Jeudi 14 mars 2019 - N° 2298 - Hebdomadaire - 15, rue Furtado - 33800 BORDEAUX - Prix : 0,80 euro
8 mars contre les inégalités et les violences faites aux femmes
PAS DES FLEURS, DES DROITS ! P.2
RÉGION
DOSSIER
Harmonisation par le bas pour le transport scolaire
Viticulture, agriculture, ruralité… Europe
P.3
P.4-5
ACTUALITÉ PROJECTION DÉBAT
8 MARS
La bombe et nous
Elles-ils exigent des droits contre les inégalités et les violences faites aux femmes
Les sections de Coutras et de Libourne organisent le vendredi 29 mars 2019, à partir de 18h30, à Saint-Denis de Pile, salle de l’Accordeur (15 route de Paris), une projection du film La bombe et nous , suivie d’un débat en présence de Roland Nivet, dirigeant du Mouvement de la Paix (Comité de la gironde : mdpgironde@yahoo.com). L’arme nucléaire a-t-elle encore un sens aujourd’hui ? La bombe et nous apporte un éclairage nouveau, sans donner de réponse définitive à des questions qui resteront inévitablement ouvertes. Des stands seront également installés avec la vente d’huile de Palestine, thé et tisanes 1336 de la scoop de Marseille, miel bio du camarade Alexandre Pillet, ainsi que les Amis de la librairie Renaissance.
RÉPRESSION
La démocratie muselée « Ce gouvernement ne veut et n’accepte aucune forme de manifestation et de contestation, sauf dans le cadre du grand débat de Macron ! » S’indignent des Gilets jaunes en Gironde. Ils réagissent à la répression qui s’est abattue sur la fin de la manifestation nocturne « non mixte » du 8 mars à Bordeaux, à l’occasion de la journée internationale de lutte pour les droits des femmes. Pour extraire quelques tagueuses (d’après le communiqué de la préfecture relayé dans Sud Ouest de lundi), dont certains messages étaient certes plus sexistes que féministes, d’un cortège de quelques centaines de femmes, des moyens dignes d’une guerre civile ont une nouvelle fois été déployés : lacrymo, grenades de désencerclement, lanceurs de balles de défense « pointés longuement sur les manifestantes » et des policiers « cagoulés » avec « des chiens qu’ils excitent volontairement et envoient au contact des femmes à plusieurs reprises », affirme le collectif 8 mars dans un communiqué. Une manifestante a été blessée aux pieds par une grenade de désencerclement. Évidemment, la préfecture dément, de toute façon il semblerait que quoiqu’il arrive, même lorsqu’il y a des images et des vidéos à l’appui, la ligne de conduite des autorités est de tout couvrir d’abord et de démentir le recours à des moyens démesurés malgré les interpellations des organisations de droits de l’homme, y compris au niveau européen. « Ce n’est pas la forme des manifs qui est réprimée en premier lieu mais bien le fond. S’il fallait encore en faire la preuve, en voici une de plus », réagissent les Gilets jaunes. Et s’il fallait verser de l’eau à leur moulin, on peut évoquer la situation de Segundo Cimbron, le maire de Saint-Yzans-de-Médoc, accusé d’avoir utilisé le mot « guérilla » lors d’une réunion de gilets jaunes et visé par une plainte du procureur de la République « pour provocation directe » (lire l’article d’Ixchel Delaporte dans L’Humanité). « C’est le terme qui m’est venu à l’esprit », dit-il. « Mais il n’y avait aucune confusion, je n’appelais pas à un soulèvement armé ! » raconte l’élu. C’est pour avoir prononcé ce mot de « guérilla », qu’il est convoqué devant le tribunal correctionnel de Bordeaux le 27 mai, inculpé de « provocation directe non suivie d’effet à un attroupement armé ». Dès le lendemain de la réunion, alors qu’il se rendait sur les lieux d’un incendie d’origine criminelle devant la souspréfecture de Lesparre-Médoc, le préfet avait réagi vivement : « Je ne peux pas croire qu’un élu de la République puisse prononcer de telles paroles », lit-on dans Sud Ouest, et il prévient « qu’il y aura des voies judiciaires ». Ainsi, le maire de Saint-Yzans-de-Médoc est convoqué par la brigade criminelle de Bordeaux pour une audition le 31 janvier au commissariat de Lesparre-Médoc : « C’était très courtois mais absurde ! L’article de Sud-Ouest mettait en lien mes propos avec l’incendie. Il a été repris et l’affaire a pris un tour grotesque », raconte le maire qui se dit la cible « d’un procès politique ». Il faut dire que, dès le 7 janvier, Segundo Cimbron n’a pas fait allégeance à l’appel de l’Élysée : « J’ai envoyé une lettre à M. Macron pour lui expliquer pourquoi je ne participerai pas au grand débat national. Je lui disais que ce débat, beaucoup n’ont pas attendu que les institutions l’organisent pour l’avoir entre eux, là où ils sont, sur ces ronds-points où ils découvrent qu’ils ne sont pas seuls dans leurs difficultés quotidiennes (…). » De nombreux témoignages de soutien lui sont parvenus de la part de citoyens ou d’élus de tous bords qui désapprouvent cette façon de museler la démocratie. 2 • Les Nouvelles 14 mars 2019
Le 8 mars à Bordeaux comme dans d’autres villes en France, en Europe, dans le monde, les femmes, surtout, et des hommes, aussi, se sont mobilisés pour exiger des droits qui permettent de mettre un terme, enfin, aux inégalités femmehomme et protègent les femmes des violences qui leur sont faites, à la maison comme dans la rue ou au travail. Avant de faire la longue liste des inégalités et des violences avec lesquelles elles et ils veulent en finir, une jeune femme prend la parole au nom du collectif 8 mars (qui regroupe l’historique Collectif bordelais pour les droits de femmes et « Nous toutes ») pour dire aussi ce qui bouge. Mouvement « Nous toutes » contre les violences faites aux femmes, mobilisation contre les viols sur le campus, mobilisation pour obtenir plus de places d’hébergement d’urgence dans la métropole pour les femmes victimes de violences conjugales, cafés féministes pour déconstruire la société sexiste, participation aux manifestations des Gilets jaunes, contre la destruction de l’environnement ou encore les lois répressives : « À Bordeaux comme ailleurs, le féminisme remporte des victoires. Depuis un an, les femmes bordelaises ont fait entendre leurs voix et leurs revendications. » Sur la place des droits de l’Homme qu’elles rebaptiseront quelques minutes plus tard place des droits des femmes, plusieurs centaines de personnes sont réunies avant de partir en manifestation jusqu’à Saint-Michel. Leurs syndicats appelaient à la grève ce 8 mars à 15h40, Laurence Laborde pour la FSU, Corinne Versigny pour la CGT, Samia Bentounes pour SUD et Nadège Couronné pour l’UNSA se sont succédées au micro. « Nous sommes secrétaires, infirmières, aides à domicile, assistantes maternelles, travailleuses sociales, administratives, sages-femmes, hôtesses, bref, nos métiers sont indispensables à la société pourtant ils sont mal rémunérés et leur pénibilité n’est pas reconnue. Nous sommes ingénieures, techniciennes, ouvrières, employées ou cadres, nous faisons le même travail que les hommes mais avec un salaire inférieur. » « Nous sommes à temps partiel avec un salaire partiel, souvent parce que nous n’avons pas d’autres choix. Entre les courses, le ménage et les enfants, nous
réalisons en moyenne 20h de tâches ménagères par semaine. Notre travail est invisibilisé et dévalorisé. Notre salaire est inférieur de 26 % à celui des hommes, de ce fait à partir de 15h40, nous travaillons gratuitement. Nous sommes lycéennes, étudiantes victimes d’une éducation et d’une sélection genrées. (…) Nous refusons de subir encore le poids du patriarcat tout au long de notre vie » « Nous sommes retraitées, notre pension est inférieure de 40 % à celle des hommes, nous combattons de longue date la précarité remise au-devant de la scène par les femmes Gilets jaunes. Nous sommes étrangères, victimes du racisme, handicapées, lesbiennes, trans et nous cumulons les discriminations. Nous sommes des femmes et, au travail, dans la rue, nous sommes confrontées à des violences patriarcales. » « Nous sommes des brésiliennes, des espagnoles, des iraniennes, des argentines, des polonaises, des indiennes, des étatsuniennes, des kurdes, des turques… Nous sommes partout, toutes ces femmes qui luttent contre les réactionnaires et les conservateurs au pouvoir pour exiger des droits(…) ». Les femmes kurdes étaient également présentes en nombre, une représentante membre du Conseil démocratique kurde à Bordeaux a souligné que le mouvement des femmes du Kurdistan « a montré qu’il était capable de changer le monde ». « L’idée que “si les femmes s’organisent alors le monde changera” n’est pas une utopie mais un projet qui peut être réalisé », a-t-elle déclaré. Face aux violences sexistes et sexuelles, le PCF réaffirme la tolérance zéro
Le 9 mars, avant de rejoindre pour certain-e-s la manifestation des Gilets jaunes où un cortège féministe était aussi organisé, des militant-e-s communistes étaient réuni-e-s à Bordeaux pour un apéro féministe. À cette occasion, M.C. Gonzalez, responsable de la commission féministe du PCF 33, a souligné à quel point l’émergence des mouvements Mee too et Balance ton porc ont permis de libérer la parole des femmes et ont permis une certaine prise de conscience collective sur les violences faites aux femmes. Mais elle a aussi rappelé que du côté du gouvernement, les discours ne sont pas suivis d’actes : « le secrétariat chargé de l’égalité femme-homme reste le plus petit budget de l’État et de loin »,
« les associations et dispositifs d’aide aux femmes sont les premières victimes des baisses de dotation ». 30 femmes décédées sous les coups de leur compagnon ou ex-compagnon, depuis le 1er janvier en France, urgence humanitaire pour les femmes migrantes, les femmes premières victimes de la précarité : « il est urgent d’agir ». Les communistes souhaitent développer leurs initiatives dans ce domaine, lors de leur dernier congrès national, ils ont pris l’engagement fort de faire de leur parti « un parti féministe exemplaire ». « Au vu des faits révélés de viols et d’agressions au sein de l’Union des étudiants communistes (UEC) et de la Jeunesse communiste », précise la militante qui trouve « rassurante » la réaction des militants au premier communiqué du PCF. « Ils trouvent intolérables que de tels agissements puissent se produire dans nos organisations ». En effet, des adhérentes du Mouvement des jeunes communistes de France (MJCF) ont dénoncé, une première fois en décembre 2017, puis il y a quelques jours des agressions sexuelles dont elles ont été victimes dans leur organisation. Dans un communiqué le 4 mars, le Parti communiste a exprimé « son soutien sans faille à ces jeunes femmes et à l’ensemble des victimes », saluant le courage qui les anime pour prendre la parole. « En fin de semaine dernière, a expliqué l’organisation, le dispositif interne du PCF “Stop violences” a été saisi par ces victimes. Dès aujourd’hui et suite au dépôt de plainte d’une des victimes, nous annonçons la suspension des droits d’un adhérent. Celui-ci étant également conseiller municipal, nous lui demandons de démissionner de son mandat électif. Un autre cas est en cours d’instruction ». Le comité exécutif national du PCF a réaffirmé la nécessité de la tolérance zéro dans son organisation face aux agressions. Plusieurs outils internes sont mis à disposition des victimes : un livret d’information « Violences sexistes et sexuelles, Tolérance zéro ! » ; un dispositif interne « Stop violences » (stopviolences@pcf.fr) qui garantit une réponse sous les huit jours dans le respect de l’anonymat et la prise en charge par des référent-e-s formé-e-s au recueil de la parole des victimes ; un grand plan de formation sur les violences faites aux femmes devrait aussi être mis en place. Christelle Danglot
ACTUALITÉ
Editorial
TRANSPORTS SCOLAIRES EN NOUVELLE AQUITAINE
Harmonisation… par le bas
Suite au récent transfert aux régions du transport scolaire, la Nouvelle Aquitaine a voté une harmonisation des tarifs qui remet en cause la gratuité qui existait jusqu’alors dans les Landes et l’organisation du transport scolaire pour les élèves qui habitent dans un rayon de 3 kms autour des établissements scolaires. Harmonisation par le bas, réagit la fédération de la Gironde du PCF, dans une déclaration, le 8 mars, que nous publions ci-dessous. « La Région aurait pu décider de la gratuité du transport scolaire sur
l’ensemble du territoire de la Nouvelle Aquitaine. Il n’en est rien. La gratuité des transports publics, qu’ils soient scolaires, urbains ou périurbains est une bataille que mènent les communistes sur l’ensemble du territoire. L’harmonisation aurait pu servir la solidarité des territoires et l’égalité des jeunes et leurs familles face au service de transport scolaire, elle renvoie aux départements d’assumer seuls la gratuité des transports scolaires comme c’est le cas dans les Landes depuis de nombreuses années. Quelle logique rend impossible
une mesure mise en œuvre dans un département à l’échelle d’une grande région ? Ce sont les logiques qui conduisent les collectivités à l’austérité, les jeunes et familles de Nouvelle Aquitaine ne doivent pas en faire les frais. C’est la raison pour laquelle les députés communistes proposent au travers d’un projet de loi de rendre gratuit le transport scolaire au nom de l’exigence de la gratuité des études, et des enjeux sociaux et écologiques que la question des transports et de la mobilité soulève. Les communistes de Nouvelle Aquitaine alertent par ailleurs les familles et les élus sur le risque de voir disparaitre le transport des élèves dans un rayon de 3km autour des établissements, puisque la loi n’y oblige pas. Ce serait alors la disparition de ce service en zone rurale et périurbaine, mais aussi en zone urbaine. La bataille pour la gratuité des transports publics et scolaires reste pour les communistes de Nouvelle Aquitaine un axe fort d’une politique tournée vers le progrès social et démocratique relevant le défi de l’urgence climatique. »
CLIMAT, DÉMOCRATIE, SALAIRES…
Le mouvement social sur tous les fronts Vendredi 15 mars, les lycéens sont appelés à une journée mondiale pour le climat, samedi 16 mars, l’Affaire du siècle se fait Marche du siècle en rejoignant les Gilets jaunes pour combattre les dérèglements climatiques et la violence sociale alors que les Gilets jaunes appellent à un grand rassemblement national à Paris pour accueillir la fin du grand débat et les propositions de Macron. Le 19 mars, une journée interprofessionnelle de grève est organisée dans le public et le privé. Pour chaque événement, rendez-vous est donné à Bordeaux. La décision, formulée hier par JeanMichel Blanquer, d’organiser des débats sur l’environnement « dans tous les lycées de France » ce vendredi, jour de la première grève mondiale des élèves pour le climat, a laissé les concernés plutôt dubitatifs. Sur LCI, le ministre de l’Éducation a expliqué que des échanges seront organisés « de 16h à 18h » dans tous les établissements afin de « travailler à des propositions concrètes », une tentative, sans doute, de désamorcer le programme des lycéens. Depuis janvier, et dans la foulée de l’appel lancé en décembre lors de la COP24 par la jeune Suédoise Greta Thunberg – dont la figure a depuis fait le tour des médias –, plusieurs collectifs appellent à participer, ce 15 mars, à la première grève scolaire internationale pour le climat. En Belgique, en Allemagne ou en Suisse, des dizaines de milliers de lycéens, d’étudiants
et même de collégiens manifestent chaque vendredi – chaque jeudi dans le cas de la Belgique – en préparation de ce jour inédit. Sur le site rue89bordeaux.com, le journaliste Baptiste Giraud est allé voir « qui sont les jeunes derrière la première “grève du climat” à Bordeaux, interviewant des « lycéens, mais aussi collégiens ou jeunes bacheliers », de « Mérignac à Lormont, en passant par Gujan-Mestras ou La Réole ». Souvent sensibilisé-e-s à l’environnement au sein de leur famille, ils et elles pointent souvent la responsabilité du gouvernement et des entreprises. Ils envisagent des rendez-vous réguliers, manifestation ou intervention dans les classes tous les samedis… C’est bien sûr sur les réseaux sociaux que se bâtit cette mobilisation : Friday for futur Bordeaux. Au programme : rassemblement place de la Victoire à 10h30, pique-nique Zéro déchet et animations à Pey-Berland le midi « en présence du corps enseignant et des écoliers de primaire et maternelle accompagnés de leurs parents » et rencontres avec les ONG et collectifs, prises de parole et débats sur la Place de la Bourse à partir de 14h30. Le lendemain, samedi 16 mars, la Marche du siècle veut combattre les dérèglements climatiques et la violence sociale. Dans la semaine, 160 villes et pays s’inscrivaient dans le mouvement d’après le recensement de Citoyens pour le Climat. Après la pétition « l’Affaire du siècle » en soutien au recours contre l’État français pour « inaction climatique » (2 millions de signataires), cette
mobilisation pour le climat est initiée par 140 associations dont Attac, la Fondation pour la Nature et l’Homme (FNH), Greenpeace, les Amis de la Terre ou encore la Ligue des Droits de l’Homme. À Bordeaux rendez-vous est donné au miroir d’eau à 14 h, soit sensiblement au même endroit et à la même heure que le rendez-vous hebdomadaire des Gilets jaunes. Pour cette date marquant la fin du grand débat national, les gilets jaunes ont appelé à un grand rassemblement national à Paris. Bien qu’ils s’organisent pour y aller à moindre coût, beaucoup d’entre eux n’auront pas les moyens de s’y rendre. Un rendez-vous est donc maintenu à Bordeaux avec un pique-nique place de la Bourse à 11h, un départ en manifestation à vers 14h et une assemblée citoyenne vers 17h après la manifestation. Mardi 19 mars, c’est une grève interprofessionnelle dans le public et le privé qui est annoncée à l’initiative de la CGT, FO, Solidaire et les Syndicats étudiants et lycéens UNEF, UNL, UNLSD . Une manifestation partira à 11h30 de la place de la République à Bordeaux. Au programme des revendications : salaires, pensions, protection sociale, formation, transition écologique, fiscalité, démocratie citoyenneté, services publics, conditions de travail… Ce ne sont pas les revendications qui manquent
L’apport des communistes
Alors que l’initiative nationale d’Emmanuel Macron exclut de nombreux sujets, citoyens, syndicalistes et élus progressistes organisent des espaces démocratiques pour que les aspirations populaires puissent trouver des traductions politiques. C’est un des effets de cette mobilisation dite des « gilets jaunes » : des citoyens se rencontrent et se parlent, et malgré les contradictions dessinent les contours d’une société humaine débarrassée de la dictature de l’argent. De nombreux témoignages de la vie « à un euro près » fusent dans ces soirées qui rendent urgentes les mesures nécessaires pour « vivre dignement » : hausse du SMIC, des salaires, des retraites, redistribution des richesses, transparence et justice fiscale, transition écologique, égalité des territoires, défense des libertés, nouvelle démocratie participative, nouveaux pouvoirs d’intervention des salariés à l’entreprise, refus de l’austérité européenne au service des financiers… Depuis des semaines, les communistes apportent leur contribution pour déborder le « grand débat », pour favoriser les échanges citoyens, pour déjouer les grandes manœuvres présidentielles d’un Macron « en campagne ». Sur les marchés, les points de rencontre, devant des services publics, des entreprises, des dizaines de pétitions sont signées pour le pouvoir d’achat, la justice sociale et fiscale, pour les moyens d’une vraie transition écologique. Là aussi les bouches s’ouvrent. Samedi 16 mars, au moment où Emmanuel Macron prétend clore le « grand débat national » et en tirer ses propres conclusions, le PCF, ses militants, ses élus.es, avec les parlementaires communistes et apparentés, organisent un grand rassemblement à Paris. Une délégation portera au président l’expression des besoins recueillis sur les pétitions et les cahiers de l’espoir ces dernières semaines. Des hommes et des femmes s’exprimeront, à partir de leurs propres expériences, sur ce qui doit enfin changer. Fabien Roussel, secrétaire national du PCF, présentera dix propositions pour la France et Ian Brossat montrera l’importance des enjeux européens pour les luttes qui se déroulent pour l’emploi, le pouvoir d’achat, les services publics et les collectivités territoriales. Et dans tout le pays les communistes seront dans les manifestations interprofessionnelles et intersyndicales du 19 mars, qui porteront les exigences des salariés.ées, leurs revendications vis à vis du gouvernement et du patronat. Ces mobilisations exprimeront le refus de la loi liberticide « anti-casseurs » qui porte gravement atteinte à la démocratie et au droit constitutionnel de manifester, confortant la voie d’une répression policière indigne de toute République.
Christine Texier
C.D. Les Nouvelles 14 mars 2019 • 3
VITICULTURE - AGRICULTU LA PAC - ÉCLAIRAGES
Un soutien à un secteur majeur de notre économie La France est le premier pays agricole de l’Union européenne, avec 27 millions d’hectares cultivés. L’agriculture représentait 3,5 % du PIB en 2016 (7 % en 1980), soit encore plus de 70 milliards d’euros. Ce secteur d’activité génère 885 000 emplois (960 000 en 2010). En 20 ans, on est passé de 1,1 million d’exploitations agricoles à 450 000. Le secteur dégageait 6 milliards d’€ d’excédents commerciaux en 2016. L’agriculture est donc un secteur majeur de l’économie nationale pour lequel la PAC est un soutien essentiel. La Politique agricole commune (PAC) a été mise en place en 1962, avec pour objectifs initiaux d’augmenter la productivité du secteur agricole et de garantir la sécurité alimentaire. Elle représente environ 40 % du budget européen et se divise en deux piliers : • Le premier pilier, qui concentre plus des deux tiers du budget, concerne les aides directes aux agriculteurs ; 85 % de ces aides sont distribuées en fonction de la surface des fermes, indépendamment de ce qu’elles produisent : plus la ferme d’un agriculteur est grande, plus il touche d’aides. Les 15 % restants dépendent de la production quantitative. • Le second pilier est consacré au développement rural. Il concerne entres autres la « modernisation » des exploitations agricoles, certaines aides à l’installation, des aides spécifiques pour les zones à handicaps naturels (exemple les zones de montagne) ou encore l’agriculture biologique et des mesures dites agro-environnementales. Contrairement au premier pilier, le second pilier doit nécessairement être cofinancé par les Etats membres. En plus de ces deux piliers, environ 5 % du budget de la PAC sont alloués à une organisation commune du marché agricole. La PAC est réformée tous les sept ans (est en discussion actuellement celle qui sera mise en place de 2021 à 2027). Comment les pays contribuentils au budget de la PAC ?
Les pays contribuent en fonction de leur PIB. Les plus grands contributeurs sont l’Allemagne, la France et l’Italie. La France est le premier pays bénéficiaire des aides de la PAC, non pas parce qu’elle fait partie des grands contributeurs, mais parce qu’elle est le premier pays producteur agricole de l’UE. Une répartition inégalitaire
En 2015, 1,5 % des bénéficiaires ont ainsi touché plus de 30 % du montant total des aides. De nombreux petits agriculteurs souffrent de cette mauvaise répartition des aides. En effet les aides « découplées » du premier pilier vont aux fermes de plus grande taille, indépendamment de ce qu’elles produisent et de la manière dont elles 4 • Les Nouvelles 14 mars 2019
le produisent. Cela favorise donc les grosses exploitations céréalières. Qui décide des réformes de la PAC ?
Trois instances de décision prennent part à l’élaboration de la réforme de la PAC : • La Commission européenne : fait des propositions de lois, discutées et votées entre le Conseil des ministres et le Parlement. Elle doit viser à l’application des textes une fois les lois adoptées. Au sein de la Commission, c’est la Direction Générale Agriculture qui est en charge du dossier. • Le Conseil des ministres de l’Agriculture : les ministres de l’Agriculture de chaque pays se retrouvent régulièrement pour discuter, voter et coordonner les réglementations et politiques européennes, dont la PAC. • Le Parlement européen : il a depuis la dernière réforme un rôle de « codécideur » puisqu’il doit également voter le texte final de la PAC. Ce qu’en dit le PCF
« La Politique Agricole Commune visait à l’indépendance alimentaire de l’Europe. Elle a favorisé la productivité agricole par le progrès technique, privilégiant le modèle intensif. Elle reposait sur trois principes : liberté d’échange au sein de l’Union et prix unique, préférence communautaire par la mise en place de tarifs douaniers, solidarité financière entre les états producteurs. La vague libérale des années 1980 et 90 envoie notre agriculture dans les bras des marchés : baisse des prix d’intervention, réduction des surfaces en production, suppression des prix de seuil, réduction des barrières douanières. Créée en 1993, l’Organisation mondiale du commerce (OMC) n’accepte que les seuls soutiens à l’agriculture qui n’affectent ni le fonctionnement des marchés, ni la détermination des prix … La préférence communautaire a été remplacée par la conception de “marché ouvert” où la concurrence est libre. Il est possible d’aller vers une nouvelle Politique Agricole et Alimentaire Européenne, cohérente avec l’objectif de souveraineté alimentaire, se centrant sur la réponse aux besoins du marché intérieur plutôt qu’aux échanges sur le marché international sur la base du moins disant social et environnemental. Il est indispensable de mettre en place des outils de régulation des marchés, des stocks européens de sécurité alimentaire, des mesures contre la spéculation afin de développer une agriculture de qualité, soucieuse de la règle verte et la planification écologique, reconnaissant le droit à une juste rémunération du travail, favorisant l’agriculture paysanne. En somme, réorienter la Politique agricole commune vers le soutien à l’emploi agricole et aux exploitations à taille humaine, pour des productions de qualité, y compris sur le plan sanitaire et environnemental ».
Mieux répartir les richesses aussi dans la viticulture, assurer des revenus et des retraites dignes aux agriculteurs pour répondre aux besoins d’une alimentation saine pour tous et aux enjeux climatiques, maintenir et développer l’emploi et les services publics dans les territoires, autant de questions qui seront discutées avec Ixchel Delaporte et Jean Mouzat, à Saint-Pierre d’Aurillac ce samedi soir (18h30 à la salle des fêtes) et que nous abordons ici, avec, le lien indissociable à la Politique agricole et alimentaire européenne. LES RAISINS DE LA MISÈRE
La pauvreté cachée
Ixchel Delaporte participe ce samedi 16 mars à une conférence débat organisée à Saint-Pierre d’Aurillac sur l’agriculture, la viticulture et la ruralité. Elle est auteure de Les Raisins de la misère, paru en octobre 2018, un livre enquête sur la face cachée des châteaux bordelais (lire notre n°2275 du jeudi 4 octobre 2018). Pour la revue Far Ouest*, elle est revenue sur les rencontres « inédites ou inattendues » qu’elle a faites pendant son enquête et qui lui ont confirmé « l’ampleur d’un déni organisé ». Nous publions ici l’épisode 2 de cette série de 3 que vous pouvez trouver sur le site : www.revue-farouest.fr Comme me l’ont dit les habitants du couloir de la pauvreté, les transports ne permettent pas de se rendre directement d’une ville du Bordelais à une autre, sans être obligé de passer par Bordeaux. Pendant trois jours, j’ai pris le train de Soulac à Bordeaux, puis de Bordeaux à Libourne et enfin de Bordeaux à Langon. Des heures à aller dans un sens et dans l’autre, à ausculter ce paysage rempli de vignes à perte de vue. Des heures à me demander si j’aurais le plaisir de retrouver, lors des débats et des signatures, des personnages du livre. Quand je suis arrivée à la librairie de l’Acacia à Libourne, quelle ne fut pas ma surprise de voir se présenter à moi une petite dame à la voix douce et aux yeux pétillants. « Je suis MariePaule, bénévole au Secours Populaire. Malheureusement, je n’ai pas pu venir avec Jeanne. Elle a eu un empêchement, peut-être qu’elle n’a pas osé… » Quand j’ai commencé à travailler sur la pauvreté des mois auparavant, j’avais contacté les associations caritatives. Marie-Paule m’avait alors orienté vers Jeanne, une bénéficiaire du Secours Populaire. Nous avions discuté au téléphone et Jeanne avait accepté ma visite chez elle. C’était en juillet. Les Pauvres invisibles
Son village, Vayres, en bordure de Dordogne, tout près de Libourne,
n’a pas reçu les honneurs de SaintÉmilion, classé par l’Unesco en 1997. Pourtant le bourg est charmant et possède quelques châteaux. Ici, nulle trace visible du couloir de la pauvreté, ainsi nommé par les statisticiens de l’Insee en 2011, dans une note de quatre pages qui croisait leurs données statistiques avec celles de la CAF (Caisse d’allocations familiales) et de la MSA (Mutualité sociale agricole). Elle détaillait le sort d’environ 60 000 personnes de moins de 65 ans vivant sous le seuil de pauvreté. Le couloir part de la pointe Nord du Médoc, passe sur la rive droite de l’estuaire à la hauteur de Blaye. Il embrasse ensuite le Libournais, le Sauternais et le Langonais. Ce couloir, qui dessine une sorte de croissant, termine sa course et se referme à Agen et Villeneuve-sur-Lot. Le « couloir de la pauvreté »
L’état décrépi de certaines villes (Lesparre-Médoc, Pauillac, Libourne, Castillon-la Bataille, Langon), à la limite de l’abandon, était visible à l’œil nu. En revanche, tout au long de mon enquête, j’ai été frappée par l’invisibilité prégnante des très pauvres. Il faut croire qu’à la campagne, la misère se cache. Jeanne vit avec son mari Michel dans une maisonnette couleur crème accolée à une autre similaire dans un petit lotissement HLM. Toutes ont une clôture verte en plastique. J’ai rendez-vous à 14h mais à part un chien qui aboie derrière le rideau, pas une âme qui ne vienne m’ouvrir. Jusqu’à ce qu’un homme, son mari sans doute, me dise dans l’embrasure de la porte et en articulant avec difficulté, que Jeanne était partie aux mûres. Elle devrait rentrer dans une demi-heure. J’attends puis je continue à marcher le long du chemin qui borde ce petit ensemble. Je découvre de belles demeures en pierre, de beaux jardins et même une piscine. Il y a aussi de grands lambeaux de terre bien travaillés, des légumes qui poussent à foison. Je tourne autour de la maison de Jeanne. Je devine une seule chambre. Elle finit par arriver
en voiture, une Renault 5 achetée à crédit, 390 euros par mois. Encore un an et demi à payer et elle sera vraiment à eux. Une petite femme maigrelette sort de la voiture avec deux paniers pleins de mûres. Elle me salue et me lance avec un sourire : « Je vais pouvoir faire de la confiture. » Ses dents du bonheur lui donnent un léger zozotement. Le visage fatigué, Jeanne me fait entrer chez elle. Son mari est accoudé au bout d’une longue table en bois rectangulaire. Assis comme une statue, il regarde la télévision, un grand écran posé sur un buffet en bois. Je m’assois aussi à cette table. Face à moi, un mur de photographies d’enfants, de vieux, de petits enfants, des portraits à l’ancienne, et d’autres mal imprimées faites avec des téléphones portable, dans des cadres en bois, en fils de fer, en forme de cœur ou en papier. La vie de Jeanne défile sous mes yeux dans le désordre. Il y a ses enfants, Nicolas, son « drôle », surnom affectueux donné aux enfants dans la région, avec son frère et sa sœur, les petits-enfants, les anciennes compagnes, les nouvelles, les arrière-petits-enfants aussi. Nicolas, la quarantaine, c’est le petit dernier. Il vit paralysé à cause d’une opération du dos. « Il était tractoriste intérimaire chez Banton et Lauret. Un jour, il a fallu arrêter la vigne à cause du dos. On lui a fait une arthrodèse lombaire mais on lui a touché un nerf. Depuis, il est en fauteuil. » Son autre fils, Christophe, adore son métier de croque-mort aux pompes funèbres de Libourne. « Il me dit qu’il fait ses morts. Il les lave, il les prépare, il est porteur aussi. Sauf, les enfants. Un jour, il en a fait un de trois ans, il s’est retrouvé à l’hôpital. Ça l’a rendu malade. Il ne l’a plus jamais refait. » Jeanne me montre une photo d’elle avant. Elle était obèse au point de ne plus pouvoir marcher, clouée sur un fauteuil roulant. Elle parle des quinze ans passés au chevet de sa mère leucémique qui a porté neuf enfants. C’était à Angoulême. C’est là-bas qu’elle a rencontré son mari, les deux mangeaient à la soupe du Secours Populaire. Jeanne était devenue une bénévole très active. Elle s’est faite réduire l’estomac pour perdre du poids. C’est à cette période que le couple aménage à Vayres, au sud de Libourne. Son état de santé les a favorisés pour trouver un logement social. « Dans ma tête, j’étais prête. Ce n’est pas une opération anodine. Il faut le faire pour soi-même. » Pas de « petits plaisirs »
Depuis quelques années, Jeanne
URE - RURALITÉ… EUROPE et Michel mangent avec ce que leur donne le Secours Populaire et l’Auberge du cœur à Libourne. Dès le milieu du mois, avec tout ce qu’il y a à payer, il ne leur reste que 30 euros. Le loyer, les dettes à rembourser, les charges, la voiture. Jeanne a travaillé pendant trente ans dans la restauration. Quand elle a pris sa retraite, elle s’est aperçue que son patron n’avait pas déclaré sa retraite complémentaire. Elle perd 180 euros sur ses maigres 800 euros. « On n’a pas été bien gâtés par la vie »
Son mari, ancien maçon, soudeur, électricien, touche une allocation adulte handicapé de 800 euros depuis quatre ans, depuis sa double rupture d’anévrisme. « Je ne peux pas me
baisser. Je ne dois pas porter des choses, ne pas m’exposer au soleil », me dit-il lentement. Rocky le petit chien qu’on a offert à Jeanne pour ses 63 ans aboie tout d’un coup. « Chut Rocky, taistoi ! » La porte-fenêtre qui donne sur une minuscule terrasse claque à cause du vent. Jeanne cale une chaise. Il est arrivé que le couple soit obligé de ne pas manger. « Mon mari surtout se privait pour moi, parce que je suis diabétique. On n’a pas eu de chance. Et encore maintenant. Mes voisines me disent que je suis courageuse. Moi je ne sais pas. J’ai pas le choix. » Elle fait un mouvement de main comme pour rassembler des miettes sur la table mais rien ne tombe. La nappe cirée avec des grandes tour Eiffel noires et blanches est très propre. Avec ses cheveux en arrière, tenus par un élastique à paillettes, Jeanne dit que des petits
plaisirs, il n’y en a pas. Aucun très précisément. « Même les vacances, aller voir des amis à la Rochelle à 80 kilomètres, on ne peut pas se le permettre. Pourtant j’ai été invité à un mariage en septembre. Mais… » Elle hausse les épaules et détourne le regard. Jeanne me fait visiter la maison. Dans la chambrette, un lit double et un autre lit de camp pour le fils de Michel remplissent l’espace. Ces jours-ci, ils dorment à trois dans la chambre avec le fils de son mari, Jérôme. Il a débarqué de Toulouse en catastrophe pour trouver un travail et un logement. Il est boulanger de métier. À 30 ans, il a honte de sourire. Il lui manque quelques dents. Jeanne ne sait pas pourquoi il a dû partir, peut-être des mauvaises fréquentations. « Il pourrait dormir sur le canapé mais il se lève sur les coups de midi alors, non, ce n’est pas
Commerce de produits agricoles
possible. » Le mur de droite, face au lit, est recouvert de dizaines de photos. Des très anciennes, comme cette petite photo d’identité de son père soldat, blessé après la guerre. Il est beau et jeune avec un visage d’ange et un béret. Je demande : « La guerre d’Algérie ? » Jeanne me répond : « Non, non l’autre d’avant, la guerre de 45 ». Elle a peu connu son père. Elle est la quatrième sur neuf enfants. « On n’a pas été bien gâtés par la vie », soupire-t-elle. Nous sortons de la chambre pour aller voir le tout petit potager de quelques mètres carrés, sur le côté droit de la maison. De belles tomates rougissent. Michel s’égaye un peu. « Quand vous reviendrez, on vous fera un repas avec du foie gras et des tomates du jardin. » « Et du vin ? », j’ajoute pour plaisanter. « Non non pas de vin, on n’en boit plus depuis longtemps. Du jus de pomme bio ! » À mon retour à Paris, quelques jours
après les rencontres avec les lecteurs du Bordelais, Marie-Paule du Secours Populaire de Libourne, professeure d’anglais à la retraite, m’envoie ce message par mail : « Bonjour Ixchel, j’ai été ravie de mettre un visage sur un nom. J’ai bien lu ton livre et il m’a replongé de nombreuses années en arrière après sept ans à Toronto, j’ai été nommée aux Eglisottes-et-Chalaures où l’usine Baudou fermait, la papeterie de Navarre aussi et la misère s’installait. Mais j’y suis restée vingt ans et rencontré des gens pauvres mais merveilleux. Je les ai amenés au théâtre, en voyage, etc. Tu as décrit tous les gens que j’ai côtoyés au Secours populaire et même certains dans des conditions encore pires. » Ixchel Delaporte, 13 janvier 2019 * La revue Far Ouest raconte le Sud-Ouest entre journalisme et série documentaire. Ses feuilletons sont actualisés chaque semaine avec de nouveaux épisodes et des articles de contexte. Sans publicité, en toute indépendance, nous questionnons le monde à travers notre regard régional.
PROPOSITIONS DU PCF
Pour une nouvelle politique agricole et alimentaire européenne Une priorité : garantir les prix à la production, des revenus et une retraite digne pour nos agriculteurs.
Moyenne pour la période 2013-2015 en million d’euros. Source GTA
JEAN MOUZAT
Construire une Europe qui permet de bien vivre dans la ruralité Candidat sur la liste conduite par Ian Brossat aux élections européennes, Jean Mouzat est agriculteur, président du Modef (Mouvement de Défense des Exploitants Familiaux), élu à l’agglomération de Tulle, maire de Chanteix (19). Le paysan-syndicaliste-élu, qui intervient également ce samedi 16 mars à Saint Pierre d’Aurillac, souhaite donner un autre cap à la production agricole. Ci-dessous, l’entretien réalisé par Olivier Morin, dans L’Humanité du 8 février. L’Humanité. Les éleveurs laitiers sont en première ligne en matière de disparitions d’exploitations. Comment l’analysez-vous ? Jean Mouzat. On a vendu aux éleveurs que, pour qu’ils s’en sortent, ils devaient avoir un portefeuille d’aides de la PAC. Et pour le faire grossir, il fallait nécessairement faire grossir l’exploitation. Il y a donc eu une concurrence féroce dans les campagnes entre les gens de notre profession. Avec pour conséquences un superagrandissement des
exploitations et une modernisation importante pour limiter les coûts, en main-d’œuvre notamment. On a, par exemple, installé des robots pour assurer la traite des vaches. On a fait de plus en plus de non-pâturages en augmentant forcément les prix de revient à une vitesse vertigineuse, tout en diminuant les prix payés à la production. L’Humanité. La fin des quotas laitiers n’y est pas pour rien… J.M. Maintenant, les vannes sont ouvertes et on peut produire à toutva. C’est le libéralisme débridé. Mais nous disons : attention ! on est toujours le petit de quelqu’un. Dans ce schéma, les paysans ont tout à perdre. L’Humanité. Que pensez-vous de la décision du gouvernement de relever le seuil de revente à perte, destiné, selon lui, à revaloriser les prix payés aux paysans ? J.M. Un des symboles de cette augmentation des prix, c’est la célèbre pâte à tartiner. Celle-ci ne contient aucun produit cultivé en France. Les noisettes, par exemple, viennent de Turquie. Mais j’ai des doutes sur le fait que la société qui fabrique cette
pâte ait bien envie de partager ses bénéfices avec les paysans turcs. C’est une mascarade. On va nous faire porter le chapeau de l’augmentation des prix. Le consommateur va, en toute bonne foi, payer le prix imposé, pensant que ça va bénéficier aux agriculteurs, alors que ce n’est pas le cas. L’Humanité. Qu’allez-vous porter dans la liste du PCF aux européennes ? J.M. Je porterai la parole d’un paysan qui a toujours vécu et travaillé sur ce territoire rural que je m’efforce de faire vivre. J’apporterai ma pierre pour construire une autre Europe, celle qui permet de bien vivre dans la ruralité, où y est produite une alimentation saine, de qualité pour toutes et tous. Il faut donner aux agriculteurs les moyens de le faire. À travers la politique agricole et alimentaire commune (Paac – ndlr), que nous défendons, nous contribuerons à éloigner l’agriculture des pesticides et à la rapprocher des consommateurs. Il faudra, pour cela, être beaucoup plus imaginatifs que les dirigeants européens ne le sont aujourd’hui.
Cela implique de reconnaitre l’exception agricole, d’exclure le secteur agricole des accords de libre-échange : • Mettre fin aux négociations ou ratifications en cours d’accords de libreéchange (CETA, MERCOSUR…). • Exiger le strict respect des principes de réciprocité et d’égalité en matière sanitaire, environnementale et sociale des importations. • Garantir la traçabilité par l’étiquetage de l’origine pour tous les produits agricoles à l’état brut ou transformés. • Relocaliser les productions. Écarter toute baisse du budget de la PAAC et toute tentative de renationalisation. Assurer une alimentation saine et de qualité pour tous les Européens : • Définir des objectifs de montée en gamme des productions européennes (qualité & bio). • Créer un Fonds alimentaire européen pour le développement de projets alimentaires territoriaux et la lutte contre le gaspillage alimentaire. • Maintenir le Fonds européen d’aide aux plus démunis (FEAD). Soutenir l’emploi agricole avec des conditions de travail et des rémunérations dignes : • Garantir les revenus : prix plancher d’achat, réintroduction des quotas. • Réorienter les aides directes en introduisant un soutien plafonné à l’actif et une dégressivité par exploitation. • Obtenir des soutiens renforcés à l’installation et la définition d’objectifs européens d’installations agricoles. • Assurer un régime public de protection sociale de haut niveau pour tous les travailleurs de l’agriculture avec des objectifs d’harmonisation sociale. • Créer un régime public d’assurance couvrant l’ensemble des aléas climatiques, conjoncturels et sanitaires. Réussir l’indispensable transition agro-écologique : • Garantir des soutiens renforcés liés aux handicaps naturels et aux zones défavorisées. • Dégager des soutiens spécifiques au transfert des pratiques agricoles durables sur chaque type de production (culture et élevage, avec une prise en compte réelle du bien-être animal). • Développer la complémentarité élevage/productions végétales avec des objectifs pluriannuels et un droit à l’expérimentation. • Relancer un véritable plan de réduction de la dépendance protéique et de développement des légumineuses. • Harmoniser les normes environnementales vers le haut avec le refus du recours aux OGM, un abandon programmé des substances qui nuisent à la santé et à l’environnement et une stricte égalité des conditions d’interdiction des produits phytosanitaires. • Investir dans un grand plan pour la connaissance des sols, en vue de garantir le bouclage du cycle de fertilité. • Renforcer la coopération en matière de recherche agronomique publique et la diffusion des nouvelles pratiques sur les exploitations.
Les Nouvelles 14 mars 2019 • 5
INTERNATIONAL EUROPE
MOBILISATION HISTORIQUE
Grève féministe en Espagne, acte II
L’Algérie se prépare à entrer dans l’ère post-Bouteflika
Pour la deuxième année consécutive, les collectifs de femmes en Espagne ont fait du 8 mars une journée chômée sur les lieux de travail et d’études, ainsi que dans les foyers. L’an dernier, la grève dans les entreprises avait été suivie par six millions de personnes. Les Espagnoles ont de la suite dans les idées. Comme leurs précurseures islandaises qui ont observé cinq grèves féministes dans les années 1970, elles ont réitéré leur appel, le 8 mars, à bouder les lieux de travail et d’enseignement, la consommation ainsi qu’à chômer à la maison. « Nous sommes imparables, féministes toujours », proclame leur long manifeste dont l’écho se mesure au nombre d’assemblées de femmes qui ont vu le jour dans les villes et jusque dans les villages les plus reculés. L’an dernier, la grève avait été observée par six millions de salariés. Une journée historique, mais certainement encore en deçà de la réalité, selon Isabel Cadenas, de la commission communication du 8 mars (8M) chargée de coordonner les activités. « Nous ne faisons pas une grève traditionnelle. Nous n’avons pas
les moyens de rentrer dans chaque foyer pour vérifier combien de lits sont restés défaits ce jour-là ou encore qui s’est occupé des enfants ou des personnes à charge », explique-t-elle. Voilà des années que les féministes espagnoles sont devenues des actrices incontournables. Ce sont elles qui ont fait plier l’exécutif du Parti populaire (PP – droite conservatrice) en 2013, en obtenant la démission du ministre de la Justice, Alberto Ruiz-Gallardon, qui voulait remettre en cause la loi sur l’IVG. Ce sont elles qui sont parvenues à imposer les différentes législations contre les violences faites aux femmes. C’est encore grâce à leur combat que le sexisme, la misogynie et surtout les féminicides ne sont plus un tabou. Cette année encore, l’appel des féministes a reçu le soutien des syndicats. Les deux principales confédérations – UGT et Commissions ouvrières – observaient deux heures de grève au minimum par jour de travail, voire 24 heures dans certains secteurs comme l’enseignement. Podemos et Izquierda Unida étaient eux aussi de la partie.
ALLEMAGNE
Sahra Wagenknecht ne reste pas à la tête de son mouvement Six mois après le lancement de son mouvement, baptisé Aufstehen (Debout), Sahra Wagenknecht en quitte la tête. La figure de proue de Die Linke, désireuse, avec Oskar Lafontaine, de reconquérir un électorat populaire en s’aventurant sur des terrains marqués à droite, s’en explique dans l’édition dominicale du Frankfurter Allgemeine Zeitung. Selon elle, « nous avons besoin de réorganiser la direction. Les responsables politiques issus des partis établis doivent se mettre
en retrait et cela vaut aussi pour moi. Ils étaient nécessaires au début mais le moment est venu de déléguer les responsabilités aux militants de la base ». Ce retrait sonne tout de même comme un aveu d’échec : les positions de « fermeté », voire de « fermeture », sur l’accueil des migrants, avancées par Sahra Wagenknecht, ont plus suscité de polémiques à gauche que d’adhésions, et Aufstehen n’a attiré aucune personnalité de premier plan issue du SPD ou des Verts.
ISRAËL
Netanyahou met en avant sa loi sur « l’État-nation du peuple juif » Samedi 9 mars, sur les réseaux sociaux, la comédienne et mannequin Rotem Sela, très populaire en Israël, a fait paraître un texte défendant les droits de la minorité arabe, qui représente 17,5 % de la population, affirmant que « l’État d’Israël est l’État de tous ses citoyens ». En pleine campagne pour les élections législatives du 9 avril, Benyamin Netanyahou réagit vertement en mettant en avant la loi très controversée qu’il a fait adopter l’année dernière : « Israël 6 • Les Nouvelles 14 mars 2019
n’est pas l’État de tous ses citoyens, car, selon la loi fondamentale sur la nation que nous avons adoptée, Israël est l’État-nation du peuple juif – et uniquement du peuple juif », écrit le premier ministre israélien, qui, soumis à la concurrence d’une coalition d’alliance centriste menée par l’ancien chef d’état-major de l’armée Benny Gantz et l’ancien ministre des Finances Yair Lapid, cherche à mobiliser l’électorat le plus à droite.
Les Algériens sont dans l’attente de changements imminents au lendemain de la mobilisation historique du vendredi 8 mars, qui a fait renoncer Bouteflika à un 5e mandat, comme cela a été annoncé lundi soir. L’armée pourrait jouer un rôle décisif. Le système Bouteflika n’en finit plus de se décomposer. Sourires, fierté et comme un parfum de victoire dans les rues d’Alger, au lendemain du troisième épisode de mobilisation historique contre le cinquième mandat d’Abdelaziz Bouteflika et pour une rupture radicale avec le régime. Rien n’est déjà plus comme avant. L’espoir a fleuri. Les échanges politiques se banalisent. La société algérienne s’interroge sur ellemême, sur son devenir. Des femmes et des hommes nouveaux surgissent une fois le mur de la peur brisé.
Ce vendredi 8 mars, ils ont déferlé par centaines de milliers dans les rues d’Alger, par millions à travers tout le pays. Partout, des slogans tranchants, des mots et des dessins d’humour pour dénoncer toutes les facettes d’un système qui leur pourrit la vie sous une chape de plomb et dont ils ne veulent plus. « Algérie libre et démocratique ! » C’est l’appel dominant, le ralliement suprême pour la dignité. Il résonne tout le long des cortèges qui envahissent la capitale. Pas de casse, pas d’affrontements avec les forces de l’ordre, les appels au pacifisme, à la vigilance, les mises en garde contre les manipulations sont aussi présents que les mots d’ordre. « Un peuple fabuleux ! » titre le lendemain le quotidien francophone El Watan. Le pari est réussi en effet. Les Algériens contredisent toutes les prévisions de chaos. Les jeunes, en première ligne, prennent de la hauteur. Et à ce même moment, le
pays bruit de mille et une rumeurs, qui rebondissent sans cesse sur les réseaux sociaux : Bouteflika serait sur le chemin du retour, car il pourrait rendre l’âme dans les prochains jours, Ahmed Ouyahia, premier ministre, serait sur le point de démissionner, un gouvernement de transition va être annoncé sous la direction de Ramtane Lamamra, ex-ministre des Affaires étrangères… Discussions et controverses s’enchaînent autour de la désobéissance civile, de son utilité, de la grève générale, largement suivie à travers le territoire selon des sources concordantes, du silence suspect des islamistes, que l’on dit sournoisement en embuscade… Au milieu de ce vacarme, il y a, désormais à intervalles quasi réguliers, la parole de l’armée. Taillée dans la langue de bois habituelle, elle n’en est pas moins très écoutée. « Le peuple a su et sait comment sauvegarder sa patrie. Il n’y a aucun doute que l’Algérie est chanceuse de son peuple et l’armée aussi », déclarait hier le chef d’État-major, Ahmed Gaïd Salah, lors de l’inauguration d’une école d’ingénieurs. « Tout ceci laisse supposer que l’institution va prendre les choses en main pour annuler les élections et organiser une transition. C’est elle seule qui en a les moyens dans la conjoncture actuelle », estime l’avocat défenseur des droits humains Mustapha Bouchachi. L’Algérie se prépare à entrer dans l’ère post-Bouteflika. Avec Nadjib Touaibia, L’Humanité du 11 mars
LOBBYING
L’Irlande, cheval de Troie des Gafam Installé, comme d’autres géants du numérique, à Dublin pour des raisons fiscales, Facebook tient les dirigeants sous sa férule et leur dicte sa loi pour l’Union européenne. En Irlande, les géants du web transforment les données numériques en or disparaissant dans l’éther des paradis fiscaux. Révélés il y a une semaine par The Observer et Computer Weekly, une série de mémos confidentiels émanant des plus hauts dirigeants de Facebook éclairent d’une lumière crue les méthodes de la multinationale américaine pour faire la loi dans le monde entier. Comme les autres membres des Gafam (Google, Amazon, Facebook, Apple et Microsoft), le géant du numérique, soucieux de pouvoir continuer à commercialiser les données offertes par ses usagers, dépense des fortunes en lobbying : Facebook a, par exemple, consacré l’année dernière 2,5 millions d’euros rien que pour les institutions européennes. Les notes confidentielles internes, publiées ces derniers jours mais datées de 2013 (le phénomène n’a pu que s’amplifier car les budgets
des Gafam consacrés au lobbying ont augmenté de plus de 700 % depuis lors) pointent l’envergure des attaques : selon ces documents, alors que la directive créant le règlement général sur la protection des données (RGPD) était toujours en discussion à l’époque, avant d’entrer finalement en vigueur au printemps 2018, Facebook avait ciblé des centaines de personnalités à convaincre dans toute l’Union européenne (UE) et avait largement camouflé ses visées oligopolistiques sous le plaidoyer « féministe » de sa vice-présidente, Sheryl Sandberg. Chantage à l’implantation de bureaux, perspectives d’investissements dans tel ou tel pays, aides aux secteurs du numérique, mais aussi donc, ode sur la place des femmes dans les multinationales… tout est bon pour arracher les soutiens des dirigeants politiques afin de garantir que les intérêts de Facebook ne seront pas mis à mal par les législations européennes ou nationales. Parmi les noms cités dans les mémos internes, figurent ceux de Michel Barnier, à l’époque commissaire européen chargé des services et du marché intérieur, aujourd’hui négociateur en chef sur
le Brexit au nom de l’UE (…). Dans les notes de Facebook, c’est l’Irlande et son personnel politique de droite qui se bousculent au premier rang. Guère étonnant quand on relève que, pour des raisons de très grande hospitalité fiscale, c’est à Dublin que les multinationales du numérique et Facebook, en particulier, ont installé leur siège européen et leur centre de recueil de données. Dans les mémos, Enda Kenny, premier ministre Fine Gaël (droite néolibérale) jusqu’à sa démission anticipée l’année dernière, est décrit comme un « ami de Facebook » avec lequel l’entreprise a noué d’« excellentes relations ». La preuve, il est, en 2013, d’après les dirigeants de Facebook, prêt à instrumentaliser la présidence irlandaise de l’UE pour utiliser son « influence significative » afin de contrer « la menace », selon lui et donc Facebook, « pour les emplois, l’innovation et la croissance économique en Europe » que constituerait la directive européenne sur la protection des données. (…) Thomas Lemahieu, L’Humanité du 11/03/2019
PCF CONSEIL DE MÉTROPOLE DU 7 MARS
BÉNÉVOLAT
Le groupe communiste souhaite la bienvenue au nouveau président
Votre hebdomadaire a besoin de vous
Max Guichard, pour le groupe communiste, lors du Conseil de Métropole du 7 mars a souhaité la bienvenue au nouveau président, suite au départ d’Alain Juppé pour le Conseil constitutionnel, Patrick Bobet, à sa façon… Ci-dessous son intervention. « En premier lieu, Monsieur le Président, cher Patrick, je vous souhaite la bienvenue à ce poste de responsabilité que, j’espère, vous accomplirez avec l’écoute que nous avons su apprécier dans vos fonctions précédentes. Nous parlons de forme car sur le fond, nous pensons, hélas ! comme pour le budget, ne pas être totalement en accord avec vos choix. Par contre, nous souhaitons faire un vœu : celui de voir la gauche le plus souvent unie face aux options libérales que vous nous présenterez, à n’en pas douter, Monsieur le Président, pour cette fin de mandat. Nous osons même penser que, face à la politique nationale menée par le Président de la République et son gouvernement, nous saurons parfois nous retrouver tous ensemble ici pour faire un front commun défendant notamment l’identité communale. C’est dans un contexte dégradé que vous allez prendre cette responsabilité. Quand je parle de ce contexte, je ne pointe pas du doigt les gilets jaunes. Ils ne sont en fait que l’expression d’un ras-le-bol face aux politiques menées par les différents gouvernements, se traduisant par une dégradation, elle bien réelle, du quotidien de nos concitoyens. Le contexte dégradé, c’est l’attaque frontale contre les collectivités, dont notre établissement est lui aussi victime. Nous l’évoquions lors du vote de notre budget, ce sont près de 200 millions € dont notre établissement a été privé ces dernières années.
De même, la mise en œuvre de la loi Elan va aggraver les possibilités pour les plus modestes d’accéder au logement sur notre agglomération, quand ils sont déjà si nombreux à être en attente. Tout cela appelle, à notre sens, à des actes de résistance pour défendre les populations face aux politiques d’austérité. C’est bien entendu cette démarche que notre groupe continuera de faire vivre au sein de cette assemblée, notamment en portant la colère, les exigences d’une majorité de citoyens qui les expriment régulièrement sous toutes les formes démocratiques, la rue en étant une. • Pour le droit au logement pour tous, en démultipliant la construction de PLAI et PLUS à hauteur de 50 %. Le droit au logement qui doit fonctionner avec la recherche d’une meilleure maîtrise énergétique et de l’amélioration de la qualité environnementale. • Pour la poursuite de la politique d’appropriation sociale et de tarification sociale de l’eau et de l’assainissement, notamment en permettant aux usagers d’assumer un rôle de contrôle essentiel et une expertise citoyenne en matière de nouvelles ressources nécessaires à une réponse aux besoins de tous dans un cadre environnemental préservé. • Nous avons, ces 20 dernières années, fait beaucoup sur la question des transports. La mise en œuvre du RER d’agglomération est la nouvelle étape qui appelle, à notre sens, à réfléchir aux coups d’après. Oui à un grand développement des modes doux comme c’est le cas aujourd’hui, en adaptant notre voirie à cette exigence. Mais aussi, nécessité de réfléchir à de nouveaux investissements qui répondent aux besoins de transport : BHNS, téléphérique, métro… tout doit être envisagé. Notre fleuve, à cet
égard, doit être réfléchi, non comme une barrière mais bien comme une liaison permettant tant le transport de nos concitoyens que celui du fret. • L’emploi, objectif majeur pour une reconquête économique et sociale en appui de l’emploi industriel, devra irriguer tous les espaces de notre agglomération à l’exemple du REFIT à Bacalan et Bassens. Nous ne pourrons aborder la question de l’emploi sans parler des usines Ford à Blanquefort, face à un énorme gâchis humain et économique pour toute une région. • Notre défense de l’environnement ne pourra se limiter à la seule sanctuarisation des 55 000 ha. Il faudra lui donner tout son sens avec les déplacements, dont la voiture propre. Il faudra développer notre lien avec une agriculture locale, en circuits courts et imposer au secteur privé sa commercialisation. Ces seuls chantiers de compétences communautaires, nécessiteront évidemment : - que le secteur bancaire, qui se gave de nos placements personnels (salaires, pensions notamment) crée une politique d’aide à taux très bonifiés en direction des investissements publics et des PME pour le développement de l’emploi et la qualité environnementale des projets ; - que nos propres aides aux entreprises aient une rigueur vérifiée et vérifiable en matière de créations de vrais emplois correctement rémunérés. Et qu’elles ne viennent pas suppléer des actionnaires qui se serviraient des dividendes de la main droite en réclamant de l’argent de la main gauche, comme Ford, là aussi, en est l’exemple. Nous pensons que ces quelques exigences, rapidement développées, doivent interpeller l’ensemble de notre Conseil, en se donnant comme guide “l’Humain d’abord” face à une finance toujours plus vorace. »
CAMPAGNE DES EUROPÉENNES
Des outils électroniques
À l’approche des élections européennes, le Parti communiste est tout entier mobilisé dans la campagne. Pétitions, appel à voter, programme, newsletter… sont autant d’outils utiles pour s’informer et agir qu’il met à la disposition des militants
sur le site dédié : (www.europedesgens.fr). Alors qu’Emmanuel Macron a annoncé son entrée en campagne avec le slogan « l’Europe qui protège », nous devons nous saisir de tous les outils à notre disposition pour démontrer l’aberration de ce slogan et faire valoir nos propositions.
Quand Macron veut protéger les grands actionnaires ou les lobbys, le PCF oppose au président la nécessité de construire une Europe humaine et solidaire, « Une Europe des gens contre l’Europe de l’argent ». Pour ce faire, il met à disposition numériquement un appel à voter pour inviter largement à soutenir cette liste. Il propose également de pétitionner sur les axes de campagnes afin de donner plus de force à une Europe qui protège les services publics, les droits des citoyens, des travailleurs et l’environnement. Enfin une newsletter est également à disposition sur le site ; et pour ceux qui souhaiteraient s’impliquer sur la campagne, un formulaire de participation permet également de s’inscrire.
Les Nouvelles de Bordeaux et du Sud Ouest sont encartées, pliées et mis sous bande par des militants/lecteurs bénévoles qui se réunissent, en toute convivialité, dans nos locaux (15 rue Furtado à Bordeaux) le jeudi de 9h à 10h30. Venez renforcer leur équipe et participer ainsi à la vie de votre hebdomadaire. Merci de contacter Philippe au 06 75 51 74 10.
SAINT-PIERRE D’AURILLAC
Agriculture/viticulture et ruralité en débat Le PCF propose une réunion-débat sur l’agriculture, la viticulture et la ruralité le samedi 16 mars à 18h30, la salle des fêtes de Saint Pierre d’Aurillac avec : - Ixchel Delaporte, journaliste à L’Humanité et auteure de Les raisins de la misère ; - Jean Mouzat, paysan, président national d’un syndicat d’exploitations familiales agricoles, candidat sur la liste menée par Ian Brossat aux élections européennes.
DÉBAT À MÉRIGNAC
Transition écologique et la lutte contre la précarité énergétique Le Parti communiste vous invite à une réunion publique à Mérignac, jeudi 21 mars, 18h30, salle de la Glacière (56 rue Armand Gayral) pour débattre de la transition écologique et la lutte contre la précarité énergétique, avec : Arthur Hay, candidat girondin sur la liste de Ian Brossat ; Jean Querbes, ancien député européen et Marylène Faure, syndicaliste énergétique.
RÉUNION PUBLIQUE À LANTON
Ouvrons l’espoir pour VIVRE et TRAVAILLER dignement ! Jeunes, gilets jaunes et rouges, syndicalistes, retraités… Et communistes… Ouvrons le dialogue pour faire plier Macron et le Medef ! Réunion publique samedi 30 mars à 14h30 à Lanton, Maison de Quartier de Taussat (angle rue de la Gare et rue Elisabeth). En présence de Arthur Hay, candidat avec Ian Brossat #EuropeDesGens « En pleine actualité, le mouvement des gilets jaunes bouscule la société. Parti du refus de l’augmentation des carburants, il pose la question du pouvoir d’achat, des salaires, pensions et retraites. Les premiers reculs du Gouvernement (annulation de la taxe sur les carburants, revalorisation de la prime d’activité, la non-augmentation de la CSG des retraites) ne font pas le compte. Expression d’un profond ras-le-bol faisant que toutes les autres questions posées sont interdépendantes : justice fiscale, évasion des profits dans les paradis fiscaux, défaillance des services publics, logement social, les transports, mise en danger de la Sécurité sociale… Le mouvement social en France touche tous les salariés et interpelle sur « Quel choix de société ? » Sans parler de ces citoyens qui dès le 17 novembre ont crié leur colère sur des ronds-points, artisans, petits commerçants et employés qui ne comptent pas leurs heures et leur savoir-faire pour des revenus dérisoires et précaires. Sans parler de la situation des hommes et des femmes subissant les temps partiels imposés. Depuis le mois de novembre, il se veut autonome et rencontre un soutien dans la population qui de cette façon peut participer selon ses possibilités et ses moyens. Il s’entremêle ici et là avec des syndiqués, des salariés en lutte, pour leurs emplois, le refus des délocalisations, avec des personnels et fonctionnaires de la santé, de l’éducation, les cheminots… Même si, à ce jour, il y a encore peu de lien avec les salariés des entreprises. »
SOUSCRIPTION
Tout versement par chèque ouvre droit à une réduction fiscale de 66% du montant versé. (chèque à l’ordre de ADF PCF 33). Les ressources financières du Parti communiste sont transparentes. Votre don, aussi modeste soit-il, contribuera efficacement à la démocratie, à l’expression et la prise d’initiative du Parti communiste. Cet ensemble sont les éléments majeurs pour continuer notre combat dans l’ambition d’une gauche forte et alternative. Les versements sont à envoyer à la fédération de Gironde du PCF - 15 rue Furtado - 33800 Bordeaux, à l’ordre de l’ADF PCF 33
Les Nouvelles 14 mars 2019 • 7
CHRONIQUE
CULTURE & SOLIDARITÉ
Bords de scènes 1
FILM
Gilets jaunes : Ruffin donne la parole aux invisibles Avec J’veux du soleil, le députéreporter François Ruffin et Gilles Perret offrent une reconnaissance à des hommes et des femmes ordinaires du mouvement, de l’Oise à l’Hérault, qui ont « mis leur solitude en commun ». François Ruffin ferait presque du Magritte. « Ceci n’est pas un film sur les gilets jaunes. » Autour de lui, des micros, caméras et stylos en pagaille, tandis que la file d’attente s’allonge face aux guichets du Théâtre Toursky, à Marseille, où l’attelage constitué par le député-reporter et le réalisateur Gilles Perret (la Sociale, l’Insoumis) vient présenter J’veux du soleil. Le lieu est symbolique : ce théâtre est situé dans le quartier de Saint-Mauront, l’un des plus pauvres d’Europe. Après sa mystérieuse entrée en matière, il reprend : « C’est un film sur des hommes et des femmes qui ont revêtu un gilet jaune. Les thèmes y sont éternels : l’amour, la solidarité, l’humanité. » (…) Cela commence dans le Berlingo du député de la Somme, un véhicule dans lequel ne se trouve, contrairement à la prescription réglementaire, aucun gilet jaune. Ce qui fait bien marrer le chauffeur-député. Voilà pour l’anecdote. Pour le plus sérieux, ce film porte en effet bel et bien sur des hommes et des femmes qui ont « mis en commun leur solitude » en portant des gilets jaunes. En allant sur des ronds-points, des péages et des hypermarchés regagner leur dignité. Privations et détresse sociale
On rencontre un intérimaire anonyme de 28 ans dont le frigo est rempli par sa grand-mère. Puis Loïc, qui s’est nourri d’une pizza en trois jours et dont la séparation avec sa
femme est récente. Et sa voisine, qui peut faire ses courses dans une grande surface grâce aux cartes-cadeaux gagnées dans des lotos. « On est devenus une vraie famille », constate l’un d’eux. Puis vient Cindy, dont le témoignage poignant est central. Elle raconte l’histoire multigénérationnelle de privations et de détresse sociale. Son implication totale dans le mouvement des gilets jaunes (elle le porte même chez elle) car « depuis des années, les gens se plaignaient, mais ne bougeaient pas ». Sa volonté de se réapproprier la politique. Avec son mari, ils lisent la Constitution et s’aident d’un dictionnaire. Le mouvement, c’est une porte, pour elle, et derrière, elle voit du soleil. Ce soleil chanté par Marie dans le générique de fin. Lors du débat qui suit la projection, parfois dans une ambiance d’assemblée générale, François Ruffin répète que ce film « n’est pas une épitaphe sur une tombe. C’est un film sur comment on passe de l’intime au politique, de “ma vie” à “nos vies”. » Du reporter au député… Il s’est ensuite félicité qu’« avec la France insoumise, et le PC a suivi aussi, on ait eu l’intuition qu’il fallait en être. Sur ce coup-là – et je ne dirai pas sur tous les coups –, il y a eu l’habileté d’y aller sans les gros sabots ». « Si la seule figure que les gens avaient eue à ce moment-là, ça avait été Marine Le Pen et Dupont-Aignan, la partie aurait été perdue », a-t-il plaidé. Pour autant, « ça ne veut pas dire que la partie est gagnée car les forces de progrès sont aujourd’hui à la peine ». Christophe Deroubaix, L’Humanité Avant-Première à Blanquefort (33) Lundi 25 mars 2019 de 20h30 à 23h30 Cinéma Les Colonnes en présence de F. Ruffin
Du 3 au 18 avril, une tournée est annoncée dans les cinémas de Gironde.
LIRE, PENSER, AGIR
Rencontre avec Hervé Le Corre
Les Amis de la Renaissance vous invitent à une rencontre débat et dédicace avec Hervé Le Corre à l’occasion de la sortie de son dernier ouvrage, Dans l’ombre du brasier lundi 25 mars à partir de 17h30, salle de conférences de la fédération du PCF (15.17 rue Furtado à Bordeaux). Le récit est construit en dix chapitres et autant de jours, soit du 18 au 28 mai, de cette année 1871 durant laquelle se déroula la Commune de Paris et sa « semaine sanglante ». C’est au cœur de cet état de siège que se situe Dans l’ombre du brasier, roman tout à la fois historique et noir, qui chemine à travers Paris. Un récit puissant, au milieu du chaos et de figures humaines inoubliables. ANNONCES LÉGALES MDCOMM SARL au Capital social de 1 000 Euros 8 rue Louis Sabourin 33200 Bordeaux N° 838 648 186 – RCS de Bordeaux Aux termes d’une AGE en date du 19/02/2019 les associés ont décidé la dissolution anticipée de ladite société. La société subsistera pour les besoins de la liquidation jusqu’à sa clôture. M. DUBERNARD Mathieu Antoine demeurant à 12 Allée des Chardonnerets 33500 Libourne est nommé liquidateur. Le siège de la liquidation est fixé à 12 Allée des chardonnerets 33500 Libourne C’est à cette adresse que la correspondance devra être adressée et que les actes et documents devront être notifiés. Pour avis et mention Liquidateur AVIS DE LIQUIDATION
MDCOMM SARL au capital de 1 000 Euros 8 rue Louis Sabourin 33200 Bordeaux N° 838 648 186 – RCS de Bordeaux
8 • Les Nouvelles 14 mars 2019
L’auteur congolais Emmanuel Mbalela, dans son roman « Réfugié » (éd Libertalia), raconte ce à quoi sert un baobab dans son pays, celui où l’on parle la langue Lingala. Ainsi, un baobab est le lieu où, après une chasse infructueuse, les hommes se retrouvent pour redéfinir leur façon de chasser. Et, si le théâtre était à la recherche d’un baobab ? Pour, non pas revendiquer son existence en psalmodiant à l’infini qu’elle n’est pas assez reconnue, mais pour qu’il reprenne son souffle, retrouve ses mots et ne plus se croire « seul » mais « avec ». « Avec », de toute évidence, ce qui se passe. Ce qui arrive au présent. C’est-à-dire qu’il a à refaire l’acteur ou, plutôt, refaire son métier de comédien au milieu d’ « auteurs ». « Auteurs » qui comme les personnages de théâtre ne savent pas la fin, ne savent pas ce qui va leur arriver. Par contre qui savent ce qu’ils veulent. À savoir vivre pour défendre leur peau, leur rôle.
AVIS DE DISSOLUTION
Les Nouvelles de Bordeaux et du Sud-Ouest S.A.S. au capital de 37 000 euros Associés (à parts égales) : L. Chollon, F. Mellier, S. Laborde, M. Lavallée Directeur de la publication : Frédéric Mellier Abonnement 1 an : 25 euros. Abonnement de soutien : 40 euros Rédaction, composition, impression : S.A.S. Les Nouvelles de Bordeaux et du Sud-Ouest 15, rue Furtado - 33800 BORDEAUX Tél. 05 56 91 45 06 - Fax 05 56 92 61 01 - Annonces légales : annonces@nbso.fr Comptabilité : compta@nbso.fr - Redaction/Proposition d’article : redaction@nbso.fr @nvlbx Les nouvelles de bordeaux nbso.fr Commission paritaire de presse : 0123 C 85932
« Le premier et le plus grand intérêt public est toujours la justice. »*
Aux termes de l’AGO en date du 19/02/2019, les associés ont : • approuvé les comptes définitifs de liquidation ; • déchargé M. DUBERNARD Mathieu de son mandat de liquidateur ; • donné à ce dernier quitus de sa gestion • ont constaté la clôture de la liquidation à compter du jour de la dite assemblée. La société est radiée du RCS de Bordeaux Le liquidateur
Ou un théâtre qui n’aurait plus à « parler de » mais à se vivre « avec ». Il se retrouverait ainsi au cœur de contradictions, écartelé entre des cheminements totalement opposés non pas pour souffrir comme dans une tragédie, mais laisser se produire l’éclatement à partir duquel chacun peut se définir. Un jaillissement de paroles où tu es obligé d’entendre l’autre. Dans l’urgence… on s’aperçoit qu’il y a ceux qui récitent des idées parsemées d’à priori, par exemple sur l’émigration, puis celles et ceux qui agissent comme le font des fourmis… pour le bien et des uns et des autres. Attention ! Tu le sais bien, tu ne peux plus dire n’importe quoi sous un baobab car tout simplement ça la foutrait mal ! Sur un rond-point, chaque costume choisi a son rôle à tenir. À plusieurs, ils n’ont pas le temps, ni l’idée de parler théâtre-culturepopulaire, ils la font. Celles et ceux qui manifestent avec celle et celui qui vont à la castagne ? Mais bordel fais les parler ! Ohé, ne parle pas d’eux, comme si tu savais ! Le théâtre n’est pas un commentaire ou un pansement, il est, c’est sa tenue, là où il y a blessure. Deux chemins contradictoires qui cherchent une même chose en s’opposant violemment… qui cherchent, non réclament : la justice… même un peu plus. Pour conclure ce billet « Bords de scènes 1 », titre qui inclut que d’autres suivront, j’ai envie de vous proposer un texte qui, on pourrait dire, me présenterait bien (puisque je ne l’ai pas encore fait et m’en excuse). Je l’ai écrit juste après l’attentat de Charlie Hebdo : Artistes + Citoyens = Minoritaires ? « Samedi 9 janvier et dimanche 10 janvier nous avons été, disons, 4 millions d’acteurs ! 4 millions d’acteurs respectant une seule consigne de direction : Les rires sont des libertés ! Et pour être libres toute liberté se partage. Il nous faut continuer ce spectacle, sans se laisser perturber par les cahots et les cabots. Là, il y a des dizaines de millions de téléspectateurs qui suivent encore ces manifestations. Ainsi, à l’heure d’aujourd’hui, nous sommes, chacun dans notre rôle, chacun dans notre condition avec cette énorme responsabilité : À savoir, que sur scène nous sommes, toujours, minoritaires ! Demain, nous n’aurons plus le droit à l’erreur. Nous reste à nous répartir les rôles et mieux affiner leurs significations : Acteurs aux écoles ! Acteurs aux prisons ! Acteurs aux hôpitaux ! Acteurs dans et avec la rue ! Acteurs dans les quartiers et aux marchés ! Acteurs apprenant aux politiques le partage des rôles, des cultures, voire de l’économie… Voilà, si j’étais directeur d’un conservatoire de théâtre ce serait quelque chose comme ça que je donnerai comme axe de travail à une équipe laïque et artistique, respectueuse et du futur et du classique, donc à l’écoute d’aujourd’hui. » Tendresses Amitiés et Solidarités Michel Richard, comédien cofondateur des Soirées d’été en Luberon, « Un théâtre sur la place publique » www.soireesdeteenluberon.fr migueletrichard@gmail.com
*Jean-Jacques Rousseau