Nouvelles N° 2259

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Jeudi 14 juin 2018 - N° 2259 - Hebdomadaire - 15, rue Furtado - 33800 BORDEAUX - Prix : 0,80 euro

ANNONCE D’UN PLAN SOCIAL À FORD BLANQUEFORT

COLÈRE ET SOLIDARITÉ LOI LOGEMENT : un projet de dérégulation qui va creuser les inégalités p.4-5


ACTUALITÉ 20 JUIN DANS LE SUD GIRONDE

Philippe Martinez en visite pour débattre des services publics en ruralité L’Union Locale CGT Sud-Gironde, l’Union Locale CGT Libourne, l’Union syndicale départementale CGT Santé Action Sociale et l’Union Départementale CGT organisent un débat public le 20 juin prochain à Fargues de Langon, en Présence Philippe Martinez, secrétaire général de la CGT.

POUR UN GRAND SERVICE PUBLIC DU RAIL ET CONTRE LE PAQUET FERROVIAIRE DU GOUVERNEMENT

La bataille continue !

- 7h30-9h : rassemblement devant le centre hospitalier de Cadillac ; - réunion d’information au sein du centre hospitalier (réservée au personnel du centre) ; - 9h30-11h30 : organisation de trois tables rondes sur les thèmes suivant : la santé, la fonction publique territoriale, la fonction publique de l’Etat et le service public postal ; - 12h-13h15 : repas ; - réunion publique à 14h ; - fin des travaux à 17h15. Les tables rondes et la réunion publique se dérouleront à Fargues de Langon, salle du temps libre.

16 JUIN 2018 AU PARC PALMER DE CENON

Premier FI’estival insoumis Ce samedi 16 juin 2018 au Parc Palmer de Cenon aura lieu le premier FI’estival insoumis, grande fête girondine gratuite et ouverte à tou-te-s. C’est dans une ambiance festive, conviviale et engagée que la France insoumise célébrera la première année de mandat de Loïc Prud’homme, député de la 3ème circonscription de Gironde. Le festival accueillera des associations (L214, Médecins du Monde, AC ! Gironde, Le Refuge…) ainsi que Danièle Obono, députée LFI de Paris, et Maxime Da Silva, orateur de la campagne de lutte contre la pauvreté de la France insoumise. Danièle Obono et Loïc Prud’homme ouvrirons cette journée à 13h30 par un retour sur leur première année de mandat et leur expérience de député-e-s sur les bancs de l’opposition à l’Assemblée. La journée se poursuivra par une conférence gesticulée, une table ronde sur la pauvreté, des ateliers d’éducation populaire et des concerts. Une buvette et de la petite restauration seront proposées.

Les 12 fédérations de Nouvelle Aquitaine du PCF lancent une grande campagne en direction des usagers du train et des citoyens et avancent des propositions pour le développement du rail. Une chose est sûre, le paquet ferroviaire adopté par le Sénat ne répond en rien aux attentes et aux besoins des populations. La transformation de la SNCF en société anonyme, la

remise en cause du statut des cheminots et l’ouverture à la concurrence ne répondent en rien aux besoins de développer le transport de marchandises et de voyageurs par le train. C’est pourtant un enjeu social, écologique et d’aménagement du territoire. Le PCF lance donc une pétition autour de 3 axes pour développer le rail : - Au plan institutionnel il est proposé le maintien de la SNCF en établissement public et la création d’une conférence régionale du développement du service public du transport pour élaborer, avec l’ensemble des acteurs, syndicats et usagers, les grands axes de développement du transport ferroviaire. - Au plan fiscal, il est proposé la mise en place d’une fiscalité vertueuse pour inciter le transport de marchandises à se tourner vers le frêt au lieu du tout camion, c’est la création d’une écotaxe afin d’inciter le passage du transport de marchandises par la route vers le rail. C’est aussi le déplafonnement du versement transport pour financer la région et les syndicats mixtes de transports et la renationalisation des autoroutes dont une part des recettes

de péage servirait l’investissement pour le rail. - Au plan financier enfin, la dette de la SNCF doit être reprise afin qu’elle ne pèse plus sur la capacité d’investir de l’entreprise publique. La caisse des dépôts et consignation peut racheter cette dette qui pourrait ainsi être étalée dans le temps et dont le taux d’intérêts pourrait être fixé à 0%. Des moyens financiers supplémentaires pourraient être mobilisés pour le développement des lignes. La BCE par la création monétaire, comme elle l’a fait pour les banques, pourrait constituer un fonds de développement des services publics. Un tract va être distribué dans les prochains jours à l’échelle de la région, et la pétition proposée très largement. Une campagne d’affiches “Mon train j’y tiens” permettra de donner la visibilité nécessaire à cette campagne dans les jours qui viennent et tout au long de l’été. Quoi qu’en dise les grands médias et le gouvernement, la bataille du rail est loin d’être terminée. Sébastien Laborde

12 JUIN, 15 ROUND

Journée de la colère cheminote

LA POSTE

La Plateforme Industrielle Courrier de Cestas en grève Les Postiers de la PIC (Plateforme Industrielle Courrier) de Cestas étaient en grève, mardi 12 juin, à l’appel de la CGT FAPT Gironde, perturbant la distribution du courrier sur les cinq départements de l’Aquitaine. N’ayant pas obtenu satisfaction, une nouvelle action était organisée le lendemain. Les postiers des PICs se battent depuis plusieurs mois pour de meilleures conditions de travail et pour une réelle reconnaissance du métier qui a fortement évolué ces dernières années. Ils reprochent à La Poste de faire la sourde oreille aux revendications des personnels. « Il aura fallu le dépôt d’une vingtaine de préavis de grèves locaux et un préavis fédéral pour que la direction nationale ouvre enfin les négociations à partir du 13 juin 2018 », explique la CGT FAPT33. Par leur action, les salariés de la PIC de Cestas demandent l’embauche en CDI des contrats précaires, des augmentations de salaire et grade, une revalorisation de l’heure de nuit, une prime de pénibilité, la compensation des jours fériés travaillés, une prime de transport, etc. 50 % des agents de l’équipe du matin étaient en grève, mardi. « Une délégation a été reçue en négociation mais la direction locale n’a pas fait de propositions concrètes en matière d’emplois, de prime de transport, technicité, pénibilité et polyactivité », rapporte le syndicat.

DÉCÈS DE GÉRARD BOULANGER

Un humaniste qui portait de nombreux combats « Nous avons appris ce week-end le décès de l’avocat bordelais Gérard Boulanger. Humaniste et porteur de nombreux combats communs avec les communistes, il aura été l’un des avocats des parties civiles lors du procès Papon. Engagé toute sa vie pour les droits de l’Homme, il était également l’avocat des sans-papiers de la région bordelaise, celui des « recalculés » des Assedic en 2004, des victimes du syndrome de la guerre du Golfe en 2000. J’adresse à sa famille et à ses proches au nom de la fédération de Gironde du PCF, mes sincères condoléances. » Sébastien Laborde, responsable de la fédération du PCF 2 • Les Nouvelles 14 juin 2018

Mardi 10h, voies ABC, près de 200 cheminot-e-s en grève ont participé à l’AG inter-métiers avant d’investir le bâtiment de la Direction régionale de SNCF Mobilité. La présence et l’insistance des grévistes ont contraint le directeur de région à descendre pour répondre à leurs questions. Si le discours est toujours le même, il n’a pas entamé la

détermination des cheminot-e-s qui ont enchaîné par un sitting voie 1. Le lendemain, ils accueillaient sur le parvis de la gare l’écrivain Hervé Le Corre pour une vente solidaire du livre « La bataille du rail, Cheminots en grève, écrivains solidaires », dont il est l’un des auteurs.

ROBERT PICQUÉ

Démanteler nuirait gravement à la santé Le Comité Robert Picqué pour la défense et le développement de l’hôpital public appelait à un rassemblement vendredi 15 juin devant la Métropole alors que son conseil était appelé à décider de la la poursuite du projet Bahia. Communiqué du Comité. « À la suite du rapport de la garante désignée par la Commission nationale du débat public (Julie Dumont), publié le 8 avril dernier à l’issue de 3 semaines de concertation, le Conseil de Métropole est appelé, le 15 juin, à prendre toutes décisions pour la poursuite du projet Bahia, car tel est le nom de l’opération visant à supprimer l’hôpital public Robert Picqué. La majorité des élus à la Métropole

va-t-elle continuer à ignorer ce que les riverains et les citoyens ont alors souhaité majoritairement : le maintien d’un établissement sanitaire public sur le site de Robert Picqué, Mme Dumont rapportant elle-même leurs interrogations et évoquant l’opportunité d’une nouvelle réflexion à ce sujet ? En effet, n’est-il pas aberrant d’absorber la plus grande structure (l’HRP qui s’étend sur 26 ha) dans le petit terrain de la MSPB (qui s’étendait sur 7 ha et va être amputé de plus de 2 ha), de faire croire que la création d’un giratoire va régler tous les problèmes environnementaux et de penser, comme l’Agence régionale de santé ose l’affirmer, que le “projet Bahia amène une réduction capacitaire (de

100 lits) pour mieux répondre aux besoins” (sic) qui augmentent en même temps que le nombre d’habitants ? Il n’est pas possible que, le 15 juin, les élus de la Métropole se coupent à ce point de l’opinion de la majorité des citoyens. Avec eux et avec toutes les initiatives qui seront prises dans ce sens (dont la votation citoyenne et l’enquête publique qui doivent se tenir en fin d’année), le Comité Robert Picqué continuera d’agir pour la défense et le développement de l’hôpital public, tout en affirmant que Bagatelle doit être soutenue pour garder toute sa place dans le dispositif sanitaire bordelais de secteur 1, sans que la réputation qu’elle a acquise serve d’alibi au démantèlement de l’hôpital Robert Picqué. »


ACTUALITÉ

Editorial

FORD BLANQUEFORT

Mobilisation des soutiens des Ford après l’annonce d’un plan social

« C’est un grand sentiment de colère que ressentent les communistes girondins après l’annonce par la direction de Ford du lancement de procédure pour un “plan de sauvegarde de l’emploi”, l’autre nom du démantèlement industriel et social », ont déclaré élus et militants communistes, tout comme ils ont exprimé leur solidarité envers les salariés et leur familles (lire déclaration page 7). Colère et solidarité sont les sentiments partagés en ce mercredi matin de rassemblement devant la préfecture de Gironde alors que doit se réunir le premier comité de suivi depuis l’annonce par la direction de Ford Europe d’un plan social sur Blanquefort. La direction de Ford Europe avait créé la surprise en annonçant sa venue sur le site de Blanquefort la semaine dernière. C’est finalement une claque qu’ont reçue les salariés. D’après le compte-rendu de la CGT, après que Kieran Cahill (directeur powertrain Ford Europe) ait fait état de démarches pour une reprise, Steve Evison (directeur européen des ressources humaines) déclare que les volumes de FAI sont en déclin et seront intenables fin 2019. Ford veut donc préparer plusieurs options en cas

d’échec du processus de reprise. Deux annonces sont alors faites : l’ouverture d’un processus d’information et de consultation sur une fermeture d’usine à partir du 26 juin (PSE) et l’engagement de FAI à ne pas mettre en place de départs contraints… mais jusqu’à septembre 2019. Pour la CGT, pas de doute : Ford n’a qu’un objectif, se débarrasser de FAI à moindre coût. Le collectif métallurgie de la CGT Nouvelle Aquitaine a immédiatement réagi en appelant tous les syndicats au rassemblement de mercredi matin devant la préfecture à l’occasion du comité de suivi. « Le groupe Ford a les moyens de poursuivre l’activité sur le site de Blanquefort, notamment pour le marché européen, soit une production

de 200 000 unités. La production de la boîte six vitesses pourrait être confiée à Blanquefort. La poursuite de la boîte de vitesses actuelle (6F35) avec quelques modifications pour le modèle ECO SPORT, sont autant de pistes de travail qui assureraient l’activité du site pendant plusieurs années. Le manque de contrôle de l’argent public donné aux grands groupes entraine de telles situations. Ford a perçu plusieurs millions d’euros d’argent public depuis 2013, sans contrôle. La FTM CGT ne peut accepter que ce constructeur ferme le site de Blanquefort pour délocaliser l’activité du site aux USA en 2019 ! Les pouvoirs publics doivent maintenant prendre leurs responsabilités, afin d’éviter une catastrophe sociale, et ainsi pérenniser l’avenir de l’industrie automobile dans la région. » La fédération CGT a demandé à rencontrer le ministre de l’Économie et des Finances, Bruno Le Maire. À l’heure où nous finissions ce journal, le comité de suivi était en réunion et « les Ford » recevaient le soutien, notamment, des cheminots en grève. Christelle Danglot

ORANGE

Grève dans les Unités d’Intervention Aquitaine Le 8 juin, à l’appel de la CGT et de Sud, les salariés des Unités d’Intervention Aquitaine, étaient appelés à faire grève pour protester, notamment, contre la mise en place de nouvelles organisations de travail liées au digital et au numérique. Sur le site de Bordeaux, Margot Schœndorff, déléguée syndicale CGT, parle conditions de travail, charge de travail, effectifs, temps de travail mais aussi organisation du Back office (bureau d’activité des techniciens) ou encore du fameux projet du « technicien 100 % digital », un test qui consiste, entre autre, à géolocaliser les techniciens. Et ça ne fait pas rêver, déjà que ce n’était pas la joie… D’ailleurs 50 % des salariés sont en grève, signe d’un fort mécontentement. « Depuis des années, raconte Christophe Fezas, technicien entreprise, les changements d’organisation se succèdent, les process de travail se complexifient, se déshumanisent. Il

n’y a plus de prise en compte de nos difficultés sur le terrain. Les horaires de rendez-vous se réduisent sans prise en compte des trajets ou du temps pour récupérer le matériel. Et là ils testent une application qui permet au client de nous identifier nommément, de nous évaluer, à l’entreprise de faire des statistiques, etc. Ils nous disent que c’est un test qui vient du national, que ça ne sera pas mis en place mais en attendant, vu la place que prend l’automatisation, il y a de moins en moins de personnel pour préparer ou intervenir et de plus en plus de problèmes. Même s’il y a de la communication au sein de réunions, nos problématiques ne remontent jamais alors que les exigences de la direction, elles, sont bien mises en œuvre ». Les syndicalistes alertent sur les arrêts maladies, les burn out qui se multiplient… sans effet. « On a des ordres de travaux vides, sans infos, témoignent Romain et Raphaël et des délais réduits pour intervenir, 30 minutes au lieu de 1h30. Les techniciens doivent être multicompétents mais la

formation ne suit pas. On a eu 6 mois pour apprendre le métier, 6 jours sur le terrain et on nous a lâchés sans matos. Seule l’entraide avec les collègues permet d’intervenir. D’ailleurs les chiffres de satisfaction clients sont catastrophiques. » Le « technicien 100 % numérique » doit aussi être « exemplaire » et « solidaire ». En fait, non seulement le salarié est géolocalisé par l’entreprise et le client mais il peut, et surtout doit, lorsqu’il a fini toute intervention avant la fin de sa journée, repérer les interventions à effectuer à proximité. Bref, Orange teste l’ubérisation. Dans le meilleur de leur monde, de votre smarphone vous demandez l’intervention d’un technicien, une plateforme met votre demande en relation avec un technicien indépendant disponible à proximité pour intervenir… Comme pour les livraison de repas… « Oui, mais ils nous assurent que ce n’est qu’un test », ironisent les salariés mobilisés.

Bousculons l’Europe !

Nous venons toutes et tous d’être choqué-e-s par ce premier acte du nouveau gouvernement italien refusant le droit d’accoster sur ses côtes au navire humanitaire l’Aquarius et ses 629 migrants secourus au large de la Libye. Cette coalition italienne du mouvement populiste « 5 étoiles » et de la Ligue, parti d’extrême-droite, allié au FN au plan européen, surfe à la fois sur le racisme et la xénophobie - « Tous à la maison », scandait le M5S – Et en même temps, elle ménage les intérêts du grand patronat, avec la nomination aux affaires européennes d’un banquier, ex-directeur du MEDEF italien ! « Les entrepreneurs doivent être laissés en paix », annonçait le leader Luigi Di Maio. Et la « Flat tax », taux réduit d’imposition sur le capital, est la mesure phare qui rassure les marchés financiers. Alors, comment penser que les quelques mesures sociales annoncées pourront être financées ? Ne voyons-nous pas apparaître ici, dans ce pays qui, au fil des traités européens et des politiques nationales d’austérité, a vu son industrie et son agriculture sacrifiées, un laboratoire de l’Europe que l’on nous prépare ? Celle où la finance pourrait s’accommoder du recours à l’extrême-droite, comme on le voit dans trop de pays du Centre et de l’Est. Les questions migratoires seraient alors agitées en permanence pour brouiller les enjeux de lutte de classe, pour éviter d’aborder les solutions de fond, alternatives au chômage et aux inégalités. « C’est à la construction de nouvelles résistances sociales nationales et continentales qu’il s’agit de s’atteler pour révolutionner la construction européenne et éloigner les monstres qui prospèrent sur sa décrépitude », écrit le député européen communiste Patrick Le Hyaric. Les ferments d’une Europe solidaire, tolérante et pacifiste existent. Ils se font entendre au Portugal pour l’hôpital public, en Espagne et en Pologne pour les droits des femmes, en Allemagne et en Roumanie pour les salaires, en Belgique pour les pensions, aux Pays-Bas pour l’école, en Grèce contre les plans d’austérité, en Italie pour l’Université… et bien sûr en France où la lutte exemplaire des cheminots ouvre la voie à des convergences utiles entre salarié-e-s de différents secteurs d’activité, de différents pays, et entre forces syndicales, associatives et politiques. Il ne s’agira pas de se lamenter sur l’Europe du chaos, ni de rester prisonnier d’un débat binaire « pour ou contre », « dedans ou dehors », mais bien de faire bouger les lignes, et de définir le contenu d’une nouvelle union des nations et des peuples libres et coopérant entre eux, pour le progrès social. L’initiative du PCF le 2 juillet à Paris, autour de Ian Brossat, chef de file communiste pour la campagne des élections européennes de 2019, en direction des forces de transformation sociale de notre pays, sera une première étape.

Vincent Maurin membre de l’exécutif du PCF 33

C.D. Les Nouvelles 14 juin 2018 • 3


LOGEM POUR ASSURER UN VÉRITABLE DROIT AU LOGEMENT POUR TOUS

Le PCF propose La crise du logement est majeure. 12 millions de personnes sont touchées, 2,8 millions vivent dans des conditions de surpeuplement, sans confort et dans une très grande précarité. La part du logement est passé de 18 à 25 % dans le budget des ménages. Il est plus que temps d’agir pour faire respecter le droit constitutionnel au logement. Pour agir tout de suite : - revaloriser les APL ; - mettre sous protection le 1,2 million de personnes menacées d’expulsion locative à plus ou moins brève échéance en interdisant les expulsions sans solutions de relogement ; - augmenter les taxes sur les logements vacants dans les zones en déficit de logement ; - encadrer les loyers avec l’objectif que le loyer et les charges ne dépassent pas 20 % des revenus du foyer. Pour changer de logique : • construire 200 000 logements sociaux par an et renforcer la loi SRU

(vers 30 % de logements sociaux en zone urbaine) ; • créer un service public national et décentralisé du logement, de l’habitat et de la ville s’appuyant notamment sur un pôle public financier, un pôle public de la construction et une agence nationale foncière (pour compenser les surcoûts fonciers). Ce service public se déclinerait en trois volets : - un pôle public financier, appuyé sur la Caisse des dépôts et consignations (CDC), pour financer le logement social ; - un pôle public de la construction pour casser le monopole des majors du BTP et permettre l’abaissement des loyers et des charges ; - une agence nationale foncière et décentralisée au niveau des régions, dotée de fonds d’intervention conséquents, pour lutter contre la spéculation du sol par une maîtrise publique et pour inciter à la construction de logements sociaux dans toutes les communes.

ASSEMBLÉE NATIONALE, DISCUSSION GÉNÉRALE LE 31 MAI

Extraits d’intervention du groupe CRC Stéphane Peu. « Donner les clés au marché sans régulation, ou en ôtant les régulations, a poursuivi l’élu, c’est s’exposer au risque qu’il se détourne de l’intérêt général et creuse un peu plus les inégalités. C’est la raison pour laquelle je n’adhère pas du tout aux différentes entreprises de dérégulation que l’on trouve dans ce projet de loi. Je pense notamment à la réduction des normes d’accessibilité, qui ont été, quoi qu’on en dise, une avancée pour les handicapés. Regardez comment réagissent les associations de handicapés, dans leur totalité : elles sont vent debout contre votre projet de loi ! Elles ne comprennent pas pourquoi on revient sur des avancées qu’elles ont mis des années, voire des décennies, à obtenir ; pourquoi, d’un seul coup d’un seul, on réduit les normes d’accessibilité à peau de chagrin. J’évoque là l’accessibilité, mais je pourrais parler d’autres normes ou règles qui ont constitué des progrès en matière d’habitabilité, de confort ou d’adaptation du logement. » (…) « Enfin, la vraie poutre maîtresse de la loi, c’est le logement social. Vous n’aimez pas les HLM. Vous les considérez comme une anomalie. Avec la loi de finances, vous aviez voté l’acte I de leur affaiblissement, en leur prenant 3 milliards d’euros, alors que vous dispensiez de tout effort le secteur privé, qui est le vrai secteur spéculatif à l’origine de la hausse des prix. À présent qu’on leur a mis un genou à terre, on les oblige à se regrouper. 4 • Les Nouvelles 14 juin 2018

C’est l’acte II. Je devine, parce que j’entends les lobbys qui s’intéressent au projet de loi, que l’acte III, après l’affaiblissement et le regroupement, sanctionnera l’ouverture de ces groupes au secteur privé et au monde des investisseurs privés. » André Chassaigne. « La suppression des concours d’architecture, dont les bailleurs sociaux pourront désormais se passer, et le démantèlement de la loi de 1985 sur la maîtrise d’ouvrage publique sont des reculs historiques, extrêmement préoccupants dans la mesure où ils ruinent les efforts accomplis pendant des décennies pour améliorer la qualité architecturale du logement social. Vous nous proposez, là encore, un bond en arrière d’un demi-siècle. Un dernier mot pour évoquer l’article 15 du projet de loi, qui s’attaque à l’avis conforme des architectes des bâtiments de France en vue d’accélérer et de faciliter la délivrance des autorisations d’urbanisme. Autant le dire clairement : cet article se soldera par l’autorisation de destruction de bâtiments anciens dans les zones patrimoniales gérées aujourd’hui par les architectes des bâtiments de France. (…) Je pourrais évoquer encore les atteintes du même ordre à la loi Littoral. Nous sommes avec ce texte, sous les dehors du volontarisme, engagés dans une formidable entreprise de démolition aux accents thatchériens. »

PROJET DE LOI LOGEMENT

Poursuite des attaques contre le logement social !

Fin du droit au maintien dans les lieux, augmentation des ventes de HLM, fusions des organismes… Le logement social est attaqué de toutes parts. Gilles Rolle/REA

Débattu en ce moment à l’assemblée nationale, le projet de loi portant évolution du logement, de l’aménagement et du numérique (ÉLAN) ambitionne notamment de « conforter le modèle français du logement social en proposant aux organismes HLM des outils pour se réorganiser afin de construire et de rénover plus de logements ». Cet objectif louable cache en réalité un projet de casse du modèle qu’il entend conforter et de précarisation accrue de la situation des locataires. La loi de finances 2018 a amputé de façon drastique et inédite les recettes des bailleurs sociaux en leur imposant une réduction de leurs loyers en compensation de la baisse des APL. Cette baisse de recettes de deux milliards d’euros par an, à terme, va inévitablement réduire la capacité d’investissement des bailleurs sociaux et par conséquent faire chuter les constructions et les réhabilitations de résidence. Cette baisse de recettes met d’ores et déjà en difficulté financière de nombreux bailleurs dans leur gestion au quotidien.

Le projet de loi ÉLAN organise la disparition de ces bailleurs qui seront contraints de fusionner ou de se regrouper au sein de sociétés anonymes gestionnaires de 15 000 logements au minimum. À cette fin, le projet de loi facilite la circulation des capitaux entre les organismes, accréditant ainsi la rumeur infondée d’organismes disposant de trésoreries confortables non mobilisées pour investir. La marchandisation du logement social est en marche au détriment des territoires, des près de cinq millions de ménages logés et des deux millions de demandes de logements insatisfaites. Le projet de loi prévoit un réexamen périodique de la situation des locataires du parc social afin de faciliter la mobilité des locataires. Derrière cette disposition, c’est le droit au maintien dans les lieux des locataires qui est une nouvelle fois remis en cause avec la volonté d’évincer les locataires jugés trop riches. C’est la vocation généraliste du modèle français, qui permet aujourd’hui à 70 % des ménages d’être éligibles à l’attribution d’un logement social, qui est niée. Concentrer les habitants les plus modestes et précaires dans les

logements sociaux va entraîner une spécialisation néfaste du parc social et va à l’encontre de la nécessaire mixité sociale. Le projet de loi prévoit l’obligation pour les bailleurs sociaux de vendre jusqu’à 40 000 logements sociaux par an. Cette mesure n’est pas nouvelle mais c’est le volume des ventes qui est inédit, ainsi que la création de sociétés spécifiquement dédiées à ces ventes. Alors que deux millions de demandes de logements sociaux sont insatisfaites, cette mesure repose sur le postulat non vérifié qu’un logement vendu permettrait d’en construire trois. Les logements vendus continueront de surcroît à être comptabilisés pendant dix ans comme logements sociaux. Cette mesure affaiblirait une nouvelle fois l’obligation faite aux communes de disposer de 25 % de logements sociaux sur leur territoire. Le projet de loi torpille par ailleurs le dispositif d’encadrement généralisé des loyers du parc privé en le rendant expérimental, pour une durée de cinq ans, et à la demande des élus locaux. Perfectible et seulement mis en place à Paris et Lille (avant d’être censuré par les juridictions administratives), cet encadrement des loyers avait néanmoins permis de limiter l’inflation débridée des loyers à Paris. Les bailleurs auront ainsi à nouveau toute latitude pour fixer des niveaux de loyer hors de portée pour la majorité des ménages avec pour conséquence une exclusion accrue des centres‑villes de ces derniers. Le logement social est indispensable pour loger dignement toutes et tous à un coût adapté aux ressources de chacun. À rebours de la politique gouvernementale, c’est de moyens supplémentaires dont ont besoin les bailleurs sociaux pour construire davantage de logements afin de répondre à l’obligation légale de logement de toutes et tous. C’est cette ambition pour le logement et en particulier pour le logement social que défendent les députés du groupe communiste à l’occasion de ce débat.

David Valade

MARCHANDS DE SOMMEIL

Une avancée en demi-teinte Pas si mal, mais pourrait faire mieux. Au milieu d’une série de mesures inquiétantes pour l’avenir du logement des plus pauvres, le renforcement de la lutte contre les marchands de sommeil est une des seules bonnes nouvelles de la loi Elan. L’Assemblée nationale a approuvé, vendredi 8 juin, une série de mesures durcissant le texte gouvernemental sur la question, qui se contentait d’instituer une présomption de revenus pour les marchands de sommeil, comme

pour les trafiquants de drogue. La majorité gouvernementale a ainsi voté en faveur de certains amendements issus d’une proposition du groupe communiste, comme l’interdiction pour les marchands de sommeil condamnés d’acquérir des biens immobiliers lors de ventes par adjudication. Les députés ont, en outre, rendu obligatoires les peines complémentaires de confiscation des biens et d’interdiction d’acquisition de nouveaux biens immobiliers

pour une durée de cinq ans, sauf décision contraire motivée du juge. Le gouvernement a néanmoins rejeté des propositions pour mieux définir, dans le Code pénal, le délit se rapportant aux marchands de sommeil, afin d’accroître les peines encourues par ceux que le député PCF Stéphane Peu a qualifiés de « cols blancs » usant de « kyrielles de sociétés écrans ». Camille Bauer, l’Humanité, 12/06/18


MENT BORDEAUX MÉTROPOLE

LOCUS SOLUS

Quand la loi ELAN menace les ambitions locales

Un projet de logements participatifs expérimental au grand Parc

Le conseil de métropole du 15 juin devait valider la programmation prévisionnelle de logements sociaux conventionnés pour 2018 sur l’agglomération. L’occasion pour Odile Blein de souligner les efforts faits en la matière, mais aussi de s’inquiéter des effets néfastes de la loi ELAN sur ces efforts. « La lecture du compte administratif nous apprend que 14 communes de la métropole restent déficitaires en logements sociaux au regard de la loi SRU parmi lesquelles 5 ont dû s’acquitter de pénalités. La loi SRU, c’est-à-dire 25% de logements sociaux alors que 75% des ménages ont

des revenus qui les rendent éligibles au logement social et alors que les promoteurs immobiliers continuent d’alimenter la spéculation sur notre territoire, continuant à chasser les plus fragiles en zones périurbaines. Ces petits rappels ne sont, à mon sens, pas inutiles pour commenter la programmation annuelle de logements sociaux. Et, pour la troisième année consécutive, nous avons à constater des chiffres de réalisation qui sont fidèles à la programmation. Programmation que certains avaient jugé trop ambitieuse. Force est de constater que les services métropolitains parviennent à instruire les dossiers, ce que nous devons saluer. 4000 conventionne-

ments en 2017, plus de 4000 encore pour 2018 ; c’est un effort conséquent auquel il faut ajouter le travail de la Fab sur l’accession abordable dans les opérations 50 000 logements. Nous avons également observé avec attention le travail mené par M. Mangon autour de l’encadrement du foncier. C’est une démarche que nous soutenons, même si nous avons bien entendu le discours du président des promoteurs immobiliers, M. Ferasse : pour lui, il faut construire plus petit et moins social et la loi du marché fera le reste… Ce n’est évidemment pas notre conception de l’action publique. Mais il semble hélas que ce soit la philosophie du gouvernement et de sa majorité parlementaire. La loi ELAN adoptée cette semaine constitue en effet un recul inacceptable pour le logement pour tous. En permettant de vendre 5 fois plus de logements sociaux qu’avant (40 000 par an contre 8 000 auparavant), en poussant les offices HLM au regroupement et en exonérant les villes carencées de leurs efforts, cette loi est une carte blanche donnée aux spéculateurs et une fin de non recevoir aux 4 millions de mal-logés de ce pays. Nous souhaitons donc que la métropole bordelaise ne suive pas cette voie et qu’elle poursuive au contraire ses efforts pour le logement social. Avec un bon niveau de PLAI-PLUS et une attention sur les PLS, dont le financement des résidences séniors et étudiants qui doivent être régulés, c’est une bonne programmation qui nous est proposée. Nous voterons donc pour cette délibération. »

ENCADREMENT RENFORCÉ DES LOCATIONS AIRBNB

« Ici, ce n’est pas le Far West », estime Ian Brossat L’Assemblée nationale a voté vendredi un encadrement renforcé des locations touristiques de type Airbnb. Pour Ian Brossat, adjoint à la mairie de Paris, chargé du Logement, la régulation était nécessaire.

annonces illégales », constate-t-il avant de rappeler que de nombreuses annonces sont aujourd’hui déposées sur le site d’Airbnb sans le numéro d’enregistrement qui doit être celui de tout loueur de meublé touristique.

« Il est temps de responsabiliser ces plateformes ». Lundi, au micro de Patrick Cohen sur Europe 1, Ian Brossat, adjoint PCF à la mairie de Paris, chargé du logement, de l’habitat durable et de l’hébergement d’urgence s’est dit satisfait du vote par l’Assemblée nationale d’un encadrement renforcé des locations touristiques de type Airbnb. Cet article prévoit des sanctions accrues contre les propriétaires et des nouvelles amendes pour les plateformes qui ne respecteraient pas leurs obligations. « Nous sommes confrontés depuis cinq ans à un développement frénétique de ce type de locations. Il faut les réguler en responsabilisant les propriétaires et les plateformes, notamment Airbnb, car elles se font de l’argent avec des

« Depuis le 1er décembre à Paris, il y a un numéro d’enregistrement obligatoire. Lorsque vous voulez louer votre logement, il vous faut ce numéro », explique l’adjoint à la mairie de Paris. « Et la loi précédente précisait que les plateformes devaient retirer les annonces qui n’avaient pas de numéro d’enregistrement. Or, je constate qu’Airbnb, par exemple, maintient des annonces illégales. Ici, ce n’est pas le Far West ». Selon Ian Brossat, 70 % des annonces parisiennes présentes sur ce type de plateformes de location sont illégales. « Il est temps que les plateformes ne fassent plus n’importe quoi », insiste-t-il. « J’ai rencontré les responsables d’Airbnb. C’est la première fois qu’une entreprise me

70 % d’annonces illégales

dit qu’elle ne respectera pas la loi », déplore-t-il. La plateforme argue que la démarche est trop complexe. « En réalité, s’inscrire sur le site de la ville de Paris ça prend deux minutes. Je crois que si l’on est capable de mettre son annonce sur Airbnb, on est capable de s’inscrire sur le site de la ville », ajoute l’adjoint au maire. « Des logements en moins pour les Parisiens »

« Notre objectif n’est pas de tuer ce secteur », nuance toutefois Ian Brossat. « Il y a un certain nombre de gens qui louent leur logement quelques semaines par an, ça met du beurre dans les épinards. Mais nous n’acceptons pas que des logements se transforment en hôtels clandestins car ce sont des logements en moins pour loger des Parisiens dans une ville déjà tendue. » Paris est la première destination au monde pour les locations de types pour Airb’nb. Bordeaux n’est pas mal classé non plus…

Pas grand chose de neuf du côté de l’habitat participatif dans la loi logement. Pourtant ce concept du « vivre ensemble, chacun chez soi » fait des émules. Rolande est une fervente partisane de la démocratie locale et de l’implication des habitants dans la construction des projets collectifs. De la théorie à la pratique, Rolande en a fait la démonstration. Elle a bien voulu répondre à nos questions. NBSO. Tu t’es impliquée dans le projet Locus Solus du Grand Parc et tu y habites maintenant. Quelles ont été tes motivations ? Rolande. Mise au courant par affichage dans les halls d’immeubles et en même temps représentante de la CLCV auprès d’Aquitanis lors d’un comité de proximité où ce projet avait été évoqué, j’étais à la fois très intéressée mais n’arrivait pas à me projeter dans le délai des quatre ans annoncés. Cependant, l’annonce d’un habitat participatif où chacun amenait ce qu’il pouvait avec ce qu’il était, m’a permis de passer ce cap de doute et d’assister à la première réunion avec une dizaine de personnes . La présentation qui en a été faite, espaces individuels, collectifs (serre, jardins, chambre relais,…), l’esprit de créer un lieu où la notion de voisinage, si longtemps oubliée dans les grandes agglomérations, reprenait un sens, m’a complètement séduite. NBSO. En quoi a consisté ce processus participatif ? Rolande. Afin de souder ce premier groupe, les réunions et visites de jardins se sont succédées, à un rythme soutenu, et des moments conviviaux ont permis de mieux se connaître (repas partagés, soirées festives, …). Des visites également de l’immeuble OREA au Bouscat et à Rézé de la Maison Radieuse du Corbusier nous ont donné des exemples de logements participatifs. Un médiateur choisi par Aquitanis nous a accompagnés jusqu’à ce jour et a été d’une grande efficacité pour éviter les conflits qui pouvaient naître dans les différents choix que nous

avions à prendre pour la gestion et l’entretien de ce bâtiment. Une trame de règlement intérieur ainsi qu’une charte de ce que nous voulions pour ce lieu ont été réalisées avec ce médiateur qui était devenu un ami. Puis s’est mis en place le travail avec les architectes qui nous ont présenté les grandes lignes de ce nouveau lieu atypique ; le béton y était très présent et suscitait beaucoup de questionnement ! Les architectes ont été accompagnés lors du dépôt du permis de construire à la mairie par deux habitants. Les futurs locataires, selon le choix du type d’appartement, ont imaginé leur espace de vie de façon différente (cuisine ouverte, chambre donnant sur la coursive ou sur le jardin d’hiver etc.). Nous avons été associés au choix du mode de chauffage, sur la production de l’eau chaude et des étudiants de Sciences-Agro dans le cadre de leur programme ont élaboré des maquettes de jardins. Le 26/01/2016, une assemblée générale constitutive, a créé l’Association Locus Solus qui devient l’interlocuteur direct d’Aquitanis. Plusieurs commissions sont mises en place pour la gestion future et un travail sur les charges est réalisé, les locataires s’engagent à réduire les dépenses par leur participation à l’entretien des coursives. NBSO. Quelles sont tes premières impressions ? Rolande. L’emménagement dans l’immeuble a été mémorable mais les impressions sont différentes et essayons de ne garder que les bons moments ! Rentrer dans mon appartement et retrouver le plan initial a été un choc ; l’espace que j’avais privilégié, avec très peu de cloisons, une vue de la porte d’entrée sur le jardin d’hiver, tout cela y était ! Quelques bémols cependant partagés avec d’autres locataires, mais cela rentre progressivement dans l’ordre et l’association est très attentive à sauvegarder l’esprit initial de participation, de convivialité et du vivre ensemble. Propos receuilli par Jean-Jacques Bordes Les Nouvelles 14 juin 2018 • 5


INTERNATIONAL DÉCRYPTAGE

Décomposition à l’Italienne

Giuseppe Conte et Luigi Di Mai

Au bout de trois mois de crise politique, un contrat de coalition entre la ligue et le Mouvement 5 étoiles offre un gouvernement aux Italiens. Sa stabilité apparaît fragile et un retour aux urnes possible. En attendant, c’est un programme de droite et d’extrême droite qui semble s’appliquer. Les démagogues du Mouvement 5 étoiles et les xénophobes de la Ligue sont enfin parvenus à former un gouvernement. Giuseppe Conte, le nouveau président du Conseil italien, et ses ministres ont prêté serment le 1er juin. Cela met fin à une crise institutionnelle de 88 jours, la plus longue de l’histoire de la République. Ces deux dernières semaines, la formation du gouvernement n’avait pu aboutir du fait du veto mis par le président de la République, Sergio Mattarella, à la nomination au poste de ministre de l’Économie de Paolo Savona, au risque d’apparaître comme le défenseur des marchés financiers. La ligue avait fait de la nomination de cet économiste hostile à la monnaie unique la condition sine qua non de sa participation au gouvernement. Mais, face aux pressions multiples et au

risque de nouvelles élections, en plein mois d’août, Matteo Salvini, leader de la Ligue, a fini par céder. Un autre ministre de l’Économie a été désigné.

cratie directe au moyen d’Internet. Son succès est le fruit de l’exigence montante d’une moralisation de la vie politique, suite aux scandales de corruption, mais aussi aux révélations sur le train de vie de certains élus. Démagogue, porteur du slogan « Tous à la maison ! », le M5S a bondi à 25 % des voix en 2013 et à 32,7 % le 4 mars dernier. Il a un programme interclassiste, tentant d’apporter une sécurité de revenus aux milieux populaires, tout en faisant les yeux doux au patronat en promettant des baisses de taxes.

Une équipe inédite

Des partis qui prospèrent dans la crise

Ce sont deux familles politiques typiquement italiennes qui arrivent au pouvoir. La Ligue, dirigée depuis 2013 par Matteo Salvini, est un parti d’extrême droite allié au niveau européen avec le Front national et dont la xénophobie est le fonds de commerce. Elle a été fondée en 1991 pour exiger une fin des transferts budgétaires du nord vers le sud de l’Italie, plus pauvre. Alliée de Silvio Berlusconi, elle a participé à tous les gouvernements de droite de ces vingt-quatre dernières années, en 1994 et 1995, de 2001 à 2006 et de 2008 à 2011. La Ligue a recueilli 17 % lors des élections législatives du 4 mars dernier. Le Mouvement 5 étoiles, lui, a été fondé en 2009 par le comique génois Beppe Grillo et par un chef d’entreprise de nouvelles technologies, Gianroberto Casaleggio, décédé depuis. Au début, le mouvement défendait les thèmes écologistes et une démo-

Le succès de ces forces est le fruit de la crise rampante en Italie. Depuis 1981, le montant des intérêts payés sur la dette italienne est supérieur à la dette elle-même, qui est aujourd’hui de 132 % du PIB. Cela s’est traduit par une ponction sur le budget de l’État, chaque année, pour nourrir les marchés financiers, au détriment des investissements dans l’éducation, les services publics et les infrastructures. À cela s’ajoute une fragilité du système productif italien, composé de petites entreprises qui peinent à tenir face à la concurrence internationale. Les rigidités des partenaires européens, concernant la dette, ont alimenté un sentiment anti-UE. Les conséquences de cette austérité pratiquée depuis le début des années 1990 ont des effets délétères. Le taux de chômage dépasse durablement les 10 %. 5 millions d’Italiens sont pauvres. Chaque année, 300 000 jeunes quittent la péninsule, tandis

GROUPE DES SEPT

Le nouveau doigt d’honneur de Donald Trump Non content d’un texte du G7 pourtant bâti autour de ses desiderata, le président des États-Unis a retiré sa signature et annoncé des surenchères dans sa guerre commerciale. Donald Trump est prêt à brûler les étapes pour parvenir à l’installation d’un nouvel ordre mondial mieux dominé par les États-Unis. Fût-ce au prix d’un tweet rageur adressé à ses « partenaires » du G7 depuis son avion qui annulait d’un trait de plume le compromis pourtant déjà très « confortable » qu’il venait de signer, samedi, avec eux au Canada. (…) Le compromis élaboré dans le communiqué commun du G7 allait pourtant largement au-devant des desiderata du président des ÉtatsUnis. Le texte, en 28 points, s’efforçait de préserver la relation particulière des six autres grandes puissances, alliées de Washington, en épousant nombre de préoccupations trumpistes. Champion de cette démarche, le président français, Emmanuel Macron, a plaidé pour une formule intégrée dans le communiqué final du G7 visant à « moderniser l’Organisation mondiale du commerce (OMC) ». Traduisez : mieux l’aligner sur certaines des 6 • Les Nouvelles 14 juin 2018

révisions des règles du jeu exigées par Trump. L’hôte de l’Élysée, qui avançait triomphalement sur ce point samedi lors de sa conférence de presse finale, a dû bien vite déchanter. Hormis ce drôle de consensus recherché sur le commerce, il était bien difficile de discerner la moindre convergence sur tous les autres sujets abordés par le sommet. Seule exception : la Corée du Nord. Les sept se prononçaient pour « un désarmement nucléaire irréversible de la péninsule ». Sur le reste, aucun véritable compromis n’avait pu être trouvé. Le texte final se contentait ainsi d’enregistrer les divergences portant sur le torpillage de l’accord sur le nucléaire iranien. Aucun rapprochement n’avait pu également se faire jour sur la question de la lutte pour la protection de l’environnement et contre le réchauffement climatique. Les ÉtatsUnis manifestaient non seulement leur détermination à rester hors des accords de Paris, mais ils refusaient de ratifier une ambitieuse proposition de nettoyage des océans envahis par les déchets plastiques. Sachant que, comme pour les émissions de gaz à effet de serre, l’hyperpuissance est classée, haut la main, championne du monde pour ce type de pollution.

Au total, cependant, une volonté était affirmée de trouver malgré tout un nouveau modus vivendi avec Washington. C’est à la suite de cette démarche que Donald Trump s’est finalement décidé à faire un nouveau doigt d’honneur en retrouvant l’avion présidentiel qui l’emmenait vers Singapour et son sommet avec le potentat nordcoréen, Kim Jong-un. Et, pour bien faire comprendre où se situait l’origine essentielle du contentieux, il a brandi la menace d’étendre à l’automobile la guerre commerciale déjà déclenchée contre ses propres « partenaires » sur l’acier et l’aluminium. « Nous allons, nous, regarder ces droits de douane sur les autos qui submergent le marché américain », a tweeté le locataire de la Maison-Blanche. En Europe la principale victime de l’instauration de taxes sur l’importation de véhicules serait l’Allemagne. (…) La chancelière est montée, comme le chef de l’État français, de plusieurs tons pour dénoncer une « irresponsabilité » du président Trump qui ne manquerait pas de « se retourner in fine contre l’économie des États-Unis elle-même ». En attendant, cette guerre des taxes risque surtout de frapper l’Europe. (…)

que le taux de natalité n’est que de 1,37 enfants par femme. Dans ce contexte, la crise migratoire avec l’arrivée de dizaines de milliers de migrants tous les ans sur les côtes italiennes et l’absence de solidarité des autres partenaires de l’Union européenne ont boosté le discours xénophobe et raciste de la Ligue. Ultralibéralisme et extrême droite

Le nouveau gouvernement a pu être présent comme « antisystème », ses forces se montrant critiques envers la construction européenne. En réalité, il ne remet pas en cause la domination des classes dirigeantes. À son arrivée au ministère du Développement économique et du Travail, Luigi Di Maio, chef politique du Mouvement 5 étoiles, a donné la couleur : « les entrepreneurs doivent être laissés en paix. » Il promet des mesures de « débureaucratisation », certainement bienvenues, et défend quelques mesures sociales qui s’apparentent à un filet de sécurité pour les plus démunis. Une allocation chômage de deux ans, sous strictes conditions, va être instaurée, tout comme un minimum vieillesse. L’âge de départ en retraite pourrait baisser, mais le risque est fort, faute de couverture financière, de voir le niveau de pensions baisser. Ces quelques mesures sociales serviront de vernis à une politique fiscale hautement inégalitaire qui va être mise en place. Comme dans la Hongrie de Viktor Orban, un impôt à taux unique va être instauré. Les

revenus supérieurs à 80 000 euros annuels ne seront plus taxés jusqu’à 20 % ! Cette mesure qui coûtera 70 milliards d’euros au budget, devra être compensée. Le ministre de l’économie, Giovanni Tria, suggère qu’elle le soit par… une augmentation de la TVA, donc payée par les plus pauvres. Quant aux migrants, ils seront les premières victimes de ce gouvernement. Le « sinistre » de l’Intérieur, Matteo Salvini, a promis de diminuer les fonds pour l’accueil et d’expulser à tour de bras. Un climat politique délétère

L’installation de ce nouveau gouvernement conduit à une dégradation du climat politique. Le ministre de l’Intérieur agite les peurs, tandis que d’autres ministres – notamment celui de la Famille, Lorenzo Fontana – clament haut et fort leur opposition à l’avortement et leur attachement à la famille « composée d’une maman et d’un papa ». Plus généralement, le débat politique est polarisé entre, d’un côté, le Mouvement 5 étoiles et la Ligue, avec la bienveillance des néofascistes de Frères d’Italie, un temps pressentis pour rejoindre le gouvernement et, de l’autre côté, un Parti démocrate qui a été le bon élève des politiques européennes néolibérales à l’origine de la crise. La gauche de la gauche paie le prix de ses divisions et semble inaudible. Gaël de Santis, l’Humanité Dimanche, 7-13/06/18

PCF

Il n’y a rien de progressiste dans le gouvernement Conte L’extrême-droite vient d’entrer dans le gouvernement de la 3e puissance de la zone Euro avec un objectif clair. Quand Mateo Salvini, devenu ministre de l’Intérieur, dit : « Clandestins, préparez-vous à faire vos valises ! », quand Lorenzo Fontana, le ministre « de la Famille » dit : « Les homosexuels veulent nous dominer et effacer notre peuple », c’est bien une société bâtie sur des principes ethnicistes et identitaires que le gouvernement Conte souhaite construire. Les dirigeants européens, arc-boutés sur la défense de l’orthodoxie néolibérale et austéritaire, sont muets sur ces orientations nauséabondes. Ils portent cependant une lourde responsabilité sur la crise italienne. Voilà où mène la marginalisation durable de la gauche, du fait de la transformation du parti social-démocrate en parti démocrate. Voilà où mène la politique néolibérale de Renzi et de Gentiloni (Parti démocrate), soutenue par l’UE, uniquement axée sur l’équilibre budgétaire sans réduire ni le chômage, ni les profondes fractures territoriales. Voilà où mène la politique du gouvernement Gentiloni visant à fermer les frontières du

pays et qui a légitimé le discours de l’extrême-droite. Voilà où mènent les tentatives scandaleuses, poussées par les dirigeants européens, de bâtir des gouvernements technocratiques sans l’appui du peuple, du coup d’état financier de 2011, aux lamentables combinaisons du président de la République Sergio Mattarella. On analyse souvent la situation en Italie à partir de l’opposition entre « pro-système » et « anti-système ». Cette lecture est fausse. Il n’y a rien de progressiste dans le gouvernement italien. Face au désastre, il est nécessaire de reposer la question de la gauche. De nombreuses voies se cherchent dans la gauche italienne, politique et sociale. Le PCF y est très attentif et exprime son soutien et sa solidarité avec celles et ceux qui entrent en opposition à ce gouvernement et qui veulent construire une Italie pour le bien du plus grand nombre, libérée des tendances nauséabondes représentées par le gouvernement Conte et libérée des marchés et de la finance. Il est urgent d’ouvrir des brèches dans la logique néolibérale, anti-démocratique et austéritaire dans laquelle s’enfoncent les dirigeants européens et l’UE, faute de quoi le scénario italien pourrait se répéter dans d’autres pays européen.


PCF FORD BLANQUEFORT

COMMÉMORATION

Colère et solidarité des communistes

Appel de Charles Tillon du 17 juin 1940 L’ANACR, l’ANCAC, l’ARAC, la FNDIRP, l’association du souvenir des fusillés de Souge, l’association gradignanaise pour la mémoire de la Déportation, la Fédération de la Gironde du Parti communiste français et l’Union départementale CGT de la Gironde commémoreront l’appel à la résistance contre l’occupant nazi que lança Charles Tillon le 17 juin 1940, depuis le moulin du Moulineau à Gradignan. L’appel de Charles Tillon, du moulin du Moulineau, et celui du général de Gaulle de Londres le 18 juin 1940, sont toujours actuels dès lors qu’ils avaient pour but de lutter et de rassembler contre l’inacceptable. L’un comme l’autre, isolés au départ, rebelles même par rapport à leur milieu, mirent sur pied les forces pour libérer le pays. Charles Tillon, dans le droit fil de son appel du 17 juin 1940, contribua, dès mai 1941, à la création de l’Organisation Spéciale (OS), précédant celle des Francs-Tireurs Partisans dont il devint le chef d’état-major jusqu’à la Libération. Sous son impulsion, les FTP rassemblèrent des milliers de patriotes de toutes origines pour former l’un des plus importants mouvements de la Résistance intérieure, qui se plaça en avril 1943 sous les ordres du représentant militaire en France du général de Gaulle. La cérémonie, sur le lieu même où était hébergé clandestinement Charles Tillon, se tiendra le dimanche 17 juin 2018, à 11h, au parc municipal René-Canivenc, 53, rue du Moulineau, à Gradignan.

Rassemblement pour Ford du 9 mars devant la préfecture

Déclaration, le 6 juin 2018, du groupe des élu-e-s communistes à la Métropole et de la fédération du PCF. « C’est un grand sentiment de colère que ressentent les communistes girondins après l’annonce par la direction de Ford du lancement de procédure pour un “plan de sauvegarde de l’emploi” ; l’autre nom du démantèlement industriel et social. Colère contre cette entreprise américaine qui n’a jamais eu l’intention d‘honorer les engagements auxquels elle était tenue, par l’accord passé en 2011 avec les collectivités locales et l’État. Colère contre les collectivités locales et les gouvernements qui se sont laissés duper, versant des dizaines de millions d’euros à une multina-

tionale, faisant mine d’instaurer un rapport de forces mais se pliant en fait à ses exigences à elle. En 2011, la CUB, la région Aquitaine, la ville de Blanquefort et l’État se sont en effet engagés dans un plan de “soutien” à l’usine de Ford consistant à verser 15 millions d’euros en échange du maintien de 1000 emplois sur le site girondin. 15 millions d’euros auxquels il faut ajouter 10 millions d’euros de l’État et de la région pour compenser le chômage partiel, alors même que Ford a vu depuis quelques années déjà ses profits grimper, pour atteindre 7,6 milliards de dollars en 2017. Or, dès 2011, lorsque les collectivités locales signaient un chèque de 15 millions d’euros, Ford distribuait de son côté 760 millions de dollars de dividendes à ses actionnaires !

Seuls les élus-e-s communistes, dans toutes ces collectivités, se sont opposés à ces subventions publiques. Aujourd’hui, les choses sont claires : soit Ford met l’argent sur la table pour assurer l’avenir de l’usine de Blanquefort, ce qui semble être nécessaire au projet de reprise travaillé par le délégué interministériel. Soit l’État doit exiger le remboursement intégral des sommes reçues par Ford ces 10 dernières années. Au-delà de la colère, nous sommes aussi totalement solidaires des 1 000 ouvriers et de leurs familles, qui vivent dans l’inquiétude depuis près de 15 ans et sont aujourd’hui traités comme des pions par l’entreprise qu’ils ont fait vivre tout ce temps. Ils et elles savent pouvoir compter sur le soutien des militante-s et des élu-e-s communistes dans tout le département. »

PCF

Pétition pour une réforme progressiste de la SNCF Nous sommes convaincus qu’une réforme de la SNCF est nécessaire. Mais celle-ci doit se donner comme ambition d’être plus et mieux un service public du XXIe siècle, afin de garantir à tous les droits au déplacement et aux transports. Elle doit travailler avant tout à l’élaboration des conditions d’un service public du rail et du transport du XXIe siècle répondant aux défis économiques, sociaux, territoriaux et écologiques. Elle doit porter sur de nouveaux moyens pour répondre aux besoins de déplacement des populations et des marchandises en

faisant du système ferré une priorité nationale. Cela pourrait se traduire par : • Au plan institutionnel : la création d’une conférence régionale du développement du service public du transport pour élaborer avec l’ensemble des acteurs institutionnels, syndicaux et usagers les grands axes de développement d’une politique régionale des transports. • Au plan fiscal : la création d’une écotaxe pour orienter le transport de marchandises vers le fret sur rail, et financer le rail ; le déplafonnement

du versement transport additionnel pour financer les régions ou les syndicats mixtes des transports quand ils existent ; La re-nationalisation des autoroutes et la réaffectation d’une part des revenus des péages vers le financement des investissements pour le rail. • Au plan financier : une restructuration de la dette globale de la SNCF pour en annuler le coût actuel et un plan d’urgence d’investissements et d’embauches financé par emprunt à taux 0 % auprès de la Caisse des dépôts et consignations.

PCF GIRONDE

Assemblée de l’amicale des vétérans L’assemblée des vétérans du PCF 33 se réunira le vendredi 22 juin à partir de 15h au siège de la fédération (15 rue Furtado, à Bordeaux), en présence de Paul Fromonteil, président national de l’amicale et Sébastien Laborde, secrétaire départemental.

LA FÊTE DE LA RURALITÉ DEVIENT

« La rencontre rurale festive » La fête de la ruralité 2018 évolue, ainsi en a décidé – après réflexion avec les adhérents et la fédération – la section du PCF Haute Lande. Elle se tiendra cette année le samedi 30 juin à Saint-Symphorien, au lieu dit Lassus (chez Raymond LAGARDERE). Rebaptisée « Rencontre rurale festive », elle sera l’aboutissement d’un cycle de trois « rencontres rurales » organisées sur le territoire du pays Paroupian. La 1re sur : « Pour combattre les ordonnances Macron, quels nouveaux droits sociaux en lien avec les réalités contemporaines du travail » ; la seconde sur le thème « Glyphosate et produits phytosanitaires, l’urgence de changer de modèle agricole et sylvicole » ; enfin le dernier sujet sur : « Services à la personne : enjeux pour les citoyens, pour les salariés et pour le territoire ». L’édition 2018 sera à l’unisson des préoccupations sociales et citoyennes dans les territoires ruraux. Le jeune sénateur communiste, Fabien Gay, sera le principal protagoniste, en plus des élus locaux, syndicalistes, citoyens, etc. du débat de la matinée sur le thème : « Quelle politique pour combattre les inégalités sociales et territoriales, et bien vivre en ruralité ? » Cette fête 2018 sera un temps de convivialité avec le repas champêtre traditionnel. Elle aura aussi un parfum de fête, de solidarité et de culture avec la présence de stands associatifs, d’une librairie, et d’une animation musicale de circonstance pour le territoire de la Haute Lande : la banda de Barsac « Los Gaujos ». Alors, n’hésitez pas, n’hésitez plus… Inscrivez-vous ! Auprès de : Julien Ruiz : 06 83 59 90 79 ou ruiz.juju@wanadoo.fr / Guy Bordenave 06 01 41 22 08. Prix par personne : 16€ (1/2 tarif pour enfants et privés d’emploi). Facebook : PCF-Section-Haute-Lande.

SOUSCRIPTION

Cocher la case pour rester en contact et suivre l’avancée de la pétition NOM et PRÉNOM

VILLE

E-MAIL

SIGNATURE Tout versement par chèque ouvre droit à une réduction fiscale de 66% du montant versé. (chèque à l’ordre de ADF PCF 33). Les ressources financières du Parti communiste sont transparentes. Votre don, aussi modeste soitil, contribuera effica- cement à la démocratie, à l’expression et la prise d’initiative du Parti communiste. Cet ensemble sont les éléments majeurs pour continuer notre combat dans l’ambition d’une gauche forte et alternative. La fédération de la Gironde du PCF, lance une souscription afin de mener nos prochaines échéances politiques, notre objectif est de 70 000 euros.

ILS ONT DONNÉ 300 euros : Mme MOISON Françoise, Gradignan ; Mme NOUQUERET Yvonne, Bruges ; M. GAI Christian, Yvrac ; M. CAZENAVE Pierre, Mérignac À renvoyer à : PCF, 15 rue furtado, 33800 Bordeaux

Les Nouvelles 14 juin 2018 • 7


CHRONIQUE

CULTURE & SOLIDARITÉ

NOUVELLES IDÉES REÇUES

SAINT-PIERRE D’AURILLAC

par Gérard Loustalet Sens

28e édition du Festival des fifres de Garonne 21h32 : Le Monument (en première mondiale) Le monument Robert Keramsi et Jérôme Martin : « Dédié aux petits soldats, aux asservis d’une société anthropophage, aux vendeurs d’âmes, aux inanimés, à tous ceux dont le nom sonne comme un chiffre, le Monument aux morts vivants est érigé. Un fossoyeur et son acolyte, troubadours de cimetière, réveillent les âmes enterrées, abandonnées par leur hôte… 22h13 : Cie des Palombes + SoussFifres 22h12 : la Fanfare la Collectore 23h14 : le Grand Mix (c’est tout le monde mélangé) Le festival des Fifres de Garonne c’est un coin de verdure sur la rive où s’expriment des projets de territoires autour de la musique, c’est la rencontre de disciplines artistiques (pyrotechnie, magie, voltige, cirque…), un jumelage permanent entre traditions, pratiques et savoirs-vivre d’ici et d’ailleurs, c’est la collaboration entre les associations du village (Parents d’élèves, cave coopérative, Al Qarara, Les Gavès, le Comité des fêtes, AVL, CVLV), l’école autour de son projet danse et la municipalité pour une inauguration aux saveurs de Garonne.

Vendredi 22 juin 2018

19h18 : apéro swing bar Gascon Les Sous-Fifres de Saint-Pierre d’Aurillac + invités 21h31 : les Astiaous

Samedi 23 juin : l’authentique journée…

10h à 22h : Free day Kabarov, la grande journée musique stage/répétition/restitution. Ouvert à tou-te-s, musicien-ne-s ou non, jeunes et anciens. Une pratique collective tout azimut proposée par Franck Assémat… 11h : Le bal enfantin 15h : Initiation aux danses traditionnelles, tout public 19h : apéro swing… 20h : Banquet de l’Alose par les Gavès* Depuis 31 ans, les Garonnais avertis pour une vallée épicurienne et solidaire fêtent le vin et la Garonne, à défaut d’alose, il y aura toujours la lamproie mais, cette année, plusieurs formules de repas vous sont proposées.

Pour 21 € : lamproie à la bordelaise, confit de canard d’ici, salade, fromage, fraisier, café. Pour 15 € : apéritif, lamproie à la bordelaise, fraisier ou apéritif, confit de canard, fraisier Repas enfant à 5 € : entrée / rôti de porc / chips / fraisier 21h30 : bal avec Anem Duo 22h40 : Intermède pyro-technique, alose des fuego par la compagnie des Palombes 23h15 : bal avec la Ficelle Dimanche 24 juin : concerts…

9h30 : jeu « Vivre la Palestine » 12h : apéritif Saveurs de Garonne Concerts 15h : Youpi Quartet 16h : Josem / Sous Fifers 17h : Maracuja 18h : Carlos Malta & Carol Santanna + invités 19h : Radio local karaoké live show

* Réservation avant le 22 juin auprès de Stéphanie Denoyelle (06 89 43 98 54, après 17h), Martine Lacroix (05 56 62 28 71 ou 06 87 71 95 56) ou Christelle Lagarde (06 60 31 95 40, après 17h). Chèque à adresser à : Gavès CCP 7469997 BX et à envoyer à : Lacroix, 4, Les Arrocs 33490 Saint-Pierre d’Aurillac, en précisant le nom, numéro de téléphone, nombre de repas par type de menu.

CHRONIQUE DE LA COUPE DU MONDE DE FOOTBALL

« Pourvu qu’il n’y ait pas de manif » J’étais adolescent et jouais arrière droit dans ma modeste équipe district francilien. J’adorais le catenaccio (verrou) italien dont je m’inspirais pour être une teigne sur le terrain. Je me souviens encore de cette finale mexicaine de 1970, qui vit le Brésil samba triompher 4 buts à 1 de la Squadra Azzura des Facchetti, Mazzola, Riva et autres Rivera. Mais en face, il y avait Pelé et dix autres jongleurs. J’avais 18 ans, j’étais ébloui. Mais c’était l’époque où des copains avaient entrepris de faire mon éducation politique. Ils n’étaient pas trop de deux, car je partais de loin :

- J’avais regardé de loin ce mai 68 alors qu’une foultitude d’assoiffés de liberté se battaient pour mon avenir. « Euh, s’cusez moi ! » - J’étais accro à l’opium du peuple. « C’est quoi ? » - Et en plus, j’aimais la Formule 1. Le sport : pffiut ! La lutte des classes, mon pote, faut te rendre compte que c’est le moteur de la vie. « Euh, re excuse ! ». Y avait donc du boulot et mes acolytes avaient de la persévérance. Oui, mais Pelé ? T’es incorrigible toi. Viens donc au PCF et tu vas comprendre que la dictature du prolétariat, y a que ça de vrai.

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8 • Les Nouvelles 14 juin 2018

Euh, mais je fais des études de comptabilité, moi. Pas grave, tu seras un allié objectif de la classe ouvrière. Près de cinquante ans plus tard, je ne culpabilise plus d’aimer le football (et le cyclisme – mais ça c’est une autre histoire). Et puis, j’en connais des cocos actifs, qui sont abonnés aux Girondins, alors ! Je vais donc suivre avec intérêt la coupe du Monde de football et espérer que l’équipe de France ira le plus loin possible. Parce que derrière ce sport, ce qui m’intéresse, c’est le fonctionnement d’une équipe. Ce rassemblement parfois hétéroclite de personnalités de talent qui additionnent leurs différences pour atteindre un objectif dont ils ne connaissent pas d’avance le résultat. Mais ils essaient. Drôle d’objet donc que le football, le sport en général ; pour le décrire, il vaut mieux en laisser le soin aux philosophes. Mais pourvu qu’il n’y ait pas de manifs à l’heure des matchs. Jean-Jacques Bordes

Populisme et pulsion de mort C’est par un coup de force théorique parfaitement arbitraire que Laclau et Mouffe décrètent la conflictualité comme marque irréductible des sociétés humaines. Eux qui reprochent, par exemple, au marxisme d’essentialiser la classe ouvrière ne font ici qu’essentialiser une « nature » humaine réduite à la seule dimension d’un antagonisme fatal autant qu’inéluctable et dont la lutte des classes ne serait qu’un avatar tout à fait secondaire. Chantal Mouffe désigne pompeusement ce qui reste un a priori comme la « dimension ontologique de la négativité radicale » (Agonistique, p.15). D’un point de vue philosophique, il s’agit clairement d’abandonner tout raisonnement dialectique en rejetant la possibilité d’une négation de la négation : « il existe une forme de négativité impossible à surmonter dialectiquement ». La conclusion est politique : « l’idéal de l’émancipation ne peut être formulé en terme de réalisation d’une forme de communisme » (idem). Cette inévitabilité du conflit condamnerait le marxisme lorsqu’il prône une société sans classes… Sauf que, comme le remarque Jean Quétier, « l’ambition d’une société sans classes portée par le marxisme n’a jamais été synonyme d’une société d’où la conflictualité serait entièrement absente » (La Pensée, 392, octobre-novembre 2017, p.105). On ne risque rien à commencer par là ! Chantal Mouffe prétend ici s’appuyer sur Freud et l’opposition que celui-ci théorise entre Eros dieu de la vie et de l’amour) et Thanatos (divinité allégorique de la mort). Freud n’emploie pas lui- même le mot de Thanatos (sauf dans une lettre au pasteur Pfister) mais introduit dans une œuvre de 1920, Au-delà du principe de plaisir, ce qui serait un conflit entre la pulsion de vie et une pulsion de mort qu’il pense observer chez des anciens combattants traumatisés par la guerre, une pulsion d’autodestruction, de retour à « l’état inorganique ». Il n’y a pas d’ « instinct d’agression » chez Freud mais, comme il en convient lui-même, un simple raisonnement analogique entre ce qu’il appelle le « processus de civilisation de l’humanité et le processus de développement ou d’éducation de l’individu » (Malaise dans la civilisation (1929), Presses Universitaires de France, 1973, p.100). Mais l’analogie n’est pas une preuve scientifique et, même si Freud s’y est lui-même laissé aller, le transfert des éléments du développement psychique qu’il a si bien observé (inconscient, pulsion, surmoi, etc.) au développement des sociétés n’est pas plus légitime, sur le plan épistémologique, que le transfert de la théorie de l’évolution des espèces de Darwin à l’évolution des sociétés qui a donné naissance à l’imposture de la sociobiologie et alimenté les théories racistes et l’eugénisme. Enfin, et contrairement à ce que suggère Chantal Mouffe, pour Freud « l’édifice de la civilisation repose sur le principe du renoncement aux pulsions instinctives » (Malaise…, p.47) et la culture se fonde sur « la contrainte du travail et le renoncement pulsionnel » (L’avenir d’une illusion, 1927). La rapport de Freud au communisme et au marxisme est plus complexe et contradictoire que ce qu’en laisse penser la référence sommaire de Chantal Mouffe. Bien sûr, Freud, bourgeois conservateur viennois, ne pouvait qu’être effrayé par le Bolchevisme. En déconsidérant la propriété privée, « les communistes croient avoir découvert, dit-il, la voie de la délivrance du mal » (Malaise…, p.66) et « les communistes qui croient supprimer l’agression en supprimant la propriété s’illusionnent » (Pourquoi la guerre ? (1933), cité par Sandra Coury, www.1libertaire.fr). Mais il reconnaît cependant : « il me semble hors de doute qu’un changement réel de l’attitude des hommes à l’égard de la propriété sera plus efficace que n’importe quel commandement éthique» (Malaise…, p.105). Il admet que « la force du marxisme réside dans la démonstration perspicace de l’influence contraignante que les rapports économiques des hommes exercent sur leurs positions intellectuelles, éthiques et artistiques » (Nouvelles conférences sur la psychanalyse, cité par Sandra Coury). Freud sait bien qu’il y a des « opprimés » et des « privilégiés » et qu’il existe des « biens de la culture auxquels les opprimés n’ont qu’une part trop minime alors qu’ils rendent ces biens possibles par leur travail » (L’avenir…, p.12). Le populisme « de gauche » n’en est même plus là ! N.B. L’ensemble de mes textes depuis 2008 est désormais archivé et disponible sur internet à l’adresse suivante : www.nir-33.fr


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