Jeudi 30 juillet 2015 - N° 2109 - Hebdomadaire - 15, rue Furtado - 33800 BORDEAUX Prix : 0,80 euro
ABOLITION
un combat collectif et humain à gagner
PAIX PEACE PAZ PACE FRIEDE ΕΙΡΉΝΗ МИР LAPÈ MIR ABOLITION
LUTTE PACIFIQUE
Ils ont renoncé à la bombe Alors que les États dotés d’armes nucléaires continuent d’abuser de l’argument de l’assurance-vie et du besoin vital de la dissuasion, l’écrasante majorité des membres de l’ONU a fait un choix contraire. Les États ayant renoncé à l’arme atomique sont plus nombreux que les proliférateurs.
À écouter les ambassadeurs des pays nucléaires lors des conférences internationales pour le désarmement, l’arme atomique serait le seul et l’unique moyen d’assurer la sécurité d’un État. La réalité est tout autre. Sur les 193 États que compte l’Organisation des Nations Unies (ONU), seuls 9 d’entre eux disposent de l’arme atomique. Ils sont donc 184 (soit 95%) à refuser cette arme. Même si l’on sait que parmi eux certains auraient la capacité technique d’accéder à cette arme, c’est le choix politique de ne pas s’y engager qui prime aujourd’hui. Car la détention ou non de l’arme nucléaire est d’abord un choix politique. Et celui-ci est indépendant de la technicité de l’industrie nucléaire civile. Faire croire le contraire serait donner des arguments à ceux qui contestent la réalité des contrôles que la communauté internationale est en capacité de mettre en œuvre pour éviter la prolifération et conduire à l’abolition de l’arme atomique. Le contexte actuel est donc grandement en faveur de l’élimination. Depuis l’avènement du Traité de non prolifération (TNP), quatre
nouveaux États ont accédé au statut de puissance atomique. Pendant ce temps là, plusieurs faisaient machine arrière, par la volonté politique et la négociation. Seul l’Irak a vu son projet nucléaire détruit par la guerre. C’était le 7 juin 1981 ; soupçonnant l’Irak d’un programme militaire clandestin, l’armée israélienne détruisait le réacteur fourni par la France. Tous les autres exemples sont le fait de choix et de décisions, parfois sous la pression internationale. Ainsi, les processus de mise en œuvre des Zones exemptes d’armes nucléaires (ZEAN) ont grandement accéléré le nombre d’États signataires du TNP. Le Brésil et l’Argentine qui avaient développé leurs programmes respectifs l’un contre l’autre du temps de leurs dictatures respectives, ont changé leur vision des relations internationales. Elles ont renoncé à leur programme, passant du « Et toi et moi » au « Ni toi ni moi ». Peut-on penser que leur sécurité a été mise à mal ? Celle-ci a au contraire été renforcée par la création de la ZEAN suite au Traité de Tlatelolco (en 1967). Au démantèlement de l’Union soviétique, Ukraine, Biélorussie et Kazakhstan auraient pu réclamer le statut de pays dotés de l’arme atomique. Ils ont fait le choix inverse et ont renoncé au maintien de ces armes. Ces États ont montré qu’on pouvait faire machine arrière et « désinventer la bombe ». Il en est de même pour l’Afrique du Sud dont le programme datait des années
La formule de Kobé
1970. Ce n’est qu’au moment de l’adhésion de l’Afrique du Sud au TNP en 1993 que fut révélée la détention puis la destruction de 7 armes atomiques. Le directeur France de l’organisation des Parlementaires pour la non-prolifération nucléaire et le désarmement (PNND), Jean-Marie Collin note que « cette décision était le fruit d’une prise de conscience de l’inutilité de l’arme nucléaire, dans un contexte de changements profonds au plan intérieur et international ». Plus près de nous, en Europe, la Suisse et la Suède ont été près de se doter de l’arme nucléaire. Les pressions des opinions et des États les ont conduits à y renoncer. On peut encore ajouter dans la liste la Lybie, l’Australie. Certains mentionneront également l’Algérie ou Taïwan. Quoi qu’il en soit, ce sont les promoteurs du renoncement à la menace atomique qui sont majoritaires. Ils s’appuient tout à la fois sur l’obsolescence de ce concept militaire et sur la dangerosité de cet armement qui ne répond à aucune éthique des lois de la guerre et menace tout autant l’agresseur que l’agressé. Cependant, c’est la sécurité collective de l’ensemble des citoyens de la planète qui est en cause. Cette majorité des États doit trouver sur le terrain une expression sociale pour que l’abolition devienne un objectif crédible et rapide. C’est sans doute là le prochain combat collectif et humain à gagner.
Pierre Villard
Une action citoyenne massive cont re l’opacité militaire . C ’e s t l ’e x p é r i e n c e q u e l e Mouvement de la Paix a mis en avant lors du forum animé par des étudiants de Science Po Rennes, en avril dernier. Débat organisé par l’association indienne INDP (International network for developement and peace, associée à l’Association internationale des éducateurs pour la Paix) qui conduit le projet « Autres climats » devant contribuer à la réflexion du sommet mondial sur le climat qui aura lieu à Paris en décembre 2015. Dans les années 1990, le port de Kobé au Japon était le port d’attache de nombreux sous-marins nucléaires des États-Unis. Or les mouvements de paix de cette ville de 1,2 million d‘habitants n’arrivaient pas à savoir si ces sous-marins étaient chargés de bombes atomiques. Ils ont alors décidé d’une campagne de masse alliant information massive de la population et action permanente en contact avec elle. Ainsi ils ont lancé une pétition demandant l’instauration d’une procédure de contrôle des entrées dans le port de Kobé, incluant une visite citoyenne des sous-marins nucléaires pour veiller à ce qu’ils ne soient pas porteurs de bombes atomiques.
Monde diplomatique / Philippe Rekacewicz
Tous les mois, dans 9 points de la ville, ils ont été à la rencontre de la population en proposant leur pétition à signature. Ils ont ainsi obtenu environ 700 000 signatures. La vie politique a été profondément marquée par cette action et le débat politique s’est porté sur le terrain choisi par les pacifistes. Lors des élections
municipales, une des questions centrales a été la réponse qu’apportaient les différentes listes aux préoccupations des pacifistes. La liste répondant à ces préoccupations a été élue et les procédures de contrôle ont été mises en place à l’entrée du port de Kobé. Cette expérience d’une action de masse en liaison avec la population montre l’efficacité et le pouvoir d’agir des citoyens. Elle peut aider à combattre les idées de renoncement ou de doute que beaucoup portent en eux-mêmes sur leur capacité à agir et sur l’efficacité de leur action. Aujourd’hui, les militants pacifistes japonais alliés avec les organisations syndicales, mais aussi avec les autorités politiques locales, travaillent d’arrache-pied suivant des modes d’action similaires et ont réuni 35 000 personnes le 16 mai dernier lors d’un rassemblement près d’Okinawa, qui héberge près de la moitié des 47 000 soldats américains basés au Japon. Les autorités de Tokyo veulent en effet fermer la base actuelle et en ouvrir une nouvelle dans la ville isolée d’Henoko, au centre de l’île. Alors que le gouvernement français et les gouvernements des puissances nucléaires semblent être sourds aux revendications des peuples qui demandent la mise en œuvre d’un processus d’élimination des armes nucléaires, conformément au droit international, ne devrions-nous pas mettre en œuvre la formule de Kobé en France en allant massivement à la rencontre de la population française pour faire bouger les choses chez nous ? Roland Nivet, co-secrétaire du Mouvement de la Paix
www.mvtpaix.org 2 • Les Nouvelles 30 juillet 2015
R მშვიდობა BARIŞ مالسHÒA BÌNH FRED СВЕТ BAKEA
HIROSHIMA-NAGASAKI
70 ans après, cultiver la paix ! De nombreu x é vènement s rappelleront cet été la mémoire des v ict imes des bombes nucléaires lancées par les américains à l’été 1945. L’actualité internationale nous rappelle chaque jour l’urgence d’un vaste changement diplomatique pour aller, enfin, vers une culture de la paix. 6 mai 1945, le monde se prépare à la paix revenue. 2h45 du matin au Japon, les dirigeants américains ont opté pour la voie des armes, encore. Officiellement, c’est pour « éviter les pertes humaines » qu’auraient entraîné une invasion de l’allié asiatique d’Hitler. Mais c’est en réalité depuis le début du conflit mondial que les militaires américains préparaient le « projet Manhattan » qui devait voir pour la première fois l’arme nucléaire utilisée. Après donc Hiroshima ce 6 mai, c’est la ville de Nagasaki qui sera la cible nucléaire, trois jours plus tard. Sous les bombes, on ne sait si ce sont 150 000 ou 250 000 civils qui ont perdu la vie. Dans les années suivantes, les cancers et leucémies terrasseront plusieurs dizaines de milliers d’autres. Le meurtre de masse en une pression de bouton. A tel point que, sûrement pressé de rentrer dans cette nouvelle ère, Le Monde titrait dès le 8 août sur la « révolution scientifique » pendant que son confrère du Parisien libéré saluait la « révolution stratégique ». Sous les deux nuages meurtriers, couvait en effet une nouvelle ère, celle de la menace nucléaire permanente. Incapables de résoudre les conflits par la voie diplomatique alors que la planète ne se remettait pas encore de la seconde guerre mondiale, les puissants continuaient à s’en remettre aux armes et brandissaient leur nouveau « joujou ». Il aura cependant fallu toute la force des peuples pour imposer, à la fin des années 1960, la signature sous l’égide de l’ONU du Traité de non-prolifération des armes nucléaires. Mais son application reste un combat de
chaque instant et notamment l’article qui exhorte « les États parties à poursuivre de bonne foi des négociations sur des mesures relatives au désarmement nucléaire et sur un traité de désarmement général et complet ». LE RÔLE DE LA FRANCE
En préalable de la conférence d’examen du Traité de non prolifération (qui s’est tenue au mois de mai à New-York), François Hollande a prononcé un discours qui inquiétait le PCF. « La France se place maintenant dans une posture de « dissuasion nucléaire élargie » à ses partenaires européens et à l’ensemble de l’Europe, expliquait un communiqué. En élargissant le parapluie nucléaire français au continent européen dans le contexte de la crise ukrainienne, la France se place donc dans une posture clairement agressive et aventureuse vis-à-vis de la Russie. La France encourage ainsi la posture belliciste de l’OTAN en Ukraine et dans les pays baltes. Ceci participe aussi à remettre en cause les progrès du désarment nucléaire multilatéral en Europe depuis la fin de la guerre froide. » La réalité est en effet que c’est toute une conception des relations internationales qui est à revoir. Chassés par les conflits guerriers, par la misère et les dictatures en tous genres, les migrants qui s’échouent par centaines sur les côtes européennes sont le rappel des désastres engendrés par le capitalisme mondialisé. Capitalisme face auquel les États ont semblé abandonner l’idée de résolution pacifique. Face à l’horreur des attentats de Sousse (Tunisie), un observateur s’emportait sur une chaîne d’information, contre notre pays qui a répondu à « l’initiative d’un philosophe » (Bernard HenriLevy) pour renverser Mouammar Kadhafi et se désintéresse maintenant du sort de la Lybie laissée entre les mains des islamistes et d’où s’organise aujourd’hui une bonne part de l’entreprise terroriste internationale.
Une attitude d’autant plus dangereuse que la France a aussi tourné le dos à la légitimité de l’organisation des nations unies (ONU). Il est bien loin en effet, le discours de Dominique de Villepin refusant l’invasion en Irak (2003), quand notre pays accepte encore de voir bafouer toutes les résolutions qui pourraient rappeler Israël à ses devoirs au regard du droit international et pour la reconnaissance de l’État palestinien. Bien loin aussi quand ont traite la Russie comme une puissance de seconde zone et que l’on se range comme l’a fait Manuel Valls derrière le concept belliqueux de choc des civilisations. « Avec une Organisation des nations unies (Onu) affaiblie, les puissants s’arrogent avec les G7 et autre G20 des droits exorbitants sur la marche du monde, constate encore le PCF dans son texte-projet « La France en commun ». Notre pays peut et doit avoir un grand rôle à jouer pour promouvoir la paix et la diplomatie contre la guerre, user de son droit de veto à l’Onu, mobiliser son réseau diplomatique, œuvrer pour des institutions internationales justes, respectueuses des États et des peuples et qui agissent au service des besoins humains. Oui, la France devrait parler fort et non se couler dans le sillage des États-Unis et de l’Organisation du traité de l’Atlantiquenord (Otan). Elle devrait refuser le concept de bloc et pourrait prendre des initiatives pour le désarmement nucléaire, contre le Traité de libre-échange transatlantique négocié dans notre dos. Elle devrait travailler activement au règlement des conflits ou des dettes souveraines. À cet effet, il faut réfléchir à un outil de défense digne de nom entre les mains d’un parlement et de son peuple et non dans les seules mains du président de la République. Il est essentiel que ces enjeux majeurs deviennent des questions populaires. » Voici ce à quoi l’anniversaire des bombardements américains au Japon devrait nous inciter. Réfléchir enfin à une grande culture de paix. Vincent Bordas
70e ANNIVERSAIRE
« Hiroshima mon amour »
http://nbso.fr/
Jeudi 6 août, de 17h à 20h, au Monument sculpture «La Paix» à Bordeaux-Lac.
Les nouvelles de bordeaux
Les pacifistes girondins appellent à participer cet été au rassemblement commémoratif du 70e anniversaire des bombardements nucléaires qui ont entraîné des centaines de milliers de victimes civiles
@nvlbx
Un groupe musical clôturera le rassemblement autour du verre de l’amitié. Les Nouvelles 30 juillet 2015 • 3
AGENDA D’ÉTÉ
FÊTES DU PCF
80E FÊTE DE L’HUMANITÉ
FÊTE DE LAMOTHE MONTRAVEL
FÊTE DE LA RURALITÉ
Parce de la gare
St-Symphorien, lieu-dit Lassus
Samedi 15 août
11h : Débat : Quelle alternative à construire ?» 12h : Vin d’honneur 12h30 : Repas Gastronomique 16h30 : Débat, avec les représentants de la Dordogne du PCF 21h : Bal avec l’orchestre Tél : 05 57 40 44 72 05 53 27 54 99 (HR) 05 57 40 08 74
LIRE EN SHORT
Du 17 au 19 juillet, Bordeaux, et jusqu’au 31 juillet en Aquitaine Escale du Livre pour la jeunesse
Samedi 29 août
- 10h30 Débat public citoyen : «Régionales : et si on décidait ensemble de l’avenir ?» avec la participation de différents acteurs, responsables politiques, élus locaux, syndicalistes… - 12h15 Apéritif de l’amitié et Repas champêtre. 16 € adultes - Tarif réduit pour adulte sans emploi et les enfants Inscriptions : Guy Bordenave 05 56 25 30 50 Julien Ruiz 06 83 59 90 79 Raymond Lagardère 05 56 25 73 33 Florent Sanz 05 56 88 77 50 Alain Boissier 06 62 25 99 60
MUSICALARUE
14-15 août à Luxey (Landes)
51 groupes, 15 compagnies arts de la rue
11-12-13 septembre Parc Georges Valbon La Courneuve
200 girondins : c’est le nombre de camarades et amis indispensables pour tenir les deux restaurants, L’entrecôte Bordelaise et l’Espace gourmand, et le Caveau à Vins sur la Fête de l’Humanité.
INSCRIVEZ-VOUS !
Manu Chao Texas Shaka Ponk Youssoupha Soviet Suprem
Tout le programme : Tout le programme sur :
www.lire-en-short.fr MUSIC’ACTION EN MÉDOC
Juillet-août
Tout le programme sur :
www.musicalarue.com SCÈNES D’ÉTÉ
Jusqu’au 30 septembre 200 communes / 500 spectacles / 50 festivals / 19 tournées
Tout le programme sur :
www.musicaction.fr
Tout le programme sur :
www.scenesdete.fr
FEST’ARTS
6-7-8 août, Libourne
Festival des arts de la rue 92 représentations (84 gratuites) 32 compagnies dont 5 régionales + le «off»
Tout le programme sur :
www.festarts.com
Les Nouvelles de Bordeaux et du Sud-Ouest S.A.S. au capital de 37 000 euros Associés (à parts égales) : L. Chollon, F. Mellier, S. Laborde Directeur de la publication : Frédéric Mellier Abonnement 1 an : 25 euros. Abonnement de soutien : 40 euros Rédaction, composition, impression : S.A.S. Les Nouvelles de Bordeaux et du Sud-Ouest 15, rue Furtado - 33800 BORDEAUX Tél. 05 56 91 45 06 - Fax 05 56 92 61 01 - Annonces légales : annonces@nbso.fr Comptabilité : compta@nbso.fr - Redaction/Proposition d’article : redaction@nbso.fr Commission paritaire de presse : 0113 C 85932
4 • Les Nouvelles 30 juillet 2015
fete.humanite.fr Vignette Bon de soutien 22€ Disponibles à la fédération du PCF 33 15, rue Furtado - 33800 Bordeaux Inscriptions/renseignements : 05 56 91 45 06 gironde.pcf@gmail.com