Nouvelles N° 2246

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Jeudi 15 mars 2018 - N° 2246 - Hebdomadaire - 15, rue Furtado - 33800 BORDEAUX - Prix : 0,80 euro

LE 22 MARS TOU-TE-S DANS LA RUE POUR LES SERVICES PUBLICS


ACTUALITÉ AGRICULTURE/VITICULTURE

8 MARS À BORDEAUX

« Pas de pulvérisations toxiques près de nos écoles »

Journée féministe et solidaire

Dix organisations* (associations environnementales, de défense des victimes de pesticides, de parents d’élèves, syndicats de travailleurs de l’agriculture ou de l’éducation) ont écrit au Préfet de la Gironde pour lui demander de toute urgence, avant le début des traitements de printemps, de protéger les enfants des 128 écoles de la Gironde qui sont classées en zones sensibles parce que près des exploitations agricoles. « Depuis l’affaire de Villeneuve de Blaye qui avait provoqué le malaise des écoliers et de leur enseignante en 2014, aucune mesure contraignante sérieuse n’a été prise », communiquent les organisations. Elles réclament « une zone de 200 m où seuls les produits bio non classés CMR (cancérigène, mutagène, reprotoxique) ni dangereux pour l’homme soient autorisés. Les récents prélèvements dans l’école de Listrac (enquête HAPPI publiée en février 2018), comme ceux qui avaient été faits à Arcins en 2016 dans les cheveux des enfants montrent à quel point ces derniers sont exposés. Les pouvoirs publics doivent prendre des décisions fortes ». * Alerte Pesticides Haute Gironde, Alerte aux Toxiques, Collectif Infos Médoc Pesticides, Générations Futures Bordeaux, Alerte Médecins sur les Pesticides, Collectif Alerte Pesticides de Leognan, Confédération paysanne, FSU 33, FCPE 33, CGT Educ’Action 33 et SE-UNSA 33.

RÉSEAU TBM

Répondre aux urgences sans oublier d’envisager l’avenir À l’occasion d’un rapport au Conseil métropolitain sur l’adaptation de l’offre de tramway sur la ligne avec l’arrivée de la LGV, Léna Beaulieu, pour le groupe communiste, a souligné la saturation du réseau tramway et la nécessité de développer le réseau bus en site propre. Léna Beaulieu a relevé la richesse du rapport qui « permet de mieux maîtriser la situation de notre réseau de transport ». Si le réseau est dynamique, des progrès sont à faire sur le réseau bus, « 58 km de couloirs de bus sont une bonne chose, ils sont sans doute insuffisants ». L’élu souligne que les bus sont trop tributaires des embouteillages et subissent régulièrement des retards. « La fiabilité du réseau est un élément essentiel de l’attractivité de nos transports en commun, nous devons mieux travailler dessus. Nous apprécions donc les investissements qui sont programmés, ils doivent être couplés à des investissements humains afin de mieux répondre à la demande des usagers ». Les élus communistes restent aussi vigilants sur la question de la soustraitance qui ne peut excéder les 20 %. Par ailleurs ils interpellent sur l’avenir avec le tramway « proche de la saturation » et les investissements « qu’il va nous falloir continuer à travailler » « en lien avec l’augmentation de la population ».

UNIVERSITÉ DE BORDEAUX

Violente évacuation contre des opposants à la loi Vidal L’intervention violente de policiers, mardi 6 mars, pour évacuer l’amphi Gintrac à la Victoire occupé par des étudiants opposés à la loi Vidal a soulevé l’indignation de la communauté universitaire. Cette évacuation a été faite sur réquisition de Manuel Tunon de Lara, président de l’Université de Bordeaux, dont les opposants à la loi Vidal demandent, depuis, la démission. Lundi, ils occupaient toujours l’amphi Gintrac. Un étudiant a été interpellé et mis en garde à vue le mercredi 7 mars « pour violence sur personne dépositaire de l’ordre public ». Alors que l’université a justifié l’intervention par des dégradations des locaux, la direction du Collège des Sciences de l’Homme a donné un autre son de cloche : « La direction du Collège, les directeurs des facultés désapprouvent les actes de violence qui se sont produits hier soir (mardi, NDLR) envers les étudiants qui occupaient les locaux et souhaitent la reprise du dialogue dans les meilleures conditions et le plus rapidement possible. Nous avons sollicité la présidence de l’Université en ce sens (…) », ont écrit mercredi 7 mars les dirigeants du site Victoire. Même requête formulée par les personnels de la Faculté de sociologie qui critiquent l’intervention de la police et condamnent la violence tant verbale que physique de cette agression. 22 doctorants membres du Collectif Marcel Mauss se sont aussi élevés « contre la répression de la mobilisation actuellement en cours au sein de l’université de Bordeaux ». Invoquant « le droit de chacun-e à exprimer ses revendications et à se mobiliser pour défendre ses opinions », ils appelaient à un rassemblement jeudi 8 mars à 12h30 sur le parvis du site de la Victoire et réclamaient l’abandon immédiat des poursuites judiciaires contre l’étudiant inculpé et des explications sur les responsabilités de l’Université de Bordeaux. En début de semaine, environ 250 étudiants ont voté l’occupation nocturne de l’amphi Gintrac. L’administration de la fac, par les voix de son vice-président et de son « administratrice provisoire de site », est venue rappeler les consignes de sécurité, et s’est engagée à ne pas faire intervenir les forces de l’ordre pour faire évacuer l’amphi, ont-ils précisé. Avec Rue 89 Bordeaux 2 • Les Nouvelles 15 mars 2018

Ce 8 Mars 2018 à Bordeaux était une belle journée, réussite à plusieurs titres. Cette date internationale de lutte pour les droits des femmes a vu se rassembler les forces féministes, réunies notamment au sein du Collectif bordelais des droits des femmes, organisateur de l’événement. RDV était donné à 15h40, place de la Victoire. L’horaire n’était pas anodin : il correspond au moment où les femmes commencent à travailler gratuitement, étant sous-payées par rapport aux hommes. Tout au long de l’après-midi, ce 8 Mars a pris plusieurs dimensions qui reflètent la diversité et l’actualité des luttes féministes. Une dimension internationale, avec la présence des femmes alevis, turques et kurdes, qui ont mis en avant le combat des femmes résistantes pour la liberté à Afrin (Syrie). Une dimension européenne, avec une intervention des féministes polonaises qui ont gagné

le maintien du droit à l’avortement, que leur gouvernement conservateur voulait supprimer récemment. Une dimension locale enfin, avec le Planning Familial qui, en lien avec le Collectif, mène un combat pour la création de véritables lieux d’hébergement des victimes de violences conjugales. C’est une problématique prégnante dans le département, comme l’a rappelé Annie Carraretto, membre du Planning familial 33. « Sur 641 demandes d’hébergement, seules 71 ont pu être satisfaites, laissant sur le carreau 570 femmes. » Elle souligne « qu’aujourd’hui, sur Bordeaux, il n’existe qu’un seul centre d’hébergement de 39 places ». Face à cette situation dramatique, les pouvoirs publics ont été interpellés, notamment Alain Juppé. Avec la libération de la parole des femmes, la dynamique féministe est en marche et ne laisse plus les décideurs indifférents, puisque désormais, Annie Carraretto constate que « les institutions se sentent un peu plus obligées, elles nous répondent plus vite. Ce sont les femmes du quotidien

qui s’expriment maintenant, et plus seulement les militantes ». Ce 8 mars était aussi placé sous le signe de la bonne humeur et du dynamisme. Les femmes turques, kurdes et alevis n’ont pas hésité à danser sur des chants traditionnels, partageant leur allégresse avec les autres personnes présentes sur la place. Plusieurs chants féministes, comme « l’Hymne des femmes », et des slogans ont été scandés lors de la chaîne humaine à 18h qui s’est déroulée de la place de la Victoire jusque dans la rue Sainte-Catherine. Le but de cette initiative était de lutter contre les violences faites aux femmes, avec des pancartes rendant hommage à ces femmes victimes de féminicides. Mais la chaîne humaine avait aussi pour objectif de rendre les combats féministes visibles dans l’espace public. Et ça a marché, puisque des passants se sont arrêtés, ont questionné, certains reprenant même les slogans tels que « Quand une femme dit non, c’est non, ras le viol ! ». Cette journée n’aurait pas été la même sans un moment instructif qui aura marqué les esprits : la mise en place, en plein milieu de la place de la Victoire, d’un clitoris géant. Cette œuvre a été réalisée par une étudiante en arts. Le but : faire connaître cette partie du corps féminin, au mieux délaissée, souvent mal connue, qui est pourtant l’un des pivots essentiels du plaisir féminin. Une belle journée, ce 8 mars : populaire, militante, joyeuse, instructive et solidaire ! Sarah Chakrida

PROPOSITIONS DE LOI

Des élus renvoyés à la niche Les textes portés la semaine dernière au Sénat et à l’Assemblée nationale par les députés et sénateurs communistes ont fait face à l’hostilité systématique du gouvernement. La Ve République est un régime politique qui se joue avec 577 députés et 348 sénateurs, et à la fin c’est toujours le gouvernement qui décide. Il suffit de voir le sort réservé cette semaine aux propositions de loi des parlementaires PCF pour s’en convaincre. Le cas le plus violent concerne sans aucun doute le projet de revalorisation des retraites agricoles, porté par le président du groupe GDR, André Chassaigne, et adopté à l’Assemblée nationale lors de la précédente législature (lire page 7). Arrivé au Sénat, où il a été voté en commission, le texte était, mercredi, sur le point d’être validé définitivement dans l’Hémicycle. L’exécutif a ajouté au dernier moment un amendement renvoyant à 2020 l’application de cette mesure.

« Ce précédent extrêmement dangereux augure mal de l’avenir de notre collaboration sur l’évolution du travail législatif », a prévenu le président de la commission des Lois, Philippe Bas (LR), au sujet de la réforme du Parlement en préparation. Échaudés par cette accumulation, les députés PCF ont défendu bec et ongles les propositions de loi examinées jeudi à l’Assemblée, dans le cadre de leur niche parlementaire. Peine perdue. Le gouvernement et le groupe LREM ont d’emblée préparé des motions visant à rejeter au plus vite les cinq textes. En ce 8 mars, Journée internationale des droits des femmes, la première proposition renvoyée en commission a été celle visant à lutter contre la précarité professionnelle des femmes. « Je ne vous demande pas d’adopter ce texte, mais de respecter le débat et le travail d’un groupe, d’argumenter sur chaque article, puis de vous prononcer », a insisté sans succès Marie-George Buffet.

Après un vibrant rappel au règlement d’André Chassaigne face à l’absence de quorum, le climat s’est détendu lors de l’examen du texte visant à la reconnaissance sociale des aidants. Le gouvernement, soucieux d’imposer son tempo, a fait rejeter en commission la proposition, tout en s’engageant à légiférer dans les prochains mois. Reste à savoir si les mesures défendues par Pierre Dharréville seront réellement reprises ou non. Dans la foulée, le texte sur la gratuité des transports scolaires devait, sauf surprise, être lui aussi interrompu au plus vite, tout comme celui portant sur la liste noire française des paradis fiscaux. Sale temps pour le débat parlementaire, en somme, et pour la lutte contre la fraude fiscale, après le rejet par le Sénat, mercredi soir, de la proposition communiste de création d’une COP fiscale, qui, elle, avait été votée en 2016 par l’Assemblée… Avec Aurélien Soucheyre, l’Humanité, 09/03/18


ACTUALITÉ

Editorial

FORD BLANQUEFORT

Rien ne justifie le désinvestissement sur ce site

À gauche, Max Guichard et Jacques Padie. À droite, Gilles Penel. Au rassemblement, vendredi 9 mars, pendant la réunion du comité de suivi.

Le vendredi 9 mars a été bien chargé pour les salariés de Ford Blanquefort qui avaient déclaré une journée « usine morte » et se sont rendus en manifestation jusqu’à la préfecture où se tenait, l’après-midi, un comité de suivi. Les soutiens étaient nombreux et très en colère de l’attitude de Ford. Au cours d’une réunion publique, mardi soir, il a été décidé d’une manifestation samedi 24 mars à Bordeaux. « Ford depuis 2011 a reçu près de 46 millions d’euros d’aides par les collectivités locales sans avoir vraiment investi sur le site. Ce qu’il faut vraiment aujourd’hui, c’est que Ford pérennise l’emploi jusqu’en 2019 avec la production actuelle et investisse, pour la suite, sur un véritable projet économique, pourquoi pas sur la voiture électrique ou hybride de demain », expliquait Gilles Penel de la CGT dans la manifestation, le matin. Mais lors de la réunion du Comité de suivi – qui réunissait, le Préfet, J.P. Floris, le délégué interministériel, des élus, des dirigeants de Ford Europe et FAI et l’intersyndicale – le représentant de l’État a eu bien du mal à obtenir de Ford le respect de son engagement de maintenir une activité jusque fin 2019. La stratégie de Ford est d’affirmer qu’elle cherche depuis longtemps une activité pour FAI

mais qu’elle n’en a pas trouvée et donc demande aux salariés de travailler « normalement » afin d’intéresser des tiers (des repreneurs- NDLR). Pour la CGT « Ford ment deux fois ». « D’abord, ils n’ont jamais cherché des activités ». La CGT s’appuie sur un document, intitulé « Bordeaux Plant Divestment » (désinvestissement de l’usine de Bordeaux) « Lessons Learned » (leçons apprises) qui montre que Ford avait prévu de cesser toute activité à FAI en 2011. Le but du groupe était que l’usine de Blanquefort achève de produire le quota de boîtes de vitesses prévu pendant que le groupe se désinvestissait du site. La CGT affirme ensuite que, contrairement à ce que dit Ford, des productions sont possibles pour FAI. « Ford doit comprendre qu’il ne peut pas partir, poursuit le syndicat, après avoir demandé et reçu autant d’argent public 50 millions depuis 5 ans et combien depuis 45 ans ? » Rue89 Bordeaux a justement fait le calcul* et affirme que depuis son implantation en 1970 et malgré « les nombreuses données manquantes », plus de 120 millions d’euros seraient sortis des poches des contribuables pour faire tourner l’usine de Ford. Ford doit rester à Blanquefort, c’est l’avis général des nombreux soutiens rassemblés devant la préfecture pendant le comité de suivi. L’usine doit

être « intégrée dans le plan de développement européen, ce qui induit de rejeter toute hypothèse de reprise par un tiers et le maintien de la production de la 6F35 jusqu’à la mise en place d’une production pour le véhicule décarboné sur le site », déclare le Comité de soutien et de sauvegarde des emplois industriels du site de FAI Blanquefort, animé par des citoyens. Pour Julien Ruiz de l’UD CGT, il faut non seulement sauver les emplois mais aussi écrire « une nouvelle page de l’avenir de Ford sur ce site ». « Rien ne justifie que Ford renonce à investir sur ce site. Le secteur automobile s’est redressé considérablement, les ventes d’autos sont reparties à la hausse en France comme en Europe ». « Ford c’est l’illustration d’un capitalisme financier qui ne compte plus avec les hommes, les individus, les savoir-faire. Voilà ce qu’il nous faut transformer en luttant contre mais aussi en faisant des propositions pour que Ford ait un avenir. Il faut aussi beaucoup plus de démocratie en entreprise car si les salariés, leurs représentants avaient plus de pouvoir dans, ils ne décideraient pas de choses aussi ignobles que ce qu’ils nous proposent aujourd’hui ». Ce sont d’ailleurs les salariés qui ont « sauvé » le site de Blanquefort et ce sont eux les mieux placés pour construire les solutions industrielles qui assureront l’avenir du site, ont rappelé les élus communistes métropolitains Max Guichard et Jacques Padie, présents à la réunion publique de mardi soir à Blanquefort. S’ils se sont opposés à l’idée d’exiger la restitution des subventions, qu’ils n’ont par ailleurs pas votées, c’est qu’ils craignent que cette demande apparaisse comme une caution au départ de Ford. Au contraire, « il faut s’appuyer sur ces subventions pour exiger de Ford qu’il réinvestisse sur le site. » Christelle Danglot * Les Ford ripostent aux annonces de départ de Blanquefort, par Xavier Ridon, le 10 mars 2018 sur rue89bordeaux.com

STATIONNEMENT

Juppé recule un peu mais pas sur son mépris des Bordelais Les multiples pétitions qui circulent sur la place de Bordeaux montrent à quel point les habitants et les usagers sont exaspérés par les choix unilatéraux de la mairie en matière de stationnement. Ce ne sont pas les dernières annonces de modifications du système qui contredisent cet état de fait (décision de laisser le stationnement gratuit à St Augustin et Caudéran). Pour la deuxième fois en peu de temps, sous la pression de l’opinion, le maire omnipotent a dû revoir sa copie. Le rassemblement prévu par un regroupement d’associations et collectifs de quartiers, le samedi matin 24 mars devant la mairie, n’y

est certainement pas pour rien. Le dossier du stationnement payant colle aux doigts de Juppé et son équipe car il a été imposé sans concertation avec les usagers, qui demandent à ce qu’il soit tenu compte des spécificités des populations, et sans que des solutions alternatives ne soient proposées (Parking longue durée, parcs-relais, transports en commun, mobilités douces). L’urbanisme effréné pour aboutir à la métropole du million d’habitants manque visiblement d’anticipation. Il accentue les déséquilibres existant entre quartiers et habitants. La réponse au besoin de logements, et

particulièrement sociaux, doit s’articuler avec le bien vivre et travailler à Bordeaux. Dans ce constat, le maître mot est concertation. Ces associations et collectifs, qui ont travaillé le sujet et élaboré des propositions, ont à de multiples reprises sollicité des rencontres de travail avec la mairie, ils n’ont même pas reçu d’accusé de réception. La démocratie n’est pas en marche chez ce personnage droit dans ses bottes. Les Bordelais pourraient bien lui montrer comment ça s’écrit.

Fronts de riposte Le Parti communiste mène campagne. Il ne s’agit pas de s’agiter au sein d’un magma politico-médiatique où il n’est question que de plans de communication pour se maintenir au pouvoir ou de stratégies pour prendre la place du calife, le moment venu. Il ne s’agit pas non plus de s’écouter, seul contre tous, en ignorant cette belle phrase d’Aragon : « loin d’être fier de voir parmi les aveugles, la faculté de voir n’est que peu de chose si elle n’est partagée ». Il s’agit, au contraire, pour nous, de montrer que les communistes, élu-e-s, militant-e-s, dans les quartiers comme dans les entreprises, sont une force utile pour riposter à la politique de régression tous azimuts portée par Macron et le patronat. Riposte et contrepropositions car le matraquage des médias grand public a besoin que nous fassions vivre la contradiction et monter l’idée que la modernité ne se niche pas dans les vieilles recettes capitalistes d’En marche, mais dans l’immense champ d’émancipation humaine à faire germer, pour plus de droits, de justice, de paix et d’égalité. Et cette riposte touche de plus en plus de secteurs de notre vie sociale et économique. Les parlementaires du PCF ont déjà rencontré et soutenu les luttes de salariés et usagers dans les hôpitaux et les Ehpad de 25 départements. Ils se proposent d’intervenir dans 37 autres. L’objectif est de proposer une loi pour une nouvelle organisation hospitalière et une autre pour un service public de l’autonomie. Idem pour les retraites agricoles, qu’il s’agit de porter à 85 % du Smic agricole, et pour lesquelles la sénatrice Eliane Assassi a jugé « inacceptable » le vote bloqué par le gouvernement. Le PCF est également engagé dans la campagne « Mon train, j’y tiens – SNCF 100 % publique » et multiplie les initiatives en direction des usagers girondins. Car les enjeux territoriaux, économiques et écologiques y sont majeurs dans le plus vaste département de France. Avec FORD, on mesure à la fois l’urgence de définir des objectifs de poursuite d’activité d’une entreprise florissante, de mieux contrôler l’utilisation des fonds publics mais aussi de créer de nouveaux projets industriels dans notre département. Enfin, le 22 mars, les cheminots, comme les fonctionnaires pourront compter sur les communistes. Car la défense et le développement des services publics, nés au siècle dernier, est bien au cœur des enjeux de l’humanité du XXIe siècle.

Vincent Maurin membre de l’exécutif du PCF 33

J.J. Bordes Les Nouvelles 15 mars 2018 • 3


SERVICES BAHIA

POUR LES COMMUNS

Inquiétant plan B

Vivement le printemps ! Nous avons souvent le sentiment d’être battus à plates coutures dans la bataille des idées… Vaincus par la résignation, le repli individualiste, la perte de repères…

Mardi 6 mars, à Talence, Bordeaux Métropole, la Mairie de Talence, l’Agence régionale de la santé (ARS), la direction de l’hôpital Robert Picqué et celle de la clinique Bagatelle ont tenté de répondre aux nombreuses questions des citoyens, utilisateurs de ces services. Répondre aux questions car en ce qui concerne la concertation : « Les choix sont faits ! ». Et ce choix (1), apprenons-nous, est « un plan B » ! Durant 2 ou 3 ans, les directions des deux établissements auraient étudié une solution sur Robert Picqué : trop cher. Le plan sur Bagatelle est chiffré à 80 millions d’euros, celui sur Robert Picqué aurait coûté 180 millions. Et l’État refusant d’investir sur l’avenir d’un service public, c’est le privé, Bagatelle en l’occurrence, qui le fera. Investir pour l’avenir ? Des doutes s’expriment. La direction de Robert Picqué explique que son service d’urgences prévu pour 11 000 passages par an en reçoit 24 000 aujourd’hui. Le service envisagé sur Bagatelle devrait en recevoir 30 à 40 000. La population du sud de la métropole connait une augmentation particulièrement importante : Villenave d’Ornon (+ 15 000 habitants soit près de 30 %) mais aussi Bègles (27 589 habitants actuellement et 31 700 prévus en 2022). Pour faire face à l’augmentation des besoins, il est prévu de supprimer 100 lits au minimum (passage de 450 à 350) ! La tarte à la crème avancée pour le tour de magie est l’hospitalisation à domicile. Faire un retour sur l’expérience de la psychiatrie fait réfléchir. Dans les années 70/80, des milliers de lits y ont été supprimés pour permettre à effectifs constants de développer hospitalisation à domicile et prise en charge ambulatoire. Conclusion : les services d’admissions connaissent des taux d’occupation de 110, 120 voire 130 % ! Les patients entrent et sortent non en fonction de leur état clinique mais en fonction de la disponibilité des lits. L’hospitalisation à domicile est un progrès si on l’envisage pour mieux répondre aux besoins, une catastrophe prévisible si on la conçoit pour économiser, gérer l’austérité. 4 • Les Nouvelles 15 mars 2018

Les citoyens, riverains ont exprimé des doutes sérieux sur la possibilité de s’adapter aux besoins grandissants en passant des 25 hectares de R. Picqué au 7 de Bagatelle. Enfin 7 hectares… Pour financer ce projet, la direction de Bagatelle a commencé par les écorner sérieusement en vendant une large bande de terrain à un promoteur immobilier qui va réaliser 240 logements en bordure de la route de Toulouse et, à l’autre extrémité de la parcelle, une autre surface à la Fondation John Bost pour la création d’une unité médico-sociale destinée à des patients venant de l’hôpital de Cadillac. Les citoyens ont attiré l’attention des autorités sur les problèmes d’accessibilité à prévoir. La route de Toulouse, déjà surchargée, pourra-t-elle permettre des déplacements normaux ? Les deux ronds-points envisagés ne rassurent qu’à demi. Le stationnement sera bien payant sur le site et les riverains s’inquiètent. Les usagers garent leur véhicule sur les quartiers environnants et les problèmes, déjà très prégnants, risquent être majorés. Réponses envisagées : élargir le stationnement payant ou instaurer une zone « disque bleu ». L’exigence de transports en commun attractifs et performants (2), de pistes cyclables sécurisées s’est exprimée pour favoriser des alternatives au tout automobile. Des inquiétudes écologiques ont aussi été évoquées, en particulier sur l’impact des constructions sur les nappes phréatiques et les quartiers environnants. Les réponses apportées ont été loin de calmer les inquiétudes exprimées.

Au moins deux évènements de ces derniers temps pourraient nous faire douter. Le mouvement de protestation contre les violences faites aux femmes a éclaté dans le ciel serein de la domination machiste, d’un « seul coup », s’est développé à l’échelle mondiale et semble perdurer… L’autre est le mouvement des EHPAD, maisons de retraite. La situation dramatique de ces établissements est connue depuis des années et… « brusquement » le mécontentement éclate. Dans les deux cas, pas d’homme

à celles des banques et à la création d’un Pôle bancaire public. Le dernier référendum montre des suisses refusant l’ultra libéralisme en matière d’information, attachés très majoritairement à leur service public télévisé. À postériori, remémorons-nous le succès des coopératives de producteurs, de consommateurs, les jardins partagés, les logements associatifs, les maisons communes pour personnes âgées…Et si le commun était l’avenir ? Dernièrement, quelqu’un nous incitait à « écouter l’herbe pousser ». Autre résultat de l’enquête, pour 32 % des jeunes, le communisme est d’actualité. Pierre Bordas

CORINNE VERSIGNY, UD CGT

Le 22 mars, une journée de reconquête des services publics

Après les hôpitaux, les postiers, les retraités, les personnels des EHPAD et de l’aide à domicile, c’est au tour des fonctionnaires de se mobiliser le 22 mars. Une journée qui s’annonce importante et résonnera particulièrement de la voix de cheminots en manifestation nationale à Paris. À Bordeaux, une manifestation partira de République à 13H. Rencontre avec Corinne Versigny, secrétaire générale de l’Union départementale CGT de la Gironde.

Pierre Bordas (1) Entre un hôpital public et une clinique privée, les derniers gouvernements ont toujours choisi le privé. Dernier exemple, l’instauration depuis 2017 d’un crédit d’impôt sur la taxe sur les salaires (CITS) pour le privé à but non lucratif. Ces millions d’argent public sont-ils utilisés pour créer des emplois ? donner une prime au personnel comme dans certains ESAT ? Le personnel de l’hôpital public, qui lui continue à payer cette taxe plein pot, aimerait bien le savoir. (2) Les opérateurs privés continuent de montrer leur incompétence pour y arriver, il faudra certainement envisager la métropolisation de ce service.

providentiel fédérateur, pas de parti guide montrant la voie : un mouvement populaire. Autre secteur où l’on semblait battu, depuis des années, le commun. Depuis 1981 et la pédagogie du renoncement, non seulement on ne parlait plus de nationalisation de quoi que ce soit mais les privatisations allaient bon train. La fonction publique était accusée de tous les vices, seul le privé serait dynamique. Fin janvier (HQ du 24/01/2018), une enquête Viavoice pour la Fondation Gabriel Péri bouscule des certitudes. 74 % des Français sont favorables au recrutement des fonctionnaires dans la Police et la Gendarmerie, 75 % dans la Santé et l’Éducation, 57 % à la nationalisation des entreprises de l’énergie, de l’eau et de la santé, 44 %

Les Nouvelles. Pouvez-vous nous rappeler les enjeux de la journée de mobilisation du 22 mars ? Corinne Versigny. Ce sont les trois versants de la Fonction publique qui ont appelé à une journée nationale de mobilisation dans la continuité de ce qui s’est passé le 10 octobre 2017 sur des questions d’emplois, de salaires et de missions de service public.

Depuis, le gouvernement a présenté un projet plus qu’inquiétant pour l’avenir des fonctions publiques et des fonctionnaires avec des suppressions d’emplois, des plans de départs volontaires, le jour de carence… Ce sont autant de motifs d’inquiétudes qui ont permis que l’ensemble des organisations syndicales des fonctionnaires se réunisse à nouveau et, comme le gouvernement a opposé une fin de non recevoir par rapport aux revendications, décide d’une nouvelle journée d’action ce 22 mars. Pour l’Union départementale qui a la responsabilité d’organiser l’interprofessionnel, c’est une journée de reconquête des services publics. Pour illustrer la situation, il n’y a qu’à voir l’état des hôpitaux. Des personnels du service des urgences de l’hôpital Saint-André à Bordeaux se sont mobilisés pendant 62 jours sur des questions de mission de service public : la qualité de l’accueil, de la prise en charge du patient. À la Poste, ce matin, il y avait 500 facteurs et factrices mobilisés parce qu’il y a un changement d’organisation de leur

travail. Le gouvernement transforme leur emploi en service à la personne. Le lien social, ils le faisaient gratuitement dans le cadre de leur mission de service public, bientôt ils vont tout faire sauf facteur et, en plus, les personnes devront payer ce service. Dans l’Éducation nationale, de grandes réformes aussi se mettent en place. Dans la Fonction publique d’État, on ferme des services de proximité, il manque de salariés… On voit un service public qui ne répond plus du tout aux besoins de la population. C’est pourquoi la CGT a décidé d’une campagne de reconquête des services publics qui porte, par exemple, des propositions fortes en terme d’offre de soin, notamment de proximité. En Gironde, on voit fleurir des gros groupes de cliniques privées dans lesquels le patient ne peut être accueilli que s’il a la carte bleue qui va bien. Et les hôpitaux de proximité qui ferment les uns après les autres ou sont en grande difficulté par manque de moyens. Sur tout cela se greffe la question des cheminots qui n’ont pas pu tenir leur manifestation nationale du 8 février parce que Paris était bien enneigé. Ils avaient donc décidé de reporter au 22 mars. Entre-temps est tombé le rapport Spinetta qui annonce la privatisation du ferroviaire, l’ouverture à la concurrence et la fermeture de 4 000 à 9 000 lignes dans toute la France. Donc les cheminots seront en manifestation sur Paris à l’appel de l’intersyndicale (CGT, Unsa Ferroviaire, Sud Rail, FO et CFDT) pour défendre ce grand service public de transport ferroviaire Voilà pour le 22 mars, qui s’annonce une journée très forte de mobilisation et pour laquelle on veut parler aux salariés des fonctions publiques. Ils ont bien des choses à dire quand il s’agit de leurs missions et de leurs conditions de travail. On veut aussi


S PUBLICS parler aux usagers dont les besoins ne sont plus satisfaits par manque de moyens car depuis une vingtaine d’année nos gouvernements mènent des politiques d’austérité. Sur Bordeaux, une manifestation partira dans l’après-midi avec un rassemblement, place de la République dès 13h. Peut-être quelques cheminots choisiront de rester en région. Ce n’est de toute façon qu’un début car c’est une véritable déclaration de guerre qui est faite aux cheminots comme à l’ensemble des salariés des fonctions publiques.

On tire la pelote à partir de là et on arrive sur les effectifs insuffisants, les services qui ne répondent pas aux usagers, le montant des salaires avec la reconnaissance de la qualification, la formation (la réforme en projet ne va d’ailleurs pas du tout aider les salariés). L’autre porte d’entrée, ce sont les usagers qui ont besoin de prendre les transports pour aller travailler, ceux qui ne peuvent pas se faire soigner, ceux qui ont des difficultés pour faire garder leurs enfants petits, financer les études de leurs enfants plus grands, faire soigner leurs parents… D’ailleurs, pour beaucoup, on est à la fois salariés et usagers.

Les Nouvelles. Comment la CGT travaille-t-elle à cette reconquête ? Les Nouvelles. Des voix de plus en plus nombreuses apC.V. Quelque soit le milieu, public ou privé, c’est le travail, l’organisation pellent au « tous ensemble ». du travail qui est attaqué : il faut aller Quels sont les freins à un plus vite, il faut rentabiliser, il faut de la productivité, avec moins de mouvement unitaire interpersonnes. On n’est pas fier du travail professionnel ? qu’on fait car on ne nous permet pas de faire au quotidien le travail pour lequel on est missionné, salarié. Dès lors qu’on fait parler les salariés, les fonctionnaires de leur travail, ils sont intarissables sur les écarts entre la journée prescrite et la journée réelle, entre le travail qu’ils font et la journée qu’ils aimeraient faire.

C.V. Aujourd’hui nous construisons les mobilisations avec les salariés, à partir de leurs revendications. Et ils se mobilisent lorsqu’ils se sentent concernés. Le constat que nous faisons, c’est que leur première préoccupation, ce sont les salaires. Le pouvoir d’achat est impacté et

les fins de mois sont de plus en plus difficiles. Les salariés se mobilisent aussi sur leurs conditions de travail et sur l’égalité salariale entre les femmes et les hommes. Nous construisons donc les mobilisations à partir de ses revendications des salariés et nous constatons que nous avons de belles luttes et souvent gagnantes. Ce qu’il faut aujourd’hui, c’est passer un cran supérieur pour faire converger ces mobilisations mais ça se construit, ça demande du temps, ça ne se décrète pas. L’incantation n’a jamais fonctionné, c’est pourquoi la CGT a décidé d’une semaine de déploiement du 26 au 30 mars pour aller rencontrer les salariés. L’idée est de proposer, dans la première quinzaine du mois d’avril, une mobilisation interprofessionnelle mais à partir des cahiers revendicatifs des salariés. Toutes ces luttes – comme la grosse mobilisation des retraités contre l’augmentation de la CSG le 15 mars, les Ehpad le même jour – ne s’opposent pas mais permettent de construire ce qu’on appelle le « tous ensemble ». Pour mobiliser les salariés, il faut qu’ils sachent qu’il y a d’autres propositions. Mais ce sont eux qui décident de se mettre en grève. Propos recueillis par Christelle Danglot

FACTEURS/FACTRICES

Une journée de grève très suivie pour la défense du métier

À l’appel de la CGT FAPT 33, de SUD et FO, plus de 500 factrices et facteurs de la Gironde étaient en grève, lundi 12 mars, soit 50 % de l’effectif qui devait être présent. Une mobilisation qui ne s’était pas vue depuis longtemps dans la distribution pour dénoncer « la destruction » du métier. « On a déposé un préavis de grève illimité pour que, dans les bureaux, ils puissent faire grève quand ils veulent, quand c’est nécessaire », explique Mickael Pineau, de la CGT FAPT 33. Au Bureau de Cenon comme à Bordeaux Bastide, des préavis locaux ont aussi été déposés. Mardi matin, 90 % de la distribution était en grève à Cenon. Si la mobilisation est vive, c’est que la réorganisation de la distribution que

veut mettre en place La Poste est de taille. Fini le facteur ou la factrice qui récupère le courrier à 6h du matin, prépare sa tournée puis la distribue jusque 14h, environ. « La distribution pilotée » va remettre en cause la distribution du courrier tous les jours en priorisant les contrats payés et le courrier urgent. « C’est La Poste qui sélectionne, surtout en fonction du paramètre géographique, le courrier distribué ou pas sur la journée », explique le militant CGT. Avec « La Méridienne », la distribution s’étalera sur la journée avec une coupure déjeuner sur la tournée du facteur provoquant une distribution tardive du courrier des entreprises et des particuliers jusqu’à 17h45. « En gros, explique Mickaël Pineau, il lui faut plus de créneaux pour vendre les services qui

étaient gratuits avant et en ajouter : visites aux personnes âgées, portage payant des journaux et du courrier le matin, courses, médicaments, aide à la déclaration d’ impôts, remise catalogues commentée… Autant dire que cela n’a plus rien de commun avec la distribution de courrier. Sans compter les conditions de travail. Au bureau de Caudéran, ils sont passés en Méridienne, on peut constater que ce que dit la CGT se vérifie. Il n’est pas possible de travailler 7h par jour, 6 jours sur 7. Pour l’instant on nous dit que les tournées vont se prolonger jusque 15h30 mais on sait bien que ça va aller jusque 19-20h. C’est une rupture totale au niveau de la vie privée qui était organisée jusque là en fonction d’un poste le matin. » Cerise sur le gâteau : « la sacoche ». C’est un volume de courrier pré-trié, prêt à être distribué par du personnel précaire. « La Poste recrute énormément d’intérimaires, elle ne gère plus l’ humain, elle souhaite ubériser la distribution, mettre des précaires à la préparation de la tournée et ceux qui distribuent seront 7 heures dehors ». Des changements structurels du métier qui entraîneront une dégradation des conditions de travail et de service. Après cette journée d’action en Gironde, la CGT FAPT 33 envisageait d’appeler à la grève pour rejoindre la manifestation du 22 mars et y défendre un service public de distribution du courrier.

LA CGT CONTRE LE STATUT QUO

Un projet d’avenir pour le service public ferroviaire La CGT Cheminots a présenté mercredi 7 mars son propre rapport « pour le développement du service public ferroviaire » et espère avec ses propositions « réorienter les décisions du gouvernement », qui veut réformer la SNCF avant l’été. « Nous attendons une confrontation des idées et des constats (…), que nos propositions soient prises en compte » et « nous espérons qu’elles réorientent les décisions du gouvernement » avec « une vraie négociation », a déclaré le secrétaire général de la CGT Cheminots, Laurent Brun, lors d’une conférence de presse. Le syndicat, première organisation représentative à la SNCF, remettait son rapport de 45 pages, « basé sur le travail d’experts » et sur « le professionnalisme des cheminots », au Premier ministre Édouard Philippe, mercredi 14 mars. Le document livre un état des lieux du transport ferroviaire (« indispensable et économique »), de l’organisation actuelle de la SNCF et de la concurrence en Europe, avant de détailler les propositions du syndicat pour « un service public SNCF » avec « une entreprise publique unique et intégrée », plus efficace, dotée de nouvelles sources de financement. La CGT réaffirme que la dette ferroviaire est une dette d’État, largement contractée pour financer le développement des lignes à grande vitesse dans les années 1980. Elle plombe aujourd’hui le système ferroviaire de près de 50 milliards d’euros, et 1,7 milliard d’euros sont chaque année alloués aux remboursements des seuls intérêts de cette dette. « Le système ferroviaire ne peut s’autofinancer », répète la CGT, qui affirme que « la modernisation du réseau exige plus de 3 milliards d’euros d’investissement par an ». Le syndicat propose donc la mise en place d’une « caisse d’amortissement de la dette ferroviaire de l’État (Cadefe) », structure de défaisance qui apporterait « mécaniquement près de 2 milliards d’euros tous les ans au système ferroviaire en le libérant des intérêts bancaires de la dette ». Par ailleurs, pour financer le développement du rail (fret et voyageurs), la CGT préconise le « fléchage de la Ticpe (taxe intérieure de consommation sur les produits énergétiques – NDLR)

pour le financement des infrastructures, la création d’un versement transport additionnel pour les régions (…), la fin des partenariats public-privé (…), la création d’un pôle financier public », mais également une surtaxe de la rente des autoroutes concédées au privé, voire leur renationalisation. Résolument hostile à la libéralisation du rail, la CGT estime que les dispositions européennes permettent au gouvernement de ne pas ouvrir le transport ferroviaire à la concurrence, qui « n’est pas obligatoire puisque des exceptions sont prévues », a insisté M. Brun. Le statut des cheminots, qui a « énormément bougé ces trois dernières années », devra « être modifié pour l’améliorer un peu », a-t-il souligné. Dans la foulée de sa présentation à la presse, le syndicat l’a porté à la connaissance des parlementaires, à l’invitation des députés et sénateurs communistes. Une manière de contourner les ordonnances et le déni du débat démocratique. Pour Pierre Laurent, présent hier aux côtés d’élus PCF mais aussi FI et LREM à cette audition de la CGT cheminots organisée à l’Assemblée nationale, « le diagnostic de la situation est essentiel ». Et s’adressant à Laurent Brun, le secrétaire national du PCF et sénateur a poursuivi : « Il y a maintenant une bataille à mener pour faire connaître ce que vous racontez face à ceux qui organisent les dysfonctionnements et s’en servent ensuite pour décrédibiliser la SNCF. » Concernant la réunion intersyndicale prévue le 15 mars avec l’Unsa (2e syndicat de la SNCF), SUD-Rail (3e) et la CFDT (4e), M. Brun a par ailleurs indiqué que les quatre organisations, qui appellent toutes à la grève et à la manifestation le 22 mars à Paris, avaient « des échanges quasi quotidiens ». « Le 15 mars, nous allons proposer un recours à la grève si le gouvernement ne nous entend pas » et « nous aurons une démarche revendicative unitaire », a-t-il assuré. Et alors que le patron de la SNCF, Guillaume Pepy, a annoncé mercredi qu’il ne solliciterait pas un troisième mandat en 2020, « on ne le retiendra pas ». Avec l’AFP et l’Humanité Les Nouvelles 15 mars 2018 • 5


INTERNATIONAL CORÉE DU NORD

GAZA

Brusque dégel et promesses de « paix »

Calvaire et résistance d’une population prise au piège

Un sommet sur la dénucléarisation de la péninsule coréenne réunira Donald Trump et Kim Jong-un au mois de mai. Les jeux Olympiques d’hiver à Pyeongchang annonçaient bien le redoux, mais c’est un revirement spectaculaire qui s’est produit avec l’annonce d’une rencontre prochaine entre le président des États-Unis, Donald Trump, et son homologue nord-coréen, Kim Jong-un. Il y a quelques semaines encore, les deux hommes, tous deux aussi provocateurs qu’imprévisibles, s’envoyaient à la figure les pires noms d’oiseaux, vantaient la taille de leurs boutons nucléaires respectifs, faisant craindre le basculement dans un affrontement militaire aux conséquences incalculables. Une surenchère ponctuée par les essais nucléaires et les tirs de missiles balistiques de Pyongyang. Jeudi soir, en sortant de la MaisonBlanche, Chung Eui-yong, l’envoyé spécial du président sud-coréen, Moon Jae-in, confirmait que Donald Trump avait accepté l’invitation de

Kim Jong-un à tenir un sommet sur la dénucléarisation. Ni la date ni le lieu de cette rencontre historique n’ont été arrêtés pour l’instant, mais elle devrait intervenir au mois de mai. D’ici là, « Kim a promis que la Corée du Nord s’abstiendra de tout nouveau test nucléaire ou de missile », a précisé l’émissaire sud-coréen. Hier, le président des États-Unis a prédit un « immense succès » à ces pourparlers. « Je pense qu’ils veulent faire la paix », a-t-il expliqué. Du côté nord-coréen, cette possible issue diplomatique conforterait les ambitions de Kim Jong-un, dont la stratégie de tension a contraint Washington à traiter d’égal à égal avec Pyong-yang. Pour la première fois depuis deux ans, la diplomatie reprend ses droits dans cette crise. Mais, prévient la Maison-Blanche, les sanctions internationales resteront en vigueur « jusqu’à ce que la Corée du Nord prenne des décisions vers une dénucléarisation complète, vérifiable et irréversible ». Rosa Moussaoui, l’Humanité, 12/03/18

ESPAGNE

Cinq millions de grévistes pour un 8 mars historique Des manifestations, le 8 mars, pour la Journée international des droits des femmes ont été organisées à New Delhi en Inde, à Séoul en Corée du Sud, à Manille aux Philippines, à Melbourne en Australie, au Népal et dans bien d’autres pays. Mais l’Espagne est l’un des pays où la journée du 8 mars a été la plus suivie dans le monde. L ’appel à cesser le travail pour la Journée internationale des droits des femmes a été accompagné de rassemblements très suivis. Machisme, harcèlement, inégalités de salaires, féminicides. « Il n’y a pas qu’une raison de faire grève, il y en a trop ! » proféraient les organisations féministes qui appelaient à arrêter le travail en Espagne à l’occasion de la Journée internationale des droits des femmes. Il y avait au moins 5,9 millions de raisons de faire grève. C’est le nombre d’arrêts de travail de deux heures comptabilisés le 8 mars par les syndicats Commissions ouvrières (CCOO) et Union générale du travail (UGT). Femmes et hommes ont croisé les bras. Un chiffre impressionnant, à la mesure de la formidable mobilisation. Selon le décompte des deux centrales, 60 assemblées se sont tenues dans les administrations des communautés autonomes. 3 000 réunions ont eu lieu dans les entreprises et administrations publiques. En Catalogne, les syndicats d’enseignants ont fait état d’une participation de 20 % dans les éta6 • Les Nouvelles 15 mars 2018

blissements primaires et secondaires. En Andalousie, selon l’UGT, la grève a été suivie par 65 % des salariés, avec des pointes de 84 % dans l’administration locale et les services postaux. Dans la métallurgie, secteur pourtant très masculin, la participation à la grève serait nationalement de 20 %, et de 50 % dans celui du télémarketing, selon les petits syndicats CNT et CGT qui appelaient, eux, à un arrêt de travail de 24 heures. Au total, 300 manifestations ont été organisées dans 200 villes. L’écart de salaire entre hommes et femmes est de 23 % en Espagne. Selon les Commissions ouvrières, 75 % des postes à temps partiel sont occupés par des femmes, et les compléments de salaires sont 44 % plus élevés pour les hommes que pour les femmes. La question de l’inégalité de la charge des tâches domestiques faisait aussi partie, comme les années précédentes, des préoccupations au cœur de la journée du 8 mars. Les conjoints étaient invités à s’occuper, ce jour-là au moins, des enfants ou parents à charge. Cette journée de mobilisation ne visait pas que les inégalités au travail. Les Espagnoles étaient aussi invitées à une « grève de la consommation », pour protester contre le taux de TVA appliqué à des produits féminins indispensables tels que les serviettes hygiéniques. Avec Gaël De Santis l’Humanité du 09/03/18

À l'hôpital de Durra, des services entiers ont déjà fermé leurs portes faute de carburant pour alimenter les générateurs d'urgence. Depuis Début 2018, les autorités ont annoncé la fermeture de 19 cliniques et hôpitaux.

Assiégé depuis dix ans par Israël, puissance occupante surarmée, ce bout de territoire, où vivent 2 millions de Palestiniens, est en proie au dénuement, soumis aux privations et à l’enfermement, consumé à petit feu. Une catastrophe humanitaire est à l’œuvre. Gaza agonise… dans le silence assourdissant et complice de la communauté internationale. Le chaos sanitaire et social a atteint un seuil épouvantable. Les témoignages abondent, qui disent l’ampleur de la crise humanitaire. Les ONG et l’ONU n’ont de cesse d’alerter, de condamner, d’appeler à une prise de conscience. Tous prêchent dans le désert. Les responsables israéliens restent de marbre. Quelques voix s’élèvent à peine parmi les parlementaires dans ce pays. « L’État d’Israël ne peut pas se permettre de continuer à ignorer cette crise », a récemment déclaré le dirigeant de Yesh Atid (parti centriste), Yaïr Lapid, lors de sa réunion hebdomadaire à la Knesset. « Il ne peut pas rester sans rien faire pendant que les services des enfants dans les hôpitaux sont dépourvus d’électricité. C’est contre tout ce en quoi nous croyons », a-t-il ajouté, rapporte le Centre palestinien d’information (CPI), qui cite des agences de presse locales. Pas de quoi émouvoir le ministre de la Défense d’extrême droite, Avigdor Lieberman. Non, « il n’y a pas de crise humanitaire à Gaza ! » a-t-il grogné devant son groupe au Parlement israélien. Asphyxiés, empoisonnés

En attendant, les Gazaouis tentent de survivre dans une enclave-prison. Ils sont interdits de passage vers Israël et vers l’Égypte, sauf cas exceptionnels. « Asphyxie » est le terme régulièrement utilisé dans les médias internationaux. Et pour cause, outre l’enfermement, les habitants manquent cruellement d’éléments essentiels à l’existence. L’eau : elle est rare et impropre à la consommation. La population y a accès 12 heures par semaine seulement. Elle ne dispose que de 5 % d’eau potable. La nappe phréatique s’assèche. Quelque 180 millions de litres d’eau usée se déversent chaque jour dans la mer, les voies et réseaux divers étant délabrés. Outre les besoins insatisfaits des familles, cette pénurie empoisonne le quotidien des enfants

scolarisés. L’électricité : les Gazaouis ont appris à vivre dans l’obscurité. Ils ne sont alimentés en courant électrique que durant quelques heures par jour. Dernier fait en date : l’arrêt de la centrale électrique, jeudi 15 février, en raison d’un manque de carburant, selon le porte-parole de la compagnie gazaouie qui distribue l’électricité, cité par l’AFP. Le combustible est importé d’Égypte via le point de passage de Rafah, fermé quasiment de façon permanente. « L’enclave a besoin d’environ 500 mégawatts (par jour). Nous avons un déficit énergétique de 350 mégawatts », explique-t-il. La lumière fait défaut aux habitants de Gaza en raison aussi des relations tendues entre le Hamas, qui règne toujours en maître sur Gaza, et l’Autorité palestinienne. D’avril 2017 à janvier 2018, cette dernière a refusé de payer la facture d’électricité fournie par l’État hébreu à l’enclave. Depuis lors, ce dernier a repris la livraison de 120 mégawatts/jour, qui représentent moins du quart des besoins quotidiens. L’alimentation par les lignes égyptiennes demeure très incertaine. Les soins médicaux : les hôpitaux de Gaza se transforment en mouroirs. Les patients, et en particulier les enfants, sont pris en charge dans les pires conditions, faute d’électricité, faute de médicaments, faute de places et de professionnels. « Les générateurs ont cessé de fonctionner dans seize cliniques de soins primaires et trois grands hôpitaux », annonçait, au début du mois de février, le ministère de la Santé à Gaza. « Le combustible d’urgence pour les installations critiques sera épuisé dans les dix prochains jours », mettait en garde de son côté l’agence de coordination humanitaire de l’ONU Ocha, en lançant un appel aux donateurs. Les soins particuliers, du type dialyse, sont plus que jamais risqués. Plus de 400 malades souffrant d’insuffisance rénale sont exposés à des ruptures de soins par manque de carburant, signale le groupe palestinien des droits de l’homme Al-Haq. Selon cette même source, les hôpitaux de Gaza sont actuellement incapables d’effectuer leurs 200 opérations par jour « en raison de la dégradation et de la perte de centaines de réserves de sang en raison du manque de refroidissement nécessaire – une conséquence de la pénurie d’électricité délibérément

imposée à Gaza ». Ces situations de péril sont sans cesse ressassées au fil des rapports de l’ONU et des ONG. Le quotidien cauchemardesque des Gazaouis n’est pas une surprise. Ce contexte est largement connu. Gaza s’effondre sous les yeux du reste du monde. Ses habitants, impuissants, sont en fait piégés au cœur d’un enchevêtrement de facteurs politiques. Le gouvernement israélien allié à l’extrême droite excelle dans le maintien et l’organisation d’un blocus abominable. La mesure lui sert à entretenir la peur, dans sa société, des islamistes du Hamas, lequel en tire en retour une légitimité de pouvoir absolu sur l’enclave. Tant attendue, la réconciliation palestinienne est dans une impasse. Le Hamas continue à exercer une dictature aveugle sur la population de l’enclave. Depuis mars 2017, l’Autorité palestinienne a réduit de 30 % les salaires de ses fonctionnaires dans la bande de Gaza, quelque 60 000 personnes dont le pouvoir d’achat fait durement défaut à l’économie locale, déjà anéantie. Washington vient de donner le coup de grâce aux Palestiniens en bloquant le financement de 60 millions de dollars à l’Agence des Nations unies pour les réfugiés (UNRWA). Les Américains étaient jusque-là les plus gros donateurs de l’agence, à hauteur de 30 %. Ils combinent ainsi chantage et provocation pour imposer les conditions d’une paix bricolée dans l’intérêt exclusif de leurs alliés israéliens. Un « Grand format » de l’Humanité Dimanche du 1er mars par Nadjib Touaibia. À lire aussi les témoignages de Gazaouis sur humanite.fr


PCF ÉVASION FISCALE

TOMBOLA

Fabien Roussel : « J’ai cherché l’argent de Johnny, et je suis tombé en Uruguay »

Soutenez la Fête de l’Humanité Gironde !

Le député PCF Fabien Roussel défendait le 8 mars une proposition de loi pour instaurer une liste française des paradis fiscaux. Pour démontrer la nécessité d’agir sur ce sujet, il est parti à la poursuite du patrimoine de Johnny Hallyday. Le député communiste du Nord sera à Lormont, le 5 avril, pour parler de l’évasion fiscale – rouage du système de confiscation des richesses produites – et de la façon de la combattre. Fabien Roussel, député PCF du Nord a poursuivi, lui aussi, l’héritage de Johnny Hallyday pour dénoncer « le montage offshore mis en place pour faire sortir le patrimoine de Johnny des radars du fisc et de Bercy ». Sa quête l’a conduit à Genève. Il a suivi la trace de la société Artistes et promotion, qui récupère une partie des royalties du chanteur. Gérée par « Mamie Rock », la grand-mère de Laetitia, cette société a des filiales dans plusieurs pays à l’étranger, en Suisse, au Luxembourg ou encore dans les îles Vierges britanniques. « Quand je suis arrivé dans les locaux de la filiale de Genève, j’ai demandé un responsable, raconte le député. Une secrétaire m’a donné un numéro de téléphone. Je me suis retrouvé avec un interlocuteur en Uruguay ! » Cette histoire démontre

que la Suisse demeure, malgré les discours de bonne volonté de ses dirigeants, « une place forte de l’évasion fiscale ». « Nous voulons instituer une liste française des paradis fiscaux. »

Le but de la proposition de loi présentée par le député est simple : transposer dans le droit français les critères fixés par l’Union européenne pour définir ce qu’est un paradis fiscal. Et ainsi créer une liste française de ces places financières. Selon les normes européennes, un état doit respecter trois grands principes, s’il veut éviter de se retrouver sur cette liste noire. Premièrement, il doit se conformer aux standards d’échange automatique de données. Ensuite, il doit éviter de favoriser l’implantation de sociétés offshores, en acceptant des règles minimales de transparence, et suivre, enfin, les lignes directrices de lutte contre l’évasion fiscale émises par l’OCDE. Au regard de ces critères, 35 pays auraient dû être inscrits sur cette liste, d’après une étude de l’ONG Oxfam. Problème, quand la liste européenne a été rendue publique, le 5 décembre dernier, ils n’étaient que 17 pays à y figurer, rapporte Fabien Roussel. Au final, il n’y aurait plus que six pays dans la

liste européenne. Cela met en rage l’élu communiste : « Qui peut croire que les Bermudes, Jersey, Guernesey, l’ile de Man ou le Luxembourg ont répondu à tous les critères ? » À quelques mois des élections européennes, cette proposition de loi a aussi pour but de relancer le débat sur la nécessaire harmonisation fiscale à l’échelle du continent. Éric Bocquet, sénateur PCF du Nord a défendu, mercredi 7 mars, au Sénat, une résolution pour demander qu’une COP financière et fiscale soit organisée sous l’égide de l’ONU, comme pour la COP 21 sur le réchauffement climatique. Cette idée a été approuvée par l’Assemblée nationale le 2 février 2017. Le gouvernement a choisi d’enterrer ces propositions. « C’est regrettable car nous avions l’occasion de faire un grand pas dans la lutte contre la fraude et l’évasion fiscale, a commenté Fabien Roussel. Mais tout le travail que nous avons fait avec des associations, des ONG, des économistes, des journalistes, des lanceurs d’alerte a montré que nous étions de plus en plus nombreux à nous rassembler pour faire avancer le combat contre ce fléau qui pille les finances publiques. » Avec l’Humanité

CAMOUFLET POUR LES RETRAITES AGRICOLES

Ils n’ont pas honte !

C’est une nouvelle entrave au travail parlementaire et « un mépris total et grave pour les agriculteurs », pour le sénateur PCF Fabien Gay. Une proposition de loi communiste devait être présentée le 7 mars, lors d’une niche parlementaire au Sénat, pour revaloriser les retraites agricoles à 85 % du Smic net, au lieu de 75 %, pour une carrière complète. Elle était en bonne voie d’être adoptée : votée à l’unanimité à l’Assemblée il y a un an, adoptée sans modification en commission par le Sénat. Mais le gouvernement a déposé, quelques heures avant son examen, un amendement repoussant à 2020 son application, arguant des réformes à venir. Pour faire passer à coup sûr son rejet du texte, il a décidé de demander un « vote bloqué ». « Cela

veut dire que si l’amendement tombe, tout le texte tombe. Et que si le texte est adopté, la réforme est reportée à 2020 », s’est indignée la présidente du groupe CRCE au Sénat, Éliane Assassi. Les groupes centriste, socialiste et radical ont tenu à s’associer au rappel au règlement de leur collègue communiste et à dénoncer ce passage en force du gouvernement. Pour la sénatrice Cécile Cukierman, « ce coup de force contre le Parlement, qui vient après les ordonnances, illustre le mépris de l’exécutif qui fait du Parlement un paillasson ». Les représentants des retraités agricoles, conviés au Sénat, ont exprimé leur dégoût. Il faut dire que le montant moyen des retraites versées au million et demi de retraités agricoles

est de 710 euros, pour un seuil de pauvreté établi, lui, à 840 euros. Dans un communiqué, la Confédération paysanne a noté que le gouvernement « refuse donc de faire un geste d’urgence en direction des retraité-e-s qui auraient bénéficié de cette revalorisation dès l’adoption de cette loi. (…) Comble du cynisme, le gouvernement, pour se justifier, invoque le principe d’équité entre les assurés sociaux ». « Cette proposition allait porter le minimum garanti pour les anciens chefs d’exploitation de 75 % à 85 % du SMIC soit, 116 € par mois d’augmentation, rappelle le Modef. En imposant un vote bloqué contre ce texte, le gouvernement jette à terre toutes les légitimes espérances qui avaient germé dans les esprits de nos anciens. (…) En cette journée du 8 mars, devant tant d’injustice et au moment où les milliards s’accumulent dans les caisses des plus riches, sans contrepartie, au moment où on supprime l’ISF et où les minimas sociaux sont remis en cause, j’ai une pensée particulière pour ces agricultrices retraitées, qui après une dure vie de labeur, souvent à gérer la misère, sans sorties, ni loisirs, ces femmes à qui d’autorité le gouvernement refuse toute légitime augmentation de retraite. Quelle honte ! » Avec l’Humanité

La Fête de l’Humanité Gironde se déroulera, cette année, les samedi 19 et dimanche 20 mai 2018. Pour soutenir l’événement, la Tombola et sa vente militante sont de retour. Les carnets de 5 tickets à 2 € chacun (donc 10 € le carnet) seront disponibles dès lundi à la fédération du PCF (15 rue Furtado à Bordeaux). En achetant un carnet votre entrée sur la fête est offerte. Téléviseur, tablette, des « box week-end » et de nombreux lots solidaires sont à gagner ! ADF

Un nouveau bureau L’ADF (Association de financement du PCF), réunie le jeudi 8 mars, a renouvelé son bureau. Elle a élu Ludovic Taris à la présidence, Jacques Mainguené au secrétariat et renouvelé Françoise Moison à la fonction de trésorière. ESPACE LIVRE

Après la manif ! L’Espace livres propose une sélection d’ouvrages dans des domaines variés : économie, politique, littérature (dont polars, littérature jeunesse, etc.) le jeudi de 16h à 19h à la fédération, 15 rue Furtado à Bordeaux ainsi qu’une bibliographie plus ciblée lors de certaines rencontres. Vous pourrez y passer après la manifestation du 22 mars et y trouver les derniers hors série de l’Humanité sur l’alimentation et sur Marx ! RENCONTRES

Rendez-vous à la Machine à lire Hommage à Jean-Claude Coiffet, autour du livre T’as qu’à croire. Regard critique sur notre société, éditions Les dossiers d’Aquitaine, samedi 17 mars 2018 à 11h. Enseignant en sciences économiques, chargé de cours à Sciences Po Bordeaux, Jean-Claude Coiffet est décédé en 2015. Attaché à une pensée critique, il a mobilisé, de manière transversale, plusieurs apports disciplinaires pour aborder des problèmes politiques, économiques et sociaux. Les textes repris dans ce livre couvrent la période 1990-2015 et sont tirés de son blog, de conférences ou d’exposés réalisés durant ces années. La rencontre est organisée en partenariat avec les amis du Monde diplomatique Gironde et sera animée par Vincent Taconet et Olivier Limouzineau. BIGANOS

SNCF : d’autres choix sont possibles Le Parti Communiste Français défend l’idée d’un grand service public ferroviaire du XXIe siècle, au sein d’une entreprise unique et intégrée Première réunion publique à Biganos : rue de la Verrerie, mercredi 21 mars 2018 (18-21h), en présence de cheminots, dont David Plagès, secrétaire de la section PCF des cheminots de Bordeaux. SOLIDARITÉ AVEC AFRIN

Stop au massacre du peuple kurde ! Meeting unitaire, mardi 27 mars 19h30 à l’Athénée municipal de Bordeaux. Pré-rassemblement à 18h place Pey Berland Appel de : Conseil démocratique kurde, Pavé Brulant, PCF 33, Sud PTT, NPA, AC Gironde, Ensemble !, UJFP, MRAP 33, Palestine 33, OSB IV, GAB. SOUSCRIPTION

Tout versement par chèque ouvre droit à une réduction fiscale de 66% du montant versé. (chèque à l’ordre de ADF PCF 33). Les ressources financières du Parti communiste sont transparentes. Votre don, aussi modeste soitil, contribuera effica- cement à la démocratie, à l’expression et la prise d’initiative du Parti communiste. Cet ensemble sont les éléments majeurs pour continuer notre combat dans l’ambition d’une gauche forte et alternative. La fédération de la Gironde du PCF, lance une souscription afin de mener nos prochaines échéances politiques, notre objectif est de 70 000 euros.

Les Nouvelles 15 mars 2018 • 7


CHRONIQUE

CULTURE & SOLIDARITÉ « BIENVENUE »

Pour aider SOS Méditerranée et accueillir les réfugiés

« Bienvenue », le nom de cette programmation culturelle et artistique en dit beaucoup. Du 23 mars au 28 avril, concerts, expositions-vente, lectures et spectacles de théâtre et de danse, projections cinématographiques, débats et ateliers, se dérouleront dans différents lieux de Bordeaux et ailleurs en Gironde. Cette initiative, voulue par « de nombreux citoyens solidaires et des associations humanitaires » de Bordeaux et de la Gironde entend pallier « le désengagement coupable des États et de l’Europe » et en particulier la France, dont « l’État ne remplit pas son rôle dans l’accueil de ces réfugiés. Pire, au mépris parfois de ses propres lois, il les rejette, les harcèle, les prive du minimum vital, empêchant les distributions de nourriture, détruisant les abris précaires, et condamnant ceux qui leur apportent soutien et réconfort », peut-on lire sur la page Facebook. « L’arrivée sur le territoire européen de réfugiés de plus

en plus nombreux nous bouleverse. Des hommes, des femmes et des enfants ont tout quitté, tout perdu, pour arriver ici. S’ils ont bravé mille dangers, s’ils ont frôlé la mort – et pour certains, l’ont rencontrée – c’est pour fuir la guerre, la torture, la misère et tenter de trouver chez nous des conditions de vie dignes. Nous pouvons les accueillir. Nous devons les accueillir. Nous en avons les capacités, et c’est une question d’humanité, la plus importante de toutes. » Une personnalité emblématique parraine l’événement : Cédric Herrou, agriculteur et militant, arrêté, jugé et condamné à quatre mois de prison avec sursis pour avoir aidé quelque 200 migrants à traverser la frontière italienne par la vallée de la Roya. Rue89 Bordeaux soutient le projet et propose une série de débats. Une programmation riche et variée propose des concerts comme le jour de l’inauguration, samedi 24 mars au Rocher de Palmer à Cenon, avec Danakil et des invités programmé

par Baco Records (Grande salle, 20€), Dätcha Mandala, Wijdan Gnawa Project et Little Jimi (salon musique, 10€) ou le samedi 7 avril à partir de 20h à L’Accordeur (Saint-Denisde-Pile) avec Mon Côté Punk, Afro Social Club et Sabar. L’inauguration au Rocher Palmer débutera à 14h avec les « États généraux des migrations » animé par collectif Solidarité Réfugiés 33. Ils seront suivis de 19h à 20h30 par des prises de parole. La veille, un événement surprise est annoncé, dans un lieu lui-même tenu secret. Il présentera le travail d’un artiste bordelais engagé dont l’expression est la mise en visuel monumentale des grandes causes. Mais « Bienvenue », ce sera aussi du slam, du théâtre, de la danse, des débats que nous aurons l’occasion d’annoncer mais d’ici là. Mais en attendant, pour permettre à tous de soutenir cette initiative et de contribuer à cet élan de solidarité, une cagnotte a été mise en place afin de réunir les dons. Le « pot solidaire » servira à constituer une première trésorerie. Bienvenue est une démarche citoyenne qui ne reçoit aucune aide financière ni subvention, qu’elles soient publiques ou privées. Elle est soutenue par Rue89 Bordeaux, média indépendant qui couvre l’événement pour faire connaître sa finalité, son programme et ses activités, et plus tard son bilan. Pour faire un don : lepotcommun.fr/pot/swrkjrzf

SECOURS POPULAIRE

Poursuivre l’aide alimentaire Aujourd’hui, la solidarité est indispensable pour nourrir les personnes les plus fragiles mais l’aide alimentaire est un sujet très discuté au niveau européen : après 2020, l’avenir du Fond européen d’aide aux plus démunis (FEAD) pourrait être remis en cause. C’est le cas aussi en France, dans le cadre d’un projet de loi visant à redéfinir cette action. « Quelles que soient les orientations retenues sur le plan législatif, il ne saurait être question de diminuer les attributions en produits alimentaires, au regard de l’augmentation de la pauvreté en Europe ». Le SPF défend l’idée que l’aide alimentaire est une « porte d’entrée » pour accompagner les personnes en difficulté sur d’autres domaines, si elles le souhaitent. Par ailleurs, le Secours populaire doit

être en mesure de délivrer une aide alimentaire d’urgence : par exemple, auprès des sans-abri ou encore des migrants-réfugiés. L’association s’inquiète également de pouvoir aider le reste du continent Européen mais aussi les DOM-TOM. Les associations d’aide alimentaire sont animées par des dizaines de milliers de bénévoles agissant partout en France. Cette « couverture » territoriale, notamment dans les déserts ruraux et les quartiers « populaires », permet de mettre en place une relation de proximité et de confiance avec les personnes en situation de précarité. « En toute indépendance, il s’agit de participer à la lutte commune contre le gaspillage. En revanche, le bénévolat et les collectes ne sauraient assujettir les actions d’aide alimentaire à un devoir de résultat ». De la même manière qu’en 2013

avec le « Air Food Project », le Secours populaire a décidé « de donner la parole aux personnes aidées et aux bénévoles pour montrer l’importance du FEAD et de toutes les aides alimentaires dans une démarche de solidarité globale ». Les associations ont été à l’origine de l’action d’aide alimentaire en France et l’ont pratiqué durant des décennies, grâce à la collecte comme seule ressource. Dans les années 1980, l’ouverture d’un budget au niveau européen puis au niveau national s’est faite grâce à la mobilisation conjointe de Coluche et du SPF. Le maintien du dispositif européen, et ainsi la prise en compte de cette question à l’échelle nationale est le fruit du travail de quatre associations : Les Restaurants du cœur, les Banques alimentaires, la Croix-Rouge française et le Secours populaire.

par Jeanne R.M.

« Monogame en bikini-1» J’ai toujours eu des amants, beaucoup, passionnément, à la folie. Un besoin de tous les essayer, les gros, les grands, les petits, les maigres, de toutes les couleurs, de toutes les peaux, sans distinction retenue, poilus ou non. Fumeur invétéré, culturiste écervelé et cultureux ventripotent, buveur impénitent, poète à ses heures, de droite, intellectuel de gauche, au milieu verdoyant, manipulateur, jamais violent. Un besoin incompréhensible de les manger et leur couper la tête, religieusement. Je fus élevée, grandie dans cette culture du féminisme, que mon corps était mien, avec l’illusion qu’il n’avait donc aucune frontière autre que définie par moi-même. Alors je consommais pour comprendre l’altérité de naissance, pour tenter de rejoindre cet autre corps différent de nature et de fonctionnement. Comme l’enfant qui découvre les saveurs de l’alimentation, à travers la diversification dans sa première année de vie, je découvrais le corps masculin, cet inconnu. Et pour comprendre, il faut expérimenter, partir d’hypothèses, les vérifier, les démontrer, ou s’en remettre à l’évidence qu’elles étaient faussées dès le départ. Alors dans ce laboratoire de vie, je commençais très jeune l’observation du phénomène. Je posais les faits, testais les différents composants puis tentais d’acquérir technique et raisonnement dans cette science à rudes épreuves. L’exercice ne fut pas si ardu, ils se laissaient faire. L’approche, la prise de leur être dans ce que je croyais être mes filets de courses et le contact de leur corps sur la table de mon laboratoire humain leur paraissaient infiniment plaisant. Le vocabulaire entrait parfois dans cette expérience, mais l’essentiel fut cette attention que je porterai ailleurs, ensuite. La société faisait l’éloge de leurs qualités musculaires, mentales et financières. La blancheur, la grandeur, la force à nous protéger, étaient entendues. Nous rendues si faibles, si menues, si porcelaine par les siècles d’injustices sexistes évidentes. Je jouissais sans entrave de cette polygamie enfin autorisée grâce à nos mères. Les jeux sur la plage, seins nus et fesses à l’air durèrent un temps. Le temps long de l’apprentissage. Toute une vie. L’autre n’est rien que moi-même, avec ses doutes, ses peurs et ses désirs. L’autre a aussi besoin de comprendre et d’expérimenter. L’autre a besoin de moi comme j’ai besoin de lui. L’expérience aux contacts répétés, des corps virils contre le mien touchait à sa fin. L’autre n’est pas l’extérieur, le physique qu’on lui astreint à sa naissance. Il est humain comme moi. Il me cherche et me trouve, je l’attendais. Il est lui, qui me laisse libre de mes choix et de mes mouvements. Il est le contraire et le similaire. Mon poivre, mon sel, mon exhausteur de goût. Il m’accompagne là où j’hésite et s’arrête à l’ennui. Je découvre la liberté que mon corps m’appartient vraiment, la liberté de penser et de ressentir. Une monogamie rhabillée de bas en haut, qui me permet toutes les rencontres sans y perdre l’esprit, à goûter toutes les saveurs proposées, les jupes et les décolletés, le sourire, assurée.

49 jours, carnets d’une faiseuse d’anges

ANNONCES LÉGALES

et

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Les Nouvelles de Bordeaux et du Sud-Ouest S.A.S. au capital de 37 000 euros Associés (à parts égales) : L. Chollon, F. Mellier, S. Laborde, M. Lavallée Directeur de la publication : Frédéric Mellier Abonnement 1 an : 25 euros. Abonnement de soutien : 40 euros Rédaction, composition, impression : S.A.S. Les Nouvelles de Bordeaux et du Sud-Ouest 15, rue Furtado - 33800 BORDEAUX Tél. 05 56 91 45 06 - Fax 05 56 92 61 01 - Annonces légales : annonces@nbso.fr Comptabilité : compta@nbso.fr - Redaction/Proposition d’article : redaction@nbso.fr @nvlbx Les nouvelles de bordeaux nbso.fr Commission paritaire de presse : 0123 C 85932

8 • Les Nouvelles 15 mars 2018

Aux termes d’un acte signé en date du 1er mars 2018, il a été constitué une société : Forme : SARL Dénomination : NOCA IMMOBILIER Objet : Agent IMMOBILIER Durée : 99 ans Capital : 100 € Gérant : Mme Sabrina MONSEAU demeurant 1558 chemin des Sables, 33650 Saint Morillon Immatriculation au RCS de Bordeaux Pour avis,

Eva Humana est, Les petites nouvelles de Jeanne R.M

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Disponibles à la fédération de Gironde du PCF 15 rue furtado 33800 BORDEAUX


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