Jeudi 11 octobre 2018 - N° 2276 - Hebdomadaire - 15, rue Furtado - 33800 BORDEAUX - Prix : 0,80 euro
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DOSSIER
BRÉSIL
CONGRÈS
Le sport compte !
Dans les eaux boueuses de l’extrême droite
Les communistes choisissent leur base commune
P.4-5
P.6
P.7
ACTUALITÉ TRANSPORT DANS LA MÉTROPOLE
SOLIDARITÉ AVEC L’AQUARIUS
Les élus communistes parlent gratuité et espace public
La vague orange passe sur Bordeaux
Lors du Conseil de Métropole de fin septembre, il a beaucoup été question de transport. L’occasion pour les élus communiste d’aborder le débat sur la gratuité dans la Métropole mais aussi d’interpeller sur l’accaparement du domaine public par les sociétés privées de location. Alors qu’était présenté le rapport de la Métropole sur le délégataire (Keolis), Léna Beaulieu n’a pas manqué de rappeler que la mise en place de la gratuité des transports fait de plus en plus débat dans notre société et que nombre d’agglomérations y réfléchissent. « On peut s’interroger sur la pertinence de verser un bonus de 2 millions d’€ à une entreprise aussi bénéficiaire que Kéolis, a argumenté l’élue. Cet argent aurait été plus utile en investissement dont notre réseau de transports saturé aurait bien besoin. Il pourrait aussi nous aider à aller vers la gratuité mais cela nécessiterait d’autres choix économiques comme de passer par une régie pour être maîtres de nos choix et ne pas faire le jeu des grands groupes qui s’accaparent les réseaux de transport urbain aujourd’hui, et peut être ferré demain, pour avant toute chose dégager des marges. » Pour l’élue, la gratuité serait « un véritable geste social et écologique qui reste accessible si la volonté politique est là, au niveau local comme au niveau national. » « Ce serait une mesure forte d’engagement pour réduire la part de la voiture dans nos déplacements, un vrai geste pour l’environnement. » La location de deux roues électriques est elle aussi un geste pour l’environnement. Mais Max Guichard a constaté qu’une nouvelle entreprise, Lime, a mis des trottinettes électriques en libre service, faisant suite à l’implantation d’IndigoWheel et celle de Yugo et ses scooters électriques. « Si l’idée est sympathique et permet à nos concitoyens d’utiliser un nouveau mode de déplacements, a commenté l’élu. C’est un véritable fleurissement d’initiatives privées sur les transports qui se fait jour sur notre agglomération. Cela n’est pas sans poser quelques questions tant à propos de l’occupation de l’espace public que sur la manière dont cela peut interférer sur nos propres politiques. » Au même titre que pour Airbnb, les élus communistes demandent qu’une réflexion soit engagée et le législateur interpeller sur les outils permettant de réguler cette appropriation privée de l’espace public.
La mobilisation nationale de solidarité pour l’Aquarius a rassemblé plus de 700 personnes place Pey Berland à Bordeaux, habillées en orange à l’appel de l’ONG SOS Méditerranée pour que son navire puisse continuer à secourir les migrants.
Un boulevard Simone Rossignol
Les mobilisations citoyennes trouvent de l’écho à Bordeaux. Après la forte mobilisation pour l’environnement, plusieurs centaines de Bordelais se sont retrouvés place Pey Berland en soutien à l’Aquarius. Le navire qui vient au secours des exilés en perdition sur la Méditerranée est menacé : « On nous empêche de faire des sauvetages et on nous menace de nous retirer notre pavillon panaméen, sans quoi on ne pourrait pas naviguer, informe Tiphaine Salès, co-responsable de l’antenne bordelaise de l’ONG. Il n’est pas encore retiré mais le Panama a lui même indiqué que l’Italie faisait pression en ce sens. »
Le 4 octobre, le conseil municipal de Bègles a voté à l’unanimité pour nommer une voie « boulevard Simone Rossignol », actant ainsi une demande des élues communistes en 2015.
TRANSPORT
BÈGLES
C’est le quai actuellement Wilson, prolongé par le boulevard des frères Moga, au débouché du bd J.J. Bosc, face au futur pont Simone Veil, qui portera le nom de Simone Rossignol, proposition retenue par sa famille. Dans les années 60, Simone Rossignol, décédée fin 2014, fut adjointe au maire de René Duhourquet, puis maire et conseillère communautaire à la CUB de 1971 à 1983. Militante communiste et féministe à l’UJFF puis l’UFF (devenue Femmes Solidaires), « c’est avec une grande fierté qu’elle contribuera à la reconstruction et au développement d’une commune marquée par la guerre : équipements sociaux, culturels et sportifs, logements collectifs sociaux, une des premières crèches municipales, maison de retraite, centres de loisirs… » a rappelé* Christine Texier, élue communiste, soulignant « la femme libre » qui invitait « les femmes d’aujourd’hui à prendre toute leur place », dans la société et en politique, complétant ainsi l’hommage du maire à l’occasion de cette décision municipale. « Elle participera à la grande bataille pour l’assainissement et contre les inondations… » a-t-elle poursuivi, « et son autre grande fierté [fut de] réaliser tout cela avec les Béglais-ses et des majorités municipales rassemblant l’ensemble des forces de progrès et humanistes de la ville : communistes bien sûr, socialistes, chrétiens progressistes, mais aussi des citoyens-ne-s et le mouvement associatif impliqués dans la vie de la cité ». Elle conclut par sa passion de la jeunesse exprimée dans son livre** : « Je fais confiance aux jeunes et je suis sûre que dans l’union et dans la lutte ils trouveront des solutions pour empêcher les tenants de l’argent de continuer à nuire. » * L’intégralité sur la page facebook « Bègles pour tous ». **« Je me souviens », co-écrit en 2008 par Vincent Bordas et J.Pierre Nercam, sur la base d’entretiens avec Simone Rossignol. Disponible à la Fédération du PCF 33.
2 • Les Nouvelles 11 octobre 2018
Le samedi 6 octobre, SOS Méditerranée et Médecins Sans Frontières avaient donc lancé un appel national à la solidarité en parallèle d’une pétition qui a réuni plus de 200 000 signatures. Une vague orange – couleur du navire – était attendue à travers le pays. À Bordeaux, une foule compacte a réuni plus de 700 personnes (un millier selon les organisateurs), vêtues pour la plupart en orange. Mégaphone en main, l’organisatrice rappelle qu’il y a cinq ans (presque) jour pour jour, le premier naufrage à Lampedusa avait provoqué « une émotion internationale et un deuil national en Italie ». « Il a fallu cinq ans pour remettre en question le sauvetage en mer, pour que les personnes sur les embarcations de fortune soient déshumanisées… », souligne Tiphaine Salès. Le mouvement demande aux États européens de prendre toutes les mesures nécessaires pour permettre à l’Aquarius de repartir au plus vite mener sa mission vitale de sauvetage.
Mais SOS Méditerranée exige aussi que les États européens respectent leur obligation de porter assistance aux personnes en détresse en mer, et assumer leurs responsabilités en établissant un véritable modèle de sauvetage en Méditerranée. La veille de la manifestation, le local de l’ONG a été saccagé à Marseille, port où le bateau avait accosté le jeudi. « Face à cette nouvelle phase de violence politique menée par l’ultra-droite, il est désormais temps de faire respecter l’état de droit dans notre pays et de mettre fin au trouble manifeste à l’ordre public », a déclaré le PCF. Ian Brossat a interpellé le Premier ministre, Édouard Philippe, qui exerce les fonctions de Ministre de l’Intérieur par intérim, « afin de procéder à la dissolution dans les plus brefs délais du groupuscule d’extrême-droite Génération identitaire. Une inaction du gouvernement vis-à-vis de ce groupuscule, qui n’en est pas à sa première opération, serait un laxisme coupable. »
L’Europe veut faire sans les ports français Le transport est régi par des règles étranges, absurdes et s’opposant au moindre bon sens mais voilà qu’en plus, la Commission européenne a planifié des routes maritimes dont elle exclut les ports français. Voilà une grande nouvelle, l’Europe détermine les grands axes européens par où doivent passer les marchandises et sur quels ports les bateaux doivent s’arrêter. Ce nouveau règlement du mois d’août 2018 intervient dans le cadre du Brexit pour réaménager les routes maritimes européennes entre l’Irlande et le continent, sans l’Angleterre. L’Europe, ici, prétend donc nier les réalités géographiques et effacer l’Angleterre des routes maritimes mais aussi les ports français dans leur ensemble pour relier les ports irlandais à ceux de Belgique directement sans s’arrêter sur nos ports de la Manche.
La Commission européenne, ici, fait preuve une nouvelle fois de son inventivité absurde si loin des réalités humaines, géographiques et économiques, sans parler des enjeux écologiques qui s’imposent à nous. En organisant le trafic sans les ports français, l’Europe privilégie par voie de conséquences le trafic routier transeuropéen qui encombre notre rocade et endommage nos voiries, nos ponts, auxquels il ne contribue pas. Les députés communistes comme les sénateurs ont interpellé la ministre des transports ainsi que la commissaire européenne à l’origine de ce nouveau règlement, pour faire entendre leur fort mécontentement et la colère du monde portuaire. Plus que jamais nos ports, dont celui de Bordeaux, méritent une vraie ambition nationale pour que le transport marchandise ne transite plus par la
route mais par voie maritime, fluviale, ferroviaire. La politique de transport réfléchie aujourd’hui par l’Europe passe par une massification des marchandises dans certains ports choisis par les Commissaires européen puis ensuite tout se fait par route à travers l’Europe. Il est urgent de pénaliser et taxer le transport routier qui traverse l’Europe et défigure nos villes sans compter l’impact pour l’environnement et la santé ! Macron, proclamé « champion de la terre à l’ONU », porte une politique européenne de transport qui inonde l’Europe de camions en abandonnant nos ports et sacrifiant le fret ferroviaire ! Développons l’ensemble des ports et le fret fluvial et ferroviaire pour offrir une alternative au tout camion dans nos villes. Stéphane Le Bot
ACTUALITÉ
Editorial
9 OCTOBRE
Le monde du travail, retraités et étudiants traversent la rue !
Avec la CGT, Force Ouvrière, l’UNEF, Solidaires, la FSU, l’UNL, les salariés, retraités et étudiants formaient un cortège loin d’être résigné et qui n’avait pas l’intention de laisser les pouvoirs politique et patronaux détruire notre modèle social, notre société. Les organisations syndicales entendaient déjà porter un premier constat affligeant : • des travailleurs pauvres, • des privés d’emploi déjà en situation de pauvreté qui plongent dans la
grande misère, • des jeunes étudiants enfoncés dans la pauvreté et subissant des critères de sélection pour espérer poursuivre leurs études, • des retraités appauvris par le gel de leur pension et la hausse de la CSG, • des enseignants confrontés à des classes surchargées et à qui on promet des réductions de postes. Les lycéens et étudiants côtoyaient les auxiliaires de vie réclamant des conditions de travail dignes, auxquelles faisaient écho les employés de
la restauration collective, les retraités venant, non « pas se plaindre mais revendiquer », les salariés de la Carsat défendant la Sécurité Sociale. Un cortège signifiant qu’il y a d’autres choix, des choix de nature à construire du lien social, de la solidarité, du bien vivre ensemble, et que l’argent existe pour cela. Un cortège loin d’être triste clamant « certains pensent qu’il faut traverser la rue pour trouver du travail, nous préférons l’occuper ! » Jean-Jacques Bordes
AGRICULTURE ET ALIMENTATION
On marche sur la Terre ! La fédération de Gironde du PCF, en partenariat avec le Modef (1), organise, ce week-end des ventes solidaires de fruits & légumes à prix coûtant dans plusieurs villes de la métropole bordelaise (en page 7 de notre précédente édition). Le moyen d’éclairer sur les gâchis humains, sanitaires et économiques à l’œuvre dans la filière agro-alimentaire et de proposer des mesures pour une alimentation saine, de qualité, relocalisée et accessible à tous. 50 % des producteurs ont disparu en 20 ans et la moitié des producteurs actuels sont en grande difficulté. De quoi expliquer que c’est une des catégories socioprofessionnelles les plus à risque : la surmortalité par suicide chez les agriculteurs est 20 à 30 % supérieure à la moyenne de la population. En 2016, le nombre de passages à l’acte a été multiplié par trois. À l’autre bout de la chaîne, chez les consommateurs, les difficultés financières et la pauvreté dégradent les conditions de nourriture et donc de santé (2) en favorisant les importations à bas coûts et laxistes sur les normes sanitaires. Les importations (40 % du marché) marquent une dépendance alimentaire de la France de plus en plus importante avec tous les dangers que cela représente pour notre sécurité en matière de santé, de qualité et d’approvisionnement. Ainsi, les firmes internationales comme MonsantoBayer continuent de produire pour d’autres pays des molécules interdites en France, créant une distorsion de concurrence et représentant un grave danger pour les consommateurs et les milieux naturels. Constat : en dix ans, le nombre d’exploitations agricoles a baissé de
24 % en Italie, 26 % en France, 29 % aux Pays Bas et 36 % en Allemagne. Les syndicalistes paysans du Modef demandent donc : • de pérenniser le travail paysan par des prix rémunérateurs ; • d’encadrer les marges de la grande distribution et des industriels ; • des mesures européennes de sauvegarde de l’agriculture ; • d’imposer la souveraineté alimentaire (prioriser le local et les circuits courts, financements adaptés à l’installation des jeunes…). Que propose le PCF ?
C’est à partir d’une forte ambition politique qu’il faut répondre à cet enjeu : garantir la souveraineté alimentaire des peuples dès maintenant et pour le futur. L’alimentation est un bien public indispensable à la vie. Sa production, tout comme ses échanges, doivent être guidés par la satisfaction des besoins alimentaires en qualité et en quantité pour tous, avec des objectifs de santé publique. Dès lors, une nouvelle politique foncière et d’installation pour relever ce défi agricole et alimentaire devient incontournable, dans le respect de l’environnement et d’un aménagement équilibré du territoire. Le PCF porte l’exigence de décider collectivement de la taille maximale d’exploitation afin de permettre l’installation de nouveaux paysans. L’objectif est d’inverser le processus de concentration de la production et d’hémorragie du nombre d’actifs agricoles en : • relocalisant des productions (en s’appuyant notamment sur une révision du code des marchés publics) ; • réorientant la fiscalité agricole pour favoriser l’installation de jeunes
agriculteurs ; • stoppant la disparation des terres agricoles ; • encadrant les marges et les pratiques de la grande distribution ; • réorientant la politique agricole commune en Europe. Loi Alimentation
La loi « alimentation », votée mardi 2 octobre par l’Assemblée nationale, veut « permettre aux agriculteurs de percevoir un revenu digne, en passant par une meilleure répartition de la valeur ». Désormais, les prix des denrées seront construits à partir des coûts supportés par les producteurs et des tarifs du marché. Ce sont les interprofessions qui seront chargées d’élaborer ces « indicateurs de référence ». Les syndicats agricoles auraient préféré que ce calcul soit sécurisé et relève d’une certaine neutralité et objectivité en ayant recours à l’Observatoire des prix et des marges. Ils souhaitaient que l’État se pose en régulateur, ce qu’il a refusé. Le relèvement de 10 % du seuil de revente à perte et l’encadrement strict des promotions commerciales à 34 % de la valeur de vente et à 25 % du volume annuel vendu vont dans le bon sens, mais l’enjeu des futures négociations commerciales est d’assurer la viabilité des exploitations par un relèvement des prix payés aux producteurs de 10 à 15 %. Est-ce que le dispositif prôné par la nouvelle loi le garantit ? Rien n’est moins sûr.
Congrès du PCF : la question centrale de la démocratie La semaine dernière Patrick le Hyaric décrivait comment la parole réactionnaire gagne du terrain dans les consciences alors que la pauvreté s’enracine, que la « vieille peur de la misère » resurgit. L’insécurité sociale, de vie, au travail, ne trouve aujourd’hui aucune réponse dans les politiques menées. La poussée des idées réactionnaires, le racisme, le patriarcat, conduisent à la haine, au repli, à la peur de l’autre et à la division du salariat. Tout cela est voulu tant les tenants de l’austérité craignent une montée de l’aspiration démocratique, celle de pouvoir décider dans tous les pans de l’activité humaine. Il s’agit ainsi de l’étouffer. Il en découle l’accession au pouvoir de gouvernements ultra-réactionnaires comme en Italie, au Brésil ou une chape de plomb menace de s’abattre sur un peuple qui vit la crise sociale et démocratique depuis trop longtemps. Pourtant, 30 ans après la chute du mur de Berlin, le Capitalisme reste très impopulaire et la question d’autres modes de production et d’échange fait son chemin. La conscience s’aiguise qu’il va falloir faire autrement, que nous courons à des catastrophes, que le coût du Capital pèse sur nos vies et sur la société. L’absence de perspective crédible de changement réel, a contrario, pèse lourdement. L’existence dans cette société d’une force communiste, même affaiblie, capable de faire vivre en acte la démocratie en mobilisant plus de 30 000 militants sur un vote interne (lire page 7) reste une force considérable pour tou-te-s les exploité-e-s et les dominé-e-s. Les communistes dans leur grande majorité veulent mener la contre offensive idéologique face aux politiques d’austérité et contre la haine et le repli. C’est le même combat, contre toutes les dominations. Ils veulent être utiles au monde du travail, pour de nouvelles conquêtes, ils veulent en finir avec l’austérité et l’autoritarisme de la Ve République. Ils veulent mettre à bas un système qui broie les être humains et pille la planète. Mais difficile est le chemin guidé par la seule volonté. Une force révolutionnaire doit aussi être cet intellectuel collectif qui procède à l’analyse concrète de situations concrètes. Quel signal fort en France, en Europe, et partout dans le monde serait l’annonce d’un parti rassemblé, tourné vers l’offensive idéologique et des conquêtes sociales, écologiques et démocratiques nouvelles, un parti conscient des obstacles et des leviers présents dans la société, prêt à construire avec toutes celles et ceux qui le souhaitent une alternative à l’austérité pour sortir de la crise. Une chose est certaine, le congrès du Parti Communiste sera ce que les communistes en feront. La question de la démocratie sera centrale tant sur l’avancée des travaux du congrès, que sur la nature de l’offre politique globale qui en résultera.
(1) Modef : Confédération syndicale agricole des exploitants familiaux
Sébastien Laborde
(2) En 2009, une enquête épidémiologique Obépi identifiait que les catégories sociales défavorisées sont à plus haut risque cardiovasculaire que les autres, pour des raisons multiples, d’ordre culturel, économique et nutritionnel en particulier.
secrétaire départemental du PCF et membre du Conseil national
Les Nouvelles 11 octobre 2018 • 3
LE SPORT Le sport, parce qu’il brasse des milliards d’euros autour de ses pratiques les plus élitistes, parce qu’il est investi par des centaines de milliers de bénévoles dans notre pays, dans les territoires, parce qu’il participe à l’épanouissement de millions d’enfants, d’adultes, est un sujet majeur dans notre société. Il n’est donc pas étonnant qu’un sujet comme la vente des Girondins ou celui de la fronde des milieux sportifs contre la baisse des moyens dans la politique publique nationale du sport fasse l’actualité pendant plusieurs semaines. Nous avons interviewé Max Guichard, président du groupe communiste à la Métropole, sur la vente du club de football et recueilli le témoignage de plusieurs personnes qui ont fait de l’accès au sport pour tous leur passion ou leur métier. Christelle Danglot JUDO
Les clubs de sports, acteurs essentiels du sport pour tous Olivier Fondriest est vice-président et pratiquant d’un club de judo su la métropole. Il nous explique l’engagement du club autour de missions éducatives et sociales ainsi que les difficultés financières que cela implique. Si la première mission du club est, bien sûr, de former des judokas, Olivier évoque une mission éducative et sociale plus large : d’aider à « faire grandir des citoyens responsables autour de valeurs fortes telles l’entraide, la prospérité, le respect… » « La pratique du sport-social, sport-santé, sur l’intégration est importante dans le vivre ensemble. Nous intervenons dans toutes les écoles de la ville, nous essayons de répondre aux contraintes de la vie moderne pour les parents, les familles monoparentales, que ce soit dans la réflexion sur les horaires ou la mise en place d’actions innovantes. Nous sommes labellisés “sport handicap” pour permettre la pratique sportive d’enfants et d’adultes handicapés. Nous sommes une association de loi 1901, affiliée à une fédération, la FFJDA* pour ce qui nous concerne. ». Le club, d’après son vice-président, vit essentiellement des cotisations (45 %) et des initiatives (31 %) pour un budget de 250 000 euros. Les aides publiques représentent 24 %. « La part des aides publiques, de la mise à disposition d’infrastructures est plus importante pour les autres clubs de notre discipline comme pour les autres sports. Nous sommes une exception avec des contraintes budgétaires plus grandes car nous n’avons pas de DOJO mis à dispotion par la ville». Comme pour toute structure associative, c’est surtout le bénévolat qui permet de tenir un équilibre budgétaire. « Pour un club de notre taille, explique Olivier, il nous faudrait un temps plein administratif et l’équivalent de 4 temps pleins pour l’encadrement sportif, soit un budget de 300 000 euros ». À défaut, le fonctionnement est toujours sur le fil, au moindre gros pépin, tout peut s’écrouler. « En 10 ans, la part de
financement du Centre national pour le développement du sport (CNDS) s’est réduit comme peau de chagrin. Beaucoup de structures sont confrontées en permanence à une situation financière de précarité, de gestion de bouts de ficelles. » Comment assurer les salaires des encadrants sportifs, l’organisation des compétitions, les déplacements, le fonctionnement administratif, les locaux, etc. si les clubs ne peuvent plus compter sur les subventions publiques ? Il reste les fonds privés, souvent aléatoires, et l’augmentation des cotisations, qui remet en cause la pratique d’un sport pour tous. « Le désengagement de l’État sur les politiques municipales est une réalité qui pèse lourd sur les finances publiques et nous en subissons aussi les conséquences », poursuit le vice-président. Et la suppression des emplois aidés nous met encore plus en difficulté car ils avaient au moins l’avantage d’apporter un statut aux intervenants et une bouée au monde associatif. Il y a aussi la formation des éducateurs qui est de plus en plus transférée aux structures mercantiles, dont les objectifs sociaux ou la pratique sportive santé ne sont évidemment pas les mêmes. L’encadrement des pratiques sportives est, pour Olivier Fondriest, une nécessité pour ce que l’on appelle « le sport santé ». « L’époque est à l’individualisation et à la consommation. Sous prétexte que l’activité physique est reconnue comme étant nécessaire à une bonne santé, un discours ambiant invite les personnes à la pratique “libre” (les parcs publics, parcours santé, etc.). La société de consommation nous fait croire que tout le monde peut tout faire, comme il le souhaite… ce n’est pas vrai. La pratique sportive demande d’être encadrée, pour les enfants comme pour les adultes. L’éducateur doit avoir un tronc commun de connaissances solide pour accompagner la pratique d’un sport, faire évoluer les pratiquants, éviter les blessures. Même si elle n’est qu’en loisir, la pratique sportive doit être encadrée et accompagnée : c’est pour cela que les clubs de sports sont essentiels. »
Le club d’Olivier compte 700 adhérents de 4 à 91 ans, pour 60 % hommes et 40 % de femmes. Il est le 1er club aquitain en licenciés FFJDA. On y pratique le judo jujitsu en loisir mais aussi en compétition jusqu’au niveau international. Il évolue en 1re division chez les cadets, juniors et seniors. *Fédération Française de Judo et Disciplines Associées
4 • Les Nouvelles 11 octobre 2018
VENTE DES GIRONDINS
« Un club est avant tout, socialement, le bien de ses supporters, de son public »
Supporters des Girondins de Bordeaux
La vente des Girondins, club de football professionnel de Bordeaux, fait l’actualité depuis plusieurs semaines, notamment parce que les supporters n’ont cessé de dénoncer l’absence de projet sportif de la part du candidat au rachat. À tel point qu’après les avoir rencontrés, Alain Juppé a finalement décidé de reporter la vente à ce vendredi 12 octobre. Pour y voir plus clair, nous avons interviewé Max Guichard, adjoint aux sports de Cenon et président du groupe communiste à la Métropole.
Les Nouvelles. La décision de vente des Girondins a été reportée et devrait avoir lieu ce vendredi. Pourquoi le club est-il à vendre ? Max Guichard. Le club est la propriété de M6 depuis 1999. L’arrivée du groupe audio-visuel devait permettre d’un côté de leur mettre un pied dans le monde du football afin de pouvoir acquérir les droits de diffusion, et de l’autre d’assurer un certain standing au club. Bon an, mal an c’est à peu prêt ce qui c’est passé. Les girondins ont glané des trophées, même si les derniers n’ont pas été fameux, et M6 diffuse maintenant l’équipe de France, après avoir diffusé des matchs de coupe d’Europe. Mais les actionnaires principaux de M6 ont demandé aux cadres dirigeants de vendre le club. Il faut bien comprendre que s’il y a énormément d’argent brassé dans le football, en général un club coûte beaucoup mais rapporte très rarement. Pour l’exercice 2017-2018 le déficit du club se situe autour de 15 millions d’euros, et les exercices précédents sont aussi déficitaires. Donc, c’est l’actionnaire qui comble ces déficits. C’est une des données majeures de la vente du club. Les Nouvelles. Quels sont les projets de l’acheteur pour le club ? M.G. C’est bien là le problème, et qui met en colère les supporters. C’est que nous avons face à nous des fonds d’investissements. Le projet se résume pour l’instant à une addition de chiffres, et pour être plus précis à des soustractions. Les différentes manifestations des ultras ont obligé Joseph Da Grosa, le futur proprié-
taire, à faire la tournée des médias pour expliquer son projet. Mais, hormis des déclarations d’intention qui sont là pour rassurer, personne ne voit où est le projet sportif. Le seul élément tangible c’est un business plan, mais cela ne fait pas un projet sportif. Il faut bien comprendre, pour ceux qui ne connaissent pas le monde du football, qu’un club est un équilibre humain et économique, très spécial, très fragile. Dans 80 % des cas, un club de football n’est pas rentable, voir même coûte beaucoup d’argent aux propriétaires. Ce n’est pas nouveau. Ce qui est nouveau, c’est les masses d’argent considérables qui sont brassées, du fait des droits de télévision (plus d’un milliard en 2020). La particularité du football c’est, outre que le salarié footballeur a un salaire (très conséquent), il est aussi un actif de l’entreprise. Dans le football, il n’y a pas de machine, pas de produits finis, il y a des hommes qui ont une valeur. Cette valeur est très spéculative, du fait même que ce sont des hommes. Et ces hommes rencontrent des aléas qui sont propres à leur humanité : des blessures, des séparations, des dépressions… qui font que leurs carrières n’ont rien de linéaires. Or le projet de GACP est basé sur le marché des joueurs, sur l’achat à bas prix et la revente à très haut niveau, ce qui est très précaire comme projet. Les Nouvelles. Quels risques présentent cette vente ? M.G. Un montage financier qui vise à réaliser tous les ans un excédent de 10-15 millions d’euros, afin de rembourser les fonds d’investissement qui accompagnent Joseph Da Grosa, est un projet extrêmement risqué. Depuis 10 ans, le club réalise entre 5 et 15 millions d’euro de déficit. Par quelle opération miraculeuse GAPC va réussir là où M6 échoue depuis 10 ans ? Par quelle opération prodigieuse GAPC aura des résultats meilleurs que ceux de Gérard Lopez dont le club, Lille, vient d’échapper de peu à la relégation en L2 pour raison financière ? La présentation de Sud-Ouest du 26/09 montre combien ce dossier n’est monté que sur du risque, ce que laisse sous-entendre l’avis de la DNCG, le gendarme financier du football.
Le danger est donc clair, c’est celui de la disparition du club, parce que des financiers auront essayé de spéculer avec. Il y a une vraie dimension morale dans ce dossier. Les Girondins de Bordeaux, font partie du patrimoine sportif de notre agglomération, de notre département, de notre région. Les 40 000 personnes présentes lors du tour préliminaire montrent qu’il peut y avoir de l’enthousiasme quand les tarifs sont abordables. Ce club a contribué, au fil des décennies, au rayonnement de notre ville, à des moments de liesse populaire, comme lors du ¼ de finale face au Milan en 1996 ou lors du titre de 2009. C’est vrai des girondins, mais aussi de nombreux clubs de football, de rugby, de basket ou de hand. Allez voir un match de sport collectif, c’est aussi un moment de lien social, de plaisir entre amis, en famille, même si on peut déplorer certaines dérives. Un club d’abord est avant tout, socialement, le bien de ses supporters, de son public. C’est vrai pour les girondins, comme du club d’un village. Les Nouvelles. Tout cela brasse beaucoup d’argent, nous l’avons vu, n’est-ce pas indécent au regard des difficultés que peuvent rencontrer certains clubs et fédérations sportives ? M.G. Tout à fait. On voit d’un côté des millions brassés, un montage financier qui s’appuie sur l’évasion fiscale, et de l’autre un gouvernement qui décide de décapiter financièrement les fédérations sportives. Lors de la fête du sport, de nombreuses fédérations autour d’un collectif de DTN ont fait le choix du boycott, initié par Comité national olympique et sportif français. Les nouvelles restrictions budgétaires, qui font suite à la suppression des emplois aidés, mettent en grand péril le sport de masse. La pratique sportive a explosé ces 40 dernières années, et ce qui est bien c’est que cette pratique est encadrée par des club, avec des gens formés. C’est bien pour les jeunes, mais aussi pour de nombreuses personnes qui font ça en loisir. Cela permet d’avoir accès à des entrainements de qualité, adaptés, de prendre du plaisir, de réaliser les bons gestes et de ne pas se blesser. La présence d’hommes et de femmes est donc essentielle. Cela a un coût bien sûr. Mais la contrepartie c’est aussi des économies en terme de santé, et surtout une contribution à un bien être individuel collectif. Le sport au même titre que la culture mérite beaucoup d’investissements.
COMPTE ! ALAIN DE CARLO, SNEP-FSU
SPORT UNIVERSITAIRE
« Une rentrée difficile pour l’EPS et le sport scolaire »
Inquiétudes et aspirations
Cross national MGEN UNSS, janvier 2018
Alain De Carlo est enseignant d’Éducation physique et sportive (EPS) et militant syndical au SNEP-FSU, il évoque les difficultés de la rentrée tant sur le plan national que local et les inquiétudes pour l’avenir. Globalement le SNEP-FSU s’oppose au sport marchandise. « On vit une rentrée difficile avec, au niveau national dans le second degré, 26 000 élèves en plus et 180 postes d’enseignants en Éducation physique et sportive (EPS) en moins ! Le résultat pour l’académie de Bordeaux (5 départements), c’est la comptabilisation de 27 établissements où il manquait 1 enseignant pour assurer les cours à la rentrée. Cela s’enchaîne avec des soucis de remplacement, on se retrouve donc avec des remplaçants manquant même pour des congés maternité qui étaient prévus. Par ailleurs, alors que les besoins existent, avec la réforme CAP 2022, il y a un recours systématique aux non titulaires pour faire baisser le nombre de fonctionnaires.
Comme pour d’autres matières, nous subissons aussi les problèmes d’effectifs. À 35 élèves par classe en lycée et 28 à 30 élèves en collèges, les conditions d’apprentissages ne sont pas bonnes en EPS. Tout cela ne va pas s’arranger l’année prochaine puisque 2 600 postes vont être supprimés dans l’enseignement secondaire alors que celui-ci va accueillir 32 000 élèves en plus, sur le plan national. À côté de l’EPS, il y a le sport scolaire et sa une fédération sportive scolaire, l’UNSS. Chaque enseignant d’EPS a dans son service un forfait de 3h pour animer ce sport scolaire, le mercredi après-midi. L’adhésion y est très modique pour que le plus d’élèves possible puissent y accéder. Cela permet de mailler les pratiques sportives sur tout le territoire, en lien avec l’EPS et les autres fédérations sportives. Mais comme il y a des problèmes de financements, la licence a été augmentée de 10 % ce qui rejaillit sur les familles ou les associations sportives scolaires. Ce n’est pas acceptable, cela fragilise le service public.
Avec la réforme des lycées professionnels, il y a aussi une baisse d’horaires sur l’EPS alors que nous demandons, au contraire, une augmentation. Enfin, dans le projet de programme en lycée, l’EPS est de moins en moins sportive comme c’est déjà le cas au collège. Le projet propose de faire entrer, par exemple, des disciplines comme le crossfitness. On survalorise le développement de soi au détriment des sports collectifs notamment. La tendance actuelle est à la “désportivation” de l’EPS ce que nous regrettons pour nos élèves. » Non au sport marchandise
Le sport marchandise, c’est la logique globale que dénonce et à laquelle veut s’attaquer le SNEP-FSU. La baisse du budget, des effectifs du ministère, la suppression du statut de cadres d’État aux conseillers techniques et sportifs s’ajoutent à la fragilisation des associations sportives qui subissent la perte d’emplois aidés, de subvention et bientôt l’aide et les conseils techniques. Tout est fait pour amener les citoyens à se tourner vers des pratiques libres autonomes (parcours santé, running…) ou des structures privées, marchandes et comme le montre Alain De Carlo, on les y prépare dès le collège. Le syndicat, lui, prône le développement du service public du sport qui, seul, peut assurer de rendre « le sport accessible au plus grand nombre, pratiqué en sécurité, où l’on acquièrt et partage des valeurs d’éducation, de citoyenneté… ».
Du 4 au 6 octobre, l’Union nationale des clubs universitaires tenait sa 36e Université sportive d’été à Pessac. Dans son édition du 5 octobre, le journal Sud-Ouest qui en rend compte relève les difficultés exprimées par le mouvement sportif. « Les temps sont durs pour le mouvement sportif », note Thomas Dusseau qui signe l’article. Il rappelle la baisse de 29 millions d’euros, entre 2017 et 2018, du budget de fonctionnement du ministère des Sports. Celui-ci va encore diminuer de 6 % l’année prochaine, passant ainsi de 481 à 451 millions d’euros. La présentation du Projet de loi de finances 2019, le 24 septembre dernier, avait définitivement levé le suspens, trois jours après le lancement de la pétition du Comité national olympique et sportif français (CNOSF), « pour que le sport compte » (1). Elle recueille plus de 241 000 signatures. L’Université sportive d’été (USE) de l’Union nationale des clubs universitaires (UNCU), la Fédération française des clubs omnisports (FFCO), l’Union des journalistes de sport en France (UJSF) et le BEC (le plus ancien club universitaire de France) étaient invités à débattre sur le thème « Le sport français du XXIe siècle. Quelles promesses d’un changement ? Quelles garanties ? Quels clubs ? ». Dans ce contexte, les discours ont largement fait écho à l’actualité, marquée également par la réduction drastique des emplois aidés dans les
structures locales ou encore la création d’une nouvelle agence du sport. « Alors que les rêves de médailles et les objectifs ambitieux ont été annoncés pour les Jeux Olympiques parisiens de 2024, et que le gouvernement souhaite mobiliser trois millions de pratiquants supplémentaires d’ici la fin du quinquennat, la réalité est différente », commente le journaliste. Il cite notamment Christian Chartier, vice-président du Comité régional olympique et sportif de NouvelleAquitaine : « Beaucoup voient dans cette période des enjeux de survie », ou encore Jean-François Oudet, le président de l’UNCU qui fédère 34 clubs universitaires en France dont le BEC : « Il y a un malaise au sein du mouvement sportif qui voit une certaine attente de la société mais qui en face ne se voit pas attribuer de moyens », cette attente est un « environnement favorable à la pratique du sport pour tous ». (1) La pétition est à retrouver sur lesportcompte. franceolympique.com/cnosf/lesportcompte
FOOTBALL AMATEUR
« Ici on ne va pas chercher les joueurs ailleurs, on préfère les former et les garder » Pas si loin, géographiquement, des Girondins mais si éloigné des enjeux de la vente du club bordelais, nous avons rencontré Cyril, footballeur, éducateur et membre la direction d’un club amateur, là où il ne reste plus que la passion, l’envie de partager et de transmettre. Cyril est très investi dans un club de football, de ceux qui n’ont pas de salariés parce qu’ils veulent rester accessibles à tou-te-s. « On a juste deux services civiques mais c’est compliqué parce qu’ils doivent avoir un rôle éducatif et non sportif mais nous c’est sur le terrain que sont des besoins. Ceci dit, le sport c’est une passion alors amener de l’éducatif, mettre des règles ce n’est pas toujours évident. Rien que sur l’hygiène, par exemple, à 14-15 ans on a pas toujours le réflexe de la douche après l’entrainement et puis les parents n’ont pas forcément envie d’attendre quand ils viennent les récupérer alors avec eux aussi il faut mettre des règles. » « Dans notre club, nous avons toutes les équipes représentées », est fier d’annoncer Cyril. « Il faut former les jeunes pour monter les catégories. On ne va
pas chercher de joueurs ailleurs, on préfère les former et les garder ». Un choix de promouvoir l’investissement familial, la convivialité, le collectif et non l’élitisme qu’il a connu dans des clubs plus gros. « On ne s’y préoccupe que des grosses équipes. Les séniors, par exemple, vont refuser de jouer avec les petites équipes alors que chez nous ils sont contents de jouer aussi en catégorie C ». Outre ses activités d’éducateur ou de membre du bureau, Cyril est chargé de la commission « animations » qui a en charge les divers événements organisés dans l’année par le club. « C’est avant tout du plaisir, ça permet à des mamans de s’investir autrement, ça nous permet de nous retrouver, de nous faire voir et nous faire connaître ». Vide grenier, arbre de Noël, lotos, tournois de foot permettent aussi d’alimenter les caisses. « Cela représente 700 à 800 euros à l’année. Ce qui fait vivre le club, précise Cyril, se sont surtout les licences, le sponsoring et la subvention municipale. » Le sportif bénévole nous précise que pour équilibrer le budget, il ne faut pas dépenser plus de 280 à 300 euros par licencié, la licence en représente à peu près la moitié, avec lesquels il faut
financer les casse-croûtes, les transports, les arbitrages (officiel à partir de 15 ans). « Nous passons donc beaucoup de temps à aller chercher des partenaires. La défiscalisation des soutiens financiers nous aide bien et nous avons la chance d’avoir parmi les parents quelques chefs d’entreprises qui habitent la ville. Sans ces fonds privés, nous serions obligés d’augmenter la licence. Quant à la subvention municipale, la mairie a droit de regard sur nos comptes, elle essaie de faire baisser les coûts pour pouvoir baisser la subvention qui nous est pourtant indispensable. Même si on arrivait à faire entrer plus d’argent avec les animations, ce n’est pas stable. » Ce milieu du foot amateur, où dirigeants et éducateurs sont bénévoles, voire dédommagés à hauteur de 150 euros par mois tout au plus, est bien loin du monde pro que Cyrile connaît bien aussi. « Les gens y sont tous formés, rémunérés. Aux Girondins, on touche 600 à 700 euros pour encadrer les petits. Quand un club comme le notre déplace 1 équipe 2 ou 3 fois par an, eux ce sont 4 équipes tous les week-ends, il faut du budget. » Cyril n’est pas choqué des salaires des joueurs. « On n’imagine pas la vie de
sacrifices que cela implique d’être à ce niveau et ce, dès le plus jeune âge ». Cyril raconte l’hygiène de vie nécessaire, les fêtes de familles, les sorties qui n’existent pas dès 9 ou 10 ans sans même savoir si on sera un jour un grand joueur. « 95 % finissent dans des clubs ici. Il suffit d’une blessure et c’est foutu. Or, on est dans l’élitisme, une concurrence terrible entre les joueurs qui fait que ton co-équipier est ton meilleur ennemi. Il n’est pas rare que les blessures viennent de là. Cela crée beaucoup de déception, à peine la moitié de ceux qui en font l’expérience reviennent dans le sport tellement ils sont dégoûtés. » Dès 12-13 ans, des enfants se retrouvent isolés de leur famille, évoluent dans un milieu clos où ils perdent la notion de toutes choses, notamment de l’argent. Que dire
de ceux en Afrique formatés pour devenir joueurs en Europe… « Pour un Neymar, c’est 300 000 gamins tombés aux oubliettes. Par club, 15 à 20 joueurs arrivent aux portes du monde professionnel qui n’en gardera qu’un ou deux. Mais les pros viennent du foot amateur et y reviennent comme Rio Mavuba qui vient de signer à Arlac ou encore Lilian Laslandes entraîneur au FC Médoc - Côte d’Argent ». Deux mondes différents donc que seules rassemblent les règles du jeu et la fédération. Sauf que c’est quand même bien dans le monde amateur que le monde professionnel vient faire ses courses au tout début, tarir l’un ne serait pas sans conséquence sur l’autre. Un argument qui plaide en faveur d’une meilleure répartition des financements et des moyens.
Le club de Cyril compte 300 adhérents de 5 à 71 ans, il est 70e aquitain. Il compte des équipes dans les 3 catégories d’âge en découverte (de 6 à 11 ans), les 4 catégories en compétition de 12 à 19 ans auxquels s’ajoutent les séniors. Après 35 ans c’est la catégorie « loisirs » ou « vétérans ». Il faut 1 responsable par catégorie plus 1 par équipe. Pour développer le sport féminin, le club a décidé de commencer avec les plus jeunes qu’il emmène participer aux plateaux organisés par la fédération. Les Nouvelles 11 octobre 2018 • 5
INTERNATIONAL DOMENICO LUCANO
BRÉSIL
Symbole de l’Italie qui accueille
Dans les eaux boueuses de l’extrême droite
Domenico Lucano figurait sur la liste des « 50 personnes les plus influentes au monde » de la revue américaine Fortune en 2016. Pour la bonne cause. Ce maire de Riace, en Calabre dans le sud de l’Italie, est un symbole. En 1998, alors enseignant, il propose d’accueillir des migrants dans les appartements vides du bourg, qui ne compte plus que 400 habitants. Cela revitalise la ville. Il se fait élire maire en 2004, avec 35 % des voix, avant
d’être réélu en 2009, avec 51,7 % des suffrages. Depuis, il poursuit son engagement en faveur des réfugiés, quitte à s’attirer les foudres de la criminalité organisée. Il a été arrêté le 2 octobre et placé en résidence surveillée. La justice lui reproche les conditions d’attribution du marché du ramassage des déchets à des coopératives qui emploient des migrants, ainsi qu’une conversation téléphonique
au cours de laquelle il a invité une déboutée du droit d’asile à se marier. Ce que l’Italie compte encore de voix progressistes appellent à un abandon des poursuites. Un film, Un paese di Calabria, avait été consacré à l’aventure de Domenico Lucano. En solidarité avec l’édile, les réalisateurs et les producteurs du film, dont la société bordelaise Marmita Films, ont proposé une journée de visionnage gratuit sur Vimeo. « Suite à l’arrestation de Domenico Lucano, nous, réalisatrices et productrices du film documentaire, Un paese di Calabria, avons décidé de proposer le film en accès libre. Nous souhaitons ainsi partager notre vision de Riace et soutenir l’importance du modèle d’accueil créé par le maire et ses habitants, et au-delà, proposer une réflexion sur les cycles migratoires. Nous dénonçons la criminalisation des actes de solidarité et d’hospitalité envers les réfugiés, à l’oeuvre en Italie, en France et dans toute l’Europe. »
BRÉSIL
Maud Chirio « Jair Bolsonaro est un phénomène fasciste » Spécialiste de l’histoire contemporaine du Brésil, Maud Chirio a décortiqué, dans un entretien réalisé par Cathy Dos Santos pour l’Humanité du 5 octobre, les origines de l’ascension politique du candidat de l’extrême droite. La chercheuse, enseignante à l’université de Marne-la-Vallée, parle d’un vote de rejet et d’adhésion.
Jair Bolsonaro arriverait en tête du premier tour de l’élection présidentielle brésilienne. Comment comprendre cette percée de l’extrême droite ? Maud Chirio. La première raison relève des équilibres partisans en raison de l’effondrement des autres candidats de la droite et du centre droit. L’électorat se mobilise autour d’un candidat susceptible de remporter le scrutin. Mais il existe une véritable adhésion politique et idéologique. La principale raison est liée à la construction d’une hostilité au Parti des travailleurs (PT) et à la gauche en général. Cette hostilité ressemble à l’anticommunisme de la guerre froide : la théorie du complot, la démonisation, l’association entre des tares morales et un projet politique condamnable. Jair Bolsonaro s’est approprié cette symbolique du rejet, qui est venue se greffer à l’implication du PT dans les scandales de corruption. Vous parlez de fascisation d’une partie de la scène politique et de la société ? M.C. En tant qu’historienne, je n’emploie pas le mot fascisme à la
légère. Dans la figure que représente Bolsonaro et dans l’adhésion qu’il suscite, il y a quelque chose qui a trait à un mouvement radical, antisystème, mobilisateur qui s’appuie sur un enthousiasme extrêmement puissant d’un électorat. C’est un phénomène rapide et différent des adhésions plus rationnelles, plus ancrées dans une tradition. Il ne s’agit pas simplement d’un glissement des conservateurs vers l’extrême droite mais d’une adhésion de rupture. Des familles du centre, voire de gauche, où certains de leurs membres se trouvent dans des situations difficiles, font ce choix. Selon vous, quelles sont les origines de cette radicalisation ? M.C. Une des premières raisons est le discrédit du système politique. Le fascisme et Bolsonaro apparaissent comme des alternatives à la démocratie libérale, profondément discréditée par le discours hégémonique dans les médias sur la corruption généralisée résumant ainsi l’action publique. L’autre raison est la rupture constitutionnelle (de 2016, lors du coup d’État parlementaire contre la présidente Dilma Rousseff – NDLR). Il n’y a plus d’institutions sur lesquelles s’appuyer. Cela sert à justifier l’adhésion à un candidat qui se situe en dehors du système politique et moral. Car Bolsonaro assume tous les tabous : racistes, homophobes et misogynes. Cela renforce sa figure antisystème. Les Brésiliens, sans forcément épouser ces haines-là, les supportent parce qu’elles renforcent l’idée que ce candidat serait différent. À cela s’ajoute la désespérance sociale. L’électorat de Bolsonaro a un noyau dur dans
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les classes très aisées, composées d’hommes blancs. Le retour de la hiérarchie défendue par Bolsonaro fait partie de leurs idées politiques originelles. La société brésilienne est très conservatrice, inégalitaire et ségréguée. Mais, au-delà de ce noyau dur des classes dominantes, il y a une adhésion plus large qui est le fruit d’une absence d’alternatives, face au caractère dramatique de la violence urbaine. La crise économique est un élément qui préoccupe les Brésiliens les plus modestes et les classes moyennes. Malgré un manque de crédibilité assumé sur les questions économiques, Bolsonaro est vu comme le sauveur qui rendrait au pays sa prospérité.
Avec 46 %, Jair Bolsonaro est arrivé en tête de la présidentielle de dimanche. Le candidat de la gauche, Fernando Haddad (29 %), appelle à la mobilisation des démocrates pour faire barrage au candidat fasciste, le 28 octobre, lors du second tour. Le Brésil vit des heures angoissantes. Le désastre a été évité de peu, dimanche, lors du premier tour de l’élection présidentielle. Le 28 octobre, les électeurs auront à départager qui de Jair Bolsonaro, du Parti social libéral (PSL), ou de Fernando Haddad, du Parti des travailleurs (PT), s’installera au palais du Planalto. Au-delà des sigles, il se joue, au fond des urnes, le devenir de la démocratie de la puissance latino-américaine face au danger d’une extrême droite en mesure de parvenir aux plus hautes fonctions de l’État. Le précipice est là, tout proche, avec les 46,33 % déjà obtenus par Jair Bolsonaro. On s’attendait à un score élevé du député fédéral de Rio de Janeiro, mais personne ne prédisait un tel raz de marée brun. (…) Jair Bolsonaro ne jouit pas seulement d’une confortable avance, il a étendu son emprise sur l’ensemble du pays, à l’exception du Nord. Dans son fief de Rio de Janeiro, il rafle 60 % des voix et remporte la mise à São Paulo, la capitale économique. (…) « Cette élection place dans deux camps opposés la barbarie et la civili-
sation », juge le politologue Francisco Fonseca, dans Brésil 247. « Le Nordeste a été à l’avant-garde de la politique du Brésil, parce qu’il peut sauver le (pays) d’avoir un fasciste à la présidence de la République », poursuit-il. C’est dans cette région que Fernando Haddad et sa colistière communiste Manuela D’Avila ont totalisé le plus de voix. Sur les neuf États qui la composent, le PT s’est imposé dans huit. Dans ce territoire délaissé et méprisé des élites, les habitants ont été des bénéficiaires des politiques d’inclusion sociale de Lula et de Dilma Rousseff. (…) Dès dimanche soir, Fernando Haddad a lancé un appel solennel aux démocrates. « Le second tour est une opportunité inestimable (…) Nous devons l’exploiter avec humilité et responsabilité (…) Nous voulons unir les démocrates, les personnes qui se soucient des plus pauvres (…) Nous plaçons la souveraineté nationale et populaire, qui est indissociable, au-dessus de tout autre intérêt. » (…) Sur le papier, le défi s’annonce titanesque pour Fernando Haddad dont les réserves de voix sont minimes, l’abstention n’étant que de 20 % en raison du vote obligatoire. Sa coalition et les démocrates qui le rejoindront ont trois semaines pour inverser la tendance. Trois semaines pour convaincre les électeurs du danger Bolsonaro, pour qui la démocratie est un supplément d’âme inutile, ridicule. Cathy Dos Santos, l’Humanité du 09/10/2018
Quel rôle ont joué les Églises évangéliques et pentecôtistes ? M.C. Ce sont des forces qui ont soutenu, voire ont pris la tête d’un glissement conservateur des opinions publiques, en particulier sur des questions sociétales. Bolsonaro est un phénomène fasciste dans sa manière d’agréger des courants politiques différents. Sur le plan idéologique, il est extrêmement traditionaliste. Il est militariste, misogyne, catholique. Il ressemble à l’intégriste d’extrême droite des années 1960-1970 dont l’association tradition, famille, propriété était le parangon. Elle a ancré un christianisme politique très conservateur que les évangélistes se sont réapproprié dans les années 1990. Avec l’essor des Églises néopentecôtistes, qui ont accru, avec la crise économique de 2014 et 2015, l’imaginaire conservateur chrétien, l’acceptabilité d’un discours selon lequel les minorités de genre, sexuelles… sont une déviance s’est
Les supporters de Bolsonaro, dimanche.
renforcée. C’est un recul profond par rapport à la Constitution de 1988. Dans ce contexte, quelles sont les chances du ticket présidentiel de gauche, Haddad et d’Avila ? M.C. Rien n’est joué pour le second tour, même si l’écart sera inquiétant au premier tour et les réserves de voix pas infinies pour Fernando Haddad. S’il gagne, sa victoire sera contestée par Bolsonaro, mais également par l’appareil d’État, justice incluse, qui depuis deux ans et demi agit dans l’unique objectif d’empêcher le PT de revenir au pouvoir. Il serait très étonnant que la Cour suprême, les différentes instances judiciaires, les forces armées acceptent avec tranquillité la victoire d’un candidat
dont la colistière est communiste. C’est pourquoi nous ne parlerons plus de nouvelle République dans les livres d’histoire. Le régime à l’œuvre depuis 2016 s’appellera régime judiciaro-militaire ou « bolsonarisme ». Nous avons mis cinquante ans à comprendre les mécanismes d’adhésion au fascisme comme modèle de rejet mais également d’espoir pour les gens. Le « bolsonarisme » n’est pas qu’un retour à un passé oublié. Le mouvement qui le porte n’avait jamais disparu dans une partie de l’Église, du pouvoir judiciaire. À l’occasion de la construction d’un récit continental qui affirme que tout ce qui n’est pas ultralibéral est communiste, il rencontre du succès.
PCF CONGRÈS EXTRAORDINAIRE DU PCF
BASSIN ARCACHON ET VAL DE L’EYRE
Plus de 30 000 communistes choisissent leur base commune de discussion
Les communistes au comité de ligne
Assemblée générale de Bordeaux le 4 octobre
Le « Manifeste pour un parti communiste du XXIe siècle », est arrivé en tête des textes soumis au vote des communistes du 4 au 6 octobre dernier. Il devient donc la base commune de discussion pour le congrès extraordinaire du PCF qui se tiendra, sur le plan national, à Ivry du 23 au 25 novembre, et sur le plan départemental du 9 au 11 novembre à Cenon. Cette situation est inédite dans l’organisation. Nous publions si dessous la déclaration de la Commission transparence du PCF ainsi que les résultats en Gironde, la réaction de Pierre Laurent, secrétaire national du PCF et celle d’André Chassaigne, député du Puy de Dôme, un des initiateurs du texte arrivé en tête des suffrages.
Déclaration de la Commission transparence du PCF :
« Les 4, 5 et 6 octobre, 49 231 communistes à jour de leurs cotisations et ayant adhéré au PCF il y a plus de trois mois, devaient choisir le texte de base commune de discussion pour le 38e congrès. 30 841 de ces électrices et électeurs inscrit-e-s ont voté, soit 62,65 % des inscrit-e-s. Il y a eu 661 bulletins blancs ou nuls, et 30 180 suffrages exprimés. Cette participation montre la vitalité militante et démocratique du PCF. La proposition de base commune adoptée par le Conseil national, Le communisme est la question du XXIe siècle, a obtenu 11 467 suffrages, soit 38 % des exprimés. Le texte alternatif Se réinventer ou disparaître ! Pour un printemps du communisme a réuni 3 607 suffrages, soit 11,95 % des exprimés. Le texte alternatif Pour un manifeste du Parti communiste du XXIe siècle totalise 12 719 suffrages, soit 42,14 % des exprimés. Le texte alternatif PCF : reconstruire le parti de classe, priorité au rassemblement dans les luttes a, quant à lui,
atteint 2 387 suffrages, soit 7,91 % des exprimés. En application de nos statuts, le texte Pour un manifeste du Parti communiste du XXIe siècle devient donc la base commune de discussion dont tou-te-s les communistes doivent désormais se saisir pour la travailler, l’enrichir de tous les débats et contributions jusqu’au terme du congrès, avec l’impératif d’une construction collective. Après la grande consultation des communistes, l’Assemblée nationale des animatrices et animateurs de section, les États généraux du progrès social, de la révolution numérique, les Rencontres Niemeyer, les Assises communistes de l’écologie, la Convention pour l’art, la culture et l’éducation populaire, une nouvelle étape dans la tenue de notre congrès extraordinaire est franchie. Il reviendra au Conseil national des 13 et 14 octobre, ainsi qu’aux conseils départementaux, d’analyser et de tirer les enseignements politiques des choix effectués les 4, 5 et 6 octobre par les communistes. La gravité de la situation politique et sociale en France, en Europe et dans le monde met en devoir tou-te-s les communistes de réussir le congrès afin que notre peuple dispose d’un Parti communiste français à la hauteur des enjeux cruciaux de ce début de XXIe siècle. » Réaction de Pierre Laurent (publié sur les réseaux sociaux le 7 octobre vers 11h) :
« Le vote des communistes n’a pas placé la proposition de base commune du Conseil national en tête. J’en prends acte. Je respecte les choix des communistes. Je note que les résultats sont très partagés. Nous avons une nouvelle base commune pour discuter et pas de majorité à ce stade pour avancer. Nous avons donc devant nous un immense débat à poursuivre sur nos choix et un immense défi à relever pour la construction commune, l’unité et le rassemblement des communistes jusqu’au congrès. Les
semaines qui viennent nous appellent toutes et tous au travail commun. J’y mettrai toute mon énergie. » Réaction d’André Chassaigne (publié sur les réseaux sociaux le 6 octobre vers 20h) :
« Les résultats placent en tête, avec 42,15 % des exprimés, le texte que j’ai soutenu : Pour un Manifeste du Parti Communiste du XXIe siècle. C’est un formidable signal d’espoir et cela témoigne d’une nouvelle ambition politique pour notre parti. C’est aussi une direction de travail incontournable pour la suite de notre construction collective. Au soir de ce vote, le PCF est dans situation inédite : pour la première fois de notre histoire, le texte présenté par le conseil national n’est pas retenu. Cette situation appelle tous les camarades à construire ensemble une orientation politique permettant de rassembler très majoritairement les communistes. J’y prendrai toute ma part, comme chacune et chacun des communistes, à égalité dans cette nouvelle étape pour la pleine réussite de notre Congrès extraordinaire. Résultat du vote pour la fédération de gironde Inscrits cotisants : 989 Votants : 680 Blancs : 3 Nuls : 28 Exprimés : 649
Le communisme est la question du XXIe siècle : 374 voix Se réinventer ou disparaître ! Pour un printemps du communisme :
Chaque année, la Région organise, avec SNCF Mobilités et SNCF Réseau, des comités de ligne dans lesquels les clients TER peuvent prendre part à la réflexion et exprimer leurs attentes, ce que n’ont pas manqué de faire les communistes du Bassin Arcachon et Val de l’Eyre, le 1er octobre à Gujan-Mestras. Ils font ici le compte-rendu de la situation, des enjeux et de leur intervention. Le Bassin d’Arcachon et le Val de Leyre est une agglomération qui s’achemine vers les 200 000 habitants sans aucun système de déplacements en cohérence avec cette évolution. La France est signataire de la COP 21 qui postule la nécessité de réduire notre empreinte carbone. Encore faut-il que les différents niveaux de décision mettent en œuvre des politiques publiques de déplacement contribuant à cet objectif. Le transport de masse, public, par le système ferroviaire est le seul en capacité de contribuer de manière significative à ces besoins de déplacements de manière écologique. La tendance lourde actuellement à l’œuvre de privatisation conduit inéluctablement à la dégradation de l’offre en matière de déplacements et à l’augmentation significative des coûts pour l’usager. Cette casse est la conséquence des directives européennes et des « paquets ferroviaires » imposés à l’État français par l’Union Européenne. Les Gouvernements britannique et allemand qui nous avaient précédés dans cette voie reviennent sur ces privatisations, remettent en place un service public. Ce qui provoque des coûts très élevés de remise à niveau du système ferroviaire. Partant de notre attachement au service public et de la nécessité de satisfaire les besoins de déplacements de la population, nous constatons pour la ligne Bordeaux-Arcachon que : - RFF (du fait de l’éclatement de l’entreprise SNCF) se révèle incapable d’organiser le renouvellement de voies sans rupture du service. Ce que la SNCF, outil intégré, savait faire il y a 40 ans. L’entretien du matériel est repoussé et on laisse se dégrader les infrastructures pour les renouveler quand elles sont en bout de course (résultats : très nombreuses « pannes » matérielles). - La ligne Bordeaux-Arcachon devrait, compte tenu du trafic, être sous déserte cadencée. - Cette ligne est aussi une ligne de fret pour le bois : la masse des approvisionnements et des expéditions étaient effectuées par trains. Aujourd’hui, les voies de service et de triage de la gare de Facture-Biganos sont envahies par les herbes et les camions sont sur les routes… Que valent les engagements de la France en matière de préservation de l’environnement ? - La ligne Bordeaux-Arcachon pose avec acuité la question des transports de rabattements. Le système de bus du bassin est incapable d’assurer en correspondance le trafic. - Pour le Bassin Nord et Sud, le Val de l’Eyre, il faut avoir l’ambition d’un mode de transport s’intégrant dans le service public qui devrait être desservit par une ligne Tram-Train, seule de nature à assurer régularité et ponctualité. La construction d’un contournement routier, véritable pompe à automobiles, heurte de plein fouet la volonté de tenir les objectifs de la COP 21. Nos politiques oublient très souvent que gouverner c’est anticiper, et dans notre cas c’est anticiper les besoins de déplacements. La Région Nouvelle-Aquitaine va-t-elle accompagner le projet de casse et privatisation du Gouvernement ? De fait, au nom de l’exigence de rentabilité économique, nous pourrions assister à une nouvelle dégradation du service public rendu (fermetures totales ou partielles de lignes comme annoncé : Verdon, Périgueux-Agen, Limoges-Angoulême, Niort-Saintes ou Brive-Aurillac, ou Brive-Saint-Yriex… Sans parler, de la réduction d’horaires d’ouverture des guichets, de l’allotissement de lignes régionales. La multiplication des opérateurs sur le réseau ferré de la Nouvelle-Aquitaine pourrait mettre en difficulté la continuité du service aux usagers sur l’ensemble du territoire. Les communistes du Bassin d’Arcachon et du Val de l’Eyre interpellent la Région avec les questions suivantes : la Région Nouvelle-Aquitaine présidée par M. Rousset est-elle candidate à la mise en concurrence du trafic TER ? La ligne Arcachon-Bordeaux sera-t-elle livrée aux opérateurs privés ? PCF Bassin Arcachon et Val de l’Eyre
SOUSCRIPTION
51 voix
Pour un manifeste du Parti communiste du XXIe siècle :
177 voix
PCF : Reconstruire le parti de classe, priorité au rassemblement dans les luttes : 47 voix
Tout versement par chèque ouvre droit à une réduction fiscale de 66% du montant versé. (chèque à l’ordre de ADF PCF 33). Les ressources financières du Parti communiste sont transparentes. Votre don, aussi modeste soit-il, contribuera efficacement à la démocratie, à l’expression et la prise d’initiative du Parti communiste. Cet ensemble sont les éléments majeurs pour continuer notre combat dans l’ambition d’une gauche forte et alternative. Les versements sont à envoyer à la fédération de Gironde du PCF - 15 rue Furtado - 33800 Bordeaux, à l’ordre de l’ADF PCF 33
Les Nouvelles 11 octobre 2018 • 7
CULTURE & MÉMOIRE FUSILLÉS DE SOUGE
AU SIÈGE DU PCF
74e cérémonie d’hommage
Les vendanges de la culture
Les familles des fusillés, l’Association du Souvenir des fusillés de Souge dont Georges Durou (Président de l’Association du Souvenir des fusillés de Souge), Michèle Vignacq, Jean-René Mellier (ANFFMRFA), Roland Boisseau (AFMD), Michel Gajac (ANACR), Alain Lagar- Dere (ANCAC), Régis Saphores (ARAC), Corinne Versigny (CGT), Erick Aouizerate (Consistoire Israélite de la Gironde), Graziella Danguy (FSU), Bernard Grasset (Honneur et Patrie 17), Clothilde Chapuis (LICRA Bordeaux & Gironde), Sébastien Laborde (PCF) ont l’honneur de vous inviter à la cérémonie annuelle dédiée aux Fusillés de Souge sur les lieux d’exécution, à Martignas-sur-Jalle : Dimanche 21 octobre 2018, 15h
Sous le haut patronage de : Didier Lallement, préfet de la Région Nouvelle Aquitaine, préfet de la Gironde, Éric Poulliat, député de la Gironde, Alain Rousset, président du Conseil régional de Nouvelle Aquitaine, JeanLuc Gleyze, président du Conseil départemental de la Gironde - conseiller départemental du Canton Sud Gironde, Alain Juppé, maire de Bordeaux, président de Bordeaux-Métropole, ancien Premier ministre, Alain Anziani, maire de Mérignac, Michel Vernejoul, maire de Martignas-surJalle, conseiller métropolitain délégué aux relations internationales et à la coopération décentralisée, Joël Le Cloitre, président de l’Union départementale des Associations d’Anciens Combattants et des autorités civiles, militaires et religieuses. Cette journée sera placée sous la présidence du Général commandant
d’armes, délégué de la place de Bordeaux. Déroulement de la cérémonie : 14h30 - Accueil des familles, cheminement dans le mémorial, accompagnement musical, accueil des autorités. 14h45 - Mise en place des portedrapeaux. 15h - Début de la cérémonie. Cérémonie des couleurs. Allocutions. Appel des morts. Dépôt des gerbes. Hommage aux drapeaux. 16h - Salut - remerciements aux portedrapeaux. 16h15 - Pour ceux qui le souhaitent dépôt de gerbes à la 1ère enceinte. 16h45 - Dépôt de gerbes au monument aux morts de Martignas. Parcours pour s’y rendre en bus : départ place de l’Église Saint-Pierre de Bègles à 13h15 ; arrêt à la mairie de Bègles, 77 rue Calixte Camelle, à 13h20 ; arrêt à la Poste de Bègles, 115 av. Lucien Lerousseau, à 13h25 ; arrêt Barrière de Bègles à 13h30 ; arrêt Barrière de Toulouse à 13h35 ; arrêt après la Bourse du travail, 44 rue Aristide Briand, à 13h45 ; arrêt barrière St Augustin (angle Bd Gauthier, cimetière de la Chartreuse), à 13h55 ; arrêt Barrière Judaïque à 14h. Dans Martignas sur Jalles, arrivée au Mémoriel du camp militaire de Souge vers 14h30. À l’issue de la cérémonie à la deuxième enceinte, le bus ira à la première enceinte, le pont étant désormais accessible. Puis retour sur Bordeaux vers 17h (mêmes arrêts qu’à l’aller). Les arrêts de bus seront les mêmes que ceux des lignes TBM.
ARAC
Hommage aux époux Reyraud L’ARAC* vous invite à honorer de votre présence la cérémonie à la stèle, sise à Saige-Formanoir : le dimanche 21 octobre 2018 à 11h. Elle sera clôturée par un vin d’honneur offert par la Municipalité. Cette commémoration précèdera la cérémonie à la mémoire des fusillés de Souge (lire ci-dessus). Il s’agit de rendre hommage aux patriotes résistants dont Gaston Reyraud, arrêté le 21 janvier 1940, par la police de Vichy et interné au 24, quai de Bacalan à Bordeaux, puis au camp de Mérignac (Gironde). Il a été fusillé, le 24 octobre 1941, à 54 ans, comme
les 255 autres victimes des nazis au camp militaire de Souge. Renée Reyraud s’est, elle aussi, engagée dans la Résistance en 1941 en entrant au Front national (organisation de résistance, fondée par le parti communiste) et dans le groupe « Bourgois ». Renée Reyraud, arrêtée à son tour, le 23 juillet 1943, a été internée au fort du Hâ puis à Romainville et déportée politique à Ravensbrück dont elle n’est sorti qu’au printemps 1945. * Association républicaine des anciens combattants et victimes de guerre, des combattants pour l’amitié, la solidarité, la mémoire, l’antifasciste et la paix.
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8 • Les Nouvelles 11 octobre 2018
Fin septembre, au siège du PCF, les communistes lançaient (Culture en force !) deux journées de Convention pour l’art , la culture et l’éducation populaire. Plein succès de la fréquentation, richesse des échanges, que ce soit en plénières (trois sur les deux jours) ou en ateliers (huit en tout), cette convention, préparée par nombre de réunions en amont, a nourri en abondance les frustrations de participantes et de participants qui ont été encouragés… à « ne pas en rester las », à prolonger dans tous les territoires les actions et les initiatives *. Après l’appel de Paul Vaillant-Couturier, en 1936, à « des états généraux de l’ intelligence française », après l’impressionnante réussite des Etats généraux de la culture initiés par Jack Ralite en novembre 87, ces deux journées ont montré que les liens des communistes avec les artistes, avec le monde de la culture et de l’éducation populaire, ont perduré et peuvent ouvrir des perspectives novatrices. Le parti communiste est ainsi le seul parti (on attend les autres !) à avoir répondu à l’appel récent de Robin Renucci (il était présent) : « C’est aux partis de se saisir de la question culturelle ». Et le PCF l’a fait, bien heureusement, de façon ouverte, en invitant à ces débats des professionnels et des amateurs de culture, femmes et hommes. Tout au long de ces deux journées, animées par Alain Hayot et par des intervenants d’origine et de pratiques
diverses du monde de la culture, les contributions et les échanges ont nourri et enrichi la réflexion. Les présents étaient d’accord pour constater l’état de déliquescence avancé du ministère de la culture et de sa direction : 5 directions sur 6 de ce ministère sont à cette heure vacantes ! Et les dangers de la marchandisation, du repli identitaire, ou d’une culture réduite à une simple consommation ont été souvent évoqués. « J’ai mal vers l’Aisne »
Les moyens attribués à la culture sont dérisoires, et Macron et les siens rêvent de mettre la culture au service de l’économie, et non l’inverse. De ce fait, les moyens consacrés à la culture par les collectivités territoriales (7,5 Mds) sont plus du double de ceux alloués par le ministère. Mais les collectivités territoriales sont étranglées. Leurs moyens diminuent considérablement et, au nom de leur orientation, certaines décident d’économies effarantes ! Ainsi une camarade du département de l’Aisne est intervenue deux fois au cours de ces journées pour faire savoir que ce département (proche de la région parisienne, et où le vote FN bat des records !) et ses dirigeants de droite ont décidé de supprimer TOUTES les subventions culturelles en 2019… Quand, dans les conclusions de ces deux jours et de leur succès, Alain Hayot rappelle que selon un récent sondage Ifop, la culture est, pour les électeurs de gauche, le dernier des objectifs prioritaires, il insiste sur l’immensité du travail à accomplir,
mais en même temps il rappelle que ces deux journées sont une véritable rampe de lancement pour les communistes avant leur congrès. Une Université permanente et décoiffante
La veille au soir, les participantes et participants étaient invités à prolonger la journée en assistant à la mise en route, pour l’année, de L’Université permanente. Université Ouvrière, puis avec Politzer, Université nouvelle, le lieu même où est lancée « la petite dernière » a une longue histoire avec l’éducation populaire, bien antérieure à l’édification du superbe siège du Parti en 1971… Les communistes ont renoué avec une tradition et une nécessité culturelles qui reviennent de loin. La salle de la Coupole était comble pour accueillir le lancement de cette Université permanente, avec quatre séances par mois, une sur Aragon, une sur la Révolution française, une sur les matérialismes, et une sur La crise. Le programme est rempli, et les intervenants annoncés… jusqu’au mois de juin. Décidément, à s’en tenir à la culture et à l’éducation populaire, le Parti communiste français est en plein dynamisme. Vincent Taconet * Proposés à côté d’une riche table de lecture, les numéros de L’Ormée (seule initiative régulière de revue culturelle départementale !) sont partis « comme des chocolatines».
AIDE ALIMENTAIRE
Vos dons, une ressource indispensable ! Le Secours populaire de la Gironde rassemble ses forces et ses bénévoles pour en appeler à la générosité, lors d’une grande collecte départementale, ces 12 et 13 octobre. Communiqué cidessous. « À quelques jours de la Journée mondiale du refus de la misère, le Secours populaire est en alerte : La précarité cause des dégâts considérables dans notre société : 900 000 personnes sont aujourd’hui en situation d’insécurité alimentaire en France. Face à cela, les inquiétudes sont
grandes sur le dispositif du Fond européen d’aide aux plus démunis (FEAD) dont le montant pourrait être diminué de moitié pour la période 2021-2027. Ce dispositif apporte depuis 30 ans une assistance matérielle à plus de 15 millions d’Européens en situation de pauvreté. Avec d’autres associations qui en sont le relais sur le terrain, le Secours populaire défend ce dispositif indispensable. En Gironde, se sont plus de 16 200 personnes qui ont poussé la porte de nos permanences. En 2017, la collecte départementale avait permis de collecter plus de 41 tonnes de pro-
duits qui ont ensuite été distribuées dans les permanences d’accueil du département. Cette collecte est donc indispensable pour nous aider à répondre aux besoins de première nécessité des personnes en situation de pauvreté et de précarité. Les 12 et 13 octobre,les bénévoles du SPF girondin seront devant près de 40 supermarchés. Chacun pourra apporter sa contribution solidaire sous forme de dons matériels (alimentaires ou produits d’hygiène) ou sous forme de don financier (en ligne sur notre site web ou par chèque à notre adresse) afin de nous permettre d’acheter les denrées manquantes. »