Nouvelles N° 2301

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Jeudi 4 avril 2019 - N° 2301 - Hebdomadaire - 15, rue Furtado - 33800 BORDEAUX - Prix : 0,80 euro

E R I A L O C S E R È L CO P.3

EXPULSIONS

EN DÉBAT

RETRAITES

Chaque année, le même scandale

L’Économie sociale et solidaire

PCF : « Ne soyons pas dupes »

P.2

P.4-5

P.7


ACTUALITÉ « PAS DE BÉBÉS À LA CONSIGNE »

BORDEAUX MÉTROPOLE

Les élus communistes toujours sur le front du transport public

« Pas de bébés à la consigne », c’est le nom du mouvement des personnels des crèches et de la petite enfance qui dénonce les réformes qu’entend passer le gouvernement par ordonnance d’ici l’été. Au programme : réduction du nombre de m2 minimum par enfant, baisse des effectifs de personnels encadrants… Personnels et parents de tout le département étaient nombreux place Pey Berland à Bordeaux, le 28 mars.

PESTICIDES

Une ouvrière gagne son procès Atteinte de la maladie de Parkinson, Sylvie Berger a gagné son combat judiciaire pour faire reconnaître la responsabilité de son employeur dans son intoxication aux pesticides. Le tribunal de Bordeaux a condamné Château Vernous pour faute inexcusable. C’est une décision historique dans le Bordelais, vitrine mondiale du vin et de l’œnotourisme de luxe. Château Vernous, cru bourgeois du Médoc et propriété du groupe Larraqué, a été condamné mercredi 27 mars dernier par le tribunal de grande instance de Bordeaux. À été retenue la « faute inexcusable » sur la personne de Sylvie Berger, 47 ans, ouvrière de la vigne atteinte de la maladie de Parkinson. Une victoire qui, peut-être, encouragera les autres salariés viticoles concernés à se battre pour faire reconnaître leur maladie professionnelle. Deux ans de symptômes douloureux au contact de produits phytosanitaires dans les vignes où elle travaille l’avaient amenée à rejoindre le collectif Info Médoc Pesticides, créé par la militante Marie-Lys Bibeyran. Quatre ans après son intoxication, le verdict tombe : en avril 2016, un scanner confirme la maladie de Parkinson. Quelques mois plus tard, Sylvie est arrêtée par son médecin traitant et sa maladie reconnue officiellement comme maladie professionnelle. Depuis le 7 mai 2012, un décret admet la maladie de Parkinson parmi les maladies professionnelles et établit explicitement un lien de causalité entre cette pathologie – seconde maladie neurodégénérative en France après Alzheimer – et l’usage des pesticides. Mais les châteaux rechignent à fournir à leurs salariés la liste des produits phytosanitaires qu’ils utilisent. Or, sans cette liste, il est presque impossible de faire reconnaître toute pathologie… Les manquements à cette obligation peuvent être condamnés par le tribunal.

Les élus communistes à la Métropole ne perdent pas une occasion d’être vigilants sur le maintien et le développement du transport public pour répondre aux besoins existants ou à venir des populations et pour les enjeux environnementaux. Ainsi Jacques Padie est intervenu, au Conseil de Métropole du 22 mars, pour affirmer le soutien du groupe au Bus à haut niveau de service (BHNS) Bordeaux/SaintAubin de Médoc et Odile Blein sur « Brazzaligne » (quai intérieur aménagé pour le tramway, les vélos, les piétons, et les loisirs) pour que ne soit pas oubliée la ligne ferroviaire. Ci-dessous leurs interventions. Jacques Padie : « (…) Nous mesurons aujourd’hui, avec vous, les limites du réseau tram coûteux à développer et ne répondant plus à la forte demande de déplacement des usagers. Aussi nous sommes favorables à la recherche de solutions alternatives sans en écarter aucune et soutenons pleinement ce projet de BHNS, en veillant à ce qu’il soit le plus possible

en site propre, pour assurer des temps de parcours efficace et plus rapide qu’un trajet en voiture. Sur la proposition de bus électrique : pourquoi pas ? Mais nous sommes demandeurs de précisions quant à sa mise en place en termes d’infrastructures. Les bus électriques ayant une faible autonomie, ce mode énergétique va nous obliger à développer le nombre de dépôts et de lieux pour recharger. Est-il par ailleurs prévu pour sortir des énergies carbonées une expérience vers les bus à hydrogène déjà utilisées dans de nombreuses agglomérations ? Nous regrettons que ce projet de BHNS tarde à aboutir et appelons de nos vœux que de nombreux projets BHNS soit lancés pour montrer une nouvelle image du bus de ville en le rendant plus performant et concurrentiel de la voiture, en le sortant de la congestion routière via des voies dédiés. » Odile Blein : « (…)Travailler à mettre de la nature en ville, créer des espaces de respiration nous paraît aussi essentiel et en ce sens, le dossier qui nous est présenté

EXPULSIONS

Chaque année, le scandale se renouvelle

11 AVRIL

Pour un printemps des retraité-e-s 9 organisations* de retraité-e-s appellent à une nouvelle journée de mobilisation le jeudi 11 avril et à un « printemps des retraité-es ». À Bordeaux, rendez-vous est donné à 11h, place Pey-Berland pour se rendre à la préfecture (par la rue des frères Bonnie, cours du maréchal Juin, rue corps francs Pomiès).

« Dès son arrivée à la présidence de la République, affirme le communiqué, M. Macron a attaqué les retraité-e-s : gel des pensions pour 2018 et 2019, augmentation de 25 % de la CSG, soit une perte de pouvoir d’achat de 5 % en deux ans ! Il a provoqué la colère, que plus de 200 000 personnes ont exprimé en manifestant le 15 mars 2018 à l’appel de nos neuf organisations ». Pour les organisations, l’inflexibilité du gouvernement est responsable d’une crise sociale profonde, de l’irruption des gilets jaunes, mouvement auquel participe en grand nombre les retraité-e-s. « Toutes ces mobilisations, poursuit le communiqué, ont contraint le gouvernement à tenter de calmer la colère en acceptant d’annuler l’augmentation de la CSG pour une partie des retraité-e-s, de recevoir enfin une délégation de nos neuf organisations. Le mécontentement persistant incite maintenant le gouvernement à envisager de respecter le code la Sécurité sociale, de revaloriser les pensions 2019 du montant de l’inflation… mais seulement pour les basses pensions ». Les retraité-e-s veulent donc poursuivre la bataille parce que le gouvernement « ne remet pas en cause sa politique inégalitaire » alors que « de l’argent, il y en a ». Ils revendiquent : la suppression de la hausse de la CSG, la revalorisation de toutes les pensions, la prise en charge de la perte d’autonomie à 100 % par la Sécurité sociale … * CGT retraités, UCR-FO, Retraités CFTC, CFE-CGC, FSU, Retraité-e-s Solidaires, FGRFonction publique, LSR et Ensemble & solidaires-UNRPA

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est très intéressant. Cependant, sans faire aucun procès d’intention à quiconque, nous avons trop pris l’habitude dans cet établissement d’opposer nature et développement du ferré. Nous pensons qu’il faut travailler aux deux et arrêter de lever des voies dont nous pourrions avoir besoin à court terme. Je sais que ce n’est pas l’objet de ce dossier, mais permettez-nous d’être méfiant, en rappelant que nous avons été capables de supprimer une gare en cœur d’agglomération, qui permettait aux Médocains d’arriver à Bordeaux sans faire le tour de la métropole. Oui, aménageons des espaces de nature, mais portons aussi des grandes ambitions pour le transport ! Cette ligne, outre son caractère de fret, peut à moyen terme être utile au déplacement des habitants dans un nouveau quartier de 40 000 habitants : un tram-train pourrait être un outil répondant aux besoins de déplacements des habitants de la plaine rive droite avec, pourquoi pas, des prolongements hors métropole. (…) C’est donc avec la plus grande vigilance, que nous suivrons ce dossier sur lequel nous nous abstiendrons. »

À Bordeaux, manifestation devant le Grand Théâtre à l’appel du Collectif Un toit sans trêve.

Malgré l’annonce de dernière minute du maintien de 6 000 places d’hébergement, la fin du plan hiver et la gestion au thermomètre vont encore se solder par plus de sans-abri, alors que reprennent les expulsions. Le scandale se renouvelle chaque 31 mars. Malgré l’obligation de continuité de l’accueil, l’État profite de la baisse d’intérêt liée au redoux du printemps pour fermer des milliers de places d’hébergement d’urgence à la fin de la trêve hivernale. Cette année pourrait être pire que les autres. Réagissant au signal d’alarme tiré par les associations, Julien Denormandie, le ministre du Logement, a finalement annoncé jeudi, à trois jours de la date fatidique, la pérennisation de 6 000 des 14 000 places ouvertes au plus fort de l’hiver. « Un effort significatif et nécessaire mais qui ne sera pas suffisant », estime Florent Gueguen, de la Fédération des acteurs de la solidarité

(FAS). Malgré ce geste d’une ampleur sans précédent, près de 8 000 de ceux qui ont été abrités pour l’hiver vont se retrouver sans solution. Avec la transformation, par la loi asile et immigration, des centres d’hébergement d’urgence migrants (Chum) en centres d’accueil réservés aux seuls demandeurs d’asile, environ 1 500 migrants – déboutés du droit d’asile, dublinés ou réfugiés – vont eux aussi être jetés à la rue. S’ajoute à ces sansabri saisonniers la grande masse de ceux qui n’ont intégré aucun dispositif d’hébergement, même en hiver. Selon les services de l’État, en Gironde, 1 125 personnes vivent en squat ou bidonville, et plusieurs d’entre eux sont expulsables depuis lundi. Or « à ce jour, les pouvoirs publics n’ont présenté aucune solution pour reloger les familles concernées », a déploré le collectif d’associations Un Toit sans trêve qui organisait un rassemblement le 28 mars.

Ses représentants ont présenté leurs propositions à la nouvelle préfète : « pérenniser les places d’hébergement (fin de la gestion au thermomètre) ; surseoir à l’expulsion des squats et bidonvilles ; dépenser l’argent public dans la viabilisation de ces lieux plutôt que dans leur expulsion ; réquisitionner comme la loi l’y autorise les logements vacants »… Pas sûr que Fabienne Buccio, nouvelle préfète de la Gironde et de la région Nouvelle-Aquitaine soit sensible à ces propositions si l’on en croit sa gestion du démantèlement de la « jungle de Calais », lors de ses précédentes fonctions. À Bègles, Dominique Belougne, de la CNL, s’inquiète pour les familles vivant dans les logements vacants de la tour F, cité Maurice Thorez et mobilise élus et bailleur afin d’éviter de nouvelles expulsions jusqu’à la fin de l’année scolaire, la plupart des familles ayant des enfants scolarisés. « La nouvelle préfète de la Gironde et de la région Nouvelle-Aquitaine s’honorerait d’activer une table-ronde pour mettre en place un dispositif voisin de celui du CADA permettant de “régulariser” la situation de ces familles auprès du bailleur VILOGIA, estime-t-il. De plus, la régularisation des papiers serait un bon point de départ pour ouvrir une perspective à ces familles qui ne demandent qu’à s’intégrer à notre pays ». Avec L’Humanité et Rue 89 Bordeaux


ACTUALITÉ

Editorial

CONTRE LA LOI BLANQUER

Colère scolaire

La colère monte dans l’Éducation nationale et semble se répandre comme une vague incompressible pour exiger du ministre de l’Éducation nationale de revoir sa copie. Si son projet de loi se nomme « École de la confiance », il n’est plus question de confiance entre les personnels et Michel Blanquer. Le 19 mars, journée interprofessionnelle, les enseignants ont été exceptionnellement nombreux à se mettre en grève. Samedi dernier, rebelote, une large intersyndicale a battu le pavé et des organisations appelaient dans la foulée à une nouvelle journée de grève ce jeudi 4 avril. « Enchaînement spectaculaire », « auquel s’ajoute, ces dernières semaines, une multitude d’actions de “désobéissance” d’enseignants qui démissionnent de leur fonction de prof principal, mettent 20/20 à tous les élèves ou boycottent des conseils de classe », signalait L’Humanité du 29 mars… Pas de quoi être surpris pour autant : la réforme des lycées ne satisfait quasiment aucun enseignant, le mépris et l’autoritarisme qu’affiche le ministre vis-à-vis des représentants syndicaux semble ressenti à travers le corps enseignant dans toute sa diversité. C’est d’ailleurs l’ensemble des personnels, de la maternelle à l’université qui voit leur tomber dessus les réformes libérales et leur lot de restrictions budgétaires. À Bordeaux, samedi dernier, ils étaient plus de 2000 à avoir bravé les annonces d’apocalypse du maire de la ville, pour répondre à l’appel d’une large intersyndicale (FSU et ses divers syndicats, CGT Éduc’action, UNSA, FO, CFDT…) et les « Stylos rouges ». Le cortège a fait une pause devant le rectorat, pour une prise de parole des syndicats. Samantha Fitte, responsable du FSUSnuipp (1er degré), rappelle qu’autant les enseignants, que les parents, les élèves, les élus et citoyens sont appelés à se mobiliser pour faire de l’école un débat de société. Déjà voté en première lecture à l’Assemblée, « sans aucun débat avec la communauté éducative », précise-t-elle, cette loi « modifierait en profondeur l’organi-

sation de l’école, sans répondre à ses difficultés ». « L’école de la confiance selon monsieur Blanquer, poursuit la syndicaliste, ce sont des enseignants privés de liberté d’expression, c’est un cadeau estimé à 150 millions d’euros fait au privé, c’est une économie de postes réalisée en confiant la classe à des étudiants, c’est la possible suppression des directrices et directeurs d’école et une école à deux vitesses avec la création des établissements publics des savoirs fondamentaux qui verraient la fusion d’écoles avec le collège pour créer des structures énormes pendant que des établissements d’enseignement inter-

national, pouvant recevoir des subventions et des dons, verraient le jour pour des élèves soigneusement triés ». Les enseignants n’apprécient pas d’être accusés par le ministre de « véhiculer des bobards » alors que celui-ci, reste sourd à leurs revendications portées depuis de nombreuses années mais rejetées pour cause d’économies. Pour le Snuipp, il faut au contraire « investir massivement dans l’école » et construire un « projet pour l’école qui soit porteur de plus de justice sociale et de réussite de tous ». Cendrine Sancier pour Unsa Éducation, dénonce la façon de « vouloir réformer notre école à marche forcée, sans prendre en compte les avis des

professionnels et des usagers ». « Nous souhaitons que notre école, de la même manière que l’affirme le ministre devienne prioritaire, non seulement dans les paroles mais surtout avec les moyens nécessaires », ajoute-t-elle. Pour Catherine Dudes, du Snes-FSU (2nd degré), l’article 1 de « l’École de la confiance » montre « la volonté du ministre de faire taire les enseignants qui sont là pour exécuter et mettre en œuvre ses réformes et sa parole ». « Audelà de la loi Blanquer, poursuit-elle, nous sommes aussi mobilisés contre la réforme du lycée, une de plus, qui met en place une inégalité entre les lycées sur l’ensemble du territoire mais aussi des inégalités entre les élèves. Elle s’articule à celle du baccalauréat et de parcours sup pour organiser le tri social et scolaire de nos élèves. Le but est de faire des économies comme cela a été le cas avec la loi sur le collège en 2016. Comme rien ne va, la loi sur la fonction publique prévoit de changer profondément le métier, en remettant en cause tout paritarisme, l’égalité de traitement entre les personnels… ». Franck Dole de la CGT Éduc’action appelle à amplifier la mobilisation, importante depuis le 19 février : « Il faut battre en brèche cette politique du gouvernement de casse de l’école, de casse de la fonction publique, pour ça il va falloir être nombreux. (…) On est au début, il faut amplifier le mouvement, bloquer l’Éducation nationale par tous les moyens possibles, y compris la grève reconductible ». Même constat sur le 19 février par Marlène Fernandez pour FO, qui rappelle que 150 écoles étaient fermées en Gironde et constate plus de 2000 manifestants ce samedi, « malgré toutes les tentatives d’intimidation et d’entrave pour nous empêcher de venir manifester sur Bordeaux (transports en commun coupés, annonces de la préfecture hier…). Notre liberté de manifestation aujourd’ hui nous la défendons en étant là et nous exigeons le retrait de la loi Blanquer. » Pour le syndicat, comme pour les autres, il s’agit maintenant d’amplifier le rapport de force avec la journée de grève du 4 avril, pour le retrait de la loi Blanquer et celle sur la Fonction publique. Christelle Danglot

La force d’un rassemblement se fait dans les propositions qu’il est capable de porter avec détermination Le grand débat officiel est terminé. Emmanuel Macron, en fidèle serviteur, poursuit inlassablement sa politique au service des riches actionnaires. Les gilets jaunes, retraités, fonctionnaires, enseignants et autres n’ont aucune illusion sur les décisions à venir : Il faut réduire la dépense publique, poursuivre l’aide aux multinationales en pratiquant le chantage à la concurrence. Une majorité de l’opinion, dans ces conditions, soutient les luttes diverses. Elles vont se poursuivre les samedis et les semaines qui viennent. Dans le même temps, les élections européennes se profilent. Ce qui s’annonce, c’est une bataille « rangée » entre LREM et le RN comme au bon vieux temps du vote utile. Qu’il y ait 70 % d’abstention leur importe peu, le terrain des votants leur appartient. Alors oui, aujourd’hui la gauche n’est pas à la hauteur. Oui, une majorité de citoyens rejette la politique du gouvernement, mais cette majorité est en manque de cohésion et d’efficacité pour imposer d’autres choix. Nous devons nous interroger sur ce manque de rassemblement, au même titre que la difficulté des nombreuses luttes à trouver un terrain commun, une véritable efficacité. Oui la diversité est une force, mais elle doit dépasser les intérêts particuliers voire individuels. Les multiples mécontentements doivent se retrouver autour de priorités partagées. La force d’un rassemblement se fait, certes, dans la contestation, mais surtout dans les propositions qu’il est capable de porter avec détermination. Les semaines qui viennent doivent mettre au clair les positions des uns et des autres. Un débat national sans censure doit éclairer sur tous les sujets, en particulier ceux qui portent sur les projets réels de chaque liste et sur les propositions qui mettront en cause les orientations ultra-libérales de l’Europe de Maastricht. C’est le but de la liste conduite par Ian Brossat : rassembler ouvriers, employés, fonctionnaires, paysans, intellectuels, etc., sur des propositions claires et précises s’opposant sans concession aux politiques de droite. Car quel que soit son lieu de travail ou d’existence, savoir porter ensemble la revendication de l’augmentation des salaires, de meilleures retraites, de taxer les capitaux, de sortir du pacte budgétaire européen, de sortir de ces traités que tous ceux « qui vous veulent du bien » ont voté, c’est possible. C’est l’objectif des communistes.

Pierre Vignau membre de l’exécutif du PCF 33

Les Nouvelles 4 avril 2019 • 3


ÉCONOMIE SOCIALE ET REPÈRE

AU TRAVAIL AUSSI

Qu’est-ce que l’ESS ?

« L’Humain d’abord ! »

C’est un mouvement social et économique qui regroupe des structures se référant, dans leurs statuts et dans leurs pratiques, à un modèle d’entrepreneuriat et un projet politique s’appuyant sur un certain nombre de fondements forts :

La fédération du PCF, en partenariat avec les « Rencontres rurales » de la section Haute Lande, organise un débat à Saint-Symphorien ce samedi sur l’Économie sociale et solidaire, à laquelle s’intéressent les communistes parce que ses principes et ses valeurs en font un chemin privilégié pour rompre avec la main mise du capital sur notre travail, nos vies, notre environnement. L’ESS apparaît également comme un moyen de relocaliser de l’emploi dans les territoires.

La personne au cœur de l’économie Les personnes et le projet collectif priment sur le capital et la recherche de profit. Le projet d’une organisation de l’ESS a une utilité collective ou sociale. Le fonctionnement démocratique Les dirigeants sont élus et les décisions sont prises selon le principe « 1 personne = 1 voix » (et non en fonction du capital détenu). La gestion est autonome et indépendante des pouvoirs publics. La liberté d’adhésion Toute personne qui le souhaite peut participer, adhérer ou prendre des responsabilités dans une organisation de l’ESS, ou en partir. Un modèle économique spécifique Les excédents constitués et provenant d’une mixité de ressources sont prioritairement destinés au développement de l’activité car il n’y a pas d’actionnaires à rémunérer et leur appropriation individuelle est interdite. Les fonds propres ne sont pas partageables. Historiquement composée d’associations, coopératives, mutuelles ou fondations, l’ESS s’est élargie à de nouvelles formes d’entrepreneuriat : économie solidaire, insertion par l’activité économique (IAE), entreprises adaptées, entrepreneuriat social… Elle est présente dans l’ensemble des secteurs d’activité de l’économie, des services aux entreprises et aux personnes jusqu’à l’industrie, en passant par l’agriculture, le commerce ou le bâtiment, mais également sur tous les territoires.

PCF

8 propositions pour l’ESS Proposition 1 : Banques coopératives (Banque populaire/Caisse Épargne - Crédit Agricole – Crédit Coopératif – Crédit Mutuel) Refondre par la loi les statuts et redéfinir la place des échelons nationaux pour garantir les pouvoirs des sociétaires dans les caisses locales. Rendre obligatoire la révision coopérative et instaurer une autorité de contrôle citoyenne avec pouvoirs de sanction en cas de manquements avérés aux statuts et pacte social. Proposition 2 : Fiscalité Réexaminer l’ensemble de la fiscalité applicable aux sociétés de personnes inscrites dans une activité d’intérêt général ou à l’utilité sociale reconnue. Proposition 3 : Collectivités et ESS Expérimenter l’utilisation du statut de Société coopérative d’intérêt collectif (SCIC) pour repenser par la loi le modèle des services publics (régie, S.E.M) et démocratiser leurs structures en intégrant les salariés, les usagers aux prises de décisions. Mettre en œuvre la loi ESS pour favoriser les structures de l’ESS dans la commande publique. Proposition 4 : Un environnement favorable Renforcer l’éducation à l’ESS à tous les niveaux, soutenir la création de structures de l’ESS via les CCI, les Chambres de métiers, les Chambres d’agriculture, développer les financements pour les structures de l’ESS (affecter une part obligatoire des dépôts des banques coopératives). Proposition 5 : Nouveaux droits et pouvoirs d’intervention pour les salariés Instaurer, en cas de fermeture ou de délocalisation de leur entreprise, un droit de veto suspensif des élus du personnel et une obligation d’examiner les propositions des salariés pour sauvegarder leurs emplois. Instaurer un droit de reprise de l’activité par les salariés en coopérative, associé à des aides financières et d’accompagnement à la gestion.

L’Humain d’abord, ce n’est pas seulement un slogan, c’est le socle, les fondations sur lesquelles s’appuient la réflexion et les propositions du PCF. C’est une vision de la société d’émancipation pour laquelle nous nous engageons. Et si les mots ont un sens et sont porteurs de visions politiques et sociales, interrogeons le lexique du discours dominant : « il faut s’adapter » ; « les gens réfractaires au changement » ; ceux « qui

Par Sylvie Mayer*, dans Cause commune n° 5 (mai/juin 2018 www.causecommune-larevue.fr). Extraits. (…) Dans leur grande diversité, tous les acteurs de l’ESS ont pour origine la volonté de redonner un sens politique à l’activité économique et d’articuler de manière cohérente le « pourquoi nous produisons » avec le « comment nous le faisons ». (…) Elle participe à l’évolution des notions de propriété, d’entreprise, de valeur, en prise directe avec la réalité. En cela, elle modifie le résultat de la production, son influence territoriale et sociétale, et concourt à l’émancipation des travailleurs. Produire en commun

Des personnes mettent en commun leurs compétences, leurs savoirs et leurs réseaux parce qu’elles ont

Proposition 7 : Contrôle citoyen Renforcer les outils de contrôle citoyen des structures de l’ESS.

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Bernard Sengayrac, membre de l’exécutif du PCF 33, section Haute Lande.

Économie sociale et solidaire (ESS) et communisme

Développer les CAE pour protéger les salariés indépendants de « l’ubérisation ».

Il faut repenser les rôles et les droits des salariés, usagers, consommateurs, fournisseurs, collectivités territoriales (parties prenantes) afin de sortir de « l’entreprise capitaliste » gouvernée par les critères de la rentabilité financière et définir de nouveaux critères de gestion, sociaux et écologiques.

A contrario, les communistes proposent d’agir et « penser indissociablement global et local ». « Notre lutte pour l’industrie et le développement de l’emploi converge avec celle des circuits courts, pour réduire pollutions et réchauffement climatique ». « Le rôle des salariés dans l’entreprise et des populations concernées doit prédominer au lieu du monopole du capital… pour imposer cette logique nous voulons prendre le pouvoir sur l’utilisation des profits ». L’ESS, actuellement enkystée au sein du capitalisme libéral, « fait la démonstration qu’une autre voie que celle vouée à la finance avec son corollaire d’exploitation des travailleurs et de la nature est possible », affirme Sylvie Mayer. Karl Marx considérait déjà que le système coopératif peut devenir « du très possible communisme ».

ANALYSE

Proposition 6 : Coopérative d’activité et d’emploi – CAE

Proposition 8 : Travailler à un nouveau type d’entreprise…

réussissent » et ceux « qui ne sont rien » ; etc. Etc. C’est un discours qui s’adresse aussi à l’humain… mais certainement pas dans une démarche émancipatrice. C’est le néolibéralisme qui s’invite dans la mission éducative de l’État, dans la presse, dans le discours économique et politique afin d’adapter les populations, de transformer leur psychisme et leurs affects pour qu’ils servent docilement les intérêts de l’économie financiarisée mondiale. Avec comme résultat attendu, le chacun pour soi et l’exacerbation des rivalités. Le slogan de la liste communiste pour l’élection au Parlement européen, conduite par Ian Brossat, et sur laquelle figure Arthur Hay, de Bordeaux, illustre bien cet antagonisme de fond : « L’Europe des gens, pas l’Europe de l’argent ». Est-il nécessaire de préciser que le PCF s’oppose à ce nouvel « impérialisme politique », comme dirait Barbara Stiegler, pour lequel l’homme est une variable d’ajustement et la nature, une source de profits à court terme, voire une poubelle ?

Non contents d’avoir repris leur entreprise en Scop (ex Pilpa), les coopérateurs de la Fabrique du Sud ont décidé de « réinventer » leur métier : « faire des glaces autrement avec des produits simples, naturels, issus de productions locales, responsables ». Et ça fait un carton !

compris leur force commune et acceptent de le faire dans le respect de la place de chacun par le principe « Une personne = une voix ». L’entreprise n’est plus seulement un lieu de production économique, mais devient un « commun », espace de production sociale en adéquation avec son environnement. L’absence d’actionnaires et de rémunération du capital, l’impossibilité de délocaliser des entreprises détenues par leurs salariés, les pratiques de démocratie qui permettent que chaque salarié soit associé à la marche de l’entreprise, à ses orientations stratégiques, mais aussi une solidarité entre entreprises, (…) rendent ces entreprises moins fragiles que les entreprises classiques. Produire avec du sens

(…) Dans sa capacité émancipatrice et transformatrice, l’ESS participe à remettre du politique dans l’économie. Elle induit un changement de paradigme économique pour : – mettre au centre de l’organisation productive l’humain et la démocratie (la personne en tant que citoyen économique et le collectif en tant qu’association productrice) ; – élargir la notion de propriété par la mise en lumière du droit de toute personne affectée par l’activité de l’entreprise (salariés, producteurs, usagers, élus territoriaux…) ; – incarner par des dynamiques concrètes une utopie de transformation de l’économie vers un système démocratique de production qui vise à mesurer la valeur à l’aune de sa contri-

bution au projet sociétal : la poursuite du bonheur commun. (…) Travailler au développement d’une ESS vraiment émancipatrice et démocratique

Nous ne cherchons pas à faire croire que l’ESS dans son ensemble est totalement vertueuse, ne serait-ce

L’emploi par secteur d’acti ESS

Public

Privé Hors ESS

Hors ESS (pr Sport et loisirs Action sociale

Arts et spectacles Activités financières et d’assurance

14,2%

Enseignement

12%

Santé Services divers Agriculture, industrie, construction Tous secteurs d’activités

2,4% 1% 9,7% 0%


T SOLIDAIRE EN DÉBAT que parce que les salariés des banques et des mutuelles ne sont pas directement sociétaires, que de grandes associations font vivre la souffrance à nombre de leurs salariés et que les dirigeants opérationnels des grosses coopératives agricoles ont oublié leur rôle et se sont lancés dans la compétition internationale en oubliant leurs mandants. L’ESS demeure dans le capitalisme, le pouvoir, la finance, les géants agroalimentaires. (…) Nous sommes cependant persuadés que les formes proposées possèdent en elles, et grâce à leur statut, la capacité de participer à une transformation de l’économie en favorisant la socialisation des outils de production. La supériorité des organisations coopératives

Cela étant dit, quelle différence entre une banque capitaliste et une banque coopérative ? La propriété ! Des actionnaires aux sociétaires, d’un petit groupe de personnes à un collectif citoyen large mais jusqu’à présent jamais réellement mobilisé sur l’appropriation des choix des banques coopératives que sont le Crédit agricole, le Crédit mutuel, la Banque populaire-Caisse d’épargne (BPCE)… (…) Quelle différence entre la grande distribution et la distribution coopérative ? La répartition de la richesse ! Qu’il s’agisse de produits locaux ou bio, les échanges entre producteurs et consommateurs se font sur la base d’un contrat équitable, négligeant de fait la rémunération des actionnaires, comme chez Artisans du monde, Biocoop, les Associations pour le maintien de l’agriculture paysanne (AMAP), la Louve, les coopératives alimentaires participatives… Quelle différence entre les sociétés ubérisées et les plateformes coopératives (Citiz, Coop cycle) ? Entre les entreprises de portage salarial et les CAE ? L’émancipation des travailleurs

autonomes dans leurs décisions de gestion et d’organisation ! (…) En résumé, l’ESS conteste la seule valeur monétaire de l’échange comme référentiel pour promouvoir la valeur d’usage, la priorité du travail sur le capital, et valoriser le bénévolat et le don de temps. L’ESS permet de montrer que l’entreprise n’est pas nécessairement aux mains de patrons, eux-mêmes au service d’actionnaires. (…) Des tentatives de récupération

Les « entreprises contributives » – la responsabilité sociétale et environnementale (RSE) réincarnée de Martin Richer (Terra Nova) – ou la « société à but social » d’Emmanuel Macron ne sont-elles pas des tentatives de récupération ? Nous sommes inquiets et nous ne sommes pas les seuls. Selon les acteurs de l’ESS consultés, la mission confiée à Nicole Notat et Jean-Dominique Sénard sur « Entreprise et intérêt général » semble déboucher sur un affaiblissement de l’ESS. (…) En effet, pourquoi ne pas s’en tenir aux « entreprises solidaires d’utilité sociale (ESUS) » dont le cadre a été fixé par la loi du 31 juillet 2014 et qui élargissait déjà l’ESS au-delà des entreprises à statut (une personne = une voix, pas d’actionnariat, etc.) ? Par ailleurs, les modifications de statut de la Caisse des dépôts, pilier de financement de l’ESS, ne sont-elles pas une sérieuse menace pour l’ESS ? « French impact » pour remplacer « intérêt général », « contrat à impact social » qui ressemble fort aux partenariats public-privé, cause de nombreux gâchis et scandales financiers, la dérive vers l’ultralibéralisme risque aussi d’atteindre l’ESS. Christophe Itier, haut-commissaire à l’ESS proclame que « peu importe le statut de ceux qui innovent ». * Responsable du secteur Économie Sociale et Solidaire du PCF

ivité en Gironde

rivé et public)

%

64,4%

35,6%

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15,3%

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Bruno Fontan est militant communiste, PDG de la Société Coopérative et Participative (SCOP) Aquabio, dont le siège social se situe à Saint-Germain-du-Puch en Gironde. Il est aussi vice-président de l’Union régionale des SCOP Aquitaine, une association interprofessionnelle qui regroupe les sociétés coopératives de 5 départements de la région. Nous l’avons interrogé sur son activité et ses engagements.

Les Nouvelles. Peux-tu, tout d’abord, nous présenter Aquabio ? Bruno Fontan. C’est un bureau d’étude en écologie aquatique. On travaille sur l’évaluation de l’impact des activités humaines sur les rivières, les plans d’eau. L’entreprise existe depuis 20 ans et on est en SCOP depuis 12 ans. Les Nouvelles. Pourquoi ce choix de créer une SCOP ? B.F. J’ai créé mon emploi en sortant de l’université. Dès que l’activité s’est développée, avec les premiers salariés, mon engagement politique a été mis à rude épreuve car c’est difficile d’être un patron et d’être communiste. On était 4 ou 5 quand j’ai proposé de créer la SCOP, ça s’est fait assez naturellement avec une transmission de l’entreprise aux salariés. Cela m’a permis de mettre en cohérence mes idées et la pratique. Et puis il y a des raisons plus pragmatiques. Actuellement, on est 120 salariés, il y a eu une forte progression de l’activité. On sentait bien qu’il y avait ce besoin de développement mais dans un monde capitaliste, malheureusement, pour développer une entreprise, il faut de l’argent. Et quand on n’en a pas soi-même, ce n’est pas évident de trouver les moyens de ce développement. Avec les premiers salariés, il y avait des possibilités d’apports quand ceux-ci sont entrés au capital, on a pu ensuite emprunter aux banques. Et puis passer en SCOP, c’est entrer dans le mouvement coopératif qui a développé des outils financiers internes. Il y a une grande solidarité entre les coopératives donc entrer dans ce monde-là c’est avoir accès à

des financements qu’on n’aurait pas par ailleurs. Autre élément pragmatique : dans notre activité, il y a des métiers rares qui demandent 2 ans de formation en interne pour qu’un poste soit rentable. Le fait que les salariés soient associés à l’entreprise, ça crée un sentiment d’appartenance qui évite qu’ils partent, et aillent divulguer nos compétences ailleurs. Les Nouvelles. Les possibilités de financement et la fidélisation des salariés sont les principaux atouts d’une SCOP ? B.F. Il y en a d’autres mais l’implication des salariés est un atout indéniable, ça donne du sens au travail des salariés qui s’investissent en conséquence. C’est la conséquence d’une juste répartition des richesses. On sait que si on se défonce, on en sera récompensé et si on n’est pas récompensé c’est que collectivement on n’a pas été bon. La résilience est un autre atout. La vie économique, c’est des hauts et des bas. Quand on est dans le bas, les salariés arrivent à produire des efforts qu’ils ne feraient pas pour un patron. Par exemple, une année où l’entreprise était en difficulté, nous avons collectivement décidé de passer de 35 à 36 h sans augmentation de salaire. Tout cela fait que les SCOP subissent moins de liquidations que les autres entreprises. Il n’y a pas de miracle économique mais l’espérance de vie d’une SCOP à 5 ans est plus élevée que celle d’une entreprise classique. Il y a aussi un atout pour l’ensemble de la société, et pour les élus locaux : ce sont des entreprises non délocalisables. Autant un actionnaire peut décider de délocaliser une entreprise en Chine, autant on voit mal un groupe de salariés décider de se délocaliser lui-même à l’autre bout de la France ou de l’Europe. Cela fait des SCOP, des entreprises très fortement ancrées dans leur territoire. Les Nouvelles. Il doit bien y avoir aussi des difficultés propres à ce type d’entreprise ? B.F. La principale difficulté est que la démocratie nécessite du temps et, en entreprise, le temps c’est de l’argent. Certaines décisions sont longues à

Les sociétés coopératives d’intérêt collectif (SCIC)

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Bruno Fontan, militant communiste et PDG d’une SCOP prendre. Par ailleurs, sauf à être peu nombreux, le positionnement hiérarchique dans les SCOP est souvent plus complexe, cela complique les relations humaines. La moyenne d’âge des salariés chez nous est de 33-34 ans, beaucoup ont été embauchés en sortant de la fac, ils ne connaissent pas autre chose que la coopérative, ils sont très exigeants quant à leurs conditions de travail et leur position d’associé provoque parfois des comportements irrespectueux du travail collectif. Or, si le capital est détenu par les salariés qui prennent les décisions en Assemblée générale, il n’en reste pas moins qu’une SCOP est une entreprise comme les autres pour nos clients, nos partenaires. Une autre difficulté est qu’une entreprise, pour avancer, a besoin de prendre des risques or c’est plus difficile de faire prendre des risques à tout un groupe. C’est la raison pour laquelle les SCOP ont tendance à ronronner et c’est un danger. De vieilles SCOP de plus de 100 ans ferment à cause de cela. La troisième difficulté est qu’on a du mal à faire venir les talents dans les SCOP car les échelles de rémunération sont très tassées. Dans le secteur classique, il y a parfois des salaires démentiels, on ne peut pas suivre. Les Nouvelles. L’Europe te paraîtelle une échelle pertinente pour soutenir les coopératives ? B.F. Dans la situation actuelle, je ne pense pas car, comme je le disais, ce sont des entreprises très ancrées dans leur territoire. Au niveau de l’Europe, les coopératives ont des formes très diverses selon les pays. Par exemple en Espagne, il y a trois formes de coopératives, dans les 2/3 d’entre elles il n’y a pas de statut salarié. L’Europe, en tout cas telle qu’elle est aujourd’hui, risquerait d’imposer une uniformisation alors que nous avons intérêt à conserver cette “biodiversité”, c’est une richesse qu’il faut au contraire soutenir. L’Europe serait une échelle pertinente s’il s’agissait de favoriser les échanges entre les différents modèles et si elle n’empêchait pas les politiques volontaristes qui leur permettent d’exister. Propos recueillis par Christelle Danglot

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INTERVIEW

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Elles sont présentes dans des dizaines de domaines : petite enfance, énergies renouvelables, filière bois, éco-construction, habitat coopératif, rénovation thermique des logements, approvisionnement des restaurants collectifs en produits bio et régionaux, services à la personne, santé, et culture… L’intérêt, c’est le fait que différentes catégories d’associés, appelées les « parties prenantes », salariés, usagers, personnes morales et collectivités peuvent en être et participer aux décisions. Les collectivités peuvent les financer à 50 %. On peut voir aisément ce modèle de gestion transposé dans les territoires pour la gestion et la distribution de l’eau, des énergies renouvelables avec délégation de service public…

Les coopératives d’activité et d’emploi (CAE) Ces coopératives accueillent des autoentrepreneurs qui deviennent salariés associés, participent à la bonne marche de la coopérative, et bénéficient d’un accompagnement comptable, juridique, de formations. Ils peuvent coopérer avec d’autres coopérateurs sociétaires dans leur travail (locaux, bureaux, laboratoires de photographie en commun, etc.). C’est une alternative efficace à l’autoentrepreneuriat pour répondre aux nouveaux modèles et aspirations en terme d’emploi, le concept de sécurité emploi-formation peut y être associé.

Les Nouvelles 4 avril 2019 • 5


INTERNATIONAL ESCALE DU LIVRE / ESPACES MARX

GAZA

Maurice Lemoine : « du Brésil au Venezuela, le retour de la doctrine de Monroe »

L’armée israélienne tue quatre Palestiniens lors des marches du retour

Une rencontre-débat aura lieu dans le cadre d’Escale du livre, ce dimanche 7 avril à 11h, amphi 1 de l’IUT*, avec Maurice Lemoine, sur le thème : « Du Brésil au Venezuela, le retour de la doctrine de Monroe ». Cette rencontre sera animée par Michel Pouyllau, Géographe, ex-Président de l’Université de La Rochelle. Maurice Lemoine, journaliste et écrivain, ancien rédacteur en chef du Monde diplomatique et spécialiste de l’Amérique latine, propose une lecture différente de la crise vénézuélienne, dans son livre « Venezuela chronique d’une déstabilisation » aux éditions Le Temps des Cerises, mars 2019. Depuis l’arrivée de Maduro au pouvoir, une déstabilisation économique sème le chaos. En réalité, le Venezuela subit une guerre totale et multiforme. Largement traitée par des médias presque totalement acquis à l’opposition, la grave crise que traverse le pays fait face à une sournoise mais féroce déstabi-

lisation. Pas à pas, un jour par jour, presque minute par minute, comme dans un roman à suspense, Maurice Lemoine dans Venezuela - Chronique d’une déstabilisation, raconte cette « mère de toutes les déstabilisations », mais aussi comment dans sa défense de la « symbolique chaviste » et de sa projection continentale, et forte de son soutien populaire, Caracas ne lâche rien. D’Haïti à l’Amérique centrale, de la Colombie au Venezuela, Maurice Lemoine a couvert la plupart des conflits de la région. Il est l’auteur, entre autres, de Chavez Presidente (2005), Cinq Cubains à Miami (2010), Sur les eaux noires du fleuve (2013) et Les enfants cachés du général Pinochet (2015). L’auteur sera présent au stand d’Espaces Marx samedi et dimanche après-midi, L57 librairie Dom Bedos, quartier Sainte-Croix à Bordeaux. * IUT Bordeaux-Montaigne, 1 rue Jacques Ellul 33800 Bordeaux

UNION EUROPÉENNE

Le Royaume-Uni cherche encore la porte L’accord avec l’UE, dangereux pour les salariés, a été repoussé une troisième fois. Plus personne ne sait à quel saint se vouer pour trouver le chemin qui mènera au Brexit. Près de trois ans après le référendum par lequel 51,9 % des électeurs britanniques ont demandé la sortie de l’Union européenne (UE), le pays est divisé comme jamais. Pour la troisième fois, vendredi 29 mars, les parlementaires ont rejeté l’accord conclu entre les dirigeants des 27 pays de l’UE et la première ministre britannique Theresa May, par 344 voix contre 286, soit 58 voix d’écart. En promettant de démissionner de son poste de chef de gouvernement si le texte est adopté, Theresa May permet de réduire la différence de voix. Celle-ci était de 149 voix le 12 mars et de 230 voix le 15 janvier. Son entourage envisageait, de présenter le texte au vote des députés à nouveau cette semaine, s’il était approuvé, le Brexit adviendrait le 22 mai. S’ouvrirait alors une période de transition jusqu’en 2020 au cours de laquelle Londres négocierait ses liens futurs avec l’UE. L’hypothèse la plus probable restait un Brexit sans accord, dès le 12 avril. Après quarante-six ans d’interdépendance, le Royaume-Uni deviendrait un pays comme un autre, plaçant le Vieux Continent dans une situation imprévisible, avec notamment le rétablissement des droits de douane. La frontière physique entre la République d’Irlande, membre de l’UE, et l’Irlande du Nord, sous souveraineté britannique, pourrait être rétablie 6 • Les Nouvelles 4 avril 2019

au risque de remettre en cause les accords de paix signés en 1998 et qui mirent fin à un conflit qui fit plus de 3 000 victimes. Pour conjurer un départ de l’UE sans accord, Theresa May pourrait aussi demander un nouveau report du Brexit. Cela contraindrait le Royaume-Uni à organiser des élections européennes le 26 mai prochain. Mais aucune piste possible ne recueille de majorité à Westminster. Londres n’a rien à mettre sur la table face aux Européens, qui ont d’ores et déjà programmé un sommet le 10 avril. L’une des difficultés provient de la situation de la formation de Theresa May. Le Parti conservateur est fragmenté entre les partisans d’un départ sans accord, ceux qui refusent le Brexit et ceux qui appuient l’entente trouvée avec les Vingt-Sept. De leur côté, les travaillistes, qui avaient déjà déposé une motion de défiance contre Theresa May en janvier, exigent à nouveau la démission de la chef de gouvernement. Car, pour Jeremy Corbyn, leader du Labour, « cet accord doit changer ». Selon les syndicats, l’accord négocié par Theresa May est dangereux pour les travailleurs britanniques. Certaines entreprises délocalisent déjà vers l’UE. Adepte du libre-échange, l’exécutif a d’ores et déjà annoncé une diminution des droits de douane à 0 % dans certains secteurs, exposant les travailleurs au dumping social. Mais surtout, les salariés risquent de perdre des droits, la législation britannique étant bien souvent en deçà des normes – au demeurant fort peu protectrices – de Bruxelles.

Des dizaines de milliers d’habitants de la bande de Gaza se sont rassemblés samedi dernier en divers points de la frontière avec Israël, la répression israélienne fait 4 morts, des jeunes dont le plus âgé avait 20 ans. Des dizaines de milliers d’habitants de la bande de Gaza se sont rassemblés samedi en divers points de la frontière avec Israël, à l’occasion du premier anniversaire des « grandes marches du retour ». Depuis un an, les Palestiniens manifestent chaque semaine contre le blocus israélien qui étouffe la bande de Gaza et pour permettre le retour de ceux d’entre eux qui ont été expulsés de leur terre en 1948. La répression israélienne a entraîné ce week-end

la mort de quatre personnes. Trois d’entre elles étaient des adolescents âgés de 17 ans, le quatrième n’avait que 20 ans. Au total, on compte plusieurs centaines de blessés chez les Gazaouis. L’armée israélienne avait positionné à la frontière des milliers d’hommes et des dizaines de tireurs d’élite. Depuis le 30 mars 2018, au moins 262 Palestiniens sont tombés sous les balles israéliennes. Depuis quelques jours, de nouveau le bruit des bottes (de l’armée israélienne) résonnait autour de la bande de Gaza. Benyamin Netanyahou, soucieux d’apparaître comme l’homme de la sécurité d’Israël à deux semaines d’élections législatives anticipées, au résultat incertain pour lui, menaçait d’envahir ce territoire

palestinien qui n’en peut plus de mourir d’un embargo cruel et inhumain. Cette fois, il a pris prétexte d’une roquette qui s’est écrasée au sud de TelAviv, faisant sept blessés légers, pour envoyer avions, hélicoptères et chars tirer sur la bande de Gaza. Pourtant, un responsable du Hamas a nié tout tir délibéré et évoqué la possibilité d’un problème technique. Le premier ministre israélien affirmait également qu’il n’hésiterait pas à déclencher une opération terrestre. Samedi, des milliers de manifestants sont attendus le long de la barrière qui sépare l’enclave d’Israël pour célébrer le premier anniversaire des marches du retour, ce mouvement de protestation dirigé contre le blocus israélien et pour le droit au retour.

CHRISTCHURCH, ANALYSE

Comment les extrémismes se nourrissent entre eux Tandis que la Nouvelle-Zélande affichait sont unité après le carnage commis dans deux mosquées, les propagandistes français et étrangers d’une « inévitable guerre civile » entre chrétiens et musulmans affûtent leur rhétorique incendiaire. (…) Tandis que la Nouvelle-Zélande observe un digne recueillement débarrassé des surenchères sécuritaires face à un acte terroriste inédit dans ces deux îles du sud-ouest de l’océan pacifique, à l’image de la première ministre Jacinda Ardern déclarant devant le Parlement réuni en session spéciale que le tireur tomberait sous le coup de la loi « dans toute sa rigueur », le débat sur le tireur et ses motivations prenait en France une tournure toute singulière. « Pas très héroïque, tout cela, Brenton Tarrant. Tout ce talent gâché », écrivait ainsi le site Riposte laïque, dont le responsable Pierre Cassen a déjà été condamné pour provocation à la haine envers les musulmans. « Néanmoins, jure sa principale collaboratrice, Christine Tasin, j’ai plus de respect pour lui que pour les assassins musulmans, parce que lui, bien qu’il s’y prenne mal, tue pour faire reculer le mal. (…) Quoi qu’il ait fait, Brenton Tarrant est des nôtres. » Revendiquant dans son manifeste de 74 pages une « prise de conscience » survenue à la suite d’un voyage à Paris, le « terroriste » y dévoile sa profonde inquiétude face au « grand remplacement », concept forgé par l’écrivain français Renaud Camus, au « génocide blanc » et à la grande submersion migratoire, essentiellement musulmane, qui menacerait la civilisation européenne (1). Une thématique répandue dans l’espace public par des responsables politiques, des intellectuels, des journalistes ou des écrivains (Robert Ménard, Philippe de Villiers, Marion Maréchal-Le Pen, Marine Le Pen, Nicolas Depont-Aignan, Éric

Zemmour, Michel Houellebecq…), lesquels dénoncent une immigration de conquête, prédisent une inévitable guerre civile, voire donnent une substance à cette dernière en faisant semblant de s’en offusquer. Il en est ainsi du journaliste Guillaume Tabard, du Figaro, invité dans l’émission de David Pujadas sur LCI en compagnie de Robert Ménard, maire d’extrême droite de Béziers : « Robert se défend parce qu’il est attaqué sur ce qui s’est passé à Béziers (2). Moi, ce qui me sidère, c’est qu’on a un attentat et que pour l’instant, le responsable, c’est ce tueur, c’est ce monsieur-là. Faire un procès politique (à Robert Ménard, adepte du grand remplacement – NDLR), c’est assez aberrant. On a vécu en France un terrorisme islamiste assez meurtrier. Si on veut jouer à de la comptabilité et à du match retour, on n’est pas encore dans l’équilibre. » D’autres, comme l’avocat Gilles-William Goldnadel ou la journaliste Élisabeth Lévy, s’alarment d’un possible impact négatif de la tuerie de Christchurch sur le « débat » public : « il faut faire attention, maintenant, à ne pas criminaliser toute critique de l’immigration ou toute personne qui s’inquiétera du changement démographique de nos sociétés », estimait cette dernière sur le plateau de CNews, quelques heures après le drame. Sur les plateformes utilisées par les djihadistes, comme Telegram, et chez les sympathisants de l’« État islamique », lesquels pointent la responsabilité de l’ « Occident » dans la destruction des pays musulmans (Irak, Syrie, Libye, Afghanistan…), toutes les tueries du monde visant des « mécréants » ne suffiront pas à atteindre un quelconque « équilibre ». Et les appels à la vengeance par des attaques contre des églises constituent autant de symptômes de « radicalisation cumulative entre l’islam radical et l’extrême droite », « deux idéologies (qui) se nourissent, se légitiment et se renforcent l’une l’autre par leur adhésion commune à une vision du monde comme un choc des civilisations entre islam

et monde occidental », soulignent Iris Boyer et Cécile Guérin, chercheuses au think tank Institute for strategic Dialogue (3). La même logique est à l’œuvre dans les réactions de Recep Tayyip Erdogan ou de Donald Trump, ce dernier qualifié par Brenton Tarrant de « symbole de l’identité blanche renouvelée ». Alors qu’il venait de mettre son veto à une résolution du Congrès contestant sa déclaration d’urgence nationale pour financer son mur à la frontière avec le Mexique, le président des États-Unis, qui ne cesse de dénoncer l’ « invasion » de migrants dont serait victime son pays, a tout fait pour minimiser les dangers du « nationalisme blanc », lequel ne représenterait « pas vraiment » une menace croissante : « je pense qu’il s’agit d’un petit groupe de personne qui ont de gros gros problèmes », s’est-il borné à commenter. Quant à son homologue turc, il déclarait au contraire le 18 mars que l’attentat de Chrischurch s’inscrivait dans le cadre d’une attaque contre l’islam et la Turquie : « Ce n’est pas un acte isolé, c’est quelque chose d’organisé. Ils sont en train de nous tester avec le message qu’ils nous envoient depuis la Nouvelle-Zélande, à 16 500 kilomètres d’ici ». Avant de promettre aux compatriotes de Brenton Tarrant également hostiles à l’islam de subir le même sort que les soldats australiens tués par les forces ottomanes lors de la bataille de Gallipoli, pendant la Première Guerre mondiale… Marc de Miramon, L’Humanité Dimanche du 28/03/2019 (1) - Le suprémacisme blanc est une idéologie raciste, fondée sur l’idée de la supériorité de ceux parmi les humains dont la peau est perçue comme blanche par les autres ou par eux-mêmes par rapport aux autres humains. (2) - La mairie de Béziers a notamment financé cette campagne d’affichage : « L’État nous les impose. Ça y est, ils arrivent… Les migrants dans notre centre-ville ! » (3) - « Après Chrischurch, une réponse ambitieuse à l’extrémisme en ligne est plus que jamais nécessaire », le Monde, 20 mars 2019


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PCF ÂGE DE LA RETRAITE

RÉUNION PUBLIQUE À BLAYE

Ne soyons pas dupe de la cacophonie gouvernementale

« L’Europe des gens, pas de l’argent »

Déclaration du PCF du 1/04/2019 « Une cacophonie gouvernementale, savamment organisée, vise à faire accepter par l’opinion publique, l’idée d’une remise en cause de la date d’ouverture des droits à la retraite au-delà de 62 ans, accompagnée d’un recul du niveau des pensions. Le PCF exprime son désaccord sur la réforme des retraites dite “universelle” concoctée, sous la pression de l’Union européenne et du patronat, par le président Emmanuel Macron et ses complices du gouvernement. La retraite doit s’inscrire dans une refonte d’ensemble de la protection

sociale, et dans la perspective d’une alternative politique ouvrant la voie à des changements réels et durables. Elle doit être fondée sur les valeurs qui ont été, voici soixante-dix ans, à la base de la création de la Sécurité Sociale et de la généralisation du droit à la retraite : solidarité intergénérationnelle et interprofessionnelle, égalité et universalité des droits ; gestion démocratique. Elle doit viser à répondre aux besoins et aux aspirations des retraité-e-s dans une société en pleine évolution, et prendre notamment en compte, dans toutes leurs dimensions, les problèmes induits par l’évolution

démographique et l’allongement de la formation initiale avant le premier emploi. Elle doit, en regard de ces besoins, définir des moyens de financement garantissant la pérennité du droit à la retraite et notamment avec cotisation de l’entreprise et du salarié comme l’avait mise en place Ambroise Croizat, ministre communiste du Travail et de la Sécurité sociale à la Libération. C’est parce que l’emploi, les salaires seront sécurisés par la formation, que la mobilité professionnelle sera choisie et sans perte de revenu, que les travailleurs ne seront plus contraints au chômage et à la précarité, que les ressources de la Sécurité sociale pourront assurer correctement le financement des pensions de retraite à taux plein dès 60 ans et prendre en charge les périodes non travaillées (formation, études, maladie, maternité, invalidité). Le PCF se prononce pour une retraite par répartition avec une indexation des pensions sur les salaires, et non sur les prix, aucune pension ne doit être inférieure au SMIC (1 800€ brut). »

UNION EUROPÉENNE

Il faut rompre avec 50 ans d’échec industriel La liste du Parti communiste aux élections européennes, « Pour l’Europe des gens, pas de l’argent », fait des propositions pour une politique européenne industrielle. Nous aurons l’occasion d’y revenir à travers un dossier. Ci-dessous la synthèse de ces propositions. La thématique de la politique européenne est aujourd’hui au cœur de l’actualité suite à l’échec de la fusion entre Alsthom et Siemens. De nombreuses réactions gouvernementales et politiques mettent ce sujet sur le devant de la scène. À titre d’exemple, le Sénat était saisi d’un débat demandé par le groupe Les Républicains sur ce thème le 3 avril. Le refrain le plus souvent entendu est celui d’une absence de politique industrielle à l’échelle du continent. Cela est pourtant inexact. Si elle ne

nous convient pas, il existe bien une orientation de fond que les institutions européennes entendent donner à un secteur industriel toujours important en Europe. Les réponses apportées ces derniers temps par la Commission européenne et les revendications des États membres demeurent, à cet égard, bien timides et ne remettent absolument pas en cause un modèle qui a échoué. Aussi, en rupture avec les logiques européennes nous faisons des propositions : - Créer un fonds européen de développement social et écologique, l’intervention publique serait déclenchée non pas en fonction d’objectifs de profitabilité, mais bien de réponse aux besoins des populations et financée par la BCE - Imposer des visas écologiques et

Souscription populaire Européennes 2019 Je verse :

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sociaux aux importations de pays tiers - Développer les échanges industriels internationaux plutôt que les logiques de concurrence - Développer une entreprise commune européenne de développement numérique permettant d’accompagner la transition, particulièrement pour ce qui concerne les réseaux 5G - Imposer, dans les marchés publics, des clauses de production européenne - Abonder le fonds de développement industriel par les recettes tirées de la lutte contre l’exil fiscal - Renationaliser les infrastructures essentielles au développement industriel, de même que les banques d’investissement, plutôt que de parier sur le capital privé - Utiliser les règles de concurrence pour sanctionner les entreprises qui trichent, et non les États membres.

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Le PCF organise une réunion publique le vendredi 12 avril à 18h, salle de l’ancien tribunal de Blaye, en présence de Arthur Hay, coursier à vélo bordelais, candidat girondin sur la liste PCF conduite par Ian Brossat. Débat sur les sujets qui vous concernent et présentation des propositions du parti communiste : - Rompre avec les traités européens pour en finir avec les délocalisations. Interdire tout départ d’une entreprise de l’Union européenne. - Mettre un terme à la mise en concurrence entre les travailleurs, en finir avec les travailleurs détachés. Toute personne qui travaille en France, quelle que soit sa nationalité, doit être protégée par un contrat français. - Stop à la fraude fiscale. 1 000 milliards d’euros quittent chaque année l’Union Européenne à travers les paradis fiscaux. Tout bénéfice réalisé dans un pays doit donner lieu au paiement de l’impôt dans ce pays. - Au cours des 10 dernières années la banque centrale européenne a versé 3 000 milliards d’euros aux banques privées, les mêmes qui infligent des agios et des frais bancaires indus aux plus modestes. Cet argent doit alimenter un fonds de financement des services publics.

ÉLECTIONS EUROPÉENNES DU 26 MAI 2019

L’humain d’abord ! Les communistes de la Rive droite de la métropole organisent, le 11 avril 2019, salle Condorcet à Lormont à partir de 18h30, une rencontre avec Arthur Hay, candidat sur la liste de Ian Brossat, et Jean Querbes ancien élu européen, pour débattre des propositions ci-dessous et se donner les élus pour les porter au Parlement européen. Les luttes sont nombreuses, diverses. Le mécontentement est fort, à l’image de la lutte des Gilets Jaunes. Les communistes soutiennent ces mouvements sociaux. Ils les portent à l’Assemblée Nationale et au Sénat. La lutte contre le pouvoir de l’argent, c’est aussi au Parlement Européen. Les richesses produites par les travailleurs en Europe sont passées de 15 Milliards à plus de 17 Milliards. Dans le même temps le taux des travailleurs pauvres est passé de 7 % à 10 %. Il faut : - rompre avec les traités européens ; - mettre un terme à la mise en concurrence entre travailleurs ; - stopper la fraude fiscale (1 000 milliards d’Euros chaque année) ; - contrôler la Banque centrale européenne qui a versé 3 000 Milliards d’Euros aux banques privées. La liste conduite par Ian Brossat composée d’ouvriers, de fonctionnaires, de paysans, d’intellectuels… porte des propositions sans concession pour construire l’Europe des gens contre l’Europe de l’argent.

Carnet SECTION DU DU BASSIN D’ARCACHON ET DU VAL DE L’EYRE. Les communistes du Bassin d’Arcachon et du Val de l’Eyre ont appris le décès de leur camarade Alain Ardurat. Ils tiennent à témoigner à Jacqueline, son épouse et, à sa famille leurs sincères condoléances et de leur affection. Nous avons la tristesse de perdre un camarade qui, modestement mais avec justesse et arguments apportait ses analyses riches de ses engagements, tant sur le plan syndical (Fédération du Bâtiment) et municipal (à Mérignac) qu’associatif. Sa fraternité et sa gentillesse vont nous manquer.

SOUSCRIPTION

❑ ................................... euros Nom : .................................................................... Prénom : .............................................................. Adresse : .............................................................................................................................................. .............................................................................................................................................................. Code Postal : ........................................Ville : ...................................................................................... Tout versement par chèque ouvre droit à une réduction fiscale de 66% du montant versé. (chèque à l’ordre de ADF PCF 33). Les ressources financières du Parti communiste sont transparentes. Votre don, aussi modeste soit-il, contribuera efficacement à la démocratie, à l’expression et la prise d’initiative du Parti communiste. Cet ensemble sont les éléments majeurs pour continuer notre combat dans l’ambition d’une gauche forte et alternative. La fédération de la Gironde du PCF, lance une souscription afin de mener nos prochaines échéances politiques, notre objectif est de 50 000 euros.

Tout versement par chèque ouvre droit à une réduction fiscale de 66% du montant versé. (chèque à l’ordre de ADF PCF 33). Les ressources financières du Parti communiste sont transparentes. Votre don, aussi modeste soit-il, contribuera efficacement à la démocratie, à l’expression et la prise d’initiative du Parti communiste. Cet ensemble sont les éléments majeurs pour continuer notre combat dans l’ambition d’une gauche forte et alternative. Les versements sont à envoyer à la fédération de Gironde du PCF - 15 rue Furtado - 33800 Bordeaux, à l’ordre de l’ADF PCF 33

ILS ONT DONNÉ 970 euros : Section Les Deux Rives ; M. GONZALEZ Serge, Bègles ; M. BIDOU François, Villenave d’Ornon ; M. MILON Pierre, Villenave d’Ornon ; M. DARROMAN Michel ; M. LAULAN Jean-Claude, Villenave d’Ornon ; M. MICHIELS Alain, Villenave d’Ornon

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CULTURE & SOLIDARITÉ

NOUVELLES IDÉES REÇUES

EN TOURNÉE EN GIRONDE

par Gérard Loustalet Sens www.nir-33.fr

J’veux du soleil, de François Ruffin avec fierté, avec beauté, pour réclamer leur part de bonheur…

J’veux du soleil, documentaire de Gilles Perret et François Ruffin - 1h27, road-documentaire sur les Gilets Jaunes (lire en page 8 de notre édition du 14 mars 2019). « J’ai changé les plaquettes de frein et le liquide de refroidissement. 350 € chez Norauto… » C’est parti pour un roadmovie dans la France d’aujourd’hui ! Avec leur humour et leur caméra, Gilles Perret et François Ruffin traversent le pays : à chaque rond-point en jaune, c’est comme un paquet-surprise qu’on ouvrirait. Qu’est-ce qui va en sortir ? Des rires ou des larmes ? De la tendresse ou de la colère ? De l’art ou du désespoir ? Les deux compères nous offrent des tranches d’humanité, saisissent cet instant magique où des femmes et des hommes, d’habitude résignés, se dressent et se redressent,

Après Blanquefort, Cestas, Bazas et Cadillac, vous pouvez encore Voir le film ici : • Blaye, cinéma le Zoetrope, samedi 6 avril, 20h30 avec Magali Della Sudda, chargée de recherche CNRS à Sciencepo Bordeaux et Pedro Chiron, diplomé en sociologie, membres du collectif d’enquête gilets jaunes. • Coutras, cinéma Maurice Druon, dimanche 7 avril, 15h avec Baptiste Giraud, journaliste à la radio La Clé des ondes. • Le Haillan, cinéma L’Entrepôt, dimanche 7 avril, 18h avec Baptiste Giraud, journaliste à la radio La Clé des ondes. • La Réole, cinéma le Rex, lundi 8 avril, 20h30 avec Alain Duluc, Patrick Castel, Stéphanie Parisot, Guillaume Saurat, Nicolas Saurat, gilets jaunes. • Andernos, cinéma le Rex, mardi 9 avril, 20h30. • Saint Médard, cinéma l’Étoile, mercredi 10 avril, 20h30. • Créon, cinéma Max Linder, jeudi 11 avril, 20h30. • Leognan, cinéma Georges Brassens, vendredi 12 avril, 20h30 avec Magali Della Sudda, chargée de recherche CNRS à Sciencepo Bordeaux, Pedro Chiron,

diplômé en sociologie, membres du collectif d’enquête gilets jaunes et Xavier Ridon, journaliste à la radio La Clé des ondes et membre du journal Fakir. • Soulac, cinéma Océanic, dimanche 14 avril, 15h avec Xavier Ridon, journaliste à la radio La Clé des ondes et membre du journal Fakir. • Lesparre, cinéma Jean Dujardin, dimanche 14 avril, 18h avec Xavier Ridon, journaliste à la radio La Clé des ondes et membre du journal Fakir. • Monségur, cinéma l’Éden, lundi 15 avril, 20h30 avec Christophe Miqueu, maître de conférence en philosophie politique. • Salles, cinéma le 7e art, mardi 16 avril, 20h30. • Sainte Foy la Grande, cinéma la Brèche, mercredi 17 avril, 20h30 avec Baptiste Giraud, journaliste à La Clé des ondes et Xavier Ridon, membre du journal Fakir. • Lacanau, Cinémax L’Escoure, jeudi 18 avril, 21h. • Gujan-Mestras, cinéma Gérard Philipe, vendredi 19 avril, 21h avec Xavier Ridon, journaliste à la radio La Clé des ondes et membre du journal Fakir. • Saint-André de Cubzac, villa mon ciné, dimanche 21 avril, 15h45 avec Xavier Ridon, journaliste à la radio La Clé des ondes et membre du journal Fakir.

AU PROGRAMME, CETTE SEMAINE

Bienvenue, mobilisation pour les réfugiés Samedi 6 avril, 15h30 et 16h45, théâtre Le Levain, Bègles, Après 2 Lunes, spectacle + 6 mois. Troisième Porte à Gauche, Bordeaux 18h30, écoute publique Dimanche 7 avril, 15h30, musée d’Aquitaine, Bordeaux, film Retour à Bollène Lundi 8 avril, 20h, théâtre Le Levain, Bègles, lecture Mardi 9 avril, 18h, IJBA / débat Rue89 Bordeaux : « Le squat, substitut de l’État pour l’accueil des migrants ? » Débat présenté par Walid Salem. La dernière étude (juillet 2018) de la Délégation interministérielle à l’hébergement et à l’accès au logement (DIHAL) révèle une augmentation importante du nombre de « bidonvilles » en France. La Gironde est le 4e département français le plus concerné.

Des représentants des pouvoirs publics et des intervenants sur le terrain débattront de l’apport des squats dans l’accueil des réfugiés (familles, malades, mineurs isoles…). Les invités : un représentant de la préfecture de Gironde ; Emmanuelle Ajon, vice-présidente chargée de la Promotion de la santé et protection de l’enfance au Conseil départemental de la Gironde ; Morgan Garcia, coordinatrice régionale Médecins du Monde ; Maxime Ghesquière, association Dynam’eau ; Jean-François Traumat, Mission squat au Comité d’Animation Lafontaine Kleber Diaconat Bordeaux (Calk). Mercredi 10 avril - Matinée à L’IRTS : 8h30, projection Le bateau citoyen 10h15, conférence gesticulée

- Marché des Douves : 14h, théâtre, Mon Prof est un troll, spectacle 8 > 12 ans 15h, atelier Philo pour enfants (8 à 12 ans) 16h, théâtre, J’ai brûlé la tarte 17h, théâtre,Et que nos cœurs se battent 18h, conférence gesticulée, Aux frontières du droit, de J. Allard - Centre Social Quai de Queyries 18h30, Café Psycho, Femme & Migration Jeudi 11 avril - Théâtre Le Levain, Bègles : 14h30 et 18h30, Miche & Drate, - Tchaï BAR, Bordeaux : 17h30, soirée avec les Sahraouis 20h30, concert, Ewa Tohinnou Garage Moderne, Bacalan, 19h, concert, Radio local karaoké live show

Les Nouvelles de Bordeaux et du Sud-Ouest S.A.S. au capital de 37 000 euros Associés (à parts égales) : L. Chollon, F. Mellier, S. Laborde, M. Lavallée Directeur de la publication : Frédéric Mellier Abonnement 1 an : 25 euros. Abonnement de soutien : 40 euros Rédaction, composition, impression : S.A.S. Les Nouvelles de Bordeaux et du Sud-Ouest 15, rue Furtado - 33800 BORDEAUX Tél. 05 56 91 45 06 - Fax 05 56 92 61 01 - Annonces légales : annonces@nbso.fr Comptabilité : compta@nbso.fr - Redaction/Proposition d’article : redaction@nbso.fr @nvlbx Les nouvelles de bordeaux nbso.fr Commission paritaire de presse : 0123 C 85932

8 • Les Nouvelles 4 avril 2019

CHRONIQUE

Lieu Sans Nom, Bordeaux, 20h30, lecture & chanson 5 € Vendredi 12 avril, Glob Théâtre, Bordeaux, 20h, concert & lecture par Antoinette Trio & Jean-Louis et Marie. Samedi 13 avril, Tente à Sons,14h, atelier céramique - 10€

L’esprit du macronisme (IV) Le bourgeois macronien est près de son « pognon ».De nombreux commentaires s’indignent de « bosser » pour entretenir le train de vie fastueux de cette famille dépravée de G.J. (voir chroniques précédentes) : « C’est parce que je redonne 1 mois et quart de mes revenus que ce couple peut vivre mieux… Mes impôts (servent) à payer des vêtements de marque que je n’achète pas moi-même… (Leur) salaire est plus que doublé par les transferts sociaux payés par les impôts prélevés sur les riches… Je paye 900€ par mois, les riches comme moi payent pour que A. et J. aient des enfants »…. Et quelle ingratitude ! « (Ils) attendent que les autres payent plein pot pour subvenir à leurs besoins… (Ils) pensent que les riches qui eux bossent pour leur fournir la moitié de leurs revenus sont des profiteurs »… Mais attention : « Les bobos macroniens (sic) en ont marre de se faire tondre en impôts pour financer de soi-disant pauvres… Ceux qui payent leurs impôts vont se dire un jour que cette solidarité est un abus… Ceux qui payent leurs impôts ne veulent plus sponsoriser des irresponsables qui vivent sur le dos des autres… J’en ai marre de payer des impôts pour des irresponsables parasitaires »… Et ainsi de suite, autant de criailleries très significatives de l’élévation de pensée du macronien moyen. Le bourgeois macronien a tout de même un cœur. Il dit plaindre les malheureux enfants de ces parents indignes : « Pauvres gosses d’avoir des parents irresponsables… J’ai le cœur serré pour les petits ». Mais c’est pour mieux les enfoncer : « Je connais la suite, les enfants en difficulté à l’école, le couple qui s’ennuie et divorce un jour ou l’autre, garde alternée, mère isolée… Enceinte à 17 ans, aucun diplôme, des enfants en guise de statut social, pas de contraception, logement insalubre, séparation à venir, et les enfants feront de même… Il est très probable que les enfants reproduiront le schéma de leurs parents… On sait comment cela va finir, surendettement, séparation, placement des enfants »… On nage en plein misérabilisme. La sociologie de comptoir du bourgeois macronien a ceci de pratique qu’elle permet à la fois de célébrer les mérites individuels du « premier de cordée » qui ne devrait sa supposée réussite qu’à de brillantes dispositions personnelles -une fable à laquelle il finit par croire- et, à l’inverse, de confiner les classes populaires dans une sombre reproduction collective de pratiques délétères, une sorte d’inéluctable atavisme de classe caractérisé par la paresse, l’ignorance, une sexualité débridée… Il y aurait ainsi une fatalité à l’absence de la moindre vertu ou talent dans les basses classes les mettant à la charge de ceux qui « bossent ». Rien à voir, évidemment, avec la reproduction sociale analysée par Bourdieu comme inhérente à la domination de classe. La haute estime de lui-même du bourgeois macronien le rend même aveugle à ses propres pratiques de classe. Alors qu’il se vautre sans vergogne dans les séductions de la société de consommation, il ose reprocher à une famille pauvre de ne pas s’en refuser quelques modestes miettes. Smartphones, vêtements à la mode pour les enfants, un MacDo mensuel deviennent le comble d’un révoltant dévergondage ! Il lui est même fait grief d’avoir un chien ! Tout animal de compagnie devrait sans doute être interdit en deça d’un certain revenu. Si le gaspillage du pauvre est scandaleux, le gaspillage du riche est vertueux, il roule en 4X4 mais n’achète que des légumes bio. Trois commentaires, pour terminer, résument bien l’esprit du macronisme : 1. le pauvre doit être conscient de sa condition inférieure, rester à sa sa place et courber l’échine, « faites moins de gosses, renoncez aux iphones, aux vacances, vivez dans de petits apparts, travaillez autant que nécessaire » ; 2. le pauvre n’est qu’à demi civilisé, capable de toutes les barbaries, il est une menace constante pour l’ordre établi et doit être tenu sous tutelle, « si on laissait faire les G.J. : pillage de tous les magasins, expulsion des propriétaires nantis de leur logement, règlements de compte… et la dictature » ; 3. le riche, être d’élite, peut seul par son génie et sa bienveillance assurer la bonne marche de la société, « il faut rémunérer davantage les entrepreneurs pour que les salariés bénéficient de leur dynamisme. Seule la théorie du ruissellement peut sauver ce couple » . Et ils appellent ça le « progressisme » !


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