Nouvelles N° 2290

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Crédits photos : Paguy

Jeudi 17 janvier 2019 - N° 2290 - Hebdomadaire - 15, rue Furtado - 33800 BORDEAUX - Prix : 0,80 euro

TE 9 C A ’ L NES U A SJ T E L GI UX : A DES E RD À BO

é t i n r e t a é t fr i r a d i l o et s P.3

Un RER métropolitain : enfin ! P.4-5


ACTUALITÉ AEROCAMPUS

STYLOS ROUGES

Polémique autour de la visite ministérielle annulée

Pour mettre le monde éducatif en mouvement

Lundi, la venue de la ministre des Armées à Aerocampus Aquitaine, à Latresne, a été annulée, officiellement pour des « raisons d’agenda ». Sur son compte Facebook, le directeur général de ce campus de formation aux métiers de l’aéronautique, met en accusation la CGT qui avait prévu un rassemblement et l’État qui aurait manqué de courage. La CGT réplique. Le directeur général d’Aerocampus Aquitaine n’a visiblement pas apprécié de n’avoir pas été directement informé de l’annulation de la visite. Sur son compte Facebook, d’après l’édition de mardi du journal Sud Ouest de mardi, le directeur accuse la ministre des Armées, Florence Parly, d’avoir annulé sa visite au campus parce que la CGT y avait appelé à manifester pour faire entendre ses revendications, notamment salariales. « Je suis atterré de constater qu’un syndicat, la CGT, qui a perdu les dernières élections professionnelles, cherche à exister au détriment des personnes qu’il est supposé défendre », fustige sur le réseau social l’ancien directeur de cabinet d’Alain Rousset (PS) à la Région. Il égratigne aussi au passage l’État, déplorant qu’il « n’ait pas le courage de défendre nos salariés, nos élèves et les valeurs qu’ils partagent ». L’Union Départementale CGT de la Gironde et le syndicat CGT de l’AIA de Bordeaux n’ont pas tardé à répondre. « Tout d’abord, la CGT n’a pas perdu les dernières élections ! En effet, pour votre information, la CGT demeure la première organisation syndicale dans les trois versants de la fonction publique. De plus, quelle que soit la position de la CGT dans des élections, sachez qu’elle continuera de vivre aussi longtemps que les salariés en auront besoin puisque nous ne cherchons pas à exister mais existons parce que c’est une volonté des salariés de s’organiser syndicalement pour défendre et acquérir des droits ! (…) Ensuite, sur quels éléments factuels pouvez-vous affirmer que “ces gens de la CGT de l’AIA qui gagnent beaucoup plus que les équipes Aerocampus” ? Les fonctionnaires catégories C qui ont une prime qui palie à un salaire inférieur au smic ont certainement dû bondir en lisant vos propos ! Sachez que la CGT, de l’AIA et d’ailleurs, est composée d’une diversité de femmes et d’hommes qui portent des valeurs de justice sociale et salariale. Quelles que soient leurs rémunérations, ils luttent justement pour que tout travail soit dignement rétribué ! Et c’était là le but de solliciter leur employeur, Madame la Ministre des Armées ! À ce titre, si vous rémunérez mal les équipes d’Aerocampus, nous souhaitons vivement que les salariés de ce site ne demeurent pas dans cette situation et se rapprochent de la CGT afin d’organiser des actions qui pourront leur permettre de mieux distribuer les 10 millions d’Euros de Budget de l’association ! » Le syndicat conclue son courrier en demandant à Monsieur Verschave de mesurer ses propos « qui pourraient s’avérer diffamatoires et être considérés comme des atteintes au droit syndical ».

Les « Stylos rouges » ont fait parler d’eux avant les vacances de Noël avec un groupe sur les réseaux sociaux qui a vite pris de l’ampleur. Lancé par des enseignants, le mouvement virtuel vise à mettre en mouvement l’ensemble du corps éducatif sur des revendications bien réelles et regroupées autour de 3 exigences : la revalorisation du métier, le respect des élèves, le respect des personnels. Nous avons rencontré deux « stylos rouges » à Bordeaux. Karine Briche est enseignante en anglais, contractuelle depuis vingt ans, dans le secondaire. « Cette année j’enseigne en BTS, l’année dernière c’ était en collège » Une année, un établissement ? « Même pas, j’ai déjà fait jusqu’à 4 ou 5 établissements dans la même année scolaire. Mais il y a des avantages à la mobilité, notamment quand ça ne se passe pas bien avec l’équipe ou la direction… » Précaire depuis 20 ans, d’abord parce que l’Éducation Nationale le permet et puis parce que seule avec deux enfants, elle n’a pas eu beaucoup le temps de préparer le CAPES. « Là je n’ai pas eu de fiche de paie depuis septembre mais, à voir ce qui est viré sur mon compte, je dois être payée dans les 1500 euros par mois », raconte-telle. « Je suis arrivée sur Bordeaux il y a 5 ans, j’ai perdu mon ancienneté, 15 ans, 250 euros en moins par mois. Cette année, j’ai un contrat jusqu’au 31 août mais c’est rare, le plus souvent ça se termine fin juin et il faut parfois attendre deux mois pour que les allocations chômage tombent. C’est aussi pour cela que je n’ai jamais été titularisée. Pour l’être, il faut 4 ans de temps plein avec moins de 4 mois d’interruption… »

Changer l’image

Pierre Leroy est enseignant en cm2. Il explique que le mouvement des stylos rouges a été créé le 12 décembre par 6 enseignants, en réaction à l’allocution de Macron, la veille, « qui a montré, encore une fois, qu’il n’y avait pas de prise en compte des fonctionnaires ». « Le groupe sur Facebook rassemble aujourd’hui 63 600 membres sur le plan national, 818 dans l’académie de Bordeaux avec 150 demandes en attente ». Il y a des revendications salariales : le dégel et le rattrapage du pouvoir d’achat perdu par exemple ; et celles qui concerne le respect des élèves : donner aux enseignants les moyens de faire classe dans des conditions décentes, notamment en réduisant les inégalités territoriales, et en particulier pour les élèves à besoins spécifiques ; mais aussi le respect des personnels, de tous les personnels : retrait du jour de carence, arrêt de la précarité, retour au respect pour la fonction d’enseignement… « Sur septembre, octobre et novembre, j’ai fait des semaines de 50 à 71h, témoigne Pierre. J’arrive à 7h pour faire les photocopies, préparer les expériences, etc. et je repars à 19h. Pour la direction de l’école, j’ai une journée, le lundi. Mais des questions de direction, il s’en pose tous les jours. Ces heures en plus, elles ne sont pas comptées, on n’est même pas assuré pendant ce temps-là comme pour toutes les réunions pour lesquelles on n’a même pas d’ordre de mission. On est conscient que beaucoup de salariés gagnent moins que nous mais on a bac+5, il faut comparer avec les ingénieurs. Le mouvement stylos rouges, c’est aussi pour changer l’image des enseignants. Combien de fois entendons-nous des parents : “moi

je travaille” ou “amusez-vous bien aujourd’hui”. Même dans ma famille, des gens croient qu’on est payé quand on fait grève. » Après une première action « dans le réel » avec l’envoi de stylos rouges à Macron et Blanquer accompagnés du « Manifeste » qui reprend les principales revendications, amenées d’ailleurs à évoluer avec l’élargissement du mouvement, un premier rendez-vous de mobilisation devant les Directions des services de l’Éducation Nationale des 5 cinq départements a été lancé pour mercredi après-midi. « Ça a pris du temps, explique Pierre, parce qu’on veut une parfaite horizontalité, c’est le point commun avec le mouvement des gilets jaunes dans lequel on retrouve d’ailleurs beaucoup d’enseignants. Mais on a besoin d’être visibles, identifiés car nous ne sommes pas un mouvement citoyen mais un mouvement professionnel. Nous ne sommes pas dans un discours anti-syndicats. D’ailleurs la CGT des 5 départements nous soutient, ainsi que le SNE, la FSU et toutes ses branches… Mais nous voulons trouver d’autres modes d’action parce que nous ne pouvons plus perdre des journées de salaire dans des manifestations qui n’aboutissent pas et nous voulons unifier l’ensemble du corps éducatif, public et le privé, les contractuels comme les titulaires, les administratifs comme les enseignants. » Aux gilets jaunes, cols blancs des métiers de santé, robes noires de la justice s’ajoute donc, sur le front de la contestation, les stylos rouges de l’éducation…

RÉSIDENCE HAUTREUX À BORDEAUX

DROITS

Mise à mal du pouvoir d’achat des locataires

« En maltraitant la justice, vous maltraitez le peuple ! »

Yannic Poulain, locataire de la résidence Hautreux Bordeaux, a interpellé le ministre du Logement, « dans le cadre du grand débat », concernant le pouvoir d’achat des locataires de la résidence où il est domicilié. Des travaux d’isolation et d’embellissement de la façade sont annoncés par le bailleur Aquitanis sur la résidence Hautreux à Bordeaux. Celui-ci lors d’une réunion d’information aurait annoncé une économie d’énergie d’au moins 35 % pour les locataires. « Aquitanis annonce qu’il y aurait une contrepartie pour les locataires, écrit Yannic Poulain, à savoir qu’Aquitanis aurait reçu l’autorisation d’augmentation des loyers après travaux. Cette augmentation représente environ 10 %, ce à quoi il faut ajouter la troisième ligne (contribution locataire mensuelle pour travaux d’isolation), environ 3,5 %. Comme cela ne suffit pas, le Conseil d’Administration d’Aquitanis a voté (sauf les 4 représentants des locataires qui ont voté contre) une augmentation générale de 1,5 % des loyers pour tous les résidents du bailleur. Ce qui représente pour les locataires de la résidence Hautreux une augmentation de loyer d’environ 15 % pour l’année 2019. À cela, il faudra ajouter l’augmentation probable des charges. Connaissez-vous un salarié ou un retraité qui ait vu un tel pourcentage d’augmentation de son salaire ou sa retraite ? » Dans sa lettre adressée au ministre, le militant informe que les locataires de cette résidence sont de conditions modeste, salariés ou retraités à faibles revenus qui, pour autant, « n’auront aucun revenu supplémentaire malgré les annonces gouvernementales ». 2 • Les Nouvelles 17 janvier 2019

Édouard Philippe a beau tenter de rassurer : les personnels judiciaires sont plus remontés que jamais contre le projet de réforme de la justice porté par la garde des Sceaux Nicole Belloubet. En témoigne la marée noire des grands jours qui a défilé mardi dans les rues de Paris : 8 000 personnes, d’après les organisateurs. Des avocats en grande majorité mais aussi des magistrats, greffiers, personnels de la

pénitentiaire, de la chancellerie, éducateurs de la protection judiciaire de la jeunesse (PJJ), étudiants en droit, conseillers pénitentiaires… Unis et soudés comme rarement contre un projet de loi qu’ils jugent dangereux et dont ils réclament la suspension immédiate. « Ce texte va imposer une justice illisible, inhumaine et expéditive ! » a dénoncé à la tribune la présidente du Syndicat de la magistrature, Katia Dubreuil. « Le projet de loi ne peut être

voté en l’état ! » a lancé Christiane Féral-Schuhl, présidente du Conseil national des barreaux (CNB), au nom de « l’ensemble des acteurs du monde judiciaire » : « Nous manifestons dans l’unité et nous demandons au gouvernement de nous entendre. Nous voulons débattre de l’avenir de la justice dans le cadre du grand débat national. » « Nous avons été force de propositions, cela ne doit pas être vain, il faut que la méthode change ! a martelé Jérôme Gavaudan, président de la Conférence des bâtonniers. En maltraitant la justice, vous maltraitez le peuple ! » « Remplacer les juges et les procureurs par des ordinateurs, ce n’est pas admissible », a estimé pour sa part la bâtonnière de Paris, Marie-Aimée Peyron. Dans toute la France, des avocats étaient en grève et de nombreuses audiences ont été renvoyées. Des rassemblements ont également eu lieu à Lyon ou à Bordeaux.


ACTUALITÉ

Editorial

GILETS JAUNES

Acte 9 à Bordeaux : ambiance

9e samedi pour exprimer la colère face au mépris d’un pouvoir arquebouté sur la défense des privilégiés. Rassemblement place de la Bourse (la Bourse, un symbole évidemment). Malgré l’adversité de la durée, d’une répression féroce, d’une météo pas toujours clémente, ou de médias hors sol, les Gilets Jaunes sont toujours là. Comme pour les précédentes manifestations, les communistes étaient de la partie et s’étaient donné rendezvous au miroir d’eau. Il est 13h, l’avant-garde des Gilets Jaunes est déjà là, y compris une puissante sono qui nous accueille au son de… marches militaires parce que l’initiateur craignait la SACEM s’il diffusait un autre répertoire. Avec son sourire, Framboise lui explique doucement que non, décidemment, « ça va pas le faire ». Rassuré sur la SACEM, il nous proposera du Cabrel arrangé de paroles de circonstances et du… Johnny Halliday. Il propose également à qui le souhaite, de prendre le micro et de témoigner. Il est 13h30, le groupe de camarades s’est étoffé mais il nous manque encore des éléments car certains ont décidé de prolonger tard dans la soirée (ou la matinée) le pot de rentrée organisé

par la section la veille ; une vie de militant n’est pas toujours un long fleuve tranquille (!!!). Côté place de la Bourse, le rassemblement commence à prendre de l’ampleur mais lentement. Jamais, à cette heure-là, nous aurions parié que la participation serait plus forte que la semaine précédente. Et pourtant cela sera le cas, avec bien plus que les 6 000 personnes dénombrées par la Préfecture. L’arrivée des motards rugissants crée le premier mouvement de foule pendant que des Gilets Jaunes s’adressent aux automobilistes pour solliciter un geste de solidarité. Les klaxons gagnent nettement à l’applaudimètre. Les gens sont heureux d’être ensemble, de partager une identité commune que leur interdisent l’individualisme ou la loi du premier de cordée. Ils font fi des différences qui composent le mouvement. Et ce n’est pas peut dire que certaines pancartes ou fanions nous interpellent ! Mais tu peux te balader au milieu des attroupements avec ton badge du PCF sans que cela suscite la moindre réaction d’hostilité. Comme nous le confiera un gilet jaune venu d’un quartier populaire bordelais : « ici on accepte tout le

monde, on discute avec tout le monde ». Il est vrai qu’il n’est pas compliqué de parler avec une personne parfaitement inconnue cinq minutes auparavant. Est-ce à la vue de nos badges ou bien fortuitement, qu’un groupe de jeunes entonne l’Internationale ? Nous nous mettons facilement à l’unisson. Il y a de la créativité dans les slogans et les pancartes : - ce jeune homme brandissant sa pancarte : « La barricade ferme la rue mais ouvre la voie » ; - une dame a accroché une pancarte à son vélo, retrouvant des intonations soixante-huitardes : « Prenons le temps de vivre, de se parler, de rêver et de réfléchir » ; - ce dos de gilet jaune criant : « Liberté, égalité, fraternité, solidarité ». Ou celui-ci : « Quand l’ injustice devient loi, la résistance est un devoir ». Le tag sur le mur du Palais de Justice est d’un tout autre (mauvais ?) goût : « Quand vous transformez la rue en stade, ne vous étonnez pas qu’on tire sur les gardiens ». Nous visitons Bordeaux au gré des humeurs du groupe de tête. Nulle inquiétude parmi les rangs qui suivent en rangs serrés et bon enfant. Maintenant que le dentifrice est sortie du tube, le pouvoir va avoir du mal à le faire re-rentrer. Bon, c’est pas tout ça, mais comment transforme-t-on cette colère en propositions cohérentes ? Le RIC l’emporte au « pancartomètre », mais le respect et le pouvoir d’achat sont omniprésents. Il nous aura démangés de sortir notre pétition sur le pouvoir d’achat ou de diffuser le flyer « Nous voulons juste vivre ». N’est-ce pas ce qu’exprime ce énième rendez-vous festif ? Ce samedi, le débat était dans la rue, pas sur les plateaux télé. Jean-Jacques Bordes

LETTRE AUX FRANÇAIS

Macron joue la baisse d’impôts contre les services publics Dans sa lettre aux Français, le chef de l’État questionne une « suppression de certains services publics », aux antipodes des revendications populaires. « Nous ne pouvons pas (…) poursuivre les baisses d’impôts sans baisser le niveau global de notre dépense publique. » L’assertion n’appelle pas le débat. Elle est, sous la plume d’Emmanuel Macron dans sa lettre aux Français, l’argument pour détruire encore les services publics. « Quelles sont les économies qui vous semblent prioritaires à faire ? » interroge le président, poursuivant sans transition, « faut-il

supprimer certains services publics qui seraient dépassés ou trop chers ? ». En somme, « le grand débat devrait se résumer à choisir quels services publics doivent disparaître », résume Baptiste Talbot, secrétaire général de la fédération CGT des services publics car au fond, l’objectif demeure celui de la suppression de 120 000 postes de fonctionnaires pour une économie chiffrée à 60 milliards d’euros sur le quinquennat. Pourtant, « j’ai entendu des gens protester contre les fermetures de petites gares, contre les fermetures de classes, contre les fermetures d’hôpitaux mais personne réclamer moins de services publics », réagissait lundi Ian Brossat, chef

de file PCF pour les élections européennes. En usant de l’argument de la baisse d’impôts, Emmanuel Macron tente « de casser ce qu’il reste de services publics, de robotiser ce qui peut l’être et de privatiser le reste », commente Patrick Hallinger, secrétaire de la Convergence nationale des collectifs de défense et de développement des services publics. Pourtant, « c’est bien à la reconquête d’un certain nombre de secteurs bradés au privé – à l’image des autoroutes – qu’il faut travailler d’arrache-pied », conclut Baptiste Talbot, qui en appelle à la mobilisation « devant les salles où se tiendront les débats pour construire une véritable convergence ».

Recadrer le débat À travers le grand débat national, que Macron et le gouvernement ont dû monter à la hâte comme soupape au mouvement des gilets jaunes, on voit bien qu’ils, et au-delà le monde politique, ne savent pas quoi faire de cette irruption citoyenne. Cette mobilisation, pour le moins hétéroclite, pose la question de la représentation nationale démocratique, la question de nos institutions, la question de l’utilisation de l’argent, et au fond la question de la justice sociale et du vivre ensemble. Plusieurs mairies ont mis en place des cahiers de doléances… et on est loin, très loin, du cadre du débat national dans lequel Macron veut canaliser le fond de ce que portent les gilets jaunes. En tête des doléances, c’est le quotidien qui surgit : le revenu immédiatement disponible pour vivre, la suppression réclamée de la CSG pour les retraités et les petits revenus, des pensions à nouveau indexées sur l’inflation, la lutte contre l’évasion fiscale, la renationalisation des autoroutes… des évidences qu’Emmanuel Macron veut ignorer (à lire dans L’Humanité, Les cahiers de la colère et de l’espoir). Selon une étude de l’Institut des politiques publiques (relatée par le JDD), les 1 % les plus riches devraient voir leurs revenus augmenter de 6 % en deux ans. Mais, hors de question de revenir sur ces choix a, d’ores et déjà, déclaré le chef de l’État dans sa lettre. S’il n’est donc pas possible de compenser des baisses d’impôts pour les foyers les plus modestes par des augmentations d’impôts pour les plus riches, ce sont donc les dépenses publiques qu’il veut faire baisser. Dans sa lettre, il montre la cohérence des choix politiques qui sont fait. Il ne s’agit pas d’une erreur, mais bien d’un recadrage, en sous-entendant bien évidemment qu’il n’y a pas d’autres choix possibles. Macron cherche à maitriser les questions du débat, pour donner un sens démocratique et pédagogique et pour réduire les mobilisations, notamment en criminalisant le mouvement social. Le président cherche une sortie à cette crise politique inédite. Les communistes proposent à l’inverse d’ouvrir la discussion sur tous les sujets et de faire grandir des propositions permettant d’augmenter le pouvoir d’achat des français, de restaurer nos services publics, de mieux répartir les richesses et d’ouvrir la voie à une VIe République qui ne peut pas se réduire au simple fait de réduire le nombre d’élu-e-s. Il est urgent de répondre à la soif de justice sociale et de justice fiscale qu’expriment les Français.

Olivier Fondriest membre de l’exécutif du PCF 33

Les Nouvelles 17 janvier 2019 • 3


UN RER MÉTROPO Fin décembre, la métropole bordelaise a annoncé la mise en place d’un RER métropolitain. Pour les habitants et salariés de l’agglomération, c’est indéniablement une bonne nouvelle même si les échéances annoncées semblent longues face à l’urgence. Mais pour les communistes qui mènent depuis 30 ans une bataille acharnée pour faire du train un outil de déplacement pour les habitants de l’agglomération, c’est une grande victoire qui « ouvre une nouvelle ère dans les transports bordelais ». Depuis 1983, les communistes se battent pour le développement de la ligne de ceinture. Vous pouvez voir ci-contre, cette question abordée par Jean-Jacques Paris au Conseil général et relatée dans Les Nouvelles le 11 octobre 1990, quelques jours après l’arrivée du premier TGV en gare de Bordeaux. Dès 2003, Max Guichard, président du groupe communiste à la CUB, évoquait le besoin de développer un RER d’agglomération avec la ligne de ceinture comme colonne vertébrale. Et c’est aujourd’hui Claude Mellier, dont vous pouvez lire l’interview ici, qui a présenté le dossier en conseil de métropole, approuvé par l’ensemble des élus. Un pas en avant donc mais des batailles restent à mener notamment sur les financements que nécessite ce RER et « qui ne pourront s’obtenir au détriment des habitants du reste du département ou de la région, comme cela est envisagé », soulignent les communistes dans le tract qu’ils se préparent à distribuer (voir page 5). Ils y rappellent également que les problèmes environnementaux et de déplacement nécessitent une politique volontariste pour « faire disparaître les murs de camions sur la rocade et les autoroutes » notamment par des investissements massifs « dans le fret ferroviaire avec le magnifique outil que représente Hourcade ». Et comme dit Max Guichard : pas dans trente ans !

DÉVELOPPEMENT RÉSEAU EXPRESS RÉGIONAL MÉTROPOLITAIN

« Nous ne sommes pas au bout du chemin, mais c’est un premier pas encourageant » Max Guichard, pour le groupe communiste, est intervenu au Conseil de métropole du 21 décembre sur la délibération concernant l’offre de mobilité dans la métropole bordelaise. Autant le dire, il n’a pas boudé son plaisir sur le développement d’un réseau express régional métropolitain. Il a cependant appelé à « accélérer le processus » et a interrogé l’engagement de la Région et de l’État. Ci-dessous son intervention. « Bien sûr, nous ne sommes pas au bout du chemin, mais c’est un premier pas qui est encourageant et qui, surtout, nous engage avec la Région sur une autre utilisation du train sur le territoire de notre agglomération. Des convertis de la dernière heure pourront toujours tordre du nez s’ils le veulent, pour notre part, après 30 ans de bataille continue sur cette question, nous ne pouvons d’abord qu’exprimer notre satisfaction. Une fois dit cela, nous nous rendons

Article publié le 11 octobre dans les Nouvelles de Bordeaux.

Blaye

2019

Expérimentation du billet unique sur la voie de ceinture

2024 Saint Aménagement à St Mariens Mariens pour renforcer l’afflux périurbain

Macau

2020

Mise en service des premiers TER périurbains Libourne-Cestas

2021

Mise en service de la halte TER du Bouscat Ste Germaine

Libourne Bordeaux St Jean

Arcachon 2025

Dessertes directes TER Libourne-Arcachon

2023

Réouverture (au plus tard) de la halte TER de Talence-Médoquine

2019 Créon

Expérimentation d’une permière ligne de cars express Créon-Bordeaux…

2028

Dessertes directes TER St Mariens-Langon

Langon 4 • Les Nouvelles 17 janvier 2019

bien compte du chemin qui reste à parcourir. En effet, les délais proposés par la délibération nous semblent quelque peu lointains au vu des enjeux de déplacement, tant sur notre agglomération que sur le département. L’urgence nous dicte d’accélérer le processus. D’autre part, une des difficultés pour augmenter l’offre ferroviaire, outre le financement du réseau, est la question de l’état de l’infrastructure. En effet, sur de nombreuses lignes, les travaux d’entretien ou de rénovation n’ont pas été faits. Cela limite la vitesse des TER, et donc limite le nombre de sillons pour faire circuler des trains. C’est un obstacle qu’il nous faut dépasser et qui demande du temps. Nous actons dans les annexes le fait que la métropole participera au financement de la nouvelle offre sur l’agglomération. Il faut saluer l’effort qui est fait par notre établissement, qui soulève cependant des interroga-

…avant déploiment en 2020 du nouveau réseau routier des cars express

tions. En effet, la Région nous applique ce que l’État nous a appliqué pour la LGV : l’utilisateur devient le payeur. Or, comme pour la LGV, les usagers des nouveaux arrêts ne seront pas seulement des habitants de la métropole. Ces arrêts sur notre territoire vont bénéficier à l’ensemble des Girondins. Donc, pourquoi ne pas réfléchir à un financement croisé ? Mais il me semble qu’il devra alors y avoir de la réciprocité sur nos investissements pour notre réseau ou sur la rocade, qui ont l’un et l’autre une dimension largement régionale. La question essentielle à nos yeux, sur le financement des infrastructures, reste la participation de l’État. Il en est le premier responsable et il doit à nos yeux assumer toutes ses responsabilités. La convention qui a été votée lundi (Convention TER Nouvelle Aquitaine - NDLR) nous interroge sur les véritables ambitions de la Région. En effet, c’est une convention qui marque un coup d’arrêt quant aux dépenses pour faire face aux besoins de transport sur notre région. Alors que la population augmente, que les enjeux climatiques appellent à développer les déplacements notamment en train, le choix est fait de baisser de 10 % la contribution de la Région. Cela nous apparaît comme un contresens historique, dicté par la cure d’austérité qu’impose le gouvernement, notamment avec la contractualisation. L’ensemble de ces remarques faites, nous voterons cette délibération qui, nous l’espérons, en appelle d’autres. Tout le monde sait qu’un grand contournement routier est un appel supplémentaire à l’aspiration de camions avec toutes ses grandes conséquences environnementales. Messieurs les Maires, j’aurai préféré que toute votre énergie se pose sur le fret ferroviaire dont la revivification est d’une grande urgence. Est-ce que nous devons attendre 30 ans pour le fret ferroviaire comme nous avons attendu 30 ans pour le RER métropolitain ? »


OLITAIN : ENFIN ! CLAUDE MELLIER, VICE-PRÉSIDENTE DE BORDEAUX MÉTROPOLE :

« J’ai pensé à mes camarades qui, depuis plus de trente ans, se sont mobilisés pour une véritable utilisation de la ligne de ceinture » Claude Mellier, élue communiste à Mérignac, est vice-présidente de Bordeaux Métropole, en charge des infrastructures routières et ferroviaires. C’est à ce titre qu’elle a présenté, fin décembre 2018, une délibération saluée par tou-te-s sur l’offre de transport. Celle-ci annonce, notamment, la création d’un RER métropolitain.

Les Nouvelles. Tu as présenté une délibération concernant l’« amélioration de l’offre de mobilité à destination des habitants de l’aire métropolitaine » au Conseil de métropole du 21 décembre, celle-ci a été votée à l’unanimité. Il y est question, notamment, du renforcement de l’offre ferroviaire, un tel consensus autour de cette question t’a-t-il surprise ? Comment l’expliques-tu ? Claude Mellier. Les déplacements sur la Métropole et au-delà sont de plus en plus difficiles pour la population. Bordeaux est la troisième agglomération de France la plus congestionnée. Les populations, notamment celles des zones péri-urbaines, sont souvent prisonnières de leur voiture faute d’une offre de transport adaptée. Or, il existe sur la Métropole, une ligne SNCF dite « ligne de ceinture » sous-utilisée. L’évolution des conditions de déplacement a amené la Métropole a envisagé des études sur

sa régénération, l’ouverture de gares, le cadencement des arrêts. Pendant 2 ans, sur la base de ces études, des réunions se sont tenues avec la SNCF, la Région et la Métropole, sans aboutir : désaccords sur les investissements nécessaires, les aspects techniques et financiers notamment, de la part de la SNCF. Début décembre, une démarche commune entre la Région et la Métropole s’est concrétisée sur la lutte contre la congestion routière et la réduction des inégalités de l’offre de transports par la mise en place d’un RER métropolitain en lien avec les lignes départementales. La délibération que j’ai présentée, rédigée à peu près dans les mêmes termes qu’à la Région, a été votée à l’unanimité et applaudie par les élus métropolitains. Très sincèrement, j’ai pensé à mes camarades qui, depuis plus de trente ans, se sont mobilisés pour une véritable utilisation de la ligne de ceinture.

faire circuler plus de trains. Un autre aspect de l’amélioration de la circulation ferroviaire, c’est la mise en place de la diamétralisation, c’est-à-dire que la gare Saint Jean ne sera plus un terminus mais un arrêt. Ce sera le cas pour Libourne-Arcachon. Même démarche pour Saint Mariens-Langon. Elles deviennent des lignes directes. À cela s’ajoute l’ouverture de nouvelles haltes. C’est notamment le cas de la création de la halte Sainte Germaine au Bouscat en 2021 et la réouverture de la gare de la Médoquine en 2023, fermée depuis 1949. Cette amélioration de l’offre est tout à la fois liée aux actions menées depuis des années pour la réouverture de la Médoquine et les potentialités que porte l’existence de la structure elle-même.

Les Nouvelles. Peut-on considérer que le projet d’un « RER » métropolitain est lancé ? Quels en seraient d’ailleurs les caractéristiques et les intérêts ?

C.M. La perspective 2028, dix ans pour réaliser ces projets ferroviaires, est-ce trop tard ? Bien sûr que du temps a été perdu. J’aurai souhaité que ces mesures soient mises en œuvre plus tôt, tant pour la population que pour l’environnement. Néanmoins, ce RER métropolitain est toujours attendu. Le journal Sud-Ouest a révélé le 8 janvier dernier les résultats d’un sondage sur ce projet : 72,68 % des participants le jugent nécessaire, utile. Parmi les arguments avancés : pas de création de structures lourdes, couteuses et longues à construire. Il est vécu comme un gain de temps.

C.M. Le RER métropolitain est lancé avec deux objectifs. Le premier est la réalisation d’aménagements ferroviaires dans le sud de Bordeaux pour fluidifier le trafic sur Langon et augmenter la capacité de la ligne pour

CONSEIL DE MÉTROPOLE DU 21 DÉCEMBRE

RER métropolitain Un vrai pas en avant pour améliorer le quotidien des habitants Lors du conseil de métropole du 21 décembre, les élus ont voté un projet de RER métropolitain. Ce vote est une grande victoire, qui marque une bataille acharnée des communistes depuis 30 ans, pour faire du train un outil de déplacement pour les habitants de l’agglomération. Cette victoire montre une fois de plus qu’il faut savoir faire preuve de persévérance et d’acharnement dans les batailles. Depuis 1983, les communistes se battent pour le développement de la ligne de ceinture SNCF. Dès 2003, Max Guichard, président du groupe communiste à la CUB, évoquait le besoin de développer un RER d’agglomération avec, comme colonne vertébrale, la ligne de ceinture. Et c’est donc Claude Mellier, vice-présidente communiste aux infrastructures ferroviaires, qui aura présenté le dossier en conseil de métropole. Cette décision est un vrai pas en avant pour améliorer le quotidien des habitants. Des batailles restent à mener. Comme l’a montré le mouvement des cheminots l’année dernière, la réforme ferroviaire est pleine de dangers. Le RER métropolitain demande de vrais financements pour répondre efficacement aux besoins de la population. Ces financements ne peuvent se faire au détriment des habitants du reste du département ou de la région, comme cela est envisagé. Nous ne pourrons résoudre les problèmes environnementaux et de déplacements sans une politique volontariste qui permette de faire disparaître les murs de camions sur la rocade et les autoroutes. Il y a un besoin urgent d’investir de façon massive dans le fret ferroviaire avec le magnifique outil que représente Hourcade.

LE PCF EN GIRONDE

Les Nouvelles. À quelle échéance, pourrait-on espérer voir aboutie cette nouvelle offre de transport collectif ? Est-ce que cela n’arrive pas déjà pas trop tard ?

Les Nouvelles. Quel(s) autre(s) point(s) fort(s) doit-on retenir de cette délibération, selon toi ? C.M. La valorisation du ferroviaire et la reconnaissance de son efficacité par l’ensemble des élus, toutes sensibilités confondues, en est un. Pendant des années, les élus communistes à la CUB de l’époque et à la Région ont agi inlassablement pour faire connaitre cette infrastructure, méconnue par les habitants et les élus. Autre point fort à retenir : la création d’un syndicat mixte entre la Métropole et la Région, Nouvelle Aquitaine Mobilités, en juillet 2018. Il permet d’ouvrir des échanges pour prendre des décisions sur les mobilités. Il est certainement l’élément qui a favorisé l’action concertée sur le RER métropolitain. Maintenant, il convient d’avancer vers une billetterie unique.

15 Rue Furtado, 33800 Bordeaux // 05 56 91 45 06 gironde.pcf@gmail.com

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Propos recueillis par Christelle Danglot

CONSEIL MÉTROPOLE 21 DÉCEMBRE PRÉSENTATION DE CLAUDE MELLIER

Amélioration de l’offre de mobilité à destination des habitants de l’aire métropolitaine. Cette délibération s’inscrit dans le cadre de la stratégie métropolitaine des mobilités votée en 2016 afin d’améliorer les conditions de mobilité et faciliter l’accès à la métropole. Deux volets structurent cette volonté commune de Bordeaux Métropole et la Région Nouvelle Aquitaine au cœur du syndicat mixte Nouvelle Aquitaine Mobilités : - la création d’un RER métropolitain ; - les cars express. Le développement d’un RER métropolitain.

Depuis 2002, la Région a beaucoup investi dans le réseau de trains express régionaux. Cette implication a permis une évolution positive, mais il faut aller plus loin. Région et Bordeaux Métropole ont retenu deux objectifs à l’horizon 2028 : réalisation des aménagements ferroviaires au sud de Bordeaux et la mise en œuvre d’un RER métropolitain renforcé et diamétralisé sur les lignes : - Libourne – Arcachon - Saint Mariens – Langon Elles nécessitent 145 millions d’investissement et 88 millions de matériel roulant soit 233 millions. Avec comme objectif des dessertes toutes les 30 minutes en plus des autres trains. Sans attendre, mise en œuvre progressive du RER métropolitain, la réalisation de plusieurs opérations : - automne 2019 : expérimentation de l’acceptation tarifaire sur la voie ferrée de ceinture (première étape vers le billet intermodal unique sur le territoire métropolitain) ; - 2020 : mise en service des premiers TER péri-urbains Libourne ; - Cestas, augmentation de la fréquence des TER métropolitains ; - 2021 : mise en service de la halte TER du Bouscat Sainte Germaine ; - 2023 : réouverture de la halte TER de Talence Médoquine au plus tard ; - 2024 : aménagement d’une origine et d’un terminus à Saint Mariens ; - 2025 : dessertes directes Libourne-Arcachon ; - 2028 : dessertes directes TER Saint Mariens-Langon (après les achèvements des aménagements

ferroviaires du sud de Bordeaux (AFSB). (…) Le deuxième volet pour améliorer les conditions de déplacement : le réseau car-express Le développement d’un réseau car-express en complémentarité du TER/RER métropolitain là où il n’y a pas de ligne ferroviaire, la solution est pertinente et a déjà fait ses preuves (Grenoble, Lyon, Marseille, Madrid). Ces lignes permettent d’assurer une vitesse commerciale performante, une grande régularité grâce au nombre limité d’arrêts et une intermodalité sur la ligne. - Rentrée 2019 : première expérimentation Créon/ Bordeaux place de La République. - Rentrée 2020 : déploiement des lignes et services routiers, en particulier depuis Blaye et St André de Cubzac dans le cadre du renouvellement de la concession du transport routier interurbain (Transgironde). Concernant le financement

- Participation de la Région. - Participation du syndicat mixte avec une nouvelle ressource : versement transport additionnel. - Participation de Bordeaux Métropole : par le cofinancement du fonctionnement du réseau de cars express : en 2019, 500 000 € seront versés pour la première ligne Créon - Bordeaux qui permettra de desservir le sud de la CALI. - Participer aux investissements sur les infrastructures du réseau ferroviaire quand il y a amélioration de l’offre (au-delà du maintien de l’existant). - En fonction des évolutions législatives, Bordeaux Métropole pourra financer le fonctionnement des services supplémentaires du RER métropolitain à condition que la Région garantisse la poursuite à un niveau plus élevé de son effort budgétaire consacré au RER et TER. Enfin se pose l’engagement de l’Etat et de la SNCF à financer et assurer la réalisation de travaux nécessaires pour la régénération du réseau afin de répondre à l’offre nécessaire. Il convient également de rechercher des fonds européens avec la Région en s’appuyant sur la situation de « nœud ferroviaire métropolitain ». (…) Les Nouvelles 17 janvier 2019 • 5


INTERNATIONAL KURDISTAN

ASIE

Marche à Paris pour Sakine, Fidan et Leyla

En Corée du Sud, les nouilles de la révolte

Six ans après l’assassinat à Paris des trois militantes kurdes, Sakine Cansiz, Fidan Dogan et Leyla Saylemez, le 9 janvier 2013, une marche, réunissant 15 000 personnes, a réclamé samedi 12 janvier la fin de l’impunité. « Nous savons que ces crimes ont été commandités par les services secrets de Turquie (MIT). Nous souhaitons que la justice française travaille à identifier précisément les commanditaires, à les poursuivre et à les condamner », relève Sylvie Jan, présidente de l’association

France-Kurdistan. Le MIT dépendait directement du premier ministre de l’époque, Recep Tayyip Erdogan. Le meurtrier présumé, Ömer Güney, est mort le 17 décembre 2017, soit quelques semaines avant l’ouverture du procès. Le Conseil démocratique kurde en France (CDKF) demande toutefois aux autorités françaises de cesser de ménager « leurs relations avec la Turquie ». Car, poursuit Sylvie Jan, « le crime d’État ne peut être accepté dans l’État de droit » français.

TURQUIE

La députée Leyla Güven entre la vie et la mort Dans toute l’Europe et en Turquie, des grèves de la faim se multiplient pour dénoncer l’odieux régime d’isolement dont fait l’objet le leader kurde Abdullah Ocalan. La députée Leyla Güven (HDP), incarcérée à Diyarbakir, est désormais entre la vie et la mort. Le PCF appelle les gouvernements français et des pays membres de l’Union européenne à interpeller la Turquie sur le sort de Leyla Güven et d’Abdullah Ocalan. Les violations des droits humains sont

devenues la règle dans la Turquie du président Recep Tayyip Erdogan. « Défendre les prisonniers politiques de Turquie, dénoncer les conditions dans lesquelles elles et ils sont maintenu-e-s en détention, c’est affirmer sa pleine solidarité avec tou-te-s les partisan-e-s de la paix et de la démocratie avec les peuples de Turquie. » Le PCF réitère son soutien aux grévistes de la faim de Strasbourg, et avec Leyla Güven qui doit être libérée immédiatement.

ZIMBABWE

Manifestation contre la hausse des carburants Le principal syndicat appelle à la grève et dénonce l’« idéologie antitravailleurs, antipauvres et antipeuple » du pouvoir. Les milliers de personnes qui ont envahi les rues des deux principales villes du pays, la capitale Harare au nord et Bulawayo au sud, ne portent pas de gilets jaunes mais leur colère a éclaté dès l’annonce par le gouvernement du doublement du prix des carburants. « À partir de minuit (samedi), le prix du diesel à la pompe est fixé à 3,11 dollars américains le litre et celui de l’essence à 3,31 dollars », a déclaré le président du Zimbabwe, Emmerson Mnangagwa. Cette mesure vise à remédier à « la pénurie persistante de carburant due à la hausse de la consommation dans l’économie et aux activités illégales liées aux taux de change et au commerce (de pétrole) », a par ailleurs expliqué le chef de l’État. Avant cette hausse, les tarifs étaient de respectivement 1,36 dollar pour le litre de diesel et 1,24 dollar le litre d’essence. « Nos perspectives de carrière sont mortes »

À Epworth, un des quartiers pauvres de Harare, la plupart des axes menant vers le centre-ville ont été bloqués par des manifestants. « Nos perspectives de carrière sont mortes, tous ceux qui ont plus de 18 ans sont condamnés à rester chez eux sans travail ! a lancé l’un d’eux, Elisha Sukunyudzai. Le gouvernement 6 • Les Nouvelles 17 janvier 2019

doit faire quelque chose car nous avons voté pour lui. » À Bulawayo, considérée comme un fief de l’opposition, des centaines de manifestants ont également érigé des barricades, attaqué des minibus et pillé des magasins, selon un correspondant de l’AFP. « Le gouvernement sait désormais que nous sommes en colère contre la décision stupide d’augmenter les prix de l’essence », a justifié l’un d’entre eux. « Le gouvernement a officiellement dévoilé son idéologie antitravailleurs, antipauvres et anti-peuple ! s’est insurgé le Congrès des syndicats du Zimbabwe (ZCTU). Nous allons nous mobiliser et nous battre pour notre survie. » La population est appelée à une grève de trois jours. Le ministre des Finances, Mtuli Ncube, affirme que les prix du pétrole dans son pays étaient inférieurs à ceux pratiqués dans les États alentour. Selon lui, des étrangers en profitent pour en acheter au Zimbabwe et le revendre à l’étranger, d’où les récentes pénuries dans le pays. Cette situation s’explique par la dépréciation du « bond note » zimbabwéen, une sorte de monnaie sous forme d’obligation introduite en 2016 pour pallier la fuite des dollars américains. Là comme ailleurs, le pouvoir fait la sourde oreille et dénonce un « plan délibéré visant à saper l’ordre constitutionnel » et assure qu’il « répondra de façon appropriée (…) à ceux qui conspirent pour saboter la paix ». Pierre Barbancey, l’Humanité du 15/01/19

À Séoul, l’autel dédié à Kim présente un portrait, des bougies, des chrysanthèmes et& un bol de nouilles

Le pays est en ébullition suite à la mort d’un jeune intérimaire. Les repas instantanés retrouvés dans son sac sont devenus le symbole de la lutte contre la précarité. Depuis la mort d’un ouvrier, le 11 décembre 2018, dans une centrale à charbon, l’empire du plat préparé et déshydraté est en ébullition. Et ce pays, où la consommation mondiale de ramyeons est la plus importante au monde avec 74,1 paquets par personne et par an, pourrait bien se détourner peu à peu de ces pâtes bon marché, désormais symboles de précarité et d’exploitation. À l’instar de ses compatriotes, Kim Yong-kyun en était un grand consommateur. C’est en réalité le seul repas que son maigre salaire lui permettait de s’offrir. Après son décès, les policiers ont ainsi retrouvé dans son sac à dos une lampe de poche cassée et trois sachets de ramyeons. Âgé de 24 ans, l’intérimaire est mort aspiré dans un tapis à charbon qui l’a décapité. Personne n’est venu à son secours : par souci d’économie, le patronat de la Korea Western Power Company Ltd (Kowepo) préfère ne pas constituer d’équipes. Le jeune ouvrier est pourtant le quinzième à décéder dans cette centrale depuis 2010. Afin de ne pas verser d’indemnisation, la Kowepo a « omis » de déclarer quatre des décès intervenus dans sa centrale. Dans un pays où le taux de chômage des jeunes caracole à 9,4 %, soit le

plus haut niveau depuis 1999, la concurrence est reine et il n’est point de salut hors des diplômes. Kim a donc obtenu deux licences d’ingénieur, mais n’a reçu que trois heures de formation à la sécurité avant d’être envoyé à la mort. Le tout pour un salaire de 1 300 euros, sans prestation sociale, et avec lequel il a dû payer son casque et sa lampe de poche. « Le salaire des intérimaires ne leur permet pas de manger correctement. Ils finissent par avaler des ramyeons ou de la nourriture qu’ils achètent au distributeur automatique », confirme Lee Tae-sung, porte-parole des travailleurs intérimaires de l’usine. Taux de mortalité au travail le plus élevé de l’OCDE

Avec 1 000 morts par an, la Corée du Sud possède le taux de mortalité au travail le plus élevé des pays de l’OCDE. 76 % sont des intérimaires affectés à des postes dangereux qu’ils ne maîtrisent pas. Les syndicats déplorent le danger que constituent pour les travailleurs les économies de main-d’œuvre. D’aucuns dénoncent également un gouvernement qui ferme les yeux sur les pratiques des entreprises. « La mort de ce jeune travailleur intérimaire a plongé notre peuple dans une profonde tristesse et a révélé la véritable nature de cette société », a fustigé Na Do-won, l’un des responsables du Parti travailliste. Fin décembre, des parlementaires de gauche sont parve-

nus à faire adopter un amendement à la loi sur la sécurité industrielle portant le nom de Kim Yong-kyun visant à responsabiliser les entreprises et à améliorer les conditions de travail des intérimaires. La droite s’est empressée de condamner une loi criminalisant les patrons et susceptible de nuire à l’activité. Kim Mi-sook, la mère du jeune homme, demande pour sa part une inspection indépendante permettant de déterminer les circonstances exactes de la mort. Un mouvement s’est, depuis, levé dans l’ensemble du pays demandant la fin du recours à la sous-traitance pour les emplois à risque. À l’appel de la Confédération coréenne des syndicats (KCTU), des rassemblements hebdomadaires sont organisés. Également portée par la nouvelle génération, la contestation a donc pris pour symbole les fameux ramyeons. Ces pâtes, dont le prix oscille entre 800 et 1 200 wons (de 0,62 à 0,93 euro), sont considérées « comme un trésor de nutriments pour les pauvres », selon les chercheurs Jung Ho Park et Sun Woong Park. Nées au Japon, ces nouilles instantanées ont débarqué dans la péninsule en 1936. Après la guerre de Corée, les États-Unis profitent de la faim qui étreint leur allié pour écouler leur surproduction de blé. Et le gouvernement d’encourager la fabrication de ce plat du pauvre. Au cours des années 2000, dans le cadre de la politique du rayon de soleil, le produit devient même un instrument de coopération entre Séoul et Pyongyang : des cargos chargés de millions de sachets sont affrétés. Dans la zone industrielle de Kaesong, située en Corée du Nord, les entreprises du Sud ont, elles aussi, distribué des nouilles instantanées pour compenser l’interdiction de payer les heures supplémentaires des travailleurs nord-coréens en espèces. Une astuce qui leur permet de liquider la surproduction tout en limitant les dépenses salariales. Les profits d’abord. Avec Lina Sankari, l’Humanité du 15 janvier

SERBIE

La rue défie Vucic Douze mille manifestants se sont de nouveau rassemblés samedi, à Belgrade, contre la restriction des libertés, le durcissement des conditions de vie et la main basse du clan présidentiel sur la justice, le secteur clé du bâtiment et les finances. Chaque samedi depuis le 8 décembre, des citoyens au profil varié défilent à l’appel de l’Alliance pour la Serbie, regroupant une dizaine de partis d’opposition allant de la gauche à l’extrême droite. Malgré la censure des médias, la contestation pour réclamer la démission du ministre de l’Intérieur commence à gagner d’autres villes comme Kraguje-

vac (Centre) et Kursumlija (Sud), qui assurent vouloir poursuivre « jusqu’à la victoire contre la dictature ». « Ceux qui osent élever la voix vivent dans la peur »

Le mouvement contre le président ultralibéral, lui-même venu de l’extrême droite, Aleksandar Vucic, a démarré après l’agression à coups de barre de fer de l’opposant Borko Stefanovic, chef de file du Parti de gauche serbe, durant un meeting à Krusevac (Sud), le 23 novembre. L’acte aurait été commandité par des proches du

gouvernement. « C’est une véritable oligarchie et ceux qui osent élever la voix contre le pouvoir vivent dans la peur », précise Borko Stefanovic. L’opposition réclame également la lumière sur l’assassinat d’Oliver Ivanovic, un homme politique serbe du Kosovo, responsable du parti social-démocrate, l’Initiative civique. De nouvelles manifestations sont d’ailleurs prévues mercredi, à l’occasion du premier anniversaire de sa mort, devant les locaux de sa formation à Mitrovica. Lina Sankari, l’Humanité du 14/01/19


PCF FABIEN ROUSSEL RÉAGIT À LA LETTRE D’EMMANUEL MACRON :

BORDEAUX

Faire grandir des propositions permettant d’augmenter le pouvoir d’achat

Rendez-vous convivial des vœux de la fédération

Déclaration de Fabien Roussel, secrétaire national du PCF et député du Nord, lundi, 13 janvier, 2019. « Le Président de la République annonce dans la presse les contours de son grand débat national. Comme nous l’avons dit ces dernières semaines, nous ne voulons pas que ce débat soit l’occasion d’éviter de répondre aux questions de justice fiscale et de justice sociale que posent les Françai-se-s depuis des mois. Il doit encore moins servir à caution-

ner des politiques d’austérité encore plus sévères. Il n’est à aucun moment question de “pouvoir d’achat” dans ce courrier aux Françai-se-s. Le mot “salaire” n’apparaît qu’une fois et encore, il n’est pas au cœur des questions posées aux Françai-ses. Rien non plus sur l’évasion fiscale et les moyens de lutter contre la financiarisation de l’économie. En revanche, à nouveau, le Président ne peux pas s’empêcher de fermer la porte au retour de l’ISF ou encore de proposer de «réduire la dépense publique”, voire de “supprimer des

services publics”. Les communistes proposent à l’inverse d’ouvrir la discussion sur tous les sujets et de faire grandir des propositions permettant d’augmenter le pouvoir d’achat des Françai-se-s, de restaurer nos services publics, de mieux répartir les richesses et d’ouvrir la voie à une VIème République qui ne peut pas se réduire au simple fait de réduire le nombre d’élu-e-s. Il est urgent de répondre à la soif de justice sociale et de justice fiscale qu’exprime les Françai-se-s. »

DÉMOCRATIE

« Le référendum n’est pas un remède miracle, il faut être très prudent » Par Cécile Cukierman, sénatrice de la Loire, porte-parole du PCF, dans l’Humanité du jeudi, 3 janvier, 2019. « Le président ne peut pas surfer sur le populisme et dire qu’on a moins besoin d’élus alors que ce que révèle la crise des gilets jaunes, c’est une crise de la politique, de la représentation, mais aussi de la prise en compte populaire dans les choix politiques. Les gens veulent moins d’élus mais veulent des élus plus proches et plus disponibles, une contradiction qui montre que le système ne répond plus aux attentes populaires. Le référendum d’initiative citoyenne n’est pas la seule solution. Un référendum,

quel qu’il soit, doit prendre le temps du débat contradictoire, de l’information, pour que chacun puisse se faire sa propre opinion. Ce n’est pas un remède miracle qui exige de répondre du tac au tac ; il faut éduquer, confronter les idées. Les médias sont sous monopole financier, les élus sont soumis à la pression des lobbys, il faut donc être très prudent si on veut que ce soit l’occasion de redonner la parole au peuple. Si c’est pour ne pas respecter le choix des Français comme en 2005, nous irons vers une crise politique bien pire qu’aujourd’hui. Plus qu’un référendum dans une Ve République monarchisée, il faudrait refonder le contrat démocratique.

Avec le quinquennat et les législatives qui suivent la présidentielle, nous allons de crise en crise. À chaque mandat, à une période de suivisme, succède une période de grande défiance et de remise en cause permanente. La démocratie doit être un vaet-vient permanent entre le peuple et ses représentants. C’est aujourd’hui de plus d’élus dont nous avons besoin pour prendre en compte la diversité politique et la diversité des territoires. Un grand débat doit s’ouvrir pour redonner la parole au peuple. C’est davantage d’horizontalité et de nouveaux cadres démocratiques que demandent les citoyens. Ça ne se réglera pas dans un débat parlementaire. Ni en deux mois ! »

OUVERTURE À LA CONCURRENCE DES TRAINS INTER-CITÉS

Un contre-sens historique

Décidément, Macron et le gouvernement Philippe ont l’art du contre-pied, sinon du contresens de l’histoire. Alors que la question des services publics est au cœur du mouvement des Gilets jaunes, que des milliers de cheminots se sont mobilisés contre la réforme de la SNCF, ils ouvrent à la concurrence les lignes Nantes-Bordeaux et Nantes-Lyon. Les usagers du train n’ont pas besoin de concurrence pour que le service s’améliore et soit de meilleure qualité.

Ce qui est nécessaire, c’est que l’État investisse dans les infrastructures, le matériel et les hommes afin de répondre aux besoins de la population. Aujourd’hui, il faut 1h30 de plus pour réaliser Nantes-Bordeaux qu’il y a 10 ans, par manque d’investissement de l’État. Rien qui puisse inciter à laisser sa voiture pour faire ce trajet. François de Rugy, ministre de l’Écologie, devrait donc, de son côté, plus se soucier des investissements qui sont réalisés dans le ferroviaire que d’assurer de nouveaux profits à des opérateurs privés.

Les lignes Nantes-Bordeaux et Nantes-Lyon ont un vrai rôle d’aménagement du territoire, elles répondent aux besoins de déplacements quotidiens de salariés et de lycéens, tout comme elles assurent un lien inter-régional (1 million de passagers annuels). Cette ouverture à la concurrence, à l’instar de l’exemple anglais, va se traduire par une augmentation progressive des tarifs et une dégradation du service, tout en permettant à des promoteurs privés de réaliser des profits. C’est un contresens quand, aujourd’hui, la Grande Bretagne renationalise ses trains à la demande de la population, devant l’inefficacité des opérateurs privés. Nous refusons cette logique. Ce dont ont besoin nos populations, c’est d’un service public de qualité, qui assure la solidarité territoriale et d’un aménagement harmonieux, en y consacrant les moyens financiers nécessaires. Cécile Cukierman, porte-parole du PCF, le 10/01/19

Mardi 29 janvier à partir de 18h30, au siège départemental du PCF, 15 rue Furtado à Bordeaux (33800). « L’année 2018 aura été agitée et mouvementée. Nous pouvons faire de 2019 une année d’avancées sociales et démocratiques, de batailles politiques victorieuses. Il ne s’agit pas simplement de le souhaiter, mais de le vouloir, et de s’en donner les moyens. Il nous faut pour cela être à l’offensive, en direction de la population, du monde du travail, de la jeunesse, et de celles et ceux qui aujourd’hui se lèvent face à la politique du gouvernement. » Sébastien Laborde, secrétaire départemental du PCF Gironde.

BORDEAUX

Soirée vœux Bacalan Les militants communistes de Bacalan ont le plaisir de vous convier : mercredi 23 janvier à 18h, salle Pierre-Tachou, 44 rue Joseph Brunet. Interventions d’Olivier Escots, secrétaire de la cellule PCF de Bacalan et de Vincent Maurin, conseiller municipal de 2001 à 2014 et de Jean Querbes, député européen 1997/1999 19h : galette (*) Renseignements et inscriptions à l’adresse : pcfbacalan@gmail.com. (*) Vincent Maurin, Un communiste dans sa ville et Jean Querbes, Bordeaux Cienfuegos, une histoire méconnue, dédicaceront leurs livres.

SECTION DES 2 RIVES

Débat et repas le 26 janvier Les communistes de la section des 2 Rives organisent un débat sur l’actualité politique et sociale : « le grand débat qu’en est-il ? », le samedi 26 janvier 2019 à 10h30, salle J.Ph. Corjial à Saint Caprais de Bordeaux qui sera suivi d’un repas. Pour participer au repas il faut s’inscrire. Le prix du repas est fixé à 15 € pour un adulte et à 8 € pour un enfant de 5 à 18 ans. Réservez auprès de Nelly CHAPELLE au 07 71 64 65 12

SECTION DE BORDEAUX

Repas à Bacalan le 8 février Communication de la section. « L’année 2019 commence comme elle l’avait fini, c’est-à-dire avec un pouvoir en grande difficulté pour répondre concrètement aux attentes des « Gilets Jaunes » et plus généralement à celles de l’ensemble de la population. Notre congrès extraordinaire d’Ivry, au-delà de l’élection d’un nouveau secrétaire national (Fabien Roussel) et du renouvellement de l’exécutif national, a fixé une feuille de route ambitieuse et offensive pour les communistes dans la perspective des élections européennes du 26 mai 2019 et plus largement pour lutter contre les politiques libérales du gouvernement et ouvrir une perspective de transformation. Une année riche s’ouvre, c’est pourquoi nous te proposons un moment de fraternité et de convivialité autour du traditionnel repas de section. Relancée en 2016, cette initiative permet de réunir plus de 80 communistes bordelais chaque année. Nous la renouvelons le : vendredi 8 février 2019 à partir de 19h, salle Pierre Tachou (tram Barrêt Brandenbourg) à Bacalan. Cette soirée débutera par une intervention du comité exécutif local qui s’est enrichi de 3 nouveaux camarades. Il fera le point sur l’actualité politique locale et nationale et les enjeux bordelais. Il sera suivi d’un apéritif offert par la section puis d’un repas. » Le prix du repas est fixé à 13 euros (couscous et tarte aux quetsches, café, vin non compris). Réservation (recommandée) : sectionbordeauxpcf@ gmail.com ou 06 88 96 87 03 (Sophie) ou 06 19 85 34 00 (Ludovic).

SOUSCRIPTION

Tout versement par chèque ouvre droit à une réduction fiscale de 66% du montant versé. (chèque à l’ordre de ADF PCF 33). Les ressources financières du Parti communiste sont transparentes. Votre don, aussi modeste soit-il, contribuera efficacement à la démocratie, à l’expression et la prise d’initiative du Parti communiste. Cet ensemble sont les éléments majeurs pour continuer notre combat dans l’ambition d’une gauche forte et alternative. Les versements sont à envoyer à la fédération de Gironde du PCF - 15 rue Furtado - 33800 Bordeaux, à l’ordre de l’ADF PCF 33

Les Nouvelles 17 janvier 2019 • 7


CHRONIQUE

CULTURE & SOLIDARITÉ OFRA YESHUA-LYTH

par Jeanne R.M.

« En Israël, les non-juifs sont indésirables » Palestine33 groupe local AFPS a annoncé la présence de Ofra Yeshua-Lyt aux Huit heures pour la Palestine qui auront lieu le 9 février 2019, à Bordeaux (programme à venir). À l’occasion de la sortie de son livre Pourquoi un État juif n’est pas une bonne idée, le journaliste Pierre Barbancey l’avait interviewé (l’Humanité du 04/10/2018). Ofra Yeshua-Lyth a étudié la littérature et l’économie à l’université de Tel-Aviv, sa ville natale. Ancienne journaliste au quotidien israélien Maariv, elle milite pour un État unique démocratique et laïque avec une totale séparation de la religion et de l’État.

Votre livre a été publié au même moment qu’a été votée la loi sur l’État-nation. Cette idée traversait donc la société israélienne ? Ofra Yeshua-Lyth. Il y a un malaise grandissant chez les Israéliens libéraux au sujet de l’endoctrinement religieux-juif mais, malheureusement, l’idée de la séparation complète de l’État et de la religion est toujours étrangère à la plupart des Israéliens. L’idée que, dans le cas juif, la nationalité ne peut pas et ne doit pas être séparée de la religion est presque un axiome. Les juifs israéliens vous diront qu’ils sont entièrement laïques, ignorant ainsi l’impact (négatif) sur la vie de millions de personnes des avis formulés par les religieux juifs. Comment votre parcours personnel vous a-t-il amenée à penser et à dire qu’un État juif n’est pas une bonne idée ? Ofra Yeshua-Lyth. D’abord, en tant que femme, éduquée autour

des idées de libération et d’égalité, il était offensant de réaliser que, pour l’État, une femme ne jouit pas de droits égaux à un homme. Ensuite, étant d’origine arabo-juive, j’ai été très troublée par le mépris presque unanime de l’hégémonie israélienne pour les juifs arabes. Les « mizrahim », comme on les appelle, ont été acceptés sur la base de la religion commune, mais, dans la pratique, leur « arabité » a été considérée comme justifiant leur statut de seconde classe. Plus tard, j’ai été perplexe devant l’attachement croissant de « mizrahim » à une religiosité extrême, qui semble nécessaire pour les différencier des Arabes non juifs (c’est-à-dire les Palestiniens). Enfin, j’ai épousé un non-juif, ce qui m’a fait réaliser que la discrimination n’est pas originaire de soi-disant « questions de sécurité », mais que les non-juifs sont indésirables en général et traités en conséquence. C’est principalement par le biais de la société, comme « la loi du retour » qui accorde « légalement » le statut juif aux parents des juifs. Pourquoi cette loi a-t-elle pu être votée dans cette période ? Ofra Yeshua-Lyth. Comme vous le savez peut-être, le système des privilèges accordés exclusivement aux « ressortissants juifs » n’est pas nouveau, et a été pratiqué depuis qu’Israël a été établi comme un « État juif » il y a soixante-dix ans. En 2013, la Cour suprême israélienne a rejeté une action en justice contre ce système et a accepté l’idée qu’Israël ne reconnaisse même pas une « nationalité israélienne » qui ne soit pas tributaire de l’ethnicité ou de la religion. Quant au calendrier de la nouvelle législation, il est entièrement dû à des considérations politiques internes. L’électorat israélien est très à droite actuellement. La survie du premier ministre dépend

d’un puissant courant d’extrême droite, principalement des colons de Cisjordanie et de leurs partisans, ainsi que des nationalistes religieux fanatiques et messianiques. Or, ils ne lui font pas entièrement confiance et pourraient voter pour d’autres dirigeants nationalistes de droite. Il sent qu’il doit prouver qu’il est lui-même le « nationaliste radical » qu’ils désirent. Jusqu’à présent, il a réussi. L’incitation à la peur et à la haine contre les Arabes palestiniens est l’un de ses outils les plus efficaces dans cette lutte sans fin pour la survie politique. Plus les Palestiniens sont contrariés, plus les militants des droits de l’homme en Israël et à l’étranger le condamnent lui et son gouvernement, mieux c’est pour son image de « chef intrépide ». Comment Israël peut-il évoluer ? Ofra Yeshua-Lyth. Les indicateurs de la société israélienne ne sont pas bons. Comme je vous l’ai dit plus tôt, je ne vois pas un « État palestinien » comme un objectif isolé. La « solution à deux États » envisage un très petit territoire fragmenté pour les Palestiniens, avec un puissant État juif à côté de lui. En fait, même cette vision est irréaliste, compte tenu des faits sur le terrain. Quant au rêve israélonationaliste de maintenir le contrôle de l’ensemble du territoire entre le Jourdain et la mer, et la soumission de la population palestinienne sous une domination militaire puissante et sévère : avec le soutien continu des États-Unis et de l’UE, avec une supériorité économique et militaire, c’est, malheureusement, une option réaliste. Les occupants ne sont en aucune façon les « gagnants » de cette situation misérable. La plupart des jeunes Israéliens sont endoctrinés pour leur faire croire qu’ils doivent être prêts à tout pour défendre la forteresse juive exclusive au Moyen-Orient. Une minorité manipulatrice profite de la situation, mais la plupart des jeunes se sentent mal à l’aise dans cet environnement. Est-ce que cette bulle de militarisme et de préjugés religieux va bientôt éclater ? Je ne peux pas le dire. Cependant, des changements de paradigme se produisent.

« Tango » Je n’aime pas y aller, mais il le faut. Une corvée mensuelle qui s’accentue à l’arrivée des fêtes de Noël, des soldes de janvier. Le monde dans les travées, les musiques qui hurlent dans chaque magasin, de rythmes hachés, des lumières effrayantes et clignotantes. Tout est fait pour nous maintenir éveillés dans ce monde de l’hyperconsommation. Le centre commercial, briqué comme le musée d’arts modernes, protégé de la pluie et du soleil, des palmiers pour nous faire rêver, on s’y retrouve sans se voir, on se sent puissant, tout est à notre portée, ici on ne mourra pas de faim… Je n’aime pas mais je n’ai pas d’autre choix. Il le faut. Les gilets jaunes l’ont compris c’est là qu’il faut bloquer pour se faire entendre. c’est là qu’on touchera le plus de monde pour exprimer nos besoins. J’ai soudain l’impression qu’il se passe… qu’il se produit comme un changement. Le bruit change, je reconnais un son qui devient agréable, mon corps l’a déjà vécu et retire peu à peu sa carapace de survie dans ce monde hostile de la zone. Un accordéon souffle et respire, timide et lointain, deux petites mains l’accompagnent. Le son devient musique, lente d’abord, lente, lente, puis s’accélère presque vite. Un deuxième instrument se rapproche, plus imposant, plus viril, plus affirmé. Je lève le coude, puis le deuxième, danseuse imaginaire, mes jambes prennent le rythme argentin sans que je rende compte qu’un autre me tend le bras. Puis une petite guitare vient se poser, discrètement derrière. J’entends les castagnettes, invisibles à tous. Lent, lentement, vite-vite, et lent, et lent. Un cavalier m’enlace. Il a posé son chariot de courses, lui aussi envoûté par le son, j’ai lâché mon cabas. Les provisions jonchent le sol et s’entassent tranquillement autour de nous. Un cercle, des danseurs. La piste devient dansante. Ils ne savaient pas il y a encore quelques minutes, en venant au supermarché, tête baissé, portable vissé à l’oreille, le sourire resté dans la boite à gants. Ils ne savaient que du voyage, de la Roumanie, de cette roulotte aux multiples lampions, viendrait leur salut de ce samedi matin. Ils rêvaient de ce tango interdit, corps à corps jamais osé. Ils rêvaient de ce scandale, de cette inconnue. Ils rêvaient de cet instant magique d’un bord de plage en hiver où la musique fredonnée à leur oreille et dans leur corps deviendrait cet îlot de bonheur, accessible à chacun.

Entretien réalisé par Pierre Barbancey

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8 • Les Nouvelles 17 janvier 2019

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