Jeudi 15 novembre 2018 - N° 2281 - Hebdomadaire - 15, rue Furtado - 33800 BORDEAUX - Prix : 0,80 euro
38E CONGRÈS DU PCF :
une conférence fédérale appliquée et fraternelle
PÔLE EMPLOI
SUD GIRONDE
PRIX DES CARBURANTS
Grève intersyndicale
La CGT mobilise pour de vraies urgences à La Réole
Les 5 propositions du PCF
P.2
P.2
P.7
ACTUALITÉ EN FINIR AVEC LES VIOLENCES SEXUELLES ET SEXISTES
GRÈVE INTERSYNDICALE À PÔLE EMPLOI
D’abord protéger, c’est héberger
La suppression de postes c’est la dégradation du service
Une centaine de personnes se sont rassemblées place Pey Berland à Bordeaux, le samedi 10 novembre en début d’après-midi à l’appel des associations féministes. Elles dénoncent le manque de places d’hébergement d’urgence pour les femmes victimes de violences conjugales et préparent leur participation à la marche nationale du 24 novembre. Batucada, femmes étendues sur le sol dans des sacs de couchage, les féministes bordelaises ont mis les moyens, place Pey berland samedi dernier, pour dénoncer les violences faites aux femmes et le manque de moyens pour les accompagner. Elles ont pu interpeller Alain Juppé qui a affirmé son soutien actif. Elles lui ont remis une lettre et attendent des réponses car déjà en 2018 elles avaient alerté la ville et la métropole sur le manque de places d’hébergement d’urgence pour les femmes victimes de violences conjugales. Le seul centre d’hébergement sécurisé pour les femmes victimes de violences conjugales, l’Association pour l’accueil des femmes en difficulté (APAFED), à Cenon, a secouru, en 2017, 71 femmes avec 71 enfants sur 640 demandes. 570 femmes sont donc restées sans réponse et sans hébergement. Cette situation se poursuit cette année, 380 femmes seraient toujours en état de détresse dans le département. Une étude de l’Apafed révèle que 35 % des femmes victimes de violences qui l’ont contacté en 2017 habitent Bordeaux ou sa métropole, soit 75 % des appels dont l’origine géographique est connue. Bien que les institutions partagent le constat depuis 2018, rien n’a évolué, si ce n’est la mise en place toute récente d’une commission des droits des femmes. Le collectif Nous Toutes 33, déclinaison locale du mouvement qui s’est mis en place pour que le mouvement #MeToo soit suivi d’actions appelle à la manifestation le 24 novembre à Paris, contre les violences sexistes et sexuelles, pour laquelle il affrète des bus, financés par une cagnotte (http://urlz.fr/7U6j). Le PCF appelle également à cette manifestation et dénonce « l’hypocrisie du gouvernement Macron sur les violences faites aux femmes, l’enfumage des propositions, le manque criant de moyens ». Le PCF propose : une loi-cadre contre les violences faites aux femmes, assortie des moyens indispensables à sa mise en œuvre ; une loi interdisant la publicité et l’affichage à contenu sexiste ; une stricte interdiction de la médiatisation pénale et/ou familiale en cas de violences conjugales ; un plan d’urgence pour lutter contre les violences faites au travail ; une application stricte des lois sur l’égalité professionnelle et salariale avec, notamment, des sanctions plus lourdes pour les entreprises contrevenantes ; la mise en place rapide de mesures de prévention obligatoire dispensée dans tous les établissements scolaires, de la maternelle à l’université, en faveur de l’égalité femmes/hommes et contre les violences ; des moyens supplémentaires pour appliquer la loi sur la prostitution en vue d’accompagner les personnes prostituées dans leurs parcours de sortie du système prostitutionnel.
À quelques jours d’une grève intersyndicale à Pôle emploi, nous faisons le point sur les enjeux avec Virginie CHAIX, déléguée syndicale CFDT, premier syndicat de Pôle emploi aux niveaux national et régional.
Le 20 novembre, sept syndicats (CFDT, CFTC, CGT, SNAP, SNU, UNSA, SUD) de Pôle emploi appellent à une grève nationale. D’où vient cette unité ? Une telle unité, à laquelle se joint FO dans notre région, vient du contexte. En 2018, nous avons eu 297 suppressions de postes, ce qui est inédit dans l’établissement. Pour 2019, on nous annonce la suppression de 800 équivalents temps plein travaillés selon le mode calcul de la direction, soit 1 300 postes en tenant compte des temps partiels, dont entre 65 et 70, au moins, en Nouvelle-Aquitaine. Nous pensons que ces suppressions se feront suite à des départs à la retraite et aussi à des demandes de ruptures conventionnelles, qui sont d’ailleurs un signe du mal-être des salariés face à des métiers qui changent, des portefeuilles de dossiers qui explosent, en lien avec la multiplication des contrats courts et la précarité des publics. Les organisations syndicales sont inquiètes pour les salariés puisque pour les effectifs restants, les missions seront toujours aussi importantes et vont même s’intensifier.
À l’approche du 20 novembre, voit-on monter la mobilisation des salariés ? Même si nous sommes des salariés de droit privé, les collègues attachent de l’importance au service public rendu et ont toujours du mal à se mettre en grève, à fermer les agences et à ne pas rendre le service. Il faut donc être pédagogues pour expliquer que ces suppressions de postes vont engendrer une dégradation de ce service et qu’il faut se battre maintenant. L’appel à la grève du 20 novembre porte aussi sur le refus de l’étatisation du régime d’assurancechômage… L’étatisation, c’est le financement de Pôle emploi qui est en danger, avec le transfert de cotisations sociales vers la CSG et donc à la main des choix de l’État. Or, pour avoir un opérateur qui fonctionne, il faut des moyens humains et des moyens financiers. La convention de l’assurance chômage, c’est aussi le paritarisme et le dialogue social qu’il faut défendre. Mais on voit bien que ce gouvernement ne veut pas de la démocratie sociale, qu’il voit comme un contre-pouvoir. Quelles actions seront mises en œuvre lors de la grève du 20 novembre ? En amont, et c’est assez historique pour le signaler, il y a des visites de
En ce qui concerne les Missions locales, la lettre de cadrage qui a circulé provoque de grosses inquiétudes, même si on reste sur quelque chose d’expérimental car pour le moment les rapprochements ne se feraient que sur la base du volontariat. Nous sommes très préoccupés par la situation de l’AFPA. Il faut absolument que les acteurs syndicaux du service public de l’emploi puissent se réunir afin de définir des actions communes. Dans notre syndicat, des militants ont été chargés de travailler à cette coordination.
La CGT mobilise pour de vraies urgences à La Réole
« Ford fait tout pour fermer l’usine »
2 • Les Nouvelles 15 novembre 2018
Le gouvernement évoque un rapprochement visant les autres acteurs du service public de l’emploi (Missions locales, Cap emploi). À l’AFPA ont été annoncées plus de 900 suppressions nettes de postes d’ici 2020. Y a-t-il des convergences de luttes entre les différents opérateurs ?
SUD GIRONDE
BLANQUEFORT
« Sorti d’une réunion de CE sur la reprise du site Ford Blanquefort où Ford dit qu’ils veulent une nouvelle offre de reprise de Punch au 23 novembre pour donner leur décision le 28 novembre quant à une reprise. Sachant que Punch nous dit qu’il fera une offre de reprise le 7 décembre. Vous avez compris j’espère que Ford fait le maximum pour fermer cette usine. Quelle honte et quel dégoût de ce constructeur qui nous vire et ne donne même pas la chance d’une reprise ! » Voilà le commentaire amer de Gilles Penel, secrétaire adjoint du CE de l’usine sur les réseaux sociaux, mardi 13 novembre. En effet, le matin le constructeur automobile américain a réaffirmé clairement, au Comité d’entreprise et dans un communiqué de presse (Sud Ouest du 14/11/2018), qu’il ne croyait pas au projet de reprise de son site girondin – où 860 salariés travaillent – par le Belge Punch Powerglide, qui fabrique lui aussi des boîtes de vitesse automatiques. Ce que le géant du Michigan avait déjà dit le 12 octobre. « On tourne en rond alors que le temps presse, poursuit Gilles Penel. Le processus de consultation-information, dans le cadre du Plan de sauvegarde de l’emploi se termine le 18 décembre. Le Comité d’entreprise devra alors rendre un avis qui sera ensuite envoyé à la Direccte, la direction du travail, qui homologuera ou pas ce plan social. » « Quelle autre raison aurait Ford d’accélérer son processus alors que la fin du calendrier des discussions concernant le PSE est à la date du 18 décembre si ce n’est sa volonté de faire échouer toute tentative de reprise de FAI, commente Vincent Alauze de la CGT. Ford continue d’appliquer sa stratégie mortifère pour l’usine. »
sites en intersyndicale pour mobiliser les salariés, alors que l’on est en période préélectorale. Nous rencontrons aussi les députés, dont Loïc Prud’homme, afin de les sensibiliser à nos revendications. Le 20 novembre, nous demandons aux collègues de ne pas rester chez eux mais de se rendre devant les sites Pôle emploi afin de pouvoir informer les usagers et échanger avec eux. Il y aura aussi des assemblées générales des salariés.
Quelques dizaines de personnes ont défilé jeudi 8 novembre aprèsmidi entre la sous-préfecture et l’hôpital de Langon à l’appel de la CGT, pour dénoncer notamment la réorganisation des urgences du Centre hospitalier du Sud Gironde. Depuis 2005, les urgences de la Réole sont fermées la nuit et le week-end et fonctionnent 5 jours sur 7 de 8h à 20h avec deux urgentistes qui se relaient avec les urgences de Langon. Dernièrement, la situation s’est
tendue avec la fermeture du service les jours fériés, faute de remplaçants. L’Agence régionale de santé (ARS) a décidé de fermer complètement ce service au 1er septembre 2018. C’est finalement une « antenne d’accueil de premier soin » qui remplace ces urgences depuis le 1er novembre. « Le canton du Réolais-Les Bastides, c’est 90 communes et si certaines (dont La Réole) sont à moins de 30 minutes des urgences de Langon, d’autres se situent bien au-delà de ce temps d’accès » avaient déjà constaté les militants communistes opposés à la
fermeture des urgences réolaises (lire notre édition du 4 octobre). « Sur une urgence vitale, 20 minutes, ça peut tout changer », rappelle Jacques Duperret, le secrétaire général du syndicat CGT de l’hôpital. « On a vu dans la presse FO, le maire de La Réole et l’ARS affirmer qu’ils avaient ré-ouvert un service adapté. C’est faux, ce dont a besoin la population de ce territoire, ce n’est pas d’un dispensaire mais de quoi traiter les urgences vitales avec le personnel et le matériel adapté », poursuit le responsable syndical. « La constitution prévoit l’égalité, ça veut dire le même accès aux soins pour tous et partout. Est-ce qu’en plein centre de Paris on remplace des urgences par un centre de bobologie ? Est-ce que c’est normal ? Comme l’ARS ne veut rien savoir et que la direction de l’hôpital ne fait que suivre les directives dans le contexte d’un budget contraint, nous allons interpeler la préfecture sur cette mise en danger des populations. » Jacques Duperret ne croit pas en la pérennité du financement de 400 000 euros par an annoncé par Michel Laforcade, le directeur
ACTUALITÉ de l’ARS et présage qu’après les urgences, on risque de voir demain le service de médecine aussi rapatrié sur Langon. « Le Groupement hospitalier de territoire (GHT) fonctionne sur un modèle libéral qui affirme que plus on grossit plus on est fort. Mais dans le GHT Gironde qui assure la gestion et la gouvernance dans le département, l’ hôpital Sud Gironde représente 2 %. Qu’est-ce qu’on pèse ? Notre territoire est abandonné au profit de la métropole. C’est pourtant un territoire énorme, si on enlève la proximité, on
met en danger la vie des patients. Et la proximité c’est une maternité, un service d’urgence et un bloc opératoire. » Outre les fermetures et regroupements de service, les personnels de l’hôpital du Sud Gironde subissent comme partout la compression des effectifs, le gel du point d’indice, le recul du pouvoir d’achat, la précarisation et la paupérisation des personnels de santé… « La fonction publique, c’est un bouclier. Il faudrait, au contraire de ce qui se fait, l’aug-
Editorial menter pour protéger les usagers et les salariés ». Il n’y a pas de grande culture de résistance chez ces personnels « formés pour que la souffrance des patients passent en premier » mais « quand on touche à la qualité des soins, là, la colère monte. C’est ce qui est en train de se passer », prévient le responsable syndical.
Christelle Danglot
ÉDUCATION NATIONALE
Les syndicats unis contre les suppressions de postes
Pour la première fois depuis 2011, l’ensemble des organisations des personnels de l’Éducation nationale appelaient à la grève contre les coupes budgétaires décidées par le gouvernement. Les enseignants mobilisés ont défilé dans toutes les grandes villes de France. Ils étaient un petit millier à Bordeaux. D’après le Snes-FSU, premier syndicat dans le secondaire, un enseignant sur deux était en grève ce lundi 12 novembre dans les collèges et lycées. Tous les syndicats, représentant l’ensemble des personnels, appelaient à cette journée pour refuser, entre autres, les suppressions de postes décidées par le gouvernement. Une telle union n’avait pas été réalisée depuis 2011. À la manœuvre, se retrouvaient les trois principales fédérations de l’Éducation nationale : FSU, CFDT et Unsa. Mais pas seulement. Un autre appel réunissant la CGT, FO et SUD avait également été lancé, élargissant le mot d’ordre à la réforme de l’Enseignement professionnel, la réforme du Lycée et plus largement contre « la casse du statut général de la Fonction publique ». Le Syndicat national des lycées et collèges (Snalc), enfin, s’est associé aux deux plateformes. Le budget 2019, dont le volet Éducation nationale était discuté en séance mardi à l’Assemblée nationale, reste au centre des griefs. Il prévoit de supprimer 2 650 postes dans les collèges et lycées publics, 550 dans le privé et près de 500 dans l’administration. Dans le même temps, quelque 1 800 postes seront créés
dans les écoles primaires mais, selon les calculs syndicaux, il en faudrait au moins 4 000. Pour les trouver, les rectorats seront donc obligés d’aller piocher dans les autres classes et dans le dispositif « plus de maîtres que de classes ». Au final, les dédoublements se feront au détriment des autres niveaux, qui risquent d’être plus chargés. Dans le second degré, la situation est proprement scandaleuse. Le gouvernement fait disparaître 2 650 postes alors même que l’agence des statistiques du ministère de l’Éducation prévoit une hausse de 40 000 élèves à chaque rentrée entre 2019 et 2021 ! Pour faire avaler la pilule, Jean-Michel Blanquer mise sur la réforme du lycée qui va supprimer les filières (L, ES, S), permettant, espère-t-il, d’équilibrer les effectifs des classes et de libérer des postes d’enseignants.
Mais sur cette réforme qui devrait être mise en place à la rentrée 2019, les enseignants se plaignent de n’avoir aucune information. Le vote de ces suppressions de postes tombe très mal pour l’exécutif, quinze jours après l’émergence du mouvement #PasDeVague suscité par le braquage, avec une arme factice, d’une enseignante par un lycéen, au sein d’un établissement de Créteil. Les enseignants qui témoignent des situations de violence veulent un renforcement des équipes pédagogiques et non leur affaiblissement, c’est pourtant le lourd tribut que risque de payer l’Éducation nationale avec la volonté d’Emmanuel Macron de supprimer 50 000 postes dans la fonction publique d’État d’ici à 2022. C.D.
Quelle connerie la guerre ! Ce 11 novembre 2018, on a commémoré la fin d’une terrible Guerre. Il y a 100 ans s’achevait la première guerre mondiale dans laquelle des millions de soldats, de civils sont morts à cause des rivalités impérialistes et des tensions nationalistes. En effet, la grande faucheuse a été l’œuvre des capitalistes européens. À l’ouest de l’Europe, la France, le Royaume-Uni et l’Allemagne connaissent d’importantes rivalités coloniales et économiques. Au sud-est de l’Europe, c’est l’essor du nationalisme qui fragilise les empires multinationaux. Dès lors, il semble inévitable qu’un conflit au sein de l’une de ces grandes puissances entraînera une guerre totale. En effet, les budgets militaires des grandes puissances augmentent de près de 50% entre 1908 et 1913. En Europe, chaque pays, ou presque, est sur le qui-vive. L’attentat de Sarajevo mènera à la guerre générale. Aujourd’hui, la montée des nationalistes en Europe et dans le monde, piétinant les peuples, les droits humains et les institutions internationales ne sont pas de bon augure pour l’avenir. Les politiques de Donald Trump, de Poutine, d’Erdogan, de Netanyahu, sans oublier le Brésil et Italie et malheureusement bien d’autres alimentent les tensions et les conflits partout dans le monde. Ils écrasent les libertés tout en niant la souveraineté populaire et le droit des peuples. La stratégie constante d’armement n’a jamais mené à une logique de paix humaine ! Si les USA sont toujours le plus gros marchand d’armes dans le monde, en 2018, la France est en livraison le troisième plus gros marchand d’armes devant l’Allemagne. Cette logique de puissance et de domination encourage malheureusement les replis identitaires et xénophobes, l’antisémitisme et l’obscurantisme. Dans sa lettre à Marcel Cachin au sujet du livre de Michel Corday « Les hauts fourneaux », Anatole France dénonce les stratégies de guerre de classe de la 1re guerre mondiale : « on croit mourir pour la patrie, on meurt pour des industriels. » Le désarmement, la paix dans le monde sont une lutte sans faille des communistes dans le prolongement des luttes contre les inégalités, la misère et la faim dans le monde. Mais comment parler de paix, lorsque les pays puissants s’arrogent le droit d’intervenir par la force, par des sanctions économiques et de faire taire les peuples. Ces pays mêmes qui s’accaparent les richesses et imposent leur conception de la démocratie. Comme le disait Jean Jaurès, « Le capitalisme porte en lui la guerre comme la nuée porte l’orage ». Pour que tous ceux, tombés pour les marchands de canon, soient les derniers et qu’une guerre mondiale ne revoie pas le jour, il faut continuer à œuvrer pour que la grande paix humaine voie enfin le jour !
Sophie Elorri membre de l’exécutif du PCF 33 et membre du Conseil national
Les Nouvelles 15 novembre 2018 • 3
38 e CONGRÈS DU PCF : CONF Composition du nouveau conseil départemental Sébastien Laborde, secrétaire départemental 1. Christelle Baudrais,
1. Patrick Alvarez,
2. Léna Beaulieu,
2. Michel Armagnacq,
3. Josiane Bordas,
3. Dominique Belougne,
4. Marie-Ange Chaussoy,
4. Dominique Besson,
5. Marie-Jo Conte,
5. Vincent Boivinet,
6. Servane Cruissère,
6. Jean-Jacques Bordes,
7. Josette Durlin,
7. Pierre Cleaz,
8. Sophie Elorri,
8. Nabil Ennajhi,
9. Célia Gonzalez,
9. Olivier Escots,
10. MC Gonzalez,
10. Alexandre Fernandez,
11. Cristine Guerné,
11. Olivier Fondriest,
12. Michelle Jean-Marie,
12. Joël Girard,
13. Véronique Lavaud,
13. Max Guichard,
14. Marie-Ange Leblanc,
14. Sébastien Laborde,
15. Nathalie Lozes,
15. Stéphane Le Bot,
16. Claude Mellier,
16. Vincent Maurin,
17. Louisette Ménager,
17. Fred Mellier,
18. Maryse Montangon,
18. Nicolas Ong,
19. Maria Ramirez,
19. Jean-Paul Petit,
20. Lolita Salcines,
20. David Plagès,
21. Isabelle Taris,
21. Jérémy Ringot,
22. Christine Texier,
22. Julien Ruiz,
23. Marie-Claude Thiollet,
23. Renaud Sébastiani,
24. Danielle Trannoy,
24. Anthony Semchaoui,
25. Nicole Veylit-Dugast,
25. Bernard Sengayrac,
26. Corinne Villa,
26. Pierre Vignau,
45 ans - Cadre de santé 56 ans Fonct. territoriale 63 ans - Retraitée
52 ans - Employée 68 ans - Retraitée
44 ans - Agent de la CAF 71 ans - Retraitée 37 ans - C. administratif 43 ans - Prof. des écoles 39 ans - C. administratif 60 ans - Retraitée
60 ans - FON. universités 56 ans - Retraitée
37 ans - Cheminote 59 ans
71 ans - Retraitée 70 ans - Retraitée 61 ans - Retraitée 65 ans - Retraitée 75 ans - Retraitée
60 ans - Infirmière, Cadre de santé 60 ans - Technicienne imprimerie 73 ans - Retraitée 72 ans - Retraitée 77 ans - Retraitée
46 ans - Cheminote
« Les communistes veulent être entendu à la formulation d’une offre politique nou
55 ans - Cadre territorial 67 ans - Retraité
63 ans - Ingénieur 63 ans - Retraité
34 ans - Ouvrier qualifié 66 ans - Retraité 63 ans - Retraité 38 ans - Salarié du commerce 41 ans - fonctionnaire d’État
Rencontre avec Sébastien Laborde, à l’issue de la conférence départementale du Parti communiste français en Gironde qui s’est déroulée les 9,10 et 11 novembre derniers, dans le cadre du 38e congrès du PCF.
59 ans - Prof. des universités 46 ans - Ch. de communication 61 ans - Retraité 68 ans - Retraité
44 ans - Prof. des écoles 45 ans - Imprimeur, collaborateur d’élus 58 ans - Prof. des écoles 46 ans - Collaborateur d’élus 36 ans - Traminot 65 ans - Retraité
45 ans - Cheminot
Les Nouvelles. La majorité des communistes en Gironde n’avait pas choisi la même base commune de discussion que celle qui a été adoptée nationalement. La conférence départementale du Parti communiste en Gironde s’est réunie le week-end dernier, dans quel climat s’est-elle déroulée ? Sébastien Laborde. Notre conférence départementale s’est déroulée dans un excellent état d’esprit, sérieux et fraternel. Ce n’est pas évident de travailler sur un texte que l’on n’a pas choisi, c’est pourtant ce qu’ont fait les communistes girondins dans leurs assemblées de section. Il est donc normal que la commission du texte ait eu à traiter beaucoup d’amendements et que notre conférence en ait adopté plus d’une centaine. Nous sortons d’une période doulou-
reuse. Les communistes qui n’ont pas abandonné le terrain durant cette période, quels que soit leurs choix, veulent être entendus et contribuer à la formulation d’une offre politique nouvelle dans toutes ses dimensions. Les Nouvelles. Quels thèmes, propositions ou amendements ont fait le plus débat ? S. B. Le bilan et la stratégie du PCF nous ont occupé sur deux séances. Nous avions choisi de prendre le temps du débat sur ces questions, puis d’aborder le travail d’amendements. Sur le bilan, il y avait lieu d’engager un débat contradictoire sur les causes de l’échec de notre stratégie. Contradictoire et pas binaire, c’est je crois ce que nous sommes parvenus à faire. Le texte étant à l’origine un texte alternatif, il est normal qu’il traite le bilan en pointant les désaccords sur les choix stratégiques que nous avons faits. Mais ces choix ont été faits dans un contexte politique mouvant et incertain. S’il y a des causes internes à notre affaiblissement, il y a également besoin de les apprécier dans leur contexte national et international. Sur la stratégie, le débat a surtout
Délégué-e-s au Congrès national
35 ans - Ouvrier prof. 54 ans - Ouvrier prof. 28 ans - Chomeur
30 ans - D. commercial 67 ans - Retraité 69 ans - Retraité
Des départs remarqués Vincent Taconet et Titou Gonzalez, piliers de la fédération, quittent leur responsabilité départementale mais resteront des militants précieux. 4 • Les Nouvelles 15 novembre 2018
SÉBASTIEN LABORDE, SECRÉTAIRE DÉPARTEMENTAL DU PCF
1. Sébastien Laborde
12. Louisette Ménager
2. Sophie Elorri
13. Michelle Jean-Marie
3. Vincent Boivinet
14. Bernard Sengayrac
4. Maryse Montangon 5. Fred Mellier 6. Corinne Villa 7. Patrick Alvarez
suppléant-e-s
8. Danielle Trannoy
1. Célia Gonzalez
9. Stéphane Le Bot
2. Stéphane Bailanger
10. Josette Durlin
3. Christine Guerné
11. Jérémy Ringot
4. Renaud Sébastiani
FÉRENCE DÉPARTEMENTALE
us et contribuer uvelle » Les Nouvelles. Quels ont été les temps forts ?
tourné autour de la question du rassemblement, thème que dépasse largement la question de nos alliances électorales. Quels rassemblements populaires, quelles initiatives de notre part pour faire émerger une alternative au libéralisme et à l’austérité ? Quels gestes et quel rôle du parti pour rassembler le salariat dans toute sa diversité autour d’aspirations et de propositions qui y répondent ? Nous avons je crois enrichi le texte de ce point de vue. La question de l’Europe et de nos axes de campagne a aussi été un moment d’échanges. Les communistes veulent des axes de campagne clairs et offensifs pour la refondation de l’union. La campagne que mène Ian Brossat est d’ailleurs très appréciée. Notre rapport avec les forces se réclamant du marxisme et celles de transformation sociale partout dans le monde, la question de la paix et du désarmement, celles des transformations de notre Parti ont également été des temps d’échanges importants. Les communistes s’emparent des questions écologiques, à leur manière, à partir d’une vision de classe de ces enjeux : sortir de l’ère carbonée, interrogation sur le nucléaire et maitrise publique de la filière énergétique, modes de déplacements, préservation de la nature et de notre écosystème, bien se nourrir. Nous devrons, je crois, approfondir le débat sur ces questions.
S. B. Nous avions réservé un temps dimanche matin pour aborder les luttes locales qui sont aujourd’hui menées par les communistes et la façon dont nous pourrions en faire des batailles départementales. Comment poursuivre la bataille du rail, celle de la défense et du développement de l’Hôpital et de l’accès aux soins, la question du logement et des migrants, enfin celles du droit à la ville et des pouvoirs dans la cité avec la lutte des bordelaises et des bordelais sur le stationnement. Il en ressort d’abord autour du rail et de l’hôpital des luttes potentielles porteuses de sens, une réflexion sur le rôle que nous avons à jouer pour faire grandir ces batailles. Il ressort aussi que les communistes mènent et participent à des luttes partout sur le territoire. Nous avons, je crois, pour la première fois depuis longtemps, pris le temps d’aborder la question financière. Depuis deux ans, le débat s’est ouvert au regard de nos difficultés. Cette année pour la première fois nous sommes en mesure de terminer l’année avec des comptes à l’équilibre. C’est le fruit d’un travail collectif, de choix décidés collectivement de réduction de nos dépenses sans en rabaisser sur l’ambition politique et notamment sur la nécessité de permettre l’initiative communiste partout dans le département. Nos trois initiatives fédérales auxquelles s’est rajouté le marché solidaire de Noël qui aura lieu les 7 et 8 décembre (NDLR : Lire page 7), sont cette année équilibrées. C’est là encore le résultat d’une réflexion collective avec les sections. Nous avons pris la décision de créer un collectif d’animation de la bataille financière. La bataille autour de la cotisation, de la souscription, mais également autour d’initiatives nous permettant de mettre en œuvre nos choix est de mon point de vue essentielle si nous voulons engager une dynamique nouvelle.
Les Nouvelles. Tu as été une nouvelle fois élu dans tes fonctions de secrétaire départemental, quelles sont tes ambitions pour la fédération du PCF dans les 2 prochaines années ? S. B. Les communistes veulent un parti qui ne soit pas seulement celui de la parole communiste ou du témoignage, mais bien le parti de l’initiative communiste dans la société. Je vois 4 chantiers importants pour les deux années qui viennent : d’abord nous renforcer et notamment faire prendre parti à des jeunes, des salariés, des militantes et militants syndicaux et associatifs. Nous devons tourner nos efforts vers le renforcement et proposer l’adhésion de manière beaucoup offensive. Il est aussi nécessaire que nous fassions un état des lieux de la structuration du parti dans le département. Et que nous nous fixions des objectifs de relance de l’initiative communiste, d’animation des sections. Il nous faut également trouver les gestes collectifs pour permettre à des camarades en activité, notamment les femmes, de prendre toute leur place dans le parti et en particulier d’accéder à des responsabilités d’animation. C’est vrai dans la direction fédérale, mais aussi au niveau des collectifs d’animation des sections, des commissions thématiques et de nos structures de proximité. Enfin, nous voulons relancer l’activité des communistes à l’entreprise. La section des cheminots a pu, ces derniers mois, faire des adhésions, à la faveur du mouvement du printemps et du rôle qu’a pu jouer le parti et ses élus dans le soutien au mouvement. Dans d’autres secteurs il s’agit de réfléchir aux formes d’organisation des communistes pour l’intervention du parti sur les lieux de travail. C’est le cas dans le secteur de l’énergie, le secteur hospitalier, sur des bassins d’emploi comme à Mériadec, dans certains domaines de la fonction publique comme l’Éducation, mais aussi dans l’Industrie. Partout.
Les Nouvelles. Avec quel mandat, la délégation de la Gironde se rendra au congrès national ? S. B. La délégation girondine est, je crois, représentative de la diversité du Parti dans le département, dans toutes ses dimensions. Elle s’est nourrie durant le week-end de la réflexion collective. Le texte de base commune a d’ailleurs été adopté, une fois amendé et enrichi, par une large majorité de plus de 60%. Au-delà de nos choix, la question de la direction nationale, son rôle et sa composition sera un sujet important.
Chacun voit bien les dangers d’un débat sur les personnes, d’autant plus s’il est coupé de la question essentielle : quelle direction pour mettre en oeuvre ces choix ? Il y a une exigence forte de parvenir à une direction rassemblée, comme nous avons su le faire en Gironde, en capacité de jouer pleinement son rôle. Il y a enfin une aspiration au renouvellement, sans couper des têtes, sans “dégagisme”, mais avec l’envie de voir émerger des visages nouveaux. Propos recueillis par C.D.
La conférence départementale en chiffres 23 sections de tout le département qui ont réuni environ 400 communistes se sont réunies préalablement en conférences de sections et ont participé au congrès départemental.
114 congressistes, 67 hommes et 47 femmes entre 24 et 77 ans, ont participé à la conférence départementale Presque 150 interventions de 4 minutes maximum ont porté sur la paix, l'écologie, le féminisme, le travail, les luttes sociales, la gauche, le communisme, la solidarité, la politique, le PCF…
250 amendements et vœux ont été examinés 106 retenus. C’est 200 environ votes et 17 heures de débats. Les Nouvelles 15 novembre 2018 • 5
INTERNATIONAL EUROPE
ÉTATS-UNIS
Gauche et écologistes travaillent à des coopérations permanentes
« La réaction des conservateurs risque d’être terrible »
Le forum européen, qui s’était tenu à Marseille il y a un an, avait pour premier objectif de rassembler et de faire se rencontrer des forces de gauche, vertes et progressistes. Un premier pari réussi et qui s’est concrétisé le week-end dernier, à Bilbao, par une seconde édition. Ont participé à cette seconde édition, plus de 400 personnes issues de partis politiques, de syndicats et d’associations, en provenance de plus de 35 pays pas tous européens, comme en a témoigné la présence du secrétaire général adjoint du Parti communiste sud-africain, Solly Mapaila. Cette rencontre s’est tenue alors que dans quelques mois se tiendront les élections européennes qui risquent fort de changer grandement le visage du Parlement européen, à l’heure d’une aggravation des attaques contre les droits sociaux d’un capitalisme brutal incapable de même relever les grands défis écologiques. Un continent européen marqué par un retour de l’extrême droite, de pouvoirs autoritaires aux orientations racistes et xénophobes. Pour les progressistes, il convient donc de déjouer le piège qui se met en place, où ne seraient en présence que des forces nationalistes, à l’instar d’un Salvini en Italie, face aux tenants des politiques d’austérité qui seraient le seul rempart en se parant de vertus démocratiques comme se positionne Macron. Ce que les participants au forum de Bilbao ont résumé de cette façon : « Construire une alternative face au capitalisme prédateur et à l’extrême droite ». « Un nouveau modèle économique et solidaire »
Au-delà des différents ateliers – « Une nouvelle Europe pour un nouveau monde », « Pour une Europe de l’égalité : sortir du patriarcat » ou encore « Un nouveau modèle économique et solidaire pour investir dans le travail et
les droits sociaux » ainsi qu’« Une Europe en transition écologique » – qui ont permis de confronter les différents points de vue, tout le monde avait conscience que, face aux menaces, il convenait de passer la vitesse supérieure. D’abord avec, en guise de déclaration finale, un « Appel aux citoyennes et citoyens européens », base d’une mobilisation à l’échelle du continent. « Nous disons qu’il est temps que les peuples d’Europe prennent le contrôle de leur avenir et de leur destin commun. Il est temps d’unir nos forces pour ouvrir la porte à une nouvelle ère, un chemin vers un nouveau modèle économique, social et écologique, de nouvelles réponses à l’émancipation et au progrès démocratique pour faire face aux grands défis de l’humanité. » Un appel bâti sur quatre points clés : la réorientation des richesses créées en Europe avec la proposition de création d’une COP européenne financière, fiscale et budgétaire, la défense et la promotion de l’égalité femmes-hommes, la paix et la sécurité collective, et enfin la démocratie et le respect de la souveraineté populaire. « Des axes communs d’action politique »
La décision la plus importante prise à Bilbao est sans doute la volonté affichée de travailler à la constitution d’un « espace permanent de convergence au niveau européen », sans nier les divergences existantes entre les organisations, mais faisant en sorte que ces différences n’empêchent pas de « dégager des axes communs d’action politique, d’encourager la mobilisation des citoyens aux niveaux national et européen ». Ce que Pierre Laurent, vice-président du Parti de la gauche européenne et secrétaire national du Parti communiste français, définit ainsi : « Une démarche active, permanente, de construction progressiste d’un nouveau projet européen ». Pierre Barbancey, l’Humanité du12/11/2018
YÉMEN
« L’enfer sur terre » pour les enfants, signale l’ONU Selon l’UNICEF, le Fonds des Nations unies pour l’enfance, le Yémen constitue « l’enfer sur terre » pour les enfants, principales victimes de la terrible famine qui ravage le pays. « Les chiffres, en fait, ne disent pas grand-chose, mais sont importants, car ils nous appellent tous à réaliser à quel point la situation est désastreuse », explique un responsable de l’Unicef qui ajoute que, « toutes les dix minutes, un enfant meurt en raison de maladies qui pourrait être évitées ». D’après l’organisation, ce serait donc 50 000 enfants qui pourraient succomber en un an de maladies provoquées par l’impitoyable blocus de la coalition emmenée par l’Arabie saoudite et soutenue par les ÉtatsUnis et la France. Un constat qui oblige à relativiser les chiffres officiels
(et dérisoires) du conflit, faisant état de seulement 10 000 morts depuis le déclenchement des hostilités en 2014 : l’ONG estime à 50 000 le nombre d’enfants déjà morts à cause de la guerre, et le centre de recherche Armed Conflict Location and Event Data Project (Acled), associé à l’université du Sussex, chiffre à environ 75 000 le nombre de personnes tuées au combat. Pour la première fois depuis 2014, dans le sillage de l’assassinat à Istanbul du journaliste saoudien Jamal Khashoggi, le département américain ainsi que le ministère français de la Défense tentent de mettre la pression sur l’Arabie saoudite afin que cesse cette guerre cruelle, que la monarchie wahhabite ne parvient pas à remporter.
6 • Les Nouvelles 15 novembre 2018
Pour le politologue John Mason, interviewé par Christophe Deroubaix dans l’Humanité du 9 novembre dernier, trois points sont à retenir des élections de mi-mandat : l’émergence d’élus issus de minorités chez les démocrates, l’éviction de Trump des banlieues et le risque d’une contre-attaque violente des républicains. John Mason, professeur de sciences politiques, université de New York , constate qu’après l’Amérique urbaine, Donald Trump s’est fait répudier dans les « banlieues », base même de la coalition républicaine. « Ces défaites doivent beaucoup aux femmes blanches diplômées qui ont arrêté de voter républicain. Les démocrates ont pris la Chambre mais ils ont également remporté sept postes de gouverneur, chose importante puisqu’ils nommeront les secrétaires qui organiseront l’élection présidentielle de 2020. Enfin, dans les assemblées d’État, les démocrates ont fait basculer 330 sièges (ils en avaient perdu un millier sous la présidence de
Barack Obama). » Sur la carte électorale, le « mur bleu » (des démocrates) se reconstitue avec ces États qui avaient voté démocrate sans discontinuer depuis 1988 et dont certains morceaux sont tombés en 2016 (Wisconsin, Michigan, Pennsylvanie), permettant l’élection de Donald Trump. « La carte ne doit pas tromper. Il y a beaucoup de rouge mais peu d’habitants dans ces endroits. C’est le parti des territoires contre le parti des populations. Le Parti républicain est rayé de la carte de l’Amérique urbaine, rayé de la Californie, de l’État de New York. » C’est donc dans les endroits les plus reculés que Donald Trump renforce ses positions. « Les chrétiens évangéliques ont voté pour lui à 80 % et ont sauvé la mise aux républicains, compensant la démobilisation dans les banlieues. Néanmoins, en Floride et en Géorgie, deux candidats démocrates africainsaméricains ont frôlé l’élection au poste de gouverneur. Au Texas, un candidat atypique comme Beto O’Rourke a menacé Ted Cruz, le dernier à avoir
résisté à Trump lors des primaires républicaines de 2016. Le Sud blanc a connu un moment de grande peur. Mais, comme Trump ne va pas devenir un être raisonné, la réaction chez les conservateurs promet d’être sauvage et les risques de violence politique réels. D’autant que l’adoption par référendum d’un amendement restaurant les droits électoraux des repris de justice en Floride va priver, dans cet État crucial, le Parti républicain de son principal moyen de maintenir son pouvoir dans l’ancienne confédération : supprimer des électeurs. » La polarisation politique se poursuit donc à un point que l’on n’a plus connu dans l’histoire du pays depuis la guerre de Sécession que les Américains appellent « la guerre civile ». « Cette guerre joue pour nous, Américains, le même rôle que la Révolution française et la création de la gauche et de la droite pour vous. Elle structure durablement la vie politique », explique le politologue. La guerre civile, c’est le grand clivage américain. « Sur les sites de rencontres, de plus en plus de profils mentionnent : “pas de supporter de Trump”, “pas de républicain ”, “pas de libéral” (au sens américain – NDLR). On a aussi vu une autre Amérique surgir du fond des urnes. Il y a eu beaucoup de “premières” mardi. On a élu cent femmes à la Chambre. Les premières femmes musulmanes élues. La première femme indienne. Le premier gouverneur ouvertement gay… Plus d’élus progressistes aussi. Et à la Chambre sera peutêtre créé un “caucus” (comité réunissant des élus) socialiste. »
CENTENAIRE DU 11-NOVEMBRE
PCF : « En recevant Trump, Poutine, Erdogan et Netanyahu, Emmanuel Macron célèbre l’ivresse guerrière, et non la paix » Déclaration du PCF, le 10 novembre 2018 Voici 100 ans, s’achevait le Première Guerre mondiale dans laquelle des millions de soldats, de civils trouvèrent la mort et la désolation à cause des rivalités impérialistes et des tensions nationalistes. Des dizaines de millions de vies ont été brisées, de soldats mutilés, de combattants coloniaux sacrifiés dans des offensives puis trahis et effacés de l’histoire officielle des « grands généraux et maréchaux ». Ceux-là mêmes dont le président Macron voulait flatter le souvenir alors qu’ils menèrent les troupes à la mort et exécutèrent à tour de bras les soldats réfractaires ou insurgés. Ceux-là mêmes qui organisèrent l’humiliation des peuples dits vaincus et qui abreuvèrent le siècle naissant de haines et de ressentiments faisant ainsi le lit des fascistes et des néonazis. La commémoration de l’Armistice devait être au contraire l’occasion de proclamer, avec Jean Jaurès, que la
« grande paix humaine est possible, et si nous le voulons, elle est prochaine ». Mais le président de la République, Emmanuel Macron a préféré convier 70 chefs d’État, qui pour beaucoup continuent à nier la réalité des atrocités de la Grande boucherie que fut 1914-1918, qui nient les atrocités de ce passé comme le génocide arménien et qui nourrissent ensemble des élans nouveaux de nationalisme agressif et belliqueux piétinant les peuples, les droits humains et les institutions internationales. Non, Donald Trump, Vladimir Poutine, Recep Tayyip Erdogan ou Benjamin Netanyahu ne sont pas les bienvenus à ces commémorations qui devaient honorer la mémoire des victimes et célébrer l’ardent désir de paix, d’amitié et de fraternité qui animent les peuples du monde. Les politiques de ces invités indésirables sont tout le contraire et leur stratégie de surarmement, de nationalisme exacerbé et de domination économique alimentent des cycles interminables de tensions et de conflits partout dans le monde. Leur
brutalité et leur violence écrasent les libertés, briment les minorités, nient les souverainetés populaires et le droit des peuples à un État indépendant. Ces va-t-en-guerre d’aujourd’hui, englués dans leurs logiques de puissance et de domination, encouragent obstinément l’unilatéralisme, les replis identitaires et xénophobes, l’antisémitisme et l’obscurantisme. Toutes celles et ceux qui ont à cœur de bâtir un monde plus juste et plus humain, un monde de paix et de sécurité humaine collective ne seront pas complices de telles duperie et complaisance. (…) « On croit mourir pour la patrie ; on meurt pour les industriels » rappela Anatole France à ceux qui comme, aujourd’hui, tentèrent de réécrire l’histoire et de cacher les véritables responsabilités des carnages de 19141918. Pour le Parti communiste français (PCF), c’est ce message auquel il fallait redonner de force et vivacité, Emmanuel Macron est largement passé à côté.
PCF Le 17 novembre 2018, alors qu’un mouvement citoyen, dit « des gilets jaunes », appelle au "blocage » pour protester contre la hausse des prix des carburants par les Gilets Jaunes, les communistes distribueront le tract ci-dessus. À Bordeaux des rassemblements sont prévus notamment à Bordeaux Lac et au Parc des expositions en début d’après-midi. D’autres « blocages » sont prévus en Gironde, on peut trouver sur internet la carte des rassemblements.
MÉRIGNAC
Inauguration d’un square Roland Pénichon
Samedi 1er novembre au matin, le maire de Mérignac a rendu hommage à Roland Pénichon, décédé voici 10 ans, dorénavant la ville de Mérignac comporte un square Roland Pénichon. En présence de la famille, des amis, des élus et bien sûr des communistes mérignacais, a été inauguré samedi dernier le square Roland Pénichon. Roland était communiste, humaniste, il a été adjoint au maire et responsable du Secours populaire. Après une carrière militaire qu’il a terminé au grade d’officier supérieur, Roland a revêtu les habits d’enseignants. C’est Jacques Padie qui a évoqué la vie de Roland, le maire de Mérignac ayant refusé que les communistes de la commune s’expriment lors de cette manifestation. Paguy Extrait du discours de Jacques Padie : « Roland fut le type de l’Officier républicain fidèle à l’essence même de la Liberté, de l’Égalité et de la Fraternité. Il fut un ami, modeste et admiré, qui me fit rencontrer le colonel Henri Rol-Tanguy, libérateur de Paris et son épouse Cécile. Il fut un citoyen, adjoint au Maire de Mérignac, Michel Sainte-Marie, de 1977 à 1989, en tant que délégué à l’environnement. Il fut aussi Conseiller à la Communauté Urbaine de Bordeaux. Il fut promu Officier de la Légion d’Honneur en 1997. Etant membre du Secours rouge, dès 1938, où il aida des républicains espagnols, il occupa naturellement des postes de responsabilité au Secours Populaire Français de Mérignac et à la tête de la Fédération des Officiers de Réserve Républicains. Je ne peux évoquer Roland sans oublier son épouse Renée Pénichon, que nous aimions beaucoup, et qui eut elle aussi, avec Roland, beaucoup de courageux combats à mener, seule à éduquer ses trois enfants. Roland Pénichon disparut le 10 novembre 2018, voilà exactement 10 ans, à l’âge de 89 ans. Merci Roland de nous avoir proposé un chemin dans un siècle hasardeux qui déjà désespère, et où nous trouverons, grâce à toi, un peu moins de solitude. Je te promets Roland, de revenir ici, seul, un jour, fumer un cigare, penser à ton épouse et à toi-même, en regardant la fumée bleue de nos vies virevolter avec le vent. Les squares sont faits pour cela. » PCF MÉRIGNAC
Grand loto le 30 novembre La section du PCF de Mérignac organise un grand loto salle des fêtes de Capeyron, le vendredi 30 novembre à 20h30. À gagner : bons d’achats, jambons, poulets fermiers, canards gras, paniers garnis, corbeilles de fruits, cartons de vins. Cartons : 1=3 €, 2=5 €, 3 = 8€, 4 = 10€, 8 = 15€, 10 = 18€. Sur place : bourriche - crêpes - gâteaux – boissons.
MARCHÉDENOËL
S O L I D A I R E le 7 décembre dès 16h30 et le 8 décembre dès 9h Exposants : la Librairie La Renaissance, L’échoppe de Pantanassa (huile d’olive…), crus, châteaux et tradition (vins), thé 1336, produits de canard frais, lamproie, guinettes, 15 rue furtado, 33800 Bordeaux
Artisans du Monde (jeux et jouets), bijoux fantaisies, objets de décoration, livres politiques (PCF), d’autres exposants à venir.
Carnet SECTION PCF MÉRIGNAC. Une cérémonie aura lieu le vendredi 23/11/2018 à 14h45 au crématorium de Mérignac, pour un dernier hommage à Christiane Riols. Ni fleurs, ni couronnes, ni plaques. Si vous le souhaitez, vous pourrez faire un don au Secours Populaire.
SOUSCRIPTION
Tout versement par chèque ouvre droit à une réduction fiscale de 66% du montant versé. (chèque à l’ordre de ADF PCF 33). Les ressources financières du Parti communiste sont transparentes. Votre don, aussi modeste soit-il, contribuera efficacement à la démocratie, à l’expression et la prise d’initiative du Parti communiste. Cet ensemble sont les éléments majeurs pour continuer notre combat dans l’ambition d’une gauche forte et alternative. Les versements sont à envoyer à la fédération de Gironde du PCF - 15 rue Furtado - 33800 Bordeaux, à l’ordre de l’ADF PCF 33
ILS ONT DONNÉ 1 630 euros : Mme GOMEZ Maryse, Bègles ; Cellule M. Thorez ; M.& Mme DUPIN Yvan, Cambes ; Mme TARIS Isabelle, Bègles ; M. NICOLEAU Yves, Bordeaux ; Mme CLAVE Catherine, Cenon ; M. SENGAVRAC Bernard, Illats ; Section Nord Médoc ; M. BAGNAROL Pascal, Le Puy
Les Nouvelles 15 novembre 2018 • 7
CHRONIQUE
CULTURE & SOLIDARITÉ
NOUVELLES IDÉES REÇUES
DU 20 NOVEMBRE AU 2 DÉCEMBRE À BORDEAUX
par Gérard Loustalet Sens www.nir-33.fr
Migrant’scène, festival de la Cimade Le festival Migrant’scène de la Cimade, association d’accueil et d’accompagnement des migrants, se déroulera à Bordeaux du 20 novembre au 2 décembre. En voici le programme.
Les neurosciences à l’école
Mardi 20 novembre à 20h30 au Cinéma UTOPIA L’Alliance Française Bordeaux Aquitaine s’associe à La Cimade Bordeaux pour la projection du film Atelier de conversation, de Bernhard Braunstein. La projection sera suivie d’un débat animé par Gérard Ribot, directeur de l’Agence de promotion du FLE et Morgane Raguenet-Pré, membre de La Cimade Bordeaux. Du lundi 26 novembre au dimanche 2 décembre, 16h-20h du lundi au vendredi et 10h-20h le samedi et 11h-17h le dimanche, à la Halle des Chartrons, 9–10 bis place du Marché des Chartrons - Bordeaux. 3 expositions sont présentées : • Cabanes rêvées ou le droit de poser ses valises (exposition nationale de La Cimade) • Enfer-més : ce qu’ils disent • Peintures réalisées par des personnes migrantes 3 évènements : • mercredi 28 novembre à partir de 19h : soirée-débat sur la déconstruction des préjugés avec Bérénice Quattoni de l’association Mana. • vendredi 30 novembre à partir de 19h : Cheikh Tijaan
Sow, parrain du festival à Bordeaux, propose un concert-spectacle qui mêlent les cultures et les personnes en transcendant les origines. • samedi 1er décembre 12h-18h : « Et si c’était vous ? », événement participatif autour de la rétention des personnes étrangères.
UTOPIA BORDEAUX
Projection-rencontre avec Stefano Savona Proposée par la Bibliothèque de Bordeaux, dans le cadre du Mois du film documentaire, une projection de Samouni Road* vous est proposée le mercredi 21 novembre à 20h. Elle sera suivie d’une rencontre avec le réalisateur Stefano Savona. « Plomb durci », un nom qui fait référence à un poème que l’on récite à l’occasion de la Hannoukah, la fête juive des Lumières. Mais pour les habitants de la bande de Gaza, ce nom évoque ces quelques semaines de l’hiver 2008-2009 où leur vie a basculé dans la tragédie, ces bombardements israéliens qui ont apporté mort et désolation. L’intense beauté, la formidable intelligence de Samouni Road tiennent à la fois à la reconstruction fascinante par le cinéma de tout le passé, du
présent voire même du futur d’une famille dévastée – c’est le plus bel hommage qu’on pouvait lui rendre – et à l’équilibre entre la force des témoignages des membres survivants et la beauté de la reconstitution en animation, qui n’évoque pas uniquement la nuit de l’attaque mais aussi les moments apaisés qu’ont connus les disparus. Côté témoignages, vous n’oublierez pas celui, magnifique, de cette fillette à la lucidité stupéfiante qui, sans haine, constate avec désarroi les graffitis haineux et racistes laissés par les soldats israéliens sur les murs de son salon et qui s’exclame « Mais qu’est-ce qu’ils ont dans la tête, ceux-là ? ». Au moment où, inlassablement, malgré les civils abattus presque quotidiennement, les Gazaouis se pressent à la frontière pour manifester et réclamer leur droit au retour, ce film magnifique tombe à point nommé.
* Stefano Savona - documentaire France / Italie 2018 2h08mn VOSTF - Scénario de Stefano Savona, Léa Mysius et Penelope Bortoluzzi. Œil d’Or du Meilleur film documentaire, Festival de Cannes 2018. Animation de Simone
Les places sont acheter à l’avance.
ANNONCES LÉGALES AVIS DE CONSTITUTION
Par acte SSP du 17/10/2018, il a été constitué une SCI ayant les caractéristiques suivantes : Dénomination : Bordeaux B.A. Developments Objet social : l’acquisition (pleine propriété, usufruit ou nue-propriété), ou la prise en location par tous les moyens de droit, de tous les immeubles bâtis et non bâtis, ruraux ou urbains, en vue de leur exploitation directe ou indirecte par bail, location Siège social : 8 rue Nungesser et coli, 33140 Cadaujac. Capital : 10000 € Durée : 99 ans Gérance : M. ASSAAD BASSAM, demeurant 15415 LEAVALLEY DRIVE, 75248 DALLAS USA Clause d’agrément : Cession libre entre associé. Agrément de l’unanimité des associés pour toute cession à un tiers Immatriculation au RCS de Bordeaux Il a été constitué une société dont les caractéristiques sont les suivantes :
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8 • Les Nouvelles 15 novembre 2018
Forme : SAS Dénomination sociale : Food INN Siège social : Centre commercial de la Gravette avenue Pasteur 33270 Floirac Objet : Pizzeria et restauration rapide Capital : 500 € Durée : 99 ans à compter de l’immatriculation au RCS de Bordeaux Président : M. CHADOULI ABDERRAHMANE demeurant 02 rue Colette, Apt 202 Résidence Jules Verne 33270 Floirac Pour avis,
On sait le gros coup de « com » qu’a été pour le ministre Blanquer l’annonce en fanfare de l’introduction des neurosciences à l’école. Il y aurait beaucoup à dire : les neurosciences ne sont qu’un des domaines des sciences cognitives -sciences de la connaissance- qui comprennent aussi, traditionnellement, la philosophie, la psychologie, l’anthropologie, la linguistique et l’intelligence artificielle. Stanislas Dehaene, bombardé président d’un Conseil scientifique de l’Education nationale, est spécialiste de psychologie cognitive et plus particulièrement des techniques d’imagerie cérébrale. Professeur au Collège de France, sa compétence dans son domaine est évidente mais ne saurait s’appliquer à l’ensemble des problèmes du système éducatif. Il y aurait une sorte d’hubris, un orgueil démesuré et une forme d’impérialisme scientiste à laisser croire que les neurosciences vont à elles seules révolutionner l’école et l’enseignement. Stanislas Dehaene est ici ambigu même si, on le verra, il ne partage pas exactement les conceptions les plus rétrogrades de son ministre. Comme le dit excellemment Patrick Rayou, « obtenir des images des processus physico-chimiques à l’oeuvre dans le cerveau d’un individu peut nourrir à nouveau l’illusion que les phénomènes d’apprentissage se réduisent au rapport singulier d’un organisme à son milieu et disqualifier toute approche en termes de rapports sociaux évidemment moins aisément transportables sur un écran » (Carnets Rouges, n°14, octobre 2018). L’équivoque chez le ministre est de laisser croire que les neurosciences permettraient de remédier à l’échec scolaire par l’observation de différences interindividuelles d’origine cérébrale chez des enfants normaux. Ce qui est la voie ouverte à une pathologisation des difficultés scolaires, voire à une médicalisation de l’échec scolaire multipliant les « dys » (dyslexie, dysorthographie, dyscalculie…) dont la définition scientifique est loin d’être avérée. Et pour aboutir, comme le remarque Stanilas Morel, dans le même numéro des Carnets Rouges, « à une déresponsabilisition des enseignants et à un transfert de la légitimité pédagogique vers les métiers du soin ». Cette prétention est d’autant plus mal fondée que la psychologie cognitive, par exemple, -que je connais un peu- n’a nullement à son programme la recherche d’inégalités cognitives entre individus. Ceci est le rôle de la psychométrie, une branche de la psychologie qui, pour le praticien que j’ai été, reste d’une légitimité douteuse et d’une scientificité incertaine. La psychologie cognitive a pour objet les mécanismes universels à la base des processus mentaux générant des comportements observables. L’activité mentale est alors constituée en système de traitement de l’information, d’où la métaphore du cerveau comme ordinateur. Métaphore contestée : au contraire de l’ordinateur, le cerveau humain a, pratiquement, dans l’espace d’une vie, une capacité de mémoire illimitée ; par contre, on le sait, la supériorité de l’ordinateur réside dans une vitesse de calcul vertigineuse. On sait aussi depuis peu que l’ordinateur peut apprendre par lui même, c’est « l’apprentissage profond » (deep learning) qui a permis à Alpha Go de battre le champion du monde du jeu de go. Il faut, par exemple, présenter à la machine des milliers d’images d’oiseaux (et d’autres objets) à identifier par essais/erreurs pour qu’elle arrive à reconnaître à coup sûr un oiseau dans une image jamais présentée auparavant. Mais -et je parle ici sous le contrôle de mon camarade Ivan Lavallée- a-t-elle pour autant accès au niveau d’abstraction que constitue le concept d’oiseau dans l’intelligence humaine ? Celui-ci, au-delà de son champ lexical, est relié dans le cerveau à une multitude de connaissances sur le monde et son interprétation, y compris ses emplois métaphoriques (« comme l’oiseau sur la branche », par exemple), le tout stocké dans un dispositif cérébral nommé mémoire sémantique qui est bien autre chose qu’une simple accumulation et exploitation de données (data mining). Pour ce qui est des neurosciences, Dehaene précise luimême dans un entretien sur France Culture, j’y reviendrai (24.10.2018), que « au départ, nous avons tous le même cerveau » et que nous disposons de « circuits universels » (pour la lecture, les mathématiques…) qui vont se différencier par l’éducation. De plus ou moins bonne foi, Blanquer surestime la portée de prescriptions impératives fondées sur les neurosciences. L’inscription de celles-ci dans les didactiques des matières demande autre chose qu’un effet d’annonce. Et on est loin du compte !