Nouvelles N° 2277

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Jeudi 18 octobre 2018 - N° 2277 - Hebdomadaire - 15, rue Furtado - 33800 BORDEAUX - Prix : 0,80 euro

COLLECTIVITÉS TERRITORIALES :

maillons indispensables de la démocratie et de la solidarité FORD PRÉFÈRE FERMER

PLATEFORMES NUMÉRIQUES

INONDATIONS DANS LE SUD

L’heure est à la mobilisation générale

Deux sénateurs à Bordeaux pour la protection des travailleurs

Appel à la solidarité

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ACTUALITÉ HOMMAGE

FORD REFUSERAIT LA REPRISE PAR PUNCH

Les cheminots CGT de la région de Bordeaux ont perdu deux de leurs camarades

L’heure est à la mobilisation générale pour le site de Blanquefortw

Les cheminots de la région de Bordeaux ont perdu deux de leurs camarades dans un accident de voiture. Ils leur ont rendu un dernier hommage la semaine dernière. Parmi eux se trouvait Ali Bellal « un cheminot dans le sens le plus noble du terme, un militant CGT de la première heure, ont rappelé ses camarades. Il était de toutes les luttes, aux ateliers puis au technicentre, et même à la retraite, n’abandonnant jamais. (…) Il a su partager avec le plus grand nombre l’art des bons repas entre amis, grâce à lui les piquets de grèves ressemblaient à des repas de fête. Lors des conflits, des fêtes de l’Huma, le 1er mai, sur le chantier et en dehors, Ali était notre chef cuisto. Il ne disait jamais non, ne refusait jamais une sollicitation car il considérait que la fraternité était le ciment de tout engagement : syndical, politique, sportif. Voilà son plus bel héritage, celui que nous essaierons de perpétuer. Il incarne la solidarité, le partage, le dévouement, la sincérité. Il inspire le respect, l’amitié et suscite l’altruisme. Une force paisible, un vrai prince. » À ses côtés se trouvait Philippe Dambon, « le camarade, le syndicaliste, l’Hourcadien ». « Il militait avec toute son énergie, son cœur, ses tripes. (…) Comme tous ses camarades Cégétistes des anciens ateliers il aimait transmettre son savoir. Nous sommes nombreux à avoir appris avec lui les bases du militantisme : travail syndical, rigueur, présence sur le terrain et le moment convivial. C’était la colonne vertébrale des leçons de maitre Philippe. Engagement voilà le mot qui le caractérise le plus. Engagement syndical en activité ou à la retraite, envers les autres, pour le site d’Hourcade et tous les “Hourcadiens”, pour les causes juste et avec notamment Allo amiante, pour des idées défendues toute une vie. »

DIMANCHE

74e cérémonie d’hommage aux fusillés de Souge La cérémonie annuelle dédiée aux Fusillés de Souge aura lieu à Martignas-sur-Jalle ce dimanche 21 octobre 2018 à 15 heures (lire notre précédente édition en page 8). Parcours pour s’y rendre en bus : départ place de l’Église Saint-Pierre de Bègles à 13h15 / arrêt à la mairie de Bègles, 77 rue Calixte Camelle, à 13h20 / arrêt à la Poste de Bègles, 115 av. Lucien Lerousseau, à 13h25 / arrêt Barrière de Bègles à 13h30 / arrêt Barrière de Toulouse à 13h35 / arrêt après la Bourse du travail, 44 rue Aristide Briand, à 13h45 / arrêt barrière St Augustin (angle Bd Gauthier, cimetière de la Chartreuse), à 13h55 / arrêt Barrière Judaïque à 14h. Dans Martignas sur Jalles, arrivée au Mémoriel du camp militaire de Souge vers 14h30. À l’issue de la cérémonie à la deuxième enceinte, le bus ira à la première enceinte, le pont étant désormais accessible. Puis retour sur Bordeaux vers 17h (mêmes arrêts qu’à l’aller). Les arrêts de bus seront les mêmes que ceux des lignes TBM.

CROUS DE BORDEAUX

Pour défendre des missions de service public de qualité

Blocage de l’entrée des camions sur le site de Ford Blanquefort, mardi matin, pendant la réunion du CE.

Le début de semaine a été très agité sur le site de Ford Blanquefort. Lundi, le ministre Bruno Le Maire est venu en personne annoncer que Ford préférait fermer le site de Blanquefort plutôt que d’accepter l’offre de reprise de Punch, soulevant la colère des syndicats et des élus. Depuis, des déclarations contradictoires ont agité l’usine et les pouvoirs publics. Mais comme plus personne ne fait confiance à Ford, l’heure est la mobilisation générale. La manifestation nationale de l’Industrie prévue par la CGT, le 25 octobre à Bordeaux (13h place de la République) tombe à pic. Début de semaine fracassant autour de l’avenir du site de Ford à Blanquefort, ses 860 emplois directs et 3 000 induits, tout le monde s’interroge sur la raison de la venue de Bruno Le Maire en personne lundi matin. L’annonce secoue syndicats et élus locaux : la multinationale préférait fermer son usine girondine plutôt que d’opter pour le projet de reprise proposé par l’industriel belge Punch Powerglide, un équipementier belge spécialisé dans la fabrication de boîtes à vitesse automatiques. « C’est choquant de voir de grands groupes internationaux comme Ford qui n’ont pas de scrupules », s’insurge Alain Rousset, président de la Région

Nouvelle-Aquitaine. En fait, depuis l’annonce de sa décision de ne plus investir dans l’usine en février dernier, « Ford ne cesse de nous raconter des balivernes et de nous mener en bateau. Maintenant ça suffit, il faut les mettre face à leurs responsabilités », s’agace Alain Juppé, le maire de Bordeaux. « Une entreprise mondiale ne peut pas s’esquiver ainsi, sur la pointe des pieds », renchérit Benoît Simian, député LREM de Gironde. « Cette multinationale aux profits colossaux (7,6 milliards de dollars de bénéfices en 2017, NDLR), bienheureuse de bénéficier de 25 millions d’euros de subventions de l’État et des collectivités locales, nous tourne le dos aujourd’hui pour rassurer des actionnaires », fustigeait, un peu plus tard dans l’aprèsmidi, Jean-Luc Gleyze, le président du Conseil départemental. Quant à Bruno Le Maire, il trouve cela « indéfendable. Une fermeture leur coûtera plus cher que la reprise par Punch. » Des discours combatifs, appelant à la mobilisation générale qui ont quelque peu surpris la CGT qui appelait à un rassemblement le mardi matin à l’usine à l’occasion d’une réunion extraordinaire du Comité d’entreprise où a été présenté le plan de reprise de Punch. Lundi, Bruno Le Maire a dévoilé l’enveloppe budgétaire que les pouvoirs publics sont prêts à investir pour faciliter la reprise de l’usine de

Blanquefort par Punch. La Région et Bordeaux Métropole apporteraient 12,5 millions d’euros ensemble (dont les deux tiers seraient supportés par le Conseil régional). L’État, quant à lui, promet de mettre sur la table 5 millions d’euros. D’après le journal Sud Ouest, l’industriel Punch serait susceptible d’investir 100 millions d’euros. D’après le quotidien régional, Ford aurait fait savoir depuis que, finalement, l’entreprise « est encore prête à discuter avec les pouvoirs publics et Punch du projet de reprise » mais elle attendrait, d’une part, des précisions sur l’aide gouvernementale et poursuivrait, d’autre part, le processus de recherche d’un repreneur. De leur côté, les syndicats déclarent poursuivre la piste PUNCH et ont demandé la tenue d’un CE extraordinaire pour les rencontrer dès le mercredi. « Si la reprise par Punch à Strasbourg a réussi, précise Vincent Alauze, représentant du personnel FAI, c’est que General Motors a eu un bon comportement. Au départ, il voulait se débarrasser de tout le monde mais ils ont finalement laissé de l’argent et de l’activité industrielle pour 5 ans ». Manifestation nationale de l’industrie à Bordeaux

La mobilisation se poursuit donc et culminera sans doute le 25 octobre, lors de la manifestation nationale de l’industrie qu’organise la CGT à Bordeaux (13h place de la République) pour l’emploi, l’investissement et la recherche. « La France a besoin d’une industrie et de services publics forts répondant aux besoins de la population afin d’assurer un développement économique équilibré des territoires, la création d’emplois et le progrès social et environnemental nécessaires pour tous. » C.D.

CHEMINOTS

Mobilisés contre la répression

80 % des 500 agents non titulaires du CROUS de Bordeaux ont repris le travail au terme d’une semaine de grève, à l’appel de leur syndicat CGT, pour défendre des missions de service public de qualité sur les différents lieux de prestations (Bordeaux Carreire, Les Capucins, Talence, Pessac…). Ils demandent l’amélioration de leurs conditions de travail, et la création de nouveaux emplois nécessaire à l’élargissement de l’offre de restauration. « L’aggravation de la précarité, le développement des CDD entrainant une rotation rapide des nouveaux entrants avec l’obligation de les former, le non remplacement des personnes malades… est vécue avec de plus en plus de souffrance par les personnels concernés », explique la CGT. « Tout le monde a repris le travail très déçu, ajoute Philippe Tisaire, responsable du syndicat, car il n’a pas été possible de négocier quoi que ce soit. Par contre, il y a eu une très bonne ambiance entre les salariés qui est de bon augure pour l’avenir. Nous préparons les élections professionnelles et une journée de grève nationale. Nous verrons après des suites à donner ». 2 • Les Nouvelles 18 octobre 2018

Un nouveau rassemblement était organisé mercredi midi à Bordeaux devant le siège régional de la SNCF pour soutenir Laurent, contrôleur de Bayonne, convoqué en Conseil de discipline avec proposition de «radiation des cadres», c’est-à-dire le licenciement. Pour la CGT, la direction veut faire « un exemple, dans le cadre d’une politique de répression ». La direction régionale de la SNCF accuserait Laurent, contrôleur de Bayonne, d’avoir – lors d’une manifestation en gare dans le cadre du mouvement de grève contre la réforme ferroviaire – bousculé voire agressé une collègue cadre dirigeante dans un contexte de vive tension

entre manifestants et représentants de la direction. D’après le syndicat CGT, ces « faits qui n’ont jamais eu lieu, et ont toujours été réfutés par l’agent, militant en grève à l’époque, et par l’ensemble des participants à ce rassemblement ». « Le mois dernier, un premier entretien préalable à licenciement avec l’adjoint du directeur d’Établissement a mis en évidence un dossier à charge manifestement vide : aucun rapport, ni de l’huissier présent bien entendu sur place, ni de la police (également présente puisque dans le cadre d’une manifestation prévue et déclarée), ni même d’autres cadres au travail et présents à ce moment- là, ne fait alors état de tels débordements remarquables, aucune vidéo, pas même une photo », argumente encore la CGT. Dans

ce contexte, la direction maintient cependant sa volonté de faire un exemple, dans le cadre d’une politique de répression plus globalement mise en œuvre au niveau national depuis la fin du conflit, contre de nombreux militants grévistes. À travers lui, c’est toute volonté d’agir que la Direction souhaite ainsi museler. Il s’agit non seulement de bâillonner les militantes et militants qui participent à des actions de grève, mais par là même d’instaurer une forme de peur diffusée dans l’ensemble du personnel comme de l’encadrement (déjà soumis à des pressions de toutes sortes). À l’heure où nous bouclons ce journal, le Conseil de discipline n’est pas encore réuni.


ACTUALITÉ

Editorial

TOUR DE BORDEAUX

« Pédale et tais-toi », pour une véritable protection des travailleurs des plateformes numériques

Pour sensibiliser le public à la précarité des coursiers à vélo, le collectif « Pédale et tais toi ! » (#PETT) a organisé une déambulation à la fête de l’Humanité, le mois dernier.

Le tour de France du collectif « Pédale et tais toi ! », avec les sénateurs communistes Fabien Gay (Seine-Saint-Denis) et Pascal Savoldelli (Val-De-Marne), s’arrêtait à Bordeaux le jeudi 18 octobre pour sensibiliser et exiger une « véritable protection des travailleurs des plateformes numériques. Les plateformes numériques de travail font désormais partie du paysage (« Prendre un Uber », « commander sur Deliveroo » etc.) mais elles refusent de respecter les règles et en premier lieu celles du droit social. Résultat : les travailleuses et travailleurs sont plus précaires et plus exploité-e-s que jamais. Elles/ils sont

payé-e-s à la tâche, sans assurance maternité, chômage, vieillesse ou maladie et sans protection contre le pouvoir des plateformes. Elle/Ils se trouvent ainsi soumis à la loi du plus fort. « Ces organisations, souvent des multinationales, n’ont pas à être au-dessus des lois », estiment les sénateurs Fabien Gay (Seine-Saint-Denis) et Pascal Savoldelli (Val-De-Marne) qui ont donc décidé de lancer la première bataille contre le capitalisme de plateforme : « ‘“Pédale et tais-toi !” – Pour une véritable protection des travailleurs des plateformes numériques ». Un premier temps qui s’adresse plus spécifiquement à celles et ceux qui livrent des repas et qui peinent à faire entendre leurs voix.

Le 28 juin dernier, au Sénat, la première réunion d’équipe a eu lieu avec des membres des jeunes communistes, du PCF, des juristes spécialisés mais surtout les travailleurs eux-mêmes (Le Clap, CoopCycle, CGT-coursiers Gironde…). « Tous ensemble, nous avons décidé d’organiser un tour de France, ambitieux, festif, positif, pour libérer la parole, informer, discuter et débattre, avec des travailleu-se-rs, des syndicalistes, des élu-e-s, des citoyen-ne-s… En somme, pour faire converger les savoirs et unir les luttes, dresser des constats et proposer des solutions concrètes pour que cesse cette surexploitation d’un autre temps », déclare le collectif. Les étapes se multiplieront toute l’année, et la première se tenait à Bordeaux, le 18 octobre, où les sénateurs se sont rendus au bureau des Coursiers Bordelais afin de les rencontrer et d’échanger autour d’un repas avant de commencer le Tour de Bordeaux à vélo. Plusieurs clients (restaurateurs, fleuriste, prothésiste dentaire) ont expliqué pourquoi ils ont choisi de recourir à la coopérative les Coursiers Bordelais et ces derniers ont expliqué les raisons qui les ont amenés à diversifier leur activité audelà de la livraison de repas. Au-delà des rencontres citoyennes, un débat était notamment organisé avec des travailleu-se-rs, des représentant-e-s syndicaux et politiques sur la difficulté de sensibiliser, de s’organiser et de lutter dans un collectif de travail fragmenté. Nous rendrons compte de ces échanges et débats dans notre prochaine édition.

RETRAITES

Syndicats toujours inquiets et retraité-e-s toujours en colère Le haut-commissaire à la réforme des retraites a tenté, sans y parvenir, de rassurer les syndicats, le 10 octobre, à l’occasion d’une première réunion « multilatérale » avec eux et le patronat. Les neufs* organisations syndicales et associations de retraités ont appelé à une nouvelle journée de manifestation le 18 octobre. Jean-Paul Delevoye a promis que le futur régime par points conservera un système de réversion pour les veuves et veufs, des bonifications pour les mères et des compensations des périodes de maladie, chômage ou maternité. Quant aux fonctionnaires, ils cotiseront désormais « au même niveau » que le privé, et leurs primes seront « prises en compte » dans le calcul de la retraite. La question de l’application d’une décote sur les pensions avant 63 ans a en revanche été renvoyée à plus tard. FO estime que ces éléments « confortent (ses)

analyses : individualisation et incertitude permanente, (…) casse des régimes existants », la CGT calculant de son côté que le système à points fera « mathématiquement baisser le niveau de pension ». Dans leur appel à manifester, les organisations et associations de retraités exigent que dans le PLFSS 2019, la pension de retraite reste un droit, acquis par le versement des cotisations, et ne devienne pas une simple « allocation sociale ». Elles dénoncent de nouvelles baisses du pouvoir d’achat à venir. Le président Macron « veut revaloriser les pensions, comme les prestations sociales, de seulement 0,3 % en 2019 et 2020, alors que les prix ont augmenté de 2,3 % ces 12 derniers mois. Des prestations sociales, comme l’APL, ne suivront plus l’inflation et contribueront à la baisse du pouvoir d’achat. » « Les millions d’euros pris dans nos poches ne sont pas perdus pour tout le monde, ajoutent les syndicats et

associations : suppression de l’ISF, baisse de l’impôt sur les sociétés (jusqu’à 25 % en 2022), baisse de 1,8 point de la cotisation famille, baisse annoncée des cotisations patronales maladie de 6 points en 2019, suppression de “l’exit taxe” (6 milliards d’euros), etc. » Les retraité-e-s sont donc mobilisé-e-s pour : la suppression de la hausse de la CSG ; la revalorisation de toutes les pensions par la fin du gel des pensions, le rattrapage des pertes subies et le refus du 0,3 % 20192020 ; l’indexation des pensions sur les salaires et un minimum de pension au SMIC pour une carrière complète ; le maintien des pensions de réversion, sans conditions de ressources ; la prise en charge de la perte d’autonomie à 100 % par la sécu et l’ouverture d’un droit universel dans le cadre du service public.

Le monde du travail regarde du côté du PCF Le choix du texte pour le 38e congrès fait par les communistes n’est pas étranger au climat social qui s’installe dans le monde du travail. De partout surgissent colères, déterminations, parfois des silences… en réaction aux violences du système qui ne répondent pas aux besoins humains : travail et emplois sacrifiés, délabrement des services publics, pauvreté, spoliations des droits… Des signes d’exaspération s’accumulent et interpellent pour trouver d’autres choix de société. C’est une responsabilité particulière pour les communistes. C’est pour cela qu’ils aspirent à une nouvelle orientation et qu’ils ont choisi de placer en tête « …Le Manifeste… », avec 42,15 % des suffrages exprimés devant les trois autres textes. Il faut donc entendre cette expression et faire confiance à ce choix légitime. Pour André Chassaigne, « C’est l’affirmation d’une volonté d’un Parti communiste qui retrouve toute sa place dans le paysage politique français parce qu’on a besoin de lui, c’est une question d’utilité sociale. Donc c’est une forme de refus de l’effacement qui est le résultat d’une ligne stratégique. » Malgré nos fragilités, un mouvement, une prise de conscience se dégagent pour faire un vrai bilan, qui n’est pas dirigé contre tel ou tel, pour la recherche d’une unité nouvelle, à construire et élargir dans le congrès qui s’ouvre, pour un parti plus visible, à partir de l’orientation choisie. Si des camarades expriment leur satisfaction, nous savons aussi que d’autres sont inquiets du risque de division, de l’incertitude de la situation et de l’avenir du PCF. L’essentiel n’est-il pas que les communistes s’emparent du Congrès qu’ils ont réclamé en juin 2017 pour tirer les leçons de leur affaiblissement et débattre des questions essentielles, se rassembler autour de choix clairs et dans la diversité de nos analyses et réflexions, faire la démonstration que notre 38e congrès est vital ? À partir de l’orientation de la base commune, toutes les questions ne doivent-elles pas être instruites par les communistes (cellules, sections, fédération) jusqu’au 23 novembre à Ivry en avançant dans l’action à partir de grandes batailles populaires permettant à la fois de porter la colère et de remporter des victoires de portée révolutionnaire contre le capital ? Dans cette démarche, la campagne des européennes de 2019 qui est lancée doit prendre une autre dimension avec Ian Brossat en tête liste d’une liste de large rassemblement avec des contenus transformateurs. Le 38e congrès peut être extraordinaire et démontrer à tous ceux qui nous regardent, aux militants syndicaux, associatifs, aux progressistes et républicains que le Parti communiste peut se redresser pour ouvrir la voix à un changement de société véritable. Il n’y a jamais eu autant besoin de luttes, d’un projet et d’un parti communistes.

Danielle Trannoy membre de l’exécutif du PCF 33 et du Conseil national

*CGT, FO, CFTC, FSU, Solidaires, Retraités de la Fonction publiques, LSR, Ensemble&Solidaires

Les Nouvelles 18 octobre 2018 • 3


COLLECTIVITÉ TERRITORIALES : MAILLONS INDISPE FUSION DÉPARTEMENT/MÉTROPOLE

Une nouvelle concentration des pouvoirs, ce sont de nouvelles disparités et des solidarités qui disparaissent

Sébastien Laborde, vice-président de la CALI* en charge de l’action sociale, adjoint au maire de SaintDenis de Piles.

Les Nouvelles. En quoi consiste la fusion Département/Métropole à propos de laquelle Alain Juppé est allé discuter avec le gouvernement ? Sébastien Laborde. C’est un projet mis en avant par le gouvernement et le président de la République qui vise, sur le modèle lyonnais, à transférer

à la Métropole les compétences du Département. Pour cela, jusqu’à maintenant, le Président et le Premier ministre ont simplement rencontré les maires de 5 grandes villes de France pour solliciter leur point de vue, dont Alain Juppé qui s’est dit favorable à la discussion. C’est déjà un problème car il nous semble qu’un tel changement au niveau de l’organisation des institutions nécessiterait un véritable débat public pour d’abord informer la population du projet, réfléchir au niveau pertinent d’organisation de certaines compétences à l’échelle d’un territoire et, en tous les cas, avoir un

retour sur l’expérience menée dans le Rhône. La particularité du Rhône est que 80 % de son territoire correspond à l’agglomération lyonnaise, ce qui n’est pas le cas en Gironde où la métropole ne représente qu’à peine 10 % du territoire et un peu moins de la moitié de la population. Les Nouvelles. Pourquoi le gouvernement envisage-t-il ce type de réorganisation ? S.L. Cela s’inscrit dans la droite ligne des directives européennes et des politiques libérales. L’argumentation

MÉTROPOLE DE LYON

Retour d’expérience Le seul endroit en France où les compétences du département ont été fusionnées à celles de la Métropole, c’est à Lyon, un exemple que le gouvernement semble tenté d’étendre à 5 autres grosses villes, dont Bordeaux. Nous avons demandé à Aline Guitard de la section du PCF de Lyon et Marie-Christine Burricand, élue métropolitaine et de Vénissieux, un retour d’expérience sur la Métropole de Lyon. Ci-dessous leur témoignage. « Les élus et les militants communistes se sont opposés à la création de la Métropole de Lyon, poisson pilote de l’Acte 3 de décentralisation mal nommé et de la soumission des communes et départements à l’institution métropolitaine. Sur l’agglomération lyonnaise, le département a disparu et ses compétences ont toutes été récupérées par la Métropole devenue depuis janvier 2015 collectivité pleine et entière, loin de l’intercommunalité. Nous avons dénoncé dès les premiers jets du projet, à la fois la mise en concurrence des territoires qui en résulterait et le risque d’affaiblissement des communes attaquées dans leurs compétences par la métropole et dans leurs moyens par l’État. Nous avons alerté sur le risque d’éloignement des citoyens des lieux de pouvoirs et de décisions, la perte de proximité et de connaissance des

dossiers pour les élus car la Métropole en cumulant toutes les compétences se transforme en grosse machine technocratique. Nous avions dit nos craintes que la solidarité soit écrasée par la technocratie… Trois ans après nos craintes sont confirmées. Contrairement aux effets d’annonce, la Métropole n’a résolu aucune des difficultés auxquelles sont confrontées les familles populaires de l’agglomération. Pire même, la misère continue de s’aggraver sur son territoire, en témoignent notamment les difficultés d’accès au logement : 1 500 familles en moyenne dorment dans la rue dans notre agglomération faute de pouvoir se loger ! Cette grande Métropole qui prétend concentrer tous les pouvoirs pour mieux répondre aux besoins des habitants est prise en flagrant délit d’abandon des mineurs étrangers isolés, livrés à la rue faute de place à l’Aide sociale à l’enfance. Et globalement, nous avons plus de mal à savoir ce qui se passe pour le RSA, la solidarité ou l’insertion parce que la transparence n’est pas de mise dans cette grosse machine. Après Hollande, le gouvernement Macron/Philippe non seulement continue d’appauvrir les communes mais il les met désormais sous tutelle avec la contractualisation. Le deal est simple : “Si vous voulez continuer à toucher des dotations de l’État, appliquez la rigueur et l’austérité ! Licenciez, fermez des services, arrêtez

4 • Les Nouvelles 18 octobre 2018

d’investir pour vos habitants !” Et face à la difficulté, nous voyons des maires qui reculent et transfèrent volontairement leurs compétences à la Métropole, réduisant ainsi la commune, échelon de base de la citoyenneté, à une entité administrative vidée de sens. En parallèle, de nombreux syndicats intercommunaux ont disparu, devenus métropolitains mais loin du savoir-faire des communes qui les avaient créés. En 2020, pour la première fois, nous élirons au suffrage universel les conseillers métropolitains dans un scrutin complètement autonome des municipales. Sous l’apparence d’une échéance démocratique, ce scrutin direct va une fois encore renforcer la puissance de la Métropole en coupant tout lien direct entre les conseils municipaux et les conseillers métropolitains. Sans oublier le découpage à la hache de zones électorales dont les objectifs sont de maintenir Collomb et ses lieutenants en place plus que de permettre aux citoyens d’avoir voix au chapitre dans la métropole. Quelle élection dominera l’autre ? Il est trop tôt pour le dire ! Mais les communistes abordent cette échéance avec combativité car si nous n’avons pas voulu de cette Métropole lyonnaise, outil de centralisation des pouvoirs et de domination, nous comptons en revanche faire vivre notre projet de Métropole des communes solidaires et faire reculer la fracture sociale et politique. »

d’un tel projet c’est, à la fois, la réduction des dépenses administratives de fonctionnement – ce qui en soi mériterait aussi un débat – et de pouvoir répondre à la concurrence que se font les grandes villes à l’échelle de l’Union européenne. On est dans un schéma avec des régions immenses aux compétences renforcées et des métropoles qui concentrent la plupart des richesses produites. Mais ces territoires sont bien trop vastes pour répondre aux besoins des populations. L’échelon départemental est balayé, ainsi que l’échelon communal. Les Nouvelles. La mise en place d’une telle réforme aurait-elle des conséquences du point vu démocratique ? S.L. Oui parce que ça correspond à une nouvelle concentration des pouvoirs avec un maire président de métropole ayant d’énormes pouvoirs sur l’organisation et l’aménagement de territoire, et l’administration de compétences. Cela renforcerait les inégalités d’accès aux services publics mais aussi d’aménagement du territoire à l’échelle du département puisqu’on aurait un territoire rural et des EPCI ** qui auraient la charge de responsabilités en dehors de la métropole et une métropole qui concentre déjà beaucoup de pouvoirs et beaucoup de richesses qui administrerait ses compétences mais à l’échelle seule de son territoire. Ça créerait une rupture des solidarités et des disparités. Il nous semble, que l’échelon départemental est le bon pour, par exemple, traiter la question des transports et des mobilités, qui sont un enjeu social et écologique. Par exemple, on travaille aujourd’hui à l’échelle de la CALI la question de la mobilité entre notre agglomération et la métropole sur le déplacement pendulaire domicile/travail. Si on veut répondre aux besoins des gens en matière de déplacements et, y compris, changer les modes de déplacements en faisant reculer l’usage de la voiture, ça ne peut être un dialogue uniquement entre l’agglomération du libournais et la métropole bordelaise. Le département a un rôle essentiel à jouer dans le maillage territorial en matière de transports publics, collectifs. Autre exemple : le Département est aussi un acteur essentiel de l’action sociale, notamment dans les territoires ruraux qui ont des besoins spécifiques sur l’accès aux services publics et l’accès aux droits. Pour mener ces politiques, il y a besoin d’une solidarité départementale au travers d’une fiscalité et que l’État compense les transferts de compétences. Si l’on prive le Département des ressources fiscales correspondant au territoire de la Métropole – alors que l’État a déjà transféré des compétences aux départements sans les leviers fiscaux et les ressources qui vont avec – on risque

de se retrouver avec des territoires sur lesquels l’action sociale et la solidarité ne pourront plus être mises en œuvre à hauteur des besoins de la population. Les Nouvelles. Plusieurs élus, notamment en milieu rural, menacent de démissionner face à un recul de leurs prérogatives et des moyens financiers. Est-ce que la mise en place de cette fusion pourrait encore faire monter la colère ? S.L. Oui. Il y a un véritable malaise aujourd’hui chez les élus, notamment les élus des communes, les maires, parce qu’un certain nombre de compétences ont été transférées à la Communauté de commune, à l’Agglomération ou à la Métropole, donc on est en train de squeezer l’échelon démocratique local que représente la Commune. Et il y a un lien fort entre les Communes et les Départements. Le Département, au travers de sa politique d’aménagement du territoire, est un soutien au projet des Communes et un maillon essentiel de l’organisation de la solidarité et de l’équité territoriale. Même si celle-ci a déjà été largement mise à mal par les politiques d’austérité menées depuis une dizaine d’années. Il y a besoin de coopérations nouvelles, comme pour l’action sociale par exemple, et non de concentration des pouvoirs. Les Nouvelles. Comment le PCF et ses élus envisagent d’agir sur ces questions ? S.L. D’abord, nous nous opposons à cette logique qui consiste à concentrer les pouvoirs et de supprimer le Département au profit de la Métropole car nous sommes convaincus que la commune et le Département sont des maillons essentiels de l’organisation de la vie démocratique, des services publics et des solidarités, et cela rentre en compte dans la vie quotidienne des gens. Nous demandons un vrai débat public et citoyen sur le bon niveau d’organisation d’un service public. Par exemple sur les transports, l’aménagement du territoire, les solidarités, l’action sociale, la gestion de l’eau, les collèges, le Département reste l’échelle pertinente d’organisation des politiques publiques. Nous nous inscrirons dans toutes les initiatives publiques qui consistent à s’opposer à ce projet mais nous serons aussi à l’initiative dans l’organisation du débat et l’information aux populations sur ce projet de concentration de pouvoirs. Propos recueillis par Christelle Danglot * Communauté d’Agglomération du Libournais ** Établissement Public de Coopération Intercommunale


NSABLES DE LA DÉMOCRATIE ET DE LA SOLIDARITÉ GIRONDE

Défendons nos territoires

LA COMMUNE

Un rempart à la déshumanisation Gestion comptable ou expression des besoins sociaux. Quelle place et quels pouvoirs pour les communes dans le contexte européen ? Interrogeait l’Humanité du 11 octobre. Ce à quoi Sébastien Jumel, député PCF de Seine-Maritime, répond que la commune est un « rempart à la déshumanisation ». Nous publions sa tribune ci-dessous. « Du point de vue de l’Europe et de Paris, les réformes territoriales qui se sont succédé visent à affaiblir la place des communes, l’objectif avoué étant de réduire la dépense publique et de rationner la mission de service public. Construire des régions mastodontes transformées en Länder, mettre en œuvre des intercommunalités au forceps qui sont devenues technocratiques, mettre à mal le couple commune-département et affaiblir les communes financièrement et institutionnellement, voilà pour le diagnostic. Beaucoup de rapports émanant de l’échelle européenne considèrent qu’il y a trop de communes en France. C’est une erreur. Cela accentue les inégalités territoriales, aggrave le sentiment d’abandon et fait valoir l’idée qu’il y a des territoires oubliés de la République. J’ai une formule qui consiste à dire que quand tout fout le camp, et on peut le dire de

notre modèle social et de notre modèle d’organisation territoriale, quand la présence de la République est mise à mal par les politiques libérales, le dernier rempart, c’est la commune. D’un autre côté les communes sont des points de résistance, des laboratoires de démocratie directe pour montrer que les alternatives existent au libéralisme. Elles sont le lieu par excellence où l’on identifie les attentes de la population et ses besoins. Elles sont les lieux de vivre-ensemble, notamment grâce à la densité du tissu associatif. Des lieux où l’on connaît le maire, où l’on peut taper à sa porte et mettre un visage sur les politiques. En cela, elles sont aussi un rempart à la déshumanisation économique. J’ai été maire de Dieppe pendant dix ans, et cela reste le cas aujourd’hui : on a construit des solidarités nouvelles, on a associé les habitants à des objectifs de renouvellement urbain, on a bâti des résistances face aux logiques de désengagement du territoire en plaidant autour de l’idée qu’une ville moyenne devait offrir à sa population tout ce qui fait la force d’une grande ville. Un hôpital de plein exercice par exemple, en agissant et en obtenant des crédits pour moderniser l’hôpital de Dieppe et améliorer la réponse de santé publique sur le territoire. On a revendiqué le désenclavement

de notre territoire parce qu’il n’y a rien de pire que d’être coupé des métropoles. Actuellement, se mène un combat qui consiste à revendiquer le rétablissement d’une liaison directe par le rail pour Paris. Un comité de développement des transports ferroviaires est mobilisé en ce sens. De la même manière, on a construit et rénové plus de 1 500 logements à l’échelle de la ville pour donner un contenu concret au droit au logement. La question de la formation est également investie en ce sens. Ce genre de combats et de batailles, on peut le faire à l’échelle municipale en s’appuyant sur l’énergie des acteurs économiques et sociaux et sur celle des citoyens. Pour résumer, la politique du gouvernement, c’est : aggravation des inégalités sociales et aggravation des inégalités territoriales. La ville prend, dans le combat quotidien, le contre-pied de cela. Contrairement au discours technocratique qui fait du maillage communal français une anomalie, c’est plutôt d’un modèle qu’il s’agit. Partout où la République recule, partout où la République renonce, le repli sur soi et la vague brune progressent. Les communes, dans leur réponse de proximité, et le modèle territorial français dans son originalité, avec ses départements et ses communes, constituent une digue pour faire face au repli et à la montée de l’extrême droite. »

ILS N’ONT PAS HONTE !

Les Marcheurs jettent les maires en pâture Avec le hashtag #BalanceTonMaire, des soutiens du gouvernement invitent à dénoncer les élus qui ont augmenté leur taxe d’habitation. Les promoteurs de la start-up nation gouvernementale ne savent plus quoi inventer pour avoir l’air « disruptif ». Suite du souhait de 15 % de municipalités d’augmenter leur taux de taxe d’habitation, le ministère des Comptes publics a publié les taux et leurs évolutions pour toutes les communes et des militants se réclamant de LaREM ont initié sur Twitter le hashtag #BalanceTonMaire. Cette vague d’hostilité contre les maires lancée sur les réseaux sociaux a déclenché une vive réaction de l’Association des maires de France (AMF) qui dénonce une référence

grossière à la campagne visant à dénoncer les violences sexuelles sous le hashtag #Balancetonporc. L’AMF y voit « une attaque personnelle que rien ne peut justifier » et réclame des excuses publiques. C’est que le pouvoir macronien, qui comptait bien sur la baisse annoncée de 30 % de la taxe d’habitation pour 8 foyers sur 10 afin de regagner en popularité, s’est senti floué par ce qu’il reste encore de pouvoir aux maires et à leurs conseils municipaux. Des « pleins pouvoirs de taux » qu’Emmanuel Macron avait justement souhaité conserver. Celui-ci s’était même fendu d’une incitation à peine voilée à l’augmentation des taux d’imposition devant les maires de France lorsqu’il était candidat à l’élection présidentielle, pour compenser la baisse de la taxe d’habitation. « Je garantis l’autono-

mie fiscale », claironnait-il. Un droit dont l’application relève de la « libre administration des collectivités locales garantie par la Constitution », relève l’AMF. D’autant que si certaines communes (autour de 6 000) ont augmenté leur taux d’imposition, c’est surtout pour maintenir le niveau des services publics et réaliser des investissements, que la baisse des dotations de l’État vient hypothéquer. Ian Brossat, maire adjoint de Paris et chef de file du PCF aux élections européennes, pose même la question : « Qui a baissé les dotations aux collectivités tout en multipliant les cadeaux aux grosses fortunes ? » Pour la réponse, lire plus haut. Olivier Morin, l’Humanité du 15/10/2018

Les élus communistes au rassemblement départemental.

À l’appel du président du Conseil départemental, Jean-Luc Gleyze, 500 à 600 personnes se sont réunies dans le hall de l’hôtel du Département pour refuser la fusion de compétence avec la métropole. La diversité géographique de la Gironde était représentée à travers les conseillers départementaux, maires de communes rurales comme de la métropole, ainsi que des représentants du monde associatif. La diversité politique s’est également rassemblée par la présence de représentants de toutes les familles politiques. Accueillis avec des autocollants défendant les transports, le logement, les collèges etc., les participant-e-s se sont rassemblé-e-s dans le hall de l’hôtel du Département paré de banderoles avec un slogan phare : « Défendons nos territoires ! ». Lors de son discours, Jean-Luc Gleyze a mis en avant le rôle essentiel du Département pour la solida-

rité territoriale, et du danger d’une métropole qui aspirerait les richesses, abandonnant le reste du département à son propre sort. Il a mis en avant combien le destin de la Gironde et de la métropole bordelaise était commun, comme le montre la question épineuse des transports. En fond, ressort la question d’un aménagement harmonieux du département, du rééquilibrage économique entre le département et la métropole, et bien évidemment la place des services publics comme moyen d’accès à l’égalité. Si cette première initiative a rassemblé du monde, elle reste marquée par un certain entre-soi institutionnel. Les élus communistes présents lors de cette initiative on fait part de leur volonté d’associer la population en créant les conditions de la construction d’un vrai débat citoyen. Frédéric Mellier

ÉLUS COMMUNISTES DE LA MÉTROPOLE BORDELAISE

« L’affaiblissement des dotations réduit notre capacité à faire » Une fois par an les élus municipaux rendent compte de l’activité 2017 de la métropole bordelaise à travers un rapport débattu dans les conseils municipaux. À cette occasion, en cette rentrée, les élus communistes se sont exprimés, entre autre, sur les conséquences des baisses de dotations. Extrait d’intervention ci-dessous. « Il n’est pas possible de commencer ce rapport d’activité sans évoquer les finances de la Métropole et son lien avec l’État et les communes. Car si les finances de la Métropole restent en bonne santé, celles des communes sont dans une situation contrainte à l’heure où des urgences apparaissent de partout. Pour la quatrième année consécutive, la Métropole a vu ses dotations de l’État baisser (18,4 millions). En cumulé depuis 2013, cela représente 196 millions. Pour mieux se rendre compte, il s’agit de l’équivalent de deux ponts Simone Weil ou de 8 km de tramway, pour ne parler que de transports.

Cette situation est loin d’être inévitable, mais relève de choix politiques, qui ont favorisé les plus riches et le monde de la Finance dans les choix fiscaux. Tout cela est à mettre en parallèle avec les 60-80 milliards d’évasion fiscale, qu’illustre à merveille le dossier de reprise des Girondins de Bordeaux. Il est indéniable que, pour répondre aux besoins de nos populations et faire face à la crise sociale et écologique, il y a besoin de moyens conséquents. Ceux-ci existent dans notre pays. L’affaiblissement des dotations en direction de nos collectivités affaiblit notre capacité à faire, renvoie la solidarité au niveau local, affranchissant les plus riches et les grands groupes de cette solidarité. La contractualisation qui vient d’être mise en place finit de corseter les budgets de fonctionnement des collectivités. Comme si avoir des hommes et femmes qui travaillent pour nos territoires relevait du gaspillage, alors qu’ils sont un maillon essentiel du bien être social ! »

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INTERNATIONAL DROITS DE L’HOMME

Quand l’Europe tente de torpiller un traitésur les multinationales

Deux rapports d’ONG pointent l’obstruction des diplomates de l’UE, au moment où s’ouvre à Genève un nouveau cycle de négociations de l’ONU pour en finir avec l’impunité des grandes entreprises qui violent les droits humains et environnementaux. Loin, très loin des projecteurs de l’actualité, sur les bords du tranquille lac Léman, une bataille diplomatique insoupçonnée va faire rage toute la semaine pour tenter de favoriser l’adoption d’un traité de l’ONU sur les multinationales. Un texte juridiquement contraignant – et c’est là toute la nouveauté –, qui pourrait de ce fait être considéré comme historique. Genève accueille jusqu’au 19 octobre, la quatrième session annuelle du groupe de travail intergouvernemental, du Conseil des droits de l’homme des Nations unies (CDH), chargé d’élaborer ce document visant à réguler les activités des multinationales en matière de droits

humains et environnementaux. Aux diplomates des 47 pays du CDH (un système de rotation est utilisé entre les 193 membres de l’ONU), se sont joints, en Suisse, plus de 100 ONG et mouvements sociaux du monde entier pour en finir avec l’impunité dont jouissent actuellement les sociétés mères et donneuses d’ordres en raison de la complexité de leur structure juridique et de l’absence de mécanismes judiciaires efficaces au plan international. La tragédie du Rana Plaza a sans doute été celle de trop. L’effondrement, le 24 avril 2013, de cet immeuble pas aux normes de sécurité de la banlieue de Dacca, au Bangladesh, qui abritait les ateliers de confection des soustraitants de groupes internationaux de l’habillement, fit plus de 1 000 morts et 2 000 blessés sans qu’aucune de ces grandes marques ne soit à ce jour inquiétée. Six mois après, plus de 140 organisations de la société civile formaient l’Alliance pour le traité (Treaty Alliance), pour l’adoption

ARABIE SAOUDITE

L’affaire Khashoggi provoque une tempête diplomatique À une semaine du « Davos du désert », un sommet regroupant à Riyad la finance internationale, la probabilité du meurtre du journaliste saoudien Jamal Khashoggi a écorné violemment l’image du prince Ben Salmane. Le doute a rattrapé les partenaires occidentaux. « Si l’Arabie saoudite est responsable, il y aura un châtiment sévère. » Cette sentence lapidaire prononcée samedi 13 octobre par Donald Trump en pleine affaire Khashoggi a sonné comme une petite révolution dans les rapports feutrés entre Washington et Riyad. En cause : les atermoiements du prince héritier Mohammed Ben Salmane, dit MBS, sur la mystérieuse disparition du journaliste saoudien Jamal Khashoggi le 2 octobre dans les locaux mêmes de son propre consulat à Istanbul. Alors que le jeune monarque – dans une posture de défi – proposait aux autorités turques de venir fouiller le consulat vingt-quatre heures à peine après le début de l’affaire, dix jours plus tard, aucun enquêteur n’avait encore eu la possibilité d’entrer dans les locaux de la mission diplomatique. À une semaine de l’ouverture à Riyad du « Future Investment Initiative », regroupant les principaux acteurs

de la finance internationale, cette obstruction flagrante à l’enquête avait d’ores et déjà des répercussions. Des partenaires économiques de poids se sont clairement positionnés contre le royaume salafiste. À commencer par une dizaine de médias états-uniens et britanniques, qui ont voulu marquer le coup dans une affaire concernant un de leurs confrères. Dans les colonnes du Washington Post, Jamal Khashoggi, exilé aux États-Unis en 2017, était en effet l’une des plumes les plus acérées à l’encontre du prince Ben Salmane dont il fustigeait les politiques menées au Yémen et au Qatar. Aussi le Financial Times, le New York Times, The Economist et le Los Angeles Times ont-ils décidé de boycotter l’événement, de même que les chaînes américaines CNN ou Bloomberg, partenaire officiel de ce sommet. Un coup dur pour MBS, pour qui cette rencontre devait servir de projecteur afin d’attirer les investisseurs étrangers pour assouvir certains de ses fantasmes. Parmi lesquels la construction de la cité futuriste Neom, paradis pour très riches planté en plein désert, au coût exorbitant de 500 milliards de dollars. D’importants partenaires que ce projet intéressait au premier chef ont ainsi décliné l’invitation. C’est le cas du milliardaire britannique Richard Branson.

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d’un texte contraignant. Et le 26 juin 2014, le CDH de l’ONU adoptait la résolution 26/9 demandant la création d’un groupe de travail sur ce sujet. Ce n’est pas un hasard si c’est l’Équateur qui a présenté cette résolution. Le pays bataille depuis des décennies dans les tribunaux contre le pétrolier Chevron, dont la filiale Texaco a pollué une partie de l’Amazonie. Les deux premières sessions de la CDH, en 2015 et en 2016, ont été qualifiées de « très réussies » par l’Alliance pour le traité. Mais celle de 2017 a bien failli être la dernière. En novembre 2017, l’Union européenne souhaitait tout stopper, avant de se rétracter face au tollé suscité. « Nous comprenons que la résolution 26/9 du CDH ne prévoit que trois sessions du groupe de travail intergouvernemental à composition non limitée », écrivait l’Union européenne. « Selon (cette dernière), la résolution de 2014 ne préciserait que la tenue des trois premières sessions. Estimant qu’elles ont déjà eu lieu, l’UE prétend que le groupe intergouvernemental de négociation n’aurait plus de mandat », dénonçait alors l’association Sherpa. « L’Europe, principal obstacle sur la route d’un traité international contre l’impunité des grandes entreprises ? » s’interrogeait l’Observatoire des multinationales.

Deux rapports d’ONG pointent le rôle négatif de l’UE

Un an après, l’heure n’est plus aux interrogations mais aux certitudes. Deux rapports d’ONG publiés à l’occasion de cette réunion à Genève pointent clairement le rôle négatif joué par l’Union européenne. Rédigé par le CCFD-Terre solidaire, le premier s’intitule : « Une stratégie de diversion ». Ce document recense toutes les manœuvres dilatoires de l’UE pour faire échouer le futur traité. Ce rapport rappelle que l’ensemble des pays européens siégeant au CDH ont rejeté, avec les États-Unis, le Japon et la Corée du Sud, la résolution du 26 juin 2014 présentée par l’Équateur. L’UE a ensuite boycotté la session de 2015, puis a assisté de manière passive à celle de 2016, avant de vraiment se mêler aux débats en 2017. Puis l’UE, face aux avancées des discussions, a obtenu de l’Équateur l’organisation de pas moins de cinq réunions informelles entre mai et juillet 2018. À chaque fois, « l’Union européenne n’a eu de cesse de remettre en question le mandat du groupe de travail intergouvernemental et de l’opposer aux principes directeurs des Nations unies ! » s’insurgent les auteurs du document. Adoptés par l’OCDE, ces

principes sont des recommandations non contraignantes, que les gouvernements adressent aux entreprises multinationales afin de respecter les droits humains et environnementaux. « L’Union européenne, via son service européen pour l’action extérieure, SEAE, a failli à soutenir ce processus de négociation historique », conclut le CCFD-Terre solidaire. Le titre du deuxième rapport, réalisé par les Amis de la Terre, l’Observatoire des multinationales, le Cetim et TNI, est encore plus explicite : « Impunité “made in Europe”. Les liaisons dangereuses de l’Union européenne et des lobbies contre un traité contraignant sur les multinationales ». « Dans ces négociations à l’ONU, l’Union européenne dit exactement la même chose – avec les mêmes arguments et parfois les mêmes mots – que les lobbies des multinationales », dénonce Juliette Renaud, des Amis de la Terre France. Après quatre années de vaines obstructions, l’UE demande désormais que les entreprises transnationales soient associées aux négociations. Une nouvelle bataille en perspective. Damien Roustel, l’Humanité du 15/10/2018

RWANDA

Paris réclame un non-lieu dans l’enquête sur l’attentat de 1994 Le parquet de Paris a demandé l’abandon des poursuites contre sept proches du président rwandais Paul Kagame, mis en cause dans l’attentat contre l’avion de l’ex-chef d’état Juvénal Habyarimana, qui donna le signal du déclenchement, en 1994, du génocide de 800 000 Tutsis et Hutus démocrates. Après vingt ans de rebondissements, la justice française estime que l’enquête

n’a pu obtenir de « charges suffisantes » contre les accusés. « La position du ministère public est inacceptable. Depuis dix ans, le parquet a lâché les juges d’instruction pour des raisons notamment politiques. La preuve en est que ce réquisitoire arrive précisément au moment de la nomination d’une Rwandaise (Louise Mushikiwabo) à la tête de l’Organisation de la francophonie », a fustigé Philippe Meilhac, l’avocat d’Agathe Habyarimana, veuve de l’ex-président. En 2009, une commission d’enquête

rwandaise avait imputé l’attentat aux extrémistes hutus, quand Paris privilégiait, depuis 1998, la thèse d’une attaque des soldats de l’ex-rébellion tutsie du Front patriotique rwandais (FPR), dirigé par Kagamé. En 2012, un rapport du juge Trévidic donne un nouveau tour à l’affaire et s’aligne sur l’hypothèse rwandaise. Il revient désormais aux juges d’instruction du pôle antiterroriste de décider ou non d’un procès.

ISRAËL-PALESTINE

À l’écran ou dans la rue, Tel-Aviv veut étouffer Gaza Blocus économique et blocus médiatique : Israël repart à l’offensive sur Gaza. Sept personnes ont été tuées la semaine dernière lors de manifestations à la frontière. Dès lors qu’il s’agit de « punir » les enfants, les femmes et les hommes de la bande de Gaza, Israël utilise parfois le principe de la double peine. Non contents d’un bilan de sept Palestiniens tués par l’armée vendredi dernier lors de manifestations à l’est du camp de réfugiés d’al-Bureij (centre de l’enclave palestinienne), et près de Rafah (au sud), les autorités israéliennes ont cru bon d’enfoncer le clou en décrétant l’arrêt des livraisons de fioul à la bande de Gaza. En vertu d’un récent accord signé avec l’ONU, Tel-Aviv avait daigné laisser passer depuis mardi six camions transportant 450 000 litres de combustible à

Kerem Shalom, seul point de passage actuellement autorisé pour se rendre à Gaza. Ce carburant devait renforcer la production de la centrale électrique de la bande, dont l’approvisionnement actuel n’offrait aux habitants que quatre heures de courant par jour ! Cette situation intenable, fruit pourri d’un embargo illégal vieux de onze ans, a poussé, depuis le 30 mars dernier, des dizaines de milliers de manifestants à venir crier leur colère aux abords de la frontière. Huit mois plus tard, 205 Palestiniens ont été tués par l’armée israélienne. Une réalité crue qui semble gêner de plus en plus Benyamin Netanyahou et ses sbires, lancés dans une course à la dénégation sans fin, préférant charger le Hamas de tous les maux des Gazaouis. Aussi, en milieu de semaine dernière, le régime israélien a-t-il osé une offensive jusque-là inédite. Dans une

lettre adressée le 10 octobre à la directrice de France Télévisions, Delphine Ernotte, l’ambassadrice d’Israël en France, Aliza Bin-Noun, a ainsi exigé purement et simplement l’annulation de la diffusion d’un reportage prévu le lendemain : « Gaza, une jeunesse estropiée ». Le prétexte avancé – « De nombreuses sollicitations inquiètes des responsables de la communauté juive française » – laisse songeur. Le film, finalement diffusé, ne fait pourtant rien d’autre que retracer les destins croisés d’Alaa, 21 ans, Mohamad, 13 ans, et Atallah, 17 ans. Trois jeunes Gazaouis qui, le 30 mars 2018, ont perdu une jambe et une partie de leurs espoirs emportés par la balle d’un sniper israélien. Stéphane Aubouard, l’Humanité du 15/10/2018


PCF SUCCÈS DES VENTES SOLIDAIRES

CULTURE ET POLITIQUE

Comme un besoin, d’urgence

Rentrée de l’Espace livre

Les 12 et 13 octobre les militants communistes tenaient des ventes solidaires de fruits et légumes, « contre la vie chère » et « pour des prix rémunérateurs aux producteurs », en partenariat avec le syndicat agricole Modef.

organisée quartier du Tasta à Bruges et à Bègles cité Maurice Thorez, la veille, c’était à Mérignac cité de Pont de Madame à Villenave d’Ornon cité du Sarcignan et à Bègles rue du Prêche, en présence des producteurs. Avec le même succès.

Samedi 13 octobre, 9h, les militants communistes de Bordeaux s’activent sur cette place des Aubiers encore déserte pour installer tables, banderole, tarifs, cageots de fruits & légumes. Il ne faudra pas longtemps pour que les habitants se pressent pour donner du succès à cette initiative militante et solidaire. Les agriculteurs du Modef ne sont pas là systématiquement, accaparés de leur côté par la tenue de leur propres marchés en Lot & Garonne, mais les communistes sont disponibles pour expliquer le sens de cette présence et montrer l’écart de prix entre ceux affichés ce jour-là et ce que les consommateurs acquittent dans les grandes surfaces. Les ménagères comprennent vite que l’on marche sur la tête entre agriculteurs étranglés et consommateurs paupérisés. « Pourquoi ne venez-vous pas plus souvent ? », « Vous avez raison de faire ça », des échanges rapides mais agréables. Le sentiment d’être utile même s’il ne faut pas s’emballer ; le chemin est encore long pour une mobilisation significative des citoyens. Cette matinée, la vente était aussi

« À 0,80 € le kilo de tomates, je vivrais très bien »

Raymond Girardi est dirigeant national du Mouvement de défense des exploitants familiaux (MODEF), il est en tant que tel à l’origine de ces ventes solidaires mais il est d’abord agriculteur, producteur de légumes (asperges, tomates, maïs doux, melon, selon les saisons) et noisettes. « Depuis trente ans, on s’est beaucoup spécialisé, raconte-t-il. Avant on faisait de tout, une famille d’agriculteurs vivait en quelque sorte en autarcie mais les exigences de production ont augmenté. Aujourd’hui chaque production est différente, certains ne cultivent qu’un seul produit.» Depuis un demi siècle, la grande et moyenne distribution a la main mise sur les prix. Des poireaux vendus 2 € sont achetés 60 centimes au producteur soumis à la concurrence déloyale d’importations, au dumping social. Là-dessus s’ajoutent les marges. « Qu’il y en ait, c’est normal mais pas que cela soit multiplié par 4 », précise Raymond. La concurrence déloyale des importa-

tions concerne aussi le plan sanitaire. « En France, on essaie de développer une agriculture vertueuse, même s’il y a encore des efforts à faire, des alternatives à développer, mais c’est mieux qu’ailleurs. Le Maroc, l’Espagne ou l’Italie utilisent massivement des produits qui ont été, à raison, interdits en France mais leurs productions y sont importées. C’est une catastrophe pour nous et c’est un danger sanitaire pour les consommateurs ». En 30 ans, deux tiers des fruits et légumes ont disparu de la production française. « Alors qu’il y a de plus en plus de demande des consommateurs pour l’achat de produits frais, en circuits courts et à un prix juste, il y a de moins en moins de producteurs pour fournir. Et même si de plus en plus de producteurs s’organisent pour faire de la vente directe en ville, il faut dire que ce n’est pas notre métier ». « Le défi aujourd’hui est de redévelopper l’agriculture. Il y a urgence à multiplier par deux le nombre de paysans et à augmenter la production. Ça commence par freiner l’ érosion avec des prix rémunérateurs, vu ceux que pratique la grande distribution, cela devrait être possible. Moi, si l’on m’achetait ma production de tomates à 80 centimes le kilo et celle de pommes à 70, je vivrais très bien et je serais moins inquiet pour mon fils qui va reprendre l’exploitation ». J.J.B et C.D.

CONGRÈS

Le PCF entre dans le vif des débats Après le vote des communistes sur la « base commune » de leur congrès, leurs dirigeants se sont réunis le week-end dernier. Parmi les sujets mis sur la table, les Européennes. Une semaine après un vote inédit qui a placé en tête un autre texte que celui proposé par sa direction, le conseil national du PCF, se réunissait le week-end dernier. Chacun a pris acte des résultats du vote mais beaucoup estiment que le débat n’est pas clos pour autant. « C’est maintenant aux communistes de construire le point d’arrivée que sera le texte d’orientation adopté au congrès », a déclaré Pierre Laurent. À la clé, cinq grandes questions « sur lesquelles le débat devrait être approfondi » : la définition du « communisme de notre temps » ; le rassemblement et le rôle du PCF ; la situation politique et

la recomposition en cours ; la mondialisation, l’internationalisme et l’Europe ; et enfin les transformations du PCF. Mais, à quelques mois du scrutin, et alors que le PCF est déjà en campagne, les élections européennes représentent les « premiers travaux pratiques du congrès », note la députée européenne Marie-Pierre Vieu. Plus tôt, Ian Brossat, chef de file pour le scrutin du 26 mai 2019, avait dessiné dans son rapport les grands axes de la campagne qu’il compte mener (Nous y reviendrons – NDLR). « L’Union européenne ne fait plus rêver personne. Ils nous promettaient la paix, c’est aujourd’hui la guerre qui menace. Ils nous promettaient la prospérité. L’Union européenne, c’est très exactement 87 millions de pauvres… Ils nous promettaient la démocratie. Où est-elle quand quelques multinationales dictent leur loi ? », dénonce-t-il. « Nous sommes la seule force politique de gauche à avoir rejeté tous les traités

sans exception qui ont mis en place cette Europe-là », rappelle le chef de file, qui plaide pour « une transformation positive de l’Union européenne ». « La clé de cette transformation est claire, souligne-t-il. Il s’agit, pour nous, d’être le lobby des gens face au lobby de l’argent qu’est aujourd’hui l’UE. » Si une majorité de communistes semblent d’accord avec les quatre grands enjeux de campagne proposés (travail-services publics-argent-enjeux écologiques), la « stratégie de rassemblement » fait encore débat. « Au moment où Macron avance avec sa politique antisociale, où l’extrême droite menace, personne ne comprendrait que nous ne soyons pas capables de nous retrouver autour d’une table », explique Ian Brossat, qui a déjà lancé un appel aux forces de gauche « qui partagent avec (nous) la nécessité d’une autre Europe  . Un courrier leur a été adressé le 15 octobre.

Pour élargir l’activité de l’Espace livre, une association a été créée sous l’intitulé : « lire, penser, agir. Les amis de la Renaissance ». Ce changement nous permet désormais de répondre aux diverses sollicitations de sections, de la Fédération, mais aussi de tous les regroupements qui pourraient faire appel à nous. Porter le livre au plus près des acteurs de terrain mais aussi ceux qui en sont à l’origine : les auteurs à travers des rencontres et/ou des débats. Voilà à quoi s’assigne cette nouvelle association qui continuera d’assurer des permanences à la Fédération (15 rue Furtado à Bordeaux). La prochaine aura lieu le jeudi 25 octobre avec des polars qui ont l’actu du salon à Toulouse, Les Raisins de la Misère, enquête sur la face cachée des châteaux bordelais, d’Ixiel Delaporte et Réinventons l’économie dans un monde fini : Faire une politique de gauche au XXIe siècle, de Gérard Le Puill. N’hésitez pas à nous contacter à : lpa.amisdelarenaissance@gmail.com PCF

Congrès de section En vue du 38e congrès du PCF qui se tiendra du 25 au 27 novembre à Ivry, les communistes ont voté les 4, 5 et 6 octobre derniers et ont choisi le texte « Pour un manifeste du Parti communiste du XXIe siècle » qui sert désormais de base commune, pour les débats et les amendements. Il s’agit de travailler à des orientations et une volonté collective qui unissent le plus grand nombre afin d’aider à construire le monde meilleur auquel aspire la grande majorité de la population. Il s’agit aussi de travailler des propositions pour le renouvellement des directions de section, départementale et nationale. Dans cette étape préparatoire, les communistes girondins organisent leurs congrès locaux de section, jusqu’au congrès départemental qui aura lieu les 9, 10 et 11 novembre au gymnase de la Marègue à Cenon. Bègles 26 et 27 octobre Bordeaux 26 et 27 octobre Les Graves 26 octobre Mérignac 2 et 3 novembre Portes du Médoc 3 novembre Rive droite 3 novembre Villenave d’Ornon 19 octobre Bassin d’Arcachon 31 octobre Côteaux macariens 15 octobre Coutras … La Réole Monségur 3 novembre Nord Médoc 19 octobre Rives de Dordogne 27 octobre Sud Gironde 2 octobre Université 19 octobre

Carnet BÈGLES. Notre camarade Pierrette Filleau-Maffre nous a quittés. Ses obsèques ont eu lieu le 2 octobre au crematorium de Mérignac, où ses camarades lui ont rendu hommage. Militante du PCF depuis 1968, Pierrette fut aidesoignante au CHU, puis devint responsable du portage de l’Humanité pour la Fédération de la Gironde du PCF. À Bègles, militante dans une association de jeunesse, elle fut élue et membre du CCAS de 1983 à 1989. Les communistes béglais et de la Gironde renouvellent leurs très sincères condoléances à sa famille et tous ses proches.

SOUSCRIPTION

Tout versement par chèque ouvre droit à une réduction fiscale de 66% du montant versé. (chèque à l’ordre de ADF PCF 33). Les ressources financières du Parti communiste sont transparentes. Votre don, aussi modeste soit-il, contribuera efficacement à la démocratie, à l’expression et la prise d’initiative du Parti communiste. Cet ensemble sont les éléments majeurs pour continuer notre combat dans l’ambition d’une gauche forte et alternative. Les versements sont à envoyer à la fédération de Gironde du PCF - 15 rue Furtado - 33800 Bordeaux, à l’ordre de l’ADF PCF 33

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CULTURE & MÉMOIRE

NOUVELLES IDÉES REÇUES

SOLIDARITÉ

par Gérard Loustalet Sens www.nir-33.fr

Urgence intempéries dans le Sud de la France

Communiqué du Secours populaire français Des pluies diluviennes ont provoqué une catastrophe humaine et matérielle dans plusieurs communes du département de l’Aude et dans le Var. Le bilan humain provisoire fait déjà état d’au moins 8 morts. D’autres départements pourraient aussi être lourdement affectés dans les heures à venir. Beaucoup de personnes et de familles ont tout perdu et sont dans une totale détresse face à ces drames sans précédent, en particulier dans l’Aude.

CHRONIQUE

Le Secours populaire français débloque 50 000 € de son fonds d’urgence pour répondre aux premiers besoins. La semaine dernière dans le Var, des équipes sont déjà allées au-devant des personnes sinistrées pour apporter des produits de nettoyage et d’hygiène, des vêtements et des produits alimentaires. Le Secours populaire se prépare à installer des laveries permettant aux victimes des intempéries de pouvoir laver et sécher le linge. Dans l’Aude, les bénévoles du SPF s’apprêtent à répondre à des besoins

de très grande ampleur et à se rapprocher des sinistrés dès que les conditions le permettront. La présence de bénévoles constitue un soutien moral essentiel et complémentaire à l’aide matérielle. Pour poursuivre l’indispensable solidarité maintenant et à venir, l’association appelle aux dons financiers. Des initiatives de collectes financières peuvent aussi s’organiser en lien avec les comités et les fédérations du Secours populaire. Toutes les bonnes volontés sont invitées à se mobiliser. Le mouvement « copain du Monde » appelle également les enfants à prendre part à cet élan de solidarité. Les dons financiers peuvent être envoyés au Secours populaire français, dans tous les départements ou 9/11, rue Froissart BP 3303, 75123 Paris Cedex 03 Tél. 01 44 78 21 00, préciser « Fonds d’urgence » www.secourspopulaire.fr

APEIS

Une rentrée active

Stand de l’APEIS à la fête de l’Humanité Gironde.

Plus de 50 personnes ont répondu à l’initiative de rentrée de l’APEIS, ce qui s’est traduit par une soirée conviviale où la fraternité, la chaleur humaine et la solidarité furent constamment présentes. De manière plus militante, notre appel à une large mobilisation sur les indemnisations chômage et à la lutte contre la précarisation de la société, a été approuvé par tous. D’autre part, des fonds ont été récoltés en solidarité du mineur non accompagné dont nous nous occupons. D’ailleurs la collecte reste en cours et, si vous le désirez, vous pouvez apporter votre contribution par courrier à L’APEIS, 22 rue du 11 Novembre, 33130 Bègles. La soirée s’acheva dans une bonne ambiance, autour des plats que chacun avait apportés et au son de la musique du groupe de notre ami Fabrice, et des rengaines reprises en cœur. Patrick Gimond, président de l’APEIS Gironde.

BÈGLES

Loto solidaire Les Nouvelles de Bordeaux et du Sud-Ouest S.A.S. au capital de 37 000 euros Associés (à parts égales) : L. Chollon, F. Mellier, S. Laborde, M. Lavallée Directeur de la publication : Frédéric Mellier Abonnement 1 an : 25 euros. Abonnement de soutien : 40 euros Rédaction, composition, impression : S.A.S. Les Nouvelles de Bordeaux et du Sud-Ouest 15, rue Furtado - 33800 BORDEAUX Tél. 05 56 91 45 06 - Fax 05 56 92 61 01 - Annonces légales : annonces@nbso.fr Comptabilité : compta@nbso.fr - Redaction/Proposition d’article : redaction@nbso.fr @nvlbx Les nouvelles de bordeaux nbso.fr Commission paritaire de presse : 0123 C 85932

8 • Les Nouvelles 18 octobre 2018

Le comité local de Bègles du Secours populaire français organise un Loto : dimanche 21 octobre 2018 à 15h, salle St Maurice à Bègles, ouverture à 13h30. De nombreux lots à gagner : tablettes, aspirateur, cafetière sensor, paniers garnis etc. et une caisse des grands vins de Bordeaux !

L’enfant, le savoir et le pédagogue Même après une quarantaine d’années d’attention portée aux débats sur l’éducation, je suis sidéré par le niveau de haine obsédante, obtuse, irrationnelle que les Conservateurs vouent à ce qu’ils croient être la pédagogie, rebaptisée « pédagogisme » pour l’excommunier. On peut parler d’anathème tant la rage des « antipédagogues » semble relever d’un sentiment religieux, échapper à toute raison et céder à d’étonnantes dénonciations quasi inquisitoriales. Pas d’analyses mais un pathos étriqué d’où il ressort, selon Milner, que le souci de la forme de la transmission du savoir ne peut que nuire à la qualité des contenus académiques. Pour Julliard, en encore plus grossier, il paraît que « la pédagogie tend à se substituer au contenu même du savoir » (p.22) et il faudrait « proclamer la supériorité des contenus sur les méthodes d’acquisition » (p.65). Mais enfin, pourquoi vouloir à tout prix opposer les unes aux autres ? Où Julliard a-t-il vu que l’on aurait « substitué la pédagogie des mathématiques aux mathématiques elles-mêmes et la pédagogie de la grammaire à la grammaire » (p.22-23). Comment cela serait-il possible ? On est en plein délire… Laissons là ces balivernes. Il n’est nul besoin d’être spécialiste pour comprendre que la relation d’enseignement est triangulaire : un enseignant, muni des connaissances académiques et des compétences instrumentales nécessaires, a pour charge de médiatiser la transmission d’un savoir constitué pour un enseigné en situation de le recevoir et de se l’approprier. A part quelques fanatiques, tout le monde admettra sans peine que, dans ces conditions, on ne peut pas s’improviser enseignant, qu’il ne suffit pas de parler pour être entendu et qu’un élève ne s’emplit pas de connaissances jusqu’au col comme une outre vide ! Je me permets de renvoyer ici au texte d’une tribune parue dans l’Humanité en 2003 et disponible sur mon site internet sous le titre « Du rapport au savoir (scolaire) », dans la rubrique « Ecole ». Quinze ans déjà. Et rien à y changer ! Enseigner n’est pas un « art » mais engage des procédures, des méthodes, des techniques, tout un corpus de savoirs et de savoir-faire inventorié par les sciences de l’éducation, la pédagogie, la didactique. Le but de l’enseignement n’est pas que l’enseignant se fasse plaisir mais que l’enseigné apprenne… La connaissance de l’enfant, de son développement psychologique, affectif et cognitif, est un prérequis évident. Les Conservateurs comme Milner règlent le problème en proférant que tout simplement l’enfance n’existe pas (p.111-112). Est-il utile d’insister sur une telle énormité ? Ils ont un ennemi juré, l’éminent psychologue suisse Jean Piaget (1896-1980) et sa théorie constructiviste et interactionniste de l’origine des connaissances. Il y a des étapes dans le développement cognitif qui font que l’enfant ne peut pas apprendre n’importe quoi n’importe quand. Pour Piaget, le système de la logique n’est pas extérieur à l’homme mais est bien le produit du cerveau et de la pensée humaine et, dans son développement cognitif, l’enfant va en quelque sorte récapituler les étapes de la construction de la logique. Mais tout cela échappe sans doute à M. Milner qui va faire de son ignorance sur le sujet une vertu. A titre d’exemple, un raisonnement aussi simple pour l’adulte que la transitivité (si A=B et que B=C, alors A=C) n’est pas bien compris par le jeune enfant. On aura beau lui rabâcher la formulation, la lui faire apprendre par cœur, il ne la saisira que lorsqu’il sera confronté, à partir d’un certain âge, à une situation où elle s’avérera opératoire. C’est en cela que, selon Piaget, l’enfant « construit » son savoir. Il ne l’invente évidemment pas ! On peut ajouter que l’on sait aussi que le raisonnement logique est souvent biaisé par un raisonnement intuitif source d’erreurs : pour le même jeune enfant, 1kg de plomb sera plus lourd que 1kg de plumes parce que, intuitivement, le plomb est plus lourd que les plumes. Le raisonnement logique fondé ici sur la mesure viendra ultérieurement… Comment un éducateur pourrait-il méconnaître ce genre de considérations ? Mais pour les Conservateurs, l’enfant doit laisser à la porte de ce sanctuaire que serait l’école toutes ses caractéristiques sociales, psychologiques, culturelles pour ne plus être qu’un élève anonyme, une sorte d’androïde à formater, un ilote arraché à sa condition pour lui inculquer le sens du Vrai, du Beau, du Bien, selon l’universalisme pompier de M. Finkielkraut, guichetier autodésigné d’une culture mandarinale qu’il voudrait mettre sous cloche pour en préserver l’improbable pureté !


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