Jeudi 21 décembre 2017 - N° 2234 - Hebdomadaire - 15, rue Furtado - 33800 BORDEAUX - Prix : 0,80 euro
QUELLE VOLONTÉ ? QUELS MOYENS ? dossier pages 4 et 5
BASSINS À FLOT
LOGEMENT/URBANISME
Le pôle naval émerge enfin
1er rendez-vous réussi à Bègles
P.3
P.7
DESSIN DE PRESSE DANS SUD-OUEST S’il ne fallait lire qu’une chose… P.8
ACTUALITÉ REGAZ DEVIENT BME
D’autres choix étaient possibles Le conseil de métropole du mois de novembre a eu à se prononcer sur la deuxième phase de la création de Bordeaux Métropole Energie, qui devient la société mère de Regaz. Claude Mellier s’est appuyée sur le rapport d’expertise commandé par le comité d’entreprise de Regaz pour faire valoir que d’autres choix étaient possibles que celui de tourner la page de l’opérateur historique. Ils étaient près de 150 personnes, samedi dernier, à répondre à l’appel de Palestine 33, suite aux annonces de Donald Trump de reconnaître Jérusalem comme capitale d’Israël et de déplacer l’ambassade américaine dans cette ville. Cette décision, outre de fouler le droit international, valide la politique de Netanyahu de colonisation des territoires palestiniens. Les orateurs lors de ce rassemblement ont majoritairement dénoncé cette politique du fait accompli et demandé au chef de l’État des gestes forts, notamment la reconnaissance par la France de l’état palestinien. Lors de ce rassemblement, on pouvait croiser des militants de Palestine 33, de UJFP, du Mouvement de la Paix, du PCF, du Comité de libération de Salah Hamouri.
« Je ne reviendrai pas sur les détails de ce dossier dont nous avons déjà beaucoup parlé au mois de juillet et sur lesquels les discussions en conseil d’administration sont nourries, notamment sur le devenir des salariés transférés d’une entité à l’autre. De ce point de vue, l’ouverture de négociations pour la reconnaissance d’une
unité économique et sociale est une bonne chose. Elle est unanimement demandée par les syndicats et n’est que la simple reconnaissance d’un fait : toutes ces entités travaillent de concert pour maintenir un outil public énergétique sur l’agglomération. C’est un peu de bon sens réinjecté dans cette jungle que l’obsession du marché libre et non faussé ; jungle incompréhensible pour le commun des mortels et dans laquelle, s’il y a un gagnant, ce n’est certainement pas le consommateur final. À ce propos, le rapport d’expertise remis au Comité d’entreprise, qui a été annexé à cette délibération, donne des indications éclairantes sur le processus à l’œuvre. À propos de la création de Bordeaux Métropole Energie (BME), il conclut de manière très claire que d’autres solutions étaient envisageables que
la filialisation de Regaz. Non seulement, le rapport conclut que le choix fait par Bordeaux Métropole l’a été pour des raisons fiscales et non pour des considérations industrielles ; mais il détaille aussi les alternatives possibles au transfert des activités support de Regaz. “Cette solution aurait été plus simple et sécurisante, notamment dans la perspective d’une cession de Gaz de Bordeaux, même si le projet est aujourd’hui suspendu”, expliquent les rapporteurs dans leurs conclusions. C’est évidemment ce risque de délitement d’un outil public indispensable qui nous avait conduit à nous abstenir en juillet, même si nous avions salué le développement de l’activité de rénovation énergétique au sein de BME. Nous réitérons donc cette abstention. »
CGT FORD BLANQUEFORT MÉMOIRES ET PARTAGES
Soirée de solidarité avec les migrants
Une dernière action de l’année avant 2018, qui s’annonce agitée
Des milliers de personnes vivent dans la rue ou dans des squats en France. Environ 35 réfugiés (d’Afrique Subsaharienne et du Nord), 30 hommes et 5 femmes occupent un squat dans le centre de Bordeaux. Dans le froid, la pluie, la tempête, la faim, la peur, le dénuement… C’est pourquoi, pour sa traditionnelle soirée de fin d’année, Mémoires & Partages vous propose une soirée de solidarité autour des migrants de Bordeaux et des musiques de Madagascar. Au menu du Noël solidaire sur la Place Camille Jullian 13h – buffet du Noël solidaire Chacun apporte de quoi manger et on partage. En compagnie des réfugiés d’un squat de Bordeaux et de sans-abris. 15h – collecte de dons Habits (femmes et hommes toutes tailles), draps, chaussures (homme et femme allant du 40 au 44), couvertures, gants, chaussettes, écharpes, bonnets, sacs, matelas, perruques 18h- soirée de fin d’année au Cinéma Utopia Projection-rencontres de « Songs of Madagascar » Les six plus grands noms de la musique malgache s’unissent pour défendre les ressources naturelles de leur île, un voyage au cœur de la création musicale. Soirée animée par Karfa Diallo, directeur de Mémoires & Partages, en présence de César Paes, réalisateur.
CENTRALE NUCLÉAIRE DU BLAYAIS
Solidarité avec deux syndicalistes CGT d’Onet/ Techman Le syndicat multi professionnel appelait, lundi, à défendre deux syndicalistes CGT d’Onet/Techman menacés de licenciement par leur direction pour avoir dénoncé des conditions et des relations de travail dégradées. Le matin les militants ont recueilli plus de 500 signatures pour la liberté d’expression dans l’entreprise et contre les menaces de licenciement.
LA POSTE
Mobilisation des facteurs Un appel à la grève a été lancé par la CGT et FO les 22 et 23 décembre contre les organisations de travail, pour des emplois supplémentaires afin d’assurer la distribution du lundi au vendredi. La CGT-FAPT appelait également à un rassemblement devant l’agence colis Poste de Bruges contre la distribution des colis le dimanche.
2 • Les Nouvelles 21 décembre 2017
Jeudi 21 décembre, premier jour de l’hiver, la CGT Ford Blanquefort a décidé d’organiser un repas de Noël à sa façon, avec barbecue festif et revendicatif. « À la veille des vacances, nous rappellerons à Ford que nous ne lâcherons rien ! Nous voulons des activités industrielles qui assurent un avenir à cette usine et préservent tous les emplois ! » affirme le syndicat. « L’attitude des dirigeants de Ford est inadmissible, constate la CGT de l’entreprise dans son journal Bonnes Nouvelles du 19 décembre. Ce silence, cette absence d’explication, ce refus de rendre des comptes sur les recherches éventuelles, sur l’avancée ou pas des études… Tout cela est incroyablement incorrect et inacceptable ». Sans surprise, Ford fait appel de la décision de justice la condamnant à respecter son engagement des 1 000 emplois. De quoi confirmer les craintes quant aux intentions de la direction de l’entreprise concernant l’emploi dans l’usine pour les mois qui viennent. Des craintes qui semblent d’ailleurs faire bouger des choses, du côté des pouvoirs publics.
« La rencontre du 15 décembre (avec le président de la Région) a sûrement été utile. Nous sentons bien que les choses se précisent, qu’il y a une prise de conscience du danger, poursuit le syndicat dans sa publication. (…) Durant cette rencontre, il a été question de trouver les moyens pour mettre la pression sur Ford, de voir comment les collectivités territoriales, dont la Région, peuvent agir, peuvent aider à bousculer le calendrier, peuvent saisir le gouvernement, à la fois pour peser dans une décision rapide de Ford pour apporter une nouvelle boite de vitesse mais aussi en travaillant sur le long terme avec le développement de l’électrique ». Travailler sur le long terme, c’est ce qu’à déclaré vouloir faire le nouveau préfet de la Gironde et de NouvelleAquitaine, Didier Lallement. « C’est un dossier essentiel en termes d’emplois et c’est un dossier emblématique car les acteurs locaux ont déjà réussi à faire revenir Ford dans cette usine, ce qui est déjà considérable, estime-t-il » (France Bleu Gironde, le 13 décembre). « La boîte de vitesse nouvelle génération est une solution mais penser que c’est une solution de long terme serait illusoire,
poursuit-t-il. Le changement de la filière automobile qui passe du thermique à l’ électrique fait qu’ à une échéance que je ne connais pas, les boites de vitesse n’existeront plus. Si on veut penser l’avenir à vingt ans de cette entreprise, il faut le penser en imaginant d’autres types de constructions. Nous essayons de régler le problème de cette boite de vitesse fabriquée simplement aux États-Unis pour le moment. Nous espérons qu’elle pourra se fabriquer ici mais il y aura d’autres étapes à cette histoire ». Didier Lallement recevait les syndicats le 22 décembre à 9h30 avant le prochain comité de suivi qu’il réunira en janvier. Alain Juppé, quant à lui, s’est adressé au 1er ministre et au ministre de l’économie pour demander que l’État, au plus haut niveau, se saisisse du dossier, compte tenu de l’importance économique et sociale que revêt l’avenir de FAI pour la métropole bordelaise… À l’issue des deux dernières journées de plénière au Conseil départemental, Christine Bost a présenté une motion de soutien aux salariés de l’usine Ford, adoptée à l’unanimité, qui demande à la direction de Ford Europe de présenter clairement leur position quant à l’avenir du site, au Préfet de se saisir une nouvelle fois de ce dossier en demandant des explications à la Direction Ford Europe eu égard à l’argent public qui a déjà été versé au constructeur, au président de la République et à son gouvernement de s’impliquer fermement dans la gestion de ce dossier. En conclusion, « les pouvoirs publics semblent prendre (enfin) conscience que Ford roule tout le monde dans la farine et mène l’usine à la catastrophe, constate la CGT Ford Blanquefort. Changer la donne, c’est possible, à nous d’agir pour cela ».
ACTUALITÉ
Editorial
REFIT À BACALAN
Le pôle naval des Bassins à flot émerge enfin
Le 4 décembre, le grand Port maritime présentait au public l’évolution du dossier « refit » à Bacalan. Il s’agissait, chiffres à l’appui, de conforter l’aboutissement d’une nouvelle étape d’un projet qui a connu bien des atermoiements depuis 2012 (voir encadré). Jeanine Broucas, Gérard Calvinhac et Vincent Maurin y représentaient l’association Vie et Travail à Bacalan, fer de lance de la mobilisation citoyenne. Patrick Brocard, directeur des Ateliers portuaires, déclina les atouts bordelais. D’abord la nature du site : deux grands bassins situés en cœur de ville, unique en Europe. La présence à Bordeaux de la croisière fluviale : neuf paquebots fluviaux ayant besoin d’hivernage ou de maintenance sur le bassin n°1. L’attrait de Bordeaux pour les navires de grande plaisance (les yachts A, Skat, Lady M, Kismet, Sea walk ont fait escale sur les quais en 2016 et 2017). La saturation des pôles refit de Méditerranée, imposant aux armateurs la recherche d’autres sites en Europe. La qualité de vie bordelaise de centre ville offerte à des équipages pouvant compter jusqu’à 40 personnes, bloqués dans un port plusieurs mois, le temps des travaux. Le Bassin à flot n°1 est opérationnel depuis plus d’un an. Les 250 mètres du quai n°209 sont aménagés et protégés. La forme de radoub n°1 (150x22m) a déjà accueilli la barge Breuil (Airbus) puis le bac Sébastien Vauban. Quatre autres navires sont attendus début 2018. La forme de radoub n°2 (100x17m) sera bientôt, elle aussi, en service. C’est le contrat de plan Etat Région qui consacre 13,7 millions d’euros à ces investissements portuaires. P.Brocard ne cache pas que le tournant économique du refit sera pris dès l’arrivée du premier yacht. Plusieurs contacts existent. Le port a répondu à une consultation pour un projet de 150 000 heures de travail, générant 100 emplois ETP sur un an. Même si les hypothèses de chiffre d’affaire annuel semblent faibles (entre 15 et 25 millions d’euros) par rapport à La Rochelle qui a pris une longueur d’avance avec l’implantation du géant Compositeworks, on peut dire que le projet bordelais est lancé. La mise en
place d’une couverture de 16 mètres de haut sur une des deux formes , la création d’une « base-vie » mobile et d’un magasin de 1000 mètres carrés sont actés. De même que l’annonce faite par Philippe Dorthe, conseiller régional, de l’implantation d’une antenne de Naval Campus (sur le modèle d’Aérocampus), pour la for-
mation des jeunes. Reste le problème de l’interdiction du site au public, pudeur des milliardaires propriétaires qu’il faudra peut-être dépasser pour ne pas voir « privatisée» toute la plaque portuaire. Vincent Maurin
Histoire de rapports de forces… C'est cette année-là en effet que, sous l'impulsion de l'association Vie et Travail à Bacalan, un collectif associatif soutenu par les élus communistes et socialistes, déposait 600 signatures d'une pétition, sur les bureaux du Maire de Bordeaux et du Président de la Communauté urbaine, pour soutenir un projet de refit autour des formes de radoub du bassin à flot n°1. Cette mobilisation prenait ses racines il y a plus de 30 ans, lorsque les communistes alertaient les premiers, et (trop) longtemps seuls, sur le risque de transformation des Bassins à flot en « marina » pour touristes (voir article L'Humanité 06,12,1985). En octobre 1994, Pierre Tachou animait un débat de Vie et Travail sur le thème de la ré-industrialisation du site. L’association, en mars 2003 dénonçait le projet de fermeture de la grande écluse. Cette position fut relayée par Vincent Maurin, le 11/07/2003, au nom du groupe PCF de la CUB, votant contre le projet « Grumbach » soutenu par la droite et le PS. Ce projet condamnait la grande écluse et donc l’accès des grands navires. Et lorsque Thierry Lausseur, au nom de 30 entrepreneurs des métiers de la réparation navale, présenta le projet de refit, souvenons-nous de la levée de boucliers des promoteurs immobiliers (Fradin en tête) et d'Alain Juppé, expliquant à la presse le 16 janvier 2014 l'incompatibilité de cette activité avec l'aménagement des bassins à flot, faisant fi des résultats de l'étude d'impact de l'APAVE validant le projet du point de vue environnemental. Ce n'est qu'en 2015, que le Maire admet enfin l'idée que ce projet pourrait être une condition du développement de l'accueil des paquebots de croisières fluviales. En effet, celles-ci ont besoin de sites « apaisés » pour leur maintenance hivernale. C'est le quai 209 (près de la petite écluse) qui permet le stationnement de navires de 135 mètres , comme le « Scenic Diamond », dont l'intérieur a été entièrement refait en 4 mois.
Un nouveau souffle pour l'économie fluvio-maritime ? Comme pour le fret ferroviaire, plusieurs indicateurs nous confortent dans l'idée qu'il faut soutenir le développement industriel lié à la navigation. Sait-on que la plus grosse entreprise industrielle bordelaise est CNB, fabricant 85 yachts voiliers par an, avec 950 salariés et 187 millions d'euros de chiffre d'affaires ? Dans notre dossier d'août 2017, nous révélions les éléments d'une étude commandée par Voies navigables de France, Port de Bx et les Régions Nouvelle Aquitaine et Midi Pyrénées, concernant le développement de la batellerie sur canal et Garonne, pouvant générer plusieurs centaines d'emplois. Les communistes bordelais ont soulevé plusieurs pistes qui pourraient devenir de nouvelles ambitions économiques et environnementales. Par exemple le transport des déchets par barges fluviales entre Latulle à Bx Nord et Astria à Bègles. Idem pour le transport des granulats entre le terminal portuaire de Grattequina et les immenses chantiers de Bacalan, Brazza et Euratlantique. Ils avaient également imaginé l'équipement de navires à propulsion électrique, à partir de l'usine SAFT, équipant déjà l'aéronautique et le ferroviaire. Quant au déplacement des personnes, sommes-nous au bout des recherches de nouvelles réponses à l'engorgement routier par de nouvelles liaisons fluviales entre villes aval et amont du Pont de pierre ?
Stratégie et organisation : Partir de la parole des communistes, pour un vrai travail de terrain. Dans la synthèse des réponses aux questions ouvertes du questionnaire *, les communistes précisent des réflexions que nous avons, aussi portées, dans nos comptes-rendus d’AG : stratégie et bilan, projet et programme, organisation et formation et identité, nécessité de retrouver les fondamentaux d’un parti communiste, internationalisme, sortie de l’Otan, Rebâtir des cellules surtout d’entreprises… Ils portent donc, depuis 2007, un regard très critique et inquiet sur l’effacement et l’affaiblissement de leur Parti. Les communistes ont donc la responsabilité d’exiger un bilan de la stratégie depuis le congrès de Martigues. Pour avancer, nous ne pouvons rester dans le flou, sur des positionnements qui sont encore en mouvement dans le Parti. La question du bilan est importante. Les réponses qui ont été faites par les communistes à l’offensive du capitalisme et à l’effondrement de l’Urss, ont conduit à un aménagement du capitalisme, des ruptures avec notre histoire et le marxisme. De nombreuses questions sont mêlées. Mais la question essentielle est l’existence et le renforcement du PCF. Nous vivons une période étrange avec un retour sur les grandes conquêtes ouvrières et la lutte contre le fascisme. Le capitalisme est à l’offensive sur tous les fronts. Il y a urgence à dénoncer la spoliation (comme en Grèce) de tous les biens nationaux (SS, EDF, Sncf, culture, hôpitaux, aéroports…). Les luttes sont nombreuses et exemplaires comme celle contre le Code du travail mais elles se heurtent à l’absence de perspectives politiques, sans alternative renforçant doutes et abstentions. Le poids de l’idéologie dominante et des médias crée un climat déstabilisant. Dans le cadre de la préparation du 38e congrès, les Etats-Généraux du Progrès social peuvent être un moment de travail et de réflexion à inscrire dans la durée. Mais, le progrès social ne s’improvise pas et ne vient que s’il y a mobilisation, indépendance des organisations et projet politique. C’est-à-dire, à l’opposé des « démarches de sommet » qui conduisent à l’échec. De même, sur l’Union Européenne, il nous semble impensable de ne pas ouvrir un débat sur le fond avant d’anticiper sur les listes, les alliances, le PGE. C’est au Congrès de décider ! Les communistes ont un travail original, créatif à s’imposer pour lever les nombreux blocages auxquels ils sont confrontés. Il dépend de nous, d’approfondir tous les aspects de l’appropriation des moyens de production, de la reconquête des services publics « à la française », de la souveraineté populaire, économique, monétaire, politique pour répondre aux besoins de la population. Les richesses créées par le travail sont spoliées et accaparées par la finance, les guerres… En résistant les communistes prendront le « bon cap ». (*) Assemblée des secrétaires de section, 18-11-2017
Danielle Trannoy membre de l’exécutif du PCF 33 et du Conseil national
Les Nouvelles 21 décembre 2017 • 3
HARCÈLEMENT, VIOLENCES ENVERS LES FEM LA JUSTICE QUASI ABSENTE
À L’ENTREPRISE
Des réformes majeures sont nécessaires
Ne pas laisser les portes se refermer sur l’inacceptable
Muriel Salmona psychiatre, présidente de l’association Mémoire traumatique et victimologie, dans l’Humanité du 29 novembre, 2017. Si l’affaire Weinstein a pu permettre à tant de femmes de dénoncer publiquement les violences sexuelles qu’elles subissaient, c’est qu’une écoute et une solidarité inédites leur ont permis de se sentir enfin légitimes et suffisamment sécurisées pour en parler. La toute-puissance des agresseurs, la tolérance, le déni, la loi du silence et la culture du viol qui régnaient sans partage jusque-là et qui bâillonnaient et culpabilisaient très efficacement les victimes ont soudain été battus en brèche par une indignation générale. Un vent d’espoir s’est alors levé. Pour une fois les victimes n’étaient pas systématiquement mises en cause, la qualité de l’enquête du New York Times, la notoriété des victimes connues mondialement, leur nombre et leurs témoignages concordants ont permis qu’elles soient crues, et que les agresseurs si longtemps protégés soient mis en cause. Une fois cette brèche ouverte, des milliers et des milliers de femmes, malgré leur peur et leurs traumatismes, ont dénoncé toutes les violences sexuelles qu’elles avaient subies, le plus souvent dès l’enfance. Ainsi, des pans entiers de plus en plus nombreux de notre société sont apparus au grand jour comme totalement gangrenés par la domination masculine, le sexisme et les violences sexuelles : la famille, le couple, à l’école, l’université, le travail, le sport, les soins, les institutions… Mais le tournant est-il pour autant historique ? Pour qu’il le soit, il est d’une part essentiel que ce mouvement spontané se fasse le porte-parole de toutes les personnes victimes de violences sexuelles, sans oublier celles qui ne peuvent pas être entendues sur les réseaux sociaux, dans les médias et dans la rue et qui sont les principales victimes de ces violences, à savoir les enfants et les personnes les plus vulnérables (handicapées, autistes, migrantes, sans-abri, marginalisées, victimes de la traite, etc.), elles repré-
sentent une masse invisible en grande détresse, le plus souvent abandonnée. Et d’autre part, il doit se traduire concrètement par des politiques publiques ambitieuses et urgentes pour lutter contre ces violences, assurer une réelle protection, une prise en charge et une reconnaissance par la justice de toutes les victimes en respectant tous leurs droits. Or, nos structures éducatives, sociales, sanitaires et judiciaires ont presque toutes totalement échoué à protéger et à prendre en charge les victimes, ainsi qu’à empêcher ces crimes sexuels de se produire à grande échelle et à ne pas les laisser impunis : une fille sur cinq subit des violences sexuelles, 93 000 femmes, 15 000 hommes, 130 000 filles et 35 000 garçons subissent des viols et des tentatives de viol par an, 83 % n’ont jamais été ni protégés, ni reconnus, moins de 10 % portent plainte et seulement 1 % de l’ensemble des viols sont condamnés en cour d’assises (IVSEA, 2015, ONDRP 2016). La gravité des conséquences des violences sexuelles sur leur vie et leur santé à long terme n’est pas encore reconnue comme un problème majeur de santé publique. Les professionnels du soin ne sont toujours pas formés et l’offre de soin est très insuffisante. La protection, la solidarité et les aides sociales ne sont pas à la hauteur. La justice est quasi absente. Les victimes de ces crimes sont confrontées à des injustices en cascade, et leur perte de chances en termes de santé et d’intégration sociale est énorme et scandaleuse, d’autant plus qu’une prise en charge précoce et des soins appropriés éviteraient la majeure partie des conséquences des violences, une aggravation des inégalités ainsi que la production de nouvelles violences. D’après le droit international, les États peuvent être tenus responsables d’actes de violence sexuelle perpétrés par des particuliers s’ils ont manqué à leurs obligations d’empêcher ces actes ou de protéger les victimes. Il est temps et urgent d’agir, pour cela des réformes majeures sont nécessaires.
4 • Les Nouvelles 21 décembre 2017
Le 4 décembre, le comité régional Aquitaine de la CGT organisait une journée d’étude sur les violences envers les femmes au travail, à la bourse du travail de Bordeaux. Retour avec Valérie Paulet, responsable du comité régional, sur ces questions.
NBSO. La libération de la parole après l’affaire Weinstein a-t-elle surpris la femme, la syndicaliste, que vous êtes ? Valérie Paulet. J’ai été surprise que la parole des femmes se libère à ce point. Cela a été ultra médiatisé mais ce que nous craignons aujourd’hui, c’est que les femmes soient reconduites dans le silence et que l’entreprise referme ses portes sur ce qui peut se passer. Cela nous inquiète, en tant que syndicalistes, car ce qui nous concerne, c’est ce qui se passe dans les entreprises. Or une enquête IFOP de 2014 a dévoilé que 20 % des femmes actives (entre 15 et 64 ans), soit une sur cinq, ont dû faire face à une situation de harcèlement sexuel au cours de leur vie professionnelle. 75 % d’entre elles ont subi des gestes ou propos à caractère sexuel de manière répétée. 18 % ont été victimes d’un chantage sexuel, ont reçu des mails à caractère sexuel ou ont subi l’affichage d’images pornographiques. C’est une double problématique car, à la fois elles sont harcelées et à la fois – que le harceleur soit un collègue (40 %), l’employeur (22 %) ou un supérieur hiérarchique (18 %) – elles se retrouvent sans emplois, dans 40 % des cas, car elles sont licenciées ou poussées à la démission, ou les contrats ne sont pas renouvelés. Sans compter les conséquences sur la vie personnelle. Quand les violences se déroulent sur le plan familial, les victimes, là encore subissent sur le plan social. C’est toujours la double peine. Une collègue à l’hôpital a été déclassée car les violences qu’elles subissaient de son mari ont entraîné des absences au travail. Ce sont des situations qu’on peut rencontrer au quotidien dans les entreprises, d’où l’intérêt d’avoir des
camarades formés pour accompagner ces salariés en détresse et en difficulté vis-à-vis de leur poste ou de leur emploi. NBSO. Est-ce nouveau pour la CGT de travailler sur ces questions ? V.P. Non, depuis de nombreuses années la CGT, au niveau confédéral, se préoccupe de ces questions. Il y a un collectif confédéral « Femmes, mixité ». On a aussi un collectif régional animé par Véronique Gambard qui travaille à la création de collectifs dans les départements, propose des journées d’études comme celle du 4 décembre car nous pensons que la
formation est essentielle pour que les camarades s’emparent de ces enjeux. Nous organiserons une formation régionale en 2018. Pour le syndicat, la formation est un outil pour mieux défendre et accompagner les victimes au travail mais aussi pour avancer sur l’égalité au sein de notre propre organisation, car on en est loin, notamment sur les premières responsabilités. Il y a encore du boulot ! En 2015, la confédération a relancé tout un travail sur ces questions avec un guide « Réussir l’égalité femmes/ hommes dans la CGT » et une campagne de communication importante. Nous participons aussi au Collectif bordelais pour les droits des femmes. NBSO. Où en est-on alors de la lutte contre le harcèlement et la violence envers les femmes au travail ? V.P. Aujourd’hui, même s’il y a des lois, une reconnaissance du délit, les femmes qui subissent harcèlement et violence au travail ne sont pas assez
aidées, accompagnées. Il y a des avancées mais cela reste compliqué. Depuis 2006, l’employeur est obligé d’afficher la loi relative à l’égalité d’embauche et de traitement. Quand une situation de harcèlement ou de violence au travail est découverte, le plus difficile est déjà d’interpeler le supérieur hiérarchique. Quand il n’y a pas d’organisation syndicale, notamment dans les petites entreprises, c’est encore plus compliqué. Il faut ensuite déposer une plainte mais seules 5 % des femmes le font. Heureusement, il y a des associations vers lesquelles les victimes peuvent se tourner comme la Maison des femmes, dont la présidente Lydie Delmas participait à notre journée d’étude. Suite à nos mobilisations, l’OIT a décidé d’inscrire la question d’une norme sur « les violences contre les femmes et les hommes dans le monde du travail » à l’ordre du jour de la 107e session de la Conférence internationale du travail, qui aura lieu en juin 2018. C’est une très bonne chose. Par contre, le 19 septembre dernier, les secrétaires généraux de la CGT, la CFTC, FO et la CFDT interpellaient le premier ministre afin que la France se place dans la continuité des engagements du précédent gouvernement, en proposant l’adoption d’une norme internationale de haut niveau permettant de protéger l’ensemble des travailleuses du monde contre les violences au travail. Malheureusement, le gouvernement n’a toujours pas daigné répondre. Les annonces du président Macron sur un futur projet de loi sur les violences sexistes et sexuelles, comme les lois déjà existantes, ont beaucoup de mal à survivre à la concurrence de la loi travail et des ordonnances signées le 22 septembre par le Président lui-même. D’autant que ce sont les femmes qui sont les plus touchées par la précarité salariale et de l’emploi. La loi travail va donner encore plus de marge de manœuvre à l’employeur pour faire pression sur les salariés. De plus, c’est déjà difficile pour les syndicats d’intervenir dans les entreprises, s’il y a fusion des instances représentatives du personnel (IRP), ça va être encore plus compliqué. Jusque là, les CHSCT nous donnaient des moyens d’intervenir sur ces questions. Par ailleurs, la loi présentée par la secrétaire d’État ne recouvre pas le domaine du travail et elle ne parle pas de moyens humains et financiers nécessaires pour que les dispositifs de la loi soient effectifs. La CGT demande un volet travail dans cette loi contre les violences sexistes et sexuelles. Propos recueillis par Christelle Danglot
MMES : QUELLE VOLONTÉ ? QUELS MOYENS ? RENCONTRE
Une loi trop faible et des associations divisées
Réalité de la prostitution en Aquitaine
En avril 2016, le Parlement adoptait la loi de « lutte contre le système prostitutionnel ». Un an et demi plus tard, alors que ses dispositifs peinent à convaincre, une nouvelle baisse de crédits a été votée pour 2018. Sur le terrain, l’inquiétude grandit. Plus d’un an et demi après l’adoption de la loi prostitution, en avril 2016, quelles sont ses conséquences sur le terrain ? Alors qu’est organisée la Journée mondiale de lutte contre les violences faites aux travailleuses/ eurs du sexe (17 décembre-NDLR), l’opposition entre soutiens et détracteurs de la loi reste très tranchée. Ainsi, pour le Mouvement du Nid, fervent défenseur du texte, celui-ci a constitué une avancée décisive pour les personnes prostituées. « L’impunité recule avec la mise en place des circonstances aggravantes pour les agresseurs de prostituées. Par ailleurs, nous n’avons constaté sur le terrain aucune hausse des violences », assure Stéphanie Caradec, sa directrice. Un constat totalement opposé à celui dressé, jeudi, par Médecins du monde (MDM). « Confirmant nos pires craintes, nous assistons à l’isolement, la précarisation des travailleuses/ eurs du sexe, leur éloignement des structures de soins et de prévention, ainsi qu’ à l’augmentation des expositions aux infections sexuellement transmissibles et à l’augmentation des violences à leur encontre », énumère Françoise Sivignon, la présidente de MDM. En lien avec une dizaine d’associations, l’organisation prépare une enquête qualitative sur le bilan de la loi, dont les résultats seront divulgués « au premier trimestre 2018 ». Sans attendre, MDM a décidé, jeudi, d’« affirmer clairement un positionnement en faveur d’une décriminalisation du
travail du sexe ». « On peut dire cela et condamner l’exploitation des êtres humains. C’est ce qui permettra un meilleur accès aux droits fondamentaux des personnes », justifie-t-elle.
« C’est une grosse déception pour les personnes que l’on suit »
velable, ainsi qu’une aide mensuelle de 330 euros) peinent aussi à unir les associations. Mis en œuvre très tardivement, seuls trente ont été lancés à ce jour, dont sept en Île-deFrance. « C’est en effet très peu, et on se questionne sur la volonté politique du gouvernement d’appliquer ce dispositif », commente Stéphanie Caradec, du Mouvement du Nid, qui regrette les baisses de crédits alloués à la lutte contre la prostitution (- 25 %, de 6,6 millions d’euros à 5 millions) et votées pour 2018. « Macron, jusqu’ici, c’est des budgets en baisse et pas un mot sur la prostitution dans son discours du 25 novembre… » Pour Médecins du monde, le dispositif des « parcours de sortie » ne fonctionne pas. « C’est une grosse déception pour les personnes que l’on suit, dont beaucoup étaient intéressées, assure Tim Leicester. Mais les freins sont trop nombreux : on leur demande d’arrêter tout de suite, alors que les aides arrivent plusieurs mois après. Et à Paris, la préfecture exige une maîtrise du français que la plupart n’ont pas… » Pour mettre en œuvre ces parcours, les associations doivent aussi montrer patte blanche et déclarer, par écrit, leur soutien au texte de loi. « C’est une exigence inacceptable, inédite ! » s’indigne Carine Favier, ex-présidente du Planning familial, dont l’organisation avait pris position contre la loi de 2016, mais aurait pu, sur le terrain, accompagner des parcours de sortie. « Plus généralement, la pénalisation des clients (1 600 condamnations en juin 2017 – NDLR) a nourri une ambiance de condamnation morale qui dessert au quotidien les personnes prostituées », juge la militante féministe.
« Volet social » de la loi de 2016, les parcours de sortie de la prostitution (qui offrent à celles qui renoncent un titre de séjour de six mois renou-
Alexandre Fache, l’Humanité, 15/12/2017
Indésirables dans l’espace public
Actée par la loi de 2016, la fin du délit de racolage met-elle au moins tout le monde d’accord ? Pas totalement. Si tous s’en félicitent, les équipes de MDM constatent que le harcèlement des prostituées utilise désormais d’autres leviers. « En avril 2016, au moment même où le délit de racolage était supprimé, des contrôles d’identité massifs et quotidiens étaient lancés contre les prostituées chinoises à Belleville, a constaté Tim Leicester, le coordinateur du programme Lotus Bus (MDM), qui vient en aide à ces femmes à Paris. C’était une façon de leur dire qu’elles restaient indésirables dans l’espace public. Difficile pour elles, dans ces conditions, de développer des liens de confiance avec les policiers ou de porter plainte… » Pourtant, les violences, elles, semblent bel et bien avoir augmenté. Entre avril et septembre 2015, 41 travailleuses du sexe avaient sollicité le Lotus Bus à la suite de violences ; elles étaient 71 sur la même période, un an plus tard. Au total, le programme de MDM dit suivre aujourd’hui 201 victimes de violences graves (des viols, le plus souvent), qui ont porté plainte. « Or, la majorité d’entre elles ne sollicitent jamais la justice », précise Tim Leicester.
ISLANDE
NORVÈGE
FINLANDE
ESTONIE ROYAUME-UNI
SUÈDE LETTONIE
DANEMARK
INTERDITE
PAYS-BAS ALLEMAGNE
BELGIQUE
POLOGNE SLOVAQUIE
ROUMANIE FRANCE
ESPAGNE
(pénalisé dans la rue)
PORTUGAL
LA PROSTITUTION EN EUROPE
ITALIE
GRÈCE
CLIENT PÉNALISÉ
Crédit photo : Paguy
CONTRE LA PROSTITUTION
Le vendredi 15 décembre, la Direction régionale aux droits des femmes et à l’égalité, le Conseil régional Nouvelle Aquitaine et l’association IPPO invitaient à réfléchir et à débattre sur la prostitution avec un bilan de la loi d’avril 2016. La convention de l’ONU de décembre 1949 déclarait la prostitution incompatible avec les valeurs humaines. Sa ratification par la France en 1960 a placé notre pays du côté des états abolitionnistes. Certains états (USA, ceux du Maghreb…) sont prohibitionnistes, d’autres encore (Espagne, Pays Bas, Allemagne…) réglementent le système prostitutionnel. En France, la loi d’avril 2016 a refusé la notion de travail du sexe, refusé la marchandisation des corps. La prostitution est, avec le trafic d’armes et celui de la drogue, une des activités les plus lucratives du crime organisé. En Espagne, son chiffre d’affaire est de 28 milliards d’euros. Un proxénète gagnerait plus de 24 000 euros par mois. En France, le nombre de personnes, femmes et immigrées dans l’immense majorité, victimes de ce système est évalué à 40 000 au minimum. Leur espérance de vie est de 42 ans, leur moyenne d’âge continue à baisser (certaines sont signalées à 14 ans). La loi développe plusieurs aspects : la lutte contre le proxénétisme, la sensibilisation aux violences subies par les prostituées et la fin du délit de racolage, la pénalisation du client et l’instauration d’un parcours de sortie de la prostitution. Hors Bordeaux, la prostitution est souvent difficile à voir en Aquitaine. Les prostituées sont évaluées à 600 en Gironde, 75 à Poitiers et 60 à Limoges. Sur l’Aquitaine, 8 associations ont été agrées pour mettre en place les parcours de sortie et 4 départements en sont encore dépourvus.
TOLÉRÉE
Une cohabitation difficile pour les riverains
AUTORISÉE
Les différentes raisons ou causes semblant mener à la prostitution sont l’immigration (réseaux), les « fins de mois », l’absence de revenus (étudiantes), les trafics de drogue et les maris violents.
À ce jour, la Gironde a mis en œuvre 2 parcours de sortie, la Haute Vienne 1. Le colloque avait lieu Salle Son Tay à Bordeaux. Un riverain est venu témoigner. Les prostituées étaient 2, il y a quelques années. Elles sont maintenant une bonne vingtaine, sans compter les rues adjacentes. Une riveraine, âgée de 82 ans s’est retrouvée face à une scène de prostitution dans son jardin et a fait l’objet de violentes menaces. Elle n’ose plus sortir de chez elle. Passé 18h, les jeunes filles ne peuvent plus sortir dans le quartier. La cohabitation devient inquiétante même si les riverains condamnent le système prostitutionnel et non celles qui en sont victimes. Ils sont surpris que, en 6 mois, 50 PV pour les clients seulement aient été dressés pour 600 prostituées dans le département. Le manque d’effectifs et les priorités anti terroristes ont été invoqués… Les traumatismes, violences sont multiples
IPPO, l’association coorganisatrice, a lancé un travail important pour connaitre la réalité de la prostitution sur internet. Elle essaie de rompre l’isolement, d’améliorer la prévention des maladies sexuellement transmissibles. Elle a répertorié 1130 personnes à 70 % européennes, a réalisé 28 rencontres. Dans la rue, 90 % des prostituées sont d’origines étrangères. Les traumatismes, violences sont multiples. L’immigration génère 35 à 70 000 euros de dette envers les réseaux. En 2017, en France, 40 départements ont mis en place les parcours de sortie et on compterait seulement 23 parcours mis en place. Quand aux 330 euros de « soutien financier », 9 dossiers seulement auraient été recensés. Entre pouvoirs publics, associations aidant les prostituées et associations féministes, un débat continue : la prostitution est-elle une réalité à accepter en la nommant travail du sexe ou à considérer pour l’abolir. Les moyens mis en œuvre laissent penser que la première solution est privilégiée. Exiger plus de moyens permettra de passer à la seconde. Pierre Bordas
Les Nouvelles 21 décembre 2017 • 5
INTERNATIONAL DÉCISION DE TRUMP SUR JÉRUSALEM
AUTRICHE
L’ONU examine une résolution
Cette tache brune que l’Europe banalise Le chancelier Kurz, qui se hisse aujourd’hui au pouvoir en coalition avec l’extrême droite, bénéficie de l’indulgence coupable de tout un monde politique qui se déclare au mieux impuissant face à la dérive nationale-libérale entretenue par le modèle européen.
Le Conseil de sécurité de l’ONU examine un projet de résolution visant à rejeter la décision du président américain Donald Trump de reconnaître Jérusalem comme capitale officielle de l’État d’Israël. L’Egypte a fait circuler samedi un texte qui demande notamment que la décision unilatérale prise par les Etats-Unis soit révoquée. Ce projet de résolution pourrait être mis au vote dès lundi. La décision de Donald Trump de reconnaître Jérusalem comme la capitale d’Israël a déclenché la colère des Palestiniens, des manifestations dans le monde musulman et une réprobation quasi unanime de la communauté internationale. Le projet de résolution souligne que le statut de Jérusalem « doit être résolu par la négociation » et fait part de « profonds regrets concernant les récentes décisions sur Jérusalem », sans mentionner nommément les Etats-Unis. Le texte affirme également que « toute décision ou action visant à altérer le caractère, le statut ou la composition démographique » de Jérusalem « n’a pas de force légale, est nulle et non avenue et doit être révoquée ». Les diplomates s’attendent à ce que les États-Unis posent leur veto pour bloquer cette résolution
qui devrait recevoir le soutien des 14 autres membres du Conseil de sécurité. L’ambassadeur d’Israël à l’ONU, Danny Danon, a « vivement condamné » le projet de résolution, qui relève selon lui d’une tentative des Palestiniens de « réinventer l’histoire ». « Aucun vote ou débat ne changera la réalité évidente que Jérusalem a été et sera toujours la capitale d’Israël », a-t-il déclaré dans un communiqué. Israël a annexé la partie orientale de Jérusalem, dont elle a pris le contrôle pendant la guerre de 1967, puis voté une loi faisant de la Ville sainte sa capitale « indivisible ». Cette annexion n’a jamais été reconnue par la communauté internationale et les Palestiniens considèrent JérusalemEst comme la capitale de leur futur État. Plusieurs résolutions de l’ONU ont appelé Israël à se retirer des territoires saisis lors de la guerre de 1967 et ont réaffirmé la nécessité de mettre fin à l’occupation. En 1980, le Conseil de sécurité a adopté une résolution déclarant que « toutes les mesures et actions législatives et administratives prises par Israël, puissance occupante, qui visent à modifier le caractère et le statut de la ville sainte de Jérusalem n’ont aucune validité juridique ». Les États-Unis s’étaient abstenus lors de ce vote, autorisant l’adoption de la mesure.
VENEZUELA
Troisième victoire consécutive du chavisme En l’absence d’une partie de l’opposition, qui a boycotté les municipales du dimanche 10 décembre, le Parti socialiste uni et ses alliés ont remporté 22 capitales des 23 États. Essai transformé pour le chavisme. En dépit du boycott d’une grande partie de l’opposition, plus de 9 millions d’électeurs se sont rendus aux urnes à l’occasion des élections municipales du 10 décembre. La participation de 47,32 %, pour un scrutin qui habituellement mobilise peu, est en baisse par rapport à 2013 (58,3 %), mais elle confirme une nette manifestation des bases électorales de la gauche. Le Parti socialiste uni du Venezuela (PSUV) arrive en tête dans 22 capitales des 23 régions, et remporte une écrasante majorité des 335 municipalités, dont celle du Libertador (Caracas). Plus révélateur, Oscar Prieto s’impose à la régionale qui se déroulait dans l’État de Zulia, où il affrontait pourtant Manuel Rosales, l’ancien gouverneur et can-
didat de la droite à la présidentielle en 2006. Il s’agissait du troisième scrutin en 136 jours, après l’élection de l’Assemblée nationale constituante, là encore boycottée par la MUD, et les régionales, où le PSUV et ses alliés ont supplanté, et de loin, l’opposition, pourtant convaincue de sa victoire. « Le seul fait que ces élections se soient tenues constitue une victoire, soutient Roy Daza, de la commission internationale du PSUV. Au-delà des problèmes économiques que nous rencontrons, il y a eu une conscience grandissante que certains prétendaient nous conduire à une guerre civile. Face à cela, des forces d’opposition démocratiques et le chavisme ont positivement réagi ». Ce scrutin ne met cependant pas un terme aux problèmes économiques structurels ni à la polarisation politique. Voir l’article de Cathy Dos Santos, l’Humanité du 10/12/217
6 • Les Nouvelles 21 décembre 2017
Lors de la présentation de l’équipe gouvernementale et de son programme, samedi dernier, le nouveau chef de l’État, Sebastian Kurz (ÖVP) et Heinz-Christian Strache, son homologue du FPÖ, ont aligné leurs priorités. Au programme : des mesures sans précédent contre les droits des migrants et une fuite en avant dans les réformes libérales. Le compromis entre les deux partis n’a guère été difficile à obtenir, tant Kurz, qui devient à 31 ans le plus jeune chef d’État du monde, avait assis sa stratégie et ses ambitions pressées sur un alignement de son parti avec les thèmes favoris de l’extrême droite. « Nous voulons améliorer la sécurité en combattant l’immigration illégale », a plaidé samedi le futur nouveau chancelier. L’ÖVP avait obtenu quelque 31,4 % des voix lors du scrutin législatif du 15 octobre. Cependant, les accents racistes et populistes de son leader ne lui ont pas permis de dégonfler l’extrême droite. Tout au contraire le FPÖ, avec 25,9 % des suffrages, a réalisé la meilleure performance de son histoire. Il va disposer dans le
nouveau gouvernement de ministères clés qui lui donneront des pouvoirs sur « tout ce qui porte un uniforme dans le pays », selon l’expression d’un des membres d’un collectif d’associations et de partis progressistes très divers qui appelaient à manifester lundi contre le nouveau pouvoir. Le FPÖ va contrôler l’Intérieur, la Défense et les Affaires étrangères. Herbert Kickl, le nouveau chef de la police et secrétaire général du parti, est le maître à penser d’une stratégie subtile qui a permis au FPÖ de se normaliser dans le paysage politique sans rien lâcher sur son profil national-allemand et xénophobe. Il est à l’origine des mots d’ordre des campagnes les plus tonitruantes du parti proclamant « Daham statt islam » (chez soi et non pas dans l’islam) ou encore « Abendland in christenhand » (l’Occident dans des mains chrétiennes). Affichant une même réputation d’inflexibilité que son collègue de la défense, Mario Kunasek, il veut traquer « les contrebandiers de l’asile » et rien de moins que les « touristes du crime ». Comme Heinz-Christian Strache, président du parti et vice-chancelier, un nombre considérable de dirigeants du FPÖ se revendiquent de corporations, imprégnées d’idéologie pangermaniste héritée du « grand Reich ». Le silence des dirigeants européens est assourdissant. Alors que le président français Jacques Chirac,
comme la plupart des chefs de l’État de l’époque, condamnait l’avènement d’un pouvoir droite/extrême droite à Vienne auquel l’UE infligea même des sanctions, tous les dirigeants politiques du vieux continent regardent aujourd’hui ailleurs. Le « courage fuyons » semble faire consensus au sein d’un monde politique qui apparaît, au mieux résigné à la montée en puissance de l’extrême droite, au pire prêt à en user comme d’une option légitime. La « normalisation » de la honte avec l’extrême droite autrichienne prospère ainsi sur des politiques migratoires européennes régressives. Elle bénéficie également de l’engagement du nouvel attelage viennois en faveur de réformes de structures libérales. ÖVP et FPÖ veulent flexibiliser rapidement le marché du travail, en relevant le plafond de la journée légale de travail à 12 heures. Ce qui permettra au patronat de ne quasiment plus payer d’heures supplémentaires. La coalition entend aussi ébranler les droits de représentation et les possibilités de recours juridiques des salariés en s’en prenant aux Arbeiterkammer (chambre des travailleurs). Leurs financements par cotisation se verraient pratiquement divisés par deux. Vienne s’aligne sur l’Europe qui s’aligne sur le nationallibéralisme de Vienne. Bruno Odent, l’Humanité, 18/12/2017
ÉCONOMIE
Comment les inégalités se creusent S’appuyant sur une base de 175 millions de données permettant de mesurer les différences de revenus et de patrimoine, les économistes de plus de 70 pays dénoncent une montée en flèche des disparités dans le monde depuis quarante ans. Les inégalités mondiales explosent et se sont même accentuées ces quarante dernières années. Entre 1980 et 2016, le 1 % le plus riche a capté 27 % des richesses mondiales produites ; les plus pauvres ont capté seulement 12 %. Entre les deux, pour une partie des classes moyennes, les revenus ont stagné autour de 9 %. Voilà le terrible constat dressé par une centaine d’économistes, dont Thomas Piketty, qui ont présenté Paris leur premier Rapport sur les inégalités mondiales 2018. (…) Le travail des économistes compilé dans le Rapport sur les inégalités mondiales dessine un profil des inégalités qui, malgré les différences entre continents et pays, semble suivre la même trajectoire. Les économistes en ont identifié plusieurs causes. 1. Les vagues de privatisations Tout commence par l’inégale répar-
tition du capital entre privé et public. Si la richesse nationale a considérablement augmenté, dans le même temps, la privatisation des services et des entreprises s’est accélérée. (…) Au final, « les détenteurs de patrimoine privé se sont enrichis, mais les États se sont appauvris », expliquent les auteurs, alors que la richesse nationale a largement augmenté. 2. Chute de la fiscalité pour les plus riches « Entre 1970 et le milieu des années 2000, la progressivité de l’impôt a été fortement réduite dans les pays riches et dans certains pays émergents », annoncent les auteurs. « Notre rapport est un cri d’alarme contre cette lourde tendance inégalitaire. Car, chaque pays pris isolément a envie d’attirer chez lui les plus riches », note Thomas Piketty. Dans le même temps, l’impôt des classes moyennes augmente. Pour les auteurs, si la réduction des inégalités passe par la généralisation de l’impôt progressif, celle-ci ne pourra se faire qu’à condition de lutter contre l’évasion fiscale. (….) Et de proposer la création d’« un registre mondial des titres financiers permettant d’identifier les détenteurs ».
3. Baisse des dépenses publiques pour les plus pauvres L’autre problème concerne les plus bas revenus. Les divergences « entre l’Europe de l’Ouest et les États-Unis, qui avaient des niveaux d’inégalité comparables en 1980, mais se trouvent aujourd’hui dans des situations radicalement différentes », s’expliquent, selon Thomas Piketty, par « une inégalité considérable en matière d’éducation ». « Cela montre que les politiques publiques ont un fort impact sur les inégalités », ajoute-t-il. Dans leur rapport, ils préconisent une « meilleure représentation des travailleurs dans les organes de direction des entreprises et des salaires minimaux corrects ». Reste que les inégalités pourraient encore s’aggraver. (…) Pour autant, « le but de ce rapport (n’est) pas de se lamenter », mais de voir « comment il est possible, au sein d’une même mondialisation, d’avoir différentes politiques nationales », a expliqué Thomas Piketty sur France Inter. avec Clotilde Mathieu, l’Humanité, 15/12/2017
PCF BÈGLES
PCF MÉRIGNAC
Logement/Urbanisme : un premier rendez-vous réussi !
Présentation des vœux
La grande salle du Prêche était pleine en cette fin d’après-midi du 24 novembre. Plus d’une trentaine de personnes impliquées dans la bataille du logement social et l’urbanisme maîtrisé – associations de locataires ou de copropriétaires, bénévoles des syndicats de quartiers, élus, syndicalistes – avait répondu présente à l’invitation de la section de Bègles du PCF. Vincent Boivinet, secrétaire de la section du PCF, a rappelé l’objectif « d’œuvrer à co-construire avec le plus grand nombre de citoyens une politique de logement et d’urbanisme du bien vivre ensemble ». Cette première étape devait permettre de dresser un premier état des lieux… Les participants ne s’en sont pas privés. Un militant de la CNL espère qu’avec le changement de maire, il y aura changement de politique de construction, jugeant celle de Noël Mamère catastrophique (recours en cours sur les permis de construire, mobilisation sur la réhabilitation). La situation des squats, nombreux dans la ville, avec l’état de dénuement des populations qu’ils abritent, les problèmes de santé, d’épidémies, les risques d’expulsion, etc., sont évoqués et le lien est posé avec une urgence en matière de logement réellement social qui concerne aussi bien les jeunes que les retraités, les sans logement et les mal logés. Plusieurs interventions pointent la
densification comme responsable d’un sentiment d’abandon, d’insécurité, surtout quand les services publics n’accompagnent pas, de loyers qui flambent et de problèmes de circulation… Mais alors, comment écrire une page nouvelle dans l’histoire de la ville ? Comment penser l’ensemble (logements, parkings, voies) ? Une réponse semble satisfaire tout le monde : construire la ville avec ses habitants. Et pas comme prétend le faire l’aménageur Euratlantique, trop souvent aux abonnés absents quand on l’interroge. Christine Texier, élue communiste du groupe « Bègles pour tous » revient sur le désengagement complet de l’État sur le logement social et salue ceux qui se battent sur cette question… Elle explique que la réponse publique apportée par le maire de Bègles pour lutter contre l’emprise des promoteurs est d’essayer de faire admettre (dans le PLU) qu’on ne construise plus qu’à R+1 sur 70 % de la ville, sachant que pour des investisseurs, c’est moins rentable que 5 ou 6 étages. Outre qu’il n’est pas certain que ce levier soit suffisant, il fait débat. Des propriétaires de maisons préemptées voudraient bien voir se construire un immeuble à R+6 pour pouvoir y être relogé dans le même quartier, à proximité du tram. Abandon par les 3 derniers gouvernements de la politique de la ville (avec celui de Macron le mot même
a disparu), politique de promotion des métropoles (1 million pour Bordeaux), de refonte des régions, bref de tout ce qui éloigne l’administré de l’élu ne sont pas sans liens avec les politiques de construction mises en œuvre. « C’est à tous ces niveaux qu’il faut placer nos combats : ceux qui nous sont communs et ceux qui nous sont particuliers car nous appartenons tous à des forces diverses qui ont toutes leur utilité et qui doivent conserver leur autonomie, dira un militant communiste. Ce soir on travaille à faire du commun. Ce qui nous est commun c’est cette exigence, cette volonté d’être réellement partie prenante des projets pour notre ville. » Pointer « les convergences à bâtir sur tout ce qui contribue à vivre ensemble du ramassage des déchets à la création de services publics », aider les gens à s’adresser aux véritables responsables, « les encourager à aller en mairie consulter les informations qui les concernent », permettre à l’exaspération de trouver une issue positive qui fasse du commun sont autant de pistes à emprunter avec audace. L’assemblée s’est conclue sur la décision de créer un groupe Urbanisme et de se revoir avant les fêtes de fin d’année.
JOURNÉE INTERNATIONALE DES MIGRANTS
Pour des politiques d’accueil, d’hospitalité et de fraternité Déclaration du PCF du 18 décembre Aujourd’hui, lundi 18 décembre, journée internationale des migrants sous l’égide de l’ONU, est l’occasion de manifester notre solidarité avec ces hommes et ces femmes et d’appeler à des politiques d’accueil, d’hospitalité et de fraternité. Le président de la République et son gouvernement veulent passer aujourd’hui à une nouvelle étape en se livrant à une véritable chasse à l’homme en triant les migrants au sein même des centres d’hébergement qui sont censés les accueillir et les protéger. Sont concernés les réfugié-e-s, ceux en attente de leur demande d’asile ou déboutés, ou enfin relevant des accords de Dublin. Cette circulaire du 12 décembre – la circulaire de la honte – provoque colère et condamnation de la part des associations, de toutes celles et ceux
attaché-e-s à la défense des droits humains. Le Parti communiste français exige son abrogation immédiate. L’accueil inconditionnel de toute personne en situation de détresse doit être respecté. Cette circulaire annonce une série de projets de loi en janvier, renforçant une politique de dissuasion migratoire, d’expulsion massive et d’externalisation. Cette politique du chiffre est vouée à l’échec : son inhumanité, son coût, son inefficacité rendent nécessaire plus que jamais le besoin d’une autre politique migratoire. Celle du respect et de l’accueil, celle de l’investissement pour qu’aucun-e migrant-e ne dorme dans la rue, que soit entamé un processus de régularisation et favoriser leur intégration au sein de la société française. Le PCF tient à saluer les associations, les citoyen-ne-s qui sont engagé-edans des actes de solidarité concrète et pérenne à l’égard de ces hommes et
ces femmes qui ont droit à notre hospitalité. Il exige l’arrêt des poursuites à l’égard des militant-e-s injustement poursuivi-e-s. Le PCF, ses élu-e-s, ses militante-s sont à leurs côtés et travaillent ensemble à trouver des solutions durables, à instaurer de nouveaux critères pour élargir l’accueil et la protection des migrant-e-s. À l’heure de la mondialisation, les migrations sont une réalité incontournable. Un Pacte mondial pour les migrations devra être adopté en 2018 lors de l’Assemblée générale de l’ONU pour protéger encore mieux et plus les droits des migrant-e-s et des réfugié-e-s. Devront à cette occasion être réaffirmés la Déclaration universelle des Droits de l’Homme, la Convention de Genève et des traités internationaux et européens. Ils devront s’élargir à des nouvelles dispositions en faveur de l’accueil des migrant-e-s environnementaux et fuyant la pauvreté.
La section du Parti communiste de Mérignac vous invite à la présentation de ses vœux le vendredi 26 janvier à 18h30 - Salle de Capeyron
BORDEAUX
Vœux de la fédération du PCF La fédération de la Gironde du PCF présentera ses vœux le vendredi 19 janvier à 18h30 dans ses locaux, 15 rue Furtado à Bordeaux.
RIVE DROITE
Assemblée des communistes La section de la Rive Droite tiendra une assemblée des communistes le 9 janvier à partir de 18h à la maison des association à Cenon.
LE SOMMET POUR LA PLANÈTE
De l’affichage pour se donner bonne conscience ? Déclaration du PCF du 12 décembre La COP 21 s’était conclue sans engagements contraignants pour les états. Les COP 22 et 23 se sont révélées être de vrais fiasco. Le 2 Août l’humanité avait consommé l’ensemble des ressources renouvelables et nous sommes toujours sur une trajectoire qui nous mène à un réchauffement de 3°C. Les aides financières aux énergies fossiles sont toujours deux fois plus importantes que pour celles des énergies renouvelables. Que la France tente de relancer la lutte pour le climat est une bonne chose mais ce sommet sera-t-il autre chose que de l’affichage pour se donner bonne conscience? On est en droit de s’interroger. Déjà, il est acté que les états s’effacent devant les acteurs privés et la « finance verte »… Pourtant les questions sont pressantes, elles demandent des réponses urgentes : Les pays riches vont-ils enfin contribuer au Fonds vert de solidarité internationale à la hauteur de leurs responsabilités de principaux pollueurs ? En France, le réseau ferré restera t-il le parent pauvre et mal entretenu favorisant le fret par un camionnage polluant ? Les ENR (éolien et photovoltaïque) resteront-ils une niche à profit grâce aux taxes versées par les usagers (CSPE) ? Un mix énergétique peu carboné serat-il maintenu grâce au nucléaire ? Qui doit financer l’isolation des logements quand la diminution des APL doit être compensée par les sociétés HLM ? Va-t-on autoriser l’exploitation aurifère en Guyane au détriment des forêts primaires et continuer à réduire les moyens de l’ONF pour l’entretien de la forêt en France même ? Sans illusions sur des financiers qui ne rechercheront que le profit, nous attendons de juger sur pièce les annonces du président de la République pour voir s’il se convertit vraiment à la défense de la planète.
SOUSCRIPTION
Tout versement par chèque ouvre droit à une réduction fiscale de 66% du montant versé. (chèque à l’ordre de ADF PCF 33). Les ressources financières du Parti communiste sont transparentes. Votre don, aussi modeste soitil, contribuera effica- cement à la démocratie, à l’expression et la prise d’initiative du Parti communiste. Cet ensemble sont les éléments majeurs pour continuer notre combat dans l’ambition d’une gauche forte et alternative. La fédération de la Gironde du PCF, lance une souscription afin de mener nos prochaines échéances politiques, notre objectif est de 70 000 euros.
Les Nouvelles 21 décembre 2017 • 7
CHRONIQUE
CULTURE & SOLIDARITÉ DESSIN DE PRESSE
par Jeanne R.M.
S’il ne fallait lire qu’une chose dans Sud-Ouest…
« Les 50 ans de Lucien »
Les éditions Sud-Ouest retracent dans un petit livre une année de dessins de Large et Urbs. Un petit plaisir de fin d’année… Cela fait 4 ans maintenant que les dessinateurs Large et Urbs alternent pour croquer l’actualité dans le quotidien régional. Ou plutôt, comme le dit plus joliment le journaliste Nicolas Espitalier, trois ans qu’« ils partagent un coquet 180 cm2 avec vue sur l’actualité du monde, mitoyen de l’édito de la page 4 de Sud-Ouest ». Et, pour tout dire certains matins, on aimerait ne lire que ces 180 cm2 dans Sud-Ouest… Mais, comme le dit à juste titre Urbs, « ce journal a un historique avec le dessin de presse. De Chaval (…), en passant par Sempé et Itturia, il y a une vraie continuité. Sud-Ouest n’est pas du tout obligé d’avoir un dessinateur. Au fond, c’est assez courageux », poursuit celui qui tient aussi une librairie dans le quartier Saint-Pierre. Courageux aussi de prendre ces deux gugusses aux dessins très différents mais à l’humour pareillement corrosif. On voit souvent Large aux côtés de la bande du Groland, on l’a vu manifester contre l’exil fiscal à Dax et de toutes les bonnes causes. On a lu Urbs ému mais toujours combatif face aux islamistes qui ont tué ses amis de Charlie Hebdo et face aux abrutis qui voudraient s’en servir pour vendre leur soupe xénophobe.
Surtout, tous deux ont en commun l’art de faire rire en faisant parfois appel aux sentiments mais plus souvent encore à la culture, à la dérision et à la réflexion. Les éditions Sud-Ouest ont donc eu la bonne idée de retracer une année de dessins dans un petit ouvrage. On notera que chez eux, une année va du mois de novembre (2016) au mois d’octobre (2017)… On notera aussi la bonne idée de mettre ces dessins en regard des courriers des lecteurs compilés par le médiateur du journal. Et surtout, on retiendra cette postface un poil commercial qui leur a été offerte par François Morel : « Vous croyez pas que j’ai autre chose à faire que de trousser trois lignes sur votre bouquin (…) alors que ca
ne va pas me rapporter un centime et que vous allez en vendre des millions d’exemplaires ? Franchement ! » VB. « Parce que c’est notre projeeet ! », Large et Urbs, un an d’actualité en dessins. Sud-Ouest, 10 euros.
« Mon très cher Lucien, Je viens de me poser et t’attends au café « La Liberté », tu te souviens, celui qui fait l’angle de Montparnasse et de la rue du Maine, je te vois sourire là-haut. J’aurais pu choisir « Le dôme » ou « Le Flore », un peu plus loin, mais ce dernier est devenu un lieu de stars, où l’on aime se montrer, ou il faut se trouver. Tu n’apprécierais plus. Il gèle ce matin, les premiers flocons sont tombés, je glisse sur la chaussée non sablée. Ce froid que j’aime, sec et bleu et blanc, ce froid réchauffé par tes mains quand tu es sorti de l’Assemblée nationale, il y a si longtemps. J’aimerais te souhaiter un bon anniversaire, mais il n’en sera rien. Tu viens de me libérer de tes mots courageux, nous pourrons enfin disposer ensemble de nos envies de nous. Tu ne te retireras pas cette fois, ne t’abstiendras plus jamais de cet absolu, de ton infini. Entier je t’invite, sans peur enfin. J’aime ta chaleur contre mon cou, tes mains sur ma peau sans crainte de demain. Je n’ose l’imaginer encore, il est tôt pour moi et déjà trop tard pour elle. Depuis quelques heures je dis non. Elle, n’a pas pu et l’a payé de sa vie. Elle a disparu dans la haine et le sang, les hurlements de son corps, les derniers soubresauts, dans mes yeux révulsés de colère. Elle ne devait pas refuser ce que le monde lui imposait, un enfant. Elle était brillante, voulait être chirurgien, elle aurait été une grande dame. Chaque fois que je dis non, je vis ses caresses qu’elle ne peut plus recevoir. Elle a dit non à cette grossesse qui interrompait ses études. Je crie oui à ton amour, libre et sans entrave, sans engagement. Elle n’est plus d’époque, cette obligation. Je te veux libre de ton corps dans le mien, rien que nous sans lendemain. Elle est morte de trop t’aimer, je t’aimerai pour vivre. Je ne veux pas autre chose que ton corps maintenant, je ne veux pas d’enfant et ne me justifierai pas. Point besoin d’argumenter mon amour, ni d’écologie démographique, ni aucune maltraitance, ni perversion. Je ne veux pas et je peux. Je peux rester moi, mon corps intègre. J’ai besoin de vivre cette vie, même si elle est différente de tes attentes. Tes mots ont changé ma destinée, Lucien très cher, je resterai vivante. C’est définitif. Mon refus est mon salut. Je suis née de ce désir, de cet espoir que ce jour deviendrai anniversaire. Un grand jour pour les femmes que de disposer désormais de leur fécondité, de leur choix d’être libre. Tu l’as compris, la peur, la passivité et la soumission sont chaines, notre liberté est la votre. » Paris, Décembre 1967, la Loi Lucien Neuwirth, dépénalise la contraception
49 jours, carnets d’une faiseuse d’anges et Les Nouvelles de Bordeaux et du Sud-Ouest S.A.S. au capital de 37 000 euros Associés (à parts égales) : L. Chollon, F. Mellier, S. Laborde Directeur de la publication : Frédéric Mellier Abonnement 1 an : 25 euros. Abonnement de soutien : 40 euros Rédaction, composition, impression : S.A.S. Les Nouvelles de Bordeaux et du Sud-Ouest 15, rue Furtado - 33800 BORDEAUX Tél. 05 56 91 45 06 - Fax 05 56 92 61 01 - Annonces légales : annonces@nbso.fr Comptabilité : compta@nbso.fr - Redaction/Proposition d’article : redaction@nbso.fr @nvlbx Les nouvelles de bordeaux nbso.fr Commission paritaire de presse : 0118 C 85932
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