Jeudi 22 mars 2018 - N° 2247 - Hebdomadaire - 15, rue Furtado - 33800 BORDEAUX - Prix : 0,80 euro
APRÈS LES RETRAITÉS ET LES SALARIÉS DES EHPAD, LE 15 MARS… LES TRANSPORTS LES PORTS ET DOCKS
LES TERRITORIAUX
LES CHEMINOTES ET CHEMINOTS LA SANTÉ
LES FACTEURS ET FACTRICES
LES SYNDICATS DE FORD BLANQUEFORT
L’ÉNERGIE LE COMMERCE
LES ORGANISMES SOCIAUX LES RETRAITÉES ET RETRAITÉS L’ENSEIGNEMENT SUPÉRIEUR LES FONCTIONNAIRES D’ÉTAT
LES INDUSTRIES CHIMIQUES
L’ÉDUCATION NATIONALE…
DANS LES RUES DE BORDEAUX, LE 22 MARS ILS NE LÂCHENT RIEN
FORD BLANQUEFORT
DOSSIER
Retraités et personnels des Ehpad toujours mobilisés
Mobilisation pour l’emploi
La démocratie mise à mal
P.2
P.3
P.4 et 5
ACTUALITÉ ILS NE LÂCHENT RIEN
Pas de dépression au CH de Cadillac
Retraités et personnels des Ehpad toujours mobilisés
Après la victoire des agents du service des urgences de l’hôpital St André, le personnel du Centre Hospitalier de Cadillac et la CGT nous le prouvent : « Les seules luttes perdues d’avance, sont celles que l’on ne mène pas ». Le 13 septembre 2017, la direction du Centre Hospitalier de Cadillac annonçait la disparition du pool d’aides-soignants de nuits (5 postes). Le personnel avec la CGT s’est mobilisé et ils se sont battus contre ces suppressions de postes en dénonçant par ailleurs les arrêts maladie non remplacés, la gestion inhumaine de l’hôpital. Ils ont remis à l’Agence Régionale de Santé une pétition signée par plus de 400 agents. Ils ont envoyé plus de 200 courriers individuels à la ministre de la Santé. Ils sont intervenus auprès de l’inspection du travail pour dénoncer les infractions à la législation et les mises en danger du personnel qu’elles occasionnaient. La CGT a déposé plusieurs droits d’alerte pour danger grave et imminent, et a demandé la tenue de deux CHSCT extraordinaires. La direction fait marche arrière, le pool d’aides-soignants ne sera pas démantelé. Mais, suite au transfert des patients d’une unité, une autre unité, Séglas, se trouve isolée et les soignants en insécurité particulièrement la nuit. Pour faire face à cette situation, le personnel avec la CGT vient d’obtenir un poste supplémentaire d’aide-soignant de nuit se traduisant par la création de 3 postes supplémentaires d’aides-soignants. Cerise sur le gâteau. De même que le personnel, les patients sont maltraités dans nos hôpitaux. Il faut entendre particulièrement les signaux, les cris d’alarmes qui sortent des services d’urgences. Alors pour sauver notre système de santé, de la même manière que pour les revenus salariés, il est possible de faire cotiser les revenus financiers. On l’engage cette lutte ? Pierre Bordas CENON LE 24 MARS
États généraux des migrations Les États généraux des migrations sont un processus dans lequel sont impliqués des centaines de collectifs et d’associations locales ou nationales présentes sur le terrain aux côtés des personnes étrangères. Partout en France, ces acteurs se concertent et organisent des événements publics pour dénoncer la politique actuelle et être force de proposition afin d’obtenir un changement radical de la politique migratoire. En Gironde, à l’initiative du collectif Solidarité Réfugiés 33, et en partenariat avec l’événement Bienvenue - Mobilisation pour les réfugiés, les États généraux des migrations rassemblent de nombreuses associations et collectifs girondins. Au programme samedi 24 mars au Rocher Palmer : 14h : Accueil et présentation des États généraux des migrations. 14h30 : Lecture théâtralisée du Livre noir des migrations en Gironde par des artistes du collectif Bienvenue, appel à témoignages et débat avec la salle. 15h30 : « Migrants, réfugiés : de quoi parle-t-on ? », un éclairage universitaire. 15h45 : Les initiatives citoyennes solidaires en Gironde : projection d’une vidéo, témoignages et débat avec la salle. 16h : présence de Cédric Herrou (defendstacitoyennete.fr, lire aussi sur rue89bordeaux.com). 16h45 : Présentation et décryptage du projet de loi « asile et immigration ». 17h-18h : Présentation des actions à venir du collectif des États généraux des migrations en Gironde, débat de conclusion de la journée. 19h : Inauguration de Bienvenue et concerts au profit de SOS MEDITERRANEE France : Datcha Mandala, Wijdan Gnawa Project et Little Jimi en concert. 20h30 : Rocher de Palmer : Danakil & The Baco Records All Stars
photo Paguy
LA LUTTE PAIE
Pour cette journée nationale de mobilisation des retraités et des personnels des Ehpad et de l’aide à domicile, Bordeaux et la Gironde, n’était pas en reste. Au moins 7 000 retraités ont défilé de l’Hôtel de ville à Mériadeck. À 14 heures, devant l’Agence régionale de santé, à l’appel d’une intersyndicale large se sont rassemblés, comme en janvier, des personnels des Ehpad, plusieurs actions ont eu lieu dans tout le département. Graziella Danguy, responsable FSU, souligne le nombre de participants, il y en avait deux fois plus, au moins, qu’à la dernière journée de mobilisation. « Nous sommes là pour défendre les droits de retraités, rappelle-t-elle, ce n’est pas une aumône, c’est des droits conquis pour lesquels nous avons cotisé parfois 42 ans. » « Macron a choisi de s’attaquer aux plus faibles, enchaîne Gilbert Hanna de Sud Solidaires, mais à vaincre sans péril, on triomphe sans gloire. Il assume de s’attaquer aux plus faibles pour engraisser le patronat dont il est le serviteur. Mais il va apprendre qu’il peut y avoir des retournements importants ». « Non, nous ne sommes pas des nantis
et nous ne sommes pas faibles non plus, quand je vous vois sur cette place, je vois que nous sommes forts et que nous allons les faire céder, affirme Ghyslaine Richard de la CGT. On nous dit qu’il n’y a pas d’argent et qu’il faut bien renflouer les caisses de l’État, et bien de l’argent, on voit bien qu’il y en a qui coule à flot chez certains. Il y a des chiffres de revenus que nous, retraités, on ne peut même pas imaginer ce que ça représente. Nous allons nous arrêter devant Mériadeck, ce temple du commerce, pour leur rappeler que tout ce pouvoir d’achat qu’on nous pique, ils ne l’auront pas ces Pinault, Arnault, les membres du club des milliardaires. Leurs bénéfices vont baisser et moi je serais pour qu’on leur en prenne même bien davantage. » La colère chez les manifestants est bien profonde, le sentiment d’injustice aussi et il est peu probable que la mobilisation retombe. Depuis le 1er janvier, 60 % des retraités ont vu leur pension baisser parfois de plusieurs centaines d’euros par an, une cagnotte pour le gouvernement qui permet de compenser la suppression de l’ISF. Les manifestants ne sont pas dupes. « Une retraite vraiment humaine offerte à toutes et tous suppose que l’on change les bases de notre société, rappelle
GREVE DES FACTEURS
DÉCLARATION UNITAIRE
Et l’humain dans tout ça ?
Défendons tous les services publics ! Solidarité avec les cheminot-e-s !
Ils étaient encore nombreux à braver les giboulées froides de mars devant le siège de la direction régionale pour demander l’ouverture d’une réelle discussion. Les uns après les autres, les bureaux de poste rejoignent le mouvement, au fur et à mesure qu’ils comprennent en quoi leur vie quotidienne va être changée. Ce lundi 19 mars, 14 bureaux étaient ainsi dans le mouvement avec plus de 130 grévistes. Nous avons rencontré Philippe Manet, membre CGT du CHSCT et facteur au bureau de Cenon. « J’ai choisi ce métier, malgré sa faible rémunération, parce qu’il me permettait de m’occuper de mes enfants à partir de la fin d’après-midi » explique Philippe Manet. « Nous imposer la coupure méridienne (3/4 d’heure de pause déjeuner), m’obligerait à rentrer plus tard ». Mais il ne s’agit pas que de cela selon le syndicaliste : « Cette nouvelle organisation qu’on veut nous imposer créerait deux organisation étanches entre elles : ceux qui trieraient et ceux qui distribueraient ». La répétition des tâches de tri aboutirait à l’explosion des troubles musculo-squelettiques car ils ne feraient que ça, et ceux qui ne feraient que distribuer seront vite exténués. À Agen, où la réorganisation est déjà en place, les arrêts de travail se multiplient. « Nous ne sommes pas dupes ; au fil du temps, la coupure méridienne s’élargira pour nous faire distribuer le courrier plus tard dans la journée et, entre-temps, nous faire assurer des missions supplémentaires comme les visites payantes auprès de personnes âgées, relevage payant des compteurs, etc. » La distribution du courrier tend de plus en plus à faire du facteur un rouage de la machine logistique. C’est ce qu’il y a derrière le refus de cette nouvelle réorganisation. Fermer les bureaux pour les remplacer par des unités décentralisées de 5 facteurs approvisionnées par d’autres agents, c’est réduire la dimension collective du métier. Faire faire le tri par d’autres personnes que le facteur (le plus souvent des intérimaires), c’est l’empêcher de pré-visualiser en amont sa tournée et lui ôter cette demi-heure de tri collectif. La dictature de l’horaire imposée par cette organisation séquentielle, un horaire minuté par des experts en tableurs, c’est ajouter du stress. Alors, derrière le facteur que nous croisons dans la rue, se cache une organisation qui est en train de le broyer et qui nous transforme d’usager en client. Comme pour tous les services publics, son combat est le nôtre. Jean-Jacques Bordes
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Alternative Libertaire ; Europe Écologie - les Verts ; Ensemble ; Gauche Démocratique et sociale ; Génération.s ; Groupe Parlementaire France Insoumise ; Nouveau parti Anticapitaliste ; Nouvelle Donne ; Parti communiste Français ; Parti communiste ouvrier Français ; Parti de Gauche ; République et socialisme ont appelé à soutenir la manifestation des fonctionnaires le 22 mars et à la solidarité avec les cheminot-e-s dans un communiqué commun. Extraits. « Voilà des années que les gouvernements successifs ont fait le choix de la privatisation des transports contre le climat, l’égalité et le social : sous-investissement dans le rail et investissement massif vers autoroutes et autocars, privatisés qui favorisent notamment l’explosion du trafic de marchandises par poids lourds. Depuis 1997 et la création de RFF, la SNCF est toujours plus segmentée,
pour casser le corps social cheminot et poursuivre les privatisations préconisées par les “directives” européennes. Aujourd’hui, Macron pousse au bout la logique de l’éclatement de la SNCF. Partout en Europe, les recettes qu’il veut appliquer produisent la disparition de lignes, l’explosion des prix, la vétusté des installations et des trains, la disparition du fret. C’est toute la population qui paie triplement l’addition : financièrement, par l’inégalité territoriale induite, par sa santé altérée et par la pollution générée. (…) Le train n’est pas qu’un moyen de locomotion, c’est un service public, un outil essentiel à la transition écologique et il est insupportable qu’il puisse s’arrêter aux portes des grandes métropoles. La bataille du service public ferroviaire est d’abord une bataille pour l’égalité. Face à ce gouvernement, qui veut parachever la transformation d’un service public censé être guidé par l’intérêt général en une entreprise du CAC 40, les cheminots et les
un tract du PCF distribué par les militants, qu’on cesse de voir dans les individus de simples facteurs de production, jetables dès qu’ils ne sont plus en activité, et qu’on fasse du développement personnel à tous les âges de la vie, le sens même de l’organisation sociale. Il est temps de reconnaître la place et le rôle des retraité-e-s dans la société actuelle. » Le lien n’est pas difficile à établir avec la lutte des salariés des Ehpad et de l’aide à domicile qui demande les moyens d’accueillir et d’accompagner dans le respect et la dignité les retraité-e-s en perte d’autonomie. Dans les maisons de retraites ou à domicile, 80 % de femmes exercent dans ce secteur dans une précarité massive. L’insuffisance des qualifications et des effectifs ne permettent pas de répondre aux besoins de nos aîné-e-s et mettent le personnel en souffrance. 91 % sont des femmes. Les médias n’ont pas été avares de portraits de personnels épuisés qui dénoncent les conditions de vie dans ces établissements. Mais au-delà de faire pleurer dans les chaumières, il serait temps de rappeler, surtout, que c’est inadmissible parce que notre pays a les moyens de faire autrement. En taxant les revenus financiers, en revalorisant les cotisations nationales, avec un financement solidaire à 100 % par la Sécurité sociale, en restituant à l’hôpital public les moyens nécessaires (suppression de la tarification à l’activité et du reste à charge pour les familles), il est possible de créer les emplois statutaires nécessaires et un grand service public de santé de proximité, comme le propose le PCF. Plusieurs rassemblements ont eu lieu en Gironde comme à Lesparre, Gujan, Sainte Foy… Christelle Danglot
cheminotes ne sont comptables de rien. (…) Macron et Philippe veulent en faire des bouc-émissaires ? Nous affirmons collectivement qu’ils et elles sont les victimes des politiques libérales menées depuis tant d’années, qui expliquent la montée de l’extrêmedroite partout en Europe. Ils nous veulent désuni-e-s ? Nous répondons que nous serons dans la rue le 22 mars pour défendre l’accès au service public, à commencer par le ferroviaire, les cheminot-e-s, mais aussi l’ensemble des fonctionnaires et l’intérêt des usager-e-s. » Pour le 22 mars à Bordeaux, appelait à la manifestation l’intersyndicale CGT, FO, FSU, Solidaires, UNEF et UNL, les syndicats de la Santé, de l’Éducation nationale, des territoriaux, de la Fonction publique d’État, de La Poste, de la SNCF, de l’Énergie, des Transports, du Commerce, des Industries chimiques, des Ports et Docks, des Organismes sociaux, des retraités, de Ford… Le rassemblement était prévu à 13h à République.
ACTUALITÉ
Editorial
FORD BLANQUEFORT
Les syndicats appellent à la mobilisation pour l’emploi
Face au désengagement annoncé du constructeur américain d’ici à la fin 2019, les salariés et les syndicats de l’usine de Blanquefort multiplient les actions et appellent à une manifestation pour la défense des emploi, samedi 24 mars, à 10h30, place de la République. Jeudi dernier, la direction européenne de Ford a refusé de se rendre au comité d’entreprise extraordinaire censé informer les représentants du personnel de la situation de l’usine, au prétexte qu’elle craignait pour sa « sécurité ». Les représentants de la direction européenne de Ford sont donc intervenus par visioconférence, jeudi. « Comme ils ne sont pas venus sur place, on estime que c’était une réunion infor-
melle et pas un comité d’entreprise », précise Vincent Alauze, délégué CGT de l’usine, qui en retient néanmoins que « le volume de production des doubles embrayages sera divisé de moitié cette année par rapport à 2017 et que, dès 2019, la direction chiffre à 140 le nombre de salariés en sureffectif, qui seraient incités à partir en prêt de main-d’œuvre dans l’usine GFT d’à côté ». Mais, au-delà de 2019, « aucune information », déplore le syndicaliste dans les colonnes de l’Humanité. Les syndicats CGT, FO, CFTC du site ne se résignent pas. Ils rappellent dans un tract à la population que leur situation arrive dans un contexte dramatique de chômage et de pauvreté. « Des millions de gens souffrent déjà de la précarité. Des entreprises ferment, licencient souvent dans l’anonymat. Les services publics
sont aussi démantelés, des emplois sont supprimés dans la santé, à la SNCF, à la Poste, dans l’Éducation. En clair, toute la population est frappée par les mêmes logiques financières de rentabilité, la même rapacité patronale ». Ils appellent donc à la solidarité et à la convergence des luttes, notamment pour la manifestation du 24 mars. Pierre Laurent, sénateur communiste de Paris a adressé une question écrite, en début de semaine au ministre de l’Économie et des Finances où il demande au Gouvernement, « au vu des subventions considérables accordées à ce site et des conséquences néfastes pour l’intérêt général d’une éventuelle fermeture », de « prendre au plus vite des mesures en vue d’une négociation à ce sujet ayant pour objectif le maintien et la modernisation du site de Blanquefort ». Le comité de soutien et de sauvegarde de l’usine Ford de Blanquefort a, quant à lui, lancé une pétition *. « Au niveau mondial, la société Ford se porte très bien puisqu‘en 2016, elle a réalisé 10 Milliards de dollars de bénéfice et 7 milliards en 2017. À plusieurs reprises, Ford s’est engagé à faire de ce site un centre d’excellence européen de la transmission automatique. Qu’il le fasse aujourd’hui ! Les projets dans les véhicules du futur ne manquent pas non plus : Ford a forcement des plans pour les véhicules électriques en Europe, Blanquefort peut et doit avoir sa part ! Sur la périphérie de Bordeaux, un nouveau point de vente Ford ultra moderne ouvre ses portes. Ford investit pour vendre, Ford doit investir pour produire ! »
RÉFORME DE LA SNCF
Les cheminots prêts pour la bataille Nous avons interrogé David Ceresuela, cheminot, militant communiste et syndicaliste dans le libournais, sur la mobilisation des cheminot-e-s, leurs revendications, leurs initiatives en Gironde. Ce 22 mars donne le départ d’un bras de fer avec le gouvernement. David Ceresuela ne doute pas de la mobilisation des cheminot-e-s, sur l’ensemble du territoire pour se mobiliser le 22 mars mais également dans les jours qui vont suivre. « Les cheminot-e-s ont exprimé le souhait d’un mouvement reconductible et de cesser le travail deux jours tous les cinq jours à partir du 3 avril et ceux jusqu’à la fin juin ». Bien avant même la publication du rapport Spinetta, les cheminot-e-s menaient des initiatives en Gironde en direction des usagers, celles-ci se sont démultipliées depuis. David y constate que « les usagers se sentent concernés par l’actualité sur la question des transports parce qu’ ils ont une exigence de service public, comme nous. Nous allons régulièrement à leur rencontre pour les informer, débattre
et échanger sur les questions qui les préoccupent que ce soit la suppression de 9 000 kms de lignes préconisée par le rapport Spinetta ou les fermetures de guichets, les réductions d’horaires de vente ou encore sur la relance du fret ferroviaire qui est un enjeu écologique majeur aujourd’hui ». Dans la région, le militant rappelle qu’il manque des emplois derrière les guichets, « la direction SNCF force les usagers à aller vers d’autres canaux de distribution comme Internet », mais également des agents à l’équipement pour la surveillance et l’entretien des infrastructures. « De nombreuses suppressions sont à l’ étude dans les trains, comme les contrôleurs par exemple qui pourtant, au-delà de leur mission de contrôle, assurent également des missions de sécurité. Sur la région de Bordeaux, les boutiques ont été en première ligne de mire de la direction de la SNCF : après Lormont, ce sont Mériadeck et St Catherine qui ont été fermées alors que ces boutiques faisaient du chiffre d’affaires. À cette heure, il n’y a pas de fermeture de gares annoncées mais une forte déshumanisation qui pénalise les usagers, particulière-
ment ceux les moins à l’aise avec les nouvelles technologies ». « Les usagers attendent plus de dessertes répondant à leurs besoins, que ça soit sur le trajet domicile / travail ou pour leurs loisirs. Ils attendent également des moyens forts dans la régénération du réseau qui est très vieillissant, du fait du manque d’investissements sur les infrastructures depuis de nombreuses années. Ces revendications seront portées rapidement auprès des élu-e-s de proximité et également auprès de ceux de la région, car nous sommes actuellement en cours de renouvellement des nouvelles conventions TER ». « Enfin, n’oublions pas la question du fret ! La plateforme de triage d’Hourcade est menacée alors qu’elle est un outil pour répondre aux enjeux écologique, de santé et de sécurité. Les politiques menées jusqu’à présent ont abouti à de plus en plus de camions et de bus sur les routes. Derrière la question écologique, il y a évidemment la question de la santé. Or la seule réponse qui se profile aujourd’hui à l’engorgement de la rocade, c’est le grand contournement ; un nouvel aspirateur à camions ! »
Salariés, usagers, citoyens : des enjeux historiques Après le démontage du Code du Travail, services publics et statuts sont les maillons à faire sauter. Il faut faire tomber notre modèle de redistribution qui est encore un amortisseur social, mais qui entrave la restructuration du capitalisme. Pour affronter ce pillage « libre et non faussé » des biens nationaux et des finances publiques, le rapport des forces va grandir. Le mécontentement est profond contre ce gouvernement. Les motifs sont nombreux pour se retrouver, dès ce 22 mars, en grève, dans la rue, pour nos revendications. Pour la réforme de la SNCF (*), les annonces basées sur le rapport Spinetta sont claires : mise à mort et guerre éclair à coups d’ordonnances. La Commission Européenne exige que le 4e paquet ferroviaire soit transcrit dans le droit français avant la fin de l’année pour la privatisation. Une méthode similaire avait imposé en 2016 à EDFGDF, les directives qui aboutissent au scandale du marché spéculatif de l’énergie à la vente des barrages. En prenant appui sur la réforme du Code du travail, ce gouvernement d’« experts » s’attaque aux statuts législatifs des fonctionnaires en opposant les salariés, et en les culpabilisant (dette et modernité). Ils vont tenter de nous démontrer qu’un vacataire peut conduire des trains au pied-levé, idem pour les centrales, faire des économies avec des contractuels, imposer des plans de départs volontaires, rémunérer au mérite et mettre en place des contrats individuels soumis à l’arbitraire. Nous défendrons les services publics « à la française » qui ne sont pas dissociables du statut. C’est l’aboutissement d’une longue histoire fondée sur des principes républicains d’égalité, d’indépendance et de responsabilité qui a construit une fonction publique efficace et intègre établie par un statut, une loi et non un contrat. Ils sont le résultat des conquêtes sociales gagnées dans un rapport des forces où s’est concrétisé avec la CGT le rôle du PCF, de ses ministres à la Libération. Notre fonction publique est d’une grande modernité. C’est un fait exceptionnel : 20 % de la population active soit 5 à 6 millions de salariés font fonctionner les services publics pour répondre aux besoins fondamentaux de la population. Ils peuvent et doivent évoluer, ils ont de l’avenir ! Ces biens communs appartiennent à la Nation mais nous sont interdits par les directives européennes. Le peuple doit être interrogé. Nous nous mobiliserons car les prises de conscience peuvent vite évoluer si des perspectives se précisent. Toutes les luttes interrogent sur l’emploi, le rôle de l’État, les nationalisations, de nouveaux services publics, le droit des salariés et leurs représentants, sur l’UE et la souveraineté populaire. Empêchons le jeu de massacre (de classe) sur notre dos ! Nous voulons autre chose ! (*) Voir le rapport de la Fédération CGT des cheminots (www.cheminotcgt.fr)
Danielle Trannoy membre de l’exécutif du PCF 33 et du Conseil national
Les Nouvelles 22 mars 2018 • 3
DÉMOCRATIE RÉFORME INSTITUTIONNELLE
Vers un Parlement muselé
Édouard Philippe a dévoilé, auprès des différents groupes parlementaires, la réforme des institutions envisagée par Emmanuel Macron. Elle a été qualifiée de « confuse, fourre-tout et surtout dangereuse » par le groupe Communiste, républicain, citoyen et écologiste (CRCE) au Sénat. La réforme se déclinera en plusieurs projets de loi. Certains demanderont des lois simples, d’autres des lois organiques, voire une révision de la Constitution. La suppression de la Cour de justice de la République (la cour d’appel de Paris jugerait les ministres mis en cause dans l’exercice de leurs fonctions), la réforme du Conseil supérieur de la magistrature (nommant les magistrats du parquet en sus de ceux du siège), la fin de la nomination automatique des anciens présidents de la République
au Conseil constitutionnel en font partie. Plus délicat sera pour le gouvernement d’obtenir la réduction d’un quart à un tiers du nombre de parlementaires, la limitation à pas plus de trois mandats identiques dans le temps (hors les communes de moins de 3 500 habitants), et l’introduction d’une dose (de 10 % à 25 %) de proportionnelle aux législatives. La première voie pour faire adopter le volet constitutionnel est le Parlement, qui, après avoir fait adopter un texte identique par les deux assemblées, vote à la majorité des trois cinquièmes une fois réuni en Congrès. Toutefois, devant l’opposition de la majorité de droite au Sénat, le gouvernement a laissé entendre qu’il pourrait recourir au référendum. « Le Sénat ne va pas défaire en chambre ce que le peuple français a décidé dans les urnes », a assuré le porte-parole du gouverne-
ment, Benjamin Griveaux, rejetant le Sénat dans le camp du conservatisme. L’exécutif souhaite pouvoir présenter le projet en Conseil des ministres mi-avril, après le passage pour avis en Conseil d’État. Le projet en 31 points va plus loin encore, promettant une « adoption en 50 jours » des deux lois annuelles majeures, le projet de loi de finances et le budget de la Sécurité sociale. Les désaccords qui peuvent surgir entre Assemblée et Sénat, donnant lieu à une commission paritaire, se verraient tranchés en huit jours, au maximum, en cas de désaccord persistant. De même, « sauf accord du gouvernement ou du rapporteur (issu de la majorité, quoi qu’il arrive – NDLR), irrecevabilité des amendements déjà présentés en commission », déniant aux législateurs de pouvoir construire la loi dans l’Hémicycle en public. Au nom d’une « efficacité » jugée seulement à l’aune de la rapidité de l’adoption des lois, le projet de révision constitutionnelle sabre donc dans la tradition politique française pour privilégier le tempo et l’ordre du jour du gouvernement, et derrière lui le président de la République. Le gouvernement verrait renforcé son droit à déclarer comme prioritaires ses propres projets de loi. Le Parlement changerait ainsi imperceptiblement de nature, se faisant moins le réceptacle des débats publics que la simple chambre d’enregistrement des projets du gouvernement et du président. Le temps dégagé par
LOI ANTI « FAKE NEWS »
Liberticide ? Jeudi 15 mars, à Tours, dans le cadre des Assises internationales du journalisme, la ministre de la Culture, Françoise Nyssen, a défendu la future loi contre les fausses nouvelles (« fake news » NDLR). Un sujet sensible, tant pour la profession que pour les citoyens. Pour lutter contre la désinformation, les « fake news » (fausses nouvelles) qui envahissent internet à propos de tout et n’importe quoi, le gouvernement envisage de créer un nouvel outil législatif qui permettrait de « saisir le juge en référé, de supprimer le contenu, de déréférencer le site, de fermer le compte utilisateur concerné, voire de bloquer l’accès au site Internet ». La création d’un conseil de déontologie est, elle aussi, à l’étude dans le cadre de cette future loi. Les journalistes s’inquiètent d’une loi qu’ils qualifient pour la plupart de « liberticide ». La SNJ-CGT, dans un communiqué, rappelle que le dispositif juridique est déjà là, et depuis longtemps : la loi régissant la liberté de la presse de 1881 fait office 4 • Les Nouvelles 22 mars 2018
de référence en la matière. Le délit de diffusion de fausses nouvelles et celui de diffamation sont punis d’amendes pouvant aller jusqu’à 45 000 euros. À quoi s’ajoute la loi de 2004 dite de « confiance dans l’économie numérique », qui prévoit l’annulation des contenus illicites sur Internet. Il s’agit pour les journalistes de veiller à ce que les dispositions légales à l’étude n’aboutissent pas à entraver la recherche par la presse de la vérité des faits. La ministre de la Culture l’a ellemême affirmé à Tours, « la meilleure protection » contre la désinformation réside précisément dans le travail des journalistes. Encore faut-il que la profession puisse correctement exercer son métier. Les journalistes n’ont pas besoin de nouveaux contrôles mais d’une réelle indépendance, à l’heure où la quasi-totalité des médias est concentrée entre les mains de quelques puissants hommes d’affaires (Bernard Arnault, Vincent Bolloré, Patrick Drahi, pour ne citer qu’eux) qui n’ont que faire de l’éthique journalistique et du débat démocratique.
La question centrale est l’appropriation par les citoyens de ces formidables outils qui peuvent être au service de la démocratie et au développement de l’esprit critique face à ce flux incessant d’informations biaisées où l’on se noie. Une vraie pluralité de la presse est plus que nécessaire, quand on voit défiler quotidiennement sur les plateaux les mêmes éditorialistes et polémistes exprimant leur opinion personnelle alors que les citoyens doivent être en mesure d’exiger des informations vérifiées et basées sur les faits, pour la qualité du débat démocratique. « Seul le combat pour le développement d’une presse pluraliste, indépendante, ayant les moyens de faire son travail, libérée des puissances de l’argent, et pour une éducation nationale promouvant l’esprit critique, peut faire reculer l’emprise des “ fake news” sur les esprits », résume Yann Pollotec, responsable national aux questions numériques au Conseil national du PCF. Sarah Chakrida
l’accélération de l’examen des textes serait attribué à un rôle de contrôle de la loi accru pour les deux chambres. La Cour des comptes ainsi que des services de l’État seraient « mis à disposition » du Parlement pour qu’un « printemps de l’évaluation » soit un temps où chaque ministre exposerait en commission « ses résultats et les modalités d’exécution de son budget ». Des méthodes et du vocabulaire de l’entreprise. La baisse du nombre de parlementaires envisagée est de 25 % à 33 % (soit, dans cette fourchette haute, 404 députés et 244 sénateurs). Enfin, l’introduction d’une dose de proportionnelle est proposée à 10 % ou 25 % seulement. Le dernier des 31 points porte l’estocade : le redécoupage des circonscriptions, rendu nécessaire par la diminution de 173 députés et 104 sénateurs et la proportionnelle partielle, s’effectuerait par ordonnances, comme la réforme menée sous Sarkozy en 2009. Un Parlement muselé, un découpage électoral à la discrétion du gouvernement : c’est presque une nouvelle République qui ne dit pas son nom, mais pas la VIe que certains à gauche espéraient. « En effet, au travers de ce mélimélo
constitutionnel apparait une volonté ferme de réduire les pouvoirs du parlement, d’abaisser la représentation nationale, a déclaré le groupe CRCE. Depuis des années, nous soulignons le recul des droits parlementaires, réduction du temps de parole drastique, limitation du droit d’amendement par le développement des irrecevabilités à l’égard des amendements. Emmanuel Macron franchit un cap avec la réduction démagogique du nombre de parlementaires alors que la vraie question n’est pas leur nombre mais leur pouvoir et leur représentativité. Plus de démocratie avec moins de représentants du peuple, la démonstration reste à faire ». « Edouard Philippe a proposé d’instaurer un quota d’amendements pouvant être déposé par un groupe parlementaire en fonction de son effectif. C’est une atteinte grave aux principes républicains tels le pluralisme et le droit individuel des députés et sénateurs à proposer, à s’opposer ». « Emmanuel Macron ne veut donc pas d’opposition. Il veut déblayer le chemin aux puissances financières en détruisant tout obstacle fusse-t-il la démocratie elle-même ». Avec l’Humanité
COLLECTIVITÉS
Les communes, solides bases républicaines En pleine construction de la Métropole du Grand Paris, élus et municipalités communistes franciliens ont affirmé, hier, leur attachement à l’échelon communal. Le pique-nique organisé par les municipalités et élus communistes d’Île-de-France, dimanche 18 mars, jour anniversaire de la naissance de la Commune de Paris, n’a pas bénéficié du soleil de printemps, mais d’une brûlante actualité sur les stands d’une douzaine de villes : sur fond de mise en place d’une Métropole du Grand Paris qu’ils devinent « centralisatrice et technocratique, éloignée des habitants », les élus de la capitale et de sa périphérie affirmaient la commune comme lieu de démocratie de proximité. Venu avec les Amis de la Commune de Paris, Roger Martelli rappelle que « l’intérêt communal » était au cœur de cette expérience de 1871, et même « un des fondements de la refondation républicaine » qui englobe également la « prise en compte du peuple comme donnée sociologique et politique », le développement de « l’intervention populaire le plus souvent et le plus directement possible », et la « réappropriation par le peuple de son territoire ». Autant de problé-
matiques d’actualité : « La commune n’est pas un modèle transposable mais un état d’esprit extraordinairement moderne », conclut Roger Martelli. Un état d’esprit que les réformes successives mettent en danger, estiment les élus. Le maire de Gennevilliers, Patrice Leclerc, égrène « les attaques sur les ressources » fiscales (suppression de la taxe d’habitation) par le gouvernement Macron et « sur les compétences, notamment l’aménagement capté par la Métropole ». « Si on n’a plus de marge de manœuvre, on ne fera qu’appliquer ce qui est décidé ailleurs », craint-il, pointant « la fin des expérimentations, rendues possibles » par la libre administration des communes. Pour la maire d’Aubervilliers, Meriem Derkaoui, la métropolisation « ne fera qu’aggraver les inégalités », encourageant « l’individualisme et le sauve-qui-peut » devant les baisses de dotation et la course aux économies imposées par l’État. Face à cette mécanique, les élus communistes misent sur « un espace de coopération des communes qui permette de lutter contre ces inégalités ». Avec Grégory Marin, l’Humanité du 19/03/2018
E MISE À MAL CONTRACTUALISATION
« Ne pas accepter la mise sous tutelle de nos communes »
Élus mobilisés avec l’appel de l’ANECR aux Maires de France de « Ne pas accepter la mise sous tutelle de nos communes ».
Dès le mois de novembre, à l’occasion du congrès des maires de France, les élus communistes et leur association nationale (l’ANECR), alertaient contre l’idée d’une contractualisation qui représente un véritable recul pour la démocratie locale. Extraits. « Ces quatre dernières années, nos collectivités territoriales ont été soumises à rude épreuve. Les dotations que l’État nous verse pour compenser les compétences que le législateur nous a transférées ont été diminuées de façon inédite dans l’Histoire de notre pays. Entre 2015 et 2017, près de 11 milliards d’euros ont été ainsi soustraits arbitrairement et brutalement à l’ensemble de nos collectivités. Contraints par la loi à l’équilibre de
nos budgets et soucieux d’éviter à nos collectivités la mise sous tutelle étatique, nous – élus locaux – avons procédé, en responsabilité et en conscience, à des choix draconiens : réorganisation des services publics, reports de projets d’investissements, diminution des périmètres de nos politiques publiques, baisse de subventions, réduction de la masse salariale… nous avons actionné l’ensemble des leviers dont nous disposions comme maires avec le souci de maintenir un service public de qualité pour nos concitoyens. Nous n’avons pas seulement participé au redressement des comptes publics. Nous en avons été les principaux acteurs. En trois ans, de 2013 à 2016, la baisse du déficit de l’État est, pour 85 %, le fruit des efforts que les collectivités locales, dont nos
communes, ont fourni. Aujourd’hui, le Président de la République exige des élus locaux qu’ils réalisent dans les cinq années à venir, 13 nouveaux milliards d’euros d’économie. En moins de 10 ans, ce seraient près de 25 milliards d’euros dont nos services publics locaux se verraient privés. Ces annonces condamnent nos collectivités locales à une mort par asphyxie budgétaire. Cette fois, pas de réduction brutale des baisses de dotations mais un tour de bonneteau qui fait reposer la promesse du maintien des dotations de l’Etat sur la capacité de nos collectivités à réduire elles-mêmes leurs dépenses de fonctionnement. Moins de dépenses de fonctionnement, c’est inévitablement moins de services publics pour nos populations, moins de subventions pour nos associations, moins de culture, de santé, de sport et de vie sur nos territoires. Nous, maires et élus des territoires de la République, refusons de nous faire hara-kiri et de faire payer à nos concitoyens les choix budgétaires du Gouvernement. (…) Creusets démocratiques de notre République, nos communes ne peuvent pas être réduites à l’état de variables d’ajustement. Nous avons été élus par nos concitoyens pour défendre et faire valoir leurs droits et les intérêts de leurs territoires et ceux, bien pensés, de la Nation. »
GRADIGNAN
Quand chaque commune doit choisir sa camisole… Avec la contractualisation, le gouvernement Philippe dicte leur conduite aux collectivités locales. À Gradignan, l’élu communiste Pierre Auzereau refuse ce « recul de la démocratie ». Il l’a exprimé lors du conseil municipal du 12 mars dernier : « Monsieur le Maire parle d’orientation budgétaire, mais cela ressemble davantage, dans le cadre de la centralisation actuelle qui accompagne le recul de la démocratie pour lequel le gouvernement accélère la mise en œuvre des mesures que l’on connaît, à un encadrement strict de l’autonomie de la politique budgétaire que l’on concède aux communes. Les conditions mises par l’État pour octroyer les fonds sur lesquels chaque mairie compte sont telles que c’est la commune la plus obéissante (celle qui accepte le plus de perdre de son autonomie) qui aura peut-être ses sous. Contre cela, Monsieur le Maire et sa majorité municipale n’élèvent aucunement la voix. En outre, des réformes toutes récentes enlèvent beaucoup de lisibilité à une projection éventuelle, même à court terme. 400 000 € d’augmentation des
dépenses de fonctionnement, sinon, gare ! Autrement dit, de quelles orientations budgétaires parle-t-on ? Les principaux postes sur lesquels on peut jouer servent de variables d’ajustement à l’intérieur d’un corset, certes imposé par le haut pour une part importante, mais auquel la commune veut bien se référer pour justifier ici ou là des tassements dans ses actions. Paradoxalement, c’est dans le domaine de la capacité à emprunter que la commune est la plus “libre”, compte tenu d’un taux d’endettement plutôt acceptable et des taux d’intérêts faibles, qui justifient un certain nombre de renégociations de prêts antérieurs (ce qui est une bonne chose). Mais cette capacité à emprunter va servir à quoi ? Quelle politique d’investissement ? Ce n’est guère que l’entretien du patrimoine existant et le financement d’études (l’Ermitage – dont l’étude a déjà été faite en 2008 - et l’école des quartiers sud – qui est pourtant présentée non à charge de la commune !). Autrement dit pas d’investissement à proprement parler, sinon à la marge, en cherchant bien quand même un statu quo sans ambition.
Quelles programmations, pour le service municipal petite enfance, de la réouverture de la crèche de l’Ermitage ainsi que pour l’entretien des bâtiments communaux, notamment, celui de l’ancienne école des filles abritant actuellement le poste de police, sont envisagées ? Sur le retour à la semaine de quatre jours, la décision apparemment déjà prise se fera-t-elle sans la décision du Conseil ? Alors, gestion de l’austérité ? Participation à cette austérité ? Encore une fois, on peut s’attendre pour le conseil qui étudiera (et votera) le Budget prévisionnel à une présentation comptable, avec tous les chiffres dans des annexes indigestes et sans pédagogie. Alors que, quand on dit orientation ou prévision, il faut dégager des tendances pluriannuelles, qui permettent d’anticiper des améliorations éventuelles encore inexistantes ou de corriger avant qu’elles n’arrivent des dérives que ces tendances révèlent. Cette situation appelle en urgence l’information de la population ; ce que les militants et élus communistes de Gradignan ne manqueront pas de faire. »
STÉPHANE DENOYELLE, MAIRE DE SAINT-PIERRE D’AURILLAC
Plus qu’une perte de moyens, une perte de liberté pour les communes Stéphane Denoyelle, maire communiste de Saint-Pierre d’Aurillac, témoigne des difficultés budgétaires qui pèse sur sa commune et s’inquiète, plus largement, pour cet échelon nécessaire à la démocratie. Nous arrivons au bout du processus de la baisse des dotations et du transfert de compétences décidé par le précédent gouvernement. Sur le budget de la commune de Saint-Pierre d’Aurillac, par année, nous sommes à 65 000 euros de budget de moins, par rapport à ce que nous percevions de Dotation générale globale (DGF) de la part de l’État, avant le début du mandat. Pour donner une idée, entretenir nos 25 kilomètres de voirie sur la commune coûte 50 000 euros par an. À la fin du mandat, plus de 350 000 euros auront été ponctionnés sur le budget de la commune. C’est colossal. Ce qui vient compliquer les choses, c’est que tout ça n’avait pas été préalablement annoncé aux élus locaux. À une époque où il n’y avait pas d’annonces sur les menaces qui pesaient sur les finances locales, la municipalité avait décidé, à juste titre, de reconstruire l’école communale avec un investissement d’1,2 millions d’euros pour les trente ans à venir. La charge de la dette a augmenté de 60 000 euros par an sur ce mandat. Il y a donc un différentiel de 120 000 euros, c’est quasiment 10 % de notre budget global. Nous avons réussi à passer le cap, à ne pas nous retrouver en faillite, en serrant les boulons, en cherchant des économies dans nos fonctionnements, dans la manière dont nous travaillions. Malheureusement, par exemple, en arrêtant de remplacer quand il y a des arrêts maladie… Mais nous n’avons plus, aujourd’hui, de capacité d’autofinancement pour l’entretien courant et nécessaire du patrimoine, des routes… Nous avons fait le choix, il est vrai, de ne pas s’attaquer aux services qu’on rend à la population sur le social, l’enfance, la protection des plus faibles… Parce que les gens souffrent. Si nous diminuons ces services, ça en rajoute. Voilà le tableau pour nous mais toutes les communes autour souffrent de la même manière. Sauf qu’effectivement les communes qui ont des services et qui avaient plus investi pour le bien commun, se retrouvent plus impactées. Voilà pour la situation financière liée, en grande partie, à la politique de François Hollande sur le précédent mandat. Maintenant, il y a la nouvelle annonce faite sur la taxe d’habitation qui n’attaque pas frontalement les finances mais nous enlève toute capacité à voter et à maîtriser nos recettes comme cela a déjà été
fait avec les Départements. En supprimant la taxe d’habitation, on enlève à Saint-Pierre d’Aurillac 30 % de ses recettes sur lesquelles ont avait une maîtrise. Au pire, on va nous la compenser mais ça devient une dotation dont nous ne maîtrisons plus le montant. Le projet politique devient soumis à ce que l’État veut bien octroyer. Là, il y a un vrai défi démocratique car en pratiquant ainsi, l’État dévitalise la commune dans sa capacité à porter des projets alternatifs, à faire une politique différente. Le Comité des finances locales pour remplacer le bloc communal et intercommunal de la taxe d’habitation (exonérée totalement finalement) par un panier de recette comme ils avaient fait pour la taxe professionnelle, envisage comme piste de reverser le foncier bâti perçu par les Départements, ce qui pose la question de leur financement, ou de reverser une partie de la TVA ou de la CSG. Il n’y aura donc plus d’effet de taux, impossibilité pour les communes d’augmenter leurs recettes, donc perte de la liberté de choix. Si par exemple, une commune décide de développer le portage de repas à domicile aux séniors mais que cela nécessite d’augmenter les impôts de 3 points, elle peut s’en expliquer auprès des citoyens qui peuvent valider lors d’une élection. Cela ne va plus être possible. On ne pourra plus partir du besoin de la population, trouver les moyens ensemble d’y répondre et faire des arbitrages politiques. Ça va être : voilà l’argent qu’on a et voyons à quoi on peut répondre avec ce budget ! C’est complètement différent. C’est surtout extrêmement dangereux pour la démocratie et l’unité de base qu’est la commune. Si les gens sont particulièrement attachés à l’échelon communal, c’est justement pour cette capacité à pouvoir influer, au plus près, en tout cas dans nos petites communes, sur les politiques mises en place. Comme là, il y a une perte de maîtrise, peut-être que demain on convaincra plus facilement les citoyens que cet échelon-là n’est plus utile. J’ai bien peur que ce soit finalement la volonté d’Emmanuel Macron et de son gouvernement. Propos recueillis par Christelle Danglot
Les Nouvelles 22 mars 2018 • 5
INTERNATIONAL BRÉSIL
SUR MAYOTTE
Le combat de Marielle Franco, toujours vivant
La République française méconnaissable
Les balles qui ont assassiné la militante afro-brésilienne, conseillère municipale de Rio de Janeiro, le 14 mars, appartenaient à la police fédérale. Elle rentrait d’une réunion de femmes noires à Lapa, un quartier de Rio de Janeiro (…). La macabre filature s’est prolongée sur quatre kilomètres, avant que Marielle Franco et son chauffeur, Anderson Pedro Gomes, ne tombent sous des balles assassines (…). La troisième passagère, Fernanda Chaves, assistante de Marielle Franco, miraculée de la tuerie, a été légèrement blessée. Une exécution méticuleusement planifiée. Derrière les vitres teintées, les tireurs connaissaient précisément la place de chaque passager. Les engagements de Marielle Franco faisaient d’elle une cible, dans ce Brésil post-coup d’état où la violence politique se déchaîne, libérant les fantômes de la dictature. À 38 ans, cette enfant des favelas, née dans le quartier déshérité du Complexo da Maré, au nord de Rio, était devenue une inlassable avocate des populations marginalisées. Sociologue, militante féministe, elle défendait sans relâche les droits des Afro-Brésiliens et ceux des LGBT. Mère d’une fille de 19 ans, elle partageait sa vie avec une femme. En 2016, elle était élue au conseil municipal de Rio, sur la liste « Mudar é possivel » (changer est possible), présentée par le Parti socialisme et liberté (PSOL, né en
2004 de la scission de l’aile gauche du Parti des travailleurs) et le Parti communiste brésilien (PCB). De ce mandat, elle a fait une tribune pour dénoncer les violences policières ciblant les Noirs et la guerre livrée aux populations des favelas au nom de la lutte contre le narcotrafic. (…) (…) Dès vendredi, la très prudente TV Globo révélait que les munitions ayant tué la conseillère municipale et son chauffeur provenaient d’un lot acquis en 2006 par la police fédérale. (…) Le ministre de la Sécurité publique, Raul Jungmann, confirme l’origine policière des balles. Mais celles-ci, selon lui, auraient été « volées » à la police « il y a des années » dans l’État du Paraïba (nord), à plus de 2 000 km de Rio. (…) Dès jeudi, les Nations unies exigeaient une enquête complète, transparente et indépendante pour faire toute la lumière sur les circonstances de ce double assassinat. (…) Après le choc et la stupeur, une vague de chagrin, de colère et d’émotion a submergé le Brésil. Dès jeudi, 50 000 personnes défilaient dans les rues de Rio de Janeiro pour exiger la vérité et la justice. (…) Noire, lesbienne, communiste, Marielle Franco représentait tout ce que détestent les nouveaux maîtres du Brésil. Avec son assassinat, ils ont fait de son nom un signe de ralliement, un symbole de résistance. Rosa Moussaoui, l’Humanité, 19/03/2018
RUSSIE
La continuité, seul grand vainqueur du scrutin présidentiel Vladimir Poutine a été réélu président dimanche dernier, pour un quatrième mandat de six ans, avec une participation relativement importante. À la fermeture des bureaux de vote, au moins 70 % des 109 millions de Russes étaient allés voter pour le premier tour de la présidentielle. La participation a été plus importante qu’en 2012 dans plusieurs régions. Néanmoins, plusieurs irrégularités ont été recensées. À la sortie des urnes, Poutine arrivait largement en tête, avec 71 % des voix. Pour la deuxième place, parmi les sept autres candidats, Pavel Groudinine (KPRF, 8,5 %) arrivait légèrement devant Vladimir Jirinovski (LDPR, extrême droite, 6,8 %). Les cinq autres se tenaient en moins de 1 % : Boris Titov (Parti de la croissance), Grigori Iavlinski (Iabloko), Ksenia Sobtchak, Sergueï Babourine et Maxime Souraïkine (Communistes de Russie). Pour le candidat du Parti commu6 • Les Nouvelles 22 mars 2018
niste (PCFR), du Leviï Front (Front de gauche) et d’autres formations de gauche, « ce n’est en rien une fin ». Au contraire, pour Pavel Groudinine, « une campagne s’achève mais une autre débute. Car nous défendons un changement de régime afin que le peuple retrouve des droits : accès aux soins, à l’éducation, à la culture »… Pour son quatrième mandat, le président sortant a promis de « diviser par deux le taux de pauvreté » (14 %) et « d’atteindre une croissance autour de 4 % » grâce à d’importants investissements. Pour l’heure, cependant, si les prévisions de croissance varient autour de 2 % pour 2018 et 2019, plusieurs élus du PCFR sont inquiets et pensent que des coupes budgétaires auront lieu à l’automne. « C’est là tout le paradoxe de cette élection, constate, pour l’Observatoire FranceRussie, Jean Radvanyi. La majorité des Russes sont fiers de leur président, mais demeurent inquiets quant au fond sur l’avenir du pays. » Avec l’Humanité du 19/03/18
La départementalisation à marche forcée, séparant l’île du reste de l’archipel des Comores, n’a pas résolu les problèmes sociaux : si Mayotte reste un eldorado pour ses voisins pauvres, ce qui engage sa sécurité, les Mahorais sont loin de l’égalité avec la métropole. La situation de Mayotte, qui entamait sa cinquième semaine de grève générale, interroge la départementalisation ratifiée en 2011, qui n’a pas répondu aux attentes des habitants, ni aux engagements répétés de la France de ne pas briser l’unité de l’archipel des Comores. Sur l’île, la promesse républicaine n’est pas respectée, 84 % de la population vivant sous le seuil de pauvreté, bien que le PIB par habitant y soit neuf fois supérieur à celui des trois autres îles des Comores. Mayotte se retrouve donc doublement au cœur des inégalités organisées, qui frappent aux quatre coins du monde, et de l’absence de coopération harmonieuse et d’aide au développement. Le territoire, qui s’enfonce dans une crise sociale et souffre d’insécurité, voit même surgir des revendications identitaires, alors que les habitants des Comores constituent un seul peuple. Le gouvernement est pour l’instant concentré sur la réponse sécuritaire. Insuffisant, selon les acteurs sociaux locaux, qui continuent le blocage. « Les problèmes d’insécurité sont réels à Mayotte, et nous exprimons notre solidarité envers toutes les personnes victimes d’agressions, a régi la Cimade. Cependant, les affirmations reliant violences et immigration ne reflètent pas la complexité de la situation sur l’ île ». L’association rappelle les problèmes socio-économiques, le sous-investissement en matière de services publics. « Mayotte est également un département où les lois françaises ne s’appliquent pas de la même manière, notamment en termes de droits sociaux : il n’y a ni couverture maladie complémentaire servie par l’assurance maladie, le RSA est deux fois moins élevé qu’en métropole… » Rappelle l’association. Elle explique
également les difficultés d’obtention de titres de séjours, quelle que soit l’intensité ou l’ancienneté des liens avec l’île et dénonce les fantasmes sur « l’invasion » et les flux migratoires. À sa descente de l’avion à l’aéroport de Dzaoudzi-Pamandzi, le 12 mars, la ministre des Outre-Mer, Annick Girardin, affirmait la volonté de la France de maintenir pleinement l’île de l’archipel des Comores dans la République. Pleinement : le mot est important, car la transformation à marche forcée de cette collectivité en département en 2011 (malgré l’affirmation par la France à l’ONU le 14 décembre 1973 de « la vocation des Comores à l’indépendance ») est loin d’avoir tenu les promesses de développement économique et humain faites par tous les présidents qui l’ont portée, de Giscard à Sarkozy. À l’instar de ses homologues qui ont revendiqué une place au premier rang de la République, ce « confetti de l’Empire colonial » français conteste aujourd’hui sa relégation en seconde zone. La grève générale, qui entame sa cinquième semaine, a pris corps à partir d’une question cruciale : la sécurité des habitants de l’île. Ils se sentent menacés par une « immigration illégale », celle d’« étrangers » qui pourtant sont du même peuple. Certes, la proportion d’entrants illégaux est énorme : « la moitié de la population est étrangère », dit la ministre des Outre-mer, et « 70 % de cette population est là en toute illégalité ». Et les violences qui accompagnent les mineurs isolés livrés à eux-mêmes sont bien réelles : ce sont des attaques à l’arme blanche dans un lycée et le caillassage d’un bus scolaire qui ont lancé le mouvement. Mais la différence des niveaux de vie entre une île restée sous pavillon français et les trois autres produit un effet d’aspiration. Car à Mayotte, le PIB par habitant est neuf fois supérieur à celui des autres îles des Comores. Pourtant sur le territoire français, comme c’est le cas pour d’autres territoires et collectivités d’outre-mer,
les minima sociaux n’atteignent pas les niveaux de la métropole : le revenu de solidarité active, 268 euros, est moitié moins élevé qu’en métropole. Besoin de mesures sociales
Dans la lettre d’Annick Girardin aux élus mahorais recensant les 14 mesures prises pour endiguer la crise, 11 concernent la lutte contre l’immigration clandestine et ses effets, et seulement 3 le développement économique, matériel et humain, « les revendications rassemblées au sein de la plateforme des collectifs et de l’intersyndicale seront examinées et feront l’objet d’une réponse du gouvernement dans un délai d’un mois à dater de leur transmission », a promis la ministre. Insuffisant, pour l’intersyndicale, qui regrette que son « plan de convergence » de 1,8 milliard d’euros sur dix ans, qui prévoit notamment le développement des infrastructures (assainissement, réseau routier et transports…) n’ait pas été examiné plus tôt « alors qu’il est sur la table depuis le 5 mars ». C’est dans ce contexte qu’a eu lieu l’élection législative partielle de dimanche, dominée par « les questions d’ordre sécuritaire et d’immigration » qui ont « naturellement joué en faveur des candidat-e-s LR et de la majorité », rappelle le député européen Younous Omarjee. Les mêmes qui, mêlant leur voix à celle de l’État français en 2009, avaient convaincu les Mahorais « en leur faisant miroiter un rempart contre l’extrême pauvreté », disait alors l’association Survie. En 2009 les élus PCF, seuls opposés à la départementalisation, déclaraient dans l’Humanité qu’elle allait « dresser un mur entre des hommes et des femmes d’un même peuple, en coupant davantage encore Mayotte des Comores ». Presque dix ans plus tard, l’abandon de Mayotte par la République a malheureusement fait de cette mise en garde une prophétie.
Avec l’Humanité du 20/03/18
PCF GAZ ET ÉLECTRICITÉ
TOMBOLA
Non à l’augmentation de ma facture, oui à un service public
Soutenez la Fête de l’Humanité Gironde !
Plus de trente personnes étaient présentes au débat organisé par les communistes, à Arès le 10 mars, en présence de Marylène Faure, membre du CESR et militante CGT Énergie 33 ainsi que Amar Bellal, membre du Conseil national du PCF et de la commission Énergie*. Alors qu’ils tiennent le pays debout, que les moyens existent, tous les services publics sont menacés et tous les acquis du CNR doivent disparaitre sous les offensives du gouvernement actuel, mais aussi des précédents. Ford se désengage (910 emplois menacés) mais aussi Carrefour. Comme on le voit, le CICE ne sert que les profits des entreprises. L’accès aux services publics est de plus en plus difficile, on le voit dans les hôpitaux. L’État en porte la responsabilité, comme pour la Sncf avec son nouveau pacte ferroviaire et sa volonté de passer, une nouvelle fois, en force avec les ordonnances pour transformer la Sncf en société d’économie mixte, d’attaquer le statut et de ne pas honorer la dette. Pour Marylène Faure, c’est la même démarche pour le service public du Gaz et de l’Électricité. C’est ce qui se passe partout. La casse du service public a commencé dès le lendemain du CNR, c’est un travail dans le temps. Depuis 2016, la dérégulation du marché a entrainé une très forte augmentation des tarifs. Sur nos factures : le tarif unique est passé à un empilement tarifaire avec les taxes (fourniture, réseaux, acheminement, Cste), de 9 €
à 21 € le megaw/h. Les usagers paient deux fois les investissements décidés par les communes : 42 € pour l’électricité, 80 pour l’éolien, 120 pour le photovoltaïque et entre 50 et 80 pour l’hydraulique. Amar Bellal constate qu’il y a pas mal de demande de débats surtout autour d’« Énergie et environnement », sur la sûreté les mêmes questions reviennent souvent, c’est pour y répondre qu’il a écrit un livre**. Mais à Arès, il était surtout question de la privatisation qui attaque le service public de l’Énergie et du Gaz. Pour le scientifique, c’est aberrant en raison de la nature de la marchandise, qui est non stockable. Les investissements exigent « du temps long ». Si la privatisation était imposée pour l’hydraulique, ce serait dramatique. Les centrales nucléaires assurent la production de base jour et nuit. Les centrales à gaz répondent rapidement, et les barrages hydrauliques assurent les variations. Ce qui ne pourrait être fait si c’était de secteur privé. Il faut de la cohérence dans le temps pour les investissements, 15-20 ans pour l’hydraulique et même plus pour le nucléaire. Aucun privé ne se lancera dans de tels programmes à long terme. Fessenheim peut fonctionner encore pendant 10 ans. Le capitalisme ne peut faire cela. Seule la puissance publique a une vision d’avenir. Les communistes ont su le faire pour s’affranchir du charbon pour s’orienter vers le nucléaire. Il faut la mobilisation de tout un pays.
Pour les réacteurs de 4e génération qui ne consommeront que 2 à 3 % d’uranium (ce qui donnerait plusieurs siècles de réserve). Il y a un combat permanent pour contrer la volonté d’arrêter les centrales. Privatisation insidieuse qui amène au démantèlement, déstructure par petits morceaux. Les écologistes et Jean Luc Mélenchon jouent sur des réflexes de peur sur le nucléaire et disent se débarrasser du pétrole et du gaz (3e erreur) mais moins de CO2 est émis par le mix électrique. Dans le débat : - Ce n’est qu’avec un secteur public fort qu’on peut mener des projets sur le long terme. Le monopole privé entraine des catastrophes. - Il faut reconquérir les services publics avec les principes de production à coût coûtant, d’égalité de traitement, du statut des personnels, du contrôle de l’entreprise à tous les niveaux (élus, usagers, personnels). - Nécessité de débat au sein du PCF : positionnement de l’Europe, exigences de l’UE qui verrouillent. - Nombreux présents satisfaits du débat, à refaire sur le nucléaire. Christian Darriet, secrétaire de la cellule, www.pcfbassin.fr * Amar Bellal est aussi professeur agrégé de génie civil, rédacteur en chef de la revue Progressistes ** Environnement et énergie, éditions Aux temps des cerises.
AFRIN
La Fête de l’Humanité Gironde se déroulera, cette année, les samedi 19 et dimanche 20 mai 2018. Pour soutenir l’événement, la Tombola et sa vente militante sont de retour. Les carnets de 5 tickets à 2 € chacun (donc 10 € le carnet) seront disponibles dès lundi à la fédération du PCF (15 rue Furtado à Bordeaux). En achetant un carnet votre entrée sur la fête est offerte. Téléviseur, tablette, des « box week-end » et de nombreux lots solidaires sont à gagner !
PCF GIRONDE
Réunion publique
Jeudi 5 avril, de 18h à 21h, salle Condorcet à Lormont, le PCF, ses élus invitent tous les citoyens, salariés, chômeurs, retraités, les partis de gauche, syndicats, associations à une réunion publique, en présence du député communiste du Nord Fabien Roussel, sur l’évasion fiscale, rouage du système de confiscation des richesses produites. « Si les patrons du CAC40, les actionnaires et les “premiers de cordée” ont le sourire, avec des profits qui augmentent régulièrement et des chiffres qui n’ont plus de limite, de l’autre côté, les salariés, les retraités, les conditions de travail, les transports, les hôpitaux, tout ce qui touche à la vie des citoyens se voient en permanence mis au banc des accusés, des nantis, des empêcheurs de faire tourner l’économie dans le même sens. Ensemble nous pouvons construire la meilleure riposte au pouvoir de l’argent ! »
Mobilisation générale le 24 mars pour stopper Erdogan SECTION LA RÉOLE-MONSÉGUR
Assemblée générale Les communistes de la section La Réole-Monségur seront réunis en assemblée générale le samedi 21 avril à partir de 9h, salle des fêtes de Le Puy, en présence de Sébastien Laborde, secrétaire départemental du PCF. Manifestation à Bordeaux, devant le Grand Théâtre, dimanche 18 mars.
Communiqué du Parti communiste français, le 18 mars 2018. « Afrin, après avoir héroïquement résisté, est désormais sous le déluge de feu de l’armée turque et de ses supplétifs de Daesh. Les civils fuient maintenant par milliers pour échapper aux pillages, aux massacres, aux viols et aux égorgements. Le bilan humain provisoire est terrifiant. Après les Arméniens il y a un siècle, les Kurdes ont tout lieu de craindre l’attitude génocidaire de R.T. Erdoğan. Les masques sont tombés devant ceux qui feignaient de croire que la Turquie entendait protéger sa frontière. Sans ambages, R.T. Erdoğan vient de déclarer : “Maintenant, le drapeau turc flotte là-bas”. Il entend désormais poursuivre l’offensive dans
tout l’espace kurde jusqu’à la frontière irakienne avec la bénédiction de Moscou et de Washington. L’épuration ethnique qui se dessine vise clairement à faire d’Afrin une base arrière d’enracinement du terrorisme islamiste avec de lourdes conséquences pour la région, l’Europe et la France. Le gouvernement français a commis une grave faute en considérant que l’on pouvait comprendre R.T. Erdoğan et en faisant preuve à son égard d’une tolérance complice. Comme le rappelait le secrétaire national du PCF, Pierre Laurent, l’heure est à une mobilisation transpartisane pour stopper R.T. Erdoğan La France et l’Union européenne doivent parler plus fermement, condamner la politique d’Ankara, exiger l’interdiction du survol de l’aviation turque et son
retrait du territoire syrien. L’ONU doit, sans attendre, adopter une résolution protégeant les Kurdes de Syrie. Des manifestations se dérouleront en Europe le 24 mars 2018. Dans toutes les grandes villes françaises, des défilés auront lieu et le PCF entend contribuer à en faire un succès pour exprimer sa solidarité totale avec les Kurdes qui incarnent le combat pour la liberté, la paix et la démocratie. » À Bordeaux, meeting unitaire, le mardi 27 mars, 19h30, à l’Athénée municipal de Bordeaux à l’appel de : Conseil démocratique kurde, Pavé Brulant, PCF 33, Sud PTT, NPA, AC Gironde, Ensemble !, UJFP, MRAP 33, Palestine 33, OSB IV et GAB. Un pré-rassemblement aura lieu à 18h, place Pey Berland.
SECTION DE BÈGLES
Préparation du congrès Les communistes de Bègles sont invités à se réunir les vendredi 23 mars et 6 avril, à 18h30, dans les locaux de la section, rue du Prêche.
SOUSCRIPTION
Tout versement par chèque ouvre droit à une réduction fiscale de 66% du montant versé. (chèque à l’ordre de ADF PCF 33). Les ressources financières du Parti communiste sont transparentes. Votre don, aussi modeste soitil, contribuera effica- cement à la démocratie, à l’expression et la prise d’initiative du Parti communiste. Cet ensemble sont les éléments majeurs pour continuer notre combat dans l’ambition d’une gauche forte et alternative. La fédération de la Gironde du PCF, lance une souscription afin de mener nos prochaines échéances politiques, notre objectif est de 70 000 euros.
Les Nouvelles 22 mars 2018 • 7
CULTURE & SOLIDARITÉ
NOUVELLES IDÉES REÇUES
SAINT-PIERRE D’AURILLAC
La petite médiathèque vous invite à parler numérique « Aujourd’hui dans les médiathèques et les bibliothèques on trouve des ordinateurs, on propose aux lecteurs un apprentissage de l’Internet, une formation sur les logiciels… Alors, nous, on vous propose de parler de la numérisation de la société. 94 % des Français ont un téléphone portable, 74 % un smartphone ; 3 Français sur 4 utilisent des courriels, 4 sur 10 sont sur des réseaux sociaux et 1 sur 2 achète sur internet. On nous parle sans cesse d’intelligence artificielle, d’objets connectés,
de robots, de Big data, etc. Derrière tout cela des décideurs surpuissants. On parle des GAFAM (Google, Amazon, Facebook, Apple, Microsoft) et de leurs petits frères, les NATU (Netflix, Airbnb, Tesla et Uber) qui sont au top des plus riches de la planète et qui sont en train de restructurer le monde. Ces entreprises mondiales s’affranchissent des cadres existants (on le voit avec la fiscalité) et ont un projet politique. À la Petite médiathèque de SaintPierre d’Aurillac, nous avons saisi
l’occasion de la conférence gesticulée que Philippe Cazeneuve nous proposait. Vous avez entendu parler de ces conférences gesticulées, les avez vu sur internet. L’objectif est d’aborder des sujets très sérieux en essayant de les expliquer, comme on peut le faire dans le cadre de l’éducation populaire ». L’intervenant vient gracieusement mais il y a des frais, et la petite médiathèque n’a pas de moyen, elle compte donc sur votre participation, même si celle-ci est libre.
MÉRIGNAC
Comité de soutien pour la libération de Salah Hamouri Le 19 février 2018, à la maison des associations un comité de soutien pour la libération de notre compatriote avocat franco-palestinien Salah HAMOURI, détenu en Israël depuis le 23 aout 2017, est né. Le comité de soutien Salah Hamouri 33700 vous invite à une réunion, jeudi 29 mars 2018 à 18h30, salle de la glacière, rue Armand Gayral à Mérignac. Salah Hamouri est détenu, par l’armée d’occupation israélienne, dans le cadre de la détention admi-
nistrative. Emprisonné, tout d’abord, pour une durée de six mois (23 aout 2017, 23 février 2018) sa détention a été prolongée de quatre mois. La détention administrative prive le prisonnier de ses droits les plus élémentaires en contradiction avec le respect des règles internationales. Le dossier de Salah est secret et rien ne lui est reproché. Le gouvernement israélien qui met un point d’honneur à bafouer le droit international, à humilier les états qui ont contribué à bâtir ce droit vient,
une fois de plus, de se montrer à la hauteur de sa réputation de pourfendeur des droits de l’homme, un état qui emprisonne, torture et assassine. Constitué de femmes et d’hommes venant de différents horizons le comité de soutien à Salah Hamouri entend œuvrer pour la libération de notre concitoyen en s’adressant à la population et en proposant une large mobilisation citoyenne en faveur de Salah. s.hamouriliberte33700@gmail.com
À l’approche du printemps, LibrairieSolidaire du Secours populaire s’envole et essaime. L’accès à la connaissance, à la culture, à la lecture par le livre, par tous et pour tous, est ainsi concrétisé. Vous pourrez la retrouver le samedi 24 mars à l’Espace Solidarité Malbec, 3 rue Malbec à Bordeaux, de 10h16h et le samedi 21 avril 10-12h30 et 14h-17h30, salle des fêtes de Paillet.
SPF
Loto solidaire du comité de Bègles
Les Nouvelles de Bordeaux et du Sud-Ouest S.A.S. au capital de 37 000 euros Associés (à parts égales) : L. Chollon, F. Mellier, S. Laborde, M. Lavallée Directeur de la publication : Frédéric Mellier Abonnement 1 an : 25 euros. Abonnement de soutien : 40 euros Rédaction, composition, impression : S.A.S. Les Nouvelles de Bordeaux et du Sud-Ouest 15, rue Furtado - 33800 BORDEAUX Tél. 05 56 91 45 06 - Fax 05 56 92 61 01 - Annonces légales : annonces@nbso.fr Comptabilité : compta@nbso.fr - Redaction/Proposition d’article : redaction@nbso.fr @nvlbx Les nouvelles de bordeaux nbso.fr Commission paritaire de presse : 0123 C 85932
8 • Les Nouvelles 22 mars 2018
CHRONIQUE
Le dimanche 25 mars 2018, le Comité de Bègles du Secours Populaire Français organise un Loto solidaire à la salle Jean Lurçat. Ouverture des portes à 14h et début du loto à 15h. De nombreux lots sont à gagner : tablette numérique, cafetière Doke Gusto, four micro-onde, multicuiseur Thomson et lot à cartons plein : une caisse de grands Crus vins de Bordeaux. Pour tous renseignements tél : 06 76 28 80 94. Venez nombreux apporter votre soutien solidaire au comité !
par Gérard Loustalet Sens Le sauvetage de la socialdémocratie
Il sera défendu ici la thèse suivante : la stratégie du populisme de gauche, telle qu’elle a été théorisée par les philosophes argentin Ernesto Laclau et belge Chantal Mouffe, est pour l’essentiel une entreprise de sauvegarde et de réhabilitation de la social-démocratie. Certes, un tel dessein n’a rien de déshonorant mais il faut appeler les choses par leur nom. Laclau et Mouffe constituent en fait une sorte de point de convergence du populisme latinoaméricain et de la social-démocratie européenne. Ernesto Laclau est issu du péronisme de gauche et a soutenu en Argentine les Kirchner et une sorte alors de réformisme progressiste. Philosophe, Laclau se recommande de références prestigieuses, Lacan, Foucault, Derrida, Barthe… toute cette fameuse French Theory dont on est friand dans les deux Amériques. On apprend ainsi que le peuple est une « construction sociale », ce dont on se doutait un peu, et que la preuve en serait dans la notion psychanalytique d’ « objet a » (dire : objet petit a) de Jacques Lacan dont on se demande ce qu’il vient faire dans cette galère ! Au passage, il faudrait peut-être s’interroger sur la viabilité et l’exemplarité de ce populisme latino-américain que certains veulent ériger en modèle. Les partis communistes d’Amérique latine ne sont pas sur cette ligne. En 2011, le parti communiste vénézuélien, tout en soutenant Chavez, considérait que non seulement « le modèle de capitalisme rentier improductif dominant dans notre pays se perpétue mais se renforce ». Il jugeait l’Etat bolivarien « hautement inefficace » et constatait une « intensification de la corruption ». De même, malgré leurs mérites et leur attention au peuple, Rafaël Correa en Equateur et Evo Moralès en Bolovie n’ont obtenu que de maigres résultats face à un semblable capital rentier (Marc Saint-Upéry, le Monde, 04.10.2012). Pour Chantal Mouffe, les références sont quasiment exclusivement anglo-saxonnes : John Rawls, Anthony Giddens, Jurgen Habermas, Ulrich Beck et même l’idéologue nazi Carl Schmitt… Ce qui entraîne deux conséquences. D’abord une connaissance assez limitée de la tradition et de la situation politiques françaises amenant, entre autres, comme on le verra, une appréciation erronée de la nature du Front National. Ensuite une ignorance, ou une absence de prise en compte, des acquis d’une sociologie politique qui est, en France, particulièrement développée et avancée. Au départ la réflexion de Laclau et Mouffe est une saine réaction au « consensus libéral » né de la « chute du communisme ». Ils n’acceptent pas la reddition du blairisme qui, sous prétexte d’une « troisième voie », se convertit au social-libéralisme. Leur but est clairement un renouveau de la pensée social-démocrate, Chantal Mouffe regrettant assez cyniquement que « au lieu de profiter de la crise de son vieil ennemi communiste, la social-démocratie (ait) été entraîné dans sa chute » (L’illusion du consensus, p.51). Le raisonnement politique de Chantal Mouffe est involontairement dialectique (elle n’aime pas la dialectique). Premier temps : éloge mesuré mais convaincu du charme discret d’une social-démocratie parée d’atours quelque peu usurpés, elle aurait « toujours cherché à combattre les inégalités » (L’illusion…, p.91) et « développé des principes de liberté et d’égalité » (Construire un peuple, p.35) ; il faudrait que l’Union européenne renoue avec la « tradition socialdémocratique qui a été au cœur de la politique européenne depuis la seconde Guerre mondiale » (Agonistique, p.78). Avec les brillants résultats que l’on sait ! Deuxième temps : rejet virulent de toute forme de rupture révolutionnaire qui serait la négation de ce paradis social-démocrate perdu, à commencer par tout ce qu’incarnent le Che et la révolution cubaine ; « soyons clairs », précise-t- elle, elle ne veut pas « d’une politique de type jacobin » (L’illusion…, p.80). On en frémit d’horreur ! Elle se félicite de « l’abandon du modèle révolutionnaire de rupture totale » et que « la gauche reconnaisse l’importance de la démocratie pluraliste » (Construire…, pp.47-48). De toute façon, le communisme est « une vision antipolitique (?) de la société » et l’hypothèse communiste le « mythe d’une société transparente et réconciliée » (Agonistique, pp.102-103). Troisième temps, négation de la négation sous la forme d’un ralliement honteux à une démocratie libérale rebaptisée radicale et pluraliste, ce qui ne coûte pas cher, dont il suffirait de « mettre en oeuvre » les « principes éthico- politiques de liberté et d’égalité » jugés intangibles et universels (Agonistique, p.151). Etrange aveuglement sur la véritable nature du libéralisme et de sa forme de démocratie !