Jeudi 16 juillet 2015 - N° 2107 - Hebdomadaire - 15, rue Furtado - 33800 BORDEAUX Prix : 0,80 euro
SERVICE PUBLIC DE LA CULTURE : UNE PRIORITÉ SOCIALE
SERVICE PUBLIC DE LA CULTU ART ET CULTURE
Le temps de l’imposture
La « carto-crise » de non petites entreprises qui connaissent la crise !!!
Face aux dégâts du libéralisme et au danger populiste l’urgence est de refaire de l’art et de la culture l’outil essentiel du seul combat qui vaille, celui de l’émancipation humaine.
spectacle en rognant toujours plus sur les cachets, les temps de répétitions ? Faire plus avec moins ce n’est plus tenable.
SUICIDE CULTUREL… ET DÉMISSION POLITIQUE Suicide collectif, c’est par ce qualificatif que plusieurs artistes désignent désormais la situation de l’art et de la culture dans notre pays : • Disparition massive de festivals, de structures et de lieux. • Baisse drastique des budgets de l’État et des collectivités territoriales. • Plan social qui ne dit pas son nom, dans l’emploi artistique et culturel… Mais la métaphore du suicide renvoie aussi à la démission des plus hautes autorités de l’État. Leur renoncement à porter une politique sociale et émancipatrice pour notre peuple les conduits parallèlement à abandonner toute ambition pour l’art et la culture.
NOUS VIVONS LE TEMPS DE L’IMPOSTURE. Voilà, en effet, que le Président de la République, le Premier ministre, la Ministre de la culture, la main sur le cœur, ne cessent depuis le 11 janvier de proclamer leur attachement à la culture et leur volonté de sanctuariser ses moyens. Voilà même le Premier ministre qui se livre à une autocritique publique : les baisses opérées en 2013 et 2014 ont été une erreur ! Que ne rétablissent-ils pas les crédits ? Car c’est exactement le contraire qui se passe : le maintien du budget du ministère est fictif. On a déshabillé Pierre pour habiller Paul. De plus, les baisses regrettées par Manuel Valls s’ajoutent à celles déjà opérées sous Nicolas Sarkozy. Sanctuarisé ou pas, le budget consacré à l’art et la culture est aujourd’hui exsangue.
L’ART ET LA CULTURE ONT BESOIN DES COLLECTIVITÉS TERRITORIALES Les collectivités assument 70 % des crédits publics consacrés à la culture. Quand la Ministre tente de se défausser sur le dos des élus locaux, elle oublie simplement la baisse globale des dotations de l’État aux collectivités (-11 milliards sur 3 ans !!!). Cela ne peut pas ne pas toucher la culture comme l’ensemble des politiques publiques dont les collectivités sont responsables. En outre, Fleur Pellerin pratique l’amalgame entre, d’une part, les élus qui refusent, à juste titre, de faire des choix de coupe entre la culture, la santé, le logement, le sport, l’aide sociale ou l’école et, d’autre part, les élus, pour l’essentiel de droite et d’extrême droite, qui s’appuient sur l’austérité gouvernementale, qu’ils approuvent, pour en finir avec les politiques publiques de l’art et de la culture dans leurs collectivités. La Ministre serait mieux inspirée de lutter contre ce populisme culturel, au lieu de l’instrumentaliser pour dresser un rideau de fumée masquant l’irresponsabilité de l’État vis-à-vis de l’art et de la culture.
LA RÉPUBLIQUE SE NIE QUAND ELLE ABANDONNE LA CRÉATION ARTISTIQUE AUX MARCHANDS, QUAND ELLE NE FAIT PLUS DES DROITS CULTURELS, AU MÊME TITRE QUE LES DROITS SOCIAUX, LE SOCLE DE L’ÉGALITÉ, QUAND ELLE NE PERMET PAS DE PROMOUVOIR SA PROPRE DIVERSITÉ CULTURELLE. Une telle posture politique est suicidaire pour la gauche et pour ce pouvoir qui s’en réclame encore. Or la symbolique est meurtrière que de déclarer l’armée prioritaire contre le social et la culture. Mobilisons-nous pour la culture sans l’opposer aux autres priorités sociales. Le combat pour la culture doit participer des luttes générales contre l’austérité et contre le démantèlement des services publics. Mobilisons-nous contre les dogmes libéraux dominants au gouvernement comme à droite et à l’extrême droite. Ils réduisent l’art à l’état de produit et s’accordent pour réserver la création contemporaine à une « élite », pendant que le peuple est livré aux armes de distraction massive qui sont autant d’armes d’aliénation. Agissons pour refonder le service public de la culture, dans une compétence et des moyens partagés entre l’État et les collectivités. Agissons pour rétablir un lien étroit entre la culture et l’éducation nationale avec l’ambition de renouer la rencontre entre l’art, les artistes et l’éducation populaire à l’école, dans la cité et dans l’entreprise. 2 • Les Nouvelles 16 juillet 2015
Telle une litanie, les noms des lieux et festivals qui ferment s’allongent de jour en jour depuis qu’elle a été mise en place par Emeline Jersol, médiatrice culturelle au centre national des Arts de la Rue (Le Boulon-59)
Ce plan social qui ne dit pas son nom est le fait d’un désengagement pur et simple et un non paiement des subventions de l’Etat face aux collectivités territoriales.
LA FAUTE À LA CRISE ! LA FAUTE À LA CRISE ? De quelle crise parle t-on ? Celle des banques ? Celle des taux d’intérêt ? Celle de la BCE qui fait marcher une planche à billets, mais pour qui au juste? Celle, hystérique, des actionnaires qui saignent les industries pour toujours plus de dividendes, de jetons de présence, de gains sans travail ? Les gouvernements Ayrault, puis Valls sont responsables de non assistance à culture et art en danger. Car derrière les « enseignes » des lieux et des festivals c’est tout un secteur professionnel qui est touché. Ce sont des femmes et des hommes qui oeuvrent au quotidien pour qu’un spectacle, une salle, une exposition soient en ordre de marche. Comment peut-on être créatif, accueillant, innovant si nous n’avons plus les moyens de faire correctement et consciencieusement nos métiers ? Dernièrement s’est ouvert le débat sur le dialogue social. La notion de Risques Psycho-Sociaux et de burn-out s’y sont invités. Nos secteurs ne sont pas à l’abri de ces questionnements. Comment peut-on imaginer bien faire son travail avec une équipe réduite, des moyens d’actions réduits ? Que ce soit du côté des productions ou du côté des organisations le malaise est palpable. Qui n’a pas autour de lui, dans son environnement professionnel proche, un collègue en arrêt, démotivé, fatigué ? Comment peut-on fabriquer un
Il est archi-faux de penser et de dire qu’un artiste travaille mieux dans le besoin. Cette image d’Epinal véhiculée par la bourgeoisie du XIXe siècle est depuis longtemps éculée grâce à l’avancée de nos droits sociaux en général et acquis, en particulier pour le cinéma et le spectacle depuis 1936. Droits que nous défendons pied à pied à chaque nouveau passage de moulinette de la convention d’assurance chômage. En 2012 nous avons eu en main une proposition de Loi sur la Création Artistique. Les syndicats de la Fédération CGT du Spectacle ont travaillé à son écriture avec le Ministère de la Culture pendant plus d’un an. Nous avions ici une loi où la Nation qui reconnaissait la Création Artistique, protégeait les droits sociaux des professionnels du spectacle et de l’audiovisuel, se penchait sur les droits des auteurs et donc des travailleurs non salariés. Enfin une Loi enfin à la hauteur d’un gouvernement de gauche. Qu’est-elle devenue ? Rien. Elle a été abandonnée par le gouvernement Valls 1. Ce qu’il faut voir aussi derrière toutes ces annulations, c’est l’absorption par les municipalités en particulier, d’une certaine forme d’indépendance des programmateurs. C’est une remise en cause des choix et de l’autonomie des professionnels de la culture. Autonomie qui a mis des années à se construire (en y parvenant certes, avec plus ou moins de brio selon l’engagement de chacun-e). L’accroissement de la censure directe est très visible comme pour les municipalités d’extrêmedroite, elle est plus insidieuse pour les autres. Ne pas froisser l’électorat : tel devient le mot d’ordre tacite. Ce qui est triste ce sont les artistes qui, pour continuer de vivre de leur métier, n’osent plus, par peur de ne plus avoir les soutiens nécessaires. Les baisses des budgets, effectifs, propositions se traduisent également par une baisse de la diversité des publics. Les classes moyennes et populaires ont de moins en moins la possibilité d’un budget culturel par foyer. Devons-nous supposer la gentrification de la culture et l’abandon de la culture pour toutes et tous ? Une te l le pr op o s it ion e s t évidemment inacceptable pour qui est vraiment de gauche. Framboise Thimonier Déléguée Régionale Synptac CGT
CARTE DES FESTIVALS ANN
La peste de l’au En France 23/01/2015: 48 points touchés 8/05/2015: 195 pts touchés
« Ils ne mouraient pas tous, mais tous é Jean de La Fontaine-Les animaux mala
URE : UNE PRIORITÉ SOCIALE
NULÉS
ustérité et de la rigueur
étaient frappés » ades de la peste
COLLECTIF OS’O
Le collectif os’o, prix du jury et prix du public, Festival Impatience Le Collectif OS’O a obtenu le Prix du Jury Impatience 2015 ainsi que le Prix du Public pour son spectacle Timon/Titus dont les représentations ont eu lieu à La Colline les 12 et 13 juin. Organisé par LE CENTQUATRE, Télérama, le Théâtre du Rond-Point et La Colline Théâtre National, le festival Impatience a pour but de donner une visibilité forte aux compagnies émergentes tant auprès du grand public que des professionnels. C’est pour nous, équipe du TnBA, une grande joie et une immense fierté de voir ainsi reconnu le travail de ces jeunes acteurs formés à l’éstba (École supérieure de théâtre de Bordeaux Aquitaine, 1e promotion 2007-2010) implantée au coeur du Centre Dramatique National. Cela prouve s’il en était besoin l’excellence des formations dispensées dans les écoles signataires de la Plateforme de l’enseignement
supérieur d’art dramatique. En 2012, nous avions accompagné leurs premiers pas, une adaptation pour la scène de L’Assommoir de Zola. Déjà le Collectif OS’O démontrait l’étendue de son talent, confirmé par la suite avec Débris de Dennis Kelly. La petite forme jeune public à balader partout, Il faut tuer Sammy d’Ahmed Madani, souligne également leur implication sur le territoire et leur volonté d’amener le théâtre dans les écoles, centres sociaux et d’animation, hôpitaux, maison d’arrêt… Toujours avec la complicité du metteur en scène allemand David Czesienski, ces jeunes comédiens prouvent, dans Timon/Titus, qu’ils maîtrisent aussi bien la tragédie que le burlesque, ainsi que la construction d’une écriture dramaturgique d’une brillante intelligence.
Nous remercions les partenaires de la région Aquitaine qui ont cru en ce projet et qui se sont engagés dans cette belle aventure : le Conseil régional d’Aquitaine qui finance le Fonds d’insertion de l’éstba, l’OARA, Le Champ de Foire à Saint-André-de-Cubzac, la Scène nationale du Sud-Aquitain, Le Carré-Les Colonnes de Blanquefort et Saint-Médard-en-Jalles, l’Espace Treulon à Bruges, la Mairie de Bordeaux, la DRAC Aquitaine, le Conseil général des Landes. Sans oublier le soutien de l’ADAMI et de la SPEDIDAM. Nous souhaitons longue vie au Collectif OS’O et à toutes ces jeunes équipes formées dans nos écoles supérieures de théâtre. Ils et elles sont l’avenir du théâtre. Catherine Marnas Directrice du TnBA et de l’éstba
Communiqué de la directrice et du Tnba et de l’Estba, qui peut se féliciter, une fois n’est pas coutume, du succès d’un groupe (collectif O’SO) de jeunes comédiens issus de la première promotion de l’école bordelaise. Leur ambitieux spectacle évoque avec fougue et détermination les questions de la dette financière et de la dette morale en empruntant à 2 pièces de Shakespeare («Timon d’Athènes et Titus Andronicus») et à David Graeber, auteur de «Dette, les 5 000 premières années». Ce dernier a été un participant actif du mouvement Occupy Wall Street. Ajoutons que le spectacle a la pêche de la jeunesse, son ambition, mais aussi une force de dénonciation nourrie par l’humour… V.T. co-rédacteur de l’Ormée, revue culturelle du PCF
LECTURE D’ÉTÉ
Deux écrivains arabes dialoguent au cœur des convulsions du monde Les auteurs, l’un égyptien, l’autre algérien, échangent sur le printemps arabe, le poison islamiste, les droits des femmes… Le premier est égyptien. Le second est algérien. Alaa El Aswany et Kamel Daoud sont deux figures de la littérature universelle, deux intellectuels arabes qui, par leur écriture et leur engagement, posent un regard lucide sur les mouvements du monde. El Aswany était place Tahrir dès les prémices de la révolution égyptienne, et auparavant dans l’immeuble Yacoubian où il décrivait à travers les portraits savoureux des locataires de cet immeuble niché au cœur du Caire la corruption et la montée de l’islamisme. Daoud a traversé la « décennie noire
» avant de prendre la plume pour exorciser les démons de l’obscurantisme et s’aventurer dans une langue française qu’il a faite sienne. Elle fut le « butin de guerre » de Kateb Yacine, il en fait son « bien vacant ». L’un et l’autre parlent librement. Du pouvoir politique, de l’extrémisme religieux, de la corruption, de la démocratie, de la révolution et des femmes. Leurs propos se situent à contre-courant du flux d’informations anxiogènes qui nous empêche de penser. À la lecture de leurs ouvrages respectifs, on mesure combien l’un et l’autre sont visionnaires, à l’instar de tous les poètes. Alaa El Aswany et Kamel Daoud sont pareils à ces lucioles dont Pasolini déplorait la disparition et qu’ils rallument dans la nuit.
Lire l'entretien sur :
humanite.fr
Kamel Daoud est né en 1970 à Mostaganem. Il est journaliste au Quotidien d’Oran, où il tient une chronique depuis douze ans. Il a publié deux recueils de nouvelles, la Préface du nègre (Barzakh, 2008), le Minotaure 504 (Sabine Wespieser Éditeur, 2011) et un roman, Meursaut, contre-enquête (Actes Sud), contrepoint à l’Étranger, d’Albert Camus, pour lequel il a obtenu le prix Goncourt du premier roman et le prix des cinq continents de la francophonie. Il vit à Oran. Alaa El Aswany est né au Caire en 1957. Il a publié chez Actes Sud des romans, l’Immeuble Yacoubian (2006), Chicago (2007), AutomobileClub d’Égypte (2014), un recueil de nouvelles, J’aurais voulu être égyptien (2009), et deux recueils de chroniques parues dans la presse égyptienne, Chroniques de la révolution égyptienne (2011) et Extrémisme religieux et dictature (2014). Les Nouvelles 16 juillet 2015 • 3
AGENDA D’ÉTÉ LA TOUR DES MIRACLES
FEST’ARTS
Du 6 juillet au 23 août à 6-7-8 août, Libourne Festival des arts de la rue Vanxains Musique, danse, théâtre, cirque
92 représentations (84 gratuites) 32 compagnies dont 5 régionales + le «off»
80E FÊTE DE L’HUMANITÉ
11-12-13 septembre Parc Georges Valbon La Courneuve
200 girondins : c’est le nombre de camarades et amis indispensables pour tenir les deux restaurants, L’entrecôte Bordelaise et l’Espace gourmand, et le Caveau à Vins sur la Fête de l’Humanité. Tout le programme sur :
LIRE EN SHORT
Du 17 au 19 juillet, Bordeaux, et jusqu’au 31 juillet en Aquitaine Escale du Livre pour la jeunesse
www.festarts.com MUSICALARUE
14-15 août à Luxey (Landes)
51 groupes, 15 compagnies arts de la rue
INSCRIVEZ-VOUS !
Manu Chao Texas Shaka Ponk Youssoupha Soviet Suprem
Tout le programme : Tout le programme sur :
www.lire-en-short.fr
Tout le programme sur :
fete.humanite.fr
www.musicalarue.com MUSIC’ACTION EN MÉDOC
Juillet-août
SCÈNES D’ÉTÉ
Jusqu’au 30 septembre 200 communes / 500 spectacles / 50 festivals / 19 tournées
Tout le programme sur :
www.musicaction.fr
Tout le programme sur :
www.scenesdete.fr
FÊTES DU PCF FÊTE DE LAMOTHE MONTRAVEL
FÊTE DE LA RURALITÉ
Parce de la gare
St-Symphorien, lieu-dit Lassus
Samedi 15 août
Samedi 29 août
Les Nouvelles de Bordeaux et du Sud-Ouest S.A.S. au capital de 37 000 euros Associés (à parts égales) : L. Chollon, F. Mellier, S. Laborde Directeur de la publication : Frédéric Mellier Abonnement 1 an : 25 euros. Abonnement de soutien : 40 euros Rédaction, composition, impression : S.A.S. Les Nouvelles de Bordeaux et du Sud-Ouest 15, rue Furtado - 33800 BORDEAUX Tél. 05 56 91 45 06 - Fax 05 56 92 61 01 - Annonces légales : annonces@nbso.fr Comptabilité : compta@nbso.fr - Redaction/Proposition d’article : redaction@nbso.fr Commission paritaire de presse : 0113 C 85932
4 • Les Nouvelles 16 juillet 2015
Vignette Bon de soutien 22€ Disponibles à la fédération du PCF 33 15, rue Furtado - 33800 Bordeaux Inscriptions/renseignements : 05 56 91 45 06 gironde.pcf@gmail.com