Nouvelles N° 2273

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Jeudi 20 septembre 2018 - N° 2273 - Hebdomadaire - 15, rue Furtado - 33800 BORDEAUX - Prix : 0,80 euro

FÊTE DE L’HUMANITÉ 2018 : UN MONDE FOU

RIPOSTER, CONSTRUIRE, RÊVER, INVENTER UN MONDE NOUVEAU

DOSSIER

SOLIDARITÉ

LES 4-5-6 OCTOBRE :

Regards sur la pauvreté

Ahed Tamimi à la Fête de l’Huma

Les communistes votent

P.4-5

P.6

P.7


ACTUALITÉ CE SAMEDI À BORDEAUX

FÊTE DE L’HUMANITÉ

Les Ford Blanquefort manifestent contre la fermeture de l’usine

« Un coup de boost pour un an de luttes » de ceux qui travaillent ». « Les mobilisations interprofessionnelles doivent être le reflet des luttes. Il ne faut pas commencer par la fin », a-t-il ajouté, saluant en particulier les combats du personnel soignant des hôpitaux et des Ehpad. Caisse de résonance de tous les combats et tribune riche en émotions, la Grande Scène a accueilli les paroles d’ici et du monde. Avant le meeting de clôture de la Fête, la parole a été donnée aux invités de l’Humanité, au cœur de tous les combats.

Alors que le constructeur automobile américain a annoncé en juin vouloir fermer son usine de fabrication de boîtes de vitesses automatiques à Blanquefort d’ici à fin 2019, plusieurs syndicats entendent amplifier la mobilisation pour défendre les 900 emplois du site. À l’occasion de deux réunions d’information des instances représentatives du personnel sur le PSE (plan de sauvegarde de l’emploi) mardi, la CGT, FO et la CFTC de l’usine ont appelé à une journée de grève et de rassemblement sur le site. « Ford n’a pas de réel motif économique pour fermer Blanquefort ; ils veulent juste regrouper leurs productions », dénonce le secrétaire de la CGT et secrétaire du CHSCT Philippe Poutou. La CGT et la CFTC organisent par ailleurs une manifestation pour le maintien des emplois chez Ford comme dans l’ensemble des établissements privés et publics, à Bordeaux, ce samedi 22 septembre à 14h, place de la République.

BORDEAUX

Le 22 septembre, marchons pour la paix ! Le PCF, l’ARAC ou encore la CGT appelle au rassemblement pour la paix du 22 septembre, 11h Parvis des Droits de l’Homme à Bordeaux, initié par le Mouvement de la paix 33. La fédération de Gironde du PCF apporte son soutien à l’appel départemental lancé par le Mouvement de la Paix 33 et sera présente à la marche pour la Paix, « pour un monde de solidarité, de justice, de liberté, d’égalité, de fraternité et de Paix ». Pour la CGT « la lutte pour la Paix et le désarmement dans le monde s’inscrit dans les priorités » du syndicat. « La guerre est toujours un échec ; elle conduit au chaos et enfante des monstruosités dont sont victimes les peuples et les populations civiles jetées sur le chemin de l’exil. En tant qu’organisation syndicale, nous sommes très préoccupés par la situation des travailleurs et de leurs familles, de même que nous sommes très inquiets de voir le droit international bafoué et une recrudescence des conflits réduisant les populations à fuir leur pays, la misère, la haine et le fanatisme. » « Alors que le gouvernement Macron exige de nous toujours plus de sacrifices, le budget annuel du ministère des Armées devrait progressivement passer de 34,2 milliards à 50 milliards d’euros, avec une hausse de 1,7 milliard d’euros, par an jusqu’en 2022, puis de 3 milliards d’euros, par an, jusqu’en 2025. Au total, Monsieur Macron propose d’engager 295 milliards d’euros entre 2019 et 2025 au titre de la loi de Programmation militaire, dont 42 milliards pour le renouvellement de la flotte de sousmarins nucléaires lanceurs d’engins basés à l’Île Longue et la composante nucléaire aéroportée. Toutes ces décisions vont à l’encontre de l’aspiration des peuples, de notre planète, des besoins sociaux mais va, aussi, à l’encontre du droit international. En effet, la France viole le Traité de Non-prolifération de 1968, en continuant à augmenter sa flotte nucléaire. De plus, depuis le 7 juillet 2017, les Nations Unies ont adopté un Traité d’interdiction des armes nucléaires. Ainsi, les armes nucléaires ne sont pas seulement immorales, elles sont illégales. »

ÉLUS COMMUNISTES DE LA MÉTROPOLE

Ligne de ceinture ferroviaire : enfin ! Lundi, le journal Sud Ouest a publié une proposition de l’élu métropolitain (ex EELV désormais LREM) Gérard Chausset, d’un « RER métropolitain », carte à l’appui. De quoi faire réagir les élus communistes qui appellent ça, eux, la ligne de ceinture… depuis 30 ans.

« Le groupe communiste de Bordeaux Métropole se réjouit de voir reprise dans le quotidien régional sa proposition de ligne de ceinture ferroviaire », a déclaré Max Guichard pour le groupe, dès le lendemain de la publication. « Cette proposition qu’il porte depuis plus de 30 ans trouve enfin un écho favorable auprès de ceux qui, hier, la refusaient. 30 ans de blocages qui ont enfermé les habitants de la métropole et du département dans les embouteillages et le trafic routier, augmenté la pollution, sans solution pérenne. » Ceci dit, pour les élus communistes, le RER est une solution d’urgence pour répondre aux besoins immédiats de la population mais pour « anticiper les solutions qui répondront demain à la population de la métropole », toutes les options « doivent être réfléchies », précisent-ils faisant référence aux projet de Métro ou de téléphérique proposé par le maire de Bègles. « Ne perdons plus de temps et soyons à la hauteur des enjeux écologiques, économiques et de santé publique pour un transport public moderne et ambitieux ! » 2 • Les Nouvelles 20 septembre 2018

« L’humain et la planète ont leurs sorts désormais totalement liés. Penser l’un sans penser l’autre, c’est se condamner à de dramatiques impasses. »

Le week-end dernier, le peuple de la Fête de l’Humanité, aux premières loges des coups qui pleuvent en Macronie, a rechargé ses batteries pour mieux se préparer à une nouvelle année de riposte.

Des dividendes de dingue

(…) « Ça donne un coup de boost pour repartir pour un an de luttes », se réjouit une militante parisienne du PCF. « Signez la pétition pour que Macron nous rende notre pognon de dingue ! » scande derrière elle un communiste séquano-dionysien. Et ça marche, le ras-le-bol est là. Il faut dire que ceux qui fréquentent la Fête sont bien souvent aux premières loges pour apprécier les conséquences de la politique antisociale du gouvernement. « Ça craint pour nous tout simplement parce qu’on n’a pas assez de salaire ! » s’indigne une Lorraine qui ajoute son nom au bas de la pétition « À bas la macronarchie ! », avant de repartir avec un tee-shirt « Gaulois réfractaire » sous le bras. « Heureusement qu’il y a le collectif, parce que tout seul, c’est dur », souffle-t-elle (…). « Ah, ça ! ça ruisselle dur, mais jamais dans le bon sens ! Toujours du bas vers le haut ! » constate Pierre Laurent, le secrétaire national du PCF, lors de son discours, samedi, devant des personnalités politiques, associatives et syndicales. Et de proposer, alors que se prépare une nouvelle réforme rétrograde des retraites, de « remettre sur le métier la grande œuvre d’Ambroise Croizat, pour une Sécurité sociale universelle ». « Et qu’on arrête de nous dire que l’argent manque quand il coule à flots », ajoute-t-il, citant « les revenus financiers des entreprises et des banques, l’année dernière : 342 milliards d’euros ». Le communiste a aussi mis l’écologie à l’honneur :

« Ce n’est pas au Palais-Bourbon que va se faire la révolution, estime Pierre Dharréville, député communiste des Bouches-du-Rhône. Ce qui est décisif, c’est qu’émergent dans la société des mouvements populaires. » Ces mouvements, justement, ont été les invités d’honneur ce week-end. Et si les premiers intéressés, salariés, élus, militants associatifs dirigeaient ensemble le pays, cela donnerait quoi ? Des Mc Do de Marseille aux Ehpad, en passant par les coursiers à vélo, deux heures durant, une vingtaine de « ministres » en ont donné une démonstration vibrante dans une Agora de l’Humanité pleine à craquer. « Le gouvernement reste sur une logique de premiers de cordée qui consiste à dire aux Français : “Si vous êtes pauvres, c’est de votre faute !” On est l’un des premiers pays au monde pour le versement de dividendes distribués aux actionnaires : c’est là qu’il faut aller chercher l’argent », insiste Philippe Martinez, secrétaire général de la CGT, au Forum social également comble. Le secrétaire général de la CGT, y a lancé un appel vibrant à un profond travail de terrain face à la casse en cours. Questionné par Patrick ApelMuller, directeur de la rédaction de l’Humanité, et par Jérôme Lepeytre, journaliste à l’AEF, mais également par de nombreux militants présents dans la salle, le dirigeant syndical a rappelé que la vocation historique de la CGT consistait à « être aux côtés

Nous représentons une force considérable

Appel à écrire nos propres lois, celles d’un gouvernement des luttes, appel à la mobilisation citoyenne pour sauver le climat et la planète, appel à la solidarité internationale avec Lula, avec tous les prisonniers politiques palestiniens, kurdes, Sarahouis, appel au rassemblement pour les réfugiés, appel à la défense des services publics, à la lutte contre le coût du Capital, au travail et dans la société, appel pour l’égalité et à la lutte contre toutes les dominations, tout ce qui a fait vibrer cette fête de l’Huma a encore résonné lors du grand meeting par Patrick Le Hyaric, directeur de l’Humanité. « Ce n’est pas un homme ou quelques volontés qui détermineront la nature du pouvoir, mais bien le degré de conscience politique chez nos concitoyens les plus exploités a-t-il conclu. Par nos milliers de bouches, nos milliers de mains, nos milliers de volontés et d’intelligences, nos actions concrètes dans le quartier et le village, à l’usine, au bureau et à l’université, au Parlement comme dans les collectivités locales, nous représentons une force considérable, un collectif puissant de femmes et d’ hommes capable de faire monter les exigences sociales, écologiques et démocratiques. Au-delà, dans l’actuel contexte où croissent tant de périls, mais aussi où de grandes mobilisations mondiales s’organisent et se développent, n’est-il pas venu le temps de poser en termes nouveaux nos objectifs ? Celui de passer à une nouvelle société, un autre monde, à un projet portant haut la justice sociale, la justice écologique et la démocratie. Une société et un monde qui refusent l’accaparement par une minorité des rapaces. Une société et un monde des biens communs, du partage des richesses, des savoirs et des pouvoirs. Un monde du commun. Ce qui s’appelle, pour moi, le communisme, ce que d’autres appelleront autrement. » « Entretenons les liens que nous avons tissés, Fortifions-les chaque jour, chaque semaine, avec la lecture de l’Humanité et de l’Humanité-Dimanche. Travaillons ainsi à l’éveil des consciences et à l’action résolue pour inventer ensemble de nouveaux chemins d’humanité. »


ACTUALITÉ

Editorial

GIRONDE

Une belle mobilisation militante Tenir un espace restauration sur la fête de l’Humanité comme le fait la fédération de la Gironde du PCF, c’est stocker, gérer et acheminer du matériel, passer et réceptionner des commandes. C’est informer, mobiliser, inscrire, transporter et restaurer des bénévoles. C’est acheter, vendre, compter. C’est monter les structures, la cuisine, puis cuisiner, servir, animer politiquement, échanger pendant 4 jours… et on en oublie sans doute. C’est beaucoup d’efforts récompensés par le succès, la fréquentation de l’espace, la satisfaction de ceux qui s’y sont restaurés comme de ceux qui l’ont fait vivre. Ce sont des femmes et des hommes qui n’ont pas compté leur temps, pas économisé leur force de travail. Rien que sur l’espace, le temps de la Fête, ils ont été près de 160 militants, sans compter les dizaines de militant-e-s girondins présents sur d’autres espaces et stands de la Fête et qui n’ont pas manqué de passer faire un salut à leur camarades. Car, en plus, tout cela se déroule dans un bel esprit de fraternité, de convivialité. Toutes et tous peuvent en être très fier-e-s. C.D.

Quelle fraîcheur !

Plus d’informations et de photos sur nbso.fr “SPEED MEETING” SUR LES ÉLECTIONS EUROPÉENNES

Ian Brossat cartonne dans les allées de la fête

Le chef de file des communistes aux élections européennes qui se dérouleront le 26 mai 2019 a parcouru les allées de la fête avec des arrêts de quelques minutes (speed meeting) pour parler de la campagne des communistes. Ici, il s’arrête au Sud, devant l’espace girondin avec Sébastien Laborde, secrétaire départemental, à ses côtés. Ian Brossat veut aborder « les questions concrètes auxquels les Européens sont confrontés tous les jours ». Il fait d’abord quelques rappels chiffrés : depuis 10 ans, le produit intérieur brut de l’Union européenne (UE) est passé de 15 000 milliards d’euros à 17 000 milliards d’euros, c’est-à-dire 2 000 milliards d’euros de richesses supplémentaires produites par des millions de travailleurs alors que, dans le même temps, le taux de travailleurs pauvres est passé de 7 % à 10 %. « Ça veut dire que les richesses produites par les travailleurs européens ont été captées par des actionnaires, des vautours. Donc la question qui se pose aujourd’hui est celle de la juste rémunération des travailleurs. »

« Toutes les politiques européennes, depuis la crise de 2008, ont consisté à appliquer partout des politiques d’austérité. On nous a expliqué que pour s’en sortir il fallait prendre sur les salaires, sur les droits des salariés, qu’il fallait diminuer les services publics. Le résultat de tout cela, c’est 10 millions de pauvres supplémentaires depuis 10 ans en Europe. » Pour les communistes, précise le chef de file, l’enjeu de cette campagne n’est pas un affrontement entre pro et anti européens mais un référendum sur les politiques d’austérité. « Est-ce qu’on continue à appliquer partout des politiques d’austérité ? Ou est-ce qu’on fait en sorte, au contraire, que l’Union européenne porte le progrès social et l’intérêt du plus grand nombre ? » Trois axes forts vont être portés durant cette campagne. Le premier porte sur le travail et la nécessité d’une harmonisation par le haut. « C’est la rupture avec ces pratiques de dumping social qui visent à tirer tout le monde vers le bas ». Le deuxième concerne le développement des services publics. « Il faut en finir avec les logiques des directives

de libéralisation qu’on nous impose depuis des années. Quand on voit ce qu’il s’est passé à Gênes (Italie) cet été, on s’aperçoit d’une chose très claire : quand on confie des infrastructures publiques au secteur privé, l’argent va dans la poche des actionnaires au lieu d’aller à la sécurité des habitants ». Le troisième axe s’attaque à la question de l’utilisation de l’argent. « Au cours des 10 dernières années, la Banque centrale européenne (BCE) a versé 3 000 milliards d’euros aux banques privées sans aucune espèce de contrepartie. Qui peut accepter une chose pareille alors qu’on demande à tout le monde de se serrer la ceinture ? Cet argent-là doit aller vers un fonds qui permet de développer les services publics. » L’évasion fiscale est aussi une question centrale. « À l’échelle de la France, c’est plus de 80 milliards d’euros chaque année qui partent en fumée, à l’ échelle de l’Europe, c’est 1 000 milliards d’euros. Et tout cela pour une raison inquiétante, c’est qu’aujourd’ hui l’Union européenne pousse les pays à faire du dumping fiscal, c’est-à-dire à avoir des taux d’imposition des sociétés extrêmement différents et à les tirer vers le bas. » « Nous allons nous battre pour que l’Union européenne lutte enfin contre la fraude fiscale et contre ces logiques qui nous font tant de mal. Quand on voit la mobilisation des camarades pour réussir une si belle fête, je crois qu’on peut y aller avec confiance et obtenir un bon résultat le 26 mai prochain. »

Le soleil aura été présent pendant ces 3 jours de fête de l’Huma, et ce n’est pourtant pas de ce côté là que venait cet allant. Il était plutôt à trouver dans le sourire et la détermination d’une jeune femme, Ahed Tamimi, fière de représenter le combat de son peuple, et qu’Israël aura été obligé de laisser venir en France pour la fête de l’Huma. Cette fraîcheur, elle était dans l’émotion qui traversa l’Agora lors de la venue de Odette Audin et de son fils Pierre suite à la reconnaissance de la responsabilité de l’État dans le meurtre du jeune mathématicien Maurice Audin, pendant la guerre d’Algérie. Une victoire pour une famille, une victoire pour l’Histoire et la Mémoire, la victoire d’un journal l’Humanité qui sans relâche mena la bataille ces dernières années pour que ce crime soit reconnu. Cette fraîcheur elle était dans tous ces syndicalistes venus témoigner de leur combat, de leur souffrance bien évidemment, mais aussi de leur détermination à contester les règles du jeu imposées par le patronat et le gouvernement. De cette détermination on sent un allant, source de bataille constructive, de victoire à venir. De la fraîcheur il y en avait dans les « speed meeting » organisé par le jeune chef de file communiste aux élections européennes, Ian Brossat, dans les allées de la fête. Une estrade, un micro et le candidat communiste s’adresse au grouillement sympathique de la fête, là devant le stand du Nord, ici devant celui de la Gironde. Un candidat au cœur des allées. Cette fraîcheur, elle était bien évidemment dans cette jeunesse, dans ces milliers de gens qui ont envahi les allées de la fête, pour se rendre dans les concerts, les débats, pour échanger avec des inconnus, pour boire un verre avec des amis, dans ceux qui portait des pancartes pour dénoncer les politiques actuelles. Cette fraîcheur, c’est celle de ces milliers de militants, jeunes ou anciens, qui portés par une volonté commune, font de cette fête un moment si particulier, à part, un rendez-vous unique dans notre pays et en Europe. Cette fête c’est la leur, celle de militants communistes, celle de doux rêveurs, celle de déterminés, celle de brailleurs au grand cœur, celle de ceux qui forts de leurs convictions, de leurs analyses, ne veulent pas lâcher le morceau. Alors ça se chamaille, ça s’engueule, ça rigole, ça débat pendant des heures, mais quand il faut se retrousser les manches ils sont là. De cette volonté collective peut naître des choses inattendues, du moment qu’elle est tournée vers tous ceux qui souffrent, qui luttent, qui cherchent un monde où décidément ce serait l’humain d’abord. Et puisqu’on nous y invite, on n’hésitera pas à traverser la rue, mais ce sera pour continuer à débattre, écouter, discuter, convaincre qu’un autre monde est possible.

Frédéric Mellier membre de l’exécutif du PCF 33

C.D. Les Nouvelles 20 septembre 2018 • 3


REGARDS SUR BAROMÈTRE IPSOS/SECOURS POPULAIRE

32 % des interrogés bouclent « tout juste » leur budget

3 Français sur 4 considèrent que l’UE ne s’investit pas beaucoup aujourd’hui À la veille de la présentation du dans la lutte contre la précarité.

présentation du plan pauvreté qu’il avait déjà décalé de quelques mois. Comme Allain Leprest, on aurait pu lui rétorquer que pour un Mozart qui naît, ce sont « 100 millions (de flocons de neige) font cortège ». Et que ces flocons mettront des générations Oui, tout à fait entières à sortir de la misère. 6 généEmmanuel Macron a des lettres et rations, dit l’OCDE : 180 années Non, l’Union Européenne Oui, plutôt il tient à le faire savoir : « Il y a dans pour que les descendants d’une s’investit pas famille vivant parmi les 10 % aux Non, plutôt pas chaquene enfant, à commencer par l’en- beaucoup fant qui naît dans une famille pauvre, plus bas revenus, espèrent pouvoir Non, pas du tout un%Mozart qu’on assassine »,Européenne a-t-il vivre parmi les « revenus moyens ». Oui, l’Union (-1 / 2009) lancé dès le début de son discours de Et le baromètre IPSOS commandé s’investit beaucoup NSP par le Secours populaire français tend à montrer que les Français voient Moins de 35 ans : 29 % plutôt le chemin dans le sens inverse : Consommer des fruits et légumes frais quotidiennement,Revenus nets mensuels du 81 % des personnes interrogées estifoyer <1 200 € : 23 % du poissonIpsos ou- Baromètre payerdela cantine des Populaire enfants sont régulièrement la pauvreté - Pour le Secours Français - Juin 2018 ment ainsi que leurs enfants risquent de connaître un jour une situation de source de difficultés pour les revenues les plus modestes.CSP + : 22 % CSP - : 15 % pauvreté. Et de fait, 8,8 millions de Sud-Ouest : 14 % Français vivent aujourd’hui sous le Rencontrez-vous des difficultés financières pour faire chacune des choses suivantes ? Base : Ensemble - En % seuil de pauvreté, soit 13,6 % de la Niveau de revenu mensuel net du foyer population. Sans les différents transferts sociaux, ils seraient 23,6 % à Moins de 1 200 € 1 200 € à 2 000 € Réponses «somme des Oui» vivre avec moins de 1 015 € par mois. consommer des fruits et légumes frais tous les jours plan pauvreté par Emmanuel Macron, le Secours populaire Personnellement, estimez-vous que l’Union Européenne s’investit beaucoup dans la lutte contre la précarité et la pauvreté ? Base : Ensemble français - En % publiait son baromètre de la pauvreté réalisé par IPSOS, accès sur l’aide alimentaire.

75%

20

53 %

39 %

consommer du poisson au moins une fois par semaine

46 %

31 %

vous procurer une alimentation saine vous permettant de faire 3 repas par jour

48 %

35 %

payer la cantine pour vos enfant*

58 % **

34 %

consommer de la viande au moins une fois par semaine

36 %

24 %

* à ceux qui ont au moins un enfant de moins de 18 ans ** attentioneffectifs très limités

Ipsos - Baromètre de la pauvreté - Pour le Secours Populaire Français - Juin 2018

Et l’immense majorité des Français reste convaincue que leurs enfants seront plus vulnérables face à la pauvreté que leur génération. D’après vous, les risques que vos enfants connaissent un jour une situation de pauvreté sont-ils beaucoup plus, un peu plus, un peu moins ou beaucoup moins élevés que pour votre génération ? Base : Ensemble - En %

La peur de ne plus pouvoir se nourrir ou nourrir ses enfants

Avec un tel constat, le reste du sondage coule de source : 32 % des interrogés ont des revenus qui leur permettent « juste de boucler » leur budget, 14 % vivent à découvert. Une situation qui n’a cessé de se dégrader depuis la crise de 2008 : en 2017, 57 % des sondés ont connu une situation de pauvreté ou ont bien cru qu’ils allaient la connaître. Plus de la moitié de la population vit dans la peur de ne plus pouvoir se nourrir ou nourrir ses enfants !

Consomme du poisson source de d

Car c’est bien de cela qu’il s’agit quand 41 % des français ont du mal d à partir une fois par an enRencontrez-vous vacances, des choses suivan que 20 % ont du mal à payer la cantine aux enfants. Evidemment, dans cette préoccupation alimentaire, Réponses «so il y a une différence entre pouvoir manger et pouvoir bienconsommer manger. des fr Pour 27 % des français consommer interrogés, du po consommer tous les jours des fruits vous procurer une et légumes frais est très difficile, de même que de pouvoir manger une payer la cantine po fois par semaine de la viande et du consommer de la poisson.

* à ceux qui ont au moins u

L’aide aux plus démunis : ** attentioneffectifs très lim 0,3 % du budget de l’UE

Ipsos - Baromètre de la pau

Ces constats, le Secours populaire s’en est saisit pour interpeller les députés européens qui discutent en ce moment de la reconduction pour la période 2021-2027 du Fonds d’aide au plus démunis (FEAD). Ce dispositif, c’est 0,3 % du budget de l’Union européenne destiné à l’aide alimentaire. 0,3 % qui permettent de venir en aide à 15 millions d’Européens en insécurité alimentaire. Pour le Secours populaire, le FEAD représente 40 % de ses stocks alimentaires. Mais, sous prétexte d’aide à l’insertion professionnelle, les députés européens pourraient décider de diviser par deux la part alimentaire de ce fonds. Une menace face à laquelle le Secours populaire va continuer à mobiliser dans les Et son semaines à venir. Parce qu’avant de devenir Mozart, les enfants de France de la p ont besoin de manger !

Êtes-vous d

concernant Rémi Duvignau

situation de

Oui, beau

Beaucoup plus élevés

Oui, u

Un peu plus élevés

Non, pas vrai

Et sont massivement convaincus de l’importance Ni plus, ni préservation moins élevés de l’aide alimentaire aux plus démunis. de la Plus élevés

81%

Non, pas du

Un peu moins élevés (-3 / 2017) Êtes-vous d’accord ou pas d’accord avec chacune des affirmations suivantes concernant l’aide alimentaire apportée aux personnages en

11%

situation de précarité ? Base : Ensemble - En % Beaucoup moins élevés

Oui, beaucoup Oui, un peu

NSP

Il est impératif de préserver le financement de l’aide alimentaire aux plus démunis.

65

27

(+2 / 2017)

43 1

92%

5 5 1

89%

Ipsos - Baromètre de la pauvreté - Pour le Secours Populaire Français - Juin 2018

Non, pas vraiment

Moins élevés

L’aide alimentaire permet de recréer du lien social

avec des personnes souvent isolées (échanges lors de 4 • Non, Les Nouvelles 20 septembre 2018 ateliers cuisine, jardinage). la distribution, pas du tout

55

34

Somme des «

Ipsos - Baromètre de la Pour le Secours Popula


LA PAUVRETÉ ANTENNE AMÉDÉE ALINS DU SECOURS POPULAIRE À BORDEAUX

APEIS

L’aide alimentaire, un « dépannage » indispensable

Regard sur la pauvreté des sans emploi

Vendredi 14 septembre, 14h, Fatouh, Claudine, Didier, Melodie, Louis, Victoria, André, Yourrich… prépare l’ouverture de l’antenne Amédée Alins du Secours populaire français à Bordeaux. Dans la rue quelques personnes attendent déjà, comme d’autres au cours de l’après-midi, elles viennent chercher une aide alimentaire et/ou vestimentaire. Les bénévoles se font la bise, posent leurs affaires, certain-e-s préparent le café dans les bureaux, à l’étage, d’autres l’installe sur le comptoir en bas pour l’accueil. Emmanuel Macron vient d’annoncer les mesures de son plan pauvreté, ce n’est pas l’objet du reportage mais c’est bien le sujet du jour que toutes et tous ont envie de commenter, ceux qui cotoient la pauvreté presque quotidiennement comme ceux qui la vivent. Victoria est énervée, très énervée. Il y a ce qu’elle voit ici dans le local du Secours populaire et il y a sa propre situation. « J’avais beaucoup d’espoir quand il a été élu mais maintenant je pense que le plan pauvreté, c’est comme le reste, on va se faire avoir. » Il faut dire qu’elle est retraitée… « C’est de la publicité mensongère son plan, il ne dit pas où il va prendre l’argent. Sur nos retraites ? Moi j’ai perdu 156 euros par mois, entre la CSG, l’APL, etc. » Claudine aussi est retraitée, elle dit avoir perdu environ 300 euros par

an de revenus. Elle est bénévole de l’antenne depuis environ 5 ans. « Macron est loin des réalités. Il présente une sorte de plan idéal. Les idées ne sont pas mauvaises mais elles seront rattrapées par les réalités économiques. Pour que les gens s’en sortent il leur faut un emploi mais même avec des formations, les gens n’en trouvent pas. Il faut dire que trop souvent ces formations sont inadaptées, quant à l’accompagnement, n’en parlons pas ! » D’après elle, l’antenne reçoit beaucoup de migrants. « On accueille et on étudie la situation pour orienter vers des associations plus spécialisées comme l’ASTI ou Promofemmes. Mais il y a la barrière de la langue, sur le plan humain c’est difficile, frustrant. » 14h15, le « public » est entré. Dans la salle d’attente de la distribution alimentaire, il y a en effet quelques jeunes hommes seuls d’origine africaine comme Keneth, 24 ans, demandeur d’asile qui vient du Nigeria. Il est logé dans un foyer par le CADA. « C’est au foyer qu’ils m’ont dit de venir ici. J’ai 210 euros par mois alors je viens ici pour chercher à manger et pour m’habiller. » Claudine nous parle aussi de toutes ces femmes seules avec des enfants que l’association reçoit. « Je les trouve très courageuses de se battre pour leur autonomie et pour s’intégrer avec leurs enfants ». Claudine emmène Christiane à l’étage pour faire le point sur sa situation. Cette mère de famille de 4 enfants a aussi sa mère à sa charge, elle perçoit le RSA. « Les ressources mensuelles du foyer sont de 1614 euros, aide au logement compris, avec un loyer de 680 euros », explique la bénévole. « Il faut payer les repas, les vêtements, les goûters, les loisirs… Heureusement,

je peux venir ici, ça aide à boucler les fins de mois. Rien que les 8 litres de lait qu’on me donne, c’est déjà une aide importante », ajoute Christiane. « Mais je suis fière d’être maman. Mon fils a eu son bac cette année, il entre en première année de médecine. J’ai un CAP de pâtissière et j’ai fait une formation avec Pôle emploi mais je n’y suis plus inscrite depuis 1 an car ils ne me proposent rien. » Comme dans une supérette, les produits alimentaires sont disposés sur des rayons. « D’un côté il y a les produits qui proviennent du FEAD (lire ci-contre), explique Louis, et de l’autre ceux que nous récupérons auprès de la grande distribution. » 66 ans, retraité depuis 2013, un monsieur attend son tour. Il a été garçon de café mais sa retraite ne suffit pas à le faire vivre avec son épouse sans emploi et leur fille de 13 ans. « Nous avons 930 euros par mois et 158 euros d’APL sur un loyer de 470. Alors ça aide, en fin de mois, de venir ici. Avec Macron c’est de pire en pire, sa politique c’est pour les riches. » « Qu’est-ce qu’il a fait jusque là pour les pauvres ? Quand on voit le nombre de gens à la rue. L’an dernier j’ai voulu partir un peu en vacances. La CAF donne 45 % des frais d’hébergement, ça faisait 130 euros, comment voulez-vous que je paie le reste ? Les retraites n’augmentent pas et avec le prélèvement à la source, on se demande ce qu’ils vont encore nous prendre. Heureusement qu’il y a des associations comme le Secours populaire ! » En ce début de vendredi aprèsmidi, 25 foyers sont venus faire leurs courses au Secours populaire. « En un après-midi, entre l’aide alimentaire, le vestiaire, l’aide administrative, on peut avoir une soixantaine de personnes ici », nous assure Yourrich, au pré-accueil. Ce qui est certain, c’est que les bénévoles ne chôment pas. Claudine est dans les bureaux pour le suivi des dossiers, Louis à l’accueil de l’aide alimentaire, Didier, Mélodie, André dans les allées pour renseigner sur les produits, les quantités, Fatouh et Victoria au vestiaire et d’autres encore sont arrivés. « C’est un bon vendredi, nous sommes nombreux », commente Louis tout en essayant de garder son calme quand tout le monde veut passer avant les autres. « Ben oui, c’est comme ailleurs », sourit-il. Christelle Danglot

NBSO : Parce qu’elle s’adresse aux chômeurs et précaires, l’APEIS est évidemment confrontée à la pauvreté ; comment se manifeste-t-elle ? Jean-Luc Montanari. La pauvreté, et notamment pour les chômeurs et précaires, est bien sûr déjà financière, puisque elle empêche très souvent de se loger, de se nourrir correctement, et d’avoir des loisirs, source d’équilibre psychologique. Au-delà de cet aspect, elle se manifeste par une perte de confiance en soi, un sentiment de rejet de la part de la société, et crée une forme d’ennui dans l’existence puisque les activités sont réduites au minimum. De plus, il existe une violence inhérente à la pauvreté, je parle d’une violence froide, souvent verbale. Dire à un chômeur déjà fragilisé qu’il est en fin de droit, est un acte destructeur. Pour lui cela est ressenti comme une forme de condamnation, et met fin aux quelques espoirs de rebondir qu’il possédait encore. NBSO : Comment les militants de l’APEIS y font-ils face ? JLM. Les réponses de l’APEIS sont multiples : Déjà, quand un chômeur ou précaire vient nous voir, c’est qu’il a un problème souvent avec Pôle Emploi (radiation ou demande de remboursement d’éventuels trop perçus, par exemple). Notre rôle à ce niveau purement technique, consiste à étudier le dossier, en voir les failles, appeler le directeur de son agence ou son conseiller, et très souvent aborder son cas avec le médiateur de Pôle Emploi. Ce peut-être aussi un problème avec la CAF et autres organismes. Mais la réponse qui nous tient à cœur, concerne l’aspect humain. Nous prenons le temps de le mettre à l’aise, de créer un climat de confiance et de le rassurer. Nous lui offrons un café, parlons de sa vie, essayons de lui redonner de l’énergie et un peu de joie. Le temps passé avec lui ne compte pas, il revient quand il veut s’asseoir sur un canapé, discuter avec nous ou d’autres adhérents, et nous prenons de ses nouvelles par téléphone. Cela est le plus important dans notre démarche, il me semble. Enfin, nous considérons que le volet éducation et loisir culturel est impor-

tant dans le but de redonner confiance à un privé d’emploi. Nous organisons ainsi des expositions, des soirées ciné ou autres, créatrices de discussions et de chaleur humaine. Quelques repas aussi bien entendu… NBSO : Quelles sont les mesures d’urgence qu’il faudrait prendre selon toi ? JLM. Question difficile car elle induit celle d’un choix politique différent. Mais dans l’immédiat, arrêtons de stigmatiser les chômeurs qui ne sont responsables de rien, proposons leurs de vraies formations rémunérées, un marché du travail plus ouvert et réel, créons des postes au lieu de machines froides ; je pense par exemple aux caisses automatiques des hypermarchés, aux pompes à essence aussi, pourquoi pas ?… Créons une société plus humaine. En mesure d’extrême urgence : des logements disponibles de suite pour tous, pauvres et migrants. Des soins réellement gratuits, ne plus être des « Sans-Dents. » Propos recueillis par Jean-Jacques Bordes 1 - Jean Luc est permanent de l’APEIS, détaché au collectif transport et au comité de liaison Pôle Emploi.

Les Nouvelles 20 septembre 2018 • 5


À LA FÊTE DE L’HUMANITÉ MAURICE AUDIN

POUR FÊTER UNE VICTOIRE HISTORIQUE

Le crime d’état enfin reconnu !

Josette Audin comme chez elle Josette et son fils Pierre ont inauguré, vendredi, une place Maurice-Audin. Un grand moment d’émotion pour les participants, heureux de partager avec eux cette victoire historique.

Villani, qui a beaucoup porté ce combat auprès d’Emmanuel Macron. Pour lui, « cette reconnaissance est l’aboutissement d’une question posée il y a soixante et un ans par le mathématicien Laurent Schwartz. Ce qui est important, c’est le combat individuel autour de Maurice Audin, mais aussi le symbole beaucoup plus Un bonheur inestimable pour sa large de ceux qui ont subi l’arbitraire, famille, d’abord. Car Josette Audin, qui ont disparu, dans tous les camps, qui a aujourd’hui 87 ans, s’est battue dans une guerre qui à l’ époque ne sans relâche pendant plus de soixante disait pas son nom. Le plus important, ans pour que la vérité soit faite sur c’est la souffrance familiale à laquelle l’assassinat de son mari. Elle l’a il a été répondu. Cette déclaration se fait pour lui, mais aussi pour tous place du côté des droits fondamentaux les Algériens, victimes de cette sale des êtres humains. » guerre que les autorités françaises Cette victoire est en effet d’autant refusaient jusqu’à présent de regar- plus importante que la déclaration der en face. Ce geste historique du d’Emmanuel Macron, est à la hauPrésident de la République marque teur des attentes. Le président de la la fin d’un demi-siècle de déni. Il République y engage la responsabilité va permettre à la société française de l’État en soulignant que la mort de d’affronter plus sereinement les Maurice Audin « a été rendue possible pages les plus sombres de son histoire par un système légalement institué : coloniale. Car le sort d’un homme le système “arrestation-détention”, révéla tout un système : celui de la mis en place à la faveur des pouvoirs pratique généralisée de la torture spéciaux qui avaient été confiés par pendant la guerre d’Algérie. C’est voie légale aux forces armées à cette aussi une précieuse victoire pour période ». C’est la première fois que tous les progressistes qui n’ont jamais abandonné Maurice Audin, devenu la République reconnaît que les exacun symbole de l’anticolonialisme tions et la torture ont été commises et de la lutte contre la torture. Et le avec l’aval des autorités politiques combat fut long ! Des lois d’amnistie de l’époque, parmi lesquelles Franà l’omerta de la Grande Muette, tout çois Mitterrand qui joua un rôle a été fait pour que l’« affaire » tombe déterminant en tant que ministre dans l’oubli. Mais plusieurs généra- de la Justice de Guy Mollet, jusqu’au tions d’historien-ne-s, de militant-e-s 12 juin 1957. « C’est une très belle communistes, de mathématicien-ne- nouvelle, de grande portée historique, s et de journalistes ont continué à se estime Pierre Laurent. L’occultation passer le témoin, jusqu’à cet heureux de la responsabilité de l’État, le mendénouement. L’Humanité n’a jamais songe sur la torture étaient une tache renoncé, depuis l’arrestation de au fronton de la République. Cette Maurice Audin en juin 1957, jusqu’à déclaration va permettre d’ouvrir une l’appel publié le 29 mai dernier dans nouvelle page. C’est une victoire pour ses colonnes, auquel s’était associé tous ceux qui ont mené ce combat sans Cédric Villani, député LREM et relâche pendant plus de soixante ans, mathématicien, à faire vivre ce rappelle le secrétaire national du PCF, combat pour la vérité et la justice. Sa une preuve que la détermination était rédaction n’a jamais oublié le visage juste et nécessaire. » (…) Cette déclade Maurice Audin, éternel jeune ration aidera-t-elle à mettre un point homme de 25 ans, le regard tourné final à l’affaire Audin ? Des archives vers l’avenir. Un grand journaliste, viendront-elles confirmer le nom de Henri Alleg, disparu en 2013, qui ses assassins ? Nul ne le sait. Mais le fut lui aussi victime de la torture, n’a geste accompli aujourd’hui ouvre cessé d’y veiller : « N’oubliez jamais une nouvelle page. Et commence à Maurice ! » panser les mémoires blessées de la guerre d’Algérie. Une déclaration de grande 61 ans, 3 mois et 2 jours… C’est le temps qu’il aura fallu à l’État français pour reconnaître que Maurice Audin a bien été torturé et assassiné par l’armée. La déclaration d’Emmanuel Macron et sa visite, à Josette Audin, représentent une formidable victoire.

portée historique et politique

« C’est historique », se réjouit le mathématicien et député Cédric 6 • Les Nouvelles 20 septembre 2018

Maud Vergnol, l’Humanité du 13/09/2018

Rien ne l’aurait découragé à venir. Au lendemain de la déclaration d’Emmanuel Macron, qui s’était rendu jeudi à son domicile pour lui « demander pardon », Josette Audin tenait à partager cette victoire à la Fête de l’Humanité. Des tonnerres d’applaudissements, l’Agora du journal en a déjà connu. Mais, quand Josette est apparue, vendredi, en début d’après-midi, sur la scène, cette ovation-là exprimait autre chose : l’immense émotion de vivre avec elle ce moment historique. Mais surtout, l’infini respect du public pour le combat d’une femme de 87 ans qui s’est battue toute sa vie pour que justice soit rendue à son mari. Beaucoup de larmes aussi. « Mais pour une fois, on pleure de bonheur ! confie une militante. Son combat est tellement exemplaire ! Je pense à nos camarades algériens qui doivent être tellement heureux ! » Aux côtés de Josette Audin, son fils Pierre, leur avocate Claire Hocquet, le député communiste Sébastien Jumel, Charles Silvestre, ancien journaliste à l’Humanité, ou encore l’historien Benjamin Stora,

rappellent chacun la portée historique de cette reconnaissance. Évoquant le rôle de plusieurs générations d’historien·ne·s qui se sont heurtées au mur du secret d’État, Benjamin Stora salue ce 13 septembre comme une journée « d’apaisement des mémoires », qui permettra d’« affronter toutes les histoires liées à la guerre d’Algérie ». Et puis, Josette emprunte les allées de la Fête. Elle les a déjà arpentées de nombreuses fois, c’est une « habituée ». Mais celle-ci a une saveur particulière. Au bout de la rue qu’elle parcourt : la place qui porte désormais le nom de Maurice Audin. Cédric Villani, dont le rôle pour cette reconnaissance a été déterminant, la rejoint. « C’est un combat pour l’humanité », assure le mathématicien et député sous les applaudissements : « On peut être adversaires politiques et se retrouver ensemble sur des combats comme celui-ci. » À ses côtés, Patrick Le Hyaric : « C’est un moment fort, ô combien émouvant, que nous vivons ici. Vous venez, nous venons avec vous, de remporter une grande victoire, souligne le directeur de l’Humanité. Cet acte solennel était indispensable pour que s’effectue le travail de mémoire et de deuil. Il en appelle d’autres, qui permettront de faire avancer la vérité sur cette période tragique. » Pierre Audin sourit : « Ça fait plaisir d’être dans le camp des gagnants, c’est assez rare me concernant, je n’ai jamais été premier

de cordée ! » Samedi, face à la place Maurice-Audin, c’est Pierre Laurent qui a dédié son discours à la mémoire du jeune mathématicien communiste. « Je veux redire l’immense émotion qui est la nôtre. Le combat pour la vérité a gagné. C’est une victoire contre le mensonge d’État, contre la torture, contre la colonisation, rappelle le secrétaire national du PCF. Une victoire pour l’honneur de tous ceux qui ont payé de leur vie ce combat. » Mais aussi une leçon « face à la barbarie du monde actuel ». Et Pierre Laurent d’associer à ce moment « les trop nombreux progressistes du monde qui aujourd’hui croupissent quelque part dans une prison pour leurs idées, parce qu’ils militent pour un monde plus juste ». C’est l’heure de repartir pour Josette, dont le beau sourire en dit peut-être plus long que ses mots rares : « Je suis contente que ça se soit passé comme ça. Heureuse de pouvoir remercier ceux qui ont contribué à la recherche de la vérité. Je suis reconnaissante de cette journée. » C’est le peuple de la Fête qui lui est reconnaissant. Dimanche, après le passage de centaines de milliers personnes, les fleurs déposées spontanément par des militants sur la place Maurice-Audin sont restées intactes. Maud Vergnol, l’Humanité du 17/09/2018

AHED TAMIMI

Un combat pour la Palestine

In extremis, le pouvoir israélien a dû autoriser la venue de la jeune Palestinienne de 17 ans, Ahed Tamimi, à la fête de l’Humanité où elle était invitée et a ainsi pu porter la voix des 350  autres enfants toujours enfermés dans les prisons du colonisateur. L’adolescente de 17 ans Ahed Tamimi a arpenté les allées à la rencontre du peuple de la Fête de l’Humanité. Un geste fort face à l’ordre colonial israélien, qui a tenté de l’empêcher de quitter le territoire occupé de Cisjordanie, où elle réside, alors que sa famille avait obtenu un visa Schengen pour venir. La mobilisation du journal a permis sa venue historique, un peu plus d’un mois après sa libération des geôles israéliennes. En décembre 2017, le tribunal militaire d’Ofer l’avait condamnée à huit mois de prison pour avoir frappé deux soldats israéliens, appuyés sur un muret dans la cour de sa maison familiale à Nabi Saleh, un village près de Ramallah, où se déroulent de nombreuses manifestations pacifiques. Une scène filmée à l’époque par le téléphone portable de sa mère, Nariman, ce qui lui a valu,

également, une peine de prison. Dans les allées de la Fête, son keffieh sur les épaules, la présence de la jeune Palestinienne provoque une liesse de joie. « Notre Fête est heureuse de t’accueillir, toi, la petite fille de Palestine, face à ces gens armés jusqu’aux dents. Vous défendez le droit international, vous êtes l’honneur de notre humanité. La France doit s’opposer à l’infâme colonisation des terres palestiniennes », lance le directeur du journal fondé par Jean Jaurès, Patrick Le Hyaric, à l’occasion de l’inauguration du Village du monde, samedi matin. Avec son regard bleu azur et ses cheveux blonds, Ahed Tamimi porte les combats de la jeunesse palestinienne, visée par des incursions militaires, des arrestations arbitraires et une situation sociale douloureuse. Dans un stand qui défend la cause des Palestiniens, elle lance : « Notre génération hérite de l’occupation israélienne. On continue le combat contre la colonisation. J’espère que nous allons fêter ensemble la libération des Palestiniens. » Ni une ni deux, la foule scande « Un État pour la Palestine ! » Sa combativité reste intacte au moment d’évoquer les conditions de détention des mineurs dans les

geôles palestiniennes. « Israël viole le droit international : il y a aujourd’hui plus de 6 000  prisonniers palestiniens, dont 350 enfants empêchés de voir leurs parents. » Quelques minutes avant son intervention, l’adolescente livre à l’Humanité les souvenirs douloureux de sa détention : « J’y ai vécu des pressions psychologiques très fortes, on se retrouvait sans nourriture ou empêchées de se rendre aux toilettes. C’est humiliant. La cellule est étroite, l’air irrespirable. Ils mettent le chauffage l’été et la climatisation durant l’hiver. Il n’y a pas de justice sous l’occupation. » Après avoir passé son bac en prison, elle souhaite mener des études de droit pour dénoncer l’occupation israélienne. Micro en main, elle encourage les jeunes à porter haut et fort les causes du peuple palestinien, au-delà des frontières de la Cisjordanie et de la bande de Gaza. Sa mère, Nariman, la regarde avec des yeux pétillants, en hochant la tête. « Les peuples peuvent changer le cours des choses. Si tout le monde met sur la pression sur Israël, les lignes peuvent bouger », nous confie-t-elle. En attendant, cet océan de soutien met du baume au cœur à la famille Tamimi. « Toute notre vie, nous avons résisté à l’occupation des colons, rappelle à l’Humanité le père de cette famille engagée, Bassem. Voir ces visages défendre la cause des Palestiniens, ça apporte de l’espoir pour continuer notre combat. » Avec l’Humanité du 17/09/2018


PCF QUATRE TEXTES EN LICE POUR LE CONGRÈS DU PCF

VENTE SOLIDAIRE DE FRUITS ET LÉGUMES

Les adhérent-e-s appelé-e-s à voter les 4,5 et 6 octobre

L’alimentation, comme l’eau, est nécessaire à la vie

Outre le projet de « base commune » adopté par le Conseil national du Parti communiste début juin pour son congrès extraordinaire qui se déroulera les 24, 25 et 26 novembre, trois textes d’orientation ont été déposés. Tous seront soumis au vote des adhérents du PCF les 4,5 et 6 octobre. Sur quelles bases se jouera le congrès du PCF en novembre ? Ses adhérents auront à livrer la réponse lors du vote début octobre. Ils se prononceront sur l’un des quatre textes d’orientation désormais en lice après le dépôt officiel début juillet des textes dit « alternatifs » au projet adopté par le Conseil national le 3 juin dernier. Trois textes ont été déposés et ont rempli les conditions requises, c’est-

à-dire réunir au moins 300 signatures répondant à des critères géographiques. Parmi ceux-ci, figurent « Pour un manifeste du Parti communiste du 21e siècle » soutenu notamment par le député André Chassaigne, l’économiste Frédéric Boccara ou encore les initiateurs, comme Marie-Christine Burricand ou Hervé Poly. Ensemble, ils affirment vouloir répondre à une « question essentielle : Faut-il continuer dans l’effacement, dans une pratique du coup par coup, dans une stratégie illisible, et dans le manque d’ambition et d’incarnation ? Ou construisonsnous collectivement la voie d’un renouvellement politique profond ? ». Également soumis au vote, les initiateurs du texte « Se réinventer ou disparaître. Pour un printemps du communisme » n’ont pas tardé

à réagir. Il s’agit de « proposer une profonde transformation » visant notamment à « adopter une stratégie de rassemblement de toutes les forces de la gauche antilibérale dans un “Front commun” », assure l’historien Frédérick Genevée, dans un communiqué co-signé notamment par la députée Elsa Faucillon. Le dernier texte sur la ligne de départ, « Reconstruire le parti de classe, donner la priorité au rassemblement dans les luttes », emmené notamment par Emmanuel Dang Tran, affirme, lui, vouloir rompre « avec 25 ans de stratégie de ‘’mutation-effacementliquidation’’ ». Enfin d’alimenter le débat nous publions ici des contributions (voir conditions dans notre précédent numéro), jusqu’au vote.

Du 10 au 13 octobre, le PCF en Gironde renouvelle son initiative de vente solidaire de fruits et légumes de saison « au juste prix » en coopération avec le Modef (Mouvement de Défense des Exploitants Familiaux).

BILAN/CONSEIL NATIONAL

Durant trois jours, des agriculteurs de petites exploitations du Lot et Garonne et des militants communistes girondins tiendront des marchés solidaires dans plusieurs communes de la métropole bordelaise. Leur succès auprès de la population ne se dément pas, à l’instar de la vente géante organisée en août chaque année à Paris. « Oui, il est possible de manger des fruits et des légumes du pays, de qualité, à un prix abordable pour tous et qui rémunère suffisamment le travail et les investissements des producteurs de proximité » affirment-ils ensemble au pied de cités populaires, comme depuis plusieurs années à Bordeaux, Bègles, Villenave d’Ornon ou encore Mérignac. Dans les échanges avec les consommateurs, sont unanimement dénoncés les marges de la grande distribution, les longs circuits gelés de produits ramassés verts « pourris en deux jours », les modes de production intensifs qui posent des problèmes sanitaires et délivrent des quantités de produits… chers et insipides !! La pauvreté et la précarité alimentaire ne cessent de gagner du terrain, comme l’a dénoncé notamment le Secours populaire en cette rentrée. Parmi les foyers qui gagnent de 1 200 et 2 000 euros par mois, 39 % disent ne pas pouvoir manger des fruits et légumes quotidiennement… et ils sont jusqu’à 53 % parmi les revenus inférieurs au SMIC ! Lors de ce nouveau rendez-vous girondin de solidarité concrète, PCF 33 / Modef / citoyens, des élus régionaux, métropolitains et municipaux seront présents afin de débattre et proposer des alternatives : sur la rémunération des producteurs et la relocalisation des cultures, l’accès pour tous à une assiette goûteuse et saine, pour des prix encadrés malgré la pression de la grande distribution. La qualité des produits et leur mode de production seront au cœur de ces débats, avec en toile de fond le scandale sanitaire des pesticides.

Que faire ? Comment et ensemble ?

L’alimentation, comme l’eau et l’air, nos « biens communs »

POUR CRÉER UN RASSEMBLEMENT MAJORITAIRE

Nous engager partout auprès des gens « Les quatre contributions retenues pour le congrès me posent problèmes. Cela me fait penser au “clanisme” et aussi à son contraire “la ligne”. Je suis pour l’expression personnelle et libre, pour conduire à une expression collective, engagée et populaire. Notre objectif révolutionnaire est bien de changer la société capitaliste. Elle est d’ailleurs au sommet de sa nuisance et extrêmement dangereuse pour les plus faibles. Comme pour construire sa maison, il faut faire les fondations. Cela exige

Il me semble logique de rendre compte ici de ma participation au Conseil national et du mandat qui m’a été confié, mais aussi de préciser le sens de ma démarche. J’ai toujours eu le souci que les communistes puissent assumer leur souveraineté et porter dans le débat collectif le fruit de leurs réflexions et interrogations. C’est pourquoi depuis le 36e congrès, je me suis efforcée de transmettre systématique mes interventions ou brefs comptes-rendus qui ont été publiés sur le site pcf.bassin. Je peux aussi préciser qu’ils étaient en rapport avec l’activité des communistes soit de ma section soit des échanges au niveau du département. J’y ai systématiquement donné le sens de mes votes. Ce qui m’a tout de suite interpellée en 2013, c’est la demande des camarades, en attente des échanges au conseil national. Le mode de transmission du Conseil national a été modifié (consultation et résumés succincts des interventions consultables sur www. pcf.fr) ; « Communistes » a été réduit en pages et dans sa forme, laissant les militants désinformés. Sans parler, des

des communistes de bien être imprégnés des problèmes subis par une large majorité de nos concitoyen-nes. Cela doit conduire à nous engager partout auprès des gens qui sont en prises avec les mesures destructrices, tous azimuts, du système capitaliste. C’est cette lutte-là qui construira un mouvement majoritaire pacifique et irrésistible. C’est dire que l’action communiste a de la perspective dans le pays et dans le monde. Du haut de mes 92 ans, je ne change rien à mes engagements de jeunesse mais mon militantisme me confirme

« feuilles de route » apparues en 2007. Les interventions au CN m’ont toutes intéressée car elles sont une expression de la vie du Parti, certaines viennent approuver, justifier, d’autres interpellent, demandent à être entendues, pourraient être constructives. C’est ainsi que maintes fois, ont été posées la question sur les expériences de rassemblements, la profondeur de la crise et l’appauvrissement des classes populaires, le travail, sur la situation internationale, l’UE… et la nécessité d’actions dans la longue durée identifiant le Parti Communiste. Cette insatisfaction sur la circulation des idées entre les militants et la direction m’a donc interpellée. Comment une direction nationale fait vivre collectivement les questions posées à partir des pratiques et des luttes sur le terrain ? Comment les confronte-telle à la stratégie et la ligne politique ? Les accords électoraux, des points d’appui pour les luttes ? Comment lier théorie et pratique ? Quelles bases marxistes se donne-t-on pour ouvrir des perspectives de rupture avec le capitalisme ? Et surtout quels liens

que l’on avancera à condition que l’on soit capable de créer, avec d’autres, un rapport de force majoritaire. C’est en cela que le congrès doit débattre et décider. Nous sommes, certes, à un moment fort de notre présence dans la vie politique française mais notre dynamique doit s’imposer en tous lieux, sociaux et électifs. » Raymond Lagardère, Saint-Symphorien, Section des Hautes Landes

privilégier entre tous les adhérents du local au national en passant par les cellules, les sections, l’entreprise… Quel centralisme démocratique ? Avec toutes ces non-réponses, aujourd’hui, le verdict est tombé : un affaiblissement en militants, une abstention massive du monde du travail et une représentation électorale insignifiante mettant en cause notre existence exigeant la tenue d’un congrès extraordinaire. Face à l’émiettement de nos forces, il nous faut faire preuve de sens critique et de responsabilité pour rester un parti de militants soucieux de sortir le PCF de l’effacement et du renoncement pour que le monde du travail soit autonome dans toutes les luttes de classe (syndical, politique et idéologique).

Danielle Trannoy, membre du CN, signataire «Pour un manifeste communiste du 21e siècle » le 17/09/2018

Les liens entre agriculture, alimentation et lutte contre la précarité sont indissociables d’une véritable révolution des modes de production et de gestion des « biens communs » : - en passant d’un modèle agricole productiviste à une agriculture agroécologique, respectueuse de l’environnement et de la santé, qui contribue à la lutte contre la pollution et le changement climatique ; - en développant pour cela une logique alternative de « la gestion des biens communs » de l’humanité : l’eau, l’oxygène, le climat, les semences… mais aussi la libre circulation de l’information, des connaissances et du savoir. Cela passe par le partage du droit d’usage, du maintien en bon état de la planète, de la recherche et du développement pour les générations futures. Comme l’ont dit des millions de manifestants le 8 septembre : « Changeons le système, pas le climat ! » Christine Texier

SOUSCRIPTION

Tout versement par chèque ouvre droit à une réduction fiscale de 66% du montant versé. (chèque à l’ordre de ADF PCF 33). Les ressources financières du Parti communiste sont transparentes. Votre don, aussi modeste soit-il, contribuera efficacement à la démocratie, à l’expression et la prise d’initiative du Parti communiste. Cet ensemble sont les éléments majeurs pour continuer notre combat dans l’ambition d’une gauche forte et alternative. Les versements sont à envoyer à la fédération de Gironde du PCF - 15 rue Furtado - 33800 Bordeaux, à l’ordre de l’ADF PCF 33

Les Nouvelles 20 septembre 2018 • 7


CHRONIQUE

CULTURE & SOLIDARITÉ

NOUVELLES IDÉES REÇUES

22 SEPTEMBRE À BÈGLES

Les Nouveaux rendez-vous des Terres-Neuves : un espace festif, de lien et de participation

par Gérard Loustalet Sens www.nir-33.fr Réformateurs et Conservateurs

Le 12 septembre au restaurant Fellini, l’association des Nouveaux rendez-vous des Terres-Neuves à Bègles a réuni acteurs et partenaires pour lancer l’édition 2018 du festival qui fait l’objet d’une belle synergie. Christelle Baudray, présidente de l’association s’est chargée de présenter les remerciements aux très nombreux acteurs et partenaires du festival. « On est dans un quartier qui a beaucoup muté ces dernières années, les habitants, les associations, les organismes publics, les entreprises qui y travaillent s’y côtoient sans forcément se connaître, se reconnaître. Nous avons donc voulu ouvrir un espace festif pour favoriser la rencontre, les synergies et les liens entre toutes ces composantes du quartier, mais aussi faciliter l’accès à la culture. Tout au long de l’année, on travaille étroitement avec toutes les associations et entreprises mais cette année on a pu renforcer la démarche participative auprès des habitants en proposant des

ateliers accompagnés par des artistes dont vous pourrez voir la restitution le 22 septembre après-midi (décollage d’objets volants, ateliers d’ écriture, paroles du quartier, hip hop…). » Expositions, stands associatifs, jeux, ateliers sportifs et artistiques seront toujours proposés avant de laisser place à une soirée de concerts (La Collectore, O’Magreena, Youssef Abado, la Compagnie Mohein et la compagnie Tango nomade) avec buvette et restauration. Christelle Baudrais n’a pas manqué de remercier la fondation Abbé Pierre, le principal financeur de l’événement ainsi que la ville de Bègles pour son soutien financier, matériel, notamment pour la communication avant de passer la parole au maire de la ville, Clément Rossignol. « On peut considérer que le Nouveau rendez-vous des Terres-Neuves s’est déjà implanté dans le paysage béglais, a déclaré l’élu. Je tenais, au nom de toute l’équipe municipale vous féliciter car c’est une belle réussite. Quand on regarde la

richesse, la diversité et la densité du programme de cette 2e édition, on voit que pendant un an, vous n’avez pas chômé. Vous avez réussi à montrer et mobiliser tout ce qu’est ce quartier, ce qu’est Bègles : une alchimie subtile où vient se mélanger d’où on vient et où on va, avec un socle culturel et citoyen fort. » Le maire a rappelé les dernières étapes de la réhabilitation du quartier, en soulignant la présence du principal bailleur, Vilogia, l’arrivée de la cité numérique et le chapiteau dédié à la culture circacienne avant de remercier l’ensemble des services municipaux qui participent à la réussite du festival. Christelle Danglot Pour tout savoir sur le festival, lire notre édition du 30 août ou sur notre site : http://nbso.fr/2018/08/ les-nouveaux-rendez-vous-des-terresneuves-22-septembre-a-begles/

29 SEPTEMBRE À BÈGLES

Une journée festive pour soutenir Moussa, jeune mineur Sénégalais La devise de l’APEIS 1, « solidaires toujours par conviction, jamais par compassion » n’est pas un vain mot. Elle appel à soutenir Moussa, jeune mineur qui risque l’expulsion. Des familles de l’APEIS accueillent, depuis 2 mois, Moussa, un mineur non accompagné qui a été débouté de sa demande de reconnaissance de minorité par le SAEMNA, l’organisme du Conseil Départemental chargé de faire passer les tests. Décision pour laquelle Moussa a fait appel. L’APEIS a rencontré Moussa alors qu’il dormait dehors, l’a hébergé et accompagné pour qu’il puisse avoir une adresse, une couverture maladie (AME), une avocate. Il est hébergé chez plusieurs familles de l’association. Il a été inscrit dans

un organisme pour qu’il puisse bénéficier de cours de français et de mathématiques. Il est également inscrit dans un club de football. Sénégalais d’origine et orphelin de père et de mère, Moussa a quitté très jeune son pays pour marcher jusqu’à nous, traversant plusieurs pays, parcourant à 16 ans des milliers de kilomètres et bravant tous les dangers. Pour que Moussa ne rejoigne pas l’armée invisible de ceux dont on ne veut pas entendre le cri, l’APEIS a fait le choix d’honorer ses valeurs de solidarité, véhiculées depuis la création de l’association, il y a trente ans. C’est le libéralisme qui fait de nous des gens en trop, qui fait qu’il n’y a pas de place pour tout le monde. C’est donc le libéralisme qu’il convient de combattre et non l’immigration.

Les Nouvelles de Bordeaux et du Sud-Ouest S.A.S. au capital de 37 000 euros Associés (à parts égales) : L. Chollon, F. Mellier, S. Laborde, M. Lavallée Directeur de la publication : Frédéric Mellier Abonnement 1 an : 25 euros. Abonnement de soutien : 40 euros Rédaction, composition, impression : S.A.S. Les Nouvelles de Bordeaux et du Sud-Ouest 15, rue Furtado - 33800 BORDEAUX Tél. 05 56 91 45 06 - Fax 05 56 92 61 01 - Annonces légales : annonces@nbso.fr Comptabilité : compta@nbso.fr - Redaction/Proposition d’article : redaction@nbso.fr @nvlbx Les nouvelles de bordeaux nbso.fr Commission paritaire de presse : 0123 C 85932

8 • Les Nouvelles 20 septembre 2018

La vraie richesse est ce que nous sommes, n’en déplaise à nos dirigeants qui confondent être et avoir ; nous ne sommes pas rien. Ces situations ne doivent pas rester dans l’anonymat tant elles révèlent la façon dont est traité l’être humain dans notre société, immigré ou pas, salarié ou chômeur, jeune ou vieux ; les nantis nous assènent que nous sommes trop ceci ou pas assez cela, toujours présumés coupables. Il faut que cela se sache, tout en préservant l’intégrité des personnes concernées. L’APEIS a décidé de mettre en exergue ces actes de solidarité en organisant un après-midi et une soirée festifs au local de l’association, 22 rue du 11 novembre à Bègles, samedi 29 septembre de 14h à 23h. Nous y sommes, toutes et tous, les bienvenus pour faire la connaissance de Moussa, parler de la rentrée sociale et politique, de nos combats dans un cadre convivial et festif. Pour permettre à la solidarité de s’exprimer pleinement, sera lancée une collecte en lien avec d’autres associations. Patrick Gimond, président de l’APEIS Contact : 05 56 49 24 58 1- Association Pour l’emploi, l’Information Et la Solidarité des chômeurs et des précaires

La fonction capitale de l’institution scolaire dans la reproduction des hiérarchies sociales n’a été que tardivement révélée, analysée et reconnue (plus ou moins). Il n’ a cependant pas manqué dans l’histoire de philosophes, pédagogues, psychologues, éducateurs pour s’interroger sur les injustices des systèmes d’enseignement. C’est ainsi que se sont toujours confrontés dans l’histoire de l’éducation les Réformateurs, désireux de faire évoluer l’école, et les Conservateurs, soucieux de son rôle de préservation de l’ordre établi. Les références des uns et des autres sont éclairantes. Les Réformateurs peuvent se réclamer de Montaigne pour qui, par exemple, « savoir par cœur n’est pas savoir : c’est tenir ce qu’on a donné en garde à sa mémoire » (Les Essais, Livre I, Chap. XXVI, Classiques Garnier, Tome I, p. 163), ou Rousseau qui recommande de rendre l’élève « curieux » : « mettez les questions à sa portée et laissez-lui les résoudre. Qu’il ne sache rien parce que vous le lui avez dit, mais parce qu’il a compris lui-même (…). Si jamais vous substituez dans son esprit l’autorité à la raison, il ne raisonnera plus, il ne sera plus que le jouet de l’opinion des autres » (Emile ou de l’éducation, Livre III, Garnier-Flammarion, p.215). Ces préceptes sont parfaitement contraires aux convictions des Conservateurs pour qui le modèle – même s’il n’est pas toujours explicitement revendiqué- reste la pédagogie disciplinaire des Jésuites si bien analysée par Michel Foucault dans Surveiller et punir : autorité, surveillance, compétition, contrôle… Les Réformateurs, c’est le Plan Langevin-Wallon, les pédagogies actives, les mouvements de l’Education nouvelle, le Mouvement de l’école moderne de Célestin et Elise Freinet, le GFEN, tout ce que haïssent les Conservateurs sous le nom supposé infamant de « pédagogisme ». Un cliché rebattu que reprend paresseusement M. Bruno Dive dans Sud-Ouest du 04.09.2018 en parlant des « expériences désastreuses du pédagogisme » ! Il n’en connaît strictement rien mais il en a entendu parler et ça fait partie de l’imaginaire journalistique. Car les Conservateurs ont bonne presse, d’autant plus que leur représentant trône au ministère de l’Education nationale sous le nom de Blanquer. Leurs obsessions sont bien répertoriées par Grégory Chambat dans L’école des réac- publicains (Libertalia, 2016). La principale est sans doute ce qu’ils appellent « l’égalitarisme », en fait l’horreur de l’égalité et le dégoût de ce qui serait une promiscuité sociale conduisant selon eux à l’effondrement du « niveau », la haine de la culture, la dégénérescence du savoir, l’avènement de la tyrannie contre l’évidence des hiérarchies « naturelles » et en fin de compte la décadence de la société, le totalitarisme et la barbarie… Et ce n’est qu’un échantillon ! Comme le disait crûment, en 1935, un certain Emile Bocquillon, futur collabo et déjà antisémite, augmenter la durée de scolarité, c’est « pour mieux bolchéviser le pays » (cité par Grégory Chambat, p.48). Ce qui explique l’affection débordante qu’ont toujours affecté les idéologues de la bourgeoisie pour… l’apprentissage! Ils n’ont jamais accepté le collège unique ni même la prolongation de la scolarité pour tous. Ils n’ont de cesse d’écarter du collège ces élèves stigmatisés qui « font baisser le niveau » et empêcheraient les « meilleurs » de progresser ! Il faudrait revenir au bon vieux temps de l’apprentissage à 14 ans ! L’apprentissage d’un métier manuel n’a bien entendu rien de disqualifiant mais il ne faut pas faire semblant d’ignorer que dans la société capitaliste ce sont des emplois subalternes et généralement faiblement rémunérés. C’est toute l’hypocrisie de ces bourgeois qui jouent la compassion pour ces malheureux élèves qui « s’ennuient » à l’école et qu’il faut au plus vite « mettre au travail », c’est-à-dire livrer à l’exploitation. La stratégie préférée des Conservateurs pour perpétuer la discrimination sociale dans l’institution scolaire va consister à surévaluer les traits les plus clivants de la culture légitime. On pourra en multiplier les exemples, du latin et du grec aux « délires de l’orthographe » selon l’expression de la grande linguiste Nina Catach (Plon, 1989). On affectera de se battre pour le passé simple alors que l’imparfait du subjonctif a disparu sans que personne s’en aperçoive ni que la langue s’en porte plus mal. Et voilà que de dérisoires ayatollahs partent en croisade pour le sauvetage du participe passé ! Sont-ils seulement tous sûrs d ‘en maîtriser la vingtaine de cas d’accord différents ? Exercice : doit-on écrire les feuilles qu’il s’est assemblé ou les feuilles qu’il s’est assemblées ? Quelle est la règle ?


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