Nouvelles N° 2263

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Jeudi 12 juillet 2018 - N° 2263 - Hebdomadaire - 15, rue Furtado - 33800 BORDEAUX - Prix : 0,80 euro

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TRANSPORTS MÉTROPOLITAINS

CONGRÈS

CHILI

Stop à l’augmentation chronique !

Macron, monarque insatiable

Les assassins de Victor Jara enfin condamnés

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ACTUALITÉ FESTIVAL UZESTE 2018

BORDEAUX METROPOLE

Les rendez-vous de la CGT

Assainissement : penser d’abord service public

Vendredi 10 aout - 17 h à Lucmau De Lucmau à Bordeaux : quelle égalité d’accès aux soins ? En présence de Bernard Lubat, Véronique Stevens de l’Union Santé CGT Gironde, Christine Cassiau CGT Hôpital de Ste Foy la Grande, Jacques Duperret CGT Hôpital Sud Gironde, Corine Jiralcayaga CGT EPADH Podensac, Laurent Laporte CGT Hôpital de Cadillac, Isabelle Dexpert Maire de Pompéjac, Véronique Gambard CGT Comite régional Aquitaine. Le débat sera animé par Valérie Paulet Secrétaire générale de la CGT Aquitaine Samedi 11 aout - 10 h salles des fêtes d’Uzeste Projection du Film de Louis Daquin + Ecran rouge – livre sur le cinéma, suivi d’un débat en présence du fils de Louis Daquin, d’un syndicaliste de la fédération du spectacle, de la CMCAS… Samedi 11 aout - 19h Cabane du gemmeur Apéro expo – Inauguration de l’exposition sur Mai 68 proposée la le Comité Régional CGT Aquitaine Mercredi 15 aout - 17 h salle des fêtes d’Uzeste Projection de Main basse sur l’énergie, par Gilles Balbastre. Suivi d’un échange Mercredi 15 aout – 18H Parc Seguin Conférence gesticulée de Gérard Noiriel À partir du livre co-écrit par Jean-Paul Sartre, intitulé « On a raison de se révolter », cette conférence rappelle l’une des dimensions les plus prometteuses du mouvement contestataire né en mai 68 : la capacité à conjuguer le social et l’identitaire, parfaitement illustrée dans la défense des « travailleurs immigrés »… Le public est invité à s’interroger sur les leçons que l’on peut tirer de cette histoire pour les combats d’aujourd’hui. Présentation en avant première de son livre : Histoire populaire de la France, qui paraîtra chez Agone à l’automne 2018 et pour la commémoration de mai 68. Suivi d’un échange. Jeudi 16 aout - 10h salle des fêtes d’Uzeste Projection des films « Comme un souffle en Mai » de Thierry Mennessier et « 1er Mai à St Nazaire » de Marcel Trillat. Suivi d’un débat : Le mouvement social d’hier et d’aujourd’hui. En présence de Gilbert Garrel président de l’Institut d’histoire sociales de la CGT, Marcel Trillat, journaliste - réalisateur, Thierry Mennessier, réalisateur, Gérard Noiriel historien, Valérie Paulet, secrétaire générale du Comité régional CGT Aquitaine et d’un-e représentant-e des syndicats CGT Cheminot-e-s et Énergie.

Le conseil de métropole du 6 juillet a validé le choix d’Alain Juppé concernant l’entreprise retenue pour assurer la délégation de service public (DSP) pour l’assainissement sur l’agglomération. Le groupe des élus-e-s communistes, pour qui le premier choix était une régie directe, s’est abstenu sur ce sujet qui a fait couler beaucoup d’encre. Puis, Jean-Claude Feugas a expliqué pourquoi le groupe soutenait avec quelques réserves le schéma directeur proposé au même conseil. En préambule donc, Max Guichard a souhaité replacer le sujet de ce dossier dans son contexte initial : « Lors de l’attribution de cette DSP en 1993 à la Lyonnaise des Eaux, le groupe communiste et républicain avait été le seul à dénoncer ce choix, qui allait devenir une véritable rente pour le délégataire sur la durée du contrat et de ses conditions. À cette époque, nous avions avancé et défendu la proposition que ce service d’assainissement soit géré par la CUB en régie directe. Dans la précédente mandature, le président d’alors avait envisagé la mise en œuvre de cette gestion en régie et notre groupe avait soutenu ce choix politique. Les élections de 2014 ont modifié les rapports de force dans notre assemblée et la droite, devenue majoritaire, a validé le choix de privilégier le secteur privé. Notre groupe

s’est donc opposé à cette décision politique. Un nouveau contrat a été élaboré pour une DSP portant sur la période 2019/2015. Notre groupe a pu participer aux travaux du comité de suivi dans son analyse en lien avec les deux rencontres entre les représentants de la Métropole et les candidats Suez et Veolia. Notre base formelle de réflexion étant la recherche de la meilleure délégation de service public pour les usagers et la préoccupation des intérêts qualitatifs et financiers pour la Métropole et leurs impacts sur les usagers. Notre groupe ne fera pas de commentaire sur le fond de ce dossier, évitant ainsi toute relance de polémiques sur le choix final. Celui-ci a été validé par le rapport de l’Inspecteur général des Services que je remercie pour son travail, avec des remarques justifiées, notamment sur le rôle politique des élus. Elles devront être prises en compte afin que, dans les futures négociations de DSP, la sérénité des débats soit assurée, avec la volonté d’une symbiose entre élus, fonctionnaires du service et assistance extérieure (AMO). C’est dans cet esprit que nous sommes favorables à participer au groupe de travail qui œuvrera en ce sens. Le groupe s’est donc abstenu sur cette délibération mais a donné son accord sur le schéma directeur, saluant, par la voix de Jean-Claude Feugas, « la qualité de ce dossier pour une poli-

TARIFS DES TRANSPORTS DANS LA MÉTROPOLE

Gratuité plutôt qu’augmentation chronique !

Vendredi 17 aout – 10h Cabane du Gemmeur à Uzeste Comment faire table ouverte du passé pour affronter l’urgence ? En présence de Roland Gori, Gérard Noiriel, Alain Delmas, Bernard Lubat La Domination masculine - One man show par le collectif Manifeste Rien. D’après l’œuvre de Pierre Bourdieu (Bourdieu, extraits Editions du Seuil, publié par les Editions Points) et les textes de Tassadit Yacine. Avec Virginie Aimone (comédienne) Jeremy Beschon (mise en scène) Fabrice Giovansili (lumières) V.Aimone et J.Beschon (adaptation). Samedi 18 aout – 10h parc de la Collégiale à Uzeste Débat mixité proposé par la CGT Aquitaine et la Maison des Femmes de Bordeaux. Le corps des femmes : objet de désir, objet de rejet. En présence d’ Anne Saouter, anthropologue, Christine Lévy, Université Bordeaux Montaigne, Andrea Oliva Université de Buenos Aires sud, Lydie Delmas Collectif régional Femmes Mixité CGT et co-présidente de la Maison des Femmes de Bordeaux, Véronique Gambard, Collectif régional CGT Aquitaine, Valérie Paulet. Samedi 18 aout – 12h Cabane du Gemmeur Apéro swing hommage à Christian VAVON, CMCAS Samedi 18 aout – 17h Théâtre amusicien l’Estaminet

« Marie Curie, le mauvais genre », pièce de théâtre de Martine Derrier et Gérard Noiriel. Anina d’origine rom devient coursière à vélo pour subvenir au financement de ses études en Histoire. Ses collègues décident de monter un syndicat auquel elle participe avec enthousiasme. Mais qui va pouvoir les représenter ? Et aussi par la CMCAS : « Je ne crois que ce que je vois », une exposition sur les stéréotypes de genre. Rencontre avec les enfants sahraouis, échange autour d’une exposition présentant leurs conditions de vie dans les campements et leur histoire. Stand Biblio par le CER Cheminots les 13, 14, 16 et 17 août. 2 • Les Nouvelles 12 juillet 2018

tique de l’eau à la hauteur des enjeux environnementaux et du développement de l’agglomération métropolitaine ». Volontairement, il n’a pas repris tous les chapitres mais relevé quelques remarques et questions importantes, comme celle des eaux pluviales ou celles, usées, en lien les stations d’épuration : « Au rythme actuel d‘investissement de Bordeaux Métropole (5M€ / an), il faudra 20 ans pour mener à bien les réalisations des travaux dans les zones les plus critiques », note Jean-Claude Feugas. « Pourquoi faire un tel choix d’étalement ? Est-ce un choix technique sur notre capacité à faire ou est-ce dicté par des contraintes financières ? Est-on en capacité de mesurer les investissements à venir sur nos stations d’épuration à l’ horizon 2030 ou laissons-nous ces études et travaux pour le prochain schéma ? » L’élu lormontais note aussi que « le volet patrimonial pose, lui aussi, le besoin urgent d’investissements lourds ». Et de conclure : « Notre dernier conseil, avec l’analyse faite lors de la préparation du budget, a validé la bonne tenue des finances métropolitaines et un endettement raisonnable. Cela devrait permettre de faire un effort conséquent pour des investissements dont la nécessité est avérée dans ce domaine de l’eau et donc autoriser une prise d’emprunt réfléchie pour franchir un nouveau palier dans la défense contre les inondations, les améliorations sensibles des réseaux et du patrimoine ainsi que du respect de l’environnement. »

Comme prévu dans le contrat qui lie Bordeaux Métropole à Kéolis, une augmentation de 3 % de l’ensemble des tarifs bus, tram et V3 interviendra au 1er août. Léna Beaulieu, pour le groupe communiste, a dénoncé cette forte augmentation annuelle qui fait peser l’effort sur les usagers alors qu’ ils doivent déjà subir les contraintes d’un réseau saturé, tant par bus que par tram.

« À l’occasion de l’augmentation annuelle, contractualisée à 3 % avec le délégataire Kéolis, nous souhaitons une nouvelle fois exprimer notre désaccord sur les nouveaux tarifs proposés à partir du 1er août. L’augmentation des tarifs va, à notre avis, à l’encontre des objectifs affichés par Bordeaux Métropole de favoriser

les transports collectifs sur l’agglomération pour que les habitants de nos communes abandonnent leur voiture pour d’autres modes de transport et ainsi favoriser une meilleure circulation, un air plus respirable et agir concrètement contre le dérèglement climatique. Aussi sommes-nous surpris de voir, dans les nouveaux tarifs proposés, que l’offre V3 augmente de 6,25 % et 10 % pour les abonnements à la semaine et à l’année. Alors que nous voulons développer et populariser cette offre dans notre agglomération, cette augmentation apparait plus comme un frein qu’une invitation à prendre le vélo. Enfin, nous souhaiterions redire ici que, plutôt qu’une augmentation régulière des tarifs de transports, nous privilégions pour notre part la gratuité des transports mise en place dans de plus en plus d’agglomérations. Dunkerque, agglomération de 200 000 habitants osera la gratuité sur l’ensemble de son réseau à partir du 1er septembre, et Paris y réfléchit. Ce serait un engagement fort dans la bataille que nous devons mener pour l’écologie, un engagement qui nous obligerait à être ambitieux et à anticiper beaucoup plus en terme de moyens de transports publics collectifs. »


ACTUALITÉ

Editorial

PARLEMENTAIRES PCF

Un nouveau serment contre la monarchie présidentielle

Au Jeu de paume, les parlementaires PCF ont fait lundi le serment de lutter contre l’avènement d’une monarchie présidentielle et pour obtenir un référendum sur la réforme constitutionnelle qui arrive. La ville de Versailles est chargée de symboles contradictoires. Celui de Louis XIV et de la monarchie absolue d’un côté. Celui du serment du Jeu de paume de 1789 de l’autre, prélude à la Révolution française et à la création d’une République. Nulle surprise, dès lors, que Versailles soit depuis au cœur d’un bras de fer entre ceux qui veulent s’accaparer le pouvoir et ceux qui souhaitent l’exercer collectivement et démocratiquement. Hier, les parlementaires communistes ont très clairement fait le choix de cette seconde option face aux appétits illimités d’Emmanuel Macron. Deux heures avant le discours du président de la République devant le Congrès réuni à Versailles, ils ont pris la parole devant la salle du Jeu de paume, afin de dénoncer le « danger historique » que représente le projet de réforme constitutionnelle, voulu par l’exécutif, qui sera examiné dès aujourd’hui à l’Assemblée nationale.

« Le président de la République veut s’attaquer frontalement à la souveraineté populaire » « N’oublions pas que le serment de 1789 avait deux objectifs : affirmation de la souveraineté populaire et reconnaissance de la séparation des pouvoirs. Aujourd’hui, nous sommes dans un mouvement de l’histoire inverse. Le président de la République veut s’attaquer frontalement à la souveraineté populaire, affaiblir le pouvoir législatif et porter un coup à la séparation des pouvoirs », s’est alarmé André Chassaigne dans une rue bouchée par la foule rassemblée. Devant l’édifice historique orné de plaques commémoratives dédiées aux révolutionnaires qu’étaient Sieyès, Mirabeau, Robespierre ou encore l’abbé Grégoire, le président du groupe GDR à l’Assemblée nationale a martelé la volonté des parlementaires PCF de se « battre sans concession » contre la réforme antidémocratique de Macron, « y compris dans l’hémicycle de Versailles ». Alors que des drapeaux rouges prenaient l’air, et que l’affiche du PCF caricaturant Macron en « méprisant de la République » était collée aux murs, le secrétaire national du PCF, Pierre Laurent, a pris la parole. « Nous sommes

ici pour exiger que le peuple soit consulté sur cette réforme. (…) Nous n’acceptons pas la loi du prince. Nous nous engageons à nous battre dans les mois qui viennent pour obtenir un référendum. Nous allons engager une immense bataille. Nous pétitionnerons dans tout le pays jusqu’à obtenir satisfaction », a tonné le sénateur de Paris, refusant que la réécriture de la Constitution se fasse en catimini, au cœur de l’été, sans débat démocratique, populaire et citoyen éclairé, et avec pour objectif de « transformer le Parlement en chambre d’enregistrement » aux ordres d’un seul homme, comme c’était le cas avant la Révolution française. Face à un chef d’État qui veut réduire d’un tiers le nombre de parlementaires, ce qui ferait de la France le pays d’Europe le moins bien représenté par habitant, face à un gouvernement qui veut grandement amputer le droit d’amendement et la capacité des parlementaires à écrire la loi, et face à une majorité LaREM qui applaudit à tout rompre un président décidé à la bâillonner, les parlementaires PCF ont hier prêté un nouveau serment du Jeu de paume, lu par la présidente du groupe CRCE au Sénat. « Nous voulons une autre réforme de la Constitution, un processus démocratique constituant pour une nouvelle République, pour des droits nouveaux dans toute la société et à l’entreprise », a déclaré Éliane Assassi. Enfin, face à la révision « profondément dangereuse » qui se profile, les parlementaires PCF appellent à signer en ligne une pétition à cette adresse : www.stopmonarchiemacron.fr. Aurélien Soucheyre avec Martin Gausseran, l’Humanité du 10/07/18

CONGRÈS

Emmanuel Macron, un monarque satisfait mais insatiable Pour sa seconde intervention devant les députés et sénateurs réunis en Congrès, le président de la République a défendu son bilan, pour ensuite cibler un modèle social qu’il entend démolir avec méthode. Pour sa seconde intervention devant le Congrès, le climat s’est obscurci. L’an passé, Emmanuel Macron, tout juste arrivé au pouvoir, traçait des perspectives. Cette fois, c’est d’abord un premier bilan qu’il avait à défendre. Ce fut bref, pour saluer « les chantiers d’une ampleur jamais vue », car Emmanuel Macron avait à cœur, hier, de faire oublier le « président des riches ». En berne dans les sondages, qui montrent une assise resserrée sur un électorat centriste, avec un décrochage des retraités et des électeurs de droite, le président tente de rassurer les uns et les autres. Non, sur les pensions de

réversion, « rien ne changera pour les retraités d’aujourd’hui, rien ! » Et pour les retraités de demain ? Les mots de Macron suscitent une bronca inédite parmi l’opposition. Emmanuel Macron a ainsi cherché à retrouver les accents de sa campagne pour recoller aux Français, avec un long développement sur les inégalités. Là encore, les mots du président sont choisis. Les « inégalités de destin » qu’il évoque remplacent dans sa bouche les inégalités de revenus, sur lesquelles il renonce à intervenir, et que sa politique fiscale aggrave en réalité. Après l’abandon du plan Borloo et le « décalage » de la présentation du plan pauvreté, Macron a confirmé une « refonte des régimes existants » de retraite, un plan de « baisse de nos dépenses publiques », et demande la réouverture de négociations sur l’assurance-chômage et sur la permittence. De ces accents sociaux ressort en

réalité la volonté de passer en revue méthodiquement les principes et les garanties issues de la création de la Sécurité sociale. En évoquant la nécessité de prendre en compte le nouveau « risque social » qu’est la dépendance des personnes âgées, Emmanuel Macron n’a pas fait référence à la création d’une cinquième branche de la Sécurité sociale, entretenant le flou sur la forme future. Sur l’assurancechômage, encore, il affirme vouloir « récompenser la reprise d’activité », ce qui n’est guère différent de la vision à droite de chômeurs trop « assistés ». « Les entreprises ont désormais les moyens de recruter », affirme Macron, mais, si elles ne le font pas, c’est selon lui la faute à la formation professionnelle, inadéquate, et non aux choix des entreprises elles-mêmes.

Réforme de la Constitution : organisons la mobilisation citoyenne ! Après l’émotion suscitée par la Une de l’Humanité sur la suppression de la Sécurité sociale dans la Constitution, fait rare sous le quinquennat de Macron, sa majorité a battu en retraite. Ce ballon d’essai pour porter atteinte à ce qui caractérise la Sécurité Sociale, à savoir un système reposant sur la solidarité et la redistribution, a été mis en échec mais restons vigilants pour combattre la logique libérale qui consiste à diriger les assurés sociaux vers des acteurs plus lucratifs. Vigilance de tous les instants. À Versailles, le 9 juillet, le Président de la République, en évoquant la nécessité de prendre en compte le nouveau « risque social » qu’est la dépendance des personnes âgées n’a pas fait référence à la création d’une cinquième branche de la Sécurité Sociale, entretenant le flou sur sa forme future. Les partisans les plus cyniques voudraient bien faire disparaitre cet acquis du Conseil National de la Résistance. Mais face à l’offensive de la Finance, l’intérêt général s’est manifesté, imposant sa référence dans la Constitution. À cette victoire vient s’ajouter celle des militants de la solidarité. Il en a fallu de la vigilance, du courage, de la fraternité pour ces hommes et femmes qui ont recueilli des personnes migrantes. Pour cela, ils ont été poursuivis devant les tribunaux au motif de « délit de solidarité ». Or, le Conseil constitutionnel, pour la première fois, vient de prendre position en jugeant que la fraternité est un principe à valeur constitutionnelle, portant ainsi un coup au délit de solidarité. Comme le dit Cédric Herrou, militant de Roya citoyenne « cette décision rappelle que la fraternité n’est pas qu’une valeur de gauche mais d’abord une valeur française ». Macron, lui, n’hésite pas à montrer son vrai visage : autoritaire, violent. Il veut notamment imposer, sans consultation des citoyens, une réforme constitutionnelle profondément dangereuse pour la République (réduction des droits des parlementaires, amputer le droit d’amendement, la capacité des parlementaires à écrire la loi). Le même jour, le 9 juillet, les parlementaires communistes et leurs alliés se sont retrouvés pour faire, à l’heure d’aujourd’hui, le serment du jeu de paume afin de dire NON à la monarchie présidentielle et affirmer la démocratie citoyenne. Les communistes, leurs élus savent combien les libertés, la démocratie, les droits de la personne, le pluralisme, la liberté de la presse, des droits des travailleurs à l’entreprise sont un combat vital, un objectif pour l’épanouissement humain. Une pétition est lancée qui demande une autre réforme de la Constitution, un processus démocratique, pour des droits dans toute la société en exigeant un référendum pour que le peuple souverain s’exprime. Organisons la mobilisation citoyenne !

Claude Mellier membre de l’exécutif du PCF 33

Avec l’Humanité du 10/07/18 Les Nouvelles 12 juillet 2018 • 3


EUR PCF AUX ÉLECTIONS EUROPÉENNES 2019

Rassembler ceux qui souffrent de l’Europe libérale et se battent

Ian Brossat était invité, vendredi 6 juillet, des élus communistes pour parler de la métropole bordelaise et de son avenir (lire page 7). C’était l’occasion pour les militants communistes de rencontrer le chef de file de la campagne du PCF pour les élections européennes. On y a parlé de la situation de l’Europe, de sa politique libérale, de la montée des extrêmes-droites, du travail, des services publics, des migrants, bref de la campagne que veulent mener les communistes… Vincent Boivinet, secrétaire de la section de Bègles qui accueillait la

rencontre dans ses locaux, a rappelé que le Parti communiste s’était doté, en mars, d’une feuille de route pour préparer les élections européennes, comportant 14 propositions pour l’Europe. Début juin, l’organisation a désigné Ian Brossat, adjoint-au-maire de Paris, comme chef de file des communistes pour cette campagne ainsi qu’un collectif d’une dizaine d’autres responsables et élus du PCF pour travailler à la constitution de la liste, avec une volonté de rassemblement le plus large possible. Ian Brossat a rappelé que les élections auront lieu dans un an environ mais il estime que le PCF a raison de se lancer tôt dans cette campagne.

DUMPING SOCIAL

Pour les chauffeurs routiers la bataille n’est pas finie Une majorité du Parlement Européen a rejeté, le 4 juillet, les propositions portées par la Commission européenne visant à libéraliser encore plus les conditions de travail des chauffeurs routiers. Il s’agissait d’un vote sur trois textes qui avaient pour objectif de réduire encore plus le temps de repos des routiers dans des conditions déplorables, de jouer sur les différences salariales entre pays, tout en leur refusant les protections déjà minimales garanties par la directive détachement des travailleurs. C’est une victoire mais ce n’est pas fini. Les amendements déposés par la Gauche unitaire européenne ont eux aussi été rejetés. Ces trois textes vont donc revenir en débat à la commission « transport » du Parlement européen. Les députés les plus libéraux vont de nouveau chercher à faire passer les pires arrangements négociés avec les grosses compagnies de transport. Le combat se poursuit donc pour garantir aux trois millions de chauffeurs routiers des droits nouveaux aux salaires et aux temps de repos nécessaires.

Marie-Pierre Vieu (à droite de la photo), députée européenne communiste, avec les routiers contre le dumping social.

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« C’est pour nous une manière de tirer les leçons de l’expérience douloureuse de 2017 où il a été à un moment donné trop tard pour poser des choix réels. Je suis convaincu qu’il faut un rassemblement le plus large possible mais avec un Parti communiste présent, donc qui se prépare, qui dit des choses pour peser dans le débat. » Le chef de file relève deux enjeux majeurs à ce scrutin qui renouvellera les députés européens à travers des listes nationales. Premièrement, ce sera la première élection nationale depuis la victoire de Macron. Or « c’est une période plus compliquée pour lui car la contestation augmente, d’une part sur l’orientation de fond de sa politique qui vise de manière caricaturale à favoriser les plus riches et d’autre part face à son mépris des corps intermédiaires comme on l’a vu avec la bataille des cheminot-e-s ». Deuxièmement, il y a un « éparpillement inquiétant » de la gauche. « Dans les sondages, la gauche est encore plus faible aujourd’hui qu’aux présidentielles ! Il y a donc besoin de trouver le chemin du rassemblement ». Que des responsables politiques, des syndicalistes, des associatifs répondent à l’invitation du PCF, le 2 juillet au siège du Colonel Fabien, prouve que cette démarche de vouloir travailler à un rassemblement le plus large possible trouve un écho. Une liste de combat face à cette Europe libérale qui se délite

« L’Europe traverse un moment inédit, constate Ian Brossat, elle est marquée par le développement de l’extrême droite dans un nombre de pays considérable, dont des pays fondateurs. L’Union européenne se délite, elle est par exemple incapable d’apporter une réponse au moment où il y a eu l’affaire de l’Aquarius. L’actualité pointe son nez un an avant le scrutin et notre analyse se vérifie en partie. L’Union européenne libérale qui impose à

coups de latte les politiques d’austérité est en train d’exploser totalement. Le problème c’est que la seule alternative qui se fait jour, en ce moment, face à cela c’est l’extrême droite. Il est donc plus nécessaire que jamais d’offrir une alternative de gauche ». Interrogé au cours de la discussion sur les alliances envisagées, Ian Brossat a affirmé qu’il n’y aurait pas d’alliance avec la France insoumise qui, de toute façon ne le souhaite pas, ni avec le Parti socialiste : « ce n’est pas au moment où l’Europe libérale se casse la gueule que nous allons nous allier avec le PS qui a participé à sa construction ». Les alliés potentiels restant sont relativement faibles à part, éventuellement, Génération.s « avec qui nous avons des convergences sur la question des migrants, à peu près aussi sur les traités européens mais avec qui nous avons des divergences sur la défense de l’Europe ». « Il faut que nous puissions continuer à discuter tout en faisant campagne, a poursuivi le chef de file. Cela fait trop longtemps que nous ne nous sommes pas adressés à la société en tant que Parti communiste. Ce que nous allons dire va compter, nous devons être l’offre politique à gauche. » « Nous voulons tendre la main et rassembler des forces sociales. Nous aurons besoin de candidatures ici aussi et qu’elles soient représentatives de ce qui bouge et qui a maille à partir avec cette Union européenne, routier-e-s, salarié-e-s de Carrefour, cheminot-e-s… » Ian Brossat souhaite qu’un nombre réduit de propositions soient mises en avant dans cette campagne en travaillant 4 grands sujets : la question du travail et donc du dumping social, celle des services publics, celle des migrants et celle de l’argent, à travers la Banque centrale européenne et le problème de l’évasion fiscale. Dans la discussion, les militants ont exprimé plusieurs thèmes qu’ils souhaitaient voir aborder dans cette campagne comme celui des relations

internationales de l’Europe où l’UE devrait être le moteur d’une autre mondialisation. La question du travail a aussi amené plusieurs interventions avec le souci de faire des propositions concrètes sur le nécessaire développement de l’industrie, le lien avec les services publics ou encore l’articulation entre l’argent et le dumping social, le partage de la souveraineté. Pour combattre l’abstention que tout le monde peut craindre, Ian Brossat propose de ramener ce scrutin à des combats incarnés par des personnes et montrer à quoi sert le Parlement, prenant l’exemple du Parlement qui a rejeté récemment, sous l’impulsion de Marie-Pierre Vieu, un texte qui dégradait considérablement les conditions de travail des routiers. L’expérience grecque et le coup d’état financier de l’Europe apparaissent comme « un boulet car il a marqué les consciences quant aux possibilités ou pas de changer les choses » ou « une vraie épine dans le pied ». « Mélenchon a balayé le problème en insultant Tsipras, commente le chef de file, qui est cependant plus perçu à gauche comme quelqu’un qui a échoué que comme un traitre. Ceci dit, on ne fera pas campagne avec Tsipras. Mais il faut que nous soyons capables de prouver que si la France tient tête à l’Europe, ce ne sera pas tout à fait la même chose qu’avec la Grèce. Par ailleurs, le Brexit ne plaide pas en faveur de la sortie de l’UE, on n’a donc pas d’autres choix que de transformer l’Europe ». Assumer un discours clair sur l’accueil des migrants

Sur la question des migrants, Ian Brossat propose de « ramener de la rationalité dans le débat ». « Il y en a eu 41 000 en 2017 alors qu’en 2015 c’était un million. C’est quand les flux baissent que la crise politique arrive et que l’extrême droite explose. Les demandeurs d’asile, c’est 0,6 %


OPE de la population en Europe. Je suis favorable à une clé de répartition pour un accueil équilibré entre les pays mais surtout digne. Même si cela paraît contradictoire avec notre conception de la coopération, sur cette question, je suis favorable à une organisation supranationale ». « Il faut assumer un discours clair sur le sujet, on ne peut pas se contenter de dire, comme le fait le député Adrien Quatennens de LFI, qu’il faut agir sur les causes de l’immigration. Certes il faut arrêter les guerres, prendre des mesures urgentes pour le climat, contre la pauvreté, etc. Mais en attendant, les gens sont là ». « Paris accueille 70 à 80 migrants par jour. Sous Hollande, c’était déjà difficile mais on arrivait à faire bouger des choses. Avec Macron et Colomb, c’est du délire et c’est pourquoi il y a les camps dans lesquels il y a déjà eu deux morts. Le sentiment de submersion migratoire est lié à l’ hébergement. Quand les migrants sont hébergés, même en foyer, ça ne gêne personne. On ne dit pas assez que mettre de l’ordre, c’est assumer l’hébergement, avec l’accompagnement social nécessaire. » Ian Brossat fait le constat « terrible » dans l’évolution de l’UE de son alignement sur les positions de l’extrême droite italienne et partage l’idée qu’il faille montrer la gravité de la situation. « La seule chose qui soit sortie du sommet européen consacré aux migrants, fin juin, c’est le renforcement des frontières et de laisser l’hébergement aux pays du sud. »

En toute fin de réunion, le chef de file des communistes pour les élections européennes est interpellé sur la remise en cause, une nouvelle fois, du Fonds européen d’aide aux plus démunis (alimente l’aide alimentaire distribuée dans les pays par les associations – NDLR). Ian Brossat rappelle qu’il avait été « sauvé » la dernière fois avec l’intervention des députés européens communistes en appui aux associations. « Cela montre la possibilité de faire bouger les lignes », « il faut que nous montions à nouveau au créneau sur cette question ». Au cours de cette rencontre, Ian Brossat a insisté sur la nécessité de rentrer en campagne et a détaillé les outils à disposition des militants : un livret présentant 10 questions-10 réponses sur l’Union européenne sera prêt pour l’université d’été du Parti communiste et disponible en format numérique, une affiche pour la fête de l’Humanité portera sur l’Europe et un 4 pages sera disponible, des formations seront proposées à l’automne dans les grandes régions sur les enjeux européens et les propositions du PCF, Marie-Pierre Vieu a commandé un audit sur les conséquences de la dérèglementation et le démantèlement des services publics dans 4 pays, elle pourra venir en faire un compte-rendu.

AIDE AUX MIGRANTS

Le Conseil constitutionnel consacre le « principe de fraternité » Le Conseil constitutionnel a affirmé vendredi qu’une aide désintéressée au « séjour irrégulier » ne saurait être passible de poursuites, au nom du « principe de fraternité », et a censuré en conséquence des dispositions du Code de l’entrée et du séjour des étrangers. Cette décision, qui promet de résonner comme un coup de tonnerre dans un contexte politique européen tendu, répond à une demande de Cédric Herrou, devenu le symbole de l’aide aux migrants à la frontière francoitalienne et qui réclamait l’abolition du « délit de solidarité ». Pour la première fois, le Conseil constitutionnel consacre le « principe de fraternité », rappelant que « la devise de la République est “Liberté, Égalité, Fraternité” et que la loi fondamentale se réfère à cet “idéal commun” ». « Il découle du principe de fraternité la liberté d’aider autrui, dans un but humanitaire, sans considération de la régularité de son séjour sur le territoire national », selon le texte de la décision. Pour permettre au législateur de remédier à l’inconstitutionna-

lité constatée, le Conseil reporte au 1er décembre 2018 la date d’abrogation des dispositions contestées. Devant le Conseil constitutionnel, Cédric Herrou et un autre militant de la vallée de la Roya, tous deux condamnés pour aide au séjour irrégulier, avaient attaqué deux articles du Code de l’entrée et du séjour des étrangers. Ils visaient l’article 622-1, qui punit l’aide à l’entrée, à la circulation et au séjour irrégulier de cinq ans d’emprisonnement et 30.000 euros d’amende, et l’article 622-4, qui précise que cette aide ne peut donner lieu à des poursuites lorsqu’elle est le fait de la famille ou « de toute personne physique ou morale, lorsque l’acte reproché n’a donné lieu à aucune contrepartie directe ou indirecte ». Le texte précise ensuite que cette aide autorisée consiste notamment « à fournir des conseils juridiques ou des prestations de restauration, d’hébergement ou de soins médicaux (…) ou bien toute autre aide visant à préserver la dignité ou l’intégrité physique ». Un texte « trop vague » pour les défenseurs des militants, qui permettait de sanctionner l’aide humanitaire

Christelle Danglot

Pour une Europe « à bras ouverts »

Accueillir, c’est notre dignité

« Nous soutenons évidemment totalement cette subvention à l’université de Bordeaux qui répond là à une mission essentielle d’accès à la connaissance. Cette action s’adresse à des populations fragilisées, exclues de leurs pays par la guerre, la misère et parfois les deux à la fois. Elles sont de plus en plus nombreuses à arriver dans notre pays et c’est bien normal. Qu’elle le veuille ou non, la France est un pays méditerranéen et que son peuple l’ait voulu ou non, son armée a participé à des opérations de l’autre côté de la mer qui ont profondément divisé, voire ruiné, des sociétés entières. Je pense évidemment à l’Irak et à l’Afghanistan. Ajoutons à cela les réfugiés climatiques qui sont à venir et la question qui se pose à nous n’est certainement pas de savoir s’il faut ou non accueillir

l’Humanité, 6/07/2018

BARCELONE

BORDEAUX-MÉTROPOLE

Le conseil métropolitain du 6 juillet dernier a voté une subvention à l’université de Bordeaux qui assure des cours de français aux demandeurs d’asile. Une action qui relèverait de la compétence de l’État mais essentielle pour des dizaines de citoyens vivant à Bordeaux. Max Guichard en a profité pour évoquer la situation de ces réfugiés que la France devrait s’honorer de recevoir.

de la même façon que la criminalité organisée des filières de passeurs. « En réprimant toute aide apportée à la circulation de l’étranger en situation irrégulière », le Conseil constitutionnel estime que le législateur n’a pas respecté l’équilibre entre « principe de fraternité » et « sauvegarde de l’ordre public ». Il censure donc partiellement l’article L 622-4, sortant du champ des poursuites toute aide humanitaire au « séjour » comme à la « circulation » des migrants. En revanche, « l’aide à l’entrée irrégulière » reste sanctionnée. Concernant les conditions d’immunité listées dans ce même article, le Conseil constitutionnel émet une « réserve d’interprétation », c’est-à-dire qu’il précise le sens que l’on doit donner au texte : ainsi, l’immunité devrait s’appliquer aux situations énumérées (conseils juridiques, soins médicaux…) mais aussi « à tout autre acte d’aide apporté dans un but humanitaire ».

ces populations. La véritable question est selon moi quelles décisions politiques sont prises, aujourd’hui, pour construire un monde de paix et de co-développement, parce que personne ne quitte son pays de gaité de cœur mais bien par force. Mais aussi quelles décisions politiques pour éviter les catastrophes climatiques qui sont promises à des régions entières de la planète. Voilà, nous sommes bien loin de la position prise par une trop grande partie de l’échiquier politique hexagonal et, c’est plus grave, par le gouvernement actuel. Son attitude est une honte pour notre pays et son histoire, comme son silence face aux naufragés recueillis sur l’Aquarius, il y a quelques semaines. Sur notre agglomération, malgré les déclarations de bonnes intentions auxquelles beaucoup s’étaient notamment livrés lors d’un conseil métropolitain extraordinaire à propos de l’accueil d’urgence, la situation n’est pas meilleure et les conditions d’accueil souvent déplorables. C’est essentiellement la responsabilité de l’État qui ne finance pas suffisamment. Mais c’est aussi une question de volonté locale. Comme pour cette délibération, nous serons pour notre part toujours en soutien des actions qui visent à accueillir. Il en va de vies humaines, et de notre dignité aussi. »

Envoyé spécial - Barcelone À deux pas des Ramblas et de la Ciutat vella, l’atmosphère du port de Barcelone tranchait vivement, ce mercredi 4 juillet au matin, avec celle, frénétique, de sa nuit estivale. C’est dans une atmosphère pesante que sont arrivés vers onze heures les soixante rescapés de l’Open Arms. Sauvés par le navire humanitaire le 30 juin dernier, au large des côtes tripolitaines, nombre d’entre eux ont subi « abus, exploitation, violence et esclavage en Libye », a souligné Oscar Camps, président et fondateur de l’association de sauvetage barcelonaise. À la surprise des Mossos d’Esquadra qui ont vite défini un périmètre de sécurité autour du monument, deux membres de l’association Proactiva open arms ont escaladé les soixante mètres de la colonne Colomb faisant face au vieux port afin de lui accrocher un grand gilet de sauvetage au bras pour l’arrivée des naufragés. Figure de proue du mouvement des « cités

refuges » lancé à l’initiative d’Ada Colau en 2015, Barcelone avait été le théâtre, en février 2017, d’une manifestation rassemblant près de 500 000 personnes dans le cadre de la campagne Vollem acollir. À l’occasion de l’arrivée de l’Open arms, ce sont, aux côtés des associations, les autorités municipales et régionales qui se sont mobilisées après s’être engagées à leur accueil suite au feu-vert qui lui a été donné par le premier ministre Pedro Sanchez. L’événement s’est achevé avec l’organisation d’une conférence de presse et d’un concert de soutien aux réfugiés au Musée maritime. Une semaine après le Conseil européen du 28 juin et plus de deux semaines après l’accostage de l’Aquarius à Valence, le discours des intervenants, à l’image de celui des militants, des membres des associations et des institutions municipales, départementales et régionales impliquées s’est aiguisé pour dénoncer l’impasse actuelle. Autour de l’alcadesa de Barcelone et d’Oscar Camps, en présence des quatre députés européens Javi López

(PSOE), Miguel Urbán (Podemos), Eleonora Forenza (Refundazione comunista) et Ana Miranda (Bloque Nacionalista Galego) ayant participé à la dernière mission de l’Open arms, la conférence de presse a pris le ton d’un contre-sommet européen. « Nous avons sauvé 60 personnes mais nous en avons laissé mourir 340 » a déclaré, gravement, Oscar Camps soulignant l’obstruction à leur mission qui leur a été imposée par les autorités officielles : « Arriver ici nous a coûté trois jours et retourner nous coûtera peut-être quatre jours et 300 morts de plus ». Se déclarant « heureux mais triste », il a dénoncé en particulier les accusations portées par les représentants d’États et de gouvernements européens, Emmanuel Macron en tête, contre les ONG impliquées dans le sauvetage des réfugiés en mer Méditerranée au mépris du droit de la mer et des conventions internationales. Si Miguel Urbán, cofondateur de Podemos, a dénoncé dans les derniers événements un « naufrage européen » et si Javi López du PSC a pointé la « mesquinerie de l’Europe », Eleonora Forenza, membre de la Refondation communiste a tenu pour sa part à souligner, dans la langue de Dante, le fait que « le peuple italien ne doit pas être confondu avec le gouvernement actuel qui restera dans les mémoires pour ses crimes en Méditerranée ». En joue également, la « politique de mort et de cruauté des États européens », selon les mots d’Ada Colau. Jérôme Skalski Les Nouvelles 12 juillet 2018 • 5


INTERNATIONAL PALESTINE

CHILI

« Mettez-nous en prison à la place de Salah Hamouri »

La justice tonne enfin du chant de Victor Jara

Dix personnalités françaises s’adressent au premier ministre israélien, et s’indignent de la détention arbitraire de l’avocat francopalestinien. Dix personnalités venues d’horizons politiques les plus divers ont décidé de s’adresser au premier ministre israélien, Benyamin Netanyahou pour l’interpeller sur le cas d’un de leurs compatriotes français, Salah Hamouri. Ces dix citoyens français, parmi lesquels Monique Cerisier-Ben Guiga, sénatrice honoraire, JeanClaude Lefort, député honoraire, beau-père de Salah Hamouri, Robert Clément, ancien président du conseil général de Seine-Saint-Denis, André Rosevègue, militant de l’Union juive française pour la paix, et Daniel Voguet, ancien avocat au barreau de Paris, rappellent à Netanyahou qu’ils ont « tous en commun d’être attachés aux libertés fondamentales et au respect des droits inaliénables des citoyens qui sont l’essence même de toute démocratie ». Salah Hamouri est français. « Nous ne pouvons donc rester indifférents à la situation insupportable réservée à notre compatriote qui a été arrêté chez lui le

23 août dernier et placé pour six mois en détention administrative sur demande de votre ministre de la Défense, écrivent les dix personnalités. Aucune charge ne pèse sur lui, aucun procès n’a eu lieu contre lui. C’est une détention arbitraire, illégitime ». Cette détention administrative a été renouvelée pour quatre mois, puis trois mois. Problème : les autorités françaises ne semblent pas faire preuve de beaucoup de persévérance pour obtenir la libération de Salah Hamouri. Motif pour lequel les dix personnalités insistent : « Salah Hamouri doit pouvoir construire sa vie d’homme, de mari, de père. C’est pourquoi, en échange de sa libération, nous vous proposons de le remplacer dans sa prison. Nous sommes dix Françaises et Français. Nous avons un âge certain. Nous sommes prêts à nous offrir en otages de votre politique illégale et à prendre sa place en prison. » La lettre a été envoyée à l’ambassade d’Israël en France. Dimanche, une « cour de justice » de Jérusalem a validé la demande de renouvellement de la détention administrative de Salah Hamouri. Les comités qui ont été créés pour obtenir sa libération ont déjà annoncé que le combat se poursuivait.

RETRAITE

Premier défi social pour Poutine En pleine Coupe du monde de football, l’annonce de l’allongement de l’âge de départ en retraite a provoqué de nombreuses manifestations et fait chuter la popularité de Vladimir Poutine. Vladimir Poutine connait son premier grand défi social : la réforme des retraites. Plusieurs mobilisations ont lieu depuis le 30 juin. Syndicats et partis comme le Leviï Front ou le KPRF (parti communiste russe) s’y opposent farouchement et réclament la tenue d’un référendum. Il s’agit d’un dernier acquis de la révolution russe de 1917. La réforme a été annoncée par le premier ministre Dmitri Medvedev en pleine Coupe du monde de football. Elle rentrera en vigueur l’an prochain pour faire progressivement passer le seuil de départ de 60 à 65 ans d’ici à 2028 pour les hommes. Pour les femmes, l’âge passera de 55 à 63 ans d’ici 2034. « C’est inadmissible. Pour toute une partie de la population, 6 • Les Nouvelles 12 juillet 2018

les retraites sont relativement faibles (180 euros par mois en moyenne). Bien sûr, qu’à la différence des années 90, elles sont versées mais une partie des plus précaires doit faire des petits boulots pour s’en sortir », constate Andreï Chapaev de l’association d’aide aux sans domicile « Notchlejka ». Dans les médias, les économistes, experts financiers ne cessent d’évoquer une réforme budgétaire qui ferait économiser 100 milliards de roubles (1,3 milliard d’euros) d’ici 2024. Seulement, aucun argument ne convainc l’opinion publique. 89 % des Russes se déclarent opposés à cette réforme, selon l’institut de sondage indépendant Centre Levada. « Il faudra voir dans les prochaines semaines si cela prend vraiment. Mais dans un pays où 20 millions de Russes vivent sous le seuil de pauvreté, ce genre de réforme peut provoquer un sursaut social », note Andreï Chapaev. Avec Vadim Kamenka, l’Humanité du 5/07/18

Neuf ex-militaires chiliens ont été condamnés pour leur implication dans l’assassinat du célèbre auteur-compositeur-interprète communiste. L’alerte rouge a été lancée. Des rapaces d’acier survolent le palais présidentiel de la Moneda. Ce 11 septembre 1973, le président chilien Salvador Allende lance un appel à la résistance. Les putschistes guidés par le général Augusto Pinochet, et soutenus par la CIA et les États-Unis, veulent faire mordre la poussière à l’Unité populaire. Victor Jara entend à la radio ce qui sera l’ultime discours du chef de l’État socialiste. La confédération syndicale enjoint les travailleurs et les étudiants à occuper les usines et les centres universitaires, à faire corps pour défendre les transformations progressistes. L’auteurcompositeur-interprète, qui a été nommé ambassadeur culturel en 1971 par le gouvernement d’Allende, se rue vers l’université technique de l’État. Très vite, un couvre-feu est décrété. La Moneda est pilonnée et la mort de Salvador Allende annoncée. Les tanks se postent devant la faculté. L’armée donne l’assaut. Les occupants sont rossés. Comme des milliers d’autres, Victor Jara est conduit au stade Chili. Les enceintes sportives sont désormais transformées en d’immenses camps de concentration où les « subversifs » sont déshumanisés. Le chanteur chilien a connu la souffrance de la torture

L’icône communiste de la nouvelle chanson chilienne est aussitôt repérée. Voilà des années que sa puissante voix est entrée dans les foyers. Le troubadour guitariste fustige l’exploitation et la misère des paysans et des ouvriers ; il encense l’anti-impéralisme ; il sublime les combats des siens et de ses frères voisins. « Je ne chante pas pour chanter ni parce que j’ai une belle voix, je chante parce que la guitare a du sens et de la raison », rappelle-t-il dans son célèbre Manifeste. Avec sarcasme, un gradé

le mime, jouant de son instrument de prédilection ; il lui fait surtout comprendre que ses dernières heures sont comptées. Victor Jara connaît alors l’insondable souffrance de la torture. Le corps meurtri mais la conscience en éveil, il s’emploie à jeter sur le papier un cri de douleur et de révolte. « Comme mon chant sort mal quand je dois chanter l’épouvante. Le sang du camarade Allende frappe plus fort que les bombes et la mitraille. Notre poing frappera, à nouveau, de la même manière », griffonne-t-il. Ce seront ses derniers vers. Dans les bas-fonds des vestiaires, les soldats s’acharnent sur ce barde à l’immense talent. Ses mains, dont il disait qu’elles étaient son unique bien, son « amour et sa subsistance », sont broyées. Il gît dans une marre de sang. Une ultime balle est tirée à bout portant pour être sûr qu’on ne l’entende plus jamais chanter. Il aurait eu 41 ans le 28 septembre. Près de quarante-cinq ans après ce sinistre événement, la justice chilienne a enfin rendu justice. Huit militaires chiliens à la retraite – Hugo Hernan Sanchez Marmonti, Raul Anibal Jofré Gonzalez, Edwin Armando Roger Dimter Bianchi, Nelson Edgardo Haase Mazzei, Ernesto Luis Bethke Wulf, Juan Renan Jara Quintana, Hernan Carlos Chacon Soto et Patricio Manuel Vasquez Donoso – ont été condamnés à une peine de quinze ans et un jour comme auteurs des homicides de Victor Jara et de l’ex-directeur de gendarmerie Littré Quiroga, et trois ans de prison supplémentaires pour enlèvement. Un neuvième accusé, l’ex-officier Rolando Melo, a, quant à lui, écopé de cinq ans de prison pour avoir couvert ces assassinats. L’État devra également indemniser les familles des victimes à hauteur de 2,1 millions de dollars. En juin 2016 déjà, un jury fédéral de l’État d’Orlando avait reconnu coupable du meurtre du célèbre chanteur Pedro Pablo Barrientos Nuñez, un officier chilien réfugié aux États-Unis à la fin de la dictature de Pinochet. Condamné à verser 28 millions de

dollars à la famille, il est toujours sous le coup d’une demande d’extradition du Chili. Au moment des faits, ce lieutenant était assigné à la surveillance des prisonniers dans le stade. Un témoin de l’époque a rapporté que Barrientos avait revendiqué la paternité du coup qui aura été fatal à Victor Jara. Le corps du militant communiste a été jeté dans un terrain vague aux côtés de cinq autres compagnons d’infortune puis transporté dans une morgue. Sa dépouille aurait pu « disparaître » comme nombre des 4 000 morts et disparus. Mais un jeune réquisitionné chargé de répertorier les victimes, Hector Herrera, identifie le célèbre chanteur et prévient aussitôt l’épouse de Victor Jara, la danseuse Joan Turner. Il sera enterré clandestinement à la nuit tombée. Longtemps, la mort du musicien a été vécue comme le symbole de la répression et de l’impunité au Chili. Ses écrits et ses chants ont été prohibés par le régime du satrape. « Mon chant est une chaîne / Sans commencement ni fin / Et dans chaque chaînon se trouve / Le chant des autres », avait écrit Victor Jara. Le 24 septembre 1973, lors de l’enterrement du prix Nobel de littérature et compagnon de route du Parti communiste chilien Pablo Neruda, des voix osent braver la répression : « Victor Jara présent ! Aujourd’hui et toujours ! » Ce n’est qu’en décembre 2009 qu’il aura enfin droit à des obsèques publiques après que ses restes ont été exhumés dans le cadre de l’enquête judiciaire censée faire la lumière sur ses derniers jours. Des milliers de Chiliens agitant des drapeaux rouges ont alors accompagné leur idole devenue martyre au cimetière général de Santiago, où il repose depuis. Sur la plaque funéraire de l’auteur de l’incontournable Te recuerdo Amanda, on peut lire un simple « Victor Jara » écrit à la peinture noire, ainsi qu’une date, le 14 septembre 1973. Cathy Dos Santos, l’Humanité du 5/07/18


PCF CONSULTATION BORDEAUX 2050

BORDEAUX BACALAN

Les élus communistes planchent sur la métropolisation

Fête des libertés le 13 juillet

À l’occasion de sa venue sur la Métropole bordelaise, et avant la soirée d’échange avec les militants communistes, Ian Brossat se rendait disponible, vendredi 6 juillet après-midi, pour un travail de réflexion sur la métropolisation. Élu à Paris, il avait d’évidence, une expérience à apporter. Alors qu’Alain Juppé et son conseil de métropole ont engagé une consultation-prospective sur le thème « Bordeaux 2050 », les élu-e-s et militants-e-s communistes veulent apporter leur contribution originale, progressiste et innovante parce qu’ils sont engagés au quotidien dans la vie de leur entreprise, de leur quartier et de leur ville. La première des interrogations a porté sur le sens même de la métropolisation au regard des contradictions qu’elle porte en elle-même : concentration de la création de richesses, compétition entre métropoles européennes, étalement urbain, exclusion des catégories modestes (y compris les classes moyennes), engorgements routiers, déficit de qualité de construction, déficit de démocratie locale, déséquilibres en services publics. Pendant ce temps-là, le reste des territoires girondins et nationaux est confronté à la désertification. Bordeaux peut-elle se désintéresser du Médoc, des Graves, de l’Entre deux Mers ? Non, évidemment. Pour autant, les métropoles se

construisent et les communistes doivent intervenir et mobiliser les populations. Il s’agit donc de mener de front les deux enjeux. Ian Brossat faisait part de son expérience parisienne en constatant que les métropoles sont effectivement des lieux de création de richesses mais que celles-ci ne sont pas accessibles à tous ceux qui les créent. Les centres villes, de par l’inflation des prix immobiliers d’une part et de l’offre touristique d’autre part, excluent les habitants historiques. Deux piliers sont mis en œuvre sur Paris : • le développement du logement social (11 % en 2001 – 21 % en 2016 et 30 % à terme). Ce résultat est obtenu par la mise en œuvre de plusieurs leviers : critères privilégiant le locatif dans les PLU ; préemption de bureaux et logements libre ; achat d’appartements pour les réorienter vers du social, • régulation du parc privé : encadrement des loyers (pas facile avec une législation libérale), règlementation rigoureuse sur les locations touristiques. Paris est, en cela, au diapason de toutes les grandes villes européennes, pourtant dirigées par des libéraux. Bordeaux, avec un temps de retard, est fortement confrontée à ces phénomènes et la métropole à 1 million d’habitants interpelle : quel type de densification ? Quels services publics ? Quels modes de transports ?

Quel développement équilibré entre les communes de la métropole ou comment faire front au tropisme de Bordeaux ou de Mérignac face aux difficultés des communes de la rive droite ? Les communes de la métropole et celles qui l’entourent sont confrontées à une urbanisation galopante marquée par la cherté des loyers et l’aspiration à la propriété. La densification est une des réponses à la maîtrise des prix et les communistes pèsent de tout leur poids pour faire inclure une proportion importante de logements sociaux. L’aspiration à la propriété est plus délicate car si elle est majoritairement répandue dans la population, elle conduit à une certaine aliénation. Pour Ian Brossat, la densification et la propriété sont deux questions difficiles pour nous et les réponses des maires communistes sont diverses. Considérons qu’il y a un écart entre densité vécue et densité réelle. Un quartier densifié disposant de services publics de proximité (administration, équipements sportifs, culturels et sociaux, etc.) ne pose pas de problèmes particuliers. Et qu’en est-il de notre revendication de mixité ? C’est un sujet piègeux selon Ian Brossat qu’il faut aborder, non pas par le prisme de l’intégration des populations défavorisées économiquement ou des différences d’origine mais par l’idée que le logement social doit s’adresser largement au salariat en relevant les seuils des critères économiques (ce qui suppose en parallèle d’accroître l’offre). Corollaire à tout cela, la question des transports est incontournable : tram, ligne de ceinture, TER, BHNS, métro, téléphérique, etc. Tous les sujets doivent être mis sur la table et cette rencontre donne le départ d’une réflexion qui va irriguer l’activité des communistes dans les mois à venir. Jean-Jacques Bordes

FÉDÉRATION DE LA GIRONDE

Désignation des commissions pour le congrès Les membres du conseil départemental du PCF de la Gironde ont élu, le 4 juillet dernier, les 3 commissions statutaires et établi le nombre de délégués par section pour le prochain congrès départemental qui se tiendra en novembre. La commission des candidatures a pour rôle de tirer un bilan de la direction sortante, et de dégager des pistes de travail pour bâtir une direction fédérale opérationnelle, en capacité d’animer l’activité du Parti dans le département. Sébastien Laborde, qui a exprimé son souhait que les débats se déroulent dans la clarté et la transparence, a informé la direction départementale qu’il était disponible

pour un nouveau mandat au poste de secrétaire départemental. Commission des candidatures : Fred Mellier, Christine Texier, Pierre Vignau et Danielle Trannoy. La commission du texte aura pour tâche, une fois la base commune adoptée, de susciter et de recueillir l’ensemble des débats qui auront lieu dans les réunions de communistes et l’ensemble des contributions individuelles. Commission du texte : Sébastien Laborde, Serge Gonzalez, Vincent Taconet, Marie-Ange Leblanc, Josette Durlin, Maryse Montangon, Mayi Gonzalez, David Plagès, Claude Mellier, Patrick Alvarez.

La commission de transparence des débats a pour tâche de veiller au respect des statuts et des règles de fonctionnement dans le déroulement des votes mais aussi dans la façon dont s’organise les débats. La commission de transparence : Sophie Elorri, Ludovic taris, Dominique Belougne, Véronique Lavaud, Lolita Salcines, Stéphane Le Bot, Pierre Cleaz, Marie-Ange Chaussoy, Nicolas Ong. Le nombre de délégués par section est calculé au prorata du nombre de cotisants ADF au 31 décembre 2017, en prenant une quotité de 1 délégué par dizaine d’adhérents. Pour les sections de moins de 10 adhérents, un minimum de 2 délégués a été fixé.

La fête des libertés se tiendra vendredi 13 juillet au Parc de Bacalan, tram B Brandenburg. 14h30 - concours de boules, ouvert à toutes et tous, tournoi de belote. 16h - animation aéronautique pour les enfants, dessins, maquettes… avec Georges Gili. 17h30 - questions d’actualité en présence de Vincent Maurin ex-élu municipal et de Claude Mellier, vice-présidente de Bordeaux Métropole animé par Olivier Escots, secrétaire de la cellule PCF de Bacalan 19h - « apéro chanté », avec quelques voix de la chorale des Amis de l’Ormée 20h - grillades de bœuf de Bazas 21h - soirée hommage « Mandela aurait 100 ans » lecture de textes par Mercedes Sanz Concert de la formation « Afrocubano Projeto » avec Cheikh Sow. Inscriptions, renseignements : pcfbacalan@gmail.com

BASE COMMUNE

Quatre textes en lice pour le congrès du PCF Sur quelles bases se jouera le congrès du PCF en novembre ? Ses adhérents auront à livrer la réponse lors d’un vote début octobre. Ils se prononceront sur l’un des quatre textes d’orientation désormais en lice après le dépôt officiel vendredi 6 juillet de trois textes dit « alternatifs » au projet adopté par le Conseil national de la formation le 3 juin. « Trois textes ont été déposés et ont rempli les conditions requises (réunir au moins 300 signatures répondant à des critères géographiques, NDLR) », a annoncé Yann Le Pollotec, à la tête de la commission nationale en charge d’assurer « la transparence des débats ». Parmi ceux-ci, figurent « Pour un manifeste du Parti communiste du XXIe siècle » emmené notamment par le député André Chassaigne, l’économiste Frédéric Boccara (Signataires pour la Gironde : Gérard Calvinhac, Benoît Garcia, Frédéric Mellier, Nadine Poulain, Bernard et Danielle Trannoy). Ensemble, ils affirment vouloir répondre à une « question essentielle : Faut-il continuer dans l’effacement, dans une pratique du coup par coup, dans une stratégie illisible, et dans le manque d’ambition et d’incarnation ? Ou construisons-nous collectivement la voie d’un renouvellement politique profond ? ». Également en lice, les initiateurs du texte « Se réinventer ou disparaître. Pour un printemps du communisme » n’ont pas tardé à réagir. Il s’agit de « proposer une profonde transformation » visant notamment à « adopter une stratégie de rassemblement de toutes les forces de la gauche antilibérale dans un “Front commun” », assure l’historien Frédérick Genevée, dans un communiqué co-signé notamment par la députée Elsa Faucillon (Signataires pour la Gironde : Clément Arambourou, Cécile Berniès, Gabriel Bulot et Katia Ruiz). Le dernier texte sur la ligne de départ, « Reconstruire le parti de classe, donner la priorité au rassemblement dans les luttes », emmené notamment par Emmanuel Dang Tran, affirme, lui, vouloir rompre « avec 25 ans de stratégie de “mutation-effacement-liquidation” ». En revanche, le texte en préparation initié par le dirigeant de la Riposte Greg Oxley s’est, avant le jour du dépôt, transformé en « contribution » et ne sera donc pas soumis au vote. Il n’est pas parvenu à réunir les conditions requises du fait, assurent ses partisans, d’une alliance avec l’économiste Bernard Friot avortée tardivement.

SOUSCRIPTION

Tout versement par chèque ouvre droit à une réduction fiscale de 66% du montant versé. (chèque à l’ordre de ADF PCF 33). Les ressources financières du Parti communiste sont transparentes. Votre don, aussi modeste soit-il, contribuera efficacement à la démocratie, à l’expression et la prise d’initiative du Parti communiste. Cet ensemble sont les éléments majeurs pour continuer notre combat dans l’ambition d’une gauche forte et alternative. Les versements sont à envoyer à la fédération de Gironde du PCF - 15 rue Furtado - 33800 Bordeaux, à l’ordre de l’ADF PCF 33

Les Nouvelles 12 juillet 2018 • 7


CHRONIQUE

CULTURE & SOLIDARITÉ

NOUVELLES IDÉES REÇUES

CHRONIQUE DE LA COUPE DU MONDE DE FOOTBALL

par Gérard Loustalet Sens www.nir-33.fr

Bryan, Joséphine et ma mauvaise humeur C’était la demi-finale, et j’étais de mauvaise humeur. Je n’ai rien, absolument rien contre le foot. Je trouve ça chiant et je trouve que c’est mon droit. C’est bien si d’autres aiment ça mais l’unanimisme, ça me gonfle. On avait une soirée prévue de longue date et, paf ! Ça tombe sur le soir du match. Alors on a souri, on s’est dit que ce n’est pas grave, qu’on va passer une bonne soirée… Sur six convives, un seul aimait le foot mais on a regardé, commenté, rigolé… et ouf ! On a gagné ! Notre hôte était comblé, les voitures ont klaxonné. Avec ma mauvaise humeur, je remontais le cours Pasteur débarrassé d’un tramway qui n’osait plus s’aventurer parmi la foule. Oui, une marée

black-blanc-beur souriait, chantait et promettait de fêter ça jusque très tard dans la soirée. À contre-courant, une dame noire, la cinquantaine, des poches plein les bras, soupirait : « Vous savez si le tramway vers Mérignac fonctionne ? », me demande-telle. Est-ce qu’elle revient du travail ou bien s’y rend -elle ? Je lui dis que je n’en sais rien et lui propose en vain de l’accompagner… Ma mauvaise humeur s’aggrave. Quelques mètres encore et une bagarre éclate. Ils sont deux à être sortis de leurs voitures et pour une raison que j’ignore, s’en prennent à un groupe de piétons. Mais dans notre beau pays, la police n’est jamais bien loin et elle débarque, flashball en joue, on ne sait jamais… « Excusez-moi mais j’ai l’ impression que vous n’avez contrôlé que les basanés… » Circulez, me signifie le policier… Tiens, en parlant de basanés, Bryan

SECOURS POPULAIRE

Un mur, ça se partage !

Entouré depuis des mois par les chantiers d’Euratlantique, le Secours populaire girondin avait besoin de respirer et… de partager ! C’est ainsi que la fédération a invité une quinzaine de graffeuses et graffeurs à profiter des longs murs de ses locaux afin d’y dessiner leurs rêves et les mots du Secours Populaire. « Tout ce qui est humain est nôtre », le slogan-phare du Secours populaire a visiblement inspiré les artistes et « coordinateurs » de l’opération, Moka et Blade. La fresque n’est pas finie mais les liens tissés entre artistes, bénévoles et salariés-e-s du SPF sont déjà une belle réussite ! Une façon aussi de dire aux entreprises qui s’installent dans le secteur du quai de Paludate, que le

quartier a une histoire et des valeurs. D’ailleurs, en ce début de départ en congés, on peut aussi se rappeler que pratiquement un Français sur deux et un enfant sur trois ne connaîtront pas les joies du départ. Pour combattre « cette criante injustice », les comités, les antennes de l’association, avec leurs partenaires, parrains et marraines, collectent des fonds et font appel à des familles pour accueillir des enfants, à la maison ou pendant leur séjour. Pour ces premiers jours de grands départs, on peut donc aider le Secours populaire en adressant les dons à : Secours populaire français 95 quai de Paludate 33800 Bordeaux - www.secourspopulaire.fr/33/

est au pied de l’obélisque de la Victoire. Il a regardé le match au Bodegon avec ses camarades de la fac, ils en ont profité pour fêter la fin de l’année. Les filles avaient choisi sangria et il ne les a pas contrariées. Bryan n’est pas fan de foot mais depuis l’Uruguay, cette équipe de France le fait vibrer. « Moi, c’est pareil », lui a dit Joséphine, enthousiaste. Ensemble, ils avaient préparé les partiels à la bibliothèque de Mériadeck. Très vite après le coup de sifflet final, ils sont sortis, pour entendre les klaxons, crier et profiter de l’ambiance. Sous l’obélisque, ils ont entendu les sons lourds des tam-tams et très vite, ils se sont retrouvés collés, au milieu d’une foule heureuse et dansante. Ça klaxonnait toujours, ça criait, ça ondulait du bassin. Et maintenant, Bryan et Joséphine s’embrassaient. De déhanchés en olas, les deux étudiants se sont appuyés sur les tortues voisines. Ça tambourinait toujours, ca souriait de tous côtés. Au loin, Bryan apercevait une bagarre furtive mais là n’était pas l’essentiel ; il tenait les poignets de Joséphine entre ses mains, pouvait sentir sa chevelure chatouiller ses narines et entendre son cœur tambouriner sous son bras. Cette soirée, c’est sûr, il ne l’oublierait jamais. D’humeur quelconque, je rejoignais le cours Victor Hugo, souhaitais bon courage aux ouvriers qui, comme le chef de chantier venait de le confirmer, devaient finir coûte que coûte leur bout de bitume dans la soirée. Je rentrais me coucher de moins mauvaise humeur. J’avais dans la tête les chauds baisers échangés entre les deux étudiants. Pour eux, le foot n’avait été qu’un prétexte. C’est toujours mieux qu’une mauvaise humeur. Vincent Bordas.

ANNONCES LÉGALES AVIS DE CONSTITUTION

Avis est donné de la constitution d’une SASU DENOMINATION : BEN YOUSSEF NOM COMMERCIAL : Boucherie du Médoc OBJET : Vente de produits de boucherie et d’épicerie. Alimentation générale. Restauration rapide SIEGE SOCIAL : 153 avenue du Médoc 33320 EYSINES DUREE : 99 ans CAPITAL : 5000 € Président : M. BEN YOUSSEF Mohamed, rue François Boucher Bat I Apt 533 33400 TALENCE. Immatriculation au RCS de Bordeaux en cours LOCATION GERANCE

SARL M&N33 Siège social : 569 B cours de la Libération 33400 TALENCE RCS BORDEAUX 800 549 529 Les Nouvelles de Bordeaux et du Sud-Ouest S.A.S. au capital de 37 000 euros Associés (à parts égales) : L. Chollon, F. Mellier, S. Laborde, M. Lavallée Directeur de la publication : Frédéric Mellier Abonnement 1 an : 25 euros. Abonnement de soutien : 40 euros Rédaction, composition, impression : S.A.S. Les Nouvelles de Bordeaux et du Sud-Ouest 15, rue Furtado - 33800 BORDEAUX Tél. 05 56 91 45 06 - Fax 05 56 92 61 01 - Annonces légales : annonces@nbso.fr Comptabilité : compta@nbso.fr - Redaction/Proposition d’article : redaction@nbso.fr @nvlbx Les nouvelles de bordeaux nbso.fr Commission paritaire de presse : 0123 C 85932

8 • Les Nouvelles 12 juillet 2018

Suivant acte de location-gérance de fonds de commerce en date du 27/06/2018, M. BOUTEKHEDOUST Naoufal, gérant, a donné à titre de location gérance à M. HALOUI Mohammed demeurant Résidence Saint Malo Entrée D - Apt 262 33400 Talence, un fonds de commerce restauration rapide sans alcool est exploité 569 bis Cours de la Libération 33400 Talence du 01-07-2018 au 31-06-2019 renouvelable par tacite reconduction. Pour avis,

Populisme et macronisme Pour en finir avec le populisme de gauche, on conclura sur une impasse politique aussi logique qu’inattendue. Laclau et Mouffe prétendent se fonder sur le concept d’hégémonie de Gramsci. Mais c’est pour le dénaturer. Qui d’ailleurs, aujourd’hui, ne se réclame pas de Gramsci… Même Sarkozy ! Jusqu’à faire d’Antonio Gramsci, fondateur du Parti communiste italien, un anticommuniste ; jusqu’à faire d’Antonio Gramsci, un des plus importants théoriciens marxistes, un antimarxiste ! Tout part de la formule bien connue de Marx et Engels dans le Manifeste : « les idées dominantes d’une époque n’ont jamais été que les idées de la classe dominante ». Bourdieu en a élaboré la version sociologique, c’est la violence symbolique, Gramsci en a construit la version politique, c’est l’hégémonie, c’est-à-dire l’ensemble des croyances et systèmes de pensée, le sens commun (ce que j’appelle ici les idées reçues) par quoi la bourgeoisie s’assure la soumission des classes populaires sans avoir recours à la coercition brutale. Gramsci considère donc qu’il faut mener aussi une lutte intense dans le champ de la superstructure idéologique afin de disputer l’hégémonie culturelle à la bourgeoisie, c’est ce qu’il dénomme la guerre de position. L’idée n’est pas nouvelle pour le marxisme-léninisme. Lénine expliquait, dans Que faire ? que l’on ne pouvait se limiter à la lutte pour les salaires et les conditions de travail, ce qu’il appelait l’économisme, mais qu’il fallait donner à la classe ouvrière et à ses alliés les outils théoriques de la lutte contre l’hégémonie de la bourgeoisie. C’est même pour cela qu’il a fondé un journal politique : l’Iskra ( l’Etincelle). Laclau et Mouffe, en fait, ne retiennent de Gramsci que la notion de « guerre de position » que Chantal Mouffe définit dans son salmigondis freudo-gramscien comme la « construction d’une volonté populaire à partir de chaînes d’équivalences et de mobilisation des passions » (Construire un peuple, p.196). Et encore en l’aseptisant, en la circonscrivant aux institutions libérales démocratiques lesquelles ne seraient pas mauvaises mais fonctionneraient mal ! Et d’ailleurs, « la démocratie libérale n’est pas l’ennemi à abattre » (L’illusion du consensus, p.51). On comprend que Laclau et Mouffe ignorent alors totalement l’autre versant de la lutte contre l’hégémonie, la guerre de mouvement, laquelle suppose une rupture révolutionnaire qui leur fait horreur. Ils dédaignent de même la notion de bloc historique où Gramsci fait converger les luttes économiques, idéologiques et politiques, synthèse d’un contenu économicosocial et d’une forme éthico-politique. Enfin, ils refusent, contre Gramsci, la notion de classe fondamentale comme élément central de la lutte pour l’hégémonie. C’est leur tropisme anti-ouvrier. Il faut voir alors l’incroyable prétention de Chantal Mouffe : « je suis convaincue que si Gramsci avait vécu à notre époque, il serait arrivé à une conception semblable à la nôtre » (Construire…, p.63). Mais laquelle ? C’est ce que nous allons voir. Car sur quoi tout cela débouche-t-il ? Pour concilier l’ « antagonisme » (relation entre ennemis) et l’ « agonisme » (relation entre adversaires) Chantal Mouffe a trouvé la potion magique, le « consensus conflictuel offrant un espace symbolique commun aux opposants que l’on considère comme des ennemis légitimes » (L’illusion…, p.80). C’est ce qu’on appelle un oxymore, le conflit étant le contraire du consensus. Mais qui est donc l’inventeur de la chose ? Je vous le donne en mille : Paul Ricoeur ! revendiqué comme inspirateur par Macron ! Selon les exégètes du philosophe, pour Ricoeur, l’Etat orchestre un « consensus conflictuel (qui) ne se propose pas d’éliminer les conflits mais d’inventer les procédures leur permettant de s’exprimer et de rester négociables » (Olivier Mongin, Paul Ricoeur, Seuil, 1998). Pour un autre, c’est « un langage qui affronte les prétentions rivales et qui contribue à la formation d’une décision commune ». Surtout pas de vagues ! On ne saurait faire plus lénifiant ! Ricoeur aimait même, paraît-il, cette platitude attribuée à John Rawls d’ « acceptation de désaccords raisonnables ». Mais qui donc imposerait la définition légitime du « raisonnable » sinon la pensée dominante ! Que la philosophie politique de Laclau et Mouffe s’avère macron-compatible devrait faire réfléchir ceux qui disent plus ou moins s’en recommander. Quant à mon hypothèse de départ d’une tentative de restauration d’un positionnement social-démocrate sous les oripeaux d’un populisme petit-bourgeois, elle me semble amplement vérifiée !


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