Nouvelles N° 2285

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Jeudi 13 décembre 2018 - N° 2285 - Hebdomadaire - 15, rue Furtado - 33800 BORDEAUX - Prix : 0,80 euro

FLOP DE MACRON

LES GILETS JAUNES TOUJOURS DÉTERMINÉS ANNONCES DE MACRON

SMIC, PRIME, CSG…

LECTURE

Ford répond en sacrifiant l’emploi

Le compte n’y est pas

Des idées de cadeaux

P.2

P.3 et 4

P.5 et 6


ACTUALITÉ « ACTUALITÉS DE MARX ET NOUVELLES PENSÉES CRITIQUES »

CONFÉRENCE DE PRESSE, 10 DÉCEMBRE 2018

Des 11e rencontres très riches

Stationnement à Bordeaux : où en est la concertation ?

Du 28 novembre au 1er décembre, Espace Marx AquitaineBordeaux-Gironde organisait, à l’Université de Bordeaux & à SciencesPO Bordeaux, ses 11e Rencontres « Actualités de Marx et nouvelles pensées critiques ». Environ 150 personnes ont participé à ces 11 rencontres, dans un contexte social et politique extrêmement stimulant, à l’Université de Bordeaux, site Montesquieu et site de La Victoire, à SciencesPo Bordeaux, et à la salle de Conférence au 15 rue Furtado à Bordeaux. Révolution : tel était l’axe central autour duquel nous avons invité à réfléchir et à proposer des contributions cette année. Ce fut l’occasion de « commémorer », de célébrer avec le recul et l’enthousiasme nécessaires, le bicentenaire de la naissance de Karl Marx, le 170e anniversaire de la parution du Manifeste du Parti communiste, ce livre politique le plus diffusé au monde, reconnu par l’UNESCO depuis 2014 comme faisant partie du patrimoine de l’humanité ! Ce qui importe par-dessus tout, c’est que nos actions, nos pensées revivifient cet héritage, c’est que nous tournions nos regards et nos analyses vers ce qui peut nourrir dans l’histoire et dans notre expérience notre « nostalgie d’avenir », vers ce qui se passe ici et maintenant. 26 contributions ont été présentées au cours de 16 séances sur 8 demijournées. Tous les textes des contributions seront bientôt accessibles sur notre site (https://espacesmarxaquitainebordeauxgironde.wordpress.com/actualites-de-marx/). Une publication est même envisagée ! Vive les 12e rencontres « Actualités de la Pensée de Marx et Nouvelles Pensées Critiques ». Dominique Belougne e

ÉLUS COMMUNISTES AU CONSEIL DE MÉTROPOLE

L’ouverture du dimanche : c’est toujours NON ! À l’occasion d’une délibération du Conseil métropolitain du 30 novembre, renouvelant l’autorisation d’ouverture certains dimanches pour les commerces de détails, Max Guichard pour le groupe communiste a de nouveau fait part de son opposition à toute ouverture dominicale. « Il y a eu un évènement qui a fait grande polémique ces jours derniers lors de l’abattage de marronniers sur la place Gambetta. Mais il en est un autre (marronnier en terme journalistique) qui se pratique tous les ans, ici et dans nos conseils municipaux, par contre sans émoi à part celui des élus communistes, c’est la décision d’ouverture dominicale des commerces de détail. J’aborde cette délibération avec un brin d’humour alors que, chaque fois, monte en nous une grande colère comme si une telle décision pouvait être une réponse sociale, sociétale à la grave crise que vivent les gens, de nos jeunes aux retraités. Bien sûr, cela peut être un peu d’oxygène financier pour une infime minorité bénéficiaire, mais à quel prix en termes de vie familiale et sociétale notamment ! Quelle honte d’en arriver à de tels procédés récurrents alors que s’exprime dans tout le pays une colère massive, comme la portent les salariés en lutte (ai-je besoin de revenir sur le drame que vivent les Ford ?), les infirmières et les gilets jaunes notamment, soutenus par 72 % de la population ! D’ailleurs, entendez-vous dans ces mouvements le besoin de travailler le dimanche ? Certainement pas ! Par contre, l’exigence de créations d’emplois, de hausse du pouvoir d’achat, le besoin d’avoir plus de services publics sont portés quasiment de manière unanime. Oh, qu’ils ont raison, mille fois raison lorsqu’ils comparent les taxes, impôts les plus injustes, face à la suppression de l’impôt sur la fortune, donnant encore plus de richesses à tous ces profiteurs jamais assez repus de dividendes. L’argent existe, pour améliorer le pouvoir d’achat pour tous, qui plus est si on y rajoute les 80 à 100 milliards de fraude fiscale, notamment avec un SMIC mensuel augmenté de 200 € comme nous le proposons, pour ainsi jouir le dimanche d’une vie plus heureuse, d’une vie où on peut prendre le temps de profiter de la nature et ainsi mesurer tout l’intérêt de sa défense. » 2 • Les Nouvelles 13 décembre 2018

Les collectifs bordelais mobilisés pour faire évoluer le stationnement payant invitaient la presse, le lundi 10 décembre, pour faire état des discussions avec la Mairie, discussions entamées depuis fin mars. Il y a de la colère dans le collectif car les demandes sont entendues mais ne sont pas suivies d’effets et la « concertation » prônée par Juppé n’en a que le nom. Les membres du collectif ont bien conscience que leurs revendications (réelle concertation, coût du stationnement payant) rejoignent celles entendues en ce moment, mais ils

souhaitent préciser qu’il ne s’agit pas d’un effet d’aubaine ; ils avaient alerté la Mairie dès début juillet de leur désaccord sur la méthode de « concertation » employée par l’adjoint au maire et réaffirmé que les gens modestes étaient dans l’urgence de solutions. Tout en réaffirmant partager l’objectif de réduction de l’utilisation de la voiture pour des raisons évidentes de santé et de pollution, le cahier de revendication prote sur : • la gratuité pour une première voiture pour les résidents, • un forfait pour un deuxième macaron,

• une tarification spécifique pour les visiteurs occasionnels (y compris aides à domicile non référencés Département), • une tarification particulière pour les salariés, • un dispositif spécifique pour les zones commerçantes. Le système appliqué à Talence (faisant cohabiter des zones payantes, avec des zones bleues et des zones de gratuité) répond, selon eux, à la diversité des situations rencontrées. Sourde oreille du côté de la Mairie ! La concertation n’a été acceptée que sous pression et le bilan présenté au terme de cette année montre que les marges de manœuvre fixées par la Mairie réduisent à peu de chose le grain à moudre. Le report à 2020 de tout aménagement est inacceptable vu la situation économiquement et pratiquement difficile que vivent de nombreux habitants et usagers dans leur vie de tous les jours. Ils sont en attente d’une réponse concrète et rapide. La coordination va donc interpeller directement le maire, Alain Juppé, pour redonner du sens à ses relations et engager les habitants et usagers à, de nouveau, se faire entendre. Les vœux 2019 approchent. Ils entendent les lui souhaiter…

INDUSTRIE

Ford répond aux annonces de Macron en sacrifiant l’emploi « Emmanuel Macron annonçait hier soir la main sur le cœur “un état d’urgence économique et social”. Ford lui répond par un camouflet. » a déclaré le PCF mercredi. La dernière ligne droite dans l’attente d’une décision de Ford sur une éventuelle reprise par Punch se déroule sous haute tension. « Le groupe américain veut fermer le site de Blanquefort en Gironde (872 emplois) et annonce aujourd’hui 1 600 suppressions de postes sur son site de Sarrelouis à la frontière allemande qui emploie de nombreux travailleurs français. Il est temps que le gouvernent affirme son autorité et sa volonté pour défendre l’emploi industriel, nos savoirs faire et nos capacités de production ! À quoi servent les milliards d’euros d’aides publiques versées aux entreprises, dont les multinationales comme Ford, si rien ne les empêche de délocaliser leur production ? D’autant qu’à Blanquefort en Gironde, les personnels sont confrontés à un odieux chantage : Accepter le gel des salaires et renoncer à des RTT pour conserver sur le site 400 emplois sur les 872 actuels en échange d’une éventuelle reprise par Punch. » Ford n’a d’ailleurs toujours pas confirmé sa disponibilité pour vendre le site et le PCF craint que le groupe choisisse la politique de la terre brulée. Les communistes demandent

au gouvernement de tout mettre en œuvre pour garantir le maintien de l’emploi et des outils de production et assurent de la mobilisation de leurs parlementaires et leurs élus locaux, aux côtés des travailleurs de l’automobile et de leurs représentants syndicaux. Le constructeur américain qui devait informer de sa décision finale sur le devenir de son usine de Blanquefort le 10 décembre, a finalement décidé… de ne pas décider. Légalement, Ford a jusqu’au 17 décembre, avant la fin de la procédure d’information liée à la mise en place d’un plan de sauvegarde de l’emploi (PSE), pour annoncer s’il vend ou s’il ferme. Lundi 10 décembre, le repreneur potentiel a rencontré l’intersyndicale à Paris en présence des représentants de l’État. Le groupe belge demandait aux salariés un accord de modération salariale pendant 3 à 5 ans et l’abandon de 3 à 5 jours de RTT afin de rétablir la compétitivité du site. Une assemblée générale des personnels des syndicats CGT, FO et CFE-CGC s’est tenue le lendemain après-midi devant l’usine de Blanquefort. Il s’agissait pour les salariés de se prononcer sur la perte de trois jours de RTT, en cas de reprise par Punch. En plus du gel des salaires pendant trois ans et de la modulation des heures de travail,

sur la même période. Malgré bien des inquiétudes, les salariés présents ont délivré un accord de principe à la reprise. « Les salariés de Ford ont une nouvelle fois accepté de reculer et de sacrifier un peu plus leurs conditions salariales et d’emploi pour donner toutes ses chances à la reprise du site par le repreneur », ont commenté les communistes en Gironde. La reprise par Punch a pour l’instant un goût amer de reculs sociaux pour les salariés. Près de la moitié des emplois sont supprimés avec des plans de préretraites, et les salariés restants doivent subir une forte réduction de tous leurs droits dans un climat de chantage à l’emploi odieux. Ce sacrifice que font les salariés sous la menace de la fermeture du site ne doit pas être en vain ! Ford doit aujourd’ hui assumer ses responsabilités sociales en acceptant Punch comme repreneur du site de Blanquefort et ainsi pérenniser l’activité industrielle sur le site et le plus grand nombre d’emplois possible ! Plus que jamais la voix des salariés et leur exigence d’emploi doivent primer face au mépris et à la voracité de Ford qui ne privilégie depuis le début que la casse de l’outil industriel pour encore plus de profits aux actionnaires de cette grande multinationale. » C.D.


ACTUALITÉ

Editorial

SMIC, PRIME, CSG…

Le compte n’y est pas

Il n’y a que deux côtés à une barricade

À Bordeaux, la foule le samedi 8 décembre, quelques instants avant qu’elle n’essuie une pluie de grenades lacrymogènes, déclenchement, d’après plusieurs témoignages, de la violence qui a suivi.

Après un nouveau week-end, le 4e, marqué par les manifestations des Gilets jaunes et des violences partout en France, Emmanuel Macron a pris la parole lundi soir. Hausse du smic, retour des heures supplémentaires défiscalisées, CSG… le président de la République a annoncé plusieurs mesures concernant le pouvoir d’achat. « Le Président des riches vacille mais les plus riches restent ses protégés », commente Fabien Roussel, secrétaire national du PCF. La CGT appelait à une journée de grève et de manifestation vendredi 14. Les Gilets jaunes annonçaient un 5e samedi de manifestation.

Smic : ce qui se cache derrière la hausse de 100 €

100 € de plus par mois dans leur porte-monnaie. C’est ce qu’Emmanuel Macron a annoncé aux salariés rémunérés au niveau du smic, « et sans qu’il n’en coûte rien à leur employeur ». Mais il ne s’agit pas d’un coup de pouce au Smic comme le réclament les Gilets jaunes. Au 1er janvier 2019, le salaire minimum - actuellement de 1 184,93 € nets et touché par 1 655 million de salariés - sera revalorisé d’environ 1,8 % comme confirmé ces derniers jours par l’exécutif. Ce qui correspondrait à une augmentation d’une vingtaine d’euros. Autrement dit l’équivalent de la stricte application de la règle de calcul auto-

matique appliquée au Smic. Par ailleurs, selon l’Élysée, s’ajouteront à cela 20 euros de baisse de charges salariales. Pour les 60 € restant, le président ajoute le coup de pouce de 50 % de la prime d’activité pour les 3,2 millions de travailleurs qui touchent le Smic ou un peu plus, auquel il s’était engagé pendant la campagne. Mais au lieu de procéder comme prévu à une augmentation par vagues successives, décision a été prise d’accorder en une fois, au 1er janvier 2019, ce coup de pouce de 60 € d’augmentation aux allocataires de la prime d’activité. Tous les salariés rémunérés au niveau du Smic ne bénéficieront pas forcément de ce coup de pouce intégral à la prime d’activité qui est calculée en fonction de la situation familiale. Une prime de fin d’année dans les entreprises

Sans surprise, Emmanuel Macron a confirmé ce lundi que « tous les employeurs qui le peuvent verseront une prime de fin d’année à leurs salariés », sans que cette prime « ne soit soumise à impôt ou charges ». Depuis quelques jours, déjà, le gouvernement s’était déclaré favorable à cette prime défiscalisée, versée courant 2019 par les entreprises volontaires, et plafonnée à 1 000 €. Une prime exonérée d’impôts pour les salariés, et de charges sociales pour les employeurs. Manque à gagner pour l’État : entre 200 et 500 millions d’euros.

Le retour des heures supplémentaires défiscalisées

Le gouvernement avait déjà décidé que l’an prochain, au 1er septembre 2019, les heures supplémentaires seraient « désocialisées ». Un terme barbare pour signifier qu’elles échapperaient aux cotisations salariales. Non seulement Emmanuel Macron a choisi ce lundi soir d’avancer cette échéance au 1er janvier prochain, mais il a en plus décidé qu’elles seraient également défiscalisées, comme elles l’avaient été lors du quinquennat de Nicolas Sarkozy entre 2007 et 2012. Aux 2 milliards d’euros d’exonérations de cotisations salariales s’ajoutera environ 1,5 milliard d’euros de moins-values d’impôt pour l’État. Pas de hausse de CSG jusqu’à 2 000 € de retraite

Emmanuel Macron a annoncé une annulation de la hausse de la CSG sur les retraites pour les personnes seules qui gagnent moins de 2 000 € par mois. Une mesure qui sera appliquée dès janvier prochain. Le pouvoir d’achat des retraités était une des principales revendications des Gilets jaunes. Cette augmentation de la CSG a aussi fait l’objet à plusieurs reprises de manifestations importantes à l’appel d’une intersyndicale. En revanche, point de dégel annoncé sur les montants des retraites, les rémunérations perçues par les retraités continueront d’augmenter moins vite que la hausse des prix, comme (…)

Il est un moment où la réalité finit par vous rattraper. C’est ce moment-là qu’est en train de vivre le président de la République. Si l’ensemble des éditorialistes ont pu se féliciter de sa prestation télévisée, il n’en va pas de même pour le reste de la population. Quand un peuple se met en mouvement, il met en mouvement son intelligence et ce qui pouvait paraître obscur hier devient clarté aujourd’hui. Beaucoup d’adjectifs accompagnent ce président depuis 18 mois, certains grandiloquents, d’autres moins flatteurs, il en est, à n’en pas douter, un qui lui irait à ravir, c’est celui de tartuffe. Car c’est à un exercice de duperie auquel nous avons assisté durant 13 minutes. 13 minutes de fausse contrition, de fausse compassion, qui n’ont pu qu’inspirer colère et dégoût pour ceux qui se sont sentis méprisés depuis 18 mois. Duperie quant à des propositions qui, si elles sont ronflantes, ne sont que de vieilles recettes libérales, pour calmer le petit peuple. In fine Macron va faire payer au peuple sa générosité, sans jamais toucher aux profits des entreprises, ni au capital accumulé des plus riches. Nombre de personnes n’ont pas goûté à l’exercice, pas plus qu’elles ne se sont fait prendre à cette fausse générosité. Il aura rassuré les éditorialistes qui ne demandaient que ça, les hommes politiques de droite qui le suppliaient de faire un geste. Mais aujourd’hui le fil est cassé, et il faudrait d’autres mesures pour le retisser. Cela n’augure en rien de la suite du mouvement, pas plus que de la journée d’action du 14 décembre, cela appelle au contraire à continuer le débat sur la question du pouvoir d’achat pour faire rentrer le plus de monde dans le mouvement sous la forme qu’il souhaite. La violence qui marque ce mouvement est à la hauteur de la colère qui traverse notre peuple, on ne peut que la regretter. Cependant, on ne peut pas faire comme si cette violence n’était pas suggérée et entretenue par le pouvoir en place. Les violences systématiques à l’égard des lycéens sont un révélateur de cette politique de tensions, et de la dérive autoritaire dans laquelle est entré l’État. En écrivant ces lignes, j’ai une pensée pour Maria, boulangère, gilet jaune, communiste de la Drôme qui est aujourd’hui en détention provisoire pour avoir voulu échapper à la police, j’ai une pensée pour tous ces lycéens qui ont cru que dans une démocratie on pouvait exprimer ses revendications sans rencontrer un flashball, j’ai une pensée pour ses hommes et ses femmes qui ont été mutilé-e-s et ceux qui auront le malheur de connaître la prison ferme. Qu’on y prenne garde, en se croyant à l’abri. Elsa Triolet disait « il n’y a que deux côtés à une barricade », je sais de quel côté je me tiens.

Frédéric Mellier membre de l’exécutif du PCF 33

« Fin du mois, fin du monde même combat », la marche pour le climat qui a réuni plusieurs milliers de personnes à Bordeaux, malgré le contexte, a bien convergé avec une partie des gilets jaunes.

Les Nouvelles 13 décembre 2018 • 3


ACTUALITÉ (…) le gouvernement l’a décidé en début d’année. Au total, avec cette désindexation, le gouvernement compte économiser 5,2 milliards d’euros sur deux ans, dont 2,8 milliards en 2019. Pas de rétablissement de l’ISF

Réformé en 2017, l’ISF, hérité de François Mitterrand et qui a rapporté 4,2 milliards d’euros en 2017, n’a pas été totalement supprimé. Il a été remplacé au 1er janvier 2018 par l’« impôt sur la fortune immobilière », qui ne porte plus que sur les avoirs immobiliers des plus fortunés et qui a rapporté cette année environ 1,2 milliard d’euros. Répression du mouvement, vide démocratique, écologie punitive…

Pour le reste, les annonces de Macron sont beaucoup de vent et d’écrans de fumée pour cacher le fait qu’il ne change rien à sa politique. La démocratie ? Des promesses vagues mais surtout l’assurance que des mesures vigoureuses pour que « le calme et l’ordre républicain » règnent à nouveau. « Nous y mettrons tous les moyens. » En d’autres mots, le pré-

sident français annonce une répression systématique du mouvement. Le climat ? Toute la responsabilité est mise sur le citoyen et comment le forcer « à changer » ses habitudes pour le logement, le chauffage et le transport. Des paroles creuses pour préparer les esprits à une écologie punitive et inefficace. Rien sur les multinationales du pétrole qui polluent massivement et se font des profits gigantesques sur les prix pétroliers à la hausse. Les services publics ? Rien alors qu’il s’agit là aussi d’une revendication récurrente du mouvement. Acte V de la mobilisation

Les réactions des gilets jaunes au discours de Macron n’étaient pas à la démobilisation. En milieu de semaine, un acte V de la mobilisation était annoncé avec, une nouvelle fois, pour Bordeaux un rendez-vous place de la Bourse. Ce qu’on peut comprendre vu l’absence de volonté de s’attaquer enfin aux puissants et aux grosses fortunes, vu l’absence de réelles propositions climatiques ou démocratiques. « Ce soir, avec l’annonce de l’annulation de la hausse de la CSG pour les retraité-e-s modestes, le président de la

République a opéré un premier recul, commentait lundi soir le secrétaire national du PCF qui a engagé une campagne pour l’augmentation du pouvoir d’achat. (…) Preuve est faite que la mobilisation actuelle est décisive. Elle doit se poursuivre. Mais le compte n’y est pas ! (…) Surtout, les hauts revenus et les revenus du capital restent exonérés de toute participation à l’effort de solidarité. Quant à la lutte contre l’évasion fiscale qui prive chaque année l’État de 80 milliards d’euros de recettes, les Français-e-s devront se contenter d’une vague déclaration d’intention. En somme, rien qui ne remet en cause un système économique vieux de plusieurs décennies. Le Président des riches vacille mais les plus riches restent ses protégés ! » La CGT a qualifié les annonces de Macron d’« arnaque au plus haut niveau » et de « mauvaises réponses à la colère sociale ». L’organisation syndicale et la FSU appelaient à poursuivre les mobilisations et à agir par des grèves dans les entreprises et des manifestations, le 14 décembre, à partir des revendications des salariés, avec un rendez-vous à 11h30 place de la République.

SECOURS POPULAIRE FRANÇAIS

Vive émotion – nécessaire solidarité Le Secours populaire français a réagi aux images qui ont circulé des enfants de Mantes La Jolie, en marge d’une manifestation lycéenne aux abords du Lycée Saint-Exupéry, alignés, en rang, les mains sur la tête, sous la surveillance de policiers. « Sans remettre en cause les impératifs liés au maintien de l’ordre, que tout un chacun peut comprendre, nous manifestons notre vive émotion quant au traitement du groupe de mineurs concernés », a déclaré l’association. « Nous ne préjugeons de rien, mais nous rappelons à toutes fins utiles que des mineurs tombent sous le coup de la Convention internationale des droits de l’enfant, et qu’ils doivent être traités comme tels en démocratie, lorsqu’on est attaché aux principes républicains ; nous rappelons que l’humiliation est aussi condamnée par la Déclaration internationale des droits de l’homme. » L’association dénonce une « surenchère de violence » qui touche « une fois de plus » les quartiers populaires avant d’adresser sa solidarité à tous les enfants, à leurs parents, ainsi qu’aux équipes éducatives des établissements scolaires du mantois « déjà fortement mobilisées au quotidien et qui vont devoir retisser un lien parfois fragile avec une jeunesse pour qui les horizons sont trop souvent bouchés ». DEBOUT FACE À MACRON

Des lycéens en quête d’avenir

Christelle Danglot

PAROLE AUX JEUNES

Si l’éducation est un droit, la contestation est un devoir

On aurait pu commencer par : Macron t’es foutu, les jeunes sont dans la rue. Mais tu t’en es aperçu : t’envoie les flics nous taper dessus. Depuis la réforme Parcoursup l’année dernière, de nombreux lycéens se sont mobilisés. Le blocage de la faculté de la Victoire à cette même période était déjà synonyme de violences policières. Il s’était ainsi créé un comité interlycéen, régional, et une Coordination Lycéenne Nationale, le tout visant à mobiliser les jeunes face à ces réformes destructrices. Comment peut-on parler d’éducation émancipatrice lorsque les matières enseignées sont de moins en moins nombreuses ? Où parle-t-on de démocratie lorsque des projets nationaux tels que le Service National Universel sont appliqués en dépit des contestations des organisations de jeunesse ? Jusqu’où l’école doit-elle se conformer au monde du travail ? Un spectre hante l’Europe : le spectre du chômage. Et l’école doit être un

lieu de développement critique et citoyen, pas une création à la chaîne de travailleurs. Face à la hausse exponentielle du prix d’entrée en licence des étudiants étrangers, au système Parcoursup qui instaure une sélection injuste, à la réforme du bac qui oblige les lycéens à se fermer des portes en choisissant moins de matières, et par le même moyen à perdre en esprit critique et en compréhension du monde, nous disons non. Face aux violences policières, au mythe de la méritocratie juste, au mépris des plus grands et à l’arrêt du dialogue social, nous disons non. Le mouvement des gilets jaunes souligne les problèmes dans l’ensemble de la société. La mobilisation lycéenne s’en inspire, politisant des lycéens par des tractages, assemblées générales, blocages et manifestations. En France près de 200 lycées ont été bloqués la semaine dernière. Localement, à Bordeaux et ses environs, les lycées Mauriac, Les Iris, Brémontier, Daguin, Pape Clément, ou encore Vaclav

4 • Les Nouvelles 13 décembre 2018

Havel ont été bloqués. D’autres, comme Eiffel, se sont mobilisés par des tractages. La Gironde n’est pas un cas à part, dans tout le pays des jeunes contestent ces réformes. Partons par exemple à Mantes-la-Jolie, au nord-ouest de Paris. Là où certains parleront de « jeunes voyous », des banlieues comme « zones de non-droit », nous parlerons de violences policières, de la violence manifestante en réponse à la violence systémique. Oui, des voitures ont été brûlées, mais cela justifiait-il de maîtriser par la force 150 lycéens ? Et ne parlerait-on pas aussi des conditions de vies en banlieue ? Du désengagement de l’État ? Nous condamnons fermement cette violence de la police face à des lycéens auxquels on vante les mérites de la démocratie en cours. En réponse, le président dans son allocution de lundi nous laisse dans l’incertitude. Aucun mot quant aux protestations lycéennes et étudiantes. Mais nous n’oublierons pas nos revendications. Le mouvement lycéen se structure de plus en plus et grandit chaque jour, pour preuve le rassemblement à Bordeaux mardi dernier qui a fait se rencontrer des lycéens de plusieurs établissements. On est forcés de finir par : Macron tu suffis plus, la société est dans la rue. Ça y est, on t’a prévenu, te voilà presque déchu. Clémence et Baptiste, jeunes communistes

Quarante-huit heures après que la police a fait mettre à genoux les lycéens de Mantes-la-Jolie, des milliers de jeunes, gilets jaunes ou pas, sont venus affirmer, samedi dernier, leur soif de liberté et de justice sociale dans la rue. Le président n’a pas eu un mot pour eux. Ils et elles s’en souviendront. Sur les images de ces jeunes mis à genoux par la police sont venues se superposer des centaines d’images de jeunes ou d’adultes à genoux criant leur soutien à ceux de Mantes-la-Jolie. « Emmanuel Macron aura beau lancer ses gardes-chiourmes jusque dans les cours d’écoles de la République, le corps de la jeunesse ne pliera pas, écrit Stéphane Aubouard dans l’Humanité de lundi. Lycéens, étudiants, jeunes chômeurs et travailleurs venus de Paris, de province ou de l’étranger ont déferlé par milliers ce samedi (8 décembre - NDLR) dans les rues de la capitale. Gilets jaunes ou non accrochés au poitrail. » ÉTUDIANTS ÉTRANGERS

Les présidents d’université demandent l’annulation de la hausse des frais d’inscription La conférence des présidents d’université (CPU) demande au gouvernement de suspendre la hausse prévue des frais d’inscription pour les étudiants extra-communautaires, qui a relancé la mobilisation dans quelques universités, un vœu écarté par la ministre Frédérique Vidal. Le gouvernement a annoncé en novembre qu’il allait augmenter les frais de scolarité dans les universités pour les jeunes extra-Européens, tout en affirmant vouloir attirer davantage d’étudiants internationaux en améliorant la politique des visas et en offrant davantage de bourses. Depuis la semaine dernière, quelques universités ont lancé un mouvement de contestation de cette annonce, en profitant de la vague de revendications des gilets jaunes. Pour les présidents d’université, « l’augmentation générale des droits d’inscription annoncée ne constitue pas une réponse adaptée, car elle porte en elle le risque important d’exclure des étudiants et des doctorants que nous accueillons aujourd’hui », ajoute-t-elle. Regrettant une absence de concertation, son conseil d’administration « demande que l’entrée en vigueur des dispositions en cause soit suspendue ». Dans une lettre adressée ce lundi aux présidents d’université et aux directeurs des écoles de l’enseignement supérieur, transmise à l’AFP, la ministre Frédérique Vidal, s’est voulu rassurante. Les étudiants internationaux qui « résident depuis plusieurs années en France (…) acquitteront les mêmes frais d’inscription que les étudiants européens », écrit-elle notamment. La ministre réaffirme aussi qu’il n’y aura pas de hausses des frais pour les étudiants français et européens. Un récent rapport de la Cour des comptes recommandant une telle mesure avait contribué à alimenter les craintes d’une telle hausse.


IDÉES CADEAUX

TAQAWAN,

ATTENDS-MOI AU CIEL,

Éric Plamondon, Quidam éditeur

un Carlos Salem grand cru

J’ai croisé Taqawan au festival Toulouse Polars du Sud et cette histoire m’a tellement touchée que j’ai demandé à Eric Plamondon s’il pouvait venir nous parler de son roman au marché de Noël du PCF le 8 décembre dernier. Les évènements de Restigouche, au Québec, la répression féroce des habitants de la réserve et la disparition d’une enfant constituent le fil conducteur du récit, ponctué par de courtes notes nous conduisant à la découverte du territoire des Mi’gmaq, de son histoire, ses traditions, des saumons depuis des millénaires. Au milieu de cette violence, l’engagement de personnages généreux, d’origines diverses, ouvre une fenêtre d’espérance. Un témoignage qui nous concerne des deux côtés de l’Atlantique, qui résonne dans notre histoire, dans une forme originale et une belle écriture.

Ses romans sont placés sous le signe du sourire, de la fantaisie, avec un cynisme amusé et une délicieuse amoralité revendiquée. Pour autant, il serait absurde de croire que les scénarios sont bancals ou négligés. Bien au contraire, le mystère est omniprésent derrière l’humour affiché. À l’origine, dans Attendsmoi au ciel, un meurtre entraîne une situation vraiment complexe, avec un fort aspect criminel. Les péripéties s’annoncent nombreuses. La dévote Piedad menait une vie éthérée, ignorante des plaisirs charnels et des sombres réalités de l’existence. Heureusement, une voix intérieure s’est réveillée en elle, qui l’autorise à se comporter de façon moins sage qu’à l’ordinaire. Écraser ce qui entrave son parcours, ça ne lui pose plus de problème. Une mise au point pleine de fermeté avec des proches, dont son amie JR, ça ne l’effraie pas non plus. Quant à exploiter son charme de presque-quinquagénaire, elle le fera désormais sans complexe. Grâce à une narration enjouée, on suit avec grand plaisir les tribulations de la combative Piedad. Carlos Salem ne déçoit jamais ses lecteurs !

DANS LE DÉTAIL,

Michel Durlin

Élisa Géhin, éditions les Fourmis rouges Plus qu’un simple imagier, Dans le détail de Elisa Géhin nous donne à voir le monde avec tendresse et humour mais aussi précision et diversité. Avec un classement plein de significations et des catégories inattendues, les choses sur lesquelles on s’assoit mais aussi ce qui ne s’achète pas … ou élargies comme la famille, porté par de belles illustrations très expressives. Pour les petits mais un enchantement pour les grands !

NICOLAS MATHIEU,

Leurs enfants après eux

Nuria Moraga, librairie La Renaissance

L’ENFANT DE POUSSIÈRE,

Patrick K. Dewdney, au Diable Vauvert Dans la fantasy, on retrouve facilement l’histoire d’un jeune héros dont le destin le destine à devenir un magicien immensément puissant ou un roi respecté de tous. Dans L’enfant de poussière, nous suivons les aventures de Syffe, un nom donné à ceux qu’on méprise, les pauvres, ceux qui dorment dans la poussière. Syffe a presque 8 ans, et n’est pas le sujet d’une prophétie légendaire. Il est simplement cet enfant, sensible et impétueux, qui doit survivre dans un monde de fantasy médiévale, un univers cruel qui n’hésitera pas à le laisser mourir de faim, la tête dans le caniveau. On retrouve l’ambiance de Dickens et de son Oliver Twist, ou encore d’un Gavroche ou d’un Tom Sawyer, et l’on se retrouve happé par les questions d’amitié, de construction et d’existence de ce groupe d’enfants formidable. Mon plus beau moment de lecture cette année. Léo Noël, de la librairie La Zone du Dehors (cours Victor Hugo à Bordeaux)

Avec ce livre, Nicolas Mathieu écrit le roman d’une vallée, d’une époque, de l’adolescence, le récit politique d’une jeunesse qui doit trouver sa voie dans un monde qui meurt dans une Lorraine dévastée. Quatre étés, quatre moments, pour raconter des vies à toute vitesse dans cette France de l’entre-deux, des villes moyennes et des zones pavillonnaires, de la cambrousse et des ZAC bétonnées, des hommes usés au travail et des amoureuses fanées à vingt ans. Un roman social, populaire donnant la voix à ceux qui la plupart du temps sont écrasés et inaudibles. Un roman qui se situe entre ville et campagne, dans une région qui se meurt, oubliée. Un roman sur la vie, de la vie. Et ce que lui-même en dit : « Quand j’étais petit, on m’a raconté un mensonge, que le monde s’offrait à moi tel quel, équitable, transparent, quand on veut on peut. Mais un jour, peut-être grâce aux livres, le voile s’est déchiré et j’ai commencé à comprendre. Cette leçon des écarts, des legs et des signes distinctifs, cette vérité des places et des hiérarchies, ce sera mon carburant. » « Ce monde, je n’en serai plus jamais vraiment, j’ai réussi mon coup. Et pourtant, je ne peux parler que de lui. Alors j’ai écrit ce roman, parce que je suis cet orphelin volontaire. » Josette Durlin Les Nouvelles 13 décembre 2018 • 5


IDÉES CADEAUX RETOUR DE LAME

LES BEAUX ÉTÉS TOME 1 - CAP AU SUD !

Philippe Mediavilla, éditions Caïrn

Zidrou et Lafebre Jordi, édition Dargaud

C’est sur les conseils de Nuria, de la librairie La Renaissance, que j’avais découvert du Pin et des larmes, de Philippe Mediavilla. Ce n’est pas tous les jours qu’un militant syndical et politique de la région écrit un polar ! Vincent Bordas avait rédigé dans nos colonnes une note de lecture sur ce premier roman paru en 2016 aux mêmes éditions. Sans hésitation et avec davantage de plaisir encore j’ai lu ce deuxième roman qui nous plonge dans l’univers des surfeurs que vous ne verrez plus jamais du même oeil après cette lecture. Pour ceux qui ne pratiquent pas, l’auteur arrive à faire approcher ce qui peut être fascinant voire addictif dans la pratique du surf. Mais l’intrigue nous raconte les violences du « localisme » pratiqué à la Digue de Tarnos, qui consiste à s’approprier le « spot », une mesquinerie que Philippe Mediavilla dénonce comme un symptôme de l’individualisme de notre société. Le syndicaliste fait un lien bienvenu entre un univers aussi fait d’apparences et ceux qui fabriquent les tenues à la mode, dans des conditions indignes et sous le joug d’une autre violence, celle de la répression du patronat envers les syndicalistes. On retrouve des personnages au caractère bien trempé, qui nous montrent que l’amour peut être plus fort que les préjugés, la coopération plus forte que la violence, la haine et le rejet de l’autre… le plus souvent… Christelle Danglot

Lili malade. Des souvenirs à engranger qui font que la vie est plus belle, des moments précieux pour se rappeler l’essentiel. Cap au sud ! C’est l’histoire simple de cette famille belge, qui sent bon la frite, et qui, au travers de sa cinquantaine de page nous raconte leurs vacances souvent compliquées mais toujours pleines d’humour. À travers plusieurs années charnières dans la vie de cette famille, Zidrou et Jordi Lafebre nous ramènent en arrière et nous font (re)découvrir les habitudes de chacun pour ces longs voyages en voitures avant d’arriver sur leur lieu plein de soleil. Que ce soient les voitures pleines à craquer, les jeux pour s’occuper pendant le trajet, le camping et nos manies, etc. Chacun y trouvera un souvenir à la lecture des tomes. Chaque tome est associé à une chanson phare de la même année, qui nous offre une bande son à glisser dans son lecteur cassette pour dévorer les pages de cette BD remplie d’humour et de nostalgie.

La maladie d’amour Août 1973. Zidrou et Lafebre nous font une place dans la 4L rouge Esterel de la famille Faldérault : entre les parents et les 4 enfants, nous voici en route vers le Midi pour de «beaux étés» ! Chaque année, les mêmes rituels : Pierre, le père, rend ses planches de B.D. en retard, les chansons de vacances, l’étape pique-nique… Un mois pour oublier le quotidien, le couple qui bat de l’aile, Tante

4 tomes sont dé jà p a r u s , un cinquième vient de sortir, et nous plonge cette fois-ci dans leurs vacances de noël. Denis H.

LES MISÉRABLES

Victor Hugo L’AMIE PRODIGIEUSE

Elena Ferrante, éditions Gallimard, collection Folio J’ai dévoré le premier tome l’an dernier, et tout de suite voulu lire ce que ces deux fillettes d’un quartier très pauvre de Naples allaient devenir. Dans ces années 50, les deux sont brillantes à l’école, l’une par son application extrême, l’autre par sa vivacité d’esprit et cette envie d’apprendre lorsqu’on n’a rien à perdre. L’une poursuit ses études dans l’effort, l’autre en est rejetée et paie cher sa soif de liberté. Les deux se tromperont de route, enfermées dans un rôle, différent mais assigné d’épouse. Elles se séparent, se haïssent, reprennent leur violente amitié d’enfance, l’une toujours

subjuguée par l’autre. Le tout dans un environnement de jeunes hommes qui se déchirent dans l’engagement politique, l’illusion de l’argent facile et la cruauté de la petite mafia. Mais tous piétinent les femmes, chacun à sa manière. Les 4 tomes sont disponibles en « poche » et Canal+ diffusait cette semaine le premier épisode d’une série tirée de la saga italienne, réalisée par Saverio Costanzo (lire interview dans l’Humanité Dimanche 6-12 décembre 2018). Christine Texier 6 • Les Nouvelles 13 décembre 2018

« Victor Hugo est reconnu à juste titre comme un monument de la littérature et comme une figure considérable du XIXe siècle. Voici qui explique qu’il ait été dénigré, adulé, momifié, instrumentalisé, selon les périodes et les courants politiques et littéraires, la haine de classe faisant le reste. » « Son œuvre la plus célèbre, Les Misérables, a été le point de départ de nombreuses œuvres cinématographiques plus ou moins abouties. Bandes dessinées, films d’animation, et surtout comédies musicales témoignent que ce chef d’œuvre est une source et de scénarios et de succès populaires, internationaux et commerciaux considérables. Parallèlement, ce roman est devenu un véritable mythe, celui de la souffrance et de la révolte populaires, engendrant des monstres comme Javert et les Thénardier, ou des héros, comme Jean Valjean, Gavroche, Marius ou Enjolras, des héroïnes comme Fantine, Cosette, Eponine (Oh ! Je suis heureuse ! Tout le monde va mourir. IV, livre XIII, ch.6). Ce roman, Les Misérables, conçu comme un roman feuilleton à rebondissements, mais aussi comme une somme à vocation universelle, abordant avec audace et fausse modestie les grandes questions du siècle et de l’humanité, a nourri les espoirs d’une part, les mythes d’autre part de nombreux lecteurs, mais aussi bien audelà. » « Hugo est l’un des seuls écrivains et artistes à se rappro-

cher tout au long de sa (longue) vie des intérêts du peuple et des révolutionnaires de son temps. S’il condamne la démolition de la colonne Vendôme, il est aussi un des très rares écrivains contemporains à ne pas condamner la Commune. Il y risque sa vie et celle des siens. Il va se battre de longues années, jusqu’au succès pour obtenir l’amnistie des communardes et des communards. » « Nous conclurons avec une réflexion percutante qui souligne les dangers courus au vingtième siècle par de grands mouvements révolutionnaires dont l’échec est sans doute assez lié à l’idée qu’il faut apporter aux peuples malgré eux les changements qui sont jugés aller dans le cours de l’histoire. Aussi recommande-t-il : “Vénérez, quoi qu’il fasse, quiconque a ce signe : la prunelle étoile.” Et surtout, il déclare, nous déclarons avec lui : “On ne fait pas marcher un peuple par surprise plus vite qu’il ne veut. Malheur à qui tente de lui forcer la main ! Un peuple ne se laisse pas faire.” (V Jean Valjean - Livre premier La guerre entre 4 murs, Chapitre 20 : Les morts ont raison et les vivants n’ont pas tort, digression/ réflexion de plusieurs pages). » Vincent Taconet, extrait d’intervention aux rencontres « Actualités de Marx et pensées critiques » fin novembre 2018.


PCF PCF GIRONDE

BOURRICHE MARCHÉ DE NOËL SOLIDAIRE DES 7 & 8 DÉCEMBRE 2018

Un Marché de Noël pas comme les autres

Liste des gagnant-e-s

C’est un peu comme une Fête de l’Huma en hiver. La porte rouge est grande ouverte sur un décor couleur de Noël. Des sapins, des guirlandes, des choses belles à regarder, à déguster, à lire. On se retrouve, on s’interpelle, on parle avec les mains, avec le cœur. On rit, on commente l’actualité, on demande des nouvelles des uns et des autres. C’est comme une grande fête de famille où l’on aurait invité les parents venus d’ailleurs, Palestine, Grèce, Chili, Associations, producteurs locaux, artistes, artisans d’ici et du monde. Et comme toujours les amis-camarades ouvrent les huitres, préparent les assiettes charcuterie-fromage, acras, entrecôte-frites, huitres, pâtisseries. Un verre de vin à déguster, un petit café, et on parle, c’est fou tout ce qu’on avait à se dire en ce temps de colère et de désespérance. L’aprèsmidi, quelques-uns vont participer

à la Marche pour le climat… il parait que Mélenchon y sera, comme d’habitude les journalistes ne verront que lui. On suit l’actualité sur les portables… les gilets jaunes à Paris, à Toulouse, à Bordeaux. Ça fait du bien de participer à ce Marché de Noël pas comme les autres où créations artistiques, artisanales ou littéraires cohabitent

avec les Arts de la bouche sur fond de solidarité. Un petit clin d’œil amical à Fadela, José, Alexandra, invités comme moi à présenter leurs créations artistiques. Et un coup de chapeau à Jean Jacques et les organisateurs de cette belle aventure ! Madau

Chocolats équitables (offerts par Artisans du Monde) : N° 1785 – Armagnacq 3 bouteilles de vin (offert par Crus, châteaux et traditions) : N° 1322 – Claudine Girard Emaux sur cuivre (offerts par Mado Lenoble) : N° 1194 – Guy Kaufling Tableau Nature morte (offert par José Ovéjéro) : N° 1773 – Vincent Maurin Plat en céramique (offert par Palestine 33) : N° 1011 – Arlette Lafon Mug en céramique (offert par Palestine 33) : N° 1028 – Barbara Seray Panier de produits grecs (offert par l’échoppe de Pantenassa) : N° 0965 – Sophie Elorri Lot de livres pour enfants (offert par Librairie de La Renaissance) : N° 1321 – Claudine Girard Lot de livres pour enfants (offert par la Librairie de La Renaissance) : N° 0481 – Sabaloua 6 verres à pied Lillet (offert par PCF 33) : N° 1036 – Jean-Yves Treille 6 verres à pied Lillet (offert par PCF 33) : N° 0990 – Marc Igou 6 verres à pied Lillet (offert par PCF 33) : N° 0061 – Yves Nicoleau 6 verres à Whisky (offert par PCF 33) : N° 1241 – Alain Michiels 6 verres à Whisky (offert par PCF 33) : N° 1009 – Nicolas Bernard 6 verres à Whisky (offert par PCF 33) : N° 0701 - Bertin 6 verres à Whisky (offert par PCF 33) : N° 1086 – Josette Guillon 6 verres ballon (offert par PCF 33) : N° 0824 – François Louboutin 6 verres ballon (offert par PCF 33) : N° 1176 – Geneviève Drexler 6 verres ballon (offert par PCF 33) : N° 1275 – Cris Guerné 6 verres ballon (offert par PCF 33) : N° 0912 – Marius Yekatom 6 verres ballon (offert par PCF 33) : N° 0048 – Bruno Kavgolo 1 carafe métal (offert par PCF 33) : N° 0436 – Laëtitia Simonetti 1 Bourriche de 5 douzaines d’huitres (offert par section PCF du Bassin) : N° 0052 – H. Moison 1 Téléviseur écran plat (offert par PCF 33) – N° 0042 - Chapin

MOBILISATIONS LYCÉENNES ET ÉTUDIANTES

NOËL SOLIDAIRE

Les élus communistes appellent à garantir le droit de manifester des jeunes

Les huîtres du Bassin

La semaine dernière, face à la violence qui s’est abattue sur les jeunes, lycéen-ne-s et étudiant-e-s, plus de cent élus communistes et progressistes ont appelé à garantir le droit de manifester des jeunes scolarisés mobilisés contre la sélection et pour l’égalité. Déclaration du 7 décembre. « Le gouvernement déchaîne une violence inouïe contre les lycéens et les lycéennes mobilisés. A Garges, dans le Loiret, à Bordeaux, à Mantes-la-jolie… tellement, trop de blessés. Des arrestations, des gardes à vue pour un tag comme à Ivry… Le pouvoir perd les pédales et semble chercher la bavure. Nous n’acceptons pas cette instrumentalisation politique. Nous refusons la surenchère violente et sécuritaire voulue par Macron et qui peut conduire au drame. Ces lycéennes et ces lycéens sont des enfants. Des enfants de la colère, nos enfants après nous, celles et ceux

qui savent mieux que personne que si rien ne change ils seront sacrifiés. Avec l’ultra-sélection de la réforme du lycée, du bac et Parcours Sup, ce n’est même plus un plafond de verre qui les attend mais un plafond de béton. Leurs revendications sont légitimes et justes. Elles défendent l’égalité. Nous les soutenons. Les lycéens et lycéennes, comme toute citoyenne, comme tout citoyen, ont le droit de manifester pour se faire entendre. Ce droit constitutionnel doit être garanti. C’est, en temps normal, le rôle du pouvoir exécutif : garantir les droits fondamentaux dont celui de manifester et assurer le maintien de l’ordre public. Manifestement, le pouvoir exécutif est défaillant. Il explique aux lycéennes et aux lycéens qu’il ne faut pas manifester, il donne des ordres inacceptables aux forces de l’ordre, il entérine et minimise les violences policières. Nous refusons de voir la jeunesse maltraitée. Aux côtés des organisations ly-

céennes, étudiantes, des fédérations de parents d’élèves, des syndicats enseignants, notre devoir comme élu-e-s de la République est de veiller à ce que la protection des jeunes soit assurée. Face à la défaillance de l’État, nous, élu-e-s de la République, nous engageons à protéger notre jeunesse. Aux lycéennes et aux lycéens, aux étudiantes et aux étudiants, nous disons : si vous choisissez de manifester, nous serons à vos côtés. Nous serons avec vous devant les lycées et les universités, dans les cortèges. Nous mettrons tout en œuvre pour vous protéger. Vous pouvez compter sur nous. Nous appelons toutes les élues et tous les élus de la République à garantir le droit de manifester des jeunes scolarisés mobilisés contre la sélection et pour l’égalité. Nous appelons toutes les élues et tous les élus à ne pas faire d’amalgame entre les lycéens et les casseurs. Nous appelons l’Etat à ne pas commettre de violences contre nos enfants. »

Suite au succès des camarades du Bassin d’Arcachon avec leurs huîtres sur le marché de Noël des 7 et 8 décembre derniers dans les locaux de la fédération du PCF (15, rue Furtado à Bordeaux), ceux-ci ont décidé de vous y proposer une vente exceptionnelle pour votre réveillon de Noël. Les camarades et amis qui le souhaitent peuvent commander des huîtres et venir les chercher le dimanche 23 décembre de 10h à midi : 12 huîtres n° 3 : 6 € À partir de 3 douzaines : 5 €/12 Commande par téléphone avant le 17/12/2018 auprès de Pierre Cléaz au 06 07 97 40 ou Christian Darriet au 06 03 36 36 53.

SOUSCRIPTION

Tout versement par chèque ouvre droit à une réduction fiscale de 66% du montant versé. (chèque à l’ordre de ADF PCF 33). Les ressources financières du Parti communiste sont transparentes. Votre don, aussi modeste soit-il, contribuera efficacement à la démocratie, à l’expression et la prise d’initiative du Parti communiste. Cet ensemble sont les éléments majeurs pour continuer notre combat dans l’ambition d’une gauche forte et alternative. Les versements sont à envoyer à la fédération de Gironde du PCF - 15 rue Furtado - 33800 Bordeaux, à l’ordre de l’ADF PCF 33

ILS ONT DONNÉ 763 euros : M. PEDEBOSCQ Henri, Cenon ; M. HAMEURY Jean-Yves, Le Bouscat ; Section de Mérignac ; M. VALADE David, Mérignac

Les Nouvelles 13 décembre 2018 • 7


CHRONIQUE

CULTURE & SOLIDARITÉ LDH

SECOURS POPULAIRE

70 ans après la Déclaration universelle des droits de l’Homme

Grande braderie de Noël à l’espace solidarité

La LDH vous propose une rencontre mardi 18 décembre à 19h30, à l’Athénée municipal de Bordeaux, avec Me Henri Leclerc, son président d’honneur. « Il y a 70 ans aujourd’hui, l’Assemblée générale des Nations unies marquait l’histoire en adoptant la Déclaration universelle des droits de l’homme. Ce texte dresse une liste des droits et libertés fondamentaux devant être universellement reconnus par tous les pays.

Si la déclaration proclame que “tous les êtres humains naissent libres et égaux en dignité et en droits”, nous savons qu’il en va autrement pour de nombreuses personnes. Les membres de La Ligue des Droits de l’Homme continueront à se battre pour un monde où personne ne devra sacrifier sa famille, sa liberté, sa sécurité ou sa dignité en raison de son identité ou de celle de la personne de son cœur. Les droits de l’homme ne sont pas universels tant qu’ils ne s’appliquent pas à TOUS les êtres humains. »

Jeux, jouets, vêtements, livres, vaisselle, nécessaire pour bébés, etc. vous seront proposés samedi 15 décembre, de 14h à 20h, à l’Espace solidarité du Secours populaire à Bordeaux (3-5, rue malbec - Bordeaux -Tram C arrêt gare Saint-Jean - Bus 1, 9, 11 arrêt Malbec).

SUD-GIRONDE

Conférence : Pour un service public de l’Énergie Le Mouvement de sauvegarde, de promotion et de démocratisation des Services Publics en Sud-Gironde organise une conférence-débat sur l’Histoire de l’accaparement et de la privatisation de l’électricité, du gaz et du pétrole et ses conséquences, le vendredi 14 décembre 2018 à 20h30 à la salle des fêtes de SaintPierre d’Aurillac, avec Aurélien Bernier auteur des essais Le climat otage de la finance et Les voleurs d’énergie. « Le Président Macron, son gouvernement et les députés de la majorité (LREM, MODEM) ont décidé d’augmenter la fiscalité des produits énergétiques au nom de l’écologie. Cela signifie que se déplacer, se chauffer et s’éclairer devient plus cher et de plus en plus difficile pour l’ensemble des travailleurs, des retraités et des jeunes au point que certains

doivent renoncer au chauffage. Nous savons tous que les taxes sont les impôts les plus injustes, car que vous soyez riches ou pauvres, vous payez le même montant. N’oublions pas que l’impôt sur la fortune a été abaissé, ainsi que ceux qui frappent les dividendes et leur exportation (c’est à dire leur fuite). Le CICE permet aux entreprises de ne pas payer d’impôt sur les bénéfices au prétexte de créer des emplois. On connait les résultats. Alors que le pouvoir, associé à Bruxelles, persiste à privatiser la gestion des barrages hydroélectriques, laisser aux multinationales de l’énergie le soin de nous approvisionner serait nous livrer pieds et poings liés aux actionnaires privés qui agiraient sans se préoccuper de l’intérêt général. À ce titre, qui n’a

pas entendu parler de la pénurie de médicaments organisée par les multinationales dont les profits ne cessent d’augmenter ? »

ANNONCES LÉGALES AVIS DE DISSOLUTION

SARL CBD L&B Au Capital de 1000 € 9bis rue Pierlot 33460 MACAU 839850120 - RCS Bordeaux Aux termes d’une AGE en date du 08/11/2018 les associés ont décidé la dissolution anticipée de ladite société. La société subsistera pour les besoins de la liquidation jusqu’à sa clôture. M. Buhot Quentin demeurant à 5 route du Port - 33460 - ARCINS est nommé liquidateur. Le siège de la liquidation est fixé à 9 bis rue Pierlot - 33460 - MACAU. Toute la correspondance devra être adressée au siège de la liquidation Pour avis Le Liquidateur. AVIS DE SAISINE LEGATAIRE UNIVERSEL

Suivant testament olographe en date du 6 janvier 2013, Madame Fernande Julienne LAMARQUE-CHOY, née à PAU (64000), le 28 mai 1938, demeurant à AMBES (33810), 6 Avenue Saint Exupéry, décédée à AMBES le 24 juillet 2018, a institué un légataire universel. Ce testament a été déposé au rang des minutes de Me Bruno MARTY, Notaire à PAU, suivant procès-verbal du 8 novembre 2018, dont une copie authentique a été reçue par le TGI de BORDEAUX, le 12 novembre 2018. Les oppositions sont à former dans le délai d’un mois suivant la réception par le Greffe du TGI de BORDEAUX, en l’Etude de Me MARTY, Notaire à PAU, chargé du règlement de la succession. Pour avis, Maître Bruno MARTY

MODIFICATION DE GERANCE CESSION DE PARTS

Sarl RED 33 transport Sarl au capital de 3600 euros 33 allée Haussmann rés.Quebec apt 404 33300 bordeaux. 752346452 R.C.S bordeaux

Les Nouvelles de Bordeaux et du Sud-Ouest S.A.S. au capital de 37 000 euros Associés (à parts égales) : L. Chollon, F. Mellier, S. Laborde, M. Lavallée Directeur de la publication : Frédéric Mellier Abonnement 1 an : 25 euros. Abonnement de soutien : 40 euros Rédaction, composition, impression : S.A.S. Les Nouvelles de Bordeaux et du Sud-Ouest 15, rue Furtado - 33800 BORDEAUX Tél. 05 56 91 45 06 - Fax 05 56 92 61 01 - Annonces légales : annonces@nbso.fr Comptabilité : compta@nbso.fr - Redaction/Proposition d’article : redaction@nbso.fr @nvlbx Les nouvelles de bordeaux nbso.fr Commission paritaire de presse : 0123 C 85932

8 • Les Nouvelles 13 décembre 2018

Aux termes d’une AGE en date du 02/08/2018 les associés ont pris acte de modifications suivantes. Démission de Mme Bensebaa Célia de ses fonctions de gérante. Mme Célia Bensebaa cède 144 parts sociales à M. AcherfoucheRedouane détenteur de 216 parts sociales. La valeur nominale de la part sociale est de 10.00 €. M. Acherfouche devient propriétaire des 360 parts de la société. Modification sera faite au RCS de Bordeaux Pour avis

NOUVELLES IDÉES REÇUES par Gérard Loustalet Sens www.nir-33.fr Les « gilets jaunes » dans l’histoire Le mouvement des « gilets jaunes » est encore ambigu et hétérogène. C’est néanmoins une authentique manifestation populaire d’une grande intensité. Dépassée la contestation des taxes sur l’essence ! C’est une rébellion en forme de cri de rage et de désespoir devant des conditions d’existence dégradées et insupportables qu’un pouvoir arrogant, présomptueux, confit dans la dévotion du dogmatisme ultralibéral a pris en pleine face sans avoir rien vu venir. Cet événement est une expression aussi puissante qu’inattendue de la lutte des classes même si la perception n’en est pas toujours bien claire. Beaucoup de ceux qui s’insurgent aujourd’hui auraient été les bienvenus dans la lutte contre la loi travail qui est une agression majeure contre l’ensemble des classes populaires . L’indignation quasi unanime devant la suppression de l’ISF sera-telle alors le signal d’une insurrection générale contre le pouvoir de l’argent ? La sociologie du mouvement reste à faire. Mais pour cela, il ne faut pas compter sur le sociologue officiel du macronisme, M. Alain Touraine. Celui-ci livre à l’Obs (22.11.218) un entretien d’une consternante médiocrité où il reprend à son compte le stéréotype imbécile de la « France d’en haut » et de la « France d’en bas » ou le lieu commun pseudo savant opposant une « France des métropoles » – riche et diplômée – à une « France des périphéries » – indigente et aigrie –. Comme s’il n’y avait pas de « pauvres » dans les métropoles ! C’est un géographe, Jacques Lévy, qui rappelle heureusement, toujours dans l’Obs (29.11.2018), que « en France, 85 % des pauvres habitent dans les centres et dans les banlieues des grandes villes ». Encore dans l’Obs (22.11.2018), le sondeur Jérôme Fourquet, au milieu des platitudes sur la goutte d’essence qui a fait déborder le réservoir, a cette remarque judicieuse : « le prix du carburant, c’est comme le prix du blé sous l’Ancien Régime ». L’inculture journalistique a eu certes tôt fait de qualifier la révolte des Gilets jaunes de jacquerie. La Grande Jacquerie du milieu du XIVe siècle a été le fait d’un peuple épuisé face à une noblesse discréditée. Les Jacques étaient déjà désignés par leur vêtement, des sortes de vestes courtes dites « jacques ». Mais il y a eu bien d’autres rébellions populaires. Avant les grandes manifestations ouvrières du XIXe siècle, les révoltes, jusqu’au XVIIIe siècle, sont de trois ordres : antifiscales, frumentaires et pour la défense des droits d’usage . On se reportera ici à l’ouvrage classique de l’historien soviétique Boris Porchnev publié en 1963 par le Centre de Recherches Historiques de l’EHESS et paru sous le titre Les soulèvements populaires en France au XVIIe siècle (Science-Flammarion, 1972). La Guyenne sera une terre de grande révolte antifiscale, en 1548, contre la gabelle (impôt sur le sel) détestée. Les Pitauds seront cruellement réprimés par le connétable Montmorency mais la gabelle sera supprimée dans la province et les « gabeleurs » haïs à jamais. Et il y aura les Croquants en Limousin et Périgord, les Nu-pieds en Normandie, les Bonnets rouges en Bretagne, les Audijos en Landes et Béarn… En période de crise des subsistances, le froment se fait rare, la rumeur accuse les spéculateurs de stocker pour faire monter les prix : la crise frumentaire et les émeutes qui ont suivi contribueront à la chute de la monarchie de Juillet engluée jusqu’au sommet dans l’affairisme libéral. Les révoltes populaires génèrent toujours de la violence et de la répression. On peut le déplorer mais les vertueuses indignations des puissants et de leurs chiens de garde médiatiques sonnent faux. Que ne dénoncent-ils la violence insidieuse et permanente que subissent les dominés ? Vivre avec moins de 1 000 € par mois, c’est une violence ! Perdre son travail par l’avidité des actionnaires, c’est une violence ! Cette dent cassée que l’on ne peut faire remplacer, c’est une violence ! L’étalage de ces richesses que l’on ne pourra jamais approcher, c’est une violence ! La dégradation des biens prend alors la forme d’une sanction populaire. C’est une destruction symbolique des signes de la richesse et du capital, banques, luxe, morgue ostentatoire de l’argent. Comme le dit l’historien Yves- Marie Bercé, c’est « un saccage ritualisé », « l’exécution d’une justice » (Croquants et Nu-pieds, Collection Archives, 1974, p.81). Samedi 8 décembre, à 21h30, « trois jeunes hommes sont interpellés sous les applaudissements des clients du palace du Grand Hôtel » raconte Elisa Cazcarra dans Sud-Ouest-Dimanche. Quelle éclatante illustration de la lutte des classes !


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