Nouvelles N° 2235

Jeudi 28 décembre 2017 - N° 2235 - Hebdomadaire - 15, rue Furtado - 33800 BORDEAUX Prix : 0,80 euro

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NOËL 2017 : TOUT POUR LES RICHES PARADISE PAPERS

INTERVIEW

Quel monde sans évasion fiscale ?

Le père Noël est vraiment une ordure ! de navigation, vous pouvez me faire confiance je m’y connais. Ainsi, savezvous qu’il y a une différence entre des tapouilles et des kwassa-kwassa ? C’est à Mayotte le kwassa-kwassa et il pêche peu, il amène du Comorien. Pour ma part, je suis très à l’aise sur le Paloma, le petit navire de mon ami Bolloré !

Optimisation et fraude privent aujourd’hui les états et les peuples de milliers de milliards d’euros. Le butin de cet immense casse pourrait résoudre une bonne part des problèmes et des défis au niveau mondial.

Optimisation fiscale des grandes fortunes dans le monde = 155 milliards d’euros par an Optimisation fiscale des grandes fortunes en France = 10 milliards d’euros par an = 150 à 200 hôpitaux par an

NBSO. Oui, tout le monde n’a pas les mêmes chances au départ…

Évasion fiscale des multinationales : = 40 % des profits = 350 milliards d’euros par an Éradiquer la faim dans le monde d’ici à 2030 : = 239 milliards d’euros par an durant quinze ans* * rapport 20015 de l’’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO)

Apple : 171 milliards d’évasion fiscale ou de placements dits offshore.

Société pharmaceutique Pfizer : 166 milliards de dollars.

Microsoft : 106 milliards.

50 millions d’États-Uniens vivent de bons alimentaires = 900 millions d’euros. Évasion fiscale en France = 60 à 80 milliards d’euros par an.

Emmanuel Macron est avare d’entretiens avec les médias. Il a fait une exception pour les Nouvelles de Bordeaux et du Sud Ouest (NBSO) en voulant bien revenir sur ses déclarations et approfondir sa pensée complexe pour nos lecteurs.

(Ensemble des fraudes : TVA, sociales, travail non déclaré… et optimisations fiscales)

Déficit de la sécu = 4,4 milliards d’euros en 2017.

Budget de l’Éducation nationale = 80 milliards.

Retour de l’âge de départ à la retraite à 60 ans : 20 à 40 milliards d’euros par an Évasion fiscale dans l’Union européenne = plus de 1 000 milliards d’euros par an échappent = effacement en douze ans de la dette, dite publique, européenne des 28 états (12 500 milliards en 2015).

Délocalisation artificielle des profits = 60 milliards d’euros par an = 20 % des recettes d’impôt sur les sociétés = la moitié des dépenses publiques de l’Union européenne pour l’enseignement supérieur.

NBSO. Monsieur le président, les médias vous ont qualifié de président jupitérien : comment réagissez-vous à cela ?

E.M. J’ai moi-même utilisé cette expression car elle correspond parfaitement au sens que j’entends donner à la fonction de président. Depuis De Gaulle, il s’est installé un vide et cet absent est la figure du roi dont le peuple français n’a pas voulu la mort. Ce qu’on attend du président de la République, c’est qu’il occupe cette fonction.

NBSO. Cette figure que vous entendez incarner servira-t-elle de boussole aux gens qui aspirent à devenir riches ?

E.M. Parfaitement. Il y a ceux qui réussissent et ceux qui ne sont rien. J’ai eu l’occasion de dire à des manifestants qu’ils feraient mieux de chercher du boulot au lieu de foutre le bordel

(vous voyez, je sais aussi me mettre au niveau du peuple) et qu’ils ne me faisaient pas peur avec leur tee-shirt.

Je crois qu’ils ont compris que la meilleure façon de se payer un costard (comme ils disent), c’est de travailler. Je l’ai dit également en Guyane, « bloquer le fonctionnement de l’île ne peut être une réponse à la situation ». Ceux qui veulent devenir riches, je veux qu’ils suivent mon exemple Jupitérien.

NBSO. Votre message est… (il coupe) E.M. Je veux vous dire que je serai d’une détermination absolue et je ne cèderai rien ni aux fainéants, ni aux cyniques, ni aux extrêmes. Et je vous demande d’avoir, chaque jour, la même détermination. Ne cédez rien ni aux égoïstes, ni aux pessimistes, ni aux extrêmes !

NBSO. (Embarras de la rédaction)…

Euh, monsieur le président, si nous comprenons bien, nous sommes tous dans le même bateau !

E.M. Vous commencez à bien comprendre ma pensée complexe, je vous en félicite. Oui, nous sommes tous dans le même bateau et en matière

E.M. Il faut être ambitieux mais je reconnais que certains ont des handicaps. Prenons l’exemple du Nord Pas de Calais : l’alcoolisme et le tabagisme dans le bassin minier sont des fléaux qu’il faut traiter dans l’urgence. C’est aussi le cas des salariées de chez Gad en Bretagne qui sont, pour beaucoup, illettrées.

NBSO. On vous reproche d’être le président des riches…

E.M. Prenons d’abord conscience qu’un patron a souvent une vie plus dure qu’un salarié. Mais cela, seuls les patrons peuvent le comprendre…

Sur un autre plan, l’économie du Net est une économie de superstars. Il faut des jeunes français qui aient envie de devenir milliardaires. Il faut donc une politique qui reconnait la valeur et je trouve que l’on me fait un mauvais procès. La disparition de l’ISF ne coûtera que 3,2 milliards à l’État ; le CICE ce n’est que 20 milliards par an ; alors, on peut bien demander un petit effort aux bénéficiaires des APL, aux contrats aidés (280 000 en moins, quoi !), aux services publics (seulement 120 000 emplois visés !) et on ne demande que 5,2 milliards d’économie à la Sécurité sociale. Mais enfin, tous ces gens que l’on aide doivent comprendre que je ne suis pas le Père Noël !

Propos imaginés par Jean-Jacques Bordes Malheureusement, tous les italiques sont de vraies déclarations.

IMPÔTS

Les cadeaux de Macron aux « 100 premiers de cordée » Le budget 2018 est taillé pour les grosses fortunes puisque, prétend le président, ceux qui les possèdent sont les moteurs de l’économie.

Les Français devront payer 5 milliards pour aider les riches à mieux spéculer ! Et voilà comment, avec Macron, c’est Noël pour les nantis.

Les Nouvelles de Bordeaux et du Sud-Ouest S.A.S. au capital de 37 000 euros Associés (à parts égales) : L. Chollon, F. Mellier, S. Laborde Directeur de la publication : Frédéric Mellier Abonnement 1 an : 25 euros. Abonnement de soutien : 40 euros Rédaction, composition, impression : S.A.S. Les Nouvelles de Bordeaux et du Sud-Ouest 15, rue Furtado - 33800 BORDEAUX Tél. 05 56 91 45 06 - Fax 05 56 92 61 01 - Annonces légales : annonces@nbso.fr Comptabilité : compta@nbso.fr - Redaction/Proposition d’article : redaction@nbso.fr @nvlbx Les nouvelles de bordeaux nbso.fr Commission paritaire de presse : 0118 C 85932

4 • Les Nouvelles 28 décembre 2017

Selon Macron, ce sont les riches, les chefs d’entreprise qui tirent l’économie du pays, alors ce sont eux qui doivent bénéficier des largesses de l’État.

Ainsi, l’impôt de solidarité sur la fortune (ISF) est remplacé par l’impôt

sur la fortune immobilière (IFI), auquel vient s’ajouter le prélèvement forfaitaire unique (PFU) ou « flat tax », plafonné à 30 %, sur les revenus du capital, un véritable bouclier pour les nantis.

La facture globale est de 5 milliards pour les finances de l’État.

Avec le nouveau système, un contribuable possédant un appartement d’une valeur d’un million et demi d’euros et qui ne spécule pas payera davantage d’impôts que celui qui n’a qu’un million de patrimoine immobilier mais 10 millions de patrimoine

financier. La logique est double : plus vous placez votre argent dans la spéculation financière, moins vous payez, et plus vous êtes riche, moins vous êtes proportionnellement taxé.

En réalité, les placements financiers représentent 90 % de la fortune des 150 plus gros contribuables et donc, désormais, hors ISF et protégés par le bouclier à 30 % du PFU ! Dix ans après la crise financière, encourager la spéculation… il fallait oser. Il faut ajouter que ces ultra-riches sont déjà imposés sur le revenu à seulement 21 %, contre 30 % pour les revenus au-dessus de 27 000 € pour le commun des contribuables !