Jeudi 27 septembre 2018 - N° 2274 - Hebdomadaire - 15, rue Furtado - 33800 BORDEAUX - Prix : 0,80 euro
PUNCH POUR FORD BLANQUEFORT ?
UN ESPOIR MAIS PAS D’ILLUSIONS
CORINNE VERSIGNY, UD CGT
BORDEAUX
POLITIQUE
Le 9 octobre pour faire retentir les luttes et les revendications
Ils et elles ont marché pour la paix
Les communistes préparent leur congrès
P.3
P.4
P.7
ACTUALITÉ MILITANTISME ET MIXITÉ
PUNCH POUR FORD BLANQUEFORT ?
Ne pas baisser la garde ?
Un espoir mais pas d’illusions
« Elles n’ont aucune leçon à donner à la nouvelle génération, seulement la certitude qu’il ne faut rien lâcher, qu’aucun acquis n’est garanti ». Le ton est donné dans cet édito de Christiane Rouanet qui ouvre le nouvel opus (1) de la revue Aperçus de l’Institut d’histoire sociale CGT d’Aquitaine (IHSA) intitulé « En Aquitaine, la place des femmes dans la CGT ». Elles s’appellent Josette, Christiane, Martine, Lydie, Bernadette… Elles sont une trentaine à témoigner de leur engagement dans leur entreprise et au sein de leur organisation syndicale. Le moins que l’on puisse dire, c’est qu’il leur aura fallu une bonne dose de persévérance pour construire leur parcours militant. L’adversité se nichait évidemment dans les rapports d’exploitation régnant au sein de l’entreprise au même titre que pour leurs homologues masculins, mais également dans la tête même des travailleuses à qui la « bonne éducation » leur aura surtout appris leur rôle de mère ou de salaire d’appoint. Ce que traduit ainsi Maryse Dumas : « sur le théâtre de l’Histoire, les femmes ne sont qu’une ombre légère ! », ou de façon moins poétique, le slogan du MLF en 1970 : « il y a plus inconnu que le Soldat inconnu : sa femme ! ». Les pages de la revue sont ainsi illustrées par des citations d’éminents personnages de l’Histoire (JJ Rousseau, J. Proudhon, Engels, Napoléon 1er…) qui valent leur pesant d’or tant elles paraissent surprenantes aujourd’hui ou qui font preuve d’un certain humour, ou d’une certaine vérité comme celle de Françoise Giroud : « La femme sera vraiment l’égale de l’homme le jour où à un poste important on désignera une femme incompétente ». Si la période ciblée couvre les années 1960 à 2000, et que des progrès notables ont eu lieu depuis, peut-on considérer que la mixité va maintenant de soi ? Est-ce que l’organisation syndicale CGT est exempte d’une reproduction de la domination patriarcale ? De façon construite certainement pas si l’on en juge les efforts menés jusqu’à l’adoption de la charte « égalité dans la CGT » qui sera annexée aux statuts en 2013. Mais qu’en est-il au quotidien ? Christiane Rouanet témoigne des efforts de ses camarades hommes pour la faire accéder à la plus haute responsabilité de l’Union Départementale de Gironde ; mais elle s’interroge également ainsi : « Pourquoi les militants ont-ils autant de mal à considérer que la mixité de la CGT est un objectif qui les concerne ? » Les analyses et témoignages de 30 rédactrices et rédacteurs, la liberté de ton et les approches diverses, forment un ensemble montrant comment les femmes en luttes ont trouvé leur place dans une société et une CGT, en pleine mutation. En ces temps d’accélération du débat sur la place des femmes dans la société, la revue Aperçus de l’IHSA nous propose donc à voir comment cette question progresse dans le milieu militant. Une lecture pour tous. Jean-Jacques Bordes (1) - Le double numéro de la revue est en vente auprès de l’IHSA – Bourse du Travail 44, cours A. Briand 33000 Bordeaux – 05 56 92 88 91
COLLÈGE PORTES-DU-MÉDOC DE PAREMPUYRE
Plaçons la santé au coeur des décisions Communiqué de la Section Portes-du-Médoc du PCF, le 18 septembre. Le Collège Portes-du-Médoc est implanté depuis 1982 dans le centre ville de Parempuyre. Il reçoit 700 élèves. Face à l’accroissement de la population, le Conseil départemental de la Gironde a décidé de le démolir afin d’en construire un nouveau. La démolition-reconstruction sur le site actuel entraînerait un surcoût de 4 millions d’euros et des problèmes de déplacement pour la restauration et les activités sportives des élèves. Le choix s’est porté sur un terrain situé en bordure des vignes du Château Clément-Pichon. Beaucoup de parents d’élèves et de Parempuyriens se sont inquiétés de cette proximité par crainte des épandages de pesticides. Le Conseil départemental réplique que le Château Clément-Pichon, propriété de l’entrepreneur Fayat, pratique l’agriculture raisonnée et que la distance de 50 mètres de l’arrêté préfectoral sera respectée. La section Portes-du-Médoc du Parti Communiste Français considère que de nouvelles études doivent être menées afin de permettre aux futurs collégiens d’échapper à cette pollution agricole que l’on dit raisonnée, terme d’ailleurs totalement vide de sens. Nous espérons que de nouvelles consultations pourront amener à une solution d’avenir, prenant en compte la légitime inquiétude concernant la santé des élèves et du personnel du futur collège. 2 • Les Nouvelles 27 septembre 2018
Plus de 800 manifestants ont défilé dans les rues de Bordeaux, samedi 22 septembre après-midi pour défendre les 900 emplois de Ford et les milliers d’emplois induits. La veille, Bruno Le Maire confirmait aux salariés le projet de reprise par le groupe Belge Punch. « Il y aurait une possibilité de reprise par le groupe Belge Punch pour la fabrication de boîtes de vitesse de traction, sans doute en complémentarité de leur production de Strasbourg », explique l’élu communiste Jacques Padie, alors que le cortège de la manifestation pour défendre l’emploi sur le site de Blanquefort se met en place. « L’État et le Conseil régional sont prêts à suivre financièrement mais Ford bloque. Il ne veut pour l’instant mettre que la moitié de ce qui serait nécessaire. Peut-être qu’il craint la concurrence. C’est pourquoi il est important de lui mettre la pression. Et puis, nous ne savons pas combien de salariés garderont leur emploi. Cette annonce redonne de l’espoir mais on se
méfie, ça reste le capitalisme, on ne sait pas ce qu’ils vont faire. » « Il ne faut pas rêver, Ford ne restera pas sur le site de Blanquefort, ils ont même prévu d’annoncer la fermeture du site à Detroy, lors de la prochaine réunion du groupe, affirme Gilles Penel, syndicaliste CGT et élu communiste. Donc cette possibilité de reprise par Punch redonne de l’espoir pour le site. On n’a pas encore revu les collègues depuis la venue du ministre Bruno Le Maire (vendredi 21 septembre, NDLR). Mais aujourd’hui, ils sont plus mobilisés qu’à la manifestation du 30 juin, ça fait plaisir. Il y avait près de 200 collègues en grève le jour de la réunion sur le PSE (plan social), ils sont à peu près autant aujourd’hui. Le projet de Punch ne concerne pas que la fabrication de boîte de vitesse automatique, il y aurait aussi de l’hybride, c’est intéressant pour l’avenir du site. » La veille de la manifestation, Bruno Le Maire, ministre de l’économie, recevait l’intersyndicale de Ford Aquitaine Industrie (FAI) à la préfecture de
Gironde. Il y confirmait la décision de Ford de partir et le positionnement d’un repreneur, Punch, précisant que les collectivités locales et l’État sont solidaires pour aider à cette reprise. Mais les offres faites par les deux entreprises doivent être améliorées, selon le ministre. Et le fabricant de boîtes de vitesse automatiques Punch « doit préciser son plan de charge et le volume de production » qui s’installerait sur le site girondin. Le ministre a insisté sur la nécessité que Ford prenne ses responsabilités en alimentant le carnet de commande de manière conséquente jusqu’en 2021, ou, à défaut, une participation à l’enveloppe budgétaire de la reprise conséquente. La multinationale américaine aurait tout intérêt à investir, car un plan de licenciements de tous les salariés lui coûterait très cher, note Xavier Ridon de Rue89 Bordeaux (article du 21 septembre). C.D.
LOGEMENT ÉTUDIANT
Des voix s’élèvent pour dénoncer l’inacceptable Les étudiants ont retrouvé le chemin des campus bordelais, un chemin plus ou moins long car comme prévu en cette rentrée, nombreux sont ceux qui n’ont pas pu se loger. Trajets insupportables, abandons, hébergements indignes sont dénoncés tant par les étudiants que les enseignants. Jeudi 20 septembre, une poignée d’étudiants installe des tentes à l’université de Bordeaux, sur le parvis de l’esplanade Bordeaux Montesquieu. Ils ont créé le Collectif mal-logement étudiant bordeaux pour recueillir des témoignages. « Nous voulons impulser un mouvement car nous constatons qu’il y a un gros problème de logement mais chacun est dans son coin, explique Baptiste, étudiant en master de sociologie. Ce n’est pas toujours facile à assumer pour les étudiants alors nous avons créé une page facebook et aujourd’hui nous sommes ici pour rendre le problème visible, proposer de trouver des solutions ensemble, mobiliser. » Parmi les « solutions » envisagées, le collectif pense aux logements que le CROUS garde en réserve pour les urgences. « Nous trouvons qu’il s’agit d’une urgence ». La situation est telle que la vice-présidente à la vie étudiante a fait appel aux enseignants pour héberger, « à l’année ou provisoirement », un-e étudiant-e.
Benoit Granet est enseignant au département Génie civil Construction durable de l’IUT de Bordeaux et élu CGT à la Commission Formation et vie universitaire (CFVU). « Je trouve cet appel pathétique, réagit-il. Au lieu de prendre des mesures avec le CROUS, on en appelle au bon cœur des gens, on se croirait à la sortie de la messe. Il y avait déjà eu un appel à la solidarité des enseignants face à l’urgence de la situation des étudiants sans logement l’année dernière. J’ai l’impression que rien ne s’est passé depuis. J’ai des élèves en difficultés dans leurs études parce qu’ils font 1h45 de trajet en transports en commun depuis Blanquefort. J’ai un autre élève qui vient de Paris. Il est alternant et ses parents peuvent l’aider mais tout ce qu’il a trouvé c’est une location Airbnb à 750 euros les 15 jours. C’est scandaleux, il faut que l’État massacre en impôt ce type de location pour pousser les propriétaires à revenir à de la location classique. Airbnb, c’est un système qui encourage à faire du black. » Même colère et même proposition chez Marc Carrey, enseignant contractuel en communication qui dénonce « une jeunesse qu’on sacrifie pour de l’argent » et en appelle « au peuple de bordeaux » dans un texte qui n’hésite pas à se référer au « J’accuse » de Jean Jaurès ou encore à la participation à la résistance de Chaban Delmas. « Où sont passées les valeurs de notre République : Liberté - Égalité -
Fraternité ? Libre de faire des études … mais sans logement… pas d’études ! Égalité de traitement ? Si tu es étudiant et que tes parents ne gagnent pas au moins quatre fois le montant des loyers et charges, les agences te refoulent… Fraternité ? Je vois beaucoup de studios loués à la semaine… mais juste pour les touristes… lucratif certes ! » L’enseignant a monté un Centre d’Aide pour la Réussite des Étudiants (CARE) au sein du département quand il a constaté que plusieurs étudiants, chaque année, abandonnaient leurs études pour des raisons de souffrance psychologique et/ou de difficultés sociales. « Jusque là, racontet-il, on avait chaque année 2 ou 3 cas d’étudiants qui peinaient à se loger. Là, ce sont des dizaines. J’ai un jeune de Bayonne qui se lève à 4 heures du matin et rentre à 22 heures pour venir à l’IUT. Je reçois une population de 18 à 23 ans. Je constate que les familles ont de moins en moins de possibilités de les aider. Alors les locations Airbnb à 4 fois le prix du marché, ça me sort par les yeux. » L’avidité des propriétaires bordelais exaspère autant Marc Carrey que l’absence de solution politique. À l’annonce par Alain Rousset d’un livre blanc de la région sur le logement étudiant, il commente : « C’est bien qu’on y pense mais 20 000 étudiants supplémentaires, ça pouvait, ça devait s’anticiper. » C.D.
ACTUALITÉ
Editorial
INTERVIEW DE CORINNE VERSIGNY, RESPONSABLE DE L’UD CGT
Le 9 octobre pour faire retentir les luttes et les revendications
Le 9 octobre, la CGT, FO, Solidaires, Sud, la FSU, UNL et l’UNEF appellent à une journée de grève et de manifestation contre la casse sociale et le mépris. Rendezvous est donné à 11h30, place de la République à Bordeaux. Nous avons rencontré Corinne Versigny, secrétaire générale de l’UD CGT à propos de la rentrée sociale et de cette journée de mobilisation. Les Nouvelles. Quel est l’état d’esprit de la CGT en cette rentrée sociale ? Corinne Versigny. L’état d’esprit de la CGT est offensif comme l’est ce qu’on décidé les organisations syndicales pour contrebalancer le modèle de casse sociale que veulent imposer le président, le gouvernement et le patronat. La CGT porte des propositions de nature à combattre le chômage, à reconquérir la Sécu, les droits à la retraite par répartition, à éradiquer la pauvreté. Le plan annoncé par le président de la République sur ce dernier point ne répond pas du tout à la réalité de la situation et aux besoins. Sur 8,5 millions de pauvres en France, 50 % sont des travailleurs. Tous les pauvres ne sont pas sans emploi et on les trouve autant dans le privé que dans le public. Pour lutter contre la pauvreté, il faut le plein emploi de qualité avec la reconnaissance des qualifications, la possibilité de progresser tout au long de sa carrière, l’augmentation des salaires, l’amélioration des conditions de travail. Nous voulons renforcer le statut salarié, ses droits et garanties attachés à la personne, transférable et opposable d’un employeur à un autre, jusqu’à la retraite qui doit être la reconnaissance d’une vie de travail. Mais cela demande avant tout de bannir les logiques de rentabilité. On n’a jamais autant créé de richesses en France par le travail mais elles sont captées par 1 % de la population. La preuve c’est qu’au second trimestre, 50 milliards de dollars ont été versés en dividendes. Des aides sociales aux entreprises, des exonérations, qui ne servent pas à l’emploi mais au capital, l’évasion fiscale qui s’élève cette année encore à 100 milliards, toutes ces richesses dilapidées pour enrichir les plus riches serviraient bien à financer la Sécu et les retraites. Il faut augmenter les pensions pour
les retraités qui plongent de plus en plus dans la pauvreté. Il faut arrêter d’augmenter la CSG. Une revendication importante pour nous, c’est la reconquête d’une industrie respectueuse de l’environnement. Ici, on a le dossier Ford qui pendant des années a perçu des aides, financées avec nos impôts, et n’a jamais investi ni sur l’emploi ni sur la recherche. Il est important pour nous que le site reste et se développe, 900 emplois directs sont concernés et 3 fois plus d’emplois induits. On ne peut pas tolérer que cette usine ferme pour des intérêts financiers. Nous voulons aussi la reconquête des services publics. On voit la situation des hôpitaux dans un état lamentable qui ne sont plus en situation d’accueillir tout le monde et où les personnels souffrent, les nombreuses luttes le montrent. Quand Macron dit qu’il suffit de traverser la route pour trouver un emploi, nous, nous savons que beaucoup de demandeurs d’emploi la traversent pour aller à Pôle emploi mais n’en trouvent jamais. Ou lorsqu’ils en trouvent c’est pour travailler dans des conditions lamentables. Aujourd’hui, l’idée du patronat est de revenir comme au XIXe siècle avec des tâcherons, donc ils déqualifient l’emploi, ils veulent encore plus de flexibilité et les ordonnances Macron le permettent. Les Nouvelles. Le 9 octobre sera une journée de mobilisation intersyndicale. Comment votre organisation prépare cette journée ? C.V. Nous voulons partir des besoins quotidiens et des revendications des salariés dans leurs entreprises, leurs services, parce que cela permet de mobiliser davantage. Même si la question de l’augmentation des salaires se pose globalement, les salariés s’y retrouvent plus si un cahier revendicatif a été construit avec leurs collègues et les organisations syndicales. On est en crise parce que les capitalistes ont dévalorisé le travail, les conditions de travail, le sens du travail. Les logiques de rentabilité conduisent à aller plus vite, à être plus polyvalent et donc au mal-travail, aux accidents, aux troubles musculo-squelettiques, au burn out parfois jusqu’au suicide. Il est donc important de pouvoir collectivement écrire, poser sur une
feuille blanche ce qui dysfonctionne, les différences entre le travail prescrit et le travail réel. Le mouvement intersyndical est là pour coordonner l’ensemble des revendications et des propositions. Un mot d’ordre national ne suffit pas à mobiliser. L’affrontement Capital/Travail est tellement violent qu’on peut penser qu’on n’y arrivera pas. Mais les manifestations de 2016 et 2017, par exemple, n’ont pas eu lieu pour rien. Le mouvement des cheminots a réussi à gagner l’opinion publique, à faire reculer sur la dette et ils ont décidé de poursuivre le mouvement, pour eux mais aussi pour l’intérêt général. Comme dans l’Énergie où le syndicat porte un projet pour un grand service public de l’Énergie. Ce sont des luttes longues, qui demandent beaucoup de pédagogie pour expliquer aux usagers, aux salariés qu’on peut faire autrement. En même temps, dans les boîtes où il y a des luttes, souvent elles sont gagnantes. Je pense qu’on est en train d’installer un climat de résistance, d’indignation et de mobilisation du plus grand nombre. Mais c’est un travail de longue haleine qui demande beaucoup d’engagement militant sur le terrain. Il ne suffit pas que Macron soit en chute libre dans les sondages. C’est important déjà, ça veut dire que ce jeune président ne fait plus recette car les gens ont compris que ce qu’il met en œuvre ce sont de vieilles idées qui n’ont jamais servi le monde du travail. Il faut donc mobiliser, valoriser les luttes et élever le rapport de force sur notre désir de transformation sociale. La prise de conscience dans la population sur le service public me semble aussi importante pour la suite du combat. Il faut regagner de la citoyenneté dans l’entreprise et la cité. C’est là le cœur de notre démarche. Une autre question me paraît importante, c’est celle de la paix et du désarmement et c’est pourquoi nous serons à la marche pour la paix (lire page 4). On ne peut pas tolérer autant de conflits armés dans ce monde, autant d’hommes et de femmes jetés sur des bateaux de fortune et qu’en plus l’Union européenne utilise cette situation à des fins politiques au lieu d’apporter une réponse humaniste. Ce sont les politiques d’austérité qui alimentent la pauvreté, elle–même nourrit les divisions qui profitent aux intérêts capitalistes. La montée des populismes et de l’extrême droite en Europe est inquiétante. Si ces personnes migrent, c’est que dans leurs pays elles n’ont pas de vie satisfaisante et souvent les guerres en sont la cause. Or c’est nous qui vendons les armes, les pays riches sont la cause des migrations. Les peuples doivent s’unir pour faire reculer le capitalisme financier. Propos recueillis par Christelle Danglot
Un congrès du PCF utile à la société La semaine prochaine, les 4, 5 et 6 octobre, les communistes sont appelés à franchir une première étape démocratique de leur congrès : voter dans la section ou à la fédération pour choisir, entre les quatre textes soumis aux communistes, celui qui deviendra « la base commune de discussion » jusqu’au congrès. Une large participation à ce vote sera un indicateur de la force militante du Parti, de sa capacité démocratique, de son exigence d’unité, de son rayonnement à venir. Chaque adhérent-e est à égalité dans ce vote, quel que soit son niveau de responsabilité. À l’heure de la personnalisation outrancière de la vie politique, du culte de l’homme providentiel, de la recherche du coup médiatique, du militantisme du « clavier », les communistes relèvent le défi de l’intelligence collective, du raisonnement, de l’écoute dans la diversité, de la recherche de contenus et d’outils incarnant le communisme dont le XXIe siècle a besoin. Loin d’un entre-soi stérile, ce congrès « doit faire sens pour la société française, redonner de la perspective et de l’espoir », comme le souligne Pierre Laurent. Peut-on avoir d’autres ambitions quand les coups portés par le pouvoir contre notre peuple sont d’une telle violence ? Les mesures budgétaires annoncées cette semaine montrent que Macron n’a pas fini la guerre aux pauvres et classes moyennes ! Peut-on juste nous regarder le nombril quand, dans les quartiers populaires, chez les jeunes ou les ouvriers, la colère, le sentiment de déclassement, conduisent à l’abstention ou au vote Le Pen ? Doit-on simplement pointer nos différences d’approches programmatiques et stratégiques ou mettre en valeur et synergie ce qui nous rassemble, et fait du commun ? Nous appuyons-nous suffisamment sur « ce que nous dit la société » ? Le dernier numéro de la revue Cause commune en dresse un état des lieux, et montre les vastes potentialités des idées communistes. Notamment sur la notion de « biens communs», auxquels 58 % des Français se déclarent attachés. N’a-t-on pas là des leviers confortant le bien-fondé de nos batailles locales pour la gestion publique de l’eau métropolitaine, de la gratuité des transports, de la création d’un service public de l’habitat, du maintien de nos bureaux de Poste et services hospitaliers en zone rurale ? Nous sommes donc attendus. Le succès de la Fête de l’Huma comme ceux de chacune de nos rencontres de proximité le montrent. À nous de ne pas décevoir. Emploi, logement, santé, pouvoir d’achat, retraites, école, services publics, droits des femmes, révolution numérique, migrants, Palestine… saurons-nous initier des mobilisations populaires et faire bouger l’ordre établi ? Saurons-nous, par exemple, mettre en musique notre « écommunisme » mariant la survie de la planète et le progrès social ? Autant de questions qui font partie des enjeux de ce congrès. Première étape : voter les 4,5,6 octobre.
Vincent Maurin membre de l’exécutif du PCF 33
Les Nouvelles 27 septembre 2018 • 3
ACTUALITÉ BORDEAUX
COMITÉ DE DÉFENSE DE ROBERT PICQUÉ
Ils et elles ont marché pour la paix
Assemblée générale le 10 octobre Le Comité Robert Picqué informe qu’il se réunira en Assemblée générale le 10 octobre 2018 à partir de 18h30 à la salle de Mussonville à Bègles. À l’ordre du jour : les suites à donner et les propositions d’actions, le compte-rendu avec l’Association Riho (votation citoyenne et juridique) et questions diverses.
MIGRANTS
Une soirée autour de l’accueil solidaire
Bien que la journée internationale de marche pour la paix se déroule le 21 septembre, c’est samedi 22 septembre qu’à Bordeaux, plusieurs organisations avaient appelé à une marche à l’initiative du Mouvement de la paix. Quelques dizaines de militant-e-s et citoyen-ne-s se sont rassemblés sur le Parvis des droits de l’Homme, en fin de matinée samedi 22 septembre à Bordeaux. « Lorsque la guerre se développe, lorsque la paix est menacée. Il est urgent que les peuples expriment de manière forte et déterminée leur aspiration à vivre dans un monde de paix, de justice, de solidarité, de fraternité basée sur le respect de la réalisation de tous les droits humains ». C’est en ces termes et dans le cadre de la journée internationale de la paix que 153 organisations ont lancé un appel collectif national relayé en Gironde a rappelé Antoinette Martinez, de l’Appel des cents pour la paix. Plus de 100 initiatives ont eu lieu en France, 60 marches et actions publiques, la journée internationale de la paix a été observée partout dans le monde le 21 septembre. La militante pacifiste a appelé à adresser « des milliers de pétitions pour que la France ratifie le traité d’ interdiction des armes nucléaires » et inviter « notre président de la République à s’ôter la bombe du crâne ». « Nous sommes scandalisés des décisions prises en France et dans le monde pour consacrer des dépenses à la production de nouvelles armes nucléaires, inconciliables avec une culture de paix, renchérit Nicole Lavallée du Mouvement de la paix. Le 7 juillet 2017, lors de l’Assemblée des nations unies, 122 pays sur 192 ont approuvé le traité d’ interdiction des armes nucléaires qui n’a pas été ratifié par le France. Le 10 décembre 2017, la campagne internationale pour l’inter-
diction des armes nucléaires, à laquelle participe le Mouvement de la paix, recevait le prix Nobel de la paix. Si le monde résonne du bruit des armes, des résistances s’organisent partout dans le monde. Dans ce monde calamiteux, les raisons d’espérer sont quand même nombreuses. » Tous les intervenants évoquent les populations jetées sur les routes par les guerres, les conflits et parallèlement « la montée des propos xénophobes et racistes, l’élection en Europe de dirigeants éloignés des valeurs de la culture et de la paix ». Mais il « n’y a aucune fatalité dans la multiplication des conflits, rappelle Régis Saphore de l’ARAC. Elle est la résultante d’une conception de la société fondée sur la mise en concurrence, la domination, les inégalités, les servitudes des uns pour assurer les plus riches au pouvoir. » Le responsable départemental de l’association d’ancien combattants appelle à « redonner tout son rôle à la Charte des Nations unies de 1945 », à « exiger le respect du droit international et la Charte des Nations unies », au retrait de la France de l’OTAN, et « qu’elle agisse pour sa dissolution ». La situation de la Palestine et les violences que subit son peuple sont aussi dans tous les esprits. Patrick Serres, responsable de Palestine 33, rappelle qu’Israël est la puissance nucléaire de ce secteur géographique. « Israël, avec sa politique de colonisation des terres palestiniennes, d’expulsion et de violences envers les Palestiniens, possède plus de 100 têtes nucléaires. C’est un facteur de surarmement dans cette région. » Il reproche à la France d’être « aliénée à la politique coloniale israélienne », rappelle que le droit de véto à l’ONU verrouille toute possibilité d’aller vers la paix et désigne l’OTAN comme « fauteur de surarmement et de tensions permanentes ». Les marcheurs se dirigent vers le Grand théâtre. Lors d’une halte place Gambetta, c’est Sébastien
4 • Les Nouvelles 27 septembre 2018
Laborde, secrétaire départemental du PCF qui prend la parole. « Nous sommes révoltés face à l’augmentation incessante des dépenses militaires qui sont passées de 1144 milliards de dollars en 2001 à 1739 milliards en 2017 et favorisent un commerce des armes immoral et dangereux, alors que le budget des Nations unies pour les opérations de paix est de seulement 8,7 milliards et que la lutte contre le réchauffement climatique nécessite des moyens importants ». Les communistes proposent, en lieu et place des stratégies d’alliances, d’opter pour des logiques de partenariats avec la mise en route d’un processus multilatéral de sortie et de dissolution de l’OTAN au profit de la création d’espaces communs de coopération et de sécurité collective, « pour que la France redevienne une grande voix pacifique dans le monde ». « Dans un contexte de capitalisme mondialisé qui crée des guerres partout dans le monde, et tourne les peuples les uns contre les autres pour des intérêts économiques du plus petit nombre, poursuit le jeune communiste Théo Kececioglu, nous avons besoin de paix, plus que jamais, et d’appeler au soutien des peuples qui se battent tous les jours pour leur liberté et pour que leurs droits humains soient respectés. Je parle en particulier des Kurdes, des Sahraouis, des Palestiniens ». Le mouvement des jeunes communistes de France revendique la libération de tous les prisonniers politiques, et en particulier celle de Salah Hamouri, avocat franco palestinien en détention administrative depuis le 23 août 2017. Corinne Versigny, responsable de l’Union départementale CGT a clos les interventions devant le Grand Théâtre pour rappeler l’engagement de la CGT dans le mouvement pour la paix (lire pages 3 et 5). C.D.
Plusieurs associations et mouvement ayant pris en charge l’accueil solidaire de migrants en Gironde étaient réunis au cinéma l’Utopia de Bordeaux, mercredi 19 septembre, pour un échange après la projection de Fortuna. Le mouvement Bienvenue-mobilisation pour les réfugiés, la Cimade, la Ruche, Ovale citoyen, Hébergeurs solidaires, RESF, Collectif solidarité réfugiés 33, AREVE (Val de l’Eyre) et de nombreuses familles accueillantes se sont retrouvés à l’Utopia pour la projection de Fortuna, un film de Germinal Roaux. Filmé dans un noir et blanc particulièrement expressif, le récit se campe dans un monastère suisse perdu dans les montagnes. Fortuna, jeune érythréenne, est rescapée d’une mer Méditerranée meurtrière malgré elle, et le monastère est devenu son refuge. La petite communauté religieuse a décidé de porter assistance à ceux qui échouent à ses portes mais rien n’est simple. Quand la police débarque, tous s’affolent, se tassent sur eux-mêmes ou se révoltent. Alors que chaque réfugié finit par se plier aux solutions envisagées, Fortuna, mineure, refuse tout en bloc et s’accroche au monastère comme une moule à son rocher. Il faudra des trésors de patience pour qu’elle accepte de dévoiler sa vérité, complexe, à côté de laquelle chacun, bien qu’attentif et bienveillant était passé. Cette situation interpelle Gus de La Ruche. Peut-être qu’accueillir ne suffit pas, qu’il faut être vigilant à bien accueillir, de ne pas, à vouloir trop bien faire, décider pour les personnes accueillies. Dans la salle, l’interpellation plane et restera sans doute dans les esprits mais l’urgence est encore à accueillir, et toute la soirée Bernie, de Bienvenue, diffuse des messages en ce sens pour les spectateurs qui pourraient à leur tour accueillir un-e migrant-e, une famille, puisqu’il en reste encore tant à la rue. Un monsieur de 82 ans témoigne
tout simplement de la façon dont cet accueil est devenu pour lui un échange de service. « À mon âge, c’est bien d’avoir un coup de main à la maison et il me semble que la réciprocité, c’est mieux pour la dignité ». Thomas est migrant. Il raconte son parcours avec l’AREVE, l’hébergement dans une famille différente chaque semaine jusqu’à ce qu’une le prenne en charge il y a 9 mois, la Cimade qui l’a sorti de centre de rétention, la demande d’asile enfin possible en France bien qu’il soit « dubliné ». À Ovale citoyen, on continue à croire à l’insertion des joueurs. Jean-François est d’ailleurs fier d’annoncer qu’il y a maintenant une permanence « coiffure » les soirs d’entraînement, la distribution de kits d’hygiène et surtout qu’une équipe féminine va être constituée avec, déjà une coach dédiée. Du côté de la Ruche, les nouvelles ne sont pas toutes bonnes. Depuis la fermeture du squat en août, quasiment tous les jeunes ont été pris en charge, comme s’y étaient engagées les autorités. Mais aujourd’hui, ils sont inquiets des conditions dans lesquels certains sont hébergés dans des foyers Emmaüs et devaient rencontrer la direction de la structure à ce sujet. La solidarité concrète est plus que jamais nécessaire, mettre sous protection est nécessaire mais comment rendre visible la situation de ces jeunes, de ces hommes et ces femmes jeté-e-s sur les routes pour finir dans nos rues, sous nos ponts ? Interroget-on de la salle. Les États généraux de l’immigration, rappelle Bernie, poursuivent leur mobilisation pour construire une autre politique migratoire et leur travail sur le livre noir de l’accueil en Gironde. Les dernières initiatives ont remporté un certain succès mais la situation mériterait une réponse collective de grande ampleur. C.D.
ACTUALITÉ UNION DÉPARTEMENTALE CGT
76e Anniversaire de la fusillade du 21 septembre 1942
L’UD CGT rendait hommage, vendredi, aux fusillés du 21 septembre 1942 dont les noms s’égrènent à la Bourse du Travail pour honorer le courage et aussi rappeler qu’il faut toujours rester en alerte… Corinne Versigny, Secrétaire Générale de l’Union Départementale CGT, a rappelé les circonstances de cette fusillade. Le 17 septembre 1942, un attentat est réalisé dans un cinéma
parisien réservé aux troupes d’occupation, 2 morts. N’ayant pas assez d’otages à Paris, les nazis se tournent vers Bordeaux où la police vichyste a rempli les prisons. 70 résistants sont fusillés au camp de Souge. Une cinquantaine d’entre eux étaient des militants syndicaux : 25 de la SNCASO, 11 de l’AÏA, 3 des établissements de la métallurgie de la gironde, 2 de la CENPA, 4 des chantiers de la gironde, un des PTT, un des garages, 2 du
bois, un de la construction et un des cheminots. Après être revenue sur les débuts de la guerre, elle a rappelé l’interdiction des confédérations syndicales par le régime de Vichy le 16 août. Le PCF interdit depuis septembre 1939, la CGT entre dans la clandestinité. Si gouvernement et patronat ont collaboré, ce n’était pas par erreur, mais par conviction, par idéologie précise Corinne Versigny. Pétain promulgue lois et décrets exigeant que les fonctionnaires nés de père étranger soient exclus de la fonction publique ainsi que ceux suspects d’être hostiles au régime. Vichy rassemble tout ce que le pays compte d’ennemis héréditaires de la République, d’antidreyfusards, de cagoulards, réactionnaires, anticommunistes. Le grand patronat voit dans Pétain son messie. Le monde est plongé dans le plus vaste conflit armé que l’humanité ait connu, 100 millions de combattants et 62 millions de morts.
Malgré la répression, des hommes et des femmes sont entrés en résistance. Dans les usines naissent les comités populaires et les premiers sabotages. La CGT réunifiée dans la clandestinité prend toute sa place dans la Résistance et participe pleinement au Programme National de la Résistance adopté le 15 mars 1944. Dans la douleur, l’effroi, des militants se sont tournés vers l’avenir, l’espoir de jours meilleurs, construit un modèle social combattant les inégalités. Corinne Versigny a appelé à redoubler de vigilance et à s’engager pour la paix et le désarmement, un monde plus juste et égalitaire en combattant le
racisme et les idées d’extrême droite. Elle a rappelé les conflits armés, les guerres économiques générés par le système capitaliste jetant des milliers d’enfants, de femmes et d’hommes sur des bateaux de fortune. Elle a dénoncé cette Europe mal construite du fait des politiques d’austérité, du néolibéralisme qui détruit la solidarité sociale. Les idées d’extrême droite gangrène l’Europe, en Allemagne, Autriche, Italie, Suède. Elle a appelé à rester en alerte car le ventre est toujours fécond d’où est surgit la bête immonde.
Prochain événement :
- Vernissage de l’exposition « On a tous en nous quelque chose de Madiba ».
Pierre Bordas
CENTENAIRE DE NELSON MANDELA
Quand la Gironde luttait contre l’apartheid
Mardi 18 septembre, coup d’envoi du Centenaire de Nelson Mandela initié par l’association Mémoire et Partage, était inaugurée l’exposition « On a tous en nous quelque chose de Madiba ». L’occasion de rappeler quelques épisodes bordelais de la lutte contre l’apartheid et pour la libération de Nelson Mandela. Le public était au rendez-vous de ce lancement du centenaire de la naissance de Nelson Mandela. Avec les maires de Bassens, Jean-Pierre Turon, de Carbon Blanc, Alain Turby, et le Consul général du Sénégal en France, Abdourahmane Koita, hommage a été rendu au chef historique de l’African National Congress (ANC) qui passa plus de vingt-sept ans en prison avant de pouvoir faire entendre la voix des Noirs en Afrique du Sud. Mais il a surtout été question de la solidarité girondine avec cette figure internationale et son combat contre le racisme. C’est d’ailleurs ce que retrace l’exposition présentée à la médiathèque de Bassens pendant une semaine, avec visites guidées pour les scolaires et une projectiondébat sur la vie de Mandela vendredi 21 septembre. Celle-ci poursuivra son
chemin dans les villes partenaires. « Si les Bordelais s’engagent, militent et combattent le régime d’apartheid qui est quand même assez éloigné de leurs préoccupations, cela témoigne bien d’une certaine conscience que ce type d’événement permet de valoriser », explique Karfa Diallo, responsable de l’association Mémoire et Partage. Il rappelle qu’en 1985, le barreau de Bordeaux délivre le prix Ludovic Trarieux, récompensant des personnes engagées pour la liberté, à Nelson Mandela toujours emprisonné. C’est sa fille qui vient recueillir le prix à Bordeaux, contournant tous les obstacles mis en place par Pretoria. L’avocat bordelais, Bertrand Favreau, lui remet le prix. Il est aujourd’hui l’un des parrains du Centenaire Nelson Mandela et un des grands témoins de la « Plaidoirie contre le racisme » qui se déroulera dimanche 4 novembre à Darwin. En 1986, l’ancien maire de Bègles, Bernard Moncla, fait de Nelson Mandela le citoyen d’honneur de la ville et la commune devient ainsi l’une des premières en France à entrer dans la lutte internationale contre l’apartheid. Une conférence-débat y aura lieu le 26 octobre au centre social et culturel de l’Estey avec Xavier Lagorce,
historien et spécialiste du rugby, Me Bertrand Favreau, ancien bâtonnier de l’Ordre des avocats, Clément Rossignol, maire de Bègles et Vincent Maurin, militant communiste antiapartheid de la première heure. Ce dernier était membre de la Jeunesse communiste en 1985 et a participé à l’organisation des toutes premières manifestations anti-apartheid et pour la libération de Nelson Mandela. « La France a été un des derniers grands pays à continuer à soutenir le régime d’Afrique du Sud, rappelle-t-il. Nous avons interpelé les autorités locales et nationales pour que la France joue son rôle en terme de boycott de l’Afrique du Sud. Je me rappelle encore être intervenu auprès du préfet de la Gironde pour que le club de rugby de Bègles, le CABBG, ne recrute pas de joueur sud-africain. Je me souviens aussi avoir été de ceux qui prenaient des risques pour peindre “Libérez Mandela !” sur les rebords des ponts de la rocade de Bordeaux. Cela peut paraître anecdotique mais c’était très fort car il fallait absolument mobiliser l’opinion bordelaise. Rappelez-vous qu’à cette époque, seul à peu près 3 % de la population connaissait Mandela comme prisonnier politique. » Des anciens syndicalistes du port témoignent aussi des déchargements d’oranges en provenance d’Afrique du Sud qu’ils bloquaient dans le cadre du boycott. Autant de souvenir de la part bordelaise dans cette grande campagne populaire, internationale qui a permis la libération de Nelson Mandela et la chute du régime d’apartheid. C.D.
6 octobre à 11h à Cenon, hommage solennel au Centre de Prévention et de Loisirs des Jeunes (CPLJ), Nelson Mandela (5 Avenue Jean-Zay, 33150 Cenon) : - Dévoilement de plaque commémorative du Centenaire.
- Réalisation d’un portrait par l’artiste Youssey Zeidal. - Lectures de textes par les jeunes du CPLJ.
POUR UNE PAIX JUSTE ENTRE ISRAËL ET LA PALESTINE
Les partisans ne désarment pas
« Le gouvernement considère que les critères de droit international pour la reconnaissance de l’État de Palestine sont remplis : il y a un territoire, une population et un gouvernement ». C’est sur ces bases que la Suède vient de reconnaître l’État palestinien. Elle est le seul état de l’Union européenne à l’avoir fait à ce jour alors que plus de 130 pays dans le Monde ont déjà sauté le pas. La trentaine de militants de la cause palestinienne rassemblés ce vendredi 21 septembre sur la place de la Victoire à Bordeaux voulaient considérer que la mobilisation internationale faisait son œuvre petit à petit. Trop lentement, certes, mais le message de la jeune palestinienne Ahed Tamini
– venue à la fête de l’Humanité dire l’épuisement de la population face l’occupation insupportable de son pays mais également à quel point ces manifestations de soutien ont de la résonnance à Gaza – sonnait comme un signe d’encouragement à ne pas baisser les bras. Car il y a d’autres Ahed Tamini en prison, ce que rappelaient les collectifs pour la libération de Salah Hamouri et George Abdallah. Prochain rendez-vous le 28 octobre à 10h au cinéma Utopia de Bordeaux pour la projection débat du documentaire sur Razan el Najjar, la jeune infirmière palestinienne tuée par l’armée israélienne.
Les Nouvelles 27 septembre 2018 • 5
INTERNATIONAL MIGRATIONS
L’UE cherche des cerbères en Afrique du Nord Lors du sommet informel de Salzbourg, hier, les Vingt-Huit ont confirmé leur volonté de soustraiter le contrôle des migrants aux pays de la rive sud de la Méditerranée. D’après l’OIM, l’organisme onusien chargé des migrations, 95 710 entrées de migrants étaient enregistrées dans l’Union européenne au 16 septembre, pour cette année, dont 77 555 par la mer. C’est plus de quatre fois moins qu’en 2016. Mais qu’importe, le fantasme de submersion imprègne
jusqu’au discours de ceux qui prétendent adopter, sur ce terrain, une posture « progressiste ». Lors du sommet informel des VingtHuit, qui s’achevait hier à Salzbourg, la question migratoire a davantage occupé les chefs d’État et de gouvernement que la phase finale du Brexit. Avec une hantise : accélérer l’externalisation des frontières de l’Europe vers la rive sud de la Méditerranée, et sous-traiter le sale boulot de contrôle et de tri des migrants aux pays d’Afrique du Nord. Pour contourner les réticences des pays du
Maghreb, hostiles à l’installation, en terre africaine, de « hot spots » – des centres fermés, sous contrôle européen, chargés d’enregistrer les exilés et de trier demandeurs d’asile et réfugiés économiques –, l’UE joue désormais la carte de l’Égypte – plus éloignée des côtes européennes – et celle de la Ligue arabe. Objectif, multiplier avec les pays de la rive sud des accords sur le modèle de ceux déjà conclus avec la Turquie et la Libye. Deux pays qui bloquent les départs depuis leurs côtes en contrepartie de généreuses subventions européennes.
NUCLÉAIRE
Des armes ou désarmement ? Telle est la question
Une logique d’externalisation
Lors du sommet de Salzbourg, le président du Conseil européen, Donald Tusk, a plaidé pour des « efforts d’intensification de la coopération avec les pays d’Afrique du Nord », avant d’évoquer « l’organisation d’un sommet entre l’UE et la Ligue arabe, en Égypte, en février ». Et d’insister : « Malgré les discours agressifs, les choses avancent dans la bonne direction, principalement parce que nous nous concentrons sur le contrôle des frontières externes et la coopération avec les pays tiers. » Derrière les petites fâcheries de circonstance et la mise en scène d’une fracture entre partisans d’une plus grande « solidarité européenne », dont la France serait le chef de file, et les tenants d’une ligne souverainiste « dure », comme la Hongrie, l’Autriche et l’Italie, tous s’alignent sur cette logique d’externalisation des frontières, d’ailleurs inscrite dans le traité de Lisbonne. Celui-ci prévoit « le partenariat et la coopération avec les pays tiers pour gérer le flux de personnes demandant l’asile ». C’est bien cette disposition qui conduit l’UE et les États membres à piétiner ce droit fondamental, à se décharger de leur devoir de protection sur des pays tiers, et à imposer la constitution
de camps hors de leurs frontières. Personne ne s’oppose, par ailleurs, à la proposition de la Commission européenne de renforcer les effectifs et les moyens de l’Agence européenne des gardes-frontières et des gardes-côtes (Frontex), qui pourrait intervenir hors des frontières de l’UE, jusque dans les pays de transit, et jouer un rôle plus actif dans les expulsions de migrants. L’Égypte, présentée comme un modèle d’« efficacité » par le chancelier autrichien, Sebastian Kurz, pour avoir « réussi, depuis 2016, à empêcher tout départ de migrants » par voie de mer, confirme la tenue prochaine d’un sommet UE-Ligue arabe. Mais « le sommet proposé aborde toutes les questions de coopération arabo-européenne et ne se limite pas au sujet de l’immigration comme cela se dit », précise le ministère égyptien des Affaires étrangères. Fin de non-recevoir ? En juillet, Le Caire, Tunis et Alger refusaient d’ouvrir, pour le compte de l’UE, des camps de tri, pas plus que des « plateformes régionales de débarquement » de réfugiés secourus en mer. Rosa Moussaoui, l’Humanité du 21/09/2018
CORÉES Le monde résonne du bruit des armes. À la guerre s’ajoute toujours la guerre. De timides avancées dans le monde montrent pourtant qu’il est possible de faire autrement. Des dizaines de manifestations appelaient à la paix le week-end dernier.
Les politiques de non-prolifération ou d’interdiction des armes nucléaires ou autres dans le monde se heurtent à des logiques capitalistes industrielles, sociales et étatiques contradictoires. Dès lors que l’on parle de désarmement dans le monde, un parfum de douce schizophrénie semble flotter dans l’air de nos hautes sphères dirigeantes. Pour la dénucléarisation des armes par exemple, nul ne peut nier que des avancées ont eu lieu ces dix-huit derniers mois sur le champ diplomatique. Le 7 juillet 2017, lors de l’Assemblée générale des Nations unies, 122 pays sur 192 ont ainsi approuvé le traité historique sur l’interdiction des armes nucléaires (Tian). Dans la foulée, le 10 décembre de la même année, l’Ican, la Campagne internationale pour l’abolition des armes nucléaires – dont le Mouvement de la paix, le PCF et la CGT sont membres – recevait le prix Nobel de la paix. La France, Emmanuel Macron en tête, se gargarisait de cette belle victoire avant de vite passer à autre chose. L’oreille droite du président français étant plus attentive aux exigences de Donald Trump réclamant aux membres de l’Otan, dont la France, qu’ils financent leurs efforts de guerre à 2 % du PIB. Aussi la question se pose : à l’image
du traité de non-prolifération des armes nucléaires (TNP) signé en 1968, le Tian ne risque-t-il pas de connaître les mêmes difficultés que son ancêtre dans sa mise en œuvre ? Depuis 1968, Israël, l’Inde et le Pakistan – qui, certes, ne sont pas signataires du traité – ont respectivement acquis dans leur arsenal de 70 à 80, de 130 à 140 et de 140 à 150 bombes atomiques ! La Corée du Nord, qui a signé en 1985 puis s’est retirée en 2003, posséderait une vingtaine de têtes nucléaires. Seule bonne nouvelle : le désarmement progressif des deux géants de la guerre froide, la Russie et les États-Unis, malgré des chiffres difficilement vérifiables. La France promeut la paix au Moyen-Orient… et y vend des armes pour 3,9 milliards d’euros
Aussi qu’attendre aujourd’hui du Tian ? Paris, qui a signé ce traité, reste empêtré dans ses contradictions, coincé entre ses impératifs moraux et économiques. Quelques mois après avoir signé le traité, la France a décidé, dans sa nouvelle loi de programmation militaire 2019-2025 (37 milliards contre 23,3 milliards d’euros), d’augmenter de 60 % son budget lié à la dissuasion nucléaire. Cette schizophrénie prend sa source dans un système capitaliste mondialisé aux injonctions contradictoires dévastatrices. Exemple : la France
6 • Les Nouvelles 27 septembre 2018
promeut la paix au Moyen-Orient, à la tribune de l’ONU… 60 % de ses ventes d’armes, soit 3,9 milliards d’euros, sont allés dans cette région l’an dernier. Autre cas d’école observé en Espagne la semaine passée. Vingtquatre heures après avoir annoncé qu’il ne livrerait pas les 400 bombes à tête téléguidée que l’Arabie saoudite lui avait achetées – informé qu’un tir de missile de la coalition arabe au Yémen avait tué des dizaines de civils dont des enfants –, le gouvernement socialiste espagnol a fait machine arrière, en raison des menaces de la monarchie wahhabite d’annuler une commande de cinq corvettes fabriquées par Navantia, en Andalousie. Soit 6 000 emplois en jeu. On aurait tort cependant de ne considérer ce grand marché qu’à l’aune du commerce. Dans ce grand jeu mondial de domination, la géopolitique se dessine par la force. Chacun joue ses pions ici où là. Les alliances sont à géométrie variable. Qu’il s’agisse de la Syrie, de la Turquie, de l’Iran, de l’Irak ou de l’Afghanistan et aussi, bien sûr, du continent africain où la France, notamment, se veut toujours le gendarme. Les grands absents ? Les peuples du monde, hachés menu par ces politiques dévastatrices. Stéphane Aubouard et Pierre Barbancey, l’Humanité du 21/09/2018
En finir avec le dernier vestige de la guerre froide Il y a un an à peine, la guerre semblait imminente en Corée. Pourtant, à la faveur de la main tendue par Kim Jong-un lors de ses vœux du premier de l’An, les mois qui viennent de s’écouler ont, pas à pas, laissé place à des initiatives historiques. D’un rapprochement qui a d’abord concerné les athlètes du Nord et du Sud lors des jeux Olympiques, le sommet de Panmunjeom, qui a réuni Kim Jong-un et Moon Jae-in en avril, a accouché d’une déclaration essentielle sur le désarmement et la dénucléarisation des deux pays. Lors de leur troisième rencontre, cette semaine à Pyongyang, les
deux dirigeants se sont accordés sur l’élaboration d’un calendrier de désarmement, de coopération économique et de développement des connexions terrestres. Donald Trump a, à cet égard, salué des « progrès extraordinaires ». Pour que le processus ne reste pas lettre morte, il faudra cependant que le président américain donne, lui aussi, des gages en matière de dénucléarisation et de levée des sanctions. Car, soixantehuit ans après le début de la guerre de Corée, la confiance reste à rétablir. Lina Sankari, l’Humanité du 21/09/2018
ÉTHIOPIE/ÉRYTHRÉE
La paix en ébullition dans la Corne de l’Afrique Bien malin qui, en janvier de cette année, aurait parié – après vingt ans de guerre tiède – sur une paix entre l’Éthiopie et l’Érythrée. L’arrivée au pouvoir en avril du jeune premier ministre éthiopien, Abiy Ahmed, a pourtant rebattu les cartes de l’histoire. Dès juillet, les liaisons aériennes entre Asmara et AddisAbeba sont rétablies ; fin août, un navire commerçant battant pavillon éthiopien entre dans un port érythréen. Entre-temps, les ambassades des deux pays sont rouvertes,
tandis que des rencontres officielles émaillent l’été des deux chefs d’État. Un accord de paix naît de cette séquence vertueuse qui contamine bientôt le reste de la Corne. Début septembre, le président érythréen, Isaias Afwerki, connu pour avoir financé les islamistes shebabs en Somalie, renoue le contact avec la Somalie et Djibouti. Entre ces trois pays aussi, le dialogue a repris. S. A., l’Humanité du 21/09/2018
PCF DIRECTIONS
VENTE SOLIDAIRE DE FRUITS ET LÉGUMES
Améliorer le fonctionnement et la représentativité
Le juste prix et la qualité
Les objectifs fixés par notre parti nécessitent une refonte complète des articles de ses statuts du parti concernant les directions de la cellule au national. Entre deux congrès, le nombre de participants aux réunions s’érode (santé, découragement, difficultés familiales ou professionnelles…). Nous voulons plus de femmes et de militant-e-s en activité professionnelle participant aux directions et exécutifs, arriver à une véritable parité : dans la durée comme dans la pratique quotidienne. Une solution avancée par le texte « Le communisme est la question du XXIe siècle » est le binôme paritaire. Après de nombreuses années de pratique militante cela me semble insuffisant. Le binôme générationnel, risque de créer une hiérarchie. Dans notre section, nous fonctionnons en bureau « collectif ». Les trois cellules sont représentées, cela assure le lien bureau de section-cellules. Cependant, selon les statuts actuels du parti, seules les deux déléguées élues au précèdent congrès33 peuvent siéger au niveau fédéral. Nous aurions pu avoir besoin qu’un membre quelconque du bureau puisse siéger. En cas d’absence, il y a
difficulté à répercuter ce qui se passe dans la section (moral des troupes, initiatives, etc.), ou, à l’inverse ce qui se passe au niveau fédéral (débats, décisions prises, etc.) Au niveau régional, une organisation statutaire est de plus en plus nécessaire. Son absence (la Nouvelle Aquitaine compte désormais 11 départements !) provoque une absence totale de débats, rencontres, etc. Lorsque les élections approchent (programme, liste, etc.) tout est à faire dans la précipitation. Au niveau inter-communal ou métropolitain, les difficultés semblent différentes, surtout si le lien élusdirections de proximité existe : il est souhaitable que les élus participent aux instances de décision et à la communication (journal, tract, etc.). Bien sûr, il y a un problème de disponibilité qu’il faut prendre en compte. Au moment des élections municipales (et autres), un ou des membres des directions peuvent être élu-s et donc moins disponible-s, une souplesse est donc nécessaire dans la composition des directions.
talité », au niveau des fédérations et des régions, cela permettrait à des militants et « autres » de s’investir dans un domaine qui les motive particulièrement. Par exemple, en Nouvelle Aquitaine, une Commission Transports Publics semble nécessaire. 2) De la cellule au national : ordres du jour des réunions envoyés en amont et comptes-rendus, seraient établis et communiqués aux adhérents par les directions de proximité ou par le secteur Vie du Parti. 3) Pour les élections des directions et des exécutifs : élaboration de listes paritaires comportant un-e titulaire + un-e suppléant-e de la même section ou de la même fédé ou de la même région.
Nicole Veylit Bureau de section Rives de Dordogne, cellule de Branne. Élue municipale et d’ agglomération.
En conclusion : 1) Les commissions existant au niveau national auraient un relai systématique, créant de « l’horizon-
Cette vente solidaire organisée par le PCF en Gironde en coopération avec les agriculteurs Lot et garonnais du Modef (Mouvement de Défense des Exploitants Familiaux) aura lieu à partir du vendredi 12 jusqu’au 16 octobre dans 6 communes de la métropole (Bordeaux, Bègles, Villenave d’Ornon, Bruges et Mérignac). Dates, lieux et horaires à venir. JOURNÉES PARLEMENTAIRES
Les élus communistes élaborent des contre-projets Aux cours de journée parlementaires les députés et sénateurs communistes ont aiguisé ensemble leurs armes pour faire face aux lois préparées par Macron. Ces journées parlementaires sont l’occasion pour les députés et sénateurs communistes de balayer toutes les lois à venir et d’additionner leurs forces. Pour préparer aussi des contre-projets, tous se sont retrouvés les 20 et 21 septembre au Tréport (Seine-Maritime). Les élus ont notamment travaillé jeudi matin sur la bataille des retraites. « Le gouvernement ne dit pas qui seront les perdants. Il ne dit pas qu’une baisse des pensions est programmée et que l’âge de départ sera repoussé. Il y a une forme d’opacité », prévient le député Pierre Dharréville. Une forme de duperie aussi, comme l’explique Sylvie Durand, spécialiste des retraites pour la CGT. « Macron dit vouloir le même droit pour tous. Mais quel droit si c’est pour une pension indigente ? » expose l’invitée, qui fait voler en éclats « le principe d’égalité » vendu par l’exécutif. Les bas salaires, les femmes qui sont moins payées que les hommes, et ceux dont l’espérance de vie est sous la moyenne seront tous désavantagés par cette réforme. « Le régime par points peut être vertueux. Mais il devient redoutable dès lors que le prix d’acquisition du point n’est pas indexé sur le salaire moyen et le pouvoir d’achat », tance l’intervenante. Cette individualisation de droits jusqu’ici collectifs a aussi été dénoncée pour l’hôpital public, gravement menacé, et au-delà. « Macron s’attaque aux services publics de proximité, mais aussi au régalien », s’indigne Jean-Paul Lecoq, lors du point sur le rapport CAP 22. « Il ne peut pas y avoir de politique aussi hostile à l’intérêt général et à la souveraineté populaire sans attaque d’ampleur contre la fonction publique et les élus locaux », complète alors Stéphane Peu. Tout l’enjeu est de le faire savoir massivement. CONGRÈS EN GIRONDE
Assemblées des communistes BASE COMMUNE
Un texte qui propose une conception générale cohérente et dialectique La discussion pour le congrès est engagée. Je vais voter pour le texte « CN » et je dois aux camarades de dire pourquoi. C’est un ensemble de thèses cherchant à caractériser le moment historique dans lequel nous sommes et dégageant des principes d’action. Je trouve qu’il manque d’audace intellectuelle et pratique (mais en manifeste bien davantage que les textes alternatifs qui restent dans « l’eau tiède » du compromis entre différents « courants ») sur quelques sujets importants : mouvement des forces productives, cybernétisation de la société permettant de libérer le travail, féminisme, organisation, communication. Je trouve aussi qu’il est nécessaire de poser les problèmes dans une dynamique historique des forces productives et des rapports de production. Je proposerais donc des amendements dans ce sens si ce texte est choisi par les communistes. Entre la période historique à laquelle s’est constitué le PCF et maintenant, le monde a complètement changé. Ainsi le capitalisme n’est plus en mesure d’assurer un avenir à l’humanité et cette situation se conjugue avec la dévastation de la planète et le changement climatique à l’origine
majoritairement anthropique. Aucun des textes alternatifs n’aborde ces problèmes et comme ils sont structurés et forment chacun une entité cohérente forte, il ne sont amendables qu’à la marge alors que le texte « CN » constitué de thèses permet d’aller ainsi sur le fond. Ce texte « CN » propose une conception générale cohérente et dialectique qui, si elle était diffusée dans toutes les organisations du parti et mise en pratique, marquerait un saut qualitatif majeur dans nos pratiques. Ce texte s’émancipe de formules récurrentes anciennes aux résultats politiques déplorables depuis 20 ans, tels le « parti citoyen », ou la SEF 1 ou une révolution informationnelle non définie. Les textes alternatifs masquent une faiblesse théorique derrière des citations sorties de leur contexte et donc instrumentalisées, ce qu’évite le texte « CN ». Exemple « l’évolution révolutionnaire » que revendique le « Printemps », tout autant qu’au grand texte auquel le « Manifeste » emprunte son nom. Cette façon de dévoyer Marx pour jouir d’une partie de son autorité ne permet ni de se l’approprier, ni de s’y confronter. C’est un enjeu central : renouer avec un travail d’élaboration théorique instruit, critique et loyal ;
le capitalisme est toujours là, comme écris supra. Un petit texte ébauche une tentative d’analyse : www. ivan2015.com/2018/06/80-ansd-histoire-des-forces-productives. html. J’entends rappeler ici que ce qui distingue une société d’une autre, c’est la façon dont les marchandises y sont produites et échangées. Le communisme n’est pas plus de ceci ou moins de cela. Le communisme c’est un autre mode de production et d’échanges. La Cyber révolution en cours pose ce problème avec une acuité nouvelle. Ce qui donne sens au débat contradictoire, et donc à la coexistence de positionnements parfois contradictoires, c’est quand on en sort avec une vraie décision. Il n’y a pas de démocratie sans mise en œuvre des décisions démocratiques.
(1) - Sécurité emploi formation
Yvan Lavallée Adhérent section Bassin d’Arcachon
Rentrée collective Dans l’étape préparatoire au congrès extraordinaire du PCF, qui aura lieu du 23 au 25 novembre à Ivry, les communistes girondins réunissent les adhérents-tes en assemblées générales. Ils/Elles débattent de la base commune sur laquelle seront déterminées les principales orientations et propositions de leur parti. Au texte élaboré collectivement et proposé par le Conseil national au printemps se sont ajoutés trois textes alternatifs. C’est par un vote des adhérents, à jour de leurs cotisations, les 4, 5 et 6 octobre prochains, qu’ils détermineront leur choix majoritaire de base commune. Depuis fin août jusqu’au 6 octobre, dans 22 sections (Bordeaux, Bègles, Talence, Villenave d’Ornon, Rive droite, Nord Médoc, Portes du Médoc, Mérignac, Pessac, Arcachon, Haute Lande, Les Graves, La Brède, Sud Gironde, Rives de Dordogne, Blayais, Coutras, Coteaux macariens, Deux Rives, La Réole-Monségur, Cheminots, Universités) plus de 300 camarades auront lu, échangé, débattu parfois vivement, et des dizaines d’autres auront été rencontrés au cours de visites, repas, initiatives. Et dans la vie Avec la Fête de l’Humanité à Paris (plus de 150 militants-tes et amis-es girondins-nes), la diffusion d’un tract pour une école de l’égalité, de la gratuité, de la réussite de toutes et tous, les rassemblements pour l’accueil des migrants, sur l’environnement et le climat, pour la santé, pour la paix – et particulièrement les droits du peuple palestinien –, ou encore pour l’avenir de Ford Blanquefort et ses salariés… les communistes ne sont pas restés spectateurs du matraquage et de la politique antisociale de Macron et son gouvernement, soutenu par la grande finance. Et ils seront partie prenante de la grande mobilisation du 9 octobre pour une vie digne et les droits humains.
SOUSCRIPTION
Tout versement par chèque ouvre droit à une réduction fiscale de 66% du montant versé. (chèque à l’ordre de ADF PCF 33). Les ressources financières du Parti communiste sont transparentes. Votre don, aussi modeste soit-il, contribuera efficacement à la démocratie, à l’expression et la prise d’initiative du Parti communiste. Cet ensemble sont les éléments majeurs pour continuer notre combat dans l’ambition d’une gauche forte et alternative. Les versements sont à envoyer à la fédération de Gironde du PCF - 15 rue Furtado - 33800 Bordeaux, à l’ordre de l’ADF PCF 33
Les Nouvelles 27 septembre 2018 • 7
CHRONIQUE
CULTURE & SOLIDARITÉ CIENFUEGOS
par Jeanne R.M.
Une ville cubaine aux origines bordelaises
Ce mercredi 19 septembre, l’Association Bordeaux-Cienfuegos a attiré plus de cent convives pour une soirée festive à la salle Tachou de Bacalan. C’est qu’elle avait deux évènements à populariser : la sortie du livre (1) de Jean Querbes (son président) « Bordeaux-Cienfuegos : une histoire méconnue » mais également, et surtout, la venue à Bordeaux d’une délégation de dignitaires de la ville. L’évènement majeur du rapprochement entre Bordeaux et Cienfuegos a été confirmé par l’importance de la délégation : Eduardo Walfrido Coll Rodríguez Président de l’assemblée municipale de pouvoir populaire de la ville (maire), député à l’Assemblée nationale ; Iran Millán Cuétara, architecte, conservateur de la ville de Cienfuegos, député à l’Assemblée nationale ; Jesús Rey Nova, coordinateur du développement intégral territorial ; Yanet González Laso, spécialiste du groupe de coordination du développement intégral territorial ; Yurielkys Sarduy Martinez Conseillère politique de l’Ambassade cubaine en France. C’est que se profile, en avril 2019, le bicentenaire de la fondation de la ville par 46 émigrants venus de Bordeaux. Ils étaient laboureurs, forgerons, charpentiers, tailleurs, boulangers… autant de corps de métiers qui ont répondu à l’appel de l’aristocrate Luis de Clouet de Piettre mandaté par la couronne d’Espagne, pour créer la colonie Fernandina afin de faire face à la propagation des révoltes des esclaves en « blanchissant » l’ile de Cuba. Moment historique : Marik Fetouh, maire adjoint de Bordeaux, en charge de l’égalité et de la citoyenneté, a accueilli à l’hôtel de ville la délégation cubaine pour exprimer la nécessité d’un rapprochement avec Cienfuegos et en décrire les points communs : le patrimoine classé par l’UNESCO, le passé tragique d’une
richesse construite sur l’esclavage et le vivre ensemble d’aujourd’hui. Il a ainsi annoncé que la ville de Bordeaux serait présente au bicentenaire de la fondation de Cienfuegos, avec un descendant de son fondateur qui assistait à la réception de la délégation cubaine. Gageons que ce sera une occasion supplémentaire d’évoquer le commerce triangulaire qui a fait une des richesses de la bourgeoisie bordelaise.
Même si le maire de Cienfuegos, qui compte aujourd’hui 160 000 habitants, a affirmé la volonté de tous de regarder vers l’avenir. Le dynamisme de la ville cubaine, sur le plan culturel, médical, social et économique ne doit pas faire oublier qu’elle souffre, au même titre que l’ensemble de l’île, de la pérennisation du blocus économique par son grand voisin hégémonique, les USA. En mairie de Bordeaux, il a été rappelé ce blocus s’est même durci, notamment sur le plan financier. Cela ne doit pour autant pas décourager les échanges, a affirmé Victor Fernandez, président de Cuba Coopération, qui a décrit les nombreux projets développés par l’association française à Cienfuegos. J.J.B. et C.D. (1) - Au prix de 10€ auprès des Dossiers d’Aquitaine 7 impasse Bardos à Bordeaux - tél : 05 56 91 84 98
La délégation cubaine avec Marik Fetouh, adjoint au maire de Bordeaux, Jean Querbes et Vincent Maurin de l’association Bordeaux-Cienfuegos qui organisait à Bacalan, mercredi 19 septembre, une soirée où elle était accueillie chaleureusement, après la réception à l’hôtel de ville et au Conseil régional. Le lendemain, elle était reçue au Département, avant une visite de la ville et quelques dégustations.
PORTRAIT(S)
Quand les bateaux à aubes sillonnaient la Garonne Film et exposition, samedi 29 septembre à 11h présentés par la Petite médiathèque de Saint-Pierre d’Aurillac. Dans le cadre de « Portrait(s) » festival des bibliothèques de Gironde, l’association InVideoVeritas présentera, ce samedi 29 septembre, sur le parvis Ambroise Croizat, de très grandes images montrant ces énormes bateaux, à vapeur et à aubes, qui ont sillonné la Garonne durant deux
siècles, transportant des voyageurs. Une conférence est prévue en janvier 2019. En attendant, ce samedi à 11h, un film Le passeur de Garonne (20 mn) sera projeté à la Petite médiathèque. C’est l’histoire romancée et pleine de tendresse du port des Arrocs à SaintPierre d’Aurillac. Un mélange de la Garonne d’aujourd’hui et de photos, cartes postales anciennes, souvenirs de pécheurs, de ce coin de port qui a conservé aujourd’hui toute sa beauté.
« S comme.. » Il lui avait été demandé d’oublier, tôt. Il y a très longtemps, avant même sa naissance, il fallait qu’elle n’y accède pas, qu’elle ne sache pas. Une occultation décidée par tous, sauf par elle. Il lui était imposé, non à son corps défendant, elle ne pouvait se défendre contre le passé, un silence contre la honte. Ils voulurent de ce passé faire table rase, essayant de l’enterrer, sans savoir qu’ils plantaient une graine. La honte, grande cigüe de notre jardin, sera arrosée de tous les fantasmes et récits falsifiés, mauvaise herbe tenace. Alors ils tentèrent les contes et les héros, chevaliers servant cette mère, courage et grandeur. Ils inventèrent toutes sortes de mythes et réécrivirent l’histoire des hommes. L’histoire de la famille. De sa famille. « Son nom, comment vous l’écrivez ? » Avec un S comme serpent, qui se mord la queue, et ma langue de tant de répétitions. « Jamais vu ni entendu parler de cet auteur », un inconnu qui s’est perdu au fil des ans dans les limbes des rayons de cette bibliothèque de quartier. Une recherche qui apparait laborieuse pour ce professionnel de la lecture, oserais-je penser de l’écriture. Son étonnement me parut d’abord cocasse et amusant. Avec un S… De toute mon existence j’ai répété, épelé, ânonné ces quelques lettres qui me liaient inéluctablement à mon passé. Un nom que la dégénérescence obligea à muter, sans aucunement délaisser une seule lettre des outrages du passé. Alors ce nom, honneur déchu de la branche familiale, fut ainsi lavé et rajeuni, entreprise de ravalement de façade presque réussi. Sa gloire dura un temps. La guerre dura trop longtemps. Il fallut choisir de choisir ou de ne pas choisir. Choisir de faire ou ne rien faire. Choisir de résister. Ou pas. Un pari pas toujours gagnant. Certains meurent pendant, et les autres plus tard, de rien ou de honte et d’oubli. Il avait mal choisi, fait le mauvais choix. Il sera abandonné de tous, croupi au fond du puits de l’ignorance. Ce S qui me susurre, me chuchote, me chatouille, m’intrigue. Ce S invisible et insoupçonnable, refoulé et impossible, qui m’agace de son ignominie. Ce S qui me dit ce matin qu’il m’attend. Je ne peux plus te craindre, je veux te connaitre. Cette lettre de toi, ces lettres nominales et toutes ces petites lettres serrées et rondes avec leurs pattes de fourmis. Ces milliers de mots, milliers de phrases, paragraphes, actes et alexandrins que tu alignais par le passé vont ce matin m’apprendre. L’oubli imposé incendiait ma bibliothèque intérieure pendant que la curiosité germait et devenait ma plus belle plante d’intérieur. Le passé souvent auréolé n’est pas toujours glorieux. La difficulté de penser par soi-même, à faire ce choix profond alors que le groupe, soudé et solidaire, impose une conduite reconnue comme la seule car la meilleure dans ce dogme. Il a fait son non choix viscéral et s’est rallié à l’autorité de la meute. La honte m’est finalement dépassable quand le S comme secret et les mensonges me furent insupportables.
LSR
49 jours, carnets d’une faiseuse d’anges
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8 • Les Nouvelles 27 septembre 2018
L’association Loisirs et solidarité des retraités reprend ses cours d’espagnol, lundi 1er octobre à 10h30, salle 103 à la Bourse du travail (Bordeaux). Les personnes interessées peuvent venir le jour de la reprise ou appeler au 06 75 49 93 44.
et
Eva Humana est, Les petites nouvelles de Jeanne R.M
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Disponibles à la fédération de Gironde du PCF 15 rue furtado 33800 BORDEAUX