Nouvelles N° 2245

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Jeudi 8 mars 2018 - N° 2245 - Hebdomadaire - 15, rue Furtado - 33800 BORDEAUX - Prix : 0,80 euro

8 MARS, JOURNÉE INTERNATIONALE POUR LES DROITS DES FEMMES

POUR L’ÉGALITÉ FEMMES-HOMMES, CONTRE LES VIOLENCES FAITES AUX FEMMES

HÔPITAL SAINT-ANDRÉ

15 MARS

FORD BLANQUEFORT

Victoire aux urgences

Journée de mobilisation

Les ouvriers sont l’avenir

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ACTUALITÉ HÔPITAL DE SAINT-ANDRÉ (BORDEAUX)

LE 15 MARS

Les soignant-e-s des urgences ont gagné

Les retraités disent non à la CSG et dans les Ehpad, les personnels ne lâchent rien

Les soignants-e-s des urgences de Saint-André ont obtenu satisfaction. Après près de deux mois de mouvement, il y aura 5 embauches d’infirmiers et une organisation du travail plus respectueuse des salarié-e-s. Un encouragement pour toutes les luttes qui s’engagent. Les personnels des urgences de l’hôpital Saint-André, sont fier-e-s et ils peuvent l’être. Après 62 jours de grève acharnée, ils-elles ont vu leurs revendications acceptées par la direction du CHU de Bordeaux : arrêt de l’alternance jour/nuit, imposée depuis 8 ans grâce à l’embauche spécifique de 5 infirmier-e-s sur des postes spécifiques de nuit ; une équipe fixe de jour et de nuit permettant d’être en nombre suffisant ; maintien de l’effectif de jour dont les contractuels ; ouverture d’un concours augmenté de postes pour les infirmier-e-s ; remplacement des congés maladies ; maintien de l’effectif actuel tant qu’une vraie stabilité de planning comprenant les futurs départs ne sera pas en place ; tutorat des nouveaux professionnels ; rétablissement de la prime de nuit pour tous les agents CDD et CDI de l’ensemble du CHU.

« Aucune sanction ne sera acceptée à l’encontre des grévistes qui se sont mis en lutte », prévient toutefois la CGT qui déclare « rester vigilante dans les suites de ce dossier ». « La solidarité du service (médical et paramédical) a mené une lutte gagnante même si ca été dur et long. L’ensemble de l’équipe a tenu bon contre une direction qui ne voulait rien lâcher. Nous n’accepterons pas que notre hôpital public soit traité comme une entreprise. » STATIONNEMENT PAYANT

De la démocratie locale Les différents mouvements de protestation qui se sont développés depuis plusieurs mois à Bordeaux (et même au-delà), mettent en lumière plusieurs questions qui ne peuvent laisser personne indifférent : l’environnement et les comportements sociétaux, la place de la voiture, l’urbanisation ou la ville pour qui ? Les services publics, les modes de prises de décision à l’échelle d’une ville. La Loi MAPTAM a conféré aux communes la responsabilité du stationnement en voirie (paiement, recouvrement des amendes). La mairie de Bordeaux a ainsi décidé d’étendre le système à l’ensemble de la commune (y compris hors boulevards), d’accroître les tarifs horaires et le niveau de l’amende (qualifié maintenant Forfait Post Stationnement – FPS) et de confier tout cela à une société privée.

9 organisations de retraités appellent à la mobilisation le 15 mars contre l’augmentation de la CSG et pour le pouvoir d’achat. À Bordeaux un rassemblement est prévu place Pey-Berland à partir de 10h pour un départ en manifestation à 10h30 jusque Mériadeck. Le même jour, les personnels des Ehpad et de l’aide à domicile, après leur journée historique de mobilisation du 30 janvier, seront à nouveau en grève pour leurs conditions de travail. « Emmanuel Macron se vante de faire ce qu’il a promis. C’est ainsi qu’il justifie la hausse de la CSG. Mais il s’était bien gardé de préciser que cette hausse s’appliquerait non pas en fonction des pensions mais de l’ensemble des revenus des retraités », s’indigne la CGT retraités de la Gironde, dans un tract appelant à la mobilisation. Depuis que les retraité-e-s ont vu concrètement leur revenu mensuel baisser, l’indignation est à son comble, et pour cause ! « Baisser le revenu de celles et ceux qui ont travaillé leur vie durant pour avoir le droit à une retraite méritée est indigne de la 5e puissance du monde. Rien ne justifie cette injustice. L’augmentation du pouvoir d’achat des salariés aurait pu facilement être accordée en réduisant la part réservée aux dividendes sur les profits dégagés par les entreprises. »

Le mépris affiché par le gouvernement qui invoque la solidarité intergénérationnelle et accusent les retraités de faire preuve d’égoïsme ne passe pas. D’après le CREDOC (Centre de recherche), les seniors assurent en France 53 % des dépenses de consommation, 57 % de santé, 64 % des assurances, 51 % des biens et services, 50 % en équipement du foyer… Réduire leur pouvoir d’achat risque non seulement de plonger des millions d’entre eux dans la misère mais aussi d’aggraver les difficultés du pays. Les 9 organisations de retraités, CGT, FO, CFTC, CFE-CGC, FSU, Solidaires, FGR-FP, Ensemble & Solidaires-UNRPA et LSR, appellent donc les retraités à manifester leur refus de la hausse de la CSG. « Les députés peuvent réparer cette injustice en votant la revalorisation de nos pensions. Le 15 mars nous leur demanderons de s’engager à le faire ». Les retraités participeront aussi à la grande journée de mobilisation du 22 mars qui semble prendre l’ampleur d’une journée de convergence. Devraient y participer aussi des personnels des EHPAD et de l’aide à domicile. Ceux-ci seront une nouvelle fois en grève le 15 mars, en convergence avec les retraités dans certains endroits comme à Lesparre-Médoc où l’intersyndicale CGT- CFDT et les retraités de l’USR 33 CGT invite

Opposés à cette réforme, les cheminots dénoncent la dégradation des services

• injuste, car les options alternatives à l’utilisation de la voiture sont loin d’être satisfaisantes : déserts en matière de parkings publics, nombre et capacité insuffisants des parcs relais, insuffisance de dessertes et de fiabilité des transports en commun, absence d’un réseau cyclable efficace ; • insupportable financièrement pour les revenus modestes, pour ceux dont un deuxième véhicule est incontournable, pour les visiteurs et les salariés, pour les étudiants ; Les difficultés actuelles du stationnement reflètent les conséquences de choix antérieurs auxquels les habitants n’ont pas eu vraiment les moyens de participer. Au-delà des effets médiatiques d’annonce, quels moyens concrets ont été mis en œuvre pour impliquer les citoyens sur ce sujet ? Les maisons de projets et les plateformes collaboratives ne suffisent pas à capter la disponibilité de la majorité des citoyens sur des sujets qui dépassent leurs préoccupations quotidiennes. Alors au moment où la prospective Bordeaux 2050 est lancée, quel moyens d’accompagnement pour la démocratie locale ? Jean-Jacques Bordes ASSOCIATION BORDEAUX-CIENFUEGOS

Assemblée Générale L’association qui agit pour la connaissance et le rapprochement entre les deux villes de Bordeaux et Cienfuegos, unies par une histoire presque bicentenaire, tiendra sa prochaine réunion mercredi 14 mars à 18h, salle Pierre Tachou à Bacalan. Les membres de l’association, les amis de l’Histoire, les partisans de l’échange et de la solidarité entre nos deux villes y sont cordialement invités. Les projets pour 2018 : exposition, conférence, voyages… Clôture avec la projection du documentaire Adios Comandante réalisé lors de la mort de Fidel Castro.

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C.D.

SNCF

Face à la fronde qui s’est amplifiée depuis l’été 2017 (présence de plusieurs pétitions qui rassemblent plus de 22 000 signatures à ce jour), la mairie a consenti un premier recul. Mais il est loin de répondre aux attentes des habitants et usagers qui, restant mobilisés, considèrent ce mode de stationnement payant comme :

• un frein à l’activité des professionnels, des commerçants et des artisans.

services à domicile, Ehpad, résidents, familles, médecins, retraités, aidants, usagers à se mobiliser conjointement. Avec le 30 janvier, les organisations estiment qu’une première bataille a été gagnée, « celle d’ouvrir un véritable débat public sur la question de l’accueil des personnes âgées ». « Le gouvernement commence à réagir, le rapport Iborra confirme bien les “dires” des salariés : les manques de moyens sont évidents ! » Les médias, l’AD-PA (associations des directeurs auprès des personnes âgées), à présent les organisations de médecins, les aidants, se joignent au mouvement… Il est donc venu maintenant le temps que l’État entende la nécessité de mettre en place un financement pérenne et solidaire pour la prise en charge de la perte d’autonomie dans le cadre de la branche Maladie de la Sécurité Sociale et créer un grand service public de la Santé et de l’Action Sociale ; de mettre en place un ratio d’un personnel pour une personne accompagnée en établissement et augmenter le temps passé auprès des personnes âgées à domicile ; de revaloriser les salaires, améliorer les carrières et les conditions de travail des personnels de la branche à domicile et en établissement…

Ils n’auront pas pu affronter directement Guillaume Pepy, directeur de la Sncf, celui-ci ayant annulé sa visite dans la région prévue le 1er mars. Mais 200 à 300 cheminots étaient rassemblés devant le Comité d’établissement régional à Bordeaux, le 28 février et ça a chauffé ! Ils sont venus de toute la région, malgré la neige, pour interpeller Philippe Bru, directeur régional, à l’occasion de la réunion du Comité d’établissement et le ton était à la colère, voire à la rage. Pas plus que le froid, un seul mot prononcé par la direction ne calme les cheminots rassemblés. Ils évoquent les promesses au moment de la réforme de la Sncf, la libéralisation progressive de ses services, les emplois menacés, des années de « casse de l’entreprise », de « dégradation lamentable du service

public ». Ils n’apprécient pas que le gouvernement se servent des fantasmes et clichés sur leur statut pour faire passer cette nouvelle réforme qui va enterrer le service public. Ils n’ont rien contre l’idée de réformer la SNCF mais qui peut croire qu’en supprimant le statut des cheminots, la dette de la Sncf disparaîtra et les trains arriveront à l’heure ? La vérité est que les salaires sont loin d’être mirobolants au vue des conditions de travail, au point que la Sncf peine parfois à recruter. Le vrai débat c’est celui de la transformation de l’entreprise en société nationale à capitaux publics. Les lignes bénéficiaires seront ouvertes à la concurrence et seront exploitées par des entreprises privées, et les petites lignes, celles qui incarnent le service public, seront laissées au bon vouloir du financement des régions, au risque

de disparaître. « Le Gouvernement ment en affirmant que ce n’est pas une réforme des “petites lignes”, assure la CGT Bordeaux gare. En ne finançant pas les régénérations et en ouvrant à la concurrence, il met fin à la péréquation, se désengage et laisse la responsabilité aux Régions de décider du maintien ou non des lignes régionales du Réseau Ferré National. Les restrictions budgétaires dans les Régions augurent mal de leur capacité à financer ces lignes. Par ailleurs, le Gouvernement confirme les menaces sur certaines dessertes TGV et maintient sa volonté de recentrer ses investissements autour des métropoles ». Les cheminots savent les retards de train, les défaillances matérielles, les conséquences de suppressions de postes et de sous-investissement chronique. « La Sncf, ils veulent la descendre, nous on la défend », c’est sous ce slogan que la CGT Cheminots mobilise depuis plusieurs semaines et ils assurent qu’ils seront nombreux à participer à la mobilisation du 22 mars à Paris. Ils mériteraient d’être soutenus massivement par les usagers, c’est le sens de l’interpellation des militants communistes dans les gares du département qui rappellent que pour améliorer les services de la Sncf, « d’autres choix sont possibles ». Christelle Danglot


ACTUALITÉ

Editorial

FORD

Les ouvriers blanquefortais sont l’avenir

Hôpitaux – SNCF – Ford : satisfaire la Finance ou répondre aux attentes populaires ?

L’annonce par la direction de Ford d’un arrêt des investissements dans l’usine de Blanquefort a provoqué de nombreuses réactions, notamment de la part des élus qui soutiennent les salariés dans leur lutte pour l’emploi depuis plusieurs années. C’est le cas des élus communistes de la métropole bordelaise au nom desquels s’est exprimé Max Guichard. « Depuis des années, la direction de Ford Europe se comporte avec la plus grande désinvolture dans ce dossier, repoussant les projets d’avenir et se montrant sourde aux propositions, qu’elles viennent des représentants des salariés comme des collectivités locales. En 2011, celles-ci avaient engagé un plan de “soutien” à l’usine de Ford consistant à verser 15 millions d’euros au géant américain en échange du maintien de 1 000 emplois sur le site girondin. 15 millions d’euros auxquels il faut ajouter 10 millions d’euros de l’État et de la région pour compenser le chômage partiel, alors même que Ford a vu depuis quelques années déjà ses profits grimper, pour atteindre 7,6 milliards de dollars en 2017. En 2011, lorsque les collectivités locales signaient un chèque de 15 millions d’euros, Ford distribuait de son côté 760 millions de dollars de dividendes à ses actionnaires !! Voilà pourquoi le groupe communiste n’avait pas voté cette subvention. Le constructeur américain n’a depuis respecté qu’à minima

ses engagements. Il se vante d’avoir investi dans l’usine blanquefortaise ces dernières années mais ce n’était que la contrepartie des subventions publiques : 125 millions d’euros d’investissements pour assurer des productions d’avenir pour 1 000 emplois “à minima”, dans les 5 années suivant ces investissements. Nous y sommes à peine et Ford tente de plier bagage… Cette situation est inacceptable et elle appelle une mobilisation générale, des salariés mais aussi des citoyens, des élus et des représentants de l’Etat pour appeler ce grand groupe à ses responsabilités en Gironde. Comme le réclament les syndicats, la produc-

tion actuelle doit être maintenue à un bon niveau et l’usine de Blanquefort doit être intégrée par Ford dans ses projets de production de voitures autonomes ou électriques. Ford rétorque que les coûts de constructions sont trop élevés en France ? Nous serions curieux de savoir si les aides publiques, exonérations de charges et autres CICE ont été intégrés dans leurs calculs. Nous savons en tous cas que les ouvriers de Blanquefort ont amplement contribué depuis les années 1970 aux profits de cette entreprise. Ford et ses actionnaires devront se rendre à une évidence : ces ouvriers sont aussi son avenir. »

À l’appel de l’intersyndicale Ford Blanquefort

Journée « usine morte » vendredi 9 mars Réunis en assemblée générale le 5 mars, les salariés de Ford Blanquefort ont décidé de se mobiliser dans l’unité. Une distribution de tracts à la population devant l'usine, dès le lendemain, était prévue. Les 5 syndicats (CFTC, CFDT, FO, CFE-CGC, CGT) appelaient également à une « journée usine morte » à l'occasion du comité de suivi qui se réunissait à la préfecture de région. Vendredi dernier, trois jours après le choc de l'annonce du groupe Ford de ne plus investir sur son usine de Blanquefort, Bruno Le Maire, le ministre de l'Économie, recevait les représentants syndicaux de l'usine et les élus locaux (maire de Bordeaux, président du Conseil régional, le député du Médoc, président du Conseil départemental, conseillère départementale du canton de Blanquefort et maire de Blanquefort). En l'absence des dirigeants de Ford, il ne s’agissait pas de négociation mais d’écouter les points de vue des uns et des autres, que ce soit les syndicats qui veulent faire reculer le géant américain aussi bien que les élus qui se sentent trahis. Le ministre de l'Économie, au cours d’une conférence de presse, à l’issue de la rencontre a rappelé que l’État et la Région ont apporté des aides financières importantes et qu’ils attendent de Ford qu’il maintienne son engagement industriel sur le site de Blanquefort. Bruno Le Maire a annoncé la création d’un groupe de travail opérationnel « pour discuter directement avec Ford du type de production, du volume de production que Ford entend maintenir sur le site de Blanquefort dans les mois qui viennent ». Il compte aussi sur la réunion du comité de suivi du 9 mars, avec le préfet de région, pour avoir des éclaircissements sur le sujet.

UNION DÉPARTEMENTALE CGT DE LA GIRONDE

Il est inacceptable de laisser les outils industriels aux mains des financiers Déclaration de l’Union départementale de la Gironde « Depuis tout temps le syndicat CGT, avec les salarié-e-s, se mobilise pour sauvegarder cette entreprise, les emplois directs et indirects. Ford a reçu depuis des années des millions d’aides publiques, fiscales et sociales, le CICE. En contrepartie, il s’engageait à maintenir le site en investissant dans l’avenir (…). Bien entendu, comme les pouvoirs publics ont versé ces sommes pharaoniques à FORD sans véritables conditions, sans maîtrise démocratique

en particulier sur le projet industriel, FORD a agi comme toutes les multinationales phagocytant toutes les richesses créées par les salarié-e-s nourrissant les actionnaires. Pour exemple les profits affichés par FORD sont de 8 milliards de dollars en 2017. La crise de l’automobile est loin derrière nous, tous les constructeurs PSA, Renault, etc. annoncent des profits explosifs ; en revanche rien pour les salarié-e-s, ou si peu ! La CGT déclare qu’elle va mobiliser l’ensemble de ses forces pour, non seulement sauvegarder ce site, mais aussi

imposer à FORD d’investir dans un projet industriel durable. (…) Il est inacceptable de laisser les outils industriels aux mains des financiers, car ils détruisent des bassins de vie et d’emplois entiers. Dans le cas de FORD, sur le seul site de Blanquefort, ce sont 1 000 emplois directs menacés et 3 fois plus d’emplois indirects. Ce sont des vies de femmes, d’hommes qui sont en danger. Une société moderne ne peut faire ces choix humainement désastreux ». L’UD CGT Gironde appelle à se mobiliser massivement le 22 mars.

Ces trois exemples publics ou industriel, parmi beaucoup d’autres, sont au cœur d’un enjeu idéologique et de classe ne permettant aucun compromis si nous voulons que résiste un bouclier social pour tous, des richesses à partager et une indépendance nationale dans cette mondialisation où la financiarisation se veut être, seule, dominante. Ainsi, ces trois exemples sont insoutenables dans leur conception sociale et démocratique. Le pouvoir de la finance ayant placé ses hommes et femmes au plus haut des responsabilités politiques, il permet que la seule valeur acceptable soit cette rentabilité financière maximale non partagée. Et pour arriver à ses fins, dans un pays où les luttes de classe ont bâti son histoire, rendant tout pouvoir politique fragilisable, cette Finance s’engage dans un sabordage démocratique : hier avec le 49-3, aujourd’hui avec les ordonnances. Nous pouvons ainsi mesurer, certes, la dureté de ce combat mais en même temps, la fragilité de l’adversaire et donc l’espace à notre disposition pour mettre en recul, en échec même, ces projets inacceptables pour l’ensemble de notre peuple. Ainsi, soutenir toutes les luttes décidées par les salariés avec leurs organisations syndicales, comme le 22 mars prochain par exemple, doit être un de nos actes immédiats. Mais soutenir, c’est aussi produire, de notre part, des propositions, des idées porteuses de débats, offrant ainsi des perspectives idéologiques et politiques donnant force d’alternative rassembleuse et donc gagnante. Il peut en être ainsi, par exemple, pour des nouveaux critères de gestions, tant pour le public que pour le privé, cassant l’unique pensée mortifère de rentabilité financière s’appuyant sur l’idée majeure et intolérable que les salaires et protections sociales sont des charges insupportables. Il en est de même du chômage, de la précarité, véritables variables d’ajustement de ce capitalisme débridé alors qu’il est possible, efficace comme richesse en développement constant, de construire une sécurité emploi-formation redonnant aux 99 % le pouvoir d’être au cœur de droits nouveaux. Mais en fait, ces luttes sociales, pour avancer et gagner, ne doivent-elles pas s’appuyer sur un débat idéologique devenant un maillon-clé de cette nouvelle chaine de valeur ? Le congrès du PCF n’est-il pas au cœur de cet enjeu de civilisation ?

Max Guichard membre de l’exécutif du PCF 33

Les Nouvelles 8 mars 2018 • 3


8 MARS : JOURNÉE INTERNATIONAL L’ÉGALITÉ FEMMES-HOMMES

DÉPUTÉS COMMUNISTES, RÉPUBLICAINS ET CITOYENS

Une priorité du prochain congrès du PCF Projet de loi visant à lutter contre la précarité Dans quelques mois, le Parti communiste français tiendra un congrès exceptionnel. Et exceptionnel, il devra l’être, au-delà de son calendrier, pour se transformer sur le plan de son organisation, de sa démarche stratégique ou de ses combats prioritaires. Parmi les chantiers de réflexion pour mettre en œuvre cette transformation se trouve celui de l’égalité femmeshommes et du combat féministe, qui ne peut être un chantier secondaire. On ne peut avoir pour visée l’émancipation humaine en délaissant le combat pour l’égalité femmes-hommes. Les femmes représentent la moitié de l’humanité, et pourtant :

- 70 % des personnes vivant avec moins de 1 dollar par jour sont des femmes et des filles ; - les femmes effectuent les deux-tiers du nombre d’heures de travail, produisent plus de la moitié des aliments, mais elles ne gagnent que 10 % du revenu total et possèdent moins de 2 % des terres, au niveau mondial ; - la première cause de discrimination à l’échelle du globe est la discrimination sexuelle. Comment pourrait-on porter dans son ADN le combat contre le système capitaliste sans dénoncer haut et fort sa première expression : le système patriarcal ? Pour paraphraser Inessa Armand, première dirigeante du Département des Femmes dans la révolution russe de 1917, « Si la libération des femmes est impensable sans le communisme, le communisme est également impensable sans la libération des femmes ». Le PCF est depuis longtemps parti prenante des combats féministes, droit de vote, droit à l’avortement, contraception libre et gratuite, égalité salariale, lutte contre les violences,

entre-autres. Pourtant, il y est encore difficile de faire de ce combat une priorité dans les luttes. Avec le mouvement de libération de la parole des femmes face aux violences sexuelles et sexistes, autour des hashtags #BalancetonPorc et #MeToo, nous assistons au mouvement social le plus largement partagé et dynamique de ces derniers mois, voire de ces dernières années. Il est nécessaire de donner plus de visibilité et de moyens au combat féministe, que ce soit au niveau national ou au niveau local. Si des outils ont été développés ces dernières années, les événements de ces derniers mois, mais également les attaques constantes envers les acquis du combat féministe, doivent pousser à aller plus loin. Le travail des parlementaires communistes, députées-és et sénatrices-eurs, est un outil sur lequel s’appuyer afin de populariser les propositions pour l’égalité femmes-hommes et la lutte contre les discriminations de genre. Comme, par exemple, cette proposition de loi déposée le 8 mars par les député-e-s communistes pour lutter contre la précarité professionnelle des femmes (lire ci-contre). À côté du combat politique, les communistes veulent faire de l’égalité femmes-hommes une réalité dans leur fonctionnement : donner plus de place aux femmes dans les directions locales et nationale, changer les fonctionnements militants afin de permettre à plus de femmes, et plus particulièrement aux femmes actives, de trouver leur place dans l’activité militante. Des sujets en réflexion pour hisser le PCF à la hauteur des enjeux d’égalité et de justice entre les femmes et les hommes, nécessaires conditions à l’émancipation de toute l’humanité. MC Gonzalez Animatrice de la Commission « droits des femmes » du PCF33

On parle trop peu du travail à faire en amont sur les stéréotypes qui s’étalent, notamment, dans les rayons de jouets, ce qu’illustre ici avec humour le dessinateur Gros. Ce dernier a publié récemment un recueil de dessins, « Morsures et tête de pioche », accompagné par les textes de Caroline Constant, journaliste Médias à l’Humanité, aux éditions Critères. 4 • Les Nouvelles 8 mars 2018

professionnelle des femmes

Exposé des motifs par MarieGeorge Buffet (Niche du 8 mars) « (…) Plusieurs éléments expliquent la persistance de ces inégalités professionnelles. Alors qu’elles sont désormais plus diplômées que les hommes, les femmes éprouvent toujours des difficultés à accéder à l’emploi qualifié. À la sortie du système éducatif, les hommes et les femmes sont souvent titulaires de diplômes et de spécialités différentes. Même lorsque ce n’est pas le cas, les femmes s’insèrent dans des métiers distincts, souvent moins rémunérés et moins valorisés. Ainsi, plus de la moitié de l’emploi féminin se concentre sur une dizaine de métiers. Cette situation est avant tout liée à l’inertie des schémas de domination patriarcale qui continuent à freiner les femmes dans le déroulement de leur carrière professionnelle. (…) À cela s’ajoute le fait que, du machisme ordinaire au harcèlement sexuel, en passant par la récurrence des comportements sexistes, les femmes salariées sont confrontées à diverses violences physiques et symboliques. En dépit de 40 ans de lois sur l’égalité professionnelle, celle-ci n’est pas encore réalisée. Ces dernières années, pas moins de huit lois spécifiques ont été votées. Pour autant, notre législation reste peu contraignante pour les employeurs. Si l’ouverture de négociations sur l’égalité professionnelle est obligatoire dans les entreprises sous peine de sanction, il n’y a pas d’obligation de conclure un accord, ni d’obligation de résultat. (…) Malgré la récente loi du 4 août 2014 sur l’égalité réelle, la France demeure au 129e rang mondial sur 144 pays en matière d’égalité salariale selon le dernier rapport du Forum économique mondial. Ce constat appelle des mesures fortes afin que l’égalité professionnelle ne reste un vœu pieu. Pourtant, les dernières réformes du code du travail n’ont fait que fragiliser l’édifice législatif en faveur de l’égalité professionnelle. La loi relative au dialogue social de 2014 a ainsi supprimé le rapport de situation comparée qui permettait dans les entreprises de plus de 300 salariés de dresser l’état des lieux des inégalités salariales entre les femmes et les hommes. Elle a également dilué la négociation obligatoire sur l’égalité professionnelle dans un ensemble plus large portant sur la qualité de vie au travail. En outre,

les dispositions instaurées par la loi travail de 2016 sont venues fragiliser la négociation sur l’égalité professionnelle en inversant la hiérarchie des normes, ainsi que certains acquis en matière d’encadrement du temps partiel. Loin de revenir sur ces reculs, les ordonnances portant réforme du code du travail poursuivent cette logique en permettant d’espacer dans le temps les négociations sur les inégalités salariales, en affaiblissant les syndicats et la représentation du personnel, ou encore en encourageant les formes d’emploi précaires qui sont un terreau d’inégalités pour les femmes (1). À rebours de ces orientations, il devient urgent de lutter contre la précarité professionnelle des femmes en encadrant le temps partiel imposé qui reste le premier facteur des inégalités salariales et la forme de sous-emploi la plus courante. (…) Certaines entreprises en ont fait un mode ordinaire de gestion des ressources humaines. Or ces emplois ne sont, par définition, pas rémunérés à taux plein, ce qui a pour conséquence de réduire le salaire et les primes disponibles en fin de mois. Aussi, un grand nombre de femmes, parfois seules avec des enfants, vivent dans une grande précarité, alors que le temps partiel s’accompagne en général d’une intensification de la charge de travail ou encore d’une amplitude des horaires de travail largement supérieure à la durée légale d’une journée de travail. Ainsi, le recours de plus en plus massif au temps partiel par les entreprises pénalise en premier lieu les femmes, qui restent les principales variables d’ajustement de l’organisation du temps de travail. (…) Ce constat impose d’agir rapidement. La présente proposition de loi entend encadrer le temps partiel imposé, qui demeure une cause importante de persistance des inégalités salariales entre les femmes et les hommes, et une source de précarité professionnelle pour les femmes salariées. Alors que le temps partiel subi va souvent de pair avec de faibles rémunérations, l’article 1 propose de dissuader les employeurs de recourir de manière excessive au temps partiel en réduisant les allègements généraux de charges sociales sur les bas salaires auxquels ils peuvent prétendre. L’article 2 rend pleinement effective la durée hebdomadaire minimale de 24 heures pour les contrats à temps partiel, instaurée par la loi de sécu-

risation de l’emploi du 14 juin 2013. Du fait de nombreuses dérogations, le principe d’une durée minimale a été vidé de son utilité et ne permet pas de protéger les travailleurs à temps excessivement partiel. Des accords de branche prévoient ainsi des durées minimales dérogatoires dérisoires dans plusieurs secteurs d’activité. Sans empêcher les dérogations à cette durée, cet article prévoit de les encadrer en majorant le paiement des heures à temps partiel effectuées en deçà de 24 heures par semaine. L’article 3 prévoit que la majoration des heures complémentaires soit de 25 % dès la première heure. Il s’agit par cette mesure de redonner du pouvoir d’achat aux salariés tout en incitant les employeurs à embaucher à temps plein ou sur des temps partiels plus longs. Il encadre également la pratique des compléments d’heures permise par la loi de sécurisation de l’emploi du 14 juin 2013. Ce dispositif permet d’augmenter temporairement par avenant la durée du travail prévue au contrat, sous la forme de « compléments d’heures » dès lors qu’ils sont prévus par un accord de branche étendu. Pour limiter ces pratiques dérogatoires de la part des employeurs, il convient que les heures effectuées dans le cadre d’un complément d’heures fassent l’objet d’une majoration salariale qui ne peut être inférieure à 25 %. L’article 4 augmente la prime de précarité pour les contrats à durée déterminée à temps partiel, en la fixant à 20 % de la rémunération totale brute de la personne salariée, contre 10 % pour les contrats à durée déterminée à temps plein. Les salariés travaillant à temps partiel sont soumis à une précarité plus grande, justifiant une majoration de la prime. (1) Avis du Conseil supérieur de l’égalité professionnelle entre les femmes et les hommes sur les ordonnances Travail, 8 septembre 2017.

En France, une femme gagne en homme. 16,3 % pour les seuls empl environ 48 % de la population active m et deux tiers des travailleurs

À contrat, diplômes, expérience et r gagne en moyenne 10 % de moins directement liée au sexe des salariée qu’elles sont moins pay

60 % des entreprises n’ont ni d’ac d’égalité professionnelle. Et sur les de plans unilatéraux qui n’ont pas é syndic

Les contrats à temps partiel conc Ils représentent aujourd’hui 19 % des 78 % des salariés en temps partiel so salariées sont à temps partiel, contre femme sur trois travaillant à te


LE POUR LES DROITS DES FEMMES DROITS DES FEMMES DANS LE MONDE

ISLANDE

Entre dynamique #Metoo et « bulles de régression »

La parité salariale obligatoire

des retours, des bulles de régression », anticipe-t-elle. En attendant, la libération de la parole des femmes s’est même invitée au Vatican. Dans un article publié le 1er mars dans le journal officiel de la cité L’Osservatore Romano, des sœurs témoignent de leur souffrance au travail. « Les religieuses sont perçues comme des volontaires dont on peut disposer, ce qui donne lieu à de véritables abus de pouvoir », témoigne sœur Cécile. Une autre religieuse, sœur Paule, déplore l’état

En Hongrie, le populiste Viktor Orban a fait interdire en 2012, la pilule abortive, qui permet d’avorter sans intervention chirurgicale. « Même dans les pays où la loi est moins restrictive, les femmes doivent parfois faire face à des obstacles importants », a relevé Nils Muižnieks, commissaire aux droits de l’Homme, dans ce rapport. En Italie, sept professionnels de santé sur dix refusent d’autoriser un Le mouvement né du scandale avortement, invoquant une clause de Weinstein aux États-Unis a coïncidé conscience. En Turquie, une femme avec d’autres initiatives mariée doit obtenir le historiques. Le 27 sepconsentement de son tembre 2017, l’Arabie époux pour avorter. saoudite, dernier pays au Au Portugal, ce droit monde interdisant aux conquis de fraiche date femmes de conduire, (2007, contre 1975 annonçait qu’elles pouren France, avec la loi raient prendre le volant Veil) a connu en 2015, à compter de juin, meaprès l’arrivée au pousure qui devrait favoriser voir d’une coalition de leur accès au marché centre droit, un recul du travail. Les femmes majeur avec l’adoption de ce royaume ont pu, d’un texte qui, entre pour la première fois, autres, supprime la entrer dans des stades gratuité de l’acte. Un de football en janvier an auparavant, c’est le mais restent soumises à Parlement espagnol qui la tutelle d’un homme voyait arriver un projet pour faire des études ou de loi du même acabit, voyager. finalement retiré suite à En Iran, des femmes la mobilisation de la rue, défient publiquement, du moins d’une partie. depuis décembre 2017, Des femmes manifestent pour la libéralisation de En Irlande, un référenl’obligation de se voiler l'avortement, le 30 septembre 2017 à Dublin, en dum est prévu fin mai dans l’espace public : Irlande. pour décider si l’avorteune remise en cause ment doit être libéralisé limitée mais inédite. alors qu’il n’est actuellement autorisé « Ce sont des tout petits pas dans des de servitude de ses consœurs. « Je mondes où la question des femmes est connais des religieuses qui sont docteurs que si la poursuite de la grossesse fait très contrôlée », souligne Christine en théologie et qui ont été envoyées du courir à la femme un « risque réel et Mauget, chargée de l’international jour au lendemain faire la cuisine ou la substantiel » pour sa vie. au Planning familial à Paris, à l’occa- lessive » et « derrière tout cela se cache C’est en Amérique centrale que les sion de la 41e Journée internationale l’idée qu’une femme vaut moins qu’un lois anti-avortement sont le plus des droits des femmes. L’ampleur du homme et, en particulier dans l’Église, strictes, comme l’a illustré récemmouvement #Metoo la rend optimiste qu’un prêtre est tout et une nonne ment la libération d’une Salvadosur une avancée des droits, même rien », confie-t-elle au quotidien. rienne emprisonnée 11 ans pour une s’il conviendra de rester vigilant Pourtant, le pape François avait déjà fausse couche qualifiée d’« homicide concernant leur application. « Le conseillé aux gens d’Église en 2016 : aggravé » par la justice. chemin est engagé » mais « il y aura « quand on vous demande une chose Parmi les « noirceurs » du tableau, qui relève davantage de la servitude figurent aussi « des femmes contraintes que du service, ayez le courage de dire de migrer pour des raisons écononon ! ». Un message qui semble avoir miques, de guerre ou climatiques, et été entendu dans la communauté qui se retrouvent dans des camps où elles ne sont pas respectées, sur des parféminine. cours où elles sont violées », souligne moyenne 25,7 % de moins qu’un Mme Mauget. L’exemple du droit à l’avortement lois à temps plein. Elles représentent et à la contraception « On parle très peu du travail à faire mais 82 % des salariés à temps partiel en amont, sur les stéréotypes et sur s pauvres sont des femmes. Le Conseil de l’Europe signalait l’éducation à la sexualité », regrette en décembre des « restrictions rétro- par ailleurs Véronique Séhier, coresponsabilités égales, une femme grades » en matière d’accès à la présidente du Planning familial. s qu’un homme. Cette différence est contraception et à l’avortement dans La philosophe et historienne de la es : c’est parce qu’elles sont femmes plusieurs pays d’Europe, épinglant pensée féministe Geneviève Fraisse a yées que les hommes. l’Arménie, la Géorgie, la Macédoine, vu récemment dans l’affaire Weinsla Russie – tournant le dos à l’un des tein et ses retombées un « catalyseur » ccord, ni plan d’action en matière acquis majeur de l’URSS qui fut le qui « repose la question de l’égalité 40 % qui en ont mis en place, il s’agit premier pays à autoriser l’avortement professionnelle et économique. Car c’est été négociés avec les organisations en 1920 – ou la Slovaquie. cales. dans une situation de dépendance écoLa Pologne envisage de durcir sa nomique que les femmes sont victimes cernent 4,6 millions de personnes. législation sur l’avortement, déjà de violences ». emplois, contre 10 % il y a trente ans. très restrictive. Sous l’impulsion des ont des femmes et 31 % des femmes ultraconservateurs, l’IVG pourrait C.D. avec l’AFP et Humanité e seulement 7 % des hommes. Une ne plus être autorisée en cas de malDimanche (1er-7 février) emps partiel ne l’a pas choisi. formation du fœtus. La campagne sur les réseaux sociaux #MeToo aura-t-elle un impact durable sur les droits des femmes ? Cinq mois après la naissance de ce mouvement quasi-planétaire de dénonciation des violences sexistes et sexuelles, la journée du 8 mars prend cette année un relief particulier, même s’il persiste des « bulles de régression ».

Une résolution exemplaire. Le 1er janvier 2018, l’Islande a fait entrer en vigueur une loi visant à interdire les écarts de salaire entre les hommes et les femmes. Il est désormais illégal de payer un homme d’avantage qu’une femme dans ce pays qui compte un peu plus de 330 000 habitants. Avec cette nouvelle loi, les entreprises et les agences gouvernementales qui emploient au minimum 25 salariés sont obligées d’obtenir un certificat officiel prouvant leur politique d’égalité salariale. Si la parité salariale n’est pas respectée, les employeurs islandais devront s’acquitter d’une amende. Dagny Osk Aradottir, membre de l’Association islandaise pour les droits des femmes, a fait savoir le 1er janvier au site Al Jazeera que cette nouvelle loi allait permettre « de s’assurer que les femmes et les

hommes sont payés équitablement ». Aradottir Pind, autre membre de cette association, a ajouté : « Je pense que maintenant les gens commencent à réaliser qu’il s’agit d’un problème systématique auquel nous devons nous attaquer avec de nouvelles méthodes ». La nouvelle législation a été soutenue par le gouvernement de centre-droit, ainsi que par l’opposition, dans un parlement où près de 50 % des membres sont des femmes. Et le gouvernement islandais ne compte pas s’arrêter là puisqu’il prévoit d’éradiquer complètement l’écart salarial d’ici 2020. Pionnier en termes d’égalité hommes-femmes, le petit état insulaire occupe depuis neuf ans la première place du classement annuel des pays les plus égalitaires en matière de genre, publié par le Forum économique mondial (WEF). Par Mooréa Lahalle, 02/01/18, sur le figaro.fr

SOLIDARITÉS KURDES

1 000 femmes, dont des Françaises, en marche vers Afrin

Pour célébrer la Journée internationale des femmes qui aura lieu le 8 mars, un millier de femmes sont parties lundi matin de la ville de Qamichli dans le nord-est de la Syrie, pour rallier Afrin, en guerre. Dans le convoi, des femmes françaises qui souhaitent apporter leur soutien aux femmes et à la population (à lire dans l’Humanité du 6 mars, l’entretien avec l’une d’entre elles). Les femmes sont toujours nombreuses dans les rassemblements en protestation des violences dont le peuple kurde est victime, comme sur notre photo, à Bordeaux le 3 mars. Le dictateur Erdogan bombarde férocement Afrin et le Rojava. L’aviation turque et les chars attaquent délibérément les zones habitées par

les civils. Les Kurdes de Bordeaux rappellent, dans un tract distribué à la population, « qu’ils sont partie prenante de la coalition internationale contre Daesh. Actuellement, les régions les plus sûres, stables et démocratiques de la Syrie sont celles administrées par les Kurdes et leurs alliés ». La communauté kurde appelle « l’ONU à agir contre les bombardements de la Turquie qui viole le droit international, appelle la communauté internationale à prendre une position claire contre les attaques de l’état turc, demande à ce que le nord de la Syrie, y compris Afrin, soit déclaré zone d’exclusion aérienne ». Paguy Les Nouvelles 8 mars 2018 • 5


INTERNATIONAL ISRAËL-PALESTINE

AUSTÉRITÉ, CRISE POLITIQUE, RACISME…

Salah Hamouri encore dans les geôles

Un désastre à l’italienne

Écrivez à Salah : Salah Hamouri Al-Naqab prison : Mail box : 13 Postal code : 84102 Israël

Alors que le tribunal de district de Jérusalem devait statuer sur la demande du ministre israélien de la Défense de prolonger de quatre mois la détention administrative de l’avocat franco-palestinien Salah Hamouri. Le ministère des Affaires étrangères a répondu « diplomatiquement » à l’Humanité qui l’interpellait. L’Humanité a interrogé le ministère français des Affaires étrangères pour savoir si la France demandait la libération immédiate et sans condition de notre compatriote et si elle était prête pour cela à tout mettre en œuvre. « Nous avons signalé aux autorités israéliennes toute l’attention que nous portons à sa situation, et nous avons fait part de notre préoccupation face au recours extensif à la détention administrative, a répondu le Quai d’Orsay. Nous regrettons la décision du ministère de la Défense israélien de prolonger la détention administrative de M. Salah Hamouri. Alors que le tribunal de district de Jérusalem doit se prononcer sur cette décision très prochainement, nous réitérons notre demande que l’ensemble des droits de M. Salah Hamouri soient respectés, et continuons à espérer sa libération rapide. » Le Comité national pour la libération de Salah Hamouri a immédiatement réagi. « Le Quai d’Orsay, après avoir regretté la décision de Liberman – qui n’a pas agi seul –, affirme “espérer” sa libération. Rappelons que le président a formellement demandé au premier ministre israélien sa “ libération”. C’est dire que les autorités françaises n’entendent pas donner suite à cette exigence. Elles enregistrent et c’est tout.

Elles n’agissent pas. Nous appelons solennellement les autorités françaises à cesser ce “ jeu” indigne et qui les disqualifie, et à agir – comme elles ont su le faire utilement en Turquie – pour obtenir la libération de Salah. » Sénateur et secrétaire national du PCF, Pierre Laurent a envoyé une lettre à Emmanuel Macron dans laquelle il prend acte de son intervention auprès de Benyamin Netanyahou et note : « Force est de constater que les autorités israéliennes n’en ont pas du tout tenu compte. C’est un camouflet pour la diplomatie française. Sans doute n’avez-vous pas utilisé tous les moyens en votre possession pour faire respecter le droit et la justice pour notre compatriote Salah Hamouri. Pour l’Association France Palestine Solidarité (AFPS), la décision israélienne «  renvoie cruellement la France à ses responsabilités. Comment se fait-il, en l’absence de toute charge à son encontre, qu’il n’ait pas été possible d’obtenir, au minimum, sa libération au terme de six mois de détention arbitraire ? ». La Ligue des droits de l’homme (LDH) est également intervenue pour dénoncer « le gouvernement israélien (qui) poursuit dans la voie de l’injustice la plus absolue, ignorant y compris les demandes formulées par le gouvernement français. Le mépris des uns pour la parole de la France, la faiblesse des autres à la faire entendre ne peuvent qu’interroger gravement sur les garanties dont nous bénéficions vis-à-vis de l’arbitraire de telle ou telle puissance ». Pierre Barbancey, l’Humanité, 01/03/18

MÉRIGNAC

Un comité de soutien pour Salah Hamouri Le comité de soutien Salah Hamouri 33700 vous invite à une réunion, jeudi 29 mars 2018 18h30, salle de la glacière, rue Armand Gayral. Communiqué. « Le 19 février 2018, à la maison des associations de Mérignac un nouveau comité de soutien pour la libération du Franco-Palestinien Salah Hamouri est né, avec la vocation de rassembler celles et ceux qui ont, chevillés au corps et au cœur, la volonté de porter haut et fort la défense des droits humains. Salah Hamouri est détenu, par l’armée d’occupation israélienne, dans le cadre de la détention administrative. Emprisonné, tout d’abord, pour une durée de six mois (23 aoÛt 2017, 23 février 2018) sa détention vient d’être prolongée de quatre mois. La détention 6 • Les Nouvelles 8 mars 2018

administrative prive le prisonnier de ses droits les plus élémentaires en contradiction avec le respect des règles internationales. Le dossier de Salah est secret et rien ne lui est reproché. Le gouvernement israélien qui met un point d’honneur à bafouer le droit international, à humilier les états qui ont contribué à bâtir ce droit vient, une fois de plus, de se montrer à la hauteur de sa réputation d’état terroriste, pourfendeur des droits de l’homme, un état qui emprisonne, torture et assassine. Constitué de femmes et d’ hommes venant de différents horizons le comité de soutien à Salah Hamouri entend œuvrer pour la libération de notre concitoyen en s’adressant à la population et en proposant une large mobilisation citoyenne en faveur de Salah. »

Deux vainqueurs et deux vaincus. Côté gagnants : Luigi Di Maio, 31 ans, le tout nouveau leader du Mouvement 5 étoiles, et Matteo Salvini, 44 ans, chef de la Ligue depuis 2013 et qui prend, à l’occasion des élections législatives italiennes de dimanche, l’ascendant sur la droite. Côté vaincus : Matteo Renzi, qui a annoncé hier sa démission du poste de secrétaire du Parti démocrate, qui gouverne le pays depuis 2011, et Silvio Berlusconi, dont la dernière campagne électorale, à l’âge de 81 ans, a été fatale. En 2013, lors de sa première participation à un scrutin législatif, le Mouvement 5 étoiles (M5S) était devenu le premier parti du pays, avec 25,6 % des voix. Il est confirmé à cette place, avec cette fois-ci 32,6 % des suffrages. Jusqu’ici, le M5S refusait toute alliance. Il tourne cette page. « Nous sommes ouverts à la confrontation avec toutes les forces politiques », a déclaré hier Luigi Di Maio, qui pourrait offrir à ses éventuels alliés les présidences de la Chambre des députés et du Sénat. La Ligue du Nord, une force d’extrême droite qui vivait sous l’aile de Berlusconi depuis 1994, dopée par un discours xénophobe, prend la tête de la droite, avec 17,4 % des voix. À elles deux, les forces populistes obtiennent environ 50 % des suffrages. Comment cela est-il devenu possible ? On doit cette débâcle à celui qui a été au centre de la vie politique ces dernières années : Matteo Renzi. En décembre 2013, il s’empare de la tête du Parti démocrate (PD) et, en février 2014, accède au poste de premier ministre. Il applique jusqu’au bout le projet d’extrême centre qui a présidé à la fondation, en 2007, d’un PD qui se voulait « à équidistance entre employeurs et employés ». Sa principale œuvre a été la réforme du marché du travail qui a supprimé une partie des droits afférents au CDI. Il a abrogé l’article 18 du statut des travailleurs, qui oblige un employeur à réintégrer un travailleur

licencié injustement. Il a soutenu la mise à mal des conventions collectives. À cela s’ajoute le respect à la lettre de la recette du cocktail austéritaire promu par Bruxelles : stagnation salariale et compression de la dépense publique. Hausse des inégalités

La croissance est certes revenue après avoir manqué des années à l’appel, mais elle demeure faible : 1,5 %. Le taux de chômage, de 11,5 %, reste élevé. Couplé avec la précarité, et un faible taux d’emploi – seule 58 % de la population active est occupée –, cela fait exploser la pauvreté. En 2016, 30 % de la population était exposée au risque de pauvreté (contre 28,7 % en 2015). Dans le sud de l’Italie, où le Mouvement 5 étoiles (M5S) a fait ses meilleurs scores, ce taux est de 46,9 %. À cela s’ajoute une hausse des inégalités. Dans un tel cadre, la promesse d’un revenu de citoyenneté, proposé par le M5S fait mouche. La déroute du PD, qui obtient moins de 20 % contre 25,5 % il y a cinq ans, est à la mesure des espoirs suscités par Matteo Renzi qui promettait de « mettre à la casse » l’ancien monde politique. Fin 2016, Matteo Renzi a démissionné de son poste de premier ministre après un référendum constitutionnel qu’il a perdu. Au lieu d’entendre le message, son successeur, également démocrate, Paolo Gentiloni, n’a pas changé de cap. Berlusconi a dédiabolisé la Ligue

Le Parti démocrate n’est pas le seul responsable. Les élections de février 2013, avec le premier succès enregistré par le M5S, avaient été interprétées comme une volonté de renouvellement du personnel politique. Le PD s’y est essayé avec Renzi. Ce fut un échec. En revanche, à droite, Silvio Berlusconi, qui avait permis de l’emporter à trois reprises à grands coups de promesses démagogiques de baisse de taxes, en 1994, en 2001 et en 2008, est resté le leader incontesté.

Alors qu’il avait dû s’en aller sur la pointe des pieds en 2011, avec un bilan économique catastrophique, des affaires judiciaires et une réputation entachée par ses mœurs. Cela a nourri les transferts de voix vers la Ligue du Nord et l’extrême droite. Et ce d’autant plus que c’est Berlusconi lui-même qui a dédiabolisé l’extrême droite depuis 1994, en l’embarquant, à chaque fois, dans sa coalition. Le Mouvement 5 étoiles s’est montré habile en siphonnant les voix de la gauche radicale et du Parti démocrate entre 2008 et 2013 avec ses propositions écologistes et sociales. Il a su, en parallèle, s’adresser à l’électorat centriste, en draguant les chefs d’entreprise et en critiquant les syndicats. Il s’est souvent adressé à l’extrême droite comme lorsque Beppe Grillo a demandé à ce qu’on vérifie si les migrants n’étaient pas porteurs du virus Ebola. À droite, Matteo Salvini a été intronisé dimanche à la tête de la coalition, son parti, la Ligue du Nord, ayant devancé celui du Cavaliere, Forza Italia. Lui aussi a bien joué. En 2013, il avait ramassé un parti en lambeaux, qui pesait 4 % des voix et trempait dans les affaires de son fondateur, Umberto Bossi. Pour ces élections, le parti a été baptisé « la Ligue », pour devenir un parti national fondant son succès sur le rejet des immigrés. Une attitude de plus en plus commune dans la péninsule. Dans ce contexte, il a manqué une force de gauche forte, capable de représenter le monde du travail. Les communistes de Pouvoir au peuple ont fait 1 % des voix. Libres et égaux, des dissidents du PD, s’arrêtent à 3,4 %. Vingt-sept ans après la dissolution du Parti communiste pour fonder une formation sociale-démocrate qui se faisait fort de suivre les orientations européennes, il n’y a plus une force, en Italie, qui ambitionne de représenter le monde du travail et soit liée au mouvement social. Les salariés sont désarmés.

Avec Gaël De Santis, l’Humanité, 06/03/18

ÉLECTIONS LÉGISLATIVES EN ITALIE résultats partiels des principaux partis à 9h55 GMT lundi AFP Source : Ministère de l’intérieur

32,2 %

37,3 %

23 %

13,9 %

18,9 %

17,8 %

4,1 %

4,4 %

3,4 % Gauche Libres et égaux (gauche)

Coalition de centre gauche Parti démocrate (centre gauche) Autres

Populiste

Coalition de droite

Mouvement 5 étoiles

Forza Italia (droite) La Ligue (extrême droite) Frères d’Italie (extrême droite) Autres


PCF MILITANTS

LES NOUVELLES DE BORDEAUX ET DU SUD OUEST

Les cogitations se penchent sur la lutte des classes

Appel à bénévolat

La fédération du PCF organisait, le 1er mars une « Cogitation militante » autour de l’actualité de la lutte des classes. Débat riche et appel à des suites… Deuxième édition réussie pour les « Cogitations militantes » qui ont réunit une trentaine de militants-es communistes, ce 1er mars, autour de « l’actualité de la lutte des classes au XXIe siècle ». Coordinatrice de la revue Progressistes, la sociologue Fanny Chartier s’est chargée d’une présentation statistique et historique de la notion de classes. Exercice qui nécessite de revenir sur les révolutions industrielles puis informationnelle/numérique qui ont profondément modifié la composition du salariat. « Nos sociétés ont connu une désindustrialisation généralisée et, parallèlement, un accroissement de la division internationale du travail qui a conduit au développement d’une classe ouvrière massive dans des pays comme la Chine, l’Inde ou le Bangladesh. Et chez nous, cette division du travail s’est concrétisée par une séparation des activités et un recours massif à la sous-traitance. » 60 % des activités industrielles en France sont, aujourd’hui, le fait de sociétés soustraitantes, la même proportion de

production réalisée par les entreprises françaises l’est… à l’étranger. Ces (r)évolutions n’ont pas conduit à la disparition de la classe ouvrière puisqu’elle représente encore au moins 20 % de la population active et 6 millions de travailleurs. « Mais les évolutions du capital, la diversification de l’actionnariat et l’éclatement des zones de production rendent plus difficiles la prise de conscience de classe. » Pourtant, note Fanny Chartier, la « lutte des classes est toujours là, l’extorsion de la force de travail flagrante et la mise en concurrence plus vivace que jamais ». Elle en donne deux exemples d’actualité : la mise en concurrence entre les salariés de Castorama en France et en Pologne 1) et la mise à l’index des fonctionnaires et cheminots coupables de statuts « privilégiés ». Une actualité du combat de classe qui amène la sociologue à s’interroger sur l’usage par le PCF, dans ses textes de congrès notamment, du terme « classes populaires »… Une notion inopérante selon elle, tant elle ne permet pas de restituer le positionnement vis-à-vis du processus de production et de la confiscation de la force de travail. S’en est suivi donc d’un débat animé mais fraternel. « La classe ouvrière est une notion dynamique à laquelle on

n’aurait jamais dû renoncer », plaide ainsi Alexandre, militant de la section Portes du Médoc. « La notion de classes populaires ne me dérange pas si on y restitue bien la diversité du peuple », dit Dominique, militant de la section universitaire, reprenant l’intervention de Serge (Villenave-d’Ornon), qui voyait dans cette notion la capacité à « se coltiner le réel ». « La notion d’affrontement de classes est toujours d’actualité, dit Fred (Bordeaux), parce qu’elle est opérante pour organiser la lutte aujourd’hui. » Opérante, comme dans la lutte des ouvriers de Ford aux mains d’un capital américain qui dispose de leur force de travail. Mais opérante aussi dans la lutte des hospitaliers ou des cheminots qui posent la question de l’utilisation des richesses créées pour répondre aux besoins des populations. Comme Ivan (Bassin d’Arcachon), Fred insiste sur « le haut niveau d’exigence théorique dont notre parti doit faire preuve en même temps qu’un haut niveau d’exigence et d’innovation pratique ». Un lien entre notions théoriques et batailles concrètes à mener, apprécié de tous autour de la table. Quand à la notion de « classes populaires », Jean-Luc (Bordeaux) s’est chargé de la synthèse. Militant d’une association de chômeurs, il a rappelé que « dans Prolétaires de tous les pays unissez-vous ! C’est le “unissez-vous !” qu’il est urgent de faire vivre ! » Tout sauf une conclusion. Un appel à poursuivre les cogitations… et les expérimentations. V.B. (1) « Castorama veut licencier plus de 400 salariés, et leur demande de former leurs remplaçants polonais », www.nouvelobs.com

LIBOURNE

Quand usagers et cheminots se parlent Vendredi 2 mars avait lieu à Libourne, à l’invitation du PCF, une réunion publique sur les transports par le train. Avec l’annonce du rapport Spinetta qui préconise des fermetures de lignes dites secondaires et le passage de la SNCF en société anonyme – elle ne serait donc plus une entreprise publique – cette réunion a pris des allures de défense du service public du transport de voyageurs par le train. Plusieurs membres d’association d’usagers et de comités de lignes étaient présents. Utilisateurs et utilisatrices des lignes Bordeaux/Saintes, Bordeaux/Bergerac, Bordeaux/Angoulême, tous pointaient les retards, les annulations de train, la fermeture de guichets. Après la dégradation du service public, beaucoup redoutent la fermeture de gares, de haltes ou de lignes entières. David Ceresuela, syndicaliste cheminot expliquait que la dégradation des lignes et des voies n’était pas due au manque d’argent mais aux choix économiques à courte vue de la SNCF. L’État fait peser sur l’entre-

prise une dette de 3 milliards d’euros, ces logiques financières et libérales sont responsables des dégradations constatées. Sébastien Laborde et Véronique Lavaud expliquaient les actions engagées par les collectivités pour le maintien et l’amélioration de ces lignes, la SNCF demandant systématiquement aux collectivités de participer au financement de la rénovation des voies, et à l’augmentation de la fréquence des trains. Comment faire valoir les modifications d’horaires, l’amélioration du service, des voies, si la SNCF devient une entreprise à capitaux privés ? Quelle solidarité sur le territoire national pour les lignes secondaires, dites non rentables et qui pourtant participent à l’aménagement du territoire et répondent à un besoin essentiel, celui de la mobilité ? Quelle mobilité pour les transports du quotidien pour les salariés, mais aussi les week-ends, et en direction des jeunes ? Le président de l’association pour la réouverture de la ligne Blaye/ St Mariens présentait alors l’étude réalisée par l’association. La remise

en service de la voie et de la gare de Blaye représente un coût global de 25 millions d’euros. Moins de 4 % du budget d’investissement de la SNCF dans la région. Des citoyens de Montpon et St Emilion craignent pour leur gare. Ceux qui prennent le train à Libourne et Coutras, à St-André de Cubzac dénoncent le manque de trains et de places dans les voitures. Enjeu social et environnemental essentiel, le train doit être défendu et développé. Il ne s’agit pas d’en rester au statu quo mais bien d’obtenir des améliorations sur les lignes concernées. Cet espace de débat ouvert entre usagers, cheminots et élus s’est révélé bien utile et a ouvert des perspectives d’actions communes, comme la possibilité de préparer les comités de ligne ensemble pour mieux se faire entendre. Chacun affirme son soutien au mouvement des cheminots contre les mesures du gouvernement et de la SNCF Une belle soirée de débat et d’échange où chacun, au delà du besoin de se faire entendre, a eu la volonté de rechercher des convergences.

Pour que votre hebdomadaire arrive jusque chez vous, une équipe de bénévoles œuvrent chaque semaine à l’encartage et la mise sous pli. Il manque de bras en ce moment, donc si vous avez un peu de temps le mercredi après-midi et/ou le jeudi matin pour être utile à la presse indépendante, en toute convivialité, merci de contacter Jacques Mainguené au 05 56 91 45 06. ARÈS

Rencontre publique sur l’énergie Le PCF vous invite à participer à une rencontre/débat le 10 mars 2018, de 14h30 à 17h, salle des Milles clubs à Arès, avec la participation de Marylène Faure, membre du CESR, militante syndicaliste CGT Énergie 33 et de Amar Bellal, rédacteur en chef de la revue Progressistes et auteur du livre Environnement et énergie, éditions Le Temps des Cerises. MÉRIGNAC

Stop à la casse sociale, construisons un service public du XXIe siècle ! La section de Mérignac du PCF organise une débat public : jeudi 15 mars à partir de 18h30, à la salle des fêtes de Capeyron, place Jean Jaurès à Mérignac, en présence de cheminot-e-s, de salarié-e-s de l’Énergie, de la Santé, de la Poste pour stopper la casse sociale de Macron et construire ensemble un service public du XXIe siècle. SECTION DE BORDEAUX

Repas fraternel Vendredi 16 mars, salle Pierre Tachou (44 rue Joseph Brunet Bordeaux Bacalan - Tram B arrêt Claveau) à 20h. Participation : 13 € - Tarif réduit sur demande Réservations : sectionbordeauxpcf@gmail.com 06 88 96 87 03 ou 06 19 85 34 00 RENCONTRES

Rendez-vous à la Machine à lire Roland Foissac, autour du livre Le manuscrit de 1908, Jean Jaurès, éditions Arcane 17, jeudi 15 mars à 18h30. La motion du Tarn au congrès de la SFIO de Toulouse défendue par Jaurès et adoptée en 1908 est révélatrice de la pensée de cet homme politique et de la méthode prônée pour unifier des forces de gauche aux sensibilités différentes. Elle intervient également dans un contexte où un rêve d’émancipation sociale et humaine prend corps. Jaurès développe dans ce texte ses conceptions de l’impôt, de la propriété sociale, l’importance de la lutte syndicale et de la grève, autant de leviers destinés à changer la société. Roland Foissac a été viceprésident communiste du Conseil départemental du Tarn jusqu’en 2015. La rencontre est proposée en partenariat avec les Espaces Marx Gironde.

Carnet SECTION DE BORDEAUX. Marc Taillefumier, 70 ans, vient de nous quitter. Il fut un des membres fondateurs de l’association Vie et Travail à Bacalan en 1984. Candidat communiste aux élections cantonales de 1983, il était régulièrement délégué Pcf dans le bureau de vote Achard, un des bureaux où le parti réalise ses meilleurs scores du département. Mercredi dernier, en réunion de cellule, il se disait à nouveau disponible pour tenir le barbecue de la « sucette bacalanaise » de la fête de l’Huma 33. Les communistes de Bacalan et de la section de Bordeaux adressent leurs condoléances à son épouse Evelyne, ses deux fils et ses petits-enfants. Une délégation du PCF participera à ses obsèques jeudi 8 mars à 15h30 à St Astier. SOUSCRIPTION

Tout versement par chèque ouvre droit à une réduction fiscale de 66% du montant versé. (chèque à l’ordre de ADF PCF 33). Les ressources financières du Parti communiste sont transparentes. Votre don, aussi modeste soitil, contribuera effica- cement à la démocratie, à l’expression et la prise d’initiative du Parti communiste. Cet ensemble sont les éléments majeurs pour continuer notre combat dans l’ambition d’une gauche forte et alternative. La fédération de la Gironde du PCF, lance une souscription afin de mener nos prochaines échéances politiques, notre objectif est de 70 000 euros.

ILS ONT DONNÉ 1180 euros : M. VALENTIN Bernard, St-Médard-d’Eyrans ; Mme BONNEVAL Jacqueline, Bordeaux ; Mme VATEL Claudette, Bègles ; M. AIRAULT René, Bègles

Les Nouvelles 8 mars 2018 • 7


CHRONIQUE

CULTURE & SOLIDARITÉ

NOUVELLES IDÉES REÇUES

MÉMOIRES & PARTAGES

Le succès d’un mois consacré à « l’histoire des noirs » Polémique avec la ville autour des noms de rue

En lançant le « Black History Month » (Mois de l’histoire des noirs) à Bordeaux, la petite équipe de l’association Mémoires & Partages, son président Patrick Serres et son directeur, Karfa Diallo ne s’attendaient pas à un tel succès. Celui-ci témoigne de l’utilité d’ouvrir un tel espace d’expression. Il est aussi le résultat du travail de fond de l’association, depuis plusieurs années. Aux États-Unis, chaque année au mois de février, des événements se déroulent sous ce label institutionnel « Black history month ». En France, ça n’existe pas. Quand Mémoires & Partages a décidé de l’organiser à Bordeaux, un appel à contribution a été lancé et un comité d’organisation mis en place. « Nous avons été surpris de voir arriver des personnes très variées, aussi bien des personnalités comme Cheikh Sow, le musicien, que des familles, des étudiants », témoigne Karfa Diallo. Une vingtaine de personnes se sont ainsi mobilisées et ont mis en place un programme ambitieux, avec au moins un événement par semaine, voire un par jour pour la dernière. Le public a été présent dès les premiers événements, au-delà du réseau militant qui se mobilise habituellement. Le tout sans aucune subvention si ce n’est le soutien technique et de communication du Conseil départemental pour la commémoration du 284e anniversaire de l’abolition de l’esclavage le 3 février et l’investissement de la ville de Bassens pour l’évènement de clôture. Ces soutiens institutionnels comme celui de l’office du Tourisme qui a relayé la programmation, l’accueil par la Grande Poste et le Rocher Palmer, le relai dans la presse régionale, la présence des députés Alain David et Loïc Prudhomme ou encore du maire de Bassens ont surpris l’association. Ils témoignent pourtant d’une conscience et d’une confiance construites au fil du temps par le travail de mémoire effectué par l’association. « C’est en effet ce que nous ont renvoyé les élus présents, confirme Karfa Diallo, quant à la population, je crois qu’elle

a même compris avant eux. » Les milliers de personnes effectuant la visite guidée mise en place depuis 2012 par l’association en sont un bon indicateur. « Nous avons de nombreuses conventions avec des lycées, des collèges, explique le directeur. Les gens viennent et reviennent car il y a maintenant 3 parcours* ». Un des objectifs de ce Black History Month, était pour l’association de « restaurer la confiance dans les valeurs de la civilisation noire. » « Nous sommes au XXIe siècle et une ministre de la République en France a été qualifiée de singe parce qu’elle est noire. Un jeune garçon, Théo, a fait l’objet d’une arrestation terrible au cours de laquelle on lui a carrément défoncé l’anus. On a vu ces images terribles de réfugiés vendus aux enchères sur les marchés aux esclaves en Lybie. Il y a toujours une condition de noir difficile. Nous voulons donc restaurer cette confiance pour nous, qui en avons l’apparence, mais aussi pour tout le monde. C’est pourquoi nous avons voulu une programmation très variée. Nous avons rappelé la charte du Mandé, l’une des premières déclaration des droits humains qui a été faite en Afrique, sous l’empire du Mali au XIIIe siècle. Cette déclaration combat l’esclavage, la traite, elle affirme l’égalité entre les Africains. Restaurer la confiance et la dignité, c’est aussi l’intervention de Halimata Fofana, cette jeune femme noire, française, qui se bat contre l’excision. » Autre objectif de l’association : révéler des désirs d’engagement, de citoyenneté. L’investissement d’une famille de la rive droite inconnue de l’association et à l’origine de l’événement de clôture à Bassens, témoigne que cet objectif est atteint. « Ça avait tellement de sens de le faire à Bassens où les soldats noirs américains ont construit l’extension du port de Bordeaux y amenant le jazz, le basket, la boxe », souligne Karfa. Le troisième objectif était d’être dans le dialogue, de construire des ponts entre les mémoires, les identités. « C’est ne pas se laisser enfermer dans sa couleur de peau, dans sa communauté. Le dialogue n’est vrai que si l’on connaît sa culture », conclut le militant.

Depuis 10 ans, l’association Mémoires & Partages travaille sur la signalétique urbaine. En janvier, à sa demande, la ville de Nantes a décidé d’apposer des panneaux explicatifs dans les rues qui portent des noms de négriers. À Bordeaux, par contre, c’est toujours le statut quo et quand l’association pousse un « coup de gueule », c’est par voix de presse que la ville lui répond. « Je ne suis pas en colère au fond, commente Karfa, mais je suis très inquiet de la tournure que prennent les choses. Quand on nomme une rue, on transmet un message, des valeurs. On a une loi qui désigne l’esclavage et la traite des noirs comme crime contre l’Humanité, la loi Taubira. On a donc établit une liste des personnalités qui ont participé à ce crime contre l’humanité, quasiment sur les 4 ports négriers : Bordeaux, Nantes, La Rochelle et Le Havre. Ça ne suffit pas de juste débaptiser une rue, c’est trop facile. Il faut faire preuve de pédagogie et l’espace public est le plus adapté car le plus démocratique et pérenne. Il ne s’agit pas non plus d’y indiquer des jugements mais dire que Saige a été maire de Bordeaux en 1791 et qu’il a armé des bateaux qui ont fait la traite des noirs, c’est un fait historique, avéré ». Mais le dialogue avec la ville de Bordeaux est difficile bien qu’une commission municipale existe sur ces enjeux de mémoire, à laquelle a d’ailleurs participé l’association au début. « On est plus au courant de rien. Et maintenant on apprend par la presse qu’une liste de négriers a été établie par les archives, constate avec amertume Karfa. On n’a aucune trace de ça. On n’a pas voulu polémiquer et on ne polémiquera plus là-dessus mais nous avons écrit au maire de Bordeaux pour demander une nouvelle commission qui ne soit plus dirigée par un élu par souci d’indépendance. On a aussi écrit aux archives municipales pour demander ce rapport. Car il faut faire attention au révisionnisme. Nous disons qu’il y a une vingtaine de rues et qu’il faut, bien sûr, les vérifier, les attester. Mais la liste diffusée ne désigne que les armateurs, on ne parle pas des capitaines, des esclavagistes, des colons. Dans cette liste, on ne verra pas Balguerie, Lainé, Baour, de la Béchade, de Bethman… Nous avons a réussir à faire comprendre aux Bordelais ce que nous faisons et nous avons un dialogue avec des descendants d’armateurs comme Axel Balguerie et Pierre de Bethman depuis 2014. On ne peut pas nous diaboliser comme des gens qui cherchent la revanche ou ce genre de chose. Nous avons envie d’avancer, nous voudrions ne plus avoir à nous battre pour des choses évidentes ». Christelle Danglot

Les Nouvelles de Bordeaux et du Sud-Ouest S.A.S. au capital de 37 000 euros Associés (à parts égales) : L. Chollon, F. Mellier, S. Laborde, M. Lavallée Directeur de la publication : Frédéric Mellier Abonnement 1 an : 25 euros. Abonnement de soutien : 40 euros Rédaction, composition, impression : S.A.S. Les Nouvelles de Bordeaux et du Sud-Ouest 15, rue Furtado - 33800 BORDEAUX Tél. 05 56 91 45 06 - Fax 05 56 92 61 01 - Annonces légales : annonces@nbso.fr Comptabilité : compta@nbso.fr - Redaction/Proposition d’article : redaction@nbso.fr @nvlbx Les nouvelles de bordeaux nbso.fr Commission paritaire de presse : 0123 C 85932

8 • Les Nouvelles 8 mars 2018

*3 parcours pour visiter ou revisiter Bordeaux sous l’angle des combats pour la liberté : Cœur de Ville (Triangle d’or où les traces de l’esclavage et de la présence des noirs affleurent pour qui sait et veut voir) - Chartrons Créoles (grenier commerçant du XVIIIe siècle) - Quartiers de sucre (Saint-Michel aux quais de Paludate en passant par le quartier Sainte-Croix…). Informations sur : memoiresetpartages.com Tél. 09 54 34 78 63

par Gérard Loustalet Sens

De quoi le « populisme de gauche » est-il le nom ? On ne peut qu’être reconnaissant au Média, la télé de la France insoumise, d’avoir donné la parole à l’historienne Annie Lacroix-Riz dans un entretien de 35 mn avec Aude Lancelin. Annie Lacroix-Riz est une des meilleures spécialistes de l’histoire de la France contemporaine. Son domaine de recherche fait cependant scandale dans le champ feutré de l’historiographie académique : c’est le comportement politique des élites dont Annie Lacroix-Riz montre, archives irréfutables et impitoyables à l’appui, qu’une grande partie d’entre elles imagina, dès les années 30, de s’appuyer sur le nazisme et le fascisme afin de protéger ses intérêts et de combattre le communisme. Dès ces années-là naît la collaboration qui s’épanouira sous Vichy. L’historiographie dominante qui vit toujours dans le pieux mensonge selon lequel la société française aurait été immunisée contre le fascisme ne pouvait qu’ostraciser les travaux d’Annie Lacroix-Riz. Celle-ci montre en particulier que l’antisémitisme était structurel chez ces élites. On vient ainsi d’apprendre que le vénérable philosophe radical-socialiste Alain, lui-même, n’en était pas exempt, révélant, ainsi que le remarque Roger-Pol Droit, « la profonde composante antisémite qui imprègne la bonne culture française, même chez des gens supposés respectables » (le Monde des Livres, 02.03.2018). L’imprégnation est telle que l’on vient d’assister, sous prétexte de littérature et de commémoration, à une tentative de rééditer les « pamphlets » antisémites de Céline et à un projet de célébrer le 150ème anniversaire de la naissance de Charles Maurras, théoricien de l’Action française et de l’antisémitisme d’Etat, les deux, faut-il le rappeler, ayant appelé à la chasse aux Juifs ! Merci donc au Média pour cette réussite. Cela ne doit cependant pas occulter les désaccords profonds que suscite le mélenchonisme dans sa conception des luttes sociales et des acteurs qui les mènent. Il n’est d’ailleurs même plus question de lutte sociale mais de lutte « citoyenne » où les salariés sont invités à relativiser leurs revendications afin de se fondre dans de supposés vastes « mouvements urbains d’occupation des rues et des places publiques ». Les multitudes urbaines sont alors censées se transformer en « peuple » par la magie des réseaux sociaux et des « plate- formes numérisées » dont on veut ignorer que l’inégalité d’accès renforce le poids des fractions de la bourgeoisie intellectuelle au détriment des ouvriers et des employés. Pour Lénine, la révolution prolétarienne, c’était les soviets+l’électricité ; pour J.L. Mélenchon, la révolution citoyenne, c’est le mouvement (le sien)+ internet. J’en conviens, le parallèle est un peu écrasant… J.L. Mélenchon se veut moderniste en fondant l’action politique sur les « multitudes humaines urbanisées ». Il est vrai que la moitié de la population mondiale vit dans les villes et sans doute les 2/3 d’ici quelques décennies. Cela en fait-il un potentiel révolutionnaire ? L’homo urbanus serait-il le prolétariat de notre temps amené à supplanter l’homo rusticanus ? De l’anthropologie de comptoir et surtout parfaitement illusoire ! Dans les pays riches, le développement des métropoles consiste en une concentration humaine, économique, financière dans les centres urbains attirant classes supérieures et professions intellectuelles tandis que ouvriers et salariés sont repoussés hors du cœur des agglomérations (Julian Mishi, « L’identité de classe en politique », la Pensée, 392, octobre- décembre 2017). C’est un phénomène bien connu de gentrification urbaine et de ségrégation spatiale qui ne fait que reproduire, n’en déplaise à J.L. Mélenchon, les oppositions de classe les plus classiques. Dans les pays dits du sud, c’est pire, avec des mégalopoles regorgeant de « bidonvilles, de squats et autres habitats précaires et illégaux qui voisinent avec des quartiers touristiques, de vastes centres commerciaux propriétés de sociétés transnationales et d’ensembles immobiliers sécurisés » (Thierry Paquot, philosophe Paris-XIII, l’Humanité, 24.06.2004). Homo urbanus est la synthèse de ce qu’il y a de pire dans la division de la société en classes. L’historienne Mathilde Larrère voit dans l’invention du « peuple » mélenchonien un retour en arrière : « on renoue avec des lectures de la Révolution française qui noyaient le mouvement ouvrier dans un mouvement citoyen plus vaste et justement alors construit pour vider de sa substance le mouvement ouvrier en train de naître » (l’Humanité, 02.02 2018). Aujourd’hui l’opération prend le nom de « populisme de gauche », une impasse pour les classes populaires. Au profit de qui ?


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