Nouvelles N° 2261

Page 1

Jeudi 28 juin 2018 - N° 2261 - Hebdomadaire - 15, rue Furtado - 33800 BORDEAUX - Prix : 0,80 euro

RECONQUÊTE DES SERVICES PUBLICS crédit photo : Jacques Brisset

La CGT crée l’événement en Sud Gironde SUR LE SITE D’HOURCADE Des soutiens politiques aux cheminot-e-s en grève P.2

COMPTES ADMINISTRATIFS DE LA MÉTROPOLE

PCF

Hommage aux fonctionnaires

Ian Brossat à Bègles le 6 jullet

P.3

P.7


ACTUALITÉ COMMUNIQUÉ PCF // ENSEMBLE // FRANCE INSOUMISE

GRÈVE À LA SNCF

Alain Rousset amuse les cheminots et la population

Un 17e round intersyndical sur le site d’Hourcade

« En décembre 2018, la région signera une nouvelle convention TER avec la SNCF. La durée de cette convention, 5 ans, nous fait craindre le pire. En effet les documents que nous avons en mains du cabinet Transmission attestent – au contraire de la communication publique du Conseil régional – que cette durée de convention ne vise en rien au développement du service public, mais à préparer la mise en concurrence des TER dès 2020. Quoi qu’en disent certains, cette mise en concurrence ne conduira qu’à la dégradation du service pour les usagers et des conditions de travail pour les cheminots. Alain Rousset ne peut tenir un double langage. Affirmer, d’une part, qu’il n’y aura pas de mise en concurrence et, de l’autre, créer les conditions institutionnelles et économiques de cette mise en concurrence. Nous demandons donc la fin de l’allotissement pour cette convention et une durée de 10 ans pour cette convention, afin de permettre un vrai développement du service public pour répondre aux besoins de déplacements des néo-aquitains. » PCF (Fédération de la Gironde), Ensemble !, France insoumise CAF GIRONDE

Les employés mobilisés contre la suppression de 50 postes Les employés de la CAF Gironde manifestaient, jeudi 21 juin, leur opposition à la future Convention d’Objectif et de Gestion (COG) pour la période 2018-2022. Ils dénoncent une charge de travail toujours plus lourde, les suppressions d’emploi et un service dégradé aux usagers. La Convention d’Objectifs et de Gestion (C.O.G.) est un contrat passé entre l’État et la (Cnaf) Caisse Nationale des Allocations Familiales qui donne la conduite à tenir pour la branche Famille dans tous les domaines : politique de l’emploi, politique budgétaire, organisation des Caisses, productivité, mode d’accueil, politique d’Action Sociale, petite enfance, etc. Sur la période précédente, elle se basait sur la simplification administrative couplée à une montée en puissance des télés services qui devait permettre de faire plus avec moins. Le bilan est catastrophique comme nous le redoutions : la simplification tant attendue n’est jamais venue, pis encore, la complexification s’est intensifiée tant sur le plan législatif qu’organisationnel. Mais pour les syndicats CGT et FO qui appelaient à la grève : « Seul l’objectif des suppressions d’emplois a été atteint ! » « La direction veut que 80 % des démarches de la Caf passe par Internet - aujourd’hui c’est 17 % - et en même temps le ministère veut supprimer 4 000 postes dans nos Caf. Le problème est que la plupart des démarches réalisées par téléprocédures doivent être traitées par les agents », explique Servane Crussière (CGT). « La charge de travail était déjà trop élevée. Depuis la mise en place du RSA, par exemple, les personnels font des heures supplémentaires car lorsqu’on met en place une nouvelle allocation, on n’y attribue pas de personnel supplémentaire », complète Nicolas Gébleux (FO) interviewé par la Clé des Ondes. Quand l’administration parle simplification administrative, développement des traitements automatisés, acquisition automatique des données, et intelligence artificielle, les syndicats dénoncent les 2 100 suppressions de postes annoncées (50 en Gironde) et parlent des « personnels épuisés », de la « perte de sens de leurs missions », des « organisations ubuesques », « d’infantilisation généralisée », de « machine folle, destructrice », d’usagers de plus en plus isolés, de traitement de dossier toujours plus long… Les employés de la CAF étaient à nouveau appelés à manifester ce 28 juin. HOMMAGE

Jean-Paul Abribat merci ! Après les Professeurs Pierre Geisman et Jean Demay, tous les deux médecins et Psychiatre, Jacques Latrille Professeur de Médecine et ancien chef de Cabinet du ministre Jacques Ralite, tous les trois adhérents de la cellule Ambroise Croizat de l’Université de Bordeaux II, voici notre ami et camarade Jean-Paul Abribat qui s’en est allé. Jean-Paul faisait partie de ces intellectuels à contre-courant qui rejoignirent le PCF alors que de nombreux autres le quittaient. Il a adhéré au PCF au milieu des années 70 et lui a conservé ensuite toute sa fidélité. Il fut membre de la direction départementale du PCF durant plusieurs années et je garde de cette période un profond respect à son égard. Il n’a jamais profité de ses connaissances et de son statut pour en mettre plein la vue à ses camarades ouvriers et employés. Il était à cet égard d’une grande humilité, alors que, pour qui le connaissait par ailleurs, il ne faisait pas de cadeau à ses détracteurs universitaires. Sacré Jean-Paul ! Avec toi, nous avons créé au début des années 90, les « Rencontres marxistes de Bordeaux », initiative de la Section universitaire et de la Direction du Parti communiste en Gironde. C’était ta manière de contribuer au combat politique et d’éclairer les invités et les participants à cette initiative mensuelle, les enjeux que nous prenions dans l’actualité et que nous abordions d’un double point de vue, intellectuel et militant. C’est ainsi que nous avons fait participer à nos tables rondes près d’une centaine d’invités, intellectuels, universitaires, chercheurs, militants syndicaux, associatifs, politiques, de diverses sensibilités de gauche et progressistes. Initiative qui allait devenir Espaces Marx Aquitaine. Merci Jean-Paul pour cette merveilleuse école de pensée et d’ouverture sur le monde. Tu as marqué la vie intellectuelle et politique en Gironde. Tes camarades te saluent ! Amitiés à ta famille et à tes amis ! Dominique Belougne 2 • Les Nouvelles 28 juin 2018

Pour le 17e round des Cheminots de la région Bordeaux gare, les grévistes s’étaient réunis en AG interprofessionnelle, vendredi 22 juin à midi, à la gare d’Hourcade pour soutenir les salariés de la plateforme dont la situation est catastrophique, « preuve de l’échec des réorganisations ». Ils y ont reçu des soutiens politiques bienvenus. Alain Leporcq, secrétaire du syndicat CGT d’Hourcade expose la situation de Fret SNCF. « Depuis de nombreuses années, Fret a subi de plein fouet la concurrence intermodale mais les mesures de rééquilibrage annoncées par l’État n’ont jamais été prises ». « Au contraire : la multiplication des opérateurs, la crise, l’absence de mesures d’équité concurrentielle entre les modes de transport et l’agressivité concurrentielle de la route bénéficiant toujours de l’absence de fiscalité environnementale n’ont fait que diminuer les parts de marché du ferroviaire déjà bien en retrait et notamment celles de Fret SNCF ». Pour 2018, 500 emplois sont encore menacés et la direction de Fret Solerail dont fait partie la plateforme Bordeaux-Hourcade annonce 11 millions d’euros de pertes de produits liées à des défauts de production. « Un gâchis humain et économique », « une catastrophe sociale », alors que les organisations syndicales « ont des propositions utiles et concrètes pour développer le fret SNCF ». « Les coups de massue portés par le gouvernement sont historiques mais la riposte cheminote l’est tout autant. Nous pouvons en être fiers », lance Rémi Vinet, de la CGT cheminots Bordeaux gare. La CGT, qui rappelle que seul 20 % de la loi est écrit, veut poursuivre le mouvement au-delà du 28 juin car l’État peut encore « prendre des engagements sur les 8 points revendicatifs de l’intersyndicale » (dont fait partie la relance du fret ferroviaire), la mobilisation «doit obliger le 1er ministre à « ouvrir de véritables négociations » sur la Convention collective nationale et la direction SNCF doit stopper sa politique de « casse de l’emploi »… Pour le syndicaliste, la décision de justice qui condamne la direction de la SNCF à ne plus décompter les

repos compris entre les séquences de grève couvertes par des préavis distincts et à rembourser aux cheminots les sommes indûment retenues est « la preuve » que « la méthode du 2/5 porté par la Cgt depuis 3 mois a été la meilleure stratégie pour aller au bout du calendrier ». « La loi est votée mais le texte final s’est éloigné du texte initial, notamment grâce aux amendements portés par la CFDT », affirme Jean-Sébastien Montes pour la CFDT Nouvelle Aquitaine. « C’est la mobilisation de tous qui aura permis ces avancées. Oui, nous n’avons fait que limiter la casse mais être dans le tout ou rien n’est-il pas trop dangereux avec un pareil gouvernement ? C’est pourquoi nous avons préféré associer propositions et mobilisations ». Pour Sud rail, il n’est pas question en revanche de négocier une convention mais du retrait du Pacte ferroviaire et de la poursuite du mouvement « autour de dates qui permettent de désorganiser la production. » Clément Rossignol est venu apporter son soutien au mouvement en tant que maire de Bègles et viceprésident de Bordeaux métropole, rappelant que la vie des cheminots marque l’histoire de la ville. « La gare d’Hourcade est un outil industriel primordial pour l’avenir de notre pays puisque l’avenir du transport c’est le fer, ce n’est pas le camion, ce n’est pas la route, a-t-il ajouté. Autant pour le climat, pour l’aménagement du territoire, pour la fonction publique, pour les conventions collectives, c’est une mauvaise réforme. » Le maire de Bègles annoncé la création, avec le maire de Miramas, d’un club des villes de gares de triage « pour pouvoir, collectivement, faire porter la voix des maires, des élus locaux, des habitants attachés aux services publics aux côtés des cheminots ». Loïc Prud’homme, député LFI de la circonscription a félicité les cheminots pour la durée de leur grève. « Vous l’avez prouvé ici au fret, la mise en concurrence ne fonctionne pas. La seule chose qui marche quand on parle de transport ferroviaire, c’est une entreprise unique, intégrée ». Le député s’est par ailleurs dit inquiet de l’annonce par le gouvernement de la création d’une caisse de gestion pour

la reprise de 35 milliards de la dette SNF. « Ça me rappelle étrangement la caisse d’amortissement de la dette qui avait été créée en 1997. Le résultat c’est qu’à la fin, elle portait plus de dette qu’au début alors qu’elle avait pour vocation de la faire disparaître ». Ce « que des politiques ont fait, d’autres pourront le défaire, ne lâchons rien ! » a conclu le député LFI. Sébastien Laborde, secrétaire départemental du PCF et élu du libournais a apporté le soutien des militants et élus communistes. « Vous le savez, nous sommes à vos côtés pour intervenir auprès des usagers, des citoyens, des élus, pour défendre la SNCF comme entreprise publique et défendre un grand service public du rail dans notre pays. Ici à Hourcade, vous êtes très bien placés pour savoir que la mise en concurrence ne règle aucune des questions qui se posent à la SNCF mais aussi à la société. Clément Rossignol le disait, développer le fret ferroviaire, c’est enjeu pour l’aménagement du territoire, un enjeu économique et écologique. » Le responsable communiste a aussi souligné les possibilités de mobilisations chez les citoyens et les usagers malgré le matraquage médiatique. « Vous avez su par votre unité et votre intelligence collective repousser les caricatures ». Au-delà de la reprise de la dette de la SNCF par l’État, les communistes sont porteurs d’une pétition à l’échelle de la grande région qui propose, notamment, une nouvelle taxation des transports par la route et de nouvelles ressources en taxant les revenus financiers. « Nous continuerons à être avec vous quels que soient la durée de la mobilisation et les choix de modalités d’action dont vous déciderez. En effet, tout ce qui est fait à l’Assemblée nationale peut être défait, en particulier avec une mobilisation forte et citoyenne dans les semaines et les mois qui viennent. » Des soutiens bienvenus avant la manifestation interprofessionnelle de ce jeudi 28 juin, en renfort du 18e round de la grève des cheminots qui organisaient un pique-nique devant la préfecture avant que le cortège ne se dirige vers la gare Saint-Jean. Christelle Danglot


ACTUALITÉ

Editorial

BORDEAUX MÉTROPOLE

Compte administratif : hommage aux fonctionnaires

Le conseil métropolitain du 15 juin a étudié le compte administratif 2017. Une année marquée par des volumes d’investissement très élevés et par un taux de réalisation très haut. Claude Mellier a, pour le groupe communiste, salué le travail des fonctionnaires qui ont fourni ces efforts. La teneur du compte administratif qui vient de nous être présenté inspire à mon sens avant tout un hommage appuyé aux quelques 5 000 fonctionnaires de la métropole et des services mutualisés. Depuis des années, certains rabâchent un discours dénigrant, dévalorisant, culpabilisant sur les agents des services publics : ils seraient trop nombreux, pas assez polyvalents, prendraient leur retraite trop tôt, ne seraient pas assez productifs… Un discours devenu dominant qui guide les choix budgétaires, chacun n’ayant que la réduction de la dépense publique à la bouche. Tant et si bien que l’emploi territorial commence pour la première fois à baisser dans notre pays et que les agents de la métropole et de nos communes ont été soumis à une mutualisation dont nous continuons de penser qu’elle a été menée à marche forcée et trop souvent contre les agents. Les chiffres présentés à l’instant par M. Bobet sont éloquents et on serait bien en peine de trouver pareil dévouement et pareille productivité dans bien des entreprises privées. La comparaison s’arrêtant là puisque les presque 2 milliards de dépenses engagées par nos services ne l’ont été au seul bénéfice de l’intérêt commun des populations, en matière de transports, de logements, de travaux de voiries ou d‘équipements de proximité. Avec 78 % de taux de réalisation et des volumes de dépenses records dans des domaines très importants, c’est la dynamique démographique de notre agglomération qui est d’abord mise en évidence. Celle-ci nécessite une adaptation urgente des équipements, notamment sur les transports. On ne peut à cet égard que regretter le retard occasionné par le recours porté sur le

BHNS Bordeaux-Saint-Aubin. Mais, avec des taux de réalisation supérieurs à 80 % sur les transports et à 90 % sur le logement, on comprend aussi qu’on est au bout de ce que peuvent faire les services mais pas forcément au bout de ce qu’exigerait la situation sociale. Pour ces raisons, évidemment, nous soutenons le mouvement de grève des agents de la métropole qui réclament une juste et équitable revalorisation de leurs carrières. Et nous nous opposons à l’acceptation générale de la réduction des dépenses publiques, qui s’est notamment exprimée au travers de la contractualisation avec le gouvernement de M. Philippe. Une autre question est d’ailleurs à venir, c’est celle du recours à l’emprunt qui sera nécessaire dans les années à venir pour poursuivre nos efforts d’investissement. Nous constatons simplement à ce sujet que plus de 50 % de la dette de la métropole est aujourd’hui détenue par des institutions publiques ou semi-publiques (BEI, Banque Postale, Caisse des dépôts…). C’est pour nous la logique que la dette publique n’alimente pas des taux d’intérêts privés. La démarche engagée par la CDC autour d’une « banque des territoires » va donc dans le bon sens, même si là aussi, l’avis des agents de la CD semble être le dernier des soucis de ses dirigeants. Mais c’est vers un pôle public du financement local qu’il faudrait aller, pour permettre de financer durablement dans de bonnes conditions les investissements utiles aux populations. Enfin, cet effort d’investissement nécessite des recettes puisées de manière juste dans les richesses créées sur le territoire. Cela pose la question, trop rarement abordée, de la fiscalité des entreprises. Les investissements réalisés par les collectivités locales participent à la bonne santé du tissu économique local ; il paraîtrait juste que celui-ci soit mieux mis à contribution par l’impôt. C’est un chantier autrement plus urgent que le recours au mécénat dans lequel notre établissement a plongé avec un retour très en-dessous des espérances :

120 000 euros pour le pont de Pierre. Autrement plus urgent aussi que les augmentations de tarifs qui, en plus d’être injustes, n’apportent pas de réponse durable. Dans ces conditions, nous approuvons donc ce compte administratif dont les bons résultats sont à mettre au crédit du dévouement des agents du service public.

Les agents de Bordeaux Métropole mobilisés contre le nouveau régime indemnitaire Réunis dans le hall de l’hôtel Bordeaux Métropole vendredi matin, le jour de Conseil, près de 300 agents et leurs organisations syndicales (CFDT, FO, CGT) ont exprimé leur opposition au nouveau régime indemnitaire de la fonction publique. Celui-ci retient pour seul critère le positionnement hiérarchique au détriment de celui du grade. Progressivement mis en place au sein de la fonction publique d’État depuis 2014, le RIFSEEP (régime indemnitaire tenant compte des fonctions, des sujétions, de l’expertise et de l’engagement professionnel) vise à harmoniser les régimes indemnitaires des différents corps et catégories. Les collectivités territoriales, qui se doivent d’aligner leurs régimes indemnitaires sur le cadre défini par l’État, peuvent néanmoins décider librement des modalités de ce passage. Bordeaux Métropole a fait le choix de se défaire du socle actuellement en vigueur, le régime indemnitaire de grade, pour valoriser uniquement le positionnement hiérarchique de l’agent. « Le RIFSEEP accroît les inégalités entre les agents et met les services en concurrence, il favorise la recherche de la performance individuelle et plus l’intérêt collectif pour l’exercice de nos missions auprès des usagers », a estimé lors du conseil de métropole l’élu communiste Jacques Padie. À l’hôtel de Métropole, une délégation syndicale a finalement été reçue en fin de matinée par Jean-François Egron. Vice-président en charge des ressources humaines. L’élu a garanti aux syndicats une clause de revoyure annuelle, ainsi que la mise en place d’un comité de suivi. Mais les syndicats ont en tête le nouveau régime indemnitaire de la fonction publique envisagé au niveau national par le gouvernement, visant une rémunération et des évolutions de carrières plus individualisées.

Merci camarades Cheminots et autres lutteurs de classe ! Grace à votre action intersyndicale déterminée, et au mouvement de solidarité pour affronter les conséquences de vos modalités d’action, vous avez déjà fait reculer une partie des prétentions du gouvernement monarchique d’Emmanuel Macron et de ses affidés. Vous ne désarmez pas et les négociations tripartites autour de la convention collective de la branche ferroviaire peuvent être généreuses en résultats ! Nous sommes fiers d’appartenir au prolétariat, au monde du travail, qui compte dans ses rangs de tels combattants, porteurs de l’intérêt général dans leurs luttes. Comme nous sommes fiers des salariés d’Air-France, qui, contre toute attente, ont conduit par leur vote, à la démission de leur PDG. C’est d’autant plus remarquable en l’absence de débouché sérieux et visible à gauche pour une alternative. Certains continuant à jouer cavalier seul, et d’autres s’enlisant dans les marais du social-libéralisme en France et en Europe. Les initiatives prisent par la direction du PCF en prévision des élections Européennes, l’appel aux forces de la gauche sociale et politique et à plusieurs centaines de personnalités pour un rendez-vous le 2 juillet, peuvent contribuer à ouvrir une perspective. Elles prolongent celles qui ont eu lieu pour organiser le soutien politique aux luttes en cours. La présence et l’apport dans tous les combats des députés et sénateurs communistes ont été apprécié. Mais nous le savons bien, nous sommes loin du compte. Pour autant ne faisons pas la fine bouche sur tout ce qui a déjà bougé, et qui fait que la torpeur, la sidération qui a accompagné l’élection de Macron, commence à s’estomper. Les actions au cours de l’été, l’Université d’été du PCF fin août, la Fête de l’Humanité mi-septembre, le congrès départemental, puis le congrès extraordinaire du PCF en novembre peuvent être de puissants accélérateurs des luttes sociales et écologiques, économiques et démocratiques, nourrissant au quotidien, un vrai bouleversement des rapports sociaux. Comme l’indique le titre du projet de base commune pour préparer le congrès du PCF : « Le communisme est la question du XXIe siècle ! ». Plus que jamais l’humanité a besoin de communisme pour s’émanciper de la logique capitaliste ! En 1845, dans L’idéologie allemande, Marx et Engels écrivent, « le communisme n’est pas un état de choses qu’il convient d’établir, un idéal auquel la réalité devra se conformer. » Ils appellent « communisme le mouvement réel qui abolit l’état actuel des choses. Les conditions de ce mouvement résultent des données préalables telles qu’elles existent actuellement. » Le combat de classe continue !

Dominique Belougne membre de l’exécutif du PCF 33

Les Nouvelles 28 juin 2018 • 3


SERVICES PUBLICS RECONQUÊTE DES SERVICES PUBLICS EN MILIEU RURAL

DÉBAT PUBLIC

La CGT créé l’évènement à Fargues de Langon

« Aucun territoire n’est condamné à voir disparaître les services publics »

L’Union départementale CGT de Gironde et ses Unions locales de Langon et de Libourne, ainsi que l’Union Santé Départementale CGT, organisaient une journée de travail et un débat public à Fargues de Langon, le 20 juin 2018 pour plancher sur la reconquête des services publics en zones rurales. 150 participants sur la journée, trois tables rondes le matin, un climat studieux et grave pour dresser des constats alarmants qui font leur quotidien. Les milieux ruraux sont de plus en plus désertifiés, la population voit ses services publics de proximité se dégrader au fil des réformes menées depuis des décennies. Autour des tables, des militants (mais avant tout des salariés soucieux de la qualité des services rendus) venus de différents services publics : hôpitaux, postes, trésorerie, rail, municipalités… L’occasion d’identifier qu’une même logique conduit aux mêmes résultats, quel que soit le service : • épuisement des personnels ; • dégradation des services rendus aux usagers ; • déstructuration des territoires ; • rupture des liens entre les usagers et les personnels ;

• rupture d’égalité des citoyens. Là, ce sont des dizaines de kilomètres supplémentaires pour une simple démarche administrative, là c’est une bibliothèque ou une agence postale qui ferme, ici ce sont des personnes en difficulté face à l’informatisation des processus, ailleurs, ce sont des achats qui sont centralisés/normalisés, aboutissant à des gâchis. Et évidemment, le secteur de la Santé et la question des mobilités, avivée par la restructuration de la SNCF, prenaient une grande part des échanges. Après sa rencontre avec les personnels de l’hôpital de Cadillac le matin, Philippe Martinez, lors du débat public de l’après-midi, s’appuyait sur les réalités vécues en Gironde pour dénoncer les logiques financières et managériales à l’œuvre et affirmer que puisque les besoins existent, il n’y a pas de fatalité à la disparition des services publics en ruralité. La CGT avance plusieurs leviers pour « la conquête et le développement des services publics » : • Réforme de la fiscalité qui est un puissant moyen de financement des investissements des services publics : redonner à l’impôt sur le revenu toute sa place ; réduire les taux de TVA ; faire de l’impôt sur les sociétés un outil

tourné vers l’efficacité économique. • Créer un pôle financier public permettant d’imposer les choix axés sur la satisfaction des besoins sociaux et économiques. • Une appropriation publique des services publics et des politiques publiques par la démocratisation de leur fonctionnement, de leur gestion et de leur évaluation : création d’espaces démocratiques communs aux salariés, usagers et élus. • Des droits et garanties pour les salariés travaillant dans les services publics. Sur les 26 millions d’actifs ayant un emploi, 5,5 millions sont des agents publics (fonctionnaires ou relevant du droit public). Des salariés issus de différents statuts travaillent parfois au sein des mêmes groupes et entreprises publics. Or ils portent tous les valeurs et les principes communs à l’ensemble des services publics, mais avec des droits et des garanties différents et une précarité qui n’a cessé d’augmenter dans les services publics. D’où la revendication d’un « nouveau statut du travail salarié » (NSTS) : transférabilité des droits individuels et collectifs, droits attachés au salarié tout au long de la vie. Jean-Jacques Bordes

FORD BLANQUEFORT

Philippe Martinez : « il y a toujours de l’espoir »

Certes, le thème central des rencontres avec Philippe Martinez en Sud Gironde, le mercredi 20 juin, était le service public. Mais à plusieurs reprises, au cours de cette journée, il a aussi été question de la reconquête de l’industrie car pour la CGT, il n’y a pas de services publics sans industrie et vice-versa. Alors il était inévitable d’aborder la situation de Ford Blanquefort alors que, ce même jour, les syndicats emmenaient une cinquantaine de salariés en manifestation à Cologne 4 • Les Nouvelles 28 juin 2018

(Allemagne) où se tenait la réunion annuelle des syndicats européens avec la direction de Ford Europe. « C’est un des symboles du problème de l’industrie dans ce pays, a commenté Philippe Martinez, secrétaire général de la CGT. Ça fait longtemps que je connais la situation de Ford : manque d’investissement, beaucoup de fonds publics versés à l’entreprise, pas de produits nouveaux développés. On se retrouve dans une situation où des salariés paient des choix stratégiques de dirigeants d’entreprise avec des pouvoirs publics, qu’ils soient nationaux ou terri-

toriaux, qui sont bienveillants en donnant de l’argent mais sans en contrôler son utilisation. Il y a toujours de l’espoir, l’usine est toujours là, il suffit de faire les bons investissements, de développer les bonnes compétences et surtout qu’on ne laisse pas tomber les salariés. » Pour dénoncer une nouvelle fois ce « scandale ordinaire mais auquel il ne faut surtout pas s’habituer », celui de « ces multinationales qui détruisent l’emploi et le social sans aucune justification économique et ouvertement au nom de la course aux profits et aux dividendes », les syndicats appellent à une nouvelle manifestation samedi 30 juin à 14h place Pey-Berland à Bordeaux. « Cela ne doit pas se passer ainsi, sans bruit, sans riposte, poursuivent les syndicats. La suppression des 900 emplois directs et des 3 000 emplois induits dans la région représente une catastrophe sociale, s’ajoutant à une situation de chômage et de précarité déjà difficile et insupportable. Nous devons nous y opposer. »

À 14h, la salle de Fargue se remplit. Le débat public peut commencer. De la salle ou la tribune, les interventions, nombreuses, se succèdent et dépeignent une situation fortement dégradée du service public dans les territoires. Philippe Martinez invite à « partir de ce que l’on veut », une démarche offensive à laquelle invite aussi Corinne Versigny qui rappelle l’objet de ces rencontres : recenser les besoins, libérer la parole des salariés, créer le débat avec la population, monter des projets. Il y a du monde dans la salle mais pas d’élus, excepté le maire de Loupiac. Le maire de Fargue qui était présent le matin et dont on rappellera le rôle qu’il a tenu dans l’Union locale de Langon, a dû se rendre comme d’autres élus locaux à une réunion avec le Conseil départemental à Verdelais. À la tribune, aux côtés de Philippe Martinez se trouvent : Véronique Gambard, de la CGT Aquitaine ; Bernard Simonot, secrétaire général de l’union locale Sud Gironde ; Patrick Aubisse, secrétaire général de l’UL de Libourne ; Judith Gore des cheminots Bordeaux gare ; Hélène Michault, secrétaire générale de l’USD Santé et Action sociale ; Véronique Kelner, de l’USD santé et action sociale 33 ; Didier Delasa, secrétaire général adjoint de l’UL Sud Gironde ; Corinne Versigny, secrétaire générale de l’union départementale ; Joël Ducasse, secrétaire du syndicat des territoriaux 33 et Sylvie Rossi, CGT FAPT 47. Didier Delasa introduit le débat par une intervention nourrie où il dresse le contexte social, économique et politique avant de passer la parole à Véronique Kelner pour une synthèse des tables rondes de la matinée (lire ci-contre). On parle de l’atomisation de l’Éducation nationale : « on ne va plus apprendre aux jeunes que ce qui est directement utile à leur employabilité », de la gestion de l’eau qui, avec le transfert de compétence aux communautés de communes va de plus en plus être déléguée au privé, des petites communes qui n’emploient

que des personnels de catégorie C aux salaires trop faibles et la baisse des dotations qui va finir par amener des fermetures de services comme l’accueil, la cantine, de la précarité galopante comme celle de Sylvie, contractuelle depuis 25 ans à la Poste ou encore du service des douanes qui est passé, dans le Blayais de 30 fonctionnaires à 5, « dans un silence assourdissant ». On parle aussi beaucoup, tous secteurs confondus, de la souffrance des fonctionnaires dont la mission de « rendre service », de « servir » est rendue impossible exercer. Et donc, on parle beaucoup du « statut », celui des cheminots « que 6 Français sur 10 veulent réformer alors qu’ils ne le connaissent pas », ces fameux « postes de fonctionnaires qui font l’objet de surenchère dans la campagne présidentielle, à celui qui en supprimera le plus ». « C’est toujours par le statut des cheminots qu’on attaque la SNCF », rappelle Judith Gore avant de rappeler qu’il permet surtout aux cheminots « d’avoir un haut niveau de formation, d’avoir un travail encadré parce qu’on travaille 365 jours par an en 3x8. Le statut nous permet d’avoir une certaine protection mais on travaille le dimanche, les jours fériés, la nuit et on est payé trois fois moins que d’autres corps professionnels qui travaillent sur les mêmes rythmes. Il faut savoir qu’à la SNCF, 3000 cheminots sont payés moins que le SMIC. Le statut, c’est la continuité de service, c’est la sécurité, la solidarité entre les agents. » Philippe Martinez invite la salle à ne plus « perdre de temps à expliquer la politique du gouvernement » et prend l’exemple de la lutte des cheminots qui portent une ambition pour le service public du rail – alors que le gouvernement tentait de cantonner le débat sur le statut – comme la CGT porte également un projet pour un service public de l’Énergie et de l’Eau… « Les services publics, c’est moderne », affirme le secrétaire général de la CGT. « On peut avoir 39 ans et avoir de vieilles idées. Nous, on a 123 ans et on est toujours aussi modernes. Nous nous battons pour l’intérêt général pas comme les PDG invités à Versailles qui veulent pas


S EN ZONE RURALE payer leurs impôts ». « Mais nos idées, modernes, il faut mieux les mettre en avant, dire plutôt à quelle sauces nous allons les manger plutôt qu’ à quelle sauce ils vont nous manger ». Et Philippe Martinez d’inviter les fonctionnaires à être fier-e-s de leurs statuts, de leurs missions. « Les Français aiment les services publics mais pas les fonctionnaires, c’est là qu’il faut regagner du terrain en expliquant aux usagers comment on vous empêche de faire votre boulot ».

Et Corinne Versigny de renchérir que les privilèges ne sont pas du côté des salariés. Public ou privé, « pour bien travailler, il faut des garanties de haut niveau », « c’est pourquoi nous proposons un nouveau statut des salariés qui attachent les droits à la personne, pour qu’elle puisse les conserver et les faire évoluer tout au long de sa vie professionnelle, que ce soit au travail, en formation ou période d’inactivité ou d’activité réduite ».

Un discours offensif qui devrait trouver des continuités en ce jeudi 28 juin de manifestation interprofessionnelle à l’appel de la CGT et FO. Christelle Danglot

LE POINT NOIR DE LA SANTÉ

« Heureusement, il y a la CGT et les usagers mobilisés »

C’est par une assemblée générale des agents hospitaliers de Cadillac que le secrétaire général de la CGT a commencé sa visite en Sud Gironde. Mais de service public de santé, du manque de moyen, de la souffrance des personnels, il a été question toute la journée. À Cadillac, les agents veulent sauver l’hôpital psychiatrique. Ils étaient rassemblés, mercredi 20 juin au matin, à l’entrée de l’établissement pour défendre, avec le syndicat CGT, toute une série de demandes destinées à pouvoir travailler dignement dans le respect des patients et pour faire valoir les droits des salariés. L’augmentation de la charge de travail, la nécessité de créer des postes d’agents médicoadministratifs, de pourvoir les postes d’infirmiers vacants et d’éviter une pénurie des postes de soignants ne sont pas des revendications originales mais bien destinées à éviter le burn out général. Les personnels CGT de-

mandent également le recrutement de deux aides soignants supplémentaires pour l’Unité de malades difficiles et une stagiarisation de l’ensemble des agents en contrat à durée déterminée sur des postes vacants. Les moyens de travailler et de mener leur mission, une exigence bien légitime qui va revenir à travers plusieurs témoignage de militant-e-s CGT, tout au long de cette journée. « Ils ont transformé les hôpitaux en entreprise où règnent pour les salariés la peur de l’erreur, les pressions managériales, l’augmentation de la contractualisation, le manque de formation… On met à mal la santé des professionnels jusqu’au tentatives de suicide, voire au suicide ». Dans ce grand territoire du Sud Gironde, la fermeture des urgences de la Réole est programmée pour l’automne, alors qu’on sait que d’un quart d’heure de trajet peut dépendre une vie. Dans tous les territoires ruraux, les lits sont de moins en

moins nombreux. « L’ARS en propose à nouveau 30 de moins sur l’hôpital Sud Gironde. On nous reproche de garder les patients trop longtemps et donc d’avoir des lits occupés qui ne devraient pas l’être. Mais il n’y a pas de structure pour accueillir nos patients vieillissant après l’ hospitalisation ». « Avec les groupements hospitaliers, des établissements se retrouvent sans matériel, sans médicaments parce qu’ils n’ont pas signé la bonne convention ». « La population est mécontente et c’est le personnel qui prend. Heureusement, il y a la CGT et les usagers qui se mobilisent ». Et le syndicat ne manque pas de propositions sur ces questions. Il revendique une logique de répartition de l’offre de soin basée sur les besoins et non en fonction de l’offre et du nombre de kilomètres de distance. Il continue de combattre le numérus clausus dont les hôpitaux de proximité sont les premières victimes. Il défend la nécessité d’un développement des ces hôpitaux de proximité et considère que les centres de santé qui salarient le personnel médical peuvent être une réponse, également aux besoins des professionnels de santé. Il demande l’interdiction des dépassements d’honoraires, l’arrêt des exonérations de cotisations sociales, leur élargissement et leur adaptation aux nouvelles formes de profits… Quant à l’utilisation des nouvelles technologie, la CGT y est favorable à condition qu’elle ne serve pas qu’à palier les manques de professionnels et de structures de soin. C.D.

FINANCEMENT DES SERVICES PUBLICS

Utilisons la BCE Les services publics sont historiquement un des piliers de notre économie et un obstacle au libéralisme. C’est pourquoi Macron s’y attaque frontalement. C’est également un levier de l’aménagement du territoire. Le PCF propose d’y investir massivement, à la hauteur des besoins humains d’aujourd’hui. Lever des fonds, y compris dans le cadre libéral actuel de l’Union Européenne, c’est possible. Donnons la parole (1) à Denis Durand, un des animateurs de la commission économique du PCF. « Un financement sain et stable des services publics et de la protection sociale va de pair avec une économie saine. Un million d’emplois en plus, ce sont 100 milliards de valeur ajoutée en plus et près de 50 mds de recettes en plus pour l’État et la Sécurité Sociale. C’est pourquoi nos propositions de politique économique sont conçues comme des points d’appui aux luttes pour la sécurisation de l’emploi et de la formation : modulation des cotisations sociales en fonction de la politique d’emploi et de salaires des entreprises, prélèvement sur les revenus financiers des entreprises pour les dissuader de placer leurs profits sur les marchés financiers et les pousser à l’investir pour créer des emplois et pour former les salariés, mobilisation des crédits bancaires dans le même sens. » L’effondrement des services publics est en cours par la mise en œuvre de critères de gestion qui y soumettent les personnels et les usagers à la rentabilité financière « En réalité, l’exigence de services publics pour répondre aux besoins des êtres humains aujourd’hui est irrépressible. Si nous montrons par quels moyens on peut développer des services publics efficaces, nous pouvons donner une force irrésistible aux mouvements de protestation contre l’austérité. Pour cela, il faut une révolution touchant les pouvoirs (ceux des personnels et ceux des usagers) et les moyens de développement des services publics ». L’efficacité, c’est d’embaucher et former massivement dans la santé, l’éducation, les transports, la justice, les administrations. L’efficacité c’est de rénover et développer les infrastructures ferroviaires, routières, énergétiques, hospitalières, universitaires. Il s’agit donc de dépenser beaucoup d’argent aujourd’hui pour des effets qui ne se feront sentir que plus tard. « En attendant, il faut que la collectivité publique emprunte l’argent nécessaire à cet investissement. Par exemple, les investissements hospitaliers reculent (11 % des recettes en 2010, 6,5 % en 2015) pour stabiliser le taux d’endettement à 50 % des ressources. Aujourd’hui, cet argent est massivement emprunté sur les marchés financiers. Par exemple, c’est le cas de 69 % de l’endettement de l’AP-HP. Cela peut être tentant en ce moment parce que les taux d’intérêt sont maintenus très bas par les banques centrales. Mais c’est un risque car les banques centrales ont

l’intention de relever leurs taux d’intérêt, cela a déjà commencé aux ÉtatsUnis. Si le taux moyen de l’endettement de l’État français passait de 2 à 4 %, le montant des intérêts versés passerait de 47 à 94 milliards d’euros par an. Et surtout, les marchés financiers ne tolèreront en aucun cas une gestion des services publics qui déroge aux normes de rentabilité qui créent tant de souffrances et de dysfonctionnements. Pour changer la gestion des services publics, il faut imposer le recours à une autre source de financement. Or c’est possible. La BCE, depuis trois ans, a acheté plus de 2 400 milliards de titres sur le marché financier (là-dedans, il y a plusieurs centaines de milliards de titres émis par l’État français). Tout cet argent a été créé à partir de rien, par décision discrétionnaire de la BCE. Il pourrait servir à tout autre chose. Par exemple à financer le développement des services publics en Europe. Nous proposons la création d’un Fonds de développement économique, social, écologique solidaire européen. À l’opposé de la fuite en avant fédéraliste voulue par Emmanuel Macron, il serait réservé au financement d’investissements démocratiquement décidés dans chaque pays, à partir des demandes exprimées par les populations dans les territoires, et répondant à des critères précis de développement des services publics avec les embauches et les actions de formations nécessaires. On objectera que la BCE, de par l’article 123-1 du Traité sur le fonctionnement de l’Union européenne, a interdiction de financer les collectivités publiques. Mais il y a une exception pour les organismes ayant le statut d’établissement de crédit : ce serait le cas du Fonds. Déjà, des institutions financières publiques comme la BEI, la CDC ou BPI France, ont la possibilité de recourir à des refinancements de la BCE pour leurs prêts. Évidemment, la BCE ne se mettra pas à financer les services publics en Europe si on se contente de le lui demander poliment. Il faut une mobilisation populaire, à partir des revendications concrètes concernant de vastes plans d’investissements publics dans les transports (Alstom), la santé, l’école, la recherche… On pourrait ainsi obtenir des victoires partielles, et ce serait un premier pas dans la construction d’une majorité populaire, dans toute l’UE, pour changer radicalement les traités. Sur une idée exprimée il y a déjà plusieurs années par Francis Wurtz, nous proposons de passer à l’action dès maintenant avec une pétition citoyenne en direction du gouvernement français et des autorités européennes pour la constitution d’un Fonds de développement économique, social, écologique et solidaire européen. À l’approche des élections européennes de 2019, cet apport communiste original à la vie politique peut converger avec des forces très diverses. Il vient à son heure. » (1) - Intervention faite lors des Etats Généraux du progrès social, le 3 février 2018

Les Nouvelles 28 juin 2018 • 5


INTERNATIONAL ÉLECTIONS

UNION EUROPÉENNE

Le choc turc

Macron veut des gares de triage pour migrants « Mettre en place des centres fermés sur le sol européen »

L’alliage d’islamisme, de nationalisme et de brutalité incarné par Recep Tayyip Erdogan l’a donc emporté en Turquie. Selon le rapport des 330 observateurs internationaux de l’OSCE et du Conseil de l’Europe, les conditions d’organisation des élections en Turquie ont privilégié de façon « excessive » Erdogan et son parti l’AKP. La population rurale et pauvre a voté massivement en faveur d’Erdogan et pour les partis qui le soutiennent, jugeant qu’il a imposé son pays sur la scène internationale, tandis que celle de la plupart des villes et les jeunes ont appuyé le CHP ou le HDP, les deux formations de l’opposition. La répression barbare des Kurdes, les 55 000 arrestations et les 144 000 révocations ou suspensions qui avaient suivi la tentative de coup d’État, les poursuites et condamnations qui ont accablé journalistes et universitaires, la mainmise sur les médias… ne seront pas parvenues à étouffer les contestations. Cette épine dans le pied se rappellera au bon souvenir d’Erdogan alors que la situation économique se détériore, même s’il dispose des pleins pouvoirs après le référendum constitutionnel. Dans le paysage international et aux portes de l’Europe, elle-même contaminée par le virus du nationalisme et de la haine des étrangers, le résultat du scrutin de dimanche ajoutera du combustible au feu qui couve. Erdogan et l’AKP « privilégiés » de « manière excessive »

Si un choix de différents candidats a bien été proposé aux électeurs, donnant au scrutin une apparence de scrutin démocratique, « les conditions pour l’organisation d’une campagne n’étaient pas égales » pour tous, disent dans une déclaration commune les trois groupes d’observateurs internationaux de l’OSCE et du Conseil de l’Europe (1) qui se sont rendus en Turquie à l’occasion des élections, pour certains plusieurs semaines avant le scrutin. D’abord parce que les libertés fondamentales n’ont pas été respectées dans le pays au cours de la campagne. Les observateurs de l’OSCE et du Conseil de l’Europe, expliquent que Erdogan et son parti ont bénéficié d’un monopole de couverture de leur campagne « par des médias affiliés au gouvernement, qu’ils soient privés ou publics », couverture refusée aux candidats des autres partis qui ont dû se contenter le plus souvent de faire campagne via les réseaux sociaux. 6 • Les Nouvelles 28 juin 2018

Le rapport note également que l’état d’urgence sous lequel se sont tenues ces élections, a limité « le droit d’assemblée » et « le droit d’expression » des candidats, seul Erdogan et l’AKP bénéficiant librement de ces moyens d’expression dans la campagne. Attaques contre le HDP

Le rapport confirme les attaques perpétrées contre les groupes politiques opposés au gouvernement, spécialement contre les partisans du HDP (Parti démocratique des peuples), les empêchant de faire campagne dans des conditions normales. Les experts rappellent que le candidat du HDP à la présidentielle, Selahattin Demirtas, étant en prison sans procès, n’a « pas pu faire campagne librement » épinglant au passage l’absence de séparation entre l’État et le parti au pouvoir. Ils ont aussi noté une présence beaucoup plus forte de la police et de l’armée dans les bureaux de vote que dans les élections précédentes, une présence qualifiée d’« importune », qui a contribué à « un climat d’insécurité », et probablement aussi, dit le rapport, à faire pression sur l’électorat et sur les experts internationaux. Un constat que confirme l’arrestation des trois membres de la mission d’observation du PCF à Agri dans le sud-est de la Turquie, et leur maintien dans une gendarmerie pendant toute la durée du scrutin. Le gouvernement a par ailleurs interdit à deux membres de la délégation de l’OSCE de participer à la mission d’observation. La délégation (Christine Prunaud, sénatrice des Côtes-d’Armor, Pascal Torre, membre de la Commission des relations internationales du PCF et Hulliya Turan, secrétaire départementale du Bas-Rhin) raconte dans l’Humanité de lundi les tentatives d’intimidation à la gendarmerie, les 200 menaces de mort sur les réseaux sociaux et les intimidations, à nouveau, à l’aéroport. Avec l’Humanité du 26 /06/2018

(1) La délégation était composée de trois groupes d’observateurs des élections. En tout 330 observateurs internationaux répartis sur tout le territoire, et mandatés par l’assemblée parlementaire de l’OSCE (Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe), par une des institutions de l’OSCE, le BIDDH (bureau des institutions démocratiques et des droits de l’homme), et par l’Assemblée parlementaire du Conseil de l’Europe (regroupant les députés de 47 pays européens), comptant à elle seule 32 observateurs.

Un sommet sur les flux migratoires se tenait, dimanche 24 juin, avec la participation de 16 États européens. Au même moment, un navire avec 239 migrants ne trouvait pas preneur en Méditerranée. Bis repetita. Il y a deux semaines, le navire Aquarius, affrété par l’ONG SOS Méditerranée, s’était vu signifier par le ministre de l’Intérieur d’extrême droite, Matteo Salvini, l’interdiction d’accoster dans un port italien. Deux jours durant, 629 migrants avaient été ballottés sur la Grande Bleue. Finalement, ils avaient pu trouver refuge à 1 500 kilomètres de là… à Valence en Espagne (lire aussi page 8), sans que Paris n’ait daigné proposer de les accueillir. La tragédie se répétait hier, et ce n’était malheureusement pas une farce. Lifeline, le bateau battant pavillon néerlandais d’une ONG allemande, n’a, depuis vendredi, nulle part où débarquer les migrants qu’il a accueillis à bord. Il était posté, dimanche, dans les eaux territoriales maltaises. Matteo Salvini avait refusé qu’il vienne en Italie. L’ONG avait secouru les exilés alors qu’ils étaient sur le point de l’être par les gardes-côtes libyens, prétexte-t-il. Hier, Malte avait envoyé des vivres à bord, sans pour autant accueillir le navire. Le premier

ministre maltais, Joseph Muscat, déclarait samedi que l’ONG aurait dû confier les migrants aux gardes-côtes libyens. Le leader de l’extrême droite italienne et le numéro un des travaillistes maltais semblent s’accorder sur l’essentiel : les exilés doivent retourner dans l’enfer libyen, une zone sans gouvernement, quadrillée par des milices et où certains migrants sont réduits en esclavage. De son côté, le premier ministre néerlandais, Mark Rutte, a déclaré que le navire ne figurait pas dans le « registre maritime » de son pays. Triste spectacle que celui de dirigeants européens qui se renvoient la balle. Un jeu dont dépend le sort de 239 migrants, dont quatre bébés. C’est pourtant pour éviter ce type d’épisode que la Commission avait convoqué un mini-sommet informel sur l’accueil des migrants, afin de préparer le Conseil européen de jeudi 28 et vendredi 29 juin. L’objectif était d’en finir avec les décisions unilatérales telles que celles de Rome, et de définir une méthode commune. Huit pays étaient invités à l’origine. Ils seront finalement seize, d’autres chefs de gouvernement ayant demandé à y participer. En revanche, hostiles à toute relocalisation des réfugiés, les pays du groupe de Visegrad – la Pologne, la Hongrie la Slovaquie et la République tchèque – ont boycotté la rencontre.

Le document préparé par la Commission prévoyait initialement une série de mesures, notamment le renforcement de Frontex, l’agence de contrôles aux frontières de l’Union européenne (UE), le renvoi des migrants dans le pays d’entrée dans l’UE où ils auraient dû être enregistrés. Mais, faute d’accord, la réunion ne devait déboucher que sur un relevé des positions exprimées par les uns et les autres. De son côté, en amont du minisommet, Emmanuel Macron s’était fait à Paris, samedi, en présence du président socialiste du gouvernement espagnol, Pedro Sanchez, le porteur de la position franco-allemande, à laquelle ce dernier s’est rallié. « La proposition que nous voulons faire (…) c’est une solution qui consiste à mettre en place des centres fermés sur le sol européen », a déclaré le chef de l’État. Dans ces « hot-spots », les exilés seraient triés entre demandeurs d’asile, migrants économiques et personnes éligibles à l’expulsion dans leur pays d’origine ou de transit. Les réfugiés seraient ensuite répartis entre pays européens. Emmanuel Macron s’est dit opposé à de tels centres « dans des pays tiers », une suggestion « inacceptable » selon lui, qui émane de l’Autriche et de l’Italie mais aussi d’une partie de la droite allemande. Il envisage des sanctions financières pour les États qui refuseraient d’accueillir des réfugiés. Cela a, de nouveau, fait monter le ton entre Paris et Rome. (…) L’indignité est la chose la mieux partagée des deux côtés des Alpes. Gaël De Santis, l’Humanité du 25/06/2018

AFRIQUE

Lourd climat de violence au Mali La constitution de milices liées aux communautés peule et dogon alimente les violences, sur fond d’accusations de complicité avec les djihadistes. Trente-deux civils ont été tués samedi. C’était, depuis longtemps, un conflit larvé, que nourrissaient de vieilles rivalités. La mésentente entre éleveurs peuls transhumants et agriculteurs dogons nomades donne lieu depuis trois ans, dans le centre du Mali, à des flambées de violences meurtrières. Samedi, à Koumaga, dans le cercle de Djenné (région de Mopti), au moins 32 civils peuls ont été tués dans une attaque attribuée à des chasseurs dozos, traditionnellement issus, au Mali, de la communauté dogon. (…) Régulièrement pris pour cible, les Peuls sont accusés d’entretenir des complicités avec les groupes djihadistes qui sillonnent toujours le nord et le centre du Mali. Ces amalgames

viennent se greffer sur de toxiques conflits fonciers, dans des zones aux ressources hydriques limitées, où la qualité des terres cultivables est durement affectée par le changement climatique. Les violences ont pris de telles proportions qu’au mois de mai deux milices d’autodéfense ont été créées dans le centre du pays : l’Alliance pour le salut au Sahel (ASS) qui se revendique de la protection des populations peules et Dan Na Amassagou, un mouvement armé qui affiche comme objectif la défense des civils dogons. Faute de moyens et de volonté politique, l’État laisse faire. En pays dogon, des postes de police ont bien été créés ces dernières semaines, mais ils sont surtout dédiés à la préparation sécuritaire et logistique de l’élection présidentielle du 29 juillet prochain. Il n’y a pas de patrouilles : les forces de sécurité se contentent de constater les dégâts. Des villages entiers sont brûlés, pillés, poussant

des centaines d’habitants à fuir vers des agglomérations comme celle de Sangha, qui ne peuvent faire face à l’afflux de déplacés. Ces populations sont à la merci de la famine. Le cycle alimentaire lié à la culture du mil est fragile : l’an dernier, la récolte a été médiocre et la période de soudure s’annonce longue et difficile. Quant aux terres cultivées loin des villages, elles sont laissées à l’abandon, à cause du climat d’insécurité. (…) Fait nouveau, Bamako a récemment reconnu l’implication de « certains personnels » de l’armée après la découverte de trois fosses communes dans la région de Mopti. Mais les Peuls accusent les autorités de tolérer encore, voire d’encourager les exactions au nom de la lutte contre les djihadistes. (…) Rosa Moussaoui, l’Humanité du 26/06/18


PCF APL

BÈGLES LE VENDREDI 6 JUILLET

Macron frappe une nouvelle fois les plus modestes au portefeuille

Rencontre avec Ian Brossat, chef de file des communistes aux Européennes

Déclaration de Ian Brossat – PCF, le 19/06/18 « Après avoir baissé les APL de 5 euros en 2017, Emmanuel Macron vient de décider le gel des aides au logement. Une mesure qui va priver chaque famille modeste de 4,68€ par mois. Décidément, ce gouvernement fait preuve d’un acharnement sans précédent contre les plus pauvres. Macron fait porter l’effort sur les 6,5 millions de familles qui touchent les aides au logement, dont plus de la moitié ont des ressources inférieures au seuil de pauvreté et 80 % ont des ressources inférieures à un SMIC. Pour elles, ces quelques euros men-

suels de perdus s’ajoutent aux baisses précédentes et à la baisse annoncée de l’ensemble des prestations sociales d’au moins 7 milliards d’euros. Pourtant, à la suite de la première baisse des APL, le Premier ministre Edouard Philippe affirmait que “ce n’est pas intelligent, c’est une mesure de rabot (…) Ce n’est jamais intelligent de faire du rabot”. Puis, le secrétaire d’État Julien Denormandie évoquait à son tour “une mauvaise décision” et Richard Ferrand, le président du groupe des députés macronistes, parlait même d’une “connerie”. Dans son discours officiel du 23 janvier 2018 à la Cour des Comptes, Emmanuel Macron

affirmait sans ambiguïté possible : “Je refuse ce que j’appelle les réformes paramétriques”. La preuve est faite, une nouvelle fois, du décalage complet entre les discours de l’exécutif et ses actes. Cette décision intervient enfin alors qu’on apprend que la suppression annoncée de “l’exit tax”, qui frappait les millionnaires pratiquant la délocalisation fiscale de leurs avoirs, coûtera à l’État un manque à gagner colossal de 6 milliards d’euros. Assécher le pouvoir d’achat des plus modestes pour gonfler celui de ceux qui se soustraient à leur devoir fiscal : telle est la philosophie révoltante du macronisme. »

PIF PRÉSENTE

Avec vous, Pif se relance à la fin de l’été

Le retour de Pif chaque semaine ! C’est possible, grâce à vous. Pour paraître à nouveau toutes les semaines, Pif fait appel au financement participatif via le site Kiss Kiss Bank Bank.

Le magazine Pif est né le 28 mars 1948, sous le crayon de Pap’Arnal. Depuis, il a marqué plusieurs générations d’enfants. Depuis maintenant 70 ans, sa vocation est de distraire intelligemment et de transmettre des

valeurs humanistes. La lecture, la curiosité, l’émerveillement se transmettent de parents à enfants, de génération en génération. Pif aussi ! Les enfants d’aujourd’hui doivent eux aussi avoir, tous les mercredis, le plaisir de retrouver leur Mag. Un journal qui les associe à la rédaction, qui les amuse et les fait grandir malin ! En partant de l’univers des enfants d’aujourd’hui – Youtube, mangas, jeux vidéo… – Pif veut leur donner les moyens et l’envie de comprendre le monde ! Un magazine papier numérique qui est une alternative à l’écran. Relancer un hebdomadaire papier en 2018 : c’est audacieux ! L’équipe est pourtant plus que jamais convaincue que le support papier est un vecteur d’apprentissage, d’amusement et de découverte essentiel aux enfants. Le magazine a connu plusieurs relances au cours de sa longue histoire. Encore une fois, c’est le soutien des lectrices et lecteurs qui fera la différence.

SOUSCRIPTION 2018

La solidarité financière pour faire grandir nos combats communs Le Parti communiste mène tout au long de l’année la bataille face au gouvernement Macron et sa politique antisociale. Face à la casse de la SNCF, la casse des solidarités, la baisse des droits sociaux, les communistes sont là pour mobiliser, résister et construire une alternative politique pour la justice sociale, le progrès social et démocratique, pour la préservation de l’environnement et de notre écosystème. Les communistes agissent en permanence pour faire grandir un mouvement populaire porteur d’alternatives au libéralisme, et s’attaquant au coût du Capital sur nos vies. Ils agissent pour la paix et la solidarité entre les peuples. Nous voulons faire grandir la prise de conscience et rassembler le camp du

changement pour porter l’ambition d’une alternative à l’austérité en gagnant dans les mobilisations des avancées concrètes, démocratiques, sociales et environnementales. Le Parti communiste vit des cotisations de ses adhérents, du rever-

sement des indemnités de ses élus, de ses initiatives financières et de la souscription qui permet à chacun de contribuer à faire grandir nos combats communs. Sébastien Laborde

Tout versement par chèque ouvre droit à une réduction fiscale de 66% du montant versé. (chèque à l’ordre de ADF PCF 33). Les ressources financières du Parti communiste sont transparentes. Votre don, aussi modeste soit-il, contribuera efficacement à la démocratie, à l’expression et la prise d’initiative du Parti communiste. Cet ensemble sont les éléments majeurs pour continuer notre combat dans l’ambition d’une gauche forte et alternative. Les versements sont à envoyer à la fédération de Gironde du PCF - 15 rue Furtado - 33800 Bordeaux, à l’ordre de l’ADF PCF 33

Ian Brossat, adjoint au maire de Paris et chef de file des communistes pour les élections européennes 2019 rencontrera dans l’après-midi les militant-e-s et les élu-e-s de la métropole bordelaise autour de leur contribution à la consultation-prospective sur le thème « Bordeaux 2050 ». Le soir, à partir de 19h, il rencontrera les communistes au siège de la section de Bègles, place du prêche, avant de partager un apéro-grillade.

Vendredi 22 juin, Sébastien Laborde, Jacques Lesbats et une dizaine de camarades de L’Amicale des Vétérans se sont réunis à la fédération : 9 étaient excusés. La volonté de faire vivre plus régulièrement l’amicale, permettant l’expression de la solidarité, des échanges, des débats, l’entretien de la mémoire des luttes dans les confrontations et contexte actuels, cette volonté a été partagée par tous. Les enjeux du congrès ont été rappelés, le devenir et l’avenir du combat communiste face à un gouvernement menant un combat de classe sans merci. Tous ont appelé à une meilleure implication de tous les adhérents et pour cela à retravailler la proximité, reconquérir de la visibilité, à travailler les échanges et le rassemblement en vue d’une mise en mouvement en faveur des besoins et aspirations populaires. BIGANOS

Fête des Communistes du Bassin Samedi 7 juillet à partir de 10h30 au siège du PCF, 61 bis, avenue de la Libération à Biganos. 11h : Débat sur la Paix 12h30 : Repas fraternel 15 € : huîtres du Bassin ou pâté-crudités, couscous Boïen ou rôti de porc-frites, fromage des Cabanes Tchanquées, crêpes d’Annie cuites presqu’aux pieds de la Dune, vin et café compris. Stand Apéro « à 1,50 € la conso » ou assiette d’acras Merci de bien vouloir réserver en donnant votre choix concernant le menu avant le 30 juin : pierre-louis.cleaz33@orange.fr ou Christian Darriet : 06 03 36 36 53 – Pierre Cléaz : 06 07 97 40 52 ou encore par courrier au siège. BORDEAUX BACALAN

Fête des libertés le 13 juillet La fête des libertés se tiendra vendredi 13 juillet au Parc de Bacalan, tram B Brandenburg. Au programme : - 14h30 concours de boules, ouvert à toutes et tous. - Tournoi de belote. - 17h30 : débat d’actualité en présence d’une personnalité du PCF - 19h : apéro chanté - 20h : grillades de bœuf de Bazas - 21h : soirée hommage « Mandela aurait 100 ans » - Concert de la formation « Afrocubano Projeto » avec Cheikh Sow.

Carnet DISPARITION DE MICHELLE CERENTOLA. Celle qui a fondé la chorale des Amis de l’Ormée en 1995 vient de nous quitter. Au nom des choristes et des ormistes, JJ Crespo lui a rendu hommage lors de ses obsèques. « (…) Depuis vingt-trois ans maintenant, le groupe vocal a accueilli de nombreux amateurs de chant choral et nous avons eu après Michelle des chefs différents… Mais j’affirme qu’aucun d’entre eux n’avait une aussi forte présence à la direction du chœur. (…) Elle n’était nullement exclusive dans ses goûts ni dans ses choix. Chants profanes, chants sacrés, chants de lutte… Avec elle, nous avons abordé toutes les musiques, tous les genres. C’est encore un de nos fondamentaux. Michelle était une musicienne et une personne engagée dans le combat social et politique qui traduisait ses convictions dans la vie quotidienne. Toujours bénévole : même après avoir laissé la direction à François Durand, elle continuait à accueillir chez elle à Pessac des choristes qui voulait apprendre le solfège. C’est la maladie qui l’a empêchée d’exercer ce sacerdoce jusqu’au bout. (…) Je me souviens des premières prestations avec Michelle pour la Fête de L’Huma 33 à Courréjean, sur les quais pour ATD Quart Monde à l’issue de la Marche de la “Journée du refus de la misère”. Elle nous a mis sur un chemin que nous tentons de continuer au mieux. (…) » Les Nouvelles 28 juin 2018 • 7


CHRONIQUE

CULTURE & SOLIDARITÉ

NOUVELLES IDÉES REÇUES

CHRONIQUE DE LA COUPE DU MONDE DE FOOTBALL

par Gérard Loustalet Sens

Place aux jeunes ! Pierre Corneille, fait dire à Rodrigue, dans Le Cid : « Je suis jeune, il est vrai; mais aux âmes bien nées, la valeur n’attend point le nombre des années ». C’est le principe qu’a retenu Didier Deschamps, le sélectionneur des Bleus, dans sa composition de l’équipe de France. Avec 25,4 ans de moyenne, elle est la deuxième équipe la plus jeune des 32 nations qualifiées. Le 16 juin contre l’Australie, avec les titularisations des très jeunes latéraux Lucas Hernandez et Benjamin Pavard (22 ans), d’Ousmane Dembélé (21 ans) en attaque et Corentin Tolisso (23 ans) au milieu, cette équipe aura été la plus jeune de l’histoire des Bleus depuis 1930. Comme un symbole, c’est le plus jeune, Kylian Mbappé, qui avait 15 ans  l’année du mondial 2014, qui donne l’interview avant le premier match ! Les questions sur la jeunesse n’ont pas manqué et il y a répondu avec une décontraction

maîtrisée. « Cela peut être une force, on peut apporter cette insouciance, cette joie de vivre pour décompresser dans ce genre de compétition où la pression est présente » a-t-il déclaré. Bon, quand on a été vedette de Monaco et de Paris, ça aide à mûrir, sur la pelouse, comme devant une caméra. Et puis, « la valeur n’attend pas le nombre des années », dans le foot business , puisque, d’après l’Observatoire du football, la France sort en tête des 32 nations, avec le groupe « potentiellement le plus cher » à 1,41 milliard d’euros, devant l’Angleterre (1,39 milliard) et le Brésil (1,27 milliard) ! Kylian Mbappé est même évalué 186,5 millions d’euros, devant un certain Lionel Messi (30 ans, 184,2 millions)… Ce qui doit évidemment faire relativiser la prise de risque du sélectionneur français, et espérer que le critère « valeur marchande » n’a pas pris le pas sur le jeu ! En février 1987, le journal de la Jeunesse communiste, Avant-Garde, m’avait demandé d’écrire un article sur les Girondins de Bordeaux, domi-

nant championnat et coupe hexagonaux dans les années 80. J’y pointais les dérives du foot-fric et appelais à plus d’audace dans la promotion des jeunes talents, issus de nos centres de formation. Avec ce mondial russe, on vérifiera peut-être que faire confiance à la jeunesse est porteur de réussite et donc d’espoir. La leçon pourrait servir au rugby français, plus conservateur, capable de remporter le titre mondial des jeunes, mais impuissant à rivaliser avec l’élite internationale par son équipe première. Enfin, par extension, si ce qui s’annoncerait vrai pour le foot, faisait école pour que nos sociétés développent une autre considération pour les jeunes, dans la formation, l’emploi, l’accès aux responsabilités… ? Allez, attendons les huitièmes de finale, on y rencontrera peut-être le Nigéria, l’équipe la plus jeune de ce mondial ! Vincent Maurin

SOLIDARITÉ RÉFUGIÉS

Le Secours populaire français à Valence À l’occasion de l’arrivée de l’ Aquarius en Espagne, une mission du Secours populaire a été dépêchée sur place. Entretien paru dans l’Humanité du 22 juin. Le SPF a lancé un appel aux dons en faveur des réfugiés et envoyé une mission à Valence. Pourquoi  ? Houria Tareb. Afin de rappeler notre engagement vis-à-vis d’une population pour laquelle nous agissons depuis des années, en France et dans le monde. Par exemple dans les camps de réfugiés au Liban ou en Grèce, où nous intervenons depuis 2014 en fournissant aide alimentaire et vestimentaire, mais aussi en développant, avec nos partenaires grecs, un village Copain du monde, où sont accueillis des enfants issus de familles démunies. Il était donc important de venir à Valence pour rencontrer les associations locales et évaluer leurs besoins, ainsi que ceux des exilés. Quel a été votre accueil, alors qu’un fort élan de solidarité s’est manifesté à Valence à l’arrivée de l’Aquarius  ? H.T. Ce que nous avons vu, en effet, c’est un accueil des réfugiés mené avec respect, sang-froid et sérieux. Par ailleurs, nous avons été très bien reçus. La spécificité du SPF dans son action internationale, c’est de travailler en coopération avec des acteurs locaux.

Nous avons eu l’occasion de découvrir les valeurs et les missions de nos associations partenaires. L’idée n’est pas d’agir à leur place, mais avec eux. Parce que ce sont eux qui connaissent le mieux la situation et qu’ils ont un savoir-faire reconnu. La Croix-Rouge était chargée de l’accueil d’urgence. Quelles seront les suites de votre action à Valence  ? H.T. L’urgence a en effet été prise en charge et bien gérée. De notre côté, nous interviendrons lors de la deuxième phase, pendant laquelle sera mis en place un accompagnement plus global. Au SPF, ce que nous pouvons apporter, c’est un meilleur accès aux droits, à la culture, aux vacances, des éléments de la solidarité qui ne sont pas forcément pris en compte aujourd’hui. Grâce au réseau du SPF, outre nos partenaires associatifs, nous avons une personne ressource, Malu Cuevas Gomez, qui a été et sera essentielle dans notre mission. C’est capital de pouvoir s’appuyer sur de telles personnes, impliquées en amont et en aval, en France, dans l’engagement bénévole. Car il s’agit d’humain avant tout. Auprès des pouvoirs publics, notre rôle sera de rappeler notre devoir d’accueil. C’est aussi le sens de notre appel aux dons et à la mobilisation des bénévoles. Jérôme Skalski

Le Secours populaire a mis en place un « fonds d’urgence migrants-réfugiés ici et là-bas », indispensable pour intervenir. Les dons peuvent être envoyés au Secours populaire français, dans tous les départements ou au 9/11, rue Froissart BP 3303, 75123 Paris Cedex 03 - Tél. 01 44 78 21 00. Préciser « Fonds d’urgence migrants-refugiés ici et là-bas » www.secourspopulaire.fr.

ANNONCES LÉGALES AVIS DE CONSTITUTION

Suite à l’AGO en date du 2 juin 2018, il a été constitué une société dont les caractéristiques sont les suivantes : Forme : S.A.S Dénomination : VDL design Siège social : 78 rue des trois conils 33000 Bordeaux Objet : confection, promotion, commercialisation par tous canaux de distribution d’articles textile, d’objet d’art, et de biens mobiliers à valeur artistique Capital : 1 euros Durée : 99 ans à compter de l’immatriculation au RCS de Bordeaux Conditions d’admission aux assemblées d’actionnaires : Tout actionnaire est convoqué aux assemblées, chaque action donne droit à une voix Clause d’agrément : actions cessibles après décision adoptée à la majorité des deux tiers des associés présents ou représentés. Directeur Général : M. Victor DRUILLET demeurant 42 rue du Val 95220 Herblay Président : M. Vincent LAMOTHE demeurant 78 rue des Trois Conils 33000 Bordeaux Pour avis, AVIS DE CLÔTURE DE LIQUIDATION

SCP MONTAGNE, CURT et PASQUIERMONTAGNE, Notaires associés à ARUDY (64260), 7, Avenue des Pyrénées. SCI E.L.V. Société civile immobilière au capital de 120.500,00 euros Siège à CAMBLANES-ET-MEYNAC (33360), 5 Côte des Sœurs RCS de BORDEAUX 485 172 803

Les Nouvelles de Bordeaux et du Sud-Ouest S.A.S. au capital de 37 000 euros Associés (à parts égales) : L. Chollon, F. Mellier, S. Laborde, M. Lavallée Directeur de la publication : Frédéric Mellier Abonnement 1 an : 25 euros. Abonnement de soutien : 40 euros Rédaction, composition, impression : S.A.S. Les Nouvelles de Bordeaux et du Sud-Ouest 15, rue Furtado - 33800 BORDEAUX Tél. 05 56 91 45 06 - Fax 05 56 92 61 01 - Annonces légales : annonces@nbso.fr Comptabilité : compta@nbso.fr - Redaction/Proposition d’article : redaction@nbso.fr @nvlbx Les nouvelles de bordeaux nbso.fr Commission paritaire de presse : 0123 C 85932

8 • Les Nouvelles 28 juin 2018

L’assemble générale par une décision en date du 25 mai 2018, réunie à la diligence de Madame Laure Béatrice Marie CORBIN née LE VAVASSEUR, liquidateur, a approuvé le compte définitif de liquidation, et prononcé la clôture de la liquidation et donné quitus au liquidateur de sa gestion. Les comptes du liquidateur seront déposés au greffe du Tribunal de commerce de BORDEAUX. Pour avis Le notaire.

Populisme et affects On ne saurait dénier à Ernesto Laclau et Chantal Mouffe une certaine culture politique. Et pourtant… On a vu qu’ils fondaient leur parti-pris d’un antagonisme fondamental qui seraient inhérent aux sociétés humaines sur le concept freudien de pulsion de mort. Ils font de la pulsion de mort le moteur des rapports humains… Mais comment ne voient-ils pas que c’est une idée fasciste! Que l’on se rappelle ce jour de juillet 1936, à l’Université de Salamanque : en réponse au « Viva la Muerte ! » de la Légion espagnole, Miguel de Unamuno improvisa un éloge de l’intelligence et de la raison. Le général franquiste Millan Astray ne sut alors que cracher : « Mort à l’intelligence ! » C’est cette même méfiance de la raison qui conduit Laclau et Mouffe à privilégier les affects comme ferments primordiaux des comportements sociaux. Bien sûr qu’il y a une part essentielle d’affects, de sentiments, de pulsions, d’élans, d’émotions dans toute action humaine. Pour le meilleur et pour le pire. En reprenant la distinction freudienne, il y a la pulsion de mort dont relèvent le racisme, la xénophobie, la haine de l’autre, les pulsion archaïques, tribales, claniques que toute la « civilisation des moeurs » (Norbert Elias) s’est employée à dépasser, mais il y a aussi la pulsion de vie que l’on trouve dans la solidarité, la compassion, l’altérité, la coopération, l’empathie… Le mode de production de la vie sociale est également déterminant : le capitalisme a fait de la cupidité et de l’égoïsme des normes sociales, le socialisme privilégie l’entraide et la fraternité. Quant à Freud, non seulement il considère que le renoncement aux pulsions instinctives est au fondement de la civilisation et de la culture, mais il en fait un élément clé du développement psychique avec la constitution du surmoi comme instance intériorisant les interdits parentaux et sociaux, à commencer par l’interdit fondateur de la société, l’interdit de l’inceste, qui résoud le conflit oedipien. Les concepts que Freud a forgés sont les outils d’une analyse rationnelle de la manifestation des affects. Au XVIIe siècle, Spinoza sépare les passions tristes et les passions joyeuses, la joie et la tristesse étant les deux passions fondamentales. Spinoza entend par affects les affections du corps par lesquelles sa puissance d’agir est accrue ou réduite, secondée ou réprimée (J.M. Galano, l’Humanité, 17/18/19.11.2017). Haine, peur, anxiété, intolérance, envie, jalousie, colère, mensonge, violence, « insécurité », comme on dit aujourd’hui, sont des passions tristes. L’ambition, l’esprit de domination qui conduisent à la compétition pour la gloire ou le profit, la haine du rival, le stupre qui mènent les riches sont des passions tout aussi tristes que celles que Macron, dans son mépris de classe, prête aux pauvres (jalousie, envie). Par contre, et n’en déplaise à l’anthropologie « pessimiste » revendiquée par Chantal Mouffe (comment une anthropologie serait-elle pessimiste ou optimiste?), chez Spinoza l’accès à la raison fait partie des passions joyeuses. Le philosophe a pour rôle de guérir l’homme de ses passions tristes et de le rendre maître de lui-même. Pour Spinoza, le sage vit sous le règne de la raison et l’Etat doit être conçu rationnellement. Enfin, et c’est essentiel, Spinoza écrit : « J’ai considéré les affects humains -amour, haine, colère, envie, gloire, compassion et tous les autres mouvements du coeur- non comme des vices de la nature humaine mais comme des propriétés qui lui appartiennent (…) et ont des causes déterminées (je souligne.GLS) » (cité par Frédéric Lordon, Imperium, La fabrique, 2015, p.162). Les affects sont, parmi d’autres dispositions à sentir, penser, agir, socialement acquis et constitués dans les habitus de classe. Chantal Mouffe envie à Marine Le Pen ce qui serait sa capacité à s’adresser à la souffrance des classes populaires. Mais, comme le remarque Eric Fassin, « c’est faire l’hypothèse que les mêmes émotions peuvent être retraduites en passant d’un populisme à l’autre » (« Ressentiment d’extrême- droite et indignation de gauche », Cause commune, n°3, janvier-février 2018). Les électeurs d’extrême-droite ne sont pas des victimes égarées dont il faudrait écouter la souffrance. Ce sont des sujets politiques mus par des passions tristes qu’il convient de combattre. Le ressentiment et la rancoeur, affects négatifs, diminuent ma puissance d’agir, l’indignation et la révolte, affects positifs, la renforce. Et, comme dit Roger Martelli, la détestation du privilégié ne conduit pas forcément à la prise de conscience du privilège laquelle nécessite une démarche rationnelle.


Turn static files into dynamic content formats.

Create a flipbook
Issuu converts static files into: digital portfolios, online yearbooks, online catalogs, digital photo albums and more. Sign up and create your flipbook.