Nouvelles N°2275

Page 1

Jeudi 4 octobre 2018 - N° 2275 - Hebdomadaire - 15, rue Furtado - 33800 BORDEAUX - Prix : 0,80 euro

pour

les salaires les retraites , ploi , ducation l em le les services publics

dans la rue

le

octobre

DÉCENTRALISATION

ANALYSE

ÉLUS COMMUNISTES À LA MÉTROPOLE

Des métropoles à la sauce lyonnaise ?

Le monde de la santé selon Macron

Donnons un nouveau départ au port de Bordeaux

P.2

P.3

P.3


ACTUALITÉ MANIFESTATION AU BARP

DÉCENTRALISATION

Pour que la France ratifie le traité d’interdiction des armes nucléaires

Des métropoles à la sauce lyonnaise ?

Le Mouvement de la paix Gironde vous invite à participer à la journée nationale pour que la France ratifie le traité d’interdiction des armes nucléaires, le dimanche 14 octobre 2018 au Barp. « Nous lançons un appel aux organisations, associations, pour faire de ce rassemblement une journée de mobilisation pour que la France s’engage dans un processus d’élimination des armes nucléaires en ratifiant le Traité d’interdiction des armes nucléaires adopté aux Nations Unies par 122 États. » Ci-dessous le déroulement de la journée au cours de laquelle le général Lenne, originaire du Médoc, évoquera son combat en faveur de l’interdiction des armes nucléaires. 10h – Rendez-vous au champ de foire derrière la poste du Barp, 23 avenue des Pyrénées. 10h30 – Départ en convoi au lieu de rassemblement avenue du Médoc au Mémorial de la Paix (Torii). 11h – Rassemblement et prises de parole. 12h30 – Retour au champ de foire, convoi. 13h – Apéritif offert par le Comité Gironde à l’abri d’une tente avec des tables et des bancs qui vous permettront de pique-niquer. Au Barp se trouve le Centre d’études scientifiques et techniques d’Aquitaine (Cesta) et son laser mégajoule. Ce projet est l’un des principaux éléments du programme militaire français Simulation, destiné à assurer la pérennité de la dissuasion nucléaire de la France. C’est le projet de laser le plus énergétique du monde mené par la Direction des applications militaires du commissariat à l’Énergie atomique et aux Énergie alternatives français. Son coût dépasse les 7 milliards d’euros. Contact : mdpgironde@yahoo.com – Nicole Lavallée : 06 72 04 28 01 – Christian Darriet : 06 03 36 3653

RASSEMBLEMENT CITOYEN

Sauvons l’Aquarius et le sauvetage en mer ! Sos Méditerranée appelle à une mobilisation citoyenne à l’échelle européenne, afin de demander à tous les États d’Europe : de prendre toutes les mesures nécessaires pour permettre à l’Aquarius de reprendre sa mission de sauvetage le plus rapidement possible ; de faire respecter le devoir d’assistance aux personnes en détresse en mer ; d’assumer leurs responsabilités étatiques en établissant un véritable modèle de sauvetage en Méditerranée. Sos Méditerranée lance une pétition internationale avec 1 million de signatures attendues : https://bit.ly/2DCNiEv. Vague orange samedi 6 octobre 2018 ! L’organisation appelle tous les citoyens et citoyennes à descendre dans la rue samedi 6 octobre à 14h30 en t-shirt orange afin de soutenir les valeurs d’humanité, dans plusieurs villes d’Europe et en France. Pour Bordeaux, le rendez-vous est fixé place Pey Berland.

TÉMOIGNAGE

Économies dangereuses

1er octobre, 8h ce lundi matin, avenue Jean Jaurès à Bruges, à proximité de l’arrêt du tramway La Vache, le mur du Cimetière Nord (Bordeaux) s’est effondré sur la voiture qui passait là à cet instant ! Grosse frayeur de la conductrice qui, heureusement, était seule, sans son bébé et n’a pas été blessée. La voiture est bien esquintée ! À cette heure de grande affluence où la file de voiture est continue, où des gens marchent sur le trottoir... Les conséquences de cet effondrement auraient pu être beaucoup plus graves. Mais ce qui est grave aussi c’est que le mauvais état de ce mur était connu de la ville puisque sa dangerosité était signalée depuis plusieurs mois par de simples barrières métalliques. Pourquoi n’a t’il pas été démoli et reconstruit plus tôt ? Il semble que les crédits permettant ces travaux étaient bloqués, pourquoi ? Des tergiversations et des économies bien dangereuses et inacceptables ! Le très grave accident du pont de Gènes devrait pourtant faire réfléchir et agir… Joëlle Bouyssière 2 • Les Nouvelles 4 octobre 2018

En 2015, la métropole du Grand Lyon avalait une partie du département du Rhône, un modèle que l’exécutif semble vouloir appliquer dans 5 autres départements.

Dans une déclaration commune, le Parti communiste en Gironde et ses élus réagissent aux projets de fusion des compétences du département sur le territoire de la métropole. Pour la deuxième fois en deux mois, Emmanuel Macron recevait lundi les présidents des métropoles dépassant les 500 000 habitants, sauf Paris et Marseille. Une « réunion de travail » qui ne figure pas dans l’agenda officiel à laquelle ont donc participé Christian Estrosi (Nice), Alain Juppé (Bordeaux), Jean-Luc Moudenc (Toulouse), Johanna Rolland (Nantes) et Damien Castelain (Lille). Ce dernier a confié, dans la Voix du Nord, l’objet de cette rencontre : « finaliser » le projet de transférer les compétences des

départements à ces cinq métropoles dans leur périmètre géographique, en suivant l’exemple lyonnais. Cela n’a pas manqué de faire réagir le Parti communiste en Gironde, son groupe d’élus à la Métropole et l’Association départementale des élus communistes et républicains qui ont diffusé la déclaration suivante : « Par ce communiqué, nous souhaitons exprimer notre réprobation à toute velléité de fusion des compétences du département sur le territoire de la métropole. La construction d’une super-institution au cœur du département de la Gironde finirait d’acter les fractures déjà existantes sur le territoire. Cette nouvelle réforme, si elle devait voir le jour, ne répondrait en rien aux besoins des populations. Elle vise seulement à mieux inscrire la métro-

pole dans la concurrence européenne et mondiale, à optimiser les finances locales dans ce cadre. Une contractualisation de gré à gré entre la Métropole et les autres territoires n’est en rien de la solidarité, ni la construction d’un destin commun mais une satellisation de notre département au profit de la métropole. C’est en fait une rupture de l’égalité républicaine qui fait écho aux autres réformes du gouvernement. Nous pensons au contraire que, sur bien des sujets, l’échelle départementale est la plus pertinente pour répondre aux défis qui sont devant nous et que l’échelle métropolitaine est trop étroite. C’est vrai de la solidarité, mais aussi des transports, de la gestion de l’eau, d’un aménagement harmonieux de notre territoire. Un tel bouleversement territorial ne peut se régler dans les salons dorés de l’Élysée, ni dans un face à face entre le président du département et celui de la métropole. Nous appelons à ce que, dans les plus brefs délais, un grand débat citoyen permette d’associer largement la population aux enjeux de l’avenir de notre territoire et permette une véritable confrontation politique, salutaire pour notre vie démocratique. »

CERESNA CGT

Le chantier du transport en Nouvelle Aquitaine : bilan d’étape 6 494 accidents de trajets en Nouvelle Aquitaine en 2016, 462 Incapacités Partielles Permanentes (IPP), près de 329 000 journées de travail perdues, 27 décès. Des données (1) alarmantes et en constante augmentation qui vont de pair avec l’accroissement de la congestion routière dans les bassins d’emplois, l’omniprésence des camions sur les routes et la dégradation de l’environnement. De quoi valider la démarche du CERESNA (2) mettant en œuvre le « chantier du transport ». Ce lundi 24 septembre, il nous proposait un bilan d’étape de ses travaux. Les questions liées aux transports sont d’une actualité prégnante. Que ce soit du point de vue : • de la réponse aux besoins actuels et futurs des usagers (voyageurs et affréteurs) ; • du respect de l’environnement ; • des conditions de travail ; • de la question du financement. Le CERESNA s’est attelé à identifier les attentes en matière de transports des habitants et des professionnels de la nouvelle région Aquitaine d’une part et des salariés qui œuvrent dans ces secteurs d’activité d’autre part. Si l’épine dorsale du projet est

celle du rail, le CERESNA a élargi la réflexion aux autres modes de transport. En sont sortis trois outils : • Une vaste enquête sur les pratiques et besoins qui révèle que les 2/3 des sondés souhaiteraient utiliser les transports en commun (TC) mais que la moitié n’a pas d’offre correspondante, que des entreprises n’arrivent pas à recruter faute de desserte en TC, difficulté qui s’ajoutent à la faiblesse des rémunérations. Le focus sur la zone d’aéroparc de Mérignac/Le Haillan/St Médard montre un énorme écart entre besoins et offre de TC, menaçant, à terme, son développement économique. • Un premier rapport qui dresse une cartographie des réseaux et infrastructures de transport dans la Région face à un accroissement récurrent de la mobilité (chaque jour, 2,38 millions d’actifs se déplacent dans la région). • Un second rapport révèle que près de 167 000 emplois sont concernés dans le secteur (dont 64 000 pour les marchandises), qui nécessitent de se pencher sur leurs conditions d’emploi, de travail et de formation. Un secteur très peu féminisé. Ces documents sont disponibles sur le site du CERESNA.

Un certain consensus régnait entre les acteurs ce 24 septembre sur l’impérieux besoin de développer les infrastructures de transports en commun, une réponse qui apparait bien loin des préoccupations du pouvoir en place. De quoi rejoindre le préambule du rapport du COI (3) sorti en janvier 2018 : « Les transports du quotidien permettent à chacun d’accéder à l’emploi et aux services essentiels ; ils constituent, très normalement, la première priorité. Pas de transports efficaces, ponctuels et sûrs sans des infrastructures capacitaires, bien entretenues et servies par des technologies modernes. La régénération et la modernisation de nos réseaux de transports s’imposent avant le développement de projets nouveaux. C’est une condition indispensable à la satisfaction des usages. Le choix des moyens pertinents doit permettre d’apporter des solutions de mobilités proportionnées à tous les territoires, urbains, péri-urbains et ruraux ». Chiches ! Jean-Jacques Bordes (1) Rapport annuel de la CARSAT (2) CERESNA CGT : Centre d’Etudes et de Recherches Economiques et Social en Nouvelle Aquitaine (3) COI : Conseil d’Orientation des Infrastructures


ACTUALITÉ

Editorial

ANALYSE

Le monde de la santé selon Macron Le 18 septembre nous avons enfin pu découvrir le monde de la santé selon Macron. En effet il a dévoilé son plan « ma santé 2022 » consistant en une cinquantaine de mesures (législatives dès 2019, réglementaires, contractuelles, conventionnelles, statutaires) surfant sur le diagnostic partagé de la multiplication des déserts médicaux et de la souffrance des personnels médicaux. Mais l’austérité reste de rigueur « notre système de santé ne souffre pas de sous-financement mais de problèmes d’organisation ». Nous avions déjà entendu ce même couplet sous Sarkozy et Macron s’enflammant – en déclarant « Plus qu’un énième plan […], je veux que nous garantissions aux générations futures le droit absolu et universel d’accéder aux soins les meilleurs » – va terminer le travail amorcé depuis de nombreuses années : la déstructuration du service public de santé. Ainsi Macron définit les grandes lignes de sa stratégie et une semaine après Darmanin donne les moyens budgétaires de la liquidation lors de la présentation du PLFSS 2019 (Projet de loi de financement de la Sécurité Sociale). L’annonce de la bagatelle de 3,8 milliard d’euros de restriction sur le budget de la santé vient assombrir « l’avenir radieux » promis par Macron. Revenons rapidement sur les principales mesures de « ma santé 2022 »

• La suppression du numérus clausus. Fin d’une aberration enfin reconnue, ce ne sera certainement pas le secret

des algorithmes de Parcoursup qui répondra à une meilleure accessibilité sociale aux études de médecine ni au nombre de professionnels formés. • La lutte contre les déserts médicaux. Redonner du temps médical avec un saupoudrage de numérique (prise de rendez-vous en ligne, télémédecine) et la création d’une nouvelle fonction d’assistants médicaux (4 000 d’ici 2022 soit l’équivalent de 2000 Équivalent temps plein), de temps médical, financés par l’impôt et l’Assurance Maladie. Cette mesure semble surtout un soutien financier aux médecins libéraux regroupés. Autre annonce, largement commentée, est celle des CPTS (Communautés professionnelles de territoire de santé) créés par la loi Tourraine en 2016 pour désengorger les urgences. La prise en charge des soins non programmés leur sera confiée avec la coordination et la continuité des soins, mais laissée à l’initiative et à la bonne volonté des médecins libéraux. • Hôpitaux de proximité. Repenser les missions de proximité des quelques 600 hôpitaux généralistes existants en les relookant, sans services aigus (maternité, chirurgie, urgences) tournés vers les personnes âgées. Ces hôpitaux de proximité seraient largement ouverts aux professionnels libéraux. • La poursuite de la casse de l’hôpital public Création d’un statut unique de praticien hospitalier (PH), associée à la suppression du concours de PH afin de diversifier les parcours professionnels et faciliter l’exercice mixte public/privé ; or la disparition de ce concours est un des aspects du

démantèlement du service public. Le concours et le statut de PH sont un socle du service public hospitalier avec des équipes de soignants travaillant à temps plein et sous statut. Associé au maintien réaffirmé des Groupements hospitaliers de territoire où cette fois-ci c’est dit, les cliniques privées vont pouvoir y participer, il va bien y avoir comme le souhaite E.Macron porosité entre le public et le privé, contribuant là aussi à la destruction du service public de santé. Quant à la qualité des soins, si elle est envisagée, son financement va conduire inéluctablement à soigner des indicateurs alourdissant encore un peu plus le travail des soignants autour de parcours de soins. En résumé, rien pour l’hôpital public et ses personnels, rien sur la psychiatrie, rien sur les Ehapds qui souffrent tous d’un manque cruel de moyens humains et financiers. Le PCF a élaboré un argumentaire et des propositions de plans d’urgences pour l’hôpital public et les Ehpads, élaborés par la Commission nationale santé et protection sociale*, dans le lequel il affirme que l’organisation du système de soins en France doit reposer sur le service public articulé autour d’un service public de soins primaires en s’appuyant sur les centres de santé, autour d’hôpitaux publics répondant à une véritable gradation des soins, préservant la proximité chaque fois qu’elle est nécessaire. Maryse Montangon Responsable Commission nationale santé et protection sociale du PCF * Texte disponible auprès de la fédération du PCF (15 rue Furtado, 33800 Bordeaux)

ÉLUS COMMUNISTES À LA MÉTROPOLE

Donnons un nouveau départ au port de Bordeaux Le port de Bordeaux a fait la Une de l’actualité suite au départ d’une importante compagnie maritime de containers MSC. Les craintes des décideurs de voir les trafics baisser et mettre en danger le port sont justifiées. Alors que chacun réfléchit à des solutions pour combattre le réchauffement climatique et trouver des solutions alternatives à la thrombose de la rocade, le port doit être soutenu par l’ensemble des collectivités territoriales et l’État pour redevenir un acteur majeur du transport sur notre métropole. Claude Mellier, vice-présidente à Bordeaux Métropole, est intervenue en ce sens lors du dernier conseil, fin septembre. « Le port de Bordeaux est accusé d’immobilisme et certains annoncent déjà sa mort. La délibération qui, ici, nous appelle à soutenir l’activité de refit et de réparation navale en direction des croisières fluviales et des bateaux de plaisance, sans oublier le démantèlement à la forme 3 à Bas-

sens, démontre bien le contraire. Le potentiel de développement de notre port est bien réel quand les collectivités décident de se mettre autour de la table pour soutenir un projet (pour rappel, c’est notre camarade Vincent Maurin qui a été le premier à le porter et le défendre dans cette assemblée). Ce projet de refit, ce sont de nombreux emplois créés et nous nous en félicitions, mais poursuivons sur cette dynamique. Si le port aujourd’hui perd un opérateur avec MSC, ce n’est pas pour autant qu’il n’a pas d’avenir. En effet, le port récupère des trafics comme le quartz, le clinker ou la ferraille et certains containers de MSC sont redistribués par CMA CGM. Alors que notre institution est engagée dans de nombreuses actions en lien avec les changements climatiques et la réduction des gaz à effets de serre, nous ne pouvons pas nous satisfaire du report modal actuel du trafic marchandise qui passe à 95 % par la route et notre rocade.

Contrairement à vos déclarations lors de la semaine de la mobilité, Monsieur le Président, nous souhaitons de réels engagements de la Métropole sur le développement du fret comme sur le développement des activités fluviales et maritimes, aujourd’hui trop cantonnées à un usage touristique. Imaginons des flux intra-métropolitains comme les déchets par exemple, et soyons partenaires de notre port qui a de très nombreux atouts et pas seulement celui d’avoir des emprises foncières pour nos projets immobiliers. Mettons-nous tous, collectivités locales, État et direction du Port, autour d’une table pour redonner un projet offensif à notre port répondant aux attentes des entreprises pour y attirer des trafics qui sont aujourd’hui sur nos routes, et n’hésitons pas à utiliser notre fleuve ! Enfin, aménageons les nombreuses emprises foncières du port pour y accueillir des entreprises ! Voilà les gestes qu’attendent aujourd’hui les acteurs du Port de Bordeaux. »

Rendez-vous le 9 octobre

Par la brillante fête de l’Huma, par le rassemblement social du 9 octobre qu’il nous faut aider à construire : ne sommes-nous pas au cœur de notre congrès ? Pour la première fois, en réfléchissant au contenu de cet édito, il me revient des passages de l’introduction de Pierre Laurent à la Fête de l’Huma, qui sera peut être passée sous silence et qui, pourtant, à mes yeux, porte une affirmation idéologique de portée historique : « j’affirme aujourd’hui, sans doute pour la première fois de l’histoire millénaire des sociétés divisées en classes, pour la première fois de l’histoire du monde moderne et pour la première fois de l’histoire du PCF, que la question du dépassement du capitalisme et de la construction d’une société sans classe, de ce que j’appelle le communisme est très concrètement à l’ordre du jour du XXIe siècle. Cette question, elle est dans les luttes syndicales (devenir de Ford par exemple). Elle est dans l’économie sociale et solidaire, les circuits courts et les AMAP, dans les expériences de gratuité de transports, de cantine ou en matière de culture, dans les expériences de démocratie participative, dans les affirmations de luttes féministes, dans les aspirations écologistes, dans les « communs » qu’inventent les élus communistes. Elle est dans l’accueil citoyen des exilés ». Je rajouterai personnellement qu’elle est dans une réponse sociale à l’ensemble des questions de santé (les EPHAD, l’Hôpital St André, Pellegrin mais aussi à la question des transports dans lesquels le ferré (la ligne de ceinture) doit prendre toute sa place. « Sur ces futurs bien présents, nous pouvons nous appuyer pour engager la transformation du pays, de l’Europe et du monde ». En effet donc, une portée historique, conjuguée au présent et au futur pouvant ainsi donner sens au dépassement du capitalisme, qui ne pourra se vérifier que dans le cadre d’une nouvelle République pleinement citoyenne, répudiant cette Ve de plus en plus monarchique au seul service de la Finance, détruisant l’avenir de l’homme et de sa planète. Mais aucune fatalité n’est face à nous si, ensemble, nous construisons ce communisme et cet écocommunisme du XXIe siècle. Alors, toutes et tous, rendez-vous le 9 octobre !

Max Guichard membre de l’exécutif du PCF 33

Les Nouvelles 4 octobre 2018 • 3


ACTUALITÉ BUDGET

DANS LA RUE LE 9 OCTOBRE

Mauvaise équation pour l’école

Démontrer que la solution est collective

Alors que le ton est déjà monté dans le secondaire avec l’annonce de la suppression de 2 650 postes d’enseignement, la mobilisation se construit dans le primaire autour des effectifs, de la précarisation des emplois, etc. 2 650 postes d’enseignant-e-s et 400 de personnels administratifs supprimés dans l’enseignement secondaire. Les organisations syndicales FSU, UNSA-Éducation, SGEN-CFDT dénoncent ces suppressions d’emplois dans un contexte d’augmentation démographique et ajoutent que la « priorité au primaire » ne peut pas se faire par un redéploiement de moyens. Une « priorité au primaire » que le Snuipp-FSU considère surtout comme médiatique. « En moyenne, dans notre département, il faut 25 élèves en zone d’éducation prioritaire, 28 en primaire et 30 en maternelle pour ouvrir une nouvelle classe. Ça reste des taux élevés », explique Samantha Fitte, du Snuipp Gironde. « Même s’il y a des postes supplémentaires, ils sont absorbés par les CP dédoublés en zones prioritaires. » Autre problème dénoncé par le syndicat, le recrutement en

CDD. « Depuis plusieurs années, on démarre la rentrée en sous-nombre, il y a des postes mais pas les enseignants, on fonctionne en flux-tendu comme dans les entreprises. Le résultat c’est qu’il manque 80 enseignants dans les classes. Avant, on serait allé les recruter sur les listes complémentaires au concours, ils seraient devenus enseignants stagiaires puis fonctionnaires. Là, on recrute des CDD qui seront en poste jusqu’à l’été alors qu’il y a des personnes sur liste d’attente ou des collègues d’autres département qui rêveraient de venir en Gironde. Certes le nombre n’est pas élevé mais cela laisse entendre que l’enseignement ne serait pas un métier qui s’apprend et ça permet d’augmenter le nombre d’enseignants sans augmenter le nombre de fonctionnaires, à l’heure où nous nous battons sur nos salaires et nos statuts ça nous reste en travers de la gorge. » Réforme de la direction d’école, remise en cause de la maternelle au sein de l’Éducation nationale, évaluations nationales « farfelues » des élèves qui permettront de « classer élèves, établissements et même enseignants » sont autant de chantiers gouvernementaux qui inquiètent les enseignants. C.D.

Salaires, retraites, services publics, éducation… l’intersyndicale CGT, FO, Solidaires, FIDL, Unef et UNL a mis en place une plateforme rassemblant une série de revendications communes. Une action qui s’accompagne d’un travail de proximité auprès des salariés. Pour « sortir du repli sur soi » et passer à l’action, ensemble. L’intersyndicale CGT, FO, Solidaires, FIDL, Unef et UNL entend faire du 9 octobre, selon le secrétaire national de Solidaires, Simon Duteil, « une journée d’impulsion ». « Il s’agit d’engager la mobilisation dans un cercle vertueux en termes de participation », précise le syndicaliste. Le contexte y est plus favorable qu’avant l’été. « Le chômage ne baisse pas, la précarité explose et le pouvoir d’achat recule. Du coup il ne se trouve plus grand monde pour nourrir des illusions sur ce gouvernement », analyse aussi

le secrétaire confédéral de la CGT, Pascal Debay. Mais, « attention, cela ne se traduira pas automatiquement par une hausse de la mobilisation », prévient le syndicaliste. « Beaucoup de salariés sont encore tentés par le repli sur soi. Ils cherchent une solution individuelle à leurs problèmes. Nous devons leur démontrer que la solution est collective », poursuit-il. Sept revendications

Pour y parvenir, l’intersyndicale a élaboré une plateforme revendicative unitaire et interprofessionnelle : « Augmentation des salaires, des pensions et des minima sociaux (…), réalisation concrète de l’égalité hommesfemmes (…), un service public de proximité (…), l’arrêt des réformes régressives (…), le droit à la retraite à taux plein à 60 ans (…), l’égalité d’accès à l’éducation (…), une vraie politique d’ investissements ciblée notamment sur les enjeux environne-

Fiscalité injuste aujourd’hui, menace sur la répartition demain

Des jeunes communistes motivés, mobilisés

Pour commencer, les Jeunes Communistes répètent qu’ils ne céderont pas devant une des réformes les plus inégalitaires que les gouvernements aient pu imposer aux lycéens et étudiants ces dernières années. Cette dernière, prétextant diminuer le taux d’échec en première année à la fac, met en place une sélection injuste, avec des algorithmes propres à chaque université, et qui renforce encore plus le phénomène de reproduction sociale. Les jeunes sont toujours plus éloignés des formations de leur choix et l’orientation n’est pas assurée correctement. Résultats : des déceptions pour les étudiants et un stress incommensurable pour les 60 000 bacheliers sans affectation à la rentrée. Une réforme qui remet en question le droit d’accès à l’éducation, et plus simplement le droit fondamental de choisir son avenir : une avancée sociale à la Macron ! Face à cette réforme injuste, les JC revendiquent le droit à un véritable service public de l’orientation et la gratuité des formations de toutes et tous. Ils exigent également un investissement dans l’Éducation nationale et l’Enseignement supérieur à hauteur des besoins, notamment justifiés par la hausse démographique, afin d’avoir enfin un enseignement secondaire et 4 • Les Nouvelles 4 octobre 2018

supérieur public, gratuit et de qualité. L’action se poursuit également pour ceux qui atteindront la fac, avec le lancement de la campagne de l’UEC (Union des Étudiants Communistes) sur le féminisme. Au programme de cette campagne féministe : des formations, une charte pour les associations étudiantes, la mise en place de cellules d’écoute et des référendums ouverts à tous pour agir ensemble sur ce fait de société vécu par plus de la moitié de la population. Les jeunes communistes s’inscrivent aussi dans une dynamique de préservation du service public avec un soutien aux luttes acharnées des hôpitaux pressurisés. L’attaque des hôpitaux est une atteinte aux conditions de travail du personnel médical et à la santé des patients. De fait, le gouvernement libéral de Macron accentue la précarité et les inégalités sociales et ce dès le plus jeune âge. Qui a dit qu’on ne s’attaquait pas aux plus petits que soi ? Macron tente d’asservir la jeunesse en l’habituant à se faire marcher dessus sans réagir. Mais les JC sont là et se dresseront face à toute atteinte à leurs libertés comme à celles des autres, tel que le témoigne leur engagement dans les luttes palestiniennes, sahraouis et kurdes. L’auto-détermination des peuples n’est pas un mythe réservé à l’impérialisme américain. Clémence et Baptiste, JC Gironde

Avec Pierre-Henri Lab, l’Humanité Dimanche

RETRAITES

SUR TOUS LES FRONTS

Cette période de rentrée est pour les Jeunes communistes en Gironde synonyme de reprise active des luttes, avec des effectifs cette année renforcés et motivés.

mentaux. » Ces sept revendications visent à faire la démonstration que l’intersyndicale ne se complaît pas dans une posture « purement protestataire », comme le prétend la CFDT, mais fait également des propositions. « Il s’agit aussi de faire la démonstration que, quels que soient leur métier, leur statut ou leur secteur d’activité, les salariés sont confrontés aux mêmes problèmes et ont donc intérêt à se mobiliser ensemble », explique Pascal Debay. « C’est une façon de travailler à la fameuse convergence des luttes », confirme Simon Duteil.

Bordeaux, le 28 juin

Neuf organisations de retraités organisaient, mercredi dernier à Paris, des rassemblements contre les choix du gouvernement conduisant à la baisse du pouvoir d’achat des anciens. Huit ménages sur dix perdront 700 euros en moyenne à l’horizon 2020, selon une étude*. De quoi les retrouver sans doute nombreux et remontés le 9 octobre. Quant à la réforme des retraites envisagée par le gouvernement, il y a de quoi mobiliser les actifs. CGT, FO, CFTC, CFE-CGC, FSU, Solidaires, FGR-FP, LSR, UNRPA dénoncent le choix du gouvernement « d’appauvrir les retraités ». « Après l’augmentation de la CSG au 1er janvier 2018 (…), le premier ministre a annoncé la désindexation des pensions par rapport à l’inflation avec seulement 0,3 % de revalorisation pour

2019 et pour 2020 », soulignent-elles dans un communiqué commun. Cela, alors que la hausse des prix devrait atteindre, ces deux prochaines années, respectivement 1,7 % et 1,8 %, selon la Banque de France, après une augmentation de 2,1 % en 2018. Quant au taux majoré de CSG, qui continuera de s’appliquer l’an prochain, il a concerné cette année 8,2 millions de retraités. Selon l’Observatoire français des conjonctures économiques (OFCE), qui a essayé de faire le tri dans ce maquis fiscal, 8 foyers sur 10 (79 %) comptant au moins un retraité seront perdants de 700 euros en moyenne à l’horizon 2020, du fait des mesures du gouvernement. Étalée sur l’ensemble des retraités, y compris les 21 % de « gagnants » (pour 700 euros également en moyenne par foyer, selon l’OFCE), la perte moyenne s’élèvera à 400 euros par foyer. Autrement dit,

ce que perdront les mieux dotés ne sera pas compensé par ce que gagneront les plus modestes : on a bien affaire à un appauvrissement global des retraités. Tout le contraire de la justice sociale, qui exigerait d’élever le niveau de vie général des retraités en appuyant plus fortement sur les plus défavorisés, sans prendre aux revenus moyens ou plus confortables. D’autant que l’OFCE précise qu’il n’a pas tenu compte, dans ses calculs, de l’abaissement des impôts sur le capital et sur le patrimoine, dont le bénéfice, pour le tout petit nombre des retraités très fortunés, pourra être largement supérieur aux pertes imputables à la hausse de la CSG et à la sous-indexation des pensions. Eux restent les vrais gagnants des choix fiscaux du quinquennat Macron. Et comme si cela ne suffisait pas, le gouvernement annonce pour début 2019 une réforme des retraites dont les premières mesures font craindre le pire. On changerait totalement de système : la validation de trimestres par son salaire ou son revenu serait remplacée par le paiement de cotisations pour acheter des points. Le niveau de pension dépendrait de la valeur du point au moment du départ en retraite. Cela risque de conduite à un allongement de la durée de cotisation et un effondrement généralisé des pensions. 99 % des salarié-e-s n’auront jamais le nombre de points nécessaires à un niveau de retraite digne et seront donc incités à recourir aux fonds de pensions et à l’épargne privée. C.D. * étude de la DREES panorama 2018 des retraites et des retraités


RÉFUGIÉS PCF

AQUARIUS

Le refus de la France d’accueillir l’Aquarius est une honte

Sophie Rahal «  On demande aux États européens de se réveiller  »

Déclaration du 24/09/2018. « L’Aquarius de SOS Méditerranée continue sa mission d’intérêt général, sa mission humanitaire dans la Méditerranée malgré les multiples embuches que les gouvernements lui mettent : fermeture des ports, retrait de pavillon du Panama, silence de l’Union Européenne. L’Aquarius,faisant route vers Marseille, demande à la France l’autorisation de débarquer les 58 réfugiés à son bord. Le refus de la France de les accueillir, par la voix de plusieurs de ses ministres, est une honte. Le PCF demande au Président Macron de sortir de son silence et

d’autoriser immédiatement l’accostage de l’Aquarius à Marseille et d’organiser l’installation digne et humaine des 58 réfugiés qui sont à son bord, avec la coopération des associations et des acteurs locaux. Le PCF demande également au Panama de reconsidérer sa position sur sa volonté de retrait du pavillon de l’Aquarius. Autrement, la France doit donner la possibilité à l’Aquarius de battre pavillon français, ce qui lui permettrait de continuer ses missions humanitaires visant à sauver de la mort des populations en détresse. »

PALESTINE

Salah Hamouri libre, enfin

Après treize mois de détention administrative, l’avocat francopalestinien est sorti de prison. La vigilance reste de mise pour qu’il puisse bénéficier de toute sa liberté de mouvement. Salah Hamouri est libre. L’avocat franco-palestinien était incarcéré depuis treize mois, sans qu’aucune charge ne lui a été signifiée. Ni à lui ni à ses défenseurs. Un dossier secret qui l’a privé de liberté et dont on peut se demander si, en réalité, il contenait quelque chose. L’arbitraire et le caractère coercitif de la détention administrative apparaissent au grand jour. Car, enfin, soit un individu représente « une menace pour la sécurité d’Israël », selon une assertion récurrente dans ce pays qui se voudrait preuve, et alors les charges doivent être divulguées et un procès ouvert. C’est ce qu’on appelle un État de droit. Soit les services de renseignements israéliens et les « juges » n’ont rien entre les mains. Dans ce cas, on aimerait savoir ce qui a conduit au renouvellement de la détention administrative de Salah Hamouri. Depuis le 23 août 2017, date de son arrestation à son domicile de Jérusalem-Est, la solidarité s’est développée. « Une grande diversité s’est rassemblée, s’est élargie et est restée unie pour cette cause fondamentale :

celle de la liberté », souligne Elsa dans un communiqué publié quelques minutes seulement après la libération de son époux. Elle ajoute : « En ce moment tout particulier, je tiens à vous remercier chaleureusement, en mon nom bien sûr, mais aussi au nom de Salah, et nous tenons à vous assurer de notre plus profonde et sincère reconnaissance. Nous n’oublierons pas ce moment de forte solidarité humaine. » Bien que libéré, Salah Hamouri ne doit participer à « aucune célébration (notamment de sa libération) pendant trente jours », a indiqué son avocat, Me Mahmoud Hassan. Il lui est également interdit de prendre part à des activités militantes pendant cette période, a ajouté Me Hassan, qui a précisé qu’une caution de 20 000 shekels (environ 4 700 euros) avait été payée. Les autorités israéliennes n’ont donc pas renoncé à harceler Salah Hamouri. Elsa et leur bébé n’ont pas le droit d’entrer en Israël (passage obligé pour se rendre dans les territoires palestiniens). En conséquence, il ne les a pas vus depuis plus de treize mois. C’est dire si les comités de soutien à Salah Hamouri vont rester vigilants. Pour être certain que l’avocat franco-palestinien conserve toutes ses libertés. Dont celle de pouvoir se déplacer en France et de rentrer à Jérusalem. Avec l’Humanité du 1/09/2018

L’Humanité du 26 septembre est revenu sur les deux jours de valsehésitation autour de la demande de l’Aquarius de débarquer 58 migrants et sur les conséquences dramatiques de l’absence de politique européenne en matière de sauvetage en mer, par une interview de Sophie Rahal, Porte-parole de SOS Méditerranée.

Comment réagissez-vous face à cette valse-hésitation de la France et de l’Europe à votre demande de débarquer 58 migrants ? Sophie Rahal. Il semblerait que Malte ait fini par donner son accord pour accueillir notre navire. À l’heure où je vous parle, nous n’en savons pas beaucoup plus et on est prudent. Mais, quoi qu’il en soit, cela reste lamentable que l’on soit obligé de faire des ronds dans l’eau avant qu’un port veuille nous accueillir. Ce n’est pas la première fois. Mais c’est toujours désolant de voir les pays européens ne pas réussir à s’accorder sur la mise en place d’un simple dispositif pérenne de sauvetage en mer. C’est ce que nous réclamons. Or, depuis 2014 et la fin de l’opération « Mare Nostrum », cela n’existe toujours pas. Pire, nous constatons une volonté de criminaliser notre travail, de nous mettre des bâtons dans les roues. Cette manière d’agir est inadmissible et a pour principale conséquence d’augmenter le nombre de morts en mer.

La décision de Panama de retirer votre pavillon s’inscrit dans cette logique… S.R. Oui. Et c’est d’autant plus déplorable que cette décision fait vraisemblablement suite à des pressions exercées par les autorités italiennes. On regrette que Panama ait cédé. Et on demande aux États européens de se réveiller. Soit en empêchant la décision de Panama, soit en nous proposant eux-mêmes un pavillon pour que l’on puisse continuer à sauver des vies. Pourquoi avoir souhaité, dans un premier temps, accoster à Marseille ? S.R. Face au refus initial de l’Italie et de Malte, il fallait bien trouver une solution. Mais Marseille est loin d’être le port idéal pour nous. C’est à trois jours de navigation minimum. En comptant l’aller-retour, cela oblige l’Aquarius à être absent une semaine de la zone où se déroulent la plupart des naufrages. L’idéal est, évidemment, de pouvoir débarquer nos rescapés au plus près de la zone où s’est produit le naufrage, à la fois pour des raisons pratiques et juridiques puisque le droit maritime veut que nous accostions dans le port « sûr » le plus proche. Être obligé d’aller à Marseille bafoue le droit et, en plus, nous fait perdre un temps fou.

avoir eu connaissance de l’enregistrement de notre navire pour « recherche et sauvetage ». Selon eux, nous ne sommes habilités que pour « recherche ». C’est faux. De plus, à chaque sauvetage, nous rendons compte de nos activités. L’état pavillon reçoit ces rapports détaillés et est donc parfaitement au courant de nos activités de sauvetage en Méditerranée. Ensuite, sur notre refus de remettre les rescapés aux gardes-côtes libyens, notre position est très claire : ce serait, encore une fois, une violation du droit maritime. Nos actions s’appuient sur trois conventions internationales qui, toutes, vont dans le même sens : tout navire qui en a la capacité est obligé de se détourner pour aller porter assistance à un bateau en détresse. Le sauvetage est ensuite considéré terminé lorsque les rescapés sont débarqués dans un port « sûr ». Or aucun des ports libyens ne peut être considéré comme tel. Nous avons déjà effectué un sauvetage sous coordination libyenne à l’issue duquel les Libyens, eux-mêmes, se sont révélés incapables de nous assigner ce port sûr ! Ils nous avaient alors renvoyés vers d’autres destinations, en l’occurrence Malte et l’Italie… Propos recueillis par Laurent Mouloud

Panama vous accuse d’enfreindre le droit, justement. Que leur répondez-vous ? S.R. Le Panama prétend ne pas

LYBIE

Un chaos politique et humain Les milices armées se repaissent de l’arrivée des migrants, alors que les Occidentaux les renvoient dans leurs rets. Un échec pour la France. Sans aucune autre considération humaine, les pays européens ont décidé, d’une manière ou d’une autre, avec un ton violent ou condescendant, que les migrants, les réfugiés, devaient être renvoyés sur les côtes qu’ils ont quittées. Celles-ci sont aujourd’hui libyennes. Problème, la situation dans ce pays dépasse le chaos. La boîte de Pandore a été ouverte en 2011 sous le prétexte d’une intervention humanitaire, en réalité mettre à bas le régime de Mouammar Kadhafi. Certes, les puits de pétrole recommencent à fonctionner et les pipelines déversent leur or noir dans des terminaux. Mais les interventions des pays occidentaux, certainement soucieux de préserver leur mainmise sur la Libye, s’avèrent un échec. C’est particulièrement vrai de l’intervention de la France.

Le paternalisme bon teint de Macron

Sous l’impulsion d’Emmanuel Macron, une réunion internationale s’était déroulée à Paris. Avec le ton et l’attitude habituelle qui sont ceux du président français – un mélange de considération politique et de paternalisme bon teint –, la sortie de crise était programmée. D’un côté un gouvernement reconnu par la « communauté internationale », de l’autre des acteurs armés mais assez sérieux pour être pris en considération. Au milieu un Parlement exilé à l’est sans vraiment de pouvoir sauf à être un moyen de pression dans d’éventuelles négociations. À Paris, Emmanuel Macron se voulait serein et certain que les nouvelles listes électorales allaient permettre la tenue d’une élection cet automne. Il en voulait pour preuve la présence à ses côtés des principaux acteurs politiques. Il avait sans doute oublié ou occulté ou encore – pire – minimisé l’action des milices armées qui n’existent que par les subsides fournis par des pays tiers,

des entités financières, et surtout par l’argent qu’elles récoltent sur le dos des milliers de migrants parqués comme des bêtes, soumis au bon vouloir de groupes qui les déplacent comme du bétail, les envoient à la mort comme bon leur chante ou les retient sans aucun espoir de liberté. Depuis New York, le ministre français des Affaires étrangères, JeanYves Le Drian, peut bien dénoncer ces groupes armés – sans beaucoup de considération vis-à-vis de ces enfants, ces femmes, ces hommes, qui cherchent un avenir en passant par la Libye – et demander des sanctions à leur encontre. Il reste dans une contradiction notoire. Ces groupes se nourrissent du rejet de ces réfugiés, les utilisent comme monnaie d’échange et, au final, font capoter toute tentative de règlement politique de la situation libyenne. Mais c’est bien sur ces murs dressés que se fracassent des humains. Pierre Barbancey, l’Humanité du 26/09/2018 Les Nouvelles 4 octobre 2018 • 5


PCF RETOUR SUR LE PLAN PAUVRETÉ

LA RÉOLE

Le Président des riches découvre le monde des pauvres

Échange et mobilisation autour des urgences

Le 13 septembre, le PCF rappelait, dans un communiqué que 9 millions de personnes vivent sous le seuil de pauvreté, dont un enfant sur 5. « Il était temps » que le « Président de la République se penche sur la question de la pauvreté » en présentant son « plan », a commenté l’organisation. Le PCF relève « des mesures positives », « résultat notamment de l’action au quotidien des associations de solidarité, mais aussi des élu-e-s locaux, et singulièrement communistes, qui font un travail formidable ». Revalorisation de la prime d’activité, aide à l’accès des enfants aux crèches, petits-déjeuners à l’école, tarification sociale pour la restauration scolaire, formation obligatoire 16-18 ans pour les décrocheurs, une prise en charge allongée pour les jeunes en rupture familiale, quelques mesures de simplification pour l’accès aux soins, « cela va dans le bon sens ». Mais il manque à ce plan : une revalorisation du RSA, le RSA pour les moins de 25 ans, un effort suffisant pour l’hébergement des familles. Le PCF relève par ailleurs une baisse du budget emploi, notamment des contrats aidés, aucune remise en cause des mesures de désindexation conduisant à la baisse des allocations familiales, des retraites et des allocations logement, prévues dans

le budget 2019, qui vont faire basculer de nombreuses familles dans la pauvreté. « Un vrai plan d’urgence devrait agir sur tous les fronts concernés : interdiction des expulsions locatives, des coupures d’énergie et d’eau, refus des privations de cantines scolaires, suppression de la TVA sur les produits de première nécessité, construction massive de logements sociaux, augmentation des places d’ hébergement d’urgence, soutien à l’insertion dans l’emploi, élargissement de l’accès aux soins, réforme des minimas sociaux avec un revenu dont le montant devrait est supérieur à 800 euros comme le demande les associations. » « Si le président Macron veut se départir de son image de président des riches, qu’il cesse de verser des milliards de cadeaux fiscaux et sociaux aux personnes très riches de notre pays, qu’il engage une réforme fiscale juste pour lutter contre les inégalités et pour répondre aux besoins sociaux de la population. Nous proposons une grande conférence sociale avec les réseaux et associations de solidarité, les syndicats, les personnes en situation de pauvreté, les salariés, pour travailler ensemble à l’ élaboration d’un plan cohérent et pluriannuel pour mener ce combat. » La « politique de Macron c’est toujours un pas en avant, trois siècles en arrière », conclue l’organisation.

BUDGET 2019

Président des riches et Roi du bonneteau Communiqué de presse de Fabien Roussel, député communiste du Nord, le 24 septembre. Le budget 2019 confirme les véritables priorités du « Président des riches » en s’attaquant pour la deuxième année consécutive au pouvoir d’achat des Français et en faisant de nouveaux cadeaux à la finance. Une nouvelle baisse de pouvoir d’achat est annoncée en 2019, avec : • gel des pensions et des prestations sociales : -3,4 milliards d’euros ; • hausse des taxes sur les carburants : - 1,9 milliard d’euros ; • diminution du dispositif pour la rénovation thermique : - 800 millions d’euros ; • hausse des taxes sur le tabac : - 400 millions d’euros ; • gel du SMIC et du point d’indice des fonctionnaires. À ces mesures gouvernementales, il faut ajouter la hausse du prix des mutuelles (800 millions d’euros en 2018), de l’électricité, du gaz et des assurances. Adepte du jeu de bonneteau, l’exé6 • Les Nouvelles 4 octobre 2018

cutif ose même présenter la baisse de cotisations sociales comme une mesure favorable au pouvoir d’achat alors qu’elle vient à peine compenser la hausse de la CSG, à l’œuvre depuis le 1er janvier 2018, et qui a frappé durement nos concitoyens. Les mesures annoncées, portant sur la taxe d’habitation et sur la CSG versée par les retraités, ne compenseront pas non plus ces multiples attaques contre le pouvoir d’achat. Enfin, ce budget fait encore la part belle aux grandes entreprises. 2019 verra se cumuler le CICE, la baisse de cotisations sociales patronales et la diminution du taux de l’impôt sur les sociétés. Coût total pour l’État : environ 42 milliards d’euros ! Une faveur, une nouvelle fois accordée sans condition ni ciblage. La majorité se targue de baisser fortement la dépense publique mais oublie qu’elle est le principal levier de redistribution des richesses. Face aux coups portés au plus grand nombre, les députés communistes se battront contre un budget empreint d’une idéologie dépassée, injuste et inefficace.

Mercredi 26 septembre, une réunion publique sur l’avenir des urgences de l’hôpital de La Réole, à l’initiative de la section du PCF La Réole Montségur, a réuni une quinzaine de participant-e-s dont le maire de La Réole, Bruno Marty. Bruno Marty, maire de La Réole, est aussi président du conseil de surveillance du Groupe hospitalier sud Gironde (GHSG) réunissant les hôpitaux de Langon et La Réole. Il a informé les participant-e-s à la réunion publique initiée par la section du PCF de l’état des négociations avec l’ARS (Agence régionale de santé) sur ce dossier. Depuis 2005, les urgences de la Réole sont fermées la nuit et le week-end et fonctionnent 5 jours sur 7 de 8h à 20h avec 2 urgentistes qui se relaient avec les urgences de Langon. Dernièrement, la situation s’est tendue avec la fermeture du service les jours fériés, faute de remplaçants. L’ARS a décidé de fermer complètement ce service au 1er septembre 2018. Suite à cette injonction, le maire et les

représentants syndicaux CGT et FO du GHSG ont rencontré le DG de l’ARS, M. Laforcade, l’informant de l’engagement de 3 urgentistes prêts à s’investir sur le site de La Réole ce qui permettrait le maintien des urgences 7/7. Un conseil de surveillance du GHSG se tiendra le 17 octobre et on saura alors si l’ARS accompagne ou non le maintien des urgences de La Réole sous forme de convention financière avec l’établissement hospitalier. Le maire s’est donc montré plutôt rassurant quant à l’avenir des urgences mais il est difficile de partager son optimisme quand on sait que le GHSG est en déficit financier de plus de 3 millions d’euros, qu’il va supprimer des lits de médecine, de chirurgie et de maternité, qu’il va redéployer des lits de courts séjours gériatriques du site de Langon vers celui de la Réole, tout cela dans un objectif d’économies, d’économies en personnel hospitalier déjà en grande souffrance. Et cela dans le contexte du nouveau plan gouvernemental « ma santé 2022 » qui prévoit de « relooker » quelques 600 hôpitaux de proximité d’ici 2020 en fermant, pour la plupart,

les urgences de ces établissements. Les participant-e-s au débat ont reproché au maire de ne pas s’être appuyé sur la population pour estimer les besoins du territoire. Car le canton du Réolais-Les Bastides, c’est 90 communes et si certaines (dont La Réole) sont à moins de 30 mn des urgences de Langon, d’autres se situent bien au-delà de ce temps d’accès. On peut alors se poser la question de l’égalité d’accès aux soins pour toutes et tous sur un même territoire. Inadmissible, pour les militant-e-s présent-e-s ce soir-là qui demandent le maintien du service sur La Réole avec de vrais urgences 24/24 et 7/7. Le secrétaire de section du PCF de La Réole, Pascal Bagnarol, propose d’élaborer un tract afin d’informer la population sur les débats en cours et d’appeler tous les citoyen-ne-s, les associations de patients, les partis politiques, les syndicats et les élus à se mobiliser autour d’un collectif de défense des urgences de La Réole. M.M.

PRÉSENCE DU PARTI EN ENTREPRISE

Rencontrons les premiers concernés ! Je n’ai pas été contacté pour signer un texte alternatif. Je pense qu’il y a sans doute préalablement des rencontres, des échanges qui permettent de repérer les signataires éventuels de tel ou tel texte. Quand je pense que nous nous sommes mis d’accord, il y a plus d’un an pour aller vers un Congrès extraordinaire, qu’une Conférence nationale s’est réunie fin 2017, que des ateliers multiples ont été créés composés de camarades n’ayant pas la même approche… je me dis : ou la démocratie n’a pas bien fonctionné, ou quel que soit le résultat les textes alternatifs auraient été déposés. Aujourd’hui beaucoup de communistes pensent que le nombre de textes ne permet pas une réelle discussion mais plutôt l’alignement sur tel ou tel texte et je le pense aussi. Je voudrais aborder la question du parti à l’entreprise. Le texte 2 (Pour un Manifeste du PCF du XXIe siècle) dénonce entre autres l’abandon par la direction de la bataille à l’entreprise. Situer l’arrêt de cette activité dans le temps (20 ans) et fixer les responsabilités avec autant de précision me parait

tout à fait réducteur. Ne pas mettre en débat les causes réelles de ce recul bien antérieur et qui est à l’image du recul de l’influence globale du parti dans tous les secteurs de la société me semble pour le moins léger et/ou hasardeux ! Quand André Lajoinie a fait 6,8 % aux présidentielles (1988), cela devait déjà être la faute de G. Marchais ! L’entreprise est la source de l’exploitation, le lieu où toutes les pratiques d’exploitations sont mises en place, où l’être humain subit directement toutes ces méthodes, où il est capable de les refuser ou non, de les faire reculer ou non. Cette bataille est au centre de toutes, elle est incontournable. Alors est-ce que les communistes ont cette vision ? En premier lieu ceux qui sont ou étaient dans l’entreprise ? Est-ce que les nombreux syndicalistes CGT partagent ce point de vue, ou bien pensent-ils que l’activité syndicale suffit ? La chute du mur de Berlin n’a-telle eu aucune conséquence sur les consciences ? La bataille menée par la social-démocratie et son accompagne-

ment du système n’a-t-elle eu aucune conséquence ? L’indépendance de la CGT vis-à-vis du PCF a-t-elle été sans conséquences dans cette période sur les repères de classes ? Pour avoir milité dans les deux, je pense que la lutte dans l’entreprise est naturellement vécue en termes de rapports de forces. Et pour beaucoup la voie du syndicat est plus naturelle, plus accessible. Chose beaucoup plus difficile avec le parti surtout quand celui-ci fait 1,9 % aux présidentielles, et quand la pression se fait plus forte qu’à l’extérieur de l’entreprise. Il ne faut pas prendre de raccourcis. Si nous n’avons pas une analyse sereine et objective de nos difficultés nous n’avancerons pas ensemble sur les propositions, les éventuelles solutions. Rencontrons les premiers concernés (communistes des entreprises, syndicalistes, acteurs du mouvement social) et débattons de tout avec eux. Pierre Vignau, secrétaire de la section Rives droite et membre de l’exécutif du PCF en Gironde

CONTRIBUTION

Communiste, manifestement communiste ! À l’occasion du congrès du PCF, la question de la disparition du mouvement communiste en France est posée. L’effacement du Parti derrière des stratégies purement défensives, souvent après bien des tergiversations, l’affaiblissement électoral historique auquel ces orientations depuis le congrès de Martigues en 2000 nous ont conduit, nous placent devant

nos responsabilités. Nous devons savoir si nos difficultés sont le résultat d’une mauvaise application de nos décisions ou si ces décisions elles-mêmes n’étaient pas d’emblée délétères. Ne sommes-nous pas parti d’un postulat erroné selon lequel il fallait abaisser l’ambition communiste jusqu’à l’abandon de notre identité, pour construire le rassemblement ?

Au point de courir en vain derrière des « comités antilibéraux » en 2007, de s’effacer dans le Front de gauche ou de se mettre au service d’un candidat qui n’attendait de nous que la soumission. Je n’arrive toujours pas accepter que notre Parti ait décidé à deux reprises de ne pas présenter de candidat communiste à l’élection la plus mobilisatrice de nos concitoyens.


PCF Comment peut-on être visible médiatiquement et exister politiquement dans ces conditions ? Nous organisons un congrès extraordinaire et la direction sortante se contente d’ouvrir des fenêtres pour ne pas reconnaître ni assumer ses erreurs et trop de nos camarades sensibles aux ondes rémanentes de feu la discipline de parti se contentent de suivre le fil des habitudes. Où est l’extraordinaire dans la reconduction de choix mortifères ? Le texte n°1 peut bien contenir quelques avancées, il est marqué du sceau de l’échec et il est à l’image des atermoiements de ces 20 dernières années : validé par un tiers seulement des membres du CN sortant, sans le moindre enthousiasme. S’il devient

la base commune au scrutin interne des 4-6 octobre prochain, alors rien ne changera. Je suis signataire depuis la fin juin du texte n°3 « Pour un Manifeste du Parti communiste du XXIe siècle » parce que je veux éviter tout cela. Avec ce texte, soutenu par plus de 1 300 signatures, j’espère que les communistes se rassembleront pour : - reconquérir l’influence de notre Parti en ne considérant pas son identité et son histoire comme autant de « valises de plomb » ; - refonder un Parti révolutionnaire, marxiste sans complexe et fondant son unité dans la bataille des idées et les luttes ;

- décider d’une réorientation stratégique, en ne se cachant pas derrières les difficultés d’un contexte politique pour faire honte à nos principes ; - mobiliser le Parti au plus près des réalités de l’entreprise et du quartier et non dans des sections parfois hors- sols ; - réussir à terme la conquête de tous les pouvoirs. Mes mots sont abrupts, sans nuance et parce que j’ai le cœur lourd. Mais sachez qu’au soir du 6 octobre, je resterai communiste. Nous avons tous besoin du Parti communiste. Stéphane Bailanger, adhérent de la section de Mérignac

Un congrès construit à des dizaines de milliers de voix collective, riche de ses différences, faisant unité éclairée retrouvée. Mais si l’on cherche en toute honnêteté à entreprendre ce chemin permettant au PCF de retrouver une lisibilité sociale, démocratique, de classe par son insertion idéologique dans et par les luttes, nous pourrons d’autant offrir une assise citoyenne elle-même capable de construire un rassemblement populaire. C’est bien ce rassemblement qui pourra inverser l’isolement, par ses divisions, d’une gauche de dépassement du capitalisme. Pour cela, pourquoi refuser de nous appuyer sur la base commune portée par notre CN sortant, malgré toutes ses impasses, faiblesses reconnues d’ailleurs d’entrée par ses fenêtres ouvertes ? Par exemple, voilà des années que notre Ve République a de plus en plus enfermé nos concitoyens dans une monarchie, une féodalité financière. N’y a-t-il pas là un chantier politique, démocratique capable de forger tous

ensemble un chemin pour l’Humain d’abord, dans les entreprises et les quartiers notamment, chantier qu’hélas ! nous avons abandonné depuis de nombreuses années alors que nous étions porteurs de cette riche construction et animation. Osons toutes et tous, dès maintenant, nous confronter à cet objectif unitaire. Si nous en faisons l’impasse, simplement satisfaits de nous compter autour de textes qui auront échappé à l’immense majorité de nos adhérents, je crains que mes désillusions deviennent perdition face à la financiarisation galopante continuant à se nourrir avec voracité des productions économiques et culturelles créées par les citoyens, qui plus est quand on sait que seul le communisme, l’éco communisme pourra être la réponse à court et moyen terme de ce combat de classe incontournable. Max Guichard, membre de l’exécutif du PCF 33, section Rive droite

CONTRIBUTION

Une critique offensive pour la reconquête Face à l’échec terrible de 2017, nous avons besoin de faire un bilan, car le diagnostique vital du PCF est en jeu. Non pour pointer la responsabilité d’untel ou untel, ou pour se fustiger collectivement – ce qui a peu d’intérêt – mais afin d’appréhender au mieux ce qui n’a pas marché dans notre stratégie passée, afin de voir l’avenir avec ambition. C’est, à mon sens, le manque principal de la proposition de base commune du CN. C’est une lourde responsabilité. Je ne crois pas à la solution de la fuite en avant, qui nous exempterait de comprendre les évènements passés. Je pense au contraire que c’est dans les moments de forte critique sur nous mêmes, sur nos pratiques que nous avons su grandir. Nous sommes nés de cette critique suite à la seconde guerre mondiale et à l’échec de l’internationale socialiste, nous avons su au début des années 40 sortir de la dérive sectaire, et au milieu de années « 80 » nous avons été en capacité de faire un retour critique sur le programme commun. Il s’agit là d’un enjeu capital afin de pouvoir regarder l’avenir avec

Loto La section Rives de Dordogne du PCF organise un loto à la Salle du Verdet, 12 rue de Toussaint à Libourne, dimanche 14 octobre 2018 à 14h30.

BÈGLES VENDREDI 12 OCTOBRE 12, rue du Prêche, de 17h30 à 19h (face cité de la Mairie)

CONTRIBUTION

C’est l’espoir que j’ai porté lorsque la décision d’un congrès extraordinaire, avec ses différentes séquences a été prise. Hélas, rapidement, cet espoir s’est transformé en désillusion. Premièrement, par la faible participation de camarades dans le premier acte, ayant du mal à sortir du traumatisme subi par le processus des élections présidentielles et législatives. Ce d’autant que la base commune votée par le comité national ne donnait pas de pistes capables de rouvrir une perspective donnant au Parti rassemblé sa capacité de construire son autonomie de choix. Deuxièmement, l’arrivée immédiate de trois textes alternatifs, par leur existence même, ayant créé confusion durant ces dernières années comme une forme de rapport de force annihilant le débat collectif et le pouvoir de chaque adhérent de compter pour un. Et pourtant, n’est ce pas ce débat, respectueux de toutes et tous qui peut permettre une véritable construction

PCF RIVES DE DORDOGNES

ambition, et se mettre en situation de reconquête. Faire cette critique n’est pas renoncer au rassemblement ni, comme je peux le lire ou l’entendre, faire un retour en arrière de 30 ans. Le procès qui renverrait à un passé révolu est à mon sens fort simpliste et pas à la hauteur du débat exigeant que nous avons besoin de produire collectivement. Il s’agit au contraire d’apprécier la période que nous avons vécu dans toute sa complexité (crise de société, vote utile, affaiblissement du parti) pour regarder face à quelles contradictions nous étions et comment, qu’on le veuille ou non, nous n’avons pas su dépasser. Cela est sans doute à chercher dans la forme même du rassemblement que nous avons construit, qui a conduit à estomper la visibilité du parti, nous a éloigné d’une démarche qui visait à une appropriation de la politique par le plus grand nombre, pour favoriser une démarche de sommet et élitiste. Enfin, au fil du temps nous avons renoncé à conquérir d’autres pouvoirs que celui institutionnel, en centrant notre stratégie et notre activité d’abord

et avant tout sur la question de l’État, et son corollaire, les élections. Si la proposition du CN opère des « bougés », il reste à mon sens trop timides, ne pointent pas assez les pouvoirs que ce soit dans l’entreprise ou sur l’argent. J’avais d’ailleurs dans la première phase de discussion produit une contribution sur cette question*. C’est l’ensemble de ces questions qui m’ont amené à soutenir la proposition de base commune alternative du Manifeste, non le soutien à untel ou l’opposition à un autre, débats qui ne sont que de peu d’intérêt. Quand au risque de division, je crois que nous avons besoin de prendre ce débat de manière dialectique, de voir que notre unité se construit dans nos propres contradictions et que nous sommes capables collectivement de les dépasser dans le débat. Frédéric Mellier, membre de l’exécutif du PCF 33, section de Bordeaux *https://congres2018.pcf.fr/93930/pour_mettre_ les_entreprises_et_le_salariat_au_c_ur_de_la_ strat_gies_de_transformation_r_volutinnaire

SAMEDI 13 OCTOBRE cité Maurice Thorez, de 10h à 12h (parking boulangerie face à la cité)

MÉRIGNAC VENDREDI 12 OCTOBRE résidence Pont de Madame, à 17h face au collège Jules Ferry

VILLENAVE-D’ORNON VENDREDI 12 OCTOBRE

Cité de Sarcignan, de 17h30 à 19h30 (en cas de pluie : 34, chemin Gaston, local du PCF)

BORDEAUX

SAMEDI 13 OCTOBRE cité des Aubiers, de 9h30 à 12h

BRUGES

SAMEDI 13 OCTOBRE Place Jean Moulin - quartier du Tasta, de 10h à 12h

LES PRODUITS :

pommes de terres .. 4 € / sac de 5 kg

tomates ................................ 2 € / kg

poireaux ........................ 1,50 € / kg

poivrons ............................... 2 € / kg

citrouille ............................ 1,5 € / kg

choux verts ....................... 2 € pièce

salades ............................... 1 € les 2

courgettes ........................ 1,5 € / kg

pommes ......................... 1,50 € / kg

haricots rouges ......... 2,50 € / kg

poires ............................. 1,50 € / kg

PÉTITION Pour l’encadrement des marges de la grande distribution et la rémunération du travail paysan Pour un juste prix producteur/consommateur Pour des produits de qualité garants de la santé publique Le PCF propose des mesures concrètes en faveur d’une alimentation saine, de qualité, relocalisée et accessible à tous. Il appelle à se mobiliser notamment pour : - un moratoire financier et fiscal pour rétablir l’équilibre économique des exploitations agricoles françaises - une nouvelle politique agricole et alimentaire commune en Europe, cohérente et volontariste, pour répondre en priorité aux besoins des populations, avec pour objectif la souveraineté alimentaire et la transition écologique. - une loi qui encadre strictement les marges et les pratiques de la grande distribution et fixe un prix minimum garanti aux producteurs. - exiger l’action des pouvoirs publics (expertise, financement de la recherche) sur l’utilisation massive des anti-fongiques dans l’agriculture qui pose de graves problèmes de santé publique.

Nom, Prénom : Ville : E-mail Signature : À retourner : 15 rue furtado, 33800 Bordeaux ou gironde.pcf@gmail.com

SOUSCRIPTION

Tout versement par chèque ouvre droit à une réduction fiscale de 66% du montant versé. (chèque à l’ordre de ADF PCF 33). Les ressources financières du Parti communiste sont transparentes. Votre don, aussi modeste soit-il, contribuera efficacement à la démocratie, à l’expression et la prise d’initiative du Parti communiste. Cet ensemble sont les éléments majeurs pour continuer notre combat dans l’ambition d’une gauche forte et alternative. Les versements sont à envoyer à la fédération de Gironde du PCF - 15 rue Furtado - 33800 Bordeaux, à l’ordre de l’ADF PCF 33

ILS ONT DONNÉ 2 825 euros : Mme RASO Simone, Villenave d’Ornon ; M. GAI Christian, Yvrac ; Section Rives de Dordogne ; Mme BAUDRAIS Christelle, Bègles ; Mme LAPEBIE Simone, Salles ; M. & Mme VIGNAU Pierre, Floirac ; Fête du 15 août, PCF ; M. IGLESIAS Christian, Loupes

Les Nouvelles 4 octobre 2018 • 7


CHRONIQUE

CULTURE & SOLIDARITÉ

NOUVELLES IDÉES REÇUES

LES RAISINS DE LA MISÈRE

par Gérard Loustalet Sens www.nir-33.fr

Enquête sur la face cachée des châteaux bordelais En France, la crainte de la pauvreté est toujours forte. Selon un sondage IPSOS, en 2018, 59 % des Français disent avoir connu la pauvreté, s’être dit qu’ils étaient sur le point d’y basculer à un moment de leur vie. La Gironde n’est pas épargnée, Ixchel Delaporte, journaliste, a sillonné le couloir de la pauvreté, de la pointe du Médoc à Agen, pendant dix huit mois et nous livre le résultat. Mondialement réputée par ses grands crus et la beauté de ses paysages, la région de Bordeaux est connue pour ses châteaux aux noms prestigieux, ses petites villes médiévales fortifiées, ses collines verdoyantes. Mais de la pointe du Médoc à Agen, en passant par Blaye, Libourne, Langon, existe un couloir de la pauvreté qu’Ixchel Delaporte. explore. Elle étudie l’étonnante coïncidence entre la carte de la pauvreté et celle des grands crus, un couloir de 250 kms de long sur 60 de large. Comment la réalité peut associer la splendeur d’un des patrimoines les plus importants, les plus reconnus avec la précarité et la pauvreté ? Elle nous montre la désintégration de Pauillac, vaguement masquée par les vitrines virtuelles. L’ostentatoire et le luxe cohabitent avec ¾ d’habitants non-imposables. Jusqu’en 86, Shell y employait 320 personnes directement,

plus les emplois induits, aujourd’hui les habitants se retrouvent chez Lidl ou Intermarché, surtout le premier vendredi du mois, jour de versement des aides sociales. L’auteure nous dit comment le recours systématique aux emplois saisonniers dans la viticulture fait débat et est l’objet de contentieux. Précarité et sous-traitance ont permis de faire baisser les coûts globaux de production viticole. Elle nous montre le chantage permanent aux licenciements pour éviter de payer les cotisations sociales. Elle rencontre Asma, José, leurs enfants, les marchands de sommeil et le Front national. Le lancement de campagne de publicité par les lobbies du vin et les alcooliers en direction des jeunes et des femmes donnent des résultats : l’alcool est la première cause de mortalité chez les jeunes français de 18 à 25 ans. L’amitié d’E. Macron et la direction marketing de Baron de Rothschild, France Boisson (Heineken), réussit à assouplir la loi Evin favorisant ainsi l’œnotourisme. L’alcool, avec 50 000 morts par an, est la première cause de mortalité après le tabac. Nous rencontrons avec Ixchel, Samuel et la famille Leman dans le Sauternais. Licencié, il retrace l’histoire du château Nairac à Barsac, château esclavagiste. En 1740, sur leur 8 bateaux 3 étaient dédiés à la traite négrière :

18 expéditions qui déportèrent plus de 8 000 noirs. La demeure est luxueuse, à quelques kilomètres, les tziganes vivent dans les immondices et veulent vivre de leur travail. Saint-Emilion, prestige et tourisme culturel, le salaire médian net horaire s’élève à 8,80 euros pour un contrat saisonnier, contre 10 euros pour un contrat non-saisonnier. Castillonla-Bataille a un niveau de vie le plus faible du département avec 25,5 % des habitants de moins de 65 ans au RSA. La Réole, au quatrième rang des communes les plus pauvres de feu la région Aquitaine, cumule 21 % de personnes au chômage. La journaliste nous décrit les jeux d’influence des lobbies du vin à l’Assemblée nationale, au sein du gouvernement, nous montre comment, derrière la locomotive des vins prestigieux, se mettent en place des stratégies commerciales décomplexées pour vendre des bouteilles bas de gamme. Un regard sensible et documenté, une plongée au cœur d’un territoire emblématique de notre identité française et de ses inégalités. Une contradiction à résoudre au plus vite. Pierre Bordas Ixchel Delaporte, « Les raisins de la misère », Enquête, La brune au rouergue

ASSOCIATION POUR LA MÉMOIRE DES MARTYRS DE L’AÉRONAUTIQUE

Hommage aux travailleurs L’Association pour la mémoire des martyrs de l’aéronautique vous invite à la cérémonie d’hommage aux travailleurs morts pendant la guerre 1939-1945, le samedi 13 octobre 2018 à 17h, au Monument de la SNCASO (nouvel emplacement entrée Stelia Aerospace, ex Sogerma) à Mérignac. La cérémonie en hommage aux travailleurs de l’aéronautique de la Gironde, morts pendant la guerre (combattants, fusillés, déportés, prisonniers), se déroulera sous la présidence de Georges Durou, otage au camp de Mérignac, déporté au camp d’Oranienbourg-Sachsenhausen ; les directions de Dassault Aviation, STELIA Aerospace, Sabena Technics et l’AIA ; les organisations syndicales CGT, FO, CFDT et CGC des usines de l’Aéronautique Dassault, STELIA Aerospace, AIA ; l’IHS CGT de la Gironde et de l’ Aquitaine ; l’association des Fusillés de Souge ; l’ARAC ANACR ; le Comité d’entente des anciens combattants de Mérignac. Et sous le haut patronage de : M. Alain

Anziani, maire de Mérignac, M. Eric Poulliat, député de la Gironde, M. Jean-Luc Gleyze, président du Conseil départemental de la Gironde, M. Alain Juppé, président de Bordeaux Métropole, maire de Bordeaux, ancien Premier ministre.

Pérenniser l’hommage des 78 de la SNCASO

Créée en 2012 par un collectif d’anciens salariés, l’association pour la mémoire des Martyrs de l’Aéronautique souhaite valoriser le patrimoine de l’industrie aéronautique ainsi que des hommes qui la servent. Entre 1939 et 1945, les salariés de l’aéronautique girondine ont payé un lourd tribut à la défense de leur pays. 78 employés de la SNCASO (ex Dassault ), et 18 de l’AIA à Floirac ont été fusillés par l’armée Allemande au camp de Souge. « Les ouvriers de ce secteur, actifs politiquement, étaient habitués à lutter : beaucoup se sont engagés dans la résistance. Pendant la seconde guerre mondiale, Mérignac était en zone occupée et les usines étaient des points

stratégiques. Les résistants sabotaient les moteurs, retardaient les productions et tentaient de faire exploser des appareils en vol », relate Georges Gili, président de l’association. C’est toute cette histoire qu’honorera l’Association pour la mémoire des martyrs de l’aéronautique, le samedi 13 octobre 2018 à 17h, face à la stèle de Sogerma. ANNONCES LÉGALES AVIS DE CONSTITUTION

Aux termes d’un acte sous seing privé en date du 25 septembre 2018 il a été constitué une société. Forme : Société par actions simplifiée (SAS) Dénomination sociale : Patrimonis SAS Objet social : Agence immobilière Siège social : 8 rue Rosalie, 33800 Bordeaux Durée : 99 ans Capital social : 100 euros Président : Mme Millasseau Marie, résidant 8 rue Rosalie, 33800 Bordeaux. Directeur Général : M. Millasseau Luc, résidant 13 rue bagatelle, apt2 97400 Saint Denis de la Réunion. Admission aux assemblées et exercice du droit de vote: Chaque actionnaire est convoqué aux Assemblées. Chaque action donne droit à une voix Clauses d’agrément : Les actions sont librement cessibles entre actionnaires uniquement avec accord du Président de la société Immatriculation : RCS de Bordeaux Pour avis, Le Président SCP MONTAGNE, CURT et PASQUIER-MONTAGNE, Notaires associés à ARUDY (64260), 7, Avenue des Pyrénées.

Les Nouvelles de Bordeaux et du Sud-Ouest S.A.S. au capital de 37 000 euros Associés (à parts égales) : L. Chollon, F. Mellier, S. Laborde, M. Lavallée Directeur de la publication : Frédéric Mellier Abonnement 1 an : 25 euros. Abonnement de soutien : 40 euros Rédaction, composition, impression : S.A.S. Les Nouvelles de Bordeaux et du Sud-Ouest 15, rue Furtado - 33800 BORDEAUX Tél. 05 56 91 45 06 - Fax 05 56 92 61 01 - Annonces légales : annonces@nbso.fr Comptabilité : compta@nbso.fr - Redaction/Proposition d’article : redaction@nbso.fr @nvlbx Les nouvelles de bordeaux nbso.fr Commission paritaire de presse : 0123 C 85932

8 • Les Nouvelles 4 octobre 2018

AVIS RECTIFICATIF

A l’avis paru au n°2261 du 28/06/2018 concernant la SCI E.L.V, RCS BORDEAUX 485 172 803. Concernant le siège de la liquidation, il fallait lire : 5 Côte des Soeurs, 33360 CAMBLANESET-MEYNAC. Le reste sans changement. Pour avis Le notaire.

Une démocratisation qui ne passe pas Le ministre de l’Education nationale, Jean-Michel Blanquer, cherche à se faire passer pour un simple technicien de l’éducation, neutre et sans a priori, témoin cette insistante rhétorique du pragmatisme qui n’est que du conformisme et la soumission cynique à la loi du marché. En réalité, il est de formation juridique et ne côtoie l’éducation que depuis une douzaine d’années. Il est idéologiquement très à droite, ce qui est son droit mais n’est pas sans conséquence, d’autant qu’il cherche à le masquer. Il a été directeur général de l’enseignement scolaire d’un des plus lamentables ministres de l’EN que l’on ait connu, Luc Chatel, et a été ainsi acteur de la scandaleuse suppression de fait par celui-ci de la formation des maîtres. À vrai dire, Blanquer ne dépare pas dans la longue litanie des ministres de l’EN sous la Vème République dont le plus clair de l’action a constamment été de s’efforcer de contenir et limiter l’accès aux enseignements secondaire et supérieur des enfants des classes populaires. Pour ceux-ci il y avait autrefois les écoles primaires supérieures et les cours complémentaires tandis que les lycées scolarisaient les enfants de la bourgeoisie des « petites classes » élémentaires à la Terminale. C’était le bon vieux temps où l’on ne mélangeait pas les torchons avec les serviettes alors qu’aujourd’hui, Finkielkraut le dit crûment, le souci d’amener les enfants du peuple au même niveau que ceux des classes dominantes, aurait fait baisser la culture jusqu’au « naufrage » (La querelle de l’école, 2009). Il a fallu attendre la réforme Berthoin de 1959 pour que la scolarité passe à 16 ans mais toujours en évitant la mixité sociale avec d’un côté les collèges d’enseignement technique et les CEG, de l’autre, encore, les « petits lycées ». En 1963, la réforme Fouchet introduit les CES mais toujours avec des filières : enseignement court, enseignement long et les classes de transition de sinistre mémoire. Les CEG subsistant, la réforme Haby de 1975 les supprime, l’hétérogénéité des classes de CES devient, en principe, la règle même si, en fin de 5ème, beaucoup d’élèves seront orientés vers les voies de garage des CPPN et des CPA. En tout cas, les Conservateurs ne s ‘en sont pas encore remis, comme si la reproduction sociale ne fonctionnait plus… Et la mise en cause néo-réactionnaire de l’école est alors devenu un fonds de commerce juteux pour de nombreux plumitifs, les Brighelli, Polony, Le Bris… Plus c’est outrancier, plus ça marche ! L’offensive s’est mise en place en 1984, sous le ministère Savary, à la suite du rapport Legrand de 1982 et l’ambition de « rénovation du collège unique » qui a sans doute été une des tentatives les plus intéressantes pour une réelle démocratisation. Elle a tourné court comme à peu près tout ce qu’avait promis Mitterrand. Mais le sang de M. Jean-Claude Milner n’a fait qu’un tour, ce personnage, en devenant mandarin de l’Université, étant passé allègrement des fureurs du maoïsme à un conservatisme fanatique. J’ai pris la peine de reprendre sa diatribe de 1984 intitulée sobrement De l’école. C’est édifiant. On a le discours type du dominant, détenteur proclamé de la culture légitime, qui s’octroie la destinée manifeste de veiller à ce que jamais le vulgaire ne la souille, en particulier ces méprisables et incultes instituteurs. L’emphase hautaine y tient lieu d’argument et l’orgueil du magistère s’y déploie comme le paon sa queue. Non sans quelques répugnantes bassesses : selon Milner, « les Réformateurs veulent transformer l’école en caniveau pour immigrés » (De l’école, p.141). Il faut bien le dire, visiblement ces gens détestent les enfants. Pour Milner, il n’y a pas d’enfants mais des élèves, c’est-à-dire des sujets dont l’enseignant est le maître à tous les sens du terme. L’enfant est ici un être rebelle et pervers qu’il faut contraindre, mater et au besoin châtier sans hésitation. Ce ne doit être que le réceptacle du savoir et, fulmine Milner, « le pédagogue ne s’intéresse pas à ce qu’il enseigne puisqu’il ne s’intéresse qu’à ses élèves » (p.188). Jacques Julliard -ce nain de la pensée qui injuria Bourdieu sur son lit de mort et trouve que J.J. Rousseau n’a dit que des sottises- va plus loin : le rapport maître/ élève serait un exercice « d’admiration » (L’école est finie, 2015, p.48). Vieille nostalgie d’un improbable charisme professoral. Consternant archaïsme où le savoir supposé du maître n’est qu’un instrument de domination générant des disciples dévots sommés de se soumettre à un pouvoir jalousement préservé…


Turn static files into dynamic content formats.

Create a flipbook
Issuu converts static files into: digital portfolios, online yearbooks, online catalogs, digital photo albums and more. Sign up and create your flipbook.