rénovation de la ville et son classement au patrimoine mondial de l’Unesco en 2007, un impact considérable sur l’activité économique de l’agglomération.

Il n’existe pas d’ou-

til permanent et exhaustif de mesure de l’impact du tourisme sur l’économie et l’emploi, mais on peut penser qu’il est indéniable.

Depuis 2007, le nombre de touristes a augmenté de 20 % selon l’Office de Tourisme. Avec près de six millions de visiteurs, l’année 2016 a atteint un record. Le nombre de nuitées (hors AirBnB) a progressé de 5 %. L’aéroport de Bordeaux-Mérignac, avec 5,3 millions de passagers en transit (+ 9 %), a lui aussi vécu une année historique, et c’est également le cas des croisiéristes (33 200 passagers, + 7 %).

On ne pourra que se satisfaire que Bordeaux bouge et éprouver un certain sentiment de fierté à l’évocation de son patrimoine XVIIIe. Mais toute médaille a son revers et « chat échaudé craint l’eau f r o i d e » d it- on.

L’exemple barcelonais nous alerte (lire ci-dessous)

et les réactions vives contre le tourisme de masse se développent dans ces villes devenues villes-musées.

Quelles natures d’emplois créés ?

L’offre de formation en métiers touristiques est devenue abondante (BTS, Mastères), mais des emplois à forte valeur ajoutée côtoient d’autres à fortes contraintes : saisonnalité, temps partiels, CDD, horaires atypiques, faibles qualifications et rémunérations. La majorité de ces emplois concernent les secteurs de l’hébergement et de la restauration Quel impact sur l’immobilier ?

Sur un autre plan, les prix de l’immobilier à Bordeaux ne cessent de s’envoler ; la hausse de 11 % en un an fait de Bordeaux la grande ville de France où les prix au m2 ont le plus augmenté depuis 2012. Et cela ne semble pas fini.

Le tourisme n’en porte pas, seul, la responsabilité, mais il y contribue aux côtés du manque de logements sociaux et de la hausse du prix du foncier.

Jean-Jacques Bordes

Barcelone : des mesures drastiques sur l’immobilier touristique Départs des habitants face à la hausse des prix de l’immobilier, des disparitions de commerces traditionnels, des incivilités et nuisances des touristes noctambules ; un constat alarmant qui a conduit la nouvelle maire de Barcelone, Ada Colau à prendre des mesures drastiques vis-à-vis de l’immobilier touristique.

Un vaste plan pour le logement touristique découpe la ville en trois cercles concentriques. Dans le centre-ville historique, plus aucune licence hôtelière n’est attribuée afin de favoriser une décroissance naturelle. Le second cercle vise la « croissance zéro » : les créations de logements récupèrent les licences d'établissements qui disparaissent. La périphérie de la ville sera la seule disponible pour le développement immobilier.

Par ailleurs, Ada Colau a fait adopter des mesures pour freiner les dérives immobilières liées au tourisme : moratoire d’un an sur toutes les attributions de licence pour les appartements de particuliers et les hôtels ; vaste campagne d'inspection pour détecter les logements illégaux (sous-location sur des plateformes comme Airbnb, fraude fiscale, ect.).

BELCIER

Des riches et des très pauvres, qui ne se mélangent pas Annie Trely est née il y a 70 ans dans le quartier Belcier, ces rues de pavillons et d’échoppes, blottis entre la gare Saint-Jean et la Garonne. Elle y a connu les commerces de proximité, les bistros où se retrouvaient les ouvriers de la verrerie, de la tonnellerie… Avec la disparition de ces activités économiques, c’est toute une vie de quartier, du lien social, du vivre ensemble qui se sont effilochées, au fil du temps. « Ce n’est plus un quartier où il fait bon vivre. On a monté une association vers l’an 2000 pour lutter contre le climat de méfiance et de peur mais avec les nouveaux changements, c’est très difficile de maintenir du lien, d’amener les gens sur des activités sociales ou même festives, on n’y voit que des ancien. Aujourd’hui l’indif-

férence domine. » Les derniers changements, c’est la construction des logements collectifs autour de la station de tram Belcier qui ont eu l’avantage de ramener un peu de commerces avec la pharmacie et la superette. C’est aussi, « les maisons découpées en appartements avec des locataires qui restent 3-4 ans, qui travaillent parfois sur Paris, poursuit Annie, ça fait un quartier dortoir. Quand on les voit au bureau de vote, on se rend compte qu’on ne les a jamais croisés ». À côté de ça, « les marchands de sommeil maintiennent ici une population très pauvre qui vit à côté, mais sans se mélanger, avec ceux des entreprises délocalisées qui rachètent les maisons, les agences immobilières ne cessent d’ailleurs de faire du porte à

6 • Les Nouvelles 30 novembre 2017

porte et les prix flambent. Au niveau des écoles, on voit en maternelle une certaine mixité sociale mais en primaire, il n’y plus que les enfants des catégories les plus populaires qui, certainement, ne resteront plus longtemps dans le quartier ».

Les changements, c’est ensuite les nouveaux commerces « hors de prix », estime Annie, de la gare réaménagée, et Euratlantique… « Pour l’instant, on ne voit que des bureaux, je me demande où logent tous ces gens… Au début j’allais aux réunions mais c’est la Grand-messe, tout est déjà bouclé quand ils viennent présenter les choses, au mieux ils enregistrent le mécontentement mais rien ne bouge ». propos recueillis par C.D.

Bordeaux se modifie profondément, les touristes y sont de plus en plus présents. Mais les SDF et les sans-papiers, les réfugiés y sont présents eux aussi : car la présence humaine et la foule deviennent autant de bouées de sauvetage possibles. Le centre de rétention à l’Hôtel de Police y joue tant mal que bien le rôle de plus en plus répressif de l’État. Les belles langues étrangères s’entendent donc de plus en plus, à toutes les heures du jour et de la nuit.

On n’oubliera pas d’ajouter le flux constant des locataires d’un jour ou d’une semaine, suivis de leur valise, à la recherche de l’appartement qu’un propriétaire (avisé ?) leur loue.

Il y a plus de cinq ans maintenant, des militants distribuaient des tracts près du chantier de la Promenade Sainte-Catherine, demandant qu’une place importante y soit laissée à des appartements vraiment sociaux.

Un peu plus tôt, les communistes et leurs deux élus demandaient que les locaux de l’ancien commissariat Castéja fassent place à la construction de logements HLM. Mais la mairie est de droite…

Devant l’Athénée municipal, à l’endroit même où périssait un SDF en plein hiver 2010, et où Alain Juppé avait apposé une plaque « À la mémoire des morts de la rue », une opportune barrière publicitaire interdit aujourd’hui aux SDF toujours

présents de se mettre – un peu – à l’abri.

Cette salle municipale Athénée est dénommée Père Joseph Wresinski, du nom d’un prêtre diocésien fondateur d’ATD quart monde. Un quart monde toléré en 2017 à Bordeaux, mais non accueilli au cœur de la belle ville.

Il est juste de penser aux façades ; il serait plus juste encore de penser que la ville ne vit que grâce à un brassage encouragé des habitants de toute condition, et de ses visiteurs.

Vincent Taconet, militant communiste de Bordeaux-Centre

BASTIDE

Les mutations du quartier La rive droite s’est développée de la fin du XIXe siècle jusqu’au milieu du XXe autour des activités portuaires, industrielles et ferroviaires. Au passage du XXe au XXIe siècle, la plupart des chantiers navals, des usines ainsi que l’activité ferroviaire ont disparu, laissant leurs lots de friches industrielles polluées.

Progressivement, le quartier a enclenché sa mutation. Le tramway et le pont Chaban l’ont rapproché du cœur de ville et les entreprises tertiaires s’y sont installées. La Bastide est le quartier de la ville de Bordeaux qui a le plus gros potentiel de croissance, explique le Maire. Si la Bastide compte environ 15 000 ha, le projet urbain Bordeaux 2030 en prévoit 30 000. Plusieurs quartiers vont sortir de terre : Brazza, Niels, Belvédère et les cités anciennes (comme La Benauge) ont aussi entamé leur mutation.

Pourtant, tout comme Bègles et Bacalan, La Bastide fait partie de ces quartiers et villes dans lesquels le sentiment d’appartenance est profond. Avec les mutations en

cours, il y a un risque de perte des liens sociaux et une conception de la mixité sociale qui se mue parfois en exclusion des plus pauvres. Ainsi, le collège Jacques-Ellul, au cœur de la cité de La Benauge, est « évité » par de nombreuses familles ; 67 % des élèves inscrits habitent en Zone urbaine sensible. Ce collège est pourtant un lieu de vie et d’apprentissage privilégié où les moyens et la motivation de l’équipe enseignante permettent un cadre stimulant et épanouissant ; preuve en est, un taux de réussite de 90,7 % au brevet en 2017 alors que le taux académique est de 89,9 %.

Comme le dit Charles Bock, docteur ès sciences économiques, la ségrégation urbaine est la conséquence des politiques urbaines, avec pour conséquence « l’éviction des quartiers centraux des populations les moins argentées, concentrées dans des banlieues défavorisées et la migration résidentielle des classes moyennes vers un suburbain pavillonnaire ». par les militants communistes de la cellule Nacel Penard

PCF VIOLENCES FAITES AUX FEMMES

PCF GIRONDE

Les communistes lancent une campagne nationale

Repas fédéral Dimanche 3 décembre à 12h gymnase de la Marègue à Cenon, rue Jean Cocteau (tram A, station La Marègue) Ce repas se tiendra en présence de notre camarade Fabien Gay, nouvellement élu sénateur.

Menu 17 € (8 € enfant) : entrée, paella, fromage, dessert. Vin à la carte Inscriptions auprès de Christine Texier à la fédération : 05 56 91 45 06 // gironde.pcf@gmail.com

Un marché de Noël à la Fédération !

Vendredi 8 décembre, à partir de 16h30, au siège de la fédération à Bordeaux 15-17 rue Furtado Parmi les exposants : La Librairie La Renaissance - L’échoppe de Pantanassa (huile d’olives…) - Crus, Châteaux et Tradition (vins) - Thé 1336 - Fadela Benazza (bijoux) - Stand de livres politiques (PCF) - Le Secours Populaire (Jouets d’occasion)

PCF MERIGNAC

Grand Loto Vendredi 1er décembre, 20h30, salle des fêtes de Capeyron à Mérignac Nombreux lots - Bourriche - Crêpes - Gâteaux - Boissons

Le PCF dénonce la « duplicité » du gouvernement sur les violences faites aux femmes et propose la mise en place de politiques publiques à hauteur d’un milliard d’euros. Il exige ausi un ministère des Droits des femmes de plein exercice. « Ensemble, organisé-e-es, plus fort-e-s contre les violences faites aux femmes » lit-on sur cette affiche du PCF, qui lance une nouvelle campagne nationale contre les violences faites aux femmes. « L’actuel mouvement de libération de la parole des femmes, d’une ampleur mondiale, correspond par son importance à une nouvelle phase du combat féministe », soulignait Pierre Laurent lors d’une conférence de presse. « Ce mouvement doit déboucher sur des solutions politiques fortes, y compris au sein même du parti et transformer tout ce qui doit l’être pour se mettre à la hauteur », affirme le secrétaire national du PCF, qui rappelle que si 48 % des adhérentes sont des femmes, seules 20 % exercent des responsabilités départementales.

Lors de son assemblée des secrétaires de sections, un fascicule à usage interne, intitulé « Violences sexistes et sexuelles tolérance Zéro » et qui détaille un modèle de plainte,

avait été distribué aux mille participants. Convaincu que ce combat est « un des plus puissants leviers pour émanciper le monde », Pierre Laurent s’est engagé à ce que le PCF amplifie son action pour faire reculer « la tolérance sociale qui existe toujours face à ces violences ».

La sénatrice du Val-de-Marne, Laurence Cohen, a de son côté dénoncé le double langage gouvernemental, dont les décisions récentes vont à l’encontre du discours et des promesses d’Emmanuel Macron. Elle a notamment rappelé le rejet d’un amendement déposé par son groupe au projet de loi de finances de la sécurité sociale (PLFSS) visant à pénaliser davantage les entreprises ne respectant pas la loi sur l’égalité des salaires.

Ou encore le choix d’asphyxier financièrement les associations, « à qui l’Etat demande pourtant de prendre en charge les victimes avec de moins en moins de moyens ». « Tout le monde peut avoir la main sur le cœur, mais dans les faits, on ne voit rien », regrette Laurence Cohen, qui avait été à l’initiative, en 2013, avec la députée Marie-George Buffet, d’une proposition de loi cadre contre les violences faites aux femmes… votée uniquement par les parlementaires communistes.

Pour l’avocate féministe Lau-

DU 28 NOVEMBRE AU 15 JANVIER

Georges Marchais L’Expo Espace Niemeyer - 2, place du Colonel Fabien - Paris 19 À l’occasion du 20 anniversaire de la mort de Georges Marchais et en partenariat avec Charlie-Hebdo, Paris-Match, l’INA, l’Humanité, le Conseil général du Val-de-Marne, Mémoire d’Humanité, Ciné Archives, l’Espace Niemeyer, la fondation Péri.

Il y a 20 ans disparaissait une figure emblématique de la vie politique française. Georges Marchais est né e

la même année que le Parti communiste français (1920), qu’il dirigea de 1972 à 1994. L’exposition revient sur le nouveau style qu’il imprima, ses prestations médiatiques, sa popularité, les rapports humains et fraternels qu’il sut entretenir avec une grande diversité. Avec des photos inédites, des affiches, un espace « caricatures »…

rène Questiaux, l’encouragement à porter plainte, « même contre X et même si les faits sont prescrits », comme y invite la campagne du PCF, peut aussi permettre de mieux connaître l’ampleur du phénomène par le biais des statistiques notamment. « Se reconnaitre victime est une démarche politique » explique l’avocate, qui rappelle que « si les violences sont possibles, c’est qu’elles sont autorisées ».

Marie Cervetti, Directrice de l’association « FIT, une femme, un toit », l’unique centre d’hébergement de réinsertion sociale pour les femmes victimes de violences, en sait quelque chose. « Ces femmes sont hors radar des politiques publiques et les plaintes sont rarement prises au sérieux ». Elle cite le cas d’une jeune femme, qui avait déjà déposé six plaintes pour violences et dont le conjoint est venu devant le centre d’hébergement pour tenter de l’étrangler. Sa septième plainte n’a jamais eu de suites. « 1% de violeurs seulement est condamné » rappelle Hélène Bidard, adjointe à la maire de Paris à l’égalité femmes-hommes, qui préconise « une prise en charge à 100 % » des syndromes post-traumatiques et « le retour à un ministère des Droits des femmes de plein exercice », qu’Emmanuel Macron n’a pas hésité à supprimer.

Carnet NORD-GIRONDE. La section du PCF a le regret de vous annoncer le décès de Philippe Brisson à l’âge de 44 ans. Les obsèques ont eu lieu le mercredi 29 novembre à Peujard. Les communistes de la section et girondins présentent leurs condoléances à Robert et Pierrette Brisson, ses parents, et les assurent de leur soutien dans cette épreuve.

BLAYAIS. Lors des obsèques de Fernand Laparra, le 25 novembre, de très nombreux camarades et amis entouraient sa famille pour lui rendre hommage.

Pour les communistes de la section du Blayais, Jean Yves Chaminand a rappelé le jeune homme né à Rouen qui dès 17 ans travaillait comme chimiste à l’usine d’Elbeuf de Rhône Poulenc. A 18 ans, il adhérait à la CGT et « depuis il n’arrêtera jamais de militer », participant à toutes les luttes ouvrières en Seine maritime, où il exercera de nombreuses responsabilités syndicales du local au régional. Attaché à l’éducation populaire, la formation était sa passion. Son parcours l’amènera à adhérer au PCF en 1970 à Elbeuf, où il fut secrétaire à l’organisation de sa section et conseiller municipal communiste. En Gironde, de 2010 à 2016, il fut co-fondateur et secrétaire de la section du Blayais, membre du conseil départemental jusqu’en 2015. « Ce fut un révolutionnaire humaniste, un résistant au pouvoir de la finance, à la droite et l’extrême droite, un ami fidèle et un frère de combat, pour des valeurs de justice sociale, de recherche de bonheur, de dignité pour tous, notamment les plus faibles. » « Son mot d’ordre était l’Humain d’abord ».

C’est ce témoignage qu’apportent ses camarades dirigeantes de l’UL-CGT, trois femmes baptisées « les triplettes » . Féministe et toujours féru de formation, il avait à coeur de les aider : « Fernand était une mine d’information, historique mais aussi économique, scientifique », « aussi exigeant pour les autres que pour lui-même ».

Sa femme Line, militante féministe, évoque aussi le « militant pour les droits des femmes » qu’elle rencontra lors des combats avec le planning familial au début des années 80 pour l’application de la loi Veil pour l’avortement. « À l’inverse du préjugé patriarcal, Fernand pensait que les avancées conquises, par et pour les femmes, tiraient tous les travailleurs vers le haut. » Et elle soulignait qu’en cette Journée Internationale pour l’élimination des violences faites aux femmes « l’hommage que nous rendons à Fernand ne pouvait pas mieux coïncider ».

La Fédération de la Gironde du PCF, dont le conseil départemental a rendu hommage à sa mémoire il y a quelques jours, renouvelle à Line et tous ses proches ses sincères condoléances.

SOUSCRIPTION

Tout versement par chèque ouvre droit à une réduction fiscale de 66% du montant versé. (chèque à l’ordre de ADF PCF 33). Les ressources financières du Parti communiste sont transparentes. Votre don, aussi modeste soitil, contribuera effica- cement à la démocratie, à l’expression et la prise d’initiative du Parti communiste. Cet ensemble sont les éléments majeurs pour continuer notre combat dans l’ambition d’une gauche forte et alternative.

La fédération de la Gironde du PCF, lance une souscription afin de mener nos prochaines échéances politiques, notre objectif est de 70 000 euros.

Les Nouvelles 30 novembre 2017 • 7

CHRONIQUE

CULTURE & SOLIDARITÉ

NOUVELLES IDÉES REÇUES

36e CONGRÈS DU SECOURS POPULAIRE

par Gérard Loustalet Sens

Alerte sur l’aide alimentaire en Europe, sur l’accueil des migrants et la xénophobie

À Bordeaux, du 24 au 26 novembre, le congrès du Secours populaire français a invité ses délégués à renforcer leurs liens avec les associations partenaires d’Europe.

L’association a aussi pointé le risque de dissolution, à l’horizon 2020, du Fonds européen d’aide aux plus démunis.

Rien n’est trop beau pour les bénévoles du Secours populaire français. 1 200 délégués et invités du Secours populaire, dont 50 partenaires européens et 60 enfants de Copain du Monde venus de tous les départements de France, d’outre-mer et d’Europe, ont échangé pour construire des solidarités dans toute l’Europe, au Palais des congrès de Bordeaux, pendant trois jours, le week-end dernier.

Samedi soir, après un rassemblement d’un millier de personnes sur la place de la Bourse, une « fanfare mob’ » et le déploiement d’une fresque lumineuse de 15 mètres sur les droits de l’enfant par le mouvement Copain du Monde, à l’occasion de ses 25 ans, c’est au Palais de la Bourse qu’ils se sont accordés une rencontre avec les partenaires locaux et un temps festif. « Cela fait beaucoup de Palais mais nous les avons mérité », ironise Denis Laulan, secrétaire général de la fédération de la Gironde, honoré d’avoir participé à transformer Bordeaux « en capitale européenne des solidarités, le temps d’un week-end ».

Une fierté partagée par les bénévoles girondins qui se sont investis sans compter, aux côtés de leurs « amis » de l’Union nationale pour assurer un accueil et un programme dont la qualité a été largement notée tout au long du week-end.

Au secours d’une Europe des solidarités entre les peuples

Ce 36e congrès du Secours populaire français a choisi de mettre en avant les solidarités européennes et en particulier l’aide alimentaire et du Fonds européen d’aide aux plus démunis

(Fead). Des inquiétudes planent sur l’avenir de ce soutien garanti jusqu’en 2020 et qui, dilué dans d’autres programmes, risquerait de mettre en péril les 15 millions de personnes en Europe qui en bénéficient chaque année. Un texte distribué aux 1 200 délégués et invités partenaires du Secours populaire, cosigné par la Croix-Rouge, les Restos du cœur, la Fédération française des banques alimentaires et l’European Social Action Network tire la sonnette d’alarme. Pour ces associations, si le fonds est encore trop faible (à peine 1 % des fonds dédiés à la politique de cohésion de l’Union européenne), il demeure indispensable pour répondre aux situations de grande précarité.

Un enfant meurt de sous-nutrition toutes les trente secondes

Présente à l’échelle planétaire, la question de l’insécurité alimentaire due aux aléas climatiques et aux conflits armés mérite, selon Corinne Makowski, secrétaire nationale en charge de la solidarité dans le monde, une réponse ambitieuse à laquelle « le Secours populaire doit prendre part ».

Et de rappeler qu’un enfant meurt de sous-nutrition toutes les trente secondes. « La faim n’est pas une fatalité. Se nourrir, se soigner, s’instruire, promouvoir une agriculture durable et contribuer à la sécurité alimentaire, c’est l’affaire de l’Europe, plaide-t-elle. Nous avons deux leviers : mieux travailler en réseau à l’échelle de l’espace européen et coopérer pour obtenir plus de moyens.

On ne part pas de rien, mais nos actions sont largement insuffisantes. » C’est vers ces cercles vertueux que souhaite tendre l’association, en incitant ses bénévoles à s’engager au niveau européen.

fait salle comble. « Le Secours populaire a été fondé en 1945 et il a une longue pratique de l’accueil des réfugiés, a rappelé Julien Lauprêtre, réélu président national de l’association au terme de ce congrès. Pourtant aujourd’ hui, face à l’afflux d’arrivées, tout le monde semble un peu dépassé. Depuis le début, des bénévoles travaillent à faire un accueil le plus digne possible, pour les enfants et les familles. Aujourd’hui, tous se heurtent à cette campagne anti réfugiés qui est sans nulle autre pareille ».

Il décrit un phénomène de rejet d’une incroyable violence qui pousse l’association à interpeller les pouvoirs publics sur la question humanitaire, à poser la question du rôle de l’Europe et à envisager le développement de la solidarité à cette échelle.

Champion de l’aide matérielle mais pas que…

Si le Secours populaire est, à juste titre, réputé pour l’aide matérielle qu’il apporte aux plus démunis, il entend développer l’accès à la culture, aux loisirs et aux sports, comme l’a rappelé à plusieurs reprises Denis Laulan, secrétaire général de la fédération de la Gironde du SPF, au cours de la vente aux enchères d’œuvre d’arts qui est venue conclure ce week-end de solidarité. « L’Enchère pop » qui se déroulait à La Grande Poste de Bordeaux le dimanche après-midi visait à récolter des fonds pour aider la fédération de la Gironde à développer ses actions d’accès à la culture et à la pratique artistique pour tous. 62 œuvres offertes par des artistes d’horizons divers ont ainsi étaient mises en vente sous le marteau mené de main de maître par Alexandre Million qui, avec une émotion contagieuse, a relayé le message de Julien Lauprêtre : après la réflexion, l’action. Le commissaire priseur ne s’est pas épargné pour faire, avec humour et engagement, monter les enchères. 10 300 euros ont ainsi été collectés, une belle conclusion et une belle reconnaissance pour les artistes, les bénévoles de l’association et tous leurs partenaires dans cette initiative.

Christelle Danglot, avec l’Humanité et Sud Ouest

Questionner l’Europe aussi sur l’accueil des migrants

L’accueil des migrants et l’accès aux droits a fait l’objet d’un atelier qui a

ANNONCES LÉGALES AVIS DE CONSTITUTION

Il a été décidé de créer une société dont les caractéristiques sont les suivantes :

Les Nouvelles de Bordeaux et du Sud-Ouest S.A.S. au capital de 37 000 euros Associés (à parts égales) : L. Chollon, F. Mellier, S. Laborde Directeur de la publication : Frédéric Mellier Abonnement 1 an : 25 euros. Abonnement de soutien : 40 euros Rédaction, composition, impression : S.A.S. Les Nouvelles de Bordeaux et du Sud-Ouest 15, rue Furtado - 33800 BORDEAUX Tél. 05 56 91 45 06 - Fax 05 56 92 61 01 - Annonces légales : annonces@nbso.fr Comptabilité : compta@nbso.fr - Redaction/Proposition d’article : redaction@nbso.fr @nvlbx Les nouvelles de bordeaux nbso.fr Commission paritaire de presse : 0118 C 85932

8 • Les Nouvelles 30 novembre 2017

Forme : SARL. Dénomination : ID SERVICES Adresse : ANNEXX / 15 rue Francis Garnier 33300 BORDEAUX. Durée: 99 ans.

Objet : Services de conciergerie privée et d’entreprise.

Capital : 1 000 €.

Gérant : M. MENZOU Idir demeurant 8 allée du Chapelier – 33240 Gauriaguet

Immatriculation au RCS de Bordeaux Pour avis,

« Ce sont les masses qui font l’histoire… » Ce n’est pas désobligeant de le dire mais il faut bien le constater, le projet politique du mélenchonisme n’est pas anticapitaliste. On peut le dire keynésien et donc en faveur d’une sorte de capitalisme à visage humain. Son principal inspirateur, l’économiste Jacques Généreux, évoquait pourtant en 2003 la nécessité d’une « alternative au capitalisme après la victoire de l’altermondialisme », sans cependant proposer de perspective convaincante (Chronique d’un autre monde, pp. 229-233). Sauf erreur de ma part, ni le substantif capitalisme, ni l’adjectif capitaliste à aucun moment n’apparaissent dans le texte du « Programme de la France insoumise et de son candidat », L’Avenir en commun. Sans doute des « pudeurs de gazelle » ! On tourne autour du pot en parlant d’oligarchie, de caste, d’oligarchie financière, de finance, d’actionnaires, de grands groupes, de grandes firmes… mais de capitalisme, point ! Comment tout cela peut-il bien fonctionner ? À titre de comparaison, et sans vouloir établir de palmarès, le programme du PCF, La France en commun, évoque les « logiques capitalistes », la « mondialisation capitaliste » et dénonce, sans avoir peur des mots, le « mode de production capitaliste » (p.61).

On pourra dire que cette absence n’est pas une preuve décisive mais, tout de même, que le mode spécifique de production de la valeur à l’origine de tous les maux que le mélenchonisme entend combattre, et avec des propositions le plus souvent très pertinentes, ne soit pas nommé est pour le moins gênant.

On reviendra sur cette question ainsi que sur un certain nombre de présupposés idéologiques et ce qui en découle.

Comme le rappelle la philosophe Chantal Mouffe que l’on dit être une inspiratrice du mélenchonisme, le modèle keynésien a été la « pierre angulaire de la social- démocratie » (L’illusion du consensus, Albin Michel, 2005, p.87), une social-démocratie qui revendiquait à ses origines, on l’oublie souvent, une conception marxiste de la société avant de sombrer dans le « réformisme ». Son effondrement récent, en France, laisse un créneau politique disponible et donc la place pour un projet réformiste opposé, selon la vulgate marxiste, à ce qui serait un projet révolutionnaire. Le mélenchonisme peut-il occuper ce créneau ? La question mérite d’être posée d’autant que J-L Mélenchon ne se réclame nullement du marxisme et liquide, non sans dédain, la « classe ouvrière révolutionnaire » dont se réclame la « vieille gauche » (L’ère du peuple, Pluriel, 2017, p.86). C’est ici toute une conception du « peuple » fondée à la fois sur un républicanisme à l’ancienne et sur un « populisme de gauche » à la mode qu’il nous faudra discuter.

Dans un premier temps cependant, je voudrais souscrire à un propos de J-L Mélenchon qui, bien que mal assuré théoriquement, montre qu’il vaut peut-être mieux que le mélenchonisme. A Macron qui, avec son arrogance coutumière, proclamait que « la démocratie ce n’est pas dans la rue », J-L Mélenchon a répondu que Macron ferait bien de relire l’histoire de France et que « c’est la rue qui a chassé les rois et abattu les nazis ». La bien-pensance médiatique l’a bien entendu accablé de sarcasmes jusque dans l’Humanité où le chroniqueur François Taillandier objecte doctement que « Louis XVI n’a pas été détrôné par la rue mais par la dynamique des Etats-Généraux »…

Mais qu’auraient été les Etats-Généraux sans la révolte populaire le 14 juillet 1789, la prise de la Bastille et, par la suite, la constante pression de la rue ? (voir Albert Soboul et son Précis d’histoire de la Révolution française que l’on recommandera à François Taillandier faute de l’infliger à Macron). J-L Mélenchon a ici parfaitement raison. Il reprend le concept marxiste que l’on peut résumer sommairement par la formule : « ce sont les masses qui font l’histoire ».

Autrement dit, la mobilisation des masses populaires, les révoltes, les rébellions ont jalonné et façonné l’histoire de ce pays bien plus que les tribulations des têtes couronnées de l’histoire en escarpins à la Stéphane Bern.

Lorsque Mélenchon dit « la rue », il utilise une figure de rhétorique que l’on appelle une métonymie : désigner le tout par une de ses parties. La manifestation de rue est une des formes de la mise en mouvement des masses. Il y en a d’autres : la grève bien sûr mais aussi l’insurrection incluse dans la Déclaration des droits de l’homme comme « le plus sacré des droits et le plus indispensable des devoirs » quand « le gouvernement viole les droits du peuple ». Et l’insurrection parisienne d’ août 1944, n’en déplaise à certains, a bien été déterminante dans la libération de Paris…