Jeudi 29 novembre 2018 - N° 2283 - Hebdomadaire - 15, rue Furtado - 33800 BORDEAUX - Prix : 0,80 euro
CONGRÈS DU PCF
Nouveau secrétaire national, nouveau logo, nouvelle page pour les communistes P.6-7
1er DÉCEMBRE
MINEURS ISOLÉS
GILETS JAUNES
Contre le chômage et la précarité
Stop aux conditions d’accueil indignes !
Motion de soutien du PCF
P.2
P.4
P.7
ACTUALITÉ LGBT-PHOBIES
AVEC LES FORD
Faisons reculer l’obscurantisme
Oser dire que l’avenir industriel est à Blanquefort
Entre la manifestation parisienne hyper médiatisée des « Gilets Jaunes », celle qui l’a été largement moins de « Toutes et tous contre les violences faites aux femmes », et celle quasiment passée sous silence par les médias de la mobilisation contre les « LGBT-phobies » de dimanche soir à Bordeaux, le weekend a donc été marqué par l’expression du droit à vivre dignement, sans incertitude du lendemain. Dans tous les cas, le pouvoir et la démocratie sont interpellés. 250 à 300 personnes étaient réunies ce dimanche 25 novembre sur la place de la Victoire à l’appel de plusieurs organisations, appel relayé par Le Girofard Bordeaux. Depuis des mois les violences et insultes se multiplient (+ 15 % en 2017) ; il est temps de dire stop et de prendre des mesures concrètes : • mise en place d’un plan d’urgence pour la prise en charge des plaintes ; • formation des enseignants pour détecter les signes de harcèlement ; • lancement d’une campagne de sensibilisation nationale sur les LGBTphobies et leurs effets ; • formation des personnels policiers et judiciaires ; • condamnation systématique des propos LGBT-phobes tenus en public. C’est ce qui était à l’ordre du jour de ce rassemblement où les communistes ont tenu à répondre présents (à la grande satisfaction des organisateurs). Jean-Jacques Bordes
FRAIS D’INSCRIPTION
UEC : « Une fois de plus, Macron déclare la guerre aux étudiant-e-s » Communiqué de l’Union des Étudiants communistes du 22 novembre. « La Cour des comptes met finalement sur la table l’augmentation des droits d’inscription à l’université, suite logique de la sélection, comme l’UEC a pu alerter à ce sujet depuis plusieurs mois. La première mesure en ce sens est déjà discutée par le gouvernement, avec la hausse des frais d’inscription des étudiant-e.- étranger-e-s hors UE. Une même logique sous-tend ces mesures : ce serait aux étudiant-es, et non à la société, d’investir dans l’enseignement supérieur pour augmenter leurs qualifications et avoir un diplôme reconnu. Cela justifierait d’écarter des centaines de milliers d’étudiant-e-s des bancs de l’université, et de pousser le reste à l’endettement sur plusieurs années tout en travaillant à côté de leurs études. Aux Etats-Unis, c’est justement la surenchère de la dette étudiante qui risque d’engendrer la prochaine crise financière mondiale, les étudiant-e-s et les familles ne pouvant plus supporter une telle charge. En France, dès aujourd’hui, les étudiant-e-s doivent s’organiser face aux mesures qui s’annoncent dès le semestre prochain : opposons aux manœuvres du gouvernement des revendications claires et unies, et faisons le plier ! L’université doit être gratuite pour tou.te.s celles et ceux qui y étudient. Exigeons l’investissement de 2 milliards d’euros supplémentaires par an dans l’enseignement supérieur et la recherche, avec une juste répartition entre les établissements ! Ce n’est pas aux étudiant-e-s de payer pour leur formation : l’État doit reconnaître la période d’études et garantir la mise en place d’un salaire étudiant ! »
COMITÉ ROBERT PICQUÉ
Rassemblement le 7 décembre Les dirigeants de la Maison de Santé Privée-Protestante de Bagatelle organisent le vendredi 7 décembre à 18h, dans leur établissement, un cocktail « Première Pierre », symbolisant le début des travaux du projet Bahia. Le Comité Robert Picqué pour la défense et le développement de l’hôpital public appelle à un rassemblement à cette occasion, à partir de 17h, face au 203 route de Toulouse à Talence. « Les promoteurs de “Bahiatelle” sont les fossoyeurs de l’hôpital Robert Picqué ! affirme le collectif. Nous exigeons le maintien d’un hôpital Public sur le site actuel de Robert Picqué. L’argent public doit rester dans le secteur public ! » 2 • Les Nouvelles 29 novembre 2018
Salariés de FAI et de GFT, avec familles, dont les enfants dans les poussettes, amis, voisins, actifs et les retraités, de Blanquefort, du Médoc, de la Rive Droite, de toute la Gironde ont manifesté au coude à coude, samedi 24 novembre dans Blanquefort. On était plutôt 800 que 500 : un vrai plus. L’appel était intersyndical, la CGT, FO et la CFE CGC, appelant à l’action ensemble pour l’avenir industriel du site Ford à Blanquefort, et pour tous les emplois directs et induits : des milliers. Souvenons-nous ! La CFT, truands du patronat ; 2000, l’annonce de la fermeture déjà ; 2008, blocage du site, la médiatisation ; 2009-2011, HZ, sans aucun projet, la fin des boites 5 de vitesses ; chômage financé par l’État ; rachat par Ford en 2013, avec 1 000 emplois pendant 5 ans, sans les projets industriels pour les garantir. Depuis toujours, tant de choses sont infligées aux salariés des deux usines, jusqu’à tout faire pour les diviser. Samedi 24, il y avait aussi les GFT (NDLR – Getrag Ford Transmission). Quel avenir à GFT ?
Véronique Ferreira, maire de Blanquefort avait aussi invité les élus, notamment les maires. Que fera Ford le 28, ou plus tard ? Le but du rassemblement de ce samedi 24, c’était d’obtenir que le temps nécessaire remplace l’injonction de Ford se plaçant comme seul arbitre : il n’y aurait pas de repreneur possible, qui ne serait pas porteur d’un projet industriel pérenne capable de garantir les emplois du site ! De qui se moque-t-on ? Ford dit « je m’en vais » et veut laisser le désert d’une terre brûlée pour la seule plus value de ses actions en Bourse et autres dividendes pour ses actionnaires ? Après avoir pompé les finances publiques ? Sans finalement honorer sa responsabilité sociale : il oserait dire que son PSE (Plan social) est plus garant d’avenir pour les salariés qu’un repreneur ? Faut-il mettre sous « séquestre de la République » ce site automobile historique ? Retraités et actifs étaient tous ensemble pour se faire entendre aussi de l’État français, pour qu’il pèse, qu’il fasse réellement pression sur Ford. Au lieu de cette certitude,
nous voyons l’État sommer les organisations syndicales de négocier un accord avec PUNCH, avalisant des reculs sociaux. Ces militants sont courageux, engagés devant leurs collègues, j’en suis témoin encore lors de l’AG devant les portillons de l’usine, jeudi 22 novembre. Mais rien ne peut se faire, sauf si, enfin, FORD accepte le business plan que PUNCH ambitionne de proposer, sans le couteau qui raccourcit le temps normal nécessaire pour un tel travail multipartite. On a crié : « Respect pour les salariés !», « Sauver les emplois ! », avec la conscience vive qu’un projet industriel est possible, car il est logique et juste qu’à Blanquefort on continue de produire des boites de vitesses, qu’on fabrique en France pour assembler en Europe. Qui peut croire qu’il est plus écologique et rentable de produire in USA pour assembler et acheter en Europe ? Cette manifestation a une portée profonde : poser l’acte fondateur d’un projet industriel d’avenir, évolutif selon les besoins de véhicules futurs, porteurs d’emplois, un rôle citoyen. Il faut peu de chose pour décourager Monsieur Juppé de prendre la parole : un simple chant, l’Internationale, entonné par quelques-uns au moment où il allait parler, après la maire de Blanquefort. Ce mardi 27, le Comité de Soutien aura invité à continuer à réfléchir en vue de la suite de l’action, tous ensemble. Marithou Flipo, du Comité FAI (association 1901 de sauvegarde des emplois et du site depuis 2008)
CONTRE LES PRÉCARITÉS ET POUR DE NOUVEAUX DROITS
Macron ! Un emploi c’est un droit, un revenu c’est un dû ! Vingt-et-une organisations syndicales, politiques et associations* appellent à une manifestation contre le chômage et la précarité, samedi 1er décembre 2018, à 15 h, place de la Victoire à Bordeaux. Communiqué commun. « 13,6 % de la population vit en-dessous du seuil de pauvreté. 4 millions de personnes sont sans domicile ou mal-logées. Les derniers chiffres du chômage du troisième trimestre 2018 font apparaître une augmentation de 0,5 % soit 5 963 500 personnes. Il faut ajouter à cette dégradation 30 7800 personnes radiées et donc sorties des chiffres. Pour Macron ce seraient des “inégalités de destin” ! “Les chômeurs-euses refuseraient les offres d’emploi” ! Et il a le culot de prétendre combattre la précarité alors que toute sa politique précarise et appauvrit le monde du travail, que les retraites et les minimas sociaux sont bloqués à 0,3 %, tandis que l’inflation (officielle) est
de 2,3 % ! La Loi pour la Liberté de choisir son avenir professionnel a dans son volet assurance chômage, sous couvert d’ouvrir des droits aux démissionnaires, augmenté les contrôles et les sanctions contre les chômeurs et précaires. Aujourd’hui Macron impose aux négociateurs de la nouvelle convention d’assurance chômage une économie de 4 milliards. Cela ne pourra se faire qu’en rognant largement les droits des précaires, ces négociations ne seront pas de tout repos tant l’attaque est considérable. Il est question de refondre totalement l’assurance chômage. Il est question de revoir les règles autorisant les permittents à cumuler une activité réduite et une allocation chômage. Il souhaite également revoir les règles de calcul du salaire journalier qui déterminent le montant de l’allocation chômage. Il parle du retour de la dégressivité des allocations chômage et d’un déplafonnement des allocations des cadres. Et le MEDEF s’est
permis dernièrement de remettre les droits des intermittents en cause. (…) » Les organisations et associations revendiquent : des emplois en CDI ; les 32 heures ; la création d’un revenu garanti inconditionnel à hauteur du SMIC ; l’arrêt des contrôles, des sanctions et des radiations contre les chômeurs et précaires ; des moyens humains pour sa mission de service public ; une allocation exceptionnelle (dite prime de Noël) de 500 euros pour tous les chômeurs-euses et les précaires ; une véritable politique de formation choisie ; la gratuité des transports publics pour les chômeurs-euses, les précaires et leurs familles ; l’application du droit au logement pour toutes et tous. * AC ! Gironde, Apeis, Mncp, Attac 33, Hacktivisme, Dal 33, Opa, RCR 16, UD CGT, Ul CGT Bacallan, FSU 33, Solidaires, Solidaires Sud Emploi, Alternative Libertaire 33, Npa, FI Gironde, LO, PCF 33, PG Gironde, RPS-Fier.
ACTUALITÉ
Editorial
MOUVEMENT SOCIAL
Emmanuel Macron, toujours à côté de ses pompes
Déconnecté, le président n’a convaincu aucun Gilet jaune
Alors que le président avait annoncé des mesures pour lutter contre l’augmentation du carburant et répondre à la colère sociale des gilets jaunes, tout en continuant la transition énergétique, son discours flou n’a clairement pas été à la hauteur des enjeux. « Fin du monde » ou « fin du mois », « nous allons traiter les deux ». Le discours d’Emmanuel Macron, mardi, en marge de la présentation de la programmation pluriannuelle de l’énergie a tenté de concilier écologie populaire et colère sociale grandissante. Poussé dans ses retranchements par les manifestations des Gilets jaunes dénonçant la hausse du prix du carburant et la baisse du pouvoir d’achat, il a assuré maintenir son cap politique, tout en jetant quelques miettes de mesures aux manifestants. Un mécanisme de modulation flou
Sous couvert de « construire une méthode pour rendre plus intelligente la taxe sur les carburants, aujourd’hui un peu aveugle », il propose « d’avoir tous les trimestres un rendez-vous qui permette en quelque sorte d’atténuer l’effet pour nos concitoyens, s’il devait y avoir une envolée des cours mondiaux ». Mais ce mécanisme de modulation des taxes en fonction du contexte international reste bien flou. L’autre réponse consiste en l’ouverture d’une concertation d’une durée de trois mois. Méprisés depuis l’arrivée au pouvoir d’Emmanuel Macron, les syndicats, les élus, les associations sont désormais invités à discuter de la transition énergétique et sociale pour sortir l’exécutif de ce mauvais pas. L’idée serait de construire un nouveau modèle économique, social, territorial, en apportant des solutions, des méthodes d’accompagnement. Rien de bien précis donc. Si la CGT et la CFECGC ont d’emblée boycotté la présentation d’hier, c’est la désillusion pour les présents. Laurent Berger, secrétaire général de la CFDT, déplore une « forme de déception de la faiblesse des mesures annoncées : il n’y a pas pour l’instant de réponses très concrètes ». Même son de cloche pour le nouveau secrétaire général de FO, Yves Veyrier : « J’aimerais que le
président de la République intègre un peu plus dans son discours syndicats et salaires, parce que l’augmentation des salaires n’est pas ennemie du climat. » Quant à Bernadette Groison, secrétaire générale de la FSU, elle constate qu’« il n’y a pas de réponse au malaise qui s’exprime ». Du côté des hommes politiques, hors majorité LaREM, le discours présidentiel n’est clairement pas à la hauteur. Pour le secrétaire national du PCF, Fabien Roussel, si « l’enjeu écologique est posé sans vraie ambition, l’urgence sociale, elle, est totalement passée sous silence (…) Pourtant, les questions sociales et de justice fiscale sont au cœur des préoccupations et de la colère exprimées. Face à l’absence de réponse, le PCF soutient la journée de manifestation du 1er décembre à l’appel des organisations syndicales » (lire ci-dessous). Jean-Luc Mélenchon, député FI, dresse, lui, un parallèle historique. « Le président nous fait le même effet que de Gaulle en plein Mai 1968. Il ne prend pas la mesure de la gravité de la situation ». L’écologiste Yannick Jadot s’est dit « stupéfait » du manque d’annonces sociales. Des accents de condescendance
Mais contre vents et marées, le président de la République a martelé qu’il ne changerait pas de politique, mais seulement de méthode, en incluant plus les corps intermédiaires et les Français. Car c’est à cause d’un déficit d’explication que les concitoyens auraient mal interprété certaines décisions… « Il faut ouvrir un nouveau chapitre, faire preuve de pédagogie. Il faut apporter des solutions pragmatiques au plus près du terrain. Pendant des années, on a considéré que vous (les Français) n’étiez pas assez importants pour participer aux solutions. Cette crise ne vient pas que des prix du carburant, il y a quelque chose qui vient de plus loin. Il faut donc bâtir un nouveau contrat social du XXIe siècle. » S’il tente de s’éloigner de son image de président hautain, le discours a parfois des accents de condescendance. « Le chèque énergétique, les gens ne savent pas ce que c’est, et moi non plus (sic). Si on n’est pas concret, simple, les gens ne l’utilisent pas », développe Emmanuel Macron. Cette tentative de réconciliation
avec les classes populaires, à mille lieues des déclarations insultantes de la majorité ce week-end sur les gilets jaunes, se double tout de même d’un avertissement. « Chaque citoyen est nécessaire, il n’y a pas de changement qui se fait en méprisant un seul citoyen. Ça suppose le respect. La décence commune s’impose dans le pays. Notre nation est plus grande que chacun d’entre nous. Cette France qui a peur des changements, on ne peut pas estimer qu’on les fera malgré elle ou sans elle. » Mais cette avalanche de bons mots n’a pas semblé convaincre les gilets jaunes.
Réaction de Fabien Roussel, secrétaire national du PCF « Une heure de discours, pour ne pas répondre aux attentes des Français. Voilà à quoi s'est livré Emmanuel Macron aujourd'hui dans un exercice poussif de communication. L'enjeu écologique est posé sans vraie ambition et l'urgence sociale, elle, est totalement passée sous silence. Le Président appelle à se "désintoxiquer" des énergies carbonées mails il oublie le besoin indispensable de se "désintoxiquer" du pouvoir de l'argent. Pourtant les questions sociales et de justice fiscale sont au cœur des préoccupations et de la colère exprimés. Emmanuel Macron parle ainsi du consentement à l'impôt sans évoquer celles et ceux qui font tout pour y échapper et sans parler des 358 000 familles exonérées d'ISF alors qu'elles détiennent la moitié de notre PIB avec 1000 milliards d'euros. Il dit comprendre les fins de mois difficiles mais il ne parle pas une seule fois de la hausse du SMIC, des salaires ou des pensions pourtant seules décisions qui pourraient durablement augmenter le pouvoir d'achat des français. C'est pour cela que le PCF lance une campagne pour une augmentation du SMIC de 200 euros net par mois dès janvier 2019 et pour l'ouverture de négociations salariales dans le privé comme dans le public. Ce dont a besoin le pays, ce n'est pas de la pédagogie mais de mesures claires et ambitieuses pour le pouvoir d'achat et la justice sociale. Face à l'absence de réponse du président, le PCF soutient la journée de manifestation du 1er décembre à l'appel des organisations syndicales et appelle à amplifier la mobilisation contre la politique du gouvernement. »
Dans l’action !
« Agis dans ton lieu, pense avec le monde », les mots d’Édouard Glissant résument bien la conception qu’ont les communistes de la politique. Le 38e congrès du PCF s’est emparé des bouillonnements de la société sans négliger la complexité du monde qui nous entoure. Présents à la journée d’action contre les violences faites aux femmes, adressant un message fort au peuple brésilien pour la libération de Lula, abordant la colère des gilets jaunes, la défense des services publics, les luttes sociales pour l’emploi, les salaires et les pensions, la lutte contre le racisme, l’écologie, les quelques 800 congressistes ont défini à l’aune des fracas du monde une feuille de route très offensive. C’est un parti debout sur ses deux jambes et rassemblé qui se propose, comme Pierre Dharréville l’a dit dans une intervention forte, « d’ouvrir de grands espaces aux aspirations populaires et tenir un rôle irremplaçable face aux pulsions de domination, aux impasses populistes, aux illusions des hommes providence, à la confusion des clivages, aux divisions du monde du travail ». Quelle réponse apporter à la colère des gilets jaunes, mais aussi – comme Fabien Roussel, nouveau secrétaire national du PCF, l’a évoqué dans son discours de clôture – à celle des blouses blanches du secteur hospitalier, aux cols bleus de l’industrie, à celle des enseignants et de l’ensemble des salariés de notre pays ? Une pétition pour répondre à l’exigence de justice sociale, pour obtenir dès le 1er janvier la hausse des salaires et des pensions sera proposée dans les prochains jours. Un appel aux forces de gauche a aussi été lancé par le nouveau secrétaire national pour exiger d’Emmanuel Macron la tenue d’un « Grenelle des salaires ». Dans le même temps, il s’agit pour les communistes de promouvoir des réponses nouvelles pour engager notre pays et ses voisins dans la nécessaire et urgente transition écologique. C’est la bataille du rail, pour les transports en communs accessibles à tous, mais aussi de nouveaux modes de développement industriel, de nouveaux modes de consommation. Ce sera un des axes de bataille de Ian Brossat, tête de liste de rassemblement pour les élections européennes. Il s’agit de passer de la colère, aussi légitime soit-elle, à la construction de perspectives politiques pour les catégories populaires, pour la France qui compte en centimes dès le 15 du mois. Nouveau secrétaire national, nouveau logo, des orientations politiques précisées, les communistes entendent passer à l’offensive pour donner à voir une force politique combative et sincère plaçant l’Humain d’abord, la paix, le partage et la fraternité au cœur de son projet de société et de ses initiatives. Ils seront dans la rue, dès le 1er décembre, pour contribuer à la convergence du monde du travail, pour en finir avec l’austérité et le coût du capital qui pèsent sur nos vies.
Sébastien Laborde secrétaire départemental du PCF 33 et membre du Conseil national
Les Nouvelles 29 novembre 2018 • 3
ACTUALITÉ ÉLECTIONS PROFESSIONNELLES À LA SNCF
COLLECTIF MINEURS ISOLÉS ÉTRANGERS
La CGT majoritaire dans tous les CSE de la région
Les associations dénoncent les conditions d’hébergement dans un foyer Emmaüs
« C’est un bon résultat nationalement mais un excellent résultat régionalement », commente Séverine Rizzi qui vient d’être élue au CSE* Epic de Tête. En effet, alors que la CGT arrive en tête nationalement avec 34 %, l’organisation syndicale vient d’obtenir la majorité dans tous les CSE de la région Nouvelle Aquitaine avec 49,55 % au CSE Mobilités TER Nouvelle Aquitaine. « Nous obtenons la majorité dans tous les CSE et même la majorité absolue sur le CSE Mobilités TER Nouvelle Aquitaine et sur le CSE Réseau Atlantique », précise avec satisfaction Séverine Rizzi, responsable de la CGT cheminots de Bordeaux gare. « C’est un résultat qui démontre que notre boulot depuis 3 ans est compris et soutenu par les cheminots, que le conflit
de 3 mois était également soutenu par les cheminots. Enfin, cela valide notre travail sur la nouvelle convention TER : nos revendications sont suivies et soutenues. La CGT n’est pas la première organisation syndicale du groupe pour rien. » Voilà, c’est dit. N’en déplaise à la direction du groupe. La CGT obtient donc 14 sièges sur 26 sur le CSE Mobilités TER Nouvelle Aquitaine, 20 sièges sur 35 sur le CSE Réseau Atlantique, 9 sièges sur 27 sur le CSE TGV Axe Atlantique, 11 sièges sur 31 sur le CSE Fret, 14 sièges CGT sur 31 sur le CSE Matériel industriel. * Le Comité Social et Économique (CSE) est destiné à remplacer l’ensemble des institutions représentatives élues du personnel de l’entreprise depuis les ordonnances Macron du 22 septembre 2017.
GILETS JAUNES
Un groupe insaisissable qui peine à se structurer L’annonce, en début de semaine, de huit porte-parole « officiels » ne suffit pas à unifier un mouvement spontané qui s’organise sur Facebook. En Gironde, une dizaine de groupes girondins ont ainsi décidé de « coordonner les actions, et de synthétiser les revendications ». Pas facile pour ce mouvement protéiforme, sans la moindre structuration, d’organiser la suite. C’est pourquoi certains d’entre eux ont désigné, dimanche, suite à des vidéoconférences organisées sur le Net, une coordination et huit porte-parole pour « concrétiser les revendications exprimées par des millions de Français ». Certains d’entre eux sont des pionniers du mouvement, comme Éric Drouet et Priscillia Ludosky. Cette habitante de Savigny-le-Temple qui a créé une société de vente en ligne de cosmétiques bio et de conseils en aromathérapie a lancé une pétition sur change.org pour exiger « une baisse des prix du carburant à la pompe ». Près d’un million de personnes ont depuis signé son texte. Quant au premier, il est chauffeur routier à Melun. Les autres porte-parole ont été désignés en raison de leur implication sur le terrain mais aussi de leur capacité à fédérer sur les réseaux sociaux. Mais les dissensions ont surgi aussi rapidement que ce groupe de porte-parole « officiels ». Si certains affirment qu’ils se rendront à nouveau à Paris samedi, relayant des appels qui se multiplient sur les réseaux sociaux, la délégation, elle, refuse de soutenir publiquement une telle initiative. L’un des traits communs de ces leaders est de n’avoir pas plus de 35 ans. La plupart d’entre eux, qui ont arrêté de travailler pour s’engager à fond dans la lutte, sont autoentrepreneurs, créateurs d’entreprise ou
intérimaires. C’est le cas de cinq des huit porte-parole. Un site dédié et un sondage sur les revendications en Gironde
Lundi soir, des Gilets jaunes organisaient une conférence de presse sous la halle vortex de Darwin. Ils affirmaient représenter des groupes de Sainte-Eulalie, Langon, Saint-André-de-Cubzac ou encore Bordeaux, regroupant ensemble 20 000 gilets jaunes. D’après Rue 89 Bordeaux (du 27 novembre), ceux-ci voudraient arrêter le durcissement des manifestations dû à l’absence de réponse du gouvernement. Pour éviter les provocations et les débordements tels que l’incendie du péage de Virsac, il faut selon eux remédier à la désorganisation générale du mouvement. Margot, membre d’un groupe bordelais, a été tirée au sort pour lire un texte commun devant la presse. Cette étudiante infirmière de 21 ans annonce que les propositions des manifestants, collectées sur le terrain, seront soumises au vote dans les prochains jours, sur le site internet gilets-jaunes-gironde.fr. Tous les sympathisants du mouvement pourront s’exprimer, via un système crypté, en s’identifiant au préalable. Pour éviter qu’ils ne votent plusieurs fois, le numéro de sécurité sociale et un mail seront exigés, précise un des porte-parole, assurant que l’autorisation sera demandée à la CNIL. À l’issue de ce sondage en ligne, les gilets jaunes girondins réclameraient la tenue d’un débat public avec un parlementaire local représentant la majorité. Avec l’Humanité du 28/11/2018 et Rue89 Bordeaux du 27/11/2018
4 • Les Nouvelles 29 novembre 2018
Le Collectif MIE et les syndicats SUD et CGT dans les locaux de l’ASTI à Bordeaux.
Des représentants des associations composant le collectif Mineurs isolés étrangers (MIE), existant depuis 2013, étaient réunis dans les locaux de l’Asti, à Bordeaux, jeudi 22 novembre pour alerter sur les conditions d’hébergement de jeunes dans un foyer géré par Emmaüs Gironde. Autour de la table, on trouve l’Asti, la Cimade, la LDH Bordeaux et Gironde, RESF, Médecins du Monde, Mémoire et Partage, des éducateurs anciens ou toujours salariés d’Emmaüs, la commission Action sociale de la CGT 33 et Sud santé action sociale. Il est question surtout de la situation de jeunes mineurs étrangers isolés hébergés par Emmaüs Gironde, qui compte, depuis peu, un pôle Enfance gérant plusieurs foyers. Françoise Astruc, de l’Asti reprend la chronologie des faits car ceux-ci ne sont pas nouveaux mais surtout fait état d’une situation de tension extrême qui nécessite de « sortir les jeunes de là » le plus rapidement possible car « ils sont poussés à bout », « harcelés ». « Nos associations rencontrent régulièrement des mineurs non accompagnés. Plusieurs d’entre eux, pris en charge dans le cadre de la protection de l’enfance, se sont plaints de leur conditions de vie au sein de l’établissement l’Hermitage à Martillac. La structure d’accueil était dédiée à l’origine à l’accueil de 5 jeunes “avec des problèmes de comportement sévères”. À la fin de l’hiver, des jeunes qui étaient hébergés en gymnase ont été placés dans ce foyer par la protection de l’Enfance. Ils étaient 35. » Précipitation, manque d’anticipation et peut-être de moyens, d’après les témoignages, la situation est tout de suite catastrophique et les faits cités sont graves. Sur demande des associations, le service de l’Enfance du Conseil départemental a procédé à une inspection le 25 mai qui a débouché sur des injonctions à réduire le nombre de jeunes par chambre, à réparer
les sanitaires et à les ouvrir la nuit, à séparer les publics, à aménager les tétodrons avec eau, électricité et traitement antimoustiques. Un audit devait être réalisé en fin d’année. Les paniers repas des apprentis sont tellement insuffisant que les employeurs s’en émeuvent
Mais les plaintes des jeunes ont continué à parvenir aux associations durant l’été. « Ils ont pris conscience que les conditions de vie qu’on leur imposait n’ étaient pas normales », assure l’ASTI approuvée par les personnes présentes. Harmonie Lecerf liste alors les problèmes recensés auprès des jeunes ou des salariés et c’est effarant. Il y a les problèmes matériels : manque de vaisselle au point que de certains découpent des bouteilles de lait pour se faire un bol, sanitaires défectueux, chambres surchargées (jusqu’à 7 dans 9 m2) sans meubles de rangement, les tétrodons (petit habitat modulable) en état d’insalubrité, non isolés ni du chaud ni du froid, absence d’espace de travail pour les jeunes scolarisés, 2 chambres sans fenêtre ni lumière, panier repas insuffisants pour les jeunes en apprentissage (au point que les employeurs s’en émeuvent)… Il y a les problèmes administratifs et éducatifs : courrier mal distribué ou ouvert, information administrative sur les droits inexistante ou tardive, absence de suivi des scolarités, absence de comptes-bancaires pour les apprentis qui cumulent plusieurs mois de salaires en chèque qu’ils ne peuvent encaisser, des tenues professionnelles non financées, des jeunes auraient été mis à la rue à leur majorité et prévenus le jour même, défaut d’accompagnement dans l’accès au soin… Les bénévoles associatifs rappellent qu’il s’agit de jeunes mineurs d’origine subsaharienne qui ont vécu « des parcours très traumatiques », sont souvent « passés par la Lybie où ils ont subi tortures et abus sexuels », certains ont été « repêchés sur des bateaux », en arrivant en France ils ont souvent
vécu des mois d’errance avant d’être reconnus mineurs et pris en charge par les services départementaux. Pas étonnant donc que la tension monte et là encore le collectif évoque des incidents graves : « des récits relatifs à des menaces verbales ou physiques, à des pratiques (ou tentatives) d’intimidation, nous semblent particulièrement inquiétants. Des faits tels qu’une chute dans l’escalier après une bousculade impliquant un membre du personnel, ou une tentative récente de défenestration, s’ils sont avérés, font craindre que la situation ne dégénère gravement mettant en danger les jeunes et le personnel éducatif. » Il y a, le jour de la conférence de presse, une vingtaine de personnes. Si les moyens dont dispose Emmaüs pour faire fonctionner ce foyer font un peu débat, personne ne remet en cause les situations et la tension évoquées. Une intersyndicale Sud et CGT avait même déjà interpellé le Département et la préfecture sur la dégradation des conditions de travail, notamment dans ce foyer, avec un encadrement insuffisant et déqualifié, des licenciements, des démissions, une multiplication des arrêts maladie, un fonctionnement en suractivité, etc. Comme les autres salariés, anciens ou actuels présents, Richard Magoudoux témoigne d’un « management autoritaire ». « Moi j’ai 62 ans, je ne me suis pas laissé faire, j’ai donc été licencié, comme par hasard juste après l’inspection du département où j’avais montré les tétrodons pourris, les 30 gamins entassés dans 4 chambres ». Interrogée par Sud Ouest (art. d’Élisa Artigue-Cazcarra, le 23/11/2018), Emmanuelle Ajon, vice-présidente du Département en charge de la protection de l’enfance, confirme que des améliorations rapides avaient été demandées à Emmaüs et affirme que des « contrôles inopinés ont constaté des progrès qui doivent se poursuivre ». Elle évoque l’urgence de mettre à l’abri ces jeunes au printemps, qu’Emmaüs a accepté d’accueillir, moyennant financement du Département. Pascal Lafargue, président-directeur d’Emmaüs Gironde, également interrogé dans le quotidien régional, évoque des « attaques importantes d’anciens salariés et d’un collectif d’associations » et de « rumeurs invraisemblables ». « Déni » avait prévenu les associations qui ont obtenu que plusieurs enquêtes soient diligentées. En attendant, elles espéraient vraiment que les jeunes avec lesquels elles sont en contact soient sortis de ce foyer, ce que pourrait permettre l’ouverture prochaine d’un foyer à La Réole, à condition que jeunes et salariés y soient mieux traités… C.D.
INTERNATIONAL BRÉSIL
Noam Chomsky : « Exercer des pressions pour libérer Lula »
Noam Chomsky, devant les sympathisants de Lula à la prison de Curitiba, en septembre.
Le grand intellectuel nord-américain s’est rendu à la prison de Curitiba pour rencontrer l’ancien président Lula. Dans un entretien réalisé par Jérôme Skalski pour l’Humanité du 26 novembre, il montre en quoi sa détention s’inscrit dans un coup d’État politique qui a abouti à l’élection de Bolsonaro.
Pourquoi est-il urgent et nécessaire de libérer Lula ? Noam Chomsky. Pour la raison très simple que Lula da Silva est le prisonnier politique le plus considérable au monde aujourd’hui. Les sondages d’opinion menés en 2018 indiquaient que Lula était le mieux à même de remporter les élections brésiliennes en octobre. Il a été envoyé en prison avec une peine à perpétuité virtuelle,
en isolement cellulaire, empêché de recevoir des journaux et, surtout, interdit de faire toute déclaration publique – un droit reconnu même aux meurtriers. Abstraction faite du moment choisi, même si nous devions croire les accusations, fondées sur des témoignages faits dans le cadre de négociations de peine, la sentence est si disproportionnée qu’il ne fait aucun doute que c’était un acte de répression politique, une autre étape du coup d’État de droite en cours au Brésil depuis plusieurs années. Vous parlez d’un coup d’État au Brésil, analyse qui n’est pas partagée par les gouvernements de ce qu’on appelle les « grandes démocraties occidentales ». N.C. La première étape principale de ce coup d’État a été la destitution de
Dilma Rousseff, qui a succédé à Lula, sur la base d’accusations dérisoires, par une bande de voleurs et de gangsters. L’un d’eux, se déshonorant encore plus qu’à son ordinaire, a dédié son vote au principal tortionnaire de la dictature militaire, responsable des actes de torture subis par Dilma. Il s’appelle Jair Bolsonaro, le favori néofasciste de l’élite brésilienne de droite, propulsé vers la victoire au moyen d’une aide substantielle et grâce à une campagne massive de tromperie et de diabolisation du Parti des travailleurs (PT) dans les médias sociaux, source principale d’« information » pour une grande partie de la population, la chose appuyée sur une longue campagne de l’oligopole médiatique. Les succès de Lula, au pouvoir de 2003 à 2010, ont été occultés lors de la campagne électorale. Nous pouvons nous tourner vers cette source peu connue pour son
enthousiasme pour la gauche qu’est la Banque mondiale. Dans son rapport de mai 2016, celle-ci décrit le mandat de Lula comme une « décennie d’or ». L’étude de la Banque indique que, au cours de ces années, « les progrès socio-économiques du Brésil ont été remarquables et remarqués au niveau international. Depuis 2003, le pays a été reconnu pour ses succès dans la réduction de la pauvreté et des inégalités, et pour sa capacité à créer des emplois. Des politiques novatrices et efficaces, visant (…) à assurer l’inclusion de groupes auparavant exclus, ont permis à des millions de personnes de sortir de la pauvreté ». En outre, sous la direction du président Lula et de son ministre des Affaires étrangères, Celso Amorim, « le Brésil a assumé des responsabilités mondiales. Il a réussi à soutenir sa prospérité économique, tout en protégeant son patrimoine naturel unique. Le Brésil est devenu l’un des plus importants nouveaux donateurs émergents, avec de conséquents engagements, notamment en Afrique subsaharienne, et un acteur de premier plan dans les négociations internationales sur le climat. La trajectoire de développement du Brésil au cours de la dernière décennie a montré qu’une croissance avec une prospérité partagée, mais équilibrée avec le respect de l’environnement, est possible ».
créée par le boom des produits de base, mais insoutenable dans l’environnement international, moins tolérant d’aujourd’ hui ». Il répond à cette affirmation par un « non » qualifié. Il n’y a aucune raison pour que les gains socio-économiques récents soient inversés ; en fait, ils pourraient bien être étendus avec les « bonnes politiques ». Ces bonnes politiques devraient inclure des changements radicaux dans le cadre structurel général qui a été laissé en place pendant les années Lula-Dilma, lorsque les demandes de la communauté financière ont été prises en compte. La ploutocratie et le monopole médiatique soutiennent que les politiques sociales ont asséché l’économie, mais en réalité des études économiques montrent que l’effet multiplicateur de l’aide financière aux pauvres a amélioré l’économie alors que c’était le loyer financier des taux d’intérêt usuraires et autres dons à la finance qui ont été la véritable cause de la crise de 2013 – une crise qui aurait pu être surmontée par les bonnes politiques. Mais le gouvernement du PT peut-il être exempté de ses responsabilités ?
N.C. Il l’a été par certains Brésiliens, mais pas par ceux qui détiennent le pouvoir économique. Ce rapport de la Banque mondiale rejette l’opinion commune selon laquelle les progrès substantiels étaient « une illusion
N.C. Il y a beaucoup à critiquer à propos de la politique du PT au pouvoir pendant la décennie d’or, mais ce n’est pas la raison du coup politique qui a fait taire le personnage politique le plus populaire au Brésil dans un régime carcéral scandaleux, juste au moment où il se préparait à gagner les prochaines élections. Des pressions internationales doivent être exercées pour libérer Lula et renverser la tendance du Brésil à être entraîné vers les jours les plus sombres qu’il ait connus de son histoire.
ce traité a sévèrement mis en garde sur l’augmentation des émissions de gaz à effets de serre que va engendrer l’intensification du transport maritime entre l’Europe et le Canada. Il a également alerté sur les investissements dans les industries carbonées comme celle très polluante du pétrole de sables bitumineux, dont le Canada est la seconde réserve mondiale. Alerté par des élus, des associations et le combat de Paul Magnette en Belgique, le gouvernement français et l’Union européenne aurait pu, depuis plus d’un an, renégocier la partie du traité décrétant la mise en place de tribunaux arbitraux privés. Ces tribunaux ont, au nom de la levée de toute entrave au libreéchange, le pouvoir de passer outre les lois nationales et européennes dès lors que ces dernières “menacent” la liberté d’une entreprise étrangère d’accumuler toujours plus de profit. L’État canadien a déjà eu à en souf-
frir puisqu’il a été poursuivi devant de tels tribunaux par des firmes des États-Unis. Par ailleurs, une entreprise canadienne, Vermilion, considérant que la loi Hulot prévoyant la fin de l’exploitation des hydrocarbures allait à l’encontre de ses projets a menacé de déférer l’État français devant un tel tribunal privé international. Comme quoi ces traités de libre-échange ne sont négociés que pour servir les intérêts du capital international. Le combat pour démanteler ces machines de guerre contre la souveraineté populaire doit s’amplifier. Si un seul des Parlements de l’Union européenne refuse cet accord, il tombera. C’est l’un des enjeux des élections européennes. Il n’est pas trop tard pour rejeter ce traité et proposer un autre accord de coopération favorable aux salariés, aux consommateurs, à la santé, à l’environnement et à l’emploi. »
Pourquoi ce bilan a-t-il été une cible de choix au cours de la présidentielle et ne semble pas avoir été reconnu par les Brésiliens ?
CETA
Il n’est pas trop tard
Le traité de libre-échange avec le Canada (CETA) est appliqué de manière « provisoire » depuis le 21 septembre 2017, sans vote d’approbation du Parlement. Mais pour Patrick Le Hyaric, « il n’est pas trop tard pour rejeter ce
traité et proposer un autre accord de coopération ». Ci-dessous un article du 23 novembre. « En principe, tous les États européens auraient dû se prononcer avant la fin du mois de septembre dernier
sur son application définitive. Seuls la Lituanie, la Lettonie, le Danemark, la Croatie et le Portugal l’ont ratifié. Aucune date de ratification n’est encore avancée pour son adoption par le Parlement français. En dehors de toute légalité, ce traité est donc appliqué, alors que les experts canadiens mettent en évidence l’absence de garanties sur la qualité des farines animales, les activateurs de croissance utilisés dans l’élevage, l’étiquetage des produits contenant des organismes génétiquement modifiés et la nature des pesticides autorisés de l’autre côté de l’Atlantique. Aucune garantie n’est donnée sur la circulation de saumons nourris aux OGM que commercialise la société Aqua Bounty. Ajoutons qu’au moment où le gouvernement essaie de faire croire qu’il augmente les taxes sur les carburants pour protéger le climat, le groupe d’experts mandaté par luimême pour donner une opinion sur
Les Nouvelles 29 novembre 2018 • 5
PCF CONGRÈS DU PCF
Les communistes ouvrent une nouvelle page
Standing ovation des congressistes devant le discours ému de Pierre Laurent qui souhaite bonne chance à Fabien Roussel et aux communistes dans les combats qui les attendent.
Nouveau logo, nouveau texte d’orientation, nouveau secrétaire national, les communistes réunis en congrès ce week-end à Ivry-surSeine (Val-de-Marne) ont adopté à une très large majorité un « manifeste » profondément remanié et élu leur nouvelle direction. Nouvelle image et rassemblement dans ses rangs. Ce sont les signaux envoyés par le PCF lors de son 38e congrès, tout au long du weekend à Ivry-sur-Seine (Val-de-Marne). Un nouveau secrétaire national et même un nouveau logo ont émergé de ces trois jours durant lesquels quelque 800 communistes se sont réunis. Dimanche 25 novembre, le député du Nord Fabien Roussel a ainsi officiellement succédé à Pierre Laurent à la tête du PCF, tandis qu’une étoile rouge surmontée d’un bourgeon est devenue le nouvel emblème des communistes. Côté rassemblement, même si toutes les tensions n’ont pas été gommées en un week-end, une liste unique de candidatures pour
le conseil national de la formation a finalement été présentée et adoptée avec 442 voix (sur 569 votants et 736 inscrits). « Les gilets jaunes, les blouses blanches, les robes noires de la justice, mais aussi les cols bleus des usines ont des raisons de donner de la voix ! » lance tout juste élu le nouveau dirigeant lors de son discours de clôture, dimanche, décrivant les conséquences de la vie chère ou de l’austérité sur les services publics. « La France ne manque pas de moyens, loin de là, ajoute-t-il. Mais ils ne profitent qu’à une minorité. Une infime minorité qui prospère insolemment. Ce sont eux les véritables assistés de la République ! » assène le député du Nord. Le PCF lancera une pétition contre le coût du capital et pour le pouvoir d’achat dans les prochains jours, annonce-t-il. Dans la salle, la veille déjà, toutes les mains s’apprêtent à se lever pour plébisciter une motion contre la vie chère et pour relever le défi écologique lire page 7. « Dès le 1er janvier 2019, l’impulsion doit être donnée d’une augmentation générale des salaires et des pensions dans le public
5 girondins à la direction nationale Vincent Boivinet, Sophie Elorri, Sébastien Laborde, Maryse motnangon et Danielle Trannoy ont été reconduits comme membres du Conseil national du PCF.
6 • Les Nouvelles 29 novembre 2018
comme dans le privé, le Smic doit être augmenté de 200 euros net », y écrivent les communistes. « La planète brûle, les peuples souffrent, le capital se gave »
Dès l’ouverture des travaux, vendredi, la tonalité est la même. « La planète brûle, les peuples souffrent, le capital multinational se gave, les Gafam veulent diriger le monde. La paix n’est plus un acquis mais une urgence. Le racisme, l’antisémitisme, l’homophobie et l’exclusion se banalisent à nouveau », alerte d’entrée de jeu Pierre Laurent, appelant son parti à « ouvrir le chemin d’une alternative à la politique de Macron qui ne soit pas le chemin de peur, de guerre sociale et de division, mais celui d’une autre organisation des rapports humains, sociaux et démocratiques ». Pour son dernier congrès en tant que secrétaire national, le sénateur de Paris, qui devrait devenir président du conseil national du PCF, a été salué par une longue ovation de la salle. (…) (…) Le texte adopté samedi soir à 87,23 % des voix (567 pour, 83 contre et 25 abstentions) a été profondément remanié. « C’est le fruit de longues heures de travail, nous avons examiné plus de 7 000 amendements », annonce d’emblée Guillaume Roubaud-Quashie, l’un des coanimateurs de la commission du texte chargée de proposer une nouvelle version du « manifeste » tenant compte des propositions issues des congrès départementaux. En séance, la plupart des votes obtiennent une large majorité. De quoi contenter presque tout le monde. « Je me réjouis que beaucoup de nos innovations, laissées temporairement de côté lors du vote de la base commune, sont réintroduites dans le texte », explique Pierre Laurent. Les dimensions écologiste, féministe, antiraciste du combat communiste notamment ont été renforcées. Pas de quoi cependant satisfaire les signataires d’un autre texte alternatif (« Pour un printemps du communisme », 12 % des voix en octobre). La députée Elsa Faucillon ou l’historien Frédérick Genevée ne feront pas partie de la future direction. « Nous prenons acte de la réorientation stratégique que (le congrès) a choisie, mais nous ne la
Devant le nouveau logo du PCF, Ian Brossat, désormais officiellement tête de liste des communistes aux élections européennes avec Marie-Hélène Bourlard, militante syndicale qu’on a pu voir dans le film de François Ruffin, Merci Patron !
partageons pas », expliquent-ils. (…) Le PCF mise sur une « union populaire agissante »
Sur des points clés, l’orientation a évolué au fil des débats. En termes de stratégie, après l’échec du Front de gauche et le sentiment d’avoir été humilié par Jean-Luc Mélenchon lors de la dernière présidentielle, le PCF mise sur une « union populaire agissante », s’appuyant sur des « fronts de lutte sectoriels pour faire progresser des objectifs précis de transformation sociale, écologique, démocratique ». Fabien Roussel a d’ailleurs lancé dès ce weekend un appel à la gauche pour, avec les communistes, exiger d’Emmanuel Macron la tenue d’un « Grenelle des salaires » pour répondre à la colère sur la vie chère. Les alliances électorales à gauche, « sans partenaire privilégié a priori », ne sont pas exclues non plus, même si le PCF entend « être présent avec (ses) candidats à toutes les élections ». Travaux pratiques avec les élections européennes de mai 2019 : les communistes, après un intense débat, ont décidé de continuer de tendre la main à gauche, tout en « propos(ant) la candidature de Ian Brossat comme tête d’une liste de large rassemblement ». Pas fermé à la discussion, Pascal Cherki, présent à Ivry pour Génération.s, précise : « Beaucoup de paramètres sont à prendre en compte sur ces questions, notamment d’efficacité électorale, mais ça doit venir après. D’abord on doit discuter du fond. » La fraternité, chère aux communistes, a aussi ponctué ce week-end de débats. À l’instar de ce moment où tous les congressistes debout entonnent le refrain de la Jeune Garde, l’hymne du Mouvement des jeunes communistes, pour saluer le discours de sa secrétaire générale, Camille Lainé. « Nous agissons et ne laisserons aucun millimètre de terrain à l’extrême droite ! » clame-t-elle, liste à l’appui des nombreux combats mené par le MJCF (de la mobilisation pour la paix en Palestine aux solidarités concrètes aux côtés des jeunes, en passant par la lutte contre les violences sexistes). La détermination gagne aussi la salle, quand des syndicalistes viennent
raconter leurs luttes. « C’est là qu’est notre place, aux côtés des “Arjo”, des salariés de GE Hydro, des GM&S, des Ascoval, aux côtés des familles mal logées ou des réfugiés traités comme des moins que rien », assure Fabien Roussel en clôture, avant de lancer aux siens : « Soyons fiers de nos engagements militants et de nos combats ! » Julia Hamlaoui, l’Humanité du 26/11/2018
Témoignages La volonté d’avancer tous ensemble Militante syndicale au sein de la fédération CGT des cheminots, ce fut mon premier congrès en tant que déléguée. Assister à un congrès extraordinaire n’est pas rien. Entourée des camarades de ma délégation très attentifs et à mon écoute, ces 3 jours auront été placés sous le signe de la fraternité. Le travail réalisé en amont par les commissions nationales des candidatures et du texte ont permis d’aborder le congrès en toute sérénité. Les débats y ont été riches comme en atteste les nombreux amendements étudiés et soumis aux votes. La volonté d’avancer tous ensemble y était prégnante. Le discours de clôture à été très dynamique avec en ouverture Ian Brossat, notre tête de liste aux élections Européennes, avec à ses côtés notamment Marie-Hélène Bourlard qui, si elle est élue, sera la première femme ouvrière à rentrer au Parlement européen ! Je suis fière d’être adhérente d’un parti qui mieux que de prôner des valeurs, les met en pratiques. Fabien Roussel a conclu le congrès en portant des propositions innovantes comme le prélèvement à la source des bénéfices des multinationales avant qu’ils ne s’évadent dans les paradis fiscaux. Corinne Villa, section des Cheminots
PCF Un congrès manifestement inédit ! Première expérience sur un congrès du PCF : moments intenses de doutes, de colères et d’espoirs qui s’expriment dans les interventions des délégué-e-s. Loin de l’aridité d’un débat de spécialistes, ce congrès extraordinaire restera comme un grand moment de vérité-s pour les communistes. Réorientation, volonté de transformation et clarté sont les trois expressions qui reviennent en plénière comme dans les moments de pause. Le congrès des « règlements de compte » dénoncé à priori par les esprits chagrins fut en fait celui des communistes rassemblés et unis dans la diversité. Une seule liste au CN au final pour des objectifs fraîchement débattus sur l’Europe comme sur le pouvoir d’achat. Un nouveau secrétaire national avec Fabien Roussel. La décision, enfin actée, de proposer Ian Brossat
comme « tête de liste » d’un large rassemblement aux européennes. Et surtout, le Manifeste, discuté, amendé et approuvé par 87 % des délégué-e-s, est maintenant le chemin des communistes. Évidemment, nos travaux ne serviront à rien si nous n’avons pas la volonté de faire vivre les décisions, l’imagination et le courage pour mettre en mouvement le plus grand nombre de nos ami-e-s, collègues, concitoyen-e-s. En quittant Ivry, j’ai une pensée pour ces camarades d’autrefois qui nous précédèrent sur la barricade des luttes et qui ne reculèrent devant aucun sacrifice : l’étoile de notre nouveau logo est d’abord la leur. Stéphane Bailanger, Section de Mérignac
Y’a plus qu’à… « C’était un congrès riche en débats, avec des moments poignants notamment lorsque des militants ont évoqué leur vécu et leurs luttes sur leur lieux de travail, dans le domaine de la santé surtout ou encore cette cheminote qui a raconté le conflit du printemps et les raisons de ce conflit. Moment fort aussi avec les jeunes communistes très enthousiastes et engagés à fond. Ce congrès était aussi bien chargé, avec des journées qui se sont terminées à 23h30. Si un patron m’avait fait ça, j’aurais posé la caisse à outils ! Pourtant, deux jours et demi c’était trop restreint pour débattre et amender
les six chapitres du texte. Certains, comme sur l’Europe ou sur le bilan, auraient mérité un plus large débat afin que ce congrès soit vraiment extraordinaire. Personnellement, je regrette aussi que la discussion sur les statuts n’ait pas été à l’ordre du jour. Néanmoins, de bonnes décisions ont été prises comme celle de renforcer l’organisation du Parti, y compris dans les entreprises, maintenant il n’y a plus qu’à… »
Retour du Congrès national et un raton laveur. Un train, inoui ! / Quatorze camarades / la pluie, le brouillard du Val de Marne / Et un congrès du PCF / Fabien, Cécile au micro / Pierre, Fabien l’autre, Ian / Mais pas MarieGeorges / Et un congrès du PCF / Un texte, des amendements, combien ? / Deux minutes de parole / Pas davantage, quoi que… / Et un congrès du PCF / Les jeunes, les syndicalistes / Assa, le Brésil / Lula dans nos cœurs et en prison / Et un congrès du PCF / Plusieurs milliers d’amendements, / Des heures, des heures, des heures / Le Chiffon rouge, La jeune Garde, l’Internationale, / L’Hymne des femmes, debout, debout / Un verre de bière sur un pantalon / Les selfies de Stéphane / Un CN pléthorique, marchands de tapis / Tiens, Elsa est là / Elle ne connait plus les paroles / de l’Internationale / Et un congrès du PCF / Un tête de liste, hourra ! / Un secrétaire national, un président du CN, / la parité dans tout ça ? / Des émotions, des larmes, des rires, fous / Des embrassades / Du rouge, du rouge et un logo / On n’est pas un parti comme les autres, / le 38e congrès du PCF.
MARCHÉDENOËL
S O L I D A I R E le 7 décembre dès 16h30 et le 8 décembre dès 9h 15 rue furtado, 33800 Bordeaux Exposants : la Librairie La Renaissance, L’échoppe de Pantanassa (huile d’olive…), crus, châteaux et tradition (vins), thé 1336, produits de canard frais, lamproie, guinettes, Artisans du Monde (jeux et jouets), France Palestine (artisanat), Mado Lenoble (céramique), Fadela Benazza (bijoux fantaisies), José Ovejero (peintures) Alexandra Rosco (peinture et pains chiliens), objets de décoration, livres politiques (PCF).
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Bernard Sengayrac, section de Haute-Lande
Louisette Ménager, section du Sud Gironde LIBRAIRIE
Les Amis de la Renaissance
GILETS JAUNES
Le PCF adopte une motion de soutien au mouvement contre la vie chère Extrait de la motion adoptée à Ivry le 24 novembre. « Qu’ils portent des gilets jaunes, des blouses blanches ou des robes noires, des millions de femmes et d’hommes n’acceptent plus le sort qui leur est fait. Ils le disent haut et fort : «Trop, c’est trop ! On ne peut continuer à vivre avec des salaires de misère, des pensions sans cesse rognées, des allocations sacrifiées sur l’autel de l’austérité. » Nous sommes des leurs ! Ce gouvernement au service de la finance a multiplié les cadeaux fiscaux à une poignée d’ultra riches. De l’autre, il aggrave les difficultés et la précarité pour les salariés, les privés d’emplois, les jeunes, les retraités. Les femmes en sont les premières victimes. Nous disons que la transition écologique, vitale à l’heure où l’humanité est menacée de terribles catastrophes, ne peut être menée à bien sans progrès social et sans changer notre modèle économique. Avec les femmes et les hommes mobilisés dans les rues, dans les entreprises, dans les quartiers, nous voulons une économie au service de l’humain. Il faut une autre utilisation de l’argent
pour produire autrement, pour partager les richesses créées par le travail. L’heure est à la conquête de nouveaux pouvoirs, de l’entreprise à la République, jusqu’à l’Union Européenne. Il faut cesser de culpabiliser la majorité de notre peuple. Pour que chacune et chacun puisse vivre dignement, il y a besoin d’augmenter les salaires, les pensions, les minima sociaux. Il y a besoin de services publics réhabilités (école, écologie, recherche, système de santé, culture, accessibles à toutes et tous), d’investissements massifs dans les transports collectifs, la rénovation énergétique des logements. Les moyens pour y parvenir existent. Partons à leur conquête ! Le gouvernement doit répondre à la souffrance et à la colère du pays. Dès le 1er janvier 2019, l’impulsion doit être donnée d’une augmentation générale des salaires et des pensions, dans le public comme dans le privé : le SMIC doit être augmenté de 200 euros nets. Les négociations doivent s’ouvrir au plus vite dans toutes les branches professionnelles comme dans la fonction publique. Pour financer la transition écologique d’autres choix fiscaux, budgétaires et
financiers s’imposent, dès la Loi de Finances 2019. Comme l’a fait notre chef de file pour les élections européennes, Ian Brossat, nous exigeons : • de ramener le taux de la TICPE à son niveau de 2017 et l’affecter réellement à la transition écologique, • une taxation exceptionnelle des 10 milliards de profits annuels des compagnies pétrolières , • la taxation du kérosène, • le maintien des lignes ferroviaires de proximité, menacées de fermeture, le développement du fret ferroviaire, • le retour à une TVA de 5,5 % sur les transports en commun. Et revenir sur l’ensemble des mesures fiscales en faveur des plus riches et des profits (ISF…). Solidaires de celles et ceux qui se mobilisent pour le pouvoir d’achat et contre l’austérité, engagé dans toutes les luttes pour les droits sociaux et pour l’emploi, appelant à faire un grand succès de la journée syndicale du 1er décembre, le Parti communiste français, réuni en congrès, est plus que jamais déterminé à faire monter cette exigence fondamentale : l’Humain d’abord ! »
À l’occasion du marché de Noël des 7 et 8 décembre les Amis de la Renaissance auront le plaisir de vous accueillir sur le stand de la librairie avec des nouveautés. Vous pourrez y trouver, entre autres, le dernier Goncourt Leurs enfants après eux, Les raisons de la colère sur la face cachée des châteaux Bordelais par Ixchell Delaporte, Retour de lame le dernier polar de Philippe Médiavilla et Taqawan d’Eric Plamondon qui sera présent sur le stand le samedi à 14h. Sans oublier un grand choix de livres économiques, politiques, des polars, de la littérature, jeunesse notamment. Rencontre dédicace avec Éric Plamondon. L’écrivain Éric Plamondon a reçu, mardi 13 novembre 2018, le prix France-Québec de littérature et Le Prix des chroniqueurs de Toulouse Polars du Sud pour son roman Taqawan, publié aux Éditions Quidam en France en janvier 2018. « Ici, on a tous du sang indien et quand ce n’est pas dans les veines, c’est sur les mains. » Le 11 juin 1981, trois cents policiers de la sûreté du Québec débarquent sur la réserve de Restigouche pour s’emparer des filets des Indiens mig’maq. Emeutes, répression et crise d’ampleur : le pays découvre son angle mort. Une adolescente en révolte disparaît, un agent de la faune démissionne, un vieil Indien sort du bois et une jeune enseignante française découvre l’immensité d’un territoire et toutes ses contradictions. Comme le saumon devenu tagawan remonte la rivière vers son origine, il faut aller à la source… Histoire de luttes et de pêche, d’amour tout autant que de meurtres et de rêves brisés, Taqawan se nourrit de légendes comme de réalités, du passé et du présent, celui notamment d’un peuple millénaire bafoué dans ses droits.
SOUSCRIPTION
Tout versement par chèque ouvre droit à une réduction fiscale de 66% du montant versé. (chèque à l’ordre de ADF PCF 33). Les ressources financières du Parti communiste sont transparentes. Votre don, aussi modeste soit-il, contribuera efficacement à la démocratie, à l’expression et la prise d’initiative du Parti communiste. Cet ensemble sont les éléments majeurs pour continuer notre combat dans l’ambition d’une gauche forte et alternative. Les versements sont à envoyer à la fédération de Gironde du PCF - 15 rue Furtado - 33800 Bordeaux, à l’ordre de l’ADF PCF 33
ILS ONT DONNÉ 2 670 euros : M. GAI Christian, Yvrac ; Mme GARBISO Eliane, St-Seurin ; Mme GRANDJEANDEMAREST Violette ; Blanqueford ; Mme LAPEBIE Simone, Salles ; M. RODRIGUEZ Raymond, Gauriac
Les Nouvelles 29 novembre 2018 • 7
CHRONIQUE
MÉMOIRE
NOUVELLES IDÉES REÇUES
PROCÈS PAPON
par Gérard Loustalet Sens www.nir-33.fr
20 ans après, toujours des interrogations Alors que la chaîne régionale NoA (France3 Nouvelles Aquitaine) revient sur le procès à Bordeaux de Maurice Papon, 20 ans après, Laurent Guinard, cameraman se souvient… et s’interroge encore. Pour comprendre les étapes majeures du procès historique que fut celui de Papon, la toute jeune chaîne régionale NoA (1) diffuse des chroniques expliquant et contextualisant les moments marquants de ces six mois d’audiences, enrichies de témoignages… Des 495 heures enregistrées sur bandes vidéos, 15 heures d’extraits ont été choisies et aussi présentées, à raison de 90 minutes par soirée. Dans l’équipe technique du réalisateur Stéphane Bihan, il y a Laurent Guinard, chef opérateur prise de vue. Il y a 20 ans, il filmait le procès Papon. Il nous raconte. « Le procès Papon était le troisième procès filmé en France après ceux de Touvier et Barbie. Je travaillais depuis 6 ans et c’était mon premier contrat de caméraman avec une société privée missionnée pour les Archives nationales. On enregistrait sur cassettes. Tous les soirs, le réalisateur donnait les cassettes en main propre au président de la Cour qui, lui-même, les remettait à un employé des Archives nationales dont le véhicule était escorté par la police. Et ce, chaque jour. C’était impressionnant. On m’avait appelé pour 2 mois, finalement ça a duré 6 mois. Je connaissais la Shoa, la Résistance mais je ne connaissais pas la collaboration, en tout cas, je n’avais pas conscience de ce qu’avaient été Pétain et le gouvernement de Vichy. J’avais 30 ans, l’âge de Papon en 1942, ça m’a parlé. En filmant ce procès, j’ai eu le sentiment de faire une bonne action, de travailler pour l’Histoire. Je me souviens d’un militant communiste venu parler de la Résistance (2), un des premiers témoins de la partie civile. Il y avait encore une flamme, une fierté de ce qu’ils avaient fait car ils avaient très vite pris la mesure de ce qu’étaient Hitler et Pétain. Je me souviens de sa dignité et d’avoir aimé son discours mais aussi qu’il était un peu pris de haut. Je me souviens aussi de Robert Owen Paxton, un historien américain qui a beaucoup étudié le gouvernement de Vichy et les lois sur les juifs. Ce ne sont pas les Français qui ont fait ce boulot les premiers. Mais si je devais garder un seul
souvenir de ce procès, ce serait le témoignage pour la partie civile d’Esther Fogiel. Elle a 8 ans en 1942, quand les premières rafles arrivent. Toute sa famille part. Ses parents sont emmenés au camp de Mérignac-Beaudésert puis convoyés par les gendarmes et les policiers français jusqu’à Drancy. De là, ils partiront pour Auschwitz où ils seront gazés deux jours après. Esther est placée dans une famille de paysans où elle se fait violer. Au procès, elle raconte toute son histoire en pleurant. Elle a une soixantaine d’année, elle est debout. Tout le monde regarde la photo de sa famille réunie pour un mariage sur le grand écran, elle explique que toutes les personnes sur cette photo sont mortes. Il y a à ce moment-là une émotion incroyable dont je me souviendrai toute ma vie. Même Papon fait profil bas. Dans les derniers convois, il y avait aussi les enfants, les vieillards… Papon a signé les papiers pour qu’il en soit ainsi. Il était père de famille. Comment on peut faire ça et embrasser ses enfants en rentrant le soir ? Pour moi, cet homme est toujours un grand mystère auquel je réfléchis encore. C’était quelqu’un de brillant, avec beaucoup de mémoire et de charisme et je ne crois pas qu’il ait été antisémite. Quand il parle, c’est la IIIe République qui parle. C’était surtout un carriériste comme il y en a plein. Quand il était au boulot il n’était plus un être humain, il était désincarné. C’était un homme de l’État, il avait foi en sa carrière et il avait raison puisqu’il a même été ministre du Budget dans le gouvernement de Raymond Barre (Ndlr : de 1978 à 1981). Ce qui est sûr, c’est qu’il n’a pas été forcé contrairement à ce qu’il a essayé de faire croire. Il aurait pu démissionner. Jean Moulin aussi a été préfet mais s’il a été torturé ce n’est pas pour avoir démissionné mais pour avoir résisté. Papon a été condamné à 10 ans de réclusion pour complicité de crime contre l’humanité. La grande question est : est-ce qu’on savait que les juifs déportés allaient à la mort ? Si on ne savait pas alors pourquoi les paysans de Rions des Landes cachaient des enfants juifs ? Je me souviens que lorsqu’il a été demandé à Papon s’il ne s’est pas posé de question quand, à partir de 43, les enfants et les vieux faisaient aussi partie des convois, il a parlé de regroupement familial, c’était indécent. En début de procès, Maurice Papon a fait un malaise. Alors que l’attention de tous est alors portée sur un témoin, j’ai une caméra pointée sur
lui dans laquelle je vois qu’il tremble et n’arrive pas à ouvrir sa boîte de médicaments. Je le signale au réalisateur qui signale au président de la Cour comme l’exige le protocole. La séance est tout de suite suspendue. Si je ne l’avais pas signalé, quelqu’un d’autre l’aurait signalé mais il s’avère que c’est moi qui ai sauvé Papon, il était en train de faire un malaise cardiaque. J’avoue avoir hésité une seconde mais moi, je ne suis pas désincarné. Et puis, plus d’accusé, ça voulait dire plus de procès or la France n’avait pas encore à l’époque fait son travail de mémoire et ce procès a permis d’avancer, de prendre conscience pleinement de ce qu’avait été Vichy. Jusque-là, on glissait encore la poussière sous le tapis. Pour moi, cela a été 6 mois de leçon d’histoire, avec des moments douloureux et même parfois trop mais cela fait maintenant partie de ma vie. » Propos recueillis par Christelle Danglot
(1) NoA, c’est la chaîne 100% régionale de la Nouvelle-Aquitaine, diffusée sur les box et sur Internet (https://france3-regions.francetvinfo.fr/ nouvelle-aquitaine/) en continu en direct ou replay. (2) Il s’agit d’Henri Chassaing, secrétaire fédéral du PCF en Gironde de la Libération à 1949. « Il avait organisé avec efficacité la Résistance dans les camps où il avait été successivement détenu, avant de pouvoir s’évader au printemps 1944 pour reprendre le combat à Nancy. Lors du procès, il a souligné avec force que l’appartenance de l’ancien haut fonctionnaire de Vichy à la Résistance relevait du «mythe». » (L’Humanité du 3 mai 2000)
Maurice Papon, ancien haut fonctionnaire de Vichy et ministre de la Ve République Maurice Papon, ancien haut fonctionnaire de Vichy et ancien ministre de la Ve République, est inculpé le 19 janvier 1983 de crimes contre l'humanité. Mais ce n'est que le 8 octobre 1997 que débute le procès, après 17 années de batailles juridiques. Parmi les plaignants, on compte 34 membres de la famille de Juifs déportés et 14 associations, qui se sont constituées parties civiles. Papon est accusé d'avoir fait déporter, entre juillet 1942 et mai 1944, près de 1 600 Juifs de Bordeaux vers Drancy. Le renvoi devant les assises de la Gironde ne concerne que 72 victimes déportées entre 1942 et 1944 et parentes des plaignants. Après six mois d'intenses débats, le 2 avril 1998, Maurice Papon est condamné à 10 ans de réclusion criminelle et au versement de l'équivalent de 700 000 euros aux parties civiles. La justice le remettra en liberté le 18 septembre 2002 en raison de son état de santé. Il meurt le 17 janvier 2007.
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8 • Les Nouvelles 29 novembre 2018
SCI DU PROGRES Au Bourg 33500 Lalande de Pomerol RCS Libourne 326 224 631 Aux termes d’une délibération en date du 02/11/2018, M. LARRIBAUD Claude, liquidateur de la société a prononcé la clôture de liquidation à ladite date. Radiation au RCS de Libourne Pour avis
La réhabilitation de la pédagogie Soyons clairs, la psychologie cognitive et les neurosciences peuvent apporter beaucoup à la pédagogie et doivent être présentes dans la formation des enseignants. Dans son dernier ouvrage, Stanislas Dehaene s’efforce de le démontrer avec enthousiasme, conviction, érudition et un certain manque de modestie (Apprendre ! Les talents du cerveau, le défi des machines, Odile Jacob, 2018). Il faut préciser que S. Dehaene, contrairement au ministre Blanquer, a une conception de l’enseignement résolument progressiste. Il cite volontiers Rousseau et Piaget qui sont, on l’a dit, les bêtes noires des Conservateurs. Il brocarde le cours magistral, ennuyeux et inefficace : « Le cours magistral n’est pas la meilleure manière. Tout ce qui engage l’attention de l’enfant conduit à de bien meilleurs résultats que le cours magistral » (Entretien sur France Culture, 24.10 2018). Il souligne le peu d’intérêt des notes et stigmatise l’évaluation punitive. Parmi ses « Treize maximes pour l’épanouissement des enfants », il signale : « Ne croyons pas que les enfants sont tous différents (…). L’imagerie cérébrale montre que nous possédons tous des circuits et des règles d’apprentissage semblables » (Apprendre !, p.315). Il insiste sur une pédagogie « (rendant) l’enfant actif, curieux, engagé, autonome» (p.316): c’est la définition même des pédagogies actives théorisées et pratiquées depuis longtemps par l’Education nouvelle dont la pédagogie Montessori, très en vogue en ce moment dans les classes moyennes, n’est qu’une des formes. Selon S. Dehaene , les circuits cérébraux qui constituent homo sapiens se sont structurés au cours de l’évolution de l’espèce par sélection darwinienne : « notre génome a internalisé le savoir des générations ancestrales qui nous ont précédés » (p.64). La plasticité du cerveau humain fait le reste : par exemple, il n’y a pas initialement de circuit cérébral du langage écrit, il va se constituer par « recyclage » des aires cérébrales dédiées à la vision et au traitement du langage parlé (p.189). S. Dehaene s’emballe parfois jusqu’à proférer cette curieuse tautologie selon laquelle « l’instinct d’apprendre une langue est inné » (p.114). Tous les comportements humains sont donc le résultat de phénomènes physico-chimiques dans le cerveau (influx électriques et décharges de neurotransmetteurs). C’est la notion d’homme neuronal introduite par Jean-Pierre Changeux (1983). Quiconque est acquis au matérialisme philosophique ne peut qu’aborder avec faveur cette affirmation. A condition de la compléter. Réduire « l’apprentissage social » à un « partage d’informations » est un peu léger. C’est oublier que les humains sont la seule espèce dont l’essentiel du patrimoine est extérieur à l’individu : c’est l’ensemble des savoirs et des connaissances stockés dans les livres, les bibliothèques, les musées, les cinémathèques et, aujourd’hui, avec le numérique dans la gigantesque encyclopédie universelle qu’est Wikipédia et, plus généralement, ce qu’on appelle le « Cloud ». Et puis, il faut être modeste. Lorsqu’on observe qu’une zone cérébrale est activée, on ne fait que constater une augmentation locale du débit sanguin. Un cerveau actif consomme de l’énergie, il a besoin de glucose et d’oxygène. L’IRMf permet d’observer en temps réel des variations de l’oxygénation du sang et des débits sanguins locaux. On peut ainsi établir une corrélation entre telle zone active du cerveau et tel comportement. Mais comment l’activité cérébrale produit-elle l’activité mentale ? On n’en sait toujours rien : le cerveau code et décode constamment les signaux électriques qui permettent aux neurones de communiquer, c’est le code neuronal… Nous ne savons pas comment ces schémas de codage sont convertis en fonctions mentales. La neurologie n’explique pas tout : la perception différentielle par les enfants des demandes de l’école ne doit pas grand chose aux circuits cérébraux mais bien davantage aux habitus, c’est-à-dire les manières de percevoir, de penser et d’agir construits dès l’enfance dans le milieu social d’origine… La bonne volonté de S. Dehaene n’est pas en cause, mais enfin on a tout de même l’impression qu’il enfonce parfois des portes ouvertes. Les enseignants ne l’ont pas attendu pour savoir l’importance de l’attention, de l’activité, de la curiosité (que la psychanalyse appelle pulsion de savoir), de la motivation de l’enfant à l’école. On lui sera néanmoins reconnaissant d’avoir, par ses préconisations, réhabilité la pédagogie, y compris contre son ministre.