Nouvelles N° 2233

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Jeudi 14 décembre 2017 - N° 2233 - Hebdomadaire - 15, rue Furtado - 33800 BORDEAUX - Prix : 0,80 euro

UNIVERSITÉ

Le projet libéral, c’est toujours d’exclure les classes populaires et de privatiser dossier p.4-5

PCF

HÉBERGEMENT D’URGENCE

TESTER LE REVENU UNIVERSEL

STATUT DE JERUSALEM

Les assos refusent de trier les migrants

Une fausse bonne idée ?

Le mépris de Trump

Des États généraux du progrès social

P.2

P.3

P.6

P.7


ACTUALITÉ VIVE L’APL

BORDEAUX MÉTROPOLE

Le droit au logement, un droit universel

Collecte des déchets : la privatisation à pas comptés…

Le samedi 9 décembre, un rassemblement a eu lieu à Bordeaux, devant l’hôtel de ville, comme dans plusieurs villes en France, à l’appel du collectif Vive l’APL ! Après les interventions de la CNL, de la CSCV, de Femmes égalité, de la Ligue des Droits de l’Homme, Claude Mellier, vice-présidente de Bordeaux Métropole est revenue sur le droit au logement, un droit universel. « Les élus communistes et le PCF dénoncent le manque chronique de logements sociaux, la spéculation immobilière et foncière, a rappelé l’élue communiste. Dans les conseils municipaux et à la Métropole, ils interviennent pour que, dans chaque opération immobilière, le taux de 35 %, et parfois 50 %, de logements sociaux soit respecté pour faire face à des inégalités criantes. À cette démarche, s’ajoutent les diverses interventions portant sur l’encadrement des loyers et l’augmentation des taxes sur les logements vacants en zone déficitaire. »

HÔPITAL DE LIBOURNE

Un des aspects les moins contestables du « plan propreté » d’Alain Juppé a été présenté en Conseil de métropole, le 24 novembre dernier. Il s’agissait du renforcement des équipes de collectes sur l’hyper-centre, en attendant les autres aspects, qui portent la privatisation du service sur ce secteur. Ci-dessous l’intervention de Max Guichard pour le groupe des élus communistes : « Quand je décortique l’intitulé de cette délibération, je cherche toujours quand, dans ce conseil, nous avons eu en main, et donc décidé, d’un plan métropolitain de propreté urbaine. Heureusement, monsieur le président, vous nous avez assuré qu’il serait présenté lors du Conseil du mois de décembre ; c’est la moindre des choses. On s’est, à un moment, demandé s’il fallait s’attendre à ce que, – à

l’image de ce qui semble avoir été fait dans votre ville avec le marché d’Urbispark – le marché passé avec une société privée pour la collecte dans l’hyper-centre ne soit même pas soumis au vote de notre Conseil ? Ce serait évidemment un très mauvais signe. Pour autant, la délibération présentée aujourd’hui consiste en la création de postes et d’investissements en moyens qui devraient apporter une amélioration dans cette mission de service public. De même que l’action programmée contre les incivilités, même si nous ne sommes pas des adeptes forcenés de la verbalisation. Mais nous espérons bien qu’elle s’accompagne d’une démarche et d’actions de sensibilisations ; la sanction n’étant que le dernier recours de la collectivité. Enfin, nous réitérons notre totale opposition à la démarche d’externalisation–privatisation dont nous ne

comprenons toujours pas l’intérêt, l’efficacité. Nous retenons surtout la formule d’un éboueur de Bègles qui expliquait simplement que cette expérimentation, “c’est le loup qui rentre dans la bergerie”. Et ce n’est pas une lettre, même signée de vous monsieur le président, statuant sur le caractère non-évolutif géographiquement de cette privatisation qui va nous rassurer. La logique poursuivie est bien celle de la mise en concurrence, l’idée que le privé, par essence ferait mieux que le public. Une idée d’autant plus pratique qu’elle fait des heureux chez les actionnaires des grands groupes. Cette idée, elle est sûrement comme votre nouvel ami, Monsieur Macron, ni de gauche ni de droite, simplement tout pour la Finance. Tenant compte de tous les éléments contenus dans cette délibération, nous nous abstiendrons, mais une abstention frôlant le vote contre. »

« La santé est malade » MIGRATION

L’hébergement d’urgence refuse le tri des migrants

Les organisations syndicales UNSA, SUD, FO et CGT de l’hôpital de Libourne ont appelé à la grève l’ensemble des personnels du jeudi 8 décembre au mercredi 20 décembre 2017. Horaires, planning, remplacements, congés, alternance jour/nuit, rien ne va plus et le « management agressif mis en place par la direction à l’encontre des agents » n’est pas pour arranger les choses. Les personnels sont épuisés. Un premier rassemblement a eu lieu le vendredi 8 décembre 9h devant le Pôle administratif.

POUDRERIE DE SAINT MÉDARD EN JALLES

Les retraités veulent être soignés Jeudi 7 décembre, une cinquantaine de retraités de la Poudrerie de Saint-Médard s’est retrouvée devant l’entrée principale de son ancienne entreprise entre 11h30 et 13h à l’appel de la CGT. Les retraités entendaient ainsi informer et alerter les salariés du site sur « l’attitude inqualifiable » de leur Direction concernant la santé au travail. Ces anciens salariés ont été exposés à des produits toxiques (CMR et chimiques dangereux) au cours de leur carrière professionnelle (du fait même du caractère chimique des fabrications).

« Certains de nos collègues sont malades de cette exposition ; certains sont morts ». Tous ces anciens salariés ont droit (comme tout salarié exposé) à des suivis médicaux post professionnels (SMPP). Or, ces SMPP sont spécifiques à chaque produit toxique ; il convient donc de connaître précisément chaque produit auquel chacun a été exposé mais ces renseignements n’ont pas été fournis aux retraités lors de leur départ, comme pourtant l’impose la loi. La CGT qui essaie depuis des mois d’obtenir ces informations se trouve face à une fin de non recevoir. « Pire : les attestations d’exposition au trichloréthylène (cancérigène donnant droit à SMPP) ont de plus en plus de mal à être accordées à la population historique de l’entreprise, les travailleurs de l’État », s’indigne l’organisation syndicale. La CGT estime que ce durcissement de la Direction va, hélas, dans le même sens que la diminution des moyens et prérogatives des Prud’hommes et CHS-CT. C’est pourquoi les retraités tiennent à alerter les salariés du site, pour que ceux-ci soutiennent leurs demandes, mais également pour les mettre en garde sur leur propre situation : contrairement à l’accident du travail, les effets des produits toxiques ne surviennent pas immédiatement. C’est après des années, souvent à la retraite, que les pathologies apparaissent.

2 • Les Nouvelles 14 décembre 2017

Les centres d’hébergement sont régis par le principe de l’accueil « inconditionnel ». Les associations refusent le contrôle administratif.

Reçus vendredi dernier au ministère de l’Intérieur, plusieurs grands acteurs de l’accueil des migrants (Médecins du monde, Cimade, Emmaüs…) ont préféré quitter la réunion à laquelle les ministres de l’Intérieur, Gérard Collomb, et de la Cohésion des territoires, Jacques Mézard, les avait conviés. Au cœur de ce clash : le nouveau dispositif de « recensement » que le gouvernement veut déployer dans les centres d’hébergement d’urgence. Officiellement, les pouvoirs publics souhaitent connaître la situation administrative de tous les hébergés dans ces centres saturés, afin de sortir ceux qui relèvent d’autres structures (comme les étrangers aux statuts divers) et de libérer des places pour les sans-abris. Pour effectuer ce travail de « tri », des « équipes mobiles », constituées d’agents de l’Office français de l’im-

migration et de l’intégration (Ofii) et des préfectures, feront des visites de contrôle dans les centres d’hébergement. Une expérimentation a déjà lieu depuis quelques semaines en Îlede-France. Les demandeurs d’asile et les réfugiés – priorité affichée du chef de l’État – peuvent espérer une oreille bienveillante. Mais il en ira tout autrement pour les migrants au statut plus précaire, comme les déboutés et les « dublinés », enregistrés (souvent à leur corps défendant) dans un autre pays européen où ce dernier est censé traiter leur dossier. Pour ceux-là, Emmanuel Macron a souhaité une reconduite « intraitable ». Les associations refusent de voir cette logique « de contrôle et d’étiquetage » s’inviter dans l’hébergement d’urgence. « Héberger dès qu’il y a détresse sans se référer au statut administratif, c’est dans l’ADN des associations d’action sociale depuis le XIXe siècle », rappelle Florent Gueguen, directeur

général de la Fédération des acteurs de la solidarité. Ce principe de l’accueil « inconditionnel » est d’ailleurs inscrit dans le Code de l’action sociale et des familles. « Pour nous, il n’est pas négociable », ajoute Patrick Doutreligne, président de l’Union nationale des associations sanitaires et sociales (Uniopss). Pas question également, pour les associations, de voir les travailleurs sociaux obligés de jouer les informateurs pour ces équipes mobiles. « De toute manière, la Cnil encadre strictement la transmission d’informations individuelles et les associations veilleront scrupuleusement au respect de ce cadre légal », note Florent Gueguen. Comme d’autres, il redoute de voir dans les centres une présence policière qui précariserait les personnes, dont des familles avec enfants, les éloignerait des structures d’accueil et favoriserait ainsi la reconstitution de squats et de campements indignes. Le ministère de l’Intérieur promet que les équipes mobiles « ne comprendront pas de forces de l’ordre » et qu’il n’y aura « pas de prise d’empreintes » mais des « entretiens »… Pas de quoi rassurer les associations, échaudées par le double discours présidentiel de ces derniers mois. Pour elles, cette circulaire instaurant les équipes mobiles ne sera que le pendant d’une autre circulaire, datée du 20 novembre, qui demande aux préfets de « renforcer » leur lutte contre l’immigration irrégulière à partir des centres dédiés aux migrants. « Le lien entre hébergement et contrôle est de plus en plus fort, avec la promotion de dispositifs coercitifs », soupire Clémence Richard, de la Cimade.


ACTUALITÉ

Editorial

CONSEIL DÉPARTEMENTAL

Tester le revenu universel : une fausse bonne idée ?

Accompagné de 7 autres présidents de conseils départementaux socialistes, le Girondin Jean-Luc Gleyze a annoncé dans une tribune parue le 26 novembre 1, vouloir poursuivre la réflexion autour d’un « revenu universel ». S’ils trouvent la justification de cette recherche dans la lutte contre la pauvreté, et notamment contre le non-recours aux aides sociales existantes (30 % pour le RSA), elle n’est pas sans soulever quelques questions. Le point en était fait dans l’Humanité de ce 7 décembre 2 : (…) L’expérimentation (du revenu universel), loin d’être isolée a été encouragée en octobre 2016 par une mission d’information du Sénat (composée notamment du LR Serge Dassault et de la PS Marie-Noëlle Lienemann). Malgré le manque de « preuves de ses avantages par rapport à d’autres évolutions de notre système social », celle-ci conseillait alors « une évaluation qui doit passer par une expérimentation territoriale ». Pour l’économiste Baptiste Mylondo, défenseur d’un revenu inconditionnel à 1 015 euros, « ces expérimentations n’ont pas un intérêt scientifique mais médiatique ». Car avec celles-ci se bousculent les diverses facettes du « revenu de base », qui peut s’élever de 450 à plus de 1 000 euros. Car, si la proposition de Benoît Hamon (lors de la campagne présidentielle) a été propulsée sur le devant de la scène, il n’est pas le seul à avoir porté cette idée (Yannick Jadot, Manuel Valls, mais aussi Milton Friedman ou François Fillon avec une « allocation unique »). (…) « À gauche, les objectifs sont partagés, pas les raisonnements. Parfois, l’idée se résume à pallier au manque d’emploi induit par la révolution numérique (3 millions en moins d’ici à 2025, selon une étude publiée en 2014 – NDLR) », observe Baptiste Mylondo. Ce qui rappelle la proposition finale du candidat PS Benoît Hamon, que l’économiste avait conseillé sur ce sujet, au début de sa campagne. « Il était au début sur une critique assez

radicale de la valeur travail, mais, sur la fin, sa proposition se concentrait sur un accompagnement à l’emploi. Ce n’est plus la même logique. » Évolution sensible aussi au conseil départemental de Gironde qui avait démarré une réflexion en mai 2016 autour d’un « revenu de base » équivalent à celui expérimenté en Ile-de-France : 1000 euros, dont 200 euros financés par la collectivité. Mais, il lance finalement avec sept autres départements socialistes une autre piste : un revenu de base autour de 750 euros par mois, destiné entre autres aux jeunes agriculteurs au bord de l’asphyxie. En somme, un outil pour endiguer l’explosion des situations de pauvreté, qui frappent encore 9 millions de personnes. (…) Mais avec cette proposition d’un revenu de base à 750 euros par mois, on est loin de la matrice du revenu universel : « C’est une logique d’assistance pour remplacer le RSA », estime Baptiste Mylondo. Avec le revenu testé en Ile-de-France, la finalité reste pourtant la même puisqu’un bénéficiaire qui recevrait ce don ponctuel sortirait du plafond du RSA, perdant ses indemnités pendant un an, y compris les aides en termes de santé, besoins énergétiques, impôts… « Aujourd’hui, notre système de protection sociale ne marche pas. Il est chronophage car l’énergie que les bénéficiaires pourraient mettre pour chercher du travail ou se former, ils le dépensent à se justifier », argumente Julien Bayou, conseiller régional (EELV) d’Ile-de-France. Pour Philippe Martin, aussi, le RSA est bien « à bout de souffle » : « Le revenu de base renouvelle une ambition universelle, celle qui a fondé la création du revenu minimum d’ insertion (RMI) en 1988 : garantir un revenu socle pour tous », développent dans leur tribune les huit socialistes 1. Ce même RMI, qui a également fait l’objet d’expérimentations locales dès 1985, avant de figurer dans la loi en 1988. Bernard Friot, sociologue et économiste communiste, a un sentiment de déjà-vu : « En 2008 (année du passage du RMI au RSA

L’inacceptable est devenu notre quotidien

– NDLR), on nous a vendu le RSA de la même manière. C’est le même mépris pour les salaires. Ce sont finalement des populations, niées comme travailleurs et reconnues comme pauvres. » Pour lui, « sous couvert d’ innovation et de bons sentiments, cette deuxième gauche, celle de Rocard, a fourni à la droite les arguments d’un effondrement du salaire à qualification chez les jeunes et les peu qualifiés. On crée une précarité pour ensuite trouver une solution qui est la négation du salaire. » À ce « pansement sur une jambe de bois », l’économiste oppose « l’institution d’un statut politique du producteur, donnant droit à un salaire à vie attaché à la qualification personnelle », versé à chacun dès 18 ans pour un montant allant de 1 500 à 6 000 euros. Le but est le même : se défaire du « chantage à l’emploi ». Pendant la campagne (présidentielle), des critiques émergeaient déjà. On voit dans le revenu universel une manière de suivre les règles du monde du travail actuel sans penser à les remettre en question. Si le candidat Benoît Hamon parlait d’une « nouvelle Sécurité sociale » permettant de « protéger les travailleurs de la pauvreté (…) en créant une protection universelle, attachée à la personne », certains y voyaient plutôt une « légitimisation du travail gratuit », une « trappe à bas salaires » ou encore une « déresponsabilisation sociale des entreprises ». La Fondation Jean-Jaurès, dans une étude de mai 2016, pointait elle-même la possibilité d’un « effet d’aubaine » pour les entreprises, « ces dernières ajustant alors les salaires à la baisse ». Celle-là même qui a participé à l’élaboration du projet de revenu de base en Gironde. Audrey Loussouarn 1 - « Pourquoi nous allons tester le revenu universel dans nos départements », tribune signée par les présidents des conseils départementaux de Gironde, de l’Aude, d’Ariège, du Gers, de Meurthe-et-Moselle, de Haute-Garonne, d’Ille-et-Vilaine et de SeineSaint-Denis, le « JDD », 26 novembre 2017.

J’aurai pu, en quelques lignes, évoquer le décès de Johny Halliday. Certains d’entre vous aurait été agréablement surpris, d’autres passablement irrités. Non, en quelques lignes, je préfère vous parler d’une campagne qui vient d’être lancée par la fondation Abbé Pierre, « Soyons humain ! ». Ces membres partent du constat que partout dans nos villes se développent ce qu’on appelle du mobilier urbain anti-Sdf. Grilles, picots, poteaux, plans inclinés, douche automatique, tout un arsenal est en train de se développer pour empêcher ceux qui n’ont plus rien de trouver un endroit qui serve de refuge, qui pour quelques jours ressemble un peu à un vague chez soi. Ces dispositifs peuvent être le fait de copropriétés ou d’entreprises, mais ce sont surtout des administrations, des collectivités qui les mettent en place. Voilà donc une société qui utilise les hommes et les femmes comme des kleenex. Essoré-e-s, vidé-e-s, ils et elles sont jété-e-s. Voilà un monde où des hommes et des femmes fuient la misère, la guerre et ne trouvent que des barbelés à l’arrivée. Voilà un pays où le ministre de l’intérieur demande aux associations d’aide aux migrants et aux personnes en difficultés, de fournir des listes afin de reconduire à la frontière ceux qui seraient en situation irrégulière. Que font-ils de l’humanité ? « Les choses ont gagné » disait le chanteur, au final, une minorité traite la majorité comme si elle était une masse de choses, dénuée de sentiments, de projets, d’envies, de liens amicaux, d’amour, de passion. Ce n’est pas une affaire de gentils et de méchants. Ce sont des logiques, des dominations, qui peu à peu s’étendent à l’ensemble de la société, dépassant largement le cadre de la production pour s’insinuer dans toutes les activités humaines. Inacceptable est devenu notre quotidien. Ce combat est devant nous. Un combat du quotidien qui appelle à faire vivre les solidarités concrètes, qui appelle à redresser la tête, à reprendre confiance dans le collectif. Un combat fait de grandes et de petites luttes, face à la résignation qui domine y compris dans les rangs de ceux qui ne baissent pas les bras. C’est d’une pédagogie de la victoire dont nous avons besoin. Reprendre le fil de l’histoire des conquêtes, celle du progrès social pour tous. Ce dont nous avons besoin, c’est de sortir l’humanité de la barbarie dans laquelle elle est en train de plonger tout doucement. Il nous faut reprendre à rêver que demain sera différent, qu’un jour il sera couleur d’orange. Un jour où on ne mettra plus des picots au devant d’immeubles pour empêcher des hommes de dormir. Plus que jamais nous avons besoin de voir loin, de grandes espérances qui nourrissent les petits espoirs. Plus que jamais, ce dont nous avons besoin c’est de communisme.

Frédéric Mellier membre de l’exécutif du PCF 33

2 - « Cette gauche qui mise sur le revenu de base », Audrey Loussouarn, l’Humanité, 7 décembre 2017

Les Nouvelles 14 décembre 2017 • 3


SÉLECTION À ASSEMBLÉE NATIONALE

Le grand oral de la sélection à la fac De mardi à jeudi, l’Assemblée nationale se penchait sur le projet de loi « relatif à l’orientation et à la réussite des étudiants », traduction législative du plan étudiants présenté fin octobre par le gouvernement. Court – 7 articles –, ce texte doit permettre, selon l’exécutif, de « tourner définitivement la page du tirage au sort » pour l’entrée dans les filières les plus demandées, et de réduire le taux d’échec en première année de fac. Dans les faits, le projet, sous couvert de « garantir l’accès à l’enseignement supérieur », en réduit au contraire le périmètre. Confrontée au boom démographique des années 2000, l’université va devoir accueillir jusqu’en 2025 environ 30 000 étudiants supplémentaires chaque année. Une hausse qui s’inscrit dans un contexte déjà surchargé, comme le démontrent les dizaines de filières « sous tension » obligées de recourir au tirage au sort pour départager les candidats (66 000 cette année, selon le ministère). Dans le même temps, le budget dédié à chaque étudiant a baissé de 10 % en dix ans, dégradant les conditions d’accueil et les chances de réussite. Plutôt que d’augmenter suffisamment les capacités d’accueil, le gouvernement opte pour le tri. Comme un symbole, le projet de loi débute par la suppression dans le Code de l’éducation (article L.612-3) du principe qui garantissait la liberté d’inscription dans l’établissement de son choix et excluait « toute sélection » dans l’accès aux formations. À la place, l’article 1 réorganise l’entrée de l’université. Concrètement, chaque université traitera, via Parcoursup (lire encadré), la demande d’inscription du bachelier et répondra au vu des compétences requises (les « attendus »). Celles et ceux qui auront les bons résultats dans la bonne filière auront accès à la formation de

leur choix. Les autres recevront une réponse en forme de « oui si… » Leur inscription sera alors « subordonnée à l’acceptation (…) des modalités proposées par l’établissement ». En clair, les bacheliers, désormais livrés au bon vouloir des facs, devront suivre des enseignements supplémentaires, voire une année entière de « remise à niveau », avant de pouvoir mener les études désirées. Enfin, dans les filières où les demandes excèdent les capacités d’accueil, les établissements pourront refuser tout net l’inscription des bacheliers. À charge pour les autorités académiques de leur trouver ensuite un point de chute, y compris dans une filière non voulue. Les députés n’avaient même pas encore exprimé leur vote que le projet de loi, débattu en procédure d’urgence, s’installait dans les administrations et autres instances. Le Conseil supérieur de l’éducation, qui rassemble tous les acteurs de la communauté éducative, est déjà saisi des décrets avant même l’étude de la loi par l’Assemblée nationale…

Avec l’article de Laurent Mouloud et Adrien Rouchaleou, l’Humanité du 12/12/17 Parcoursup : vers un fiasco ? Pour remplacer APB suite à la « spectaculaire faillite » de la rentrée 2017, le gouvernement a imaginé une nouvelle plateforme : Parcoursup. Différence majeure avec l’ancienne : le système ne requiert plus de classement des vœux (réduits à dix). Les candidats pourront choisir à la fin du processus entre les réponses positives reçues. Un confort pour les premiers de cordée, mais une galère annoncée pour les autres : les candidats auront tout intérêt à accumuler les réponses positives et attendre le dernier moment pour faire leur choix. Du coup, les places « réservées » mettront plus longtemps à se libérer pour ceux dont les dossiers sont plus faibles. Gros engorgements à prévoir…

RAPPEL

En 1986, lycéen-ne-s et étudiant-e-s mettent en échec le projet Devaquet Le projet de loi, présenté fin 1986 par Alain Devaquet, ministre délégué chargé de l’Enseignement supérieur et de la Recherche dans le 2e gouvernement Chirac, visait à réformer les universités françaises. Très contesté en novembre et décembre 1986 lors d’un mouvement étudiant et lycéen, qui a notamment été marqué par la mort de Malik Oussekine, le projet a été retiré le 8 décembre 1986. Le texte prévoyait notamment : - l’autonomie des universités sur le plan financier avec la possibilité de fixer librement leurs frais d’inscrip-

tion, à l’intérieur d’une fourchette nationale ; - l’accès au premier cycle ouvert aux titulaires du baccalauréat, mais les établissement seraient libres de déterminer chaque année les conditions d’accès aux différentes formations en tenant compte des caractéristiques de celles-ci, des aptitudes requises des étudiants, et des capacités d’accueil des étudiants ; - le libre choix des universités quant à leur méthode pour former leurs étudiants ainsi que les diplômes qu’elles veulent délivrer.

4 • Les Nouvelles 14 décembre 2017

L’Assemblée nationale se penchait cette semaine sur le projet de loi relatif à l’orientation des étudiants. Un texte qui bouleverse le libre accès des bacheliers à l’enseignement supérieur, et dont les milieux populaires vont faire les frais comme l’explique Dominique Belougne de la CGT et Christophe Pébarthe du Snes-sup que nous avons interrogés sur le sujet. Avant même que les députés n’aient donné leur avis sur ce projet de loi débattu en procédure d’urgence, le Conseil supérieur de l’éducation est déjà saisi des décrets.

L’UNIVERSITÉ OUVERTE, ACCESSIBLE AU PLUS GRAND NOMBRE

Une grande question sociale et humaine

Les universités devraient accueillir 30 000 étudiants supplémentaires chaque année jusqu’en 2025.

Par Dominique Belougne, informaticien, Fédération de l’éducation de la recherche et de la culture CGT, Secrétaire du Syndicat CGT des Personnels de l’Université de Bordeaux. Pour la FERC-Sup-CGT, la réforme relative à la réussite et l’orientation des étudiants va aggraver la sélection en générale mais surtout la sélection sociale, et rendre plus difficile encore l’accès pour un bachelier à la filière de son choix. La nouvelle plateforme numérique qui va organiser le dispositif qui remplace APB et les mesures associées, vont complexifier la situation en ajoutant des obligations en amont et en aval du Baccalauréat, sans de nouveaux moyens. Cette absence de moyens rend impossible l’organisation de toute forme éventuelle de rattrapages pour garantir les fameux prérequis annoncés qui vont servir de support aux nouveaux aiguillages de la « marchandise » lycéenne… Permettre au plus grand nombre de jeunes de se former et d’acquérir de hauts niveaux de qualification est une grande question sociale et humaine pour affronter tous les enjeux du XXIe siècle. C’est un gâchis que 80 % des jeunes d’origine ouvrière et employée restent écartés de l’enseignement supérieur. C’est pourquoi la CGT défend l’idée que la formation tout au long de la vie à l’université est aussi importante que la formation initiale et la recherche. Il faut créer de nouvelles passerelles pour que ceux qui ont été écartés de l’université puissent y revenir, et accéder aux savoirs nouveaux qui y

sont créés. Les nouveaux moyens technologiques et pédagogiques permettent d’amener les savoirs, les connaissances là où les apprenants sont, dans les territoires. Par exemple, l’Université de Bordeaux en coopération avec l’UPPA, a mis en place une formation au concours du 1er cycle santé déportée à Pau par vidéoconférence. Mais cela nécessite des moyens humains nouveaux pour que ces étudiants puissent être accompagnés individuellement par un tutorat ou collectivement par des travaux pratiques et travaux dirigés appropriés. Or, la réponse du gouvernement, comme des précédents d’ailleurs, est de substituer les moyens technologiques aux rapports humains. Nous ne voulons pas être repliés sur un monde académique fermé mais au contraire, nous voulons une université ouverte aux territoires, aux collectivités, aux milieux économiques, aux opérateurs de l’Etat et à toutes les institutions humaines et sociales. Comme les entreprises sont les premières à bénéficier des savoirs, et de connaissances créées par l’université, elles doivent contribuer beaucoup plus financièrement. L’argent du CICE (Crédit impôt compétitivité emploi) et du CIR (Crédit impôt recherche) qui coûte des milliards aux pouvoirs publics n’a permis de développer ni les qualifications, ni la recherche, ni l’emploi. Il est temps que ces moyens reviennent à l’éducation nationale et à l’enseignement supérieur public. Le nouveau mode de sélection qui va se mettre en place va correspondre exactement aux capacités d’accueil

déjà insuffisantes dans les établissements. Or, rien qu’avec la poussée démographique, 30 000 étudiants nouveaux devront être accueillis chaque année pendant au moins 5 ans. Il faudrait, pour les accueillir, 2 nouvelles facs de la taille de Bordeaux-Montaigne en plus par an au niveau national. Il y a 20 à 30 ans, de nouveaux pôles universitaires territoriaux ont vu le jour comme à Agen, Pau, Périgueux, etc., des antennes universitaires qui travaillent en cohérence avec Bordeaux. Si on voulait un développement harmonieux des territoires, il faudrait développer ces pôles en coopération étroite avec les grands centres universitaires. C’est un axe de lutte et d’investissement pour l’avenir à travailler. La fragmentation du monde du travail et des entreprises – avec la sous-traitance et le travail dit « indépendant » – fait qu’il y a de gros besoins dans les petites et moyennes entreprises, de lieux d’amélioration des qualifications tout au long de la vie, comme les centres d’apprentissages publics présents à l’Université qui permettent de revenir à l’université pour s’enrichir des dernières connaissances qui y sont produites. Ces réflexions existent à l’université et dans la société. Cela fait l’objet d’intenses débats sur les contenus, le sens de la démarche. Plusieurs logiques s’affrontent, celle des intérêts strictement économiques, celles des démarches politiques, régionales et métropolitaines et une communauté universitaire tiraillée entre ces objectifs et sa volonté de mettre en œuvre les missions de services publics qui lui sont confiées, avec des moyens contraints par les politiques d’austérité. C’est toujours la jeunesse qui a fait bouger les milieux de l’enseignement en mettant sur la place publique ses questionnements, ses attentes, son besoin d’avenir. Si elle prend conscience de ces enjeux de sélection qui vont s’aggraver dès le collège et le lycée – car c’est là que ça va se passer –, elle peut se mettre en mouvement et créer la surprise… En tout cas nous serons prêts à les accompagner dans leurs luttes pour un avenir meilleur.


L’UNIVERSITÉ ORIENTATION ET RÉUSSITE

MOBILISATION UNITAIRE DU 12 DÉCEMBRE

Pas de dysfonctionnement mais un manque de moyens

Non à la sélection

Christophe Pébarthe, membre du secrétariat national du Snesup, secrétaire de la section Snesup de l’université Bordeaux-Montaigne et élu au CNESER (instance consultative nationale qui s’est prononcée sur ce texte). Le Snesup est totalement opposé à ce projet de loi et en demande le retrait. Nous récusons la légitimité des attentes qui ont été mises en avant pour justifier cette réforme, à savoir les supposés dysfonctionnements d’APB et le supposé taux d’échec faramineux en première année d’études supérieures. Sur APB, ça s’est dégonflé puisque même les chiffres ministériels montrent qu’il n’y a pas eu de problème spécifique en 2017 et que si problème il y a, c’est un problème de moyens : le gouvernement ne met pas, en face des demandes de formation, les places nécessaires. Sur le taux d’échec, dans les documents ministériels eux-mêmes, à côté des fameux 60 % qui ont été répétés à l’envie, il y a un autre chiffre : 80 % des jeunes qui s’inscrivent à l’université sortent de l’Enseignement supérieur avec un diplôme. Ça fait un taux d’échec à 20 %, ce qui nous met en très bonne position des pays de l’OCDE. Donc, quand on regarde le système, il y a certes des difficultés mais on ne peut pas dire qu’il dysfonctionne. La même logique que le projet Devaquet en 1986

La logique du projet est à peu de chose près la même que celle du projet présenté en 1986 par le ministre Devaquet… L’analyse du Snesup sur l’esprit général de ce projet est qu’il vise à orienter de force les enfants, en particulier ceux des catégories populaires, dans des formations professionnalisantes courtes et de réserver l’université stricto sensu aux enfants

des catégories privilégiées à travers un dispositif de sélection. Tout va se cristalliser autour du deuxième trimestre des lycéen-ne-s. Ce qui veut dire que cette sélection sur dossier se fera sur la base du contrôle continu de la terminale, éventuellement de la première si on intègre pour les disciplines littéraires les questions de niveau de français, donc sur la base du niveau du lycée dans lequel on se trouve. Un avenir assigné

Au mois d’avril, on aura déterminé, pour longtemps et de manière quasi définitive, l’avenir de lycéen-ne-s qui ont 17 ans et demi, 18 ans. Par exemple, au mois de septembre, sur la base de cette sélection en avril-mai, on pourra décider que l’étudiant qui arrive va passer 4 ans pour préparer sa licence, c’est-à-dire va redoubler une année, avant même de l’avoir vu, avant même d’avoir évalué un premier travail, juste sur la base des notes obtenues au lycée. C’est un vrai scandale car c’est une façon d’assigner, en quelque sorte, des jeunes gens à un avenir et au lieu de leur offrir la possibilité d’en avoir un, d’en obtenir un par le mérite ou tout ce qu’on veut. L’autre scandale, c’est que tout va se cristalliser autour des capacités d’accueil qui vont être imposées par le recteur d’académie. C’est lui qui va décider des moyens alloués et ce sont ces moyens qui décideront à la fin de la nécessité ou non de la sélection. On voit donc bien qu’il ne s’agit pas d’améliorer la réussite mais de répartir des flux d’étudiants sans dépenser plus d’argent. Tant que les moyens ne seront pas mis pour accueillir les étudiants supplémentaires à chaque rentrée, il y aura un problème. Mais l’inégalité des moyens est aussi un problème. Les élèves des classes préparatoires aux grandes écoles concentrent quatre fois plus des moyens publics que des

étudiants en sciences humaines et sociales. Il y a là une inégalité structurelle qui concentre les moyens sur les élèves qui en ont le moins besoin en terme d’effort de démocratisation. La résistance commence à Bordeaux Montaigne

On a fait une assemblée générale à Bordeaux Montaigne. Il y avait une centaine de personnes, à peu près 70 % d’étudiants et 30 % de personnels, tous les membres de la communauté universitaire étaient représentés. Toutes les personnes présentes étaient conscientes du danger que cette loi peut représenter. Nous avons décidé de lancer un comité de mobilisation pour organiser la mobilisation à venir. On est en train de demander aux universités leurs capacités d’accueil et les attendus qui permettraient l’affichage sur le site internet des critères de sélection. À l’unanimité, nous avons donc demandé à la présidente de notre université de ne pas faire remonter ces informations susceptibles d’aider à la mise en place de la réforme. Car, au final, avec les allers-retours entre l’Assemblée nationale et le Sénat, la loi ne pourra pas être promulguée avant mars. Si on suit le gouvernement, tout sera déjà mis en œuvre et la loi servira ensuite à dire qu’on a bien fait de le faire ! C’est inouï ! Nous réunissons une autre assemblée générale le 14. Cette fois-ci, nous accueillons une membre du comité de mobilisation interlycées de Bordeaux, car il y a un début de mobilisation qui se met en place dans les lycées. On est en lien aussi avec des enseignants du secondaire qui appellent aussi à ne pas donner les informations qui aideraient à la mise en place de la réforme. On a eu aussi une rencontre et un accord sur la base de cette analyse avec la FCPE 33. Propos recueillis par Christelle Danglot

UNIVERSITÉ DE BORDEAUX

Vers une privatisation qui ne dit pas son nom ? Bordeaux Montaigne (ex Bordeaux 3) est la seule des universités à ne pas avoir fusionné avec l’Université de Bordeaux regroupant aujourd’hui donc les ex Bordeaux 1, 2 et 4. Bordeaux Montaigne est donc une des rares université de taille moyenne qu’il reste en France et d’après le responsable du Snesup (lire ci-dessus), elle s’en porte plutôt bien, « mieux en tout cas à certains égards que les universités fusionnées où l’éloignement des structures de direction des personnels et étudiants est manifeste. On nous avait prédit qu’on s’écroulerait en ne rejoignant pas la fusion, rien ne s’est passé ».

En 2013, la loi Fioraso, « Enseignement supérieur et recherche », prolongeant la LRU, a donné lieu à la création de la Comue*. Celle d’Aquitaine regroupe l’Université de Bordeaux, Bordeaux Montaigne, l’université de Pau, et celle de La Rochelle. Le Snesup a appris le 15 décembre que l’Université de Bordeaux a décidé unilatéralement de délibérer sur une sortie de la Comue. Christophe Pébarthe relie cette décision à « l’étape 2 » de la réforme des universités par le gouvernement et par Emmanuel Macron qui vise à « casser le statut public des établissements ». « Car bientôt, probablement, poursuit le syndicaliste, va arriver une loi permettant de faire des ordonnances sur la

possibilité offerte aux universités qui le veulent de déroger, pendant 10 ans, aux dispositions statutaires et réglementaires en particulier en matière de droits d’inscription, de recrutement des personnels et de démocratie interne. » CD *Une Communauté d’universités et établissements permet de regrouper des établissements d’enseignement supérieur et de recherche. Ce statut a été créé par la loi du 22 juillet 2013 relative à l’enseignement supérieur et à la recherche, pour succéder aux pôles de recherche et d’enseignement supérieur qui avaient le statut d’établissements publics de coopération scientifique et non d’établissements publics à caractère scientifique, culturel et professionnel.

Extrait de l’appel intersyndical* pour la mobilisation du 12 décembre, notamment devant l’Assemblée nationale mardi midi. Alors même que les personnels, étudiant-e-s et lycéen-ne-s prennent connaissance du contenu du « projet de réforme du premier cycle universitaire » et commencent à se mobiliser, le gouvernement fait le choix du passage en force et de la précipitation. Un certain nombre de mesures sont mises en place avant même l’adoption de la loi. Le plus emblématique est la saisie du CSE sur des décrets avant même l’étude de la loi par l’Assemblée nationale. Dans les universités, les budgets proposés aux conseils d’administration prévoient la gestion des demandes d’affectation, les modules de mise à niveau, la définition des « attendus » et celle des capacités d’accueil des filières. Dans les lycées, la mise en place du-de la 2e professeur-e principal-e et des nouvelles mesures d’orientations sont mises en œuvre à marche forcée. De toute évidence, cette précipitation va mettre en difficulté immédiate les bachelier-e-s, leurs familles, les personnels des lycées et des universités. Mais ce sont aussi les établissements et les formations du supérieur qui seront en difficulté : comment définir le nombre de dossiers acceptés au vu des capacités d’accueil en prévoyant les désistements de candidat-e-s qui auront formulé dix vœux non hiérarchisés ? Ce ne sont pas les annonces budgétaires qui vont permettre une amélioration de la situation, le budget est loin d’être à la hauteur des ambitions affichées. Sur le milliard annoncé à destination de l’Enseignement supérieur étalé sur cinq ans, 450 millions d’euros étaient déjà budgétisés à travers le Grand plan d’investissement qui se fera sous forme d’appels à projets privant de facto une partie des universités de ce financement. Il ne reste que 500 millions d’euros sur 5 ans pour accueillir près de 3 millions d’étudiant-e-s d’ici 2025, ce qui est largement insuffisant. Aucune garantie n’existe sur les recrutements d’enseignant-e-s et de personnels

techniques, administratifs et de bibliothèques pour accueillir l’ensemble des étudiant-e-s attendu-e-s, faire baisser les effectifs des cours en TD et en amphi, améliorer les conditions de travail des personnels des universités très dégradées ces dernières années. (…) Nous tenons à rappeler que le nombre de Psy de l’éducation nationale qui sont les personnels qualifiés pour orienter les élèves est nettement insuffisant et qu’en ce moment même, c’est bien le gouvernement qui prend la responsabilité de fermer des Centres d’Information et d’Orientation. En prévoyant que le conseil de classe de terminale examine les vœux du-de la lycéen-ne et participe à un avis formulé par le-la chef-fe d’établissement, cela revient à faire des enseignant-e-s en lycée des acteurs de la sélection. (…) Nos organisations réaffirment : - la nécessité de travailler tout au long du parcours au lycée à une orientation choisie, construite, accompagnée et évolutive avec les moyens humains et financiers nécessaires. - Le maintien du baccalauréat comme diplôme national et 1er grade universitaire, garantissant l’accès de tous les bachelier-e-s sur tout le territoire aux filières post bac et aux établissements de leur choix. - L’exigence d’ouverture massive de places supplémentaires en 1er cycle post-bac et le refus de toute sélection à l’entrée à l’université. - Le refus de l’instauration de blocs de compétences en lieu et place des diplômes et des qualifications. - L’abandon du projet de loi sur le 1er cycle post bac et du plan « étudiants » qui l’accompagne, condition pour permettre une réforme ambitieuse qui garantisse le libre accès de chacun-e au supérieur. (…) * CGT-FERC, FNEC FP FO, FSU, Solidaires étudiant-e-s, Sud éducation, Unef, Unel.

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INTERNATIONAL JÉRUSALEM

Les Palestiniens se mobilisent face au mépris de Trump Le Fatah appelle à la poursuite des manifestations

La reconnaissance de Jérusalem par les États-Unis comme capitale d’Israël est un déni du droit international, une humiliation de plus pour les Palestiniens et une confessionnalisation du conflit. L’annonce, mercredi 6 décembre, par Donald Trump de la reconnaissance de Jérusalem comme capitale d’Israël est un véritable coup de tonnerre dans un ciel moyen-oriental déjà bien chargé. Ses conséquences sont incommensurables et seront perceptibles bien au-delà de la région. La planète entière va subir les secousses de ce séisme géopolitique. Trump le savait, il l’a fait quand même. Il sait que le statut de Jérusalem n’est pas seulement délicat. Il est l’objet d’un statu quo depuis des décennies et toute évolution ne peut se faire qu’au travers de négociations impliquant et les Israéliens et les Palestiniens. Les Palestiniens savent que les pressions vont s’exercer sur eux La reconnaissance de Jérusalem comme capitale d’Israël intervient au moment où le chef des négociations américaines, le gendre de Trump, Jared Kushner, et son envoyé spécial au Proche-Orient, Jason Greenblatt, ont mis la dernière main à ce que la Maison-Blanche appelle « le plan ultime », censé régler une fois pour toutes le conflit israélo-palestinien. Dans ce plan, Jérusalem est la capitale d’Israël, pas de l’État de Palestine, les colonies sont, pour l’essentiel, maintenues et annexées à Israël, ce qui reste de la Cisjordanie sous contrôle palestinien ne possédera aucun lien physique avec la bande de Gaza. Alors, quand Trump affirme que « les États-Unis restent déterminés à aider à faciliter un accord de paix acceptable pour les deux parties » et qu’ils soutenaient une « solution à deux États », si les deux parties « se mettaient d’accord » sur cette question, les Palestiniens sont en droit d’en douter. Ils savent que les pressions de tout ordre vont maintenant s’exercer sur

eux, pour, une fois de plus, composer avec la situation nouvellement créée. D’autant plus que le premier ministre israélien, Benyamin Netanyahou, qui s’est évidemment félicité de la décision américaine en parlant d’« un jour historique » et qui a toujours refusé de discuter de Jérusalem dans le cadre de négociations, se sent maintenant légitimé dans son attitude. Pour le président de l’Autorité palestinienne, Mahmoud Abbas, l’annonce de Donald Trump « ne changera rien à la situation de la ville de Jérusalem, la capitale éternelle de l’État de Palestine ». Il a insisté, devant les caméras de la télévision palestinienne : « Par ces décisions déplorables, les États-Unis sapent délibérément tous les efforts de paix et proclament qu’ils abandonnent le rôle de sponsor du processus de paix qu’ils ont joué au cours des dernières décennies. » Le secrétaire général de l’OLP, Saeb Erekat, est allé plus loin en déclarant que « malheureusement le président Trump vient tout juste de détruire la perspective de deux États ». De son côté, le chef du Hamas, Ismaïl Haniyeh, dans un discours prononcé depuis la bande de Gaza, a affirmé : « On ne peut faire face à la politique sioniste soutenue par les États-Unis qu’en lançant une nouvelle Intifada. » Le président américain pouvait-il attendre une autre réaction ? En guise de réponse, l’armée israélienne a annoncé le déploiement de bataillons supplémentaires en Cisjordanie, ce qui représente plusieurs centaines de soldats. Hormis Israël, personne ne se félicite de ce qui apparaît comme une volonté délibérée de mettre les Palestiniens à genoux, d’humilier le monde arabe et plus encore le monde musulman. (…) Ce n’est qu’une étape en vue d’un remodelage de l’ensemble du MoyenOrient, où de nouvelles alliances se noueraient entre d’une part de nombreux pays arabes, à commencer par l’Arabie saoudite et les pays du Golfe, et Israël d’autre part. L’ennemi commun qui les rassemblerait : l’Iran. Le calcul est dangereux pour la paix de la région et même celle du

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monde. En « confessionnalisant » le conflit israélo-palestinien, Trump et consorts vont renforcer à la fois les groupes islamistes dans le monde musulman et, en Israël, les orthodoxes juifs, l’extrême droite et les colons, qui dominent déjà très largement le gouvernement de Benyamin Netanyahou. Quant aux dirigeants arabes, d’accord avec le « plan ultime » américain, ils pourraient très vite se trouver en porte-à-faux avec leurs propres peuples. (…) Depuis Alger, où il se trouvait en déplacement officiel, Emmanuel Macron a « regretté » la décision américaine « prise unilatéralement » et que « la France n’approuve pas, qui contrevient au droit international et aux résolutions du Conseil de sécurité de l’ONU ». Le président français peut en être d’autant plus contrit qu’il l’avait déjà dit, sans succès, à son homologue américain. Il a néanmoins rappelé que Jérusalem est « une question de sécurité internationale qui concerne toute la communauté internationale ». Le statut de Jérusalem « devra être déterminé par les Israéliens et les Palestiniens dans le cadre de négociations sous l’égide des Nations unies ». Et il a insisté sur l’importance de la création de deux États, Israël et la Palestine, « avec Jérusalem comme capitale des deux États ». Comment privilégier dès lors le « dialogue » pour éviter les violences. Quelles initiatives ? La France pourrait reconnaître l’état de Palestine, comme l’a déjà demandé son Parlement. Ce serait la meilleure des réponses à Donald Trump et Benyamin Netanyahou. (…) Le statut de Jérusalem ne peut être résolu que par une « négociation directe » entre Israéliens et Palestiniens, a insisté le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, en rappelant avoir toujours été « contre toute mesure unilatérale ». Il a ajouté : « Il n’y a pas d’alternative à la solution de deux États » avec « Jérusalem comme capitale d’Israël et de la Palestine ». Pierre Barbancey, Grand reporter pour l’Humanité

Le Fatah du président Mahmoud Abbas a appelé les Palestiniens à poursuivre leurs manifestations contre la décision des États-Unis de reconnaître Israël comme capitale d'Israël. Dans une déclaration publiée samedi soir, après trois journées de violence lors desquelles quatre Palestiniens ont été tués et des dizaines blessés, le Fatah a appelé à "poursuivre la confrontation et à l'élargir à tous les points où l'armée israélienne est présente". Des Palestiniens sont de nouveau descendus dans les rues samedi dernier à Jérusalem-Est et en Cisjordanie occupée ainsi que dans la bande de Gaza. Ils ont lancé des pierres sur les soldats israéliens qui ont riposté en tirant des balles en caoutchouc ou des balles réelles et des gaz lacrymogènes, selon l'armée. A Jérusalem-Est, annexée par Israël, la police a dispersé des manifestants avec des grenades assourdissantes. Selon le Croissant-Rouge, 171 Palestiniens ont été blessés en Cisjordanie et 60 dans la bande de Gaza pendant la journée de samedi par des tirs ou des coups des forces de sécurité ou intoxiqués par inhalation de gaz lacrymogène. Deux Palestiniens ont été tués dans des heurts vendredi et deux membres du Hamas ont péri samedi dans des raids menés par l'aviation israélienne en riposte à des tirs de roquettes venus de la bande de Gaza. Les tirs de roquettes n'ont pas fait de victimes. L'armée a déclaré que les raids visaient des cibles militaires dans la bande de Gaza contrôlée par le Hamas, qu'Israël considère comme une organisation terroriste. Un haut responsable militaire israélien, le général Yoav Mordechaï, a averti samedi qu'une poursuite des tirs depuis l'enclave palestinienne provoquerait une réponse « douloureuse » de la part d'Israël. L'actuelle flambée de violence est survenue après l'annonce faite par Donald Trump que les États-Unis reconnaissent désormais Jérusalem comme la capitale d'Israël et vont à terme y transférer leur ambassade, rompant avec des décennies de diplomatie américaine et internationale. Jérusalem, avec ses lieux saints juifs, chrétiens et musulmans, est un sujet passionnel. Depuis la création d'Israël en 1948, la communauté internationale n'a jamais reconnu cette ville comme capitale. Elle considère que son « statut final » doit être négocié entre Israéliens et Palestiniens. Après l'annexion de Jérusalem-Est, Israël a proclamé toute la ville comme sa capitale « éternelle et indivisible ». L'ONU n'a jamais reconnu cette annexion. Les Palestiniens veulent faire de Jérusalem-Est la capitale de l'État auquel ils aspirent. Par solidarité avec les Palestiniens, des dizaines de milliers de personnes ont manifesté dans divers pays depuis la déclaration de M. Trump. Des rassemblements ont eu lieu samedi notamment à Istanbul, au Koweït et à Paris où plusieurs centaines de manifestants ont protesté à la fois contre la décision de Donald Trump et contre la venue du Premier ministre israélien Benyamin Netanyahu.

Lors d'une manifestation contre la décision américaine, dans la vieille ville de Jérusalem.

PCF Une irresponsabilité criminelle

En reconnaissant officiellement et unilatéralement Jérusalem comme la capitale d’Israël et en décidant le transfert immédiat de l’ambassade des États-Unis à Jérusalem, Donald Trump vient de placer son pays au ban de la communauté internationale. Son mépris des résolutions de l’ONU pour une solution politique à deux États, engage ce conflit colonial dans une phase qui l’éloigne encore plus d’une résolution pacifique juste et durable. L’action étasunienne trouve de nettes oppositions parmi ses propres alliés dans la région et malgré les « préoccupations » exprimées de Paris à Pékin, en passant par le Vatican, Donald Trump est donc demeuré sourd à tout avertissement sur les conséquences régionales et mondiales de ce revirement de la diplomatie américaine. Il s’agit bien de l’ultime confirmation de la disqualification absolue des États-Unis en matière de toute diplomatie de paix au Proche-Orient. Cette politique fondée sur une alliance stratégique exclusive avec Benyamin Netanyahu et son gouvernement démontre une volonté mortifère de redéfinir le Moyen Orient et met le feu aux poudres en humiliant les Palestiniens privés de leurs terres et de leur État depuis un siècle, et au-delà, les peuples du Proche et Moyen-Orient. Elle doit être fermement et unanimement condamnée par les membres des Nations unies. La France qui a trop longtemps remis sine die la reconnaissance de l’État de Palestine porte sa part de responsabilité dans cette situation, comme tous les gouvernements qui laissent agir Israël en tout impunité. PCF, Paris, 7 décembre 2017


PCF CAMPAGNE NATIONALE

PCF

Des États généraux du progrès social

Canton de la presqu’île Le collectif d’animation se réunira le mercredi 20 décembre pour tracer quelques idées de discussions et de rencontres, en lien avec les cellules et les communistes du canton, dans le cadre de la préparation du congrès extraordinaire 2018 et de la campagne nationale.

PCF MÉRIGNAC

Présentation des vœux La section du Parti communiste de Mérignac vous invite à la présentation de ses vœux le vendredi 26 janvier à 18h30 - Salle de Capeyron

PCF GIRONDE

Marché de noël C’était une première à la Fédération de la gironde du PCF et au siège des Nouvelles : l’organisation d’un marché de noël. Pour l’occasion, le 15 rue Furtado avait opéré une véritable transformation esthétique sous la direction de Claudine et des camarades de Mérignac.

Un constat : beaucoup de luttes se mènent actuellement face à la politique du gouvernement, et face à l’arrogance des grands groupes financiers. Il y a aujourd’hui besoin de rechercher des convergences entre toutes celles et ceux qui s’opposent à cette politique et recherchent une alternative crédible. C’est à cela que veut s’atteler le PCF. Les États généraux organisés à Paris, le 3 février prochain, sont un moment pour travailler les convergences, à partir des propositions qui émergent aujourd’hui et qui visent à réduire le coût du capital sur nos vies, à faire reculer les logiques du marché et de la concurrence. 5 thèmes ont été définis : le travail et l’emploi, face aux ordonnances Macron, de quel travail avons nous besoin ? Le logement, comment bâtir un droit effectif au logement ? L’industrie, quels nouveaux modes de développement ? L’utilisation de l’argent, comment réduire le coût du Capital sur nos vies ? Les services

publics, quels biens communs, quelles solidarités sont à développer dans notre pays ? Sur toutes ces questions, le PCF met à la fois en débat des propositions issues de notre projet, la France en commun, et donne la parole à toutes celles et ceux qui aujourd’hui avancent des propositions alternatives aux politiques d’austérité et au libéralisme. Plusieurs sections en Gironde se sont déjà emparées de la question du logement, pour d’autres, ce sera la question des services publics, la question de l’utilisation de l’argent sera quant à elle développée au plan fédéral. D’autres questions émergent aujourd’hui, en lien avec le logement et les services publics, la question des transports, du fret ferroviaire, pour dire stop au tout camion. C’est un enjeu de civilisation qui est posé. La question de l’école et de l’accès à la santé sont aussi le théâtre de luttes partout dans le département. La question de l’emploi, du maintien

de l’emploi, des conditions de travail, la nature des contrats de travail sont des motifs de nombreuses luttes. Toutes ces questions doivent être débattues, avec l’idée de rechercher, à partir de contenus partagés, d’aspirations très larges, le chemin d’un rassemblement à vocation majoritaire dans notre pays. La campagne pour le progrès social montre à quel point les propositions et les luttes sont toutes aujourd’hui confrontées à la question de la perspective politique. Pour y répondre, il y a besoin d’un travail méthodique de proximité et de longue durée. La question du rassemblement est ainsi abordée à partir des contenus d’une autre politique et directement avec la population, les salariés en lutte, celles et ceux qui luttent. Les États généraux, le 3 février prochain, sont une étape dans cette campagne, qui en appellera d’autres dans les mois qui viennent.

Un moment de convivialité, de mise en contact avec des producteurs, des créateurs, des commerçants locaux. Les livres étaient à l’honneur avec la librairie la Renaissance, mais aussi les Bijoux de Fadi, les tableaux de José et Marie-Claude, l’huile de l’échoppe de Pantanassa, les thés et tisanes de la Scop-Ti et enfin fois gras et vins avec Crus-Châteaux-Tradition. Le marché n’aurait pas été complet sans son vin chaud servit par les communistes bordelais. Une première réussie, du sentiment de tous, qui en appelle d’autres.

Sébastien Laborde

MÉRIGNAC

Des choix pour une ville et un habitat vivable et accueillant Une réunion publique a été tenue à l’initiative des élus et militants communistes de Mérignac, proposée par Claude Mellier qui a présidé une riche discussion sur le thème « logement, circulation et environnement ». David Plagès, cheminot et Vincent Bordas, collaborateur du groupe PCF Bordeaux Métropole ont apporté leurs contributions. La diversité des positions, des craintes sinon des tensions que suscite le développement actuel de l’urbanisation a été exposée. À Mérignac, nous subissons comme ailleurs, et particulièrement, les conséquences d’une urbanisation très largement dominée par le marché : explosion des loyers qui rejette toujours plus loin les populations modestes. Cet étalement urbain entraîne une augmentation des déplacements

en voiture qui saturent la rocade et les voies (40 000 personnes entrent chaque jour à Mérignac pour se rendre à leur travail). Cet allongement des trajets est source de fatigue qui peut expliquer un absentéisme, des retards très supérieurs à la moyenne… et de la pollution. Or, rien n’est fait pour retirer les camions du trafic routier en développant le fret ferroviaire et fluvial. Les orientations de la direction de la SNCF, de la Région ou locales ne vont pas dans le sens d’une réduction des déplacement en voiture : fermeture des gares (la Médoquine) et fermeture de guichets qui font craindre la fermeture de gares (Caudéran-Mérignac). Le maintien des gares, la revalorisation du chemin de ceinture, le développement des transports en commun avec une tarification unique doivent faire l’objet d’une politique volontariste. Densifier l’habitat en construisant

des logements s’impose donc. Cette nécessité doit respecter des conditions et des choix d’orientation. D’abord l’offre de logements à des prix accessibles largement insuffisante doit être favorisée. Ce n’est pas l’orientation du gouvernement qui ouvre le champ à la spéculation et attaque brutalement les locataires et les HLM. 1500 demandes de logements sociaux à Mérignac sont en attente. 70 % des familles ne peuvent payer plus de 500 euro pour un T3. Pour résorber ce déficit, il est urgent d’atteindre 35 % de logements sociaux dans les nouvelles constructions. Le « bétonnage » qui fut pratiqué dans le passé doit être écarté. Les espaces naturels doivent être préservés et des cadres de vie agréables peuvent être créés par de nouvelles pratiques architecturales qui ont déjà fait leur preuve. Roger Gairin Calvo

SOUSCRIPTION

Tout versement par chèque ouvre droit à une réduction fiscale de 66% du montant versé. (chèque à l’ordre de ADF PCF 33). Les ressources financières du Parti communiste sont transparentes. Votre don, aussi modeste soitil, contribuera effica- cement à la démocratie, à l’expression et la prise d’initiative du Parti communiste. Cet ensemble sont les éléments majeurs pour continuer notre combat dans l’ambition d’une gauche forte et alternative. La fédération de la Gironde du PCF, lance une souscription afin de mener nos prochaines échéances politiques, notre objectif est de 70 000 euros.

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CHRONIQUE

CULTURE & SOLIDARITÉ

NOUVELLES IDÉES REÇUES

SAINT-PIERRE D’AURILLAC

par Gérard Loustalet Sens

Une motion de soutien à la libération de Salah Hamouri La détention administrative est une des armes utilisées par le pouvoir israélien pour maintenir en prison des Palestiniens sans avoir à justifier ne serait-ce que d’un prétexte. Renouvelable de 6 mois en 6 mois, elle peut maintenir un opposant indéfiniment en prison sans qu’aucune charge ne lui soit signifiée. Ainsi des dizaines de prisonniers politiques palestiniens ont passé plusieurs années en prison sans connaître les motifs de leur détention. Aujourd’hui, 6128 prisonniers politiques palestiniens sont enfermés dans les geôles israéliennes, dont 450 en détention administrative.

Le conseil municipal de SaintPierre d’Aurillac, à l’unanimité de ses membres présents, a voté une motion de soutien à la libération de Salah Hamouri. En voici le texte : « Le 23 août, trois jours après avoir

obtenu son diplôme d’avocat, Salah Hamouri, un franco-palestinien de 32 ans a été arrêté à son domicile de Jérusalem-Est par les forces d’occupation israéliennes, dans l’arbitraire le plus total et placé en détention administrative pour six mois sur décision du ministère de la défense.

Ce n’est pas la première fois que Salah est incarcéré en Israël où il a déjà passé sept ans en prison entre 2005 et 2011 sans avoir commis le moindre délit. Depuis Israël ne cesse de le harceler : assigné à résidence, son épouse interdite de mettre les pieds en Palestine, et maintenant, depuis le 23 août, à nouveau emprisonné de manière totalement illégale. Nous exigeons donc la libération immédiate de Salah Hamouri qui, comme les milliers de prisonnier-e-s politiques palestinien-ne-s, n’a rien à faire dans les prisons israéliennes. »

LIVRE

Les femmes du monde dans un petit carnet

Elles viennent du Vietnam, d’Algérie, du Zimbabwe, de Colombie, de Guadeloupe… Elles ont fait des milliers de kilomètres, ont des tonnes d’histoires à raconter. Elles, ce sont les femmes qui fréquentent les ateliers de l’association Promofemmes, à Saint-Michel, où elles

trouvent soutien et lien social dans un quotidien souvent marqué par les difficultés. C’est aussi dans ce quartier de solidarités et d’accueil que l’association Lettres du monde organise chaque année des évènements de promotion de la littérature « du monde ».

Les Nouvelles de Bordeaux et du Sud-Ouest S.A.S. au capital de 37 000 euros Associés (à parts égales) : L. Chollon, F. Mellier, S. Laborde Directeur de la publication : Frédéric Mellier Abonnement 1 an : 25 euros. Abonnement de soutien : 40 euros Rédaction, composition, impression : S.A.S. Les Nouvelles de Bordeaux et du Sud-Ouest 15, rue Furtado - 33800 BORDEAUX Tél. 05 56 91 45 06 - Fax 05 56 92 61 01 - Annonces légales : annonces@nbso.fr Comptabilité : compta@nbso.fr - Redaction/Proposition d’article : redaction@nbso.fr @nvlbx Les nouvelles de bordeaux nbso.fr Commission paritaire de presse : 0118 C 85932

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Les deux structures ont donc sollicité un auteur de bandes dessinées, Alfred, notamment primé en 2014 à Angoulême pour son magnifique Come Prima, redécouverte de son Italie natale. Le dessinateur bordelais a assisté à quelques ateliers de Promofemmes pour y récolter les paroles, les histoires, les ressentis. De ces rencontres est né un petit carnet de souvenirs heureux ou tristes, de nostalgies et d’espoirs. En quelques mots, en quelques traits de crayons, Alfred raconte ces femmes qui invitent le monde entier dans notre petit Bordeaux. Un carnet simple, jamais condescendant, fidèle à la parole de ces femmes et rendant un juste hommage à un travail associatif aujourd’hui tellement menacé. VB.

Tout près d’ailleurs, Alfred, éditions Le Festin. En vente notamment à la librairie La Zone du dehors, 68 cours Victor Hugo, Bordeaux.

Que faire de la lutte des classes ? Comme le montre la sociologie de Pierre Bourdieu, les luttes de classes sont aussi des luttes symboliques pour la production et l’imposition de la représentation légitime du monde social. Il est ainsi de bon ton de nos jours de moquer ce qui serait la nostalgie d’une vieille classe ouvrière seule authentiquement révolutionnaire parce que n’ayant à perdre que ses chaînes… « Vieilles lunes », ricane-t-on de droite à gauche… Vaste classe moyenne intégrée, veulent se convaincre les uns ; peuple, gens, 99 %, multitude… proclament les autres ! Il ne saurait être question bien entendu de minimiser les évolutions survenues dans ce qu’on appelle parfois le « groupe ouvrier » que l’on subsume alors sous l’appellation plus générale de « classes populaires » (voir Julian Mishi et al., « Le groupe ouvrier : transformé mais toujours là », www.metropolitiques.eu, 25.11.2013). Il faut cependant remarquer que nombreux sont ceux qui ont tout intérêt à entretenir la confusion entre ce qui serait une « disparition » de la classe ouvrière et la « marginalisation de fait des ouvriers et employés dans la vie politique et l’espace public », voire une « invisibilisation des groupes dominés » dues en particulier aux défaillances électorales du PCF (Julian Mishi, Le communisme désarmé. Le PCF et les classes populaires depuis les années 1970, Agone, 2014, p.291). L’objectif est toujours le même : occulter faute de la supprimer la diabolique réalité de la lutte des classes. À droite comme à gauche où certains croient pouvoir compenser leur renoncement à la lutte des classes par un discours qu’ils veulent radical mais qui n’est que d’une navrante démagogie du genre : « Qu’ils s’en aillent tous ! », slogan utilisé dans un tout autre contexte en Argentine en 2001. Les classes sociales ne sont pas des substances ou des essences mais des relations dans le système des rapports sociaux de production. Sans s’y réduire, l’opposition primordiale et irréductible est celle qui oppose dans le champ économique ceux qui n’ont que leur force de travail à vendre et ceux qui ont les moyens de l’acheter pour en tirer profit. L’exploitation capitaliste va bien au-delà de ce qu’on appelle avec condescendance la « classe ouvrière traditionnelle » et structure la société en un antagonisme inexorable que de toute part on tente de nier, d’effacer, de minimiser… Les idéologues de la bourgeoisie vont s’efforcer d’inventer des clivages factices, par exemple entre « ceux qui travaillent » et « ceux qui profitent des aides sociales », comme le remarque Daniel Gaxie (HD, 23/29.11.2017) ou, de manière pseudo-savante, entre des «insiders» et des « outsiders », ou encore de façon grossière entre les « Français » et les immigrés… Il va de soi que la dimension économique n’est pas le seul mode de détermination des comportements des agents sociaux et « l’espace social est un espace multidimensionnel, ensemble ouvert de champs relativement autonomes, c’est-à-dire plus ou moins fortement et directement subordonnés dans leur fonctionnement et leurs transformations au champ de production économique » (Pierre Bourdieu, « Espace social et genèse des classes », Actes de la recherche en sciences sociales, 52-53, juin 1984). Mais « subordonnés »… L’appartenance sociale, sans être le seul, est ainsi le facteur essentiel, décisif, de la constitution par tout individu de l’ensemble de ses dispositions à comprendre, penser, agir que l’on désigne, en sociologie, par le nom d’habitus. La lutte des classes traverse ainsi tous les aspects de la vie des sociétés. La lutte anticapitaliste est centrale dans le combat général pour l’émancipation. Les luttes féministes, antiracistes, etc. ne sont pas subalternes mais privilégier les unes aux dépens de l’autre, c’est tomber dans le piège d’une bourgeoisie qui a fait sienne la formule cynique que Giuseppe Tomasi di Lampedusa met dans la bouche de Tancrède, le « révolutionnaire » opportuniste : tout changer (sociétalement) pour que rien ne change (socialement). Racisme et sexisme ont partie liée avec l’oppression capitaliste, ce qui explique qu’une femme de ménage noire subira toujours plus de discriminations qu’une femme patron ou qu’un capitaliste noir. Que la droite récuse et combatte cette perception du monde social ne surprendra pas. Qu’un projet politique comme celui de J-L Mélenchon s’en gausse et l’abandonne étonne davantage, surtout si c’est pour lui substituer une opposition sommaire élite/peuple que l’on va voir, hélas, sociologiquement mal fondée, politiquement non-opératoire, idéologiquement sans contenu de classe…


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