Jeudi 29 mars 2018 - N° 2248 - Hebdomadaire - 15, rue Furtado - 33800 BORDEAUX - Prix : 0,80 euro
E T N A S N S O I PU ISATI L I B MO POUR E C I V R E S E C I L L B U P
ACTUALITÉ
Xavier Ridon/La Clé des Ondes
BORDEAUX-METROPOLE
Samedi 24 mars, de République au Grand théâtre à Bordeaux, s’est déroulée une manifestation de soutien aux salariés de Ford avec de nombreux soutiens syndicaux et politiques dont les militants communistes et leurs élus. Parmi eux, Jean Padie, élu à Blanquefort s’est dit « scandalisé par l’attitude de la direction de Ford qui affiche un mépris considérable pour les salariés, cette attitude était connue mais là, tout le monde en a eu la preuve, y compris le représentant du gouvernement. Derrière, ce sont les vies d’hommes, de femmes, de familles qui sont en jeux. Il faut sauver les emplois et la dignité des gens ». Une réunion en milieu de semaine devait décider d’autres initiatives. Un concert de soutien, le 21 avril à Blanquefort, est d’ores et déjà annoncé avec HK, de HK et les Saltimbanques, auteur du titre « On lâche rien » qui était présent à la manifestation bordelaise du 22 mars.
FACTEURS-FACTRICES EN GIRONDE
Troisième semaine de grève Sud PTT déclare que « chaque jour de nouveaux sites et collègues se mettent en grève » et qu’une trentaine de sites serait impactée. Les facteurs et factrices sont mobilisés contre une réforme globale de leur métier impliquant : un changement des horaires, une séparation de l’activité tri et distribution, la distribution du courrier l’après midi, 1 jour/2 ou 1 jour/3, de nombreuses suppressions d’emplois (objectifs de 6 000 juste pour la distribution), une mise en place autoritaire sur tout les établissements, sans aucune négociation ou alternative possible. « Une délégation a été reçue en préfecture ce mardi 27 mars 2018, a déclaré la CGT FAPT33. La Poste dit vouloir sortir du conflit mais n’y met pas les ingrédients. La seule concession avancée: le 42h ne serait pas imposé, localement les directeurs d’établissements auraient la possibilité de proposer une autre durée hebdomadaire du travail. Par contre, aucun recul sur la coupure méridienne, l’implantation des sacoches malgré les propositions de la CGT. Rien non plus sur l’emploi où la CGT demande l’embauche en CDI de tous les précaires ».
CENON
Rocher Palmer, terre d’accueil D’après Sud-Ouest (édition du 25/03/18), près de 500 personnes étaient déjà là vers 15h, dans la phase des conférences et débats des États généraux des migrations en Gironde organisés par le collectif Solidarité 33. Hébergement, instruction des dossiers, santé, scolarisation et durcissement général de la politique migratoire : les chapitres d’un « Livre noir de l’accueil des migrants en Gironde » rédigé par le collectif ont d’abord été la base d’une lecture théâtrale sobre, sans faire oublier que les exemples étaient bien réels. Entre traitement des mineurs isolés, demandeurs d’asile sans solution d’accueil, refus de scolarisation. Des témoignages ont enfoncé le clou. Éclairage universitaire sur migrants et réfugiés, film évoquant la myriade d’initiatives citoyennes solidaires en Gironde, décryptage du projet de loi « Asile et immigration » : le collectif des États généraux en Gironde s’est lancé sous la houlette d’un visiteur symbolique du « délit de solidarité ». Cédric Herrou, poursuivi par la justice pour « aide à l’entrée et à la circulation d’étrangers en situation irrégulière », est venu soutenir l’initiative, parrainant aussi « Bienvenue », programmation culturelle jusqu’au 28 avril autour des réfugiés et au profit de l’association SOS Méditerranée.
2 • Les Nouvelles 29 mars 2018
Pont-rail du Bouscat : une passerelle vers la lutte des cheminot-e-s
Claude Mellier, élue communiste, vice-présidente de Bordeaux Métropole en charge des transports, à la manifestation des cheminots, le 22 mars à Paris.
Après plusieurs mois de négociations, la rénovation du pont-rail du Bouscat pourra être financée, dans le cadre du plan État-Région. Au lendemain de l’immense manifestation des cheminots contre la casse du service public, Claude Mellier a présenté, en Conseil de métropole, ce plan de financement sur le Bouscat et redonné les raisons de la lutte des cheminots qui recoupe les besoins locaux. « Cette délibération a été fortement commentée déjà puisqu’il a fallu votre intervention, monsieur le Président et celle du président du Conseil régional pour que la SNCF revienne dans le financement de ce qui nous apparaissait comme de sa mission entière. La réfection du tablier métallique de ce pont rail est en effet nécessaire au maintien d’une infrastructure de qualité sur la ligne de ceinture. Mais la finalisation de ces travaux avant juin 2019 est aussi nécessaire à la bonne complémentarité avec la mise en service de la ligne D du tramway. Nous sommes donc là dans une action simple mais urgente
pour l’amélioration des conditions de transport de milliers d’usagers. (…) Je sais que nombre d’élus veulent se saisir de cette délibération pour faire part de leur impatience à voir aboutir des projets, eux aussi, simples mais urgents pour les populations autour de la ligne de ceinture ferroviaire et autour de ces lignes que tout le monde s’accorde désormais à qualifier de véritables RER d’agglomération. J’appartiens à un groupe politique qui en parle depuis suffisamment longtemps pour m’associer évidemment à cette impatience des maires… Vous m’accorderez donc, monsieur le Président, quelques réflexions d’ordre plus générales, particulièrement au lendemain de la journée de mobilisation que nous avons connu au sein de la SNCF et qui n’est que la première d’une longue liste. J’ai moi-même participé à ces mobilisations auprès des cheminotes et cheminots et je peux dire que j’y ai entendu la même impatience et la même incompréhension que chez beaucoup d’élus locaux. Les agents de la SNCF ne comprennent pas pourquoi le gou-
vernement s’appuie sur des rapports qui n’ont qu’une obsession, la mise en concurrence, alors que l’urgence est à rétablir l’égalité de desserte sur l’ensemble du territoire. Comment exiger, ici, la revitalisation de la ligne de ceinture et des lignes qui desservent la rive droite quand pèse encore au-dessus de nos têtes la menace du rapport Spinetta sur les lignes dites “non-rentables”, dont celle qui dessert Le Verdon ? Nous le savons maintenant, c’est la dynamique et la mise en réseaux des transports en commun qui les rendront rentables. Mais rentables selon des critères sociaux et environnementaux dont je doute qu’ils occupent beaucoup les dirigeants actuels de la SNCF. Je ne vois enfin pas bien en quoi le statut des cheminots entrave la rentabilité financière de celle-ci. Le magazine Capital, qui ne leur est pas réputé tout à fait proche, révélait en effet cette semaine, qu’appliquer le droit privé aux cheminots pourrait coûter beaucoup plus cher à la SNCF en termes de niveaux de salaires, de paiement des heures supplémentaires, du travail du week-end, etc. Ce que d’ailleurs certaines délégations de service public tendent à nous prouver, à l’échelle métropolitaine… Pour finir, je me félicite donc que cette convention avec la SNCF sur le pontrail du Bouscat puisse être signée, sous les conditions précisées dans la délibération. Et je souhaite moi aussi que la SNCF et le gouvernement se concentrent sur les affaires urgentes du moment : la revitalisation de son réseau de service public sur toute la Gironde. C’est là l’urgence sociale et environnementale du moment. »
BORDEAUX-METROPOLE
Le tram vers Saint-Médard : une première réponse au besoin d’alternative à la voiture Après une année de concertation, un nouveau tracé a été proposé au Conseil de métropole pour amener le futur Tram D vers Le Taillan-Medoc et Saint-Médarden-Jalles. Pas convaincus par tous les arguments mais conscients des attentes locales de renforcement des transports en commun, les élu-e-s communistes ont approuvé ces nouvelles propositions. Voici l’intervention de Max Guichard. « Il nous est présenté un bilan détaillé de la concertation publique. Concertation publique dont notre groupe avait approuvé l’ouverture quand certains auraient préféré remettre à plus tard la parole citoyenne… L’évolution connue grâce à cette concertation nous donne plutôt raison. Nous saluons la bonne tenue de cette concertation à laquelle les citoyens ont participé activement et nombreux (2 300 personnes sur les 7 réunions publiques organisées). (…) Notre groupe ne s’est jamais montré très favorable aux extensions des
lignes de tram qui accentuent leur congestion en y attirant des usagers supplémentaires et qui ne répondent pas aux besoins circulaires de déplacement. Pour autant, dans ce cas, il faut bien avouer la pertinence de ce projet qui permet l’arrivée d’un transport en commun dans un cadran Nord ouest qui en était dépourvu et où le trafic routier est très dense (près de 30 000 voitures/jour) avec des bouchons très fréquents, notamment dans la traversée du Taillan, à la fin de RD 1215. Le tracé retenu a comme principal avantage de capter des utilisateurs de la voiture qui n’avaient pas, jusque là, de solutions de transport alternatives. Il permet également des développements futurs, en direction des quartiers Ouest de St-Médard, mais permet aussi d’envisager un rattachement futur à d’autres modes de transport, type Tram-train, vers le bassin de population de Lacanau qui connaît un très fort développement démographique et qui aura des besoins en transport auquel il faudra bien répondre.
Le tracé retenu nous interroge cependant sur certains aspects qui sont venus au cours de la concertation, d’abord parce qu’il ne dessert pas suffisamment les zones économiques, au Haillan notamment. Le choix de la voie unique, sur de si longues distances, peut occasionner de lourdes perturbations en cas d’incidents techniques ou panne. Les deux parkings relais de 250 places enfin, suffiront-ils (…) ? En outre, le positionnement d’un parking relais en plein centre ville de Saint Médard (…) ne risquet-il pas d’accentuer le trafic automobile au cœur de Saint-Médard ? Au final, ce rapport rend bien compte de la richesse des échanges écrits et oraux au cours de cette année de concertation, et même si nous regrettons quelque peu la manière dont les arbitrages et les choix ont été annoncés dans la presse, avant même que les élus aient pu en discuter en commission, nous approuvons le choix de ce tracé pour l’extension du réseau de la ligne D vers Saint-Médard en desservant le Taillan. »
ACTUALITÉ
Editorial
22 MARS
Le vent se lève-t-il ?
Après la grande réussite de la manifestation des retraités le 15 mars, c’était au tour de la Fonction Publique d’exprimer son overdose de la destruction au pas de charge du modèle sociale par Macron et son gouvernement. À Bordeaux, sans le gros des cheminots et des Ford, partis manifester à Paris, ce sont 15 000 manifestants qui ont crié leur colère de la place de la République à celle de la Victoire. Il faut dire que du côté des fonctionnaires, l’appel à manifester émanait de sept organisations syndicales (CGT, FO, FSU, CFTC, Solidaires, FA-FP et CFE-CGC) mais sans l’UNSA et la CFDT, contrairement à la manifestation d’octobre 2017. Les ATSEM côtoyaient les hospitaliers, enseignants, étudiants, postiers, fonctionnaires territoriaux et d’État et même… le syndicat Alliance
Police Nationale ! Au-delà des différences de situations d’un métier à l’autre, d’un penchant politique à l’autre, un même souci réunissait l’ensemble des salariés, retraités et étudiants réunis ce jourlà : la défense du service public, la défense du modèle français que Macron veut livrer aux rapaces de la finance.
Sans oublié les salariés du privé, comme ceux du livre, de l’énergie, de l’AIA… qui prennent conscience, de plus en plus nombreux, que les attaques sur les « statuts » et celles sur les conventions collectives, avec l’inversion de la hiérarchie des normes, sont de même nature et donc à combattre ensemble. Les militants communistes, tract à l’appui, proposaient ainsi de porter ensemble l’idée que le progrès social est encore possible à partir de trois axes d’actualité : • la Sécurisation de l’Emploi et de la Formation ; • un service public et une protection sociale du XXIe siècle ; • une vraie réforme de la SNCF. La messe n’est pas dite. Jean-Jacques Bordes
BORDEAUX
Le stationnement s’invite une nouvelle fois au conseil municipal
Très énervé Alain Juppé, lors de ce conseil municipal du 26 mars consacré au budget et… au stationnement. Le maire de Bordeaux avait sorti sa plus parfaite mauvaise fois pour caricaturer les demandes des collectifs de résidents et usagers demandant la réouverture du dossier de stationnement payant à Bordeaux et pour éviter de répondre sur le fond aux questions qui lui étaient posées.
C’est que les résidents de plusieurs quartiers (Saint-Augustin, Caudéran, Nansouty, Tondu, La Bastide, Grand Parc, Jardin Public, Barrière de Toulouse, etc.) occupaient la place de la mairie samedi 24 au matin pour dénoncer le manque de concertation. 200 personnes venues porter des témoignages sur le côté « injuste » du système puisque les solutions alternatives sont souvent absentes, du côté « insupportable financièrement » pour les familles modestes qui ont
besoin d’une voiture pour leur emploi ou leur recherche d’emploi. 15€/mois n’ont pas la même valeur selon les foyers. Les associations et collectifs présents ce matin-là ont trouvé porte close face à leur souhait de déposer un cahier de doléances et de propositions. Porte close également à toute concertation. Ne nous trompons pas : derrière cette demande de réouverture du dossier du stationnement, ce ne sont pas des mordus de la voiture qui défendent un droit à polluer. Non, au travers de cette question se révèlent des tranches de vies difficiles : personnes âgées isolées qui ont besoin des visites de leurs famille, amis ou auxiliaires de vie, emplois précaires et/ou à horaires décalés et/ou à temps partiels, salariés ne disposant pas des transports en commun adaptés, étudiants aux faibles ressources, etc. À la hausse du prix de l’immobilier, le coût du stationnement ajoute un facteur d’inégalité sociale. Les communistes sont donc à leurs côtés.
Face à la violence de Macron et des choix capitalistes : la radicalité démocratique ! Rien n’échappe à la voracité des forces financières du capitalisme, surtout quand un Président et un gouvernement se mettent à leur service. Heureusement, le mouvement social pointe son nez et, petit à petit, desserre le rouleau compresseur de Macron et de son gouvernement sur le monde du travail. La liste de celles et ceux qui entrent en résistance commence à effacer la stupeur et la résignation qui ont marqué le début du quinquennat. Après les belles journées du 15 et du 22 mars, un nouveau rendez-vous de convergence des luttes sociales est envisagé le 19 avril. Les cheminots dans l’unité syndicale s’engagent dans une grève perlée de longue durée… Il est temps de ringardiser le banquier au pouvoir ! Il est temps de montrer que la modernité est du côté des salarié-e-s qui veulent prendre le pouvoir sur leur travail, du côté des fonctionnaires qui veulent améliorer le service public, du côté des femmes qui luttent contre le patriarcat et pour l’égalité. Du secteur public au secteur privé, contribuons à libérer la parole des salarié-e-s sur la souffrance au travail et la précarité, notamment des jeunes à l’heure où 87 % des embauches se font en contrat précaire ! Échangeons sur le travail, le statut des salariés, les finalités des entreprises et des services publics, les pouvoirs à conquérir, le rôle des institutions financières dans le financement de l’activité, la réponse aux besoins ! Appelons les autres forces de gauche à entrer dans ce débat avec leurs propositions et débattons-en ! Début mars les élus communistes députés et sénateurs ont porté dans leurs niches parlementaires sept projets de loi ou résolutions : pour le droit au logement contre les marchands de sommeil, pour la gratuité des transports scolaires, pour la reconnaissance sociale de droits nouveaux pour les aidants familiaux, pour les retraites agricoles, pour la justice fiscale en renforçant la lutte contre l’évasion fiscale et pour l’égalité salariale femmes-hommes. Le gouvernement y a répondu par le mépris et le passage en force. Ce n’est que partie remise ! La violence de la monarchie républicaine de Jupiter n’empêchera pas l’expression démocratique des besoins par les salariés ! Les communistes veulent travailler à la complémentarité de leur action avec celle des forces syndicales et associatives, et œuvrer aux initiatives qui permettront de construire un processus politique dans lequel chaque force de gauche est respectée et apporte sa contribution à un nouveau progrès social pour la France, à une nouvelle dynamique de gauche dans laquelle les Françaises et Français se reconnaissent et reprennent espoir.
Dominique Belougne membre de l’exécutif du PCF 33
J.J.B. Les Nouvelles 29 mars 2018 • 3
RÉFORME DU TRANS POINT DE VUE
INTERSYNDICALE
« De quel monde avons-nous besoin ? »
Une nouvelle demande négociations à la ministre des Transports
Le socle de notre société tient sur l’histoire sociale de notre pays, sur les grandes avancées sociales : les 2 semaines de congés payés en 36, la 3e en 56, la 4e en 63 et la 5e en 82, la Sécurité sociale en 45, les 39h en 82 puis les 35h en 2 000, le SMIG en 50, le SMIC en 70, le RMI, le RSA… Durant toutes ces années, ces avancées sociales se sont faites au fil et au gré des luttes menées par la population, par les salariés. Si nous ne sommes pas des chercheurs et que nous n’avons pas de chiffres, nous savons que les cheminots ont toujours alimenté la vie sociale de ce pays, par leur présence dans chacune de ces luttes. Des sociologues, comme Danièle Linhart par exemple, expliquent qu’en 1968, l’ordre fordiste et taylorien a été remis en cause en profondeur, faisant trembler le patronat. Cependant, plus vite que les syndicats, le patronat a réagi. Il met en place de nouvelles organisations, véritables chevaux de Troie. Sous couverts de répondre aux aspirations de 68 : 1 - On va individualiser les réponses entraînant la casse des collectifs (individualisation des horaires, des primes… entretiens individuels, etc.) 2 - On va psychologiser de plus en plus les méthodes de management, en donnant à penser au salarié que son objectif doit être qu’il se dépasse, qu’il sorte de sa zone de confort. 3 - On va sous-traiter les principes du taylorisme à chaque salarié (line management). C’est-à-dire que le salarié va s’appliquer lui-même ses principes sous couvert du rouleau compresseur « TINA » de Thatcher (on est obligé pour sauvegarder les intérêts de l’entreprise, ses emplois…). Si auparavant le système était pyramidal (ouvriers/encadrement/direction), il est aujourd’hui horizontal (directionencadrement-ouvrier/marché-clients). 4 - On va développer le sentiment de la prise en compte de soi, le concept
de « Relation humaine (RH) du Bonheur », les coachs, les psys du bonheur, du bien-être avec l’idée qu’on en est responsable. 5 - Sans attendre que tout le monde soit converti à ces méthodes, il faut déposséder les salariés de leurs professionnalités. C’est la pratique du changement permanent, des réorganisations successives. Ils se sont réorganisés, ils se sont attaqués aux grands bastions qui constituaient la force du monde salarié (l’industrie, la métallurgie…), ils ont privatisé les services publics, un par un, en prenant soin de monter les uns contre les autres « public » et privé. Il y a dans l’attaque contre la SNCF, un enjeu qui dépasse l’entreprise et les cheminots. Il y a l’enjeu d’affaiblir encore une fois, peut-être la fois de trop, le monde salarié en dézinguant un des principaux représentants de la contestation. Il y a l’enjeu politique de voir le syndicalisme déjà affaibli par ce que nous venons de dénoncer plus haut, se voir affaiblir encore une fois, une fois de trop. Avec les conséquences que cela aura sur le monde du travail. De quel monde avons-nous besoin ? S’il nous faut un monde debout, nous ne pouvons nous passer des cheminots ni de tous ceux qui participent au progrès social, à un monde plus égalitaire, plus juste, plus social. Nous ne pouvons, nous ne devons entrer dans le jeu de la division syndicale, politique et ceux qui en feront le jeu feront le jeu du patronat, voilà la réalité. Il s’agit de regarder et de réfléchir sur : à qui appartiennent les entreprises ? Ne faut-il pas réfléchir sur le fait qu’il n’est sans doute pas anodin que le CNPF (Conseil national du patronat français) se soit mué en Medef (Mouvement des entreprises de France) s’appropriant ainsi le terme d’entreprise. Juliette, cheminote depuis 17 ans
Une semaine avant le début d’une grève annoncée longue, les syndicats de cheminots rappellent qu’ils n’ont « eu de cesse » de demander au gouvernement de négocier et exigent l’ouverture « sans délai » de négociations sur son projet de réforme de la SNCF, qu’ils critiquent « sur le fond » et « sur la forme ». Notant les « chiffres signifiants » de la mobilisation des cheminots jeudi dernier – « plus de 40 000 » manifestants « dans toute la France » et 35,4 % de grévistes « en l’absence même d’un appel unitaire » à la grève –, l’intersyndicale CGT, Unsa, SUD et CFDT souhaite négocier sur la base des « huit points » de sa plateforme revendicative commune « pour l’avenir du ferroviaire et de ses cheminots ». « Si le gouvernement persiste dans sa posture (…), une mobilisation sans précédent des usagers et des cheminots (le) rappellera à ses obligations, conclut l’intersyndicale, qui veut négocier notamment sur la dette du groupe, la relance du transport de marchandises, la sous-traitance, l’ouverture à la concurrence et les droits sociaux des cheminots ». Le gouvernement, qui avait annoncé fin février son projet de réforme de la SNCF avec un recours possible à des ordonnances, a ouvert début mars deux mois de concertation que l’intersyndicale a qualifiés de « séances d’explication du texte » gouvernemental « visant à faire accepter le fond de la réforme ». La grève annoncée se déroulera selon deux scénarios parallèles : deux jours de grève sur cinq voulus par la CGT, l’Unsa et la CFDT jusqu’au 28 juin ; une grève illimitée lancée par SUD. Un premier préavis de deux jours de grève a été déposé par le trio CGT, Unsa, CFDT, courant précisément du 2 avril à 19h au 5 avril à 08h. SUD-Rail a déposé un préavis de grève illimitée à partir du 2 avril à 20h, reconductible par 24 heures. INTERSYNDICALE
Une SNCF efficace, c’est possible complète de la production pour en assurer la qualité et la sécurité. 6 - L’ouverture à la concurrence
C’est Laurent Brun, secrétaire général de la fédération CGT des cheminots qui a pris la parole lors de la manifestation nationale du 22 mars à Paris (vidéo sur : www.cheminotcgt.info), entouré des autres responsables fédéraux de l’UNSA, de Sud et de la CFDT, rassemblés pour « déclencher la bataille ».
Déclaration de l’intersyndicale du 22 mars. « Les organisations syndicales CGT – UNSA ferroviaire - SUD-Rail -CFDT constatent que le gouvernement n’a aucune volonté d’ouvrir de réelles négociations. Il s’enferme dans sa stratégie de concertations contreproductives teintée d’enfumage. La réforme qu’on nous propose est constituée de mesures technocratiques, déconnectées des besoins des usagers et des cheminots pour travailler correctement. Les organisations syndicales CGT - UNSA ferroviaire – SUDRail - CFDT exigent d’autres mesures, assises sur leurs propositions et leurs revendications. 1 - La dette et le financement
« Aux abois face à la mobilisation, la direction de l’entreprise a supprimé des trains des manifestants alors qu’elle disposait du matériel et des agents pour les faire rouler. Plusieurs délégations n’ont pas pu nous rejoindre et manifestent en ce moment dans leurs territoires », Laurent Brun, le 22 mars à Paris.
4 • Les Nouvelles 29 mars 2018
La dette du système ferroviaire doit être reprise par l’État sans contrepartie car ce n’est qu’un rappel de factures pour les décisions qu’il a prises et qu’il doit assumer. Des financements pérennes doivent être apportés pour assurer le développement du service public ferroviaire (marchandises et voyageurs), notamment pour garantir ses missions d’aménagement du territoire et de continuité territoriale, par la préservation des lignes de proximité, leur régénération, leur développement.
2 - La relance du transport de marchandises par fer Le Fret ferroviaire SNCF ne doit pas être filialisé. Une véritable politique de relance et de report modal doit être décidée, appuyée par des moyens, notamment pour répondre aux enjeux environnementaux et ne pas laisser dépérir l’activité à petit feu. 3 - Statut de l’entreprise La SNCF doit rester sous statut d’EPIC, propriété de la Nation et non objet de tractation et de spéculation financière. 4 - L’organisation de la production Une réorganisation complète de la production doit mettre fin au cloisonnement par activités, réactiver une véritable coopération opérationnelle entre les cheminots et assurer le retour à la qualité de service qu’exigent les usagers. 5 - La ré-internalisation de charge de travail Les activités externalisées doivent être réintégrées dans le triple objectif de mettre fin au surcoût de la soustraitance, d’améliorer leur statut social avec les personnels qui en ont la charge et de regagner la maîtrise
La concurrence est un mauvais système qui se base uniquement sur le dumping social, qui n’est pas adapté aux contraintes techniques de l’exploitation ferroviaire et qui ne permettra pas de développer le service public ferroviaire. Pour cela, le gouvernement doit s’appuyer sur les exceptions prévues dans la règlementation européenne. 7 - Les droits sociaux des cheminots Le statut doit être confirmé comme la règle, y compris pour les futures embauches. Il doit être amélioré ainsi que les droits des contractuels. Les droits des cheminots font partie intégrante de l’équilibre entre droits et devoirs liés au service public. Ils doivent être préservés. Une véritable augmentation générale des salaires et pensions doit être annoncée. 8 - Les garanties sociales Liées à la Convention collective nationale de la branche ferroviaire, elles doivent être revues à la hausse, pour que le patronat ne puisse pas renforcer le dumping social entre l’entreprise publique et les entreprises ferroviaires privées. Les voies ferrées d’intérêt local et la restauration ferroviaire doivent y être intégrées. Les Fédérations de cheminots CGT - UNSA ferroviaire - SUD-Rail CFDT enjoignent le gouvernement à rompre avec sa stratégie du passage en force. Elles sont porteuses de propositions alternatives concrètes. Des négociations doivent s’ouvrir dans un autre cadre législatif que celui imposé. Le gouvernement portera seul la responsabilité d’un conflit d’ampleur à la SNCF.
SPORT FERROVIAIRE CHEMINOTS
Ils, elles en parlent Jeudi 22 mars, peu après 8h, nous embarquons avec la CGT des cheminots de la région de Bordeaux pour nous rendre à la manifestation à Paris. Au cours de cette journée, quelques salariés nous racontent leurs conditions de travail. Nous n’avons pas croisé de « nantis » mais des salariés parfois déjà bien fatigués, voire abîmés, au bout de 10-15 ans de boîte, et pourtant tous tellement attachés à ce qui donne du sens à leur quotidien : faire rouler des trains, partout, pour tous. Embarqués donc dans le TGV pour Paris, c’est finalement avec des salariés de la restauration ferroviaire que nous commençons à discuter. Avant, la Compagnie des wagons lits gérait tout ça. Maintenant, comme l’explique Cédric Bézier, délégué syndical de Facilit Rail France, il y a CRM service, filiale 100 % SNCF donneuse d’ordre, Newrest Wagons-Lits pour les roulants (bars, et chariots dans les TER, TGV et Intercités) et Facilit Rail qui a le monopole des sédentaires (ceux qui préparent et chargent). Le résultat de cette organisation, c’est que « Newrest qui ne fait que la gestion de personnel, s’est pris 7 millions de dividendes et 2,5 millions de CICE en 2016. D’un autre côté, il n’y a pas de budget en gare d’Agen pour faire les aménagements d’accès aux personnes à mobilité réduite », s’indigne Cédric Bézier. Mais au-delà de ça, c’est leur statut que veulent défendre les salariés de la restauration. Avec la loi Travail, leur convention collective prendra fin en juin 2019, ils sauront s’ils sont rattachés à la branche ferroviaire lorsque les négociations seront finies, ce qu’ils craignent c’est d’être rattaché à la convention de la restauration collective. « Ce ne serait pas du tout adapté, commente le syndicaliste, parce que ça voudrait dire changer d’OPCA, or on a des formations sur la sécurité électrique, la traversée de tunnels, etc., qui sont spécifiques. Par ailleurs, le statut des cheminots ne nous intéresse pas parce qu’on a un meilleur régime de retraite et plus de jours de récupération sur les jours fériés ». Le résultat d’une « histoire sociale ». Et quand on parle conditions de travail, on comprend pourquoi les salariés se sont organisés et battus. À 44 ans et 10 dans l’entreprise, Laurent est chef d’équipe chez les sédentaires. Il l’est devenu par la formation, c’était ça ou l’inaptitude. Il raconte les tracteurs et cellules vétustes qui provoquent des accidents, la pénibilité des chargements « entièrement à la main », « sans quais ». « Quand t’as fait 4h-15h, même avec la coupure, t’es fadé car c’est un travail très physique ». Là-dessus, l’entreprise tire sur tout ce qu’elle peut. « Si on embauche à 4h, on a une prime, alors la direction nous fait démarrer à 4h15. La collation de 6h30 est devenue tellement immangeable que plus personne n’en veut, du coup ils peuvent la supprimer. On a plus de parking régional et pas d’autres solutions pour nous stationner… » Même politique de minimalisation des coûts
pour l’entretien du matériel sur lequel « le syndicat n’arrive jamais à obtenir des informations ». Ça ne va pas mieux chez les roulants, Audrey, 30 ans, vendeuse en Intercité raconte les chariots de 120 kilos qu’il faut pousser le long de 10 voitures, qu’on met parfois 4h à traverser dans des trains sans climatisations, avec donc des clients pas servis. « Le matériel est toujours en panne, c’est la batterie de la machine à café qui lâche ou le terminal carte bleue. On n’a aucune formation pour leur utilisation, aucun protocole en cas de panne. Parfois, il manque de marchandises… Le chiffre d’affaire baisse et donc nos revenus, on se retrouve avec 1 600-1 700 euros, nos fixes sont moins élevés que dans les TGV. Les trains sont crades, on se retrouve parfois seul, on n’a aucune formation pour gérer les situations de conflits avec les voyageurs, les agressions. On peut parfois enchaîner deux journées de 15h d’amplitude. On rentre fatigué, abîmé par le bruit, les mouvements du train, on est couvert de bleus, on a mal au dos… » Autour, ses collègues se pressent et veulent raconter aussi, il y a tellement à dire : les tendinites, les découchés avec les hôtels qui n’ont même pas été réservés, la vie de famille impossible ou tellement difficile avec 3 nuits d’absence par semaine, les week-ends, les jours fériés et cette immense frayeur pour un sédentaire quand des batteries ont pris feu dans le local, sans que l’on sache pourquoi, ni ce qui a été fait pour que ça ne se reproduise pas… À l’arrivée gare de l’Est, vers 11h, Clothilde, 34 ans et Judith 37 ans racontent leurs vies de contrôleuses. Elles ont respectivement 12 ans et 15 ans d’entreprise. « On fait les 3 huit, en plus compliqué. C’est-à-dire qu’on n’a jamais les mêmes jours de repos, on passe deux nuits par semaine à l’extérieur, on peut être partie jusque 35 heures. On peut commencer à 4h comme à 17h. On travaille 4 week-ends sur 5. Pour les jours fériés, c’est aléatoire. 90 % du temps, on est seul même sur un TGV de deux étages qui peut contenir 800 personnes ou deux TER accrochés avec 1 500 personnes ». Les « chefs de service », ceux qui donnaient le départ du train sur les quais, ont été supprimés dans de nombreuses gares, c’est le cas en gare de Montparnasse. « Les jours de grands départs, c’est super angoissant d’être seule avec tout ce monde sur le quai, il faut avoir l’œil partout. En plus de nos fonctions de contrôle, on a les fonctions commerciales et toutes les fonctions de sécurité. À bord des trains, on est en stress permanent, on est les seuls interlocuteurs des usagers, et encore, quand le conducteur ne se retrouve pas seul, lui aussi ». Là encore, on pourrait en écrire des pages et le fameux « statut » devant ces récits paraît bien dérisoire et même, on se demande : pourquoi font-ils/elles ce boulot ? Les réponses sont spontanées, unanimes : ils/elles aiment leur boulot, sont fier-e-s de faire voyager, de faire partie de cette grande entreprise publique au sein de laquelle il y a,
souvent, une histoire familiale. Comme chez les personnels de santé, ce qui provoque le plus la souffrance, c’est le décalage entre la mission et le travail réel et comme eux ils-elles disent : « Nous, on sait comment faire pour que ça marche ». En tout cas, Delphine, agent de réserve au centre opérationnel Escale, peut nous expliquer, elle, pourquoi, en tant qu’usagers, on a parfois le sentiment d’un immense bazar. C’est que c’est, effectivement, un immense bazar. Elle travaille au centre
névralgique qui gère les ressources matérielles et humaines. Par exemple, si un train est en retard, il faut gérer la circulation, les correspondances, la prise en charge des voyageurs etc. et ce pour les TER, les TGV et les Intercités, séparément. « Avant le chef d’escale prenait une décision, maintenant il faut gérer avec chacun, on a parfois 5 ou 6 interlocuteurs en contact pour tout boucler ». Un emploi du temps à la semaine qui peut changer à 48h, sur le quai à s’expliquer auprès des usagers ou
devant 15 ordis à tout gérer, on a envie de la plaindre mais elle lance avec une immense énergie : « j’adore mon métier » ! Alors pas étonnant que Pepy et compagnie se montrent quelque peu fébriles en ces temps de grève car eux savent, sans doute, que pour être cheminot-e, il faut déjà avoir un sacré tempérament, alors quand on les met très en colère… Christelle Danglot
PCF
Des propositions alternatives pour la SNCF
Au démarrage de la manifestation parisienne le 22 mars, les élus communistes, Sébastien Laborde, Claude Mellier et Stéphane Le Bot, marquent leur soutien, derrière la banderole des cheminots CGT de Bordeaux qu’ils ont accompagnés à Paris.
Face à une réforme qui ne sert qu’à « justifier l’ouverture à la concurrence », le PCF a présenté, le 20 mars, ses propositions pour l’avenir du service public du rail. La réforme ferroviaire que le gouvernement prévoit de faire passer à la va-vite par ordonnances d’« ici à la fin de l’été », alors que rien ne justifie l’urgence, repose sur trois piliers : l’ouverture à la concurrence, la disparition du statut des cheminots et la transformation de celui de l’entreprise publique historique en société anonyme de droit privé. Or ce dernier point, loin d’assainir la situation financière d’un système ferroviaire plombé de plus de 50 milliards d’euros d’arriérés, risque au contraire, de faire gonfler la note. Car sans les garanties de solvabilité de l’État, la SNCF va voir ses taux d’emprunt augmenter significativement pour financer ses investissements. Une gabegie que seul un changement radical de la politique publique de transport serait à même de juguler. C’est dans ce contexte que le PCF a présenté ses « propositions de financement (…) à l’opposé de celles d’un gouvernement » qui « refuse tout débat ». Badge « Mon train, j’y tiens, SNCF 100 % public » bien en vue sur les vestes, les communistes ont fait part, lors d’une conférence de presse le 20 mars, des propositions qu’ils sou-
haitent pouvoir exposer à la ministre lors d’une rencontre. « Il y a besoin de changements à la SNCF, mais la réforme du gouvernement ne résout aucun des problèmes posés », diagnostique d’emblée Pierre Laurent. Fustigeant un exécutif « enfermé dans un parti pris idéologique », le secrétaire national du PCF alerte sur « les 9 000 km de lignes gravement menacés ». « Le gouvernement dit demander aux régions de prendre le relais sur ces lignes, en réalité il sous-traite le sale boulot », prévient-il. À rebours de ces positions, il s’agit en premier lieu pour le PCF de « libérer la SNCF du poids de la dette » qui s’élèvera, selon les prévisions de l’entreprise, à 55 milliards en 2019 et qui génère plus de 1,5 milliard d’euros d’intérêts par an. « La dette peut être reprise à taux zéro par la Caisse des dépôts et les banques en exigeant – la France peut mener cette bataille – son financement par la Banque centrale européenne », plaide Pierre Laurent. « Nous sommes également favorables à la création d’un fonds européen qui, comme pour tous les grands investissements sociaux et écologiques, pourrait financer à taux zéro un plan européen pour le ferroviaire » ajoute-t-il, avant de décliner une série de « nouvelles ressources immédiates » pour s’attaquer au problème de l’investissement : extension de la taxe sur les bureaux pour 2 milliards d’euros, de celle sur les parkings d’hypermarchés pour le même montant, création d’une
écotaxe régionalisée pour 1 milliard de recettes, déplafonnement du versement transport, création d’un « livret épargne transport », renationalisation des autoroutes… « On arrive ainsi bien au-delà des 3 milliards par an d’investissements jugés nécessaires, y compris par le rapport Spinetta », conclut le sénateur de Paris, qui plaide également pour la « négociation d’un statut commun à tous les salariés des transports pour éviter le dumping social ». Un dumping à l’inverse très en vogue au sommet de l’État, comme le rappelle l’épisode où Emmanuel Macron, au Salon de l’agriculture, a pointé la pauvreté des agriculteurs pour justifier le démantèlement du statut des cheminots. (…) Dans un contexte où l’opinion publique, pour l’heure, penche encore, à 65 % selon Elabe, en faveur de la réforme gouvernementale, le PCF a prévu de mener des actions, « plus de 950 cette semaine », dans les gares, en direction des usagers. Les communistes, qui se « battron(t) au Parlement contre le recours aux ordonnances », se veulent « optimistes ». « Il n’est pas impossible de gagner de nouvelles recettes, on l’a fait pas plus tard qu’il y a deux mois en Île-de-France pour le Grand Paris Express », rappelle le responsable aux transports du PCF, Jacques Baudrier. Julia Hamlaoui, l’Humanité, du 21/03/2018 Les Nouvelles 29 mars 2018 • 5
INTERNATIONAL ÉTATS-UNIS
Soulèvement historique des ados contre les armes disent-ils, passent à tout le moins par un bannissement des armes les plus meurtrières, comme le fusil semi-automatique dont s’est servi le meurtrier du lycée martyr de Floride. (…)
ket-ball, l’autre encore les découvertes, comme le sont des millions d’ados. Sauf qu’eux sont morts le 14 février dernier dans son lycée Marjory Stoneman Douglas. Emma, dont l’image a fait le tour du monde quand elle lança, quelques heures après la tuerie dans son lycée martyr, un implacable « J’accuse » contre la National Rifle Association (NRA), puissant lobby des ventes d’armes, et contre les hommes politiques dont elle achète la complaisance, jusqu’au président Trump dont elle a financé la campagne présidentielle, demandait solennellement 6,30 minutes de silence, le temps que dura la tuerie. Sur son visage, qu’elle s’efforce alors de maintenir impassible, coulent des larmes comme sur celui de dizaines de milliers de manifestants devant elle. La volonté de poursuivre un combat de longue haleine dont on sait qu’il sera difficile transpire de toutes les
interventions. Edna Chavez, 17 ans, lycéenne « latino » de Los Angeles, se souvient quand son frère est mort à l’école. « C’était un jour comme les autres avec coucher de soleil sur South Central. Des gens ont cru à un feu d’artifice », relève la jeune fille, avant de demander à la foule de scander Ricardo, son nom. Ses yeux se remplissent également de larmes. Mais comme s’il lui fallait absolument se reprendre, elle ajoute aussitôt la voix brisée : « Nous y arriverons, nous allons changer ensemble » avant de conclure, en espagnol, « la lutte sera victorieuse ». Elle lève le poing, imitée par une bonne partie de la foule devant elle.
De Washington à Los Angeles, plusieurs millions de jeunes ont manifesté samedi 24 mars pour hurler « ça suffit », faisons cesser le massacre, en nommant les responsables : la vente libre des armes, leur puissant lobby et les politiciens complices.
6,30 minutes de silence, le temps que dura la tuerie
L’extraordinaire mobilisation réussie, samedi 24 mars, par les jeunes gens et les adolescents induit un tournant historique aux États-Unis dans la lutte contre l’accès et la vente libres des armes à feu. Après le dernier massacre en date au lycée Marjory Stoneman Douglas, à Parkland en Floride, ils montrent une détermination et une capacité à se mobiliser qui rappellent les plus grands moments des luttes émancipatrices du pays, comme le mouvement pour les droits civiques ou contre la guerre du Vietnam. Ils étaient 800 000 à Washington et trois ou quatre fois plus nombreux encore si l’on prend en compte l’ensemble des rassemblements organisés dans les coins les plus reculés du pays. Donald Trump et les partisans des armes à feu sont sur la défensive et tentent des manœuvres en recul. Mais les jeunes savent bien que leur « Marche pour nos vies » ne fait que commencer tant les atavismes culturels et le lobby des armes à feu sont puissants. Avec leurs alliés, profs, parents d’élèves et autres militants des ONG antiprolifération, ils entendent s’appuyer sur l’élan citoyen engrangé ce samedi pour imposer ces « vrais changements législatifs » qui,
Rassemblés dans quelque 800 villes du pays, de Washington à Los Angeles en passant par New York et jusqu’aux plus petites bourgades des États-Unis profonds, en Louisiane ou dans le Colorado, toute une génération de très jeunes gens a montré sa volonté de ne pas s’en laisser compter. À Washington, des dizaines d’adolesIl faut se débarrasser des cents se sont succédé pour témoigner agents de la NRA qui pullulent et faire part de leur détermination au Congrès à obtenir de vrais changements depuis une tribune géante dressée Cette formidable combativité ne sera sur Pennsylvania Avenue devant pas de trop pour vaincre la NRA et les 800 000 manifestants rassemses complices. blés sur place. Les jeunes et Moments poitous les partignants quand sans d’un vrai Emma Gonzacontrôle des lez s’est adresarmes vont desée à la foule. voir affronter Pas rapides, une stratégie regard volond ’évitement ta ire, crâ ne du p ouvoi r rasée, elle a et de s lob évoqué tour à byistes. Celletour ses camaci consiste rades dans classiquement leurs activités à faire mine quotidiennes, d ’a gir pou r l’un passionné Samedi 24 mars, des centaines de milliers d’Américains sont descendus conserver l’espar les romans, dans la rue pour manifester contre les armes à feu. sentiel (…) : le l’autre le bas-
libre accès aux armes et d’empêcher toute éventuelle interdiction des armes les plus meurtrières, comme celle des AR-15 si fortement revendiquée comme un premier acte minimum par les jeunes. Pour nettoyer les écuries d’Augias du Congrès, il faut se débarrasser des agents de la NRA qui y pullulent. « Votez », scandaient donc les ados avec les manifestants ce samedi, le regard tourné vers les prochaines échéances, notamment ces scrutins dits de mi-mandat qui s’annoncent en novembre. La partie là encore sera difficile. « Les républicains ne sont pas les seuls opposants acharnés à tout contrôle des armes », prévient John Feinblatt, président d’Everytown for Gun Safety (chaque ville pour la sécurité face aux armes à feu), une ONG qui plaide depuis des années en faveur de l’introduction d’une réglementation sévère. Ainsi le candidat démocrate à la Chambre des représentants, Conor Lamb, qui a battu les républicains à la mi-mars dans une élection partielle en Pennsylvanie, a-t-il mené campagne pour la liberté d’accès aux armes à feu et… contre l’avortement. C’est dire combien l’irruption historique du mouvement anti-armes à feu conforte dans le pays le besoin d’émergence d’une nouvelle force d’opposition, porteuse de vraies alternatives sociétales mais aussi politiques, qu’elle cherche à agir de l’extérieur ou au sein du Parti démocrate comme Bernie Sanders. Bruno Odent, l’Humanité du 26/03/2018
SYRIE
Chute d’Afrin, le révélateur d’un tragique jeu des alliances L’armée turque a pris le contrôle de l’enclave kurde syrienne. Erdogan manœuvre avec la discrétion complice de la France et de l’Europe, et tire profit des calculs respectifs de Washington et de Moscou. Les islamistes se frayent un nouveau chemin. Les combattants kurdes, eux, entrent en résistance. C’est un épisode des plus tragiques des guerres qui déchirent le ProcheOrient… Les combattants kurdes de I’YPG (Unités de protection du peuple) sont sacrifiés sur l’autel de la victoire de la coalition contre l’« État islamique ». Victoire à laquelle ils ont largement contribué. Voilà qu’ils paient le prix d’un arrangement international qui accorde un blancseing à Erdogan pour s’emparer du canton kurde d’Afrin, dans le nord-ouest de la Syrie. L’enclave était jusque-là une place forte des YPG, acteurs majeurs des Forces démocratiques syriennes (FDS). Le « sultan », affirme les combattre en raison de leur affiliation au PKK (Parti des travailleurs du Kurdis6 • Les Nouvelles 29 mars 2018
tan), obsession historique du régime turc islamo-conservateur en place et auquel il mène une guerre sans fin. Engagée le 20 janvier dernier, l’expédition a décimé une partie de la population civile et ravagé des infrastructures. L’armée turque, épaulée par des groupes islamistes, satellites de Daech et autres « rebelles » syriens, a pris le contrôle de l’enclave le dimanche 18 mars. Un soutien aux ambitions régionales d’Erdogan
L’histoire retiendra le jeu trouble de la France face à cette tragédie. Emmanuel Macron s’est exprimé du bout des lèvres pour simplement demander que la trêve humanitaire en Syrie s’applique à l’enclave d’Afrin. Il a en revanche envoyé tous les signaux d’un soutien sans réserve aux ambitions régionales d’Erdogan, reçu à l’Élysée et conforté dans son acharnement contre le PKK, reconnu comme organisation « terroriste » par Paris. Une posture qui confirme le lamentable tournant de la diplomatie française dans la région. Un
alignement, sans réserve aucune en fait, sur les positions de l’Union européenne, laquelle prend soin de ménager Erdogan pour service rendu à sa politique migratoire. La Turquie, qui monnaye la gestion des flux pour le compte de l’UE, agite constamment le spectre d’un déferlement massif sans son intervention. « C’est parce que l’Union européenne refuse de faire ce dont elle est capable en termes de réfugiés que nous nous mettons à la merci de ce gars », commentait, en mars 2017, l’eurodéputé belge Philippe Lamberts, coprésident du groupe des Verts au Parlement. L’Europe et la France se sont ainsi rendues complices de l’invasion meurtrière d’Afrin, mais pas seulement. Les États-Unis et la Russie ont également tiré leur épingle du jeu, laissant perpétrer ce massacre en tenant compte de leurs seuls intérêts respectifs. « Ohé l’Otan! » avait lancé Erdogan. « Où êtes-vous ? Pourquoi nous laissez-vous seuls dans une bataille cruciale ? » Il a été entendu. Washington, qui avait appelé, en janvier, la Turquie à la « retenue », tout en reconnaissant son « droit légitime
à se protéger », s’est bien gardé de se manifester pour soutenir, de quelque façon que ce soit, les combattants kurdes, alliés déterminants de la coalition dans la lutte contre Daech. Peut-être même, les États-Unis ontils piégé les Kurdes. De son côté, Moscou n’a pas empêché les frappes aériennes turques sur l’enclave, espace pourtant sous contrôle. La Russie a ainsi « sanctionné » les YPG pour leur alliance avec les États-Unis et ménagé Erdogan dans l’objectif évident de négocier l’implantation du régime de Damas dans la région. Les uns et les autres s’accordent ainsi à écraser l’aspiration à l’autonomie des Kurdes. Ils prennent, ce faisant, le risque d’ouvrir à nouveau un boulevard à l’intégrisme islamiste. La facture islamiste
« Cette attaque turque renforce nos ennemis, et si Afrin tombe, il ne faudra pas s’étonner s’il y a de nouveaux Bataclan en Europe à l’avenir », met en garde un volontaire italien engagé dans l’unité des FAAF (Forces antifascistes à Afrin), cité par le quotidien
le Monde. L’organisation rassemble également des militants de la gauche turque. Ils se présentent comme « un groupe militaire de révolutionnaires de gauche qui défendent Afrin et son peuple contre l’invasion de l’État turc et de ses alliés salafistes ». Nul doute que ces volontaires vont continuer à combattre aux côtés des Kurdes de Syrie. Ceux-ci se sont repliés pour aussi éviter des attaques aveugles sur les populations civiles. Ils se disent désormais déterminés à « frapper à chaque opportunité ». Les YPG mettent un genou à terre, mais la partie n’est pas gagnée pour autant dans le camp d’Erdogan. Les supplétifs islamistes qui lui sont venus en aide ne manqueront pas de présenter la facture. Le régime turc est à présent confronté à deux fronts : l’opposition intérieure, que la répression sans limites ne désarme pas et la résistance kurde, plus que jamais légitime. Nadjib Touaibia, l’Humanité Dimanche du 22-28/03/18
PCF COMMUNISME
TOMBOLA
L’espérance ne prend racine que dans le réel et le présent
Soutenez la Fête de l’Humanité Gironde !
Le Conseil départemental de la fédération de Gironde a abordé 3 des questions posées aux communistes dans la perspective de leur congrès. Voici, résumé, le compterendu des discussions qui ont eu lieu à propos du sens du combat communiste. Cette question centrale, le sens du combat communiste, a provoqué un échange riche. Nous sommes parti de l’enquête Viavoice, récemment publiée, sur la perception en France du communisme et du marxisme et du constat que globalement, dans la société, une part importante des gens avaient encore une perception négative du communisme, 30 ans après l’effondrement des pays dits « socialistes ». Dans le même temps, une part importante des jeunes, près de 30 %, en avaient une appréciation positive, tout comme les ouvriers, employés et professions intermédiaires en ont une meilleure perception que les professions libérales. Il y a donc une différenciation de classe et générationnelle à propos de cette perception. Il est à noter que globalement le capitalisme et le libéralisme sont également perçus négativement. Nous sommes globalement perçus comme en opposition au système, tout en étant considérés comme en faisant partie intégrante. Le mot le plus emblématique pour les gens qui
s’apparente au communisme, c’est « anti-capitaliste », nous ne sommes pas perçus en effet comme les porteurs d’une alternative crédible. Or, le sens de notre combat est justement le dépassement du capitalisme et, pour nous, l’avènement d’une société post-capitaliste se pose aujourd’hui et dans ce siècle. Nous continuons trop souvent à penser la question du dépassement du capitalisme en termes programmatiques alors que la question est de le penser en termes de processus, de mouvement dans lequel apparaissent nécessaires mais non suffisantes nos propositions. Nous devons mieux appréhender la nature profonde et les conséquences de la crise du capitalisme. Nous refaisons notre la définition du communisme que nous utilisons depuis plusieurs décennies : « c’est le mouvement réel qui abolit l’état actuel des choses ». Mais nous devons lui donner de la chair et de l’épaisseur dans les conditions de 2018. « L’espérance ne prend racine que dans le réel et le présent », a dit un camarade. Nous devons mieux appréhender les mouvements à portée émancipatrice dans la société, car il en existe de nombreux. Bien sûr il y a la Sécurité sociale, la Fonction publique et les services publics, le tissu associatif qui – parce qu’ils attaquent les intérêts capitalistes en confisquant une part de la
plus value pour répondre aux besoins et la solidarité – remettent en cause les logiques capitalistes et libérales. Mais il y a aussi, menées par d’autres, des expériences et des mouvements de nature à dépasser les contradictions du capitalisme : la question des communs, celle des coopérations, sont des questions importantes aujourd’hui et qui grandissent dans la société. La question démocratique est d’ailleurs centrale dans la réflexion sur un communisme de nouvelle génération, ainsi que celle de la liberté, individuelle et collective, celle de l’égalité et celle de l’émancipation. Un communisme de nouvelle génération doit s’emparer des questions du féminisme, de l’écologie, de l’antiracisme, de la paix… Toutes ces questions doivent être au cœur du combat communiste qui doit lui même être ancré dans le réel et le présent. Il ne s’agit pas de calquer sur la société d’aujourd’hui, le monde du travail en pleine mutation, un projet qui ne corresponde pas à la réalité de ce qu’est la société. Enfin, le combat communiste doit avoir, dans le contexte de lutte des classes, des mouvements de la société, une incarnation politique, une épaisseur politique, autrement dit un outil politique identifié comme tel : un parti communiste. Sébastien Laborde
SECTION DE MÉRIGNAC
Un atelier sur « Le sens du combat communiste » Pour préparer le congrès extraordinaire du PCF des 24, 25 et 26 novembre 2018, un premier atelier s’est réuni à Mérignac autour du thème « le sens du combat communiste », au local de section le samedi 17 mars. Les débats ont pris la forme de tours de parole, autour d’une réflexion sans structuration linéaire et dans un esprit de fraternité. Sur la formulation et l’actualisation du communisme, la discussion convoquait des aspects philosophiques et historiques, un aller-retour entre pratique et théorie. Il y a un consensus parmi les participants pour considérer que la définition donnée par Marx et Engels reste d’actualité dans sa dimension révolutionnaire. Néanmoins, entre une époque où l’avènement d’une société communiste portée par le « souffle d’Octobre » semblait imminent et une autre époque où celui-ci est devenu un idéal lointain après l’échec des pays du « socialisme réel », la portée du communisme a bien changé. Estce un système purement quantitatif destiné à assurer la satisfaction des besoins de l’humanité ou une alter-
native face à un capitalisme en pleine déliquescence ? Cela conduit à analyser la crise du capitalisme actuel. La réflexion collective s’est prolongée avec la question des représentations à propos du communisme. Pour les uns, le communisme se réduit aux expériences néfastes du collectivisme, à un système qui est devenu totalitaire. Pour d’autres, le communisme est considéré comme un « anticapitalisme » : une définition par la négative. Avec les avancées technologiques de ce début du XXIe siècle, à un moment où la satisfaction des besoins de l’humanité semble désormais possible, le communisme ne doit-il donc pas être présenté comme l’alternative qui libère les possibilités que nous offrent les progrès scientifiques et techniques ? La conception et le rôle du Parti
Il faut noter d’emblée qu’à aucun moment de la discussion la question du changement de nom du Parti et/ ou de sa dissolution dans un « mouvement » n’a été jugée essentielle. Il y a un Parti communiste en France, il a une histoire presque centenaire et s’inscrit dans une philosophie de
l’action. En particulier, il reste une empreinte communiste dans le pays malgré les déboires électoraux. C’est effectivement le cas lorsque nous travaillons avec des coopératives d’agriculteurs à la « vente des fruits et légumes » dans un esprit de commerce équitable ou lorsque nous organisons des « actions contre la fermeture de bureaux de postes » à Mérignac. Nous suscitons un intérêt, ponctuel, certes, mais bien réel. À propos de notre visibilité, il a été rappelé que le choix d’abandonner la faucille et le marteau, apparu dans les années 1920, s’est inscrit dans une volonté de ne pas limiter l’image du PCF « à la seule matrice bolchévique ». Le symbole intangible de notre mouvement, c’est le drapeau rouge. Néanmoins, cette réflexion conduit la question de notre visuel actuel qui est jugé assez pauvre, se résumant à un acronyme sur fond rouge. La discussion s’est terminée par un pot. Un prochain rendez-vous pour un second atelier thématique sur les questions stratégiques est proposé le samedi 7 avril de 9h30 à 12h. Stéphane Bailanger
La Fête de l’Humanité Gironde se déroulera, cette année, les samedi 19 et dimanche 20 mai 2018. Pour soutenir l’événement, la Tombola et sa vente militante sont de retour. Les carnets de 5 tickets à 2 € chacun (donc 10 € le carnet) seront disponibles dès lundi à la fédération du PCF (15 rue Furtado à Bordeaux). En achetant un carnet votre entrée sur la fête est offerte. Téléviseur, tablette, des « box week-end » et de nombreux lots solidaires sont à gagner !
PCF GIRONDE
Réunion publique
Jeudi 5 avril, de 18h à 21h, salle Condorcet à Lormont, le PCF, ses élus invitent tous les citoyens, salariés, chômeurs, retraités, les partis de gauche, syndicats, associations à une réunion publique, en présence du député communiste du Nord Fabien Roussel, sur l’évasion fiscale, rouage du système de confiscation des richesses produites. « Si les patrons du CAC40, les actionnaires et les “premiers de cordée” ont le sourire, avec des profits qui augmentent régulièrement et des chiffres qui n’ont plus de limite, de l’autre côté, les salariés, les retraités, les conditions de travail, les transports, les hôpitaux, tout ce qui touche à la vie des citoyens se voient en permanence mis au banc des accusés, des nantis, des empêcheurs de faire tourner l’économie dans le même sens. Ensemble nous pouvons construire la meilleure riposte au pouvoir de l’argent ! »
SECTION DE BÈGLES
Préparation du congrès Les communistes de Bègles sont invités à se réunir le 6 avril, à 18h30, dans les locaux de la section, rue du Prêche.
SECTION LA RÉOLE-MONSÉGUR
Assemblée générale Les communistes de la section La Réole-Monségur seront réunis en assemblée générale le samedi 21 avril à partir de 9h, salle des fêtes de Le Puy, en présence de Sébastien Laborde, secrétaire départemental du PCF.
SOUSCRIPTION
Tout versement par chèque ouvre droit à une réduction fiscale de 66% du montant versé. (chèque à l’ordre de ADF PCF 33). Les ressources financières du Parti communiste sont transparentes. Votre don, aussi modeste soitil, contribuera effica- cement à la démocratie, à l’expression et la prise d’initiative du Parti communiste. Cet ensemble sont les éléments majeurs pour continuer notre combat dans l’ambition d’une gauche forte et alternative. La fédération de la Gironde du PCF, lance une souscription afin de mener nos prochaines échéances politiques, notre objectif est de 70 000 euros.
Les Nouvelles 29 mars 2018 • 7
CULTURE & SOLIDARITÉ PRINTEMPS DE LA SOLIDARITÉ MONDIALE
MÉMOIRE ET PARTAGE
Chasse au trésor et ciné-débat du Secours pop’
Hommage à Martin Luther King
Mercredi 11 avril, le Secours populaire fait escale au parc de Mussonville* avec deux évènements : une chasse au trésor et une soirée ciné-débat en faveur de projets solidaires à travers le monde ! Chaque année, la campagne du « Printemps de la solidarité mondiale » est une opportunité de promouvoir des projets internationaux et de sensibiliser, par des évènements familiaux et ludiques, un large public et notamment les enfants à la notion de solidarité. En échos aux catastrophes humanitaires qui abreuvent l’actualité, devant l’accentuation des conditions de vie précaires de nombreuses population à travers la planète, le Secours populaire s’engage dans des actions de développement en partenariat avec des structures locales afin d’aider ces populations à retrouver un cadre de vie décent. En Gironde le Secours populaire apporte son aide à plusieurs projets de solidarité à travers le monde notamment : le fonctionnement d’une école à Haïti, l’accès à la scolarisation pour de très jeunes enfants au Maroc, une cantine scolaire au Mali, un programme au Salvador, avec les populations paysannes de Comasagua, pour permettre aux familles vivant en milieu rural, de sortir de l’extrême pauvreté par l’autosuffisance alimentaire et l’augmentation de leurs revenus, des activités pour les jeunes femmes à Gaza, l’accès aux besoins de premières nécessités des migrants arrivés en Grèce… Ce mercredi 11 avril, le Secours populaire organisera deux parcours dans le parc de Mussonville à Bègles : - Entre 10h et 16h : une « chasse au trésor » solidaire à destination des
enfants de 6 à 12 ans : un parcours de 4 étapes, chacune des étapes sera un espace où les enfants pourront découvrir, questionner et expérimenter les notions de solidarité internationale pour arriver au but ultime . - Une « chasse aux œufs de pâques » pour les enfants de 3 à 6 ans : à l’issue de leur chasse et en partenariat avec Ferrero®, chaque enfant recevra un gouter agrémenté de surprises. Tout au long de la journée, un village d’animations en libre accès renforcera le caractère convivial et festif avec : jeux surdimensionnés, maquillage, exposition sur les projets et le mouvement « Copain du monde » autour des droits de l’enfant, coin buvette avec vente de boissons et de gâteaux. La solidarité nécessite des moyens, aussi le « permis de chasse » à 3 euros par enfant permettra au Secours populaire de récolter des fonds au profit de ses différents projets, rendant ainsi les enfants acteurs de la solidarité ! À 18h la fanfare « Grassebande » viendra clôturer cette journée. En soirée de 19h30 à 22h, le Secours populaire, en partenariat avec Palestine 33, proposera dans la continuité de la journée une soirée ciné-débat en libre accès dans la Chapelle du parc de Mussonville. Projection du film « Route 60 : un itinéraire par-delà les frontières » suivi d’un débat en présence du réalisateur Alaa Ashkar. L’occasion de parler de la bande de Gaza, lieu où le Secours populaire intervient également pour soutenir les jeunes filles et les jeunes femmes dans leur accès aux droits et à la formation. *Accès Tram C - arrêt Mussonville
Mémoires & Partages, qui a déjà organisé plusieurs hommages à
Martin Luther King, notamment en 2008 pour les 40 ans de son assassinat, vous invite à perpétuer ce travail citoyen de mémoire en participant à l’hommage qui aura lieu le mercredi 4 avril 2018 à 18h, promenade Martin Luther King (sur les Quais des Salinières, après la maison éco-citoyenne). Discours, lectures, musiques et chorégraphies sont au programme, avec l’aimable participation d’artistes bordelais et en présence des autorités civiles et du Consul général des USA. « Cinquante (50) ans après son assassinat, le message de Martin Luther King reste incontournable et continue d’inspirer des millions de militants de la paix, de la liberté et de la justice
partout dans le monde. Modèle de tolérance, d’engagement mais aussi de fraternité, le rêve de Martin Luther est toujours une réalité à défendre face aux injustices qui continuent de frapper les noirs et leurs descendants. L’ambition de Mémoires & Partages est de se souvenir du message du pasteur Martin Luther King et de faire entendre la voix du grand militant contre les discriminations raciales et les inégalités sociales, d’introduire la vision d’un homme qui a cru à une communauté universelle et d’encourager à suivre le chemin de la nonviolence ».
GÉNOCIDE DES TUTSI DU RWANDA
24e commémoration
Événement organisé, samedi 7 avril, par l’association Cauri (facebook.com/cauri33) avec la participation de l’association Survie-Gironde (facebook.com/ survie33). 11h : Rassemblement public à Bordeaux, sur le pont de pierre, en mémoire aux victimes, temps de recueillement et jet de fleurs dans la Garonne (rappelant les innombrables
corps des victimes du génocide, alors jetés par les génocidaires dans les rivières au Rwanda). 17h : Rassemblement à Bègles, à la chapelle du parc Mussonville (rue Alexis Labro), mélodies rwandaises avec la chanteuse Perrine Fifadji et mélodies indiennes d’Amérique du Nord, lectures, poèmes, projection du témoignage de l’historien Stéphane Audoin-Rouzeau, directeur
d’études à l’EHESS et président du Centre international de recherche de la grande guerre, partages… 23h : Clôture de la cérémonie « N’oublions pas … Du 7 avril au 17 juillet 1994, le gouvernement extrémiste rwandais met en œuvre une politique génocidaire à l’encontre du groupe social rwandais tutsi : en cent jours un million de Rwandais tutsi, sans distinction de sexes ni d’âges, sont massacrés. Les Nations-Unies, dont la France, bien qu’informées de ce projet génocidaire et de sa réalisation, bien que capables de s’y opposer, n’interviendront pas… Un génocide a pour but l’effacement total d’un groupe humain de la surface de la terre, puis son effacement de la mémoire collective, enfin l’effacement même du génocide. Ne nous faisons donc pas, par oubli, par négligence, complices de génocide ! N’oublions pas les victimes, n’oublions pas les rescapés. Et que passe la justice ! »
RUE89BORDEAUX/BIENVENUE
Quelle place pour l’exil dans la création ? Quelle place pour la création dans l’exil ? Ce débat est le premier d’une série de débats proposés par Rue89 Bordeaux dans le cadre de Bienvenue - Mobilisation pour les réfugiés, mardi 3 avril à 18h, à l’Institut de journalisme Bordeaux Aquitaine.
Les Nouvelles de Bordeaux et du Sud-Ouest S.A.S. au capital de 37 000 euros Associés (à parts égales) : L. Chollon, F. Mellier, S. Laborde, M. Lavallée Directeur de la publication : Frédéric Mellier Abonnement 1 an : 25 euros. Abonnement de soutien : 40 euros Rédaction, composition, impression : S.A.S. Les Nouvelles de Bordeaux et du Sud-Ouest 15, rue Furtado - 33800 BORDEAUX Tél. 05 56 91 45 06 - Fax 05 56 92 61 01 - Annonces légales : annonces@nbso.fr Comptabilité : compta@nbso.fr - Redaction/Proposition d’article : redaction@nbso.fr @nvlbx Les nouvelles de bordeaux nbso.fr Commission paritaire de presse : 0123 C 85932
8 • Les Nouvelles 29 mars 2018
Fuyant leurs pays en guerre, des artistes se retrouvent loin des enjeux de leur société, sources de leurs interrogations créatives. En exil, ils affrontent le traumatisme des départs forcés et questionnent leurs statuts de réfugiés. Amre Sawah et d’Abdulrahman Khallouf, tous deux Syriens, se sont connus sur les bancs de l’Institut Supérieur d’Arts Dramatiques de Damas à la fin des années 1990. Ils se retrouvent à Bordeaux et travaillent ensemble sur des créations théâtrales. Parmi elles,
« Sous le pont », une pièce qui pose à la fois un regard sur la guerre dans leur pays d’origine et sur la condition de réfugiés dans leur pays d’accueil. D’autres artistes explorent l’exil à travers leur pratique artistique. Faizal Zeghoudi, chorégraphe et metteur en scène bordelais, puise dans l’actualité pour revisiter le drame de la migration contrainte. À travers la guerre, la traversée en mer, et l’arrivée sur le rivage, il rapporte les douleurs de ces exodes qui marqueront à jamais le XXIe siècle. Au-delà de ces parcours douloureux, Faïza Kaddour et Jean-François Toulouse, de la compagnie bordelaise Tombés du ciel, posent la question de l’intégration et de la mixité. Ils transposent celles-ci dans les traditions des pays d’origine, en particulier le par-
tage et la convivialité des coutumes culinaires. L’exil trouve aussi ses sources dans les repères ancestraux, nourrissant parfois des rituels initiatiques. Sophie Moulard, Bordelaise spécialiste de l’anthropologie « multi-située », analyse les parcours de migrations et les mouvements transnationaux chez les jeunes en Afrique subsaharienne à travers les cultures urbaines et les pratiques performatives artistiques comme le hip-hop, le rap, ou le théâtre. Entrée libre : Réservation conseillée en ligne : www.eventbrite.fr/e/ billets-debat-lexil-dans-la-creationartistique-44403444899 Pour vos dons : www.lepotcommun. fr/pot/swrkjrzf