Jeudi 6 septembre 2018 - N° 2271 - Hebdomadaire - 15, rue Furtado - 33800 BORDEAUX - Prix : 0,80 euro
RENTRÉE
L’éducation en ordre de… marché
ACTUALITÉ DÉLÉGATION DE CIENFUEGOS À BORDEAUX
CHEMINOTS
Invitation réception publique
Rentrée sociale régionale dans la solidarité
L’association « Bordeaux-Cienfuegos », vous invite à une rencontre amicale sous forme d’un buffet débat, avec une délégation de la ville et de la province cubaine de Cienfuegos conduite par le président de l’Assemblée municipale de pouvoir populaire, député à l’Assemblée nationale. Mercredi 19 septembre à 18h30, Salle Pierre Tachou, 44 rue Joseph Brunet, Bordeaux Bacalan. Déroulement de la soirée : 18h30 : accueil et projection de films sur Cienfuegos - 19h : allocutions - 20h : buffet-repas - 21h30 : concert de la formation bordelaise « afrocubano projeto » de Cheikh Sow Inscription : pour l’organisation matérielle de la soirée nous vous invitons à vous inscrire. Participation aux frais : 15 € par personne (hors boisson). Chèque à l’ordre de « Bordeaux-Cienfuegos » à envoyer 10 rue Champlain 33300 Bordeaux. HÔPITAL DE LIBOURNE
Rassemblement bruyant pour accueillir Agnès Buzyn Vendredi 7 septembre, la ministre des solidarités et de la santé inaugurait le nouvel hôpital de Libourne. Le syndicat CGT de l’établissement a décidé de faire de cet événement une mobilisation de rentrée. « Les raisons de se mobiliser sont nombreuses aussi bien sur le plan national que local », indique la CGT avant de détailler de manière non exhaustive : - les conditions de travail à l’hôpital en général et à Libourne en particulier ; - la défense des soins en psychiatrie à Amiens comme à Libourne ou Cadillac ; - les fermetures des services hospitaliers (urgences, maternité…) comme à La Réole ; - les attaques sur le pouvoir d’achat des fonctionnaires comme des retraités ; - les attaques sur les différentes prestations et droits sociaux ; - l’immobilisme sur les difficultés des EHPAD. - l’ordre infirmier… VALOYS SERVICES 33
Services vendus, salariés et usagers compris Le jeudi 30 août après-midi, la CGT appelait à un rassemblement au siège social de Valoys 33, société de services d’aide à la personne, à Mérignac. Les salariés y ont appris brutalement la vente d’une partie d’un secteur d’activité du Bassin d’Arcachon prenant effet le 1er septembre. « Salariées et usagers ont été vendus comme de la vulgaire marchandise afin de casser la CGT qui est la seule organisation syndicale présente », affirme le syndicat. 6 sur 7 des déléguées sont sur le secteur vendu. « Depuis le mois d’avril les déléguées avec les personnels se battent pour faire appliquer leurs droits (salaire, planning, mutuelle, prévoyance, conditions de travail…). Cette direction a toujours refusé le dialogue social et d’appliquer le droit des salariées. Elle fait le choix de les vendre ». Les salariées, avec le soutien des usagers, font des débrayages quotidiens. Une audience a été demandée au Conseil départemental auquel les militants syndicaux reprochent de verser des subventions publiques sans vérifier l’utilisation. Dans le courrier adressé au président du Conseil départemental, le syndicat dénonce des conditions de travail dégradées qui mettent en danger les personnels et les usagers : des personnels sans formation, pas d’astreinte, mauvaise gestion des plannings, absence de mutuelle d’entreprise pour certains salariés, burn-out, retards de paiement dans les salaires, non respect du comité économique et social, etc. RETRAITÉ-E-S CGT
Maltraités, révoltés L’UCR CGT a réagi fin août à l’annonce du Premier ministre d’une augmentation des pensions inférieure au taux d’inflation en appelant à faire du 9 octobre « une grande journée d’action et de manifestation à travers toute la France. « Après 3 ans de blocage des pensions, une année 2018 sans aucune augmentation, la hausse de la CSG, le Premier ministre annonce une hausse des pensions de +0,30 % en 2019 et 2020. Or, le taux d’inflation mesuré par l’INSEE est de 2,30 % sur les douze premiers mois. C’est une régression insupportable du pouvoir d’achat des retraités que le Premier ministre a tenté de justifier en prétendant vouloir privilégier le travail. Mensonge : réduire le pouvoir d’achat des retraités n’a jamais favorisé et ne favorisera ni l’activité, ni l’emploi ». La CGT revendique l’indexation automatique des pensions sur l’évolution des salaires et qu’elles ne soient pas soumises au bon vouloir du gouvernement. L’UCR-CGT ainsi que 8 autres organisations syndicales ou associations appellent les retraités à se mobiliser pour faire entendre leurs voix et manifester leur mécontentement et leur colère à l’égard du gouvernement et de son président, le 9 octobre. Des délégations de tout le pays vont aussi déposer les pétitions recueillies au Président du groupe LREM, le 5 octobre à l’Assemblée nationale. 2 • Les Nouvelles 6 septembre 2018
Sébastien Laborde, secrétaire départemental du PCF, a apporté le soutien de l’oganisation.
Plusieurs centaines de cheminots étaient rassemblés pour exprimer leur solidarité, mardi midi, devant le siège de la direction régionale SNCF, tour Prélude à Bordeaux, où un conseil de discipline devait sanctionner Laurent Douthe, contrôleur d’Hendaye. « La position d’une direction revancharde », commentent ses camarades. C’était le premier rassemblement régional depuis juillet et il semble que les cheminots ont fait le plein de détermination. Ils sont venus de toute la région à l’appel de la CGT pour soutenir Laurent Douthe, contrôleur d’Hendaye accusé d’avoir « entravé » une dirigeante de la société lors d’une précédente journée d’action. Des militants de Sud, de l’Unsa et de la CFDTétaient également présents au rassemblement de soutien. « Nous avons affaire à une direction revancharde qui monte en épingle le moindre incident pour installer la peur. Ils n’ont pas supporté que le mouvement, validé par le vote’action, s’oppose aux orientations gouvernementales qu’ils ont défendues, jetant les cheminots à la vindicte au lieu de les défendre », commente David Plagès, cheminot responsable syndical et du PCF. « Durant plus de trois mois, développe Olivier Lachaud, membre de la direction régionale de la CGT, les cheminots ont régulièrement fait le sacrifice de leur salaire par conviction que la réforme imposée était mauvaise pour eux, pour l’entreprise publique SNCF, pour le mode ferroviaire et pour la population. Alors que l’intersyndicale a fait tout ce qui était en son pouvoir pour que le conflit se déroule le plus sereinement possible, notamment entre grévistes et non-grévistes, les directions, à tous les niveaux, ont quant à elles joué un jeu malsain en laissant les cheminots se faire caricaturer dans les médias, en
organisant le remplacement des grévistes par des méthodes peu glorieuses, en cherchant à maximiser les retenues financières pour casser socialement les familles, et en multipliant les déclarations provocatrices. » Dans le cadre d’un conflit social d’une telle ampleur et d’une telle portée, les incidents ont été très peu nombreux pourtant, des dizaines de procédures disciplinaires ont engagées par la direction de la SNCF, « la plupart
du temps pour des altercations verbales limitées, ou des faits montés en épingles. Les propositions de sanctions sont d’une extrême violence, et faisant fi de la proportionnalité avec les faits reprochés, elles vont bien souvent directement jusqu’à la radiation ». Le syndicat y voit « une méthode fort peu courageuse pour rétablir l’autorité, alors que le COMEX a été mis en porteà-faux dans cet épisode social en ne défendant pas ses salariés. » « Si cette violence devait être maintenue, a conclu Olivier Lachaud, la direction prendra la responsabilité de journées de grève supplémentaires pour ce motif, car les cheminots avec la CGT ne laisseront pas certains d’entre eux être jetés hors de l’entreprise de cette manière. » La direction s’est laissé 10 jours pour se prononcer après l’entretien avec Laurent Dourthe mais la CGT ne doute pas qu’elle « fera tout pour aller jusqu’au conseil de discipline ». Christelle Danglot
CGT FORD
Solidaires des cheminots et appel à manifestation le 22 septembre Des militants CGT de Ford sont venus soutenir les cheminots, l’occasion de rappeler que l’entreprise est en plein plan social. « On est au courant de rien. Tout devait être clair mais on sait juste que l’État et Ford Europe se sont vus avant nos congés, nous n’avons aucune information sur ce qui s’est dit à cette occasion. Nous avons une réunion informelle à la préfecture le 24 septembre. On a demandé un entretien à Bruno Lemaire, on a reçu un numéro, comme quand on fait la queue à la Sécu ». Les syndicalistes ne désarment pas pour autant, même si mobiliser les salariés est difficile quand « la plupart on plus de 50 ans et ressentent un grand ras-le-bol ». Ils organisent une manifestation unitaire le 22 septembre, à 14 heures place de la République à Bordeaux, contre la fermeture de l’usine. Ils appellent les salariés, les sous-traitants, les syndicats, les associations, les équipes militantes, les partis politiques (la présence de Jean-Luc Mélenchon est annoncée), la population… à manifester à leurs côtés « pour dénoncer l’attitude de Ford et pour essayer de changer la donne ».
ACTUALITÉ
Editorial
CITÉ THOREZ À BÈGLES
Des familles sous « protection citoyenne »
À Bègles, cité Thorez, sur l’impulsion de Dominique Belougne, locataire de la tour F depuis 32 ans, membre de la CNL, de l’Association de prévention spécialisée de Bègles, etc., des citoyens se mobilisent pour empêcher l’expulsion de familles d’origine albanaise. Mardi 28 août, les locataires de la tour F s’émeuvent de l’expulsion de deux familles d’un logement de la tour F qu’elles occupaient illégalement. Le jeudi, Dominique Belougne, notamment membre de la CNL (Confédération nationale du logement) et locataire de la tour F depuis 32 ans, mobilise, avec succès, afin d’empêcher deux autres expulsion prévues ce jour-là. Vendredi matin, c’est une conférence de presse qui est organisée au pied de l’immeuble car il semble que toutes les familles albanaises soient menacées d’expulsion. Dans cette cité Maurice Thorez de Bègles, les logements de la SAEMCIB (Société d’économie mixte de la ville de Bègles) ont été achetés par Vilogia. À l’automne dernier, la presse révèle que des marchands de sommeil ont ouvert des logements vides à des familles albanaises contre loyer, évidemment. Depuis, les trafiquants ont disparu, mais les logements, toujours vides, sont vite apparus comme un Eldorado pour des familles en demande d’asile qui se trouvaient à la rue. « Nous sommes une trentaine de familles, quand nous sommes arrivées nous étions toutes en procédure de demande d’asile, depuis nos demandes
on été rejetées, ce qui ne facilite pas nos recherches de logement », explique une des mères de famille rassemblées au pied de la tour. Adona nous emmène dans les étages. Elle a deux enfants de 7 et 2 ans, son mari travaille un peu. « Quand on est arrivé, vous n’imaginez même pas dans quel état c’était. En plus on dormait par terre, on n’avait rien. On s’est meublé petit à petit chez Emmaüs et on a tout remis en état ». En effet, l’appartement est propre et ordonné comme le sont ceux des autres familles, affirme Valon. « Vous voyez, ici il n’y a pas d’hommes parce qu’ils travaillent. Moi-même, je suis plaquiste et mon patron a fait les démarches en préfecture pour régulariser ma situation. Nous sommes tous prêts à payer un loyer, nous n’avons pas cherché à voler qui que ce soit, nous voulions juste mettre nos familles à l’abri et ces appartements étaient vides. » « Nous n’avons pas affaire à des familles squatteuses mais des familles victimes », renchérit Dominique Belougne. Laurent Joubert est enseignant à l’école Buissson où il y a « beaucoup de migrants d’Europe de l’Est (Roumanie, Albanie) mais aussi d’Afrique, sans logement pérenne ». Il est passé voir si les familles d’enfants scolarisés à Buisson sont concernées par la menace d’expulsion. « Beaucoup d’enseignants sont solidaires de ces familles et s’impliquent notamment par des soutiens matériels (vêtements, couvertures et même collectes pour payer des nuits à l’hôtel). Nous sommes impressionnés par l’implication des familles pour que les enfants aillent à l’école malgré la précarité et le danger dans lesquels elles se trouvent. On a vu des familles hébergées quelques temps
dans le Sud Gironde faire la route tous les jours pour amener les enfants à l’école ». À quelques jours de la rentrée, ce n’est pas d’entrer au lycée Vaclav Havel qui inquiète Eleni, 16 ans. Elle a pris en charge spontanément la traduction entre les journalistes et soutiens présents et les quelques personnes qui ne maîtrisent pas encore le français. Mais la moindre évocation d’une expulsion possible lui fait venir les larmes aux yeux. Trois des mamans présentes se demandent, elles, dans quelles conditions elles vont accueillir leur nouveau-né à venir. Gérard Clabé est venu apporter le soutien de RESF mais il informe aussi de l’odieuse expulsion dont a été victime une famille albanaise et ses enfants qui devaient faire leur rentrée à l’école Saint-Bruno à Bordeaux (lire ci-dessous). Deux élus municipaux Christine Texier (PCF), et Mamadou Niang (FI) sont présents ainsi que Vincent Boivinet, responsable du PCF. Plusieurs soutiens se sont aussi exprimés depuis, comme celui du député de la circonscription Loïc Prudhomme ou le président de l’APSB, Benoît Berthe. Un rendez-vous a été demandé à Vilogia. « Nous sommes certains qu’avec de la bonne volonté, dans le respect des lois, mais avec l’aide de la mairie de Bègles, du Conseil départemental et de la préfecture de la Gironde nous pouvons trouver des solutions et construire une réponse humaine et originale à des situations qui le sont aussi. Cela honorerait votre entreprise, ainsi que tous les acteurs publics concernés », écrit Dominique Belougne dans un courrier envoyé au bailleur. À l’origine il y a quand même cette situation incroyable, en pleine crise du logement, de dizaines d’appartements restés vides pendant des mois, certains plusieurs années, pour des travaux que personne ne voit démarrer. Christelle Danglot
ÉCOLE SAINT-BRUNO À BORDEAUX
Deux chaises vides après l’expulsion de Besard et Sylvina Plusieurs dizaines de citoyen-ne-s et représentant-e-s d’organisations, ont répondu à l’appel du Réseau éducation sans frontières à se rassembler le lundi 3 septembre, jour de la rentrée des classes, devant l’école St Bruno de Bordeaux pour dénoncer l’expulsion de la famille Tocilla en Albanie. Bésard et Silvana n’ont pas fait la rentrée avec leurs camarades. Des chaises vides, avec les prénoms des enfants ont été déposées devant l’école. Les parents, informés par un tract, ont été invités à signer une pétition demandant au préfet de la Gironde le retour en France de la famille Tocilla. Des dizaines de signatures ont été ainsi récoltées et la pétition va maintenant
être proposée à tous et toutes par le comité de soutien. L’émoi était visible parmi les personnes présentes de la communauté éducative de cette école. Tous ceux et celles qui ont aidé Bésard, Silvana et leurs parents pendant les presque cinq ans qu’ils ont passé en France sont déterminés à tout faire pour qu’ils reviennent vivre et étudier dans le pays qu’ils avaient choisi pour y trouver refuge. Le 24 août dernier, à 6 heures du matin, 6 agents de la Police de l’Air et des Frontières (PAF) sont venus au domicile de la famille Tocilla à Bordeaux, explique RESF33. Le père, la mère et les deux enfants ont été conduits de force à l’aéroport et immédiatement expulsés, en avion
spécial, vers l’Albanie. Déboutée du droit d’asile en première instance, puis d’une demande de régularisation, la famille avait fait appel d’une deuxième obligation de quitter le territoire prononcée par le tribunal administratif. Mais ce recours n’était pas suspensif. Les enfants ont depuis 2016 pour marraine républicaine l’ex ministre et députée Michèle Delaunay. La famille était en outre hébergée par le COS (à la demande de la préfecture), après avoir passé 6 mois à la rue. RESF 33 envisage de mener de nouvelles actions, et notamment d’interpeller Didier Lallement, préfet de Gironde, et Alain Juppé, maire de Bordeaux.
Les 14, 15 et 16 septembre à la Courneuve : faites la fête ! La Fête de l’Humanité, c’est plus d’un demi-million de personnes qui se retrouve sur des dizaines d’hectares pendant trois jours. Dans cette marée humaine, de nombreuses et nombreux girondin-e-s participeront à la construction de cette rentrée politique citoyenne et communiste (plus de 130 inscrit-e-s à l’heure où je commets cet édito). La Fête de l’Humanité, c’est aussi un bon moment de détente, de joie et de respiration utile dans ces temps difficiles. Nous vivons une période de régressions sociales graves et de recomposition politique, donc les débats (programme dans notre dossier de la semaine prochaine) seront cette année encore une nécessité dans chaque espace de la Fête, qu’ils aient lieu à l’Agora de l’Humanité, aux Amis de l’Humanité, au Forum Social ou encore au Village du Monde ou tout simplement dans notre espace. Toutes les forces de progrès, qu’elles soient du parti communiste, des associations, des comités d’entreprises ou coopératives, etc. s’y donnent rendez-vous pour construire une nouvelle voie porteuse de progrès, de justice sociale et de paix. Faire la Fête de l’Humanité, c’est défendre une presse libre et indépendante. Dans un pays où une poignée de milliardaires contrôle quasiment 95 % de la presse, c’est une nécessité politique et démocratique. Nous avons constaté l’utilité de notre journal dans la bataille contre la loi Travail hier, pour décrypter et expliquer encore et aujourd’hui les projets néfastes de Macron et son gouvernement, créer les solidarités avec nos camarades qui luttent pour une société meilleure et un monde de paix. Imaginons un seul instant un paysage médiatique en France et dans le monde sans l’Humanité ! Qui donnerait la parole aux salariés en lutte dans leur entreprise ? Qui évoquerait les rassemblements citoyens pour garder leur service public ferroviaire, de l’énergie, dans nos villages, campagnes et quartiers populaires ? Tout le monde a sa place à la Fête de l’Humanité… Les valeurs de racisme, d’antisémitisme, d’homophobie en sont bannies ! Quel que soit son genre, son origine sociale, où que l’on soit né-e, que l’on soit ou non croyant-e, ou quelle que soit son appartenance politique, syndicale, citoyenne et associative. Nous ne demandons rien à personne à l’entrée : ni visa, ni papier, ni justification de domicile. Venir un ou plusieurs jours pour tenir notre espace, s’investir dans l’accueil-sécurité est un engagement militant important et inestimable, sans lequel cette fête ne pourrait se tenir. C’est ce qui fait que notre événement est unique, et c’est ce qui fait en partie sa magie. Et pour reprendre une citation de Georges Séguy, communiste et syndicaliste, figure de ce mai 68 dont on a fêté cette année les Accords de Grenelle : « Il ne suffit pas de s’indigner, il faut s’engager ».
Olivier Fondriest membre de l’exécutif du PCF 33
Les Nouvelles 6 septembre 2018 • 3
ÉDUCA CAP 22
ÉDUCATION
La FSU dénonce les dangers
Comment Blanquer met l’école en ordre de… marché
Faisant fi du dialogue social, le gouvernement dessine un avenir bien sombre pour la Fonction publique. Par deux communiqués, en date du 21 juillet puis du 3 août, la FSU a vivement réagi contre la philosophie générale du rapport CAP 22 et contre les mesures retenues pour l’Éducation nationale. Pour la FSU, « sans assumer publiquement la teneur de ce rapport, le gouvernement en a déjà largement anticipé certaines préconisations dans son document d’orientation “Refonder le contrat social avec les agents” : recours accru au contrat, remise en cause des CAP, réduction du périmètre de services, management au service de l’ individualisation contre l’ intérêt général…Toutes ces attaques contre
les agent-e-s et les statuts constituent de nouvelles mises à mal des services publics et de leurs missions d’intérêt général ». Une orientation que la FSU réfute absolument car « elle ne permet pas de répondre aux besoins de la population sur la base de valeurs comme celles de l’égalité et de la solidarité sur l’ensemble du territoire. C’est aussi une orientation qui dégraderait les conditions d’emploi et de travail des plus de cinq millions d’agent-e-s. » Pour l’éducation, la FSU note que les mesures annoncées comme devant être mises en œuvre, dont certaines étaient en partie déjà connues, « s’inscrivent dans une orientation qu’elle ne partage pas : fusion des académies qui risque de dégrader le service public et qui préfigure une régionalisation accrue de la politique de l’Éducation nationale, profilage des postes, développement des parts individualisées des
rémunérations et recours aux heures supplémentaires…, autant de fausses solutions aux problèmes d’attractivité des métiers de l’enseignement (…) Pour prétendre répondre aux enjeux, le gouvernement choisit des projets axés sur l’individualisation des personnels, une gestion plus technocratique du système éducatif donnant de plus en plus de poids au local et évite de répondre à bien des questions comme celle des moyens à mettre en œuvre : créations de postes nécessaires, revalorisation des conditions de travail, des rémunérations, véritable développement de la formation initiale et continue ». La FSU a demandé au ministre de l’Éducation à être reçue dès la rentrée pour faire le point sur ces mesures, et l’ouverture de discussions avec les organisations syndicales sur chacun de ces sujets.
ÉCOLE
La défiance du Snuipp Lors d’une conférence de presse fin août, le Snuipp-FSU a alerté sur la transformation profonde de l’école mise en œuvre par le ministre de l’Éducation. Jean-Michel Blanquer veut « bâtir l’école de la confiance ». C’est l’axe de toute la communication du ministère de l’Éducation nationale, dont il a la charge depuis l’an dernier. Il a même trouvé le temps d’en faire un livre. Là où il a raison, c’est que la confiance ne se décrète pas : elle se construit et se mérite. Seulement, pour les dirigeants du Snuipp-FSU, le premier syndicat des enseignants du primaire, non seulement cette fameuse confiance a bien du mal à se construire, mais c’est une inquiétude sourde qui s’exprime. Un « passage en force », sans consultation des enseignants
« Pour organiser la défiance, JeanMichel Blanquer s’y entend ! » lance ainsi Francette Popineau, secrétaire générale du syndicat. Elle dénonce une « politique verticale, venue de quelqu’un qui sait tout mieux que les enseignants, l’idéologie d’un homme qui avance tout seul ». Un exemple ? Les « ajustements » apportés dès cette rentrée aux programmes en vigueur depuis 2016 seulement. Pour un ministre qui déclarait qu’il faut « rompre avec ces vieilles habitudes qui consistent à défaire ce que les précédents ont mis en place », la performance est remarquable. Le syndicat dénonce un « passage en force », sans consultation des enseignants, sans même que le comité de suivi des programmes – qui n’ont jamais été évalués – ait été réuni. Or, il s’agit pour le Snuipp d’une « véritable réécriture » et même d’un « complet renversement », en particu-
lier dans le domaine de l’apprentissage de la langue, où l’insistance est portée sur la maîtrise du code, la répétition, l’automatisation. Pourtant, insiste Francette Popineau, « les fragilités des élèves ne se situent pas dans le décodage, mais dans la compréhension. Et la recherche dit que la maîtrise du code n’est rien si la compréhension de ce qu’on décode ne lui est pas associée. Les élèves n’ont pas besoin de plus d’automatismes, ils ont besoin de plus de sens ! ». Cette évolution se complète de l’ambiguïté des évaluations, réalisées dès septembre en CP. Pour le Snuipp, il s’agit d’un « outil important pour l’enseignant », s’il le conçoit luimême afin de mesurer les progrès de chaque élève. Mais ces évaluations nationales, unanimement dénoncées dès l’an dernier comme inadaptées aux élèves de CP, servent selon le syndicat à « recueillir des informations sur le système » pour, au final, « mettre les établissements en concurrence, voire déterminer la rémunération des enseignants ». Le Snuipp dénonce une école à l’ancienne, à la réussite fantasmée
Dans un tel cadre, même le dédoublement des CP et CE1 dans l’enseignement prioritaire (dans les écoles classées REP et REP+), pourtant reçu comme une mesure positive, se trouve perverti en lui accolant un objectif de « 100 % de réussite au CP » qui ne tient pas compte des spécificités des élèves les plus en difficulté. « On ne parle plus des progrès de l’élève, dénonce Francette Popineau, on fixe des objectifs, et l’élève les atteint… ou pas. » On assiste là, dénonce la dirigeante, à « la politique d’un homme, avec ses partis pris, ce côté “vieille France”, ce
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regret d’une école à l’ancienne à la réussite fantasmée » qui constitue, en réalité, un tout cohérent, un « rouleau compresseur » pour imposer à l’école « des évolutions profondes, à long terme, même si ça ne se voit pas trop en cette rentrée ». Olivier Chartrain, l’Humanité du 28/09/2018
Parcoursup, réforme du bac, « culture de l’évaluation » à tous les étages : discrètement, le ministre de l’Éducation nationale poursuit en cette rentrée une reconfiguration très idéologique de l’école française. Jean-Michel Blanquer, c’est un ministre de l’Éducation qui aime parler d’amour. « Un pays qui va bien, c’est un pays qui aime ses profs », a-t-il ainsi déclaré à plusieurs reprises la semaine dernière, au cours de la traditionnelle conférence de presse de rentrée. À leur manière, les syndicats
d’enseignants ont eu vite fait de lui répondre qu’il n’y a pas d’amour, seulement des preuves d’amour, et que celles-ci se font attendre. Il ne s’agit pas là seulement de pointer les fameuses « revendications catégorielles » qu’on ne nomme ainsi que pour souligner l’égoïsme supposé de ceux qui les portent. Baisse des salaires réels, perte d’attractivité d’un métier qui peine de plus en plus à recruter, recul de la liberté pédagogique et poids de la hiérarchie… En vérité, les motifs de mécontentement sont nombreux, au point que le SnesFSU, premier syndicat du second degré, a déposé un préavis de grève courant sur les quinze premiers jours de classe, afin de couvrir les actions revendicatives que cette rentrée sous tension pourrait susciter. Mais, au-delà de ces préoccupations, ce qui s’exprime, c’est l’inquiétude qu’à « bas bruit », pour reprendre la terminologie en vogue, la deuxième rentrée Blanquer, s’inscrive dans une reconfiguration profonde du modèle scolaire français, une stratégie que la secrétaire générale du Snuipp-FSU (primaire), Francette Popineau, qualifie de « rouleau compresseur ». Une crainte que le ministre réfute indirectement : pour lui, en cette rentrée 2018, il s’agit simplement « d’amplifier (sic) le sillon de l’école de la confiance », qu’il a commencé à creuser l’an dernier. « Il y a une politique sociale en profondeur qui est menée », « j’ai en permanence à l’esprit les enjeux de justice sociale », martelaitil encore samedi dans une grande interview opportunément offerte au quotidien le Monde. Avec Parcoursup, sélection et orientation forcées
Pourtant, cette reconfiguration est visible, et elle ne se fait pas toujours dans la discrétion. La colère qui s’est levée au printemps dans les universités contre la loi ORE (orientation et réussite des étudiants) et le système Parcoursup en témoigne. Alors que la « phase principale » de Parcoursup prend fin mercredi,
ATION on en connaît déjà les effets : il restait encore dimanche plus de 127 000 élèves en attente ou sans affectation (sur 812 000 inscrits). Ceux-là, s’ils arrivent à intégrer une formation supérieure à l’issue de la « phase complémentaire » le 21 septembre, auront subi une sélection, une orientation forcées. Mais la logique de Parcoursup va encore plus loin, on le sait : maintenir et légitimer – en lui donnant l’apparence d’un système juste, tenant compte des aspirations de chacun – le goulet d’étranglement d’un enseignement supérieur en incapacité d’accueillir tous les jeunes en demande de formation. Ce faisant, les mettre en concurrence les uns avec les autres, en les obligeant à déployer dès le lycée des stratégies dont l’unique but est de leur permettre d’intégrer après le bac la formation de leur choix. Et au passage, mettre en concurrence les établissements les uns avec les autres, à qui attirera les « meilleurs » élèves afin de présenter les meilleurs taux de réussite au bac et d’admission post-bac. Aux autres, quels que soient leurs mérites ? Les miettes. Et en option obligatoire, l’expérience de l’injustice…
Des chefs d’établissement « managérisés »
Parcoursup joue donc le rôle d’un entonnoir forçant chacun, en amont, à entrer dans une logique de concurrence. C’est d’ailleurs ce qui le fait applaudir par les plus libéraux de ses partisans. Mais pourquoi s’arrêter en si bon chemin ? Jean-Michel Blanquer a beau s’en défendre avec des airs de Raminagrobis : cette même logique est en train de s’immiscer au cœur de tout l’appareil scolaire. Des indices ? La fameuse « culture de l’évaluation », vantée par le ministre comme l’alpha et l’oméga de sa politique. Après l’entrée au CP et en 6e en 2017, ces évaluations sont étendues cette année à la mi-CP, au CE1, et à l’entrée en 2de. À une échéance non déterminée, il s’agira aussi d’évaluer les établissements ; voire, dans l’enseignement prioritaire (REP et REP+), de lier la prime de 1 000 euros promise aux enseignants aux résultats obtenus par leurs classes aux évaluations et aux objectifs de fin d’année. Objectifs annuels qui, au passage, remettent en question les cycles pluriannuels et la souplesse qu’ils autorisent. Bien sûr, pour le moment il n’est pas
question – du moins ouvertement – d’établir un classement officiel des établissements. Mais il n’est pas non plus question de se l’interdire. Et c’est un canevas serré qui se dessine finalement au-dessus de l’école, en ajoutant l’autonomie des établissements et la « gestion des ressources humaines de proximité » promise par le ministre. Là encore, il faut décoder : aux chefs d’établissement du secondaire, de plus en plus « managérisés », la possibilité d’un recrutement local – voire hors des concours de l’éducation nationale. De quoi faire voler en éclats l’entraide et le travail collectif, pourtant indispensables, au sein d’équipes pédagogiques qui se plaignent déjà des pertes d’autonomie induites par le poids croissant de la hiérarchie, des chefs d’établissement aux inspecteurs. Malgré tous les démentis, c’est donc bien une école au modèle entrepreneurial très macronien, instillant dès le plus jeune âge le venin de la compétition et de la concurrence de tous contre tous, qui pourrait se mettre en place assez vite… si on n’y prend garde. Olivier Chartrain, l’Humanité du 3 septembre
SNES
Dans les collèges et lycées : élèves en plus, profs en moins
À vouloir des économies de postes, les effectifs par classe vont exploser à la rentrée avait prévenu le SNESFSU. Le syndicat a même mis en place un site (alerte-effectifs.fr) pour recueillir informations et témoignages sur la situation dans les établissements.
depuis 1981 a commencé à entrer au collège en septembre 2017. Cette cohorte 2006-2012, au volume de naissances d’un niveau inconnu depuis trente-cinq ans, va « peupler » le collège jusqu’en 2022 et le lycée jusqu’en 2027 ! Suppression = détérioration
En octobre dernier, le ministre prétendait supprimer des postes sans « impact » sur le terrain. Le Premier ministre affirmait cet été, privilégier le primaire, « aidé » en cela par la démographie du secondaire. « De la communication politique à la réalité, il y a la détérioration des conditions de rentrée des personnels et des usagers, affirme le SNES ». À la rentrée, 26 000 élèves supplémentaires viennent grossir les rangs de l’enseignement général et technologique secondaire, a comptabilisé l’organisation. Depuis 2009, les effectifs de tout le second degré ont augmenté de 300 000 (5,6 %). Ce n’est pas près de s’arrêter puisque la génération la plus fournie
En collège, toujours selon le syndicat, les effectifs explosent dans les trois prochaines années puisque les générations 2003-2005 vont quitter le collège, remplacées par celles de 2007-2009 nettement plus nombreuses. À taux de redoublement constant, à la rentrée 2020 les collèges publics auront absorbé 76 000 élèves supplémentaires en trois ans. Cette année, c’est particulièrement en Cinquième que les effectifs remontent. Les effectifs de lycée stagnent et vont connaître une faible augmentation l’an prochain. « Cela explique en partie la volonté gouvernementale de mettre en œuvre
en septembre 2019 la réforme du lycée simultanément en Seconde et en Première. La démographie constitue pour lui un effet d’aubaine à saisir dans l’espoir de masquer la baisse des moyens et la détérioration des conditions de travail qu’elle induit. La note sera salée entre 2021 et 2027 quand devrait entrer au lycée l’importante cohorte 2006-2012. Le ministère prétendait indolore la suppression, au budget 2018, de 2 600 emplois de stagiaires au prétexte de postes non pourvus aux concours ». À l’inverse, le SNES-FSU se dit en mesure d’en révéler « les impacts négatifs concrets ». « Augmentation du nombre d’élèves par classe : économie de 45 classes dans le Nord par augmentation des seuils jusqu’à un élève par classe pour toutes les catégories de collèges ; à Bordeaux, il manque 120 emplois pour maintenir le taux d’encadrement. Suppression de moyens d’enseignement : aucun financement des bilangues ni des chorales dans la Somme ; partout les langues anciennes en collège sont, quand elles le sont, financées sur la marge, malgré la propagande ministérielle vantant leur “rétablissement”. Surcharge de travail : hausse impressionnante de 3,5 % des heures supplémentaires prévues à Versailles ». Pour une autre politique, il faut des profs. Le SNES-FSU réclame de vrais prérecrutements et des réformes pédagogiques qui ne soient pas otages de choix économiques idéologiques.
RENTRÉE EN GIRONDE
281 824 élèves et déjà quelques mouvements Ils étaient 28 1824 élèves, écoliers, lycéens et collégiens, à prendre ou reprendre le chemin de l’école en Gironde lundi. Les premiers retours ont déjà révélé quelques points chauds en primaire comme en secondaire. Il faudra quelques jours pour un état de lieux plus précis. Du côté des écoles (maternelles et primaires), 139 200 écoliers sont inscrits dans le public soit 700 élèves de plus que l’an passé. Une hausse des effectifs inférieurs à celles des précédentes rentrées qui avoisinaient le millier. Pour répondre à cet accroissement, la Gironde a été dotée de 112 postes de professeurs des écoles, sur les 121 mis à disposition par l’académie. Il reste donc quelques postes supplémentaires à attribuer qui le seront ou pas en fonction des effectifs réels constatés dans les premiers jours de septembre. À Bordeaux, à l’école de La Benauge, sur la rive droite, des parents d’élèves réclament le maintien d’une neuvième classe. À Saint-Caprais, dans le Créonnais, les parents d’élèves ont déployé une banderole : « Non aux classes surchargées ». Les classes atteignent 30 élèves. Au mois de juin dernier, la commune n’avait pas obtenu l’ouverture d’une sixième classe. Compte tenu des inscriptions qui interviennent en cours d’année ainsi que les nombreux programmes immobiliers en cours sur la com-
mune, parents d’élèves et élus de la commune devaient plaider leur cause en début de semaine auprès de l’inspection d’académie. Autres points de crispation cette fois dans deux lycées girondins. À Gradignan, on brandissait la menace de grève au lycée des Graves dès la rentrée, à l’appel de la FSU. Cette année, plusieurs classes de seconde et de première compteront 36 élèves, ce que refusent les enseignants. Un mouvement qui pourrait faire boule de neige dans les établissements alentours s’il prend. Au lycée Max Linder de Libourne, c’est du lourd. Le pensionnat est resté fermé à la rentrée. Une vingtaine de pensionnaires des lycées Max-Linder et Henri-Brulle, logés sur le même site, ont dû trouver un toit pour la nuit ou rentrer chez eux. L’agent de sécurité qui officiait la nuit jusqu’au mois de mai dernier n’a pas été remplacé, le proviseur de l’établissement a donc pris la décision de fermer le pensionnat, en attendant qu’un autre soit nommé par la Région. Une manifestation était prévue en milieux de semaine car, outre la situation de l’internat, le personnel pointe du doigt le non-remplacement de six agents techniques, en charge notamment du ménage. Ce qui ajoute à l’agacement du personnel, professeurs compris. Avec Sud-Ouest du 3/09/2018
PCF
En campagne sur la rentrée « Mise en place de la sélection à l’université et d’un obscur lycée modulaire, sabordage de la voie professionnelle scolaire au profit du patronat, abandon de l’orientation par l’État, promotion des neurosciences…Macron et son gouvernement vont clairement dans le sens de l’échec des jeunes issus de classes populaires. Depuis son élection, Emmanuel Macron et son ministre Jean-Michel Blanquer imposent au pas de charge leur vision de l’éducation. Selon eux, il s’agit d’adapter l’école à la personnalité de chaque élève et de récompenser le mérite. Dans les faits, il s’agit plutôt de soumettre l’éducation à la loi du marché. Seuls les élèves mieux lotis tireront leur épingle du jeu. Apprendre, ça se mérite ?
Le mérite est érigé en critère ultime de justice. Chaque élève obtiendrait une place à la hauteur de ses efforts. C’est ignorer les écarts de réussite scolaire entre les élèves issus de milieux aisés et ceux issus des milieux populaires ! Ainsi, les enfants de cadres et d’enseignants sont deux fois plus nombreux à avoir le bac que les enfants d’ouvriers
et d’employés. Derrière l’idéologie du mérite se cache en réalité une école qui reproduit les inégalités. Ce phénomène est renforcé par la compétition scolaire, exacerbée par les réformes de ces dernières années et par l’individualisation des parcours que Macron et Blanquer veulent promouvoir. À la fin, “il y a ceux qui réussissent et ceux qui ne sont rien”… C’est tous ensemble qu’on apprend !
Progresser collectivement. Les élèves progressent davantage quand ils travaillent en s’entraidant. L’école doit favoriser la coopération et la solidarité, de la maternelle au lycée. Faire réussir tou-te-s les élèves. Les programmes et la pédagogie doivent être repensés : ils doivent être adaptés à celles et à ceux qui n’ont rien d’autre que l’école pour réussir. Construire une culture commune grâce à l’école. Un haut niveau de qualification utile au travail et dans la vie de tous les jours : l’école doit apporter cela pour relever ensemble les défis de demain. »
Les Nouvelles 6 septembre 2018 • 5
INTERNATIONAL DONBASS
ALLEMAGNE
Zakhartchenko assassiné en pleine trêve
Des nationalistes de plus en plus « décomplexés »
Plusieurs milliers de personnes se sont rassemblées dimanche 2 septembre, à Donetsk, dans le Donbass pour rendre hommage à Alexandre Zakhartchenko, assassiné vendredi par un engin explosif dans un café. À 42 ans, cet ancien mineur avait été élu président de la République populaire autoproclamée de Donetsk (DNR) en novembre 2014. Ce nouvel attentat risque-t-il de faire voler en éclats la trêve qui venait de débuter ? De nombreux diplomates qui travaillent sur ce conflit entre les régions séparatistes (Donetsk et Lougansk) et l’armée ukrainienne qui a éclaté en 2014, faisant plus de 10 000 morts, craignent une réac-
tion. « Donetsk va se venger pour ce crime ! » a promis un des dirigeants de la DNR, Denis Pouchiline. Malgré les accords de paix signés en 2015 à Minsk et de multiples trêves qui ont permis de réduire considérablement les affrontements, des violences perdurent. En août, une dizaine de soldats ukrainiens ont été tués. Cette exécution interpelle alors que plusieurs rencontres diplomatiques ont eu lieu récemment à propos du conflit entre la dirigeante allemande Merkel et le président russe. Le gouvernement ukrainien a rejeté toute responsabilité, mettant au contraire en avant la piste d’un « conflit criminel interne ». V. K.
RUSSIE
Poutine recule sur les retraites
La réforme des retraites provoque une vaste fronde sociale qui a entamé la cote de popularité du président russe et de son premier ministre. Lancée en catimini le 14 juin au moment où Vladimir Poutine ouvrait le Mondial de football en Russie, la réforme des retraites a déclenché une vaste fronde sociale. Cet été, de nombreuses protestations populaires, sous l’égide des syndicats, des communistes et de divers opposants, ont eu lieu dans plusieurs villes russes. Nombre de Russes s’opposent à cette réforme, alors que l’espérance de vie reste faible : 70 ans pour les femmes et 66 ans pour les hommes. Le 29 août, Vladimir Poutine, qui avait promis de ne pas toucher à l’âge de la retraite – inchangé depuis 1932 –, est intervenu à la télévision pour tenter de calmer le jeu. Sur un ton paternaliste, il a dû concéder un premier recul : les femmes partiront à la retraite à 60 ans (contre 63 ans initialement prévus). Actuellement, elles en bénéficient à l’âge de 55 ans. Concernant les hommes, le Kremlin n’a pas modifié ses plans puisqu’ils devront travailler cinq années de plus (65 ans contre 60 ans aujourd’hui). Pour atténuer cette réforme libérale, Vladimir Poutine a évoqué plusieurs exceptions pour les mineurs, les salariés du chimique et les sauveteurs qui sont intervenus à Tchernobyl, ainsi qu’un départ anticipé pour les mères de famille nombreuse. Les che-
minots, les métallurgistes, mais aussi les militaires et les policiers ne seront pas affectés par la réforme. Il est par ailleurs prévu des sanctions pénales pour les entreprises licenciant des salariés proches de l’âge de la retraite dans un pays qui compte 36 millions de retraités pour 72 millions d’actifs. Hausse de la TVA à 20 %
Les raisons démographiques, économiques et budgétaires invoquées par Poutine ne semblent pas avoir eu d’effet. Ce projet de loi vient s’ajouter à une hausse récente de la TVA de 18 % à 20 %. Pour la première fois, le président, réélu le 18 mars dernier (76 %), voit sa cote de popularité chuter de 82 % (en avril) à 67 % en juillet, avec un léger mieux en août (70 %), selon le centre Levada. Le premier ministre Dmitri Medvedev est, lui, en chute libre avec 71 % de mécontents en août, contre 57 % (avril). Dans l’opinion, le chef du gouvernement est perçu comme l’instigateur de la réforme. D’autres manifestations étaient prévues cette semaine à l’appel du Parti communiste russe (KPRF). Ce dernier est l’une des principales forces à s’opposer à ce projet de loi. Il réclame une hausse des pensions à 20 000 roubles, contre 14 000 roubles actuellement (180 euros). Le seuil de pauvreté étant de 18 000 roubles.
6 • Les Nouvelles 6 septembre 2018
Vadim Kamenka, l’Humanité du 3/09/2018
L’extrême droite, qui poursuit manifestations et violences à Chemnitz (Saxe), profite d’une banalisation de ses thèmes xénophobes jusque dans les décisions de la grande coalition. Dans la nuit de samedi à dimanche, au moins 5 000 personnes ont participé à un nouveau rassemblement dans le centre de la cité de 220 000 habitants, aux frontières de la Saxe (Allemagne) et de la République tchèque. Instrumentalisant la mort d’un Allemand de 35 ans dans une rixe en marge d’une fête populaire locale, dont est soupçonné un jeune demandeur d’asile irakien, placé en garde à vue, les organisateurs appelaient à une manifestation dite de deuil. Tout le spectre de l’extrême droite y était représenté, du parti Alternative pour l’Allemagne (AfD) aux ultras du mouvement Pegida (Patriotes européens contre l’islamisation de l’Occident), en passant par des activistes souvent ouvertement néonazis regroupés au sein d’une nébuleuse baptisée « proChemnitz ». La haine des étrangers et le repli identitaire, ciment du rassemblement, ont donné lieu à de nouvelles scènes de violence. Un jeune Afghan molesté par quatre hommes en marge du défilé s’en est sorti par miracle avec des blessures légères. Des contre-manifestants ont eu moins de chance. Neuf
personnes ont été blessées dans des affrontements avec la meute d’extrême droite, qui vociférait « Nous sommes le peuple ». Signe de sa détermination à radicaliser encore le débat, l’AfD avait envoyé sur place Björn Höcke, l’un de ses dirigeants nationaux les plus controversés. Porte-parole du parti dans le Land voisin de Thuringe, il est l’animateur d’un co urant nationaliste dénué de tout complexe qui déchaîna la chronique, il y a un peu plus d’un an, en affirmant que le mémorial de la Shoah, installé près de la porte de Brandebourg dans le cœur politique de Berlin, ne constituait rien de moins qu’un… « monument de la honte ». « Main dans la main avec des forces néofascistes »
L’AfD montre « son vrai visage », réagissait Bernd Riexinger, coprésident de Die Linke, ajoutant : « elle ne craint pas d’apparaître main dans la main avec des forces néofascistes ». « Nous ne laisserons pas les extrémistes de droite détruire notre pays et notre démocratie », a fustigé pour sa part le dirigeant Verts Cem Özdemir. Aux côtés de Manuela Schwesig, dirigeante du SPD, et de Dietmar Bartsch, coprésident du groupe Die Linke au Bundestag, il avait pris la tête du cortège d’une large contre-manifestation. Face aux ultras qui ne craignent pas
de « défiler dans les rues en effectuant le salut nazi », le ministre SPD des Affaires étrangères, Heiko Maas, a exhorté « à défendre résolument la démocratie » comme « nous y oblige notre histoire passée ». La chancelière avait pour sa part dénoncé « des scènes (de chasse des étrangers) indignes de l’État de droit ». Il reste que le gouvernement de grande coalition (CDU, CSU, SPD) a lui-même contribué à banaliser, voire légitimer le discours de l’extrême droite, en acceptant un fort durcissement des contrôles aux frontières et l’instauration de camps de détention pour y « stocker » les migrants durant l’espace de temps nécessaire à l’examen de la validité de leur demande d’asile. (…) « Ce n’est pas en reprenant ou en banalisant les idées nationalistes qu’on les combat », relève pour l’Humanité Jürgen Bach, militant de Die Linke à Chemnitz, engagé dans le combat antifasciste. L’enjeu est européen. Il suppose de ne rien lâcher aux positions venimeuses des extrémistes. À l’initiative d’un groupe de rock de la ville, un concert géant avec les groupes vedettes de la scène allemande est organisé ce lundi soir à Chemnitz. Son mot d’ordre : « Nous sommes plus nombreux ». Bruno Odent, l’Humanité du 3/09/2018
BRÉSIL
La candidature de Lula invalidée Le tribunal chargé des élections a invalidé, vendredi31 août, la candidature de l’ex-président de gauche. Ses avocats ne s’avouent pas vaincus. Le Tribunal supérieur électoral (TSE) ne s’est même pas donné le temps de la réflexion. Avant même la date butoir du 17 septembre, la limite pour modifier les candidatures à l’élection présidentielle, une majorité de ses membres a décidé, vendredi, d’interdire à Lula da Silva de briguer les plus hautes fonctions de l’État brésilien. En dépit de son incarcération depuis le 7 avril, la figure tutélaire du Parti des travailleurs (PT) fait pourtant la course en tête dans les sondages, avec 39 % des intentions de vote. Pour justifier leur décision, les juges du TSE se sont réfugiés derrière l’article « fiche propre », à savoir l’obligation pour les candidats d’avoir un casier judiciaire vierge. Un comble, puisque l’ancien
président de gauche a été condamné à douze ans de prison pour une sombre affaire de corruption sans que le juge Moro, qui a prononcé la sentence, ait pu prouver sa culpabilité, comme il l’a lui-même reconnu ! C’est d’ailleurs le fond de cette grotesque cabale qui tient en haleine depuis des mois la puissance économique latino-américaine. Pour les partisans de l’ex-chef d’État, dont la cote de popularité reste intacte même derrière les barreaux, sa détention vise à empêcher le retour de la gauche au pouvoir, Lula devançant largement ses adversaires, à commencer par le candidat de l’extrême droite, Jair Bolsonaro, qui capitalise 19 % des intentions de vote. La défense mise sur trois recours
Les avocats du fondateur du PT ne s’avouent pas pour autant vaincus. La défense mise sur les trois recours
qu’elle a déposés auprès du Tribunal de justice et de la Cour suprême, forte de la résolution non contraignante du comité des droits de l’homme de l’ONU, qui considère que l’emprisonnement de l’ancien métallurgiste est arbitraire, et enjoint de garantir une égalité de traitement entre Lula et ses adversaires. Sur le terrain, le PT ne désarme pas, malgré l’interdiction formelle qui lui a été faite de faire campagne pour son chef de file. C’est Fernando Haddad qui représente physiquement Lula lors des meetings. Reste à savoir si la formation, déboutée dans les démarches juridiques qu’elle a entreprises, décidera, avec la date fatidique du 17 septembre, d’officialiser la candidature de l’ancien ministre de l’Éducation, en lieu et place de Lula. Cathy Dos Santos, l’Humanité du 3/09/2018
PCF LOGEMENT
CONTRE L’EFFACEMENT DES COMMUNISTES DANS LES MÉDIAS
Le bras de fer d’un élu parisien contre le bulldozer Airbnb
Le PCF écrit au CSA
Dans un livre à paraître, l’adjoint d’Anne Hidalgo chargé du Logement Ian Brossat raconte sa bataille pour faire respecter la loi et dénonce les conséquences parfois désastreuses du boom de la plateforme de location dans la capitale. Adjoint à la mairie de Paris chargé du Logement depuis 2014, Ian Brossat a été confronté à l’explosion des plateformes de location meublée de courte durée dans la capitale, première destination mondiale d’Airbnb depuis 2015. Dans son livre Airbnb, la ville ubérisée (1), celui qui a été désigné cet été chef de file des communistes aux prochaines élections européennes analyse les effets de la plateforme californienne sur les villes, et raconte son action pour réguler cette nouvelle activité, très lucrative pour certains. Deux ans après l’ouverture de son bureau parisien, la croissance d’Airbnb dans la capitale est vertigineuse : entre 2013 et 2016, le nombre de nuitées facturées a bondi de 4 à 37 millions sur l’ensemble de son activité. Non sans conséquences, souvent désastreuses, que l’élu parisien dénonce dans son livre. Logements saccagés
Au premier rang desquelles, l’aggravation d’un phénomène déjà ancien : la désertification des centres-villes, qui deviennent des musées habités essentiellement par les touristes. Avec un lot de nouvelles nuisances pour ceux qui y vivent encore : vacarme constant des valises, fêtards, incivisme des locataires, etc. Parfois, c’est pire : comme l’inscription sur Airbnb ne demande presque pas de vérifications ou de documents, certains propriétaires ont vu leur logement saccagé par des locataires, qui se sont par la suite volatilisés. Cas plus extrême : une Parisienne, qui s’est confiée à Brossat, raconte avoir été réveillée un matin par la police. Son appartement avait été loué à un proxénète qui l’utilisait pour prostituer des mineures. Face à cette affaire, l’attitude de la plateforme avait été pour le moins surprenante : toutes les conversations entre la propriétaire et le locataire proxénète ont été effacées. « Une belle façon pour Airbnb de s’assurer que l’histoire ne don-
nera pas lieu à des articles de presse… » note l’élu parisien. « Économie de la prédation »
Le livre de Brossat décrit une réalité assez loin de l’image sympa que cherche à se donner la firme californienne. Plutôt qu’une économie du partage, il dénonce une véritable « économie de la prédation ». Et une volonté, chez la plateforme domiciliée à San Francisco, de ne pas se soumettre aux lois qui encadrent et régulent son juteux business. Petit rappel : depuis la loi ALUR de 2014, seules les résidences principales peuvent être louées sur les plateformes, et ce dans la limite de 120 nuitées par an. Légalement, Airbnb peut donc constituer un complément de revenus pour des particuliers – qui louent leur logement pendant leurs vacances –, mais pas une activité commerciale pour des professionnels. Or la mairie de Paris estime qu’au moins 20 000 logements parisiens sont loués via Airbnb par des investisseurs immobiliers, qui les transforment en machines à cash, en toute illégalité. Élu du XVIIIe arrondissement, Ian Brossat évoque l’existence à Montmartre, quartier ultra-touristique, d’ « immeubles entiers transformés en hôtels clandestins par des multipropriétaires présents sur les plateformes. » Sursaut citoyen
Et pour cause : la location meublée de courte durée est bien plus rentable que la location classique, plus encadrée et régulée. Un simple deux-pièces dans un quartier recherché peut rapporter jusqu’à 4 000 euros par mois. Ian Brossat raconte dans son livre comment il a dû batailler contre Airbnb et ses lobbys pour faire appliquer la loi : mise en place d’un numéro d’enregistrement obligatoire pour les annonces, renforcement des équipes de contrôleurs et des opérations « coups de poing » pour traquer les locations illégales, doublement des amendes encourues… Le livre est autant un réquisitoire contre Airbnb qu’un plaidoyer pro domo pour « une mandature décisive dans la lutte contre l’ubérisation de la ville lumière ». Et un appel à un sursaut citoyen face à la tendance des géants
du numérique à se substituer aux États. Alors que le chiffre d’affaires des GAFA (Google, Amazon, Facebook, Apple) dépasse le PIB d’États comme le Portugal, Ian Brossat en est convaincu : l’Union européenne est l’échelon qui peut répondre aux géants du numérique. Encore faut-il que l’UE change d’orientation, estime la tête de liste du Parti communiste aux élections européennes de mai prochain. Nul doute qu’il portera ce débat au cours de la campagne. Nicolas Massol, Libération du 1/09/2018
Déclaration à Angers le 26 août. Plus de 1000 participants gonflés à bloc et décidés à ne rien céder à Macron, une salle bondée pour l’allocution de Pierre Laurent, un débat sur le congrès du PCF, des parlementaires présents en nombre, 90 ateliers, 100 intervenants, des communistes très présents, une marche pour les services publics, une chaîne humaine spectaculaire devant l’Hôpital d’Angers, un meeting devant le CHU avec Ian Brossat… C’est une université d’été marquante, combative, festive et réussie qu’a tenu le PCF pendant 3 jours. Il y avait de la matière et des images à se mettre sous la dent ! Et pourtant, malgré la présence de quelques médias, dont France 3, l’Humanité, l’AFP et quelques régionaux, c’est de nouveau le boycott médiatique qui a dominé. Dans nombre de commentaires, l’existence même de l’Université d’été du PCF a tout simplement été zappée. Ce traitement bafoue le pluralisme et est inacceptable. Il contrevient aux règles énoncées par le CSA lui-même. Le PCF proteste avec vigueur et demande au CSA de procéder à un bilan rapide du traitement médiatique des Universités d’été pour que soit établi avec transparence le temps de parole accordé aux différentes formations qui ont tenu des Universités d’été. Ainsi les citoyens pourront juger sur pièces et les conditions seront établies pour interpeller les moyens d’information visant à corriger ces inégalités. NUMÉRO SPÉCIAL CAUSE COMMUNE
(1) AirbnB, la ville ubérisée (éd. La ville Brûle). Sortie en librairies le 6 septembre.
LOCATIONS AIRBNB À BORDEAUX
Premières amendes mais encore loin du compte À Bordeaux aussi, les propriétaires qui louent illégalement leurs logements sur Airbnb sont tenus de s’enregistrer au préalable, et de ne pas dépasser 120 nuitées par an. Au delà, ils sont considérés comme des professionnels. Menées suite à des signalements de voisins ou des relevés de terrain et Internet, l’inspection de 298 immeubles par les 5 contrôleurs assermentés de la Ville, aurait permis de constater 44 infractions, selon un article de Simon Barthélémy pour Rue89Bordeaux le 28/08/2018. Dissuasif ? Fondateur de l’Observatoire Airbnb, Matthieu Rouveyre en doute. Il regrette ainsi que « moins de 10% des bailleurs » se soient enregistrés auprès de la mairie – 1070, sur un total de 2062 hébergeurs inscrits sur le portail de la Taxe de séjour, et pour un nombre de locations saisonnières à Bordeaux estimé entre 8 000 et 11 000. « Une très faible partie de ces annonces comporte ce numéro (délivré par la commune après enregistrement), ce qui signifie que la très grande majorité des loueurs enfreignent la règlementation municipale », martèle le conseiller municipal socialiste. Celui-ci a communiqué au Maire de Bordeaux « les 1000 annonces illégales les plus problématiques » – celles concernant des logements entiers, et les plus actives selon le nombre de commentaires relevés. Il demande à Alain Juppé d’accentuer les contrôles, voire d’exiger d’Airbnb qu’il désactive ces comptes.
«État des lieux» «Comprendre les mutations en cours dans la société française est une donnée essentielle pour agir, rassembler et engager les transformations visant au dépassement du capitalisme. Être très attentifs aux signaux qu’envoient les femmes et les hommes de notre pays, c’est permettre d’être au plus près des réponses et ouvrir des issues de progrès» « Répondant à la feuille de route décidée au début de la préparation de notre congrès, le collectif Idées, regroupant entre autres des responsables des revues, s’est mis au travail pour répondre au mieux à la commande : quel est, à ce jour, l’état de la société française ? Vaste sujet s’il en est, et sur lequel de grands instituts travaillent, des fondations, des établissements nationaux de recherche, des laboratoires etc.… Avec les moyens qui sont les nôtres, et l’ambition d’être utiles aux réflexions des communistes, nous avons choisi de lister et traiter quelques grandes questions (il y en a bien d’autres). Les notes produites dans ce cahier ont été pour la plupart débattues au sein du collectif, et leurs auteurs parfois auditionnés. Elles sont le fruit à la fois d’un travail individuel de chaque auteur et collectif par les échanges, débats avec parfois réécriture ou précision pour en faire des outils pertinents au service du débat des communistes. Elles ne sont pas des thèses destinées à être amendées ou votées mais des éléments de réflexions, des points d’appui, des entrées, des pistes pour ces débats. » Commandez ce numéro spécial Cause Commune au prix unitaire de 5 € auprès de la fédération ou par mail : yhenzel@pcf.fr PCF SUD GIRONDE
Réunion de section Les militant-e-s de la section du Sud Gironde sont convié-e-s à une réunion à le mardi 11 septembre à Fargues, salle du temps libre, à 18h30 afin de : - discuter des documents du congrès - élire le/la secrétaire de section - établir le calendrier des réunions jusqu’au congrès - mettre à jour les cotisations afin que chaque adhèrent-e puisse prendre part aux votes des congrès départemental et national à venir.
SOUSCRIPTION
Tout versement par chèque ouvre droit à une réduction fiscale de 66% du montant versé. (chèque à l’ordre de ADF PCF 33). Les ressources financières du Parti communiste sont transparentes. Votre don, aussi modeste soit-il, contribuera efficacement à la démocratie, à l’expression et la prise d’initiative du Parti communiste. Cet ensemble sont les éléments majeurs pour continuer notre combat dans l’ambition d’une gauche forte et alternative. Les versements sont à envoyer à la fédération de Gironde du PCF - 15 rue Furtado - 33800 Bordeaux, à l’ordre de l’ADF PCF 33
Les Nouvelles 6 septembre 2018 • 7
CHRONIQUE
CULTURE & SOLIDARITÉ
NOUVELLES IDÉES REÇUES
DU 17 SEPTEMBRE AU 15 DÉCEMBRE
par Gérard Loustalet Sens www.nir-33.fr
Le centenaire de Nelson Mandela
En partenariat avec plusieurs communes de la Métropole bordelaise, l’association Mémoires & Partages organise le Centenaire de Nelson Mandela. Expositions, projections de films, débats, conférences et concerts vont rythmer les 4 mois, du 17 septembre au 15 décembre, de l’hommage que la conscience bordelaise va rendre à Nelson Mandela.
Créateur de sens et facteur de citoyenneté, le parcours de Nelson Mandela illustre les combats pour l’égalité, la fraternité, la dignité, la justice, la liberté, la réconciliation et la paix. À l’occasion du centième anniversaire de la naissance de Nelson Mandela et 5 ans après sa disparition, il s’agit de célébrer une œuvre qui rassemble aux quatre coins de la planète. • L’exposition « On a tous en nous quelque chose de Mandela » met en avant la figure de Nelson Mandela à travers son impact dans la culture mondiale tout en interrogeant les problématiques contemporaines de son héritage. Elle pourra être vue à Bassens, du 17 au 22 septembre, Médiathèque municipale François Mitterrand et à Carbon Blanc, du 19 au 24 novembre, à la Médiathèque municipale. Conçue par l’équipe de Mémoires & Partages, l’exposition pédagogique et itinérante, est composée de 10 panneaux, chaque panneau abordant une facette de l’œuvre de Mandela.
Pour compléter ce programme, l’itinérance de l’exposition s’accompagnera de conférences, de visites-guidées, de débats et autres rencontres avec le public, de projections ainsi que d’actions pédagogiques qui sont programmées du 17 septembre au 15 décembre. L’Éducation nationale et les structures d’animation sociale et culturelle sont également mobilisées. Il s’agit surtout de journées de réflexion civique sur le respect de la dignité humaine, les droits humains ainsi que les richesses culturelles et patrimoniales héritées de ce parcours. Les actions font la place à la pluralité des mémoires tout en montrant combien l’histoire de Nelson Mandela participe à l’affirmation d’une citoyenneté active et dynamique ouverte sur un futur partagé. Le programme d’ouverture Mardi 18 septembre à 19h – Villes de Bassens et Carbon Blanc Piscine Intercommunale « Nelson Mandela » de Bassens/ Carbon-Blanc (25 Rue Camille Jullian, 33530 Bassens) Vernissage de l’exposition « On a tous en nous quelque chose de Mandela » Apéritif- Concert : Groupe Afrocubano Projeto Entrée libre et gratuite, accessibilité de 0 à 99 ans.
ANNONCES LÉGALES AVIS DE CONSTITUTION
Il a été constitué une société dont les caractéristiques sont les suivantes : Forme : SASU Dénomination sociale : ECB33 Siège social : 4 bis rue des Vergers 33560 Carbon Blanc Objet : Tout travail d’étanchéité de maçonnerie générale, charpente couverture placo plâtre Capital : 1 000 € Durée : 99 ans à compter de l’immatriculation au RCS de Bordeaux Président : M. DERHAB Abdelkader demeurant 4 Bis rue des Vergers 33560 Carbon Blanc Pour avis, RESILIATION LOCATION GERANCE
SARL M&N33 Siège social : 5569 B cours de la Libération 33400 TALENCE RCS BORDEAUX 800 549 529
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8 • Les Nouvelles 6 septembre 2018
Le loueur la SARL M&N33 représenté par M. BOUTEKHEDOUST Naoufal qui a mis en location gérance à M. HALOUI Mohamed demeurant Résidence Saint Malo Entrée D Apt 262 33400 Talence, un fonds de commerce de restauration rapide sans alcool, sous le n° Siren 497 871 632 Bordeaux est exploité 569 bis Cours de la Libération 33400 Talence du 0107-2018 au 31-08-2018 ont décidé de résilier à l’amiable le 1er septembre 2018 le contrat de location gérance signé le 01-07-2018. Pour avis
L’école capitaliste Dans toute société de classes, l’école -terme générique désignant l’ensemble des instances du système éducatifdoit assurer deux fonctions. Il y a une fonction officielle que l’on nomme pompeusement fonction de transmission du savoir : il s’agit, en fait, de dispenser les connaissances nécessaires à l’organisation et à l’harmonie de la société. D’où une seconde fonction, officieuse voire carrément occultée, une fonction de préservation et de reproduction de l’ordre établi. En dépit de ses proclamations émancipatrices et universalistes, l’école dite républicaine a toujours fonctionné suivant ce modèle. Tout en se prétendant indépendante des hiérarchies sociales, elle s’est constamment employée à les maintenir et les renforcer par le constat prétendument objectif que les élèves issus des classes populaires réussissent de toute façon moins bien dans les « études » que les enfants de la bourgeoisie ou des professions intellectuelles. On commence pourtant à savoir que l’inépuisable cliché de « l’égalité des chances » n’est qu’une triste imposture, que la grossière image de « l’ascenseur social » est une vaste blague, que les miraculés des classes populaires, rescapés de l’impitoyable sélection scolaire, ne sont que l’alibi du système. L’école capitaliste, pour reprendre une expression de Baudelot et Establet, n’est ni libératrice ni émancipatrice. La bourgeoisie n’a jamais manqué de fabriquer toutes sortes de théories pour justifier l’implacable tri social produit par l’institution scolaire. La plus triviale, dans son épais bon sens, a longtemps été que, c’était évident, les enfants des classes populaires n’ont généralement que peu de goût et guère de dons pour « les études ». Une « évidence » partagée de bonne foi par la plupart des enseignants et incitant les plus attentifs d’entre eux à rechercher et promouvoir les plus « méritants » de leurs élèves démunis, cautionnant ainsi en toute bonne conscience l’injustice du système. Je le sais. J’en ai été. Et comment faire autrement ? Tout le monde n’est pas Célestin Freinet ! On nous faisait croire qu’il y avait deux sortes d’intelligences, une « intelligence abstraite » et une « intelligence concrète » et donc deux sortes d’enfants, les « conceptuels » (capables d’accéder aux représentations abstraites) et les « non-conceptuels » (incapables de dépasser l’aspect concret des situations). Comme le hasard fait bien les choses, les enfants de la bourgeoisie, dans leur quasi totalité, étaient conceptuels et nantis d’une intelligence abstraite et les enfants de la classe ouvrière, dans leur immense majorité, non-conceptuels et affligé d’une intelligence concrète. L’avenir des uns, les activités intellectuelles et les fonctions de commandement, le futur des autres, le travail manuel et les tâches pratiques. Tout était pour le mieux dans le meilleur des mondes et les classes de 6ème n’étaient pas envahies par des hordes misérables d’élèves mal élevés, incultes et tapageurs ! Il a fallu attendre les années 60 pour voir apparaître des mises en cause décisives des mécanismes d’exclusion de l’institution scolaire. En 1964, Lucien Sève ose s’attaquer au dogme de l’innéité des aptitudes dans une étude à la fois marquante et trop méconnue parue sous le titre « Les dons n’existent pas », dans l’ Ecole et la Nation, revue du PCF. L’idée centrale en est que « nos capacités psychiques supérieures ne sont pas des données de nature en nous mais des acquis de l’histoire hors de nous que nous avons à nous approprier » (Carnets rouges, n°5, décembre 2015). J’y reviendrai à propos de la résurgence des vieilles idées fixes réactionnaires d’une détermination « génétique » de l’intelligence: des fake news, dénoncent dans une tribune des chercheurs, généticiens et neurobiologistes (le Monde, 25.04.2018). Et on verra l’usage douteux des neurosciences qu’envisage le ministre Blanquer. La même année, c’est bien sûr l’intervention mémorable de Bourdieu et Passeron avec Les héritiers, les étudiants et la culture, démontrant de manière irréfutable que le système scolaire, sous couvert d’égalité des chances «asseyait ses principes de sélection sur des exigences qui s’accordaient en fait avec celles de l’habitus cultivé qui s’acquiert dans les classes dominantes» (Patrick Champagne et Olivier Christin, Pierre Bourdieu. Une initiation, PU de Lyon, 2012, p.76). L’école républicaine, fondée sur l’idéologie du don, veut faire croire que les inégalités de réussite scolaire ne sont que des inégalités d’aptitudes innées révélées par les dispositifs méritocratiques de l’école. Une tautologie particulièrement stupide: on réussit parce qu’on est doué pour réussir !