Nouvelles N° 2232

Jeudi 7 décembre 2017 - N° 2232 - Hebdomadaire - 15, rue Furtado - 33800 BORDEAUX - Prix : 0,80 euro

GLYPHOSATE

Un délai, pour quoi faire ? (page 4)

MANIFESTATION À BRUXELLES, LE 27 NOVEMBRE

FRET SNCF Alerte rouge P.2

ASSEMBLÉE NATIONALE

PCF 33

Les ordonnances Macron validées

Un moment de fraternité partagé

P.3

P.6

SALAH HAMOURI « Vous êtes notre espoir » P.8

ACTUALITÉ DISPARITION

FRET SNCF

L’économiste qui voulait éradiquer le chômage et la précarité.

Alerte rouge

L’économiste et militant communiste Paul Boccara est décédé le 26 novembre à l’âge de 85 ans. Dirigeant la section économique du PCF, il avait conduit dans les années 1970 et 80 des travaux importants. On lui doit notamment le concept de capitalisme monopoliste d’État et toute une réflexion prospective sur les dynamiques du capitalisme contemporain et ses modes de régulation. Il fut aussi un acteur de l’élaboration du programme commun, porteur de l’idée que les salariés doivent intervenir dans la gestion des entreprises, en portant des critères de gestion alternatifs, et à l’origine de l’idée d’une sécurité d’emploi et de formation pour garantir les droits des salariés et éliminer le chômage. Il a en cela beaucoup inspiré le mouvement syndical dont il se nourrissait pour conduire ses travaux. On connait malheureusement moins ses travaux plus récents proposant de dépasser les visions centrées uniquement sur l’économie pour traiter ensemble de toutes les activités humaines (on lui doit le concept d’anthroponomie). Un hommage lui a été rendu le 2 décembre à Ivry-sur-Seine (94), en présence de nombreuses personnalités et de Pierre Laurent, secrétaire national du PCF.

APL

Pas d’économies sur le dos des locataires !

Le collectif Vive l’APL (vivelapl. org) qui regroupe des associations de locataires et de mal logés, des associations de solidarité, des défenses des droits, des syndicats et des organismes de logement social appelle à de nouveaux rassemblements le samedi 9 décembre. À Bordeaux, le rassemblement aura lieu à 14h30 devant la mairie.

Communiqué du collectif : « 6,5 millions de locataires ont perdu 5 € d’APL dès octobre, puis perdront 8 à 10 euros dans un an …

Et ce n’est qu’un début, car en 2018, le gouvernement compte retirer 60 € de plus à chaque locataire HLM qui perçoit I’APL !

Le gouvernement annonce une baisse de loyer équivalente pour ces locataires mais cela coûtera 1,4 milliard aux HLM !

En faisant main basse sur cette part des recettes des HLM, le gouvernement menace le bon entretien des logements, la réhabilitation thermique, la production de nouveaux HLM, l’encadrement humain et les missions sociales des HLM…

Plus de 250 cheminots étaient rassemblés lundi 4 décembre en intersyndicale sur le site d’Hourcade. Ils ont discuté avec les élus venus les rencontrer, les soutenir : Claude Mellier, vice-présidente communiste à la Métropole, les élus communistes de Bègles et Villenave d’Ornon, le député FI de la circonscription, Loïc Prudhomme.

Les cheminots ont détaillé la situation catastrophique de la gare de triage d’Hourcade et des installations de Bassens. Sur Hourcade, le mau-

vais état des installations est tel que 4 déraillements ont eu lieu cette année.

Les derniers contrôles ont révélé la défectuosité d’un grand nombre d’installations… leur fermeture… et l’arrêt des contrôles ! Vous avez de la fièvre ? Supprimons le thermomètre !

On pourrait en sourire si la sécurité des agents SNCF et celui des populations environnantes n’étaient gravement en danger. Depuis avril 2016, le CHSCT a déclenché une procédure d’alerte sur la sécurité.

Si des travaux importants de maintenance ne sont pas engagés au plus vite, des matières dangereuses transitant par Hourcade, des risques

ÉNERGIE

Grève et coupures pour les salaires

Des bailleurs sociaux pourraient être mis en liquidation. Cette mesure impacte tous les locataires, les mal logés, les organismes HLM et leurs salariés… alors que les inégalités se creusent, que le nombre de demandes de logements en HLM augmente et que les secteurs immobiliers et locatifs privés sont épargnés…

C’est pourquoi nous appelons les locataires HLM et du privé à se mobiliser, avec le collectif Vive l’APL pour exiger le retrait du décret -5 €, et le maintien intégral de l’APL ! »

HÔPITAL DE SAINTE FOY

La bouffe ou les soins ?

Suite à la suppression des emplois aidés, l’hôpital de Ste Foy va perdre 43 contrats CUI sur un total de 420 agents, la CGT a mis en ligne une pétition qui s’adresse au préfet de la Gironde et au directeur de l’Agence régional de santé (ARS).

« Les personnes en contrat CUI réalisent un travail de première nécessité : ménage des chambres, réception et mise en température des repas et, pour quelques unes d’entre elles, aides à la toilette, explique la CGT de l’hôpital Sainte Foy. Que vont devenir les tâches qu’elles accomplissaient ?

Une charge supplémentaire pour le personnel déjà bien occupé ? Fort probable… ». « Usagers, agents, familles demandent qui réalisera ces tâches demain alors que les soignants ont déjà le sentiment d’accomplir partiellement leurs missions ? Devront-ils choisir entre faire une toilette et servir un repas chaud ? » interroge le texte de la pétition.

Lors de la journée d’action du 10 octobre dernier, un piquet de grève avait été organisé devant l’établissement et une pétition a recueilli 520 signatures. Malgré cela, rien n’a bougé. La CGT, au nom des personnels, exige des moyens pour soigner, accueillir, accompagner et travailler dans des conditions décentes. Elle exige des moyens pour embaucher durablement et pourvoir ces postes de première nécessité.

Pétition à signer sur mesopinions.com Professionnels de la santé : la bouffe ou les soins ?

2 • Les Nouvelles 7 décembre 2017

insensés seront encourus par le personnel SNCF et les populations environnantes (des cités populaires voisines notamment). Le personnel craint le prétexte à la fermeture définitive du site, craintes pour leurs emplois évidement mais aussi pour les conséquences environnementales induites.

Le réseau routier aquitain et particulièrement la rocade bordelaise connaissent déjà les murs de camions.

La situation empirerait. Les dangers pour la santé des populations par la pollution, et les accidents seraient majorés. L’état d’embouteillage est déjà invivable actuellement. Aggravé, comment le qualifier ? Sans parler du réchauffement climatique, et des effets irresponsables pour l’avenir.

Sur le site de Bassens, pour les mêmes raisons, plusieurs lignes ont été fermées. De grandes entreprises industrielles ne sont plus desservies.

Les marchandises vont se retrouver sur la route.

Les élus communistes locaux se sont engagés aux côtés des cheminots pour faire connaitre cette situation et faire avancer les solutions. À l’Assemblée Nationale, les groupes communiste et FI vont continuer à travailler ensemble pour des solutions d’avenir.

Pierre Bordas

Mécontente des négociations salariales en cours, la CGT Énergie avait décidé, le jeudi 30 novembre de priver de courant plusieurs entreprises en France. À Bordeaux, ce sont deux géants de l’aéronautique qui ont été visés. Des avancées ont été obtenues sur les activités sociales et la mobilisation se poursuivait avec une nouvelle journée d’action le 7 décembre.

En région parisienne, ce sont des médias qui ont été pris pour cible.

La CGT Énergie a ainsi coupé le courant de plusieurs chaînes de télévision : TF1 et Canal +. Différentes prises de postes et délestages partout en France et dans les DOM, coupure de réseau gaz, dépose des cartes de communication de concentrateurs de poste Linky… rassemblements,

manifestations ont aussi été au programme de cette journée de mobilisation du 30 novembre.

En Gironde, ce sont les entreprises du secteur aéronautique qui ont été ciblées. Une coupure HTB alimentant ERAKLES et ASTRIUM a engendré le délestage de 14 000 usagers sur la zone St Médard, Haillan et St Aubin. « Cela prouve que nos réseaux sont à la limite de leurs capacités et qu’un seul départ sur un Poste Source suffit à faire tomber des milliers d’usagers », commente le syndicat.

Le réseau de gaz a aussi été coupé à Cestas, le poste source d’Eysines a été occupé par 200 agents… « Voilà ce qui arrive quand il n’y a plus aucun respect et aucune considération de la part de la direction pour ses agents ! Les agents se donnent les moyens de gagner », a déclaré la CGT

Énergie 33.

Il s’agit pour la CGT Énergie de peser sur les négociations nationales en cours. Le syndicat n’est pas satisfait des propositions de la direction d’Enedis (ex-ERDF) en matière salariale – Il dénonce une baisse du pouvoir d’achat de 2,8 % – et en ce qui concerne les moyens attribués aux activités sociales de l’entreprise, les CMCAS perdraient 50 % de leurs moyens en heures de bénévolat.

Avec la journée du 30 novembre, des avancées ont été obtenues mais une nouvelle journée d’action était prévue jeudi 7 décembre, pour continuer à peser sur les négociations salariales en cours. « Après le gel du Salaire National de Base en 2017, les employeurs de la branche professionnelle proposent 0,2% d’augmentation pour 2018, a déclaré la CGT. De plus, les employeurs n’ont toujours pas trouvé l’artifice pouvant compenser la décision du gouvernement Macron d’augmenter la CSG de 1,7% amputant directement le pouvoir d’achat des agents actifs et inactifs. La coupe est pleine ! La colère grandit ! (…) Les agents grévistes mèneront des actions ciblées, décidées collectivement sur les piquets de grève. Coupures et baisses de production d’électricité et de gaz sont une nouvelle fois au programme de la journée de mobilisation ».

ACTUALITÉ

Editorial

TRANSPORT

Du « bug » de Montparnasse au crash d’une SNCF filialisée La grande panne informatique de dimanche, qui a entraîné la paralysie du trafic en gare Montparnasse à Paris, a mis à nouveau en évidence les méfaits de la filialisation et de la sous-traitance des travaux menés par SNCF Réseau.

Après la panne géante qui a paralysé la gare Montparnasse et le trafic des TGV du Grand Ouest pendant toute l’après-midi de dimanche, l’heure était lundi à la recherche d’un coupable. La ministre des Transports, Élisabeth Borne, en a trouvé un en la personne du PDG de SNCF Réseau.

Convoqué dès potron-minet, Patrick Jeantet a été sommé de présenter « d’ ici la fin de la semaine » une « nouvelle organisation et un nouveau management de la gestion des grands travaux qui permettent de fiabiliser la réalisation de ces programmes de travaux et la reprise des circulations ».

Des têtes devraient donc tomber au sein de la société née de la fusion en 2015 de Réseau ferré de France (RFF), SNCF Infra et de la direction de la circulation ferroviaire. De fait, la panne lui incombe. C’est une modification du fonctionnement informatique d’un poste d’aiguillage, effectué lors de travaux prévus de longue date de samedi soir à

dimanche midi, qui a causé la panne, par la faute d’un « bug ». SNCF Réseau a reconnu qu’il lui avait fallu deux heures pour le trouver et le réparer.

Pour la société, il s’agit de la seconde panne majeure occasionnée par ses opérations de modernisation de la gare parisienne en vue d’absorber l’augmentation du trafic liée à la mise en service des nouvelles portions à grande vitesse entre Paris et Bordeaux, Nantes et Rennes. Entre le 29 juillet et le 1er août dernier, Montparnasse avait été paralysée en plein chassé-croisé des vacanciers par la faute d’un « défaut d’isolement électrique consécutif à un câblage opéré trois semaines auparavant » dans un poste de signalisation en amont de la gare Montparnasse, selon le rapport d’enquête.

Après ce second crash, la ministre de tutelle a préféré se focaliser sur le management et sur les défauts manifestes de communication d’informations aux voyageurs, en demandant l’accélération du programme Robin, censé améliorer les choses à partir du 1er janvier prochain.

Ce traitement des symptômes ne s’attaque toujours pas aux causes des maux. Ceux-ci avaient pourtant été décrits dans un rapport d’experts

rendu en juillet. Côté travaux, celuici pointait « la multiplicité de leurs objectifs, de leur appellation et de leur mode de pilotage (qui) ne facilite pas une compréhension claire des enjeux et de ce qui est attendu de chacun ».

Côté conduite de ces travaux, l’organisation « en silo » des différentes directions impliquées engendre des « responsabilités fragmentées tout au long de la chaîne managériale », avec un recours massif à la sous-traitance qui implique en interne une « perte progressive de compétences système et ingénierie d’exploitation ». Appliqués aux 1 500 chantiers mis en œuvre chaque année par SNCF Réseau jusqu’en 2020, l’ensemble de ces dysfonctionnements donne le tournis. « Cet été, on a précipité l’ouverture des lignes à grande vitesse du Grand Ouest, en repoussant la modernisation de la gare, regrette Arnaud Marcinkiewicz, secrétaire général des cheminots CGT de Paris Montparnasse. Les usagers comme les cheminots en payent les pots cassés, car l’explosion de la SNCF en de multiples filiales fait que les services ne travaillent plus ensemble. Voilà pourquoi nous demandons de revenir à une entreprise unique, avec de vrais moyens, donc en mettant fin à l’injonction de l’autofinancement de la SNCF. »

CODE DU TRAVAIL

Les ordonnances Macron validée par l’Assemblée nationale Seule l’opposition de gauche (PS, PCF, FI) a voté contre le texte adopté le 28 novembre à l’Assemblée nationale par une très large majorité réunissant toute la droite autour des députés LREM. Sur le strict plan de l’arithmétique parlementaire, c’est un raz-de-marée pour Emmanuel Macron et son gouvernement. Par 463 voix contre 74 et 20 abstentions, l’Assemblée nationale a très largement ratifié fin novembre les ordonnances réformant le Code du travail. Sur le plan du véritable rapport de forces politique et social dans le pays, c’est une autre affaire.

C’est ce qu’a rappelé l’opposition de gauche, seule à voter contre le texte (PS, PCF, FI), à une majorité formant un bloc idéologique compact qui a réuni toutes les nuances de la droite autour des députés LREM (la plupart des « Républicains », leurs anciens collègues « Constructifs », l’UDI et le Modem).

Les communistes et la France insoumise ont insisté sur un vote qui ne signe pas la fin de l’histoire sociale. « Prenez ça comme une promesse, ce qu’une loi a fait, une autre peut le défaire », a lancé le député PCF Sébastien Jumel, inscrivant l’« opposition résolue » de son groupe « dans cette temporalité-là », tandis que son collègue de la FI Loïc Prud’homme annonçait une position semblable « en attendant de pouvoir abroger

ces lois ». « Il n’y a pas de fatalité à ce que le XXIe siècle vote des lois dont le XXe siècle n’a pas voulu », a de son côté déclaré Boris Vallaud (PS), égrenant les « rendez-vous manqués » du gouvernement avec le progrès social. Sur le fond, le texte adopté a été à peine retouché par l’adoption d’une trentaine d’amendements en séance, dont deux émanant du PS et un du PCF. Les socialistes ont fait rétablir le droit d’alerte des élus du personnel dans les entreprises de 11 à 49 salariés en cas d’atteinte aux droits des personnes. Quant aux communistes, avec leurs collègues du groupe de la Gauche démocrate et républicaine (GDR), ils ont fait adopter, pour les salariés licenciés à la fin d’un contrat de chantier, le droit à une « priorité de réembauche en CDI de droit commun » sur les postes disponibles dans l’entreprise.

Le Sénat doit encore se prononcer en janvier pour que la ratification des ordonnances soit définitive.

Un appel pour les CHSCT*

200 militants ont lancé lundi un appel pour une « assemblée nationale pour la santé au travail » en juin 2018, à l’issue d’une journée de réflexion et d’échanges entre représentants du personnel, militants syndicaux issus de différentes organisations, experts en santé au travail, inspecteurs du travail, médecins du travail, avocats, qui s’est tenue lundi à la bourse du

travail de Paris. L’ambition est ainsi d’élargir la démarche amorcée depuis quelques semaines par des experts et des syndicalistes afin de mobiliser plus largement les travailleurs, associations et universitaires dans la défense des missions des CHSCT, menacées par la fusion des instances représentatives du personnel décrétées par les ordonnances Macron.

Partant du constat qu’une dissolution du CHSCT dans le Comité social et économique aurait pour effet de noyer les préoccupations en matière de prévention des risques parmi d’autres prérogatives de cette nouvelle instance, notamment économiques, les participants ont réaffirmé l’utilité des CHSCT pour faire voir aux employeurs l’impact de l’organisation du travail sur la santé des salariés. « Nous tenons à l’existence de représentants du personnel spécifiques en matière de santé au travail, au droit des travailleurs de maîtriser leurs conditions de travail. Nous tenons à l’ancrage de l’action syndicale dans le travail réel au quotidien », soulignent les signataires, qui espèrent « associer toutes les organisations syndicales, qu’elles soient professionnelles ou interprofessionnelles, du public ou du privé, qu’elles soient locales, fédérales ou confédérales ». Ce nouveau réseau militant publiera ses contributions sur le site : assemblee-nationale-chsct.org.

Il n’y a pas de bonheur sans révolte La vie politique est ainsi faite qu’elle ne recèle pas toujours les clés aidant à comprendre les mouvements du monde, la bataille d’idées, la réalité des rapports de forces, la lutte de classe.

Par exemple, si on observe les commentaires des élections en Corse dimanche dernier, certains saluent le recours des votants aux listes revendiquant l’indépendantisme ou l’autonomie, d’autres se félicitent du recours au « dégagisme » cher à J.L. Mélenchon, peu nombreux sont ceux qui, lucidement, pointent les dangers et les risques de cette situation inédite. Comment ne pas tirer de premiers enseignements d’une abstention record dépassant 60 % dans les quartiers populaires ?

Comment ne pas interroger le rapport du peuple avec ses institutions ? Déceler dans l’abstention le désavœu d’une réforme institutionnelle sans referendum ? Comment ne pas voir, sous prétexte d’autonomie, l’entrée progressive vers un fédéralisme européen ? Quelle place des medias dominants dans l’occultation des problèmes quotidiens subis par les Corses ? Pourquoi ne pas analyser le pourquoi d’un enchaînement des désillusions faisant perdre tout crédit à la gauche, au point que ses formations PS, EELV et FI ont renoncé au combat électoral pour cette élection ?

Et, comme l’a fait le PCF dans sa déclaration (lire page 7), regretter l’absence « d’élus pour porter dans l’hémicycle de la Collectivité unique de Corse une alternative de gauche, antilibérale et écologique, malgré une belle campagne de la Corse insoumise, du Parti communiste français, de la Manca alternativa et d’Ensemble. » L’année 2018 s’annonce un test dans le bras de fer entre deux projets de société. Fabien Gay, sénateur communiste, l’a rappelé dimanche au repas fédéral de Cenon : « ou le libéralisme et ses régressions sociales ou une autre conception du monde libérant l’être humain ». Si les mobilisations contre la loi-travail et ses ordonnances n’ont pas fait reculer Macron, elles ont permis de renforcer l’idée qu’on peut faire autre chose, autrement. Répartition des richesses, fiscalité, Europe, démocratie, services publics… la fin de l’histoire reste à écrire. Dans la diversité des mouvements associatifs, syndicaux, politiques, écologistes… conscients de l’urgence de l’émancipation du capitalisme. En recherchant les bases communes de rassemblements porteurs d’espoir. Sans prétention hégémonique, sans angélisme, sans certitude, sans illusion non plus… mais avec la conviction que la somme des petits pas contre le rouleau-compresseur de la Finance participe du « mouvement réel qui abolit l’état présent », comme écrivait Marx dans sa définition du communisme. Ce « jeune Karl », dont l’affiche de cinéma vulgarise d’ailleurs une idée toujours moderne : « il n’y a pas de bonheur sans révolte »… en échos à la maxime de St Just en 1794…

Lâchons-nous camarades !

Vincent Maurin membre de l’exécutif du PCF 33

* Comité d’hygiène, de sécurité et des conditions de travail

Les Nouvelles 7 décembre 2017 • 3

ACTUALITÉ GLYPHOSATE

Jusqu’à quand allons-nous temporiser avec la chimie en agriculture ?

Le libéralisme détruit l’agriculture.

Continuons ! Dit-on à Bruxelles

Le glyphosate, herbicide mondialement utilisé, créé par Monsanto et aujourd’hui tombé dans le domaine public, vient de voir son autorisation de mise sur le marché prolongée pour 5 ans par la Commission européenne. Cette décision va à l’encontre du vote du Parlement européen favorable à une prolongation seulement pour 3 ans et ne tient pas compte des très nombreuses études la classant comme cancérogène probable pour l’homme.

Le débat sur le glyphosate s’est crispé et a cristallisé le malaise croissant de l’opinion publique face à la problématique des pesticides tant l’opacité qui l’entoure et les collusions entre pouvoirs publics et firmes de la chimie deviennent chaque jour plus évidentes.

Alors que pendant des décennies les firmes de la chimie sont apparues comme des bienfaitrices de l’humanité permettant de nourrir massivement la planète, de soigner, de combattre les maladies, de faciliter le travail des agriculteurs, viticulteurs ou arboriculteurs et ainsi leur assurer des revenus confortables,

aujourd’hui le peuple, les salariés agricoles et les petits paysans ont le sentiment d’avoir été bernés, trahis.

Ils ont surtout le sentiment d’avoir été empoisonnés durant toutes ces décennies avec la complicité silencieuse de l’État. Aujourd’hui les Monsanto Papers ont révélé des documents confidentiels mettant à jour des décennies de manipulation et de faux rapports scientifiques sur le glyphosate notamment.

Tout le monde savait et les États ont laissé faire.

En Allemagne, l’Institut fédéral d’évaluation des risques (BfR) est accusé d’avoir fait un copié collé du rapport remis par les industriels de la chimie en faveur du glyphosate, rapport présenté à la Commission européenne et sur lequel s’est fait le vote reconduisant l’autorisation pour 5 ans. La collusion est manifeste et les États ne font pas l’effort d’une expertise indépendante !

Depuis une dizaine d’année, quelques lanceurs d’alerte dont ici en Gironde, Valérie Murat et Marie Lys Bibeyran, qui ont chacune perdu un membre de leur famille travaillant

dans la viticulture, ont tiré la sonnette d’alarme en pointant du doigt des produits responsables du décès prématuré de leur proche. Mais la liste des maladies professionnelles est très réduite et empêche que ces victimes soient reconnues. Macron, avec sa réforme du code du travail, enlève le risque chimique du nouveau compte pénibilité et supprime les CHSCT !

Autant de signes négatifs envoyés par les pouvoirs publics sur la reconnaissance de la dangerosité de ces produits pour les salariés et, donc, sur la juste indemnisation des victimes et de leurs familles.

Pourtant en 2015, le CIRC, agence spécialisée de l’ONU avait estimé le glyphosate comme cancérogène probable pour l‘homme. Suite à ce rapport, l’Union régionale des professionnels de santé de Nouvelle Aquitaine ainsi que l’association des médecins contre les pesticides ont appelé au non renouvellement du glyphosate en Europe.

Les ventes de pesticides continuent à augmenter

Loin de sortir des pesticides, la Gironde connaît une très forte exposition aux produits phytosanitaires dont les plus agressifs sont utilisés en viticulture ou en arboriculture.

Des tableaux récemment publiés dans la presse font état de quantités vertigineuses de pesticides pulvérisés sur notre département, tout un panel de produit tous plus dangereux les uns que les autres. Ainsi, c’est un total de 3000 tonnes de pesticides vendus en Gironde en 2016 dont 226 tonnes de glyphosate, soit 7 tonnes de pesticides pulvérisés par jours !

La santé publique est menacée et ce sont des dizaines de cas de cancer,

de leucémie infantile qui risquent de se déclarer dans les années qui viennent chez les salariés et les riverains de cette agriculture intensive et chimique.

3, 5 ou 10 ans pour quoi faire ?

Nos sols sont morts, nos nappes phréatiques menacées, il est urgent d’arrêter et sans délai ! Un délai de 3, 5 ou 10 ans pour quoi faire ?

C’est tout ce qu’il faut aux firmes chimiques pour envahir le marché de nouvelles molécules que leurs apprentis sorciers inventent, nouveaux produits qui nous seront encore présentés comme miraculeux, inoffensifs et indispensables par leur porte parole la FNSEA. En aucun cas l’alternative ne doit être chimique !

L’alternative est de renverser le modèle agricole mortifère qui nous a été imposé au sortir de la Seconde guerre mondiale. Ce modèle productiviste est destructeur pour nos vies, notre santé et l’environnement et il n’est pas rémunérateur pour les paysans.

Aujourd’hui, il nous faut construire les bases d’une agriculture propre, locale en circuit court où les paysans maitrisent leur récolte mais aussi sa transformation via, peut-être, des coopératives pour que ce soit eux qui empochent la plus value liée à la transformation et non les grands groupes agroalimentaires.

Les bases d’un autre modèle agricole existent déjà au travers d’exemples de plus en plus nombreux de conversion en bio dans de très nombreux domaines avec des expertises et des méthodes testées pour assurer des productions sans avoir recours à la chimie. Cette agriculture au-

jourd’hui volontariste et militante doit devenir la règle, être enseignée dans les lycées agricoles et s’appuyer sur une recherche publique en agronomie avec l’INRA. Pouvoirs publics et syndicats professionnels doivent s’y associer et en faire une obligation en réorientant les crédits européens vampirisés par les gros céréaliers, notamment, vers une autre conception de l’agriculture. Une agriculture qui enrichit nos terroirs et notre environnement et nous nourrit sainement tout en assurant des revenus à nos paysans.

Pour cela, il faut affronter les lois du système capitaliste mondialisé qui a fait des matières premières alimentaires des sources de profit à spéculer, fragilisant les prix de l’alimentation au gré de la fluctuation des cours mondiaux de la bourse et du dumping social. Ce système pousse nos agriculteurs à surproduire au détriment d’une diversité agricole et d’une polyculture riche et nourricière. Mais ils sont de plus en plus nombreux à ne plus vouloir être les apprentis chimistes de Bayer ou Monsanto.

Réinventons notre agriculture et redonnons le pouvoir aux paysans, dans leur savoir-faire pour produire de la qualité en respectant leur terroir.

Stéphane Le Bot

INTERVENTION DU GROUPE COMMUNISTE

La métropole se prive d’1,2 million au profit d’Hermès ! communiste s’y est opposé. Voici l’intervention de Max Guichard :

Hermès installe un site de production à Saint-Vincent-de-Paul, assurant la formation des futurs 250 salariés-es sur place… Bonne nouvelle ! Mais sans aucune autre

justification que celle de « place nette », le Conseil de métropole a décidé de revoir à la baisse la taxe d’aménagement en vigueur depuis un an sur cette zone. Seul le groupe

4 • Les Nouvelles 7 décembre 2017

« Commençons par dire ce avec quoi tout le monde sera d’accord : l’implantation d’Hermès sur SaintVincent-de-Paul est une bonne nouvelle pour l’agglomération et en particulier pour sa rive-droite. Ceci est dit en préambule pour éviter, si possible, toute mauvaise interprétation.

Car la question qui vient est évidemment plus polémique. Avec Hermès, nous parlons d’un groupe, fleuron du luxe français, qui a réalisé en 2016 plus d’1 milliard d’euros de profits ; chiffre qui devrait être dépassé en 2017 puisqu’Hermès a déjà vu ses ventes bondir de 10% au premier semestre de cette année.

Groupe qui, certes, s’était plaint des

taxes créées ou plutôt rétablies sous le quinquennat Hollande : “Quand une entreprise marche bien, elle embauche à condition de ne pas lui mettre des bâtons dans les roues”, avait déclaré son gérant, M. Patrick Thomas. Visiblement, Hermès a pu surmonter les taxes pour envisager de créer 250 emplois.

Si l’on en croit la presse, ces emplois étaient de toute façon envisagés, seule leur localisation posait question…

Cette baisse substantielle de la taxe d’aménagement est donc censée donner des gages de notre bonheur de les accueillir… La métropole s’interroge sur l’opportunité de maintenir telle ou telle manifestation et compte l’argent nécessaire pour construire des piscines ou des groupes scolaires.

Mais quand Hermès débarque avec son milliard de bénéfices, il faut faire place nette et se priver d’1,2

million de recette fiscale… C’est tout simplement ahurissant et tellement anachronique alors que nos concitoyens restent choqués par les énièmes révélations sur la fraude fiscale organisée par les grands groupes et les grandes fortunes du monde.

Je terminerai par quelques questions qui me semble de bon sens : comment peut-on affirmer, comme le fait cette délibération, que l’arrivée d’une entreprise de 250 salariés-es ne changera rien à la vie d’un bourg de 1000 habitants ? Comment justifie-t-on de réduire de moitié le nombre de logements prévus ? 265 logements lorsque rien ne se passait à Saint-Vincent ; 123 lorsque 250 salariés nouveaux débarquent… Et enfin, pense-t-on que ces salariés seront suffisamment bien payés par Hermès pour ne justifier qu’un taux de logements sociaux de 10 % ? »

INTERNATIONAL PRÉSIDENTIELLE AU HONDURAS

ROUMANIE

La gauche crie à la fraude

Un nouvel hiver de protestations

À la suite d’une panne électronique, le chef de l’État sortant et figure de la droite reprendrait l’avantage sur l’Alliance contre la dictature. En début de semaine, le pouvoir avait décrété l’état d’urgence pour étouffer les manifestations de contestation.

Le Honduras n’avait toujours pas de président, une semaine après la tenue du scrutin. Tout porte à croire que le pays d’Amérique centrale est le théâtre d’une fraude électorale de grande envergure visant à priver la gauche de la victoire.

Le 26 novembre au soir, Salvador Nasralla, candidat de l’Alliance d’opposition contre la dictature, jouissait pourtant d’une confortable avance avec 45,17 % des suffrages, contre 41 % sur son principal concurrent, le controversé chef de l’État sortant, Juan Orlando Hernandez, selon un premier décompte partiel. Puis, fait « étrange », le système de comptage du Tribunal suprême électoral (TSE)

est tombé en panne à deux heures du matin, le lundi 27 novembre.

S’en sont suivis les tergiversations du TSE pour mieux préserver les intérêts du Parti national (droite) au pouvoir. Vivement critiqué pour sa partialité, le président de l’entité, David Matamoros, a indiqué qu’un comptage « spécial » débuterait, tout en lâchant une information sulfureuse : malgré la « mystérieuse » panne technique de lundi, Juan Orlando Hernandez serait désormais en tête de la présidentielle avec 42,92 % des votes, contre 41,42 % pour Nasralla, d’après 94,35 % des bulletins dépouillés.

Appel à descendre dans les rues pour freiner un « nouveau coup d’État »

Depuis jeudi 30 novembre, le journaliste et chef de file de l’Alliance d’opposition contre la dictature a appelé les Honduriens à ne pas se laisser voler l’élection, en descendant dans les rues pour freiner ce « nou-

veau coup d’État » après le putsch constitutionnel contre le président Manuel Zelaya en 2009. La coalition de gauche exigeait que plus de 5 000 procès-verbaux litigieux soient révisés, alors que le TSE se bornait à ne vouloir en examiner que 1 015.

Ce dernier refusait également de se pencher sur un millier de résultats provenant des urnes « de Lempira, La Paz et Intebuca, où l’on ne peut expliquer comment, dans ces villes maltraitées (sur le plan social – NDLR), 75 % de l’électorat ont voté », contre 50 % dans le reste du pays, a fustigé, Salvador Nasralla devant les caméras de TeleSur. Le candidat de la gauche, estimait avoir « une avance de plus de 200 000 voix sur (son) rival », a néanmoins « suggéré au gouvernement de refaire l’élection présidentielle avec calme afin de garantir le retour à la normalité ».

Mais le chef de l’État sortant ne l’entendait pas de cette oreille. Voilà des années que Juan Orlando Hernandez s’échine à façonner à sa main les différentes instances du pouvoir afin d’accéder à la plus haute fonction du pays. Depuis 2013, il a manœuvré pour se représenter à la présidentielle de 2017 alors que la Constitution le lui interdisait. Craignant la fronde de la rue et les appels à manifester de l’opposition, qui avait convoqué de nouveaux rassemblements dans les principales villes du pays, le Conseil des ministres a décrété l’état d’urgence pour une durée de dix jours.

Avec Cathy Dos Santos, dans l’Humanité du 4/12/2107

ÉTATS-UNIS

L’isolationnisme tourne à l’isolement Trump a de nouveau écorné le multilatéralisme en se retirant du pacte mondial sur la migration.

Une politique qui permet à la Chine de prétendre au leadership.

Sans doute Donald Trump penset-il que, dès lors que les États-Unis se retirent d’un accord, la question n’existe plus. À Washington, l’équation semble simple : les instances internationales, pourtant garantes d’un ordre dont le pays est le principal maître, sont perçues comme un lieu de contraintes plutôt que de négociations. Samedi, l’ambassadrice des États-Unis aux Nations unies, Nikki Haley, a ainsi annoncé le retrait de la première puissance mondiale du pacte mondial sur la migration. « Aucun pays n’a fait plus que (nous) et notre générosité perdurera. Mais nos décisions sur les politiques d’immigration doivent toujours être prises par les Américains et les seuls Américains.

Nous déciderons de la meilleure manière de contrôler nos frontières et de qui sera autorisé à entrer dans notre pays », a-t-elle expliqué.

Après les retraits américains de

l’accord de Paris sur le climat, de l’Unesco accusée d’être une instance « anti-israélienne », du partenariat transpacifique (TPP) afin de privilégier des accords avec des partenaires isolés et faibles, les renégociations en cours de l’accord de libre-échange nord-américain (Alena), la dénonciation des règles de l’Organisation mondiale du commerce (OMC) et de l’accord sur le nucléaire iranien si difficilement conclu, cette nouvelle annonce confirme le tournant isolationniste pris par le pays depuis un an et qui pourrait finalement tourner à l’isolement. Premier contributeur financier des Nations unies, Washington n’a eu de cesse de dénoncer la « bureaucratie » et « la mauvaise gestion » onusiennes. Jeudi, Nikki Haley précisait à cet égard que son pays poursuivrait l’évaluation de son « niveau d’engagement » au sein de « toutes les agences du système des Nations unies ». Ce faisant, il remet en cause des équilibres internationaux complexes et fragiles, mais également des alliances anciennes comme c’est le cas avec la Corée du Sud. Problème, la nature a horreur du

vide et la Chine, deuxième puissance mondiale qui aspire à se hisser à la première place, le comble en se faisant le chantre d’un autre ordre mondial et en investissant des sommes colossales dans son projet de nouvelle route de la soie. Pis, cet isolationnisme s’accompagne, partout où le président américain se déplace, d’un discours flattant les tentations nationalistes. En Asie comme ailleurs, les retraits successifs engagés par les États-Unis semblent conforter l’idée d’un déclin relatif de Washington sans que l’on voie de propositions ambitieuses émerger par ailleurs.

Seul motif de satisfaction pour la Maison-Blanche, ces derniers jours : l’adoption par le Sénat du projet de réforme fiscale qui permet aux entreprises de voir leur taux d’impôt passer de 35 % à 20 %. Dans l’incapacité d’abroger la loi sur la santé de Barack Obama, cet été, il s’agit de la première victoire du président Trump sur un projet qui reste malgré tout impopulaire.

Lina Sankari, l’Humanité du 4/12/2017

Depuis un mois, les Roumains descendent chaque dimanche dans les rues des principales villes de Roumanie (Brasov, Timisoara, Cluj, …) pour protester contre des réformes visant la justice et l’économie. Le

premier ministre social-démocrate entend baisser de 20 % les salaires. À Bucarest, 30 000 personnes ont défilé le 26 novembre et plusieurs usines ont déclenché des grèves massives.

ÉCONOMIE

Mettons Merkel et Schultz devant leurs responsabilités Tribune de Francis Wurtz, député honoraire du Parlement européen, publiée dans l’Humanité dimanche du 30 novembre au 6 décembre 2017.

Devant l’échec des négociations pour la formation d’une coalition CDUCSU-Libéraux-Verts en Allemagne, Emmanuel Macron avait usé de l’une de ces expressions lumineuses dont il a le secret : « Nous, on doit avancer ».

Bon, mais encore ? Il y aurait pourtant des sujets majeurs à aborder dans le contexte de la crise politique de la principale puissance économique de la zone euro. Un seul exemple : celui des dommages considérables que le modèle Schroeder-Merkel des vingt dernières années cause à la fois en Allemagne -dont l’irruption de l’extrême droite et le désaveu des partis de la « grande coalition » (CDU-SPD) est le symptôme- et dans les pays du sud de l’Europe, parmi lesquels la France. En effet, ce modèle est fondé, comme on le sait, sur la « modération salariale » ; sur des restrictions draconiennes des dépenses publiques, notamment en matière d’infrastructures (écoles, ponts, installations ferroviaires…) ; ainsi que sur des réformes libérales et impitoyables de l’assurance-chômage et des retraites. En Allemagne-même, ces mesures ont permis de doper la « compétitivité » et d’accumuler des excédents commerciaux-records (261 milliards d’euros en 2016 !) , mais au prix d’une extension de la pauvreté et de la précarité dans le pays le plus riche d’Europe. Et dans la zone euro, en particulier chez ses partenaires du sud, il en résulte mécaniquement plus de chômage, plus de déficits, plus de dettes.

Certes, il ne s’agit pas de minimiser les responsabilités écrasantes des gouvernements français successifs dans l’alourdissement du chômage, la désindustrialisation et le déficit commercial que connaît notre pays !

Mais il est indéniable que la stratégie mercantiliste et anti-coopérative que pratique Berlin n’est pas tolérable entre « partenaires » d’une union

monétaire telle que la zone euro. L’Allemagne « vole ses voisins » accusait déjà il y a plusieurs années le Nobel américain d’économie, Paul Krugman 1. En effet, à partir du moment où, du fait de la monnaie unique, il est devenu impossible de dévaluer sa monnaie (en concertation avec ses voisins) pour corriger un déséquilibre commercial, il faut assurer le nécessaire rééquilibrage par d’autres moyens : par exemple, des crédits sélectifs de la Banque centrale européenne en faveur de la résorption des inégalités de développement. Mais, en tout premier lieu, les économies les plus productives doivent bannir toute forme de « dumping social » au détriment de leurs « partenaires » et tendre vers l’équilibre entre leurs exportations et leurs importations, notamment dans la zone euro.

D’ailleurs, les règles européennes elles-mêmes prévoient qu’aucun pays n’ait d’excédents commerciaux dépassant 6 % de son PIB (richesses produites en une année), ce qui est déjà énorme (ce devait être 4 % et fut porté à 6 % à la demande de…

Berlin). Problème : les excédents de l’Allemagne dépassent aujourd’hui allègrement les 8 % et continuent d’augmenter ! Et, jusqu’ici, Angela Merkel est restée sourde aux admonestations (très diplomatiques, il est vrai) de la Commission européenne.

Son rival (et probable futur allié) social-démocrate, Martin Schultz, a pris le contre-pied de sa politique ultra-restrictive durant la campagne électorale. Il a besoin de « s’acheter une conduite » auprès de ses électeurs perdus. C’est le moment ou jamais de lancer publiquement le débat sur ce problème en Europe ! Le fait que la France ne saisisse pas l’occasion des nouveaux pourparlers engagés en Allemagne en vue d’une « grande coalition » bis CDU-SPD pour soulever ce lièvre en dit long sur la politique européenne d’Emmanuel Macron en général et sur sa vision du « couple franco-allemand » en particulier.

1 - Dans sa chronique du New York Times, rapporté par Huffpost (12/11/2013)

Les Nouvelles 7 décembre 2017 • 5

PCF REPAS FÉDÉRAL

Un moment de fraternité partagé

Réitéré il y a deux ans, il avait réuni 130 personnes l’année dernière. Cette année, plus de 200 personnes sont venues partager le repas militant et fraternel des communistes en Gironde. « Cela montre tout l’intérêt que vous portez à ces moments de fraternité », souligne Sébastien Laborde, secrétaire de la fédération du PCF, avant de passer la parole au sénateur Fabien Gay, ravi de se retrouver « en famille » à Cenon.

ce système « illégal au regard du droit international ». Il a invité les militants communistes à amplifier la mobilisation, à l’élargir à tous les progressistes, à tous les républicains.

Fabien Gay a ensuite évoqué la politique gouvernementale et les débats au Sénat avec la majorité. Évoquant rapidement la conférence des animateurs de section du PCF, il commente : « nous avons un cap, une feuille de route mais il faudra bien analyser les 18 derniers mois que nous venons de vivre car c’est un bouleversement total opéré par le Capital pour brouiller les cartes politiques, mettre à bas toutes les résistances dans le seul objectif, comme l’a dit Bruno Lemaire quand il est venu nous présenter le budget, de libérer le capital ». Macron et son équipe de « technocrates, de petits chefs d’entreprises et de libéraux de tous poils » sont au service de cet objectif.

Le jeune sénateur démontre les choix idéologiques en mettant en parallèle les chiffres de l’évasion fiscale, la suppression de l’ISF et les mesures de casse de notre système social. « Les coups pleuvent de partout, conclue-t-il, mais nous avons un grand débat qui nous attend sur l’année.

Nous devons être lucides sur ce que nous sommes : une force affaiblie, qui a pris des coups mais une force debout. Dans un champ politique bouleversé, où les repères droite-gauche sont brouillés, il y a besoin de reconstruire un chemin de gauche, un chemin progressiste dans ce marasme libéral ». « Ça va être difficile mais si nous avons la volonté de le faire avec les gens, avec leurs luttes, nous pouvons être entendus ».

Le secrétaire départemental, Sébastien Laborde, n’a pas manqué de remercier « tous les camarades qui ont permis que cette journée puisse avoir lieu, ceux qui l’ont préparée et ceux qui se sont levés tôt ce matin pour que vous puissiez passer un très bon moment ». Il a ensuite rappelé les conditions dans lesquels Fabien Gay, qui a grandi et milité en Gironde* est devenu sénateur le 24 septembre. « Non seulement, le PCF a conservé un groupe au

Sénat, ce qui n’était pas gagné, mais, en plus, il a réussi à renouveler avec de jeunes camarades, dont on sait qu’ils porteront dans la “haute assemblée” la parole des classes populaires, du monde du travail, de celles et ceux qui subissent et qui souffrent quotidiennement des politiques d’austérité qui sont menées dans ce pays depuis un certain nombre d’années. Donc la Seine-SaintDenis a un nouveau sénateur, en plus d’Éliane Assassi et la Gironde un peu aussi, du coup ».

Fabien Gay, quelque peu ému de l’ovation que lui ont réservé ses camarades girondins a dit le plaisir qu’il avait de revenir en Gironde et en particulier à Cenon.

Informé de la présence d’un collectif pour la libération de Salah Hamouri en Gironde, le sénateur a tenu à rappeler les conditions d’arrestation et de mise en détention administrative de l’avocat franco-palestinien, comme 450 autres personnes en Palestine parmi les plus de 9 000 prisonniers politiques (lire page 8). « La seule chose qu’on peut reprocher à Salah, affirme le sénateur, c’est d’être un militant politique pacifiste, engagé dans plusieurs ONG pour la défense des prisonniers palestiniens. Même si le gouvernement français a fait quelques pas, c’est dans un silence complice que Salah Hamouri est emprisonné depuis 100 jours maintenant sous le régime de la détention administrative »,

L’exposé est rythmé, chronométré (45 minutes), l’intervenant maîtrise son sujet, a le verbe facile et juste ce qu’il faut d’humour et de sens de la provocation pour que, pas un moment, l’auditoire ne s’ennuie. Il raconte cette société d’ancien régime qui se fonde sur l’inégalité des êtres humains, les conditions effroyables des soldats dans une guerre qui mènera à la mort 2 millions de personnes en 1914 et 1915 et à nouveau 1 million et demi en 1916 avec la contre-offensive de Broussilov qui aboutira à une défaite de plus.

C’est donc dans l’expérience que s’ancre l’aspiration populaire à la paix et à renverser les nobles au pouvoir, « incapables et brutaux » et qui mènera au renversement du tsarisme

en mars 1917, après une mobilisation des femmes, des soldats, des paysans, des ouvriers. Ces derniers, d’ailleurs, ne sont que 2 millions sur 170 millions d’habitants, même si entre 1910 et 1914 leur nombre a augmenté de 40 %, mais leur force de travail leur confère du pouvoir.

Les bolcheviks sont dans le mouvement mais ne sont pas aux commandes et l’immense majorité de ceux qui ont renversé le régime le soir, comme l’expliquera Trotski, ne savaient pas le matin qu’ils le feraient.

Voilà déjà de quoi nous interpeler.

Dans les promesses de paix trahies par la bourgeoisie libérale puis par les socialistes, le peuple apprend qu’il ne suffit pas de changer les hommes au pouvoir. Alors les soviets (structures de représentation populaire plus ou moins directes) se répandent, dans les usines, les quartiers, etc.

Les bolcheviks y sont minoritaires et c’est la raison pour laquelle ils freinent les grandes mobilisations de juillet qui les soutiennent. Il faudra qu’ils écrasent le putsch du général tsariste Kornilov (soutenu par une alliance de la noblesse et de la bourgeoisie) pour qu’ils gagnent la majorité dans les soviets et un soutien majoritaire dans la population. Cette fois, Lénine, après de multiples changements de stratégie, considère que la situation subjective est favorable. L’expérience sanglante de la Commune de Paris est encore dans toutes les mémoires. C’est une

insurrection minutieusement préparée, chronométrée qui marquera la révolution d’octobre.

C’est un immense souffle d’espoir qui se répand à travers le monde, c’est la naissance du mouvement anticolonialiste avec la sortie de pays comme la Finlande de l’empire russe, avec la conférence de Bakou. C’est aussi la naissance de la peur du rouge qui se répand, partout dans le monde, chez la noblesse, la bourgeoisie. Elles en tremblent encore.

Guillaume Roubaud-Quashie fait des ponts entre cette histoire extraordinaire et ce que nous vivons aujourd’hui à travers 3 questions : quoi, qui, comment ?

Le peuple russe voulait le pain, la paix, la terre mais aussi le contrôle ouvrier. Il ne s’agit pas seulement de répartition des richesses mais de qui décide. La règle de base du capitalisme à ce sujet est simple : qui possède décide. Cependant, explique l’intervenant, la recherche du profit pousse parfois les possédant à faire des pas de côté. Il cite l’exemple de Google et son management conscient que plus il y a de cerveaux, plus il y a d’intelligence, surtout si ces cerveaux sont en contact avec les tâches. En allant chercher chez ses salariés le moyen de faire plus de profit, quelque part l’entreprise valide une perspective communiste : comment on produit, qui décide, qu’est-ce qui est le plus efficace ?

La question de classe est centrale

dans la révolution russe mais pas livresque car il y a un grand nombre de paysans et donc une alliance de classe. L’expérience de 1917 est donc intéressante pour interroger cette notion de classe aujourd’hui. Même si chez les salariés, il y a des différences de conditions de vie, quand le propriétaire dit ce qu’il faut faire, tout le monde doit le faire et s’il dit que ça ferme, ça ferme pour tout le monde, que l’on soit ouvrier, employé ou cadre. Avec qui les salariés peuvent-ils s’allier ? Avec les auto-entrepreneurs, par exemple. « Ceux qui dirigent le monde aujourd’ hui, explique l’intervenant, les propriétaires, nous amènent dans une situation dramatique, voire vers le chaos. Marx le disait dans le livre 1 du Capital, “après moi le déluge, telle est la devise du capitalisme”. Le déluge approchant, l’enjeu de classe prend une actualité importante, voire urgente ».

Enfin, la révolution russe a montré la nécessité d’une agilité, d’une capacité de se remettre en question permanente. « Ce qui se passe subjectivement chez les gens est aussi important que ce qui se passe objectivement », commente Guillaume RoubaudQuashie.

Une affirmation qui a interpelé les militants communistes présents qui ont aussi échangé sur la notion de classe, des alliances, la place de l’organisation, le rôle de Lénine…

1 - À lire sur internet : bordeaux-gazette.com

C.D.

COGITATIONS MILITANTES

1917 et nous

Lever le nez du guidon, prendre de la hauteur par rapport aux questions immédiates qui taraudent les militants, leur organisation, prendre le temps de penser, pour soi et ensemble, voilà ce qu’ont engagé les communistes en Gironde avec leurs « Cogitations militantes ». Pour cette première, le 30 novembre, ils avaient invité Guillaume Roubaud-Quashie, historien et directeur de la revue Cause commune, pour se (re) plonger dans la révolution russe de 1917, ou plutôt les révolutions, année anniversaire oblige. Mais, surtout, cette histoire est la notre, celle des communistes et plus largement du mouvement ouvrier, et elle a encore à nous apprendre, à nous questionner.

6 • Les Nouvelles 7 décembre 2017

C.D.

PCF ÉLECTION EN CORSE

Réaction du PCF Déclaration du Comité exécutif national du PCF, le 4 décembre Les résultats du premier tour de l’élection territoriale en Corse sont très inquiétants pour la Corse ellemême. Ils mettent en évidence une crise politique dont l’abstention est révélatrice.

Un électeur sur deux ne s’est pas rendu aux urnes et c’est encore plus marquant dans les bureaux de vote des quartiers populaires des grandes villes de Bastia et d’Ajaccio, où l’abstention dépasse souvent les 60 %.

La réforme institutionnelle de la Collectivité, imposée aux Corses sans consultation par référendum reçoit, en ce sens, un cinglant désaveu. À ce déni de démocratie, s’ajoute, pour ce troisième scrutin de l’année, le sentiment que les difficultés de la vie quotidienne, auxquelles une grande majorité d’entre eux est confrontée, ne font que s’accentuer.

La cherté de la vie, la pénurie de logements sociaux, les bas salaires, le chômage, la pauvreté et la précarité ont été évacués de cette campagne électorale. De même, il n’a jamais été question des compétences qui seront exercées prochainement par les élus de cette nouvelle collectivité dotée d’importantes compétences et concentrant tous les pouvoirs non régaliens.

En revanche, il est déjà question,

côté nationaliste, d’engager avec le gouvernement une négociation en vue d’une nouvelle étape institutionnelle pour, cette fois-ci, changer radicalement le rapport de la Corse à la République.

Cela interpelle d’autant plus que la référence au fédéralisme européen, voire à l’autodétermination dans les dix ans est régulièrement avancée sans se soucier de la concurrence exacerbée entre les territoires que cette option suppose dans un cadre toujours plus libéral.

Or, il est évident que pour la Corse, région métropolitaine la plus pauvre, cette fuite en avant, tout en affaiblissant l’expression de la solidarité nationale dont elle a besoin, sera désastreuse.

Dans ce contexte, il n’y aura plus aucun élu pour porter dans cet hémicycle de la Collectivité unique de Corse une alternative de gauche, antilibérale et écologique, malgré une belle campagne menée par les militantes et les militants de la Corse Insoumise, du Parti communiste français, de la Manca Alternativa et d’Ensemble.

En rassemblant 6 788 suffrages, 660 de moins qu’en 2015 pour la liste PCF-FdG, cette liste, la seule de gauche (FI, PS, PRG, EELV ayant jeté l’éponge avant de mener le combat) n’est pas parvenue avec 5,7 % à franchir la barre des 7 %,

indispensables pour qu’elle puisse être maintenue.

Aussi surprenant que cela puisse paraître, plusieurs voix sur le continent se sont félicitées de cette disparition, dont des responsables politiques de gauche qui ne présentaient pas de candidat. C’est une analyse à courte vue, dont le patronat local pourra se satisfaire tant il est vrai que sa domination économique et sociale n’était contestée jusqu’ici que par les élus régionaux communistes.

Ce deuxième tour pourrait donc voir se réaliser une fusion des listes de droite, « macroniste » incluse, sans que cela ne vienne contrarier la victoire, non moins libérale, des listes nationalistes impatientes d’engager un bras de fer avec Paris au bénéfice de leurs résultats pour obtenir un nouveau statut.

Dans ces conditions, ce scrutin ne pouvant être considéré comme un blanc-seing, il faudra en préalable à toute discussion de ce type donner la parole aux Corses.

Le Parti communiste français apporte, toute sa solidarité aux Corses et renouvelle toute son amitié aux colistier-e-s et militant-e-s de la liste « l’Avenir, la Corse en commun, l’Avvene, a Corsica in cumunu », soutenue par la Corse insoumise, le Parti communiste français, Manca alternativa/Ensemble.

MARCHÉ DENOËL 8 décembre, dès 16h30 Exposants : La Librairie La Renaissance, L’échoppe de Pantanassa (huile d’olive…), Crus, châteaux et tradition (vins), thé 1336, Fadela Benazza (bijoux), livres politiques (PCF),José Ovejero (peinture)

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RYTHMES SCOLAIRES

Pas moins d’école ; l’école en mieux !

Une formation du Cidefe sur la question des rythmes scolaires a réuni des élus samedi 25 novembre 2017 à Bordeaux avec, entre autre Claire Bordachar, professeur des écoles, membre du PCF et de la FSU. En voici quelques éléments retenus par Odile Blein, élue d’Ambarès-et-Lagrave (extraits). (…) Un accord relativement large existait au départ quant à la « refondation » nécessaire de l’école quand Vincent Peillon a mis en place cette réforme en 2013. Mais elle a été imposée sans se donner ni le temps du débat, ni les moyens de sa réussite. Elle a sans doute été beaucoup trop seulement centrée sur la gestion du temps de la semaine scolaire : il fallait « choisir » entre une semaine de 4 jours « bien pleins » ou une semaine de 4 jours allégés plus une cinquième demi-journée. Elle instaurait les Temps d’Activités Périscolaires (TAP). Mais les enseignants n’ont eu aucune « compensation » aux « efforts » qu’on leur demandait, ils ont parfois pu se sentir « dépossédés » de certains contenus, voire de leur « locaux ». Les intervenants extérieurs pouvaient eux avoir le sentiment d’être « mal reçus » et ils n’ont pas toujours été faciles à trouver, surtout dans les communes plus rurales. (…) Cette réforme a eu pour conséquence de cloisonner les disciplines dites « fondamentales », qui devraient être enseignées le matin, des disciplines dites « secondaires » qui

pourraient, à terme, être enseignées par des personnels moins formés, voire « externalisées »…

Nombre de chronobiologistes se sont certes exprimés sur des données assez peu contestables : que les temps d’apprentissage soient plus favorables à certains moments de la journée, que les journées trop « longues » soient fatigantes et peu propices à une attention soutenue… personne ne le conteste. Mais, de multiples autres facteurs sont à prendre en compte dans la réussite scolaire. Les enfants ne sont-ils pas fatigués aussi quand ils ne dorment pas suffisamment à la maison (pour de multiples raisons !), quand ils arrivent à la garderie à partir de 7 heures le matin (parce que leurs parents travaillent, et souvent loin de leur domicile !) et peuvent parfois en sortir 12 heures plus tard (toujours pour les même raisons) !? Les enfants ne sont-ils pas aussi fatigués de « subir » des effectifs souvent trop lourds ? Ne sont-ils pas aussi fatigués de « subir » des locaux mal insonorisés, le manque de lits pour les tout petits, l’absence de préau pour jouer quand il pleut, etc. ? « L’échec » de certains élèves ne pourrait-il pas se « régler », par un enseignement un peu « différent »… des cours « magistraux » en classe entière, mais aussi, des travaux en petits groupes, des ateliers, des sorties, au théâtre, au musée … des stages, l’utilisation de nouvelles technologies, des contenus

de programmes éventuellement revus… encore faut-il que les enseignants soient plus nombreux, mieux formés et qu’ils aient le temps de travailler en équipe, entre eux ou avec des intervenants, en « co éducation », en quelque sorte !

Diminuer le temps d’école ne fait que renforcer les inégalités sociales. C’est dans les « quartiers difficiles » que l’élu floiracais Jean-Claude Galan nous a dit que la présence aux TAP est la moins importante (alors que les ateliers sont gratuits)… Nous ne sommes pas étonnés : ce sont bien les parents qui ont le mieux « compris » à quoi sert l’école, la culture, le sport (et qui en ont les moyens !)… qui répondent présents ! La « référence » de l’Ecole doit pourtant être l’élève qui n’a que l’école pour réussir ! (…) Mais la « marche arrière » actuelle, ainsi que les annonces de réduction de postes ne peuvent que nous inquiéter. Et ce ne sont pas les effets d’annonces du gouvernement sur les classes dédoublées grâce à des moyens « piqués » ailleurs, qui doivent nous tromper ! Hélas, les « débats » actuels dans les communes ne se font pas sur la base d’une évaluation sérieuse de ce qui a été fait. (…) On continue bien souvent à ne réfléchir qu’en terme organisationnel, pratique. Pour nous, si c’est l’intérêt de l’enfant qui prime, alors nous devrions réfléchir à comment faire plus mais aussi et surtout mieux d’école !

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SOUSCRIPTION

Tout versement par chèque ouvre droit à une réduction fiscale de 66% du montant versé. (chèque à l’ordre de ADF PCF 33). Les ressources financières du Parti communiste sont transparentes. Votre don, aussi modeste soitil, contribuera effica- cement à la démocratie, à l’expression et la prise d’initiative du Parti communiste. Cet ensemble sont les éléments majeurs pour continuer notre combat dans l’ambition d’une gauche forte et alternative.

La fédération de la Gironde du PCF, lance une souscription afin de mener nos prochaines échéances politiques, notre objectif est de 70 000 euros.

ILS ONT DONNÉ 620 € : M. GROS Serge, Carbon-Blanc ; Mme SEGURA Andrée, Carbon-Blanc ; Mme BARDY Lydie, Lalande-de-Pomerol ; M. GUICHARD Max, Tresses ; Mme GARBISO Eliane, St-Seurinsur-L’isle ; Mme BARTHELEMY Eliane, Cenon ; M. LAINE Giles, Les Billaux ; M. RIBET Maurice, Bègles ; M. CASAMAJOR, Bègles ; Souscription repas fédéral

Les Nouvelles 7 décembre 2017 • 7

CULTURE & SOLIDARITÉ ASSOCIATION BORDEAUX-CIENFUEGOS BICENTENAIRE

SALAH HAMOURI

Faire connaître l’histoire, renouer des liens entre les villes

« Vous êtes notre espoir et les porte-voix de notre résistance » Alors que Salah Hamouri, avocat franco-palestinien, était embastillé par Israël depuis 100 jours, en vertu d’un ordre de détention administrative, L’Humanité a pu lui faire parvenir des questions par l’intermédiaire de ses avocats. Extrait de l’entretien réalisé par Pierre Barbancey et publié dans l’Humanité du jeudi, 30 novembre, 2017.

Ils étaient plus de 50, dans la salle de l’Amicale laïque de Bacalan, samedi 2 décembre, pour partager cette singulière histoire de la ville cubaine de CIENFUEGOS, autour d’un diaporama du séjour de cinq bordelais(e)s fin octobre.

Jean Querbes, président de l’association Bordeaux-Cienfuegos Bicentenaire a montré l’originalité de la décision de la Couronne espagnole de « blanchir » l’île de Cuba en demandant au français Don Luis de Clouet d’y construire une ville, au moment où les révoltes d’esclaves à Saint Domingue effrayaient les colons de Cuba. Ainsi, 46 bordelais, de différents métiers, ont débarqué dans la magnifique baie de Jagua, en avril 1819. Le lien entre « Burdeos » et Cienfuegos est bien connu des résidents cubains. Mais qui le sait

à Bordeaux ? C’est donc l’objet de l’association bordelaise que de faire connaître cette histoire et contribuer à faire naître des relations entre les deux villes. Vincent Maurin, viceprésident, a rapporté le contenu des premiers échanges avec plusieurs partenaires bordelais : Ville de Bordeaux, Archives Métropole et Département, Musée d’Aquitaine, CIVB, éditions Le Festin, Universitaires… tous intéressés par ce projet.

Un débat avec une salle acquise à la cause, a manifesté le besoin de se rendre sur place… dès 2018 ! La soirée s’est terminée par un pot de l’amitié… avec des verres de « Cuba Libre », bien sûr !

Pour adhérer à l’association (10 €), soutenir, se tenir informé-e : bordeaux200cienfuegos@orange.fr 10 rue Champlain, 33300 Bordeaux.

Réveillon de la St Sylvestre Menu à 58 € toasts, apéritif maison soupe de l’océan, 6 huîtres (blanc entre Deux-Mers) foie gras de canard avec gelée de vin blanc Monbazillac lamproie au moelleux trou de l’Huma, cotillons vin rouge et rosé, tournedos de bœuf et ses cèpes champagne, café, salade, fromage soupe à l’oignon à 6h dessert glacé

12€

ANIMATION

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31 DÉC. 17 // 20H ST-SEURIN-SUR-L’ISLE

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salle Bonnot, Saint-Seurin-sur-l’Isle Mme GARBISO : 06 21 59 05 66 // 05 57 49 67 76 Mme GERMON : 06 58 58 14 07 // 05 57 49 77 32 M. PASCAULT : 06 43 34 46 18 // 09 79 59 64 74

ORGANISÉ PAR LA SOCIÉTÉ DES LECTRICES & LECTEURS DE L’HUMANITÉ DES CANTONS DE COUTRAS & GUITRES

L’Humanité. Parvenez-vous à garder le moral ?

Salah Hamouri. (…) Ça a été particulièrement difficile pour moi de me trouver face à ces jeunes de 14-15 ans, emprisonnés comme moi, vêtus de l’uniforme marron glauque des prisons israéliennes, les pieds et les mains liés, conduits par les gardiens.

Lors d’un transfert à la prison de Ramleh, j’ai été très touché de voir que les prisonniers sont mis dans six cages qu’aucun être humain ne devrait jamais connaître. Dans une de ces cages, j’ai vite reconnu un prisonnier avec qui j’ai vécu cinq ans, il se nomme Walid Dakka. Il s’est approché de moi. Depuis notre dernière rencontre, ses cheveux ont blanchi, ses rides se sont multipliées, ses cernes traduisent une grande fatigue. Il a crié en me voyant : « Le Français ! Qu’est-ce que tu fais là, pourquoi ils t’ont remis en prison ? » (…) Toutes ces relations que nous bâtissons sont un moyen pour tenir debout face à l’occupant. Le but de cette occupation est clairement de vider la Palestine de ses habitants, et tout particulièrement à Jérusalem-Est.

des divertissements en hébreu. (…)

Nous avons certes assez de nourriture et le droit de sortir dans la cour quotidiennement, mais ce n’est pas de cela dont nous avons besoin.

Nous avons besoin que cesse cette torture psychologique qui est utilisée pour tenter de nous briser et de nous convaincre que notre combat est vain. (…) Le fait de n’avoir qu’une seule visite familiale de 45 minutes par mois est également un moyen de torture, d’autant plus que celle-ci s’effectue derrière une vitre. Nous n’avons pas le droit de prendre nos proches dans nos bras. Les familles de prisonniers souffrent aussi beaucoup de notre emprisonnement, d’abord, par notre absence, mais également parce que la prison est très éloignée dans le désert. Chaque visite est une véritable épreuve pour eux. Certains prisonniers sont même privés de visites. (…)

L’Humanité. Comment jugez-vous le silence des plus hautes autorités françaises ?

Salah Hamouri. On a bien vu, lors de ma précédente incarcération, que le silence des autorités françaises ne peut être brisé que grâce à votre solidarité. Ce silence, qui pèse aujourd’hui, est sûrement dû au fait qu’une pression de la force occupante et de ses soutiens est mise sur l’État français qui amène notre président

à ne pas parler de ma situation. Il faut que la France soit courageuse et qu’elle brise ce silence pour me défendre et se défendre elle-même contre toute subordination. Il est temps que la France soit de retour et soutienne les peuples sous occupation et sous la domination des forces impérialistes. (…)

L’Humanité. Avez-vous un appel à lancer ?

Salah Hamouri. Vous êtes un espoir pour des milliers de gens dans les bastilles israéliennes. Il est primordial de dénoncer ce que les autorités israéliennes font aux Palestiniens et, en particulier, aux enfants qui sont trop nombreux à connaître les prisons de l’occupant.

Il s’agit là d’un véritable projet pour casser l’enfance palestinienne. Vous êtes les porte-voix de notre résistance en Europe et partout dans le monde.

Soyez-en bien sûr, la prison ne sera jamais le lieu où l’occupant pourra enterrer nos rêves et notre espoir !

Chaque jour, nous sommes plus convaincus que la résistance est notre droit et notre devoir et qu’elle nous permettra d’arracher nos droits nationaux, d’obtenir notre liberté et notre indépendance. Chaque action que vous menez nous envoie des rayons de soleil qui réchauffent nos cellules sombres dans l’hiver froid du désert.

L’Humanité. Comment se passent vos conditions de détention ? Comment êtes-vous traité ?

Salah Hamouri. Je suis dans la prison du Néguev, avec 2 400 autres prisonniers. Un grand nombre d’entre eux sont privés de liberté depuis plus de dix ans. Il y a plus de 300 détenus administratifs dans cette prison. Nous avons le droit de faire rentrer des vêtements et des livres 4 fois par an, ce qui n’est pas suffisant. Nous n’avons pas accès à la presse écrite arabe, nous n’avons qu’une chaîne télé d’information, les autres chaînes sont uniquement

l'abus d'alcool est dangereux pour la santé à consommer avec modération

DEMANDE D’AUDIENCE DU PCF 33 AU SUJET DE SALAH HAMOURI

Toujours pas de réponse de Dominique David

Les Nouvelles de Bordeaux et du Sud-Ouest S.A.S. au capital de 37 000 euros Associés (à parts égales) : L. Chollon, F. Mellier, S. Laborde Directeur de la publication : Frédéric Mellier Abonnement 1 an : 25 euros. Abonnement de soutien : 40 euros Rédaction, composition, impression : S.A.S. Les Nouvelles de Bordeaux et du Sud-Ouest 15, rue Furtado - 33800 BORDEAUX Tél. 05 56 91 45 06 - Fax 05 56 92 61 01 - Annonces légales : annonces@nbso.fr Comptabilité : compta@nbso.fr - Redaction/Proposition d’article : redaction@nbso.fr @nvlbx Les nouvelles de bordeaux nbso.fr Commission paritaire de presse : 0118 C 85932

8 • Les Nouvelles 7 décembre 2017

Le 31 octobre 2017, les communistes de la 1re circonscription de Bordeaux ont adressé un courrier à la députée En marche, Dominique David, pour solliciter une audience « afin d’examiner les démarches qui pourraient être entreprises pour la libération de notre compatriote Salah Hamouri » « La solidarité autour de Salah Hamouri est grandissante dans notre pays, ont rappelé les militants communistes bordelais dans leur courrier à la députée de la 1re circonscription. De nombreuses municipalités de différentes sensibilités sont intervenues pour la libération de notre compatriote. Madame Christine Prunaud, sénatrice, a interpellé le ministre des Affaires étrangères lors des questions au Gouvernement au Sénat. Elsa Lefort, la compagne de Salah Hamouri, a été reçue par la cellule diplomatique de l’Elysée. Dans de nombreux départements se sont constitués des comités de défense pour la libération de Salah Hamouri, ce qui est le cas en Gironde (…) ». À ce jour, la demande d’audience est toujours sans réponse.