Jeudi 21 juin 2018 - N° 2260 - Hebdomadaire - 15, rue Furtado - 33800 BORDEAUX - Prix : 0,80 euro
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T S E ’ C ME
È L B O R P E
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é t e r v u a p la e g a m ô h c le é t i r a c é r p a l t e
GRÈVE DANS L’ÉNERGIE
BLANQUEFORT
La Gironde rejoint le mouvement
Ne pas céder face à Ford
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CHRONIQUE DE LA COUPE DU MONDE Par Hervé Le Corre P.8
ACTUALITÉ GRÈVE DANS L’ÉNERGIE
La Gironde rejoint le mouvement Les électriciens et gaziers occupaient le site GRDF/ENEDIS de Cenon mardi à l’appel de la CGT Énergies 33. Ils annoncent de nouvelles mobilisations les 21, 23 et 28 juin. Ils ont ainsi rejoint le mouvement national qui touche environ 150 sites en France. Nous avons interrogé Bastien Leymergie, secrétaire adjoint du syndicat.
Les Nouvelles. Quand et pourquoi avez-vous décidé de rejoindre le mouvement national ? Bastien Leymergie. Nous sommes rentrés en local sur des revendications de site. Il y a eu une montée en puissance nationale qui est partie de certaines régions en France. Petit à petit, la mobilisation a pris de site en site, les blocages se sont opérés progressivement sur toute la France. On n’a pas été exempté de
SECOURS POPULAIRE FRANÇAIS
Braderie d’été à Villenave d’Ornon L’antenne du Secours Populaire de Villenave d’Ornon organise sa braderie d’été à la salle Daguin, les 23 (10h-19h) et 24 juin (10h-14h) prochain. Des vêtements et du bric à brac seront proposés. Les sommes récoltées seront destinées à aider les familles en difficulté. Renseignements au 06 38 67 46 02 ou 06 88 71 37 04. BORDEAUX
3 000 retraités indignés dans les rues
mouvement revendicatif puisque les agents ont demandé à bouger sur leurs revendications. Le décalage de l’entrée en action d’une région à une autre s’explique par la compréhension et l’établissement de revendications spécifiques à chaque région. Les Nouvelles. Quelles sont les revendications sur le plan national ? B.L. Nous nous battons depuis 3 mois, quand nous sommes rentrés en convergence avec les cheminots, sur la question des services publics. Nous voulons un retour à un grand service public de l’Énergie qui garantisse l’intérêt général. Nous refusons l’idée que l’Énergie soit une marchandise comme une autre. Nous revendiquons un service de qualité, de haute performance pour les usagers, au moindre coût. Nous voulons l’arrêt de toutes les réformes qui détruisent progressivement le service public de l’Énergie et de ce fait entraîne une augmentation des prix conséquente et une dégradation du réseau et de la qualité de fourniture. Les Nouvelles. En effet, depuis le début du mouvement des cheminots vous dites « attention, nous aussi, on nous avait promis qu’il n’y aurait pas de privatisation ». Or la loi Pacte va permettre la vente des dernières participations de l’État dans Engie (ex Gaz de France). Ça vous donne raison…
À l’appel de l’intersyndicale, 3 000 retraités ont à nouveau manifesté dans les rues de Bordeaux le 14 juin, de Pey-Berland à la préfecture où ils ont déposé 1 300 pétitions auprès de la directrice du cabinet du Préfet. « On lui a dit que nous étions toujours mécontents et que nous en avons marre qu’on nous dise que ça ira mieux demain », commente Ghislaine Richard qui participait à la délégation pour la CGT aux côtés de la FSU, de FO et de l’association LSR. « On nous dit que pour compenser l’augmentation de la CSG, on va être exonéré de la taxe d’habitation, mais nous n’avons plus confiance » Les retraités ont à nouveau attiré l’attention sur le problème de la CSG calculée sur le foyer fiscal. LSR a expliqué que le pouvoir d’achat qui baisse, c’est les sorties, les loisirs qui sont réduits, c’est « une vie rabougrie ». N’ayant pu être reçues par le Conseil départemental, les organisations de retraités ont également évoqué la question des EHPAD et des projets gouvernementaux auxquels ils s’opposent, « notamment les résidences qui deviendraient des ghettos pour les vieux », et toujours sans moyens pour l’accompagnement, etc. Si ces questions relèvent du département, c’est bien l’État qui donne les fonds, ont-elles rappelé. RETRAITÉS
Journée Inter LSR Aquitaine Une journée Inter LSR Aquitaine se déroulera à Saint-Pierred’Aurillac, en bords de Garonne, le 28 juin 2018 à partir de 10h. Au programme : Le matin : promenade en bords de Garonne. Le midi : apéritif avec intervention de Jeannine Escotte de la Fédération et repas. L’après-midi : jeux de cartes, pétanque ou visite de l’expo de Bettina Rheims au château de Cadillac (5€) avec nos amis de Bordeaux. Animation avec un chanteur-compositeur amateur. Exposition de peintures sur porcelaine et papier (création des adhérents de LSR SUD-GIRONDE). Bourriche. Menu du midi : 1 apéritif offert, tajine, dessert de saison, vins et café. Amener assiettes, verre et couverts. Montant de la participation à la journée (hors visite) : 20 €. Faire parvenir (avant le 20 juin, dernier délai) les inscriptions accompagnées des règlements au trésorier : Jean-Louis CRÉVY - 1, Marots 33720 BUDOS. Les chèques devront être libellés au nom de LSR SUD-GIRONDE. 2 • Les Nouvelles 21 juin 2018
B.L. Exactement. Nous avons malheureusement une expérience de ce genre de réforme et de la façon dont elles sont annoncées. Nous aussi, on
nous avait promis qu’il n’y aurait pas de privatisation complète et que l’État garderait la main sur les entreprises électriques et gazières. Sauf qu’on s’aperçoit que petit à petit l’État se désengage de toutes les missions de service public. On le voit avec Engie très clairement où l’État annonce s’en désolidariser complètement. On le voit avec les diverses ventes de capital dans les entreprises de l’Énergie comme avec RTE où presque la moitié du capital a été vendu par l’État. On constate l’augmentation des prix depuis la libéralisation du secteur, en 2005 : 70 % d’augmentation du prix du gaz et 30 % de celui de l’électricité. Donc les cheminots ont raison de se mobiliser car c’est bien la privatisation complète qui est en jeu. Les Nouvelles. Localement, quelles sont les revendications spécifiques ? B.L. C’est très intéressant car on est parti sur le service public de manière globale avec l’établissement d’un grand projet de service public de l’Énergie. Pour autant, on s’aperçoit que dans les entreprises locales, il y a réduction des budgets, remontée des capitaux dans les maisons mères comme EDF, des ressources humaines sabotées. Donc les agents se sont mobilisés sur des revendications de tous les jours. Notre travail aujourd’hui est de les mettre en lien avec notre projet global car si on veut un service public de qualité, alors il faut des véhicules en nombre suffisants pour aller sur les chantiers, il faut suffisamment d’agents pour intervenir à n’importe quelle heure
du jour et de la nuit. Ça veut dire qu’il ne faut pas réformer l’accord astreinte tel que le prévoit la direction d’Enedis. Sur chaque région on voit que le mouvement global est défendu mais avec des revendications locales très spécifiques à chaque site. Et c’est ce qui fait que le mouvement est en train de prendre partout en France. Les Nouvelles. Que prévoyez-vous pour la suite du mouvement ? B.L. On ne change pas nos méthodes. Le mouvement appartient aux grévistes, ce sont eux qui décideront. Pour mettre la pression sur notre employeur, on est dans un mouvement de blocage de l’outil de travail et de reprise en main de l’outil de travail par des coupures ciblées à différents endroits de notre entreprise. On pourrait aussi, comme on l’a fait depuis trois mois, cibler des entreprises ou organisations qui incarnent le libéralisme. On fera le plus souvent possible des passages en heures creuses. Nous voulons aussi remettre en route l’organisation des Robins des bois pour lutter contre la précarité énergétique qui touche 12 millions de personnes dans notre pays. Et aller partout où nous pourrons porter notre projet d’un grand service public de l’Énergie, au sein du débat public sur la Programmation pluriannuelle énergétique, à la rencontre des maires ou encore des usagers pour informer, échanger, débattre. Propos recueillis par Christelle Danglot
SNCF
L’intersyndicale vacille, les cheminots tiennent bon Alors que le Sénat a entériné, jeudi 14 juin, le pacte ferroviaire, la CGT cheminots et SUD rail ont proposé de poursuivre le mouvement de grève début juillet. L’Unsa ferroviaire préfère se concentrer sur les réunions tripartites. Le gouvernement et ses relais parlementaires le répètent à l’envi : la loi est votée, la réforme va s’appliquer, la grève doit s’arrêter. Mais face aux incantations de l’exécutif, les syndicats conservent la constance des arguments de fond. Les quatre organisations représentatives à la SNCF à l’origine, dans l’unité et depuis le 22 mars dernier, du plus long conflit de l’histoire récente de l’entreprise publique, ont une nouvelle fois appelé l’ensemble des cheminots « à maintenir la pression sur les prochaines séquences de grève », avec, en point d’orgue, « une grosse journée d’action » le 28 juin. Pour décider de la suite, les syndicats représentatifs, la CGT, l’Unsa, SUD rail et la CFDT, se réunissaient, mardi soir. La CGT cheminots,
premier syndicat, et SUD rail souhaitent poursuivre la mobilisation en juillet. « L’Unsa ne s’inscrira pas dans les propositions de mobilisation en juillet faites par la CGT », a déclaré Roger Dillenseger, le secrétaire fédéral. Le deuxième syndicat de la SNCF souhaite se concentrer sur les négociations tripartites autour de la convention collective de la branche ferroviaire. Sauf que, comme elle ne veut pas trop se couper de ses militants qui restent mobilisés, l’Unsa « n’écarte pas des décisions différentes en fonction du contexte local ». Face à un gouvernement qui « joue le jeu irresponsable du pourrissement », dénonce Laurent Brun, secrétaire général de la CGT cheminots, les syndicats ne comptent donc pas baisser la garde. Et ce malgré l’adoption définitive de la réforme par le Parlement jeudi. « 80 % du projet de loi reste à écrire », précise Jocelyn Portalier, secrétaire fédéral de la CGT cheminots. Loin d’être cantonnées aux simples « aspects techniques de la réforme », comme voudrait le faire croire Élisabeth Borne, ministre des Transports, les
ordonnances concernent la réalisation de l’ouverture à la concurrence (notamment tout le volet sur le transfert du matériel roulant), la négociation collective, les contrats de performance, le tarif des péages ferroviaires et l’organisation interne de la SNCF, avec en particulier la question épineuse de la gestion des gares. Des ordonnances auxquelles s’ajoutent « neuf décrets d’application » accolés à la loi et devant préciser, entre autres, le « statut des sociétés par action, le mode de calcul des salariés transférés (en cas de reprise d’une ligne par une entreprise privée – NDLR) » ou encore « les conditions de maintien des droits à la retraite en cas de transfert » et la politique de tarification sociale, rappelle la CGT. Continuer de combattre la réforme en agissant sur les décrets d’application et le contenu des ordonnances, ouvrir de véritables négociations au niveau de la branche et peser en interne sur l’élaboration de l’accord d’entreprise : pour les cheminots, la bataille se mène plus que jamais sur tous les fronts. Avec l’Humanité
ACTUALITÉ
Editorial
BLANQUEFORT
Ce n’est pas à Ford de siffler la fin de la partie ! Conseil métropolitain chargé ce 15 juin puisque les agents de la métropole étaient en grève contre les velléités d’instauration d’une prime au mérite, que le comité de défense de l’hôpital Robert Picqué distribuait à l’entrée du conseil et que celui-ci s’est ouvert par un débat sur l’avenir de l’usine Ford de Blanquefort. Le groupe communiste, par la voix de Max Guichard, a encore exprimé sa colère face à la décision de la multinationale d’engager un plan de licenciements. Pour les élus-es communistes, le bras de fer n’est pas terminé et il est hors de question d’envisager de laisser Ford licencier. « Nous l’avons dit dès l’annonce par Ford de son intention d’abandonner l’usine de Blanquefort ; notre colère est immense. Immense contre cette entreprise qui a accumulé les bénéfices au fil des années, spéculant sur le travail et la productivité des ouvriers blanquefortais et qui n’a jamais tenu un seul engagement vis-à-vis d’eux. Nous partageons donc la colère des
salariés, de leurs familles et c’est évidemment avec eux que nous souhaitons être aujourd’hui pour demander justice dans cette affaire. Nous partageons aussi la colère des élus, qui s’est exprimée au conseil régional, départemental et ici même. Durant toutes ces années, les collectivités et les élus locaux ont été aux côtés des salariés. Mais permettezmoi un bémol à cette colère. Dès 2011, dans toutes ces collectivités, les élus communistes ont fait entendre une voix différente, refusant d’octroyer des aides publiques à une entreprise à laquelle on ne demandait même pas de suspendre le versement de dividendes. Financer cette entreprise qui n’en avait nullement besoin, c’était céder à ses exigences ; comme si c’était aux collectivités de donner des gages de bonne volonté… On peut dire que ces aides publiques, en plus d’être politiquement contestables, ont installé un rapport de force défavorable ces 8 dernières années. Ford ne s’est d‘ailleurs jamais senti redevable et ses dirigeants n’ont jamais rendu de comptes fiables lors des différents comités de pilotages.
Comprenez donc que le vote d’une nouvelle motion dans cette assemblée n’aille pas de soi pour le groupe des élus communistes. Nous sommes attachés à l’union qui a prévalu sur ce dossier. Nous y sommes d’autant plus attachés que nous avons contribué à la construire, dès 2010, avec les syndicats et les élus locaux. Gilles Penel qui a siégé ici durant 5 ans, en a été un garant tenace et exigeant. Mais cette unité, nous refusons qu’elle se fasse au détriment de la détermination à ne pas céder face à Ford. Ils parlent aujourd’hui de plan de licenciements alors que le site est viable, que des repreneurs sont encore dans la course et que 15 millions d’euros leur ont été versés ces dernières années !? C’est inacceptable. Il n’y a pas de PSE qui vaille tant que toutes les pistes n’ont pas été explorées et ce n’est pas à Ford de siffler la fin de la partie. C’est ce que nous avons exigé au travers de cette motion dont nous espérons qu’elle serve à maintenir l’emploi à Blanquefort, non pas à accompagner un plan de licenciements exigé par quelques cupides actionnaires. »
MOBILISATION INTERPROFESSIONNELLE LE 28 JUIN
La CGT et Force ouvrière renouent avec l’unité d’action
Philippe Martinez, leader de la CGT, et Pascal Pavageau (Force ouvrière), le 16 novembre 2017 à Paris.
Les deux centrales syndicales ont décidé de soutenir les cheminots en appelant à une journée de mobilisation interprofessionnelle le 28 juin, marquée par des « initiatives » sur tout le territoire. Le 28 juin, les cheminots ne seront pas seuls. La CGT, FO, l’Unef, l’UNL et la Fidl appellent à une « une grande journée de revendications et de mobilisations ». Une initiative interprofessionnelle, la première avec FO depuis le 16 novembre 2017, lorsque Jean-Claude Mailly avait été contraint par sa base de défiler avec la CGT contre les ordonnances Macron. Un mois et demi après son élection à la tête de la confédération, Pascal Pavageau passe aux actes. À la CGT, on se réjouit, d’autant que Solidaires et la FSU devraient y participer, mais « sur (leurs) propres bases », explique le porte-parole de Solidaires, Éric Beynel. Au-delà du nombre de signataires, les organisa-
teurs veulent changer la forme. Plutôt que des manifestations, les syndicats invitent leurs fédérations et structures à tenir « des initiatives partout », dont « les modalités seront fixées dans les territoires », ajoute Fabrice Angéi, responsable confédéral CGT. Hasard du calendrier, l’annonce de la journée d’action est intervenue juste après un long discours d’Emmanuel Macron sur la politique sociale et apparaît comme une réponse à cette « nouvelle attaque contre notre modèle social et républicain ». Pour les syndicats signataires, « l’ heure est à la défense des valeurs essentielles comme notre modèle social » et à la « construction d’un rapport de forces interprofessionnel », assurent-ils dans leur communiqué. « Les politiques mises en œuvre relèvent d’une logique d’individualisation au prix de la casse des statuts et des droits collectifs à tous les niveaux, dès les études. Elles mettent à mal la solidarité et la justice sociale, valeurs essentielles de la cohésion sociale », argumentent-ils.
Les organisations syndicales inscrivent cette journée « dans le cadre d’un processus », explique Fabrice Angéi. Et, ajoute Éric Beynel, ce cadre est « ouvert ». À la fin de leur communiqué, les syndicats invitent d’ailleurs « l’ensemble des organisations syndicales et de jeunesse (…) à se réunir dès fin août pour analyser la situation sociale et envisager les initiatives à prendre, dans le cadre d’une démarche unitaire la plus large possible ». Pour l’instant, les autres organisations, CFDT et CFE-CGC pour ne citer qu’elles, ont décliné les invitations. Or, « si nous ne sommes pas d’accord sur la stratégie, cela ne doit pas nous empêcher d’ échanger et de construire des revendications communes », explique-t-on à la CGT comme chez Solidaires. Reste que les propos de Laurent Berger, lors de son congrès, ne sont pas de nature à amorcer un rapprochement stratégique. Le secrétaire général de la CFDT qualifiant le syndicalisme de « mortel quand il montre son impuissance et s’enferme dans une spirale de radicalité stérile, où le seul débouché de la journée d’action et de manifestations est la fixation d’une date pour la prochaine ». En attendant, les signataires du texte envisagent de « travailler ensemble cet été à une plateforme revendicative », affirme Fabrice Angéi. Ce que FO avait refusé en 2016 après les fortes mobilisations contre la loi travail.
Agir pour une vie meilleure durablement La semaine vient de débuter par une nouvelle grève à la SNCF toujours à l’initiative de tous les syndicats. Le gouvernement, lui, appelle les salariés à se résoudre à appliquer la loi votée au Parlement et au Sénat. Les retraités qui poursuivent les manifestations, les salariés à Carrefour, à Air France, à La Poste, dans les EHPAD, les hôpitaux, les agriculteurs, dans de nombreuses entreprises pour le pouvoir d’achat… Tous ceux-là non plus n’ont pas l’intention de se résoudre en attendant les prochaines élections ! L’évolution positive des consciences et des luttes n’est pas programmée. La majorité des français n’a pas voté pour une politique qui dégrade au quotidien le savoir-faire, les solidarités, les acquis sociaux d’une période où le capital n’avait pas les pouvoirs dont il dispose aujourd’hui. Si les avancées technologiques et des connaissances ont rendu le monde différent, les pays plus proches, ces évolutions sont toutefois maîtrisées et gérées par une minorité. Cette situation a un nom : le système capitaliste. Chacun peut juger ce que les 40 dernières années ont apporté dans le monde. Le bilan est lourd : guerres, misère, exploitation des enfants, des peuples, dictatures… Le PCF a sûrement des défauts, mais il s’est toujours trouvé devant quand il a fallu porter et défendre les intérêts des peuples. Aujourd’hui, n’ayons pas peur des mots, cela tombe dur sur toutes les catégories populaires. Tout cela peut rendre impatient, pousser à chercher des solutions immédiates, à vouloir prendre des raccourcis ou renverser la table tout seul. Le capital a su avancer en maintenant cette idée fondamentale que sans lui rien ne pouvait se faire, que cela fasse plaisir ou non. Autrement dit, cultiver avec succès le « moindre mal » et l’accompagnement de celui-ci. Ce débat est essentiel à gauche. Il détermine l’engagement de chacun. Le PCF, ses élus, défendent partout où ils le peuvent les revendications, mais aussi beaucoup plus, ils condamnent fermement cette société et proposent des solutions pour en sortir. Les luttes portent sans aucun doute l’espoir d’une vie meilleure immédiatement, mais aussi durablement. C’est à cela que nous travaillons avec et pour les citoyens dans une situation où se mêlent résignation, dégoût, exaspération, individualisme, divisions, avec en toile de fond le fameux « moindre mal ». Le PCF travaille à un congrès dont il entend sortir plus fort. Pour cela, il ne fera pas l’économie d’une démarche qui maîtrise toujours mieux les configurations de la société dans laquelle nous vivons ainsi que sa complexité, pour toujours mieux répondre aux intérêts du plus grand nombre, convaincu lui-même des analyses et solutions à mettre en œuvre.
Pierre Vignau membre de l’exécutif du PCF 33
Avec l’Humanité du 15 juin Les Nouvelles 21 juin 2018 • 3
PRESTATION REVENU DE BASE
La base, ça serait plutôt le travail… Emmenés par le président du conseil départemental de Gironde, 13 présidents socialistes de départements ont relancé la volonté d’expérimenter un revenu de base censé remplacer le RSA. Derrière les bonnes intentions et beaucoup de com’, ne se cacherait-il pas une acceptation de la pauvreté qui touche 9 % de Français ? Ils étaient 7 au mois de décembre, les voici 13 maintenant. 13 départements à la présidence socialiste qui creusent le sillon d’un revenu de base. Réunis à Bordeaux début juin, ils ont présenté les résultats d’un rapport de l’institut des politiques publiques (1) qui pose les bases d’une expérimentation : 461 euros ou 725 euros,
selon qu’on y inclut ou non les aides au logement, versés chaque mois de manière inconditionnelle à 20 000 individus, en remplacement du revenu de solidarité active (RSA). A l’heure où le conseil d’Etat trouve légitime qu’on exige du bénévolat en contrepartie du RSA (2) et où le ministre des comptes publics, Gérald Darmanin juge qu’il y a « trop d’aides sociales » en France, cette proposition a de quoi surprendre. « Elle intervient dans un contexte pas anodin, reconnaît Stéphane Troussel, président du conseil départemental de SeineSaint-Denis. Mais il y en a assez que s’installe dans la société l’idée qu’on ferait trop pour les pauvres, car c’est l’inverse qui se produit. » Avec ce dispositif, les 13 présidents de départements entendent donc lutter
INÉGALITÉS
Le modèle social français est bel et bien efficace
contre la « multitude de dispositifs de prestations sociales », censée « nuire à la lisibilité du système » et contre les « procédures administratives » complexes, « sources de non-recours aux minimas sociaux ». Celui-ci est estimé à 30 % dans le cas du RSA. En plus d’être versé automatiquement, « calculé sur la situation courante des individus » et non plus sur l’année N-1, ce revenu serait étendu aux moins de 25 ans. Et c’est là la différence essentielle avec le RSA dont les jeunes étaient exclus, alors que 16 % des 18-24 ans vivent sous le seuil de pauvreté (7 % pour les 25-64 ans). Généreux, donc. Mais l’innovation pourrait s’arrêter là. D’abord parce que ce qu’ont fait les 13 présidents de départements le 6 juin, c’est simplement demander l’autorisation au premier ministre de lancer cette expérimentation. Et pour l’heure, on n’a enregistré aucune réaction du côté de Matignon. Et surtout, il faut encore convaincre… Certes, le revenu universel avait émergé au cœur de la campagne présidentielle (3). Et les 13 départements ont mis en ligne une enquête à laquelle ont répondu près de 15 000 citoyens parmi lesquels « une majorité » y est favorable, 60 %
favorables à l’inconditionnalité de la mesure et 88 % préconisent l’intégration des 18-24 ans. « Ces expérimentations n’ont pas un intérêt scientifique mais médiatique », tranchait pourtant Baptiste Mylondo dès le mois de décembre. Il est l’économiste qui a conseillé Benoît Hamon sur ce sujet. Mais avec un revenu de base à 725 euros dans le meilleur des cas, on est loin de la matrice du revenu universel : « C’est une logique d’assistance pour remplacer le RSA », dit-il. Plus sévère encore, le communiste Bernard Friot qui multiplie les conférences sur le thème du « salaire à vie » et n’est absolument pas sensible à l’argument de la lutte contre la pauvreté : « En 2008 (année du passage du RMI au RSA – NDLR), on nous a vendu le RSA de la même manière. C’est le même mépris pour les salaires. Ce sont finalement des populations, niées comme travailleurs et reconnues comme pauvres. » Pour lui, « sous couvert d’ innovation et de bons sentiments, cette deuxième gauche, celle de Rocard, a fourni à la droite les arguments d’un effondrement du salaire à qualification chez les jeunes et les peu qualifiés. On crée une précarité pour ensuite trouver une solution qui est la négation du salaire. »
Et c’est bien là que les économistes portent l’estocade à toutes les formes de « revenu universel ». A l’image de Jean-Marie Harribey pour qui : « Le revenu de base, qui prétend dépasser le salariat, risque en fait de l’affaiblir. C’est le salariat qui a permis l’ensemble des protections sociales qui tendent à devenir universelles. C’est donc vers l’universalisation de la condition salariale et de ses protections qu’il faut tendre, plutôt que vers l’élagage du salariat. » Le débat n’est donc pas clos. Il se poursuivra sûrement plus utilement sur le terrain des luttes revendicatives autour du temps et des conditions de travail pour tous. VB. (1) - www.ipp.eu (2) - Le département du Haut-Rhin avait décidé, en février 2016, d’imposer sept heures d’activité bénévole par semaine aux bénéficiaires de l’allocation. Dispositif jugé légal par une décision du conseil d’Etat, le 15 juin. (3) - « Cette gauche qui mise sur le revenu de base », Audrey Loussouarn, l’Humanité, 7 décembre 2017
EMMANUEL MACRON
Encore plus de précarité pour les pauvres
France Taux de pauvreté : 13,6 %
Le modèle social français n’est sans doute pas parfait, mais il est assurément efficace affirment Laurent Jeanneau, Vincent Grimault et Xavier Molénat dans un article d’Alternatives économiques du 13 juin. Si « le président de la République a raison de rappeler que la pauvreté est une situation de laquelle on hérite trop souvent, il est faux de dire qu’il est impossible d’en sortir. Mieux encore, le “truc” qui permet aux gens de s’en sortir existe, et est clairement identifié : il s’agit de notre système fiscal (les impôts) et notre système de redistribution, via les prestations sociales (RSA, prime d’activité, allocations logements, etc). » Et les auteurs de montrer pour exemple qu’en 2014, les impôts et prestations sociales ont en fait baissé le taux de pauvreté de 7,9 points, 4 • Les Nouvelles 21 juin 2018
aides sociales et impôts ont permis à 4,9 millions de personnes de sortir de la pauvreté cette année-là. « L’efficacité du modèle social français ressort encore mieux lorsqu’on compare ses performances à celles des autres pays européens. Avec 13,6 % de pauvres dans la population, la France est bien en dessous de la moyenne européenne (17,3 %), de l’Allemagne (16,5 %), du Royaume-Uni (15,9 %) ou encore de l’Italie (20,6 %). » « On peut certes critiquer le millefeuille de notre système fiscalo-social, sa complexité. Certaines prestations sont sans doute mal calibrées, tandis que notre fiscalité pourrait être plus redistributive. Tout cela est vrai. Mais il ne faut pas oublier pour autant que le modèle social français, dans l’ensemble, fonctionne plutôt bien. Et couper dans les aides sociales aura des conséquences immédiates et très concrètes pour de nombreuses personnes… », concluent les économistes.
À l’occasion d’un discours devant les mutuelles françaises, le chef de l’État est revenu plus largement sur les contours de la société dont il rêve pour le pays. Pourfendant les « statuts », il propose, au nom de la « mobilité », une protection moindre, dans un marché de dupes. La publication par les communicants du président d’une vidéo où Emmanuel Macron affirme qu’on « met un pognon de dingue dans les minima sociaux et les gens ne s’en sortent pas », en prélude à son discours devant la Mutualité française, n’est pas un accident. Depuis plusieurs semaines déjà, la petite musique d’une vaste refonte des aides sociales est jouée au gouvernement. Gabriel Attal, porteparole du parti LREM, a beau dire qu’il n’y aurait « pas de diminution
des aides individuelles qui sont perçues aujourd’hui par les Français », dans une interview au JDD, la ministre de la Santé affirmait le contraire. Le gouvernement, assure Agnès Buzyn, ne fera pas d’économies « sur le dos des pauvres », mais sans s’interdire de « réinterroger » un dispositif d’aides sociales « s’il ne produit pas les résultats attendus ». « Il faut prévenir la pauvreté et responsabiliser les gens pour qu’ils sortent de la pauvreté. Et sur la santé, c’est pareil », affirme le président. En termes plus directs, « lui qui d’un côté n’a pas hésité à augmenter le point de CSG, y compris pour les retraités, à réduire le montant de l’aide personnalisée au logement, à affaiblir tous les bailleurs sociaux et à supprimer les emplois aidés… n’a en revanche pas lésiné à redistribuer vers les plus riches en supprimant l’ISF ou créant la flat tax », a commenté l’ex-ministre
socialiste Martine Aubry. Devant le congrès de la Mutualité française, Emmanuel Macron a redit son credo, de vouloir « mieux responsabiliser tous les acteurs », à commencer donc par les pauvres eux-mêmes, qui sont un peu responsables de leur sort, selon la pensée classique à droite. À plusieurs reprises, le chef de l’État hier a redit vouloir en finir avec « une société de statuts ». Son discours, qui réhabilite le fantasme de pesanteurs françaises, opère en fait un curieux retournement : ce qui était protecteur, le statut, serait désormais un frein. En réalité, Emmanuel Macron passe ainsi d’une logique de protection collective qu’apporte le statut, qui doit ici être vu au sens large d’un ensemble de droits ouverts, à une logique de l’individu. Où au passage chacun perd la protection antérieure qu’apportait le statut. La « disruption » chez Macron, comme le soulignait récemment Bernard Stiegler, est d’abord une manière de tétaniser, une stratégie « pour prendre de vitesse ses compétiteurs et ses régulateurs ». Macron est le premier à reconnaître qu’il n’y aura pas de « grand tournant social », mais ne dit pas que, pour « rendre les droits effectifs », il faudra en rogner, alors que les minima sociaux que perçoivent un peu plus de 10 % de la population sont déjà sous le seuil de pauvreté. Lionel Venturini, l’Humanité, 14/06/2018
NS SOCIALES CATHERINE MILLS :
« Le revenu de base, une fausse bonne idée »
La revue Economie et Politique de juillet-août 2016 consacrait un dossier complet au revenu de base. « Mauvaise réponse à vraies questions », concluaient les contributeurs dont Jean-Marie Harribey et Catherine Mills dont voici des extraits de son article :
Définitions
Le revenu de base est aussi appelé « revenu universel », « revenu inconditionnel », ou « revenu d’existence ». Il est parfois confondu ou mis en opposition avec le « salaire à vie » imaginé par Bernard Friot et promu par le réseau salariat. Ces termes sont parfois aussi repris pour des mesures qui, proches de l’impôt négatif, versent cette allocation selon la situation des ménages, ou qui incluent des contreparties, et qui ne sont donc pas des formes de revenu de base. Celui-
ci a connu des expérimentations très limitées, notamment au Canada, en Inde, en Namibie, en Alaska. Il est défendu au niveau mondial par des courants politiques allant des altermondialistes aux libertariens. L’un des objectifs affichés de l’allocation universelle serait de s’attaquer à un prétendu désengagement attribué aux systèmes classiques d’assurances sociales ou de prestations sociales, qui conduiraient à des trappes à inactivité. On invoque le fait que les prestations sociales actuelles seraient diminuées voire supprimées lorsque les revenus du travail augmentent. Alors qu’avec le revenu de base, l’individu conserverait en permanence son revenu et en acceptant un emploi, ses revenus vont augmenter. Selon la plupart de ses défenseurs, l’allocation universelle a vocation à remplacer un grand nombre d’aides sociales existantes on prétend ainsi surmonter les difficultés adminis-
tratives qui seraient, affirme-t-on, associées aux prestations sociales classiques, telles que la détermination de la période de référence pour le calcul des ressources ou encore le non-recours aux prestations sociales. On vante même l’absence de critère requis pour bénéficier du revenu de base, ce qui, se félicite-t-on, entraînerait la suppression des postes de fonctionnaires chargés du contrôle de la situation des bénéficiaires, qui pourraient être réassignés à d’autres tâches ou simplement renvoyés. Par conséquent, certains auteurs hétérodoxes relèvent à juste titre que le versement de l’allocation universelle peut conduire à confier à des institutions privées des prestations qui auraient été gérées par des administrations publiques. Ainsi, la Sécurité sociale serait remplacée par des sociétés d’assurance privées. Critiques
Certaines critiques sont ultralibérales, comme celles d’Alain Wolfelsperger qui juge le revenu de base comme immoral car ce serait une remise en cause de la valeur travail. Le versement d’un revenu de base pourrait avoir, selon cette conception, un impact négatif sur le marché de l’emploi et inciter ses bénéficiaires à ne pas ou à moins s’employer. D’autres critiques viennent de nombreux économistes hétérodoxes, comme Jean-Marie Harribey, membre d’ATTAC, qui fait remar-
quer que si la collectivité versait un revenu de base, les entreprises paieraient d’autant moins leurs employés. Jean-Marie Harribey estime qu’un tel dispositif ne réduirait pas les inégalités, mais au contraire risquerait fort de conduire à une société encore plus duale : « Si on me verse un revenu sans que je participe au travail collectif, cela veut dire qu’il y a des gens qui travaillent pour moi. C’est possible ponctuellement ou en cas de force majeure, mais pas sur toute une vie ». Puisque selon lui on confond emploi mesuré et travail collectif, il estime que le financement proposé est vide de sens et parle de « vacuité théorique ». Michel Husson considère que le revenu dit universel constitue un renoncement à d’autres réponses possibles, comme la réduction du temps de travail, et la sécurité sociale professionnelle garantissant la continuité du salaire et des droits sociaux. Les diverses variantes du revenu universel ont un point commun, il s’agit d’un revenu monétaire aboutissant à la suppression d’une partie importante de la protection sociale : minima sociaux, allocations familiales, indemnités-chômage, santé publique, retraites. Michel Husson fait un parallèle avec les allocations logement qui sont exploitées par les propriétaires dans le but d’augmenter les loyers, un détournement qui réduit sensiblement l’effet de ces allocations. Tandis que le sociologue Mateo
Alaluf revendique une critique « de gauche » contre toute allocation universelle. Il avance que « remplacer un système de protection sociale financé principalement par les cotisations et reposant sur la solidarité salariale par une rente versée par l’État et financée par la fiscalité apparaît comme une machine de guerre contre l’État social ». Bernard Friot, pour sa part, qualifie le revenu de base de « roue de secours du capitalisme ». Pour lui, et pour le réseau salariat, ce projet est parfaitement compatible avec le système capitaliste et ne remet aucunement en cause ses aspects les plus destructeurs.
Des droits nouveaux pour les jeunes et les salariés
sécurité de l’emploi et de la formation, les communistes proposent d’opérer un prélèvement sur les 269 milliards d’euros de coût annuel du capital (comprenant dividendes et intérêts d’emprunt versés) au même taux que pour les salaires. Une manne, si on la compare aux 181 milliards d’euros annuels de cotisations sociales. Pour changer le comportement des entreprises et les émanciper des marchés financiers, le PCF propose également de moduler les taux d’intérêt de leurs emprunts « en fonction des engagements contrôlés de création d’emploi et/ou de mise en formation ». Et de faire de même avec les cotisations sociales « en fonction du rapport entre les salaires et la valeur ajoutée de chaque entreprise ». Il propose également une réforme pour rendre la fiscalité plus incitative pour l’emploi en matière d’impôt sur les sociétés, d’impôt local sur les entreprises et d’impôt sur la fortune. Il y a là un grand enjeu social : le changement de comportement des entreprises. Derrière cela, c’est fondamentalement la question d’une intervention populaire – des gens et des salariés – qui est posée pour pousser une autre efficacité, un autre comportement des entreprises, dans une alliance de progrès.
LA SÉCURITÉ D’EMPLOI ET DE FORMATION
Chômage de masse : entre 1975 et 2015 en France, le taux de chômage a été multiplié par quatre pour les 20-24 ans et par presque autant pour les 25-49 ans.
Pour éradiquer le chômage et la pauvreté cas jugée insuffisante, l’enjeu pour les communistes n’étant pas « de créer des droits pour les pauvres mais des droits universels pour hisser l’ensemble de la société hors de la précarisation ».
Parce que le problème ce ne sont pas les aides sociales mais bien le chômage et la pauvreté, le 1er février 2017, André Chassaigne, au nom du groupe GDR des élus communistes et Front de gauche déposait la proposition de loi « Pour une sécurité d’emploi et de formation ».
Un CDI renforcé et les 32 heures par semaine
La sécurité d’emploi et de formation (SEF) s’appuie sur des travaux de recherches engagés depuis le milieu des années 1990, ainsi que sur une perception politique par les communistes de l’exigence d’une novation sur le terrain de l’emploi pour aller vers l’éradication progressive du chômage et de la pauvreté. Une œuvre collective, répondant « à la situation de l’immense majorité des salariés qui se retrouvent en situation de précarité croissante », quand 9 Français sur 10 estiment qu’il est désormais facile de basculer dans la précarité et recherchent la sécurité face au chômage de masse qui sévit depuis plusieurs décennies. Pour les communistes, cette proposition est « compatible » avec le revenu universel, l’élément commun étant un revenu pour tous. À condition de relever son niveau et qu’il ne soit pas le cache-sexe d’une baisse généralisée des aides sociales. Une mesure en tout
C’est l’objectif central de la loi. Pour cela, les communistes proposent un nouveau contrat de travail, et un service public de l’emploi et de la formation dans lequel chaque personne aurait droit à une « immatriculation », « sans avoir à s’inscrire périodiquement comme chômeur ». Ce qui donnerait droit à l’ouverture d’un « compte personnel d’activité » qui, contrairement à la coquille vide proposée par le gouvernement, permettrait de « connaître et d’utiliser ses droits sociaux personnels », sans perte de salaire. L’accent mis sur la formation permettrait, au lieu « de jeter les gens au chômage et détruire les capacités de production », de tirer la demande en instaurant « un salaire minimum légal par grand niveau de qualification ». Pour soutenir cet effort, il est proposé de « doubler au moins les sommes consacrées par les entreprises au financement de la formation professionnelle ».
L’autre mesure phare est la réduction du temps de travail de 35 à 32 heures. En commençant, dans un premier temps, par ramener la durée hebdomadaire à 35 heures réelles, contre 39,5 heures effectuées aujourd’hui en moyenne pour un salarié à temps plein. Le PCF propose d’abroger le forfait jours, de ramener le contingent annuel d’heures sup’ à 94 heures, et de réintégrer les temps d’habillage et des pauses de courte durée. Des mesures pour bannir la précarité
Contre la précarité, le PCF propose en outre d’encadrer « sévèrement » les licenciements, afin qu’ils « deviennent des exceptions ». Les CDD et contrats d’intérim seraient limités à 5 % de l’effectif de chaque établissement, renouvelables une seule fois et pour une durée totale de 12 mois. Il propose de limiter le temps partiel, qui sera à la demande exclusive des salariés et de 24 heures hebdomadaires minimum. Pour abolir le dumping social et lutter contre l’« ubérisation de la société », l’article 7 veut tout simplement rendre illégal ces nouvelles formes de contrat. La proposition limite aussi le recours à la sous-traitance à deux niveaux maximum.
Pour les jeunes, le projet prévoit des « dispositions particulières », comme l’obligation de leur réserver « 10 % des nouvelles embauches ». Ils pourront également bénéficier d’une allocation égale au Smic « lorsqu’ils suivent une formation choisie et une allocation d’autonomie lorsqu’ils sont sans emploi ». Quant aux salariés, ils aiment leurs entreprises et ont « souvent beaucoup d’idées pour les sauver et empêcher les plans de licenciements qui n’ont parfois rien à voir avec la viabilité des entreprises, comme c’est le cas chez Vivarte », souligne Pierre Laurent. Et de proposer de nouveaux pouvoirs de gestion des salariés en obligeant les directions à prendre en compte les propositions des CE, avec un droit de suspension des projets patronaux et des droits d’intervention pour les populations dans les territoires via la création de commissions régionales pour l’emploi et la formation, dotées par exemple de pouvoirs de médiation en cas de suspension par un CE d’un projet patronal. Cure de désintox financière
Pour financer la proposition d’une
Les Nouvelles 21 juin 2018 • 5
INTERNATIONAL ARGENTINE
AQUARIUS
Première victoire pour le droit à l’IVG Valencia aux exilés : « bienvenue chez vous ! »
Un projet de loi des féministes dépénalisant l’avortement a été enfin adopté par les députés, jeudi 13 juin. Il doit encore passer par le Sénat. Combien de foulards verts, symboles du droit à l’IVG, ont-ils été agités à Buenos Aires et dans bien d’autres villes argentines ? On ne les compte plus. Et encore moins devant le Congrès des députés, où les militants-e-s pour le droit à l’avortement ont gagné par KO face aux pro-vie. Les féministes peuvent savourer cette première victoire. Au terme d’une session marathon de près de vingt-deux heures, marquée par un débat ultratendu, à la fois humain et responsable mais parfois outrancier, une majorité de parlementaires a finalement adopté un projet de loi autorisant l’IVG jusqu’à 14 semaines. Le score s’annonçait serré et il le fut :
129 voix en faveur du texte, contre 125. Il devra encore être soumis à l’approbation du Sénat, mais ce premier match a déjà un goût de victoire. À proximité de l’enceinte parlementaire, les cris de joie ont explosé à l’annonce du résultat. « Plus crié qu’un goal de Messi », titrait Pagina 12. C’était là la septième proposition de loi déposée par la Campagne nationale pour l’avortement légal, sûr et gratuit (CNDA). Voilà treize ans que cette plateforme d’associations interpelle l’opinion publique argentine sur ce droit des femmes non respecté. (…) Les féministes ont gagné une bataille. D’abord celle de l’opinion publique dans une société dite traditionnelle et influencée par l’Église catholique. Avec Cathy Dos Santos, l’Humanité, 15/06/2018
ÉTATS-UNIS
Des lycéens en tournée contre le lobby des armes
Ce dimanche, à Valence en Espagne, des milliers de citoyens se sont rassemblés pour accueillir les réfugiés abandonnés en mer par les dirigeants d’une Europe xénophobe et meurtrière. Au soleil levant, elles dansent, chantent et s’enlacent les yeux rivés sur les rivages ibériques qui se dessinent sur l’horizon. C’est la première scène filmée et publiée sur les réseaux sociaux, hier matin à l’approche des côtes espagnoles, par l’équipage de l’Aquarius. Rescapées, avec plus de 600 autres exilés africains, d’une journée entière passée sur un canot pneumatique à la dérive, ces femmes ont été prises en charge par les sauveteurs de SOS Méditerranée, il y a plus d’une semaine. Avant de pouvoir enfin poser le pied sur une terre hospitalière, elles ont dû attendre et naviguer plus de 1 500 kilomètres, à bord du navire de l’ONG, empêché dimanche dernier d’accoster en Italie par le ministre de l’Intérieur xénophobe, Matteo Salvini. Parmi ces femmes africaines en liesse qui, pendant plus d’une semaine, ont dû faire face à une mer parfois démontée, certaines sont enceintes, d’autres souffrent de brûlures : toutes viennent de connaître l’enfer libyen. 2 000 citoyens solidaires rassemblés sur le port de Valence
Des survivants de la tuerie de Parkland (17 morts en février) ont entamé un périple national en autocar depuis Chicago. Vendredi, des lycéens de Parkland (Floride), où un ancien élève a tué 17 personnes en février dernier, ont entamé une tournée nationale en autocar pour convaincre les jeunes Américains de s’opposer au puissant lobby de la NRA (National Rifle Association), hostile au contrôle des armes à feu. Ce périple comprend 50 étapes réparties dans 20 des 50 États du pays. Le coup d’envoi a été donné à Chicago. Un choix qui ne doit rien au hasard. La troisième ville des États-Unis est en proie à des violences : 950 fusillades et plus de 220 6 • Les Nouvelles 21 juin 2018
meurtres depuis le début de l’année. Au total, les armes à feu font quelque 33 000 morts par an aux États-Unis. L’objectif de cette mobilisation est d’inciter les jeunes à s’inscrire sur les listes électorales afin qu’ils votent contre les candidats qui reçoivent des fonds de la NRA pour défendre le droit constitutionnel de posséder une arme, ou en faveur de ceux qui sont pour une réforme des réglementations sur les armes à feu. Les lycéens de Parkland sont à l’origine d’une manifestation qui avait attiré plus d’un million de personnes dans les rues à la fin du mois de mars. Damien Roustel, l’Humanité, 18/06/2018
À terre, près 2 000 citoyens espagnols solidaires se sont rassemblés sur le port de Valence pour accueillir ces 630 réfugiés épuisés et proposer leurs services aux associations pour traduire, soigner, nourrir, habiller leurs hôtes sauvés des eaux. « Bienvenue chez vous ! » pouvait-on lire en plusieurs langues sur une banderole accrochée à proximité du lieu d’amarrage. « Des centaines de personnes vous attendent pour prendre soin de vous ! lance aux exilés, prêts à descendre du navire, l’un des bénévoles de SOS Méditerranée, juste avant l’accostage. Mais le débarquement va prendre plusieurs heures. Il va falloir encore être patient. » Les opérations de « triage » ont en effet commencé dès 6 h 30, à l’arrivée du navire de la marine italienne,
« L’inaction des États de l’UE a fait plus de 13 000 morts depuis 2014 »
dizaines de personnes, parmi les 630 exilés victimes de l’inique décision italienne de dimanche dernier, tout en fermant les yeux sur les 200 corps repêchés le lendemain, au large des côtes libyennes, et sur les centaines d’autres personnes qui quotidiennement embarquent sur les mêmes canots de fortune. Dans le même temps, toujours au pays des droits de l’homme, la loi asile-immigration, dont débattront les sénateurs à partir de mardi, tout comme les circulaires du ministère de l’Intérieur à l’intention des préfets renforcent l’arsenal répressif à l’égard des étrangers, notamment des demandeurs d’asile « dublinés », alors même que les accords de Dublin, qui obligent les exilés à demander la protection internationale dans le premier pays de l’UE par lequel ils transitent, sont justement à la source du coup de force de l’extrême droite au pouvoir en Italie. Hier, à Valence, le calvaire maritime des 630 réfugiés abandonnés par les dirigeants italiens a pris fin, laissant s’exprimer un formidable élan populaire de solidarité. Ceux qui leur ont tendu la main en mer ont cependant tenu à envoyer un message très clair : « L’inaction des États européens est criminelle, ont dénoncé les responsables de SOS Méditerranée. Elle a fait plus de 13 000 morts en Méditerranée depuis 2014, alors que, face à la tragédie de Lampedusa en 2013, les dirigeants de l’UE s’ étaient insurgés : “Plus jamais !” L’Europe porte ces morts sur sa conscience. » Médecins sans frontières, en charge des actes médicaux à bord de l’Aquarius, ne s’est pas privé d’enfoncer le clou, accusant pour sa part « les gouvernements européens de marchander des vies humaines » et d’entraver les actions humanitaires « par la multiplication d’obstacles bureaucratiques, de mesures d’intimidation et des procédures judiciaires ». Une fois ces clarifications apportées, l’équipage de l’Aquarius devait reconditionner le navire pour retourner au plus vite sur la zone de sauvetage, au large de la Libye… Assuré du soutien renouvelé de milliers de citoyens européens.
C’est dans cette même logique donc que la France accueillera quelques
Emilien Urbach, l’Humanité, 18/06/2018
le Dattilo, transportant une partie des 630 personnes secourues. Après l’accueil sanitaire, les dispositifs d’identification et d’enregistrement ont immédiatement été mis en œuvre selon les protocoles voulus par les architectes de l’Europe forteresse : prises d’empreintes, entretiens, fichage… Le coup de force des Italiens et l’émotion qu’il a suscitée donnent un caractère particulier à ce débarquement. Et cela n’a pas échappé à Emmanuel Macron, qui après plusieurs jours d’un mutisme criminel a proposé par la voix de son ministre des Affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian, de venir en aide à l’Espagne en accueillant les exilés « qui répondraient aux critères du droit d’asile après examen de leur situation ». Une annonce qui cache mal l’hypocrisie du président de la République française, déclarant vendredi après-midi : « Quand un bateau arrivera dans nos eaux, nous en aurons la charge » alors que, la nuit précédente, l’Aquarius passait à moins de 4 milles marins des côtes corses sans pouvoir y accoster. Hypocrisie encore du chef de l’État dénonçant « le cynisme et l’irresponsabilité » des dirigeants italiens, mardi, pour finalement recevoir le président du Conseil des ministres Giuseppe Conte, jeudi, appelant à ce que « la France et l’Italie travaillent ensemble, main dans la main, pour porter des initiatives et apporter des réponses ». Des réponses auxquelles souscrivent déjà les dirigeants européens les plus réactionnaires et consistant à externaliser les politiques migratoires de l’Union européenne (UE) vers des contrées où on bafoue allègrement les droits de l’homme. Hypocrisie à laquelle les dirigeants européens nous ont déjà habitués, à l’image du processus de « relocalisation » adopté en septembre 2015, qui prévoyait de répartir, avant l’automne 2017, 160 000 demandeurs d’asile entre les 28 États membres de l’UE pour n’accueillir finalement que 27 000 personnes.
PCF CONGRÈS EXTRAORDINAIRE DU PCF ET EUROPÉENNES
PCF COUTRAS
Des dates clé
AG de section
Le Conseil national du PCF, réuni les 2 et 3 juin, a pris les premières dispositions de campagne en vue des élections européennes et désigné Ian Brossat comme « chef de file » des communistes pour cette élection. Il a adopté le « projet de base commune » soumis à la réflexion des communistes en vue du Congrès national extraordinaire des 23, 24 et 25 novembre prochains à Ivry-sur-Seine (document disponible sur internet ou à la fédération du PCF). Concernant les élections européennes, un dispositif de campagne et d’action a été mis en place, en désignant un groupe de travail de douze personnes dont les députés européens et Ian Brossat comme « chef de file ». La première grande initiative se tiendra le 2 juillet à Paris où seront
invités largement personnalités, syndicalistes, associatifs, forces politiques pour travailler les contenus de campagne d’une liste large et construire une démarche commune pour les porter. Le Conseil national soumettra à l’automne une proposition de liste au vote des adhérents. Les propositions de candidatures émanant des communistes sont ouvertes -conformément aux statuts- depuis le 4 juin. Concernant le Congrès, le Conseil national a adopté la proposition de base commune de discussion. Ce texte – c’est une dimension de ce Congrès extraordinaire – est le résultat de centaines de débats, de rencontres, de milliers de contributions. Il est appelé à encore considérablement progresser d’ici le Congrès. Il est plus court que le précédent et, surtout, organisé en thèses afin, sur
chaque question, d’aller à l’essentiel et de permettre, au terme de tous les débats, de définir un positionnement politique clair. Le Conseil national a décidé d’intégrer des encarts « En débat » sur 3 sujets, 3 thèses de la base commune : le bilan, la stratégie et les directions. Ces trois encadrés ont pour but de donner aux communistes des éléments de débats contradictoires, afin de continuer à construire des réponses collectives sur les thèses visées. L’objectif est d’aboutir au Congrès à une nouvelle rédaction qui résulte de tous les débats encore à venir. Si malgré tout, textes alternatifs il y a, les communistes -conformément aux statuts- se prononceront les 4, 5 et 6 octobre par un vote pour choisir la base commune de discussion.
Les militants communistes sont invités à participer à l’AG de section le mardi 26 juin 2018 à partir de 18h, au centre culturel d’abzac. BIGANOS
Fête des Communistes du Bassin Samedi 7 juillet à partir de 10h30 au siège du PCF, 61 bis, avenue de la Libération à Biganos. 11h : Débat sur la Paix et interventions des invités : Nicole Lavallée, présidente du Mouvement de la Paix Gironde, Régis Saphores, président de l’ARAC Gironde et Patrick Alvarez, président de l’ADECR Gironde. 12h30 : Repas fraternel Toute la journée : Animation musicale et la présence du Mouvement de la Paix, du Secours Populaire, de l’ARAC, de la Jeunesse Communiste, de l’APEIS, de Palestine 33 et les éditions Le Temps des Cerises. Stand Apéro « à 1,50 € la conso » ou assiette d’acras Menu complet à 15 € : huîtres du Bassin ou pâté-crudités, couscous Boïen ou rôti de porc-frites, fromage des Cabanes Tchanquées, crêpes d’Annie cuites presqu’aux pieds de la Dune, vin et café compris. Merci de bien vouloir réserver en donnant votre choix concernant le menu avant le 30 juin : pierre-louis.cleaz33@orange.fr ou Christian Darriet : 06 03 36 36 53 – Pierre Cléaz : 06 07 97 40 52 ou encore par courrier au siège. LE 30 JUIN À LASSUS (SAINT-SYMPHORIEN)
Rencontre rurale festive
PARLEMENT EUROPÉEN
Une belle victoire pour les routiers
Ce matin (ndlr- le 14 juin), le Parlement européen a refusé de voter en l’état le « paquet mobilité » relatif à la situation des routiers au sein de l’Union Européenne. La bataille d’amendement est rouverte.
Ce paquet mobilité tel que présenté dégradait encore les conditions de travail de ces salariés. Ce secteur concerne 2,8 millions de conducteurs professionnels en Europe qui sont aujourd’hui victimes d’une mise en concurrence exacerbée. Ils sont de plus exclus de
la grande réforme européenne du travail détaché, ce qui signifie que les routiers européens ne bénéficieraient pas du principe « à travail égal salaire égal ». C’est la raison pour laquelle les parlementaires de la Gauche Unitaire Européenne se sont battus pour mettre en échec ce texte, qui sera donc à nouveau débattu lors de la prochaine plénière du Parlement Européen les 2 et 3 juillet. Ce rejet constitue une belle victoire contre le dumping social. Il témoigne de la montée en puissance de mouvements des travailleurs européens pour une meilleure prise en compte des droits sociaux. Ian Brossat, chef de file du PCF pour les élections européennes Marie-Pierre Vieu, députée européenne GUE/NGL
AU PORGE AVEC LES COMMUNISTES
Matières à réflexion Vendredi dernier, au Porge, les communistes préparaient leur congrès et invitaient leurs amis. Une bonne douzaine de participants ont répondu présents, parmi lesquels deux récents adhérents et deux curieux, au meilleur sens du terme. Dominique Belougne et Vincent Taconet, pour la fédération, se sont relayés durant plus d’une demi-heure pour aborder la « petite » question du communisme au XXIe siècle, non sans exploration des échecs et des réussites à l’échelle de la planète (état indien du Kérala compris !) et des grands moments des deux siècles
précédents, notamment avec Karl Marx et la révolution de 1917. Ainsi était proposée du communisme une image un peu plus ouverte, riche et nuancée que celle subie habituellement… Les échanges qui ont suivi l’exposé à deux voix ont été riches et variés. Chacune et chacun ont pris la parole, et pas pour ne rien dire ! On en retiendra l’expérience de l’Espace citoyen du Porge et la lutte qu’il mène pour le maintien du bureau de Poste, non sans de premiers succès, dont la motion votée au conseil municipal. Les communistes, qui y sont très actifs, constatent que cette forme de protestation est
rassembleuse et porteuse d’espoir. Ni isolée, ni limitée (malgré les apparences), elle est l’occasion pour les citoyens, avec cette revendication, d’exprimer leur fort attachement aux services publics, à leur nécessité vitale sur tout le territoire, à leur extension, leur amélioration, leur démocratisation. La « bataille du rail » est donc elle aussi l’affaire de toutes et tous, et les communistes de la section la soutiennent par leur militantisme et matériellement. Le fraternel pot de Porge qui a suivi a permis de poursuivre les échanges et de se découvrir ou retrouver. V.T.
La fête de la ruralité 2018 évolue et se tiendra cette année le samedi 30 juin, mais toujours à Saint-Symphorien, au lieu dit Lassus (chez Raymond Lagardère). Rebaptisée « Rencontre rurale festive », elle sera l’aboutissement d’un cycle de trois « rencontres rurales » organisées sur le territoire du pays Paroupian. Cette édition 2018 sera à l’unisson des préoccupations sociales et citoyennes dans les territoires ruraux avec le jeune sénateur communiste, Fabien GAY, des élus locaux, des syndicalistes et des citoyens, etc. pour le débat de la matinée sur le thème : « Quelle politique pour combattre les inégalités sociales et territoriales, et bien vivre en ruralité ? » Cette fête 2018 sera un temps de convivialité avec le repas champêtre traditionnel : assiette de charcuterie et salade maison, jambon broche haricots, fromage et dessert. Elle aura aussi un parfum de fête, de solidarité et de culture avec la présence de stands associatifs, d’une librairie, et d’une animation musicale de circonstance pour le territoire de la Haute Lande : la banda de Barsac Los Gaujos. Réservez auprès de Julien Ruiz au 06 83 59 90 79 ou ruiz. juju@wanadoo.fr / Guy Bordenave au 06 01 41 22 08. Prix par personne : 16 € (1/2 tarif pour enfants et privés d’emploi). Page Facebook : PCF-Section-Haute-Lande. SOUSCRIPTION
Tout versement par chèque ouvre droit à une réduction fiscale de 66% du montant versé. (chèque à l’ordre de ADF PCF 33). Les ressources financières du Parti communiste sont transparentes. Votre don, aussi modeste soitil, contribuera effica- cement à la démocratie, à l’expression et la prise d’initiative du Parti communiste. Cet ensemble sont les éléments majeurs pour continuer notre combat dans l’ambition d’une gauche forte et alternative. La fédération de la Gironde du PCF, lance une souscription afin de mener nos prochaines échéances politiques, notre objectif est de 70 000 euros.
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CHRONIQUE
CULTURE & SOLIDARITÉ CHRONIQUE DE LA COUPE DU MONDE DE FOOTBALL
par Jeanne R.M.
Le capital en shorts C’est entendu. Le foot est un sport populaire. Mondialement populaire. De l’Amérique latine où des stades gigantesques accueillent des foules en délire à l’Afrique du Sud, par exemple, où il fut, du temps de l’apartheid, le sport des Noirs opprimés jusqu’à Liverpool et ses diables rouges, où l’hymne des supporters est un chant de solidarité et d’espoir issu de la classe ouvrière anglaise, You’ll never walk alone. Ne jamais oublier, en ces temps de déclassement social, de déracinement, à quel point c’est le peuple et son cœur battant, la classe ouvrière, qui ont fait le foot : en allant l’acclamer, et en y jouant. Enfance. Les matchs à la télé noir-
et-blanc où l’on distinguait chaque équipe par son maillot clair et son short sombre, et vice versa… Quelle surprise, un soir au stade, de voir tout ça en couleurs vives… Jamais vu pelouse plus verte que sous ces projecteurs. Émerveillement de gosse. Vibrations de la foule. Coussins de papier rembourrés de paille pour avoir moins mal au cul sur les bancs de béton. Le stade comme arène populaire, lieu du commun et du partage. Et le jeu. L’Humain démontrant sa supériorité sur les autres primates en se privant d’un des acquis fondamentaux de l’évolution : l’usage des mains. Rien que les pieds. Et la tête. On y a joué partout, par tous les moyens : deux poteaux plantés dans un terrain vague, deux vestes jetées
au sol pour délimiter le but. Caillou dans la cour de récré, balle de tennis, ballon « en cuir » qu’on enviait aux plus chanceux. Au bas de la cité, on ne connaissait pas la fatigue. Ce que le peuple a fait est en train d’être défait. Comme on parle de défaite. Fric roi, joueurs milliardaires évadés fiscaux, pots de vin à la Fifa, tricheries, magouilles, profits faramineux, droits de retransmission télé hors de proportions. Chauvinisme, nationalisme, corruption. Instrumentalisation politique. Le capital met des culottes courtes et se fait passer pour un gamin joueur. Il jongle de ses pieds carrés avec la planète. Carton rouge. Hervé Le Corre
SUR LE PARVIS DE LA GARE DE BORDEAUX
Hervé Le Corre, écrivain solidaire des cheminot-e-s en grève
Mercredi 13 juin à midi, le Comité d’établissement régional (CER) organisait une séance de dédicace du livre La bataille du rail, cheminots en grève, écrivains solidaire par Hervé Le Corre, l’un des auteurs du collectif qui a réalisé cet ouvrage en soutien à la grève des cheminote-s, dont les droits d’auteurs seront intégralement reversés. Du monde se presse sous le stand où est installé Hervé Le Corre pour la dédicace. L’auteur bordelais qui nous a fait l’honneur d’une chronique, ci-dessus, est un des auteurs phare du roman policier contemporain. C’est aussi un homme de conviction. « Ils veulent la guerre de tous contre tous, casser les solidarités. C’est dans ces actes de solidarité qu’on se place, nous, aujourd’hui. Ça me paraissait évident de participer à cette bagarre. Ce qu’on appelle communément les intellos, les auteurs, les écrivains s’engagent très rarement sur des luttes sociales, c’est plus souvent pour des causes humanitaires, dans le généreux et la gentillesse qui
passent bien dans les médias. Mais là où nous sommes, dans le dur car nous sommes face à un gouvernement de combat, c’est peut-être un précédent pour l’avenir parce que d’autres luttes vont se produire qui auront besoin du soutien de toutes les autres catégories sociales : les intellos, les usagers, etc. C’est la raison profonde pour laquelle je me suis engagé là-dedans et probablement la plupart des autres aussi. » Cette initiative sur le parvis de la gare, à l’occasion du « 15e round » de la grève des cheminot-e-s était organisée par le CER de la région de Bordeaux. Et c’est au nom de ses élus que Mathilde Berthelomet a rappelé le soutien de la population qui se manifeste, notamment, par des dons comme la cagnotte mise en ligne par un collectif d’artistes à laquelle 30 701 participants ont versé 1 24 105 euros, et maintenant cet ouvrage collectif dont les droits d’auteurs seront intégralement reversés aux cheminots en lutte. Elle a rappelé que la réforme combattue par les cheminots aurait aussi des conséquences néfastes sur le Comité
Les Nouvelles de Bordeaux et du Sud-Ouest S.A.S. au capital de 37 000 euros Associés (à parts égales) : L. Chollon, F. Mellier, S. Laborde, M. Lavallée Directeur de la publication : Frédéric Mellier Abonnement 1 an : 25 euros. Abonnement de soutien : 40 euros Rédaction, composition, impression : S.A.S. Les Nouvelles de Bordeaux et du Sud-Ouest 15, rue Furtado - 33800 BORDEAUX Tél. 05 56 91 45 06 - Fax 05 56 92 61 01 - Annonces légales : annonces@nbso.fr Comptabilité : compta@nbso.fr - Redaction/Proposition d’article : redaction@nbso.fr @nvlbx Les nouvelles de bordeaux nbso.fr Commission paritaire de presse : 0123 C 85932
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d’établissement, le budget de celui-ci étant calculé sur la masse salariale. Or il est un outil économique indispensable : « Les élus peuvent faire appel à des expertises qui permettent aux organisations syndicales de proposer des contre-projets étayés et chiffrés pour contrer ceux du gouvernement et de la direction. » Le CER est aussi un outil indispensable pour faire vivre la culture, « source d’épanouissement », au sein de l’entreprise. Cette initiative a ravi l’auteur, les salariés du CER, les cheminots en lutte, usagers et lecteurs… Une centaine de personnes s’y est rassemblée. 80 livres ont été vendus et d’autres sont commandés. C.D. ANNONCES LÉGALES AVIS DE CONSTITUTION
Il a été constitué une société dont les caractéristiques sont les suivantes : Forme : SASU Dénomination sociale : MEDIGYN Evénements Siège social : 12 avenue de la Marne, 33520 BRUGES Objet : Organisation de congrès. Toutes activités administratives et autres activités de soutien aux entreprises. Capital : 5 000 € Durée : 99 ans à compter de l’immatriculation au RCS de Bordeaux Président : Mme Marie, Odile FRANCIS, demeurant 12 avenue de la Marne, 33520 BRUGES Pour avis, AVIS DE DISSOLUTION
« Milagro » Soleil levant, là-bas, à l’est. Il a fait froid cette nuit encore, frissons, fatigue, j’ai faim. Il est temps, je le sens, tu ne bouges presque plus, mouvements amples, lents, il faut que tu sortes. Mon ventre est lourd, omnipotent, je vais couler, m’enfoncer dans les ténèbres. Cette fois, nocturne, tu l’as décidé, il était l’heure de ton arrivée parmi nous. Ma tête est seule, mon corps en fonte, durci par les contractions, j’ai reçu un boulet de canon, je suis écartelée de douleurs. Tous les mouvements, mous et remous, bâbord contre tribord deviennent mon enfer et ma survie. J’étouffe, en plein air, en pleine mer. Oppressée entre toi et eux, je n’ai plus d’espace, écrasée, je me tais. Tu viens et tu me broies, intérieur brûlant, malmené par ce chemin obligatoire de la vie. Je savais, j’avais entendu mes soeurs et tantes, chacune de toute sa pudeur nue et sacrifiée. Je te donnerai la vie, elle m’a mise au monde et c’est ainsi. Nées pour souffrir de la plus belle aventure, pour vivre la plus belle douleur. Que c’est dur, que tu es loin, ma mère toi aussi. Mon destin, épreuve de la conquête, il faut que tu viennes maintenant. Mon corps se déchire, concassé, piétiné, réduit en miettes de plomb. Vaguelettes, vagues, tsunami dévastateur, houle de vapeur fumeuse, confusion déferlante, mon corps n’est plus que masse opprimée. Quand va t-on arriver, va t-on arriver dans ce pays où l’eau est douce et les matins heureux. Mon corps, canot de voyage, prend les eaux, mes pieds s’enfoncent petit à petit, requins tout prêts, ils m’attendent. En finir, je n’en peux plus, qu’ils m’avalent, j’ai trop soif. Tes pieds, petits et chauds sont là, ils sortent de moi. Viens, dépêche-toi, encore un effort, je vais mourir, je veux te connaitre juste un moment, montre-moi ton petit visage. Est-ce ton grand-père, ton oncle, mon frère ou ta grandmère qui revient. Je pousse sans résistance, contrainte, étroite entre tous, planches et cordes, enserrée. Je crie une dernière fois, seule dans cette immensité maritime. Mon radeau, médusé, affamé t’accueille enfin. Que tu es belle mon arc-en-ciel ! La tempête a cessé, le soleil irradie notre embarcation. Je suis libérée, je n’ai plus mal. Tu es là dans leurs bras. Je suis lasse mais délivrée. Le pavillon espagnol brille au loin sur cette eau de Méditerranée, le rouge, l’or et le violet de la liberté. La main blanche et riche se tend avant la noyade. Ma pirogue, de bois, de caoutchouc prend définitivement le fond, emportant nos malheurs et l’injustice de notre naissance africaine. Miracle tu es née, dans ce ventre aquatique fécond et avide. Tu es née dans l’eau salée et profonde, de mon ventre arrimé aux bouées de sauvetage. Miracle espagnol, miraculeuse naissance, bienvenue sur cette terre qui est tienne dorénavant.
Société civile immobilière au capital de 120.500,00 euros Siège à CAMBLANES-ET-MEYNAC (33360), 5 Côte des Sœurs RCS de BORDEAUX 485 172 803 Les associés ont décidé aux termes d’une délibération en date du 20 mai 2018, la dissolution anticipée de la société à compter du 20 mai 2018, suivie de sa mise en liquidation amiable sous le régime conventionnel. L’assemblée a nommé Madame Laure Béatrice Marie CORBIN née LE VAVASSEUR, demeurant à MONTREUIL (93100), 124 Rue Hoche, en qualité de liquidateur avec les pouvoirs les plus étendus. Le siège de la liquidation est fixé à MONTREUIL (93100), 124 Rue Hoche La correspondance devra être notifiée au siège de la liquidation. Le dépôt des actes et pièces relatifs à la liquidation sera effectué au greffe du Tribunal de commerce de BORDEAUX. Pour avis Le notaire.
49 jours, carnets d’une faiseuse d’anges et
Eva Humana est, Les petites nouvelles de Jeanne R.M
14€
19€
Disponibles à la fédération de Gironde du PCF 15 rue furtado 33800 BORDEAUX