Jeudi 31 mai 2018 - N° 2257 - Hebdomadaire - 15, rue Furtado - 33800 BORDEAUX - Prix : 0,80 euro
2 000 CHEMINOTS EN MANIF À BORDEAUX POUR DÉFENDRE LE TRAIN EN RÉGION P.4-5
VISITE EN GIRONDE Le sénateur Fabien Gay aux côtés des salariés des pages jaunes P.2
MARÉE POPULAIRE
BORDEAUX
Une première salve
Saint-Michel fête la solidarité
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P.8
ACTUALITÉ MÉRIGNAC
FABIEN GAY EN GIRONDE
Un mémorial sur l’abolition de l’esclavage
Le sénateur communiste aux côtés des salariés Les salariés des pages jaunes face à la logique financière
Monsieur Alain Anziani, maire de Mérignac, a inauguré le 23 mai dernier un mémorial au sein du parc le Bourran pour commémorer le 170e anniversaire de la signature du décret portant sur l’abolition de l’esclavage, en présence de nombreuses personnalités et représentants d’associations. Les élus communistes et les membres de la section du PCF de Mérignac étaient représentés. L’abolition de la traite négrière de l’esclavage, mais aussi la souffrance des esclaves, cet asservissement hideux est reconnu désormais crime contre l’humanité. La France porte la responsabilité de la déportation de 1,2 millions de personnes arrachées à l’Afrique. L’agglomération bordelaise y a largement contribué, son histoire est marquée par le commerce triangulaire et la traite. C’est tout à l’honneur de la municipalité de Mérignac de sceller cet évènement par une plaque commémorative au sein d’un parc qui portera le nom de Victor Schœlcher, initiateur de l’abolition de l’esclavage. Paguy SAMEDI 2 JUIN À BORDEAUX
Marche des Fiertés L’UD CGT appelle à participer à la manifestation pour la Marche des Fiertés : samedi 2 juin 2018, rassemblement 14h, place de la République à Bordeaux. Fin de manifestation : place de la Victoire « (…) En 2017 et pour la deuxième année consécutive, les témoignages d’actes LGBTphobes augmentent. La hausse de 4,8 % fait suite à celle de 19,5 % en 2016. Ces chiffres sont d’autant plus préoccupants qu’ils s’accompagnent d’une hausse importante de 15 % des agressions physiques. La visibilité donnée aux personnes LGBT par les débats engagés dans la société, faisant suite à la loi ouvrant le mariage aux personnes de même sexe, peut expliquer partiellement la plus grande liberté d’expression des victimes. Pour autant, il reste d’énormes progrès à faire pour les libertés et contre toutes les formes de discrimination. La CGT ne cèdera rien dans la lutte pour le respect de la personne humaine, de son intimité et de sa dignité. Elle s’inscrira pleinement dans le débat autour des états généraux de la bioéthique. Il y a 20 ans, La CGT participait à la marche des fiertés pour la première fois. Elle appelait ses organisations à faire de même partout en France. Elle invite aujourd’hui tous les salariés à rejoindre les cortèges des marches françaises (…). »
Le sénateur communiste, Fabien Gay, était en Gironde vendredi 25 mai pour une visite du centre de rétention administrative, à 15 jours de l’examen de la loi Asile et immigration par le Sénat. Il s’est ensuite rendu à Eysines pour apporter son soutien aux salariés des Pages jaunes dont les emplois sont menacés, avant une rencontre avec les militants communistes au siège départemental. Après la visite du CRA (Centre de rétention administrative) de Mesnil, le plus grand de France, le sénateur communiste a décidé de visiter le plus petit, à Bordeaux. « C’est important pour moi d’aller sur le terrain », explique d’entrée Fabien Gay au directeur zonal adjoint de la PAF et au policier qui l’accueillent. Ce centre compte 20 places pour des hommes seuls mais seuls 8 personnes y étaient retenus lors de la visite, une aile étant en travaux. À défaut de rencontrer ces migrants sous le coup d’une obligation de quitter le territoire, d’une interdiction judiciaire ou du règlement européen Dublin III, le sénateur s’intéresse aux conditions de travail des fonctionnaires et ceux-ci apprécient. Plusieurs
fois, il répète que les conditions de rétention des uns font les conditions de travail des autres. D’ailleurs, il notera que les locaux restent exigus, en sous-sol du commissariat, la cour de 40 m2 ne compensant sans doute pas le manque de luminosité dans les locaux. Fabien Gay parle d’humain, de souffrance, de la situation et du parcours souvent difficile de ces retenus. « Les fonctionnaires sont là pour appliquer la règle, ça n’empêche pas l’écoute », lui répond-on. Il passera un moment avec l’infirmier présent qui parle des difficultés qu’engendre le fait qu’il n’y ait pas de médecin en permanence, des différences culturelles qui amènent parfois de la violence, du mal-être, des addictions mais c’est surtout de ses conditions de travail à l’hôpital dont il a envie de parler au Sénateur. « Depuis 4 ans et demi, je suis à 1 500 euros par mois alors que je fais des nuits, des week-ends. J’attends ma stagiairisation mais pour 120 postes nous sommes 4 à 500 à la demander. J’aime mon métier mais si je ne l’ai pas cette année, je m’installerai en libéral ». Une situation que Fabien Gay connaît bien, comme il l’explique, avec le tour de France des hôpitaux des parlementaires communistes.
CGT
Après avoir noté que « le ministre affirme qu’il n’y a plus de dublinés mais que dans chaque CRA visité il y en a, ici 3 sur 8 retenus, c’est beaucoup », Fabien Gay a filé retrouver les salariés des Pages Jaunes à Eysines. Ceux-ci doivent faire face, au niveau national, à plan social de 1 000 suppressions d’emplois pour 3 000 salariés. Cette entreprise qui est numéro un national dans les sites internet pour les PME/ TPE et dont l’activité est tourné à 85 % vers le numérique, a été reprise par un groupe financier afin de faire une opération financière à court terme (LBO). C’est en fait un véritable dépeçage qui est en train de s’opérer dans cette entreprise. Le sénateur communiste connaît très bien cette entreprise, pour avoir visité plusieurs sites et accompagné l’intersyndicale auprès du délégué interministériel. Il a été accueilli chaleureusement par soixante salariés du site. Reconnu comme un interlocuteur crédible, un échange nourrit a eu lieu sur la capacité du politique à peser sur de tels choix, sur la force de la lutte pour mettre en échec les décisions de la direction. Il a été convenu, lors de cette réunion qu’il continuerait à les soutenir, et qu’il fallait aider à populariser leur situation. Nicolas Ong, élu communiste de Eysines, a pour sa part prit l’engagement d’intervenir dans le cadre du conseil municipal, une démarche semblable étant effectuée auprès de Bordeaux-Métropole lors du conseil du 15 juin. La réunion s’est achevée sur l’idée de continuer à travailler ensemble dans les semaines à venir. Pour le sénateur, la journée s’est terminée en toute fraternité dans un échange avec les militants communistes sur son travail parlementaire et ses rencontres de la journée.
La Haute Gironde dépouillée de services publics « La Direction Générale des Finances Publiques est au cœur de l’appareil d’État de par ses missions fiscales, comptables et financières. L’affaiblir, c’est entraver toute la bonne marche du service public », déclare la CGT. Le plan de réorganisation des services girondins pour 2019 prévoit la fermeture de la trésorerie de Saint-Savin par fusion avec le poste de Saint-André-de-Cubzac, la fermeture de la trésorerie d ‘Étauliers par fusion avec le poste de Blaye, le transfert du Service impôt des entreprises (SIE) de Blaye au SIE de Libourne, le transfert de la gestion de l’hôpital de Blaye de la trésorerie de Blaye vers celle de Libourne. Concrètement quels impacts pour les usagers ? « Les files d’attente au Service impôt des particuliers à Blaye vont s’allonger. Le prélèvement à la source ne dispensera personne de déposer une déclaration d’impôt… Si la file d’attente est trop longue au SIP de Blaye, la poste vous proposera de vous aider à la remplir pour la modique somme de 50€ là où des agents des finances vous le proposaient gratuitement. Les entrepreneurs et autres usagers assujettis à la TVA (exploitants agricoles/viticoles par exemple) devront se rendre à Libourne. Les usagers de l’hôpital arrivés sans leur carte vitale ou qui n’ont pas les moyens de se payer une mutuelle iront payer leur facture d’hôpital à Libourne. Sinon nous pourront appeler des plateformes téléphones mais elles sont payantes ! » « Le service public est la garantie de l’équité et de l’égalité entre les habitants de ce territoire », rappelle le syndicat. Une pétition est à signer en ligne : www.change.org/p/secretariatcgt-gironde-org-non-aux-fermetures-des-services-des-finances-enhaute-gironde? 2 • Les Nouvelles 31 mai 2018
CD et FN BORDEAUX
Les Bacalanais veulent un gymnase La ministre des sports Laura Flessel a inauguré jeudi 24 mai le nouveau gymnase Aubiers-Ginko à Bordeaux, l’occasion pour les associations sportives de Bacalan de réclamer un équipement sportif similaire pour leur quartier. Envisagé depuis des années sur un terrain en risque inondation, le projet est toujours dans les limbes. « Citez moi une ville de 9 000 habitants qui n’a pas de gymnase », lance Vincent Maurin, président de l’association sportive Charles-Martin. C’est pourtant le cas à Bacalan, où le basket, le hand et le volley se pratiquent sur les terrains en plein air, en béton, et en piteux état du stade Charles-Martin.
Alors que la ministre des sports Laura Flessel inaugurait ce jeudi (24 mai) le gymnase Aubiers-Ginko les clubs du quartier ont alerté la presse sur ce véritable serpent de mer : si la création d’un tel équipement est sur le tapis depuis plus de 10 ans, elle n’aboutit pas car l’emplacement choisi, une emprise du stade bacalanais, est en zone inondable. « Il ne s’agit pas d’opposer les gymnases de Ginko et des Bassins à flot (prévu lui pour 2020, NDLR) qui sont structurants pour ces nouveaux quartiers et ont toute leur légitimité, poursuit Vincent Maurin. Mais le gymnase de Bacalan relève complètement de l’obligation d’un maire de trouver des équipements propres à la pratique
sportive des scolaires – 3 écoles dans le quartier, un collège et un lycée – et des clubs, de surcroit dans un quartier politique de la ville. » Jointe par Rue89 Bordeaux, Arielle Piazza, adjointe au maire chargée des sports, assure regretter le blocage actuel : « Malheureusement, le site est sous le coup d’une inconstructibilité décidée par l’État. Je pense toutefois que les contraintes du PPRI (plan de prévention du risque inondation) seront levées quand la métropole aura construit les digues sur la Garonne et conforté les berges. Le dossier est dans les mains de la préfecture, que l’on relance tous les 6 mois. » Avec Rue89Bordeaux, 25/05/2018
ACTUALITÉ
Editorial
MARÉE POPULAIRE
D’une manifestation commune à un commun des mobilisations
Quelque 280 000 manifestants ont pris part à la Marée populaire partout en France, samedi. Cette convergence a permis de faire le plein de militantisme et d’unités. Une première salve pour mener les nombreux combats sociaux. Pancarte « Non à la sélection dans les universités » au-dessus d’elle, Susie s’extrait quelques instants de la marche parisienne de la Marée populaire, organisée, samedi, à l’appel de soixante organisations syndicales, associatives et politiques. Regardant passer quelques-uns des 80 0 0 0 ma nife sta nt s (21 000 selon la préfecture de police de Paris et 31 000 selon le comptage Occurrence pour un collectif de médias), l’étudiante mobilisée contre Parcoursup sourit : « J’aime bien ce côté fourre-tout des revendications. Se retrouver avec des cheminots, des gens de la santé, des militants associatifs, des retraités… c’est joyeux. Souvent, c’est chacun pour sa pomme. Là, on voit qu’on n’est pas seul, qu’il y a un esprit de solidarité, l’envie de vivre, mais à notre façon. » Facteur dans les Hauts-de-Seine, Patrice Walle (SUD) confirme : « On se donne un coup de main et chacun peu ainsi tenir », explique-t-il en pleine collecte pour ses 150 collègues privés de salaire après un mois de grève. « Cette manifestation, c’est une colère générale »
Si le premier ministre Édouard Philippe a estimé, dans les colonnes du Journal du dimanche, n’avoir enregistré qu’un « petit coefficient de marée » au passage des 280 000 manifestants répartis dans 190 rassemblements dans toute la France contre la politique de son gouvernement, selon leurs organisateurs, ces marcheurs d’un autre type ont été heureux de se compter. Aucun n’attendait le grand soir après cette seule journée. Mais cette convergence revendicative est de ces rendez-vous capables de poser
les fondations d’un mouvement plus large de contestation du pouvoir en place. « Le point commun de tous ces gens qui manifestent, c’est Macron ! assène Karl, cheminot lorrain venu à Paris faire le plein d’énergie militante. Il nous fait passer pour des privilégiés. Mais mon salaire d’aiguilleur, c’est
Pour faire tomber la pièce du bon côté
sûre de ne pas être réquisitionnée et de pouvoir prendre part à la Marée : « Ça ne changera pas grand-chose mais ça donne du courage », dit-elle. Très vite, elle raconte son quotidien. Des patients de plus en plus jeunes souffrant souvent de pathologies liées au travail, des burn-out notamment. « C’est un problème de santé publique, alors que le service public s’étiole et qu’il devient de plus en plus dur d’y travailler. » Pour les manifestants de samedi, l’enjeu n’est pas d’agglomérer des combats sectoriels, mais de défendre des politiques de justice sociale. « On a tous besoin les uns des autres »
1 700 euros, primes comprises, pour travailler de jour, de nuit, le week-end. Partout, les gens nous disent qu’ils nous soutiennent. Que, s’ils pouvaient, ils feraient pareil. Mais on ne les entend pas. Les médias ne font parler que les deux ou trois qui se plaignent d’être bloqués. Moi, je peux vous dire que tout le monde en a marre de Macron. Ce qu’on vit à la SNCF, où il faut faire toujours plus avec toujours moins, on le retrouve dans les hôpitaux, dans les boîtes privées. Cette manifestation, c’est une colère générale. » Le ras-le-bol général, c’est ce qui a aussi fait descendre dans la rue Charlotte et Loreleï, deux très jeunes infirmières en réanimation médicale : « On a l’impression d’être les grands oubliés de la télé, d’être invisibles. » À leurs côtés, en chasuble bleue, Claire, infirmière en psychiatrie, a travaillé toute la semaine pour être
Reste à savoir quelles suites donner à cette journée de mise en commun des mobilisations. Cette mobilisation générale devrait se poursuivre, au niveau local comme national, rappelaient samedi Christophe Prud’homme, Loïc Pen et Frédéric Boulanger, trois médecins et militants CGT : « À la rentrée, tout le monde doit se retrouver, médecins, soignants, élus, associations, alors que le budget de la Sécurité sociale pour 2019 sera en discussion. Et c’est pareil pour l’éducation, les minima sociaux… Il va falloir construire des rapports de forces avec les citoyens. » « La lutte s’annonce longue, confirme Pierre Khalfa (Fondation Copernic et Attac). Il n’y aura pas de victoire en rase campagne par une simple journée de mobilisation. Nous sommes dans une lutte prolongée, dans une guerre de position. » Avec l’Humanité du 28 mai
À Bordeaux, la préfecture a annulé la manifestation pour cause d’orages violents et d’inondation. Malgré le déluge, plusieurs centaines de militants syndicaux, communistes, insoumis, écologistes, féministes, associatifs, solidaires des migrants, etc., étaient au rendez-vous sur la place Pey-Berland.
Il est des périodes où la pièce est sur la tranche et personne ne sait de quel côté elle va tomber. C’est une de ces périodes que nous vivons. Sous des attitudes policées, de gendres idéals, les attaques du pouvoir Macron/Philippe sont d’une violence inouïe pour la population française. C’est d’abord et avant tout une mise en pièce totale des services publics, pour répondre d’une part à l’austérité budgétaire et d’autre part pour offrir de nouveaux champs d’intervention aux marchés. Leur volonté à peine cachée est, sous des signes de modernité, de finir le travail déjà entamé par Sarkozy et Hollande, de détricotage des solidarités dans notre pays. Il s’agit pour le capital de reprendre tout ce qu’il a été obligé de concéder aux luttes et au mouvement politique. La crise approfondit du capitalisme, sous sa forme financière, a lancé une course effrénée à la recherche de nouveaux profits, qui ne peut supporter aucune concession, aucune entrave. C’est là le vrai visage du pouvoir Macron. Cette modernité n’est pas autre chose que la mise à bas de tous les acquis sociaux, de toutes les solidarités nationales. C’est à cela que sont confronté les cheminots, les hospitaliers, les postiers, les professeurs des écoles et tous les agents du service public. Austérité pour les uns, privatisation pour les autres. In fine les populations voient les réponses à leurs besoins marchandisées, happées par la logique de rentabilité. C’est une lutte des classes féroce qui est engagée, une offensive sans précédent. Seul le rapport des forces peut y répondre. C’est la bataille qu’ont engagée les cheminots, avec une forme de lutte originale, une unité totale de leurs organisations syndicales, une capacité à construire des réponses alternatives porteuses d’avenir pour le service public ferroviaire. La manifestation de deux mille cheminots dans les rues de Bordeaux le 24 mai a été l’occasion d’une véritable démonstration de force, qui a obligé le président Rousset, volontaire sur la mise en concurrence des TER, à faire machine arrière. De même le début de reprise de la dette, même s’il y a un bout de manœuvre, doit être apprécié comme une première avancée de la lutte. Mais cette lutte des cheminots n’est pas l’affaire d’une entreprise, d’une corporation, elle est l’affaire de tous. Les enjeux sociaux, environnementaux font du train une pièce maitresse du devenir de notre pays. Cela appelle à une mobilisation de tous qui ne peut se limiter à la seule solidarité. La question qui est devant nous est celle de construire le rassemblement le plus large, sur de contenu novateur, afin de construire un service public ferroviaire du XXIe siècle. En créant les conditions de ce rassemblement, nous serons en capacité de faire tomber la pièce du bon côté.
Frédéric Mellier membre de l’exécutif du PCF 33
Les Nouvelles 31 mai 2018 • 3
EN LUTTE PO DÉFENSE DU SERVICE PUBLIC FERROVIAIRE EN RÉGION
NOUVELLE-AQUITAINE
L’engagement commun des organisations de gauche
2 000 cheminot-e-s dans les rues de Bordeaux pour défendre le train régional
Déclaration des organisations de gauche Générations’s, Ensemble !, Parti communiste français, France Insoumise-Loïc Prud’hommedéputé. « Depuis le début du mois d’avril, les cheminots sont mobilisés de manière unitaire contre les ordonnances du Gouvernement, qui a décidé de réduire en pièces le service public ferroviaire. Disparition du statut des cheminots, mise en concurrence des TER, transformation du statut juridique de la SNCF, fermeture des lignes non rentables, c’est une réforme purement libérale que met en place le gouvernement. Elle ne répond en rien aux urgences ferroviaires que connaît notre pays. Chute du fret ferroviaire après la mise en concurrence, dégradation du service tant sur les TER que sur les TGV, fermetures de gares qui détruisent le lien humain avec les populations. À l’heure de la COP 21, l’enjeu d’un système ferroviaire efficace est primordial pour répondre aux besoins sociaux et environnementaux. Pour limiter le nombre de camions et de voitures sur les routes, le train est un atout essentiel, à condition d’y consacrer les moyens nécessaires. Les réformes libérales, que ce soit en France avec le fret, en Allemagne ou en Angleterre, ont fait la preuve de leur échec, même si certains tentent de les voiler : dégradation du service, accidents à répétition, flambée des prix des billets, fermetures de lignes… Les organisations syndicales cheminotes portent une autre logique. Rassemblées autour des 8 points de leur plateforme revendicative, elles s’inscrivent dans une logique de service public pour répondre aux besoins de déplacement des populations dans le respect de notre environnement. Nous soutenons ces
revendications. Suite à plusieurs rencontres, elles nous ont fait part de la volonté de la Région Nouvelle-Aquitaine, dans le cadre du renouvellement de la convention TER, d’ouvrir plusieurs lots à la concurrence. En faisant cela, elle devance l’appel du gouvernement Macron, comme l’a fait Christian Estrosi. Aucun argument factuel ne permet de montrer que cette ouverture à la concurrence permettrait d’améliorer les conditions de transport des Néo-Aquitains. Au contraire, nous pourrions assister à une vraie dégradation du service, notamment avec des menaces de fermetures partielles ou totales de lignes comme celle du Verdon, de Périgueux-Agen, Limoges-Angoulême, Niort-Saintes, Pau-Bedous, Bayonne-Saint Jean de Pied de Port. De même, sur un territoire aussi vaste que la NouvelleAquitaine, comment assurer une continuité de service pour les usagers qui pourraient se voir confronter à plusieurs opérateurs sur un même parcours ? Les lignes rentables seraient alors, elles aussi, livrées au privé. Nous refusons cette logique. Nous demandons à Alain Rousset et à sa majorité, de retirer cet allotissement. Il serait plus inspiré de prendre exemple sur la région Occitanie qui a décidé de renouveler sa convention avec la SNCF. Nous demandons au contraire que la SNCF, l’État, la Région se mettent autour de la table pour une convention ambitieuse qui permette un véritable renouveau de notre réseau, en y accordant les moyens financiers nécessaires. Nous sommes convaincus que l’heure n’est pas aux économies destructrices mais à des dépenses utiles pour les populations et l’environnement. Seul un service public peut répondre à ces ambitions. »
Le 24 mai à Bordeaux, les secrétaires régionaux des syndicats de cheminots, David Villegas pour la CGT, Patrick Labrue pour l’UNSA, Laetita Fourgeaud et Fabrice Moretti pour la CFDT et Jean-Luc Romary pour Sud Rail rencontraient les organisations politiques qui les soutiennent : Stéphane Delpeyrat pour Génération.s, Bernard Couturier pour Génération.s, Frédéric Mellier pour le PCF et Tiphaine Maurin pour la France Insoumise.
4 • Les Nouvelles 31 mai 2018
La lutte a payé mais la bataille n’est pas finie
Dans un conflit où tout semble se décider au niveau national, quel est l’impact de la réforme du ferroviaire voulue par le gouvernement en région ? Que vont devenir nos TER, trains du quotidien ? C’est la réponse qu’ont voulu aller chercher les cheminot-e-s de la région le 24 mai dernier, avec le soutien des organisations politiques de gauche. Alors que, venus des quatre coins de la région, les cheminot-e-s se rassemblaient en gare de Bordeaux, en ce deuxième jour du « 11e round » de la grève des cheminot-e-s, les secrétaires régionaux de l’intersyndicale étaient réunis dans les locaux de la CGT avec les responsables locaux ou représentant-e de Générations.s, Ensemble !, du Parti communiste et de la France Insoumise. C’est la volonté affichée d’Alain Rousset, président de la région Nouvelle Aquitaine, dans le cadre du renouvellement de la convention TER, d’ouvrir 2 lots de lignes (sur 5) à la concurrence qui a mis tout le monde sur le pont. « Nous avons des propositions concrètes pour améliorer le service aux usagers et l’aménagement du territoire de notre belle région, a expliqué David Villegas, secrétaire régional de la CGT Cheminots. Mais à chaque fois, monsieur Rousset n’écoute que le chant des sirènes de la direction SNCF. Nous ne pouvons pas sacrifier des lignes et donc abandonner des pans entiers du territoire simplement au nom du libéralisme ». C’est pour contrecarrer
cette anticipation de la Région sur la politique gouvernementale, comme l’a fait Christian Estrosi dans sa région, que les cheminot-e-s ont décidé de rencontrer Alain Rousset mais aussi d’interpeler l’ensemble des élus, en particulier ceux de la majorité. « Si l’on peut en effet constater un manque d’investissement et de développement du ferroviaire dans la région, poursuit David Villegas, ce n’est pas la séparation en 5 lots qui va améliorer la situation. Au contraire, il est nécessaire qu’il n’y ait qu’un opérateur pour organiser le tout ». « Pour les collectivités territoriales, on fait de la mutualisation pour faire des économies mais chez nous, on fait du mille feuille », renchérit Fabrice Moretti, secrétaire régional de la CFDT. Tiphaine Maurin, de la France Insoumise, rappelle que rien n’oblige à l’ouverture à la concurrence et que l’Occitanie n’a pas fait ce choix. Stéphane Delpeyrat s’est engagé pour Génération.s à ne voter à la Région « aucun élément allant dans le sens de l’ouverture à la concurrence ». Il a rappelé les investissements considérables de la Région pour le train au détriment de la route et s’est dit favorable à une taxe sur le trafic routier pour financer le rail et ainsi être moins dépendant du financement de l’État. Frédéric Mellier, pour le PCF, a réaffirmé la nécessité d’une coordination des modes de transport, « parce qu’on ne peut pas découper la vie des gens en tranches », « il y a des efforts à faire pour rendre cohérent les politiques de l’État, de la Région, des collectivités. »
L’intersyndicale régionale a ensuite emmené un cortège de cheminot-e-s déterminé-e-s vers le Conseil régional où une délégation a rencontré Alain Rousset, tandis qu’un barbecue s’organisait devant l’institution dans une ambiance « bon enfant ». À l’issue de la rencontre, la délégation a informé que le président de région avait annoncé la reconduction pour 6 ans de la convention TER avec la SNCF. « Avec le rapport de force et les 2000 cheminot-e-s dans la rue, Alain Rousset a signifié qu’il prendrait la même décision que celle de l’Occitanie plutôt que de faire comme Christian Estrosi, c’est une bonne nouvelle », commente David Plagès, militant communiste et membre de la direction de la CGT Bordeaux gare. « Mais ça ne suffit pas, nous allons continuer, avec les organisations politiques et un appel à des personnalités pour contrecarrer définitivement l’allotissement ». Le militant explique que le TER était indivisible et que d’en faire 5 lots de lignes n’est pas pertinent pour les usagers, comme on peut le voir avec les difficultés de cohérence entre le TGV et le TER. Si en plus il y avait ouverture à la concurrence, quelqu’un qui traverse la région pourrait avoir affaire à plusieurs opérateurs. « Le président voulait anticiper l’ouverture à la concurrence des TER, il rentre dans les clous en repoussant l’ouverture à la concurrence à 2023, c’est grâce à la lutte des cheminot-e-s et aux organisations politiques qui nous soutiennent et que nous remercions. On a su profiter du mouvement national pour défendre le rail dans la région. Mais le problème des petites lignes reste entier. Si l’État annonce une reprise partielle de la dette, dans la région, seul 45 % des investissements ont été débloqués pour la période 2015-2020 alors que nous sommes déjà en 2018. Et puis on s’inquiète de voir arriver les mauvaises nouvelles quand la Loi d’orientation des transports intérieurs (Loti) va remplacer la Loi sur la mobilité intérieure (Lomi). Aux assises de la mobilité, en raison du manque de financement, c’est le co-voiturage avec appli smartphone qui apparaissait comme le mode de transport à encourager principalement ». David Plagès espère qu’ un appel de personnalités en plus du texte des organisations politiques (lire ci-contre) incitera Alain Rousset à prendre des engagements fermes pour le service public et les lignes régionales. « Les cheminots s’en souviendront s’il prend les mauvaises décisions ». Les cheminot-e-s ont déjà gagné
Sur le plan national, si la reprise de la dette, quoique partielle et tardive, est aussi une bonne nouvelle à mettre sur
OUR LE RAIL le compte de la lutte, rien n’a avancé sur l’ouverture à la concurrence et sur les conditions sociales pour les cheminot-e-s en cas de transfert. Rien non plus pour remédier à la situation catastrophique du fret ferroviaire. « La CGT appelle donc à continuer et l’ intersyndicale tient bon. Nous allons laisser se dérouler le processus parlementaire et nous nous tournerons vers les cheminot-e-s pour savoir si on continue. Mais les cheminot-e-s ont déjà gagné car contrairement à ce que voulait Macron, avec les ordonnances, leur lutte a permis que la démocratie s’ installe avec un débat public sur l’avenir du service public ferroviaire ».
Une solidarité urgente
Un débat nécessaire que les cheminot-e-s grévistes paient cher. Avec 24 jours de grève auquel s’ajoute les jours de repos que la direction de la SNCF a décidé de déduire (14 jours en mai) sans attendre la décision de justice, ce sont en moyenne 2000 euros que va perdre chaque gréviste. Même si les sommes collectées qui ont été annoncées paraissent pharamineuses, rapportées aux nombres de grévistes, on est loin du compte. « Les syndicats vont faire marcher la solidarité pour les situations les plus dif-
ficiles, explique David Plagès, comme les couples de grévistes par exemple qui se retrouvent dans de grosses difficultés mais nous avons toujours besoin de soutiens financiers. D’ailleurs le syndicat a été sensible aux différentes initiatives du PCF pour, non seulement, rendre les conséquences financières de la grève moins difficiles pour les cheminots par la vente du badge qui a été un vrai succès, mais aussi pour travailler à un contenu politique alternatif à cette réforme et le défendre. » Christelle Danglot
SYNDICAT MIXTE
Des transports à l’échelle du département… qui restent à financer ! Le Conseil de métropole du 27 avril a adopté les statuts du futur syndicat mixte des transports à l’échelle de la grande région. Comme le souhaitaient les élus-es girondins, une structure spécifique aura à gérer les transports à l’échelle du département. Si cette création est une bonne nouvelle, reste à discuter des financements qui seront nécessaires pour développer les transports efficaces et urgents à cette échelle, comme l’a indiqué Léna Beaulieu. « Enfin ! C’est un peu le sentiment de notre groupe à la lecture de ce rapport. C’est une grande satisfaction que nous arrivions enfin à la création de ce syndicat, dans un périmètre qui nous convient à peu près. En effet nous sommes convaincus comme beaucoup ici de la pertinence d’un syndicat mixte, qui permette de mieux coordonner la politique de transports afin d’être mieux en phase avec l’évolution de nos territoires. D’ailleurs malgré la richesse du rapport nous regrettons que la métropole
n’aille pas plus avant dans le périmètre de compétence du syndicat, afin d’avoir un débat sur ce qui nous paraît pertinent en la matière. C’est à notre sens un travail qui reste devant nous. Nous ne pouvons qu’émettre le regret que le département ne puisse être membre de ce syndicat, c’est là un des côtés ubuesques de la loi NOTRE. En effet comment écarter un acteur dont la vision globale de notre territoire est un atout indéniable et qui reste un acteur majeur des transports ? Si nous soutenons la mise en place de cars express, ils ne peuvent être pour nous qu’une réponse ponctuelle aux besoins. Ils viennent palier les défaillances du réseau TER. Défaillance en terme d’entretien des infrastructures comme de matériel roulant. Il est à ce titre éclairant de ne pas voir citée la ligne Bordeaux-Arcachon. Celle-ci en effet bénéficie des derniers investissements en terme de matériel roulant, assurant une meilleure fiabilité, un meilleur confort, et permet de déplacer plus de voyageur. L’enjeu est donc là. Assurer une meilleure fiabilité et une meilleure fréquence
pour les usagers. Le rapport Duron confirme ce que nous portons ici depuis de nombreuses années, c’est à dire le bienfondé d’un RER qui dépasse les frontières de notre agglomération. C’est une réponse appropriée face aux enjeux sociaux et environnementaux. Enfin, une remarque autour de l’information aux voyageurs qui n’est pas sans faire débat. Si nous pouvons constater une meilleure efficacité des entreprises privées, celles-ci bénéficient des informations gratuites que nous leur fournissons. Autrement dit elles réalisent de l’argent à partir des données que nous leur fournissons. Reste mes cher-es collègues que si cet outil était devenu indispensable, il sera, comme notre métropole, confronté aux difficultés de financement. Si le versement transport additionnel est une réponse, celle-ci nous paraît au vu des défis sûrement insuffisante. Il faut continuer à faire vivre le débat pour que nos collectivités aient des moyens pour répondre aux besoins de nos populations. »
RENCONTRE USAGERS-CHEMINOTS SUR LA LIGNE BORDEAUX-LE VERDON
Il est urgent de donner au train les moyens de concurrencer la voiture en Médoc Jeudi 24 mai, après s’être rassemblés devant le Conseil régional en vue de la future convention TER qui entrera en vigueur le 1er janvier prochain, usagers et cheminots se sont retrouvés à Macau pour la première réunion publique du Collectif des usagers de Bordeaux le Verdon. Les animateurs du collectif ont présenté les raisons qui ont provoqué la création de ce Collectif, à savoir la forte inquiétude qui grandit de voir la ligne Bordeaux le Verdon être fermée en partie à partir de Macau. Ce tronçon est apparu comme à supprimer dans le rapport Spinetta car pas assez rentable. Le député local LREM, pour sa part confirme ce scénario en parlant de couper la ligne en deux. Là où aujourd’hui il y a un seul moyen de transport pour se rendre à Bor-
deaux depuis Le Verdon, on essaie de nous vendre aujourd’hui, sous couvert de modernité à hydrogène, un RER jusqu’à Macau puis un autre mode de transport pour le Verdon. Rupture de charge donc et, à la clé, des temps de trajet encore allongés alors qu’ils sont déjà très longs. Presque 2h pour faire Le Verdon - Bordeaux. Le constat fait par les cheminots qui travaillent sur la ligne est sans appel sur l’abandon année après année et le recul du service public sur cette partie du territoire. Le nombre de personnels a été fortement réduit avec la fermeture de la gare de Caudéran, puis la fermeture partielle des gares de Margaux et Macau et celle de Soulac annoncée avec seul un saisonnier envisagé l’été. La casse se poursuit avec des réductions de personnels à venir sur les gares de Blanquefort avec réduction d’horaires d’ouverture ainsi que sur les gares de Pauillac et Lesparre.
L’avenir de la ligne au-delà de Macau est bel et bien menacée, et chacun craint de voir apparaitre des bus après Macau comme la Métropole envisage d’en expérimenter avec des cars express vers Saint-André-de-Cubzac notamment. Les différents acteurs de cette réunion étant d’accord pour dire que seul un service public de qualité pouvait assurer l’avenir de la ligne, il est urgent de donner les moyens au train de concurrencer la voiture en Médoc pour que sa fréquentation explose ! Les participants se sont quittés en décidant d’interpeller la Région sur ses intentions pour la ligne du Verdon et de poursuivre la mobilisation pour défendre cette ligne, colonne vertébrale en terme de transport pour tout un territoire. Stéphane Le Bot
Frédéric Mellier, PCF, lit la déclaration des organisations aux cheminot-e-s rassemblée-s devant la gare de Bordeaux.
SÉNAT
Les élus s’attellent à la réforme du rail Le pacte ferroviaire porté par le gouvernement était examiné à partir de mardi en séance publique au Sénat. L’occasion pour les élus progressistes de porter la voix des cheminots en lutte. Tandis que les cheminots observaient la douzième séquence de leur grève au long cours, le pacte ferroviaire du gouvernement arrivait en séance publique au Sénat mardi, après une adoption en première lecture à l’Assemblée nationale le 17 avril dernier. L’occasion pour l’exécutif de faire bouger les lignes. Reste à savoir dans quelle mesure. Quoi qu’il arrive, « les ajustements ne se feront qu’à la marge, car non seulement le gouvernement a répété qu’il ne bougerait pas sur les trois piliers de sa réforme, à savoir l’ouverture à la concurrence, la transformation de la SNCF en société par actions et l’abandon des recrutements au statut pour les nouveaux cheminots, mais également parce que cette réforme, dont toute une partie se trouve dans la loi d’ habilitation à agir par ordonnances, n’est par définition pas écrite », a rappelé la semaine dernière Laurent Brun, secrétaire général de la CGT cheminots. Reçue vendredi à Matignon au même titre que l’ensemble des organisations syndicales cheminotes, la CGT rappelle en outre que toute une série de questions restent pour l’heure sans réponse. Parmi ces dernières, « l’étude d’impact sur la transformation des établissements publics à caractère industriel et commercial (épic) en sociétés anonymes (SA), l’analyse du coût du capital dans le secteur, le maintien de la suppression du statut, le développement du dumping social, les contours de la convention collective de branche, le rôle du gouvernement dans les futures négociations avec le
patronat de la branche ferroviaire, ou encore l’organisation de la production à l’intérieur de la SNCF », liste le syndicat, qui appelle les cheminots à renforcer la mobilisation. Pour Éliane Assassi, sénatrice communiste de Seine-Saint-Denis, l’examen du texte au Sénat est « l’occasion de montrer que d’autres solutions sont possibles ». Car, si une réforme du rail est nécessaire pour améliorer le service public, « celle du gouvernement ouvre la voix à la privatisation de l’entreprise publique », note la présidente du groupe CRCE au Sénat. Après avoir déposé une vingtaine d’amendements de suppression lors des discussions en commissions, ce groupe devait porter en séance publique une centaine d’amendements et présenter une motion de rejet du texte. « Nous sommes le porte-voix de ce qu’expriment les cheminots », a poursuivi l’élue. De leur côté, les syndicats Unsa ferroviaire et CFDT cheminots ont présenté au gouvernement, lors de plusieurs réunions bilatérales, leurs propres propositions d’amendements. La CFDT, qui en a listé 42, les regroupe en trois points : « L’intégration sociale, avec un large socle de droits communs à tous les salariés du rail, les règles de la concurrence avec la ligne rouge du volontariat en cas de transfert des personnels vers un opérateur privé, et l’organisation interne de la SNCF, avec l’exigence de mettre un coup d’arrêt à la politique de filialisation mise en œuvre par la direction », détaille Thomas Cavel, secrétaire national de la CFDT cheminots. Les discussions en séances publiques se poursuivent jusqu’au 5 juin, date fixée du vote solennel des sénateurs sur le texte. Avec l’Humanité du 29 juin Les Nouvelles 31 mai 2018 • 5
INTERNATIONAL AUSTÉRITÉ
VICTOIRE POUR LES DROITS DES FEMMES
Les dirigeants européens jouent avec le feu
Le droit à l’avortement plébiscité en Irlande
Après avoir cherché à écraser la gauche anti-austérité en Grèce, le ton change avec les Italiens d’extrême droite. « Il ne peut y avoir de choix démocratiques en dehors des traités européens. » Prononcée dans un entretien au Figaro, début 2015, lors de la victoire électorale de la coalition de gauche anti-austérité Syriza, la sentence de Jean-Claude Juncker avait fait grand bruit à l’époque. Avec les Grecs, pendant tout le premier semestre 2015, les représentants des institutions européennes ont accumulé les chantages pour finir par contraindre, sous la menace d’une asphyxie financière au début de l’été, le premier ministre Alexis Tsipras à avaler une nouvelle potion de destruction sociale. Trop heureux de briser les reins d’un gouvernement de gauche coupable de vouloir en finir avec l’austérité et de construire une Europe des solidarités… Avec l’Italie, en passe de tomber aux mains d’un gouvernement sous nette hégémonie nationaliste et antieuropéenne, les masques tombent : Bruxelles avance ses pions d’une manière assez différente, laissant au président italien le soin de refuser la formation du nouveau gouvernement et d’en constituer un autre avec des
« experts » et des « techniciens », au risque d’amplifier lors des prochaines élections la vague populiste de droite. Mais, dans les capitales européennes, le veto de Sergio Mattarella est salué. « Je redis mon amitié et mon soutien au président Mattarella, qui a une tâche essentielle à mener, celle de la stabilité institutionnelle et démocratique de son pays, ce qu’il fait avec beaucoup de courage et un grand esprit de responsabilité », déclare, par exemple, Emmanuel Macron. Günther Oettinger, le commissaire européen au Budget, appelle les partenaires de l’eurozone à agir pour tenter de convaincre les électeurs italiens en exerçant une « influence positive sur le processus de décision » en Italie. « Nous espérons que l’on parviendra bientôt à un gouvernement stable et pro-européen en Italie », proclame de son côté le secrétaire d’État allemand pour l’Europe, Michael Roth. (…) De quoi alimenter l’idée que, pour les dirigeants européens qui composent, au fond, très bien avec Viktor Orban ou les dirigeants polonais, le néolibéralisme et le glissement de toute la droite européenne vers la xénophobie ne sont pas si incompatibles qu’ils le prétendent… Thomas Lemahieu, l’Humanité, 29/05/2018
Le oui a recueilli les deux tiers des voix des électrices et des électeurs en Irlande. Le gouvernement va enfin permettre aux femmes d’accéder à l’IVG. Si, lors du référendum organisé vendredi 25 mai, la victoire du oui à l’abrogation de l’article de la Constitution interdisant de facto l’avortement en Irlande était attendue, son caractère net et sans bavure aura surpris jusqu’aux plus optimistes. Au bout du compte, les deux tiers des électrices et des électeurs (66,4 %) ont approuvé le retrait des dispositions dites du « huitième amendement ». Les premières projections réalisées à partir d’enquêtes à la sortie des urnes démontraient l’ampleur de cette vague due en particulier au vote des femmes (elles ont été plus de 70 % à voter oui) et des jeunes : en dessous de 35 ans, le droit à l’IVG
recueille entre 80 et 90 % des voix ! Des cris de joie et des larmes d’émotion
Dans toute la République irlandaise, outre Dublin où les scores ont été plébiscitaires, tous les cantons, y compris les plus ruraux, ont – à l’exception de Donegal, au nordouest – voté majoritairement pour le oui. La société irlandaise, vue comme profondément réactionnaire et ultracatholique, a changé beaucoup plus que ses dirigeants ne l’imaginaient… À l’annonce officielle des résultats, samedi après-midi, la cour du château de Dublin a été envahie par des centaines de personnes qui les ont accueillis avec des cris de joie et des larmes d’émotion. « Nous avons définitivement rompu avec une histoire qui était vraiment très dure pour les femmes », s’est félicitée Ailbhe Smyth, 71 ans, de la campagne Together for
Yes (Ensemble pour le oui). Sur place, le premier ministre Leo Varadkar, chef du parti de droite néolibéral Fine Gael, a promis que son gouvernement allait s’appuyer sur ce résultat pour autoriser, « d’ici à la fin de l’année », l’avortement pendant les 12 premières semaines de grossesse et jusqu’à 24 semaines pour raisons de santé. Selon son ministre de la Santé, Simon Harris, l’exécutif se réunira mardi pour discuter du projet de loi avec l’objectif de le présenter « à l’automne » au Parlement. Assez divisés en leur sein sur l’avortement, les frères ennemis de la droite irlandaise, Fine Gael et Fianna Fail, vont sans doute s’appuyer sur le résultat pour faire passer le texte. À gauche, Solidarity (extrême gauche) et le Sinn Féin (gauche républicaine) saluent une victoire historique. Signe que le résultat du référendum dépasse les frontières strictes de la République d’Irlande, les dirigeantes du Sinn Féin, au nord et au sud de l’île, Mary Lou McDonald et Michelle O’Neill, ont porté ensemble une pancarte : « Au tour (de l’Irlande) du Nord ! » Là, l’avortement demeure strictement interdit. Interpellée sur le sujet, la première ministre conservatrice britannique Theresa May, tenue par son alliance avec les unionistes protestants ultraréactionnaires (DUP) à Belfast, a écarté toute avancée sur le sujet. Thomas Lemahieu, l’Humanité, 28/05/2018
PALESTINE
L’ONU dénonce la détention de Salah Hamouri Salah Hamouri est soumis à ce qu’on appelle le transfert « Bosta »
Le groupe de travail du Conseil des droits de l’homme des Nations unies vient de publier un rapport concernant l’avocat franco-palestinien et estime que celui-ci doit être libéré immédiatement. Fait rare qui montre la gravité de la situation : le groupe de travail du Conseil des droits de l’homme de l’ONU dédié aux détentions arbitraires vient de publier un rapport sur Salah Hamouri. Depuis le 23 août 2017, l’avocat franco-palestinien est en détention. Simple, au départ (il 6 • Les Nouvelles 31 mai 2018
a été arrêté en toute illégalité à son domicile de Jérusalem-Est, occupée par Israël depuis 1967), transformée ensuite en détention administrative. Aux six mois exigés par le ministre de la Défense, Avigdor Lieberman, se sont ensuite ajoutés quatre-vingtdix jours. Pourquoi ? Personne ne le sait. Le dossier est secret et même les défenseurs de Salah Hamouri n’en connaissent pas le contenu ! Tous les recours, y compris devant la Haute Cour de justice d’Israël, ont été rejetés.
Le 5 janvier 2018, le groupe de travail de l’ONU s’est adressé au gouvernement israélien en posant plusieurs questions sur le cas de Salah Hamouri. Il n’a obtenu aucune réponse. Au regard du droit international, le groupe rappelle que la privation de liberté est notamment considérée comme arbitraire lorsque celle-ci est le résultat « de l’exercice des droits ou des libertés garanties par plusieurs articles de la Déclaration universelle des droits de l’homme » ou lorsqu’il est « clairement impossible de justifier une base légale ». Le groupe de travail de l’ONU relève par ailleurs que, selon ses sources, Salah Hamouri a rencontré beaucoup de difficultés pour avoir accès à une assistance juridique légale et que « les autorités israéliennes n’ont pas permis au représentant du Consulat de France de rencontrer Salah Hamouri lorsque celui-ci était avec son avocat ». Ce n’est que deux mois après sa mise en détention que le prisonnier francopalestinien a pu recevoir la visite de sa famille, soit le 18 octobre 2017. Mais pas son épouse, Elsa, qui est interdite d’entrée sur le territoire israélien
et donc non plus son fils, qui vient d’avoir 2 ans et réclame son père. Ces visites n’ont lieu qu’une fois par mois pour une durée de quarante-cinq minutes, « dans des conditions très restrictives ». (…) Tout semble bon pour tenter de briser physiquement et psychologiquement les prisonniers. Ainsi, Salah Hamouri est soumis à ce qu’on appelle le transfert « Bosta ». Chaque fois qu’il doit être entendu par le « tribunal », il est transféré la veille dans une autre prison, non loin de Jérusalem, à Ramleh où il passe une nuit « dans des conditions de détention inhumaines ». Même chose pour le retour. Des nuits qui peuvent s’additionner si l’audience est prévue un dimanche, début de la semaine en Israël, le prisonnier étant transféré le vendredi soir. (…) Aucune contrainte ne peut être exercée contre Israël
Fidèle à ses habitudes et à sa morgue, le gouvernement israélien n’a donc pas daigné répondre au groupe de travail du Conseil des droits de l’homme des Nations unies qui demandait si des circonstances exceptionnelles – et donc lesquelles – nécessitaient l’incarcération de Salah Hamouri. Dans ces conditions et puisque aucune preuve n’est fournie
par Israël, la détention s’avère effectivement arbitraire, ce qui contrevient à la Convention internationale des droits politiques et civiques dans ses articles 9 et 26, dont Israël est pourtant signataire, ainsi que de la Déclaration universelle des droits de l’homme, articles 3, 8 et 9. Le groupe de travail estime donc que Salah Hamouri doit être libéré immédiatement, qu’il convient de lui accorder le droit exécutable de compensations et de réparations, en accord avec les lois internationales, et il appelle le gouvernement israélien à prendre toutes les mesures contre les responsables de la privation de liberté de l’avocat franco-palestinien. (…) Ces observations n’ont pas force de loi et aucune contrainte ne peut être exercée contre Israël. Elles montrent cependant que Tel-Aviv bafoue les droits de l’homme en plaçant en détention administrative des centaines de personnes, méprise les institutions internationales en refusant de répondre aux questions posées par un organisme de l’ONU. (…)
Pierre Barbancey, l’Humanité, 28/05/2018
PCF RETOUR SUR LA FÊTE DE L’HUMANITÉ GIRONDE
PCF BÈGLES
La Commune et le Département en débat avec l’Adecr
Fête de la morue 1er et 2 juin 2018, à partir de 19h
Dimanche 20 mai, sur la fête de l’Humanité Gironde, le Président de l’Association départementale des élus communistes et républicains (Adecr) avait invité Christine Bost, maire d’Eysines, vice-présidente du Conseil départemental, Claude Mellier, vice-présidente de la Métropole, élue à Mérignac et Pierre Augey, maire d’une commune rurale, Fargues-de-Langon et ancien conseiller général pour débattre de la Commune et du Département, « colonne vertébrale du territoire et de l’organisation territoriale de la République ». En introduction, Patrick Alvarez a rappelé quelques faits historiques sur la place des communes et des départements dans l’organisation administrative du territoire, avant d’en venir à la situation de ces deux institutions aujourd’hui. « Deux phénomènes frappent la commune : la lente diminution de leur nombre avec la loi sur les communes nouvelles et ses incitations financières à la fusion, et l’ intercommunalité avec la loi NOTRe ». Il a cité plusieurs chiffres montrant la concentration toujours plus importante de la population et la densité des intercommunalités. Le département garant des solidarités humaines et territoriales
Le président de l’Adecr a aussi rappelé que les départements « sont toujours désignés lorsqu’ il s’agit de dénoncer l’empilement des collectivités ». « Plusieurs fois, on a essayé de les supprimer mais ils ont résisté à toutes les tentatives de remembrement ». « C’est sous la contrainte budgétaire que va s’opérer cette reformulation de l’existence des territoires et de leurs compétences sur l’ensemble de la nation ». Il a évoqué la « contractualisation forcée » du gouvernement Macron qui impose à 322 grandes collectivités des taux de hausse de dépenses de fonctionnements maximum de 1,2 %, parfois 1,35 et très rarement 1,5 %. « Le département est aussi confronté à ces contraintes, c’est pourtant la collectivité garante des solidarités humaines et territoriales. On attend donc une grande réplique par rapport à cette politique menée par Macron ».
Christine Bost, après avoir évoqué son parcours politique et critiqué le manque de lien entre « les commis de l’État » et le terrain, a dénoncé un « carcan centralisateur, avec l’ idée que les grandes structures sont plus efficaces car plus économes ». Or, pour l’élue socialiste, « plus une région est grande, plus elle a besoin justement de l’échelon départemental ». Elle en fera la démonstration par la description de la politique volontariste du département envers les territoires. « On ne parle plus de la suppression du Département mais on essaie de nous empêcher, poursuit-elle. Il y a eu des attaques sur les recettes avec la baisse des dotations, on a perdu globalement en cumulé sur quelques années près de 30 milliards. Là on nous parle du grand chamboule-tout de la fiscalité. Les départements vont probablement perdre le foncier non bâti, le seul levier fiscal dont il disposait. On nous parle aussi de la renationalisation des droits de mutation ». Le département de Gironde ne contractualisera pas
La vice-présidente décrit un deuxième niveau d’attaque, sur les dépenses, avec le fameux taux directeur à 1,2 qui concerne en Gironde la Région, le Département, la ville de Bordeaux, la ville de Mérignac et la Métropole. « Le Département de la Gironde ne contractualisera pas, affirme-t-elle, d’abord parce qu’on voudrait que l’État nous rende les 82 millions qu’il nous doit, et puis parce qu’on n’a aucune garantie, notamment sur les prestations sociales, sur l’enfance en danger et plus particulièrement sur les mineurs étrangers non accompagnés dont l’ évaluation devrait être à la charge de l’État et qui est portée pour l’essentiel par le Département ». « Que ce soit sous Sarkozy, sous Hollande et aujourd’hui Macron face aux résistances, ils s’inscrivent dans une même démarche : puisque les institutions résistent à s’adapter aux exigences du marché, on va les changer », a aussi expliqué Claude Mellier. Sur la métropole, la vice-présidente a évoqué les transferts de compétences. « Pour Mérignac, c’est une grande partie des compétences de la commune qui ont été transférées à la métropole : informatique, ressources humaines,
espaces verts, propreté, les marchés... Mais ces transferts de compétences s’accompagnent de transferts de personnels, c’est donc un éloignement du service public. Par exemple, si le photocopieur de l’école tombe en panne, il faut trois mois pour que quelqu’un vienne le réparer ».
Comme chaque année, les communistes de Bègles ouvrent leur Restaurant La Morlache, à l’occasion de la fête de la Morue, au local de section : 12, rue du Prêche à Bègles. Téléphone pour réserver : 05 56 49 44 79 lamorlachebegles@orange.fr Au menu - entrées : macédoine de légumes à la morue et aux fruits de mer OU parmentier de morue aux cèpes - plats : bouillabaisse de morue aux moules OU pavé de morue à la toscane - fromage de brebis des Pyrénées avec sa confiture de cerises noires - dessert. Prix du menu : 18 euros. Tarif de groupe à partir de 10 : 15 euros par repas. Menu enfant (8 euros) : crudités, steak haché, frites, fromage de brebis, dessert. Animation ou spectacle
La contrainte budgétaire pour casser les résistances
SECTION SUD GIRONDE
L’élue a montré comment, avec la suppression de la taxe d’habitation et la contractualisation des 322 collectivités territoriales, l’État veut déposséder les communes de leur autonomie de gestion. « La suppression de la taxe d’habitation c’est la rupture du lien de l’impôt avec la collectivité et les services publics à l’échelle de la commune et cette rupture fait suite à la suppression de la taxe professionnelle en 2009 qui rompait le lien entreprise-commune. On en arrive à la dévitalisation de la dynamique des communes ». « La TH serait remplacée par une fraction de l’impôt national mais ce choix pourrait peser sérieusement sur l’investissement car quelle pérennité sur les compensations ? » « Après une ponction des dotations de 11 milliards sous le précédent gouvernement, Macron poursuit la ponction des collectivités. Des maires communistes de région parisienne ont demandé à être reçus par le préfet pour expliquer les raisons pour lesquelles ils rejettent la contractualisation. Cela montre qu’il est possible de s’opposer à de tels diktats. À la Métropole, le groupe communiste a voté contre, qualifiant la contractualisation de retour en arrière sur la décentralisation et d’attaque contre la liberté des communes. À Mérignac, le groupe communiste se positionne aussi contre ». Claude Mellier a conclu en appelant à résister et à relayer la votation citoyenne pour les services publics, « notre bien commun ». C’est avec la verve qu’on lui connaît que Pierre Augey a illustré l’atteinte à la démocratie par un exemple concernant sa commune. « Les technocrates de Bercy font plier ma sous-préfecture sur une vente de terrain industriel pour laquelle la commune n’a plus la compétence depuis le 1er janvier, elle a été transférée à l’intercommunalité. Fargues a essayé de résister par une délibération validée par le sous-préfet mais Bercy bloque l’argent. Cette perte d’autonomie et de capacité d’agir dégoûtent les élus qui finissent par ne plus venir aux réunions et on éloigne les citoyens des centres de décisions ». « Il faut être intransigeant sur l’aspect du lien démocratique dans nos institutions ». « Ne laissons pas nos élus, à quelque niveau que ce soit, abandonner le fonctionnement démocratique. Continuons le combat ! » Un mot de la fin qui convenait à tou-te-s. Un bref échange s’est tout de même engagé avec l’assistance avant de partager le traditionnel apéritif. Christelle Danglot
Réunion de section La prochaine réunion de section Sud Gironde se tiendra le mercredi 6 juin 18h30 à Fargues. L’ordre du jour sera déterminé en fonction des infos reçues concernant le prochain congrès. FÊTE DE L’HUMA GIRONDE
Les résultats de la tombola Les lots sont à rétirer au 15/17 rue Furtado à Bordeaux avant le 20 juillet 2018 au plus tard. Pour les places de spectacles, merci de nous contacter par mail à l’adresse : gironde.pcf@gmail.com 1 livre de Georges Durou, Mes printemps de barbelés : 11711 Nathalie Lozes ; 10369 Raymond Rodriguez ; 11437 Richard (Biganos) • 1 livre des Frères Bocquet, Sans domicile fisc : 00519 Dany Junqua ; 11296 Françoise Moison ; 01062 Francine Dautan • 1 livre de Vincent Maurin, Un communiste dans sa ville : 09606 Jacques Barbaron ; 12736 Amanda Hu • 1 lot de livres surprise offert par La zone du dehors : 15140 Jean-Christophe Hauguet ; 15573 Daniel Pocq • 2 places de cinéma à l’Utopia offert par l’Utopia : 07691 Bertrand Lloret ; 03354 François Vaubourg ; 11288 Jacques Mainguené ; 07356 Geneviève Bertin ; 00961 Madeleine Llorente • 1 lot de 2 BD Giant days et Renato Jones : les Un % offert par Akileos : 00128 Adrienssens • 1 magnum Château Micalet 2012 - Haut Médoc, offert par le château : 05245 Marcelle Avril • 1 coffret de dégustation de 6 bières, offert par la Brasserie Azimut : 03124 Frédéric Saos • 1 repas pour 2 adultes à la Fête de Lamothe Montravel : 01502 Claudette Vatel • 1 repas pour 2 adultes à la Fête de la Ruralité : 02342 Yvette Cantet • 1 repas pour 2 adultes à La Morlache à la Fête de la Morue : 06284 Pétri Garcia • 1 visite guidée pour 2 personnes Bordeaux Nègre par Mémoires & partages offert par Mémoires & partages : 07687 Bérangère Lloret • 1 pass pour 2 à l’Echapée Belle à Blanquefort offert Carré-Colonnes : 11310 Rizaldos • 2 places pour un spectacle à L’Accordeur offert par l’Accordeur : 09029 Bruno Florit ; 05229 Bastien Bouvier ; 12321 Jean-Pierre Sorin ; 00174 Marianne Lavallee ; 00501 Sabrina Junqua • 2 places pour un spectacle au Krakatoa offert par le Krakatoa : 01277 Michel Querbes • 1 billet d’entrée pour la Fête de l’Humanité Paris 2018 : 07709 Jackie Igou ; 07048 Jean-Claude Guillemsans ; 00680 Josette Labarthe ; 01137 Chantal Dupuy ; 11275 Odette Eyssautier ; 07649 Yannick Igou ; 01024 Patrick Castets ; 04715 Marion Bevaben ; 11842 Jean-Jacques Crespo ; 07760 Valentin ; 07012 Jean-Pierre Castro ; 13533 Hubert Charruyer ; 10831 Mathilde Lemaitre ; 12195 ; 01847 Lydie Bache ; 06675 Pierre Lespoux ; 15633 Yves Cervantes ; 15282 Gilbert Madelpuech ; 11500 Monique Labreze ; 00327 Christiane Jameton • 1 abonnement annuel à l’Ormée, publication culturelle du PCF 33 : 15875 Nathalie Lozes ; 08910 Marie-Ange Chaussoy ; 06131 Bruno De Carlo ; 14024 Maldonado ; 11297 Françoise Moison ; 10843 Annie Serres ; 15400 Xavier Sanchez ; 10306 Alain Michaux ; 03051 Danielle Maurin ; 00354 Michel Mano ; 01879 Bernard Eclancher ; 00535 Yves Nicoleau ; 03456 Nouqueret ; 01025 Patrick Castets ; 09109 Ali Bellal ; 07512 Ginette Puyet ; 07274 Daniel Chazelas ; 05202 Claude Lacarrere ; 10291 Véronique Lelibon ; 09363 Jean-Paul Bony • 1 abonnement annuel à l’hebdo les Nouvelles de Bordeaux et du Sud-ouest : 07036 Michèle Watremez ; 14792 Lucienne Bies ; 12010 Jean-Paul Jagourd ; 07549 Daniel Eloi ; 15752 Maurice Bernadey ; 12095 Jacqueline Braconnier ; 01966 Jean-Marc Goujon ; 06665 Françoise Ernandez ; 16407 ; 03206 Mireille Elorri ; 12829 Zoé Durlin ; 00627 Patrice Sollazzi ; 05282 Guy Begy ; 10838 Cécile Hemous ; 11300 Françoise Moison ; 12452 Catherine Clavé ; 05357 Nadège Bussard ; 08960 Stéphane Bailanger ; 01128 Daniel Belloumeau ; 13964 Guy Joubert • 1 abonnement annuel à la revue Cause Commune : 15600 David Bimboire ; 00391 Isabelle Ducrout • 1 abonnement annuel à la revue Progressistes : 03015 Garance Bousquin ; 06664 Françoise Ernandez • 1 coffret de lutte : madeleines Jeannette + thé 1336 : 01917 Daniel Richard ; 08815 Pierre Barati ; 00221 Jean-Pierre Deyres ; 15301 Gilbert Madelpuech ; 13368 Almeida M. • 1 coffret Fraiberthé pack La Sociale : 11868 Marie-Ange Lambert ; 00969 Daniel Descat ; 01162 Daniel Belloumeau • 1 assortiment de boites métal de 20 madeleines Jeannette : 07564 Laurence Narzabal ; 01319 Dominique Durou ; 00683 Jacqueline Falise • 1 pass pour les 41e Hestajadas de las Arts - Uzeste Musical offert par la Cie lubat : 00989 Michel Jalet • 1 coffret week-end Wonderbox : 13202 Jean-Pierre Malbet ; 11817 Christiane Lambert ; 15515 Philippe Bertoneche ; 03004 Alia Zaouali ; 10851 Laurélie Lamy • 1 tablette Tactile : 01886 Ghyslaine Richard • 1 télévision grand écran : 12377 Marie-France Grelaud-Coq
Carnet PCF BASSIN D’ARCACHON ET DU VAL DE L’EYRE. Les Communistes de la Section du PCF Bassin d’Arcachon et du Val de l’Eyre ont eu la grande tristesse d’apprendre, vendredi 25 mai, le décès d’un camarade qui leur était cher : Roland Belloc, militant actif de notre parti et du syndicat CGT retraité des Cheminots. Toutes nos pensées vont vers sa famille. Les Nouvelles 31 mai 2018 • 7
CHRONIQUE
CULTURE & SOLIDARITÉ
NOUVELLES IDÉES REÇUES
RESF
par Gérard Loustalet Sens
La solidarité a rendez-vous place Saint-Michel Le Réseau éducation sans frontière tient la fête de la solidarité, ce samedi place Saint-Michel, où les citoyen-ne-s donnent l’exemple face à un État défaillant… C’est une organisatrice enthousiaste qui préparait la fête de la solidarité, prévue ce samedi 2 juin sur la place Saint-Michel. Non que la situation des personnes en situation irrégulière se soit beaucoup améliorée dans notre pays, et particulièrement pas depuis l’adoption de la loi Asile et Immigration. « Mais il y a un développement vraiment important des solidarités sur cette thématique », affirme Brigitte Lopez, l’animatrice–enthousiaste, donc, du Réseau éducation sans frontière (RESF). « D’abord nous sommes toujours surpris de l’organisation spontanée de citoyens qui créaient des réseaux de protection pour des familles entières. » C’est le cas cette année de citoyens d’Eysines dont une cinquantaine est attendue place Saint-Michel : « ce groupe s’est monté autour des enfants issus du centre d’accueil des demandeurs d’asile (CADA) de la ville. Les familles sont déboutées de leurs demandes mais les enfants sont scolarisés et c’est comme ça, assez spontanément, au sein des écoles, que se créaient les solidarités », raconte Brigitte Lopez. Avec l’élue communiste Véronique Jusot, ces citoyens profiteront donc de la journée du 2 juin pour mettre des enfants sous protection « républicaine ». Près de 15 parrainages sont ainsi prévus dès 18h, reflétant la mobilisation citoyenne pour faire valoir les droits humains. L’autre raison de l’enthousiasme des organisateurs, c’est la dynamique née des Etats généraux des migrations qui a aboutit, le 27 mai, à la
rédaction d’un manifeste « pour une politique migratoire respectueuse des droits fondamentaux et de la dignité des personnes » (1). Ce manifeste a été rédigé avec 340 organisations au niveau national et après des états généraux locaux qui ont réunis plus de 10 000 participants. À Bordeaux, c’était le 24 mars et la grande salle du Rocher de Palmer était pleine. « Cette démarche a vraiment eu un écho inespéré et provoqué une grande dynamique qui participe aussi à la mobilisation locale », explique Brigitte Lopez. Le 2 juin donc, de grands axes de ce manifeste seront mis en avant, comme celui de l’accueil des mineurs isolés. Ils seraient 1 500 à avoir atterri en Gironde après des périples éprouvants, inhumains. Et, une fois arrivés, encore leur faut-il faire la preuve de leur âge… « Ceux dont la minorité est contestée n’ont droit à rien ; ils sont laissés à la rue », raconte Brigitte Lopez. Une association a particulièrement pris leur sort en main, c’est le Tremplin : cours d’alphabétisation, soutien scolaire et aide au parcours scolaire sont les missions que ses bénévoles accomplissent. « Cela fait partie des associations qui font avancer les choses. Mais cela avance bien trop lentement, regrette la militante : deux ans après l’envahissement du conseil départemental pour alerter sur ce sujet, l’Éducation nationale vient tout juste de convoquer un observatoire sur la situation des enfants non francophones dans l’académie. » Une situation qui, à l’image des moyens de l’Éducation nationale, n’est pas reluisante… Le réseau RESF interpellera d’ailleurs bientôt les établissements scolaires pour recenser les moyens mis en œuvre pour aider à la bonne scolarisation de tous. Car « l’école est un droit pour tous » est le slogan du
RESF. La solidarité un devoir pour chacun, devrait-on rajouter ! VB. Samedi 2 juin, place Saint-Michel. Parrainages à partir de 18h. Repas du monde à partir de 19h, concert et bal. resf33.free.fr (1) - eg-migrations.org
SAMEDI 2 JUIN À BORDEAUX
Meeting Kurde Un meeting de soutien au parti Pros-kurde HDP est organisé à Bordeaux le samedi 2 juin, place de la Bourse à 14h. Déclaration des organisateurs. « Des élections vont avoir lieu, en France entre le 7 juin et 19 juin, c’est une occasion pour arrêter la dictature d’Erdogan. Nous faisons venir un député du HDP pour le meeting. Comme vous le savez la plupart des députés du HDP (Parti Démocratique des Peuples) sont en prison, pris en otages par Erdogan. De plus les pro-erdogan veulent appliquer la dictature d’Erdogan en France : ils attaquent la liberté d’expression et la liberté de presse comme ils ont attaqué les publications du magazine Le Point. Nous vous invitons à venir apporter votre soutien au parti HDP et dénoncer la politique d’Erdogan en France. » BÈGLES
Le Secours populaire à la fête de la Morue Le comité de Bègles du Secours populaire sera présent à la Fête de la Morue ce weekend avec la tenue d’un stand-buvette-restauration, place du Bicentenaire, vendredi de 19h à 1h, samedi de 11h à 1h et dimanche de 11h à 16 h. Les bénévoles vous proposeront de déguster « Assiette de tapas » et « Fish and Chips » !
ANNONCES LÉGALES AVIS DE FIN DE GERANCE MANDAT
Les Nouvelles de Bordeaux et du Sud-Ouest S.A.S. au capital de 37 000 euros Associés (à parts égales) : L. Chollon, F. Mellier, S. Laborde, M. Lavallée Directeur de la publication : Frédéric Mellier Abonnement 1 an : 25 euros. Abonnement de soutien : 40 euros Rédaction, composition, impression : S.A.S. Les Nouvelles de Bordeaux et du Sud-Ouest 15, rue Furtado - 33800 BORDEAUX Tél. 05 56 91 45 06 - Fax 05 56 92 61 01 - Annonces légales : annonces@nbso.fr Comptabilité : compta@nbso.fr - Redaction/Proposition d’article : redaction@nbso.fr @nvlbx Les nouvelles de bordeaux nbso.fr Commission paritaire de presse : 0123 C 85932
8 • Les Nouvelles 31 mai 2018
Populisme et rationalité
Aux termes d’un acte sous seing privé en date du 29/08/2016, la société PESSAC PASTEUR SARL au capital de 10 000 € dont le siège social est situé 245 Avenue Pasteur 33600 PESSAC enregistrée au RCS de BORDEAUX sous le numéro SIRET : 798 569 067 00019, a donné en gérance-mandat à M. DIMBAS Cédric, domicilié 61 Allée de la Forêt 33600 PESSAC un fonds de commerce de Terminal de cuisson – Restauration Rapide à l’enseigne FIRMIN, exploité au situé 245 Avenue Pasteur 33600 PESSAC. À compter du 01.01.2018, le contrat de gérance mandat a pris fin par consentement mutuel. Pour insertion
À la manière dont Ernesto Laclau et Chantal Mouffe rendent les armes devant le libéralisme politique et même économique, on reconnaît bien le positionnement historique de résignation de la social-démocratie face au capitalisme. Ou : comment la prétentieuse montagne du populisme de gauche accouche d’une insignifiante souris social-démocrate ! Certes, Laclau et Mouffe, dans la préface de la seconde édition anglaise de Hégémonie et stratégie socialiste, semblent préoccupés de « l’hégémonie néo-libérale » et se défendent de toute « adoption du paradigme libéral » (pp.30-31) mais tout leur raisonnement y conduit. C’est ainsi qu’ils admettent « reconnaître le caractère illusoire d’une rupture totale avec l’économie de marché » et comptent sur « la possibilité de modes différents de régulation des forces du marché » (Hégémonie…, p.31). Cela fait plus de 35 ans que l’on nous sert cette jobardise social-démocrate de la régulation du marché et les actionnaires sont plus gavés que jamais ! La pérennisation du système capitaliste ainsi assumée, la conversion aux « institutions démocratiques libérales », on l’a vu, va alors de soi. L’astuce va être ici de donner une apparence philosophique à cette capitulation devant le libéralisme politique. Tout part d’un postulat – c’est-à-dire d’une proposition non démontrée qu’il faut accepter pour suivre le raisonnement – selon lequel l’antagonisme serait irrémédiablement constitutif des sociétés humaines, c’est ce que Chantal Mouffe désigne comme LE politique. On y reviendra, mais il faut bien dire ici que cette affirmation qui se veut de nature anthropologique n’a aucun fondement scientifique – le recours à Freud n’en est pas un – et repose au mieux sur une intime conviction. On est en fait à mi-chemin entre l’anthropologie de comptoir et le homo homini lupus est (l’homme est un loup pour l’homme) de Thomas Hobbes, philosophe anglais du XVIIe siècle. Bref, il y aurait une nature humaine caractérisée par l’affrontement inévitable entre individus, ce que le libéralisme euphémise dans la compétition, la concurrence… La lutte des classes ne serait donc qu’un épisode accessoire de cet antagonisme fatal que seules des institutions organisant la coexistence humaine peuvent pacifier, ce que Chantal Mouffe appelle LA politique. Or, ô miracle ! les « institutions libérales démocratiques » seraient les mieux placées pour en quelque sorte apprivoiser les antagonismes en ménageant un « espace symbolique » afin d’ éviter que le désaccord prenne des formes violentes. L’antagonisme qui ne connaît que des « ennemis » (emprunt de l’opposition ami/ennemi au juriste nazi Carl Schmitt) se dénouerait en agonisme qui n’accepte que des « adversaires »… Vous suivez ? Et figurez-vous que le système parlementaire est la garantie que « les conflits peuvent être mis en scène de façon agonistique et pas antagonistique » (L’illusion du consensus, p.38). On ne saurait être plus conformiste ! Mais attention, précise Chantal Mouffe, la résolution des conflits n’est qu’illusoire en raison de l’antagonisme fondamental qui structurerait les sociétés humaines. La politique ne peut se définir « en termes de raison, de modération et de consensus » (L’illusion…, p.47) car seuls comptent « les désirs et les fantasmes des gens » (idem). Ce que Chantal Mouffe veut ignorer, c’est que la « raison », la « modération », le « consensus » prêchés par le libéralisme politique ne sont que des ruses pour imposer l’ordre libéral et l’économie de marché ce qui relève d’une violence symbolique qu’elle méconnaît totalement et qu’un minimum de culture sociologique lui permettrait d’appréhender. La rationalité que Laclau et Mouffe attribuent sans discernement au libéralisme n’est qu’un leurre. Bourdieu l’a bien montré : « le rationnel est en fait le raisonnable. Il désigne ce qui est ajusté aux exigences objectives d’un certain espace social, d’un certain univers social » (Anthropologie économique, Raisons d’Agir, 2017, p.151). L’acteur « rationnel » du libéralisme n’est qu’une fiction et le masque d’affects aussi engageants que la cupidité, l’obsession de l’avoir, le vertige de l’accumulation… Face à la « raison » libérale, Bourdieu propose un « rationalisme élargi, c’est-à-dire un rationalisme historiciste avec pour enjeu une autre idée de la raison, une idée de la raison comme création historique et réaliste » (p.162). Une analyse autrement plus stimulante que la pâle renonciation à la raison du populisme de gauche…