Jeudi 21 février 2019 - N° 2295 - Hebdomadaire - 15, rue Furtado - 33800 BORDEAUX - Prix : 0,80 euro
BORDEAUX PLUS « REBELLE » QUE « BELLE » ?
GILETS JAUNES Pourquoi Bordeaux estelle une place forte ? P.3
GILETS JAUNES/ SYNDICATS
FORD BLANQUEFORT
Des convergences locales
Concert de solidarité le 2 mars
P.4
P.5
ACTUALITÉ DROIT DE MANIFESTER
ACCUEIL DES MIGRANTS
Des observatoires demandent de reconsidérer la doctrine de maintien de l’ordre
On touche le fond avec le cas Drita
L’Observatoire des libertés Quimper, l’Observatoire girondin des libertés publiques, l’Observatoire nantais des libertés, l’Observatoire toulousain des pratiques policières et Legal Team Montpellier ont rédigé un communiqué commun le 8 février pour dénoncer un tir de projectile sur un membre de l’Observatoire des Pratiques Policières (OPP) lors d’une manifestation des Gilets jaunes à Toulouse. « Le samedi 2 février, des membres de l’Observatoire des Pratiques Policières (OPP) étaient présents sur la manifestation à Toulouse dans le cadre de l’acte XII des gilets jaunes. Jérôme, membre de l’OPP, également membre de la Ligue des droits de l’Homme, a été sérieusement blessé au front, bien que portant un casque, par un projectile tiré par les policiers. Les membres de l’OPP observent le déroulement des manifestations. L’OPP a indiqué depuis longtemps à la préfecture sa présence dans celles-ci et fait savoir que ses membres portent une chasuble bleu et jaune. En tant qu’observateur, Jérôme ne pouvait avoir un comportement menaçant. La blessure de Jérôme, observateur et identifié comme tel montre que les services de police usent de manière disproportionnée et aveugle des armes en leur possession. Ainsi, ces dernières semaines et mois, beaucoup de personnes ont été gravement blessées, voire mutilées par ces armes. De plus en plus de cas de blessures de personnes parfaitement identifiables comme non-menaçants sont révélés. Malgré le rappel des conditions strictes d’emploi par le Directeur de la police nationale, les violences se multiplient. Nous, membres de structures citoyennes inter-associatives que nous avons appelées «Observatoires» (ici observatoire des pratiques policières, là observatoire des libertés), apportons notre soutien à Jérôme, victime d’un tir policier, protestons contre ce tir, sur ordre ou non, sur notre ami toulousain et exigeons que la justice fasse toute la lumière sur cette agression. (…) Mettre en danger les personnes dans les manifestations ou les observateurs des manifestations, c’est porter atteinte au droit de manifester. Les stratégies de maintien de l’ordre n’appartiennent pas au seul ministre de l’Intérieur et aux forces de police mais regardent l’ensemble de la société et des citoyens. Nos Observatoires rappellent qu’ils demandent l’interdiction du LBD (lanceur de balle de défense) pour le maintien de l’ordre et de toutes les grenades contenant un explosif puissant, type GLIF4 et GMD. Nos Observatoires demandent de reconsidérer la doctrine de maintien de l’ordre. Il est plus que temps de protéger le droit de manifester sans risque. »
TRAINS SUD-AQUITAINE
La CGT dénonce un chantage à l’emploi « C’est un véritable chantage à l’emploi dont sont victimes les conducteurs de trains du Sud-Aquitaine », déclare le secteur fédéral CGT des cheminots de Bordeaux. Ces salariés sont en conflit avec la Direction suite à la décision de ne plus faire accompagner les trains par des contrôleurs. « Ce conflit très suivi a pour but de maintenir un haut niveau de sécurité ferroviaire, de sûreté ainsi qu’une présence commerciale à bord des trains », précise le syndicat. « Ne sachant pas comment se dépêtrer de cette résistance, la Direction menace les belliqueux de transférer leur charge de travail sur les dépôts de conduite environnants et justifie cette politique en raison des choix opérés par l’exécutif du Conseil régional dans le cadre de la nouvelle convention TER. En effet les décisions politiques visant à réduire la contribution publique de 10 % tout en contractualisant une augmentation de l’offre de 5 % à 8 % mettent la SNCF sous pression et l’oblige à des suppressions massives d’emplois sur la région. Cela va induire à coup sûr une dégradation du service dans les gares et les trains. Au final chacun est dans son rôle, l’exécutif Régional ne veut pas assumer ses décisions (800 suppressions d’emplois et moins de service public), la Direction SNCF en instrument de l’austère politique gouvernementale et la CGT en résistance, aux côtés des élus de proximités et des associations d’usagers, pour préserver un service public de qualité pour tous ». Le syndicat rappelle que le statut du cheminot implique une vision non marchande du service public et qu’aucun chantage au transfert de charge ou à la concurrence n’entamera leur détermination. « Nous conseillons plutôt à ceux qui se comportent comme les patrons de FORD de revenir à la raison. L’organisation syndicale CGT forte du soutien massif des cheminots, et du Comité régional de vigilance NouvelleAquitaine constitué d’associations d’usagers et de partis politiques progressistes, continuera son travail permanent de défense du service public ferroviaire de voyageurs et de marchandises ». 2 • Les Nouvelles 21 février 2019
La famille Kurtsmajlaj a fui l’Albanie parce qu’elle y est en danger de mort du fait d’un code local basé sur la vengeance. Depuis 2014 la famille vit en France et l’ainée de la famille, Drita, en est le pilier de résistance. Mais la famille est maintenant sous le coup d’une obligation de quitter le territoire français (OQTF). Une centaine de personnes se sont retrouvées place de la Comédie vendredi 15 février au soir pour témoigner de leur solidarité et de la parfaite intégration de la famille.
Une réponse au courrier de la Préfecture qui argumente son OQTF : « … les circonstances (…) ne permettant pas de conclure que (Drita) est particulièrement insérée dans la société française ». Drita est tellement peut insérée qu’elle a été sollicitée à de nombreuses reprises par l’Administration pour effectuer des traductions au tribunal, à l’hôpital, en prison, à l’hôtel de police ou auprès de l’Office Français des Protection des Réfugiés et Apatrides (OFPRA). Elle y a toujours répondu
favorablement et bénévolement. Excusez du peu ! Par ailleurs, le maire de son village a confirmé par écrit que la famille était bien en danger en cas de retour au pays. Comment peut-on lui refuser un titre de séjour ? L’émoi est d’autant plus grand que Drita a monté, via Facebook, un collectif de soutien aux gens à la rue pour secourir les plus démunis en leur trouvant des solutions d’hébergement, des aliments et produits pour les enfants, des repas chauds. Dans le milieu de la solidarité bordelaise, tout le monde connaît Drita. Le combat continue pour sauver Drita et sa famille, mais également pour l’honneur de notre pays. Pétition en ligne : http//bit.ly/PetitionCollectifPourDrita Jean-Jacques Bordes
MÉRIGNAC ARLAC
Salle comble pour la défense du bureau de poste Arlac, un quartier, ou plus exactement, un village dans la commune de Mérignac. Un village où les services publics : écoles, mairie annexe, la Poste sont encore présents et les usagers les défendent bec et ongles tellement ils y sont attachés. C’est ce qu’ont pu constater les représentants de la Poste et le maire de Mérignac, Alain Anziani, lors de la réunion publique et de la mobilisation du lundi 4 février 2019 dans les locaux du centre Socio Culturel d’Arlac. À l’initiative d’un collectif d’usagers de la Poste, une assemblée a réuni plus de cent personnes qui, d’emblée, ont interpellé les représentants de la Poste. Très vite, un dialogue de sourd s’est installé. Rentabilité contre pérennité !
Diverses interventions portaient sur la nécessité d’améliorer les services de la Poste, de moderniser l’outil informatique, de mettre en place un deuxième guichet pour endiguer la
file d’attente des usagers et surtout d’obtenir une réponse concrète, des garanties sur l’avenir et la pérennité du bureau d’Arlac. Pour toute réponse, les représentants de la Poste ont rappelé que la Poste était une société anonyme et devait avant tout privilégier la rentabilité. Ils se sont contentés de présenter le plan de restructuration nationale. Plan qui a pour conséquence la fermeture de milliers de bureaux de poste sur le territoire et la réduction massive des emplois, et cela alors que la Poste a encaissé 995 millions de CICE et dégage aujourd’hui des bénéfices. Qu’est-il ressorti des échanges ? La Poste d’Arlac accueille plus de 130 personnes par jour pour celles et ceux qui n’ont pas de voiture, pour ceux qui y ont une boite postale, pour les commerçants et pour tous ceux qui y ont un compte en banque. La fermeture du bureau signifierait aussi la remise en question de l’attractivité du quartier et son dynamisme, pour la qualité de vie, pour le lien social maintenu, pour l’égalité des citoyens devant les services publics, ce bureau est nécessaire.
Le maire de Mérignac a réaffirmé son soutien et s’est opposé à toute idée de fermeture. Il a clairement exprimé son opposition au plan défini par le groupe La Poste. Il regrette que la commune ne soit pas consultée sur les projets concernant les bureaux de poste. Dans la salle, les élus communistes, bien présents, ont affirmé leur soutien plein et entier aux actions engagées par la population d’Arlac comme l’ont expliqué Joël Girard, adjoint au maire communiste et Claude Mellier, conseillère municipale et vice-présidente de Bordeaux Métropole. Cette mobilisation semble avoir été particulièrement efficace, puisque, faute de s’engager dans un avenir lointain, les représentants de la Poste ont tout de même garanti le maintien du bureau d’Arlac pour les trois années à venir. Le collectif, la population d’Arlac restent mobilisés. Les communistes seront toujours à leurs côtés. Xavier Hirsch
APPEL UNITAIRE CONTRE L’ANTISÉMITISME
Ça suffit Le PCF, les Centristes, la République En Marche, le Mouvement des Citoyens, LR, le PRG, l’UDI, EELV, l’UDE, le PS, le Mouvement démocrates, le Parti radical, Agir et Génération.s ont signé un appel commun qui a donné lieu à des rassemblements dans de nombreuses villes, mardi à 19h contre l’antisémitisme. Ci-dessous le texte de l’appel.
« Les actes antisémites se sont dramatiquement multipliés au cours de l’année 2018. Ça suffit ! L’antisémitisme n’est pas une opinion, mais un délit. Il est redevenu une incitation au meurtre. Ilan Halimi, les enfants de l’ école Ozar Hatorah, les victimes de l’HyperCasher, Sarah Halimi, Mireille Knoll, tous ont été assassinés, parfois torturés parce que Juifs. Ça suffit ! Nous sommes tous concernés. L’antisémitisme n’est pas l’affaire des Juifs. Il
est l’affaire de la nation tout entière. Nous portons dans le débat public des orientations différentes, mais nous avons en commun la République. Et jamais nous n’accepterons la banalisation de la haine. C’est pourquoi nous appelons l’ensemble des Français à se réunir, le mardi 19 février dans toutes les villes de France à 19 h, pour dire ensemble : NON ! L’antisémitisme, ce n’est pas la France ! »
ACTUALITÉ
Editorial
MANIFESTATIONS DE GILETS JAUNES
Pourquoi Bordeaux est-elle une place forte ?
Photo Jacques Audin
Être de tous les combats
Chaque samedi, la vague jaune s’empare de la place de la Bourse, le 23 février il en seront au 15e rendez-vous hebdomadaire.
Depuis le 17 novembre, acte I des manifestations de Gilets jaunes, Bordeaux est la ville qui rassemble, chaque samedi, les manifestations les plus fournies, après Paris. Comment l’expliquer ? Comment comprendre que, classée première ville la plus attractive de France depuis cinq ans (enquête Great place to work) et souvent citée dans des palmarès traitant de la qualité de vie, du dynamisme économique, du tourisme, des déplacements doux, de la culture, du sport… Bordeaux renvoie depuis 4 mois une image plus « rebelle » que « belle » ? Jean Petaux, politologue à SciencesPo Bordeaux, tente d’y apporter une réponse (Le Parisien 19/01/19) : « Bordeaux est une vitrine flamboyante dans un département où la ruralité est totalement en dehors de cette réalité. Peu ou pas de services publics, des administrations qui ferment les unes après les autres. (…) L’habitant d’un village à 60 km de Bordeaux peut mettre plus de temps pour venir se soigner que pour faire un Bordeaux-Paris en TGV ! ». Les manifestants viennent de toute la Gironde et même des départements voisins. Beaucoup étaient sur les ronds-points, tous se sont forgés une motivation à partir de sentiments mêlés liés à la surdité du gouverne-
ment, à la disproportion des violences policières, au besoin de partager colère et espoir. Alain Juppé a beau vouloir ouvrir le dialogue, rencontrer une délégation de 30 gilets jaunes le 14 décembre, marteler dans ses vœux que « Bordeaux n’est pas une ville de nantis, une métropole riche dans un département asphyxié » et lancer que « l’esprit Bordeaux, c’est la modération », il n’est pas entendu ! Mais, a-t-il pris la mesure que ce mouvement sis à Bordeaux ne vise pas tant le maire et la beauté de la ville, que leur proximité avec le pouvoir central ? Que la perméabilité historique entre local et national est une réalité à Bordeaux, incarnée par ses maires aux destins nationaux et sa bourgeoisie, discrète mais ô combien présente. Que Bordeaux a toujours catalysé de grandes manifestations de rues, parfois la deuxième ville après Paris, toujours parmi les cinq les plus mobilisées, alors qu’elle est la neuvième pour sa population. On l’a vu en décembre 1995 contre la réforme des retraites portée par Juppé, 70 000 manifestants lors des temps forts plusieurs samedis (record d’affluence juste derrière Paris et Marseille). Souvenons-nous également des mouvements de jeunesse (1986 contre la loi Devaquet, 2006 contre
le Contrat première embauche de Balladur), de la mobilisation contre Le Pen le 1er mai 2002, mais aussi des Manifs pour tous de 2013/2014 contre la loi Taubira… N’oublions pas non plus les traditions de résistance (1940/45) et de mobilisations ouvrières de Bordeaux (Dassault en 1967, Textile Saint Joseph de 1976 à 81, Beghin-Say à Bacalan en 1984…). Plus récemment, les manifestations des cheminots et des salariés contre les lois Travail furent particulièrement fortes à Bordeaux. Ce n’est donc pas Juppé qui réveille la « belle endormie » mais bien les frondes populaires qui, des places de la République à celle de la Bourse (le symbole est fort) ont façonné le paysage bordelais. Un peuple des villes et des champs qui se retrouve chaque semaine dans la deuxième ville la plus chère de France (6,4 demandes de logement locatif pour 1 offre, contre 3,9 à Lyon et 3,1 à Paris), celle qui compte le plus de restaurants par habitant, pour crier sa mal-vie et dénoncer le développement à 2 vitesses des territoires. Les quelques manifestants qui criaient « Juppé démission » ont gagné. Mais c’est loin de constituer la fin de l’histoire, non ? ! Vincent Maurin
ÉTUDE PUBLIÉE PAR SUD OUEST
Fins de mois difficiles pour un Néo-Aquitain sur deux Une étude d’Elabe et de l’Institut Montaigne pour Sud Ouest, « fait apparaître un sentiment d’injustice sociale élevé dans le pays », c’est particulièrement vrai en Nouvelle Aquitaine où fins de mois difficiles et éloignement des services publics nourrissent la colère. Le journal Sud Ouest du 19 février commente les résultats du baromètre des territoires, du cabinet Elabe et de l’Institut Montaigne, qui explore les fractures sociales et territoriales. On y apprend que 46 % des NéoAquitains (3 points de plus que la moyenne nationale) sont pessimistes pour leur avenir personnel et 54 %, considèrent que leurs parents vivaient mieux qu’eux quand ils avaient leur âge. « Plus inquiétant, note le quotidien régional, 49 % sont convaincus
que leurs enfants vivront moins bien ». Un pessimisme nourri par la crise du pouvoir d’achat, qui semble durement toucher le territoire. Quand 50 % des Néo-Aquitains bouclent leurs fins de mois avec difficulté et que 39 % ont été à découvert tous les mois ou à plusieurs reprises en 2018, on peut comprendre ce pessimisme. 57 % des habitants de la région indiquent faire attention aux prix, sans trop se restreindre, 36 % assurent chercher presque systématiquement les prix les plus bas et se privent lorsqu’ils font leurs courses. Le directeur d’Elabe explique une pression sur le pouvoir d’achat plus forte qu’ailleurs par la flambée des prix de l’immobilier dans certains secteurs, mais aussi sur une surreprésentation des personnes âgées. Autre source de mécontentement : la disparition des services publics de
proximité. « Seuls deux Néo-Aquitains sur cinq (43 %) jugent qu’ils ont un accès facile et rapide à une série de huit prestations (formation, culture, divertissement, soins, déplacement, information, courses alimentaires et démarches administratives). Les transports en commun sont particulièrement critiqués. Moins d’un tiers, 31 % (2e région avec le score le plus bas) considèrent que l’endroit où ils vivent est bien desservi. 59 % jugent qu’il est de plus en plus difficile de trouver un emploi près du lieu où ils résident ». Pas étonnant donc que 84 % des habitants de Nouvelle-Aquitaine considèrent que la société est injuste. C’est en effet ce que crient des milliers de personnes chaque samedi à Bordeaux, entre-autre, depuis 3 mois.
Le grand débat organisé par le gouvernement ressemble sur le plan médiatique à une immense campagne de promotion et de réhabilitation du président de la République et de la majorité au pouvoir. C’est en effet le but recherché : occuper l’espace médiatique, donner la parole aux gens, que la colère s’exprime autrement que par des manifestations, et à 100 jours des élections européennes mener une campagne qui poursuit l’objectif de redorer l’image d’un Président des riches dont les propos à l’égard de nos concitoyens traduisent un mépris de classe qui n’a d’égal que la violence d’une politique tournée vers la satisfaction des intérêts des plus riches. D’autre part, les violences policières, la loi anticasseurs viennent appuyer une stratégie d’étouffement de ce mouvement et des aspirations populaires à vivre mieux. Tout ce qui divise le monde du travail est utilisé. Or que se passe-t-il lors des débats organisés dans les communes : l’aspiration à la justice sociale, à la justice fiscale rejaillissent, des propositions sont très largement reprises. Pour la hausse des salaires et des pensions, pour le rétablissement de l’ISF, le CICE est lui aussi sur la sellette de même que l’évasion fiscale. Il est aussi question de transition écologique, avec des propositions qui viennent en contradiction avec la politique de ce gouvernement. Que ce soit sur les transports ou l’Énergie, sur le développement des services publics, le Logement, les solidarités, la politique qui est menée vient en opposition avec les propositions qui émergent dans ce débat. L’aspiration à vivre mieux, à la justice fiscale et sociale ne disparaitront pas comme ça. Elles peuvent être le socle d’un rassemblement très large qui unisse citoyens, forces politiques et sociales à condition qu’elles trouvent une traduction en terme de contenus pour une politique en rupture avec les choix libéraux opérés en France et en Europe depuis 30 ans, et une traduction en terme de rassemblement d’un type nouveau, fondé sur les contenus et qui allie sans exclusive celles et ceux qui aujourd’hui combattent la politique du gouvernement aspirent à la construction d’une alternative. L’extrême droite dans ces moments-là, d’élévation du niveau de conscience du salariat et de convergences, joue son rôle de diviseur du peuple. L’antisémitisme est un poison, et nous devons dire avec Frantz Fanon, dont l’ex-maire de Bordeaux a refusé de donner le nom à une rue, sous la pression de la droite réactionnaire : « Quand vous entendez dire du mal des Juifs, dressez l’oreille, on parle de vous »*. Il n’y a pas de petite bataille dans le combat qui est le nôtre. * Franz Fanon, Peau noire, masques blancs (1952)
Sébastien Laborde secrétaire départemental du PCF 33, membre de l’exécutif national
C.D. Les Nouvelles 21 février 2019 • 3
ACTUALITÉ GILETS JAUNES / SYNDICATS
Des convergences locales pour un mouvement global ?
Pourquoi une telle mobilisation à Bordeaux ? Nous avons posé la question à Pierre, gilet jaune de la première heure du rond-point Sainte-Eulalie et du groupe de la Presqu’île. Mais il semblerait que pour les acteurs du mouvement, c’est plus une fierté que quelque chose qui interroge. L’heure est surtout à la rencontre et aux discussions avec les syndicats… « On se réjouit d’être nombreux, même sans la convergence des villes autour. Ailleurs, il y a des appels à se regrouper sur telle ou telle ville. Ici, même s’il est vrai qu’on a des Gilets jaunes d’un peu toute la région, ça s’est fait tout seul, c’est spontané. »
Quant au niveau de la violence et de la nature des affrontements entre une partie des manifestants et les forces de l’ordre, lui qui a été de toutes les manifestations syndicales n’est pas surpris. « Sur Bordeaux, on a toujours eu des “black bloc” très actifs, avec des conséquences moindres du fait de la présence de services d’ordre syndicaux. C’est plus rare que les affrontements se poursuivent après la manifestation mais c’est déjà arrivé. Comme dans le mouvement des gilets jaunes, il y a toutes les franges de la population, ce mouvement politique très actif à Bordeaux y est aussi et de manière sans doute plus violente. Mais il est déjà arrivé, par le passé, qu’ils brisent des vitrines cours de l’Intendance, s’en
prennent à des guichets de banque. La présence massive des médias doit s’en doute les encourager puisqu’ils visent à être vus et entendus. » Pierre, qui a mis au point un « système de comptage par image séquentielle » l’affirme, il y a au minimum toujours 4 à 5 000 manifestants à Bordeaux, dont l’immense majorité se disperse en fin de journée quand les premiers affrontements démarrent. Mais dimanche à Blaye, on était loin de tout ça. Un pique-nique avait été organisé, « comme à chaque fois qu’il fait beau ». « Il y a eu environ 300 personnes du Blayais, du Médoc et même d’Angoulême. Un barnum avait été installé par un groupe qui avait pris l’initiative d’organiser un
débat sur le RIC. Il y a un groupe un peu radical dans le mouvement qui propose que la constitution soit réécrite avec des contributions individuelles et que ce soit la condition pour arrêter le mouvement. Même si ce n’est pas rejeté, c’est loin de faire l’unanimité. » Pierre a fait ses propres enquêtes et ses résultats vont dans le même sens que l’étude (en cours) des motivations par des sociologues (lire notre édition du 7 février), les toutes premières revendications concernent les retraites, le SMIC/les salaires, la justice fiscale. « Si on ne gagne pas là-dessus, le mouvement peut s’arrêter pour une raison ou une autre, il reprendra », est persuadé Pierre. Il y a en tout cas, là, de quoi trouver des convergences avec les organisations syndicales et c’est ce qui est en chantier sur le secteur Presqu’île/ Rive droite. Une première réunion était prévue jeudi avec les différents groupes de Gilets jaunes du secteur et les unions locales CGT, FO, avec la FSU et AC !. « Il y a eu tout un processus de rencontres et de validations auprès des Gilets jaunes, à la dernière réunion on était une trentaine, ça y est, c’est lancé. Il va falloir se parler, apprendre à se connaître. Par exemple, les gilets jaunes trouvent que les syndicalistes sont trop rigides quand ils
obligent à s’inscrire pour prendre la parole. Quand on n’a pas l’habitude de débattre, on veut réagir à chaud, c’est plus facile ». Pour Pierre, il est normal que les Gilets jaunes et les syndicats ne portent pas les mêmes revendications mais « pour être plus efficace et obliger Macron et son gouvernement à changer de cap, nous devons trouver l’unité entre les salariés dans les entreprises et les gilets jaunes dans la rue. Nous n’avons pas d’autre choix que de construire la convergence. Le premier mot d’ordre que nous devons avoir c’est l’unité ! ». Ce contenu se retrouve dans un tract visant à informer de la réunion de jeudi. Il y est fait référence aux luttes pour les salaires, aux luttes des personnels de santé mais aussi celles des retraités, des chômeurs, des étudiants. Converger, cela pourrait prendre d’abord la forme d’une date vraiment commune à tous les gens en lutte. Ce pourrait être un bon début en effet, qui semble pour l’instant vouloir se construire localement, d’autres rencontres entre groupe GJ et UL seraient à l’ordre du jour. En attendant, un nouveau rendez-vous est donné samedi place de la Bourse à Bordeaux… Christelle Danglot
SYNDICATS
Une journée interprofessionnelle le 19 mars
CAF BORDEAUX
La coupe est pleine Mardi 12 février, les salariés de la CAF Bordeaux étaient très mobilisés, à l’initative de la CGT et de FO, devant le siège de la CAF de Bordeaux avec un tract aux usagers pour expliquer en quoi leurs conditions de travail et la qualité du service au public sont liés.
« CGT, FO, Solidaires, UNEF, UNL appellent à une puissante journée d’action, de mobilisations et de grève le 19 mars », ont annoncé les organisations syndicales dans un communiqué. Face « à un mécontentement social grandissant (…) dont le mouvement des gilets jaunes est l’expression récente », l’intersyndicale veut donner « des perspectives à la mobilisation sociale ». Dénonçant les « lois portant atteinte aux libertés syndicales et de manifester », « les prix à la consommation (…) à la hausse », mais également le grand débat national, qui, selon les syndicats ne « peut ni se substituer ni contourner, encore moins être opposé aux revendications sociales et syndicales ». Une première journée lancée par la CGT, le 5 février dernier, avait 4 • Les Nouvelles 21 février 2019
rassemblé près de 300 000 manifestants dans toute la France. « Un succès qui en appelle d’autres », s’était réjoui le secrétaire général de la CGT, Philippe Martinez. Les syndicats souhaitent maintenant « élargir et amplifier la mobilisation sociale », en engageant notamment « des initiatives diverses dans les entreprises, dans les services publics et en prise directe avec les salariés, les retraités, les privés d’emploi et la jeunesse ». La CGT a mis à disposition de ses syndicats des cahiers revendicatifs et propose à travers les « mardis de l’urgence sociale » de créer les conditions d’une mobilisation par la grève décidée par les syndiqués et les salariés. L’union départementale de Gironde s’est fixé l’objectif d’en déposer 16 000 en Préfecture.
Cela fait des semaines, voire des mois, que les salariés de la CAF se mobilisent pour dénoncer les bas salaires et les conséquences de la dématérialisation sur leurs conditions de travail et sur l’accueil du public. Mais le ton est encore monté d’un cran la semaine dernière quand, par les syndicats, les salariés ont enfin eu une réponse sur le fait qu’ils perçoivent, ou pas, la fameuse « prime Macron » et sur l’évolution de leur point d’indice. « Fallait voir la tête des collègues, raconte Servane Crussière de la CGT, quand on leur a appris qu’en tout et pour tout la prime se résumerait à un versement unique de 66 euros brut et que le point d’indice, qui n’a pas bougé depuis 2010, n’augmenterait toujours pas . C’est une marque d’irrespect total de la part du gouvernement pour notre travail ». La situation des salariés de la CAF est particulière car si le budget est de l’argent public, les salariés ne sont pas
fonctionnaires, ils ont des contrats de droit privé. « C’est un statut hybride car c’est quand même le ministère qui décide de réduire les dépenses alors que c’est l’argent des cotisations » explique la militante syndicale. Avec l’annonce du statut quo, la colère est montée, jusque 180 salariés se sont mobilisés à travers des assemblées générales accompagnées de grève de 55 minutes, devant l’entrée du public ou à l’étage de la direction. « On a même inventé une nouvelle forme d’action. On passe notre temps de pause au 5e étage, celui de la direction, comme ça on ne perd pas de salaire mais ça désorganise quand même l’activité. D’ailleurs la direction n’est pas à l’aise, quand on a eu la réponse sur la prime et le point d’indice, elle n’était même pas au courant. » Il y a de quoi… Les effectifs se réduisent d’année en année. « Le national demande que nous “rendions” des postes (environ 10 par an en moyenne) mais le nombre d’allocataires ne cesse d’augmenter. Les retards s’accumulent, les guichets ferment par manque de personnel, c’est une catastrophe pour le service public ! » L’annonce de l’augmentation de la prime d’activité a entraîné une surcharge de travail au détriment des autres prestations (aide au logement, aide pour la garde des enfants, le congé parental, l’allocation adulte
handicapé, etc.). Sans compter qu’avoir Agnès Buzyn comme ministre de tutelle inquiète particulièrement la CGT qui considère qu’elle « aggrave les disparités sur les territoires malgré l’alerte donnée par les personnels soignants depuis des années ». « Nous sommes donc très inquiets pour l’avenir de notre institution, nos métiers, notre Sécurité Sociale dans son ensemble ». Le comble, c’est qu’une part importante des salariés de la CAF qui se mobilisent sont eux-mêmes bénéficiaires de la prime d’activité tant les salaires sont bas. « En fait nos salaires n’ont pas augmenté depuis 2010, rappelle Servane Crussière. Le salaire de ceux qui font grève doit être autour de 1 200-1 300 euros, donc un certain nombre doit percevoir la prime d’activité. La direction ne veut pas donner de chiffre, on suppose donc que c’est important. C’est pourquoi nos organisations syndicales ont décidé de faire une enquête à ce sujet. Une de nos collègues a 24 ans d’ancienneté à la CAF, avec 2 enfants à charge, elle perçoit la prime d’activité et l’allocation logement, ça donne une idée du niveau de rémunération. » Le mouvement des Gilets jaunes inspire la mobilisation à la CAF, la volonté de se montrer tous les jours devant l’entrée publique de la CAF a été exprimée. À suivre.
ACTUALITÉ SNCF
Plusieurs lignes, dont BordeauxSaintes, menacées Le secteur fédéral de la CGT Cheminots Bordeaux gare alerte sur le risque de fermeture de lignes en Poitou-Charentes, notamment Bordeaux-Saintes, faute d’investissements. Ce n’est pas première fois que le syndicat alerte sur les conséquences qu’un manque d’investissement sur certaines lignes aura sur la mobilité dans la région. L’organisation rappelle que la réforme ferroviaire de 2014 a permis à l’État de se désengager du réseau sur certaines lignes, en reportant la responsabilité du financement et du maintien aux collectivités locales, notamment aux régions. « SNCF réseau en a profité pour augmenter la sous-traitance des travaux aux entreprises privées avec un coût supplémentaire de 15% par rapport aux coûts que représentaient les travaux réalisés par les cheminots », affirme le syndicat. Sur les 3 410 kilomètres de lignes de la Nouvelle Aquitaine, 2 127 soit 62 % de lignes 7 à 9, sont menacées par le manque d’investissement. « Aujourd’hui on voit les élus régionaux et territoriaux qui, pour la plupart, ont validé la réforme du ferroviaire de 2014, attaquer le gouvernement Macron suite à la réforme de 2018. Pourtant cette loi n’est qu’une continuité de la vision libérale et rétrograde du chemin de fer en Europe, qui n’a pas prouvé son efficacité, bien au contraire », commente la CGT Cheminots. D’après le syndicat, le manque d’investissement pourrait avoir un impact important sur le maintien des lignes en Poitou-Charentes, excepté Poitiers/La Rochelle ou
Poitiers/Bordeaux qui dépendent du réseau structurant financé par SNCF Réseau. Plusieurs lignes sont menacées à court ou moyen terme de fermeture, comme Bordeaux/Saintes, Saintes/ Royan, Niort/Saintes, Saintes/Angoulême et Angoulême/Limoges, déjà en partie fermée. « Il est secret de polichinelle que la fermeture de cette ligne peut intervenir à tout moment par mesure de sécurité, la performance actuelle de cette ligne réduit le service “en train voyageur et Fret” et ne permet plus une alternative à la voiture. Devant ce constat, on est en droit de se questionner sur la volonté de, peut-être, privilégier une relation Bordeaux-Nantes via Poitiers afin d’enrichir LISEA par le paiement de sillons sur la LGV. Quid alors des territoires intermédiaires délaissés ? De même cela démontre la supercherie de la fameuse ouverture à la concurrence de la ligne Bordeaux-Nantes. Si le réseau est en mauvais état un train bleu roulera à la même vitesse qu’un train rouge et l’usager continuera à prendre sa voiture ». Pour la CGT, il est « impératif que SNCF Réseau (l’État) reprenne sa part sur l’entretien pour permettre d’éviter un vieillissement rapide des infrastructures en y mettant les moyens humains et financiers. (…) En ce qui concerne la rénovation (et donc les investissements), il faut arrêter de gaver les actionnaires des 3 grands groupes (Eiffage, Bouygues et Vinci) sans avoir de plus-value pour le réseau. L’exemple sur le Poitou-Charentes est flagrant. Colas Rail (groupe Bouygues) a remporté à chaque fois les appels d’offres sur les travaux entre Saintes/Royan, Niort/ Saintes, Niort/La Rochelle et Niort/ Poitiers et à chaque fois (après leurs interventions), soit les trains roulaient
DERNIÈRE MINUTE
Des bordelais-es uni-es pour dire non à l’antisémitisme
Partout en France, des milliers de personnes se sont rassemblées, dont 20 000 à Paris, pour dire non à l’antisémitisme. Plus de 3 500 personnes (d’après Sud Ouest) était réunies mardi soir pour répondre à l’appel d’une quinzaine d’organisations politiques (lire page 2) lancé le 14 février, après la publication par le ministère de l’Intérieur de chiffres sur l’augmentation des actes antisémites en 2018. Tout l’échiquier politique était rassemblé et a pris la parole, place de la République, sauf le Rassemblement national. moins vite qu’auparavant ou alors ils ont abandonné le chantier. Le plus surprenant, c’est qu’après tous ces déboires, qui ont un impact important sur les voyageurs et cheminots, la région Nouvelle Aquitaine, et SNCF Réseau les a encore sollicités pour qu’ils réalisent les travaux entre Niort et Parthenay. Nous exigeons que chacun prenne ses responsabilités, et que l’argent public soit utilisé pour développer le service public ferroviaire et non faire fructifier les grands groupes du BTP sur le dos des citoyens ». Des groupes de travail techniques ont été mis en place par les structures CGT en vue d’aider les élus locaux et les associations d’usagers à imposer à l’État, ainsi qu’au président de Région, une autre vision du service public dans les territoires et de poser les bases d’un vrai développement du ferroviaire sur l’ensemble de la région.
MÉTROPOLE ET MUTUALISATION
Il faut des moyens humains et financiers Max Guichard, pour le groupe communiste, est intervenu au Conseil de Métropole du 15 février au sujet de la mutualisation. Il a exprimé son inquiétude quant à la réponse aux besoins des usagers et l’exigence des communes d’un service public réactif. Son intervention ci-dessous. « L’objectif de la mutualisation consistait à rendre un meilleur service que celui rendu avant par les communes tout en contenant, voire en réduisant, les dépenses publiques, marotte des différents gouvernements qui se sont succédé ces dernières années. La mutualisation, comme la fusion de collectivités en communautés de communes, grande Région ou le projet de métropolisation avec disparition du Département, sont censés créer des
mastodontes territoriaux plus efficaces et plus proches des gens. Or, c’est l’inverse qui se produit ! Aujourd’hui on demande de faire plus de proximité alors que les pôles de décisions se sont éloignés. Prenons l’exemple des écoles où le lien privilégié avec les communes dans la réponse aux besoins est aujourd’hui remplacé par une logistique métropolitaine lourde où l’humain est noyé dans la bureaucratie à outrance. Comment prétendre aujourd’hui répondre au plus près des besoins des habitants, à moyen constant, sans embaucher du personnel dans une métropole qui connait une forte dynamique démographique ? Aujourd’hui les services et les pôles territoriaux sont sous pression et je tiens à saluer ici le dévouement des agents pour assurer la continuité du service public malgré
un manque de personnels qui se fait sentir de plus en plus fortement dans tous les services. La contractualisation nous condamne à contraindre nos dépenses de fonctionnement et donc à ne pas embaucher alors que notre établissement est en pleine expansion avec de très nombreux projets d’investissements et de dizaines de milliers de nouveaux habitants chaque année, attirés par le dynamisme de notre métropole. La mutualisation des moyens humains et des infrastructures, si on veut qu’elle apporte réellement du mieux et du plus dans la vie de nos concitoyens, doit se donner les moyens financiers et humains pour répondre aux attentes fortes des habitants, nous ne voulons pas de cette mutualisation à l’économie sans réels moyens et ambition de faire mieux. »
FORD BLANQUEFORT
Les syndicats reçus à nouveau à Bercy Le bras de fer se poursuit pour imposer à Ford l’offre de reprise de Punch. L’heure est à la solidarité avec les salariés, notamment à travers un concert le 2 mars à la salle des fêtes du Grand Parc à Bordeaux. Bruno Le maire, ministre de l’Économie et des Finances, a reçu une nouvelle fois, lundi, les organisations syndicales de Ford Aquitaine Industries et les élus du territoire pour faire un point sur l’avenir industriel du site de Blanquefort. Le même jour, une nouvelle offre de reprise du site par Punch a été soumise à Ford. « Le gouvernement souhaite que cette offre apporte une activité suffisante au site, a affirmé le ministre à l’issue de la rencontre, permettant d’y garantir l’emploi des salariés repris, et sécurisant la cession de l’entreprise par Ford. Cette solution nécessite qu’un accord soit trouvé dans les prochains jours.
Un nouveau point sera organisé avec les salariés au ministère de l’Économie et des Finances en début de semaine prochaine ». D’autre part, la Direction régionale des entreprises, de la concurrence, du travail et de l’emploi (DIRRECTE) a jusqu’au 4 mars pour valider ou non le Plan social pour l’Emploi, déposé par la direction de Ford. Un plan social qu’elle a déjà rejeté une première fois. Concert de soutien à Bordeaux le 2 mars
Pour soutenir les salariés de Ford Blanquefort, un concert de solidarité aura lieu le samedi 2 mars, à partir de 19h, salle du Grand Parc, à Bordeaux, avec comme têtes d’affiche : Cali, les Hurlements d’Léo et le groupe The Hyènes, composé notamment des bordelais Denis Barthe et Jean-Paul Roy, tous les deux anciens membres de Noir Désir. Les messages de soutien se multiplient comme celui de Guillaume Meurice, de Groland, de Didier Super ou encore de la chanteuse Juliette : « Pour vous qui êtes debout, qui vous battez tous les jours, une pensée d’artiste (…) Merci d’ être là aussi pour nous rappeler que le monde va mal à cause de la rapacité et de la sauvagerie du capitalisme. Restez debout et dressez le poing car vous vous battez pour nous tous aussi ! » Billets et infos sur : www.concert-solidarite-ford.org Les Nouvelles 21 février 2019 • 5
INTERNATIONAL HAÏTI
VENEZUELA
Protestations contre la mal-vie
Éclairages
Depuis le 7 février, le pays est le théâtre de manifestations qui exigent la démission du président Jovenel Moïse. Une semaine après, on dénombrait dix morts. Depuis le 7 février, le pays caribéen connaît une vague de protestations en raison d’une forte détérioration des conditions de vie alors que les Haïtiens survivent en moyenne avec moins de 2 dollars par jour. « Au moins une dizaine de personnes ont été tuées, selon un bilan provisoire dressé par des organismes de droits humains sur les mobilisations antigouverne-
mentales enclenchées depuis le jeudi 7 février », rapportait AlterPresse. L’opposition parlait d’une cinquantaine de morts. Des organisations politiques, syndicales et populaires, parmi lesquelles figurent la Fusion des sociaux-démocrates haïtiens ou encore l’Organisation du peuple en lutte, somment le président de démissionner. Elles plaident pour la mise en place d’« un pouvoir de transition de rupture » afin d’en finir avec les pratiques clientélistes et la corruption. Du côté des autorités, le silence est assourdissant.
LIBERTÉ DE LA PRESSE EN DÉBAT À PARIS
Descente des nervis de Mohammed VI D’après le journal L’Humanité, des fauteurs de troubles liés au services marocains ont fait irruption, vendredi 15 février au soir, dans une conférence sur la liberté de la presse. Vendredi 15 février au soir, une quinzaine d’individus très agressifs ont fait irruption au Maltais rouge, un ancien local du PSU, à deux pas de la place de la République. Ce local accueillait une conférence sur la liberté de la presse, organisée par l’Association de défense des droits de l’homme au Maroc (Asdhom). À la tribune, Khadija Ryadi, ancienne présidente de l’AMDH, Hassane Zerrouky, journaliste de L’Humanité et un autre journaliste Hicham Mansouri, passé par les geôles du roi, exilé en France et poursuivi dans le cadre du procès, indéfiniment reporté, de sept onfrères membres de l’Association marocaine pour le journalisme d’investigation, fondée par l’opposant Maati Monjib, luimême poursuivi.
Aucun d’entre eux n’aura eu la possibilité d’exposer son propos. « J’ai reconnu au moins deux individus spécialement venus du Maroc. Ils nous ont d’abord couverts d’insultes, puis l’intimidation et la violence verbale se sont muées en violence physique », relate Khadija Ryadi, cette militante surveillée de près au Maroc. Une chaise vola alors dans la salle, visant un participant qui tentait de s’interposer. Puis les fils du disjoncteur étaient arrachés, plongeant la salle dans le noir pour semer la panique. Cette opération de sabotage a été minutieusement préparée, puisque des individus se présentant comme des organisateurs de la conférence ont procédé à des repérages à l’intérieur de la salle et à ses abords plusieurs jours auparavant. Cet épisode en dit long sur le sentiment d’impunité de ces hommes de main du pouvoir marocain, confortés par la complaisance française pour la monarchie alaouite. On imagine aisément le niveau de répression au Maroc…
SOUDAN
Un policier meurt lors des manifestations Un nouveau palier de tension le week-end dernier au Soudan. Deux mois après le début de manifestations anti-régime déclenchées par une hausse du prix du pain, un nouveau palier de tension a été franchi le week-end dernier au Soudan. Le vendredi soir, pour la première fois depuis le 19 décembre, un membre de la police a été tué à Khartoum, la capitale, au niveau d’un barrage routier. « Lorsqu’ ils ont arrêté son véhicule, des groupes de personnes l’ont pris en embuscade et ont commencé à jeter des pierres », a déclaré le général Hashim Abdelrahim. Le policier 6 • Les Nouvelles 21 février 2019
décédera quelques heures plus tard de ses blessures. Ce mort, le premier côté pouvoir, s’ajoute aux quelque 50 victimes (d’après l’ONG Human rights watch) tombées sous les coups et les balles de la police, tandis que 3 000 personnes ont été arrêtées. Dans la foulée de cette annonce, une commission parlementaire soudanaise a repoussé sa première réunion destinée à l’examen d’amendements à la Constitution devant permettre à Omar Al Bachir de se présenter à un troisième mandat. Une perspective que le peuple soudanais, qui vit sous le joug du dictateur depuis près de trente ans, ne semble plus pouvoir supporter.
Le Venezuela est en crise ; crise sociale, crise économique et crise politique. Depuis l’arrivée au pouvoir d’Hugo Chavez en 1999, l’opposition et les Etats Unis n’ont jamais accepté d’avoir été dépossédés de la main mise sur les richesses du pays. Tentative de coup d’état en 2002, référendum de destitution du président Chavez en 2004, manifestations violentes en 2014 et 2017 pour renverser Nicolas Maduro ; tout est bon pour créer le chaos dans le pays. Et maintenant un Juan Guaido, président autoproclamé, en appelle à l’intervention militaire des USA. Quelques clés pour comprendre. La crise humanitaire, sur laquelle s’appuient les pays occidentaux (gouvernement français compris), le Brésil et la Colombie entre autres pays latino-américains, pour faire pression sur N. Maduro, est réelle. Le pays traverse une crise aiguë qui aurait fait fuir plus de 2 millions de personnes depuis 2014. Cette crise découle principalement : • Du blocus américain et de la résistance intérieure de la droite et du patronat (cf. la grève insurrectionnelle pour déstabiliser la compagnie pétrolière publique, PDVSA en 2003). L’administration américaine a œuvré (avec un certain succès) pour contrer la vague d’émancipation progressiste qui a déferlé en Amérique Latine : Lula au Brésil (2003), Rafael Kirchner en Argentine (2003), Evo Morales en Bolivie (2006). La Banque d’Angleterre y va de son couplet en bloquant 1.2 milliard d’or du Trésor vénézuélien.
Cette pression économique des Etats-Unis s’exerce notamment par la réduction drastique des importations de pétrole en provenance du Venezuela (30 % des exportations vénézuéliennes). • Du revers de la médaille de la rente pétrolière. Le Venezuela dispose des plus grandes réserves de pétrole au monde et cette manne a structuré historiquement l’économie du Pays. Les recettes du pétrole ont permis d’acheter les biens à l’extérieur dont les vénézuéliens avaient besoin. Et si Chavez, après avoir nationalisé cette industrie, a utilisé ces recettes vers plus de services publics (programmes sociaux, éducation, santé, infrastructures, etc.), il n’a pu mener à bien l’industrialisation nécessaire pour donner un autre pilier à l’économie. Le pays est alors resté tributaire du cours du baril. Or depuis 2013, les cours du baril se sont effondrés pour revenir en 2016, au niveau du début des années 2000. La remontée constatée en 2017 et 2018 a été loin d’être suffisante pour restaurer la balance commerciale et résorber la dette Quand Chavez arrive au pouvoir en 1999, le prix du baril de pétrole est à un plancher historique, proche des 10 dollars : un désastre pour le pays qui n’a plus de relais de croissance alors qu’au début du XXe siècle, la nation caribéenne figurait parmi les premiers producteurs de café et de cacao. Or, à cette époque, 86 % de la valeur des exportations provient du pétrole. Le nouveau président a donc placé la diversification de l’économie au premier rang de ses priorités, mais elle prendra du temps (trop). Pour relancer la machine, Chavez réactive l’Organisation des Pays Exportateurs de Pétrole (OPEP), dont aucun des membres ne respecte plus les quotas. L’opération paie : les cours repartent à la hausse. Mais en 2002, l’opposition vénézuélienne organise un coup d’État (qui échouera) au moment où le pouvoir allait lancer un programme visant à renforcer l’industrie nationale en réorientant vers elle les contrats publics. La grève du secteur privé durera deux mois et amputera le PIB d’environ 10 %. Le projet sera rangé dans un tiroir, dont il n’est jamais ressorti, même si, entre 2004 et 2008, le
Venezuela connaît de nouveau une période d’abondance avec un PIB au plus haut. En conséquences, bien que les autres ressources naturelles abondent (minières : or, bauxite, fer, nickel, charbon, mais aussi ressources hydrauliques et agricoles), la production nationale hors pétrole est devenue résiduelle, et le pays importe l’essentiel de ce qu’il consomme. Si le Produit Intérieur Brut (PIB) a été multiplié par 5 de 1999 à 2013, il a très fortement reculé depuis, provoquant une situation sociale dramatique. En 2018, le Venezuela a enregistré une cinquième année de récession économique. La manne pétrolière s’effondrant avec le cours du baril, N. Maduro a serré considérablement la vis budgétaire en réduisant drastiquement les importations. Cela a été bénéfique pour la balance des paiements mais catastrophique pour l’économie car : • D’une part, sans intrants de matières premières et de pièces, la production nationale s’est effondrée. Entre 2014 et 2017, la chute cumulée du PIB est estimée à près de 40 %. • D’autre part, la réduction des importations a créé une situation de pénurie de biens de consommation de première nécessité (aliments, médicaments fournitures médicales). Depuis le 28 janvier, Trump a resserré d’un cran le carcan économique du Venezuela en gelant l’argent de la vente du pétrole aux USA. Trump et Macron, en reconnaissant Guaido et étranglant économiquement les vénézuéliens, jouent un jeu dangereux car le refus violent de l’opposition d’accepter l’élection de Chavez puis celle de Maduro a créé une bipolarisation extrême de la société, société qui est devenue particulièrement violente au quotidien. Mais le soutien à N. Maduro est encore très large. C’est qu’au cours des mandats de Chavez, des changements significatifs se sont produits, dans la culture politique et le tissu organisationnel des classes populaires. La conscience de la dignité, de l’inclusion et de la capacité d’influer tant sur sa propre vie que sur le destin du pays s’est déployée. Des dynamiques participatives ont été développées en matière de démocratisation, comme les « commissions techniques et conseils communautaires de gestion de l’eau », les « comités de santé » et « des terres urbaines », ou encore les radios communautaires ou les « banques communales », les « commissions techniques des télécommunications » et « de l’énergie », les conseils communaux et les communes. Guaido, comme les va-t’en guerre américains, pourrait bien réveiller la fierté nationale (y compris au sein de l’armée). L’issue à la crise est donc inévitablement politique. Jean-Jacques Bordes
PCF PROPOSITION DE LOI
BORDEAUX
Augmenter les salaires pour que le travail paie
Le PCF réagit à la démission d’Alain Juppé
La proposition de loi portée par les députés communistes vise à revaloriser les salaires et le SMIC. Elle sera déposée à l’Assemblée le 7 mars. Dans le privé comme dans le public, les travailleurs ne parviennent plus à boucler leur fin de mois, même lorsqu’ils travaillent à plein temps. Cette situation est insupportable, le travail doit permettre de vivre dignement. Le texte prévoit ainsi que salaire mi-
nimum sera augmenté de 100 euros bruts dès 2019, puis chaque année, pour atteindre 1 800 euros bruts en 2022. Favorable au pouvoir d’achat des classes moyenne et populaire, cette mesure constitue aussi un outil de relance économique par un meilleur partage des richesses. Conditionner les aides publiques aux entreprises
Le texte vise ensuite à réorienter les aides publiques aux entreprises vers les TPE-PME afin de les accompa-
gner dans cette trajectoire de revalorisation des salaires. Les politiques d’abaissement du coût du travail comme le CICE ont largement fait la preuve de leur inefficacité. Notre texte prévoit donc l’extinction progressive du dispositif actuel d’aides aux entreprises d’ici 2022 et leur affectation aux TPEPME pour soutenir leur développement ainsi que l’augmentation des salaires et des embauches. La crise sociale que traverse notre pays impose l’adoption de cette proposition de loi. La France doit en effet cultiver son propre modèle social en mobilisant le salaire comme un puissant levier de justice sociale. 2 autres propositions de loi au Sénat
Le 7 mars, le groupe CRCE soumettra, lui, au vote du Sénat deux propositions de loi : l’une pour interdire l’utilisation des lanceurs de balles de défense (LBD – anciennement Flash-Ball) dans le cadre du maintien de l’ordre ; l’autre pour renationaliser les autoroutes.
POUR L’HUMANITÉ
Grande soirée de mobilisation
Des centaines d’inscrits, des dizaines de personnalités d’horizons divers et de toute sensibilité, une multitude d’artistes, de créateurs, de responsables associatifs, syndicaux, politiques… annonçaient leur participation à la grande soirée de mobilisation pour L’Humanité de ce vendredi 22 février à Montreuil, au Palais des congrès. C’est d’ailleurs, l’affluence qui a obligé à changer de lieux puisque la soirée de soutien avait d’abord été prévue à la Bellevilloise à Paris. Par-delà la diversité des opinions, ils
et elles seront très nombreux pour faire ensemble cette demande : pas touche à L’Humanité ! C’est la meilleure garantie de son avenir et de son indépendance. De nombreux artistes dont Yvan Le Bolloch, Feloche, Thomas Pitiot, Zahia Ziouani, Didier Porte, Mouss et Hakim, Audrey Vernon, Cotton Bellyse étaient au programme de la soirée, en présence de personnalités dont Bernard Thibault, Élisabeth Roudinesco, Céline Verzeletti , Olivier Bétourné, Mathilde Larrère,
Benjamin Stora, Clémentine Autain, Nacer Kettane, Régis Debray, Laurent Brun, Ignacio Ramonet , Lucie Pinson, Olivier Besancenot, Monique Pincon Charlot, Hervé le Treutre, Benoit Hamon, Thierry Marx, Pierre Serna, Katia Dubreuil, Serge Moati, Anne Eydoux, Jean Jacques Aillagon, Ignacio Ramonet, Erick Orsenna, Fabien Roussel, Anousone Um, Emmanuel Todd, Cedric Villani, Jean Mouzat, Ian Brossat, Céline Verzeletti… C’est une étape nouvelle de la relance de L’Humanité, une étape qui comptera mais il faut poursuivre la mobilisation pour sauver L’Humanité. Les témoignages de soutien sont à lire sur le site www.humanite. fr, on peut aussi y faire un don ou s’abonner ou venir chercher des bulletins d’abonnement ou de souscription à la fédération de la Gironde du PCF : 15 rue Furtado 33800 Bordeaux.
Déclaration du 14 février 2019. « Alain Juppé vient d’annoncer sa démission de maire de Bordeaux et de président de la Métropole pour siéger au Conseil Constitutionnel. Les spéculations sur son avenir macroniste sont donc éclaircies. Le maire parti, les problèmes des Bordelais demeurent : flambée des prix de l’immobilier et insuffisance de logements sociaux, pénurie d’emplois, pauvreté ,́ atteintes aux services publics (écoles, santé, EPHAD, bureaux de postes et de CAF, police de proximité … ́ ), difficultés des transports du quotidien, omniprésence du privé. Bordeaux est belle, certes, mais nous la voulons pour tous. » Vincent Maurin, conseiller municipal communiste à Bordeaux de 2001 à 2014, a également réagit en déclarant, notamment : « Si l’émotion d’Alain Juppé est franche et touchante, l’annonce de ses motivations au départ sont loin d’être convaincantes. Je suis en effet surpris du manque de hauteur de la déclaration d’un homme dont le charisme politique a pu surmonter, voire transcender nombre d’obstacles, de coups bas, d’échecs. Lorsqu’il se montre affecté par « l’esprit public devenu délétère », « infesté de haine et mensonges », « la stigmatisation des élites »…, comment peut-il s’extraire de ses propres responsabilités comme leader de droite de 30 ans d’action politique, et ne pas reconnaître l’échec des gouvernements successifs à répondre aux aspirations de justice sociale du peuple ? »
PCF 24-33
Invitation Repas d’hiver Le samedi 16 mars 2019, à 12h (avec vos couverts), à la salle des fêtes de Lamothe- Montravel Menu 15€ (Enfant 7.50€) : - Apéritif - Potage - Hors d’œuvres variés - Poule au pot et ses légumes - Riz sauce suprême - Fromage - Pâtisserie Maison - Café et vin compris « Les Français soutiennent massivement le mouvement des gilets jaunes. Comment passer du soutien et d’une certaine forme de délégation, à un mouvement plus profond ? Comment rejouer Mai 68 en 2019 ? Suffit-il de lutter contre les réformes ? C’est ce que nous faisons depuis 30 ans sans véritable victoire. Dans le même sondage, 25 % seulement des sondés ont une bonne opinion du capitalisme, 56 % pensent que la lutte des classes reste d’actualité et pour 3 % des jeunes, le communisme est d’actualité. Les services publics, c’est une alternative au capitalisme, c’est faire société ensemble sans faire appel au processus d’accumulation du capital. Ajoutons à cela que le président de Natixis déclare que Marx avait raison à propos de la baisse tendancielle du taux de profit. Bon, on se la coltine ou non la construction de cette alternative ? Tous ensemble, Tous ensemble, ouais, ouais ! » Tombola en soutien au journal L’Humanité. Inscription : 05 57 40 16 30 / 05 53 27 54 99 (heures de repas)
« FRIDAYS FOR FUTURE »
Étudiants mobilisés pour la révolution écologique Depuis douze semaines, dans plusieurs pays, des dizaines de milliers d’étudiant-e-s défilent chaque vendredi aux côtés des lycéen-ne-s, pour exiger une révolution écologique. En France, le second round de la “grève climatique” était annoncé ce vendredi 22 février. « Les mobilisations étudiantes et la convergence internationale de ce mouvement climatique sont l’expression d’un rejet grandissant du capitalisme » écrit l’Union des étudiant-e-s communistes qui prend part à la mobilisation internationale pour le climat.
SOUSCRIPTION
Tout versement par chèque ouvre droit à une réduction fiscale de 66% du montant versé. (chèque à l’ordre de ADF PCF 33). Les ressources financières du Parti communiste sont transparentes. Votre don, aussi modeste soit-il, contribuera efficacement à la démocratie, à l’expression et la prise d’initiative du Parti communiste. Cet ensemble sont les éléments majeurs pour continuer notre combat dans l’ambition d’une gauche forte et alternative. Les versements sont à envoyer à la fédération de Gironde du PCF - 15 rue Furtado - 33800 Bordeaux, à l’ordre de l’ADF PCF 33
ILS ONT DONNÉ 2 170 euros : M. RIEUDEBOTAS Christian, Bordeaux ; Mme DULOS Christiane, Bordeaux ; M. & Mme HIRSH Xavier, Mérignac ; Cellule M. Thorez
Les Nouvelles 21 février 2019 • 7
CULTURE & SOLIDARITÉ
NOUVELLES IDÉES REÇUES
HOMMAGE ARTISTIQUE
Les 6 heures de Blanloeil Salle des fêtes Bordeaux Grand Parc, le mardi 26 février 2019.
Renseignements sur bordeaux.fr et sur les réseaux sociaux
Un hommage collectif sous forme d’audio-vidéo-théâtre sera rendu à Yvan Blanloeil, artiste touche-à-tout à l’occasion de la sortie de son roman L’Homme qui se souvient de sa mort aux éditions L’ire des marges. Yvan Blanloeil a incontestablement joué un rôle majeur dans le monde bordelais (et au-delà) du spectacle vivant. Son inventivité (Dracula, en 2008 au Tnba), ses audio-théâtre dérangeants et enivrants, sa liberté de ton, justifient cette rencontre du mardi 26 Février à partir de 18h salle des fêtes du Grand-Parc, à laquelle invitent nombre de ses ami-e-s et collègues en créativité. Y aura-t-il jamais, pour Blanloeil et ses amis, pour cet amoureux de Beckett, une « fin de partie » ? V.T.
FESTIVAL DE LA TROISIÈME PORTE À GAUCHE
Passagers du réel : portrait(s) d’Agnès Varda
Du 6 au 9 mars 2019, Bordeaux. La troisième édition du festival Passagers du réel nous plonge dans l’imaginaire d’Agnès Varda. Avec une quarantaine de films à son actif, la cinéaste ne cesse de nous étonner en nous livrant une œuvre en perpétuel
mouvement qui se moque bien des frontières établies. Libre, elle l’est à plus d’un titre : dans la recherche d’une production autonome, dans l’indépendance d’une parole où la rencontre de l’autre s’articule à l’écriture de soi. Elle l’est aussi dans une esthétique plurielle qui puise dans la photographie, le théâtre, la peinture, les installations audiovisuelles. C’est cette liberté artistique que cette troisième édition du festival entend explorer. La critique du spectacle des images et de leur évidence, la parole et l’imagination des minorités oubliées, la mort/la vie/le temps qui passe, l’engagement de la réalisatrice, le regard d’une femme cinéaste seront autant de pistes à réfléchir ensemble pour aborder son œuvre. À travers 7 ciné-débats, en présence de spécialistes du cinéma et de réalisateurs, plongez-vous dans l’humeur créatrice de Varda et regardez avec ses yeux préoccupés et rêveurs ce monde qui
est le nôtre ! Intervenants : Alexander Abaturov / Bernard Bastide / Dominique Cabrera / Pauline Horovitz / Nora Martirosyan / Bojina Panayotova / Audrey Saffré / Louis Séguin / Claude Viot-Murcia. Tarifs : - Séances au cinéma Utopia (5 place Camille Julian - Bordeaux), le 6 mars à 20h15, les 7 mars et 8 mars à 20h30, tarif plein 7€ - tarif réduit 4,50€. - Séances à la bibliothèque Mériadeck (85 cours du Maréchal Juin - Bordeaux), les 7 et 8 mars de 10h à 17h puis à 18h, le 9 mars de 15h à 18h, entrée libre. - Séance à la Halle des Douves (4 rue des Douves – Bordeaux), le 9 mars à 20h, entrée libre. - Rencontre à La Troisième Porte à Gauche (72 bis rue des Menuts – Bordeaux), de 10h à 12h, entrée libre. Le festival Passagers du réel est organisé par l’association la Troisième Porte à Gauche avec le soutien de la cinémathèque du documentaire, de la mairie de Bordeaux, du département de la Gironde, de la Bibliothèque municipale de Bordeaux, de l’Agence régionale ALCA et du laboratoire Passages (UMR du CNRS); en partenariat avec le festival international Jean Rouch (Paris), le cinéma Utopia, le Rectorat de Bordeaux, la Halle des Douves, le Musée d’Ethnographie de l’université de Bordeaux, l’École des Beaux-Arts, le master documentaire et archives, le master innovation territoriale et expérimentation, la licence d’anthropologie.
ANNONCES LÉGALES GERANCE-MANDAT
Les Nouvelles de Bordeaux et du Sud-Ouest S.A.S. au capital de 37 000 euros Associés (à parts égales) : L. Chollon, F. Mellier, S. Laborde, M. Lavallée Directeur de la publication : Frédéric Mellier Abonnement 1 an : 25 euros. Abonnement de soutien : 40 euros Rédaction, composition, impression : S.A.S. Les Nouvelles de Bordeaux et du Sud-Ouest 15, rue Furtado - 33800 BORDEAUX Tél. 05 56 91 45 06 - Fax 05 56 92 61 01 - Annonces légales : annonces@nbso.fr Comptabilité : compta@nbso.fr - Redaction/Proposition d’article : redaction@nbso.fr @nvlbx Les nouvelles de bordeaux nbso.fr Commission paritaire de presse : 0123 C 85932
8 • Les Nouvelles 21 février 2019
CHRONIQUE
Aux termes d’un contrat de Gérance-Mandat en date du 06/12/2018, le fonds artisanal dénommé Cordonnerie de la Bastide situé 40 rue de la Benauge 33100 BORDEAUX ayant pour objet la Cordonnerie Multiservices et appartenant à Laure VIGNAU, Entreprise Individuelle inscrite à la Chambre des Métiers de la Gironde sous le N° 813 824 752, a été mis en Gérance-Mandat à Mme Régine BERTRAND, Micro Entreprise inscrite à la Chambre des Métiers sous le N°844368837 à partir du 06/12/2018 pour une durée de 6 mois.
par Gérard Loustalet Sens www.nir-33.fr L’esprit du macronisme (I)
Le journal le Monde publiait le 15 décembre dernier un article intitulé : « Gilets jaunes : Arnaud et Jessica, la vie à un euro près ». Ils ont 26 ans, lui est cariste en CDD à 1 493 € par mois, elle est sans travail. Ils ont 4 enfants et un chien. Leur loyer est de 500 €. Ils totalisent 1 194 € de prestations sociales. Outre les dépenses contraintes (électricité…), ils ont un budget nourriture de 400 € (pour 6 manifestement sous-estimé). Ils avouent deux forfaits téléphoniques et céder aux pressions des enfants pour un MacDo par mois et des « vêtements de marque ». Ils sont à découvert le 15 du mois. Ils se relaient pour manifester en gilets jaunes le week end sur un rond-point. Ce modeste article a donné lieu sur le site du journal à 1 153 commentaires ! Les neuf dixièmes manifestent une hostilité venimeuse à l’endroit de cette famille. J’ai pris la peine de lire ces 1153 commentaires. C’est accablant de mesquinerie, de médiocrité, d’inhumanité. Et c’est le fait de ces classes moyennes à prétention intellectuelle qui constituent l’essentiel du lectorat du Monde. C’est une anthologie, qui aurait ravi Gustave Flaubert, de la bêtise hargneuse de cette bourgeoisie macronienne qui n’est que la lamentable réincarnation de la bourgeoisie louisphilipparde de 1 830 obnubilée par le dégoût et la peur de ces classes laborieuses promptes à se muer en classes dangereuses à dompter et soumettre par tous les moyens de l’ordre et de la violence d’Etat. On en est là aujourd’hui. L’invisibilisation latente des classes populaires marque un coup d’arrêt. C’est l’éternel retour de la lutte des classes qui effraye tant le bourgeois macronien. C’est aussi le retour des pires stéréotypes du XIXe siècle à l’encontre des pauvres. Comme on va le voir… Sous le couvert de l’anonymat, selon la pratique commode et discutable des réseaux sociaux, c’est un concert d’invectives. Beaucoup de commentaires se réclament directement de Macron, il est logique que le mépris de classe, marque indélébile du macronisme, s’y exprime sans fard. Un commentaire le dit crûment : « Ras le bol des pauvres. Le mépris de classe devient obligatoire ». « Assistés », « irresponsables », classiques, sont les qualificatifs les plus avenants, mais sous pseudo le lecteur du Monde, prétendument distingué et cultivé, se lâche : « faux-pauvres, immatures, feignants, parasites, abrutis, zozos, crétins irrécupérables, débiles, incultes assistés… ». Chacun connaît l’immense stupidité des pauvres, ils « ne sont pas super malins », ils « ne sont pas très futés », ils « manquent de jugeotte ». Et même « que de baffes perdues » devant tant « d’inconséquence » et « d’indécence », tant de « connerie » . C’est « la France d’en-bas…tout en bas » avec son « insouciance criminelle », son « déficit d’intelligence », son « déficit d’éducation », sa « pauvreté intellectuelle ». Il faut donc que cessent ces « jérémiades », arrêter de « pleurnicher au lieu de se battre ». Ils « font leur propre malheur » et « pleurer c’est se foutre du monde ». À ce niveau de dénigrement, le mépris de classe fait place à un authentique racisme social. Parce qu’en plus, les pauvres sont des ingrats. Ils « profitent grassement de la solidarité nationale », ils « vivent de l’Etat, de la charité publique », ils « profitent des aides sociales et ils se plaignent », cette « famille vit aux crochets des autres », elle « est biberonnée à l’Etat-providence », « Madame ne bosse pas, la société lui paie tout, prend en charge sa progéniture »… Voilà donc que le modèle social français, habituellement exécré par le bourgeois macronien, devient une éminente vertu nationale : c’est « la redistribution qu’on a la chance d’avoir en France », « quelle chance avonsnous de vivre dans un pays pareil » avec son « système social très généreux ». « La moitié du revenu (de cette famille) lui est gracieusement offert par le gouvernement et les Français ». « Offert » ! Cette formule revient plusieurs fois. Comme si les « aides » sociales ne constituaient pas des prestations et des droits (et non une charité publique) conquis de haute lutte. Mais dans les basses classes, on n’en est même pas reconnaissant : « ils veulent mettre à bas la société qui les nourrit » ou « mordre la main qui les nourrit », ils « se permettent de cracher dans la soupe ». Décidément les gueux ne savent pas se tenir, « ils croient que tout leur est dû » alors qu’il « faut savoir dire merci ». Le bourgeois louis-philipard conservateur professait que « l’assistance » aux pauvres encourage le vice. Pour le bourgeois macronien « progressiste » des « allocations trop généreuses perpétuent la pauvreté ». Et ce n’est pas tout… (à suivre).