Nouvelles N° 2249

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Jeudi 5 avril 2018 - N° 2249 - Hebdomadaire - 15, rue Furtado - 33800 BORDEAUX - Prix : 0,80 euro

TOUTES ET TOUS CHEMINOT-E-S

BUDGET BORDEAUX MÉTROPOLE

BIEN MANGER

PALESTINE

Retraités et personnels des Ehpad toujours mobilisés

Des enjeux pour l’avenir

Pour libérer Gaza

P.2

P.4 et 5

P.6


ACTUALITÉ GRÈVE DES FACTEURS

BUDGET BORDEAUX MÉTROPOLE

Pas de trêve ?

Toujours plus de besoins, toujours moins de moyens

Les facteurs ne désarment pas. Ils étaient encore nombreux ce 3 avril à arpenter les rues de Bordeaux pour, au diapason des cheminots, défendre le service public. Car il s’agit bien de cela derrière les questions de statut, rythmes de travail ou réorganisations. 20ème jour de mobilisation, mardi, ça pèse mais les facteurs savent que ce sont leurs conditions de travail et de vie qui sont en jeu. La preuve en est que, malgré des salaires bas, ce n’est pas la question des rémunérations qui est mise sur la table. Devant cette détermination, la direction nationale renvoie aux directions locales, lesquelles essaient de négocier bureau par bureau et faire le « tri » dans les revendications, histoire de diviser le mouvement. Mais ce qui est valable pour l’un, est valable pour l’autre. Les facteurs restent unis. À l’appel de la CGT, Sud et Force Ouvrière, les facteurs font donc régulièrement le siège de la direction régionale pour qu’elle ouvre des négociations sérieuses. Ils y étaient encore 250 mardi avec 26 bureaux dans l’action. Ils ont obtenu une audience en mairie de Bordeaux. Sans avancée durant les négociations, le mouvement était à nouveau reconduit. Les usagers ne pourraient que s’en féliciter. Et pour soutenir les grévistes, il est possible de faire des dons financiers auprès des syndicats. Jean-Jacques Bordes

STATIONNEMENT

L’affaire n’est pas bouclée La mobilisation des 25 000 habitants et usagers de Bordeaux, qui ont signé les différentes pétitions qui circulent sur Bordeaux, va-t-elle aboutir à la réouverture du dossier ? Pas sûr, mais… ! Lors du dernier Conseil municipal, Alain Juppé, souhaitait avoir clos le dossier en présentant de nouvelles modifications et en annonçant la création d’une commission de régulation chargée de gérer les cas particuliers. Ce n’était pas la perception des habitants mobilisés ce jour du Conseil, à l’entrée de la séance, invitant les conseillers à comprendre que ce n’était pas fini. Le maire l’a-t-il compris ? En tout état de cause, une délégation a été reçue le 3 avril, qui lui a fait remonter les réalités que vivent les bordelais et ceux qui viennent travailler ou sont de passage dans notre ville. Un premier échange, donc, qu’il faut mettre au crédit de la réaction des habitants et usagers, mobilisation qui reste toujours d’actualité.

Le conseil de métropole du 23 mars a adopté le budget primitif 2018. Un budget marqué encore par des investissements importants, mais aussi par une baisse continue des dotations de l’État et par un refus d’avoir recours à l’impôt économique. Lena Beaulieu a donc expliqué les raisons du refus des élus-es communistes de le voter : « Beaucoup de choses ont été dites lors du débat d’orientation budgétaire et le rapport présenté par M. Bobet apporte de nouveaux éléments. Évidemment, ce contexte est très inquiétant pour la capacité des communes et de la métropole à maintenir le niveau d’investissement nécessaire. C’est le cas du budget présenté ici, avec une progression de 13 % des dépenses d’investissement, qui correspond aux urgences du quotidien, notamment des mobilités. Parmi les premiers investissements, on compte ainsi la ligne D, le pont Simone Veil, la mise à 2x3 voies de la rocade ou encore le plan Campus. Notons cependant que ces deux derniers domaines sont de la compétence de l’État. Ce n’est pas neutre de le rappeler dans le contexte budgétaire actuel… Ce n’est pas neutre non plus quand on sait que, contrairement au discours affiché par le président de la République et son Premier ministre, les dotations de l’État continuent de baisser : - 3,6 millions d’euros pour la seule DGF entre

2017 et 2018 soit une perte de 177 millions en cumulé depuis 2013. Une partie de ces dotations de l’État constitue en réalité des compensations de perte de recettes fiscales locales. Les promesses d’Emmanuel Macron de compensation des pertes de recettes fiscales liées à la suppression de la taxe d’habitation sont donc aussi à regarder avec ces expériences passées… Et c’est aussi avec ce regard critique sur la relation État-collectivités que nous regardons l’attitude du gouvernement Philippe qui s’ingère dans les affaires des collectivités locales, leur imposant une contractualisation sur leurs budgets. D’autres que nous l’ont dit avec force, c’est une remise en cause grave de la libre administration et donc de l’exercice démocratique dans nos collectivités. Dans ce contexte, Max Guichard l’avait exprimé à l’occasion du débat d’orientation budgétaire, le maintien à un niveau élevé des crédits du programme pluriannuel d’investissement est à saluer. Sur les mobilités, le logement, la politique Nature… les besoins sont forts et notre métropole a un rôle primordial à jouer. Son désengagement de grands investissements serait un très mauvais signe pour l’économie locale et un désastre pour le quotidien des habitants de l’agglomération et du département. Mais ce qui est vrai sur les grands investissements l’est aussi pour la gestion quotidienne des services publics.

Le rapport sur la mutualisation le met en évidence, ce ne sont pour l’instant pas les services du quotidien qui sont renforcés à l’occasion de ce processus. Et le débat d’orientation budgétaire nous a confirmé votre intention de maintenir la progression de la masse salariale et donc de ne pas revoir les effectifs de services qui en auraient bien besoin. C’est une des revendications des policiers municipaux de Bordeaux en grève ces dernières semaines. Et c’est une nécessité pour l’essentiel des services publics de proximité. Dans ces conditions, l’œuvre des gouvernements précédents qui a consisté à priver les collectivités locales de ressources fiscales propres se fait durement ressentir aujourd’hui. Hors de l’effet lié aux bases d’imposition, l’évolution des impôts économiques, notamment, est très faible alors que la métropole investit beaucoup, nous en avons parlé au sujet de Ford, pour le développement économique. Il n’est donc pas compréhensible que notre conseil prenne la décision de renoncer aux augmentations possibles de la cotisation foncière des entreprises (CFE), ce qui représente une perte de près de 400 000 euros en cumulé. C’est pour toutes ces raisons, d’un contexte budgétaire national inacceptable, de menaces sur les investissements mais en même temps d’un budget 2018 qui respecte des ambitions utiles aux populations, que notre groupe s’abstiendra sur ce budget. »

CHEMINOT-E-S EN GRÈVE

Au chevet du service public ferroviaire

J.J.B. EMPLOI

Grève très suivie dans les magasins Carrefour Les salariés de Carrefour étaient en grève samedi dernier. Avec des taux de mobilisation jusqu’à 80 % à Bègles, ils sont parvenus à bloquer l’accès aux magasins de manière totale ou partielle, un jour de forte affluence pour dénoncer le plan de restructuration du groupe qui comprend de nombreuses suppressions d’emplois et une forte baisse des primes d’intéressement versée cette année. En Gironde, les hypers de Bègles, Mérignac, Lormont et Libourne ont été particulièrement mobilisés. « Les salarié-e-s en ont ras le bol ! » Explique la CGT. « Ils dénoncent les suppressions de milliers de postes, primes et salaires au rabais, une accélération des charges de travail pour accroître la productivité-horaires, l’arrivée massive des caisses automatiques, l’aggravation des accidents de travail et des maladies professionnelles ».

La bataille est lancée. À l’appel de l’ensemble des syndicats, les cheminots étaient en grève mardi et mercredi, ils le seront deux jours par semaine jusque fin juin si rien ne bouge. Ils dénoncent la réforme du gouvernement et plaident pour que le transport ferroviaire réponde aux besoins des usagers. Les chiffres parlent d’eux-mêmes : un TGV sur huit en circulation, un train sur cinq pour les TER et les Transilien. La colère des cheminots est à la hauteur des attaques subies et la grève qui a débuté lundi soir à 19h et se poursuivait jusque jeudi matin aura eu pour conséquence, selon la direction de la SNCF, un trafic « très perturbé ». Cette mobilisation inédite de deux jours sur cinq reconductible pendant trois mois à l’appel de la CGT, de l’Unsa et de

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la CFDT – reconductible toutes les 24 heures à l’appel de SUD rail – s’annonce massive. De son côté, le gouvernement joue la fermeté et s’affiche « déterminé » à « tenir le cap ». Dans sa bataille de communication, l’exécutif met en avant une grève « incompréhensible », « pénalisante » et « très dure pour les usagers ». Pourtant, personne ne s’y trompe et dans l’opinion publique, la sympathie envers les grévistes se renforce. Ainsi, selon un sondage Ifop pour le Journal du dimanche, près de la moitié des personnes interrogées (46 %) estiment le mouvement « justifié ». Preuve s’il en fallait de l’attachement profond des usagers à leur service public, que les syndicats entendent défendre bec et ongles. Rencontrée au départ de la manifestation du mardi 3 avril à Bordeaux, Séverine Rizzi, responsable du syndicat CGT Cheminots Bordeaux

gare, n’a pas encore les chiffres arrêtés de la participation à la grève mais comptabilise entre 75 et 80 % des contrôleurs et conducteurs en grève. « On sait qu’il y a une forte mobilisation car la vente est fermée, il n’y a quasiment personne à l’accueil des voyageurs. On peut se dire que la mobilisation est réussie maintenant, il faut que ce soit porteur. Car pour l’instant, malgré les annonces qui peuvent être faites, il n’y a aucun changement sur le projet, sur la loi d’habilitation. Rien n’a bougé. Donc nous restons sur le retrait de la proposition de réforme et les huit points revendicatifs de la plateforme unitaires. » La CGT organise un débat ce vendredi 6 avril, à 18h, à la Bourse du travail sur l’avenir du service public de transport ferroviaire. Sur le plan national, des élus LFI, PCF, Ensemble !, NPA, République


ACTUALITÉ et Socialisme, Génération.s, PG, EELV, Gauche démocratique et sociale et Nouvelle Donne ont signé un appel commun pour soutenir la mobilisation des cheminot-e-s et de leurs organisations syndicales. « Nous soutenons totalement leur mouvement de grève, porteur de progrès pour l’ensemble des populations et des territoires. Leur victoire est essentielle pour le service public, pour un aménagement des territoires équilibré et pour affronter les enjeux environnementaux et énergétiques du XXIe siècle », déclarent-ils. « Elle l’est aussi pour les droits collectifs

de tous les salarié-e-s. Le gouvernement Macron cible le « statut » des cheminote-s dans le but de remettre en cause tous les statuts du travail, toutes les conquêtes sociales, dans le secteur privé tout autant que dans les services publics avec, par exemple, la santé indexée sur la rentabilité et la mise en place de la sélection pour l’entrée à l’université. En conséquence, nous appelons au retrait immédiat du projet de loi proposé par le gouvernement. (…) Nous pensons utile que se développent des collectifs d’usagers sur le territoire, à soutenir les caisses de grève mises en

Editorial place. Nous appelons à engager un débat démocratique, pour le développement du ferroviaire, de tous les services publics, pour les enjeux environnementaux et sociaux d’aujourd’hui. Nous sommes disponibles pour converger tous ensemble, avec toutes celles-ceux qui le souhaitent, dans des initiatives et manifestations publiques citoyennes à large échelle, localement et nationalement, au service des mobilisations sociales et de la jeunesse. » C.D.

BORDEAUX, LE 3 MARS

Électriciens, gaziers, facteurs, étudiants se joignent aux cheminots

De la fac aux gares, ils défendent le service public. Électriciens, gaziers, facteurs, étudiants se sont joints aux cheminots de Bordeaux gare, mardi 3 avril jour de lancement de leur grève nationale, pour une manifestation jusqu’à la mairie. Le syndicat Sud est parti de la Victoire avec les étudiants mobilisés contre la loi Vidal (qui instaure la sélection à l’université), les facteurs avec leurs syndicats CGT, SUD et FO ont rejoint le cortège également (lire ci-contre). De la fac aux gares, ils ont battu le pavé pour défendre le service public. Cette manifestation annoncée tardivement a permis de rappeler que les cheminot-e-s ne sont pas seuls. Ce qu’explique Christophe Garcia, secrétaire général du syndicat CGT de l’Énergie 33. « On partage la lutte des cheminots mais on est là pour l’Énergie. Chez nous la libéralisation a commencé il y a plus de 10 ans. Depuis, les engagements de nos directions nationales sur les investissements par rapport aux tarifs d’électricité et de gaz TURPE 5 n’ont pas été respectés pas plus que les trajectoires qui étaient prévues dans le plan stratégique des entreprises. Cela entraîne des suppressions d’emplois, aussi bien dans la branche commerce qu’à la distribution, de la précarité, une inégalité de traitement sur l’ensemble du territoire, Enedis et EDF privilégient la métropole au détriment de la ruralité et c’est la fin de la péréquation tarifaire à très court terme. Que ce soit La Poste, les cheminots, l’Énergie, c’est la défense du service public qui est en jeu. La CGT défend

un projet de création d’un pôle public de l’Énergie avec l’ensemble des acteurs que ce soient les clients, les collectivités locales, les représentants des personnels, les directions ». D’ici la grande manifestation interprofessionnelle du 19 avril et au-delà, baisses de productions dans les centrales nucléaires, coupures d’électricité ciblées sur des entreprises qui licencient alors qu’elles font du profit, remises en énergie de clients précaires qui ont été coupés suite à des impayés… peuvent être envisagées. Solal et Camille, étudiants en économie, participent à l’occupation de l’université sur le site de la Victoire à Bordeaux. « On occupe l’amphi Gintrac, explique Camille, mais il n’est pas très grand donc on s’est un peu étalé autour sur le parvis à l’entrée de la fac où on a installé des tables, des activités ». « La présidence et des gens opposés à cette occupation disent que c’est un blocage mais on tient à préciser que c’est une occupation, ajoute Solal. Il y a des conférences, des projections de films, des

débats, des ateliers, du théâtre… ». Les deux étudiants affirment que malgré le soutien d’enseignants-chercheurs et de doctorants qui proposent même des cours libres aux étudiants mobilisés, c’est l’université pour « raisons de sécurité insuffisantes » qui a décidé de déplacer des cours ou d’en annuler. Pour Camille et Solal, la fermeture administrative des locaux est une stratégie des universités pour empêcher la mobilisation des étudiants. Mais ils affirment que la mobilisation monte en France contre la loi Vidal. « Il y a eu une coordination nationale à Bordeaux ce week-end, ils y avait des étudiants de toute la France, depuis deux jours, deux nouvelles facs à Paris sont occupées, explique Camille. Il se passe vraiment un truc. Ça a commencé un peu à Bordeaux, à Toulouse, à Montpellier et là, ça essaime dans toute la France. À Nice, ils ont bloqué le CA et là ils bloquent la fac ». Pour Solal, il y a une « frustration généralisée parce que rien ne va dans le bon sens, les étudiants voient qu’ils vont être sélectionnés en master 1, l’an dernier ce n’était pas le cas. Quand on est en licence, on sait que maintenant on va avoir la frontière du master 1 puis celle du master 2. Et on voit en fac de droit, par exemple, des préfabriqués moisis, des choses incroyables ». Une réunion publique avec Pierre Ouzoulias, sénateur communiste, et Loïc Prud’homme, député FI, est organisée mercredi 11 avril à 18h30, amphi 3, par le Comité de mobilisation de Bordeaux Montaigne. Christelle Danglot

Toutes et tous cheminot-e-s Le mouvement des cheminots débuté depuis mardi ouvre des perspectives inédites depuis l’élection d’Emmanuel Macron, il y a presque un an. Inédit dans sa forme et par son ampleur, il bouscule les consciences et élève le niveau de combativité de l’ensemble du monde du travail. Électriciens, salariés d’Air France, de Carrefour, de Ford, agents des services publics, à La Poste, partout le monde du travail affronte les logiques libérales qui sont à l’œuvre. Toutes celles et ceux qui luttent et affrontent les politiques libérales depuis tant d’années apportent leur soutien dans cette bataille qui n’en est qu’à ses débuts. 12 organisations et mouvements politiques ont signé un texte commun, l’intersyndicale cheminote est unitaire, les grandes fédérations de syndicats sont dans la bataille, des artistes ouvrent une caisse de solidarité aux grévistes. Face à eux en revanche, les cheminots ont un gouvernement prêt à tout, mobilisant ses alliés, les grands groupes financiers, pour gagner la bataille de l’opinion publique au travers d’une campagne médiatique mensongère sur les « privilèges » des cheminots, sur l’idée qu’il n’y aurait pas le choix, que la dette de la SNCF ne peut être réduite. Cette unité des forces sociales est effacée sciemment par le pouvoir en place qui poursuit ses tentatives de division : usagers contre cheminots, salariés du privé contre fonctionnaires et travailleurs sous statut, retraités contre actifs, Français contre étrangers… Et pourtant une majorité populaire est en train de grandir. Cette bataille, c’est un affrontement brutal entre les forces de l’argent et de la Finance et les forces productives. Chacun sent bien que dans cette bataille, si nous sommes tous le cheminot de quelqu’un, nous sommes au bout du compte tous cheminotes et cheminots. Car ils ne se battent pas pour le statu quo mais pour l’avenir, pour un grand service public du rail, pour nos gares, nos lignes et nos trains, pour le frêt, pour relever le défi du dérèglement climatique, pour l’aménagement du territoire et l’égalité territoriale. Ils s’attaquent ainsi au nerf de la guerre : l’utilisation de l’argent. La vente à la découpe de la SNCF ne poursuit qu’un seul but, engraisser les grands groupes prêts à sauter sur le magot. Tous les coups semblent permis pour Pepy, la ministre Borne et le gouvernement, relayés le doigt sur la couture par les médias aux mains des intérêts capitalistes. Cela pose en grand la question du pluralisme de la presse. Après deux décennies de luttes défensives, il est de la responsabilité de chacun d’entre nous de passer à l’offensive, pour un autre projet de société, tous ensemble.

Sébastien Laborde secrétaire départemental du PCF 33 et membre du Conseil national

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BIEN MANGER : DES CUISINONS L’ÉPOQUE

BIEN MANGER

Le grand chef cuisine à petits prix

Un combat pour l’émancipation humaine, pour la sauvegarde de la planète

Extrait. « La question de l’alimentation prend, dans nos sociétés contemporaines un relief saisissant. A l’heure de la crise écologique et climatique, elle surgit avec une force inédite, et le bien-manger s’avère indissociable du bien-être. Inséparable, en somme, du combat pour émancipation humaine et la sauvegarde de notre planète. Et partout, de nouvelles expériences agricoles – biologiques, durables ou raisonnées, voient le jour pour conjurer le “péril” écologique tout en relevant le “défi” alimentaire. Alors que l’industrie agroalimentaire, calée sur les cours de la Bourse, multiplie les scandales sanitaires, spolie les agricultures paysannes

et maltraite les animaux, chacune, chacun est amené à s’interroger sur son assiette, observable comme le réceptacle d’un rapport social. Animaux et végétaux, producteurs, industriels, commerçants, restaurateurs, consommateurs : tout un monde se dessine à travers elle. » Par Patrick Le Hyaric, directeur de l’Humanité, dans Cuisinons l’époque, hors série, printemps 2018, en vente dans la boutique sur humanite.fr ou à l’espace livre de la fédération du PCF, 15 rue Furtado à Bordeaux, le jeudi de 16h à 19h (sauf le 5 avril).

« Cuisinons l’époque », le hors série de l’Humanité emmène le lecteur, du champ à l’assiette, « découvrir les mille et une facettes de la vaste et grande question alimentaire », passée au crible du regard de cuisiniers, d’écrivains, d’artistes, d’intellectuels. Le magazine sonde également « la générosité et la convivialité qui participent des traditions humaines ». Nous reprenons ici quelques propos de Paul Ariès, politologue qui interroge le présent et l’avenir de ce que nous mangeons ou encore de Nicolas Magie, chef étoilé, du Saint-James à Bouliac, qui travaille à désacraliser la

cuisine avec des associations de la rive droite comme le Secours populaire. « Bien manger, respecter la nature autant que ceux qui la travaillent pour le bien commun de tous, retrouver le goût de la convivialité et du partage, voilà des enjeux d’avenir que nous nous proposons ici de mettre, pour ainsi dire, sur la table », écrit dans l’édito Patrick Le Hyaric, directeur de l’Humanité. Nous faisons de même ici avec, aussi, les producteurs du Lot-et-Garonne, les projets de fermes urbaines, un supermarché coopératif ou encore une épicerie participative et solidaire

NICOLAS MAGIE

Le grand chef cuisine à petits prix Depuis trente ans, Nicolas Magie cuisine pour les plus démunis. Dans les quartiers populaires de la rive droite de Bordeaux. Le chef étoilé du Saint James, à Bouliac, travaille à désacraliser la cuisine en concoctant de délicieuses recettes à moins de 1 euro. Est-on condamné à la malbouffe quand on a le porte-monnaie en berne ? Toutes les études, même celles menées par la très sérieuse Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), convergent vers ce constat : les plus pauvres sont les principales victimes d’une nourriture trop riche en sucre, gras et sel. Résultat, au lieu de vitaliser le corps, l’alimentation devient dangereuse pour leur santé et la plupart du temps néfaste pour l’environnement. Cette inégalité dans nos assiettes est basée sur l’idée, entretenue par l’industrie alimentaire et la grande distribution, que bien manger coûte cher. Est-ce si vrai ? Nicolas Magie n’en est pas du tout convaincu. Depuis trois ans, le cuisinier étoilé de l’hôtel Relais & château, le Saint James, s’attache même à multiplier les démonstrations inverses. Le chef, qui n’a jamais cessé de cuisiner pour les familles démunies, conseille de ne pas suivre les incitations permanentes à une consommation hors de toute logique de saisonnalité et de bon sens alimentaire. « (…) Les grandes surfaces gonflent les prix sur les produits découpés. Or, quand on achète un poulet entier, on peut le rôtir pour manger les filets, agrémenter une salade ou un hachis avec les restes, confectionner un bouillon avec la carcasse. Préparer trois ou quatre repas avec une seule volaille ne vaut pas grand chose, finalement », détaille-t-il. (…) Avec un peu, on fait beaucoup

Les recettes à 1 euro de coût-matière, Nicolas Magie les a toujours travaillées, partagées, transmises, enseignées. Né sur la rive droite de Bordeaux, là où 4 • Les Nouvelles 5 avril 2018

bat le cœur ouvrier de la ville, le gamin de Cenon garde le sourire candide de celui qui n’a jamais cessé de concilier cuisine et partage. Le confort douillet d’un restaurant haut de gamme n’a en rien changé l’état d’esprit de ce fils et petit-fils de cuisinier qui a conquis sa première étoile en 2004 dans un restaurant campé au pied des quartiers populaires de Cenon. Déjà, à l’époque, le chef n’hésitait pas à sortir fourneaux et gamelles sur le trottoir pour cuisiner en direct avec la population. (…) L’idée, déjà, était de désacraliser la cuisine, de montrer qu’avec un peu, on peut beaucoup. Qu’elle soit une clé du bien manger. Simplement, expliquait-il, il faut lever la barrière culturelle, oser prendre la casserole, se mettre à la tâche ensemble, en famille, entre amis, partager un bon moment et retrouver le goût de cuisiner. Aujourd’hui, perché sur le « Balcon de Bordeaux », (…) Nicolas Magie porte autrement cette idée d’une gastronomie accessible et solidaire. Certes, le chef travaille d’arrache-pied à embellir son idée de la haute cuisine, testant en permanence de nouvelles associations de saveurs, privilégiant toujours celles qui laissent le produit roi et l’émotion dicter l’originalité d’un plat. Mais il continue aussi de quitter son antre, et pas qu’un peu, « parce qu’il ne faut jamais perdre ses valeurs », affirme-t-il. Épiceries solidaires, Secours populaire, Secours catholique, restos du cœur, associations de la profession telle que les Bouffons de la cuisine ou encore mouvements plus locaux où des femmes des quartiers cuisinent avec lui, puis enseignent aux autres ce qu’elles ont appris… le chef fait feu de tout bois, se déplace en permanence pour réchauffer les cœurs et passer le message : « (…) Quand je prépare un repas de Noël pour 800 personnes, je vois le bonheur sur les visages. Et même s’il est éphémère, même si beaucoup retournent à la rue, ces tables partagées permettent aux gens de rester accrochés aux wagons ». (…) Paul Masson, Cuisinons l’époque

MÉTROPOLE

Et pourquoi pas une vache sur le toit de la mairie !? Tarte à la crème ou nouvelle relation à la production agricole ? L’agriculture urbaine emballe les élus de tous bords et ce ne sont pas les projets qui manquent. Le conseil de métropole de Bordeaux a ainsi validé des études pour un projet d’envergure à BordeauxLac. « Si les études le confirment, ce projet pourrait constituer un véritable trait d’union entre la ville centre et sa traditionnelle ceinture maraîchère (Bruges, Eysines, Blanquefort…), estimait Odile Blein, élue communiste d’Ambarès-et-Lagrave. En ces temps de débats souvent difficiles sur l’acceptation de la densification, ce projet peut prendre tout son sens en valorisant une zone naturelle en ville. » Et c’est bien là un des enjeux contemporain, quand on sait que 80 % des habitants de la planète vivront en zone urbaine en 2050 et qu’en France, l’étalement urbain grignote 50 000 hectares de terres agricoles chaque année, soit l’équivalent d’un département tous les six ans 1. Souvent impuissants face à l’étalement urbain, les élus locaux et pouvoirs publics s’en retournent donc vers ce qui peut alors paraître comme un ersatz : l’agriculture urbaine. Dans une évaluation enthousiaste de leur propre expérimentation, les chercheurs de L’institut des sciences et industries du vivant et de l’environnement (AgroParisTech 2) rappellent que « les toits peuvent représenter jusqu’à 32 % des surfaces horizontales des villes ». Leur production biologique de tomates, salades, cerises dans 9 bacs en bois au cœur du 5e arrondissement parisien a fait la preuve d’un type d’agriculture qui « peut participer à la préservation de la biodiversité, favoriser la pollinisation, servir d’espace pédagogique ou à visée sociale, tout en rompant avec la monotonie grisâtre des paysages urbains ». On pense içi au rôle joué par le réseau

Paul Bert qui, sur son toit bordelais jouxtant le musée d’Aquitaine, crée du lien social autour de plantations, de quelques ruches et d’un poulailler. Mais cette tendance n’est pas sans contradictions… Dans un article très fouillé, le site BastaMag 3 interrogeait fortement la pratique de l’hydroponie ; pratique agricole ancienne qui permet un rendement important hors-sol. Une technique que l’on retrouve souvent dans les projets d’agriculture urbaine (pas à AgroParisTech ni sur le toit du réseau Paul Bert) et qui, si elle permet bien une utilisation optimale des « délaissés urbains » comme les toits, ne donne pas de garantie de mieux produire tant elle est consommatrice d’eau et d’engrais. « L’ hydroponie affiche des résultats probants en matière de productivité tout en s’adaptant très bien au manque d’espace, analyse Antoine Lagneau, enseignant en agriculture urbaine à l’IUT de Bobigny. Elle correspond à cette logique urbaine dans laquelle il faut augmenter les rendements avec très peu de foncier disponible ». Et le problème essentiel est sûrement là… « En apportant la preuve tangible que l’on peut produire sans terre, l’hydroponie ne contribuet-elle pas, indirectement, à conforter le mouvement d’ensemble (d’étalement urbain – NDLR) ? Comme une ultime déclaration de guerre faite aux terres agricoles ? », interroge Barnabé Bonctin. Où la notion de « trait d’union » mise en avant par Odile Blein à BordeauxMétropole prend tout son sens. Hydroponie et agriculture urbaine en général, « il ne s’agit pas d’en faire partout », résume une intervenante de l’article de BastaMag. « L’idée est plutôt de se mettre dans les “interstices de la ville”, déjà hors-sol quoiqu’il en soit, et au plus près du consommateur. » Une technique « complémentaire » qui ne doit pas faire oublier l’enjeu essentiel ; celui de stopper l’étalement urbain : par la densification des zones déjà urbanisées, cela se passe en ville.

Et par la revitalisation des terres agricoles sur leurs vocations premières, cela se passe ailleurs. VB. 1 - Chiffres de la SAFER (société d’aménagement foncier et d’établissement rural) 2 - « Des potagers sur les toits ? Une étude en confirme l’utilité », 12/03/18, reporterre.net 3 - « L’agriculture urbaine : solution miracle ou encouragement à la disparition des terres agricoles », Barnabé Bonctin, 22/02/18

GIRONDE

70 % de magasins bio en plus, en 3 ans Depuis 2014, le nombre de magasins bio dans le département est passé de 37 à 62. Selon l’Agence bio, en 2017, le marché des produits alimentaires biologiques a dépassé 8 milliards d’euros, doublant ainsi depuis 2011. 85 % des Français estiment important de développer l’agriculture bio et trois sur quatre disent consommer au moins un produit bio par mois. Un quart d’entre eux ont l’intention d’augmenter leur consommation de bio. 16 % en consomment chaque jour. En 2016, le réseau Biocoop a enregistré une hausse de ses ventes de 25 % et envisageait pour 2017 une soixantaine de nouveaux points de vente. Sud-Ouest, 15/03/18

(2 EN


S ENJEUX D’AVENIR SUPERCOOP

PROJET COLLECTIF ET PARTICIPATIF

Le premier supermarché coopératif et participatif de la métropole bordelaise

Local’Attitude, du jardin à l’épicerie

À Bègles, des consommateurs ont décidé de prendre leur consommation en main en créant le premier supermarché coopératif de la métropole bordelaise. Actuellement de la taille d’une épicerie, Supercoop déménage, tout à côté mais à Bordeaux, dans quelques semaines, pour prendre la taille d’un vrai supermarché. Plus qu’un simple supermarché en ville, Supercoop vise à rassembler des « consomm’acteurs » de milieux différents, désireux de travailler ensemble pour inventer une nouvelle façon de consommer, en lien direct avec les producteurs et des fabricants locaux justement rémunérés, avec des marges réduites et transparentes (17 % sur tous les produits, réinvestis dans le fonctionnement du supermarché et des projets d’éducation populaire), des produits de qualité à des prix accessibles.

C’est Anne Monloubou l’initiatrice du projet, directement inspiré de la Park Slope Food Coop de Brooklyn. « En France, expliquait-elle récemment sur France Bleu, on connaît bien les AMAP, le système de paniers paysans bio. J’ai trouvé ça intéressant : on sait ce qu’on mange, ce n’est pas trop cher et on aide des producteurs à vivre décemment de leur activité. Mais ça ne permet pas de faire toutes ses courses. C’est en allant à New York que j’ai découvert un magasin qui répondait à mes besoins, il s’agissait d’une coopérative de consommateurs. Il faut imaginer un magasin qui appartient à ses clients : pour faire ses courses, il faut être membre de la coopérative ce qui est possible à partir de 10 euros (sur critères sociaux ou 100 euros – NDLR), vous participez 3h par mois pour faire la mise en rayons, tenir la caisse, recevoir les produits, faire un peu de compta… Moyennant quoi, on arrive à réduire les coûts et à pratiquer des prix jusqu’à 40 % moins

Sur l’ensemble de la gironde :

68 % DE HAUSSE

DES MAGASINS BIO entre 2014 (37 magasins) et 2017 (62 magasins)

MÉDOC + 150 %

HAUTE-GIRONDE 0 %

N 2014 CONTRE 5 EN 2017)

(2 EN 2014 CONTRE 2 EN 2017)

LIBOURNAIS + 67,6% (3 EN 2014 CONTRE 5 EN 2017)

BASSIN D’ARCACHON + 80 % (5 EN 2014 CONTRE 9 EN 2017)

SUD-GIRONDE + 300 % (1 EN 2014 CONTRE 4 EN 2017)

BO RDEAU X

+ 22,2 % (9 EN 2014 CONTRE 11 EN 2017)

AGGLO N ORD AGGLO SU D

+ 20 % (5 EN 2014 CONTRE 6 EN 2017)

+ 200 % (2 EN 2014 CONTRE 6 EN 2017)

AGGLO OUEST

+ 20 % (5 EN 2014 CONTRE 6 EN 2017)

AGGLO RIVE-DROITE

+ 166,7 % (3 EN 2014 CONTRE 8 EN 2017)

2 5 M AGA S INS BIO S UPPL É M E NTAIRE DE PUI S 2 014 SUR L’ E NS E M B LE DU DÉ PA RT E MENT DE L A GI RONDE

chers. Depuis un an et demi, on a une boutique éphémère 1 qui nous permet de pratiquer des prix 10 % moins chers mais plus nous serons nombreux, plus nous arriverons à avoir des prix intéressants. Pour nous, le plus important est d’avoir des fruits et légumes frais, de qualité, du sud ouest comme pour les produits frais : œufs, viandes, produits laitiers. 95 % des produits sont bio, les autres respectent le cahier des charges du bio sans être labélisés. Un échange et une relation de confiance s’établit avec les producteurs. On est à un millier de références entre produits frais, épicerie, droguerie, produits cosmétiques et nous serons à 3 000 références après le déménagement. » En effet Supercoop est en train de préparer son déménagement pour s’installer dans un bâtiment de 350 m2 situé rue Oscar et Jean Auriac à Bordeaux, dans le quartier Carle-Vernet. Christelle Danglot 1 - La Boutique de Supercoop est ouverte du lundi au vendredi de 14h30 à 19h30 et le samedi de 10h à 19h30 : 1, place du 14 juillet, 33130 Bègles - 05 56 85 64 78 contact@supercoop.fr

Le quartier du Grand Parc est en plein renouvellement urbain et Les Aubiers devrait également connaître des évolutions. Mais la rénovation de l’espace et des immeubles ne fera pas occulter qu’il y vit une population majoritairement en grande difficulté (ce n’est pas pour rien que le Grand Parc a été classé quartier prioritaire au titre de la politique de la ville). De la précarité économique à la précarité alimentaire, il n’y a qu’un pas. Partant de ce diagnostic, des habitants ont lancé en 2016 un projet baptisé Local’Attitude : du jardin à l’ épicerie afin de permettre aux habitants des quartiers Bordeaux Nord d’accéder à une alimentation saine, variée et de qualité pour tous ; produits alimentaires diversifiés, circuits d’approvisionnement les plus directs et courts possibles, respectant la saisonnalité des produits, accès à prix préférentiels pour les publics en situation de précarité. Local‘Attitude est bien plus qu’une épicerie car elle a l’ambition de créer également un espace de vie sociale, où les consommateurs seront acteurs

au travers d’échanges, d’ateliers, et de production collective dans le futur jardin. De l’éducation populaire et de la solidarité, quoi ! Exemple réconfortant de générosité et de mixité où ceux qui ont du temps se préoccupent de ceux pour qui tout est plus difficile. Où les femmes et les hommes se soutiennent et s’entraident. Où les liens se tissent. Où même celle à qui la vie n’a pas fait de cadeaux a envie de donner et de partager. L’épicerie connait un réel succès (elle emploie une personne à temps plein qui fait « tourner la boutique » au milieu d’une vingtaine de bénévoles (et à terme un ¾ temps pour un animateur culturel) : il ne lui manque plus qu’un local fixe et un endroit où implanter son jardin collectif. Le rêve : décrocher l’appel d’offre de la gestion de la brasserie de la Salle des Fêtes au Grand Parc, en partenariat avec le collectif qui s’est battu depuis 2011 pour sa réouverture. Un lieu convivial, de pluriactivité et en connexion direct avec un lieu culturel pour combattre également un autre sujet de précarité. Jean-Jacques Bordes

RAYMOND GIRARDI

« Depuis 20 ans les pratiques agricoles changent » Raymond Girardi est conseiller départemental communiste du Lot-et-Garonne en charge des questions agricoles, et président du syndicat du MODEF. Agriculteur de métier, il nous éclaire sur la situation du « grenier agricole » du pays face à l’émergence des nouvelles pratiques agricoles et des exigences toujours plus fortes de la population.

NBSO : Quel est l’état d’esprit des agriculteurs face aux exigences de plus en plus fortes des consommateurs de manger des produits « sains », cultivés avec le moins de produits chimiques possible ? Raymond Girardi. D’abord, revenons en arrière : ce qui a changé depuis 25 ans, c’est autant l’état d’esprit des consommateurs que celui des agriculteurs. Il aura fallu l’émergence de crises agricoles, comme celle de « la vache folle », pour que les consommateurs commencent à se poser des questions. Ils se sont mis à regarder de plus près les produits et ont exigé d’avoir des garanties sur la qualité sanitaire des aliments. Parallèlement, le poids des industries phytosanitaires a commencé à diminuer car les premières victimes de ces produits toxiques sont les agriculteurs eux-même. Ils sont exposés en première ligne à la dangerosité de ces produits. Face à tout cela, il y a eu d’abord

un développement du bio, puis de l’agriculture raisonnée et durable. Globalement, l’agriculture ultra-productiviste a été remise en cause avec l’émergence de nouvelles pratiques agricoles et l’exigence d’une qualité sanitaire des produits. En France, nous avons une réglementation forte avec plus de 300 molécules interdites en raison de leur toxicité. Mais l’OMC (Organisation mondiale du commerce), donne la souveraineté aux états en ce qui concerne les molécules, il n’y a aucun cadre législatif international. Donc nous arrivons à une situation incroyable, dans laquelle l’agriculteur français qui utiliserait un produit jugé toxique pourrait aller en prison, tandis que cette même molécule est utilisée dans d’autres pays sur des produits agricoles qui sont importés et vendus en France. NBSO : On connaît le poids de l’industrie phytosanitaire dans le 47, les producteurs résistent-ils ? R.G. La mentalité des producteurs change depuis une vingtaine d’années et le processus est irréversible. La machine est en marche ! La majorité des agriculteurs sont conscients qu’il faut modifier les modes de production. Aujourd’hui, il n’y a pas un agriculteur qui ne s’interroge pas sur ses pratiques. C’est général. Il y a trois raisons qui expliquent cela : d’abord, ils doivent répondre aux attentes et aux besoins de la population sinon ils se mettent hors-jeu direct, ensuite, ils

sont eux-même en danger au niveau de leur santé et celle de leur famille, enfin, le prix des produits phytosanitaires est cher, ne plus les utiliser leur permet de réaliser un fort gain économique. NBSO : Quels moyens ont été mis en place pour que la population puisse mieux se nourrir ? R.G. Depuis 2008, j’ai essayé, en tant que conseiller départemental, de faire se développer l’agriculture bio. Il y a 10 ans, nous avions moins de 3 % de surface bio en Lot-et-Garonne. Aujourd’hui, nous en sommes à plus de 8 %. Il faut savoir que le Lot-etGaronne est le premier département en terme de production bio dans la région de la Nouvelle-Aquitaine et fait partie du trio de tête national des départements qui ont développé le bio. Nous sommes le département ayant le plus de diversité agricole et d’élevage : 70 produits sont issus de nos terres et de nos fermes. Augmenter les surfaces bio était vraiment un enjeu de taille face au poids de l’industrie phytosanitaire. Nous avons relevé le défi d’autant plus, même si cela a été difficile à manager. Aujourd’hui, la majorité en place au Conseil départemental a proposé que le département continue à soutenir le bio. En 10 ans, les aides financières dédiées au bio ont été multipliées par 5. Propos recueillis, par Sarah Chakrida Les Nouvelles 5 avril 2018 • 5


INTERNATIONAL SAHARA OCCIDENTAL

PCF GIRONDE

Les détenus sahraouis poursuivent Afrin n’est pas seule, Afrin vivra, Afrin vaincra leur grève de la faim aux forces combattantes kurdes Un appel lancé par 193 organisations de défense des droits humains demande au Comité international de la Croix-Rouge (CICR) d’initier une enquête sur les conditions de détention alarmantes des prisonniers politiques sahraouis dans les prisons marocaines. Cette démarche intervient alors que de nombreux détenus politiques de Gdeim Izik, dont Ennaâma Asfari, poursuivent la grève de la faim entamée le 9 mars dernier.

Ils protestent contre la restriction du droit de visite de leurs familles et de leurs avocats, demandent l’accès aux médicaments refusé par l’administration pénitentiaire et exigent leur transfert en territoire occupé, conformément au droit humanitaire international. Rosa Moussaoui, l’Humanité du 30/03/18

AFRIQUE

Un marché commun… pour échanger quoi ?

Quarante-quatre pays africains ont signé le 21 mars dernier à Kigali un accord créant une zone de libreéchange continentale (Zlec), avec l’objectif affiché de doper le commerce intra-africain. Projet phare de l’Union africaine (UA), cet accord, qui veut préfigurer le marché commun le plus vaste au monde, est le fruit de longues et laborieuses négociations. Il implique des poids lourds comme l’Afrique du Sud, l’Égypte, le Kenya ou l’Algérie, mais le géant nigérian se tient pour l’heure à distance du processus, tout comme le Bénin, la Namibie, le Burundi, l’Érythrée, la Sierra Leone. Le président rwandais, Paul Kagamé, l’un des principaux artisans de cet accord, s’est toutefois réjoui de la conclusion d’un « pacte historique dont la concrétisation représente une avancée majeure pour l’intégration et l’unité africaines ». L’initiative n’est pas inédite. Ratifié par les deux tiers des États africains, le traité d’Abuja instituant une communauté économique africaine à l’horizon de 2025 prévoyait déjà, en 1991, « la suppression progressive, entre les États membres, des obstacles à la libre circulation des personnes, des biens, des services et des capitaux ». Depuis, les efforts d’intégration se sont surtout cantonnés à l’échelle régionale, avec la multiplication de communautés économiques qui peinent pourtant à faire décoller les échanges entre leurs États membres. Pour l’instant, 16 % seulement du commerce des pays africains s’effectuent avec d’autres pays du continent. À titre d’exemple, les échanges commerciaux au sein de la Communauté économique des États d’Afrique de l’Ouest (Cédéao) représentent 9 % du total des exportations et 10,5 % du total des importations de l’ensemble des États membres. Quant au commerce intra-maghrébin, il est 6 • Les Nouvelles 5 avril 2018

Intervention de Sébastien Laborde, secrétaire départemental du PCF en Gironde, au meeting de soutien au peuple kurde et à la résistance d’Afrin, à Bordeaux le 27 mars.

l’un des moins dynamiques au monde, 3 % à peine des échanges extérieurs de la zone. Ancien ministre tunisien de l’Économie et des Finances, l’économiste Hakim Ben Hammouda relativise ces chiffres. « Les statistiques officielles sont loin de refléter la réalité des échanges, dont une grande partie reste informelle, insiste-t-il. L’accord de Kigali ne relève pas d’une décision tombée d’en haut. Il vient consacrer des dynamiques déjà sensibles. Le continent aspire à prendre son destin en main, en élaborant un projet économique d’autonomie collective basé sur l’intégration, l’industrialisation et la diversification. » Cette initiative peut-elle contribuer à lever les tutelles économiques et à combattre les logiques de pillage qui entravent le développement du continent ? L’économiste sénégalais Demba Moussa Dembélé, président de l’Africaine de recherche et de coopération pour l’appui au développement endogène (Arcade), est circonspect. « Unir l’Afrique sur le plan économique, c’est une bonne idée. Mais une fois levées les barrières douanières, qu’échangerions-nous entre nous ? Des matières premières ? Pour faire circuler des biens, il faut une base industrielle et des infrastructures efficaces, tranche-t-il. Aujourd’hui, nous nous contentons d’exporter des produits sans valeur ajoutée et, pour se rendre de Dakar à Niamey, c’est la croix et la bannière ! » (…) Si les 55 pays membres de l’UA signent, à terme, cet accord, cette zone de libre-échange créerait un marché de 1,2 milliard de personnes, pour un PIB cumulé de plus de 2 500 milliards de dollars. Un potentiel qui aiguise déjà les appétits… bien au-delà des frontières du continent. Rosa Moussaoui, l’Humanité du 30/03/18

« Je veux ce soir au nom du Parti communiste français exprimer les raisons qui font que nous sommes aux côtés des kurdes ce soir, tout comme nous sommes à leurs côtés depuis de nombreuses années. Depuis 18 mois, 160 000 personnes ont été arrêtées en Turquie et jetées en prison. Des milliers de prisonniers politiques, plus de 300 journalistes, des élus. Un rapport du Haut Commissariat aux droits de l’homme fait état de tortures par chocs électriques, d’emprisonnement d’épouses de prisonniers alors qu’elles sont enceintes,

de dizaines de violations des droits de l’homme. Des milliers de voix dénoncent l’utilisation faite par Erdogan de l’état d’urgence décrété en Turquie pour étouffer et réduire au silence toute forme d’opposition à sa politique. La France commet une erreur en le considérant comme un allié ordinaire. La Turquie d’Erdogan devrait être mise au ban des nations démocratiques ! La deuxième chose est que lorsque le peuple kurde remportait des premières victoires face à Daesh, comme à Kobane, toute la communauté internationale saluait le courage, l’abnégation des combattantes et des combattants kurdes. La lutte contre le terrorisme islamiste, contre Daesh, passe par le soutien

pour une raison simple : ces forces combattantes sont aussi des forces démocratiques, ce sont des forces féministes, ce sont des forces de progrès ! Il est donc aberrant que l’Europe continue d’en considérer certaines comme des terroristes. Il n’y aura pas de paix en Syrie, en Irak sans l’aide aux forces démocratiques présentes dans ces deux pays, dont les forces démocratiques kurdes. Alors que les Russes et les américains possèdent des troupes dans la région, celles-ci ont livré à l’armée Turque la population d’Afrin, une ville de 350 000 habitants. Qui peut continuer à croire aujourd’hui qu’Erdogan veut simplement sécuriser sa frontière ? Les civils d’Afrin fuient par milliers les pillages, les viols, les assassinats. Les kurdes ont raison de redouter qu’Erdogan veuille procéder à une épuration ethnique à Afrin, comme les arméniens de Turquie ont, il y a un siècle, été massacrés dans l’indifférence générale. L’heure est aujourd’hui à une mobilisation trans-partisane pour stopper R.T. Erdoğan. La France et l’Union européenne doivent parler plus fermement, condamner la politique d’Ankara, exiger l’interdiction du survol de l’aviation turque et son retrait du territoire syrien. L’ONU doit, sans attendre, adopter une résolution protégeant les Kurdes de Syrie. »

PALESTINE

Pour libérer Gaza Une fois encore, l’armée israélienne tue, blesse, violente, humilie Gaza. Le massacre commis vendredi dernier ajoute dix-sept morts et mille quatre cents blessés aux trois mille six cents morts des interventions militaires de 2008, 2012, 2014. Au mur hideux qui enferme les deux millions d’habitants de Gaza faut-il laisser s’étirer plus longtemps le mur de l’indifférence ? Quel est ce veule appel à « la retenue » du gouvernement français face au pouvoir d’ultradroite israélien qui dépêche des tireurs d’élite derrière des talus à la frontière qu’il a lui-même tracée pour tuer des Gazaouis qui se rassemblent dans une manifestation pacifique et festive ? En d’autres circonstances et contre d’autres pays, on promet le fer et le feu. Ici, c’est la douceur de fausses rodomontades qui sonnent comme un permis de laisser faire. Gaza, c’est 1,3 million de réfugiés et d’enfants de réfugiés sur deux millions d’habitants. Oui, réfugiés en leur propre pays. Réfugiés là parce qu’expulsés de leur terre, celle précisément d’où tirent à balles réelles les soldats israéliens.

Réfugiés et enfermés derrière une barrière métallique bouclant ce territoire à double tour, dans le désespoir et le désastre. Réfugiés sur leur terre, alors que la résolution 194 des Nations unies, que l’État d’Israël s’était engagé à respecter en… 1949, est comme toutes les autres piétinée, bafouée et le sera tant que les institutions internationales et l’Union européenne ne se donneront pas les moyens de la faire respecter. Les jeunes Gazaouis, qui se mobilisent en dehors des forces politiques, en ont assez de tous ces mots vides dégoulinant des réunions officielles pour mieux continuer à les laisser dans le trou noir de l’inespérance. Tous ces mots qui cachent le blocus, l’allongement du mur, le vol et la démolition des maisons, le pillage des terres et de l’eau, la colonisation et l’annexion, l’emprisonnement et les meurtres. Autant de méfaits qui relèvent de la Cour pénale internationale. On ne peut tergiverser plus longtemps avec des appels creux à « la retenue » ou de vagues commissions d’enquête. Tout le monde est au courant. Seul au monde le pouvoir israélien bénéficie d’une telle impunité. Contre elle,

c’est aux associations, aux juristes, aux militants du droit international, aux forces progressistes, de justice et de paix de se rencontrer, d’évaluer la situation et de décider d’initiatives ici et à l’échelle internationale en associant les forces de paix israéliennes qui ont manifesté à Tel-Aviv dimanche soir. C’est la seule voie pour changer le rapport des forces et faire respecter le droit international. Il convient d’obtenir des actes du gouvernement français et des institutions européennes. Il est urgent d’obtenir des moyens pour protéger le peuple palestinien, faire lever le blocus de Gaza, bloquer le processus de colonisation, la démolition de maisons et le déplacement de population à Jérusalem. Faire respecter le droit international ne pourra se faire qu’en appliquant des sanctions contre le pouvoir israélien. Une grande campagne de solidarité populaire, ouverte et multiforme doit s’engager à cet effet. Patrick Le Hyaric, directeur de l’Humanité, député au Parlement européen, le 03/04/18


PCF EN DISCUSSION AU COMITÉ DÉPARTEMENTAL

OLIVIER DARTIGOLLES EN GIRONDE

« Les transformations du parti »

Macron, entreprise de démolition

Le Conseil départemental de la fédération de Gironde a abordé 3 des questions posées aux communistes dans la perspective de leur congrès. Voici le compte-rendu des discussions qui ont eu lieu à propos des transformations à opérer au PCF. Trois premières idées ont fait l’objet d’échanges : - resituer les enjeux, accentuer la question démocratique en mettant le peuple au cœur, le parti étant un outil pour favoriser la prise conscience ; - mettre en cohérence les combats en articulant les différentes dimensions locale, nationale, mondiale et, ceci, sur la durée ; - réfléchir aux relations avec l’adhérent et les nombreux contacts. Ces aspects soulèvent une question importante sur les transformations du Parti : une nouvelle approche des relations avec la population est nécessaire. Il faut enclencher une réflexion

rapidement. Il faut travailler les collectes de données et réfléchir à plus d’action efficace : notamment avec l’outil informatique. Il s’est exprimé la nécessité aussi de faire vivre l’horizontalité comme avec les États Généraux : créer des lieux où se construisent des liens politiques, favoriser la mise en commun des propositions, faire de l’intelligence collective. Mais travailler le local est insuffisant. Il convient de faire vivre la parole nationale, de grandes batailles nationales : sur désarmement nucléaire, le féminisme, le progrès social tout, en étant en prise avec la réalité et en tenant compte de la place des associations. Idées fortes : cheminer avec les adhérents, la population, valoriser la création populaire, valoriser l’adhérent. Ce qui implique de faire partager les expériences, rendre lisible ce que les communistes sont.

Sur la notion d’appartenance à une classe, communiquer sur les 99 % est-il suffisant pour construire une conscience de classe ? Le « 99 % » pose plus la question du rassemblement. Sur la notion de « milieux populaires » : toutes les « classes » sont appauvries, il est de notre responsabilité de se tourner résolument vers le monde du travail (80 % de la société). 9 millions de gens vivent en dessous du seuil de pauvreté : quelle est leur représentation dans la société ? Comment on construit vers les entreprises, les quartiers populaires ? Sur la formation : il faut revoir la forme, mieux utiliser la vidéo. Pour les directions, il y a besoin de disponibilité, de créativité, d’intégrer la confrontation comme élément de la construction, d’améliorer l’apprentissage, l’approche des problèmes vers la décision pour une mise en œuvre collective Claude Mellier

CONSEIL NATIONAL DU PARTI COMMUNISTE

La proximité au service des luttes Déclaration adoptée par le Conseil national du Parti communiste français, réuni les 30 et 31 mars 2018. Extraits « Dans tout le pays se lève un vent de contestation contre la politique Macron. (…) Notre proximité est une force, nous la mettons au service des luttes. Les communistes appellent à faire du 19 avril une nouvelle grande journée de lutte et de mobilisation. SNCF : la bataille du rail ne fait que commencer !

Les communistes soutiennent et seront aux côtés des cheminot-e-s lors des journées de grève programmées. La bataille de l’opinion sera décisive. Près de 1 000 gares ont déjà fait l’objet d’au moins une distribution de tracts. Nous appelons toutes les organisations du Parti à programmer et à poursuivre les distributions de tracts, à organiser des débats autour des propositions qui ont été présentées par notre secrétaire national et les parlementaires communistes, à participer à toutes les initiatives publiques pour la SNCF. Concernant les collectes de solidarité, nous demandons aux organisations du Parti de se rapprocher systématiquement des responsables syndicaux cheminots de leur secteur pour voir concrètement les modalités à suivre. (…) Tour de France des hôpitaux et EHPAD

D’ici juin, les parlementaires communistes auront visité de très nombreux établissements. Le 21 avril, la commission Santé-Protection sociale propose une journée de travail pour élaborer un projet de financement de l’hôpital public. Le 5 juillet, une rencontre se tiendra à l’Assemblée nationale avec les actrices et les acteurs

de l’hôpital. (…) Énergie / Alstom

Le secteur Énergie se met en grève à partir du 3 avril. Dimanche 8 avril, nous lançons notre campagne contre la privatisation des barrages hydrauliques à Sautet, dans l’Isère et à Éguzon dans l’Indre, et le 28 avril, nous serons dans les Pyrénées. Un cahier d’acteur énergie est en préparation. La tournée des sites d’Alstom par les parlementaires communistes se poursuit. Les éboueurs / les Ford / les Carrefour / les Air France…

Dans tout le pays, les communistes rencontrent et soutiennent les salarié-e-s et leurs luttes pour défendre l’emploi, donc l’intérêt collectif. Éducation nationale

• Dans les universités, le mouvement s’amplifie. (…) Conseils aux victimes, solidarités concrètes, mobilisations, les organisations du Parti ne céderont rien face aux attaques de groupuscules d’extrême droite. Une pétition est en préparation pour la liberté d’expression, la liberté d’opinion face à l’interdiction de nombreux débats dans les facultés. • Face à la ségrégation dans les universités, nous appelons les organisations du Parti, en lien avec l’UEC et le MJCF, les Adecr, à agir pour la préparation des inscriptions post-bac avec des syndicalistes étudiant-e-s. Nous n’acceptons pas que des milliers de bachelier-e-s se retrouvent sans affectation, ou dans une filière qu’ils n’ont pas choisie. Culture

L’appel de Montreuil à la tenue de nouveaux États généraux de la culture

suscite une adhésion forte. Les communistes sont partie prenante des combats contre la casse du service public de la culture et la précarisation des artistes et acteurs culturels. Fonction publique

Personnels de maisons d’arrêt, fonctionnaires territoriaux, fonctionnaires de justice… Nous sommes de tous les rassemblements pour porter leurs revendications.

Olivier Dartigolles sera présent en Gironde pour présenter et dédicacer son livre. Vendredi 6 avril à 14h à l’Escale du Livre - Place Renaudel / quartier sainte Croix à Bordeaux pour une rencontre publique, suivi d’une séance de dédicaces. Mercredi 11 avril à Langon à 16h - séance de dédicaces à l’espace culturel Leclerc à 18h - salle Michel Montaigne aux Carmes pour une rencontre publique.

SECTION LA RÉOLE-MONSÉGUR

Assemblée générale Les communistes de la section La Réole-Monségur seront réunis en assemblée générale le samedi 21 avril à partir de 9h, salle des fêtes de Le Puy, en présence de Sébastien Laborde, secrétaire départemental du PCF.

LA POSTE PROGRAMME DES SUPPRESSIONS D’EMPLOI

Les facteurs engagent la lutte Le mardi 27 mars, la section de Bègles du PCF rencontrait des représentants des facteurs en grève. Les Nouvelles nous en ont déjà informé : la réorganisation imposée aux facteurs les révolte. Ils se mobilisent et 40 bureaux sur les 65 de Gironde sont touchés par la mobilisation qui s’inscrit dans la durée. Cette réorganisation doublerait le temps qu’ils passent dehors sur le vélo, aux intempéries, le triage et la préparation des sacoches étant traités séparément. Sur Bègles, 22 facteurs travaillent sur 18 tournées. La direction les en a informé, le 16 octobre 2018, il n’y aurait plus que 10 facteurs-distributeurs ! Les facteurs refusent cette régression. Et ils ne sont pas les seuls concernés. Les usagers ne seraient plus traités à égalité, ils seraient divisés en 3 classes : la classe A dont les gestionnaires pensent qu’ils n’ont pas besoin de leur courrier plus de 1 à 2 fois par semaine, ceux de la classe B, un peu mieux considérés, le recevraient 3 à 4 fois par semaine et enfin, les privilégiés, professions libérales en tête, formant la classe C, auraient, eux, droit à leur courrier 6 fois par semaine. Du coup et en solidarité, sur le marché de Bègles, plus de 200 usagers ont signés la pétition de soutien en 1 heure. La collecte de soutien, effectuée à Mériadeck a rapporté 1185 euros, celle à La Monnaie 280 euros. Après un échange cordial, section du PCF et facteurs ont envisagé les actions à mener séparément ou en commun. BP

Égalité femmes/hommes

Les mouvements qui se lèvent en France et dans le monde contre toutes les violences faites aux femmes sont au cœur de nos combats quotidiens pour l’émancipation. Notre engagement et nos propositions nourrissent ce mouvement pour débarrasser notre société de la domination sexiste. Logement social : un droit pour tous

Les actions se multiplient contre la loi Élan. Les maires communistes ont pris de nouveaux arrêtés anti expulsions.

3e journée de protestation et de signatures de pétitions devant le bureau de poste du quartier de Montesquieu pour exiger sa réouverture. Les habitants étaient toujours aussi nombreux le 20 mars 2018 à répondre à l’appel des communistes de Mérignac. Après le succès de cette initiative, ils envisagent de former une délégation pour remettre ces pétitions à la direction régionale de la Poste.

Libertés syndicales

Le Syndicat des avocats de France a recensé des centaines de syndicalistes menacés de licenciement pour faits syndicaux. Les communistes sont activement solidaires.

SOUSCRIPTION

Loi asile – Immigration

En collaboration avec des associations et des militants solidaires, le Parti communiste a travaillé à l’écriture d’un manifeste pour une France hospitalière et fraternelle. Il sera présenté le 19 avril à Paris et permettra d’ouvrir le débat public sur la loi asile-immigration. (…) Le 1er mai, bien sûr, nous serons aussi dans la rue (…). »

Tout versement par chèque ouvre droit à une réduction fiscale de 66% du montant versé. (chèque à l’ordre de ADF PCF 33). Les ressources financières du Parti communiste sont transparentes. Votre don, aussi modeste soitil, contribuera effica- cement à la démocratie, à l’expression et la prise d’initiative du Parti communiste. Cet ensemble sont les éléments majeurs pour continuer notre combat dans l’ambition d’une gauche forte et alternative. La fédération de la Gironde du PCF, lance une souscription afin de mener nos prochaines échéances politiques, notre objectif est de 70 000 euros.

ILS ONT DONNÉ 320 euros : M. CAZENAVE Pierre, Mérignac ; M. GAI Christian, Yvrac ; M. PROUDHOM Bernard, Parempuyre ; M. HILLAUD Pierrette, Bordeaux

Les Nouvelles 5 avril 2018 • 7


CULTURE & SOLIDARITÉ

CHRONIQUE NOUVELLES IDÉES REÇUES

LES AMIS DE L’ORMÉE

par Gérard Loustalet Sens

Cabaret « aux chants d’elles »

Vendredi 27 et samedi 28 avril à Bacalan. Quand on saura que l’idée avait germé juste après les spectacles de 2016, on ne pourra nous taxer d’opportunisme ! Il se trouve que le thème retenu, lumineux au possible, entre en résonance avec des préoccupations et des indignations bien actuelles : les atteintes de tous ordres portées depuis toujours à la dignité des femmes. Coïncidence ? Non, les fondamentaux des « Amis de L’Ormée » intègrent le féminisme en tant que porteur d’émancipation dans une solidarité affirmée des unEs et des autres. La remarque, judicieuse, des pupitres féminins avait alors interpelé tout le groupe : le programme présenté, centré sur les chants de labeur, ne concernait pratiquement que les hommes au travail. Décision avait été prise alors de consacrer un Cabaret aux luttes et droits des femmes où on chanterait celles-ci dans tous les registres de la vie sociale, professionnelle, person-

nelle, familiale… Dont acte ! La chorale est au travail depuis quelques mois et sera au top fin avril : une montée en puissance sous la conduite de Anila Abazi dont on a déjà apprécié la direction le 21 octobre à Bacalan dans les Chants de Résistance. Il y aura des noms célèbres et des mélodies connues : Angela en premier lieu symbole du combat contre la ségrégation aux USA, l’Hymne des femmes qui a servi de drapeau au mouvement féminin de Mai 68, Lily, magnifique chanson antiraciste de Pierre Perret. On y trouvera des chansons d’Anne Sylvestre, de Barbara… Les anonymes ne seront certainement pas oubliées ! À la suite, le groupe féminin Eguski lore, dirigé par Christine Latapie, nous proposera un voyage en terre basque autour de chants festifs, joyeux, tendres ou mélancoliques, sur les thèmes de l’amour, de la nature… Pour clore ce Cabaret, Colibri présentera son récital Ritournelles 2018.

Cette troisième partie sera interactive. Colibri chante… et actionne son fidèle orgue de barbarie. Dans une ambiance poético-comique, elle vous invitera à la soutenir en puisant dans son vaste répertoire de chansons traditionnelles et contemporaines. Selon une formule qui a fait ses preuves, le Cabaret 2018 fera la part belle à la convivialité et au partage : accueil avec un apéritif offert, avec en amuse-gueule les chants traditionnels des Balkans accompagnés au bouzouki par notre ami Niko Nisi. Entre les moments musicaux, restauration de plats salés et sucrés à petits prix. Organisé conjointement par les associations « Les Amis de L’Ormée » et « Vie et Travail », ce Cabaret « aux Chants d’Elles » est en somme un retour aux sources dans ce quartier populaire où la Chorale est intervenue à plusieurs reprises depuis sa fondation par Michelle Cerentola. Nous vous attendons nombreuses et nombreux. Jean-Jacques Crespo Renseignements pratiques : salle Pierre Tachou à Bacalan, Tram B arrêt Brandenburg, accueil à 19h30, spectacle à 20h. PAF : 12 €, gratuit pour les moins de 12 ans. RÉSERVATION OBLIGATOIRE au 05 56 12 09 27 ou lesamisdelormee@free.fr

TREMPLIN MUSICAL DU VENDREDI 6 AU DIMANCHE 8 AVRIL

RDV pour la 16 édition de l’Escale du livre e

Au programme : Plus de 130 auteurs et illustrateurs français et étrangers, des auteurs reconnus ou qui marqueront le paysage littéraire de demain, des débats, lectures, rencontres, expositions, ateliers, performances et spectacles, des créations inédites, des rendez-vous pour la jeunesse… et un village littéraire réunissant 10 librairies indépendantes, plus de 60 maisons d’édition et 200 éditeurs représentés. Horaire du salon du livre (accès libre et gratuit) : Vendredi 6 avril : 10h / 21h, samedi 7 avril : 10h / 20h, dimanche 8 avril : 10h / 19h, Place Renaudel, quartier SainteCroix. Tout le programme et la billetterie spectacles, ateliers, balade… sont à retrouver sur : escaledulivre.com Avec Espace Marx, dont vous pourrez trouver le stand en L47, Librairie Dom

Bedos (LDB) : - Jean-Claude Gillet, professeur émérite en sciences de l’éducation, et Jean-Marie Harribey participeront au grand débat, vendredi 17h à l’Agora, sur « Que reste-t-il de mai 68 ? ». - Une rencontre avec Olivier Dartigolles est programmée le vendredi 6 avril à 14h - Jean-François Meekel présentera la revue Ancrage - Au coin de la poésie et du roman : Jeanne Uteau, Julienne Salvat, Karfa Sira Diallo - Au coin politique et social : Guy Latry, Jean-Pierre Cosse, Olivier Dartigolles, Jean-Claude Gillet, Jean-Marie Harribey, Marie Estripeaut-Bourjac, Dominique Gay Sylvestre, Christophe Miqueu, Jean Casset, Pierre Sartor, Joël Guerin…

Les Nouvelles de Bordeaux et du Sud-Ouest S.A.S. au capital de 37 000 euros Associés (à parts égales) : L. Chollon, F. Mellier, S. Laborde, M. Lavallée Directeur de la publication : Frédéric Mellier Abonnement 1 an : 25 euros. Abonnement de soutien : 40 euros Rédaction, composition, impression : S.A.S. Les Nouvelles de Bordeaux et du Sud-Ouest 15, rue Furtado - 33800 BORDEAUX Tél. 05 56 91 45 06 - Fax 05 56 92 61 01 - Annonces légales : annonces@nbso.fr Comptabilité : compta@nbso.fr - Redaction/Proposition d’article : redaction@nbso.fr @nvlbx Les nouvelles de bordeaux nbso.fr Commission paritaire de presse : 0123 C 85932

8 • Les Nouvelles 5 avril 2018

Médoc en scène Listrac Médoc, avec le soutien de Music’Action en Médoc, Salut à Vous, Vivre à Listrac et en partenariat avec de nombreux acteurs culturels du territoire présente : Médoc en Scène, le tremplin musical au cœur du médoc. 4 groupes sont sélectionnés pour jouer samedi 14 avril, salle socio-culturelle de Listrac Médoc, avant le concert des Pères Siffleurs, 1re place de l’édition 2017 : - Waagal (world music) - Jeko (chanson) - Tisane et Charentaises (chanson décalée) - Le Roi Rogomme (ska punk) Ces artistes se présenteront en public, au yeux et aux oreilles d’un jury issu de nombreux acteurs culturels médocains. (Semaine de l’Art, Music Action en Médoc, Rock School Médoc, Salut à vous, Le Porge pouce le Son, Carcans scène, Fête de l’Huma en Gironde, Fest’O’Tone, Les Pères siffleurs…). Tous les groupes sont susceptibles de décrocher des concerts selon les coups de coeur des membres du Jury et pourquoi pas, jouer sur une ou plusieurs scènes prestigieuses. Finale Médoc en Scène, samedi 14 Avril, salle Socio culturelle, chemin du stade, Listrac Médoc. Ouverture : 19h30. Concerts : 20h. Entrée Libre. Bar : Comité des fêtes & A.J.L. Restauration : food truck « Envie 2 crêpes ? ».

Populisme et classe ouvrière Au fondement du populisme de gauche, il y a la détermination de relativiser l’importance du rôle de la classe ouvrière dans les processus sociaux et donc de réfuter la théorie qui a le mieux donné ce rôle à voir : le marxisme. La tâche est compliquée. Ernesto Laclau (décédé en 2014) et Chantal Mouffe qui assume l’héritage ne manquent pas de ressources théoriques pour s’y atteler. Eclectiques et surabondantes, les références et citations, surtout chez Laclau, alourdissent et obscurcissent le propos, leur utilité laisse souvent perplexe mais l’effet d’intimidation est garanti. Nos deux théoriciens se donnent ainsi beaucoup de mal pour récuser ce qu’ils appellent la « centralité ontologique de la classe ouvrière », le « rôle de la Révolution avec une majuscule », le « projet illusoire d’une volonté collective unitaire et homogène » (Hégémonie et stratégie socialiste (2001), Les Solitaires intempestifs, 2009, p.38). Il faudrait donc renoncer à la « position privilégiée de classe universelle » (idem, p.41) attribuée par le marxisme à la classe ouvrière. D’une façon générale, pour le populisme de gauche, « l’identité de classe s’efface derrière une rhétorique consensuelle (les gens, le peuple, les citoyens, les Français) » (Julian Mishi, La Pensée, 392, oct-décembre 2017). De toute manière, selon Laclau et Mouffe, le « concept d’intérêts objectifs (de la classe ouvrière) n’a pas le moindre fondement théorique » (Hégémonie…,p.166) et, Chantal Mouffe confirme, « le social se construit toujours à travers le politique » (Construire un peuple, p.80). C’est inverser le reproche adressé au marxisme. En fait, toutes ces catégories sont bien l’enjeu de luttes théoriques et pratiques pour imposer ou non la légitimité de leur définition, comme quand les perroquets des médias accusent la CGT, par exemple, de « faire de la politique ». Peut-on néanmoins sérieusement affirmer que les conditions concrètes d’existence et la position dans les rapports sociaux n’ont rien à voir avec les prises de position politiques ? Comment expliquer alors que les riches -qui connaissent, eux, parfaitement leurs intérêts de classe- votent massivement à droite ? Pour Laclau et Mouffe, il n’y a pas de réalité préexistante au discours qui la constitue. On se demande alors sur quoi se sont fondés les combats de la longue histoire du mouvement ouvrier. Le peuple n’est pas qu’une « construction discursive ». Il est rassemblé par les travailleurs eux-mêmes (« tous les hommes sont philosophes », dit Gramsci) sur la base du caractère social de l’exploitation salariée qui pousse à remettre en cause le système. Le marxisme en a fait la théorie et pour Gramsci -dont se réclament Laclau et Mouffe- lui-même la bataille contre l’hégémonie de la bourgeoisie ne se joue pas dans le discours mais dans les pratiques sociales. Il n’est pas certain que « l’objet petit a » et le « point de capiton » lacaniens, le « signifiant vide » et le « signifiant flottant » brévetés Laclau soient ici d’une aide théorique prodigieuse. Comme dit Gérard Mauger, « sans doute faut-il beaucoup d’obscurité pour pouvoir enfoncer des portes ouvertes avec tant de gravité » (« Quel populisme ? », La Pensée, 392, oct-décembre 2017). Révélation rassurante pour les exploités : la force de travail conçue comme une marchandise est « une fiction » (Hégémonie…, p.158) et « les positions de classe ne sauraient être le lieu nécessaire des intérêts historiques » (idem, p.171) ! Laclau et Mouffe croient découvrir « les difficultés que rencontre la classe ouvrière dans la constitution d’elle-même comme objet historique » (idem, p.195). A croire qu’ils ont oublié la célèbre formule de Marx et Engels selon laquelle « les idées dominantes d’une époque n’ont jamais été que les idées de la classe dominante ». On peut d’ailleurs s’interroger sur la lecture qu’ils font de Marx et s’étonner du grossier contresens de Laclau pour qui le marxisme assignerait à la raison le rôle que la religion attribue à Dieu ! (La guerre des identités, La Découverte, 2000, p.63). Qui ne sait que pour le marxisme la raison est un moyen alors que pour la religion Dieu est une fin, ça n’a rien à voir ! Un antimarxisme échevelé conduit ainsi à minimiser la portée des luttes ouvrières, à célébrer les capacités d’adaptation -réelles - du capitalisme, à louer un « Etat-Providence » (expression libérale adoptée sans la moindre réticence) où la bienveillance du capitalisme keynésien aurait permis sans combat d’octroyer des droits sociaux. Tout cela pour exhorter à l’effacement de la classe ouvrière dans un « peuple » non conscient de lui-même mais qu’un leader éclairé saurait instruire et guider. Et ce n’est pas tout…


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