Nouvelles N° 2241

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Jeudi 8 février 2018 - N° 2241 - Hebdomadaire - 15, rue Furtado - 33800 BORDEAUX - Prix : 0,80 euro

ÉDUCATION

LE SERVICE PUBLIC CONTRE LE TRI SOCIAL

SAFT

EHPAD

8 FÉVRIER

En grève pour les salaires

Les syndicats déterminés à obtenir satisfaction

Les cheminots manifestent pour les usagers

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ACTUALITÉ EHPAD ET SERVICES À DOMICILE

Les syndicats déterminés à obtenir satisfaction

+ 6,5% entre Bayonne et Bordeaux ; + 2% entre Toulouse et Bordeaux. Sur tous les tronçons d’autoroutes, les péages ont augmenté au 1er janvier 2018 ! Et pendant ce temps, le conseil d’orientation des infrastructures (COI) reprend l’idée d’Alain Juppé de prolonger les concessions d’autoroutes autour de Bordeaux en échange du financement de la modernisation de la rocade… À quand la nationalisation des autoroutes pour en finir avec l’engraissage des Vinci et autres Eiffage… !?

SUPPRESSION D’EMPLOIS

Fonction publique « Sortez, on ferme ! » Le gouvernement annonce un « plan de départs volontaires » pour supprimer 120 000 postes et l’usage accru de contractuels.

« Un plan de départs volontaires » dans la fonction publique : la formule est explosive, et la déflagration provient alors même que le grand chantier de réflexion pour la transformation de l’action publique commence à peine. Jeudi, au sortir du premier comité interministériel qui devait enclencher une réflexion dans les ministères jusqu’en avril sur des réformes structurelles, le ministre de l’Action et des Comptes publics a lâché la bombe tout en tentant d’atténuer son effet : « Il ne s’agit pas de faire un plan de départs volontaires pour tout le monde, bien évidemment. Il s’agit d’adapter nos services publics et de le faire avec et pour les agents publics », a assuré M. Darmanin. Pour autant, Édouard Philippe a ajouté vouloir étendre « largement » le recours aux contractuels, et développer davantage la rémunération au « mérite » des fonctionnaires. Une provocation, une semaine après la lettre de 8 des 9 organisations syndicales de fonctionnaires réclamant l’ouverture d’une concertation en vue d’un nouveau plan de titularisation des agents contractuels.

RECTORAT DE BORDEAUX

Rassemblement des personnels AVS-AESH « Les AESH-AVS en ont assez d’être les bonnes ou bons à tout faire de l’Éducation nationale pour 600 euros par mois ! », c’est le message qu’ont porté au rectorat des représentants du collectif de différents départements de l’académie, le mercredi 7 février 2018 à 14h, à l’appel de la CGT Éduc’Action et du collectif CGT AESH-AVS-EVS*. Ces dernières années le collectif CGT Educ’Action AESH-AVS-EVS a organisé de nombreux rassemblements pour dénoncer la situation de ces personnels employés par l’Éducation nationale pour assurer l’accompagnement des enfants porteurs de handicap dans leur scolarité. Grâce à la mobilisation des personnels, des améliorations ont été obtenues dans la prise en compte de leurs situations par l’administration mais la précarité des emplois et la faiblesse des salaires sont toujours les dénominateurs communs de ces salariés qui travaillent dans les établissements scolaires. Pour obtenir des avancées concrètes pour la reconnaissance du métier d’AESHAVS, un nouveau rassemblement était donc organisé mercredi. Pour dénoncer la situation de leurs collègues « condamnés à la précarité à perpétuité avec parfois plus de dix ans de contrats précaires et toujours aucune perspective de pérennisation de leur emploi », quelques exemples concrets ont été portés lors de l’audience au rectorat comme celui de Christine, AESH depuis 14 ans en contrats précaires pour l’Éducation nationale et qui pourrait éventuellement obtenir un CDI en 2024 ou encore Agathe, AESH depuis 10 ans en contrats précaires pour l’Éducation nationale, qui pourrait éventuellement obtenir un CDI en 2022, « et la plupart du temps pour un temps partiel imposé et 600 euros par mois ! » * AESH : Accompagnants d’élèves en situation de handicap ; AVS : Auxiliaire de vie scolaire ; EVS : Emploi vie scolaire.

SUD CHU DE BORDEAUX

Soutien à un militant D’après le syndicat SUD impliqué dans le conflit social au CHU de Bordeaux qui dure depuis le 7 décembre 2017, la direction a convoqué un militant pour un entretien disciplinaire. Il lui serait reproché de ne pas avoir répondu à une assignation qui lui aurait été adressée par courrier le jour même pour 20h.

« Cette répression syndicale ciblée sur un des militants les plus actifs de cette lutte n’est pas innocente, déclare le syndicat. La direction veut intimider les agents et amoindrir le mouvement. Quand ils attaquent un des nôtres, c’est nous tous qu’ils attaquent ! » Plusieurs rassemblements de soutien étaient prévus cette semaine, devant la direction générale du CHU de Bordeaux à Talence.

2 • Les Nouvelles 8 février 2018

L’intersyndicale CGT, CFDT, FO, CFTC, UFAS, CFE-CGC, UNSA, SUD, soutenue par l’ADPA, interpelle E. Macron et lui donne jusqu’au 15 février pour ouvrir des négociations, faute de quoi elles appelleront de nouveau à la grève. Déclaration du lundi 5 février 2018. « Partout en France, des dizaines de milliers de salariés, d’agents des maisons de retraite, d’EHPAD, de long séjour et de services à domicile (équipes de SSIAD, etc.) ont répondu à l’appel à la grève nationale de l’intersyndicale et de l’AD-PA, soutenues par de nombreuses associations des familles, et de retraités. Un consensus aussi large ne s’était jamais vu ! (…) Tous les professionnels quelle que soit leur catégorie sont arrivés à un point de rupture. Ils n’acceptent plus les conditions de prise en charge et d’accompagnement des résidents et de nos aînés à domicile, qu’ils qualifient d’indignes.

Il est temps que le gouvernement entende les revendications. (…) Nous avons pris connaissance de déclarations de Madame Buzyn qui visent à individualiser et à renvoyer chaque établissement ou service à domicile à une évaluation. Celle-ci existe déjà. Elle indique : « L’objectif est l’augmentation des postes pour tendre progressivement vers ce fameux ratio de un pour un, … que nous ne pouvons atteindre aujourd’hui pour des raisons structurelles et budgétaires ». C’est pourtant la revendication prioritaire de tous les agents des EHPAD et des services à domicile ! Après cette mobilisation exceptionnelle, une prise en compte politique et financière s’impose. Celle-ci implique l’ouverture de négociations sur la base des revendications portées par l’intersyndicale et les associations, avec, en préalable, l’abandon des dispositions de la réforme de la tarification baissant les dotations. Il y a en France, 7 200 EHPAD et 10 000 services à domicile, qui assurent l’accueil et l’accompagne-

ment de 1,4 million de personnes âgées. Ils emploient plus de 700 000 professionnels. L’application du ratio prévu par le plan solidarité grand âge de 2006 ainsi que l’augmentation du temps passé à domicile nécessite la création de 300 000 postes ! L’enveloppe, de 50 millions, annoncée la semaine dernière, correspond à moins d’un tiers de poste par établissement et ne couvre pas la nécessaire augmentation du temps passé à domicile ! Le compte n’y est donc pas ! Nous nous tournons, une ultime fois vers le président de la République, pour qu’il réponde maintenant à nos revendications, afin que les suppressions de postes laissent place aux recrutements nécessaires afin d’améliorer des conditions de travail et de prise en charge de nos aînés. Nous revendiquons également la réévaluation des salaires afin de compenser nos conditions de travail difficiles, (alternance postes de jour/ poste d’après midi/poste de nuit, 3 à 2 weekends par mois et les jours fériés etc.). Nous demandons que nos collègues sous contrat aidé soient embauchés définitivement après formation et intégrés sous statut (ou en CDI dans le privé). Faute d’une réponse favorable à notre demande de rendez-vous afin d’ouvrir des négociations avant le 15 février 2018, l’intersyndicale et les associations se verraient dans l’obligation de prendre leurs responsabilités et appelleraient à la grève et à la mobilisation de tous les agents du secteur concerné, et les familles pour la satisfaction des revendications. »

SAFT

Un conflit pour des « NAO » dignes

Depuis le mardi 30 janvier, date d’ouverture des Négociations annuelles obligatoires (NAO), les salariés des trois établissements de la SAFT (Bordeaux, Nersac, Poitiers), ont entamé une grève pour les salaires. Les salariés de la SAFT sont en grève pour obtenir mieux que les 1,2% d’augmentation proposés par leur direction. Pour une entreprise qui a réalisé 370 M€ de chiffre d’affaires en 2016, 21 M€ de bénéfices et distribué 1 M€ à l’actionnaire Total, la pilule était un peu amère pour les salariés. Les revendications portées par la

CGT visaient sur une enveloppe minimum de 1,7%, une prime de 500 € comme chez Total la maison mère, et la fin des coefficients plancher de 170 à Poitiers (le premier coefficient à Bordeaux et Nersac est à 190). La direction était loin du compte avec sa proposition de 1,2% et un saupoudrage de mesures au cas par cas. Les salariés qu’ont rencontré les militants communistes venus leur apporter leur soutien n’étaient pas abattus par la déclaration unilatérale de fin de négociation de la direction après qu’elle ait emporté l’accord des syndicats CFDT et CGC. Piquet de grève, feu de palettes pour

se réchauffer, musique et restauration : un mouvement loin d’être triste. D’ailleurs, le Comité d’entreprise extraordinaire convoqué ce mardi 6 février n’a pu se tenir, les grévistes ayant envahi la salle pour exiger la poursuite des négociations. À l’heure où les Nouvelles mettent sous presse, le résultat n’est pas connu. Un appel à solidarité a été lancé par l’Union Départementale CGT : dons à adresser à Syndicat CGT SAFT Bordeaux 111 Bd Alfred Daney 33074 Bordeaux. J.J.B.


ACTUALITÉ

Editorial

MOBILISATION

L’énergie converge avec le rail Les cheminots et les énergéticiens se retrouvent dans la rue le 8 février pour le service public et contre la libéralisation. Le train et l’électricité font bon ménage. Les mobilisations de leurs salariés aussi. Jeudi, ce n’est pas un, mais deux services publics qui seront dans l’action, avec des mots d’ordre semblables contre les ravages de la libéralisation. « La convergence des luttes semble être incontournable dans une période où nous constatons les mêmes attaques européennes et gouvernementales » en direction du rail et de l’énergie, constatent les fédérations CGT des cheminots et des mines et de l’énergie (FNME) dans un tract commun édité pour le 8 février. Chaque syndicat avait en effet inscrit cette date à son agenda revendicatif à partir de ses propres mots d’ordre. Du côté des salariés de l’énergie, la CGT avait décidé de se mobiliser en vue de la reprise des négociations de branche pour les mettre « sous le

contrôle des agents », comme ils l’ont fait durant plusieurs mois au second semestre 2017. « À la fin de l’année, nous avons considéré que le compte n’y était pas du côté des mesures salariales et nous avons décidé de reprendre la grève et la lutte », confirme Sébastien Menesplier, secrétaire général de la FNME-CGT. Cette reprise aura lieu le 8 février, date également choisie par les cheminots CGT pour « défendre un service public ferroviaire de qualité » face aux dangers de la libéralisation et de la concurrence. Un mot d’ordre dans lequel se reconnaissent les salariés du secteur de l’énergie, touché de plein fouet par les méfaits de la déréglementation. « Les cheminots ont raison de se mobiliser car ils vont vivre les mêmes attaques, avec les mêmes conséquences. Notre secteur a été totalement déstructuré par l’arrivée d’une multitude d’entreprises et de groupes mondialisés dont les filiales sont en concurrence les unes avec les autres. Des sites ferment et des emplois sont supprimés », constate

Sébastien Menesplier. Sans que les usagers gagnent au change, bien au contraire : « La libéralisation du marché a été vendue comme une solution à la précarité énergétique, or elle n’a fait que s’accroître, avec désormais 12 millions de personnes concernées. » Pour le secrétaire général de la FNME-CGT, il faut donc « sortir l’ énergie du marché pour penser le service public de l’électricité et du gaz du XXIe siècle ». Cela passe, selon le dirigeant syndical, par « une loi qui oblige l’ensemble des entreprises du secteur énergétique à assurer les missions de service public incluant la péréquation tarifaire et des tarifs régulés » pour les usagers et par « des garanties collectives de haut niveau pour les agents » grâce à « un statut de l’énergéticien », la maîtrise publique du secteur pouvant être « assurée par un pôle public de l’énergie ». Sébastien Crépel, l’Humanité du 7/02/2018

8 FÉVRIER

Les cheminots manifestent pour les usagers À l’appel de la CGT, rejointe localement par des organisations de Force ouvrière et même de l’Unsa, les cheminots entendent dénoncer quatre années sans augmentation générale des salaires et le projet de 2050 suppressions d’emplois inscrit au budget 2018, après les 3 191 réalisées en 2017. Quatre ans après l’échec patent de la réforme ferroviaire qui a dégradé un peu plus le service public sans le désendetter, les cheminots veulent se « réapproprier leur entreprise » et que « les comités d’usagers deviennent décisionnaires », a confié à l’Humanité Dimanche (1er février) le secrétaire général de la CGT cheminots, Laurent Brun. Interviewé par l’Humanité dimanche, le secrétaire général de la CGT cheminots, Laurent Brun, plaide pour que la satisfaction des besoins de transports des usagers devienne la règle à la SNCF. Il estime que l’État doit reprendre la dette du système ferroviaire, puisqu’elle découle de ses choix en matière d’infrastructures. Il rappelle que si Montparnasse a fait la une des médias « parce que ça touche les TGV et Paris », le réseau ferroviaire connaît régulièrement des problèmes à cause de son mauvais état, malgré les plans successifs pour essayer d’y remédier. « Le problème est qu’à chaque fois qu’on a lancé ce type de plan, explique Laurent Brun, on a rénové une infrastructure au détriment de la maintenance des autres. C’est un problème d’investissements que l’État se refuse à faire. Sur les 5,2 milliards de travaux qui doivent être réalisés cette année, l’État en finance seulement 2 milliards ».

Effectuer les travaux nécessaires tout en maintenant les circulations et en limitant les perturbations nécessite des moyens supplémentaires que, sous pression de l’État, la direction de la SNCF ne donne pas, voire supprime. D’après le responsable syndical, il aurait fallu créer 800 emplois pour faire face aux 1 900 chantiers lancés en France. La CGT revendique la résorption de l’emploi précaire via l’embauche de l’ensemble des CDD, qui représentent 2 000 équivalents temps plein. « Si l’on décide de rouvrir des gares et de remettre des contrôleurs à bord des trains, ce sont plusieurs milliers d’emplois supplémentaires qui seront nécessaires ». L’entreprise en a les moyens, il y a eu 2 milliards d’excédent en 2017. « Si l’entreprise a plusieurs fois affiché des résultats négatifs par le passé, c’est à cause de sa politique d’acquisition de filiales, de prise en charge des investissements que l’État se refuse à faire. Si l’on examine les comptes sérieusement, on s’aperçoit que les cheminots dégagent une plusvalue importante ». Dans la foulée de la loi sur les mobilités (Lomi) qui ne contient pas d’obligations de service public et d’aménagement du territoire, le gouvernement va élaborer une nouvelle loi ferroviaire. « Sous couvert de mise en oeuvre de concurrence dans le TER, il va prôner la mise en place de monopoles privés via l’attribution des conventions d’exploitation des trains régionaux à d’autres opérateurs que la SNCF, explique Laurent Brun. L’ introduction de la concurrence dans le TER aura les mêmes effets que dans le fret ferroviaire. Les opérateurs privés vont poursuivre une politique de

marge et se concentrer sur les lignes et les trains “rentables ”. Deuxièmement, au prétexte de “définir la pertinence du ferroviaire”, le rapport va justifier le repli du ferroviaire sur les grands axes et l’abandon des petites lignes, et donc de pans entiers du territoire au profit du transport routier. C’est une vision de contrôleur de gestion qui ne connaît rien au transport ferroviaire. Supprimer les petites lignes, c’est affaiblir les grandes lignes. Si un voyageur ne peut pas emprunter de transports collectifs dès le départ, il va renoncer au train au profit de la voiture ». La CGT a appelé les usagers à participer à la manifestation nationale. Un appel relayé par le Parti communiste qui, dans un tract, prévient les usagers des réels « dangers de mise à mort du service public ferroviaire ». À l’heure où la question des transports est au cœur d’enjeux essentiels – climat et environnement, santé publique, aménagement du territoire, enjeux sociaux et économiques – le Parti communiste français défend l’idée d’un « grand service public ferroviaire du XXIe siècle, au sein d’une entreprise unique et intégrée, permettant à chacune et chacun de se déplacer quel que soit son lieu de résidence sur le territoire, sa situation économique, tout en assurant des conditions de travail décentes pour les cheminot-e-s ». Le PCF demande également à l’État de « reprendre l’intégralité de la dette de la SNCF sans aucune contrepartie. Cette dette, consécutive à la création des lignes à grande vitesse imposées par l’État en 1997, est une dette d’État ». Le PCF appelle à résister et préserver le service public, « rempart » à l’heure où les inégalités se creusent : « C’est le patrimoine de ceux qui n’en n’ont pas. »

Construire les courants d’opinions pour renverser la politique des riches

Au moment de rédiger cet édito, j’ai pensé aux Kurdes, peuple qui a combattu Daesh et qui aujourd’hui reçoit les bombes de la Turquie soutenue par Macron et par l’Union européenne ; j’ai pensé à cet employé municipal, « fainéant », qui pendant 8 jours, dans un mètre d’eau avec sa barque, a porté assistance aux résident des quartiers inondés ; j’ai pensé aux aide- soignantes, infirmières qui travaillent dans les EHPAD, les hôpitaux ; j’ai pensé à Macron qui invitait à Versailles les grands patrons de la planète pour se féliciter de leur réussite… Le week-end dernier les communistes ont réuni de nombreux acteurs du mouvement social et politique sur plusieurs thèmes : l’émancipation au travail, une sécurité de l’emploi, un renouveau industriel, un service public du XXIe siècle. Ces propositions portent une alternative, des solutions. Elles sont à débattre, à mettre au cœur des luttes qui rassemblent, sans à priori, tous les citoyens qui aspirent à une autre vie. La politique de Macron est soutenue par une majorité d’élus à l’Assemblée, mais elle est rejetée par la majorité de l’opinion. Les luttes des universitaires, des étudiants, des agriculteurs, des fonctionnaires, des salariés dans l’industrie, montrent la nécessité d’associer les démarches, de construire ensemble, luttes et actes politiques face à la cohérence du projet Macron. Et cela sans nuire à l’indépendance de qui que ce soit. Le capital met sur la table, tous les jours, un recul social nouveau, avec à côté sa réponse : c’est le débat idéologique et politique. Mais chacun, même s’il n’est pas content, n’y répond pas, à priori, de la même façon. Ce n’est pas la seule « dose des inégalités » qui fait qu’il y a lutte ou pas, c’est la perspective de parvenir à faire bouger les choses qui est déterminante. Et plus que d’accepter ou pas les différences, les niveaux d’exigences, ne faut-il pas plutôt travailler à les réduire ? C’est à ce rassemblement indispensable que les communistes et leurs élus (Assemblée nationale et Sénat) continuent de travailler dans l’action de tous les jours avec tous les citoyens. Dès aujourd’hui, sans attendre, il faut certes soutenir les luttes du quotidien, aider à trouver cette cohérence nécessaire et indispensable pour à la fois développer, construire les rapports de force qui manquent aujourd’hui, construire les courants d’opinions qui pourront bousculer et renverser la politique des riches.

Pierre Vignau membre du comité exécutif du PCF 33

Les Nouvelles 8 février 2018 • 3


DE L’ÉCOLE À L’UNIVERSITÉ : LE SERVICE PUB ALERTE SOCIALE

ENSEIGNEMENT

La Gironde a besoin de moyens pour ses écoles

Comment le gouvernement organise le tri social

Alors que le recteur d’académie annonçait, fin janvier, la création en Gironde de 112 postes d’enseignants dans le premier degré (écoles maternelles et primaires) pour la prochaine rentrée scolaire, le SNUipp-FSU 33 réagissait en lançant « une alerte sociale » pour dénoncer le manque de postes en Gironde. La Gironde est sous dotée en postes d’enseignants dans le premier degré depuis des années, affirme le SNUipp. « En Gironde, explique le syndicat, les classes élémentaires à 28, les classes maternelles à 30 sont monnaie courante. La France est parmi les pays ayant le plus d’élèves par classe. Les 2 tiers des créations de postes en Gironde seront affectés au dédoublement des classes. Les 40 postes restants ne suffiront pas à accueillir les 700 élèves supplémentaires prévus et à faire baisser les effectifs ». Le SNUipp constate que ces 112 postes ne seront pas suffisants pour dédoubler tous les CP de REP*, tous les CP et CE1 de REP+. Les postes de « Plus de Maitres que de Classes » sont sacrifiés « sans qu’une évaluation sérieuse de leurs effets ait été menée, pour mettre en place un dispositif qui ne concernera au mieux qu’un tiers des élèves d’une école ». « Ce n’est pas suffisant pour faire baisser significativement le nombre d’élèves par classe ». Le SNUipp-FSU, lui, réclame un effort sur l’ensemble des classes du pays : pas plus de 25 élèves par classe et pas plus de 20 en éducation prioritaire. La dotation ne permettra pas d’amé-

liorer la scolarisation des moins de trois ans : « En Gironde, le taux de scolarisation des moins de trois ans est très en dessous de la moyenne nationale, très en dessous des objectifs académiques ». Elle ne permettra pas de réouvrir des postes dans les RASED : « Le manque d’enseignants dans les RASED est une réalité partout dans le département. La prise en charge des élèves en difficulté n’est pas adaptée. Les enseignants se retrouvent seuls dans leurs écoles. La prévention des difficultés scolaires n’est plus qu’un souvenir. Il y a urgence à ré-abonder les RASED** en ouvrant massivement des postes pour faire face aux besoins ». Le syndicat décrit également une situation du remplacement en Gironde « catastrophique ». « Le nonremplacement des enseignants absents a des conséquences pour les élèves mais aussi pour les équipes qui doivent seules gérer les conséquences de l’absence de leur collègue ». Enfin, le SNUipp pose le problème de la formation continue pour les enseignants. « La formation continue sur le temps de classe fait un timide retour en Gironde. Quelques moyens de remplacement y sont affectés. Mais cela ne concerne qu’une infime partie des enseignants girondins. Afin de permettre à tous les enseignants de profiter d’une formation continue sur leur temps de travail, il faudrait créer des postes de remplaçants-formation continue en nombre suffisant. Les créations de postes ne répondront pas à ce besoin ». * Réseau d’Éducation Prioritaire ** Réseaux d’Aides Spécialisées aux Élèves en Difficulté

COLLÈGES EN GIRONDE

Pour la rentrée 2018, le compte n’y est pas Les annonces de postes pour la rentrée 2018 n’ont pas fait sauter de joie, non plus, les enseignants des collèges et lycées en Gironde. Pour le Snes-FSU, le compte n’y est pas. Avec 103 équivalents temps plein prévus pour 2000 élèves de plus à la rentrée 2018, ce qui s’annonce, d’après le Snes-FSU, c’est : « plus d’élèves par classe, moins de dédoublement, des enseignements facultatifs non financés, plus de concurrence entre les collèges et les établissements, plus d’inégalités entre les établissements et les territoires ». Le syndicat appelait à la grève le 6 février pour alerter, aussi, sur les conséquences de ParcourSup et du projet de réforme du bac sur les conditions de travail des enseignants. Le projet de lycée modulaire présent dans le rapport Mathiot repose sur la 4 • Les Nouvelles 8 février 2018

semestrialisation des enseignements, pour le Snes, il s’agit d’une forme d’annualisation des services et le moyen d’imposer aux enseignants des heures supplémentaires « gratuites ». « Une telle transformation ne pourrait que passer par une modification de nos statuts, qui auraient donc des conséquences négatives pour tous les professeurs », en collège et lycée. Le syndicat relève « en toile de fond » du projet de réforme, la « baisse d’horaires disciplinaires et des suppressions de postes afin que l’Éducation nationale contribue à l’objectif présidentiel de 120 000 suppressions de postes de fonctionnaires sur le quinquennat ». Enfin, l’organisation dénonce l’« immense responsabilité » qui reposera sur les professeurs de 3e qui devront conseiller « au mieux » leurs élèves pour le choix de leurs parcours et leurs options, dans le cadre du lycée modulaire.

deux parcours avec des majeures sciences économiques et sociales et quatre parcours scientifiques avec des majeures maths. La seconde innovation concerne le contrôle continu en cours de formation (CCF), censé être plus équitable (et moins coûteux) que l’évaluation en fin de formation, « il fera surtout du bac un diplôme local et sa valeur dépendra de la ville ou de l’établissement dans lesquels l’élève l’aura obtenu », commente Jean-Yves Mas, professeur de sciences économiques et sociales, dans l’Humanité du 5 février. Le lycée de l’entre-soi

Avec ParcourSup qui organise la sélection à l’entrée de l’université et le rapport Mathiot qui propose une réforme du bac, c’est la logique libérale de l’individualisation du rapport au savoir et la responsabilisation renforcée des élèves dans leur parcours scolaire qui est mise à jour, en contradiction avec l’objectif de la réussite de toutes et tous. Le sous-financement de l’enseignement supérieur et le manque de places ont conduit, à la rentrée 2017, à la mise en place de tirage au sort dans les filières en tension qui ne pouvaient accueillir tous les étudiants qui en avait fait le vœu sur la plateforme APB. « Il aurait été aisé d’y mettre fin en créant les places suffisantes pour y accueillir et y faire réussir les étudiants qui le souhaitaient. Mais cela nécessite un investissement de 1 milliard d’euros par an, que ce gouvernement ne veut pas faire », explique Hervé Christofol, secrétaire général du Snesup-FSU, dans l’Humanité du 2 février. Pour Pierre Ouzoulias, sénateur PCF des Hauts-de-Seine, « le projet de loi de Mme Vidal est la première étape d’une profonde réforme libérale de l’enseignement supérieur. Jusqu’ à présent les étudiants avaient la possibilité de choisir leurs universités, demain ce sont les universités qui choisiront leurs étudiants, essentiellement sur la base de leurs résultats durant le cycle du lycée. Cette sélection sera fortement sociale ». Le groupe communiste, républicain, citoyen et écologiste (CRCE) au Sénat a d’ailleurs organisé un recours pour suspendre l’arrêté ParcourSup, pris par la ministre de l’Enseignement

supérieur avant même que la loi ne soit votée. « En plus des informations habituelles, dénonce le groupe CRCE, ce nouveau portail permet de demander aux candidat-e-s des données sur leur parcours extrascolaire (CV, activités sportives et artistiques, attestations de formations diverses, etc.). Ces ajouts substantiels modifient radicalement l’objectif du portail qui devient un outil au service des établissements supérieurs pour sélectionner les étudiant-e-s qu’ils souhaiteraient accueillir ». Une spécialisation précoce et stérile des élèves

À la demande du ministre de l’Éducation nationale qui fera connaître ses arbitrages le 15 février, Pierre Mathiot a présenté un rapport destiné à réformer le baccalauréat et le lycée. « Les solutions amenées par le gouvernement vont aggraver les inégalités territoriales et sociales, prévient Pierre Dharréville, député communiste des Bouches du Rhône. On part d’une idée généreuse de mettre fin aux filières discriminantes mais au bout du compte on va mettre en miettes l’unicité du baccalauréat ». Le rapport Mathiot introduit trois innovations majeures dans l’organisation du bac. La première concerne la fin des séries de l’enseignement général au profit de parcours composés d’un tronc commun (TC) et d’un couple de (disciplines) majeures que les élèves passeraient en évaluation terminale, au milieu du second semestre, et qui compteraient pour le bac. Il est prévu, pour les parcours de l’enseignement général, quatre parcours littéraires,

Enfin, le rapport Mathiot prévoit l’introduction d’un « grand oral interdisciplinaire » d’une demi-heure devant un jury de trois personnes (dont une ne serait pas enseignante) et qui compterait pour le bac. « Or, rappelle Jean-Yves Mas les épreuves orales avantagent souvent les élèves les plus dotés en capital culturel (facilité d’expression en public, aisance corporelle, présentation de soi valorisante). Cette épreuve devrait être introduite dès la seconde afin que les élèves aient le temps de s’y préparer sérieusement. Au final, le projet Mathiot va entraîner une spécialisation précoce et stérile des élèves et renforcer la hiérarchie des bacs. Il n’a en réalité qu’un seul but : faciliter la présélection (et non la formation) des élèves, pour l’enseignement supérieur ». « Invoquer la liberté de choix des élèves relève en fait du leurre, ajoute Claire Guéville, secrétaire nationale SnesFSU, responsable du secteur lycées. Dans les pays où cette logique modulaire de lycée à la carte est poussée au maximum, comme au Royaume-Uni, on observe au contraire le renforcement des inégalités scolaires et sociales. Autrement dit, laisser les élèves “libres” de choisir leurs disciplines, c’est en grande partie laisser des déterminismes sociaux et scolaires jouer librement sur les choix individuels ». « Ce lycée est celui de l’entre-soi, organisé pour les enfants des classes supérieures, qui, avec leurs familles, sauront construire leur parcours scolaire pour s’assurer la poursuite d’études souhaitée et valorisée », renchérit Marie Buisson, secrétaire générale de la Ferc-CGT. C.D. avec l’Humanité


BLIC POUR LA RÉUSSITE DE TOUTES ET TOUS COLLÈGE, LYCÉE, FAC, ÉLÈVES, ÉTUDIANTS, ENSEIGNANTS

Tous dans la rue ! Élèves, étudiants, enseignants de collège, de lycée et d’université, se sont retrouvés, après un premier rassemblement le 1er février, une nouvelle fois dans la rue le 6 février, à Bordeaux comme dans plusieurs villes en France pour défendre une université ouverte, pour refuser le « tri sélectif » imposé dès le lycée, pour exiger les moyens nécessaire à la réussite de tou-te-s.

Ils étaient plus nombreux, élèves, étudiants, enseignants, dans les rues de Bordeaux ce mardi que le jeudi précédent pour exprimer leur refus du « tri social ». Romain et Télémaque militants de l’UNEF en biologie et en maths participent à la mobilisation des étudiants même si ce n’est pas facile car ces derniers ne voient pas immédiatement les conséquences pour eux mêmes de ce qui se met en place. « La sélection ne va pourtant pas s’arrêter à l’entrée de la fac, précise

Romain. Si la fac considère, pendant le parcours, qu’un étudiant n’est pas suffisamment bon, elle va pouvoir lui demander de changer de filière ou même d’ établissement. Le manque de places est toujours invoqué mais la France a les moyens de financer des places, des postes d’enseignants et de faire en sorte que chacun-e puisse poursuivre les études de son choix ». « Dans le plan étudiant, ajoute Télémaque, il y a aussi la fin du rattrapage et la fin de la compensation. Il ne suffira plus d’avoir une moyenne de 10 mais il faudra avoir au moins 10 dans toutes les matières. Et ça, ça touche tous les étudiants. » Yann, du Syndicat général des lycéens est venu de Charente-Maritime avec un copain pour manifester contre la réforme dont l’objectif, pour lui, ne fait pas de doute. « Si les parents ont de l’argent et ont de quoi payer une place en école privée à leur enfants, ils pourront faire ce qu’ ils veulent, ils auront les portes ouvertes à tout. Si on vient d’un petit lycée public

L’ÉCOLE EN COMMUN :

Le projet de transformation du système éducatif du PCF Réforme du baccalauréat, sélection à l’université, baisse du nombre d’enseignants recrutés, retour aux « fondamentaux », le programme éducatif du gouvernement Macron est clair : la mise en place d’un système éducatif à deux niveaux, dans lequel seule une minorité de privilégié-e-s aura un accès réel et total au savoir.

tion. Mais sans remise en cause des dogmes libéraux de concurrence et de « réduction des coûts », notamment humains, elle restera lettre morte. Les politiques scolaires néo-libérales mises en œuvre ces dernières décennies servent de fait un système capitaliste en voie d’imposer une nouvelle division du travail conforme à ses intérêts.

Au-delà de la mise en place d’une politique d’austérité, la volonté du pouvoir en place est implacable : confisquer au plus grand nombre les clés du savoir et de l’émancipation. C’est pourquoi, il est plus que jamais nécessaire de porter les ambitions d’un système éducatif, vecteur d’émancipation et d’égalité. C’est le sens du projet de transformation du système éducatif élaboré par le Parti communiste. Le système éducatif doit donner à tou-te-s les moyens de maîtriser les choix individuels et collectifs auxquels chacun-e est confronté-e dans sa vie de personne, de citoyen-ne, de travaill-eur-se. Il ne suffit pas d’avoir plus de moyens pour faire réussir tou-te-s les élèves, mais c’est indispensable ! Ainsi, la réduction des effectifs dans les classes est un levier pour la réussite des élèves, notamment celles et ceux des catégories populaires. Les conditions matérielles de déroulement des cours doivent favoriser les apprentissages de tou-te-s les élèves. « Tous les enfants sont capables d’apprendre et de progresser », à l’initiative des parlementaires communistes, cette affirmation est maintenant inscrite dans le code de l’Éduca-

Un projet de transformation de l’école, un projet de transformation de la société

Contre le tri scolaire, le système éducatif doit avoir comme objectif non pas de former une élite de « décideurs » et des cohortes d’« exécutants » précarisés, mais bel et bien de permettre à tou-te-s d’intervenir sur le monde. L’enseignement est aujourd’hui conçu pour les élèves socialement les plus proches de la culture scolaire. Il exige en effet des enfants des prérequis qui ne sont pas enseignés et que seuls maîtrisent celles et ceux qui les ont appris dans le cadre familial. Il faut en finir avec ce délit d’initié ! Il faut construire des programmes ambitieux, outillant intellectuellement tou-te-s les élèves à égalité, sans aucun prérequis. Il faut permettre aux enseignant-e-s d’être actrices et acteurs de la nécessaire transformation de leur métier, en améliorant leur formation et en leur donnant du temps pour réfléchir sur leurs pratiques et leurs enjeux. L’école ne doit pas être différente dans les établissements populaires, mais des moyens supplémentaires matériels, humains et des outils conceptuels – pour atteindre des

objectifs communs de réussite ambitieuse pour tou-te-s – sont nécessaires. Il faut reconstruire un cadre nouveau pour assurer l’égalité de tou-te-s les élèves. Dans cette optique, tout mouvement de décentralisation des politiques éducatives doit être combattu, cela ne fait que renforcer les inégalités entre les territoires : l’égalité se construit à l’échelle nationale ! Il faut aller vers la gratuité complète de toutes les composantes de l’éducation, obligatoire ou non, sans exception aucune. Les devoirs, la restauration scolaire, les sorties, le transport, les fournitures scolaires, les manuels… ne doivent plus grever le budget des familles, ni soumettre l’école à des intérêts privés marchands ou confessionnels. Un projet qui demande du temps

Apprendre demande du temps. Les élèves ont besoin de plus de temps pour surmonter les difficultés constitutives de tout apprentissage… Les enseignants aussi ont besoin de plus de temps pour faire leur métier, pour se former, pour partager leurs expériences professionnelles. Plus d’école, cela permettrait à tous les enfants d’entrer dans les apprentissages scolaires et de s’approprier des savoirs émancipateurs. Mais aussi mieux d’école : c’est allonger le temps scolaire pour permettre de varier les pratiques et d’améliorer la cohérence des apprentissages, de la maternelle au lycée. MC Gonzalez, co-animatrice de la commission École du PCF 33

et qu’on n’a pas de super notes, on ne pourra pas entrer là où on veut. Il n’y aura plus du tout d’égalité. C’est pas ce que le gouvernement dit mais c’est ce qu’il met en place en réorganisant les matières. Ils vont trier les gens selon leurs revenus. » C’est un peu vite dit, mais l’enjeu est bien soulevé. « L’élévation du niveau de connaissance est un enjeu de société et d’égalité, rappelle Alain De Carlo du SNEP (éducation physique) FSU Bordeaux. La sélection est une résignation à élever le niveau de connaissance de tous, c’est inacceptable et cela accentuera les inégalités sociales. Il faut démocratiser l’enseignement supérieur et permettre à chaque jeune d’acquérir les savoirs nécessaires tout au long de sa scolarité pour préparer les études supérieures: notre pays en a largement les moyens, mais la dépense intérieure d’éducation a baissé de 1 point de PIB entre 1995 et 2017 (de 7,7 % à 6,6 %) ! Il faut

un réel service public de l’enseignement supérieur pour permettre à tous les jeunes d’apprendre, d’acquérir des qualifications et de s’émanciper. Et pour cela, construire des infrastructures universitaires et créer des postes pour répondre aux besoins ». Les organisations FSU, FNEC FPFO, FERC CGT, Sud Éducation, SGL, Solidaires étudiant-e-s, UNEF, UNL, UNL-SD, ASES et SLU qui appelaient à cette journée de mobilisation du 6 février, en plus des moyens nécessaires à une orientation choisie, construite et accompagnée, au maintien, du baccalauréat comme diplôme national et 1er grade universitaire, l’ouverture de places massive en 1er cycle universitaire, demandent l’abandon du projet de loi sur le 1er cycle post-bac et du plan « étudiants » qui l’accompagne. C.D.

RYTHMES SCOLAIRES

Une réforme faite et défaite à la calculette Une à une, les communes de la Gironde font part de leur choix quand au maintien ou non de la semaine de 4,5 jours. Pour l’essentiel, ce rythme ne tiendra pas plus d’une année supplémentaire. Au mépris sûrement d’une vraie réflexion sur les temps nécessaires à l’apprentissage. Depuis 4 mois maintenant, c’est le même processus, ou presque, dans chaque ville. D’abord, le maire qui lance une concertation, un questionnaire, plus ou moins orienté, plus ou moins bien fait. À Mérignac, on interroge ainsi les parents d’élèves sur le bilan qu’ils font des temps d’activités périscolaires (TAP) mis en place grâce à la réforme. L’avis des parents est plutôt positif mais le questionnaire vite contesté par une partie de ceuxci, ceux qui veulent « récupérer leurs enfants le mercredi ». À Bordeaux, la question de la qualité des TAP n’est pas un enjeu du questionnaire proposé aux parents, sinon pour leur demander s’ils seraient « prêts à payer » pour que leurs enfants continuent d’en bénéficier… Dans d’autres villes, 1/3 des villes françaises selon le chiffre en circulation, ces questions ne se posaient même pas puisque, sur la demande des municipalités, l’école n’ouvrait déjà plus ses portes que 4 jours par semaine. C’était le cas de la ville du Bouscat où le maire avait mis en avant les 400 000 euros annuels que lui coutait la réforme Peillon et avait donc mis fin à l’expérience. Dans les autres villes, une fois le questionnaire décortiqué, la plupart des communes ont fait appel aux conseils d’écoles puis le maire a fait part de son avis à l’inspection académique. Sachant les enseignants assez majoritairement opposés à la semaine des 4,5 jours et calculant les coûts

induits par un désengagement affirmé de l’Etat, le choix des maires est assez vite fait… « On nous a refilé la patate chaude », affirmait un maire socialiste de la rive droite, très remonté : « cette réforme, c’est du grand n’importe quoi ; on nous demande de faire des choix qui ne relèvent pas de notre compétence et de le faire sans aucun moyen pérenne ! » À Lormont, le conseiller municipal communiste Jean-Claude Feugas résumait ainsi la situation : « sous couvert de liberté de choix des communes, Macron a remis en cause le cadre instauré par le décret Peillon. Or, cette soi-disant liberté organise de fait le dysfonctionnement de l’école publique et engendre le risque d’éclatement du cadre national de l’école primaire. » Et, de fait, l’élu communiste s’exprime depuis une ville où le classement réseau d’éducation prioritaire (REP+) a dégagé les moyens financiers nécessaires à la mise en place d’un calendrier scolaire véritablement épanouissant. C’était loin d’être le cas dans toutes les communes, et en particulier dans les communes rurales. Résultat : c’est déjà la réforme Peillon qui détruisait l’égalité territoriale ; le gouvernement Macron a achevé l’ouvrage. Entre les deux, toutes les bonnes intentions sur le respect du rythme d’apprentissage des enfants auront été passées aux oubliettes. Les débats pourront donc se poursuivre sur l’inadaptation d’un calendrier bien trop chargé pour les jeunes enfants. Une chose est sûre, tous les chronobiologistes confirmeront sûrement ce constat fait par la fédération girondine de la FCPE : « Les pays qui ont de bons résultats en matière d’éducation ne sont pas ceux qui remettent tout en cause sans se laisser le temps de l’évaluation » ! VB. Les Nouvelles 8 février 2018 • 5


INTERNATIONAL CONTRE LA GUERRE

Stop Ergogan ! Ci-dessous la chronique de Francis Wurtz* dans l’Humanité dimanche du 1er février. « La première chose à rappeler à propos de l’offensive militaire turque contre la région de Syrie tenue par les Kurdes, c’est qu’il s’agit d’une “violation flagrante des principes du droit international” et d’un “acte d’agression pour lequel Erdogan et d’autres fonctionnaires de l’État (turc) devraient être tenus pénalement responsables” (1). Circonstance aggravante, elle n’est pas le résultat d’une crise conjoncturelle, mais s’inscrit dans un projet stratégique affirmé du président turc : empêcher à tout prix, dans cette région kurde du nord de la Syrie, la jonction de l’enclave d’Afrine (500 000 civils dont un grand nombre de réfugiés d’autres régions syriennes) avec les deux autres districts peuplés majoritairement de Kurdes, Kobané et Kameshli. L’émergence d’une entité autonome gérée par les Kurdes du parti PYD, proche du PKK, à proximité de la Turquie est le cauchemar d’Erdogan. Ces combattants que les États-Unis eux-mêmes considèrent être le meil-

leur rempart contre les “djihadistes” de Daech, au point de vouloir les intégrer dans une force de 30 000 hommes chargés d’empêcher le retour de l’“État islamique”, le dictateur d’Ankara n’y voit qu’une “armée de terroristes” qu’il s’est juré de “tuer dans l’œuf”. En outre, tout opposant à cette guerre en Turquie même subira le même sort : “Nous écraserons quiconque se dressera contre nous dans cette lutte nationale”, avait prévenu Erdogan ! De fait, nombre de “traîtres à la patrie” sont arrêtés, tandis que des “recommandations” sont transmises à la presse pour qu’elle livre à l’opinion un “journalisme patriotique”… Un vent de folie ultranationaliste et militariste souffle sur tout le pays. Mais le maître d’Ankara ne limite pas ses menaces à ses compatriotes : “Si la France ou un autre pays porte l’affaire devant le Conseil de sécurité de l’ONU, la Turquie considérera qu’elle prend parti pour une organisation terroriste et agira en conséquence”, a-t-il froidement asséné à l’adresse de la communauté internationale, pourtant, à ce jour, fort mesurée dans ses critiques. Ajoutons que cette aventure sanglante, non seulement perturbe la

poursuite des combats anti-Daech en Syrie, les Kurdes défendant désormais prioritairement leur propre territoire contre l’armée turque et ses supplétifs, mais risque de compromettre les tentatives de négociations (dites d’Astana) en vue d’une transition politique entre Damas, les rebelles et les puissances engagées dans la tragédie syrienne. “Des zones de désescalade redeviennent des zones de conflit. Donc, naturellement, cela pose un problème au processus d’Astana”, affirme le général Trinquand, ancien chef de mission militaire de la délégation française à l’ONU. Un dernier rappel s’impose : la France et l’Allemagne comptent parmi les pourvoyeurs d’armes du sinistre promoteur de l’opération “Rameau d’olivier” ! Comme l’a souligné, non sans courage, un quotidien turc : pour les Occidentaux, “les armes et l’argent sont prioritaires. Si l’on rappelle des principes politiques du bout des lèvres, c’est uniquement pour sauver les apparences” (2). Assez d’hypocrisie ! Stop Erdogan ! » * Député honoraire du Parlement européen. (1) : Déclaration de l’Association internationale des juristes démocrates. (2) : « Hürriyet Daily News » le 8 janvier.

De multiples rassemblements ont dénoncé, ce week-end, en France et en Allemagne, l’agression militaire d’Erdogan et un silence européen « qui tue ». À Strasbourg, quelque 7 000 personnes se sont rassemblées dans les rues de la ville pour rejoindre le bâtiment du Conseil de l’Europe, dénonçant la guerre. À côté d’organisations kurdes, proches des forces de libération des YPG (Unités de protection du peuple) qui ont mené dans le nord de la Syrie le combat en pre-

mière ligne contre l’« État islamique », des associations comme la Confédération des Alevis d’Europe, minorité qui subit également la répression d’Ankara, étaient à l’origine de ces initiatives. En Allemagne, parmi l’importante communauté immigrée originaire de la région, des dizaines de démocrates turcs fustigeant « les exactions d’Erdogan » se sont joints aux manifestants d’origine kurde ou alévie dans plusieurs villes comme Hambourg, Hanovre, Göttingen ou Oldenburg.

SOLIDARITÉ INTERNATIONALE

LIBRE-ÉCHANGE

Aucun enfant ne peut être emprisonné pour délit d’opinion

L’élevage sacrifié sur l’autel du Mercosur

Appel aux élu-e-s de la République française, texte collectif (voir les signataires sur lhumanite.fr) (…) La Convention internationale des droits de l’enfant indique (article 13) : « L’enfant a droit à la liberté d’expression. Ce droit comprend la liberté de rechercher, de recevoir et de répandre des informations et des idées de toute espèce, sans considération de frontières, sous une forme orale, écrite, imprimée ou artistique, ou par tout autre moyen du choix de l’enfant. » La Convention internationale des droits de l’enfant (article 16) indique : « Nul enfant ne fera l’objet d’immixtions arbitraires ou illégales dans sa vie privée, sa famille, son domicile ou sa correspondance, ni d’atteintes illégales à son honneur et à sa réputation. » La Convention internationale des droits de l’enfant (article 38) oblige les États signataires à prendre toutes les mesures possibles dans la pratique pour que les enfants qui sont touchés par un conflit armé bénéficient d’une protection et de soins. Ahed Tamimi, jeune Palestinienne, arrêtée par des militaires israéliens à l’âge de 16 ans, doit être immédiatement libérée. Les chefs d’inculpation requis contre Ahed Tamimi par un tribunal militaire israélien concernent une intrusion de soldats israéliens dans la cour de sa maison, à Nabi Saleh, au nord de Ramallah, village de 600 habitants, le vendredi 15 décembre 6 • Les Nouvelles 8 février 2018

dernier. Depuis l’été 2008, le captage de sources d’eau du village de Nabi Saleh a été détourné au profit de la colonie israélienne de Halamish (1 328 habitants), établie depuis 1977 sur des terres palestiniennes privées. Depuis 2008, une marche pacifique est instaurée tous les vendredis pour dénoncer cette occupation. Ahed Tamimi s’exprime et use de son droit, contre l’occupation de son pays, de son village, et contre la violence des soldats israéliens. Elle a pris la défense de son frère cadet quand il a été saisi par un soldat d’occupation au cours de protestations contre la confiscation de terres. Ahed Tamimi a témoigné au niveau international, en Turquie, en Afrique du Sud et au Parlement européen lors d’une conférence sur le rôle des femmes dans la résistance palestinienne ; à cette occasion elle s’est entretenue avec de nombreuses personnalités. (…) Aucun-e enfant ne doit être emprisonné-e pour délit d’opinion. Ahed Tamimi doit être libérée immédiatement. La France, initiatrice de la Convention internationale des droits de l’enfant, la France, pays de Gavroche, ne peut être silencieuse. C’est pourquoi nous sollicitons votre engagement pour demander la libération immédiate et sans condition de l’enfant palestinienne Ahed Tamimi et la libération de tous-tes les autres enfants condamné-e-s pour les mêmes raisons.

Dans le cadre d’un accord signé avec le Brésil et l’Argentine, l’Europe s’apprête à brader sa filière élevage au bénéfice de ses exportations industrielles. Dix-huit ans que les négociations traînaient, et les voilà en passe de s’achever dans la précipitation. Alors que l’Europe et les géants sud-américains du Mercosur s’affichent sur le point de finaliser un accord commercial monumental, les éleveurs français alertent quant à l’impact que cela aura sur leur filière. Il faut dire que les discussions ont donné lieu, la semaine dernière, à un rebondissement détonant : les objectifs d’importation de viande de bœuf libre de droit en Europe pourraient augmenter de près de 40 %. Retour sur cette histoire. Des importations revues à la hausse

Enclenchée dès 1999, abandonnée en 2004, puis officiellement relancée en 2016, l’idée d’un accord commercial entre l’Europe et le Marché commun du Sud – dit Mercosur – inquiète depuis longtemps les producteurs européens. Avec le Brésil, l’Argentine, le Paraguay et l’Uruguay pour principaux piliers, le Mercosur rassemble quelques-unes des plus grandes puissances agricoles mondiales. Déjà, il exporte près de 250 000 tonnes de bœuf vers l’Europe (soit 75 % des importations totales de l’Union européenne). Dans le cadre de ce nouvel accord, le Mercosur revendique un quota de 100 000 tonnes supplémen-

taires, entièrement détaxées. L’Union européenne avait fini par fixer la limite à 70 000 tonnes, ce qui, déjà, passait mal, singulièrement chez les éleveurs français. En octobre, Emmanuel Macron avait dit les comprendre et être favorable à ne pas précipiter une éventuelle signature de l’accord. Le 26 janvier, cependant, à l’occasion de la visite du président argentin, le chef de l’État français changeait radicalement de ton, estimant « pertinent d’essayer de finaliser rapidement » l’accord entre les deux parties. Mais l’ultime rebondissement est tombé le 30 janvier : selon plusieurs sources, la Commission européenne aurait fait une ultime offre d’importation de 99 000 tonnes de bœuf autorisé à entrer sur le sol européen sans aucun droit de douane. Ce que l’europe attend en échange

« Trahison ! », « colère ! », « irresponsabilité ! » : redoutant les effets d’une telle concurrence, la filière bovine française n’a pas manqué de réagir. D’autant qu’elle se sent déjà menacée par l’accord de libre-échange signé avec le Canada (le Ceta), lequel prévoit l’importation détaxée de plus de 60 000 tonnes de viande de bœuf. D’autant, aussi, que l’année 2017 l’a vue essuyer une nouvelle baisse de prix, celui du kilo de viande s’affichant environ 1 euro/kg, en dessous de son coût de production. Elle ne serait pas seule fragilisée par ce nouvel accord. La filière volailles a également de quoi s’inquiéter, quand les nouveaux contingents d’importations à droits nuls pour la volaille de chair pourraient s’élever à 90 000 tonnes

supplémentaires. En échange, l’Europe espère voir ses secteurs clés de l’export – à savoir ceux de l’automobile et des pièces détachées, de la chimie, de la pharmacie ou encore des cosmétiques – accéder, sans frais de douane, au Mercosur, l’une des zones économiques les plus protectrices au monde. La perspective est juteuse : pour ces exportateurs, une telle détaxe générerait un gain de 4 milliards d’euros. Pour comparaison, celui estimé avec le Ceta n’est « que » de 500 millions. Paysannerie et climat en danger

Au sacrifice de quoi tout cela ? De « l’agriculture paysanne, locale, de taille humaine et respectueuse de l’environnement », dénonce, comme beaucoup d’acteurs, Patrick Le Hyaric, député européen du groupe GUE/NGL. C’est elle que l’« on va sacrifier pour lier notre alimentation aux chaînes de production mondialisées de l’agrobusiness ! ». Au sacrifice, aussi, de la biodiversité et du climat, relève pour sa part Attac. « L’élevage de bétail et l’expansion du soja menacent l’Amazonie, le Cerrado et la région du Chaco, trois écosystèmes naturels très importants en Amérique latine », rappelle l’organisation. Ils « sont responsables de 80 % de la déforestation au Brésil entre 1990 et 2005 ». Laquelle déforestation n’est pas pour rien dans la hausse de 8,9 % des émissions de gaz à effet de serre enregistrées en 2016 par le Brésil. Marie-Noëlle Bertrand, l’Humanité du 5/02/2018


PCF APPEL DES ÉTATS GÉNÉRAUX DU 3 FÉVRIER

FÉDÉRATION

Poursuivons nos combats pour le progrès social !

Les rendez-vous de l’Espace livres Depuis le 1er Février les rendez-vous de l’Espace livres ont repris : chaque Jeudi de 16h à 19h à la Fédération (15 rue Furtado à Bordeaux). Vous y sera proposé, en plus du petit stock divers et varié, quelques ouvrages : • petits romans, albums, documentaires, des auteurs rencontrés au Festival de littérature de Jeunesse de Saint-Orens, fin Janvier. • Mais aussi pour les « grands » quelques nouveautés : Macron, entreprise de démolition, de O.Dartigolles ; Couleurs de l’incendie, dernier roman de Pierre Lemaitre ; Evangelia, de David Toscana. Dans le domaine environnemental, vous sont proposé des ouvrages en lien avec la rencontre de St Symphorien sur le thème « Produits phytosanitaires, agriculture : l’urgence de changer de modèle ».

CALENDRIER

Réunion des commissions Dans les locaux de la fédération, 15 rue Furtado à Bordeaux Santé : mardi 13 février à 18h

Les États généraux du progrès social organisés le 3 février par le Parti communiste français ont constitué un rendez-vous national important dans la riposte à la politique d’Emmanuel Macron, un lieu de convergence de militant-e-s politiques, syndicaux et associatifs, de citoyen-ne-s engagé-e-s dans des luttes et des projets qui portent l’ambition d’un nouveau progrès social pour la France. Plus de 1000 personnes ont participé à ce rendez-vous dont 11 girondins. Des syndicalistes en lutte, dans les hôpitaux et les Ehpad, dans l’enseignement, dans l’industrie, des militants pour le droit au logement, à la mobilité, pour l’accueil des migrants, des élus, des salariés, des jeunes opposés à la sélection à l’université, tous ont fustigé la politique du gouvernement – qui fractionne la société encore plus – et appellent au développement et à la convergence des luttes. Texte de l’appel

« Nous appelons nos concitoyen-ne-s, les forces de gauche, politiques, syndicales, associatives à agir ensemble et à amplifier ce message dans les mois qui viennent, en développant dans tout le pays des fronts de luttes et de progrès pour la France : pour une sécurisation de l’emploi et de la formation qui donne un coup d’arrêt aux suppressions de milliers d’emplois dans le pays et oppose à la précarité, à la souffrance au travail, au contrôle accru des chômeurs, au manque de formation, le droit à un travail émancipé, à une rémunération à la hauteur de sa qualification, à une protection sociale pour tous les travailleurs-euses. Amplifions la mobilisation pour l’égalité professionnelle. Participons aux mobilisations en cours notamment celle des salariés de Carrefour du 5 au 10 février. - Pour les droits des femmes, l’heure est à donner un prolongement au mouvement de libération de la parole des femmes pour mettre fin aux violences faîtes aux femmes dans les foyers, les lieux de travail et l’espace public, pour le partage des pouvoirs, pour l’éducation à l’égalité de la

crèche à l’université, pour l’égalité professionnelle, la revalorisation des métiers dit féminisés et le droit à disposer de son corps. - Pour un accueil digne des migrants à l’opposé du projet asile-immigration du gouvernement qui sera une des lois les plus répressives que le pays ait connu. Avec les associations, nous demandons l’accueil inconditionnel, l’ouverture de nouvelles places d’hébergement pour le garantir, le droit au travail pour tous les migrant-e-s, l’abrogation du délit de solidarité. - Pour une nouvelle industrialisation de la France pour répondre aux besoins du pays, aux exigences sociales et écologiques. Mobilisons-nous pour stopper la vente de fleurons de notre industrie comme Alstom et pour développer une stratégie industrielle avec les travailleurs-euses et les habitant-e-s des territoires concernés. Il n’y aura pas de grandes réponses aux défis du siècle sans reconquête industrielle et relocalisation des productions. - Pour un service public et une protection sociale du XXIe siècle : pour une politique de santé publique qui donne les moyens aux personnels de l’hôpital public et des Ehpad de remplir leurs missions, pour le droit à la retraite et pour le 100 % sécurité sociale à l’opposé des attaques actuelles contre son financement. Participons aux mobilisations des prochaines semaines, aux côtés des retraités et des personnels des Ehpad le 15 mars, soutenons le tour de France des parlementaires communistes qui vont à la rencontre des soignant-e-s et le 23 juin prochain soyons au rendez-vous à Paris pour la défense des hôpitaux de proximité ; pour une école et un enseignement supérieur de l’égalité, démocratisée, pour le partage des savoirs et le développement de la recherche à l’opposé du dispositif “Parcours sup” et de la réforme du lycée. Participons à la prochaine journée d’action intersyndicale du 6 février. Mobilisonsnous également le 8 février avec les cheminots pour un service public ferroviaire de qualité et avec les travailleurs-euses de tous les secteurs qui ont rejoint cette date de mobilisation. - Pour le droit au logement pour tous et toutes, le logement comme un bien public cogéré avec les habitant-e-s au

plus près des territoires, grâce à un service public national du logement, à l’opposé de la politique actuelle de baisse de l’APL et de casse du logement social. Participons à la journée de mobilisation du 24 mars à l’appel de la CNL. - Pour la défense de nos communes et de nos départements et un plan d’urgence pour les territoires les plus fragiles de nos villes et de nos campagnes : participons à la journée de mobilisation du 7 février contre la disparition des départements ; soyons nombreux le 18 mars prochain pour défendre la commune, maillon essentiel de la vie démocratique ; poursuivons la mobilisation engagée avec les états généraux de la politique de la ville initiée par Grigny ; et encourageons la “marche vers l’Élysée” samedi 9 juin prochain, initiée par les élu-e-s communistes des Hauts de France pour porter les cahiers des colères et des espoirs de toute une région et dire “arrêtez l’austérité et les vieilles recettes libérales, nous voulons du neuf !”, prendre le pouvoir sur la Finance et mettre l’humain au cœur de tous les choix. Toutes ces mobilisations portent en elles un avenir de progrès pour notre pays. De nouvelles victoires sont possibles en les amplifiant. Toutes portent en commun une nouvelle utilisation de l’argent, le recul du coût du capital, des dividendes versés aux actionnaires et des intérêts payés aux banques, pour réorienter le crédit vers la réponse aux besoins sociaux et écologiques. Toutes portent en commun la nécessité de nouveaux droits pour les salarié-e-s : le refus de la toute-puissance patronale et la nécessité d’un travail émancipé, la reconnaissance de l’expertise des travailleurs-euses, de leur qualification, de leur droit à peser sur les choix des entreprises jusqu’aux choix stratégiques. Toutes portent en commun la nécessité d’un changement des institutions européennes et mondiales pour les réorienter au service de l’intérêt général et de la protection de la planète. Chacune et chacun d’entre-nous peut agir pour faire grandir cette alternative. Ensemble, construisons un nouveau progrès social pour la France ! »

Pour discuter de la situation en milieu hospitalier, du soutien aux luttes et de l’apport du PCF sur ces questions? Droits des femmes : jeudi 15 février de 19h à 21h Pour échanger sur les enjeux liés à l’égalité femmes-hommes et la place que doit prendre le PCF dans cette lutte, évoquer l’action des communistes au sein du collectif bordelais pour les droits des femmes et les initiatives à mener par le PCF33 dans le cadre de la journée internationale des droits des femmes, le 8 mars prochain. Entreprise : mercredi 21 Février à 18h30 Pour relancer un travail d’intervention et d’activité des communistes en entreprise.

LIVRE : PRÉSENTATION ET DÉDICACE

Macron, entreprise de démolition par Olivier Dartigolles À l’initiative de l’ADECR33 (association des élus communistes et républicains), avec le concours de la fédération du PCF, Olivier Dartigolles, porte-parole national du Parti communiste français et conseiller municipal de Pau, viendra présenter et dédicacer son livre, Macron, entreprise de démolition, forces, failles et supercheries : jeudi 15 février de 17h30 à 18h30 à la librairie Georges de Talence (300 cours de la Libération) à 19h30, salle Ermitage-Compostelle, rue Bertand Hauret, Le Bouscat.

COGITATIONS MILITANTES

Actualités de la lutte des classes en France Jeudi 1er mars, de 18h30 à 21h30, 15 rue Furtado à Bordeaux « Les cogitations » ça continue, avec la grande question des classes sociales et la participation de Fanny Chartier, coordinatrice de la revue Progressistes. Quelles sont les classes aujourd’hui ? Peuple/classes où est la pertinence politique? Quelle forme prend la lutte des classes ?

SOUSCRIPTION

ILS ONT DONNÉ 450 euros : Section PCF Mérignac, M. WROBLEWSKI Vincent, M. BLONDEAU Achile Tout versement par chèque ouvre droit à une réduction fiscale de 66% du montant versé. (chèque à l’ordre de ADF PCF 33). Les ressources financières du Parti communiste sont transparentes. Votre don, aussi modeste soitil, contribuera effica- cement à la démocratie, à l’expression et la prise d’initiative du Parti communiste. Cet ensemble sont les éléments majeurs pour continuer notre combat dans l’ambition d’une gauche forte et alternative. La fédération de la Gironde du PCF, lance une souscription afin de mener nos prochaines échéances politiques, notre objectif est de 70 000 euros.

Les Nouvelles 8 février 2018 • 7


CULTURE & SOLIDARITÉ

NOUVELLES IDÉES REÇUES

BORDEAUX

par Gérard Loustalet Sens

Erdogan massacre, les kurdes résistent !

Le « peuple » contre les classes populaires

« Stop au génocide Kurde ! » « Sauver la ville d’Efrin en Syrie ! » « Vive la résistance d’Efrin, Erdogan assassin ! » Scandés ou écrits, ces mots traduisaient la colère et la détermination de la communauté kurde qui, samedi dernier, a manifesté dans les rue de Bordeaux sous une pluie battante. Enfants, femmes et hommes, ils étaient entre trois et quatre cent pour soutenir leurs frères d’Afrin, victimes des bombes d’Erdogan qui ravagent la ville. Les Kurdes bordelais dénoncent les attaques turques commises depuis 15 jours dans le canton d’Afrin, au nord de la Syrie, et appellent la communauté internationale à prendre des mesures concrètes pour se faire entendre de la Turquie. (lire p.6) COLLECTIF SOLIDARITÉ AL QARARA

Rencontre avec Colette Berthes, romancière Le Collectif solidarité Al Qarara organise, comme chaque année, une rencontre pour parler de la Palestine et des palestiniens, pour qu’on n’oublie pas leurs droits et surtout l’impérieuse nécessité d’une paix bien que certains fassent tout pour l’éloigner encore ! Colette Berthes, romancière, militante des droits de l’homme et des peuples, femme engagée dans son époque, est l’invitée du Collectif solidarité Al Qarara pour deux rencontres qui auront lieu : - le vendredi 16 février 2018 à 18h30 au Restaurant Scolaire de Saint-

Pierre-d’Aurillac ; - le samedi 17 février 2018 de 9h30 à 12h30 à la librairie presse Le Mascaret de Cadillac. L’auteure dédicacera, à cette occasion, plusieurs de ses livres parmi lesquels « La petite fille aux ballons ». Dans ce roman de fiction, Colette Berthes décrit l’histoire de Leïla, une mère palestinienne qui cherche à comprendre comment sa fille avocate a décidé de mener une opération suicide à Jérusalem. En choisissant de dévoiler en profondeur et au quotidien l’histoire de la Palestine à travers un roman, elle choisit aussi le parti pris de traiter de manière originale l’actualité vue et vécue au quotidien par des gens

ordinaires. Colette Berthes partage son temps entre le Tarn et Garonne et le MoyenOrient où elle séjourne fréquemment à Hébron. C’est une femme engagée dans son époque, militante des droits de l’homme, tant aux côtés des réfugiés qu’auprès des condamnés à mort aux USA. À l’occasion de ces rencontres, le Collectif solidarité Al Qarara présentera également en arabe et en français quelques textes du livret de contes et poèmes qu’elle vient de traduire et d’autoéditer : « Gaza ça conte pour nous », poèmes d’Ibrahim Kashan, traduits par Samia Mallié et adaptés par Michel Hilaire. SPF BÈGLES

Thé dansant Le comité de Bègles du Secours Populaire organise, le 11 février 2018, salle Delteil (11 rue du 11 Novembre à Bègles), un Thé Dansant spécial Don’Actions. Ouverture des portes à 13h30. Entrée 10€ avec un ticket Don’Actions offert. Petite restauration sur place (pâtisserie, café, boissons). Réservation au 06 76 28 80 94 SPF PAUILLAC

Soirée concert Les Nouvelles de Bordeaux et du Sud-Ouest S.A.S. au capital de 37 000 euros Associés (à parts égales) : L. Chollon, F. Mellier, S. Laborde, M. Lavallée Directeur de la publication : Frédéric Mellier Abonnement 1 an : 25 euros. Abonnement de soutien : 40 euros Rédaction, composition, impression : S.A.S. Les Nouvelles de Bordeaux et du Sud-Ouest 15, rue Furtado - 33800 BORDEAUX Tél. 05 56 91 45 06 - Fax 05 56 92 61 01 - Annonces légales : annonces@nbso.fr Comptabilité : compta@nbso.fr - Redaction/Proposition d’article : redaction@nbso.fr @nvlbx Les nouvelles de bordeaux nbso.fr Commission paritaire de presse : 0123 C 85932

8 • Les Nouvelles 8 février 2018

CHRONIQUE

Le Secours populaire comité de Pauillac organise une soirée spectacle le samedi 17 février 2018, à 20h à la salle des fêtes de Pauillac, avec fanfare, harmonie, danse, chorale. L’entrée est de 3 tickets Don’Actions qui vous permettront de participer au tirage local, départemental et national en participant à une action de solidarité.

Dans l’opposition élémentaire oligarchie/peuple, nous avons vu les insuffisances de la notion d’oligarchie. Restent les incertitudes de la notion de peuple. Celle-ci est une catégorie politique et comme toutes les catégories politiques elle est le produit d’une construction historico-sociale. Dans ces conditions, elle ne peut être univoque. Alain Badiou, par exemple, distingue quatre sens du mot « peuple ». Deux négatifs : le premier fondé sur une identité fermée de type racial ou national, le second sur la moyennisation conformiste d’une population « libre de consommer les vains produits dont le Capital la gave»; deux positifs: le premier constitué dans les luttes de libération anticoloniales et antiimpérialistes, le second comme rendu à sa plénitude par le dépérissement de l’Etat sous « les espèces des politiques communistes » (« Vingt-quatre notes sur les usages du mot peuple » dans Qu’est-ce qu’un peuple, Collectif, La Fabrique, 2013 pp.20-21). On rejoint ici le principe même du Contrat social (1762) de J.J. Rousseau : la souveraineté du peuple qui est l’exercice de la volonté générale est inaliénable, « si le peuple promet simplement d’obéir, il perd sa qualité de peuple » (Du contrat social, Editions sociales, 1968, p. 79). La souveraineté populaire ne peut donc ni être remise à un maître ni déléguée à des représentants. L’idéologie dominante a toujours défini le peuple négativement par rapport à de supposées élites. En 1690, le Dictionnaire de Furetière, rival de celui de l’Académie française, considère que le peuple se dit « plus particulièrement par opposition à ceux qui sont nobles, riches ou éclairés » (cité par Deborah Cohen, La nature du peuple, Champ Vallon, 2010, p.23). En 1755, un certain abbé Coyer concède que le peuple est bien « composé d’hommes » (au sens générique du terme. GLS) « mais il est à propos qu’il l’ignore toujours, et je ne le dis qu’aux riches, aux grands et aux ministres qui pourront comme auparavant abuser de l’ignorance du peuple » (idem, p.413). Après 1789 et sa reprise en main par la bourgeoisie, il faut attendre le XIXème siècle pour que les théoriciens du socialisme refondent le peuple à partir et autour de la classe ouvrière en s’appuyant sur la réalité déshumanisante de l’exploitation capitaliste. C’est ainsi que ce n’est pas la théorie marxiste qui a « déclaré » la lutte des classes mais la lutte des classes qui a généré la théorie marxiste. Les possédants avaient déjà élaboré, contre Rousseau mais avec Montesquieu, leur propre pensée politique, le libéralisme, conçu explicitement -tout en proclamant son universalité- pour confisquer, détourner et, au besoin, réprimer l’expression de la souveraineté populaire. Avec Chantal Mouffe -référence à la mode pour une partie de la gauche dite radicale-, on assiste à une incroyable régression théorique. À partir de la « population » comme « entité empirique » et du « social » comme « espace discursif », le peuple n’est plus conçu que comme un « discours », une spéculation intellectuelle où l’oppression et les luttes ne sont vues qu’avec le détachement qui sied au penseur. Comme dans un univers platonicien où il y aurait quelque part une idée de « peuple » que le philosophe a pour mission de révéler aux yeux des masses éblouies ! A l’inverse, ainsi que le remarque Guillaume Roubaud-Quashie, « chez Marx, ce n’est pas le verbe qui permet de passer d’un prolétariat en soi à un prolétariat pour soi, c’est par les luttes et les relations dialectiques que le prolétariat entretient avec les autres classes qu’il prend conscience de lui-même » (entretien sur le site Le Vent se lève, « Le populisme fleurit là où on masque la lutte des classes »). Certes, Guillaume Roubaud-Quashie convient, dans Cause commune, que la conscience de classe, ne coule pas de source et l’action collective en ce jour piétine mais le combat des classes populaires pour leur émancipation est une longue suite de victoires et de défaites provisoires (voir Michelle Zancarini-Fournel, Les luttes et les rêves. Histoire populaire de la France de 1685 à nos jours, Zones, 2016). On peut s’étonner alors de l’étrange obstination consistant à rejeter la notion de classe au profit de celle de peuple. Ne s’agirait-il pas d’écarter les classes populaires du rôle dirigeant dans la lutte contre le capital et cela au profit de la petite bourgeoisie intellectuelle, fraction de classe choyée par le mélenchonisme mais qui a du mal à dissimuler son mépris de classe à voir comme elle aime rire, ainsi que l’a bien remarqué Jean-Claude Michéa, des beaufs, Deschiens, Bidochons et autre Dupont-Lajoie, caricatures grossières des classes populaires ?


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